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RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Syndicat départemental d’énergie


de Loire-Atlantique (SYDELA)
(Département de Loire-Atlantique)

Exercices 2017 et suivants

Le présent document, qui a fait l’objet d’une contradiction avec les destinataires concernés,
a été délibéré par la chambre le 25 octobre 2022.

25 rue Paul Bellamy – BP 14119 – 44041 NANTES cedex 01 www.ccomptes.fr


SYDELA

TABLE DES MATIÈRES

SYNTHÈSE ............................................................................................................................... 3
RECOMMANDATIONS ........................................................................................................... 5
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 6
1 ORGANISATION ................................................................................................................. 8
1.1 Cadre national des syndicats d’énergie ........................................................................... 8
1.2 Périmètre géographique du syndicat : une rationalisation à mener .............................. 10
1.3 Compétences du syndicat : un choix des adhérents clarifié à la suite des
observations de la chambre ........................................................................................... 13
1.4 Liens entre la SEM du SYDELA et la SEM régionale : une articulation à définir ...... 15
1.5 Maîtrise des risques : un dispositif de contrôle interne hétérogène .............................. 16
1.5.1 Suivi de l’activité de la SEM énergie 44 ........................................................................ 16
1.5.2 Prévention des conflits d’intérêts : une démarche volontaire qui se développe ............. 19
1.5.3 Remboursement des frais des élus : une régularisation menée à la suite des
observations de la chambre ............................................................................................. 20
2 LA QUALITÉ DE L’INFORMATION FINANCIÈRE ET LA FIABILITÉ DES
COMPTES ........................................................................................................................... 22
2.1 L’organisation du budget principal et des budgets annexes ......................................... 22
2.2 La qualité de l’information financière .......................................................................... 25
2.2.1 Le respect des règles de présentation et d’adoption des documents budgétaires............ 25
2.2.2 La publicité des informations financières ....................................................................... 26
2.2.3 La publication des données relatives aux marchés publics ............................................. 27
2.2.4 La sincérité des prévisions budgétaires .......................................................................... 27
2.3 La fiabilité des comptes ................................................................................................ 29
2.3.1 La fiabilité de la comptabilité d’engagement.................................................................. 29
2.3.2 Le rattachement des charges et des produits à l’exercice ............................................... 30
2.3.3 Le suivi de la comptabilité patrimoniale : l’inventaire et l’état de l’actif ....................... 30
2.3.4 Les amortissements ......................................................................................................... 32
2.3.5 Les engagements hors bilan au titre de la concession de distribution d’électricité ........ 34
3 ANALYSE FINANCIÈRE .................................................................................................. 37
3.1 L’évolution de l’autofinancement ................................................................................. 37
3.1.1 Les produits de gestion ................................................................................................... 37
3.1.2 Les charges de gestion .................................................................................................... 40
3.1.3 L’autofinancement et le résultat comptable .................................................................... 43
3.2 Le financement des investissements ............................................................................. 44
3.2.1 Les dépenses d’équipement ............................................................................................ 44
3.2.2 La couverture du besoin de financement ........................................................................ 46
3.2.3 Une utilisation du dispositif des fonds de concours à préciser ....................................... 49
3.3 L’analyse du bilan ......................................................................................................... 51
3.3.1 La trésorerie .................................................................................................................... 51
3.3.2 L’encours de dette........................................................................................................... 52

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RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

3.4 Un budget annexe « recharge des véhicules électriques » dont le déficit se creuse ..... 52
4 ACTIVITÉ DU SYNDICAT ............................................................................................... 54
4.1 Le suivi de la concession avec Enedis .......................................................................... 54
4.1.1 Le contrat en cours.......................................................................................................... 54
4.1.2 La préparation du nouveau contrat ................................................................................. 55
4.2 Les travaux mandatés par le SYDELA ......................................................................... 56
4.3 Les groupements d’achats ............................................................................................. 57
4.4 La contribution à la transition énergétique ................................................................... 59
4.4.1 Le conseil en économie partagée : accompagner l’ensemble des EPCI ......................... 59
4.4.2 La recharge des véhicules électriques : étudier une évolution de la tarification............. 60
4.4.3 La production d’énergie renouvelable ............................................................................ 63
4.4.4 L’adaptation au changement climatique : un enjeu à intégrer dans la stratégie ............. 69
4.4.5 La stratégie en matière de gestion des données .............................................................. 71
ANNEXES ............................................................................................................................... 74

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SYDELA

SYNTHÈSE

La chambre régionale des comptes a contrôlé les comptes et la gestion du syndicat


départemental d’énergie de Loire-Atlantique (SYDELA) à compter de l’exercice 2017.
Le SYDELA exerce une compétence obligatoire historique de concédant du réseau de
distribution d’électricité. Il exerce aussi des compétences facultatives, de plus en plus
nombreuses, notamment en matière d’éclairage public, de production d’énergie renouvelable et
de recharge des véhicules électriques.

Une organisation à clarifier afin de faciliter la rationalisation du paysage


départemental des autorités de distribution d’énergie
En lien avec les services préfectoraux, la chambre invite le SYDELA à poursuivre sa
démarche de rapprochement avec les autres autorités organisatrices du département afin de
réduire leur nombre. Dans sa réponse aux observation provisoires, la commune du Croisic
refuse de contribuer à la solidarité départementale opérée par le SYDELA en lui transférant la
taxe communale sur la consommation finale d’électricité, car elle estime qu’elle serait
insuffisamment bénéficiaire des travaux qui seraient financés par le syndicat.
Le rapprochement avec les autres autorités organisatrices du département serait facilité
par une clarification des compétences transférées dans une annexe aux statuts détaillant la liste
des collectivités adhérentes pour chaque compétence du syndicat. À la suite des observations
provisoires, le SYDELA a modifié ses statuts afin de prévoir une telle annexe.
De même, l’adoption par le SYDELA et le conseil régional d’une doctrine
d’intervention coordonnée de leurs SEM permettrait de clarifier leurs champs et modalités
d’intervention. En réponse aux observations provisoires, le conseil régional a indiqué qu’il
poursuivrait ses travaux en ce sens. Enfin, le dispositif de maîtrise des risques du SYDELA
gagnerait à être complété en matière de prévention des conflits d’intérêts. À la suite des
observations provisoires de la chambre, le cadre du remboursement des frais des élus a été
renforcé.

Une situation financière satisfaisante, mais un pilotage de la masse


salariale à renforcer
L’examen de la fiabilité des comptes a mis en lumière une fragilité concernant la tenue
de la comptabilité d’engagement, ainsi qu’une connaissance perfectible de son patrimoine par
le syndicat. Les principales recommandations portent sur la présentation des actifs et des passifs
relatifs à la concession de distribution publique d’électricité, au bilan et en annexe des comptes,
afin d’améliorer la sincérité des comptes du syndicat.
Le SYDELA présente une situation financière satisfaisante au cours de la période
2017-2021. Cependant, le rythme d’augmentation des charges de gestion est plus rapide que
celui des produits, compte tenu de la croissance de l’activité et de la masse salariale.

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RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Compte tenu de son système de financement, qui affecte l’essentiel de ses recettes en
section de fonctionnement, le syndicat dispose d’une capacité d’autofinancement confortable.
Cette dernière, combinée aux fonds de concours versés par les collectivités membres, lui permet
d’autofinancer presque intégralement ses dépenses d’investissement, le recours à l’emprunt
étant très limité.
Néanmoins, ce modèle de financement présente le risque de permettre une dérive des
dépenses de fonctionnement, qui pourrait se faire au détriment des besoins d’investissement.
Le pilotage de la masse salariale devrait ainsi être renforcé afin de disposer d’une prospective
permettant de maîtriser le risque de rigidification croissante de la dépense. Enfin, l’absence de
visibilité sur les investissements futurs, faute d’outils de planification et de prospective, ne
permet pas au syndicat de savoir si les réserves qu’il a constituées sur la période au travers du
fonds de roulement seront suffisantes pour y faire face.

Une contribution à la transition énergétique à renforcer


Le SYDELA doit poursuivre ses efforts de pilotage des chantiers afin d’en améliorer les
délais. La maîtrise des délais peut être un des critères déterminants pour convaincre les
collectivités non adhérentes de rejoindre le syndicat. L’activité de groupement d’achats
gagnerait à être développée, en lien avec la stratégie d’extension du syndicat aux collectivités
du département qui n’en sont pas membres. Des synergies pourraient être approfondies entre le
SYDELA et la métropole nantaise en matière d’achat d’énergies, notamment pour l’énergie
renouvelable produite sur le territoire couvert par le SYDELA.
Compte tenu du déficit du service de recharge de véhicules électriques, le SYDELA
pourrait étudier une évolution de sa tarification qui permette de l’optimiser en réduisant le
besoin de nouvelles bornes et éventuellement en introduisant de la péréquation.
Afin de contribuer à la réalisation des objectifs fixés dans les PCAET 1 en matière
d’énergie, le SYDELA devra continuer à apporter son soutien dans leur phase de mise en œuvre.
Un ajustement périodique des objectifs au regard des réalisations permettrait aussi de
crédibiliser les PCAET.
La chambre recommande d’intégrer l’adaptation au changement climatique dans la
stratégie du syndicat, notamment en matière d’investissement. Le changement de contrat de
concession pourrait être l’occasion de cette redéfinition de stratégie.
La chambre recommande d’adopter une stratégie de gestion des données, notamment en
matière de transition énergétique, qui permette une meilleure utilisation de leur potentiel au sein
du SYDELA et de ses partenaires.

1
PCAET : Plan climat-air-énergie territorial.

4
SYDELA

RECOMMANDATIONS

Recommandation n° 1 : En lien avec les services préfectoraux, poursuivre une démarche de


rapprochement avec les autres autorités organisatrices de la distribution d’électricité,
conformément à la loi du 7 décembre 2006.

Recommandation n° 2 : En lien avec le conseil régional, définir une articulation entre l’action
de la SEM du SYDELA et la SEM régionale.

Recommandation n° 3 : Mettre en place des outils de pilotage des dépenses d’investissement,


en lien avec les collectivités membres.

Recommandation n° 4 : Transférer la valeur des réseaux électriques concédés à Enedis au


compte d’immobilisations mises en concession.

Recommandation n° 5 : Renseigner dans les engagements hors bilan les indemnités


potentielles auxquelles seraient tenus respectivement le SYDELA et Enedis en cas de non
renouvellement de la concession, au titre des droits du concessionnaire sur le concédant
(engagement donné) et des droits du concédant sur le concessionnaire (engagement reçu),
conformément aux dispositions du contrat de concession.

Recommandation n° 6 : Élaborer une stratégie d’adaptation au changement climatique qui


permette d’intégrer ce critère dans la programmation des investissements.

Recommandation n° 7 : Adopter une stratégie de gestion des données qui permette une
meilleure utilisation de leur potentiel au sein du SYDELA et de ses partenaires.

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RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

INTRODUCTION

Le contrôle des comptes et de la gestion du syndicat départemental d’énergie de


Loire-Atlantique (SYDELA) pour les exercices 2017 et suivants a été inscrit au programme de
la chambre régionale des comptes Pays de la Loire pour l’année 2022.
Le courrier de notification d’ouverture du contrôle a été adressé le 18 mars 2022 au
président du SYDELA, M. Raymond Charbonnier, en tant qu’ordonnateur en fonction, ainsi
qu’à son prédécesseur, M. Bernard Clouet, avec copie au comptable.
Le 24 mars 2022, l’entretien d’ouverture du contrôle a été mené avec M. Charbonnier,
et le 7 avril 2022 avec M. Clouet. Le 23 juin 2022, l’entretien de fin du contrôle a été mené
avec M. Charbonnier, ordonnateur en fonction, et le 29 juin avec son prédécesseur, M. Clouet.
Ce contrôle des comptes et de la gestion du SYDELA s’inscrit dans un thème régional
de contrôle relatif aux enjeux de développement durable pour les acteurs publics.
Le rapport d’observations provisoires a été délibéré par la chambre le 13 juillet 2022, et
transmis en intégralité à l’ordonnateur en fonction et à son prédécesseur le 21 juillet 2022. Des
extraits ont été adressés aux maires des communes de La Baule-Escoublac, du Croisic, de
Saint-Nazaire, ainsi qu’à la présidente de Nantes Métropole, à la présidente du conseil régional
des Pays de la Loire, au président du conseil d’administration de la SEM régionale Croissance
Verte ainsi qu’au directeur régional de la société Enedis. Ce dernier a répondu le 26 juillet en
indiquant que cet extrait n’appelait pas d’observation de sa part. Le précédent ordonnateur du
SYDELA a répondu le 19 septembre. La présidente de Nantes métropole et la présidente du
conseil régional ont répondu le 20 septembre. L’ordonnateur actuel du SYDELA a répondu le
21 septembre. Le maire de Saint-Nazaire a répondu le 27 septembre, et le maire du Croisic le
3 octobre. La commune de La Baule-Escoublac a fait parvenir sa réponse, tardive, le 17 octobre.

Présentation de l’organisme

Le syndicat départemental des collectivités électrifiées de Loire-Atlantique (SYDELA 1


– ex-SDCE) a été créé par arrêté préfectoral du 31 janvier 1938. Il regroupait dès sa création
l’ensemble des syndicats intercommunaux du département, autorités concédantes du réseau de
distribution publique d’énergie électrique.
Jusqu’en 2004, le SYDELA avait pour objet statutaire l’étude de toutes les questions
intéressant l’électrification de l’espace rural et ne faisait que participer au financement de
travaux réalisés par les syndicats intercommunaux membres, ne réalisant pas lui-même de
programme d’investissement en matière de réseau public d’électrification.

