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Chapitre IV – LE LIVRE DU LEVITIQUE1

Introduction
Le livre du Lévitique apparaît de prime abord comme la continuité du Livre de l’Exode 2. En
effet, après avoir libéré son peuple de l’esclavage en Egypte, Dieu le conduit aux pieds du Sinaï, où
il conclut une Alliance avec lui, régissant leur relation. Malgré la rébellion des Hébreux, Dieu a
toujours voulu que sa glorieuse présence demeure toujours au milieu d’Israël au travers de ce
Tabernacle3. Mais le péché des Israélites a compromis la relation. C’est la raison pour laquelle à la
fin de l’Exode, le livre précédent, Moïse, en sa qualité de représentant d’Israël n’a pas pu entrer
dans le Tente pour se retrouver devant Dieu.
Le livre du Lévitique commence par nous rappeler ce problème fondamental avec cette
phrase : « Yahvé appela Moïse et, de la Tente du Rendez-vous, lui parla et lui dit : (Wayyiqra, « et il
(Yahvé) appela » est son nom hébreu et le premier mot qui commence ce livre 4. Il y a une continuité
thématique qui va de pair avec la continuité géographique. En effet selon les données d’Ex 19, 1 :
les fils d’Israël se trouvent toujours au Sinaï et les textes du Lévitique se voient conférer une
autorité car ils promulgués dans ce même lieu : la montagne de Dieu. Ce livre tient une place
privilégiée dans le judaïsme, qui l’appelle « Torah des prêtres » et l’utilise pour la formation des
jeunes étudiants. Le Lévitique tout entier appartient donc à « la péricope du Sinaï », qui s’étend
d’Ex 19,1–Nb 10,10. Au plan stylistique et théologique, le Livre du Lévitique se présente comme
un ensemble essentiellement législatif, même si quelques ensembles apparaissent davantage comme
des narrations5 Contrairement au Deutéronome qui contient des sections narratives, le Lévitique
apparaît comme un code rituel, préoccupé de règlement des matières que le NT semble avoir mis
de côté. Mais à y voir de près, on trouve dans ce livre beaucoup de passages qui font partie du
patrimoine biblique : le commandement de l’amour du prochain (Lv 19, 18), le jour des expiations
(Yom Kippour : Lv 6), l’année jubilaire (Lv 25), la sainteté comme programme de vie (Lv 11, 44 ;
19, 2) etc. Bref, c’est un livre important, mais d’accès difficile.
1
Cf. RÖMER Thomas, Jean-Daniel MACHI, Christophe NIHAN, Introduction à l’Ancien Testament, éd. Labor et Fides,
Genève, 2004, pp. 186-195. Voir aussi, Collectif, L’Exode, le Livre des Lévites, les Nombres : les livres du désert, coll.
« Écouter la Bible n°2 », Paris, Desclée de Brouwer, 1978 ; ARTUS Olivier, NOËL Damien, GRUSON Philippe, Exode,
Lévitique, Nombres, Deutéronome. Commentaire pastoral, Paris, Bayard, 1998.
2
Ex 35–40 concernait la construction de la Demeure ou le Sanctuaire. Lv 1–7 traite du rituel des sacrifices qui ont
précisément pour cadre la Demeure ou le Sanctuaire, et Lv 8–9 a pour thème l’investiture des prêtres qui sont
indispensables pour le fonctionnement de la Demeure.
3
La Bible parle aussi de la « Tente de la Rencontre » ou de la « Tente du Rendez-vous »)
4
Le premier verset du Lévitique nous montre Dieu qui, de la Tente de la Rencontre, appelle Moïse pour lui parler. Tout
au long du Livre, Dieu va communiquer à Moïse un grand nombre de lois et de règles destinées aux Israélites, avec la
promesse que « celui qui les met en pratique vivra par elles » (18, 5, cité en Rm 10, 5).
5
A la différence des livres de la Genèse, l’Exode et des Nombres, le Lévitique contient très peu de récits. Comme
textes narratifs, on peut évoquer l’investiture d’Aaron (grand-prêtre) et des prêtres (Lv 8–9) et certaines prescriptions
particulières qui prennent la forme d’un récit (Lv 10, 1-3).
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Ce livre relève de la responsabilité des Lévites, spécialement des prêtres. Il est aussi désigné
comme le troisième Livre de Moïse. Car le Lévitique est un ensemble de paroles de Dieu adressées
à Moïse, qui doit les transmettre à Israël. Dieu. Le lieu où Yhwh s’adresse à Moïse est la tente du
Rendez-vous ou tente de la Rencontre (Lv 1, 1) en conformité avec Ex 40, 34 : ce sera le lieu de la
communication des paroles divines (Lv 1-24) ; mais de Lv 25-27, Yhwh parle à Moïse au sommet
de la montagne du Sinaï.

