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CALCUL INTÉGRAL
2007 - 2008
Why life is hard
Soit la suite double xn;p (n;p) 2 NN dénie par xn;p = 1 si n p et xn;p = 0 si n < p.
Pour chaque 2
n ! xn;p est une suite sur N notée xn;:. De même on peut
N l'application p
pour chaque p 2 N dénir la suite x:;p . Soit n xé. A partir de p = n + 1; xn;p = 0. Donc
limx
p!+1 n;p
= 0. Si on xe p, à partir de n = p, xn;p = 1 et n!lim x = 1. Conclusion
+1 n;p
lim x
p!+1 n!+1 n;p
lim =1 et lim x lim
n!+1 p!+1 n;p
= 0.
Ces limites itérées sont distinctes. En conséquence :
rance de ce principe est la cause de la plupart des échecs en LM315. En eet les limites appa-
Un exemple familier de la non-commutativité des limites est le fait qu'une limite f d'une suite
(fn)n 2 N de fonctions continues sur un intervalle [ a; b ] n'est pas nécessairement continue. Il sut
de poser a = 0; b = 1 et fn (x) = xn . La fonction f vaut 0 sur [ 0; 1[ et f (1) = 1: On se souvient
qu'il sut d'ajouter une hypothèse pour qu'une limite de fonctions continues soit continue, c'est
de rendre licite dans des cas particuliers ce qui est interdit dans le cas général. Un autre
exemple est le théorème de Schwartz permettant, sous certaines conditions, d'échanger l'ordre
L'objet principal de ce cours est de fournir ces outils lorsqu'une des deux limites à échanger
est celle contenue implicitement dans la notion d'intégrale. A chacun des 5 exemples précédents
i
Pour xer les idées on se place sur un intervalle ] a ; b [.
Suites. Soit
Z
(fn)n 2 N une suite de fonctions intégrables. On a donc la suite (In)n 2 N dénie
b
par In = fn (t) dt. Le problème est alors de savoir quand on peut écrire
a Z b Z b
lim
n!+1 a
fn (t) dt = lim f
n!+1 n
(t) dt:
a
Il faut déjà que le membre de droite ait un sens, ce qui signie que la suite (fn)n 2 N converge
simplement vers une fonction f , et que cette dernière soit intégrable. Même dans ce cas rien
ne garantit que la limite de gauche existe, ni, lorsqu'elle existe, qu'elle soit égale à celle de
droite. Ce problème est réglé en intégration de Riemann par l'hypothèse de convergence uni-
forme, beaucoup trop contraignante pour être réellement utile. Bonne nouvelle, la convergence
Continuité. Si on passe des suites à la notion de continuité, on passe d'un paramètre discret à
valeurs entières, à un paramètre continu à valeurs réelles. La suite (fn )n 2 N est donc remplacée
par une fonction de deux variables f (x; t) dénie sur un ensemble de la forme X ] a ; b [. Le
point x 2 X est le paramètre et t 2 ] a ; b [ est la variable d'intégration. On suppose que
f est continue par rapport à x est intégrable par rapport à t. On peut donc dénir une
Z b
fonction F sur X en posant F (x) = f (x; t); dt. La question initiale d'interversion des
a
limites devient ici celle de la continuité de F . A nouveau, celle-ci n'a rien d'automatique.
Dérivabilité. Si on suppose de plus que f possède une dérivée partielle par rapport à x, la
question est de savoir si F "hérite" de cette propriété. En d'autre termes, F est-elle dérivable
Z b Z b
d @
et a-t-on F 0 ( x) = f (x; t) dt = f (x; t) dt:
dx a a @x
Intégrale. S'il s'agit d'échanger deux intégrales, cela signie qu'il y a deux variables d'inté-
gration, chacune jouant pour l'autre le rôle de paramètre. On a donc une fonctions f dénie
dans la composition des fonctions x ! x + 3 et x ! 4x. La diérence dans ce cas est que
l'interversion n'est jamais autorisée, car 4(x +3) n'est jamais égal à 4x +3 et donc la tentation est
moins grande. Quand on se retrouve à confondre les deux, c'est qu'on a oublié les parenthèses.
Ça met par terre tout le calcul mais il n'y a pas de faute grave. Par contre, dans le cadre
d'un cours dont l'objet fondamental est d'enseigner le discernement entre ce qui est
licite et ce qui ne l'est pas, faire une opération a priori interdite sans avoir vérié
qu'on en a bien le droit, c'est faire la preuve qu'on n'a rien compris ni au cours, ni
à sa nalité, avec les conséquences pratiques qu'on peut deviner. Un calcul, intégral ou pas,
doit être juste et justié. On l'a bien compris : sa justication est ici beaucoup plus importante
que son exactitude. Quand il s'agira de contruire un pont ce sera l'inverse. Une justication
signie en général l'application d'un théorème. Une incantation du genre "par Fubini", "par
Lebesgue", ou pire, "par théorème" ou "d'après le cours" n'est pas de nature à convaincre qui
que ce soit. Un théorème, c'est parfois un nom, mais c'est toujours des hypothèses, et une ou
plusieurs conclusions. Ce n'est pas la citation du premier qui permet de faire l'impasse sur les
J'espère que le titre de ce prologue a pris tout son sens. Pour les anglophobes résolus, voici sa
traduction : "Pourquoi la vie est dicile". C'est ce que ce prologue tente d'expliquer dans le
1.3.1 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3.2 Dérivabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3 Espaces Lp 20
3.1 Inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
A Rappels de langage 25
A.1 Fonctions caractéristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
iv
A.2 R et R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
C.4 Récapitulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Chapitre 1
Le calcul intégral trouve son origine dans les calculs d'aire ou de volume. Le niveau 0 est le cal-
cul de l'aire d'un rectangle, qui est le produit des longueurs des côtés. La question se complique
si la surface plane dont on veut calculer l'aire n'est plus simplement délimitée par 4 droites
parallèles aux axes de coordonnées, mais si l'une d'entre elles est remplacée par une courbe.
y = f (x)
a b -
O
Antérieur au problème du calcul d'une telle aire se trouve celui de sa dénition. Pour cela on
Principe de monotonie: Une surface incluse dans une autre a une aire plus petite.
Principe de linéarité: L'union de deux surfaces disjointes a une aire égale à la somme de
leurs aires.