6
SYDELA

Depuis 2005, les 19 syndicats primaires membres du SYDELA lui ont transféré la
compétence de la maîtrise d’ouvrage des travaux concernant ses compétences obligatoires
(réseau de distribution publique d’électricité). Les compétences optionnelles, notamment en
matière d’éclairage public, lui ont été transférées par la quasi-totalité des communes (hors
Pornichet) ; le réseau public de distribution de gaz lui a été confié par 76 communes. Enfin, au
titre des compétences accessoires, le SYDELA exerce la production d’électricité, la réalisation
de réseau câblé et le diagnostic électrique.
En 2016, le syndicat départemental a élargi son champ de compétence statutaire aux
domaines suivants : infrastructures de recharge pour les véhicules électriques, production
d’énergies, gestion du patrimoine téléphonique des collectivités adhérentes.
Le 21 septembre 2022, le comité syndical du SYDELA a approuvé le changement de
nom du syndicat, qui devient « Territoire d’énergie Loire Atlantique » au 1er février 2023. Ce
nouveau nom décline la dénomination adoptée en 2016 par la branche énergie de la fédération
nationale des collectivités concédantes et de régies.

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RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

1 ORGANISATION

1.1 Cadre national des syndicats d’énergie

La loi du 15 juin 1906 crée le service public de la distribution d'électricité en accordant


aux communes la compétence en la matière, et leur attribue le pouvoir concédant. La concession
devient le principal mode de gestion de la distribution d'énergie. Dans son avis du
11 mars 1936, le Conseil d'État autorise la constitution de syndicats départementaux ayant pour
objet le contrôle des concessions de distribution d'énergie électrique et de gaz. La loi du
8 avril 1946 crée le monopole de la distribution du gaz et de l'électricité confié à GDF et EDF,
concessionnaires obligés des collectivités. La loi du 7 décembre 2006 (art. 33) prévoit la
création d'une autorité unique de la distribution d'électricité par département. Dans le cadre de
l’ouverture à la concurrence de l’activité de fourniture d’électricité suite à la directive
européenne 96/92/CE, le 1er janvier 2008 est créé ERDF, devenue Enedis en 2016, filiale à
100 % d'EDF chargée de la distribution publique de l'électricité.
La principale mission des syndicats est le contrôle de la distribution d’électricité. Les
modalités de celle-ci sont régies par un contrat de concession, fixant les droits et obligations du
concédant (le syndicat) et du concessionnaire (Enedis dans 95 % des cas). Les activités du
concessionnaire sont financées par le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité
(TURPE) qui constitue l’essentiel des recettes du distributeur (à plus de 90 %). Le TURPE est
fixé par la Commission de régulation de l’énergie. Ce tarif est unique sur l’ensemble du
territoire national.
Le contrat de concession fixe notamment le périmètre de la concession, définit le service
concédé, la redevance de concession, la répartition éventuelle de la maîtrise d’ouvrage des
travaux sur le réseau concédé entre l’autorité concédante et le concessionnaire, ainsi que la
durée de la concession. Le contrat traite également des relations du concessionnaire avec les
usagers du service, fixées pour l’essentiel par les conditions générales de vente d’EDF annexées
au contrat de concession. Ce dernier prévoit le contrôle par l’autorité concédante des missions
concédées et la production d’un compte-rendu annuel d’activité établi par Enedis, au titre de la
distribution d’électricité, et EDF, au titre de la fourniture d’électricité aux tarifs réglementés.

8
SYDELA

Dispositions essentielles de la concession

Source : CRC

Deux régimes juridiques sont possibles pour les syndicats, le régime urbain et le régime
rural. Le SYDELA, comme la plupart des syndicats, est en régime rural, qui permet l’accès aux
financements du fonds des aides aux collectivités territoriales pour l’électrification rurale.

Dispositions du régime rural

Les compétences supplémentaires par rapport au régime urbain sont en vert.


Source : CRC

9
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

1.2 Périmètre géographique du syndicat : une rationalisation à mener

Le SYDELA a un statut de syndicat mixte fermé régi par l'article L. 5711-1 du code
général des collectivités territoriales (CGCT). Le SYDELA regroupe sur le département de la
Loire-Atlantique 180 communes (sur 207), 11 communautés de communes, 3 communautés
d’agglomération. Son siège est situé à Orvault.

Membres du SYDELA

Source : SYDELA

Conformément à ses nouveaux statuts, approuvés par arrêté préfectoral en date du


17 mai 2021, le SYDELA est administré par un comité syndical composé de délégués désignés
au sein de 16 collèges électoraux dont le périmètre est calqué sur celui des communautés de
communes ou d’agglomération adhérentes. Les communes et les communautés de communes
désignent deux représentants titulaires et deux suppléants appelés à siéger au sein de leur
collège électoral. Chacun des collèges électoraux ainsi constitués désigne à son tour un délégué
titulaire et un suppléant au comité syndical, organe délibérant du SYDELA. Si la population
des communes composant le collège électoral est supérieure à 45 000 habitants, celui-ci désigne
un délégué titulaire et un suppléant supplémentaires, voire deux titulaires et suppléants
supplémentaires si sa population est supérieure à 90 000 habitants. Le comité syndical élit en
son sein un président et un bureau.
De 2008 jusqu’en septembre 2020, le président du syndicat a été M. Bernard Clouet,
maire et président de la communauté de communes Pontchâteau - Saint-Gildas-des-Bois.
Depuis le 1er octobre 2020, le président est M. Raymond Charbonnier, maire de Paimboeuf,
1er vice-président de la communauté de communes Sud estuaire, vice-président au sein
d’Atlantic’Eau, administrateur de la SEM Sud Estuaire Littoral, et président et directeur général
de la SEM SYDELA Énergie 44.

10
SYDELA

Contrairement à l’orientation fixée par la loi du 7 décembre 2006 (art. L. 2224-31 du


CGCT), il n’existe pas d’autorité organisatrice unique de la distribution publique d’électricité
en Loire-Atlantique. En 2008, à l’occasion de la dissolution du syndicat « SYDELA I », la
communauté urbaine de Nantes et la commune de La Baule ont décidé de ne pas adhérer au
nouveau syndicat « SYDELA II », sortant ainsi du SYDELA. Pourtant, le schéma
départemental de coopération intercommunale élaboré en 2016 prévoit à terme deux autorités
organisatrices : le SYDELA et Nantes Métropole. En 2021, le département compte cinq
autorités organisatrices de la distribution d’électricité : le SYDELA, Nantes Métropole,
Saint-Nazaire, La Baule et Le Croisic. Début 2022, La Baule et Nantes métropole se sont
retirées du contrat de concession commun avec le SYDELA, EDF et Enedis. Cette évolution
va à l’encontre du mouvement constaté à l’échelle nationale où le nombre de concessions de
distribution d’électricité a été divisé par deux de 2009 à 20182.
Cette multiplication des co-contractants face aux concessionnaires Enedis et EDF
fragilise la position des autorités organisatrices dans le contrôle de la concession. Fin 2021,
Le Croisic et La Baule ont signé leur nouveau contrat de concession avec Enedis, sans
coordination avec le SYDELA, qui les avait pourtant sollicités. Depuis 2021, des échanges
entre le SYDELA et Saint-Nazaire ont lieu afin d’examiner un éventuel transfert de
compétence. Cela permettrait d’assurer une cohérence avec l’appartenance au SYDELA de
l’intercommunalité de Saint-Nazaire, la CARENE.
On peut noter que même si la commune de La Baule n’est pas membre du SYDELA,
elle a conclu avec le syndicat une convention de déploiement de bornes de recharges pour
véhicules électriques3. De même, le groupement d’achat d’énergies du SYDELA est ouvert aux
non membres. Le développement des partenariats avec les collectivités qui ne sont pas membres
pourrait être accru afin de favoriser à terme une rationalisation du paysage des autorités
organisatrices.
Enfin, le contrat de concession a intégré un dispositif d’incitation financière afin
d’inciter les AODE à se regrouper. Depuis 2011, la dotation du Fonds d’amortissement des
charges d’électrification (FACE) est minorée pour les autorités organisatrices d’un département
où le regroupement n’est pas effectif.
Dans leur réponse aux observations provisoires, l’ancien ordonnateur du SYDELA et la
présidente de Nantes Métropole rappellent les termes du schéma départemental de coopération
intercommunal du 7 mars 2016. Ce dernier rappelle à la fois l’objectif légal de création d'une
autorité unique organisatrice de la distribution publique d'électricité et la création de la
métropole. Il préconise l’intégration des communes isolées (La Baule, Saint-Nazaire, Le
Croisic).

2
Cour des comptes, Rapport sur les comptes et de la gestion d’Enedis, 2020
3
Délibération du 22 septembre 2017

11
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Dans sa réponse aux observations provisoires, le maire de Saint-Nazaire indique qu’« il


est prévu que la ville de Saint-Nazaire consacre l’année 2023 à structurer sa stratégie et
renforcer son organisation, en vue d’une délibération au 1er semestre 2024, qui viendra préciser
le cadre dans lequel la collectivité engage le renouvellement de la concession avec Enedis ».
La chambre observe que le SYDELA n’ayant pas encore renouvelé sa convention avec Enedis
et EDF, il reste envisageable que la ville de Saint-Nazaire se rapproche du SYDELA dans cette
démarche, même si elle devait anticiper sur son calendrier prévisionnel. À défaut
d’aménagement de son calendrier, l’hypothèse d’un contrat commun se heurtera à la même
différence d’échéance du contrat. Dans sa réponse aux observations provisoires, la commune
de La Baule-Escoublac indique que son nouveau contrat avec Enedis et EDF a débuté le
1er janvier 2022.
Le maire du Croisic a répondu aux observations provisoires que « l’adhésion au
SYDELA aurait pour conséquence financière d’abandonner une partie ou la totalité de la recette
liée à la taxe communale sur la consommation finale d’électricité. […] Cet apport au profit du
SYDELA alimenterait la solidarité départementale pour financer les extensions et le
renouvellement des réseaux de distribution électrique. Or la commune du Croisic est très peu
concernée par les extensions de réseaux et les renforcements sont pris en charge en totalité par
Enedis. » La commune du Croisic indique toutefois avoir transféré au SYDELA la gestion des
redevances auprès des opérateurs de réseaux, avoir bénéficié de l’implantation et de la gestion
par le SYDELA d’une borne de recharge de véhicules électriques et étudier l’intégration du
groupement d’achat d’énergie du SYDELA. La chambre observe que la taxe que la commune
souhaite conserver intégralement représente moins de 2 % de ses recettes courantes de
fonctionnement4. Le gain financier tiré de l’absence d’appartenance au SYDELA paraît très
limité au regard des enjeux de mutualisations, de synergies et de mobilisation de l’ensemble
des collectivités dans une démarche coordonnée de gestion de l’énergie à l’échelle
départementale.

Recommandation n° 1 : En lien avec les services préfectoraux, poursuivre une démarche


de rapprochement avec les autres autorités organisatrices de la distribution d’électricité,
conformément à la loi du 7 décembre 2006.

4
La part de la taxe sur la consommation finale d’électricité dans les recettes réelles de fonctionnement du budget
principal de la commune du Croisic varie entre 1,35 et 1,62 % entre 2019 et 2021 (source : compte administratif
2021).

12
SYDELA

1.3 Compétences du syndicat : un choix des adhérents clarifié à la suite des


observations de la chambre

Les syndicats départementaux d’énergie disposent de compétences diverses, dont le


nombre varie en fonction des compétences que les communes ont transféré au syndicat. Avec
la loi du 5 janvier 1988, il est possible pour les communes « d’adhérer à un syndicat pour une
partie seulement des compétences exercées par celui-ci », ainsi les syndicats départementaux
d’énergie sont des syndicats « à la carte ».
Bien que les compétences qui peuvent être déléguées aux syndicats départementaux
d’énergie soient très variées, la mission principale qui leur est confiée est le contrôle de la
distribution de l’électricité à l’échelle départementale, mission historique de ces syndicats.
Avec la diversification des compétences des syndicats départementaux d’énergie la plupart sont
chargés d’assurer la distribution du gaz naturel, ce qui en fait de véritables syndicats d’énergie
et pas simplement d’électricité. Cette diversification de leurs compétences les a également
poussés à développer leurs activités et devenir à la fois des équipementiers ou des fournisseurs
de services.

Principales compétences du SYDELA

PCAET : Plan Air Climat Energie Transport


Source : CRC

À ce jour, les compétences suivantes ne font l’objet d’aucun transfert :


- compétence infrastructures de charge pour les véhicules au gaz ;
- compétence production et distribution d’hydrogène ;
- compétence réseaux de chaleur ou de froid.

13
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Le niveau de la délégation de compétence peut être modulé dans le cas de l’éclairage


public, ce qui induit un partage complexe des rôles entre le syndicat et ses membres. Les
adhérents peuvent en effet ne déléguer que l’investissement ou y adjoindre la maintenance, avec
trois niveaux de prise en charge.

Délégation des compétences en matière d’éclairage

100 nombre de communes nombre d'intercommunalités

80

60

40

20

0
investissement investissement + investissement + investissement +
simple maintenance niv. 1 maintenance niv. 2 maintenance niv. 3

Source : CRC

Des difficultés peuvent survenir quant à la définition des compétences respectives du


SYDELA et de ses membres lors des fusions entre ces derniers. Ainsi, la communauté de
communes Estuaire et Sillon a fusionné en 2017 deux communautés de communes adhérentes
au SYDELA mais dont une seule lui avait délégué la compétence « éclairage public »,
uniquement pour l’investissement. En mars 2022, la communauté de communes a saisi la
préfecture d’une demande d’avis sur l’exercice de la compétence, à la suite d’un désaccord avec
le SYDELA quant au champ concerné. L’absence de délibération de la nouvelle communauté
sur cette compétence a conduit à une extension du transfert de compétence sur l’ensemble du
territoire deux ans après la fusion, mais uniquement pour l’option investissement et non pour la
maintenance.
Les incertitudes relatives aux compétences transférées de la nouvelle communauté
auraient pu être limitées par l’existence d’une annexe aux statuts du SYDELA listant
précisément les compétences de chacun des adhérents. Conformément aux à une
recommandation de la chambre formulée dans ses observations provisoires, la révision
statutaire du 21 septembre 2022 a été l’occasion d’adopter une telle annexe. Il reste à clarifier
les modalités de financement des compétences facultatives, notamment en matière de fonds de
concours5.

