Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Note… évidente : il n'y a d'“Ancien Testament” (AT) que par rapport à un “Nouveau
Testament” (NT). Pour les juifs, la Bible entière en tant que dotée d'autorité s'arrête à la fin de
l'AT. Je parlerai ici d'AT même en parlant du canon juif, mais c'est une pure commodité.
Système de référence. La division en chapitres est d'origine chrétienne, elle date du xiii° s. environ
et correspond à ce qui se faisait également à cette époque pour les textes classiques (Platon,
Cicéron, etc.). La division en versets est d'origine juive : le texte biblique était récité dans la
synagogue selon un procédé complexe de diction psalmodiée et la division en versets
correspondait à la fois à une interprétation du texte et à sa récitation. L'usage de l'imprimerie et la
nécessité d'avoir un système de références précis ont conduit à marier les deux systèmes.
On cite une référence en précisant le livre (cf. Lévitique, 2 Samuel, etc.) suivi du numéro du
chapitre (en chiffres romains ou arabes), d'une virgule ou d'un point, et du numéro du verset. On
divise parfois encore le verset en deux sous-parties (a et b ; e.g. Genèse 2.4 b)
Nous allons d'abord voir la Bible hébraïque (les Écritures des juifs), puis les Bibles chrétiennes
(influencées par la Septante, version grecque de la Bible sur laquelle reposent les Bibles
chrétiennes, mais qui au départ était une œuvre juive).
I) Bible hébraïque
Il y a deux grands systèmes de classements des livres. Nous allons voir celui des juifs d'abord. Il a
été repris notamment vers 1970 par la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) chez les
chrétiens.
Les livres sont classés en trois grandes parties : Loi, Prophètes, Écrits (ou : “autres écrits”). Un
des noms possibles de la Bible en hébreu est Tanakh, mot dont les consonnes reprennent l'initiale
du nom de chacune de ces parties en hébreu : Torah (Loi), Neviim (Prophètes), Ketouvim
(Écrits) : TaNaKh.
1) La Loi
Torah est la transcription d'un mot hébreu dont la traduction habituelle est “loi”, mais qui signifie
aussi “instruction”, “précepte”. C'est la partie la plus sacrée de la Bible pour les juifs. Elle
contient cinq livres :
Genèse ;
Exode :
Lévitique ;
Nombres ;
Deutéronome.
Le nom courant de ces livres est issu de la tradition chrétienne ; les juifs utilisent comme titre de
chacun ces livres un de ses premiers mots (par exemple ils appellent la Genèse Bereshit : “au
commencement”).
c) Le Lévitique
C'est le livre des lévites, qui sont issus de Lévi (un des fils de Jacob) et qui forment le clergé
d'Israël. Le livre est une succession de prescriptions organisant le culte et la vie religieuse et
sociale ; par ex. le chap. 16 parle du jour des expiations, du pardon (Yom Kippour), au cours
duquel on sacrifie un bouc à Dieu et où l'on en envoie un autre, chargé de tous les péchés du
peuple, dans le désert : c'est le “bouc émissaire”, du latin emissarius “envoyé”.
d) Nombres
Ainsi nommé parce qu'il commence par un dénombrement (un recensement) du peuple, il
continue à raconter la marche des Hébreux en direction de Canaan, mêlant narration et
prescriptions législatives.
e) Deutéronome
Avant l'entrée en terre promise, la Torah s'achève par une vaste récapitulation du séjour du
peuple dans le désert, chargée de réactualiser l'alliance conclue entre Dieu et son peuple par
l'intermédiaire d'Abraham. Le mot grec qui lui donne son nom, deutéronomos , signifie “deuxième
loi” ; on y trouve par exemple une deuxième version du décalogue (chap. 5). Écrit dans un style à
la fois magnifique et d'une simplicité exemplaire, le Deutéronome témoigne d'un grand souci
d'humanité. À la fin du livre Moïse meurt : Dieu n'a pas voulu qu'il entre en Canaan.
2) Les Prophètes
Le prophètès, en grec ancien, désigne “celui qui parle pour” quelqu'un d'autre, en général un dieu ;
un autre sens est “celui qui parle avant”, pour annoncer un événement. Le premier sens est le
plus courant et c'est celui qui s'applique aux prophètes de la Bible : ce sont les porte-parole de
Dieu, ils sont chargés de transmettre au peuple ce que dit Dieu. Toutefois, comme ce que dit
Dieu concerne souvent l'avenir, on prend souvent le mot prophète au second sens ; mais il faut se
rappeler que si les prophètes bibliques prédisent l'avenir, c'est qu'ils annoncent l'avenir tel que l'a
décidé Dieu. Il est question de prophètes dans de nombreux passages de la Bible (Moïse est
appelé un prophète en Deutéronome 34.10 ; cf. aussi les “cycles” d'Élie et d'Élisée au milieu des
livres des Rois) ; on parle parfois de “prophètes écrivains” pour désigner ceux qui ont donné leur
nom à des livres (Jérémie, Zacharie…).
