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Transition énergétique verte et création des emplois au Maroc : Analyse


économétrique dynamique

Article · May 2022


DOI: 10.48374/IMIST.PRSM/ame-v4i2.32229

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1 author:

Hicham Echattabi
Cadi Ayyad University
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Alternatives Managériales Economiques
E-ISSN : 2665-7511
https://revues.imist.ma/?journal=AME

EL YOUSSOUFI et al / Revue AME Vol 4, No 2 (Avril, 2022) 804-823

Transition énergétique verte et création des emplois au Maroc :


Analyse économétrique dynamique
EL YOUSSOUFI, L.1, ECHATTABI, H.2, BOUSFOUL, H.3

1. Enseignant-chercheur, Université Cadi Ayyad, Faculté des sciences juridiques économiques et sociales,
Marrakech-Maroc, lelyoussoufi074@gmail.com
2. Enseignant-chercheur, Université Sultan Moulay Slimane, Béni Mellal, Maroc,
echattabi.hicham@usms.ma
3. Professeur agrégé et doctorant, Université Cadi Ayyad /Faculté des sciences juridiques économiques et
sociales, Marrakech-Maroc, hamidbousfoul@gmail.com

Date de soumission : 22/02/2022 Date d’acceptation : 26/04/2022

Résumé :

Dans un contexte marqué par la modération de la croissance, l’augmentation des taux de


chômage, notamment depuis la crise financière de 2008 et la crise sanitaire de 2020, et la
fluctuation des prix énergétiques sur les marchés à cause de l’invasion Russe de l’Ukraine, et par
une déficience des ressources énergétiques fossiles au niveau national, la question du
développement des énergies renouvelables pour une transition énergétique « verte » se pose
avec plus d’acuité aujourd’hui. A cet effet, la question principale de la recherche est : Quel est
l’impact du développement des technologies des énergies renouvelables sur la création des
emplois au Maroc ?.

Pour ce faire, un modèle autorégressif à retard échelonné (ARDL) a été appliqué aux données
relatives à la consommation des énergies renouvelables et à l’emploi au Maroc sur la période
1990-2019.

Nos estimations montrent bien les effets positifs des énergies renouvelables sur la création des
emplois dans le court et le long terme au Maroc. Par conséquent, les autorités publiques doivent
agir pour accroître les investissements dans ce secteur afin de soutenir la création d'emplois et
pour une croissance à faible émission de carbone.

Mots-clés : Energies renouvelables, transition énergétique "verte", efficacité énergétique,


emplois verts, Maroc.

Revue ame, Vol 4, No 2 (Avril, 2022) 804-823 Page 804


Green energy transition and job creation in Morocco: Dynamic
econometric analysis

Abstract:

In a context marked by the moderation of growth, the increase in unemployment rates, especially
since the financial crisis of 2008 and the health crisis of 2020, and the fluctuation of energy prices
on the markets because of the Russian invasion of Ukraine, and by a deficiency of fossil energy
resources at the national level, the question of the development of renewable energies for a
"green" energy transition is posed with greater acuity today.

To this end, the main research question is: What is the impact of the development of renewable
energy technologies on job creation in Morocco?

To this end, an autoregressive lag model was applied to data on renewable energy consumption
and employment in Morocco over the period 1990-2019.

Our estimates clearly show the positive effects of renewable energy on job creation in the short
and long term in Morocco. Indeed, the renewable energy sector constitutes a significant source
of green jobs and represents a lever for decent jobs. Therefore, public authorities must act to
increase investment in this sector to support job creation and low-carbon growth.

Keywords : Renewable energy, "green" energy transition, energy efficiency, green jobs, Morocco.

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Introduction :

Les ressources énergétiques constituent des facteurs indispensables pour tout développement
économique et social. L’importance de l’énergie pour les sociétés s’explique d’une part, par sa
valeur intrinsèque en tant que matière première et, d’autre part, en raison des services qu’elle
rend à la société : électricité, force motrice, chauffage et climatisation.

Le contexte national et international d’aujourd’hui est marqué d’une part par la modération de
la croissance économique, et ce depuis la crise des Subprimes en 2008, aggravée par la crise
sanitaire de 2020, et d’autre part par la fluctuation des prix sur les marchés énergétiques en raison
surtout de l’invasion Russe de l’Ukraine. Ces événements expliquent les choix énergétiques
actuels qui s’orientent vers la recherche des substituts aux ressources fossiles.

La recherche des substituts aux énergies fossiles devient, d’ores et déjà, une nécessité, voire un
impératif pour les politiques énergétiques au niveau mondial. Dans ce cadre, plusieurs pays du
monde ont adopté des mesures de développement des sources d'énergie renouvelables (ER)
comme alternatives aux énergies fossiles polluantes. Pour ce faire, ceux-ci ont commencé à
changer partiellement la configuration productive de leur pays, visant à créer de nouvelles
richesses et de nouveaux emplois. En l’occurrence, la transition verte constitue l’un des vecteurs
les plus sollicités pour atteindre ces objectifs. Pour réduire considérablement la dépendance à
l'égard des sources conventionnelles, plusieurs pays développent des sources alternatives
notamment les énergies renouvelables. Il s’agit de la création, l’installation et la maintenance de
technologies qui génèrent de l’énergie à partir de ressources qui se renouvellent naturellement
et qui n’émettent généralement pas de gaz à effet de serre (GES) contribuant au réchauffement
climatique.