1
2
Ces deux principes joints au calcul de l'aire d'un rectangle conduisent à dénir de manière claire
l'aire de portions du plan délimitées par exemple par des droites d'équations x=a et x=b
(en supposant a < b), y = 0 et la courbe d'équation y = f (x), où f :] a ; b [ ! R+ est une
application susamment régulière, par exemple continue ou continue par morceaux, ou encore
monotone. On sait que la théorie de l'intégrale de Riemann fournit une réponse satisfaisante à
la question que nous venons d'évoquer et que l'aire de la surface ainsi délimitée vaut
Z b
A= f (t) dt:
a
du prologue. C'est pourquoi elle est remplacée par la théorie de Lebesgue. Sur le plan pratique
il faut retenir que pour toutes les intégrales déjà vues en Riemann, rien ne change, à
l'exception des intégrales généralisées semi-convergentes qui ne sont pas dénies dans
ce nouveau cadre, et des notations.
Dénition: Un sous-ensemble E de R est négligeable s'il peut être inclus dans un ouvert de
mesure arbitrairement petite.
1 Voir l'annexe C
3
Dénition: Une propriété P a lieu presque partout (souvent noté "p:p:") ou pour presque
tout x si l'ensemble E des points où P n'est pas vériée, est négligeable.
Par exemple, une fonction bornée sur un intervalle borné est Riemann-intégrable si et seule-
ment si elle est presque partout continue (ce qui n'a rien d'évident). Les ensembles nis ou
les ensembles dénombrables i.e. de la forme fxn; n 2 Ng sont négligeables. Ce sont les seuls
ensembles négligeables que nous rencontrerons en une variable.
une fonction mesurable. Nous nous contenterons d'une dénition opérationnelle susante pour
les applications. Avant cela nous devons signaler "l'opération interdite." Les fonctions que
dénie. Quand on écrira la fonction f + g, on sous entendra que l'ensemble des x tels que
ff (x); g(x)g = f 1; +1g est négligeable. Par contre les opérations 0 1 sont dénies et
donnent 0:
Dénition: L'ensemble M des fonctions mesurables sur R est le plus petit ensemble conte-
nant les fonctions continues et les fonctions nulles presque partout, stable par addition, multi-
Si (fn)n 2 N est une suite de fonctions mesurables et s'il existe f telle que n!lim f (x) = f (x)
+1 n
presque partout, alors f est mesurable.
conséquence une fonction peut être mesurable en n'étant dénie seulement presque partout,
par exemple si c'est la limite d'une suite qui converge presque partout.
Théorème 1.1. Il existe une application unique I : M+ ! R+ telle que pour toute fonction
Z +1 Z +1
continue dont l'intégrale f (t) dt converge (absolument) I (f ) = f (t) dt et possédant
1 1
les propriétés suivantes :
I (f ) 0 pour tout f 2 M+
I (f + g) = I (f ) + I (g) pour tous f; g 2 M+ .
4
Si (fn)n 2 N est une suite croissante de fonctions de M+ tendant vers une limite2 f , alors la
suite (croissante) I (fn ) tend vers I (f ).
Ici la suite est croissante non pas si les fn sont croissantes, mais si la suite f n ( x) n 2 N est
nie ou innie.
Dénition: Une fonction f 2 M+ est intégrable si I (f ) < +1. Une fonction f 2 M est
intégrable si la fonction jf j l'est.
L'ensemble des fonctions intégrables est noté L1. C'est un espace vectoriel. Ce n'est pas tota-
lement évident et provient du fait qu'une fonction intégrable est presque partout nie.
Il reste à dénir l'intégrale d'une fonction intégrable de signe quelconque. Il nous sut de
remarquer que l'espace L1 est engendré par ZL1 \ M+ et de savoir que I peut être étendue
être localisée lorsqu'on considère des fonctions dénies seulement sur un intervalle. On écrit
Z
alors l'intégrale de f sous la forme f d où J est l'intervalle d'intégration, ouvert fermé peu
J Z
importe. La principale diérence avec l'écriture en Riemann est que dans f d, on suppose
Z a ] a ; b [Z
b
toujours que a < b alors que par convention pour tous a et b, f (t) dt = f (t) dt.
b a
Pratiquement, si 1 a < b +1, et dans un des deux cas suivants :
f est Riemann intégrable sur ] a ; b [, (ce qui entraîne que f et ] a ; b [ sont bornés)
l'intégrale généralisée de f sur ] a ; b [ converge absolument,
Z b Z
alors f (t) dt = f d:
a ]a;b[
une suite de fonctions intégrables à valeurs dans R ou dans C, convergeant p:p: sur ] a ; b [ vers
une fonction f .
minée d'emploi beaucoup plus facile. Il s'agit du T.C.D. sur R. Il s'étend à l'intégration en
plusieurs variables que nous verrons plus loin.
grable.
employer n'est jamais celle de Taylor Young, avec son "(t) au signe aléatoire, mais soit celle
de Taylor Mac-Laurin, ou Taylor Lagrange, soit celle avec reste intégral.
La fonction majorante doit être intégrable, ce qui signie que la fonction t ! 1=t2 est à
La fonction majorante doit être explicite. Les incantations du genre "soit une fonction
majorante" augurent mal de la suite. En exigeant que la fonction soit explicite, on admet que
8 n 2 N ; 8 x 2 R ; fn(x) = f1(+x=nx2)
on pourra poser 8 x 2 R ; g(x) = sup f (y) 1 +1 x2 .
y2R
Toutes les erreurs auxquelles il est fait ici allusion ont naturellement des "correspondants"
dans les variantes de ce théorème, que ce soit en plusieurs variables ou si l'on considère des
intégrales dépendant d'un paramètre pour lesquelles se posent les questions de continuité, de
dérivabilité, et éventuellement de développement en série entière. Une seule de ces erreurs sut
à mettre par terre toute l'application du théorème. On l'a bien compris, c'est dans le choix de
formule de Taylor Young et autres équivalents, retrouvent toute leur légitimité. Paradoxalement
la liberté dont on dispose pour choisir la fonction majorante peut être paralysante. Dans le doute
on peut toujours choisir g = sup jfn j, à condition que cette fonction soit intégrable. S'il s'avère
n2N
que la fonction g ainsi obtenue n'est pas intégrable, le théorème ne peut pas s'appliquer car ce
choix de fonction majorante est le plus petit possible, soit, celui qui a "le plus de chance" d'être
intégrable. Un autre écueil est que cette fonction g peut être délicate à exprimer. Mais en général
les oscillations de la suite fn (x) n 2 N sont assez simples, et le sup est atteint soit en n = 0,
7
soit en +1. Lorsque les choses sont plus compliquées, seule l'expérience permet d'acquérir la
capacité à deviner une bonne fonction majorante, c'est à dire une fonction explicite dont on
puisse vérier l'intégrabilité et le caractère majorant. Cette expérience ne s'acquiert pas dans
Théorème de Fubini sur les séries positives. Soit ] a ; b [ un intervalle de R. Soit (un)n 2 N
!