4.1. Contexte historique et signification du livre

Pour comprendre le livre du Lévitique, il faut se rappeler son contexte. Israël est tout juste
sorti d’Égypte et se trouve au pied du Mont Sinaï. Le peuple vit dans le désert et n’est pas encore
entré en Terre Promise. Quels sont les fondements juridiques du peuple d’Israël ? Le seul
fondement de l’existence d’Israël à ce moment est l’expérience de l’Exode : YHWH fit sortir Israël
et l’a libéré de l’esclavage. Israël est donc un peuple libre, bien qu’il ne possède pas encore de
territoire. Dans le livre du Lévitique, cette expérience de l’Exode reçoit une nouvelle interprétation :
quand YHWH a fait sortir Israël d’Égypte, il l’a « séparé » des autres nations, tout particulièrement
de l’Égypte et l’a « sanctifié ». Ce fondement théologique de l’existence d’Israël a des
conséquences sur son statut juridique. Les conséquences plus importantes sont les suivantes :
- L’exode n’est pas un exploit humain ni celui d’un groupe bien organisé, mais l’œuvre du seul
YHWH. Israël doit son existence en tant que peuple qu’à YHWH, il appartient donc à YHWH seul
(Lv 25, 55). Or, Dieu est Saint ! Cela implique tout autour de lui est imprégné de sa Vie, sa Bonté, sa
Pureté et de sa Justice. Israël a été sanctifié par YHWH quand celui-ci l’a fait sortir d’Égypte6
- Ce fait définit les rapports entre tous les différents membres du peuple. La liberté de tous les
membres du peuple est donc sacrée, puisqu’il appartient à YHWH seul (cf. Lv 25, 42).
- Puisque Israël est un peuple saint, tous les aspects de son existence sont caractérisés par la
« sainteté » (Lv 19, 2 ; 22, 31-33). Alors, si les Israélites, qui sont rebelles et pécheurs, veulent vivre
dans la Sainte Présence de Dieu, ils doivent devenir « saint ». C’est tout le rôle du livre du Lévitique,
qui insiste sur le culte et l’observance des règles « religieuses » (cf. Lv 11, 44-47), et développe les
principaux moyens par lesquels Dieu aide Israël à demeurer dans la sainteté : les sacrifices, les fêtes et
le repos sabbatique*

4.2. Composition et thèmes majeurs du livre du Lévitique7

La question de la rédaction du livre du Lévitique est discutée. Pour la majorité des


spécialistes, l’histoire de la composition ou de rédaction de ce vaste ensemble est complexe. On
considère souvent Lv 1-16 comme des suppléments insérés dans « l’histoire sacerdotale ».
L’ensemble de Lv 17-26 est généralement intitulé « Code de Sainteté » (œuvre Yahviste, Yéhoviste
6
SKA Jean-Louis, Introduction à la lecture du Pentateuque. Clés pour l’interprétation des cinq premiers livres de la
Bible, coll. « Le livre et le rouleau 5 », Bruxelles, Éd. Lessius, 2000. , p. 55ss.
7
Cf. RÖMER Thomas, Jean-Daniel MACHI, Christophe NIHAN, op. cit., pp. 192-195.
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et deutéronomiste formulée au VI et Ve s av. J-C) et compris comme une collection spécifique de
dispositions cultuelles, morales et légales, distincte ayant ses conceptions théologiques propres.
Mais la composition du Lévitique, dans sa forme actuelle remonte à une époque où « Israël » se
trouve sous le gouvernement du Grand-Prêtre (Lv 4, 3 ; 16 ; 21, 10-15). Comme tel, le Lévitique
s’adresse aux prêtres et le reste du personnel du culte Lévites), mais aussi aux Israélites.

