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Wallace
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A
Once upon a story time
magic spell
you need a !
to keep me on my toes!
You thought this trap would really fool
I admit, I am impressed.
R o bi n H o o d
But just saved the day.
spring
what’s with this great big ?
What a big trap you had here!
a
happily ever after…
Run, run as fast as you can.
Can you
All rights reserved. The characters and events portrayed in this book are fictitious
or are used fictitiously. Any similarity to real persons, living or dead, is purely
All brand names and product names used in this book are trademarks, registered
The art was first sketched, then painted digitally with brushes designed by the artist.
(630) 961-3900
sourcebookskids.com
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La pluie tombe depuis huit jours. Nous serons bientôt en
décembre. Une odeur froide, qui semble venir des pierres trempées
d’eau et prêtes à se dissoudre, — pierres des vieux murs
ruisselants, pierres des pavés entre lesquelles bondissent de petits
flots ininterrompus, monte de toute la ville. Une danse enragée et
lourde, qui menace de tout enfoncer, ne cesse de bondir et de
piétiner là-haut les tuiles du vieux toit. Il y a dans ce bruit, pressé et
continu, je ne sais quelle monotonie affolée qui étourdit, engourdit, et
mêle à la somnolence un insupportable malaise. — Automne tout
pareil à celui d’alors, à l’automne qui suivit ce soir où je n’allai pas
chez François Landargues, pour supporter le mal qui vient de vous,
il faudrait être au fond de soi très riche ou d’une entière pauvreté.
Mais je suis également loin de la force et de la stupeur. Les
médiocres comme moi ne savent que sentir.
… Nul jour ne se détache entre les mornes jours qui suivirent. Je
ne vois pas ce temps derrière moi comme une suite d’heures
formant des semaines avec leurs dimanches. C’est une seule masse
grise et pesante comme ces vapeurs qui roulent en novembre sur
les prairies crépusculaires. Le temps était mauvais ; la nuit tombait
vite. Émue encore des confidences que j’avais dû lui faire, maman
me considérait trop souvent avec une frayeur désolée. Et puis elle
fermait les yeux, et la méditation qu’il lui fallait subir creusait en
quelques minutes son visage si pâle et si fin. C’est elle, dans ces
moments, qui portait mes remords et elle ne se consolait point de
tout ce que sa chair et son âme avaient mis en moi de faible et de
passionné. — Elle ne me parlait de rien d’ailleurs. J’avais supplié
qu’il en fût ainsi, elle admettait ma prière, et le nom des Landargues
qui, dans nos heures provinciales, revenait jusqu’alors assez
souvent entre nous, n’était plus jamais prononcé.
Je ne me plaignais d’aucune peine, je n’en voulais point
éprouver, et, m’appliquant à rire souvent, je mettais toute ma bonne
volonté à m’occuper sans cesse et utilement, aidant au ménage
comme à la couture, pliant le linge et préparant les pommes et les
figues pour les conserves de l’hiver. Mais ma souffrance, que
semblaient écarter tant de petits gestes, dès qu’ils s’interrompaient
revenait aussitôt se serrer contre mes épaules, et tout mon mal, se
remuant avec force, étirait ses griffes au dedans de moi. D’une
imagination ou d’une mémoire tout à la fois inlassable et épuisée, je
cherchais François, ses phrases durant nos rencontres, ses regards
et ses gestes. Et souvent je chérissais tout de lui, ses tristesses et
ses sourires, et jusqu’à son cœur sec, jusqu’à ses méchancetés
douloureuses ; mais souvent aussi, le comprenant plus clairement, je
n’avais plus pour lui que de la répulsion.
