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Le Cid

Objectifs :
. Découvrir un auteur classique, Corneille, l’héritage littéraire de son théâtre ;
. Découvrir une pièce classique incontournable…

1. L'auteur (1606-1684)

Doc. 1. Portrait de Pierre Corneille

Pierre Corneille naît à Rouen en 1606, dans une famille aisée de magistrats. Il suit des études classiques
au collège des jésuites puis des études de droit.
En 1628, il devient avocat et juriste en Normandie et en parallèle écrit une comédie qui obtient un vif
succès en 1629 : Mélite.
Entre 1630 et 1636, il fait jouer une tragi-comédie Clitandre, des comédies (La Veuve, La
Suivante, L’Illusion comique) et une tragédie (Médée).

En 1637, Le Cid remporte le plus vif succès qu’ait jamais remporté une pièce de Corneille et soulève
pourtant parmi les gens de lettres « La querelle du Cid ». Corneille est accusé d’avoir plagié (imité et
copié) une pièce espagnole de Guilen de Castro. Si l’académie reconnaît l’originalité de la pièce, elle
reproche à Corneille de n’avoir pas respecté les règles classiques (unité de temps : la pièce doit se dérouler
sur 24 heures ; unité de lieu ; règle de la vraisemblance et bienséance : l’action doit être réaliste et respecter
la morale classique).

Puis, à partir de 1637, Corneille fait jouer de nombreuses tragédies et comédies et est élu à l’académie
française en 1647.
En 1650, Corneille est démis de ses fonctions de procureur à cause de sa fidélité à l’impopulaire
Mazarin et vit de sa plume.
De 1651 à 1659, Corneille écrit moins suite à plusieurs échecs de ses tragédies et rédige des réflexions
théoriques sur l’écriture tragique : Trois Discours sur le poème dramatique.
Il écrit ensuite divers tragédies et comédies héroïques qui sont des échecs ou succès mitigés, le public
préférant Racine. Il vit dans la difficulté, pensionné, mais ses anciennes pièces demeurent encore jouées.

Il meurt en 1684 laissant une œuvre dense qui célèbre la grandeur d’âme du Grand Siècle : Le Cid.

2. Le Cid
La pièce se déroule au 11ème siècle, à Séville, dans la capitale du royaume de Castille.

Doc.2. Rodrigue (Le Cid) embrasse son épouse Chimène avant de partir se battre contre les
Maures
Illustration de « Le Cid » poème de Guillen de Castro (1569-1631) qui inspira la pièce Corneille

a. Résumé

• Acte 1
La jeune Chimène apprend de sa gouvernante que son père, don Gomès, envisage de la marier à don
Rodrigue dont elle est amoureuse.
Le roi désigne don Diègue, le père de Rodrigue, comme gouverneur du prince. Déçu, son rival don
Gomès le gifle. Le vieil homme outragé veut venger son honneur dans le sang mais n’en a pas la force
physique. Rodrigue s’offre de laver l’honneur familial et découvre qu’il s’agit du père de sa bien-aimée. Il
se lamente devant l’alternative affreuse qui se présente à lui.

• Acte 2
Malgré sa douleur immense, Rodrigue provoque le Comte Gomès en duel et le tue. Chimène réclame la
mort de Rodrigue mais don Diègue veut assumer la responsabilité d’un geste vengeur qu’il aurait dû faire
si l’âge ne l’en avait empêché. Le roi réclame un temps de réflexion, inquiété par l’approche des Maures,
ennemis de la Castille.

• Acte 3
Chimène est déchirée entre l’idée d’obtenir la mort de l’assassin de son père et son amour pour
lui. Rodrigue se désespère devant la souffrance qu’il inflige à sa bien-aimée. Il décide de mourir pour la
patrie, en luttant contre les Maures qui débarquent sur les côtes, en commandant une troupe constituée des
amis de son père.