5
Cf. partie 3.2.3 du présent rapport.

14
SYDELA

1.4 Liens entre la SEM du SYDELA et la SEM régionale : une articulation


à définir

La SEM SYDELA ÉNERGIE 44 a été créée en mai 2018 avec pour objet social de
réaliser des projets d’aménagement et d’exploitation de moyens de production, de valorisation,
de distribution, de stockage et de fourniture d’énergie utilisant notamment les énergies
renouvelables. La principale mission de la SEM SYDELA ÉNERGIE 44 consiste à développer
et financer des projets de production d’énergies renouvelables sur le territoire de la
Loire-Atlantique6. La SEM SYDELA ÉNERGIE 44 ne réalise pas d’actions en matière de
rénovation énergétique. En 2022, il est envisagé une augmentation de capital social de la société
de 4 M€ pour le porter à 8 M€.

Composition du capital de la SEM SYDELA énergie 44

Source : CRC

La SEM Croissance Verte a été créée en 2020 avec un champ d’action régional. Le
SYDELA en est actionnaire à hauteur de 2,5% de son capital, comme pour les autres syndicats
d’énergie de la région. En Loire-Atlantique, la SEM concentre aujourd’hui ses actions en faveur
de la rénovation énergétique et plus particulièrement pour les particuliers/industriels. La SEM
Croissance Verte peut proposer des prestations d’accompagnement en matière de production
d’énergies renouvelables mais ne développe pas et ne finance pas directement les projets. De
plus, elle ne propose pas de mesures d’accompagnement lorsque le projet est porté par la SEM
SYDELA ÉNERGIE 44.

6
Liste des participations de la SEM en annexe.

15
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Un autre schéma institutionnel aurait pu être envisagé, celui d’une participation du


conseil régional dans la SEM Énergie 44, afin de ne pas multiplier les structures, à l’instar de
la participation du conseil départemental. Avec l’augmentation de capital envisagée, la
SEM Énergie 44 atteindra 8 M€, à comparer aux 10 M€ de la SEM croissance verte.
En réponse aux observations provisoires, la présidente du conseil régional indique que
« l’articulation entre l’action de la SEM du SYDELA et la SEM régionale en matière d’énergie
renouvelable, sera à définir, comme préconisé, afin de bien coordonner la complémentarité de
l’action publique sur les énergies renouvelables ».

Participations du SYDELA

SYDELA

SEM SYDELA SEM Croissance


ENERGIE 44 verte
72,5% 2,5%

Source : CRC

Recommandation n° 2 : En lien avec le conseil régional, définir une articulation entre


l’action de la SEM du SYDELA et la SEM régionale

1.5 Maîtrise des risques : un dispositif de contrôle interne hétérogène

1.5.1 Suivi de l’activité de la SEM énergie 44

Les statuts de la SEM prévoient plusieurs instances de gouvernance destinées à maîtriser


les risques des actionnaires :
− le comité technique, auquel participent les services du SYDELA a pour objectif de préparer
les décisions soumises au conseil d’administration en instruisant en particulier la viabilité
technico-économique des projets ;
− le conseil d’administration, au sein duquel sont représentés l’ensemble de ses actionnaires
: le SYDELA, le Département Loire-Atlantique, Loire-Atlantique Développement, et trois
établissements bancaires. Le SYDELA compte 10 représentants sur les 14 membres du
conseil d’administration, conformément à sa part de capital, ce qui lui assure un contrôle
élevé sur les décisions stratégiques de la structure.

16
SYDELA

Le SYDELA a approuvé le principe d’une rémunération7 de ses représentants ayant


a minima un mandat de vice-président au sein de la SEM Énergie 44, soit, à ce jour, trois élus
du SYDELA. Il aurait été préférable que les trois élus en question se déportent lors de la
délibération concernant la fixation de leur indemnité.
Cependant, le conseil syndical du SYDELA n’a pas délibéré sur le rapport annuel que
ses représentants au conseil d’administration de la SEM doivent lui présenter, conformément à
l’article L. 1524-5 du code général des collectivités territoriales.
Les projets sont étudiés à l’aune de la stratégie économique et financière validée par le
conseil d’administration de la SEM, qui fixe un taux de rentabilité interne minimum de 6 % sur
20 ans pour les projets. Conformément à l’article L. 1524-5 du code général des collectivités
territoriales, le SYDELA a délibéré sur les projets de prise de participation de la SEM
Énergie 44.
À la demande des actionnaires dans la perspective de l’augmentation de capital décidée
début 2022, un rapport sur la situation de la SEM a été présenté au conseil d’administration fin
2021.
En complément, les rapports 2020 et 2021 du commissaire aux comptes de la SEM
attestent que les comptes annuels sont, au regard des règles et principes comptables français,
réguliers et sincères et donnent une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice écoulé
ainsi que de la situation financière et du patrimoine de la société.
La SEM est toutefois encore dans une phase de résultat net négatif, de - 260 313 € en
2020, - 178 981 € en 2021, et ne devrait dégager un résultat positif qu’à partir de 2023. Il
convient donc de rester attentif à l’évolution des perspectives financières de la SEM et d’opérer
les ajustements nécessaires si le plan d’affaires initial ne se réalise pas8. Pour ce faire, le
SYDELA dispose d’une information financière qui permet de visualiser les perspectives
économiques de chacun des projets de la SEM et de leur impact consolidé. Une actualisation
régulière de ce type d’outil sera utile.

7
Identique à l’indemnité de fonction de vice-président du SYDELA, soit 492,29 € bruts mensuels.
8
La SAS SOLAIRE SE44-1 créée en 2019 n’a pas encore d’activité économique, le projet étant au stade du
développement. Cela a conduit à engager, en 2021, une procédure de poursuite d'activité malgré un actif net devenu
inferieur a la moitié du capital social.

17
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Outils de prospective économique et financière de la SEM SYDELA énergie 44

Impacts économiques du projet


20 000 000 €

15 000 000 €

10 000 000 €

5 000 000 €

0€
2018 2020 2022 2024 2026 2028 2030 2032 2034 2036 2038 2040 2042 2044 2046 2048

Trésorerie Capital immobilisé

Soldes intermédiaires de gestion


6000 000 €

4000 000 €

2000 000 €

0€
201820202022202420262028203020322034203620382040204220442046204820502052
-2000 000 €

Résultat net Montant net du chiffre d'affaires Excédent brut d'exploitation

Source : SYDELA

18
SYDELA

1.5.2 Prévention des conflits d’intérêts : une démarche volontaire qui se développe

En 2014, le SYDELA s’est fait indiquer par la Haute autorité pour la transparence de la
vie publique (HATVP) que ses élus ne sont pas soumis à la déclaration de patrimoine et
d’intérêts9. En 2020, la HATVP a précisé au SYDELA que son directeur général serait soumis
à une déclaration de situation patrimoniale, si le syndicat était assimilé à une commune de plus
de 150 000 habitants10. Depuis la délibération du 20 juin 2019, le SYDELA est assimilé à une
commune de 80 000 à 150 000 habitants. Il n’est donc pas concerné à ce stade par cette
disposition mais devra veiller sur ce point s’il devient assimilé à une commune de plus de
150 00 habitants.
Depuis 2017, le SYDELA a mis en place une information des agents en poste et ceux
quittant le syndicat, ainsi qu’une sensibilisation des nouveaux arrivants aux droits et obligations
des agents publics (parmi lesquelles la prévention des conflits d’intérêts). Depuis 2017, le
SYDELA a saisi à trois reprises la commission de déontologie. Depuis la réforme de 2020, il
exerce un contrôle déontologique direct sur les départs de ses agents dans le secteur privé, cela
a donné lieu à un examen en 2021. À ce jour, le SYDELA n’a pas eu à solliciter l’avis du
référent déontologue placé auprès du centre de gestion de Loire-Atlantique.
Le 5 novembre 2020, après consultation des services préfectoraux, le SYDELA a adopté
une délibération demandant à l’ensemble des délégués titulaires et suppléants de remplir une
déclaration d’intérêts et adoptant le principe d’une mise à l’écart d’un délégué en cas de conflit
d’intérêt. Ces déclarations ont bien été communiquées au service juridique fin 2020. Leur
examen met en évidence la nécessité de précautions particulières à l’égard des élus qui ont des
liens avec des organismes avec lesquels le SYDELA a des relations contractuelles 11. Il
conviendrait ainsi de croiser régulièrement la liste des marchés et conventions du SYDELA
avec la liste des entités déclarées par les élus au titre de leurs intérêts afin de pouvoir mettre en
place un déport systématique du dossier qui les concerne.
Le SYDELA a mis en place un cadre de prévention des conflits d’intérêts complet, qui
va au-delà des strictes obligations légales. Ces dernières présentent toutefois la particularité
d’une potentielle prise en compte du directeur général et non des élus. Le cadre étant posé, il
conviendra de le mettre en application en opérant des vérifications régulières, notamment au
regard des nouveaux co-contractants ou des nouveaux liens d’intérêts des élus du SYDELA.
Une telle démarche gagnerait également à être étendue aux cadres administratifs dirigeants du
syndicat (DGS et directeurs).

9
L'article 11 de la loi n° 2013-907 du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique prévoit que
seuls les présidents des EPCI (de plus de 20 000 habitants) et les vice-présidents des EPCI (de plus de
100 000 habitants et titulaires d'une délégation de signature) sont soumis à l'obligation de déposer une déclaration
de patrimoine et une déclaration d'intérêts. En conséquence, les syndicats mixtes ne sont pas explicitement
concernés par la loi. Il n’est toutefois pas évident que cette exclusion résulte de l’intention du législateur.
10
Le décret 2016-1968 prévoit que les directeur ou directeur général des syndicats mixtes constitués exclusivement
de collectivités territoriales et de groupements de collectivités assimilés à une commune de plus de
150 000 habitants doivent déposer une déclaration de situation patrimoniale.
11
On peut noter notamment le cas d’un ex-directeur régional Normandie d’Enedis, un délégué exploitation système
Grand Ouest d’Enedis, un actionnaire d’EDF et un salarié de SPIE.

19
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

1.5.3 Remboursement des frais des élus : une régularisation menée à la suite des
observations de la chambre

L'article L. 5211-13 du CGCT relatif aux frais de déplacement des élus membres des
conseils ou comité d'EPCI prévoit uniquement un remboursement des frais engagés par les élus
à l'occasion des réunions des conseils ou comités, du bureau, des commissions instituées par
délibération dont ils sont membres, des comités consultatifs prévus par l'article L. 5211-49-1
du CGCT et des organes délibérants ou des bureaux des organismes où ils représentent leur
établissement. Le SYDELA a adopté une interprétation extensive du texte car tous les
déplacements en lien avec le syndicat sont remboursés pour les élus. Cela a conduit le SYDELA
à prendre en charge des frais de déplacement importants pour son ex-président. De janvier 2017
à octobre 2020, cela représente 23 471 € de remboursement de frais de déplacements, auxquels
s’ajoutent 6 410 € de frais de déplacement directement réglés par le SYDELA, soit un total de
29 881 €, représentant en moyenne 660 € par mois. En réponse aux observations provisoires,
l’ancien ordonnateur indique que les frais qui lui ont été remboursés sont constitués pour 79 %
des 52 000 km parcourus et que ses frais directement pris en charge l’ont été principalement
pour assumer ses fonctions de vice-président de la Fédération nationale des collectivités
concédantes et régies (FNCCR)12.
Les délibérations des 1er juillet 2014, 8 octobre 2020 puis 11 février 2021 font référence
au décret n° 2006-781 du 3 juillet 2006 pour le remboursement des frais de déplacement. Ces
délibérations ne font pas référence à un autre cadre pour les frais de séjour (hébergement et
restauration). Il s’en déduit donc qu’elles situent le remboursement des frais de séjour dans ce
même cadre, de droit commun, qui prévoit un remboursement forfaitaire13. Or en pratique, le
SYDELA a remboursé les frais de séjour au réel, dispositif dérogatoire qui représente un
surcoût, non autorisé par une délibération. La réglementation prévoit qu’en ce cas les règles
dérogatoires aux taux des indemnités de mission sont prises « pour une durée limitée, lorsque
l'intérêt du service l'exige et pour tenir compte de situations particulières »14.
Par délibération du 21 septembre 2022, à la suite des observations de la chambre, le
SYDELA a adopté un régime, dérogatoire, de remboursement au réel des frais d’hébergement
et restauration des élus, plafonnés, à 1,5 fois le forfait de droit commun. Ce plafond permet de
maîtriser le risque de demandes de remboursement excessives. Par cette même délibération, le
SYDELA a aussi formalisé la séparation entre le demandeur et l’autorité de validation des
remboursements de frais, conformément à ce que la chambre avait recommandé dans ses
observations provisoires. En effet, la pratique antérieure pouvait conduire à faire valider par le
président son propre état de frais, ce qui est un facteur de risque.

12
Sur le fondement de la délibération du 1er juillet 2014 du conseil syndical du SYDELA.
13
Article 3 du décret n° 2006-781 : « remboursement forfaitaire des frais supplémentaires de repas »
« remboursement forfaitaire des frais et taxes d'hébergement ».
14
Formulation de l’article 7-1 du décret n° 2001-654 du 19 juillet 2001, reprise, par exemple, dans la délibération
du 29 septembre 2020 du syndicat d’énergie du Tarn et Garonne.