Cette transition énergétique verte implique le développement de nouveaux secteurs « verts »


permettant la création de nouvelles opportunités d’emplois « verts ». Cela renvoie à toute
création de postes dont la finalité consiste à protéger l’environnement. Ainsi, la demande sur le
marché apparait plus importante en termes de technologies « vertes », de biens et services
« verts », engendrant davantage de nouvelles opportunités d’emplois.

Aujourd’hui, la création d’emploi constitue un des enjeux de développement des énergies


renouvelables. En effet, le développement de celles-ci à grande échelle s’accompagnera de
créations d’emplois.

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À noter que le 20e siècle est marqué par la persistance du chômage pour de langues durées. En
effet, l’emploi joue un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté et dans la répartition des
fruits de la croissance économique. Il est reconnu que les emplois décents sont sources de
cohésion et de stabilité sociales (PNUE, 2008). De ce fait, pour éradiquer la pauvreté, il faut que
le développement soit durable et équitable.

À ce titre, le Maroc, comme le reste du monde, a pris conscience de l’importance des énergies
renouvelables, d’autant plus qu’il en a un fort potentiel, principalement dans l’énergie solaire et
l’énergie éolienne. L’option pour le Maroc de développer les énergies renouvelables, amorcée
depuis l’après-second choc pétrolier, s’inscrit dans cette perspective. Et c’est d’ailleurs dans ce
cadre que s’est inscrit aussi la création, en 1982, du Centre de Développement des Énergies
Renouvelables (CDER). Cette option est confirmée en 2008, avec la mise en œuvre des plans
solaire et éolien qui visent de porter la part de l’électricité d’origine renouvelable à 52% en 2030.
Ces plans bénéficiers aux secteurs socio-économiques ont stimulé l’afflux des Investissements
directs étrangers (IDE), la création de la valeur ajoutée et des emplois. En outre, ils ont également
amélioré l’infrastructure énergétique de transit du pays et la mise en place d’un cadre législatif et
institutionnel attractif.

Dans le cadre de la transition énergétique verte, l’amélioration de l’emploi et des revenus résulte
dans plus d’investissements publics et privés conçus de manière à atténuer les émissions
polluantes, à renforcer l’efficacité énergétique et à minimiser la perte de la biodiversité et de
services environnementaux. Ces différents investissements sont complétés à travers des finances
publiques fléchés, des changements et des reformulations dans les textes réglementaires. Cette
transition énergétique verte créera des opportunités d'emploi dans la production, l'installation,
la maintenance des technologies vertes et la recherche et développement. En général, les emplois
verts découlent des activités respectueuses de l’environnement, ils réduisent l’impact des
activités des agents économiques sur l’environnement en vue de le ramener à un niveau de
viabilité digne. Autrement dit, l’emploi vert correspond à tout métier qui participe directement
ou indirectement à la réduction des émissions de GES.

Actuellement, nous assistons à une prise de conscience accrue de la nécessité de passer à l'action.
En 2015, le Maroc a adhéré à l'Accord de Paris sur le climat et s'est investi dans la démarche
internationale de prévention des émissions de GES. Il a donc décidé de préparer la période de
l'après-pétrole en s'appuyant, entre autres, sur les énergies renouvelables.

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La prédominance des produits pétroliers et du charbon dans le bilan énergétique national montre
la nécessité de la recherche de ressources alternatives locales permettant ainsi la transition
énergétique. La mise en œuvre par les pouvoir publics des plans de développement des énergies
renouvelables depuis 2009, particulièrement dans les filières solaire et éolienne, s’inscrit dans
cette perspective.

L’évaluation de ces plans, qui s’inscrivent dans une stratégie à moyen et à long terme, a permis
de constater une évolution de la part des énergies renouvelables dans la production énergétique
totale. Ainsi, la vision nationale du secteur énergétique, déclenchée en 2008-2009 et revue en
2015-2016, cible une plus grande diversification des sources de production, afin de satisfaire la
demande nationale en croissance continue et par là-même atténuer la dépendance énergétique
du pays de 97,5 % en 2008 à 82% en 2030 (Ministère de l’Energie et des Mines, 2009 et Revue
Conjoncture, 2021). A noter, que 12 ans après le lancement de cette stratégie les objectifs fixés
(42% du mix énergétique) n’étaient pas atteints. Ainsi, sur les 10.600 mégawatts (MW) de
capacité installée à fin 2020, 36,8% sont issus des énergies renouvelables (revue conjoncture
2021).

Le Maroc a pour ambition de porter cette part à plus de 52% de la puissance installée d’ici 2030.
Pour atteindre cet objectif, la Moroccan Agency for Sustainable Energy (Masen), qui pilote
désormais l’ensemble des énergies renouvelables au Maroc, programme depuis 2019 des projets
visant à développer 6.000 MW de capacité de production supplémentaires d’électricité à base
des renouvelables d’ici 2030, en collaboration avec l’Office National de l’Electricité et de l’Eau
Potable (ONEE).