Il y a deux sortes de livres prophétiques : les prophètes premiers, qui correspondent à des écrits
de caractère historique, et les prophètes derniers, qui sont attribués à des prophètes bien précis,
les prophètes écrivains justement.
• Josué. Josué, qui donne son nom au livre, a succédé à Moïse à la tête du peuple hébreu. Le livre
raconte l'arrivée du peuple en terre promise et sa conquête triomphale ; cf. les trompettes de
Jéricho : on fait sonner les trompettes et les murailles de la ville assiégée tombent (chap. 6). Noter
que le nom de Josué (en hébreu YehoshuaJ ) a été transcrit en grec Ièsous et que le personnage
central des Évangiles s'appelle aussi, en grec, Ièsous . Pour les lecteurs grecs, le successeur de
Moïse et Jésus portaient donc le même nom et les pères de l'Église n'ont pas manqué de faire du
premier un prédécesseur du second.
• Juges. Les juges sont les chefs, militaires et politiques, du peuple d'Israël. Par rapport au
précédent le livre des Juges présente une autre version de l'installation en terre promise ; d'après
lui, le peuple hébreu n'a cessé de pécher, d'être châtié par Dieu, de se repentir et d'être délivré par
un homme providentiel, un “juge”. La conquête de Canaan et la lutte contre les Philistins nous
sont présentées ici comme ayant été lentes et pénibles. Le juge le plus connu est Samson : il est
trahi par sa maîtresse Dalila, sorte de Mata Hari biblique, qui lui arrache le secret de sa force
(garder les cheveux longs) (chap. 13-16).
• 1 et 2 Samuel Il y a deux livres de Samuel (1 Samuel et 2 Samuel), mais ils forment une suite.
Samuel est le dernier juge d'Israël, mais c'est aussi un prophète qui fait couronner Saül, premier
roi du peuple juif. Saül est un roi guerrier qui combat pour défendre le territoire ; un de ses pages,
David, se lie d'amitié avec son fils Jonathan, mais comme David se fait remarquer par ses exploits
(par exemple il tue par la fronde un guerrier ennemi terrifiant, Goliath : chap. 17), Saül devient
maladivement jaloux de David, qui finit par lui succéder. David, dont le règne est raconté en 2
Samuel, n'est pas exempt d'écarts de conduite mais il figure l'image de la royauté idéale.
• 1 et 2 Rois. À l'image des livres de Samuel dont ils prennent la suite, les livres des Rois forment
une unité. Un des fils de David, Salomon, lui succède et son règne marque l'apogée du royaume,
puissant et admiré (1 Rois 1-11) ; Salomon construit le Temple. La succession de Salomon se
passe mal et on en arrive à un schisme. Désormais il y aura deux royaumes juifs : celui du nord,
appelé Israël (parfois Éphraïm), et celui du sud, appelé Juda. Le royaume du nord, le plus
puissant, est instable politiquement (succession de coups d'État) et infidèle religieusement et sa
capitale, Samarie, tombe en - 721, assiégée victorieusement par le roi d'Assyrie Salmanasar V. Le
royaume du sud, qui seul possède la légitimité davidique (sa capitale est Jérusalem, la ville choisie
par David), résiste plus longtemps, mais est vaincu par Nabuchodonosor, roi de Babylone, en -
587. Le Temple est abattu, l'élite de la population est déportée à Babylone : c'est l'Exil.
Interrompant l'histoire politique, prennent place (1 Rois 17.1 - 2 Rois 8.15) l'histoire du prophète
Élie et celle de son disciple Élisée, auteurs de nombreux miracles.
• Isaïe
Les protestants appellent plutôt ce livre Ésaïe (ce n'est qu'une variante orthographique dans la
transcription du nom propre hébreu). Isaïe / Ésaïe, qui vécut à la fin du viii° s. et au début du vii°
s., exhorte le peuple et les rois à mettre leur confiance dans le Seigneur pour résister aux périls
extérieurs. On distingue désormais trois grandes parties : le Proto-Ésaïe / Isaïe (chap. 1-39),
collection de morceaux bâtie à partir du ministère prophétique de l'auteur éponyme ; le Deutéro-
Ésaïe / Isaïe (chap. 40-55), un des fleurons de la poésie mondiale, à pensée universaliste, dû à un
auteur anonyme écrivant durant l'Exil ; le Trito-Ésaïe, disciple spirituel et littéraire du Proto-
Ésaïe, aux préoccupations plus cultuelles (chap. 56-66).
• Jérémie
Cas typique du prophète appelé contre sa volonté par Dieu (cf. 1.4-19), effectuant sa mission
presque à contrecœur (ses “confessions”, dispersées dans le livre, sont un des premiers exemples
d'autobiographie si elles sont authentiques). À l'inverse d'Ésaïe / Isaïe, il appelle à la soumission
politique : l'important, ce sont les sentiments du peuple pour Dieu et non les circonstances
politiques.
• Ézéchiel
Écrit durant l'Exil, le livre atteste de l'influence babylonienne dans le type d'images employées
(bestiaire fantastique dont se souviendra l'Apocalypse). Ézéchiel plaide pour la repentance du
peuple (si le pécheur se repent, il sera sauvé) et pense au culte à venir.
