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Afrique, dans la partie occidentale du golfe de Guinée. Elle présente sensiblement la forme d'un
carré d'environ 600 km de côté7. D'une superficie de 322 463 km28, elle est bordée au nord-ouest
par le Mali, au nord-est par le Burkina Faso, à l'est par le Ghana, au sud-ouest par le Liberia, à
l'ouest-nord-ouest par la Guinée et au sud par l'océan Atlantique. La population est estimée à
29 389 150 habitants en 20219.
La Côte d'Ivoire a pour capitale politique et administrative Yamoussoukro mais la quasi-totalité
des institutions se trouvent à Abidjan, son principal centre économique. Sa langue officielle est
le français, mais quelque 70 langues et dialectes10 sont parlés au quotidien. Sa monnaie est
le franc CFA. Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO), de l'Union africaine (UA), de l'Organisation internationale de la
francophonie (OIF), de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), de l'Organisation des
Nations unies (ONU), du Groupe des vingt-quatre (G24), du Groupe des 33 , de la Banque
africaine de développement (BAD), de l'Organisation de la presse africaine (APO), de
la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD) , du Conseil africain et malgache pour
l'enseignement supérieur (CAMES) et de la Zone de paix et de coopération de l'Atlantique
Sud (ZPCAS).
D'abord protectorat français11 en 1843, puis colonie française le 10 mars 1893 selon le traité de
Kong, le pays acquiert son indépendance le 7 août 1960, sous la houlette de Félix Houphouët-
Boigny, premier président de la République. L'économie, essentiellement axée sur l'agriculture,
notamment la production de café et de cacao, connaît au cours des deux premières décennies
un essor exceptionnel12. En 1990, le pays traverse, outre la crise économique survenue à la fin
des années 1970, des périodes de turbulence sur les plans social et politique. Ces problèmes
connaissent une exacerbation à la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993. L'adoption
d'une nouvelle constitution13 et l'organisation de l'élection présidentielle qui, en 2000, porte au
pouvoir Laurent Gbagbo n'apaisent pas les tensions sociales et politiques, qui conduisent au
déclenchement d'une crise politico-militaire le 19 septembre 2002. Après plusieurs accords de
paix, l'élection présidentielle de 2010 voit la victoire d'Alassane Ouattara face à son opposant
Laurent Gbagbo. Réélu en 2015, Alassane Ouattara relance la croissance économique par une
politique libérale et interventionniste tout en étant critiqué pour sa gestion de l'armée et de la
justice. En 2016, une nouvelle constitution est adoptée, marquant l'avènement de la Troisième
République.
La Côte d'Ivoire est en voie de développement et se place en 159e position selon son indice de
développement humain (IDH) en 20214.
jan fév mar avri ma jui aoû sep oct nov déc anné
Mois jui.
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Température
minimale
23 24 21 25 25 24 24 23 22 24 24 24 21
moyenne
(°C)
Température
maximale
31 32 32 32 31 29 28 27 28 29 31 31 32
moyenne
(°C)
Précipitation 31 60 20 16
21 49 110 159 32 69 149 92 1 973
s (mm) 9 7 1 5
Diagramme climatique
J F M A M J J A S O N D
31 32 32 32 31 29 28 27 28 29 31 31
23 24 21 25 25 24 24 23 22 24 24 24
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Mois jui.
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Température
minimale
20 20 21 21 22 21 20 20 20 20 21 20 20
moyenne
(°C)
Température
maximale
33 34 34 33 33 31 29 29 30 32 33 33 34
moyenne
(°C)
Précipitation 14 14 10 12
15 44 90 134 109 199 34 20 1 159
s (mm) 0 1 5 8
Diagramme climatique
J F M A M J J A S O N D
33 34 34 33 33 31 29 29 30 32 33 33
20 20 21 21 22 21 20 20 20 20 21 20
jan fév mar avri ma jui aoû sep oct nov déc anné
Mois jui.