L’année 2020 a enregistré la plus grande substitution énergétique au Maroc avec la mise en
services des centrales solaires et des parcs éoliens désignés dans le cadre du Plan Solaire
Marocain et du Programme Marocain Intégré d’Énergie Éolienne.

Les énergies solaires et éoliennes sont particulièrement exploitées pour tirer profit de la situation
particulièrement favorable du pays en matière d'ensoleillement. Bien qu'elles ne représentent
que 52% (33% d’éolien et 19% de solaire) de la puissance installée fin 2019 au Maroc, la part des
énergies renouvelables est appelée à croître de manière drastique. Et ce d'autant plus que le
Maroc vient de réévaluer à la hausse ses ambitions en matière de déploiement d'énergies vertes.

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En raison de son apport en économie d’énergie et en emploi, le secteur des énergies
renouvelables est soutenu par les gouvernements en adoptant des mesures budgétaires telles
que des réductions d'impôts et des politiques de subventions au profit des entreprises opérant
dans le secteur des énergies renouvelables. Ainsi, dans plusieurs pays, tels que les États-Unis, la
Chine, la Corée, l’Allemagne, l’Afrique du Sud et le Maroc, la production d'énergie renouvelable
commence à concurrencer les sources d'énergie conventionnelles.

Dans ce contexte, l’objectif principal de ce travail est de répondre à la question suivante : la


consommation des énergies renouvelables exerce-t-elle un impact positif sur l’emploi ?

L'objectif de notre article est d’évaluer l'impact des énergies renouvelables sur la création
d'emplois au Maroc, pour ce faire, nous adoptons un modèle autorégressif à retard échelonné
ARDL permettant de mettre en évidence la nature de la relation court-terme et long-terme qui
peuvent exister entre les variables considérées. Le modèle ARDL a la particularité de prendre en
compte la dynamique temporelle dans l’explication d’une variable, améliorant ainsi les prévisions
et efficacité des politiques. Le choix de ce modèle peut être justifié par le fait que le traitement
de l'énergie, qui est une ressource naturelle épuisable, nécessite la prise en compte de la
dynamique.

Afin de répondre à notre question de recherche, nous organisons notre travail comme suit : nous
présentons, en premier lieu, le concept d’emplois verts. Nous exposons en deuxième lieu une
revue de littérature sur le lien entre la consommation des énergies renouvelables et l’emploi.
Ensuite, nous procéderons à une vérification empirique via le modèle ARDL. Le dernier point
présentera les conclusions de notre travail en mettant l’accent sur ses points forts et ses limites
de même que les directions de recherches futures.

1. Les emplois verts : cadrage conceptuel

L’émergence du développement durable et les activités vertes connexes ont entrainé le


développement d’un nouveau concept, qui est celui de l‘‘d’emploi vert’’ correspondant aux
activités liées à l’essor d’une économie verte et au développement durable. En effet, la transition
vers l’option de l’économie verte aura des répercussions sociales notamment sur le marché du
travail. Aujourd’hui, le concept de l’emploi vert domine de nombreux discours politiques et
économiques. Elle prend de l’importance sur le marché du travail et se place au centre d’intérêt

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des décideurs publics. C’est pourquoi, il convient d’éclairer et de s’interroger sur sa définition et
de sa quantification.

Pour le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (2008), « Les emplois verts réduisent
l’impact sur l’environnement des entreprises et des secteurs économiques, pour le ramener à des
niveaux viables, (…). Ils sont définis comme des emplois dans l’agriculture, l’industrie, les services
et l’administration qui contribuent à la préservation ou au rétablissement de la qualité de
l’environnement ». Autrement dit, exercer une activité verte ou un emploi vert a un effet positif
sur la durabilité de celle-ci et sur le développement en général. C’est donc tout emploi dans une
filière ou secteur dont l’objet est de réduire la production des déchets polluants. En outre, les
emplois verts englobent tous les métiers qui concourent directement ou indirectement à la
réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Au sens de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le concept d’emploi vert « résume la


transformation des économies, des entreprises, des lieux de travail et des marchés de l'emploi
vers une économie durable à faibles émissions de carbone fournissant un travail décent 1 »
(Thetard-Henry (2010)). Cette définition inclut les emplois qui contribuent à réduire la
consommation d'énergie et de matières premières, à décarboniser l'économie, à protéger et à
restaurer les écosystèmes et la biodiversité et à minimiser la production de déchets et la pollution.

Bien qu’il n’y ait pas une seule définition, un consensus semble être dégagé sur une définition
appropriée, axée sur un sous-ensemble d’activités produisant des résultats significatifs pour
l'environnement. A ce titre, on peut adopter la définition 2 de l'industrie des biens et services
environnementaux de l'OCDE/Eurostat (OCDE, 1999), qui comprend "les activités qui produisent
des biens et services destinés à mesurer, prévenir, limiter, minimiser ou corriger les dommages
environnementaux causés à l'eau, à l'air et au sol, ainsi que les problèmes liés aux déchets, au
bruit et aux écosystèmes. Cela comprend les technologies, les produits et les services qui
réduisent les risques environnementaux et minimisent la pollution et les ressources."

