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Génie Civil Méthodes Numériques M2 - 2010

Méthodes numériques
Janvier 2010
(A.Sellier)

Etude d’une méthode de contrôle de l’énergie de


fissuration pour les matériaux fragiles
Pour étudier la fissuration d’une poutre en maçonnerie (appelée couramment linteau) située
dans un mur et soumise à l’effet d’une charge comprise entre les points A et B simulant
l’appui d’une poutre orthogonale au plan d’étude, on réalise une modélisation par éléments
finis non linéaires du linteau. Pour prendre en compte de façon réaliste les conditions aux
limites de ce linteau on maille également les montants verticaux en pierre servant d’appuis au
linteau ainsi que le reste de la structure en brique. Le module d’Young initial du linteau et des
montants est de 3.109 Pa, celui des briques de 1.109 Pa.

Zone de conditions aux limites variables


A B

Chevêtre en maçonnerie
(endommageable)

Figure 1 : Présentation générale du problème


Le maillage utilisé est donné sur la figure 2. Il est constitué de quadrangles isoparamétriques
conformes à 4 noeuds.

Figure 2 : Maillage utilise

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La structure est chargée progressivement. A la fin de l’analyse on peut tracer la force


appliquée en fonction du déplacement (figure 3), ce qui renseigne sur la capacité portante du
linteau. La non linéarité de la courbe force déplacement est due au fait que l’on a réalisé les
calculs avec un module d’Young évolutif pour simuler la fissuration du linteau. La loi de
comportement utilisée est dite « endommageable », elle est donnée sur la figure 4.

Contrainte
Rt

E0

E0(1-D)

déformation

εp εr
Figure 3 : Courbe force-déplacement sur le linteau
Figure 4 : Courbe contrainte déformation utilisée
pour le calcul non linéaire du linteau

Figure 6 : Déformée et répartition de


l'endommagement dans le linteau
Figure 5 : Répartition des modules d'Young à la fin
de l'analyse

Figure 7 : Distribution des contraintes normales horizontales en début de chargement


(bleu=compression, rouge=traction)

La loi de comportement peut donc s’écrire :


σ = E0 (1 − D)ε
1424
3
E

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Où D est l’endommagement du matériau, il varie de 0 pour le matériau non fissuré à 1 pour le


matériau totalement fissuré (déformation supérieure ou égale à ε r ). La figure 6 montre
l’endommagement dans le linteau à la fin de l’analyse. Les zones en rouge sont totalement
endommagées, elles représentent les zones fissurées, les zones en bleues sont non fissurées.
En comparant la répartition des contraintes donnée sur la figure 7 avec le facies
d’endommagement donné sur la figure 6, on constate qu’effectivement l’endommagement
s’est produit dans les zones les plus sollicitées en traction.
L’énergie de fissuration surfacique dissipée pour créer une fissure est notée Gf. Elle est une
caractéristique du matériau, tout comme le module d’Young initial E0, ou la résistance à la
traction Rt. La comparaison de la figure 2 et de la figure 6 permet de constater que
l’endommagement n’a en fait augmenté de façon significative que sur quelques éléments
finis. L’énergie dissipée dans le calcul aux éléments finis est donc proportionnelle à la taille
de ces éléments.
Isolons l’un de ces éléments sur la figure 8.

Vi β

Ui
I=4 Nœud I
I=3 I=3 (1,1)
I=4 (-1,1)

r
n α
I=1 (x1,y1)
I=2
I=1 (-1,-1) I=2 (1,-1)
Figure 8 : Elément fini quadrilatère à 4 nœuds
(QUA4) Figure 9 : Elément de référence pour les QUA4

Si l’on exerce la contrainte principale de traction dans une direction quelconque représentée
r
par le vecteur unitaire n sur la figure 8, alors l’énergie dissipée (ramenée à l’unité d’aire de
fissure) est :
r
Wf = gf × l (n )
Où gf (à ne pas confondre avec Gf) est l’énergie volumique dissipée dans l’élément fini, elle
r
est égale à l’aire sous la courbe de la figure 4 ; l( n ) est la dimension de l’élément fini dans la
r
direction n . Nous constatons donc que l’énergie Wf dissipée pour endommager un élément
fini est donc proportionnelle à la longueur de celui-ci dans la direction principale de traction
r
n . Si nous avions fait un maillage deux fois plus fin nous aurions donc dissipé deux fois
moins d’énergie ! Or nous avons vu que l’énergie de fissuration est une caractéristique
intrinsèque du matériau, elle ne devrait donc pas dépendre de la façon de mailler la structure.
Pour remédier à ce problème connu sous le nom de « localisation de la fissuration » nous
devons compenser l’augmentation de longueur de l’élément fini en adoptant une loi de
comportement dont l’aire est :
r Gf
gf ( n ) = r
l (n )
Question 1 : Montrer que l’expression précédente conduit à choisir une déformation à rupture
r r
( ε r sur la figure 6) fonction de la dimension l( n ) dans la direction ( n ) de la contrainte
principale, soit :

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r 2Gf
ε r (n ) = r
Rt.l ( n )

L’algorithme de calcul non linéaire permettant de prendre en compte cette particularité de la


loi de comportement des matériaux fragiles est alors le suivant :
1- incrément de chargement
2- calcul des directions principales de traction
3- calcul des tailles des éléments finis dans ces directions
4- ajustement des lois de comportement comme indiqué à la question 1
5- calcul des endommagements (D)
6- réévaluation des modules d’Young
7- bouclage en (2-) jusqu’à convergence.