20
SYDELA

______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________

En lien avec les services préfectoraux, la chambre invite le SYDELA à poursuivre sa


démarche de rapprochement avec les autres autorités organisatrices du département afin de
réduire leur nombre. Dans sa réponse aux observation provisoires, la commune du Croisic
indique qu’elle refuse de contribuer à la solidarité départementale opérée par le SYDELA, en
lui transférant la taxe communale sur la consommation finale d’électricité, car elle estime
qu’elle serait insuffisamment bénéficiaire des travaux qui seraient financés par le syndicat.
Le rapprochement avec les autres autorités organisatrices du département serait facilité
par la clarification des compétences transférées, dans une annexe aux statuts détaillant la liste
des collectivités adhérentes pour chaque compétence du syndicat. A la suite des observations
de la chambre, cette annexe aux statuts a été adoptée par le conseil syndical. De même,
l’adoption par le SYDELA et le conseil régional d’une doctrine d’intervention coordonnée de
leurs SEM permettrait de clarifier leurs champs et modalités d’intervention. Le conseil régional
a indiqué en réponse continuer ses travaux en ce sens.
Enfin, le dispositif de maîtrise des risques du SYDELA gagnerait à être complété en
matière de prévention des conflits d’intérêts et renforcé au niveau du remboursement des frais
des élus. Suite à la recommandation de la chambre, le SYDELA a précisé le cadre du
remboursement des frais des élus, instaurant un plafond et le principe de séparation entre le
demandeur et l’autorité de validation.

21
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

2 LA QUALITÉ DE L’INFORMATION FINANCIÈRE ET LA


FIABILITÉ DES COMPTES

2.1 L’organisation du budget principal et des budgets annexes

Outre son budget principal, sous nomenclature M14, qui retrace les dépenses et recettes
liées à l’essentiel de ses activités et aux fonctions support, le SYDELA était doté jusqu’en 2022
de deux budgets annexes. En 2022, le SYDELA a créé deux budgets annexes supplémentaires,
dédiés d’une part aux opérations liées à l’autoconsommation collective d’électricité (budget
« TEN ») et d’autre part à l’activité du service L.A. Géodata15, internalisée en 2022.

Recettes de fonctionnement du budget principal et des budgets annexes (2021)

417 769 € 492 826 €

Budget annexe ICE


Budget principal
Budget annexe IRVE

22 148 505 €

Source : CRC d’après les comptes de gestion

Les flux réciproques entre le budget principal et les budgets annexes aux comptes de
résultat (charges et produits) sont estimés à 256 800 € en 2021, et les flux réciproques aux
comptes de bilan (dettes et créances réciproques) à 1,6 M€. Sauf exception signalée, les données
financières présentées dans la suite du présent rapport sont des données consolidées16.

15
Réalisation du Plan de Corps de Rue Simplifié (PCRS), prévu par la réforme anti-endommagement des réseaux,
destiné à constituer le fond de plan sur lequel tous les exploitants de réseaux publics et privés viendront reporter
leurs plans de réseaux géoréférencés, et activités accessoires liées à l’exploitation de ces données.
16
Neutralisation des flux réciproques

22
SYDELA

Le budget annexe « infrastructures de communications électroniques » (ICE)


Le budget annexe ICE, également tenu en M14, a été créé pour gérer jusqu’en 2020
une opération de montée en débit du réseau de communications électroniques (développement
de la fibre optique) dans le cadre du schéma directeur territorial d’aménagement numérique
(SDTAN), en co-financement avec le Département de Loire-Atlantique. Une convention
conclue avec le Département règle les modalités de répartition du financement des
investissements et de la propriété du patrimoine réalisé (450 km de fibre optique, 150 km de
fourreaux et 167 armoires). Cette opération constituait la première étape de mise en œuvre du
SDTAN, qui doit se poursuivre par le développement du très haut débit 100 % fibre à l’horizon
2025, avec l’aide des subventions du plan France très haut débit. Ainsi, à l’issue de la
convention passée avec le Département, il a été mis fin à l’indivision du patrimoine réalisé, par
cession au Département de la part détenue par le SYDELA en 2020, de sorte que la propriété
et la gestion de ces infrastructures ne relève plus que d’une seule personne morale et que la
suite de l’opération de montée en débit soit éligible aux subventions du plan France très haut
débit.
Aussi, à partir de l’exercice 2021, le budget annexe ICE, dépourvu de son objet initial,
se voit transférer les recettes et dépenses liées à la gestion du patrimoine téléphonique des
collectivités adhérentes (maintenance et exploitation des infrastructures, notamment mise à
disposition des opérateurs de communications électroniques des fourreaux communaux),
jusqu’ici suivies au sein du budget principal.

Le budget annexe « infrastructures de recharge pour véhicules électriques » (IRVE)


Un budget annexe IRVE, doté de l’autonomie financière et assujetti à la TVA, a été créé
au 1er juillet 2016 en tant que service public industriel et commercial (SPIC), soumis à la
nomenclature M4, pour individualiser les recettes et les dépenses liées au déploiement et à la
gestion des bornes de recharge pour les véhicules électriques17.
Les articles L. 2224-1 et L. 2224-2 du CGCT imposent l’équilibre budgétaire des SPIC
et interdisent aux collectivités de prendre en charge sur leur budget principal des dépenses au
titre de ces services sauf dérogation liée, notamment, à l’exigence pour les besoins du service
d’investissements dont l’importance, eu égard au nombre d’usagers, implique qu’ils ne peuvent
être financés sans augmentation excessive des tarifs. Nonobstant sa qualification de SPIC, le
budget annexe IRVE a ainsi bénéficié entre 2016 et 2018 de subventions d’équilibre versées
par le budget principal, sur le fondement de cette dérogation prévue au 2° de
l’article L. 2224-218. Toutefois, conformément au 6ème alinéa de cet article, la délibération du
comité syndical aurait dû fixer « les règles de calcul et les modalités de versement des dépenses
du service prises en charge ». Celui-ci prévoit qu’« en aucun cas, cette prise en charge ne peut
se traduire par la compensation pure et simple d’un déficit de fonctionnement. » En se bornant
à décider du versement d’une subvention « afin d’équilibrer la section de fonctionnement du
budget annexe » d’un montant « correspondant au besoin réel de la section de
fonctionnement »19, les délibérations du comité syndical étaient donc irrégulières.

17
Cf. Délibération du comité syndical n° 2016-21 du 9 juin 2016
18
Cf. Délibération du comité syndical n° 2016-35 du 7 juillet 2016
19
Cf. Délibérations du comité syndical n° 2017-22-2 du 30 mars 2017 et n° 2018-23 du 29 mars 2018

23
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Considérant l’impossibilité d’équilibrer l’activité de création et d’exploitation des IRVE


sans un apport du budget principal, du fait que la tarification incitative fixée ne permet pas de
couvrir le coût global du service, le SYDELA a décidé de sa propre initiative de requalifier le
budget annexe IRVE en service public à caractère administratif (SPA) à compter du
1er janvier 2019, alors même que cette activité est pourtant qualifiée de SPIC par l’article
L. 2224-37 du CGCT20.

Le budget annexe « transition énergétique » (TEN) créé au 1er mars 2022


Dans le contexte des expérimentations de circuits courts de l’énergie, le SYDELA a
inauguré en octobre 2020 à Orvault la « zone d’énergie partagée du Bois Cesbron » avec
l’installation sur son parking d’une ombrière photovoltaïque dont l’énergie produite (106 MWh
par an) alimente directement les bâtiments de son siège social, la salle de spectacle de la
commune d’Orvault (l’Odyssée) et l’aire d’accueil des gens du voyage de Nantes Métropole.
L’opération s’inscrit dans le cadre réglementaire de l’autoconsommation collective, qui permet
la répartition de l’énergie produite entre les consommateurs parties au projet et la revente du
surplus d’énergie non consommée.
En dépit du caractère industriel et commercial de l’activité de production et de
distribution d’énergie qui impose un suivi au sein d’un budget annexe dédié, le comité syndical
a approuvé l’imputation au budget principal des flux financiers générés par l’opération
d’autoconsommation collective, en contradiction avec la règlementation budgétaire21 rappelée
à plusieurs reprises par le comptable public. Le syndicat argue en effet du but non lucratif
poursuivi par le projet d’autoconsommation collective, qui est destiné à couvrir en priorité ses
propres besoins en énergie et ne devrait générer qu’à la marge des recettes liées à la revente
d’énergie à des tiers. Ainsi, il estime que l’équilibre budgétaire de ce projet n’est pas garanti et
que sa gestion sous forme de budget annexe serait complexe, onéreuse et peu adéquate. À la
demande de la préfecture de Loire-Atlantique, le SYDELA a créé à compter du 1er mars 2022
un budget annexe TEN soumis à la nomenclature M4 et assujetti à la TVA, destiné à
individualiser les opérations relatives à son activité de production et de vente d’énergies22,
lequel doit toutefois son équilibre au versement d’une subvention de fonctionnement du budget
principal pour l’exercice 2022. À l’avenir, la qualification de SPIC prévue par la réglementation
pour cette activité pourrait ainsi poser au SYDELA le même problème que celui rencontré avec
le budget annexe IRVE, à savoir la difficulté à équilibrer ce budget annexe conformément aux
articles L. 2224-1 et L. 2224-2 du CGCT.

20
Cet article pose les conditions à l’exercice de cette compétence et se situe dans un chapitre consacré aux services
publics industriels et commerciaux.
21
Délibération n° 2020-71 du 5 novembre 2020
22
Délibération n° 2022-02 du 24 février 2022

24
SYDELA

Le cadre juridique de l’autoconsommation collective


L’autoconsommation collective, définie par l’ordonnance n° 2016-1019 du
27 juillet 2016 (article L. 315-2 du code de l’énergie) complétée par le décret
n° 2017-676 du 28 avril 2017, permet à un ou plusieurs producteurs et un ou
plusieurs consommateurs dont les points de soutirage et d’injection sont situés sur
une même antenne basse tension du réseau public de distribution, de se regrouper
au sein d’une personne morale pour organiser la consommation partagée de
l’énergie produite.
La personne morale organisatrice (PMO)23 est chargée notamment de
communiquer au gestionnaire du réseau de distribution (Enedis) les informations
relatives à la répartition de la production autoconsommée entre les consommateurs
finals concernés. Dans le cadre de l’autoconsommation collective, l’énergie
produite et autoconsommée transite par le réseau public de distribution, ce qui
nécessite la signature d’une convention avec le gestionnaire du réseau. L’échange
entre le(s) producteur(s) et le(s) consommateur(s) est considéré comme une vente
d’énergie, soumise à TVA, aux taxes sur la consommation finale d’électricité et à
un TURPE spécifique.
Le surplus d’énergie produite est revendu sur le réseau dans le cadre d’un
contrat de rachat avec un acteur de marché (au cas d’espèce, le fournisseur
d’électricité Enercoop).
L’autoconsommation collective est ainsi considérée comme une activité à
caractère industriel et commercial, et doit donc faire l’objet, lorsqu’elle est mise en
œuvre par une collectivité publique, d’un suivi en budget annexe.
Le SYDELA considère que les règles administratives et budgétaires
applicables à l’autoconsommation collective constituent un frein au développement
de ce type de projets.

2.2 La qualité de l’information financière

2.2.1 Le respect des règles de présentation et d’adoption des documents budgétaires

Les budgets primitifs de 2017 à 2022 ont tous été adoptés, concomitamment à la
délibération d’affectation des résultats, et transmis au représentant de l’État avant le 15 avril,
délai de rigueur prévu par l’article L. 1612-2 du CGCT. Les comptes administratifs et les
comptes de gestion sont également approuvés lors de cette séance du comité syndical 24.

23
Pour l’autoconsommation collective du Bois Cesbron, la PMO est le SYDELA
24
Réunions du comité syndical du 30 mars 2017, du 29 mars 2018, du 3 avril 2019, du 27 février 2020, du
4 mars 2021 et du 17 mars 2022

25
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

L’organisation d’un débat d’orientations budgétaires précède systématiquement


l’adoption du budget primitif25. Le rapport d’orientations budgétaires (ROB) produit à cette
occasion comporte une rétrospective budgétaire, les prévisions de crédits par activité, les
informations relatives à l’évolution de la trésorerie sur N-1 et à l’état de la dette. Il ne comporte
pas de prospective financière au-delà de l’exercice courant.
Les ROB 2017 à 2021 ne contiennent pas les précisions sur l’évolution des effectifs,
l’évolution prévisionnelle des dépenses de personnel, des rémunérations, des avantages en
nature et du temps de travail, prévues au 3ème alinéa de l’article L. 2312-1 du CGCT, applicable
aux syndicats mixtes de plus de 10 000 habitants et comprenant au moins une commune de
3 500 habitants et plus26. Cette absence est d’autant plus préjudiciable, sur un plan stratégique,
que l’effectif et la masse salariale ont connu une forte croissance sur cette période, qui appelle
une attention particulière du comité syndical. Dans sa réponse aux observations provisoires,
l’ordonnateur précise qu’une information détaillée sur l’évolution des effectifs, les recrutements
envisagés et les dépenses y afférentes est communiquée à l’assemblée délibérante à l’appui des
ROB depuis 2021.
Par ailleurs, certaines annexes des comptes administratifs sont incomplètes :
- l’annexe A11 « état des travaux en régie » est vierge malgré la comptabilisation de travaux
en régie au compte 722 sur les exercices 2017, 2018 et 2019 ;
- l’annexe B1.7 « liste des concours attribués à des tiers en nature ou en subventions » ne
mentionne pas la participation du syndicat aux acquisitions de matériel et travaux sur les
réseaux d’éclairage public réalisés sous mandat, pourtant comptabilisée au compte 204148227
« subventions d’équipement versées – autres communes – bâtiments et installations » ;
- l’annexe C1.1 « état du personnel » ne comporte aucune indication quant aux rémunérations
des agents non titulaires.