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Température
minimale
18 18 22 23 22 21 21 21 20 20 18 16 16
moyenne
(°C)
Température
maximale
34 35 36 35 34 31 30 29 30 31 32 33 36
moyenne
(°C)
Précipitation 12 16 29 15
8 15 38 82 356 274 47 16 1 573
s (mm) 1 8 3 5
Source : ANAM27
Diagramme climatique
J F M A M J J A S O N D
34 35 36 35 34 31 30 29 30 31 32 33
18 18 22 23 22 21 21 21 20 20 18 16
Ces climats induisent quatre grands types de biomes différents, que le WWF désigne
par écorégions. La savane soudanienne occidentale, au nord du 8e parallèle, recouvre près du
tiers du territoire. Le tiers sud du pays est lui à cheval sur deux écorégions : à l'ouest l'écorégion
de forêts appelée « forêt de plaine de l'ouest guinéen » ainsi qu'au centre sud et au sud-est
l'écorégion de la forêt de l'est guinéen, séparée par le Sassandra. Entre ces deux zones,
la mosaïque de forêt-savane guinéenne, entrecoupée de zones ripariennes et de zones
humides au centre du pays, présente de nombreux points de forêt sèche assez dense. En outre,
le centre ouest du pays abrite une petite écorégion de montagne appelée forêt de montagne
ouest-africaine. Ces trois zones sont incluses par la Conservation International dans le point
chaud de biodiversité de l'Upper Guinean forests (littéralement de l'anglais « forêt haute-
guinéenne »). Il existe aussi deux mangroves, de l'écorégion des mangroves guinéennes, une à
l'ouest d'Abidjan, à l'embouchure de la Bia et l'autre à l'ouest à l'embouchure du Boubo.
Le climat d'Odienné, une ville du nord-ouest, est lui, influencé par la présence des montagnes, la
pluviométrie y est plus élevée avec 1 491 mm3 et les températures y sont plus basses19, que plus
à l'est. La pluviométrie de cette zone est même de 1 897 mm3 à Man.
Faune et flore[modifier | modifier le code]
Le parc national du Mont Péko (34 000 hectares) est surtout réputé pour sa
végétation : flore de montagne et forêt primaire.
Le parc national d'Azagny est situé au bord de l'océan à l'embouchure du Bandama,
sur 30 000 hectares essentiellement constitués de savane marécageuse avec des
palmiers, où l'on peut apercevoir des troupeaux d'éléphants et de buffles. La réserve
de faune du Haut-Bandama (123 000 hectares) couvre une zone de savane et abrite
des éléphants, des buffles et antilopes.
Le parc national du Mont Sangbé, d'une superficie de 95 000 hectares est
entièrement situé en zone montagneuse (14 sommets de plus de 1 000 m dans les
monts du Toura) ; il est giboyeux et abrite une flore particulière.
Le parc de Kossou, né de la nécessité de reloger les animaux menacés de la noyade
par la montée des eaux du barrage de Kossou, s'étend sur 5 000 hectares.
Le parc national du Banco (3 000 hectares), situé aux portes d'Abidjan, est un
exemple de forêt primaire avec des acajous, framirés, avodirés, niangons, espèces
devenues très rares.
Le parc national des îles Ehotilé, un parc marin créé en 1974 et situé sur la lagune
Aby à l'Est d'Abidjan, présente un intérêt particulier pour les recherches historiques et
archéologiques.
Réserves naturelles[modifier | modifier le code]
La réserve naturelle de Dahliafleurs, est située sur la route de Bingerville. Elle s'étend
sur 148 ha38. La diversité de végétations est favorable à la recherche scientifique
avec 91 ha de forêt bien conservée, 8 ha de forêt secondaire, 15 espèces de
mammifères et 69 espèces d'oiseaux inventoriés. La réserve est située dans une
région à fort potentiel touristique. La reserve est déclarée domaine d'utilité publique
par le décret n° 00895/MINEEF/ du 17 octobre 2007 avec la dénomination Réserve
naturelle Partielle de Dahliafleur39.