La thématique du livre du Lévitique tourne autour du culte. Pour le Lévitique, le culte est
un vaste ensemble de gestes, de choses, de lieux, de temps, tous destinés à suggérer la nature des
relations, invisibles mais réelles entre Dieu et Israël, sur le plan à la fois communautaire et
individuel. Ainsi, alors que Lv 1-10 traite du culte sacrificiel dont les prêtres sont chargés, Lv 11-
15 précisent les exigences de pureté pour les membres de l’assemblée liturgique (prêtres et laïcs) ;
alors que Lv 16 résume les deux dimensions du culte et de la pureté ; Lv 17-25, présentent les
conditions sociales et morales de la communauté, en spécifiant les 7 fêtes annuelles d’Israël (Lv 23–
25). Quant à Lv 19, il donne le champ des obligations éthiques présent en Israël et dégage une
certaine idée des valeurs premières que les Israélites souhaitent mettre en pratique.

4.3. La structure du livre du Lévitique8

Le livre du Lévitique se compose de 4 grandes sections et d’un supplément :


I. Lv 1–7 : Lois concernant les sacrifices
II. Lv 8–10 : Institution du Sacerdoce lévitique et inauguration solennelle du culte
au sanctuaire du désert
III. Lv 11–16 : Conditions de pureté de l’assemblée israélite.
IV. Lv 17–26 : « Loi ou Code de Sainteté »
V. Lv 27 : Appendice indiquant la valeur pécuniaire d’un objet ou
d’une personne consacrés à YHWH

4.4. Les différentes catégories de Lois


4.4.1. Lois concernant les sacrifices (Lv 1–7)

a) L’holocauste (Lv 1, 3- ; 6, 2-6)

L’holocauste qui ouvre la collection était l’oblation la plus commune. Les jours ordinaires, elle
avait lieu deux fois, et les jours de fête le plus souvent. L’holocauste était aussi à l’origine l’unique
sacrifice public. L’holocauste consistait à brûler complètement la victime. 9 Les holocaustes se
divisent en trois groupes selon les victimes : gros bétail ; petit bétail, et les oiseaux (cf. Lv 1). La
fonction principale de l’holocauste était l’expiation10, parfum apaisant pour Yahvé.
8
Plusieurs structures peuvent être proposées pour le livre du Lévitique, nous proposons subdivision classique qui, à
notre humble avis aide à mieux cerner les grandes lignes d’articulation du livre.
9
La partie du sacrifice qui était brûlée sur l’autel était souvent appelée le « mets consumé. Parfois, cette expression
désigne l’animal tout entier offert en sacrifice.
10
Lv 1, 4 ; 9, 7 ; 14, 20 ; 16, 24.
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b) L’offrande végétale (Lv 2 ; Nb 15, 1-16)

C’était l’oblation la plus répandue, sans doute parce qu’elle était la moins coûteuse. Dans le
Lévitique, le terme technique pour se référer aux offrandes végétales est le minkhah11. Les offrandes
végétales étaient des dons offerts à Yahvé. En réalité, on ne brûlait qu’une partie de l’offrande en
hommage à Dieu. La partie restante considérée comme « portion sacrosainte » était réservée aux
seuls prêtres. On distinguait aussi trois types d’offrandes végétales : les cuites, les frites et les
grillées.

c) Le sacrifice de paix ou de communion (Lv 3 ; 7, 11-21.28-36 ; 19, 5-8 ; 22, 21-25)

Ces sacrifices concluaient un banquet. L’offrant consommait une grande partie de la victime.
Seules les graisses et les entrailles, considérées comme la meilleure part, étaient brûlées en oblation
à Yahvé. Le fait que Dieu et les offrants partageaient la même victime donnait à ces sacrifices un
aspect solidaire, soulignant ainsi l’idée de communion entre Dieu et les hommes.

d) Les sacrifices pour le péché (ou de purification), et de réparation (Lv 4–5 ; 6, 17-23 ; 7, 1-
10 ; 16 ; Nb 15, 22-29)

Le terme hébreu pour désigner ces sacrifices est hatta’t. (= « péché »). D’où leur appellation de
« sacrifices pour les péchés ». Ils peuvent cependant être offerts sans qu’il y ait péché et d’autres
sacrifices comme l’holocauste et la communion peuvent aussi servir pour la purification.
L’important dans ces sacrifices se situe dans les rites de sang. Le sang a une valeur purificatrice et
protectrice. Il s’agit de purifier les impuretés occasionnées par les péchés.