2.2.2 La publicité des informations financières

L’article L. 2313-1 du CGCT s’applique aux syndicats mixtes de plus de


10 000 habitants et comprenant au moins une commune de 3 500 habitants et plus. Celui-ci
prévoit la mise en ligne sur le site internet du syndicat de la présentation jointe au budget
primitif et au compte administratif, retraçant les informations financières essentielles et destinée
à permettre l’information des citoyens, du rapport adressé à l’organe délibérant à l’occasion du
débat d’orientations budgétaires de l’exercice, et des notes explicatives de synthèse annexées
au budget primitif et au compte administratif conformément à l’article L. 2121-12 du CGCT.

25
Réunions du comité syndical du 8 mars 2018, du 28 février 2019, du 20 février 2020, du 11 février 2021 et du
24 février 2022
26
Article L. 5211-36 du CGCT. Les dispositions communes relatives aux EPCI (art. L. 5211-1 à L. 5211-62)
s’appliquent aux syndicats mixtes constitués exclusivement de communes et d’EPCI (article L. 5711-1).
27
Opération d’ordre budgétaire.

26
SYDELA

Les ROB sont bien mis en ligne sur le site internet du SYDELA pour l’ensemble de la
période, ainsi que pour les exercices antérieurs (depuis 2011). En revanche, seules les
délibérations d’approbation du budget primitif et du compte administratif sont publiées. Il
conviendrait d’y adjoindre les notes explicatives adressées au comité syndical ainsi qu’une
présentation des principales données financières, de façon à éclairer davantage le public sur la
situation financière du syndicat.
Depuis 2022, le SYDELA publie un guide financier qui détaille, pour chacune de ses
activités, les modalités de répartition du financement entre les collectivités et le syndicat pour
ses prestations de services28 et les interventions réalisées sous sa maîtrise d’ouvrage29.

2.2.3 La publication des données relatives aux marchés publics

L’article L. 2196-2 du code de la commande publique, applicable depuis le


1 avril 2019, dispose que « l’acheteur rend accessibles sous un format ouvert et librement
er

réutilisable les données essentielles du marché, hormis celles dont la divulgation méconnaîtrait
les dispositions de l’article L. 2132-1 ou serait contraire à l’ordre public. » Si le site internet du
SYDELA comporte bien une rubrique « marchés publics », celle-ci est presque vide et renvoie
vers son profil acheteur sur une plateforme électronique, qui ne permet pas de consulter les
données essentielles relatives aux marchés passés par le syndicat depuis 2019.

2.2.4 La sincérité des prévisions budgétaires

Taux d’exécution budgétaire

2017 2018 2019 2020 2021


Section de fonctionnement
Dépenses 78,8 % 77,7 % 81,0 % 82,1 % 89,0 %
Recettes 88,0 % 87,7 % 89,6 % 101,7 % 98,5 %
Section d'investissement
Dépenses (hors RAR) 53,1 % 58,2 % 63,3 % 47,6 % 49,1 %
Dépenses (avec RAR) 79,7 % 89,8 % 94,2 % 78,7 % 82,9 %
Recettes (hors RAR) 59,6 % 55,3 % 67,0 % 47,2 % 56,3 %
Recettes (avec RAR) 86,6 % 89,5 % 98,0 % 83,9 % 91,9 %
Note : Données agrégées du budget principal et des budgets annexes
Source : Comptes administratifs

28
Coordination du groupement d’achat d’énergie, conseil en énergie partagée, accompagnement à l’élaboration
des PCAET, études de faisabilité des projets de production d’énergie renouvelable, etc.
29
Travaux sur les réseaux électriques, d’éclairage public et de communications électroniques, installation de
bornes de recharge pour véhicules électriques, maintenance des infrastructures, etc.

27
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

La fiabilité des prévisions budgétaires est assez peu satisfaisante. Bien qu’en
progression depuis 2017, le taux d’exécution des dépenses de fonctionnement, de 82 % en
moyenne sur la période, est plutôt faible. S’agissant plus spécifiquement des « charges à
caractère général », dont les crédits sont facilement anticipables, les taux de réalisation sont
particulièrement faibles entre 2017 et 2020 (64 % en moyenne) mais s’améliorent nettement en
2021 (80 %). Selon le SYDELA, ces taux de réalisation s’expliquent par la difficulté
d’anticipation par le syndicat des dépenses de maintenance de l’éclairage public et des réseaux
de communications électroniques exécutées dans le cadre du transfert de ces compétences par
les collectivités adhérentes, qui représentent 58,5 % des charges à caractère général sur la
période. Leur forte hausse a été largement tributaire des nouvelles adhésions et de l’état des
réseaux transférés30. La sous-exécution budgétaire se retrouve également en recettes de
fonctionnement, avec un taux de réalisation moyen de 93 % seulement.
En section d’investissement, les dépenses et recettes projetées sont largement
surévaluées sur la période, avec des restes à réaliser en augmentation. Le taux d’exécution des
dépenses et des recettes hors restes à réaliser n’est ainsi que de 55,7 % en moyenne sur la
période, et atteint 87,5 % en intégrant les restes à réaliser. La faible qualité des prévisions
budgétaires semble traduire les difficultés du SYDELA à projeter une stratégie
d’investissement, étant fortement dépendant des décisions des collectivités adhérentes pour le
compte desquelles il intervient. Les taux d’exécution budgétaire sont biaisés par l’inscription
systématique au budget principal de crédits31 ne correspondant à aucune dépense réelle, qui font
ensuite l’objet d’une annulation. Cette pratique vise à équilibrer artificiellement la section
d’investissement, laquelle présente un suréquilibre budgétaire structurel. Elle porte atteinte au
principe de sincérité des prévisions de dépenses, alors que l’article L. 1612-7 du CGCT autorise
le vote du budget de la section d’investissement en suréquilibre.
Le SYDELA ne dispose pas d’un plan pluriannuel d’investissement (PPI) et n’utilise
pas la procédure des autorisations de programme et des crédits de paiement (AP/CP) pour la
gestion de ses crédits d’investissement. Celle-ci est pourtant intéressante pour les opérations
d’investissement financièrement lourdes dont la durée de réalisation est supérieure à l’exercice
en cours (exemple : construction du siège, installation des ombrières photovoltaïques, etc.), en
permettant de ne faire supporter au budget que les seules dépenses à régler au cours de
l’exercice et non l’intégralité d’une dépense pluriannuelle, et d’éviter dans certains cas de
mobiliser un emprunt sans en avoir encore les besoins en trésorerie. En réponse aux
observations provisoires, l’ordonnateur précise que cette procédure a déjà été utilisée par le
passé, pour le déploiement des infrastructures de recharge de véhicules électriques.
Le SYDELA ne s’est pas non plus doté d’un règlement budgétaire et financier (RBF),
qui deviendra obligatoire à compter du passage au référentiel M57, au 1er janvier 2024. Le RBF
devra décrire les procédures budgétaires appliquées par le syndicat et préciser notamment les
modalités de vote du budget et les règles de gestion des autorisations de programme (AP) en
investissement, des autorisations d’engagement (AE)32 et des crédits de paiement (CP).

30
Cf. 3.1.2.1. ci-après
31
au compte n° 2318
32
Les AP constituent la limite supérieure des dépenses pouvant être engagées pour l’exécution des investissements.
Les AE constituent la limite supérieure des dépenses pouvant être engagées pour l’exécution des dépenses de
fonctionnement. Elles sont limitées quant à l’objet de la dépense. Les AP comme les AE demeurent valables sans
limitation de durée, jusqu’à leur annulation, et peuvent être révisées.

28
SYDELA

Ainsi, le SYDELA doit se donner les moyens de piloter ses crédits d’investissement afin
d’assurer l’effectivité du suivi budgétaire et d’améliorer la qualité de ses prévisions.

Recommandation n° 3 : Mettre en place des outils de pilotage des dépenses


d’investissement, en lien avec les collectivités membres.

2.3 La fiabilité des comptes

2.3.1 La fiabilité de la comptabilité d’engagement

De 2017 à 202133, 69 % des dépenses et des recettes ont fait l’objet d’un engagement en
comptabilité budgétaire. S’agissant plus particulièrement des charges à caractère général, le
faible taux de réalisation constaté en 2017 peut être mis en lien avec l’absence de comptabilité
d’engagement des dépenses de cet exercice.
Les processus dépenses et recettes ont été formalisés en 2016 dans un document destiné
à la formation des agents du SYDELA, intitulé « Dématérialisation des factures » et qui traite
principalement de la dématérialisation de ces processus, mais ne mentionne pas l’étape
d’engagement préalable des dépenses. Les autres supports de formation aux règles budgétaires
communiqués par le syndicat sont très généraux. Le syndicat gagnerait à mettre davantage
l’accent sur la tenue de la comptabilité d’engagement lors de la formation des agents.
La tenue de la comptabilité d’engagement repose sur la saisie manuelle des engagements
par le service comptabilité, sur la base des engagements renseignés par les services métiers dans
le logiciel de suivi des travaux (SYDENET) ou des bons de commande déposés sur un
répertoire d’échange pour les activités hors travaux. Le SYDELA ne dispose pas en effet d’un
logiciel comptable intégré. Il n’y a pas de numérotation unique et continue des engagements,
une numérotation identique est redémarrée à chaque nouvel exercice et le numéro
d’engagement initial est conservé lors de la duplication d’un engagement d’un exercice sur
l’autre. Ces procédures d’engagement, plus que le logiciel utilisé, sont sources d’erreurs et ne
permettent pas une fiabilité satisfaisante de la comptabilité d’engagement.
La mise en place d’un nouveau logiciel financier intégré, prévue en 2022, devra être
l’occasion de revoir ces procédures. Celui-ci permettra notamment l’accès aux services métiers,
afin de faciliter le pilotage de leurs crédits, ainsi que l’archivage des pièces justificatives
dématérialisées.

33
Grand livre comptable

29
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

2.3.2 Le rattachement des charges et des produits à l’exercice

La procédure de rattachement des charges et des produits vise à respecter le principe


d’indépendance des exercices. Elle a pour finalité de faire apparaître dans le compte de résultat
l’intégralité des charges ayant donné lieu à service fait au cours de l’exercice, et des produits
acquis à l’organisme, même si les pièces comptables correspondantes n’ont pas encore été
reçues ou émises.
Depuis 2019, le SYDELA procède au rattachement des charges et des produits (hors
intérêts courus non échus) à l’exercice pour des montants très importants. Ces derniers
s’expliquent par le décalage d’un trimestre entre la perception et le reversement par la DGFiP
de la taxe communale sur la consommation finale d’électricité (TCCFE). La mise en œuvre de
la procédure de rattachement à l’exercice a été progressive. À la clôture de l’exercice 2021, le
taux de rattachement des produits atteint ainsi près de 29 % du total des produits de l’exercice,
contre 18 % en 2019, constitués aux trois quarts par la TCCFE du 4ème trimestre. Les charges
rattachées représentent quant à elles plus d’un quart des charges annuelles (15 % en 2019). Elles
sont constituées à plus de 40 % par le reversement de la TCCFE aux communes concernées, tel
que permis par l’article L. 5212-24 du CGCT.
L’état des pièces rattachées à l’exercice est désormais produit et concorde avec les
écritures de charges à payer et de produits à recevoir. Cependant, l’examen des pièces
justificatives jointes au titre et au mandat de rattachement ne permet pas de rapprocher ces
justificatifs des charges et produits listés sur l’état des pièces rattachées.
L’examen des premiers mandatements de l’exercice 2021 n’appelle pas d’observation
quant à l’exhaustivité des rattachements de charges. S’agissant en revanche des produits, il
apparaît qu’un certain nombre de rattachements ont été omis, concernant essentiellement les
recettes des travaux de maintenance de l’éclairage public du 4 ème trimestre, en raison de la
transmission tardive au service comptable par le service en charge du dossier des engagements
correspondants, qui n’ont pu être saisis dans les temps. Au final, les anomalies constatées
relèvent là aussi de la faiblesse de la procédure d’engagement comptable.

2.3.3 Le suivi de la comptabilité patrimoniale : l’inventaire et l’état de l’actif

Les dates de mise en service des immobilisations ne sont renseignées ni dans l’inventaire
tenu par l’ordonnateur, ni dans l’état de l’actif du comptable, ce qui complique le contrôle du
suivi comptable du patrimoine. Par ailleurs, le SYDELA ne dispose pas du détail de certains
comptes34, transférés de l’actif du SYDELA I à celui du SYDELA II à l’occasion de la
dissolution du syndicat primaire et de la création du syndicat actuel en 2008. Le comptable a
indiqué que les travaux de fiabilisation nécessaires sont en cours.