Deux fois déjà, dans la rue Puits-aux-Bœufs et sur le quai du
Rhône, je l’avais revu. On ne me permettait plus de sortir seule, je
ne le demandais pas ; Guicharde chaque fois marchait auprès de
moi. Et, sans presser ni ralentir le pas, il avait salué, d’un geste
indifférent, laissant toutefois s’attacher sur moi un regard d’où ne
venaient ni regrets ni prière, mais seulement, blessante de cette
façon aiguë qu’il savait trop bien faire sentir, la plus méprisante
ironie. M’aimait-il, m’avait-il aimée ? Était-ce de l’amour, ce que moi-
même j’avais éprouvé pour lui ?… Mais les jours passèrent et je
commençais de ne plus bien connaître les causes de ce grand
tourment qui m’occupait encore… Lui-même peu à peu s’en allait de
moi. Et je me rappelle, comme le printemps allait venir, les belles
heures que je passais à la fenêtre de ma chambre, qui était la plus
petite au bout du couloir blanchi à la chaux. Quel bonheur me venait
alors de mon cœur vide, paisible et léger ! Le soleil disparaissait
derrière les monts de l’Ardèche, et devant moi, du ciel où s’étaient
dissous les derniers rayons au fleuve qui le recevait avec eux, la
couleur du miel occupait tout l’espace.
Pauvres âmes que les petites et les ignorantes comme la
mienne, tour à tour paisibles et brûlées, savourant leur folie,
appréciant leur sagesse, et ne sachant jamais bien où il leur
convient de s’établir !
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Le printemps fut aigre et changeant comme il est souvent dans
nos pays, avec des coups de vent glacé qui secouent sur leur tige et
font tomber les fleurs naissantes, et des soleils si chauds que le blé
vert semble s’allonger dans la minute que l’on met à le regarder. Je
recommençais de sortir seule dans les petites rues qui tournent
autour de la maison et j’apercevais quelquefois le docteur Gourdon.
Il venait là pour soigner l’enfant d’un charpentier, atteint de
tuberculose osseuse et auquel s’intéressait Mme Livron qui est fort
riche, et grande amie de la vieille Mme Landargues. Il me saluait
avec un grand respect et me regardait longuement.
Un jour, il me parla. C’était devant la « Maison des Têtes », où
trois seigneurs et quatre dames, du temps du roi François Ier,
sculptés merveilleusement dans la pierre brunie, penchent au-
dessus des fenêtres à croisillons leurs têtes coiffées de plumes ou
de perles. La rue est malpropre et fort étroite. Au moment que je
passai auprès du docteur, je glissai sur une pelure de pomme et
manquai de tomber. Il étendit le bras pour me retenir et, comme je le
remerciais, en riant de ma maladresse, il rit avec moi. Ensuite, il me
demanda si ma santé était bonne, et s’informa avec un grand intérêt
de ma mère qu’il apercevait quelquefois le dimanche et qu’il trouvait,
me dit-il, un peu pâle et fatiguée. Je répondis qu’elle était, en effet,
d’une santé fragile, et nous demeurions l’un devant l’autre, ne
sachant plus bien ce qu’il fallait ajouter.
Alors, ayant, me parut-il, hésité légèrement, il me demanda :
— Y a-t-il longtemps, mademoiselle, que vous n’avez vu M.
François Landargues ?
La question n’était que banale. Elle me troubla cependant, car je
ne l’attendais point et je répondis : « Très longtemps », avec une
indifférence excessive et maladroite. Fabien Gourdon ne fut point
assez délicat pour ignorer mon trop visible malaise :
— Oh ! dit-il, baissant un peu la voix, je vous demande pardon
d’avoir réveillé des souvenirs…
— Il n’y a pas de souvenirs, ripostai-je.
— A la bonne heure ! approuva Gourdon.
Et il soupira, parce qu’il supposait sans doute que j’avais le cœur
gros et qu’il tenait à me rendre évidente toute sa sympathie :
— Que voulez-vous !… Il était bien à prévoir que Mme
Landargues, si intransigeante, ne permettrait pas à son petit-fils de
se marier selon sa tendresse !
Avait-il donc pu croire que François désirait m’épouser ? Je fus
touchée, et cela me flatta de découvrir chez quelqu’un cette pensée
qui ne m’était jamais venue. Je regardai mieux Gourdon. Il était
admiratif, pitoyable et sincère. Alors je pensai qu’il était honnête de
cœur et de cerveau, et je le fus sans doute moins que lui, car, ayant
fait un geste vague qui pouvait marquer un grand détachement pour
ces choses déjà lointaines, je ne le détrompai pas.
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