4.4.2. Le Jour du Grand Pardon ou Jour des expiations (Lv. 16 ; 23, 26-32 ; Nb 29, 7-11)
Le chap. 16 occupe une position centrale dans le livre du Lévitique, à cause de l’importance
du « Yom Kippour » ou jour de l’expiation. Cette célébration avait lieu une fois par an, le 10 ème
jour du septième mois de l’an. C’était et cela demeure une des grandes fêtes de la communauté
israélite (Lv 16, 29.34 ; 23, 27.32). L’objectif de cette célébration était la purification du sanctuaire
et des péchés et impuretés12 d’Israël par des actes cultuels. Elle sert donc à rappeler la sainteté de
Dieu et du Sanctuaire. Le point central de la célébration du « Yom Kippour » se trouve dans le rite
des deux boucs, un pour YHWH, l’autre pour Azazel (une figure énigmatique parfois

11
Ce terme peut avoir plusieurs sens : un sens plus large qui indique non seulement l’oblation végétale, mais aussi
l’offrande animale comme dans le cas de Caïn et Abel. Mais, Minkhah signifie au premier sens « don », « cadeau ».
12
Un Israélite pouvait devenir impur de différentes manières : au contact de fluides corporelles de reproduction, de
maladies de la peau (lèpre), en touchant des moisissures ou des plantes parasites, surtout en touchant un cadavre
(animal ou humain). On devient donc impur lorsqu’on est se retrouve contaminé pour avoir touché à la mort, la mort
étant opposée à la Sainteté. Car, l’essence de Dieu, c’est la Vie. Le dernier moyen pour devenir impur, c’était de
manger certains animaux (Lv 11–15).
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démonique13). Le bouc destiné à YHWH était sacrifié comme victime expiatoire (vv. 15-19). Le
bouc pour Azazel n’était pas égorgé. Aaron lui imposait les mains et confessait les péchés des
Israélites et symboliquement ces péchés retombaient sur la tête de l’animal. Puis, il l’envoyait au
désert où il amenait avec lui les péchés des Israélites (vv. 20-22). Là, il ne pouvait pas faire de mal à
la communauté. Ce qui était réellement décisif pour se libérer des péchés était leur confession
individuelle et communautaire.