1
X
Z Z 1
X
une suite de fonctions dans M+. Alors un d = un d.
n=0 ]a;b[ ]a;b[ n=0
Dans cette égalité les deux membres sont bien dénis car tout est positif, mais ils peuvent
1
X
être simultanément égaux à +1, par exemple si la série un diverge sur un ensemble non
n=0
négligeable.
On appelle ce théorème "Fubini positif" pour aller vite, "Fubini" faisant référence au suivant,
Théorème de Fubini sur les séries. ] a ; b [ un intervalle de R. Soit (un)n Z2 N une suite
Soit
1
X
de fonctions intégrables à valeurs dans R ou dans C. On suppose que la série junj d
n=0 ] a ; b [
converge. Alors
1
X
la série ()
un x converge p:p: et sa somme S est intégrable sur ] a ; b [,
n=0
X1 Z Z
la série un d converge et vaut S d.
n=0 ]a;b[ ]a;b[
riables. Ici on échange sommation et intégration. Plus loin ce sera deux intégrations mais le
principe est le même, la sommation n'étant que l'intégration dans un cadre discret.
1 Z
X 1
X
Notons que, d'après Fubini positif, la série junj d converge ssi la fonction junj est
n=0 ] a ; b [ n=0
intégrable sur ] a ; b [.
Ce théorème, qui fournit une condition susante pour pouvoir échanger les signes somme et
8
1
X
intégrale, dit seulement que si le majorant évident 3
g:x ! g(x) = jun(x)j est intégrable,
n=0
il n'y a qu'à le choisir comme fonction majorante. Cette condition se trouve satisfaite dans la
plupart des cas où il s'avère que cet échange est légitime. Une exception notable est celui où
1
X 1
X
la série jun(x)j diverge sur une partie non négligeable de ] a ; b [ alors que un (x) converge,
n=0 n=0
par exemple dans le cas d'une série alternée. Dans cette situation il faut revenir à la dénition
de la somme d'une série4 et appliquer le T.C.D. directement à la suite des sommes partielles.
Dans le cas des séries alternées (avec valeurs absolues décroissantes comme dans le critère des
séries alternées), le premier terme de la série fournit toujours, en valeur absolue, la fonction
majorante désirée.
1.3.1 Continuité
Si I est un intervalle contenant une de ses bornes, il y a une variante pour la continuité à
gauche ou à droite. De même si une des bornes est innie, on peut passer à la limite à l'inni,
La continuité étant une propriété locale, pour montrer que F est continue sur un intervalle
I , il sut de montrer qu'elle est continue sur tout intervalle compact inclus dans I . L'intérêt
3 de la suite des sommes partielles. La suite des sommes partielles, souvent notée
n 1
(Sn )n 2N est dénie par
X X
Sn (x) = uk (x) . Pour x xé, on dit que uk (x) converge ssi la suite Sn (x)
n 2 N converge et on pose,
k=0 k=0
1
X
uk (x) = lim Sn (x):
n!+1
k=0
9
de cette remarque est que, très souvent4 , il est impossible de trouver une fonction majorante
valable sur tout I . Dans ces cas-là on fait une localisation : on considère un intervalle quel-
conque [ c; d ] I et on recherche une fonction majorante g[ c; d ] pour appliquer le théorème
sur le domaine ] a ; b [[ c; d ] et montrer la continuité de F sur [ c; d ]. La continuité de F sur
I en découle si les bornes c et d peuvent être choisies arbitrairement. Par exemple si I = R+ ,
on pourra considérer les intervalles [ 1=n; n ] et montrer la continuité de F sur [ 1=n; n ] pour
Dans l'application de ce théorème une première diculté est de ne pas confondre le paramètre
x et la variable d'intégration t. Le danger sera d'autant plus grand lorsque dans l'énoncé t se
trouve être le paramètre et x la variable d'intégration. Le risque est également accru lorsque le
domaine d'intégration en t et le domaine de variation du paramètre en x sont les mêmes, par
exemple l'intervalle [ 0; 1 ], R+ ou R.
Une autre diculté plus sérieuse est de bien choisir la fonction majorante g[ c; d ] . Le meilleur
Il faut étudier pour t xé les variations sur [ c; d ] de la fonction x ! f (t; x) de façon à estimer
ce sup. En général ce sup n'a aucune raison d'être atteint aux bornes de l'intervalle. Ce sera
toutefois le cas si pour tout t 2 ] a ; b [ ; la fonction x ! f (t; x) est monotone. On pourra
alors prendre g[ c; d ] (t) = jf (t; c)j + jf (t; d)j, qui, sans être le sup de (|), est du même ordre de
grandeur.
Un cas fréquent est celui où la fonction f (t; x) est de la forme u(t; x) v(t; x), où u(t; :)
est décroissante et v(t; :) est croissante, u et v étant à valeurs dans R+. Dans ce cas on peut
= u(t; c) v(t; d), à condition que ce produit soit intégrable. Par exemple, si
prendre g[ c; d ] (t)
p p
f : R+ R+ ! R est dénie par f (t; x) = e tx t2 x , on peut prendre g[ c; d ] (t) = e td e t2 c .
Il faut évidemment s'assurer de ce que le paramètre n'apparaît pas dans la fonction
majorante.
Ces remarques valent également, à des modications évidentes près, pour le théorème qui clôt
la sous-section suivante.
4 Supposonsque les fonctions fg : t ! fg (t) et fd : t ! fd (t) puissent être dénies par prolongement par
continuité en x à t xé, aux bornes de I . Une fonction majorante g valable sur tout I devrait, par continuité,
également majorer jfg j et jfd j, ce qui est impossible si fg et fd ne sont pas elles-mêmes intégrables. Donc si fg
et fd sont bien dénies mais ne sont pas intégrables, il est inutile de chercher une fonction majorante globale.