1
Selon le BIT, « le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail, leurs aspirations à accéder à un
emploi et à une juste rémunération, à jouir de droits, de moyens d’expression et de reconnaissance, de justice et
d’égalité entre les sexes ».
2
C’est la définition utilisée aussi par la Direction de l'Environnement de la Commission Européenne.

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Finalement, on retient que les emplois verts renvoient aux activités économiques dont la finalité
étant la réduction de l’empreinte écologique3 de celles-ci.

2. Energies renouvelables et emploi : revue de littérature systématique

La littérature consultée sur la question des énergies renouvelables insiste sur l’intérêt que
présente celles-ci sur le développement socio-économique des pays. Particulièrement, cette
littérature a essayé d’examiner les effets d’une transition énergétique verte sur la création des
emplois et la croissance économique.

L’impact de développement des énergies renouvelables sur le développement économique a fait


l’objet de nombreux travaux empiriques durant les années récentes. Ainsi, Kutan et coll. (2018),
ont constaté que la consommation d'énergie renouvelable a un impact positif et considérable sur
la croissance économique des principales économies émergentes. Le même résultat a été vérifié
par Omri et al., en 2015, dans le cas de l'Inde, des Pays-Bas, du Japon, de la Suède et de la Hongrie.
De même, récemment, Bhattacharya et all. (2017), en vérifiant cette relation pour 85 pays du
monde, sont d’avis que l'utilisation des énergies renouvelables a un impact stimulant sur la
croissance économique.

Selon Chen (2019), les technologies des énergies renouvelables créent plus d'emplois que les
technologies des combustibles fossiles. Par exemple, par dollar de dépenses, les dépenses en
énergies renouvelables produisent près de 70 % d'emplois de plus que les dépenses en
combustibles fossiles. De même, l'énergie solaire photovoltaïque pourrait créer deux fois plus
d'emplois par unité de production d'électricité que le charbon ou le gaz naturel (Ferroukhi et Al.,
2017). Bhattacharya et al. (2017), en vérifiant l’apport socioéconomique des énergies
renouvelables pour 85 pays du monde, sont d’avis que l'utilisation de celles-ci a un impact
stimulant sur la croissance économique et l’emploi.

Par ailleurs, il a souvent été affirmé que la création d'emplois est l'un des apports importants des
politiques de croissance verte - c'est-à-dire des politiques visant à favoriser le développement
économique en utilisant des facteurs de production décarbonés tout en veillant à ce que les actifs

3
C’est l’indicateur utilisé pour évaluer la pression exercée par l’homme sur les ressources naturelles et les services
environnementaux en général. Plus précisément, elle donne les surfaces terrestres bioproductives assurant les
besoins en biens et services d’individu ou d’une population, compte tenu des procédés utilisés pour la gestion de ces
ressources.

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naturels continuent à fournir normalement les ressources et les services environnementaux dont
dépend notre bien-être.

Selon le PNUE (2011), le verdissement des économies est une source nette d'emplois décents. Il
s’agit d’emplois qui offrent des salaires adéquats, des conditions de travail sûres, la sécurité de
l'emploi, des perspectives de carrière raisonnables et les droits des travailleurs. Selon
l'Organisation Internationale du Travail (OIT) les mesures visant à atténuer le changement
climatique créent des emplois de haute qualité (Figueres et Ryder, 2014). L’apport économique
des filières d’énergies renouvelables est important au niveau de création d’emplois, surtout que
leur développement nécessite des investissements qui ne sont pas forcément des substituts4 aux
autres investissements des différents secteurs d’activité. Ces avantages font que la transition vers
ce nouveau modèle de développement par le moyen des énergies renouvelables aurait des effets
d’entrainement sur tout le reste de l’économie.

En effet, la mise en place de nouveaux investissements dans le secteur des énergies renouvelables
induira des effets positifs sur la relance des activités économiques et, par conséquent, sur
l’emploi. Des travaux relativement récents, ayant étudié l’ampleur de ces effets surtout sur
l’emploi, ont montré l'importance de leur développement sur l’emploi. Rutovitz et Harris (2012),
ont examiné les effets que le développement des énergies renouvelables aurait sur l’emploi au
niveau mondial. Deux scénarios ont été évalués : le scénario ‘‘Energy Revolution’’ (Greenpeace
International, 2012) et le scénario de référence. Les résultats pour le premier scénario, qui a trait
à la transition énergétique verte, indiquent que le secteur pourrait produire, rien que dans la zone
« Europe OCDE », 400 000 de plus en 2030 (Quirion, (2013)). De même, Wei et al., (2010) ont
montré pour le cas des Etats-Unis, sur la base des données de 15 études d'emploi, que les
résultats sont significativement positifs. Pour le cas des pays en développement, les travaux de
Cetin et Egrican (2011) ont montré que pour la Turquie le développement de l'énergie solaire à
un effet positif sur l’emploi. Des études de cas, notamment celle de Delphi (2007), ont montré la
croissance de l'emploi dans le secteur des énergies renouvelables5.