4.4.3. Le Code de Sainteté14 (Lv 17 – 26)


Le titre habituel donné à cette section du Lévitique : « Loi de Sainteté » tient au fait Yahvé y
est présenté comme celui qui sanctifie et qui exhorte à la sainteté (Lv 19,2 ; 20,26). Le Code de
Sainteté est surtout technique. Les lois qui sont regroupées dans cette collection sont entrecoupées
par des refrains : « C’est moi Yahvé votre Dieu », qui sont en des exhortations à la pratique15.
L’objectif aussi de ces lois est de montrer que Yahvé est le Tout Autre, le Saint par excellence. Il
est donc le fondement d’un code législatif qui recouvre tous les domaines de la vie (culte, sexualité,
fêtes et Liturgie, vie sociale).
Le « Code de Sainteté » traite de différents thèmes : sacrifices (17,3-5 ; 22,17-30),
relations sexuelles (18, 7-23 ; 20, 9-21) ; prescriptions sur les prêtres (21–22) ; fêtes16 (23) ; année
sabbatique et jubilaire (25) ; bénédictions et malédictions (26) et autres prescriptions à caractère
éthique (19–20).
Sur le plan théologique, la sainteté de Yahvé est la clé de voûte qui soutient Lv 17–26. On
souligne à plusieurs reprises que c’est Yahvé qui sanctifie et on invite Israël à être saint, parce que
c’est Yahvé qui est saint17 Parfois la sainteté de Yahvé est liée à la sortie d’Égypte (Lv 22, 32-33).
13
Le mot AZAZEL pourrait s’expliquer par l’araméen et signifie « le bouc qui s’en va », ce qui se rapproche aisément du
deuxième oiseau du rite de purification d’un lépreux (Lv 14, 6-7) : il s’envole et on ne dit pas ce qui lui arrive. C’est
dans ce sens que la version grecque des LXX et la Vulgate de saint Jérôme ont compris le mot « bouc envoyé » ou
« bouc émissaire ». Ce serait donc le nom d’un animal, mais comment pourrait-on dire qu’on l’envoie à AZAZEL (v.
10) ? La tradition rabbinique a donc compris ce mot comme un nom de lieu, « une montagne abrupte, escarpée et
coupante » (Rachi) d’où l’on fera tomber l’animal dans un précipice. La Mishna précise que c’est un prêtre qui le
conduit et le précipite.
Quant aux textes apocalyptiques juifs, ils ont attribué le nom d’AZAZEL à un des anges dépravés qui ont semé le
désordre parmi les humains (Hénoch 8, 1-12 ; 10, 1-4) et se sont promis à un châtiment terrible. Cette explication est
donnée par Pierre BUIS, Le Lévitique. La Loi de sainteté, Cahiers Évangile 116, Paris, Cerf, 2001, p. 20.
14
C’est l’exégète allemand A. Klostermann qui a donné ce titre de « Code de Sainteté » à cette section du Pentateuque.
15
Par exemple, une exhortation propre au Code de sainteté est la formule inlassablement répétée : « Je suis Yhwh
votre Dieu » ou simplement : « Je suis Yhwh » ou encore « Je suis Yhwh qui vous sanctifie », surtout en Lv 19.
16
1. Chacune des fêtes raconte un aspect différent de l’histoire rappelant comment Dieu les a libérés de l’esclavage en
Egypte et les conduits à travers le désert jusqu’ en Terre Promise. Et par la célébration régulière de ces fêtes, le peuple
d’Israël aurait conscience de son identité et de ce que Dieu représente pour lui : Le Sabbat => repos sabbatique (7ème
jour de la semaine, jour de repos complet, 23, 3) ; 2. La Pâque (1er mois, 14ème jour du mois = 14 Nisan) ; 3. fête des
Azymes (15ème du même mois : manger du pain sans levain pendant 7 jours) ; 4. Yom Kippour/Jour des expiations (7ème
mois, le 10ème jour du mois, 23, 24.27-32) ; 5. fête des Tentes (15 ème jour du 7ème mois : pendant 7 jours, offrande à
Yahvé d’un mets, 23, 34) ; 6. Année sabbatique tous les 7 ans, 25, 3-7) ; 7. Le Jubilé (7 x 7ans = le de sept semaines
d’années, 49 ans : au jour des Expiations, la 7ème année, on déclare Sainte la 50ème année = proclamer
l’affranchissement de tous les habitants du pays, esclaves et biens, 25, 8-22. + lois du rachat : vv. 23-55).
17
Cf. Lv 19, 2 ; 20, 7.8.24.26 ; 21, 15.23 ; 22, 9.26.32.
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Sortie d’Égypte et sanctification ici comme faisant partie d’un même processus : l’objectif premier
de la libération d’Égypte consiste à amener Israël à la communion avec Dieu.

4.4.3.1 L’année jubilaire au cœur du « Code de Sainteté »

Dans ce long chapitre consacré à l’année jubilaire, on trouve des dispositions très concrètes sur
le repos de la terre, la libération des esclaves ou la remise des dettes. En même temps, le lecteur
s’interroge : tout ceci est-il bien réaliste ?

a) Les dispositions concrètes

 Le repos de la terre
Dans la Bible, l’année jubilaire est d’abord une année où l’on se repose comme Dieu lui-
même, selon Gn 2,1-4a, s’est reposé au septième jour de la création. La terre est concernée (Lv 25,
11-12). Lors des années sabbatiques (tous les 7 ans) ces prescriptions valaient déjà (Lv 25, 2-4).
Elles soulèvent un problème très pratique. L’année jubilaire succède à une année sabbatique. Cela
veut dire que la terre n’est pas travaillée pendant deux ans d’affilée. Comment, dans ce cas, assurer
la subsistance des êtres humains et des animaux ? N’y a-t-il pas risque de famine ? Les textes
bibliques disent qu’il faut faire confiance dans le Seigneur (Lv 25, 21). Même s’il s’agit d’une
utopie, ces textes viennent rappeler quelques convictions fondamentales : la terre appartient à Dieu
qui l’a créée ; elle a été confiée aux hommes qui en sont les gestionnaires, elle mérite le respect
parce qu’elle est le cadeau du Créateur et elle doit servir au bonheur de tous les êtres humains.