3) Les écrits
Voiture-balai de la Bible hébraïque, cette partie rassemble des pièces d'un caractère très
hétérogène.
a) Les Psaumes
Recueil de chants liturgiques , c'est une source inépuisable de prières pour les juifs et les
chrétiens : il arrivait souvent que l'on imprime ensemble les Évangiles et le recueil des psaumes
(= le psautier). La tradition en attribuait une bonne partie à David, le roi musicien.
b) Job
Autre sommet (cf. Deutéro-Ésaïe) de la poésie et de la pensée bibliques. Job, homme juste,
heureux en famille, comblé à tous points de vue, “le plus riche de tous les fils de l'Orient” (1.4),
fait l'objet d'un pari entre Dieu et “l'accusateur” (en hébreu Satan , d'où un des noms du “diable”)
: ce dernier croit que Job, s'il connaît le malheur, reniera Dieu ; Dieu pense que non. Voici donc
une suite inimaginable de catastrophes qui s'abattent sur Job et qui lui font tout perdre, jusqu'à la
santé. Job maudit alors le jour de sa naissance (chap. 3) mais, s'il se demande ce qu'il a fait pour
mériter un tel sort, s'il ne comprend pas pourquoi Dieu l'a frappé ainsi, il garde confiance dans la
justice divine. Le corps du livre consiste en un dialogue entre les amis de Job, venus le consoler et
lui tenir un discours “théologiquement correct”, et Job, qui persiste à se proclamer innocent et à
s'en remettre à Dieu seul. À la fin du livre, Dieu se manifeste dans une tempête grandiose et
souligne combien le monde et lui-même sont impénétrables à l'intelligence humaine ; et Job
reconnaît : “Oui, j'ai parlé, sans comprendre, de merveilles qui me dépassent et que j'ignore”
(42.3). Puis Dieu rend à Job deux fois plus que ce qui lui avait été enlevé. Dieu a gagné son pari,
contre le Satan, mais aussi peut-être et surtout contre l'homme.
c) Proverbes
Exemple de la littérature dite “sapientielle” parce qu'elle exprime l'expérience ou la sagesse (latin
sapientia), énoncée sous forme de maximes, des anciens d'Israël. Par ex. “trop vite acquise, la
fortune diminue, mais qui l'amasse peu à peu l'accroît” (13.11) ; “le sacrifice des méchants est une
abomination pour le Seigneur, mais la prière des hommes droits trouve grâce à ses yeux” (15.8) ;
“le paresseux plonge sa main dans le plat, mais il est trop fatigué pour la ramener à sa bouche”
(19.24).
i) Ruth.
Une étrangère, Ruth, épouse un riche Israélite, Booz ; un de leurs descendants sera le roi David.
iii) Qohélet
Connu également sous le nom d'Ecclésiaste (le latin Ecclesiastes traduit l'hébreu Qohélét, qui
signifie “celui qui parle dans l'assemblée”). Écrit d'un pessimisme apparemment radical dont le
refrain, “vanité des vanités, tout n'est que vanité” ponctue un amas de considérations sur la vie
humaine plus désabusées les unes que les autres, avant de fournir un épigraphe au chapitre des
Essais de Montaigne (livre III) précisément intitulé “de la vanité”.
iv) Lamentations
Série de poèmes alphabétiques déplorant la prise de Jérusalem et la destruction du Temple.
v) Esther
Esther, nièce du Juif Mardochée, devient l’épouse du roi de Perse Assuérus et aide les juifs à
déjouer un projet de persécution. Livre familier aux juifs en raison de son lien étroit avec la fête
de Pourim, très populaire.
e) Daniel
Écrit pour près d'une moitié en araméen, le livre comporte deux parties
- des récits (1.1-6.9) où la sagesse de Daniel, juif à la cour du roi païen de Babylone, est
mise en évidence. Les deux épisodes les plus fameux sont
d'une part celui du festin de Balthasar (chap. 5), où ce roi voit une main
mystérieuse écrire sur le mur du palais l'inscription “Mané, Thécel, Pharès”, en araméen “pesé,
compté, divisé” ; Daniel lui explique : “Dieu a compté les jours de ton royaume et y a mis fin ; tu
as été pesé dans la balance et as été trouvé insuffisant ; ton royaume a été divisé et donné aux
Mèdes et aux Perses” (5.26-28). Le souverain accorde de grands honneurs à Daniel mais meurt la
nuit même ;
d'autre part le songe du chap. 2 : Nabuchodonosor voit en rêve une immense
statue ; “sa tête était d'or fin, sa poitrine et ses bras d'argent, son ventre et ses cuisses de bronze,
ses jambes de fer, ses pieds en partie de fer et en partie d'argile” (2.32-33). Une pierre se détache
“sans l'aide d'aucune main” (2.34) et frappe au pied la statue qui s'écroule. Daniel interprète le
songe du roi en termes de successions de royaumes, mais “le colosse aux pieds d'argile” est passé
en proverbe dans nos langues pour désigner un individu, un État ou une entité quelconque
apparemment invincible mais en réalité fragile et susceptible de s'écrouler au moindre choc ;
- la deuxième partie du livre est l'exemple le plus net du genre “apocalyptique” dans l'AT :
successions de visions permettant un calcul des périodes à venir jusqu'à la délivrance finale.