Lehr et al (2012) sont d’avis que l'investissement dans les activités vertes a un potentiel important
de création d'emplois. Le ralentissement économique mondial déclenché par la crise financière

4
Ce raisonnement est à nuancer dans le cas des pays producteurs où la théorie de destruction créative est de mise.
5
(Apergis et Payne (2010), Fang (2011), Mathiesen et al., (2011),…).

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mondiale de 2008 a donné lieu à de nombreuses propositions de stimuli fiscaux verts pour
promouvoir la croissance et, en particulier, l'emploi (Pollin et al., 2008).

La transition énergétique verte offre des opportunités grandissantes pour tous les secteurs
socioéconomiques. Elyoussoufi (2018), en analysant les scénarios énergétiques futurs au Maroc,
a montré que le développement des filières énergétiques vertes stimulerait la création estimée à
37 000 emplois en 2030, dont 85% serait imputé à la technologie solaire.

L'effet direct sur l'emploi de l’expansion des investissements dans les sources d'énergie
renouvelables devrait être positif. En effet, le développement de l'infrastructure des technologies
renouvelables induit une demande supplémentaire de biens et de services dans les secteurs
respectifs, ainsi que le long de leurs chaînes d'approvisionnement. Cela crée une demande
supplémentaire de main-d'œuvre liée à la recherche et développement, à la formation à la
production, ainsi qu'à l'installation et à la maintenance des centrales et parcs électriques verts.

Cependant, il a été également affirmé par certains écrits que les politiques énergétiques vertes
peuvent avoir des conséquences moins intéressantes pour le marché du travail. Dans ce sens, il
convient de nuancer les effets positifs de la transition énergétique verte surtout sur le volet
emploi. D’autant plus que les résultats, pour certains auteurs, restent ambigus, par exemple les
travaux de Schmidt et al., (2010), tendant à minimiser l’ampleur de ses effets sur l'emploi et la
croissance, notamment lorsqu’il y a recours aux contrats de long terme ou les « feed-in-tariff in
the long run6 ». Ils sont d’avis que le coût élevé de la production de certaines sources d’énergies
renouvelables va contrecarrer la création nette d'emploi. Précisons que ces constats sont surtout
valables pour le photovoltaïque dont les importations augmentent.

Signalons que les conclusions de Schmidt et al., (2010) s’appuient sur d’autres études antérieures,
notamment Hillebrand et al., (2006), pour qui la promotion et le soutien des formes d’énergies
renouvelables affectera positivement l'emploi dans le court terme, en raison notamment des
installations requises par ces dernières. Mais l’impact reste ambigu à long terme à cause des coûts
du tarif de rachat, qui garantissent la constance des droits de douane pendant 20 ans (Lutz et al.,
2012).

6
Le Feed-in-tarif ou le tarif de rachat entraine un achat certifié par les services publics de l'électricité produite dans
des zones définies à partir de la technologie renouvelable à un tarif fixe pendant un certain temps. Les systèmes les
plus efficaces pour l'énergie éolienne sont actuellement les systèmes de tarif de rachat en Allemagne, en Espagne et
au Danemark.

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Il faut souligner aussi que la transition énergétique verte n’est pas sans coût. Elle engendre ce que
Schumpeter (1942) a appelé : la destruction créatrice 7 , dans le sens où elle signifie des
réorientations sectorielles et des mutations au niveau des comportements des agents
économiques. Bien que ces changements puissent profiter à certains individus, la production
énergétique « verte » va être substituée à la production énergétique « brune », entrainant que
les entreprises, les secteurs d’activités et les régions qui sont dominés par la production "brune"
subiront des pertes (Eklund, 2012). La détermination de la perte ou du gain net constituera la
différence entre les perdants et les gagnants8.

Effectivement, certains emplois verts vont être créés sur la base de la destruction d’autres
emplois classiques, et dans certaines situations la création d’emplois verts dans de nouveaux
secteurs verts ne fera qu’équilibrer la destruction dans des secteurs en déclin (CNUCED, (2012)).
Les ajustements et transformations accompagnant la transition énergétique verte, comme les
changements dans les pratiques de consommation et de production, et les cycles d’innovation,
induisent dans leurs dynamiques, la destruction d’emplois (Institut d’Aménagement et
d’Urbanisme de la Région d’Île-de-France (IAURIF), (2015)). Autrement dit, ces transformations,
lorsqu’elles sont stimulées par les politiques environnementales et les stratégies d’entreprises
cherchant à favoriser le développement de certaines filières particulières, régressent d’autres
activités. L’exemple le plus souvent cité est celui des emplois détruits dans des secteurs pollueurs
tout en créant d’autres dans des secteurs verts. C’est le cas lorsque les activités du secteur des
énergies renouvelables s’intensifient au détriment de celles du secteur des énergies fossiles, ou
dans le secteur du bâtiment où se développe la filière « bâtiment durable » qui devrait profiter à
la filière bois au détriment des cimenteries.