Composition ethnique40
- Akan 38 %
- Peuples voltaïques et Gur 22 %
- Mandé du Nord 22%
- Krous 9,1%
- Mandé du Sud 8,6 %
- Autres 0,3%
Religions40
- Islam 42,5 %
- Christianisme 39,8 %
- Animisme 2,2%
- Aucune 12,6 %
Composition linguistique
- 63 ethnies locales
La population ivoirienne, comme dans la quasi-totalité des pays africains, connaît une croissance
rapide. Au cours des derniers recensements effectués en 1975, 1988 et 1998, elle s'élève à
6 709 600, 10 815 694 puis 15 366 672 habitants. Elle est estimée à 24 294 750 habitants en
201741. La population de la Côte d'Ivoire est estimée à 29 389 150 d'habitants en 2021 dont
6 435 835 d'étrangers selon le recensement général de la population et de l'habitat (RGPH). La
population compte 52.4 % d'hommes et 47.8 % de femmes9.
Le taux d'accroissement naturel est de 2,6 % en 2014 selon l'Institut national de statistique
(INS)42. Cet accroissement rapide est en partie imputable à l'immigration continue de populations
étrangères venus en partie des pays limitrophes comme le Mali et le Burkina Faso.
En effet, durant les trente premières années de son existence, la Côte d'Ivoire avait produit un
véritable creuset en accueillant environ 26 % d'étrangers des pays limitrophes. Le recensement
général effectué en 1998 révèle ainsi un taux d'étrangers de 26 %, soit plus du quart de la
population totale. Ces immigrés, en quête de mieux-être, sont attirés par le développement
économique rapide et la stabilité sociale et politique que connaissait le pays avant le début des
crises sociopolitiques et militaires. Ils proviennent majoritairement des pays voisins membres de
la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Malgré la crise politico-
militaire de 2002, le pays compte encore en 2008 de nombreux étrangers originaires de la
CEDEAO dont des Burkinabés, de loin les plus nombreux (environ deux millions), des Maliens,
des Guinéens, des Sénégalais, des Libériens, des Ghanéens, des Nigériens.
À ceux-ci s'ajoutent les Libanais essentiellement commerçants, quelquefois
industriels[source insuffisante]. Les Libanais seraient 60 000, soit la plus grosse communauté libanaise
en Afrique43. Le pourcentage d'étrangers naturalisés est de 0,6 %.
La population ivoirienne autochtone est en outre multiethnique. Cinq grands groupes ethniques,
comprenant environ une soixantaine d'ethnies, constituent les nationaux d'origine40 :
Sassandra-
4 Daloa 421 879
Marahoué
Sassandra-
13 Bouaflé 213 967
Marahoué
Sassandra-
25 Vavoua 132 528
Marahoué
Sassandra-
29 Issia 126 252
Marahoué
Sassandra-
34 Bonon 116 871
Marahoué
Sassandra-
39 Dania 106 612
Marahoué
Sassandra-
44 Saïoua 100 085
Marahoué
islam : 42,5 %
animisme (religions traditionnelles africaines) : 2,2 %
Christianisme : 39,8 %
Autres religions : 0,7 %
Aucune : 12,6 %. Dont aussi des agnostiques. La Côte d'Ivoire a l'un des plus forts
taux d'athées ou d'agnostiques du continent africain. Une situation qui s'explique par
la lassitude de nombreux Ivoiriens depuis 2003 qui refusent de voir une confrontation
politique et sociale entre musulmans et chrétiens, mais aussi par un rejet du souvenir
du colonialisme européen chrétien qui fut jadis esclavagiste, tout comme il y avait
aussi des raids de captures d'esclaves organisés par des caravaniers arabes
musulmans, avec des alliés issus de confréries musulmanes, ou de royaumes
musulmans au nord du pays actuel, et d'autres régions du Sahel. Les athées sont
surtout des Ivoiriens urbains, souvent aisés, et éduqués. Ils sont nombreux chez les
moins de 40 ans.