f) Esdras et Néhémie
Ces deux livres racontent la vie, notamment religieuse, du peuple juif après le décret de Cyrus qui,
en 538 av. J.-C., l'a autorisé à revenir de l'Exil. Il s'agit de reconstruire les remparts de Jérusalem,
de restaurer le culte et de reconstruire le Temple ; tout cela se fait à l'instigation d'Esdras et de
Néhémie. La chronologie des événements rapportés est très délicate à établir mais on s'accorde
généralement à voir dans ces livres l'origine du judaïsme tel qu'il devait évoluer jusqu'aux formes
contemporaines.
II) AT chrétien
L'AT catholique contient davantage de livres que les Écritures juives. Il se trouve aussi que l'ordre
des livres est assez différent. En outre, au sein même de livres existant dans la Bible hébraïque
figurent parfois des morceaux qui ne figurent que dans la Bible grecque, la Septante. Ne pas
oublier que la Septante est une œuvre juive au départ, et qu'elle a ensuite été “récupérée” par les
chrétiens.
Nous allons donner la “table des matières” de la Bible catholique en développant uniquement les
livres ou fragments de livres propres à cette dernière : ils figureront en italique.
Une Bible catholique regroupe les livres de l'AT en quatre parties :
Pentateuque ;
livres historiques ;
livres poétiques ;
livres prophétiques.
Une Bible protestante, qui contient les mêmes livres qu'une Bible hébraïque, les classe suivant
l'ordre chrétien (celui que nous allons voir ci-dessous).
1) Pentateuque
C'est tout simplement la Torah (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome). Le
mot grec pentateukhos désigne un ensemble de cinq (penta-) rouleaux (teukhos ). La première
tradition chrétienne a parfois groupé plus de livres et l'on trouve parfois (mais sans grande
postérité) hexateuque (les six premiers livres), heptateuque (les sept premiers) et octateuque (les
huit premiers).
2) Livres historiques
- Josué
- Juges
- Ruth. Noter le déplacement. Le classement “liturgique” au sein des Cinq Rouleaux de la Bible
hébraïque perdait son sens chez les chrétiens. Le cadre (pseudo)historique du livre donne une
raison plausible de sa place ici.
- 1 et 2 Samuel
- 1 et 2 Rois. Noter que dans la Septante 1 et 2 Samuel s'appellent respectivement 1 et 2 Règnes
(et non Rois !), et que 1 et 2 Rois s'appellent 3 et 4 Règnes. Risque de confusion donc quand on
parle plus ou moins en même temps des deux Bibles, hébraïque et grecque, et que l'on emploie
des abréviations telles que 1 R ou 2 R. Pour corser l'affaire, la Vulgate appelle 1 et 2 Samuel, à
l'hébraïque, 1 et 2 Samuel, mais 1 et 2 Rois deviennent… 3 et 4 Rois. Donc succession, dans la
Vulgate : 1 Samuel, 2 Samuel, 3 Rois, 4 Rois.
- 1 et 2 Chroniques. Ici encore, les considérations sur le fond (ouvrage historique) expliquent la
place.
- Esdras et Néhémie. Noter l'“inversion” (entre 1 et 2 Chroniques d'une part, Esdras et
Néhémie de l'autre) par rapport à la Bible hébraïque. Il n'est pas impossible que l'ordre de cette
dernière soit postérieur : on aurait mis les Chroniques à la fin, pour faire pendant à la Genèse, car
le début des Chroniques récapitule l'histoire de l'humanité depuis Adam.
- Tobit (ou Tobie): récit en forme de conte populaire, où la ferveur religieuse le dispute au
merveilleux. Il s'agit du récit du voyage aventureux de Tobias : Tobit, son père, est devenu
aveugle et Tobias, accompagné de l'ange Raphaël (en hébreu : “Dieu guérit”) et de son chien, part
à la recherche d'un moyen de le guérir. Ce qui se produira à la fin de l'historiette, Tobias ayant
dans l'intervalle trouvé femme (il fait fuir un démon juste avant la nuit de noces avec l'odeur d'un
poisson qu'il tire de son sac, 8.1-3).
- Judith Doté d'un arrière-plan historique de pacotille (Nabuchodonosor est présenté comme roi
de Ninive, alors qu'il fut roi de Babylone ; et le reste est de la même eau), qui a pourtant fait
placer ce livre au sein des livres historiques, le livre raconte comment une jeune veuve, Judith,
délivre le peuple d'Israël de la menace d'une invasion : elle joue de ses charmes pour accéder
auprès d'Holopherne (le général ennemi) et, après l'avoir assommé de vin, lui tranche la tête.