10
1.3.2 Dérivabilité
Théorème 1.3. Soit ] a ; b [ et I deux intervalles de R et f :] a ; b [I ! R telle que
8 x 2 I ; t ! f (t; x) est intégrable sur ] a ; b [,
8 (t; x) 2 ] a ; b [I ; @f
@x
(t; x) g(t).
Z
Alors F :I ! R ; x ! F (x) = f (t; x) d(t) est dérivable sur I et
]a;b[
Z
@f
F 0 ( x) = (t; x) d(t).
] a ; b [ @x
Si on veut en plus montrer que F est continûment dérivable, il faut appliquer le théorème de
Les remarques concernant la localisation faites dans le cas de la continuité s'appliquent égale-
Notons que la fonction F peut être dérivable sans que le théorème ne s'applique. Le théorème
tangle borné, ou sur un pavé, i.e. un produit d'intervalles bornés, en dimension supérieure. A
partir de là on peut dérouler le même l qu'en dimension 1 avec les notions d'ensemble négli-
par rapport à la dimension 1 est la dénition de la mesure (de Lebesgue) d'un ouvert. Comme
les détails ne sont pas éclairants, il sut de savoir que le graphe d'une fonction continue sur Rd
est toujours négligeable dans Rd+1 . Ainsi une conique est négligeable dans R2 car c'est toujours
la réunion d'un nombre ni de portions de graphes. Un autre point à moer est la dénition
de l'intégrale d'une fonction continue. D'après l'identité précédente on peut dénir l'intégrale
ramène à deux calculs d'intégrales simples. Par récurrence on peut étendre cette dénition à un
nombre quelconque de variables pour des fonctions continues dénies sur des pavés. On peut
11
12
faire des passages à la limite comme en une variable pour dénir des intégrales généralisées
Z
notées f dd pour des fonctions continues sur Rd. Toutefois, comme pour l'intégrale de
Rd
Lebesgue en dimension 1, ces expressions n'ont de sens que si f reste positive, ou si dans le cas
Z
contraire, jj
f dd est ni.
Rd
Ceci étant, toute la section 1.1.2 peut être recopiée avec les modications évidentes.
être amené à intégrer sur des intervalles. En plusieurs variables la situation est plus compliquée.
Pour la mesurabilité, en théorie cela signie que E peut être obtenu en mélangeant procédés
pratique cela veut dire que E peut être quasiment n'importe quoi d'un peu explicite.
Notations: Z
Pour une partie mesurable E de Rd on notera d (E ) = E dd qu'on appellera la mesure
Rd
de E . Une partie mesurable est intégrable ssi sa mesure est nie.
Le succès du calcul en plusieurs variables tient aux liens qui existent entre les diérentes di-
Dans la suite p, q et d désigneront toujours trois entiers tels que d = p+q et on identiera
toujours Rd et Rp Rq .
13
complémentaire.
Exemple: Soit Z = z 2 Rd ; kz k 1 k:k désigne la norme euclidienne sur Rd de sorte
. Ici
que Z est la boule de rayon 1 centrée sur l'origine. Pour x 2 Rp , Zx;: = u 2 Rq ; k(x; u)k 1 :
Par abus de notation, k:k désignera aussi la norme euclidienne sur Rq et Rp . On a k(x; u)k2 =
kxk2 + kuk2. Par conséquent k(x; u)k 1 () kuk2 1 kxk2. On en déduit que si kxk > 1,
p
Zx;: = ; et si kxk 1; Zx;: est la boule de rayon 1 kxk2 centrée sur l'origine.
Remarques:
En échangeant les rôles de p et q on a des conclusions analogues et en particulier
Z
d (E ) = p E:;y dq (y).
Rq
Un hyperplan de Rd est négligeable. En eet, quitte à faire une permutation sur les coor-
Xn
données, on peut supposer que l'équation de l'hyperplan est de la forme x1 b ai xi . = +
i=2
=
On décompose Rd en Rd R Rd 1 et on pose, pour x
Z
2
Rd, x x1; y avec x1 R et =( ) 2
2
y Rd 1 . On a alors d () = ()
:;y dd 1 y . Or pour tout y Rd 1 , :;y x1 ; 2 =f g
Rd 1
la valeur de x1 étant donnée par l'équation de . On en déduit :;y , ce qui implique 0
d () = 0:
Exemple: Soit à calculer d Bd , Bd étant la boule unité de Rd. En choisissant p=1 et
Z
q=d 1, on obtient d Bd = d 1 (Bd)x;: d(x). Comme on l'a vu, (Bd)x;: est la boule
p R
centrée sur l'origine de rayon 1 x2 pour jxj < 1 et ; sinon. Pour faire une récurrence sur la
dimension, il faut utiliser le cas particulier fondamental de la page 16 qui permet de calculer
Il n'y a plus qu'à calculer chacune des intégrales apparaissant dans le produit3 .
2B
1 est le segment [
1; 1 ].
3 Uneméthode plus rapide consiste à faire une factorisation de Rd en R2 Rd 2 , qui ramène à une intégrale
sur R2 , hors de portée pour l'instant (cf page 17).
15
Remarques:
Ce théorème permet de ramener le calcul d'une intégrale sur Rd au calcul d'une intégrale
des intégrations les yeux fermés. Il faut bien vérier les hypothèses sur f, en particulier
l'intégrabilité dans le cas non positif. En eet si f n'est pas intégrable, les deux intégrales
Notations:
Soit : U ! V un C 1 - diéomorphisme. Son application diérentielle au point x 2 U est
notée D (x).
La matrice de D (x) dans la base canonique est la matrice jacobienne notée J (x).
Voyons en quoi ceci est un cas particulier. Si n'est pas inversible alors (Rd ) est contenu
dans un hyperplan qui est négligeable. Si n'est pas inversible posons f = E et notons
d'où la conclusion.
jU est une bijection de U sur V et la matrice jacobienne J (r; ) = cos r sin est une
sin r cos
fonction continue, dont le déterminant J (r; ) = r ne s'annule pas. Il sut donc d'appliquer
le corollaire 2.1.