Christianisme[modifier | modifier le code]
Islam[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Islam en Côte d'Ivoire.
Esclaves enchaînés.
À l'initiative du prince Henri le Navigateur, les Portugais João de Santarém et Pedro
Escobar découvrent le littoral ivoirien en 1470-1471. Ils seront pendant plus d'un siècle les
seuls Européens présents sur le littoral ivoirien53, avant d'être rejoints à la fin du XVIe siècle par les
Hollandais, puis au XVIIe siècle par les Français et les Anglais54,55. En effet, la côte est considérée
comme inhospitalière, tant sur le plan géographique (la côte basse et sableuse est défendue par
la barre, succession d'énormes rouleaux déferlants) que humain (les habitants sont réputés
anthropophages)56. C'est la raison pour laquelle, jusqu'au XIXe siècle, les grands marchés de l'or
et des esclaves se tiennent dans d'autres lieux56.
Établissement sans lendemain de Français[modifier | modifier le code]
Marcel Treich-Laplène.
Causes[modifier | modifier le code]
Après avoir réussi à conquérir l'Algérie et les quelques conquêtes à motivations commerciales
réalisées sous le Second Empire, la France, encore convalescente de la guerre de 1870, se
lance, à l'instigation de Léon Gambetta et de Jules Ferry, dans la colonisation d'une partie
majeure de l'Afrique occidentale et équatoriale et de la péninsule indochinoise. Le prétexte
affiché est au début de « civiliser » ces régions, avec bientôt l'espoir que ces colonies offrent un
jour des débouchés, voire qu'on puisse en tirer des dividendes. Mais, en réalité, la motivation est
davantage la rivalité avec les autres puissances coloniales.
Etablissement des négociants[modifier | modifier le code]
Au début du XIXe siècle, l'abolition de la traite oblige les négociants à chercher d'autres
ressources. Or l'époque a un immense besoin d'huile en raison de l'essor industriel. Cette huile
est fournie par l'huile de baleine, mais les négociants ne tardent pas à s'intéresser à l'huile de
palme, une ressource ivoirienne encore inexploitée56.
L'installation des négociants marseillais entre le fleuve Sénégal et le delta du Niger remonte ainsi
aux années 184074, motivée par le commerce des arachides, de l'huile de palme et des
palmistes74. En 1833, les frères Victor et Louis Régis sont ainsi le premier négociant marseillais à
envoyer l'un de leurs navires explorer les rives du golfe de Guinée, organisant de nombreuses
expéditions vers la Gambie, la Guinée ou encore au Gabon75. Ces entreprises (rassemblant des
comptoirs commerciaux, une flotte et des huileries74) connaissent un développement remarquable
mais ne cherchent pas à coloniser la zone. En effet, pour garantir la sécurité et la prospérité de
leurs échanges, les Marseillais préfèrent s'entendre avec les grands chefs africains qui contrôlent
le littoral, ce que fait Victor Régis en Côte d'Ivoire (Grand-Bassam) avec le roi Peter74.
Autour de l'année 1840, le gouvernement français incite les négociants français à implanter des
factoreries, c'est-à-dire des installations fixes pour récolter, pendant toute l'année, et stocker, les
produits livrés par les Africains, en certains points de la côte. L'objectif est de renforcer la
présence pour contrer les Anglais76 qui sont de plus en plus présents dans la zone. Afin que les
factoreries puissent s'installer en tout sécurité, les Français construisent deux forts en 1843, l'un
à Grand-Bassam, l'autre à Assinie56.
En 1842, Edouard Bouët, récemment promu gouverneur du Sénégal, reçoit l'ordre de Paris de
construire des comptoirs, notamment à Grand-Bassam et à Assinie, et d'y attirer des
commerçants français. En 1844 et 1845, seuls les Frères Régis acceptent d'ouvrir des
factoreries, sans enthousiasme, surtout par amitié pour Bouët76.