- Esther : placé en raison d'une analogie de contenu évidente aux côté de Judith, sa sœur d'armes.
Noter des suppléments dans la version grecque, une dizaine de paragraphes insérés ici ou là, surtout
pour expliciter l'intervention de Dieu dans les événements racontés.
- 1 et 2 Maccabées . Livres historiques extrêmement précieux du fait qu'ils sont quasi notre seule
source littéraire pour la connaissance de l'histoire d'Israël à l'époque hellénistique. Contrairement
à 1 et 2 Samuel, à 1 et 2 Rois, à 1 et 2 Chroniques, il ne se suivent pas et sont largement
indépendants l'un de l'autre (1 Maccabées descend même plus bas dans la chronologie). Il s'agit
du récit des luttes de juifs pieux, menés par la famille de Judas Maccabée, contre Antiochus IV
Épiphane, roi séleucide qui possédait la terre des juifs mais dont les prédécesseurs avaient été
tolérants. Antiochus IV veut au contraire helléniser le pays et introduire la religion grecque.
Meurtres et combats se succèdent inlassablement. L'épisode le plus connu est le martyre des sept
frères et de leur mère (2 Maccabées 7), qui préfèrent mourir plutôt que de renier Dieu.
3) Livres poétiques
- Job
- Psaumes. Ce qu'il convient de savoir à propos des psaumes dans une Bible chrétienne, c'est
qu'il a très longtemps existé une numérotation différente. L'ancienne version grecque (Septante) a
réuni le psaume 9 et le psaume 10 de l'hébreu, qui ne forment plus qu'un psaume unique, le
psaume 9 en grec. Ainsi le psaume 11 de l'hébreu devient le psaume 10 du grec, le psaume 12 de
l'hébreu devient le psaume 11 du grec et ainsi de suite. Coupure semblable pour le psaume 113 du
grec, qui réunit les psaumes 114 et 115 de l'hébreu. Mais la césure inverse s'est également
produite : le psaume 115 de l'hébreu a été coupé en deux par la version grecque, tout comme le
psaume 147 de l'hébreu. Comme deux phénomènes inverses (réunion et disjonction) se sont
reproduits en nombre égal (deux fois), le total des psaumes dans la Septante (150) est égale au
total des psaumes dans l'hébreu (150).
Or la numérotation de la Septante a été adoptée par la Vulgate, et par là par toute la tradition
catholique. Donc, ce que vous pouvez retenir de ce fatras de chiffres, c'est que :
- quand vous tombez sur une référence double à un psaume (par ex. Psaume 27 (26).2, le numéro
de psaume le plus élevé (généralement c'est le premier qui est donné) est celui de l'hébreu ; le
second est celui du grec, de la Vulgate et de l'ancienne référence courante chez les chrétiens ;
- quand vous tombez sur une référence unique à un psaume (par ex. Psaume 50.23), il vous faut
vérifier une fois (en général les auteurs sont cohérents avec eux-mêmes et ne changent pas sans
crier gare de système de référence) s'il s'agit de la numérotation suivant l'hébreu ou de la
numérotation suivant la Septante et la Vulgate. Dans les études bibliques actuelles on est revenu
depuis un certain temps à la numérotation suivant l'hébreu ; mais en ce qui concerne la musique
classique occidentale, par exemple, toutes les œuvres religieuses bâties sur un ou plusieurs
psaumes utilisent le système en vigueur à l'époque de leur composition, c'est-à-dire le système de
la Septante et de la Vulgate, généralement en retrait d'une unité sur le système hébreu.
Exemple : Félix Mendelssohn (1809-1847) a écrit une œuvre pour chœur : Laudate pueri (Psaume
112). Or l'incipit (le début) nous confirme qu'il s'agit de l'ancienne numérotation. Le Psaume 113
de l'hébreu, 112 de la Septante et de la Vulgate, commence par : “Serviteurs du Seigneur, louez,
louez le nom du Seigneur” ; dans le latin de la Vulgate : “Laudate pueri Dominum, laudate nomen
Domini ”. Le psaume 112 de l'hébreu (111 de la Septante et de la Vulgate) n'est pas celui de
l'œuvre de Mendelssohn.
- Proverbes
- Ecclésiaste
- Cantique des cantiques
- Sagesse Composé directement en grec dans l'Égypte du i° s. avant J.-C., l'ouvrage (attribué
traditionnellement à Salomon, déjà “auteur” des Proverbes) représente un mélange réussi des
traditions sapientielles hébraïques et de quelques courants de l'hellénisme. Il commence par
comparer le sort respectif des justes et des impies (1.1-5.23), avant de décrire les vertus de la
Sagesse et les moyens de l'obtenir (6-9). Puis une rétrospective de l'histoire biblique d'Adam à
l'Exode montre la sagesse à l'œuvre dans la destinée des hommes.