Ce constat est pris en considération notamment compte tenu du volume d’investissements


engagés pour le développement de ces formes d’énergie. A ce titre, Morriss et coll. (2009) se
plaignent que la littérature sur les emplois verts comporte des confusions, en raison notamment
de la rareté des preuves empiriques et des données de qualité. Dans cette même ligné, Martinez-
Fernandez et al. (2010) suggèrent que les impacts des politiques du changement climatique sur
les marchés du travail sont encore largement inconnus. De même, Deschênes (2013), est d’avis

7
Selon Schumpeter ce processus de « destruction créatrice » engendre à la fois la disparition et la création d’activités
économiques.
8
Test de compensation de Hiks- Kaldor.

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qu’il y a un manque flagrant de données microéconomiques réelles de qualité sur les emplois
verts, et les caractéristiques des travailleurs verts.
Des résultats de la littérature présentée ci-dessus, nous proposons de tester l’hypothèse suivante
: le développement des énergies renouvelables devrait favoriser la création des emplois.

3. Méthodologie et résultats de la recherche

Pour montrer la relation entre l’adoption des énergies renouvelables et la création d’emplois au
Maroc, nous allons avoir recours au modèle ARDL, ou bien une approche, ARDL/Bounds de
Pesaran et Shin (2001) afin de tester les deux types de relations long-terme et court-terme qui
peuvent exister entre nos variables candidates.

Le modèle ARDL a la particularité de prendre en compte la dynamique temporelle dans


l’explication d’une variable, améliorant ainsi les prévisions et efficacité des politiques. Le choix de
ce modèle peut être justifié par le fait que le traitement de l'énergie, qui est une ressource
naturelle épuisable, nécessite la prise en compte de la dynamique. Ainsi, la condition initiale de
l’application du modèle ARDL est le niveau de stationnarité, les variables peuvent être
stationnaires en différents niveaux, à savoir I(0) et I(1).

Le modèle ARDL utilisé dans le cadre général prend la forme suivante


𝑛 𝑛

∆𝑌𝑡 = 𝛽0 + {∑ 𝛽𝑖 ∆𝑌𝑡−𝑖 + ∑ 𝛿𝑖 ∆𝑋𝑡−𝑖 } + {𝛼1 𝑌𝑡−1 + 𝛼2 𝑋𝑡−1 } + 𝜇𝑡


𝑖=1 𝑖=0

Court-terme Long-terme
Où :
Δ est l’opérateur de déférence première ;
Y : Variable à expliquer ;
X : Variables explicatives ;
βi, δi : les coéfficients de court terme;
𝜶 1, 𝜶 2 : les coefficients de long terme du modèle ARDL;
n: le nombre de retards des variables ;
μt : terme d’erreur (bruit blanc).

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Dans notre cadre d’étude le modèle ARDL estimé est exprimé comme suit:
p q

∆EMPLOI = β0 + ∑ β1 ∆L EMPLOIt−i + ∑ β2 ∆ ENERGIEt−i + α1 PIBHABt−1


𝑖=1 𝑖=0

+ α2 ENERGIEt−1 + μt
Avec :
EMPLOI : le taux d’emploi au Maroc, qui exprime la part de la population active occupée dans la
population totale ;
ENERGIE : le pourcentage de la consommation d’énergie renouvelable au Maroc ;
Δ est l’opérateur de déférence première ;
Βi : les coefficients de court terme ;
𝜶 1, 𝜶 2 : les coefficients de long terme du modèle ARDL;
p : est le nombre de retards de la variable endogène;
𝐪𝐢 : Nombre de retards des variables explicatives pour toute i;
𝛍𝐭 : Terme d’erreur (bruit blanc).

Pour capturer l’effet des énergies renouvelables, nous avons construit la variable ENERGIE a partir
du pourcentage de la consommation des énergies renouvelables par rapport au totale de
l’énergie consommée (fossile et renouvelable).

L’intervalle temporel couvre la période 1990-2019 et les données sont tirées de la base de
données de la banque mondiale, spécifiquement World Development Indicators. Nous retenons
le critère d’information de Schwarz (SC) pour déterminer le choix de l’ordre optimal du modèle
ARDL (p, qi). Par ailleurs, nous testons l’hétéroscédasticité, la normalité des résidus et
l’autocorrélation sérielle.

Une fois l’absence de l’autocorrélation des résidus est vérifiée, nous procédons au test de limites
« bounds test ». Ce test est en fait un test de Fisher de significativité jointe des coefficients des K
variables en niveau :
𝐻0 ∶ αi = 0 ∀𝑖 = 1,2 … 𝑘
𝐻1 ∶ αi ≠ 0 ∀𝑖 = 1,2 … 𝑘

L’hypothèse nulle d’absence de relation d’équilibre de long terme est donnée par H0, contre
l’hypothèse alternative H1 de présence d’une relation uniforme de long terme entre les variables

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considérées. La statistique de test est la F-statistics. Pour conclure le test, on compare la
statistique du test de Fisher aux deux bornes :
- Si la valeur de la F-stat dépasse la borne supérieure, alors on rejette H0 et on conclut à
l’existence d’une relation de long terme entre les variables considérées.
- Si la valeur de la F-stat est inférieure à la borne inférieure, alors on ne rejette pas H0 et on
conclut à l’absence de relation de long terme entre les variables considérées.
- Si la valeur de la F-stat est comprise entre les deux bornes, alors on ne peut pas décider.
- Une fois la relation de long terme validée, nous estimons par les MCO la relation de long
terme et la dynamique de court terme du modèle ARDL (p, q1, q2).