17
Exemples Z Z
- Calcul de I= e x2 d. Notons que, d'après le théorème de Fubini, 2
I = 2 e x2 y2 d2. On
R R
obtient, par la proposition 2.3, et l'application du théorème de Fubini sur R+ [ 0; 2 [
Z Z Z
2 2 2 2 r2 r d r2
+1
I2 = e r (cos +sin ) r d2 = e r r d2 = 2 e = e 0
= ;
R+ [ 0; 2[ R+ [ 0; 2[ R+
d'où
p
I = .
- Calcul du volume de la boule unité sur Rd. On reprend le raisonnement de la page 13, à ceci
près qu'on décompose Rd sous la forme Rd = R2 Rd 2 . On écrit donc z 2 Rd sous la forme
Z p d 2 Z p d 2
1 juj2 d2 (u) = 1 r2 r d2 (r; )
B2 ]0;1[]0;2[
Z 1
p d 2
= 2 1 r2 r dr
0
(1 r2 )d=2 1 1 2
= 2 d=2 2 = d :
0
On introduit la notation n!! qui désigne le produit des entiers inférieurs ou égaux à n et de
même parité que n, de sorte que n!! = n (n 2)!!: Cette notation rend l'expression de d (Bd )
assez simple à écrire. Pour d = 2p, 2p B2p = 2(p 1) B2(p 1) . On en déduit par récurrence
p
p
sur p que 2p B2p = , sachant que 2 (B2 ) = . Lorsque d = 2p + 1, on a 2p+1 B2p+1 =
p!
2p 1 B2p 1
2
. On en déduit par récurrence que 2p+1 B2p+1 = 2
(2)p , sachant
2p + 1 (2p + 1)!!
que 1 (B1 ) = 2. À noter que 2p B2p peut aussi s'écrire
(2 )p
(2p)!! .
plan tout en ne touchant pas à la dernière coordonnée. Par exemple on passera de (x; y; z ) à
(r; ; z ), avec r come jacobien. On peut aussi passer en polaires en (y; z ) ou (x; z ).
18
projection orthogonale sur la droite Ox. L'angle entre les demi-droites Ox et OM est noté et
l'angle orienté (!
!
j ; OP ) est noté .
6x
Q xM
M
U r
!i
6 !
!k OZ -j yM -
y
= ZZ
ZZ=
ZZ
ZZ
zM Z~Z
P
=z
Coordonnées sphériques
cos r sin 0
Démonstration. La matrice jacobienne J (r; ; ) = sin cos r cos cos r sin sin est conti-
sin sin r cos sin r sin cos
nue et elle est inversible lorsque J (r; ; ) = r2 sin 6= 0. Soit U = R+ ]0; [ ]0; 2[. Sur
19
6 0. De plus jU
U; J (r; ; ) = est injective. En eet si (r; ; ) 2 U et (x; y; z) = (r; ; )
= x2 + y2 + z 2; = arccos xr et est déterminé de façon unique par cos = r sin y
p
alors r et
z
sin = r sin . Donc jU est un C 1 - diéomorphisme de U sur (U ). Déterminons V = (U ).
Par dénition (x; y; z ) 2 V si et seulement si
p
r = x2 + y 2 + z 2 6= 0;
Remarque: Il ne faut surtout pas retenir par coeur les formules de passage en coordonnées
sphériques, d'autant qu'elles changent d'un livre à l'autre. Il faut avoir le dessin dans la tête et
Exemple: Calcul du volume d'une boule de rayon R dans R3 . On suppose la boule centrée à
l'origine O. En appliquant le théorème de Fubini sur U = R+ ]0; [ ]0; 2[, on obtient
Z Z
B(O;R) d3 = ]0; R ] (r) r2 sin d3 (r; ; )
R3 ZU Z Z
= r2 d(r) sin d() 4
d() = R3 :
]0; R ] ]0; [ ]0; 2[ 3
Chapitre 3
Espaces Lp
3.1 Inégalités
Dénition: Les nombres p; q 2 [ 1; +1] sont conjugués ssi p; q 2 ]1; +1) et p 1 + q 1 = 1,
ou bien fp; qg = f1; +1g:
Remarques:
On dit aussi que q est le conjugué de p
p 1 + q 1 = 1 s'écrit aussi q = p=p 1; p = q=q 1; p 1 = p=q ou q 1 = q=p:
Lemme 3.1. Soit x; y 2 R+ et p; q 2 ]1; +1) conjugués. Alors, xy p1 xp + 1q yq .
Démonstration. Si x ou y 2 f0; +1g; l'inégalité est évidente. Supposons x 2 R+. L'applica-
tionf : R+ ! R dénie par f (y) = xy 1q yq est dérivable et f 0 (y) = x yq 1 s'annule pour
y = x1=q 1 . Le maximum de f est donc x x1=q 1 1q xq=q 1 = (1 1q ) xq=q 1 = p1 xp .
Remarque: Notons que 1=q 1 = p=q. Il y a donc égalité ssi y = xp=q soit yq = xp .
Lemme 3.2. Sur Rd soit f; g 2 M+ et p; q 2 ]1; +1) conjugués. Alors,
Z Z Z
fg dd
1 f dd +
p 1 gq dd .
R d p d
R q d R
Démonstration. D'après le lemme précédent, 8 x 2 Rd; f (x)g(x) p1 f (x) p + 1q g(x) q . Il
sut d'intégrer cette inégalité.
Lorsque les deux membres de l'inégalité sont nis, ils sont égaux ssi f p
Z
= gq p.p..
1=p
Notation: Soit p 2 [ 1; +1) et f 2 M. On note kf kp = jf jp dd .
R d
Remarque: Lorsque les deux membres de l'inégalité sont nis, ils sont égaux ssi jF jp = jGjq
p.p., soit ssi pour une constante C; jgjq = C jf jp . Dans ce cas C = kgkqq =kf kpp :
Corollaire 3.1. Soit f 2 M et p; q 2 ]1; +1) conjugués. Alors kf kp = sup kfgk1; g 2
M; k g k q = 1 .
Démonstration. D'après l'inégalité de Hölder, sup kfgk1; g 2 M; kgkq = 1 kf kp. Il reste
à montrer l'inégalité inverse.