Toutefois, la plus puissante des puissances coloniales du XIXe siècle, le Royaume-Uni, agit déjà
sur le Niger inférieur. Joindre les possessions françaises du golfe de Guinée à celles du bas
Sénégal via ce qu'on appelle à l'époque le « Soudan » (aujourd'hui « Sahel ») paraît la parade
adéquate à l'entreprise britannique qui s'annonce à partir de l'est.
Mais sur route se trouve un obstacle : l'empire construit par le chef de guerre Samory Touré, le
plus grand commerçant d'esclaves de l'Afrique occidentale, et contre lequel les populations
assujetties se révoltent à la fin des années 1880. Ces populations animistes refusent l'islam
imposé par Samory et finissent par espérer leur libération par les Français.
Exploration de l'arrière-pays[modifier | modifier le code]
Parallèlement, la méconnaissance de l'arrière-pays ivoirien amène les Français Édouard Bouët-
Willaumez (1837-1839), Paul Fleuriot de Langle, Marcel Treich-Laplène (1887-1890), Louis-
Gustave Binger (et, dans une moindre mesure, les Anglais Lonsdale (1882), Freeman (1888) et
Lang (1892)) à lancer de nombreuses missions d'exploration77,78.
Après la signature de divers traités de protectorat, un décret, le 10 mars 1893, crée la Côte
d'Ivoire en tant que colonie française autonome79. La France y était déjà représentée par Arthur
Verdier (1878) puis Treich-Laplène (1886) en qualité de résidents, c'est-à-dire représentant
officiel de la France en Côte d'Ivoire. Elle désigne Louis-Gustave Binger comme gouverneur avec
résidence à Grand-Bassam80.
L'autorité française commence à s'établir dans l'ensemble du pays au moyen d'un système de
quadrillage hiérarchisé qui comprend les villages, les cantons, les subdivisions et les cercles. Elle
établit des liens de subordination à travers l'instauration de l'impôt de capitation, la prestation
gratuite de travail (travail forcé), le service militaire obligatoire, l'application d'un code de
l'indigénat et l'exercice d'une justice indigène81. Pour sa part, l'administration française doit
procéder à la mise en valeur du territoire, à la mise en place de services sociaux de base, à
garantir la libre circulation des personnes et des biens en mettant un terme définitif là où elle
s'exerce à l'esclavage82,83. La résistance locale s'exprime dès la phase d'exploration84 (guerre de
Jacqueville et de Lahou en 189085, guerre de Bonoua en 1894 et 189586,85, guerre en pays
adioukrou en 1897 et 189886,85). Paris rentre en guerre ouverte avec Samory en 1896, qui est
enfin vaincu à Guéouleu (Guélémou) en 189887.
Quelques années plus tard, pour asseoir rapidement et définitivement l'autorité de la France sur
le territoire, le gouverneur Gabriel Angoulvant opte pour l'accélération forcée de la
colonisation : « Je désire qu’il n’y ait désormais aucune hésitation sur la ligne politique à suivre.
Cette ligne de conduite doit être uniforme pour toute la Colonie. Nous avons deux moyens de les
mettre en pratique : ou attendre que notre influence et notre exemple agissent sur les populations
qui nous sont confiées ; ou vouloir que la civilisation marche à grands pas, au prix d’une action…
J'ai choisi le second procédé88. » De fait, la conquête de ce qui deviendra la Côte d'Ivoire a été,
de par la résistance rencontrée entre 1893 et la Première Guerre mondiale, l'une des plus
longues et sanglantes que la colonisation française ait eu à affronter en Afrique de l'Ouest, et
presque aucune des régions de la future colonie n'a été acquise « pacifiquement », même si les
formes d'opposition ont été différentes, échelonnées dans le temps et rarement coordonnées
entre elles89.
