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Françoise Rachmuhl

18 CONTES DE LA
NAISSANCE DU MONDE

Extrait de la publication
Françoise Rachmuhl
18 CONTES DE LA
NAISSANCE DU MONDE
C omment le monde est-il né ? Est-il sorti d’un œuf
comme un oiseau, d’un ventre comme un enfant ?
A-t-il flotté au fond des eaux ? Comment était-ce avant les
hommes, avant les animaux ? Venus des cinq continents,
ces contes peignent des visions différentes de la naissance
du monde, du ciel, des astres… et même du moustique !

Avant nous, avant notre époque, disent les vieux, il y


eut quatre genres de vie, quatre genres d’hommes,
sous quatre soleils différents. »

DÈS 11 ANS

ILLUSTRATION : Fred SOCHARD


18 CONTES
DE LA NAISSANCE
DU MONDE

Extrait de la publication
© Flammarion pour la présente édition, 2010
© 2002, Castor Poche Flammarion
87, quai Panhard-et-Levassor – 75647 Paris cedex 13
ISBNÞ: 978-2-0813-0272-3

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FRANÇOISE RACHMUHL

18 CONTES
DE LA NAISSANCE
DU MONDE
Illustrations de Frédéric Sochard

Flammarion Jeunesse

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INTRODUCTION

L
e mystère de la naissance du monde a tou-
jours intrigué les hommes. Comment est-il néþ?
Comme un enfant, est-il sorti d’un œuf, d’un
ventreþ? A-t-il flotté au fond des eaux avant d’émerger
à l’air et à la lumièreþ? Quels ont été ses premiers pas,
ses premiers mots, avant même que l’homme existeþ?
Comment était-ce, au tout premier matin du mondeþ?
Les savants se sont penchés sur le problème. Ils
ont examiné le ciel, la terre, le présent et le passé
de notre planète, proposé des explications, établi
quelques faits indiscutables. Mais beaucoup de ques-
tions restent encore sans réponse.
Dès les époques les plus reculées, dans toutes les
civilisations, des plus raffinées aux plus barbares,
les hommes ont échafaudé des systèmes de pensée
pour tenter d’expliquer le mondeþ: ce qu’on appelle
des cosmogonies. Entre le réel qui les entourait et ce
qu’ils imaginaient, il y avait place pour le mythe.

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À l’origine, les mythes sont des récits mer-
veilleux, qui mettent en scène les grandes forces de
la nature, les dieux et les hommes. Ils remontent à
la nuit des temps et leur origine est obscure. Ils se
sont transmis oralement, avant que des écrivains
s’en emparent. C’était au cours de cérémonies sacrées
qu’ils étaient récités. Dès le début, ils ont eu une
valeur religieuse. C’est encore le cas – pensons à la
Bible, considérée par certains comme un recueil de
légendes, par d’autres comme un livre saint.
Même si leur diversité est étonnante, les grands
mythes de la naissance du monde offrent des points
communs à toutes les traditions, dans tous les temps,
sur tous les continents. Mais ils peuvent aussi pré-
senter des variantes importantesþ: ils proviennent de
l’esprit inventif des hommes, tout en étant enracinés
dans la réalité d’un pays et d’une époque.
L’univers des dieux qu’ils dépeignent ressemble
beaucoup à celui des humainsþ: mêmes qualités,
même illogisme et parfois même cruauté – et souvent
même fin dernière. Les dieux, bien qu’ils soient
supérieurs à l’homme, peuvent connaître, eux aussi,
la souffrance et la mort.
Il existe une autre catégorie de contes plus légers,
dénotant un esprit plus fantaisiste que religieuxþ: ce
sont les contes étiologiques. Ils racontent pourquoi
les choses sont ce qu’elles sont, pourquoi l’homme
n’est pas immortel, pourquoi la lune se présente de

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profil, pourquoi la baleine se promène et pourquoi
le moustique pique…
Devant une telle variété de mythes et de contes,
il a fallu faire des choix. Choix opérés dans un souci
de représentativité – aucun des cinq continents
n’est oublié. Recherche de la variété et d’une cer-
taine originalité. C’est pourquoi nous n’avons pas
pris d’extraits de la Bible, la plupart des jeunes
lecteurs connaissant déjà l’histoire de l’arche de Noé
ou de la tour de Babel.
Des récits sont issus de traditions lointaines, dans
le temps ou l’espace, d’autres ont attiré notre atten-
tion à cause de leur tonalité différente, tragique,
tendre, poétique ou malicieuse… Chaque fois que
nous avons pu, nous avons placé côte à côte des
contes de pays différents, exploitant les mêmes
thèmes. Au lecteur de faire la comparaisonþ!
Certains textes peuvent surprendre et dérouter.
C’est qu’ils appartiennent à des civilisations diffé-
rentes de la nôtre, qui obéissent à une logique dif-
férente. Mais en choisissant ces récits et en les
adaptant pour les enfants d’aujourd’hui, nous
n’avons pas voulu les déformer ni les affadir. Car ce
que nos ancêtres lointains ont imaginé, ce en quoi
ils ont cru, mérite le respect.