- Si
Z
kf kp < +1; on dénit g en posant g(x) = jf (x)jp=q =kf kp=q
p , de sorte que jg j = jf j =kf kp
q p p
et gq dd = 1. On sait alors que l'inégalité de Hölder est en fait une égalité et on obtient
Z Rd
jfgj dd = kf kp kgkq = kf kp; d'où l'inégalité inverse lorsque kf kp < +1:
Rd
- Sikf kp = +1; Zon prend fn 2 M telle que Zjfnj jf j et kfnkp > n. Soit gn 2 M telle
que kgn kq = 1 et jfngnj dd = kfnkp. Alors d jfgnj dd kfnkp > n. On en déduit que
Rd R
sup kfgk1; g 2 M; kgkq = 1 = +1 = kf kp.
3.2 Espaces Lp et L
p; p 2 [ 1; + 1 )
Dénition: 2 [ 1; +1). On note Lp(Rd) (en omettant souvent Rd) l'ensemble des
Soit p
fonctions f 2 M telles que kf kp < +1.
Une fonction f dans un des espaces Lp est p:p: nie. La somme de deux fonctions de Lp est
Proposition 3.2 (Inégalité de Minkowski). Soit p 2 ]1; +1). Soit f; h 2 Lp. Alors f + h 2
Lp et kf + hkp kf kp + khkp.
22
ensemble négligeable1 , on obtient que Lp est un espace vectoriel sur lequel k:kp est une semi-
norme2 . Comme il est toujours plus agréable de travailler sur des espaces vectoriels normés, on
fait le quotient de Lp par le sous-espace vectoriel des fonctions f telles que kf kp = 0, c'est à
dire l'ensembles des fonctions presque partout nulles. On obtient un nouvel espace noté Lp (Rd ).
Ce nouvel espace est à proprement parler un espace de classes d'équivalence de fonctions. Deux
fonctions sont dans la même classe si et seulement si elles sont égales presque partout. On prend
donc l'habitude de repérer une classe par un de ses représentants, le choix de celui-ci étant sans
importance. Sur le plan pratique, tout se passe comme si les éléments de Lp étaient réellement
Théorème 3.1. Pour tout p 2 [ 1; +1), l'espace vectoriel Lp, muni de la norme k:kp est
complet.
Une autre propriété importante est la suivante. Rappelons que Cc1 (R) désigne l'espace vectoriel
des fonctions dénies sur R, indéniment dérivables et à support compact, donc nulles en dehors
Théorème 3.2. Pour tout p 2 [ 1; +1), Cc1(R) est dense dans Lp(R).
Une traduction de ce théorème avec des quanticateurs est la suivante : si p 2 [ 1; +1), alors
8 " > 0 ; 8 f 2 Lp(R; ) ; 9 g 2 Cc1(R) telle que kf gkp < ":
1 Pour pallier cet inconvénient, on peut modier la dénition de Lp en n'admettant que les fonctions nies
partout.
2 Soit E un espace vectoriel sur R. Une semi-norme N sur E est une application de E dans R+ telle que
8 u 2 E ; 8 t 2 R ; N (tu) = jtjN (u),
8 u; v 2 E ; N (u + v ) N (u) + N (v ).
3 Un espace de Banach est un espace vectoriel normé complet, i.e., toute suite de Cauchy admet une limite
23
Ce théorème reste valable en plusieurs dimensions. Malgré son aspect un peu abstrait, ce théo-
rème est très pratique : il permet en eet de démontrer beaucoup de résultats sur les espaces
eet c'est une fonction mesurable, comme produit de 2 fonctions mesurables, et elle est majorée
Z
en valeur absolue par jf j. On note alors f^(x) = e 2ixt f (t) d(t).
R
Démonstration. Reprenant la dénition d'une limite, on xe " > 0 et on veut montrer l'existence
D'après la densité de Cc1 (R) dans L1 (R), on peut choisir g 2 Cc1 (R) telle que kf g k1 < "=2:
et donc pour jxj > A, quelque-soit le choix de A. La fonction g2 Cc1(R) étant maintenant xée
telle que kf g k1 < "=2, dire que l'on peut choisir A tel que jxj > A =) g^(x) < "=2 signie
exactement que lim g^(x) = 0: Pour conclure la démonstration, il sut donc de montrer que
jxj!+1
8 g 2 Cc1(R) ; jxj!
lim+1 g^(x) = 0:
Il sut pour cela d'eectuer une intégration par parties, en utilisant le fait que g est dérivable,
que sa dérivée est continue et que g s'annule en dehors d'un intervalle compact. On obtient, en
passant en notation de Riemann, et pour x 6= 0,
Z +1 Z +1
e 2ixt g (t) dt = 1 e 2ixt g0 (t) dt:
1 2ix 1
Z +1
g^(x)
1
Il en résulte que
2jxj 1
g0 (t) dt, d'où le résultat.
24
La morale de cette démonstration est que pour démontrer un résultat sur les espaces Lp, un
argument de densité permet souvent de se ramener à une sous-classe dense, pour laquelle le
Il est bien évident qu'avec cette dénition, si f=g presque partout, kf k1 = kgk1 car l'en-
semble des fonctions h sur lequel on prend l'inf est le même pour f et g . Toutefois cette dénition
n'est pas très intuitive. Néanmoins on voit facilement que ce nombre kf k1, appelé la borne
supérieure essentielle f , a les propriétés suivantes
n o
L'ensemble 2 X; f (x) > kf k1 est négligeable.
x
n o
Pour tout t < kf k1 , l'ensemble x 2 X; f (x) > t n'est pas négligeable.
n o
En d'autres termes kf k1 est le plus petit nombre t tel que l'ensemble x 2 X; f (x) > t est
n o
négligeable. C'est également le sup des nombres t tel que l'ensemble x 2 X; f (x) > t ne
Une fonction a une borne essentielle nulle ssi elle est presque partout nulle. De plus, pour f
et g 2 L1, f + g 2 L1 et kf + gk1 kf k1 + kgk1. On a donc une semi-norme. On peut
donc dénir l'espace L1 comme l'ensemble des fonctions essentiellement bornées, dénies à un
ensemble négligeable près. L'espace L1 est un espace de Banach comme les Lp . Mais il y a une
grosse diérence : sur R par exemple il est faux que Cc1(R) soit dense dans L1(R).
Comme on peut dire par extension que 1 et +1 sont des exposants conjugués, signalons que
l'inégalité de Hölder reste vraie dans ce cas. En eet il est clair que si f 2 L1 et g 2 L1 , alors
fg 2 L1 et kfgk1 kf k1 kgk1 .
4 Cela entraîne que les fonctions sont p:p: bornées mais la réciproque est fausse : prendre la fonction x !1
R+ .