Les résistances à la colonisation[modifier | modifier le code]
Le nouveau code foncier, qui oblige les exploitants étrangers (non Ivoiriens) de terres
à les restituer à leur décès ou être louées par leurs descendants, et ce en dépit d'un
titre foncier rural définitif (1998)15. Les propriétaires coutumiers du Sud étendent la
qualification d'étranger à tous les allogènes (Baoulé, Dioula, Lobi).
La fin du droit de vote des étrangers et la mise en place d'une carte de séjour
stigmatisante15.
La constitution de la Deuxième République, dont le point névralgique est la définition
des critères d'éligibilité du président de la République (article 37) qui accentue
davantage la rupture communautaire15.
Finalement, malgré leurs profondes inimitiés ethniques, tous les groupes du Sud, les Krou et
les Akan notamment, s'accordent pour refuser aux migrants ivoiriens d'accéder au pouvoir
politique local sur leur territoire (sur lequel se situent Yamoussoukro, Abidjan, San Pedro) et a
fortiori briguer la présidence de la République15.
Des problèmes de gouvernance sont mis au jour lors de l'exécution de projets financés par
l'Union européenne. En outre, différents faits, notamment l'exacerbation des tensions politiques
et sociales par la presse, les actes de défiance à l'autorité de l'État posés par des opposants,
l'incarcération de plusieurs leaders de l'opposition politique, instaurent un climat délétère qui
conduit en décembre 1999 au renversement de Henri Konan Bédié par des soldats mécontents.
Ceux-ci placent à la tête de leur groupe le général Robert Guéï qui devient, de ce fait, chef de
l'État de Côte d'Ivoire. Henri Konan Bédié s'exile en France105.
Soldats de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire
(ONUCI) sécurisant un périmètre sensible à Bouaké.
Le régime issu du putsch106 est marqué durant son éphémère pouvoir par des troubles militaires
et civils. Le pouvoir militaire réduit néanmoins la criminalité et la corruption en usant de méthodes
parfois expéditives. Il fait procéder à la rédaction d'une nouvelle constitution par les partis
politiques et la société civile et organise, en octobre 2000, l'élection présidentielle. De
nombreuses candidatures à la présidence de la République dont celles de Henri Konan Bédié et
de Alassane Dramane Ouattara sont éliminées par la Cour suprême. Le général Robert Guéï qui
se proclame vainqueur du scrutin est chassé par des manifestations de rues. De violents
affrontements opposent également durant quelques jours des militants du FPI à ceux du RDR.
Ces troubles se soldent officiellement par plus de 200 morts107. La Cour suprême proclame les
résultats et déclare vainqueur Laurent Gbagbo. Celui-ci initie un forum de réconciliation nationale
puis nomme un gouvernement d'union nationale.
Crise politico-militaire (2002-2007)[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Crise politico-militaire en Côte d'Ivoire.
Le 19 septembre 2002, des soldats rebelles tentent de prendre le contrôle des villes
d'Abidjan, Bouaké et Korhogo. Ils échouent dans leur tentative en ce qui concerne Abidjan mais
sont victorieux dans les deux autres villes, situées respectivement dans le centre et le nord du
pays. Robert Guéï est assassiné dans des circonstances non encore élucidées. La rébellion qui
se présente sous le nom MPCI crée plus tard le MJP et le MPIGO et forme avec ces dernières
composantes le mouvement des Forces nouvelles (FN). Il occupe progressivement plus de la
moitié nord du pays (estimée à 60 % du territoire), scindant ainsi le territoire en deux zones : le
sud tenu par les Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (FANCI) et le nord tenu par
les Forces armées des forces nouvelles (FAFN).
