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L’Afrique face au défi de l’autisme (Libre Tribune)


By Contributeur - 12/06/2020

Image: DR

Le mois d’Avril est consacré à la sensibilisation au trouble du spectre de l’autisme. Cependant, la


pandémie du coronavirus a perturbé les ef f orts de sensibilisation sur l’autisme de cette année. Cette
occasion ratée de sensibilisation aurait plus d’impacts en Af rique où la problématique de l’autisme est
complexe et mal comprise. Nous rédigeons donc ce texte pour décrire l’historique et la problématique de
l’autisme en Af rique.

L’autisme est un trouble du développement qui apparait avant l’âge de 3 ans. Il perturbe de f açon
persistante l’acquisition ou l’expression d’habiletés développementales chez l’enf ant. Les enf ants ayant
un trouble du spectre de l’autisme ont des difficultés pour acquérir le langage, communiquer et
développer des relations sociales avec les autres personnes. Ils ont des activités et des intérêts limités
et manif estent des comportements répétitif s. L’autisme af f ecte les enf ants de tous les milieux socio-
économiques, culturels, raciaux et ethniques. C’est donc un phénomène qui a une ampleur mondiale.
L’autisme a des impacts négatif s aussi bien sur les enf ants touchés que sur leurs f amilles et leurs
communautés. Néanmoins, on peut traiter efficacement l’autisme en utilisant les interventions basées
sur la science.

Dans les pays riches, des systèmes de surveillance avancés permettent de produire des estimations
fiables sur la prévalence de l’autisme. Aux États- Unis par exemple, le Centre de Contrôle des Maladies
(Center f or Disease Control and Prevention, CDC) a récemment estimé que l’autisme af f ecte un enf ant
sur 54 et un adulte sur 45. D’autres pays industrialisés rapportent des prévalences similaires à celles des
Etats- Unis. Cette prévalence chez les enf ants a triplé dans les quinze dernières années.

Prévalence de l’aut isme en Afrique


Malgré l’ampleur mondiale de l’autisme, les pays af ricains tardent à générer des données fiables sur sa
prévalence et son impact socio- économique. En revanche, certaines théories f antaisistes avaient
suggéré que l’autisme n’af f ecterait que des enf ants af ricains issus de classes sociales privilégiées ou
ayant un mode de vie occidental. Ces affirmations sans f ondement ont probablement contribué à
retarder la compréhension de l’autisme en Af rique.

Quoique les premiers cas d’autisme en Af rique aient été documentés depuis près de 50 ans, ce trouble
est demeuré longtemps mal compris sur le continent. Dans les années 2000, les données sur la
prévalence de l’autisme chez les enf ants nés de la diaspora af ricaine aux Etats- Unis et en Europe ont
estimé que l’autisme af f ecterait les enf ants af ricains au même titre que les autres. Par exemple, des
chercheurs ont rapporté que la prévalence de l’autisme parmi les enf ants nés d’immigrants somaliens
aux Etats- Unis était plus élevée que celle des autres enf ants américains. D’autres chercheurs en Suède
ont rapporté que l’autisme af f ecte trois f ois plus les enf ants nés d’immigrants somaliens que les autres
enf ants en Suède. Or, l’autisme était un trouble mal connu en Somali. Ces inf ormations ont éveillé
l’attention de la diaspora af ricaine sur la problématique de l’autisme. Aujourd’hui, l’autisme af f ecte les
enf ants nés de la diaspora af ricaine, toutes nationalités conf ondues, en Amérique du Nord, en Europe et
en Asie.

En Af rique, les échanges d’inf ormations avec la diaspora et la vulgarisation de l’internet ont aidé les
parents f rustrés des difficultés de développement de leur enf ant à découvrir l’autisme. Dans plusieurs
pays, des parents ont f ormé des associations pour mieux s’inf ormer sur l’autisme, réclamer l’implication
des pouvoirs publics pour répondre aux besoins des enf ants ayant un trouble du spectre de l’autisme.
Malgré l’absence de données fiables en Af rique, certains spécialistes estiment qu’environ 13 millions de
personnes en Af rique auraient un trouble du spectre de l’autisme. Néanmoins, nous pensons que cette
prévalence serait plus élevée.