=x
sur
5 mais ce n'est pas le plus grand d'entre eux car il n'en fait pas partie...
Annexe A
Rappels de langage
A.
Ac = 1 A ;
A\B = A B ;
A[B + A\B = A + B ;
A.2 R et R .
La droite réelle achevée R est un ensemble consistant de R , auquel on a rajouté deux éléments
notés +1 et 1 . Sur ce nouvel ensemble il y a une relation d'ordre notée prolongeant celle
sur R et telle que 8 x 2 R ; 1 < x < +1 : Cet ordre permet de dénir des intervalles sur
R , qui sont les mêmes que sur R à ceci près qu'on peut les "fermer à l'1" . Ainsi par exemple
[0; +1] = [0; +1) [ f+1g. Cet ensemble est aussi noté R+ .
25
Annexe B
26
27
Remarques:
Une fonction dont la dérivée est nulle sur un intervalle I étant constante sur I , on en déduit
que, pour f continue sur [ a; b ], l'équation y0 = f a une solution sur I unique à une constante
additive près1 . Si on spécie une condition initiale du type y(x0 ) = y0 , alors la solution est
Z x
unique et donnée par y(x) = y0 + f (t) dt. Ceci est à la base des résolutions d'équations
x0
diérentielles simples. Un exemple est la dénition du logarithme néperien. On pose
Z x
ln 1 = 0
dt
et ln0 x = 1=x, ce qui donne ln x = . L'exponentielle est alors simplement la réciproque
1 t
du logarithme.
L'erreur la plus courante sur cette notion consiste à confondre la fonction et son intégrale. Les
"La fonction converge, donc l'intégrale converge" ou plus simplement "ça converge" ; sous-
28
29
+1
X
À la diérence du cas des séries, où la convergence de un entraîne2 n!lim u = 0, la conver-
+1 n
n=0
gence de l'intégrale d'une fonction n'a aucun rapport logique, aux exceptions évidentes près3 ,
avec la convergence de la fonction en question vers une valeur quelconque en un point quel-
conque. L'expression
t
lim
!
f (t) n'a pas de place dans les problèmes d'intégrales généralisées.
Z b
Remarque: Soit f localement Riemann-intégrable sur ] a ; b [ et c 2 ] a ; b [. Alors f (t) dt
Z c Z b a
converge si et seulement si f (t) dt et f (t) dt convergent et on a
a c
Z b Z c Z b
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
a a c
Z c
Notons que, vu l'hypothèse faite sur f , la convergence de f (t) ne dépend pas du choix de c.
a
Notation:
Z
Pour une fonction f :] a ; b [ ! RZ localement Riemann-intégrable sur ] a ; b [, on
c
écrit " f (t) dt converge " pour signier que f (t) dt converge pour un choix quelconque de
a Z b a
c 2 ] a ; b [. De même pour f (t) dt.
Comme pour les intégrales de Riemann4 , il est naturel d'étendre la notion d'intégrale générali-
propriété suivante: sur tout intervalle contenant ai , f n'est pas Riemann-intégrable. En pra-
tique cela signie soit que ai = 1, soit que f ne reste pas bornée5 au voisinage de ai . Une
fois qu'on a identié les singularités, supposées en nombre ni, fai; 0 i ng et qu'on les a
2 La contraposée de cette assertion donne le critère de divergence grossière.
Z
3 Il y en a deux:
t
lim
!a+
f (t) existe dans R =) f (t) dt converge ;
aZ
+1
t
lim
!+1 f (t) existe dans R =) f (t) dt diverge.
4 cf le théorème ??.
5À ne pas confondre avec lim
t!ai
f (t) =+ 1 qui est une condition plus restrictive.
30
rangées par ordre croissant6 , on vérie que f est Riemann-intégrable sur tout intervalle borné
contenu dans ] a ; b [ mais ne rencontrant aucune des singularités. Dans la pratique cela provient
souvent de la continuité de ] a ; b [Znfai; 0 i ng. La dernière étape est d'étudier les
f sur
ai+1
convergences des intégrales généralisées f (t) dt, 0 i n 1. Le cas le plus simple est
ai
celui où on peut pour chaque i, 0 i n 1, exprimer une primitive Fi de f sur ]ai ; ai+1 [. Il
en +1 si > 1.
Dans le cas où on ne peut pas exprimer la primitive de f , il reste la possibilité d'utiliser le critère
de convergence qui s'applique à tous les problèmes d'existence de limite, à savoir le critère de
Cauchy.
Critère de Cauchy pour une intégrale généralisée. Soit f une fonction localement Riemann-
Z Z d !
intégrable sur ] a ; b [. Alors f (t) dt converge ssi lim+
d !a
sup f (t) dt = 0.
a c 2 ]a; d[ c
Remarques:
Z d
Une façon équivalente d'écrire la condition est:
c; d
lim
!a+
f (t) dt = 0.
cZ
b
Il y a une formulation équivalente pour la convergence de f (t) dt.
En pratique pour vérier le critère de Cauchy, on xe
Z d
d 2 ] a ; b [ et on cherche un majorant
Md pour f (t) dt , où c 2 ]a; d[, indépendant de c. Enn on montre que d lim M = 0. Ce
! a+ d
c
n'est pas automatique que a0 = a soit une vraie singularité. En eet si a 6= 1, et si f est bornée
6 Il
au voisinage (à droite) de a, voire continue à droite en a, il n'y aucune raison de mentionner a comme point
problématique. Idem pour b. Néanmoins on le fait ici pour avoir des notations cohérentes, fai ; 0 i ng
désignant en général une subdivision de [ a; b ]. Dans les applications il est inutile de se précipiter aux bornes
de l'intervalle ] a ; b [ lorsqu'elles sont nies et lorsque f reste bornée à leur voisinage.
31
critère de convergence étant une condition nécessaire et susante, si cette stratégie échoue,
d
lim
! a+
sup f (t) dt d lim
!a+
sup g(t) dt .
c 2 ]a; d[ c c 2 ]a; d[ c
Z Z
Si g(t) dt converge, la limite de droite est nulle, celle de gauche idem et f (t) dt converge.
a a
Par contraposée, on obtient l'énoncé sur les divergences. La condition z est impliquée par une
condition beaucoup plus forte et plus simple à vérier, à savoir: 8 t 2 ] a ; b [ ; f (t) g(t).