Les pourparlers entamés à Lomé permettent d'obtenir le 17 octobre 2002, un accord de cessez-
le-feu qui ouvre la voie à des négociations sur un accord politique entre le gouvernement et le
MPCI sous l'égide du président du Togo, Gnassingbé Eyadema. Ces négociations échouent
cependant sur les mesures politiques à prendre, en dépit de réunions entre les dirigeants de
la CEDEAO à Kara (Togo), puis à Abidjan et à Dakar. 10 000 casques bleus de l'ONUCI108 dont
4 600 soldats français de la Licorne sont placés en interposition entre les belligérants. Dans une
nouvelle initiative, la France abrite à Linas-Marcoussis du 15 au 23 janvier 2003, sous la
présidence de Pierre Mazeaud, président du Conseil constitutionnel français, secondé par le juge
sénégalais Kéba Mbaye, une table ronde avec les forces politiques ivoiriennes109 et obtient la
signature des accords de Linas-Marcoussis. Cet accord prévoit la création d'un gouvernement de
réconciliation nationale110 dirigé par un premier ministre nommé par le président de la République
après consultation des autres partis politiques, l'établissement d'un calendrier pour des élections
nationales crédibles et transparentes, la restructuration des forces de défense et de sécurité,
l'organisation du regroupement et du désarmement de tous les groupes armés, le règlement des
questions relatives à l'éligibilité à la présidence du pays et à la condition des étrangers vivant en
Côte d'Ivoire. Un comité de suivi de l'application de l'accord, présidé par l'ONU, est institué.
Chefs d'État africains à la cérémonie de la flamme de la
paix à Bouaké.
Appliqué avec beaucoup de difficultés, l'accord de Linas-Marcoussis est suivi par plusieurs
autres, conclus en Afrique et mis en œuvre par les gouvernements successifs de Seydou
Diarra, Charles Konan Banny.
L'accord politique de Ouagadougou conclu en 2007 avec Laurent Gbagbo, sous l'égide du
président burkinabé Blaise Compaoré, qui fait office de facilitateur111,112, offre aux Forces nouvelles
le poste de Premier ministre. Les Forces nouvelles désignent leur secrétaire général, Guillaume
Soro, le 26 mars 2007 pour exercer cette fonction113,114.
Gouvernement Soro[modifier | modifier le code]
Guillaume Soro entre en fonction le 4 avril et son gouvernement est installé trois jours plus tard.
Le gouvernement doit mettre en place notamment deux points clefs de l'accord politique de
Ouagadougou : la préparation d'élections devant se tenir dans les dix mois à compter de mars
2007, puis l'unification des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) et des Forces armées
nationales de Côte d'Ivoire (FANCI)
Dans le gouvernement Soro I composé de 33 membres, la formation militaro-politique de celui-ci
(les Forces nouvelles de Côte d'Ivoire) et le Front populaire ivoirien (FPI), formation politique dont
est issu le président Laurent Gbagbo, disposent chacun de huit portefeuilles (le Premier ministre
y compris). Les autres portefeuilles sont répartis entre divers autres partis politiques. Ainsi,
le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) en détient 5, le Rassemblement des
républicains (RDR) 5, le Mouvement des forces d'Avenir (MFA) un, le Parti ivoirien des
travailleurs (PIT) un, l'Union démocratique de Côte d'Ivoire (UDCI) un et l'Union pour la
démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI) un ; deux autres ministres sont réputés proches
du président de la République et un ministre est issu de la société civile.
Concrètement, outre la gestion des affaires relevant de ses compétences traditionnelles, le
gouvernement coordonne la mise en œuvre du processus de sortie de crise au moyen de
programmes spécifiques. Il s'agit d'un dispositif technique comprenant notamment le Centre de
commandement intégré (désarmement des combattants), le Programme national de réinsertion
et de réhabilitation communautaire, le Comité national de pilotage du redéploiement de
l'Administration (restauration de l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire et reprise du
fonctionnement des services publics), l'Office national d'identification (identification des
populations et des électeurs) et la Commission électorale indépendante (organisation des
élections).
Élection présidentielle en 2010 et crise[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Élection présidentielle ivoirienne de 2010 et Crise ivoirienne de
2010-2011.