34
Exemple : les comptes 276358 ou 217538 inscrits à l’actif pour un montant global sous l’intitulé « migration »

30
SYDELA

Par ailleurs, la chambre note que les terrains inscrits à l’actif au compte 2111 « terrains
nus » sont valorisés, non pour leur valeur, mais pour le montant des frais de notaire liés à leur
acquisition. En effet, seules les factures d’honoraires des notaires étaient jusqu’ici transmises
au service comptable à l’occasion des acquisitions de terrains, les actes de vente étant conservés
par les services métiers, ce qui ne permettait pas une inscription à l’actif de ces biens pour leur
valeur d’acquisition. Le gestionnaire de patrimoine recruté en 2022 sera notamment chargé de
régulariser ces actifs.
La comparaison entre l’état de l’actif et le bilan du budget principal au
31 décembre 2020 révèle un écart de 30 875 € sur le montant des amortissements pratiqués sur
les « autres immobilisations corporelles », représentant moins de 0,3 % du total des
amortissements inscrits au bilan. Un écart plus important sur le montant des amortissements est
constaté entre l’état de l’actif et l’inventaire transmis par le SYDELA : une partie des
amortissements de l’exercice 2020 ont été, ici aussi, omis à l’état de l’actif pour un total de
589 870 € (soit 5 % du total des amortissements). S’agissant des budgets annexes, la
concordance entre l’actif et l’inventaire est avérée.
Conformément à l’instruction M14, les immobilisations corporelles en cours
(compte 23) doivent être intégrées aux comptes définitifs d’immobilisations corporelles
(compte 21) dès leur mise en service. Cette opération constitue le préalable au processus
d’amortissement. Sur l’entité consolidée35, la valeur des immobilisations en cours représente
11,9 % de la valeur brute totale des immobilisations au 31 décembre 2020, contre 28,3 % en
2018. Le montant des immobilisations en cours a en effet été réduit de moitié en 2019 grâce à
la régularisation opérée sur cet exercice, via le transfert au compte 21534 des travaux relatifs
aux réseaux électriques antérieurs à 2010, d’une valeur brute de 106,9 M€.
En vertu de ses statuts, dans le cadre de l’exercice de sa compétence d’autorité
organisatrice de la distribution d’électricité, le SYDELA est propriétaire de l’ensemble des
ouvrages du réseau public de distribution d’électricité situés sur son territoire, qui sont
comptabilisés à son actif. Initialement enregistrés à tort au compte 217534 « immobilisations
corporelles reçues au titre d’une mise à disposition », les réseaux ont été transférés en 2017
parmi les immobilisations détenues en pleine propriété, au compte 21534 « réseaux
d’électrification ». Ils représentent un patrimoine de plus de 556 M€ au 31 décembre 2020.
L’exploitation de ces réseaux est confiée à Enedis dans le cadre de la concession de distribution
d’électricité. Pour la comptabilisation des biens concédés, l’instruction M14 prévoit l’utilisation
du compte 241 « immobilisations mises en concession ou en affermage ». Or, il apparaît que
les réseaux électriques entrant dans le champ de la concession sont enregistrés au compte 21534
et ne font pas l’objet d’une comptabilisation au compte 241, lequel n’est pas ouvert dans la
comptabilité du SYDELA.
Bien que propriété des concédants, les biens mis dans les concessions de distribution
publique d’électricité sont inscrits au bilan d’Enedis, dont ils représentent 86 % de l’actif
immobilisé36. Or, l’enregistrement d’un même bien, sous le même compte d’imputation, à
l’actif propre du bilan de deux entités, en l’occurrence un concédant et son concessionnaire, est
contraire aux normes comptables.

35
Budget principal et budgets annexes
36
Cour des comptes, Rapport sur les comptes et de la gestion d’Enedis, 2020

31
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

La chambre invite en conséquence le SYDELA à procéder à la comptabilisation des


réseaux électriques concédés au compte 241. La correcte imputation comptable de l’actif
concédé paraît d’autant plus importante que le syndicat a entamé une procédure contentieuse
avec Enedis à propos des comptes de la concession.

Recommandation n° 4 : Transférer la valeur des réseaux électriques concédés à Enedis


au compte d’immobilisations mises en concession.

2.3.4 Les amortissements

2.3.4.1 Les règles générales d’amortissement


Le comité syndical a fixé les durées d’amortissement du bâtiment de son siège social
(15 ans)37, de ses biens mobiliers (5 ans), des subventions d’équipement versées (5 ans) et des
bornes de recharge pour véhicules électriques (7 ans)38. Il n’a pas fixé de seuil en-deçà duquel
les immobilisations de faible valeur peuvent s’amortir sur un an. S’agissant des installations de
communications électroniques, une délibération du 10 mars 2016 fixe à 30 ans la durée
d’amortissement de ces biens.
Les durées d’amortissement appliquées sont conformes à ces délibérations ainsi qu’aux
règles d’amortissement fixées par l’instruction M14, à l’exception des réseaux fibres qui sont
amortis sur 40 ans au lieu de 30 ans, ainsi que de deux subventions d’équipement amorties sur
15 ans sans qu’une délibération n’ait été prise en ce sens :
- une subvention versée en 2018 par le budget principal au budget annexe IRVE39 ;
- une subvention du projet de centrale photovoltaïque de Pénestin enregistrée au
compte 2041581 « subventions d’équipement aux organismes publics – autres groupements
– biens mobiliers, matériel et études » alors qu’elle apparaît destinée davantage à financer
des installations40 et pourrait, à ce titre, être amortie sur une durée allant jusqu’à 30 ans ou
40 ans, en application de l’instruction M14 qui autorise l’amortissement sur une durée
maximale de 30 ans des subventions finançant des biens immobiliers ou des installations, et
de 40 ans de celles finançant des projets d’infrastructures d’intérêt national (logement social,
réseaux très haut débit, etc.). Le comptable public indique qu’il participe à ces travaux.

37
Délibération n°2015-43 du 26 novembre 2015
38
Délibération n°2019-53 du 7 novembre 2019
39
Enregistrée au c/2041641
40
Cf. délibération du comité syndical n°2018-05 du 8 mars 2018

32
SYDELA

2.3.4.2 L’amortissement des réseaux électriques concédés


En application de l’article R. 2321-1 du CGCT, les amortissements ne sont pas pratiqués
sur les immobilisations propriétés du syndicat qui sont concédées. En vertu de ces dispositions,
et en s’appuyant sur les précisions apportées par un rapport de la chambre régionale des comptes
de Franche-Comté41 d’après lequel « selon l’article 10 du cahier des charges [des concessions
de distribution d’électricité] c’est au concessionnaire de pratiquer l’amortissement industriel
pour l’ensemble des ouvrages de la concession. Cette obligation s’applique à toutes les
immobilisations, y compris celles qui ont fait l’objet de travaux par le concédant et ont été
remises au concessionnaire », le SYDELA a décidé de cesser d’amortir les ouvrages électriques
à compter de 201742. Le syndicat n’a pas pour autant décidé d’appliquer en parallèle la
préconisation de ce rapport quant à la comptabilisation des biens remis en concession au
compte 241, qui matérialise le transfert de l’obligation d’amortir sur le concessionnaire.

2.3.4.3 L’amortissement des biens du budget annexe IRVE


L’inventaire comptable du budget annexe IRVE au 31 décembre 2021 est constitué
exclusivement de travaux en cours et d’immobilisations incorporelles, dont aucune n’a fait
l’objet d’un amortissement. S’agissant des travaux en cours relatifs à l’installation des bornes
de recharge pour véhicules électriques, aucun de ces travaux n’ont été transférés au compte 21
et n’ont commencés à être amortis, alors que la plupart des bornes de recharge ont bien été
mises en service. Le syndicat a indiqué qu’il attendait de recevoir le solde des subventions de
l’ADEME afférentes aux bornes de recharge pour transférer ces biens au compte d’imputation
définitif et débuter leur amortissement. Les amortissements qui auraient dû être comptabilisés
depuis leur mise en service feront l’objet d’un rattrapage sur l’exercice 2022.

2.3.4.4 L’amortissement des subventions du budget annexe ICE


L’inventaire comptable du budget annexe ICE au 31 décembre 2021 comporte des
subventions d’équipement versées (c/204), inscrites entre 2017 et 2020 pour un total de
139 750 €, qui n’ont fait l’objet d’aucun amortissement contrairement à ce que prévoit
l’instruction M14 et les délibérations du comité syndical.

41
ROD sur la gestion du Syndicat mixte d’énergies, d’équipements et de e-communication du Jura (SIDEC), CRC
Franche-Comté, 2011
42
Délibération du comité syndical n°2017-23 du 30 mars 2017

33
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

2.3.5 Les engagements hors bilan au titre de la concession de distribution d’électricité

La préparation du renouvellement de la concession de distribution publique d’électricité,


conclue en 1994 pour une durée de 30 ans, est marquée par un différend43 entre le SYDELA et
Enedis sur la valorisation des passifs de la concession, qui serviraient de base de calcul à
l’indemnité due en cas de rupture de la concession44, et dont la signature du nouveau contrat de
concession vaudrait validation du montant par les parties45.
Les passifs retracés dans le compte spécifique de concession correspondent aux droits
du concédant sur le concessionnaire, et comprennent :
− les droits du concédant sur les ouvrages existants, constitués de la contre-valeur des
ouvrages concédés, qui correspond à leur valeur nette comptable et matérialise l’obligation
de retour des biens au concédant, déduction faite du montant non amorti de la participation
du concessionnaire au financement des ouvrages de la concession, qui représente la créance
du concessionnaire sur le concédant ;
− les droits du concédant sur les biens à renouveler, qui correspondent aux obligations du
concessionnaire au titre de ces biens, et sont constitués :
• de l’amortissement constitué sur la partie des biens financée par le concédant, qui
représente la dette du concessionnaire envers le concédant ;
• de la provision pour renouvellement, calculée par différence entre la valeur de
renouvellement et la valeur d’origine des biens renouvelables avant la fin de la
concession.

Compte de concession au 31 décembre 2020

Montant
Compte spécifique de concession 635,4 M€
Dont contre-valeur des biens concédés (VNC au bilan d’Enedis) 826,7 M€
Dont financement du concessionnaire non amorti -426,5 M€
Dont amortissement du financement du concédant 235,2 M€
Provision pour renouvellement 118,9 M€
Source : CRAC 2020, Enedis
Le SYDELA conteste le mode de calcul par Enedis :
- des provisions pour renouvellement : calcul de ces provisions sur les ouvrages basse
tension en zone rurale (sous maîtrise d’ouvrage du syndicat) et pondération des dotations
aux provisions en fonction de tables de probabilités de renouvellement déterminées par
Enedis ;

43
Cf. partie 4.1.2. du rapport
44
Cf. art. 31 B du contrat de concession du 11 octobre 1994 et article 49 du nouveau Cahier des charges des
concessions de distribution d’électricité, pour ce qui concerne le futur contrat de concession
45
Cf. art. 11 B 2° du Cahier des charges

34
SYDELA

- des amortissements des financements du concédant sur les ouvrages de basse tension en
zone rurale ;
- de l’actualisation de la valeur de remplacement des ouvrages lorsque ceux-ci ne sont pas
renouvelés au terme de leur plan d’amortissement, qui impacte la valeur des provisions
pour renouvellement (lesquelles seraient par conséquent insuffisantes). En effet, Enedis
cesse d’actualiser les provisions pour renouvellement des biens lorsque ceux-ci ne sont pas
renouvelés ou lorsque leur plan d’amortissement comptable arrive à son terme. Or, le
SYDELA considère qu’en vertu de l’article 10 du contrat de concession actuel, qui stipule
que le concessionnaire est tenu de constituer des provisions pour renouvellement « prenant
en considération le coût de remplacement des immobilisations concernées », Enedis
devrait ajuster le montant des provisions pour renouvellement en fonction de leur valeur
de remplacement actualisée.
Le SYDELA estime ainsi que les provisions pour renouvellement et les amortissements
des financements du concédant sont minorés par Enedis, ce qui revient à minorer les droits du
syndicat sur son concessionnaire au sein des passifs de la concession, de près de 140 M€.
Dans son mémoire en défense, Enedis indique que les normes comptables ne lui
permettent de constituer des provisions que pour le renouvellement de biens dont elle aura la
charge, ce qui exclut les biens sous la maîtrise d’ouvrage du SYDELA ainsi que les biens dont
le renouvellement n’est pas prévu avant le terme du contrat. Enedis justifie ainsi l’absence de
provisionnement au titre du renouvellement de 80 % des ouvrages situés en zone rurale46 et son
utilisation de tables de probabilités pour les besoins du calcul de la provision pour
renouvellement. Enedis considère que le champ d’application de l’amortissement des
financements du concédant est identique à celui de la provision pour renouvellement. Enfin,
Enedis estime que les règles comptables font obstacle à ce qu’il complète les provisions pour
renouvellement ayant trait à des biens dont la durée d’amortissement a été atteinte.
Ce différend comptable a été réaffirmé par le SYDELA à l’occasion de la présentation
du compte-rendu annuel de concession47, ainsi que dans son rapport d’activité 2020. Sur la base
du compte de concession établi par Enedis au 31 décembre 2018, le SYDELA a chiffré à 49 M€
l’indemnité dont il serait redevable dans l’hypothèse - très improbable - du non renouvellement
de la concession.
Le retraitement du passif de la concession conformément aux demandes du SYDELA
conduirait au contraire Enedis à lui verser une indemnité évaluée à 91 M€. En effet,
l’article 31 B du contrat de concession prévoit qu’en cas de non renouvellement de celle-ci :
- « (…) le concessionnaire recevra de l’autorité concédante une indemnité égale à la valeur
non amortie réévaluée des ouvrages faisant partie de la concession dans la proportion de sa
participation à leur établissement. Cette réévaluation sera déterminée par référence au taux
moyen des financements à long terme du concessionnaire ;
- le concessionnaire reversera à l’autorité concédante le solde des provisions constituées pour
le renouvellement ultérieur desdits ouvrages, complété des amortissements industriels
constitués dans la proportion de la participation du concédant. »

46
Enedis estime que les biens renouvelés par le SYDELA représentent 80 % des ouvrages en basse tension en
zone rurale, tandis que seuls 20 % sont renouvelés par Enedis.
47
Délibération du comité syndical n°2021-28A du 4 mars 2021.