Critère de domination pour les intégrales généralisées. Soit f et g localement Riemann-
intégrables sur
Z
] a ; b [. OnZ suppose que 8 t 2 ] a ; b [ ; f (t) g(t). Alors
Si g(t) dt converge, f (t) dt converge
a a
Z Z
Si f (t) dt diverge, g(t) dt diverge.
a a
En remplaçant b par une valeur arbitrairement proche de a, on voit qu'il sut de vérier
blier les valeurs absolues dans f (t) g(t), voire de travailler avec une fonction g qui n'est
32
pas toujours positive. Viennent ensuite la confusion entre les conclusions et leurs réciproques,
Z Z
qui amène souvent à conclure que si " g diverge", " f diverge", et enn l'utilisation de
les intégrales convergent. Dans l'immense majorité des cas le critère suivant sut.
Ce critère prend deux formes analogues pour les singularités "locales" et les singularités à l'inni.
Cette ressemblance est sans doute à l'origine de la plupart des erreurs que l'on rencontre dans
son application: de prendre un "mauvais ", qui marcherait pour l'autre cas. Il faut se souvenir
que = 1 est la frontière des deux cas et que ceci correspond à la divergence aux deux bouts
33
Z +1 Z +1
dt dt
de l'intégrale . Si on se souvient aussi que converge, on doit être capable
0 t 1 t2
de retrouver sans eort le critère adapté à la situation. Il est dangereux de le connaître par
coeur car tôt ou tard on nit par inverser les domaines de validité, surtout qu'à cela s'ajoute
que les fonctions arrivent sous diverses formes. Par exemple si on demande la convergence de
Z +1
t
0 1 + t dt, et qu'on passe t en dessous, le risque de confondre et n'est pas à négliger.
Remarques:
Le critère de Riemann comporte aussi une partie divergence d'emploi plus rare. Dans ce cas
il faut supposer, par exemple à l'inni, que t f (t) rete minoré par une constante stric-
tement positive et ceci pour une valeur
Z +1
1. Ceci ne s'applique pas par exemple à la
la divergence de
j sin tj dt. Toutefois localement cela permet de montrer que si f est
1 t Z
une fonction dérivable de dérivée non-nulle au voisinage d'un point a, alors
7 1 dt
Z a a f (t) f (a)
et
1 dt divergent toutes deux. En eet, par la dénition de la dérivabilité,
f (t) f (a)
f (t) f (a) 1 1
lim
t !a t a
= f 0 (a). Donc, au voisinage de a,
f (t) f (a) (t a)f 0 (a)
et le critère
Le critère de Riemann se prète à des extensions faciles par changement de variable. Par
Z Z +1
du du
exemple en posant t = ln u, on a la convergence de et de ssi > 1.
0 u(ln u) u(ln u)
D'où le critère de Bertrand:
Si, pour un > 1, jf (t)j t(ln t) reste borné au voisinage de 0 ou de +1, l'intégrale de f
converge absolument au même endroit. Le volet divergence existe également.
Pour utiliser le critère de Riemann il est utile de pouvoir comparer toutes les fonctions usuelles
avec des fonctions du type t . Dans la pratique les limites suivantes susent.
Un principe plus théorique mais également très utile est le suivant. Une fonction continue sur
un intervalle ouvert qui a des limites aux bornes de l'intervalle, est bornée sur tout l'intervalle.
7 si la dérivée est nulle et que la fonction oscille violemment la conclusion peut être fausse.
34
convergente.
critère de Cauchy ou revenir directement à la dénition. Dans tous les cas, il faut par le calcul
se ramener à des intégrales explicites ou à des intégrales absolument convergentes. Pour ceux
Z +1
que le critère de Cauchy eraie encore, reprenons l'exemple de
sin t dt. Pour montrer que
tZ
cette intégrale converge on peut chercher directement à exprimer lim
A sin t dt, le choix de
A!+1 1 t
la borne 1 étant arbitraire. Une I.P.P. donne
Z A Z A
sin t dt = cos t A cos t dt.
1 t t 1 1 t2
La limite du premier terme lorsque A ! +1 est cos 1. La limite du second terme existe car,
Z +1
d'après le critère de Riemann,
cos t dt converge absolument. On en conclut que la limite
1 Z +t12
de la somme existe, ou encore que
sin t dt converge.
1 t
Dans l'étude des intégrales semi-convergentes, l'I.P.P. est l' outil de base. Une intégrale semi-
convergente converge toujours grâce à la présence d'un terme oscillant. En faisant une I.P.P., on
intègre ce terme oscillant8 qu'on appelle u0 , en référence au produit uv de l'I.P.P., pour obtenir
une primitive bornée, et la dérivée v 0 de l'autre facteur9 v est souvent plus sympathique que v.
Tout est aaire de pratique10 : cf l'exercice 6 de la feuille no 1 et le problème de la feuille no 2.
Lorsqu'on demande de montrer qu'une intégrale est semi-convergente, il faut également mon-
trer qu'elle n'est pas absolument convergente, et pour cela il est en général malaisé d'utiliser
f à valeurs réelles est semi-convergente, cela signie qu'elle converge non pas grâce à la taille
de f , mais grâce à une compétition entre les endroits où f est positive ou négative. Si f est
continue, cela signie que f s'annule une innité de fois au voisinage de la singularité, et par
conséquent il n'y a aucune chance de minorer jf j par une fonction positive, simple et connue
dont l'intégrale divergerait. Il faut donc procéder autrement et remplacer l'intégrale par une
C.4 Récapitulation
Après avoir identié les singularités d'une intégrale généralisée, il faut voir si l'intégrale a
des chances d'être absolument convergente ou non. dans le premier cas le critère de Riemann
possible car il peut arriver qu'on démarre avec une intégrale convergente et qu'après l'I.P.P.
tout diverge.
semi-convergent ou divergent des intégrales. Néanmoins il vaut mieux ne les faire que sur des
autres diverger.
Un point de notation:Z Z +1
+1
Il faut s'abstenir d'écrire f (t) dt = +1 pour signier que l'intégrale f (t) dt diverge.
0 Z A 0
En eet cette notation n'est à la rigueur acceptable que si lim f (t) dt = +1. Mais la
"!0+
A!+1 "
pratique montre qu'on emploie cette notation dans tous les cas de gure avec comme consé-
quence que si une intégrale "apparaît" bornée, alors "elle converge", comme si toute suite bornée