• Acte 4
Elvire informe Chimène des exploits de Rodrigue dans la bataille contre les Maures ; le jeune homme est
reçu en héros par le roi. Chimène vient réclamer justice au roi mais celui-ci, faisant sortir Rodrigue, fait
croire à Chimène que Rodrigue vient de mourir. Ne pouvant cacher son émoi à l'annonce de cette
nouvelle, Chimène se trahit et le roi comprend que son amour pour Rodrigue est toujours présent.
Cependant, Chimène refuse de renoncer à la vengeance et réclame un duel qui opposera Rodrigue à don
Sanche : la jeune femme promet d'épouser le vainqueur.

• Acte 5
Rodrigue remporte un duel contre l’autre prétendant de Chimène, don Sanche, qu’elle hait. Il le laisse sauf.
Chimène, croyant son aimé mort, laisse éclater son amour devant la cour. Rodrigue arrive et met sa vie
entre les mains de Chimène. Le roi accorde un délai de décence morale d'une année à Chimène pour
qu’elle pleure son père et envoie Rodrigue se couvrir encore de gloire en luttant contre les invasions maures.
Passé ce délai, ils pourront s’unir.

b. Personnages

• Les pères :
- Don Diègue est un vieillard pathétique qui porte un passé guerrier glorieux et qui ne tolère pas l’affront du
soufflet. L’honneur passe avant la vie de son fils à qui il délègue l’obligation de laver l’affront : « Meurs ou
tue », exige-t-il. Il est intransigeant sur ses valeurs patriotiques et familiales.

- Don Gomès est orgueilleux et a trop conscience de sa valeur en souffletant le vieillard et contredisant
l’ordre du roi.

• Rodrigue : est un fils loyal, un amant loyal et un sujet loyal. Il obéit aux devoirs familiaux même s’il
sait qu’il s’éloigne à jamais de son amour ; il obéit aux lois de l’amour en renonçant à son aimée et
demeurant décidé à être digne des sentiments de la jeune femme ; il obéit aux lois du roi combattant comme
un forcené pour la patrie. Son surnom « Le Cid » signifie « seigneur » : il a accompli les épreuves qui font
de lui un gentilhomme fidèle et honorable.
Il est le héros cornélien type, capable de surmonter un dilemme qui le pousse à envisager le suicide, mais il
vainc même écartelé entre des impératifs contradictoires. Il est celui qui réussit à faire coïncider les
impératifs familiaux, amoureux et politiques.

• Chimène : est l’amante passionnée qui se révèle dans la douleur, héroïque parce qu’elle dépasse la
tension permanente entre la douleur de la perte de son père et le fait de devoir renoncer à celui qu’elle aime.

b. Thèmes

• L’honneur
L'honneur est celui de la famille, du clan. Le thème du « sang » est omniprésent et montre à quel point il
est vital d’honorer son lignage, et d’accroître sa réputation. Toute atteinte à l’intégrité d’un noble est
répercutée sur son ascendance et sa descendance. Il est impondérable de venger la réputation d’une race par
le duel, en refusant tout sentiment.

• L’amour
L'amour est une pulsion de tout l’être même s’il reste pudique, derrière la métaphore de la « flamme »
embrasant de « désirs » et de « charmes ». Il est aussi estime de l’autre et respect de son honneur. La
passion cohabite avec la raison. L’amour fait exister la personne en tant qu’individu et lui permet de
s’émanciper de son clan. Rodrigue aime Chimène malgré l’exigence de son père ; Chimène aime Rodrigue
bien qu’il soit l’assassin de son père.

• L’héroïsme
L'héroïsme est lié à l’honneur et à la vertu, au courage. C’est aussi la volonté de se réaliser en dépassant
toutes les contradictions. L’acte héroïque est un effort sur soi-même, sur son intérêt immédiat au profit du
bien d’autrui comme sacrifier un amour pour l’honneur des siens.

L'essentiel
Évoquer l’histoire de l’Espagne au 1ème siècle en prenant toutefois des distances avec la réalité permet à
Corneille de mettre en scène le type du héros cornélien, les valeurs qui le nourrissent.

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