La dernière étape consiste à une validation du modèle estimé à l’aide des tests de stabilité de
CUSUM et CUSUMQ des résidus.

3.1. Test de stationnarité

Le test de racine unitaire est appliqué pour vérifier les propriétés stochastiques des variables.
Bien que le modèle de co-intégration ARDL ne nécessite pas de test préalable pour la condition
de stationnarité, il est recommandé de tester le nombre de racines unitaires présentes dans les
séries de données des variables sélectionnées dans l'étude, afin d'éviter les risques d'échec du
modèle ARDL en présence d'une tendance stochastique intégrée supérieure à I(1).

L'étape suivante vers le modèle ARDL-ECM, la technique de test des limites nécessite une
longueur de retard appropriée pour toutes les variables. Le meilleur modèle a une longueur de
retard différente pour chaque variable. Lütkepohl, (2006) a trouvé que le lien dynamique entre
les séries peut être capturé si les décalages appropriés sont utilisés.

Les décalages optimaux doivent être choisis par le modèle lui-même.

Variable P-value en niveau P-value après première différence Niveau de stationnarité


EMPLOI 0.0005 - I(0)
ENERGY 0.1053 0.0074 I(1)

Le test ADF (Augmented Dickey Fuller) est utilisé pour identifier la racine unitaire dans les
données. Le tableau au-dessus présente les résultats du test de racine unitaire de Dickey Fuller
augmenté.

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3.2. Les tests de validité

3.2.1. Le test d’autocorrélation

Un problème courant dans l'utilisation des régressions de séries chronologiques est que les
résidus estimés ont tendance à être corrélés dans le temps. Par exemple, les résidus au temps t
peuvent être corrélés avec les résidus au temps t-1. La présence de corrélation sérielle dans les
régressions MCO conduit à des estimations qui ont de petites erreurs standard, inefficaces,
biaisées et incohérentes, en particulier lorsque des variables dépendantes retardées sont incluses
dans le côté droit de l'équation de test (Hamilton, 1994).

Cette étude teste la présence d'autocorrélation en utilisant le test de Breusch-Godfrey.


Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
F-statistic 1.612253 Prob. F(2,23) 0.2212

3.2.2. Le test d’hétéroscédasticité

La régression linéaire classique suppose que la variance du terme d'erreur est constante dans le
temps, c'est-à-dire que le terme d'erreur est homoscédastique. Si la variance du terme d'erreur
change dans le temps, l'hypothèse d'homoscédasticité est violée, ce qui entraîne une
hétéroscédasticité. Les estimations des moindres carrés ordinaires sont cohérentes en présence
d'hétéroscédasticité, mais les erreurs types calculées conventionnelles ne sont plus valables
(Green, 2000). Dans cette étude, le test d'hétéroscédasticité est effectué en utilisant la méthode
du test de Breusch-Pagan où l'hypothèse nulle est que la variance du terme d'erreur est
constante.

Si l'existence de l'hétéroscédasticité est trouvée, le modèle ARDL utilisant les erreurs standard
robustes est utilisé pour prendre en compte le problème de l'hétéroscédasticité.

Heteroskedasticity Test: Breusch-Pagan-Godfrey


F-statistic 1.563495 Prob. F(10,25)) 0.1757

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3.2.3. Le test de la normalité
6
Series: Residuals
Sample 1994 2019
5
Observations 26

4 Mean -1.39e-14
Median -0.168446
3 Maximum 4.369228
Minimum -4.001838
Std. Dev. 2.278136
2
Skewness 0.061736
Kurtosis 2.422771
1
Jarque-Bera 0.377475
0 Probability 0.828004
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5

Concernant la normalité des résidus, nous pouvons bien constater que la statistique de Jarque-
Bera nous permet d’assurer l’acceptation de l’hypothèse de la normalité des résidus.

3.2.4. Le test de stabilité

15 1.6

10
1.2

5
0.8

0.4
-5

0.0
-10

-15 -0.4
2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

CUSUM 5% Significance CUSUM of Squares 5% Significance

Les lignes droites sur les figures ci-dessus montrent les limites critiques de 5 % pour la somme
cumulée (CUSUM) et la somme cumulée des carrés (CUSUMq) utilisées pour vérifier la stabilité
des paramètres. En 2000 et en 2001, Pesaran a suggéré que CUSUM et CUSUMq sont adéquats
pour tester la stabilité des coefficients dans ce type de modèles. Les deux graphiques sont
significatifs à un niveau de signification de 5 % (les tracés se situent entre les limites critiques), ce
qui indique la stabilité des paramètres du modèle.