- Ecclésiastique ou Siracide . Le livre de la sagesse de Ben Sira (le “fils de Sira”, ou “Siracide”) :
conseils d'un sage pour atteindre la sagesse et bénir Dieu en toutes ses actions. “Gloire et
déshonneur sont dans la parole, et la langue de l'homme cause sa chute” (5.13) ; “la Sagesse exalte
ses fils et prend soin de ceux qui la cherchent. Qui l'aime aime la vie, et ceux qui vont vers elle
dès l'aurore seront remplis de gaieté” (4.11-12) ; “de tes ennemis sépare-toi, et de tes amis méfie-
toi”. Etc.
4) Livres prophétiques
La place de ces livres a une signification théologique : les livres prophétiques figurent à la fin de
l'AT, pour servir de transition entre l'AT et le NT, qu'ils passent pour annoncer.
- Isaïe
-Jérémie
- Lamentations de Jérémie . La précision “de Jérémie” explicite le changement de place : la
tradition chrétienne, reprenant en cela une partie de la tradition juive, attribue les Lamentations à
Jérémie.
- Livre de Baruch Baruch est le secrétaire de Jérémie (cf. Jérémie 36, où l'on voit la rédaction
même du livre : mise en abyme). La tradition a lié le destin de ce livre à celui de Jérémie, en dépit
de leurs différences. Il contient une prière pénitentielle, un passage sapiential et une exhortation
prophétique.
- Lettre de Jérémie qui n'est pas de Jérémie (affirmation pseudépigraphique en 1.1 “Copie de la
lettre qu'envoya Jérémie à ceux qui allaient être emmenés comme captifs à Babylone…”). Satire,
traditionnelle chez les prophètes, de l'impuissance des idoles, objets fabriqués qui ne peuvent ni
voir, ni bouger, ni aider les humains.
On a ainsi, au sein du corpus prophétique, un ensemble remarquable de quatre livres tournant
autour de Jérémie.
- Ézéchiel
- Daniel et ses suppléments À la différence de la Bible hébraïque qui ne place pas Daniel parmi
les prophètes (sans doute le classement au sein des Autres Écrits est-il dû à la date tardive du
livre), les Bibles chrétiennes voient en Daniel un prophète (cf. la seconde partie, prophétique
voire apocalyptique). En outre elles lui insèrent des suppléments : une prière d'Azarias puis des
compagnons de Daniel dans la fournaise (au chap. 3) ; épisode de Suzanne (une jeune femme
vertueuse triomphe grâce à Dieu de trois vieillard lubriques) (chap. 13) ; Daniel et les prêtres de
Bel (Daniel déjoue les mensonges du clergé de l'idole Bel) (chap. 14) ; Daniel dans la fosse aux
lions (les lions ne dévorent pas Daniel qui avait été condamné à être dévoré par eux parce qu'il
n'adorait pas le grand dragon).
Origine du NT
Le sujet d'ensemble du NT est de transmettre le message de Jésus, et de témoigner des premiers
pas de la communauté formée de ceux qui ont vu en lui le Messie, ou le Christ, la communauté
des chrétiens.
Les juifs de l'époque de Jésus attendaient un “Messie” : Messie est la transcription d'un mot
hébreu qui signifie “oint”, participe passé du verbe “oindre”. L'onction (l'action d'oindre)
signifiait une fonction particulière confiée par Dieu. Elle était conférée, d'après l'AT, aux rois,
puis, après l'exil, aux prêtres. On trouve également un passage où un prophète reçoit l'onction :
en 1 Rois 19.16, Élie oint son successeur Élisée. Enfin, une onction symbolique est attribuée à un
non-juif, Cyrus, libérateur d'Israël (il fit en 538 l'édit qui autorisait les juifs déportés à Babylone à
rentrer leur pays), en Ésaïe (Isaïe) 45.1.
La traduction de “oint” en grec est khristos, francisé en christ. En général là où l'hébreu dit
“Messie” ou “oint” (selon les traductions françaises), la Septante dit Khristos.
Le Messie attendu cumulait donc les fonctions de roi, de prêtre et de prophète d'une part, de
libérateur de l'autre (et, dans le contexte de l'époque de Jésus, de libérateur de la tutelle romaine
que subissait la Judée). Ce devait être également un fils de David, selon la promesse faite par Dieu
(par l'intermédiaire du prophète Natan) en 2 Samuel 7.
Jésus est un juif dont l'activité en tant que prophète (le ministère prophétique) a duré deux ou
trois ans. Sa réalité historique n'est plus guère remise en cause : à peu près tout le monde s'accord
aujourd'hui à reconnaître qu'il a existé un certain Jésus, qui a parlé au nom de Dieu, et qui a été
“crucifié sous Ponce Pilate”, le préfet de Judée entre 26 et 36 AD. Là où les avis divergent, c'est
sur sa fonction :
les athées le regardent avec indifférence ou avec quelque sympathie (ils sont surtout
acerbes envers l'Église) ;
les juifs ne considèrent pas que Jésus était le Messie attendu ;
les musulmans, dont la religion “abrahamique” ne se veut nullement en rupture avec la
Bible (de même que les chrétiens ne se veulent pas en rupture avec l'AT), le considèrent comme
un grand prophète et même comme un envoyé, particulièrement saint, mais pas comme le Fils de
Dieu car cela porterait atteinte à l'Unicité de Dieu, au vrai monothéisme ;
les chrétiens sont ceux qui ont vu en lui le Messie attendu, fils (c'est-à-dire descendant) de
David ; en outre ils sont allés plus loin, en considérant Jésus comme le propre fils de Dieu, et
Dieu lui-même.