35
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

L’indemnité de fin de concession versée serait ainsi égale à la différence entre la créance
du concessionnaire sur le concédant et la créance du concédant sur le concessionnaire.
L’article 49 du nouveau cahier des charges des concessions de distribution publique
d’électricité, adopté en décembre 2017 par la FNCCR, plafonne cette indemnité à la valeur nette
comptable des ouvrages de la concession.
Selon les termes de l’instruction M14, « les comptes d’engagements hors bilan
enregistrent les droits et obligations susceptibles de modifier le montant ou la consistance du
patrimoine ou des engagements ayant des conséquences financières sur les exercices à venir.
Les effets des droits et obligations sur le montant ou la consistance du patrimoine sont
subordonnés à la réalisation de conditions ou d’opérations ultérieures ». Les engagements
réciproques du SYDELA et d’Enedis prévus par le contrat de concession, qui sont susceptibles
d’avoir des conséquences financières importantes en cas de non renouvellement de la
concession, devraient figurer dans l’annexe des comptes du syndicat au titre des engagements
hors bilan.

Recommandation n° 5 : Renseigner dans les engagements hors bilan les indemnités


potentielles auxquelles seraient tenus respectivement le SYDELA et Enedis en cas de non
renouvellement de la concession, au titre des droits du concessionnaire sur le concédant
(engagement donné) et des droits du concédant sur le concessionnaire (engagement reçu),
conformément aux dispositions du contrat de concession.

______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________

L’examen de la fiabilité des comptes a mis en lumière une fragilité concernant la tenue
de la comptabilité d’engagement, ainsi qu’une connaissance perfectible de son patrimoine par
le syndicat.
Les principales recommandations portent sur la présentation des actifs et des passifs
relatifs à la concession de distribution publique d’électricité, au bilan et en annexe des comptes,
afin d’améliorer la sincérité des comptes du syndicat.

36
SYDELA

3 ANALYSE FINANCIÈRE

3.1 L’évolution de l’autofinancement

3.1.1 Les produits de gestion

Entre 2017 et 2021, les produits de gestion du SYDELA ont progressé au rythme de
+ 4,4 % par an, soit + 19,2 % au total, passant de 15,4 M€ à 18,4 M€. Cette augmentation
provient :
- du dynamisme des ressources d’exploitation (+ 1,6 M€) : travaux de génie civil des
réseaux téléphoniques et d’éclairage public facturés aux collectivités, vente d’électricité et
de gaz dans le cadre des groupements d’achats, redevance de concession versée par
Enedis ;
- de la hausse des taxes sur la consommation finale d’électricité (+ 0,8 M€) et des
subventions de l’ADEME principalement (+ 0,6 M€).
Les produits de gestion se répartissent comme suit :

Répartition des produits de gestion (2021)

Source : CRC d’après les comptes de gestion

37
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

3.1.1.1 La taxe communale sur la consommation finale d’électricité

La taxe communale sur la consommation finale d’électricité (TCCFE), dont le produit


s’élève à 16,4 M€ (hors reversements), constitue l’essentiel des ressources du SYDELA. Au
niveau national, cette taxe ne représente que 45 % des recettes des syndicats d’énergies. La
TCCFE est calculée sur la base des quantités d’électricité consommées par les usagers pour une
puissance souscrite inférieure ou égale à 250 kVA48 et versée par les fournisseurs d’électricité,
qui la recouvrent auprès des usagers. L’article L. 5212-24 du CGCT prévoit que la TCCFE est
perçue par le syndicat intercommunal exerçant la compétence d’autorité organisatrice de la
distribution publique d’électricité (AODE), à la place des communes de moins de
2000 habitants et des communes dont la taxe était perçue par le syndicat au
31 décembre 2010, de plein droit ; à la place des autres communes, sur délibérations
concordantes du syndicat et de la commune intéressée. En l’occurrence, le SYDELA perçoit la
TCCFE pour l’ensemble des communes de son ressort à l’exception de trois communes
(Châteaubriant, Pornichet et Sucé-sur-Erdre).
Pour les communes en régime rural, le SYDELA conserve l’intégralité de la TCCFE
perçue. Pour les 26 communes en régime urbain, conformément à la possibilité offerte par le
dernier alinéa de l’article L. 5212-24 du CGCT, le SYDELA ne conserve qu’une fraction de la
TCCFE perçue (18 %) et en restitue le reste du produit aux communes. Ces reversements
représentent près d’un quart du produit total de TCCFE, soit 4 M€, en raison de la population
relativement importante des communes concernées (185 700 habitants).
Les syndicats intercommunaux disposent d’un pouvoir de modulation de la TCCFE
qu’ils prélèvent, en choisissant un coefficient parmi les valeurs suivantes : 0 ; 2 ; 4 ; 6 ; 8 et
8,50. Le SYDELA a opté pour le taux maximal depuis 2014.
La loi du 29 décembre 2020 a instauré une harmonisation à la hausse des coefficients
de TCCFE, qui ne pourront plus être inférieurs à 8,50 à compter du 1 er janvier 202349. À
compter de cette date, les trois composantes actuelles de la taxe sur l’électricité, à savoir la taxe
communale, la taxe départementale (TDCFE) et la taxe intérieure sur la consommation finale
d’électricité (TICFE), seront fusionnées et versées par les fournisseurs d’électricité à la DGFiP,
qui reversera aux collectivités le produit qui leur revient. Le SYDELA craint que la réforme
conduise à une redistribution du produit de taxe sur l’électricité, voire à un allègement pour
compenser la hausse tarifaire de l’électricité subie par les usagers depuis 2022, et entraîne une
diminution de cette ressource pour le syndicat.

48
Art. 23 de la loi n°2010-1488 du 7 décembre 2010 portant nouvelle organisation du marché de l’électricité.
49
Le relèvement du coefficient prévu par la réforme est progressif : ce coefficient doit être supérieur ou égal à 4
depuis le 1er janvier 2021, et supérieur ou égal à 6 depuis le 1 er janvier 2022.

38
SYDELA

3.1.1.2 Les redevances de concessions


La redevance annuelle de concession, versée par Enedis en application de l’article 4 du
contrat de concession de distribution publique d’électricité, se décompose en une part dite « de
fonctionnement » (R1) destinée à couvrir les frais entraînés, par l’autorité concédante, par
l’exercice du pouvoir concédant50, et une part dite « d’investissement » (R2) destinée à financer
une partie des dépenses d’investissement effectuées par le concédant sur les réseaux électriques,
assise sur le montant des investissements nets51 réalisés par le SYDELA en année N-2.
La formule de calcul de la redevance de concession versée par Enedis prend en compte
la population des communes membres du syndicat rapportée à celle du département : plus ce
ratio est proche de 1, plus la redevance versée est importante. Elle est également soumise à un
plafond, majoré lorsque l’autorité concédante regroupe l’intégralité des communes du
département. Ce mode de calcul est conçu pour inciter à la couverture de l’ensemble des
collectivités du département par une seule autorité concédante. Malgré cette incitation
financière, ce n’est pas le cas en Loire-Atlantique, qui en comprend cinq.

Montant des redevances annuelles de concessions

1 600 000 €

1 400 000 €

1 200 000 €

1 000 000 €
Enedis R2
800 000 €
GRDF R1

600 000 € Enedis R1

400 000 €

200 000 €

0€
2017 2018 2019 2020 2021

Source : CRC d’après le grand livre comptable 2017-2021

Sur la période 2017-2021, la redevance R1 versée par GRDF au titre de la concession


de distribution publique de gaz naturel a augmenté plus fortement (+ 32 %) que celle versée par
Enedis (+ 6 %).

50
Dépenses de structure supportées par l’autorité concédante pour l’accomplissement de sa mission : contrôle de
la bonne exécution du contrat de concession, conseils donnés aux usagers pour l’utilisation rationnelle de
l’électricité et pour la bonne application des tarifs, règlement des litiges entre les usagers et le concessionnaire,
coordination des travaux du concessionnaire et de ceux de voirie et des autres réseaux, études générales sur
l’évolution du service concédé, etc. (Annexe 1 du contrat de concession, art. 2).
51
Après déduction de certaines recettes : les financements du FACE ou du concessionnaire, une partie des
financements de travaux versés par les collectivités, ainsi qu’une fraction de la TCCFE (Annexe 1 du contrat de
concession, art. 2).

39
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

3.1.1.3 Les participations des communes


Les contributions versées par les communes membres ont été stables sur la période sous
revue (1,7 M€ par an en moyenne). Elles représentent 11% des ressources du SYDELA.

3.1.2 Les charges de gestion

Les charges de gestion ont augmenté de 16,6 % par an en moyenne, soit + 90 % au total
sur la période, pour atteindre 9,4 M€ en 2021. Cette croissance, plus rapide que celle des
produits, témoigne du développement de l’activité du syndicat. Elle procède, par ordre
d’importance :
- de la hausse des charges à caractère général (+ 122 %) liées à l’entretien et à la
maintenance des réseaux, aux achats de matériels, équipements et travaux incorporés aux
ouvrages, travaux et prestations de services réalisés et aux honoraires, études et
recherches ;
- de l’augmentation de la masse salariale (+ 60 %). Les effectifs du SYDELA sont en effet
passés de 48 agents en 2017 à 84 agents en 2021.

Variation des charges de gestion en 2021 par rapport à 2017

Charges à caractère général + 2 796 823 €


dont entretien et réparations (réseaux,… + 1 335 885 €

dont achats (autres que terrains) + 642 509 €

dont honoraires, études et recherches + 457 297 €

Charges de personnel + 1 550 273 €


Subventions de fonctionnement + 108 808 €

Autres charges de gestion

Source : CRC d’après les comptes de gestion

3.1.2.1 Les charges à caractère général

L’augmentation des charges d’entretien et réparations s’explique principalement par le


transfert au SYDELA de la compétence relative à la maintenance des installations et réseaux
d’éclairage public par un nombre croissant de collectivités (132 communes contre 90 en 2017).
Elle est également à mettre en regard de la forte hausse des investissements réalisés (+ 144 %
de dépenses d’équipement).

40
SYDELA

3.1.2.2 Les charges de personnel


Les charges de personnel représentent 39 % des charges de fonctionnement, une
proportion stable sur la période mais néanmoins élevée par rapport à la moyenne des syndicats
d’énergies (29 %).
La hausse des effectifs s’est traduite essentiellement par le recrutement d’agents non
titulaires, et notamment de contrats à durée déterminée (+ 25 recrutements en CDD/CDI ou
contrats de projets et + 7 fonctionnaires) qui représentent désormais 50 % de l’effectif et de la
masse salariale, et a visé principalement au renforcement des services techniques du syndicat
(+ 76 % d’effectif), davantage que des services administratifs (+ 37 %). Le coût moyen par
salarié n’a en revanche pas évolué depuis 2017, malgré les difficultés de recrutement de profils
techniques, qui auraient pu renchérir le niveau moyen des rémunérations.

Graphique n°8 : Évolution des effectifs et des charges de personnel

Source : CRC d’après les comptes de gestion, ROB et tableaux des effectifs

41
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

En proportion du volume des travaux menés52, la masse salariale est de 14 %, soit un


ratio similaire à la moyenne constatée dans les syndicats d’énergies comparables53. Si l’on
considère uniquement les effectifs de la filière technique, à l’exclusion des postes
administratifs, la masse salariale représente 8,7 % du volume financier des travaux réalisés en
2020, soit un ratio supérieur aux autres syndicats d’énergies de la région Pays de la Loire 54,
alors même que le SYDELA exécute très peu de travaux en régie (625 000 € seulement entre
2017 et 2021). En réponse aux observations provisoires, le syndicat justifie le développement
des effectifs de la filière technique par l’exercice de missions complémentaires à la maîtrise
d’ouvrage des travaux : maîtrise d’œuvre (visites de chantiers hebdomadaires pour les
opérations en coactivité et contrôle renforcé des devis), opérations de maintenance des réseaux
d’éclairage public et d’IRVE ; ingénierie sur les infrastructures de communications
électroniques ; guichet d’urbanisme unique ; prestations de maîtrise de la demande en énergie.
En 2022, le SYDELA envisage près d’une vingtaine de recrutements pour suivre le
développement de ses activités, mettre en œuvre les actions de son projet de mandat et renforcer
ses fonctions support. Certains postes seront co-financés, par exemple les 3,5 ETP liés à
l’internalisation de l’activité de l’association L.A. Géo Data créée avec Atlantic’Eau pour la
constitution et la mise à jour d’un plan de corps de rue simplifié (PCRS). Les charges de
personnel du syndicat devraient augmenter de 22 % en 202255, soit une croissance beaucoup
plus forte que celle enregistrée sur la période 2017-2021 (+ 12 %). Considérant une croissance
des produits de gestion légèrement supérieure à celle constatée sur la période écoulée (+ 6 %
contre + 4,4 % entre 2017 et 2021), l’excédent brut de fonctionnement devrait connaître un repli
assez marqué en 2022 (- 9 %). Le SYDELA ne réalise une projection de ses besoins en matière
de recrutement que sur deux ans, et n’est pas en capacité de réaliser une prospective financière
sur l’évolution de sa masse salariale, en l’absence de système d’information de gestion des
ressources humaines. Le risque d’une croissance non maîtrisée de la masse salariale ne peut
être écarté, ce qui conduirait en outre à rigidifier le budget, en augmentant la part de dépenses
faiblement modulable à court terme.

52
Total des opérations des comptes 23 « immobilisations en cours » et 615 « entretien et réparations »
53
Calcul réalisé sur 76 syndicats départementaux d’énergies après exclusion des syndicats ayant un volume
d’activité inférieur de 10 % de celui du SYDELA
54
3,8 % pour Territoire d’énergie Mayenne (TEM), 4,9 % pour le Syndicat intercommunal d’énergies de
Maine-et-Loire (SIEML) et 5,5 % pour le Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée
(SyDEV)
55
Charges brutes avant déduction des recettes relatives aux postes co-financés, cf. ROB 2022

42
SYDELA

Dans l’hypothèse d’une stabilisation de l’effectif à compter de 2022, et d’une


progression des salaires proche des prévisions de la Banque de France pour 2023 et 2024, le
niveau des charges de personnel atteindrait 5,4 M€ en 2024, soit 25 % des produits de gestion
contre 16 % en 2017. En dépit du recours à une majorité de contrats à durée déterminée, le
SYDELA n’a pour l’heure pas démontré qu’il est capable de diminuer sa masse salariale. En
effet, si le développement de certaines activités sur la période récente a reposé sur le
recrutement d’agents en CDD ou en contrats de projet, le cas échéant financés par des tiers dans
le cadre d’appels à projets, il est vraisemblable que certaines activités seront pérennisées et les
postes afférents maintenus. En effet, ces activités s’inscrivent dans une stratégie de long terme
et les collectivités adhérentes ont pris l’habitude d’y recourir. Il s’agit notamment du service de
conseil en énergie partagé pour accompagner les collectivités dans leur démarche d’économies
d’énergie.