 La libération des esclaves


La Bible envisage par exemple le cas de quelqu’un qui a tellement de dettes qu’il ne peut plus
rembourser et est obligé de se vendre comme esclave. La législation la plus ancienne, appelée
« Code de l’Alliance », accepte cette situation, mais codifie la durée de l’esclavage à 7 ans (Ex 21).
L’esclavage entre frère du même peuple est interdit (Lv 25). Celui qui est endetté peut s’engager
comme domestique. Le Code limite cet engagement jusqu’à l’année du Jubilé où la dette sera
remise. La motivation principale puise dans l’expérience de la sortie d’Égypte (Lv 25, 42-43). C’est
le Dieu de la liberté et celle-ci fait partie de son identité.
Le Jubilé est donc un mécanisme qui doit aplanir les trop grandes inégalités sociales. La foi en
ce Dieu a des conséquences au niveau social. Le Dieu d’Israël est un Dieu libérateur, car il est
intervenu avec puissance pour libérer son peuple de l’esclavage en Égypte. Il ne convient donc pas
que ses enfants se réduisent en esclavage les uns les autres. L’amour de Dieu est inséparable de
l’amour du frère. Même si cette législation n’a probablement jamais été appliquée en tant que telle,
elle reste cependant comme un rappel des exigences divines. On ne peut à la fois célébrer un Dieu

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qui libère et être en même temps complice de tous esclavages qui pèsent sur l’humanité (cf.
préambule de l’Exode).

b) Sens de l’année jubilaire.

L’année jubilaire est dans la Loi, une année spéciale où l’on remet les compteurs à zéro. Selon
les indications de Lv 25, le Jubilé a lieu tous les 49 ans ou 50 ans et il commence par une sonnerie
de cor, le jour de fête de Yom Kippour (le Grand Pardon). Pendant cette année, on redonne une
nouvelle chance à ceux qui n’ont pas su gérer leurs biens ou qui, victimes de maladies ou de tout
autre fléau, ont dû se vendre comme esclaves. Ceux qui ont dû vendre champs ou maison les
récupèrent. Ceux qui ont perdu leur liberté pour cause de dettes se retrouvent libres.

4.5. Clé théologique du livre du Lévitique

La sainteté de Dieu est la clé de voûte du Lévitique (17–26). Il est souligné à plusieurs
reprises que c’est Yahvé qui sanctifie et on invite Israël à être saint parce que Yahvé est saint18.
Parfois, la sainteté de Yahvé est liée à la sortie d’Égypte (cf. Lv 22, 32-33). Sortie d’Égypte et
sanctification font partie d’un même processus. Dans cette perspective, l’objectif premier de la
libération d’Égypte consiste à amener Israël à la communion avec Dieu. Dans le mouvement de
libération, Yahvé devient le Dieu d’Israël et Israël devient à son tour le peuple de Dieu et doit
exprimer, à travers l’accomplissement des commandements, son appartenance à Yahvé. C’est sur ce
principe fondamental que reposent toutes les exigences éthiques et cultuelles.
Si l’objectif de Yahvé en libérant Israël d’Égypte, consistait à faire de lui son peuple, les
prescriptions du « Code de Sainteté » sont les moyens qui permettent d’atteindre cet objectif.
L’invitation à être saints, parce que Yahvé est saint synthétise toutes ces exigences. Les
exhortations parénétiques, parmi lesquelles se détache l’invitation à la sainteté, se mêlent aux
exigences légales, donnant une certaine cohésion et un récit théologique à l’ensemble.

18
Cf. Lv 19, 2 ; 20, 7.8.24.26 ; 21, 15.23 ; 22, 9.16.32.
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