À l'issue d'une élection présidentielle sous tension, les deux candidats arrivés au second
tour, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, se déclarent vainqueurs et prêtent serment comme
président du pays115. Alassane Ouattara a été déclaré vainqueur par Youssouf Bakayoko, le
président de la Commission électorale indépendante, au siège du camp de Ouattara116, et a reçu
le soutien du Premier ministre Guillaume Soro et d'une partie117 de la Communauté
internationale115. Laurent Gbagbo a été déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel et a reçu
le soutien du général Philippe Mangou, commandant de l'armée115. La Côte d'Ivoire se retrouve
alors avec deux présidents tentant de s'imposer sur l'ensemble du pays.
Mais Alassane Ouattara bénéficie du soutien de la plus grande partie de la communauté
internationale, ainsi que celui d'instances économiques et financières tant régionales
qu'internationales. L'économie ivoirienne est paralysée par les sanctions et les finances de l'État
ivoirien asséchées, notamment les zones encore contrôlées par Laurent Gbagbo118.
Les combats éclatent à Abidjan à la fin du mois de février 2011 entre le « Commando invisible »
hostile à Gbagbo et l'armée régulière119. Puis, début mars, la tension gagne l'ouest du pays, où
les Forces nouvelles prennent le contrôle de nouveaux territoires. L'ensemble du front finit par
s'embraser à la fin mars, et les forces pro-Ouattara, rebaptisées Forces républicaines de Côte
d'Ivoire (FRCI), prennent Yamoussoukro, la capitale politique du pays, le 30 mars. À partir de ce
moment-là, les événements s'accélèrent : le sud du pays est conquis en quelques heures et les
troupes pro-Ouattara entrent dans Abidjan sans rencontrer de réelle résistance (mais non sans
commettre de nombreuses exactions sur les populations civiles120).
Laurent Gbagbo et son épouse se retranchent à la Résidence présidentielle, protégés par un
dernier carré de fidèles dont la Garde Républicaine dirigée par le colonel Dogbo Blé Bruno. La
Résidence est assiégée par les forces pro-Ouattara qui ont du mal à accéder à la Résidence
malgré plusieurs tentatives. Un assaut final est lancé contre le domicile le 11 avril avec l'appui
des forces onusiennes et surtout de l'armée française (en application de la résolution du Conseil
de sécurité de l'ONU). Laurent Gbagbo (accompagné de sa famille) est fait prisonnier, puis placé
en état d'arrestation à l'hôtel du Golf121. Il est ensuite transféré à Korhogo dans le nord du pays,
où il est placé en résidence surveillée122. Quelques jours plus tard, son épouse, qui n'a pas été
autorisée à le suivre, sera placée quant à elle en résidence surveillée à Odienné, une autre
localité du nord ivoirien123. Depuis le 30 novembre 2011, Laurent Gbagbo est incarcéré à la Cour
pénale internationale où il est inculpé pour quatre chefs d'accusation de crimes contre l'humanité.
Les forces pro-Ouattara sont soupçonnées de s'être livrées à des exactions sur des populations
supportant Laurent Gbagbo (massacre du camp de Nahibly et Duekoué)124. Dans le cas
de Duekoué, l'ONU explique que les forces pro-Gbagbo seraient aussi impliquées125.
Réélections d'Alassane Ouattara (depuis 2015)[modifier | modifier le
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À la suite de l'élection présidentielle du 25 octobre 2015, le président Ouattara est réélu pour cinq
ans. Il souhaite consolider les efforts de réconciliation nationale et rédiger une nouvelle
constitution126. Cette nouvelle Constitution, qui entraine la création d'un sénat et d'un poste de
vice-président, est approuvée par référendum le 30 octobre 2016127,128. La troisième République
ivoirienne est proclamée le 8 novembre 2016129.
En novembre 2020, Alassane Ouattara est réélu pour un troisième mandat avec 94,27 % des
voix lors d'un scrutin très critiqué puisque l'opposition avait demandé à le boycotter, contestant la
constitutionnalité d'un troisième mandat130. Finalement, seuls 53,90 % des électeurs se sont
rendus aux urnes pour élire le président sortant131.