Les premiers chrétiens sont des juifs qui ont reconnu cette qualité à Jésus. Mais rapidement le
message de Jésus a été annoncé à des gens qui n'étaient pas juifs, et spécialement à des Grecs. Le
terme un peu technique pour désigner les non-juifs dans la Bible et dans la langue littéraire
d'aujourd'hui est : nations : Israël est le “peuple” de Dieu, et les autres sont les “nations”, en latin
gentes d'où le vocable Gentils, synonyme de “nations” pour désigner les non-juifs. Alors que les
juifs ne cherchaient guère à convertir les non-juifs au judaïsme, la nouveauté du message chrétien
est qu'il est annoncé à tous les êtres humains, sans distinction, se conformant en cela à des
prophéties universalistes que l'on trouve dans l'AT.
L'ensemble des Écrits constituant le NT couvre une période allant de 50 à 110 environ AD.
Contrairement à ce que l'ordre canonique pourrait laisser supposer, les Évangiles ne sont pas les
premiers en date des livres du NT : les plus anciens écrits sont les épîtres de Paul ; les plus récents
l'Apocalypse et la deuxième épître de Pierre. Comme pour la Septante, le Nouveau Testament n'a
été l'objet d'un processus de canonisation qu'assez tardivement : les premiers essais allant dans ce
sens datent de la seconde moitié du ii° s., et encore aux iv° et v° s. il n'existe pas une liste
reconnue universellement chez les chrétiens.
1) les Évangiles
Au nombre de quatre ; la préposition selon de leur titre indique que traditionnellement on ne
considère pas véritablement la personne qui l'a écrit (Matthieu, Luc…) comme un auteur, mais
seulement comme une espèce de rédacteur ; il y a ainsi quatre versions d'un même message, d'une
même “bonne nouvelle” - tel est le sens du mot grec euanggelia d'où est dérivé euangelion,
“évangile”. La bonne nouvelle en question est l'annonce de la venue de Jésus sur terre et de son
action salvatrice.
Un évangile nous parle (Matthieu, Luc) ou non (Marc, Jean) de l'enfance de Jésus ; ensuite on voit
Jésus parcourir le pays et prêcher la conversion des cœurs dans un langage souvent imagé ; puis
Jésus part pour Jérusalem où il prend un dernier repas avec ses douze apôtres (la Cène) avant
d'être arrêté, bafoué, jugé par le Sanhédrin (le Conseil des juifs) et Ponce Pilate (l'autorité
romaine), puis conduit au Golgotha où il est crucifié le vendredi qui précède la Pâque juive. Trois
jours après (c'est-à-dire deux : le dimanche) il apparaît à quelques-unes et à quelques-uns.
Deux des quatre évangélistes sont des apôtres, c'est-à-dire qu'ils figuraient parmi les douze
hommes qui ont connu et fréquenté au plus près Jésus : Matthieu et Jean.
Les trois premiers évangiles forment un groupe, et s'opposent en cela au quatrième, celui de Jean.
En effet les évangiles selon Matthieu, selon Marc et selon Luc parlent en gros des mêmes
événements et suivent le même plan ; il y a relativement peu d'épisodes qui ne soient rapportés
que par deux des trois ou qui soient propres à l'un d'entre eux. On les désigne pour cette raison
par l'appellatif d'évangiles synoptiques : ils peuvent faire l'objet d'une synopse = tableau à trois
colonnes (une pour chaque évangile) où la grande majorité des récits figure dans les trois
évangiles.
Par exemple :
Le quatrième évangile est à part ; il rapport un moins grand nombre de faits, mais les développe
davantage, et cherche plus à en saisir la portée symbolique. L'évangile johannique est ainsi l'œuvre
d'un théologien, d'un visionnaire à la spiritualité profonde et inspirée.
Les exégètes s'accordent aujourd'hui à reconnaître que toutes les lettres attribuées
traditionnellement à Paul ne sont pas réellement de lui. Voir le détail dans la notice des lettres
supposées inauthentiquement pauliniennes. On pense aussi parfois que certaines des épîtres,
notamment les plus longues, résultent de la juxtaposition de plusieurs lettres à l'origine
indépendantes.
j) épîtres pastorales
La 1° et la 2° épîtres à Timothée et l'épître à Tite (adressées à des individus et non plus à des
communautés) sont nommées depuis le xviii° s. épîtres pastorales parce qu'elles contiennent
surtout des instructions concernant les “pasteurs”, les chefs des communautés chrétiennes. Elles
donnent des consignes sur l'organisation hiérarchique de l'Église et sur la transmission du
message chrétien. Ce sont les dernières que Paul a écrites (entre 63 et 67), à moins que, comme le
pensent beaucoup, elles ne soient pas de lui.