3.2.5. Le test de cointégration : Bound Test

L'existence d'une relation de long terme est très importante pour une estimation et une inférence
valide des paramètres du modèle. Si une relation d'équilibre à long terme existe, la technique

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ARDL peut être utilisée pour estimer les coefficients à long terme. Puisque les statistiques
calculées se situent en dehors des limites critiques, l'hypothèse nulle de l'inexistence d'une
relation à long terme entre les variables peut être rejetée au niveau de signification de 5%. La
valeur F-statistique calculée est sensible à la technique de décalage sélectionnée.

Dans notre cas, avec un F statistique qui s’élève à 6.77, nous pouvons dégager l’existence d’une
relation de long terme.

K F-statistique Niveau de significativité Borne Inferieure I(0) Borne Supérieure I(1)


10% 3.02 3.51
3 6.377.130 5% 3.62 4.16
1% 4.94 5.58

3.3. Les Résultats empiriques

3.3.1. La relation de long terme

Variable dépendante : PIBHAB


Variables indépendantes Coefficient T-statistic P-valeur
ENERGY 2.439953 6.528.962 0.0000
C -3.926.669 -5.129.945 0.0001

Le signe positif du coefficient confirme l’effet positif des énergies renouvelables sur la création
d’emploi au Maroc.

3.3.2. La relation du court-terme : Le modèle à correction d’erreur

Variable dépendante : EMPLOI


Variables Independates Coefficient T-statistic P-valeur
D(EMPLOI(-1)) 0.836786 3.335.117 0.0037
D(EMPLOI(-2)) 0.378746 1.951.537 0.0667
D(EMPLOI (-3)) 0.251770 1.398.635 0.1789
D(ENERGY) 2.717450 1.791.279 0.0901
D(ENERGY (-1)) -4.933076 -2.814.527 0.0115
TCE(-1)* -1.505911 -4.610.542 0.0002

Les résultats de l'estimation à court terme du modèle ARDL sont présentés dans le tableau ci-
dessus. Le signe et la magnitude du coefficient de l'ECM déterminent un processus d'ajustement
à court terme. Dans le tableau dessus, le coefficient de l'ECM s'avère être statistiquement
significatif (-1.505), suggérant une convergence vers le chemin d’équilibre. La significativité et le
signe correct du coefficient de correction d'erreur confirment également la présence d'une
association d'équilibre à long terme entre les énergies renouvelables et l’emploi au Maroc.

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Conclusion et perspectives :

À nos jours, de nombreux pays encouragent le développement de programmes d'énergie


renouvelable en offrant différentes incitations aux producteurs et aux consommateurs. En effet,
les énergies renouvelables sont devenues relativement compétitives par rapport aux sources
d'énergies traditionnelles dans de nombreux pays.

À travers notre examen des champ théorique et empirique, nous avons bien constaté les effets
positifs des énergies renouvelables sur la création des emplois dans le court et le long terme.
L’étude des effets de la transition énergétique verte sur l’emploi a permis de retenir que le
verdissement de l’économie ne constitue pas un obstacle à la croissance économique et à la
création d’emplois ; par contre l’économie profite du potentiel de croissance lié à la transition
énergétique verte.

Le monde a connu récemment une croissance encourageante des emplois liés aux énergies
renouvelables. Mais il peut créer des emplois beaucoup plus importants en adoptant un cadre
politique global qui favorise la transition énergétique. L'importance d'une telle initiative n'a
jamais été aussi évidente qu'aujourd’hui. Alors même que le monde est encore aux prises avec la
pandémie de COVID-19, l'humanité reçoit des rappels quasi quotidiens de ce qui l'attend en cas
de l’inaction vis-à vis des perturbations climatiques qui s'annoncent.

L’étude de l’impact d’une transition énergétique verte sur la création des emplois, que nous avons
présentée dans le cadre de ce travail, a apporté une réponse concernant la nature du lien entre
ces deux variables. Il serait opportun que l’étude soit plus exhaustive et prenne en compte tous
les impacts socioéconomiques et environnementaux d’une transition énergétique verte, qu’ils
soient positifs ou négatifs, surtout que le processus de destruction créatrice sera mis en exergue.
Dans la perspective d’approfondir les impacts de ce changement structurel et tenir compte de
tous les aspects de la transition nous envisageons utiliser la modélisation en équilibre général
calculable (EGC). Ce modèle est intéressant pour mettre en évidence tous les impacts sur
l’économie.

Nous visons surtout à approfondir l’étude pour mettre en évidence les coûts liés à la transition
vers ce modèle de développement alternatif basé sur l’option de l’économie verte au Maroc.
En effet, la transition vers une économie verte aura forcément des effets immédiats sur les
composantes économique, sociale et environnementale. Les politiques de croissance verte

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confrontent les entreprises et les travailleurs à des coûts d'ajustements qui peuvent réduire le PIB
réel à court terme et engendrer par conséquent, une réduction du bien-être social. Certains
équipements perdront leur valeur économique, certaines usines devront fermer, les salariés
devront être réaffectés entre les secteurs, les investissements devront augmenter pour adapter
ou reconstituer le stock de capital etc.

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