Impact de l’aut isme

Les enf ants ayant un trouble du spectre de l’autisme ont des besoins complexes. D’une part, ils sont
plus à risque d’avoir d’autres problèmes de santé tels que les troubles neurologiques (épilepsie),
gastroentérologiques, d’alimentation ou du sommeil. D’autre part, les enf ants ayant un trouble du
spectre de l’autisme manif estent beaucoup de comportements problématiques tels que les agressions
physiques, les automutilations, les destructions d’objets ou les crises de colère. Ces comportements
problématiques constituent des risques de blessure pour ces enf ants mêmes et leurs proches.

L’autisme a un impact sur toute la f amille et la communauté. Les parents et la f ratrie d’un enf ant ayant
un trouble du spectre de l’autisme ont des symptômes dépressif s et des niveaux de détresse
psychologique élevés. Les coûts du traitement de l’autisme réduisent considérablement les finances des
f amilles. Ce trouble présente des défis importants pour les écoles qui doivent recruter du personnel
qualifié en éducation spécialisée afin de répondre aux besoins de ces enf ants. L’autisme engendre
d’énormes coûts pour les communautés. En somme, ce trouble peut constituer un f rein au
développement des pays af ricains sur les plans humain, social et économique.

Image utilisée à titre d’illustration

Polit iques publiques

La problématique de l’autisme mérite une réponse adéquate des pouvoirs publics. Néanmoins, peu de
pays af ricains ont développé un programme national pour répondre efficacement à ces défis. D’ailleurs,
l’autisme est mal compris par le personnel de la santé et de l’éducation. Des études menées au Nigeria,
au Ghana et en Af rique du Sud ont rapporté que le personnel de la santé et de l’éducation comprenait
mal ses symptômes et ses caractéristiques. Pourtant, ce personnel en santé et en éducation devrait
être au premier plan pour diagnostiquer, traiter, ou éduquer les enf ants ayant un trouble du spectre de
l’autisme.

Les institutions universitaires af ricaines paraissent moins impliquées dans la recherche pour réduire
l’impact de l’autisme. Les chercheurs et universitaires af ricains manif estent peu d’intérêt envers
l’enseignement et la recherche sur l’autisme. Ce manque d’intérêt se traduit par l’absence remarquable de
prof essionnels spécialisés en autisme sur le continent. Une enquête récente menée au Togo indique que
moins de 1% des étudiants au master et au doctorat connaissait les symptômes et les caractéristiques
de l’autisme. Pourtant, ceux- ci deviendront des prof essionnels qui devront intervenir auprès des enf ants
ayant un trouble du spectre de l’autisme. Il est aussi difficile de trouver des universités af ricaines ayant
développé des programmes de f ormation pour f ormer les étudiants en autisme.

En l’absence de politique publique pour répondre efficacement à l’autisme, des tradipraticiens évoquent
des interprétations culturelles sans f ondement scientifique pour l’expliquer et le traiter. A partir de ces
interprétations culturelles, ces tradipraticiens développent des interventions inacceptables et parf ois
dangereuses pour traiter l’autisme. Ces interprétations culturelles servent aussi de f ondement pour des
traitements inhumains et discriminatoires à l’égard des enf ants ayant un trouble du spectre de l’autisme
et leurs f amilles.

Malgré l’avancement des connaissances et la portée mondiale de l’autisme, les pays af ricains paraissent
mal préparés pour gérer ces impacts. Il est nécessaire de mobiliser les ressources nécessaires pour
f ormer les prof essionnels à diagnostiquer et à mettre en place les interventions basées sur la science
pour traiter l’autisme. Grâce à l’accès aux interventions efficaces, les personnes ayant ce trouble peuvent
devenir des citoyens autonomes. Ce f aisant, les états af ricains réhabiliteraient des millions de personnes
ayant un trouble du spectre de l’autisme à participer à l’économie. Oui, des personnes ayant un trouble du
spectre de l’autisme ont aussi des talents exceptionnels pour f aire prospérer l’économie.

Par Theo Gossou, BCBA, consultant en autisme et Akounda Koudema, EAO,


enseignant

Contributeur
https://www.africardv.com

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