Timothée et Tite sont des compagnons de Paul, qui l'ont secondé dans son œuvre de diffusion de
l'évangile.
h) épître à Philémon
Philémon, notable chrétien bienfaiteur de l'Église de Colosses, a vu s'enfuir un de ses esclaves,
Onésime, qui s'est réfugié auprès de Paul. Celui-ci renvoie le fugitif à Philémon en conseillant
discrètement à ce dernier de pardonner à l'esclave, voire de l'affranchir. En quelques mots (le
billet fait 25 versets seulement, comme l'épître de Jude), Paul applique dans un cas concret la
fraternité universelle de tous les croyants.
a) épître de Jacques
Jacques, compagnon et “frère” de Seigneur, fut chef de la communauté chrétienne de Jérusalem
avant d'être lapidé en 62. Il écrit ici aux judéo-chrétiens (chrétiens qui sont issus du judaïsme) de
la diaspora, pour les instruire sur la manière de mener sa vie conformément aux exigences de la
Bible. Comme elle affirme que “sans œuvres, la foi est morte” (2.26), on comprend que Luther la
détestait et qu'il l'a traitée d'“épître de paille”.
b) 1° épître de Pierre
Attribuée à l'apôtre Pierre, la lettre consiste en une suite d'exhortations morales relatives au
baptême, à la sainteté de la vie et à l'endurance nécessaire face aux épreuves.
c) 2° épître de Pierre
Livret dont le caractère pseudépigraphique est aujourd'hui reconnu, il rappelle certains points de
la doctrine : bouleversement cosmique attendu lors de la parousie (le déluge est une préfiguration
du jugement final), mise en garde contre les faux prophètes propagateurs d'idées pernicieuses,
affirmation de l'inspiration des Écritures.
d) 1° épître de Jean
L'attribution des trois épîtres dites johanniques à Jean, apôtre et évangéliste, est traditionnelle en
dépit de l'absence du nom de l'auteur ; celui-ci se définit simplement comme un ‘ancien” (2. Jean
1.1 et 3 Jean 1.1), c'est-à-dire quelqu'un qui a connu le Seigneur ou moins ses disciples ; et il
explique aussi qu'il a été un témoin oculaire de la vie de Jésus (1 Jean 1.1-3 ; 4.14).
La première épître soulève le problème de la communion avec Dieu et rappelle que les croyants
possèdent la vie éternelle. L'arrière-plan en est des déviations doctrinales dont entendait parler
l'auteur. C'est ici que se trouve l'adéquation célèbre entre Dieu et amour : “Celui qui n'aime pas
n'a jamais connu Dieu, car Dieu est amour” (4.8).
e) 2° épître de Jean
Reprend plus brièvement des thèmes de 1 Jean : vivre dans l'amour, prendre garde à ceux qui
n'observent pas les commandements du Christ.
f) 3° épître de Jean
Beaucoup plus personnelle que les deux précédentes (de nombreux noms propres sont cités), la
lettre exhorte encore à faire le bien.
g) épître de Jude
L'auteur dit, probablement pseudépigraphiquement, être Jude, le frère de Jacques et donc du
Seigneur. Elle possède de nombreux rapports avec la seconde épître de Pierre et, comme elle, met
en garde contre ceux qui aspirent à renverser l'ordre de la communauté chrétienne. Elle est
célèbre pour citer, ou faire allusion à, des écrits dits “intertestamentaires” (produits de la
communauté juive mais non entrés dans le canon de l'AT) tels que le premier livre d'Hénoch ou
l'Assomption de Moïse.
6) Apocalypse
Le mot grec apokalupsis signifie “révélation”, “dévoilement”. Le genre apocalyptique, qui fait son
apparition dans le livre canonique de Daniel (AT), se développa beaucoup par la suite : il donne
des indications sur les temps derniers et les événements qui les accompagnent. “L’aspect
“historique” du message chrétien est ici presque entièrement passé sous silence. La seule allusion
à un fait de la vie de Jésus se trouve au verset 8 du chapitre 11, qui dit, à propos de Jérusalem:
“C’est là où leur Seigneur lui aussi fut crucifié.” Mais il semble, de l’avis même de plusieurs
auteurs catholiques, qu’on soit ici en présence d’une glose”
L'ouvrage commence par des lettres à sept Églises d'Asie Mineure, décrit le trône de Dieu et la
cour céleste, puis parle des événements qui précéderont la chute de “Babylone” (nom péjoratif de
Rome) avant d'évoquer le triomphe final du Christ : victoire sur Satan, jugement dernier, félicité
des élus.
L'auteur (qui dit porter le nom de Jean et être un prophète ; la tradition l'a identifié à l'apôtre-
évangéliste-épistolier) manipule la symbolique des nombres avec une rare virtuosité et donne
naissance à des scènes d'une grande imagination poétique, hautement symboliques et
difficilement représentables par un art visuel.
L'Apocalypse conclut logiquement la Bible chrétienne et, ouvrage eschatologique, répond à la
Genèse, livre des débuts de l'humanité et du peuple de Dieu.