L’une des difficultés de cet algorithme consiste à évaluer correctement la taille des éléments
r
finis dans les différentes directions n . Dans ce but nous nous proposons de faire une étude
détaillée de l’élément fini QUA4.

Question 2 : Fonction d’interpolation des QUA4.

Les fonctions de forme ou d’interpolation, définies dans le repère de référence (Figure 9),
peuvent s’écrire à partir de fonctions élémentaires prenant la forme suivante pour le nœud i :
Pi (α , β ) = Aiα + Bi β + C iαβ + Di
Démontrer que les coefficients des 4 fonctions de forme d’un élément de référence sont les
solutions du système linéaire suivant :

-1 -1 1 1  A1 A2 A4   1
A3 0 0 0
 
 1 -1 -1 1  B1 B 2 B3 B 4  0 1 0 0
   =
 
 1 1 1 1 C1 C 2 C 3 C 4  0 0 1 0
 
-1 1 -1 1  D1   
   D 2 D 3 D 4  0 0 0 1

Question 3 : Approximation géométrique iso-paramétrique

La solution du système linéaire précédent Calculer à partir de cette solution l’image


est : d’un point de l’élément de référence de


-1 1 1 -1 
 coordonnées ( α , β ) dans l’espace réel (x,y),
 4 4 4 4 
  vous devez à cette fin expliquer l’origine des
 
 -1 -1 1 1 
  formules suivantes :
 4 4 4 4 
 
  x = ∑i =1 xiPi (α , β )
4
 1 -1 1 -1 
 
 
 4 4 4 4 
y = ∑i =1 yiPi (α , β )
4
 
 1 1 1 1 
 
 4 4 4 4 
 

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(x=0, y=2) (x=1, y=2)


Calculer en particulier l’image dans l’espace
réel du centre de l’élément de référence.

(x=0, y=0) (x=2, y=0)


Figure 10 : Elément fini étudié

Question 4 : Approximation du champ de déplacement dans l’élément fini.

Toujours en utilisant les fonctions d’interpolation sur les éléments conforme ; calculer le
déplacement au centre de l’élément fini de la figure 10 sachant que seul son nœud de
coordonnées (1,2) se déplace horizontalement de u=1 et verticalement de v=1 (valeurs en
micro-mètres).

Question 5 : Calcul du Jacobien de la transformation géométrique


Partant des expressions de la question 3, calculer la matrice Jacobienne ( J )de la
transformation géométrique. Cette matrice (2*2) est telle que :
dx  dα 
dy  = J  dβ 
   
Exprimer les valeurs numériques de cette matrice au centre de l’élément fini. En déduire
−1
l’inverse de la matrice Jacobienne ( J ) au même endroit.

Question 6 : Déformations
1  ∂u ∂v 
On rappelle d’une part que ε xy =  + 
2  ∂y ∂x 
Et d’autre part que l’inverse de la matrice Jacobienne peut aussi s’écrire :
 ∂α ∂α 
−1  ∂x ∂y 
J = 
 ∂β ∂β 
 ∂x ∂y 
En déduire les valeurs des déformations ε xx , ε yy , ε xy au centre de l’élément fini.

r
Question 7 : A partir de l’état de déformation précédent, déterminer le vecteur n
r
correspondant à la direction principale de traction, faire un schéma montrant le vecteur n au
centre de l’élément fini.

Question 8 : On se propose maintenant de calculer la dimension de l’élément fini dans la


r
direction n . La première partie est analytique et ne nécessite pas de connaître la solution de la
question 7.

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Sachant que le Jacobien de la transformation géométrique est défini par la relation :


dM = J dm
Avec : dM un vecteur de l’espace physique et dm son image dans l’élément de référence,
r
démontrer que la longueur l (n ) peut être approchée par la relation :
r 2
l (n ) = −1
r
J n

Question 9 : Sachant que la résistance à la traction directe est de 1MPa et que l’énergie de
fissuration est de 1.10-4 MPa.m. Déduisez des résultats précédents la valeur numérique de la
déformation à rupture ( ε r ) à utiliser dans la loi de comportement de l’élément de la figure 10
pour l’état de déformation de la question 6. Justifiez vos réponses.

Question 10 : Quelles sont les conditions aux limites du problème mécanique visualisé sur la
figure 7 ? Faire un schéma précisant ces différentes conditions aux limites. Précisez en
particulier comment, dans Comsol, vous auriez appliqué le chargement croissant.

Question 11 : Supposons maintenant que l’on veuille étudier un problème thermo-élastique


avec des éléments QUA4. Quelles seront les inconnues nodales ? Justifier votre réponse en
donnat les principales équations du problème.

Question 12 : Si la conductivité thermique est indépendante de la déformation mais que le


module d’Young dépende de la température, est il possible de découpler la résolution des
problèmes thermique et mécanique ? Justifier vos réponses en vous basant sur les lois d’état
de ces problèmes.

Question 13 : Si nous utilisons maintenant le QUA4 pour un problème Thermo-Hydro-


Mécanique, quelles sont les variables d’état ? Combien y a-t-il d’inconnues à chaque nœud
pour une problème en déformation plane ? Justifier votre réponse en vous appuyant sur les
lois d’état et les lois de conservation à utiliser.

Question 14 : Si dans le problème THM la compressibilité du fluide dépend de la


température, comment peut-on prendre en compte cette particularité dans le logiciel Comsol
multiphysique ?

Question 15 : Pourquoi les différents problèmes physiques rencontrés dans le domaine du


génie civil admettent’ ils des formulations aux éléments finis analogues ? Justifiez votre
réponse à travers quelques exemples incluant des équations de conservation, des équations
d’état et des conditions aux limites.

***

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