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LA NAISSANCE DU MONDE

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LE GENOU DE LA DÉESSE
Conte de Finlande

Au XIXeþsiècle, un jeune médecin finlandais recueille


de vieilles légendes en forme de poèmes, contées par
les paysans, à la veillée. Il en fait un long récit, qu’il
publie, le Kalevala.
Au début du Kalevala, le monde n’existe pas
encore, la déesse flotte sur les eaux et voici qu’un
oiseau vient pondre ses œufs sur son genou…
Vous retrouverez le thème des eaux primitives et
celui de l’œuf cosmique – l’œuf qui contient en
germe l’univers ou cosmos – dans de nombreux pays,
Chine, Japon, Égypte, Amérique…

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A
u commencement, il n’y avait que le ciel,
vide, il n’y avait que la mer, vide, et
Luonnotar, la belle déesse, la fille de l’air,
s’ennuyait. Elle descendit du ciel, se posa sur les
vagues, sur le dos brillant de la mer. Elle joua avec
les gouttes salées, elle joua avec l’écume blanche,
puis elle s’étendit sur les eaux, sa chevelure flottant
autour de son visage. Doucement ballottée par les
courants, bercée par le mouvement incessant de
l’eau, elle s’endormit.
Alors surgit du fond de l’horizon un oiseau gigan-
tesqueþ: c’était la femelle d’un aigle. Elle était lasse,
elle cherchait un endroit où bâtir son nid, où pouvoir
déposer ses œufs. Elle parcourut l’espace du regard,
elle ne vit que des vagues. Elle agita désespérément
les ailes. Leur battement réveilla la déesse.
Elle ouvrit les yeux. L’oiseau géant s’épuisait au-
dessus d’elle. Luonnotar comprit et lentement sortit
de l’eau son genou pour que l’aigle s’y pose.
L’aigle construisit son nid, y pondit six œufs d’or,
un œuf de fer, et couva. Un an, deux ans, neuf ans…
Au cours de la dixième année, la chaleur dans le
nid devint telle que la déesse en fut gênée. Malgré
elle, elle étendit la jambeþ: les œufs se brisèrent,
l’aigle s’enfuit. Le monde naquit.
La partie inférieure des coquilles devint la terre
courbeþ; la partie supérieure, la voûte célesteþ; le blanc

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de l’œuf, le soleil éclatantþ; le jaune, la lune et les
étoiles lumineusesþ; et les débris de l’œuf de fer se
transformèrent en nuages.
Le monde existait, mais il était incomplet. Beau-
coup de temps encore s’écoula. Ce fut la déesse qui
l’acheva.
Après des années et des années, un jour, elle sor-
tit de l’eau. Du bout des doigts, elle façonna golfes
et baies, monts et vallées. En étendant les bras, elle
dessina les plaines, en frappant le sol du talon, elle
creusa des trous à poissons, en marchant le long du
rivage, elle fit surgir une île à chacun de ses pas.
Puis elle tordit ses cheveux ruisselants et les filets
d’eau qui en découlaient formèrent lacs, fleuves,
torrents et cascades.
Ainsi fut créé le monde et la Finlande, le pays
aux quarante mille lacs, put ouvrir, entre sable et
rochers, ses yeux d’azur.

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LE GÉANT YMIR
Conte de Scandinavie

Le monde serait-il né de la décomposition d’un corps


géantþ? Les habitants de Babylone le racontaient, au
IIeþmillénaire avant Jésus-Christ. Pour eux, il s’agissait
du cadavre de Tiamat, la mer violente, l’odieuse aïeule
des dieux, que le héros divisa en deux, pour en faire le
ciel et la terre. Pour les Scandinaves, de nombreux
siècles plus tard, il s’agit du premier des géants-du-givre.

A
u commencement, il n’y avait ni ciel, ni
mer, ni terre. Aucune plante nulle part. Au
nord, une contrée effroyable, obscure et

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glacée. Au sud, le pays du feu. Au centre, l’abîme,
Ginnungagap, qui semblait attendre la vie.
Des fleuves aux eaux venimeuses, venus du nord,
se déversèrent dans l’abîme. Ils gelaient au fur et à
mesure, remplissant Ginnungagap de couches de
givre. Mais sous l’effet des étincelles et des flam-
mèches qui s’échappaient du sud, les gouttes de
givre se mirent à fondre et la vie apparut.
Elle prit la forme d’un géant et d’une vache colos-
sale, au pis chargé de lait. Ymir, le géant, put s’y
abreuver et s’endormit. Pendant son sommeil, deux
créatures sortirent de ses aisselles puis une troi-
sième, quand il frotta ses pieds l’un contre l’autre.
De ces trois créatures est descendue la race des
géants-du-givre, monstrueux et méchants, car nés
des eaux maléfiques du nord.
Cependant la vache nourricière léchait les pierres
de glace, qui sont salées. À force de les lécher, le
premier jour, elle fit apparaître une chevelure, le
deuxième jour, une tête, et le troisième, un être
entier, beau, vigoureuxþ: c’était un dieu. Il épousa
une géante et eut pour descendant Odin, devenu
depuis le père et le maître bienveillant des dieux.
Dieux et géants ne pouvaient pas s’entendre.
Odin et ses deux frères tuèrent Ymir et, dans la
mare de son sang, noyèrent tous les géants – sauf
deux d’entre eux qui s’échappèrent et donnèrent
naissance à de nombreux enfants. La race des géants-

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du-givre ne peut mourir et toujours les dieux combat-
tront les géants.
Odin et ses deux frères ne tentèrent pas de
rejoindre les fugitifs. Ils avaient une autre tâche à
accomplirþ: il leur fallait créer le monde.
Ils transportèrent le corps d’Ymir dans l’abîme
Ginnungagap. De sa chair ils firent la terre, de ses
os les montagnes, de ses dents les rochers, de ses che-
veux les arbres et de son sang intarissable la mer,
qui encercle la terre et que les hommes auront tant
de mal à franchir.
Ensuite ils prirent le crâne du géant pour former
la voûte du ciel. Ils y fixèrent les étincelles jaillies
du pays du feu, pour que les astres puissent éclairer
le monde. Ils en réglèrent le mouvement et, depuis
lors, on distingue la nuit du jour et l’on fait le compte
des années. Pour finir, les dieux s’amusèrent à lan-
cer en l’air ce qu’il restait de la cervelle d’Ymir.
Ainsi naquirent les nuages, chargés de neige ou
d’orage.
Odin et ses frères prirent soin de repousser les
géants au-delà de la mer, dans la brume et le froid,
aux limites du monde. Afin de se protéger d’eux, ils
se servirent des cils d’Ymir pour bâtir une muraille
tout autour de la terre. Puis, au centre de celle-ci,
ils construisirent une forteresse magnifique, où ils
avaient l’intention d’habiter. Mais la terre qui les
entourait leur semblait vide.

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Extrait de la publication
Un jour que les trois dieux se promenaient le
long du rivage, battu par les flots, ils virent deux
troncs d’arbre échoués sur le sable. Ils les redres-
sèrent et les taillèrent, pour en faire des hommes.
Odin leur donna le souffle et la vieþ; ses frères,
l’intelligence, le mouvement et les organes des cinq
sens. Puis ils les vêtirent et les nommèrent.
L’homme fut appelé Ask, ce qui signifie «þle frêneþ»,
et la femme, Embla, «þla vrille de la vigneþ».
Ask et Embla, leurs enfants, leurs petits-enfants
honorèrent les dieux et peuplèrent la terre, dans
l’espace compris entre la forteresse divine et le
sombre pays des géants.
Et nous sommes leurs descendants.

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction .............................................................. 7

LA NAISSANCE DU MONDE

Le genou de la déesse ............................................ 13


Le géant Ymir........................................................... 17
Les pattes du grèbe ................................................. 21
Le cinquième soleil ................................................. 27

LES HOMMES

L’ascension................................................................. 33
De l’âge d’or à l’âge de fer .................................... 41
Après le déluge......................................................... 49
Le mensonge du lézard.......................................... 55
La lenteur du caméléon......................................... 59
La sorcière Wuriri ................................................... 65

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LES ASTRES

Le garçon Lune et la fille Soleil .......................... 71


Saulé et Menulis....................................................... 79
Le fils du jaguar ....................................................... 85

LES ANIMAUX

Les trois gouttes de sang ....................................... 93


Le Windégo ............................................................... 99
Sedna et le fulmar ................................................... 103
Sole et Bon Dieu....................................................... 109
La pintade à l’aube .................................................. 117

Bibliographie ............................................................. 123


Françoise Rachmuhl ............................................... 127
Frédéric Sochard ...................................................... 128

Dépôt légalþ: août 2010


N°þd’éditionþ: L.01EJEN000456.N001
Loi n°þ49-956 du 16þjuillet 1949
sur les publications destinées à la jeunesse

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