3.1.3 L’autofinancement et le résultat comptable


Graphique n° 9 : Évolution des charges, produits et CAF consolidés entre 2017 et 2021

Source : CRC d’après les comptes de gestion

Le SYDELA dispose d’un haut niveau d’autofinancement, avec un excédent brut de


fonctionnement (EBF56) moyen de 10,4 M€, en léger recul (- 3,7 % de variation annuelle
moyenne). Par ailleurs, en pourcentage des produits de gestion, celui-ci se contracte nettement
en raison du rythme de croissance des charges supérieur à celui des produits, et passe de 66,8 %
à 48,3 % des produits de gestion. Sur la période 2017-2020, ce taux d’épargne brute reste
néanmoins supérieur à la moyenne nationale des syndicats d’énergies, qui se situe autour de
52 %. Le modèle économique des syndicats d’énergies se caractérise par le transit en section
de fonctionnement d’une large partie des flux financiers en recettes alors que 80 % des dépenses
relèvent in fine de la section d’investissement. Cela présente un risque d’une faible maîtrise des
dépenses en fonctionnement, qui pose la question de l’opportunité d’imputer directement
davantage de recettes sur la section d’investissement.

56
Solde des recettes et dépenses de fonctionnement, hors résultat financier et hors charges et produits calculés

43
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

La capacité d’autofinancement (CAF) brute est stable sur la période (- 1,2 % de


variation annuelle moyenne) et représente 46,2 % des produits de gestion en 2021, ce qui
constitue un niveau très satisfaisant.
Enfin, le résultat consolidé de la section fonctionnement connaît une croissance
soutenue de 6,7 % en moyenne par an.

3.2 Le financement des investissements

3.2.1 Les dépenses d’équipement


Entre 2017 et 2021, le SYDELA a investi plus de 125 M€. Rapporté à la population
recensée sur le territoire couvert par le syndicat, le montant des dépenses d’équipement
correspond à 35 € par an par habitant en moyenne57, ce qui place le SYDELA dans la moyenne
nationale des syndicats départementaux d’énergies. Au niveau régional, en revanche, les
niveaux de dépenses d’équipement des autres syndicats apparaissent nettement supérieurs.

Dépenses d’équipement des syndicats des Pays de la Loire entre


2017 et 2020

SYDELA SIEML (49) SyDEV (85) TEM (53)


Dépenses d’équipement
24 270 504 36 359 375 52 020 360 14 406 909
annuelles moyennes (€)
En % des dépenses
59 % 71 % 62 % 69 %
totales
En € par habitant 35,19 € 43,37 € 73,85 € 45,50 €
Source : Observatoire des finances et de la gestion publique locale (data.ofgl.fr), comptes consolidés des syndicats
2012-2020

57
Calcul sur les données 2017 à 2020

44
SYDELA

Investissements réalisés

En milliers d’euros 2017 2018 2019 2020 2021 Cumul


Dépenses d'équipement réelles
16 238 26 546 29 837 24 459 27 779 125 486
brutes58
+ Travaux en régie 521 90 14 0 0 625
+ Subventions d'équipement 1 291 1 136 1 416 189 50 4 083
+ Valorisation de la participation
3 683 1 295 581 73 0 5 633
aux travaux sous mandat59
+/- Créances sur transfert de
-1 585 -3 149 -2 791 -2 855 -2 821 -13 202
droits à déduction de TVA
- Participations et inv. financiers
0 1 942 636 706 -435 2 848
nets
+/- Variation autres dettes et
0 0 -268 557 163 452
cautionnements
Total effort d’investissement 20 149 27 861 29 426 23 129 24 735 125 302
Pour information
Dépenses d’équipement réelles
10 861 24 967 29 477 24 384 27 766 117 456
nettes*
+ Subventions d’équipement
1 082 1 110 1 410 187 50 3 839
versées en numéraire nettes*
+ Désinvestissement ou
4 693 655 366 77 12 5 804
annulations de mandats60
= Dépenses d’équipement
16 637 26 732 31 254 24 648 27 829 127 100
inscrites au compte administratif
* débit - crédit
Source : CRC d’après les comptes de gestion et comptes administratifs

58
Opérations réelles (hors opérations budgétaires d’ordre) au débit des c/20, 21 et 23
59
Assimilables à des subventions en nature (opérations budgétaires d’ordre)
60
En 2017, le désinvestissement correspond aux écritures de sortie du patrimoine des 2/3 des travaux de
montée en débit appartenant au Département, réalisés dans le cadre de l’opération sous mandat

45
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Les dépenses d’équipement ont connu une forte hausse entre 2017 et 2018 (+ 59 %),
puis une relative stabilité sur le reste de la période.

3.2.2 La couverture du besoin de financement

Graphique n° 10 : Le financement des investissements sur la période 2017-2021

Source : CRC d’après les comptes de gestion

46
SYDELA

L’autofinancement et les participations versées par des tiers ainsi que par les membres
sous forme de subventions d’investissement représentent plus de 80 % du financement propre
du SYDELA. Les participations des collectivités membres comprennent principalement les
fonds de concours versés au titre des travaux réalisés (44 %), le FACÉ61 (29 %), ainsi que la
participation d’Enedis aux travaux d’enfouissement, prévue par le cahier des charges de la
concession62 et la part couverte par le tarif destinée au financement d’une partie des travaux de
raccordement et d’extension du réseau63 (15 %).
Les contributions des membres au financement des travaux
Les règles de financement des travaux dans chacun des domaines
d’intervention du SYDELA, jusqu’ici présentées de façon éparse, ont été
regroupées en 2022 dans un guide financier.
En 202164, une participation des demandeurs allant de 15 % à 100 % du
montant des travaux65, est exigée pour les travaux électriques (alimentation et
effacement), à l’exception des travaux de renforcement et de sécurisation, qui sont
intégralement pris en charge par le SYDELA. Le reste à charge pour les demandeurs
sur les travaux d’éclairage public est de 48 % à 100 %, selon qu’il s’agit d’adhérents
ayant transféré ou non cette compétence au SYDELA et mis à disposition le
patrimoine correspondant. Il en est de même pour les travaux sur le réseau de
communications électroniques, avec une participation des demandeurs de 80 % à
100 %. Le taux de participation est différencié entre les adhérents pour lesquels le
syndicat perçoit l’intégralité de la TCCFE, qui bénéficient du taux normal, et ceux
pour lesquels il n’en perçoit qu’une partie, qui sont soumis à des taux majorés. Ces
taux de participation ont peu évolué sur la période examinée. La seule modification
notable concerne les travaux sur les infrastructures de communications
électroniques, pour lesquels une prise en charge du syndicat a été instaurée à hauteur
de 20 % des travaux, dès lors que ce dernier bénéficie du transfert de la compétence
par la collectivité adhérente.
La participation financière des demandeurs est majorée d’un coefficient de
maîtrise d’œuvre unique fixé à 5 % du coût global des travaux hors taxe, destiné à
couvrir les coûts liés au suivi des travaux. Ce coefficient remplace depuis le
1er avril 2021 les forfaits de maîtrise d’œuvre qui étaient appliqués antérieurement.
Le coefficient a été relevé à 9 % à compter du 1er janvier 2022.

61
Le « Fonds d’amortissement des charges d’électrification » créé en 1936, transformé en 2011 en compte
d’affectation spéciale (CAS) « Financement des aides aux collectivités pour l’électrification rurale », retrace les
aides versées aux autorités organisatrices de la distribution d’électricité (communes, EPCI, syndicats) pour le
financement des travaux d’électrification en zone rurale dont elles assurent la maîtrise d’ouvrage.
62
L’art. 8 relatif à l’intégration des ouvrages dans l’environnement stipule que le concessionnaire verse une
contribution annuelle au titre de sa participation aux travaux destinés à l’amélioration esthétique des ouvrages de
la concession dont le syndicat est maître d’ouvrage, fixée à 40 % du coût HT des travaux.
63
Remboursement au syndicat par Enedis de la part des coûts de raccordement et d’extension du réseau qui aurait
été couverte par le TURPE si le concessionnaire avait été lui-même maître d’ouvrage.
64
Cf. délibération n° 2021-02 du comité syndical du 11 février 2021
65
Pour les travaux éligibles au FCTVA, la participation des demandeurs est généralement calculée sur le montant
hors taxe, la TVA étant prise en charge par le SYDELA.

47
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Le financement propre disponible total dégagé entre 2017 et 2021 atteint 114 M€, ce
qui couvre 94 % des dépenses d’investissement. En tenant compte du solde positif des
opérations pour compte de tiers (+ 3,3 M€), le besoin de financement cumulé sur l’intégralité
de la période apparaît faible (- 380 000 €).

Graphique n°11 : Variation du besoin de financement*

* net du solde des opérations pour le compte de tiers (opérations sous mandat)
Source : CRC d’après les comptes de gestion

Le financement des investissements a été complété par deux emprunts de 3 M€ et


6,4 M€ souscrits en 2017 et 2019. Au total, le montant emprunté excède de près de 50 % le
besoin de financement cumulé constaté en 2018 et 2019. Le reste est venu abonder le fonds de
roulement, déjà confortable en 2017, qui a presque doublé sur la période 2017-2021 (+ 90 %).

48
SYDELA

Graphique n°12 : Variation du fonds de roulement net global (FRNG)

Source : CRC d’après les comptes de gestion

À l’exception d’une baisse en 2018, le fonds de roulement net global (FRNG) consolidé
s’est maintenu à un niveau très élevé sur l’ensemble de la période, et atteint près de 11,7 M€ au
31 décembre 2021, soit 453 jours de charges courantes. S’il a quasiment doublé en montant, il
retrouve en proportion des dépenses son niveau de 2017, du fait du doublement en parallèle du
volume des charges courantes. En raison des variations importantes de sa trésorerie (cf. 3.3.1),
le SYDELA évalue lui-même entre 4 et 6 M€ son seuil prudentiel de fonds de roulement, soit
entre 150 et 230 jours de charges de fonctionnement66.
Le SYDELA ne dispose pas de plan pluriannuel d’investissement (PPI) et ne réalise pas
non plus de prospective financière. Les rapports d’orientations budgétaires se bornent ainsi à
esquisser des éléments d’orientation sur un an. Un contrôleur de gestion est en cours de
recrutement, qui aura pour mission de concevoir des outils de pilotage financier et d’élaborer
une prospective. La chambre invite ainsi le SYDELA à se doter rapidement d’une prospective
financière, lui permettant notamment de mieux évaluer sa capacité à investir et d’optimiser le
recours à l’emprunt.

3.2.3 Une utilisation du dispositif des fonds de concours à préciser

L’article 10 des statuts du SYDELA67 prévoit que les ressources dont peut disposer le
syndicat sont constituées, notamment, des contributions des adhérents, comprenant les fonds de
concours.

66
Selon la valeur du jour de charges courantes calculée en 2021
67
Tels qu’approuvés par arrêté préfectoral du 17 mai 2021

49
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

La préfecture de Loire-Atlantique a rappelé au SYDELA que le recours aux fonds de


concours n’est autorisé que dans le cadre fixé par l’article L. 5212-26 du CGCT modifié par la
loi n° 2018-1317 du 28 décembre 2018 de finances pour 2019. Cet article permet aux syndicats
intercommunaux exerçant la compétence d’AODE le recours aux fonds de concours pour
financer la réalisation ou le fonctionnement d’équipements publics locaux « en matière de
distribution publique d’électricité et, depuis 2019, en matière « de développement de la
production d’électricité par des énergies renouvelables, de maîtrise de la consommation
d’énergie ou de réduction des émissions polluantes ou de gaz à effet de serre », dans la limite
des trois quarts du coût hors taxes des opérations concernées.
Cette disposition permet au SYDELA de percevoir de ses membres le versement de
fonds de concours pour les compétences ayant pour objet la réalisation ou le fonctionnement
d’équipements innovants en matière de transition énergétique, tels que les infrastructures de
recharge pour véhicules électriques ou au gaz et les travaux d’éclairage public basse
consommation. Toutefois, cet assouplissement n’autorise pas une généralisation sans
conditions du recours aux fonds de concours.
En effet, en application du principe d’exclusivité posé par l’article L. 5721-6-1 du
CGCT68, il est interdit de retracer définitivement dans le budget des communes des dépenses et
des recettes relatives à l’exercice de compétences transférées. Le mécanisme dérogatoire des
fonds de concours permet aux collectivités membres d’inscrire en section d’investissement de
leur budget leur contribution aux investissements réalisés par le syndicat sur leur territoire. Les
fonds de concours sont enregistrés dans les comptes du bénéficiaire comme des subventions
d’investissement ou de fonctionnement selon qu’ils financent la réalisation ou le
fonctionnement d’équipements.
Les financements des communes et EPCI retracés dans les comptes du SYDELA sous
forme de subventions d’investissement représentent 29 M€ sur la période sous revue, dont
environ 11 M€ au titre de travaux d’éclairage public. Le SYDELA estime, dans sa réponse aux
observations provisoires, que ces derniers répondent aux objectifs de maîtrise de la
consommation d’énergie et de réduction des émissions polluantes, puisqu’ils consistent au
remplacement du parc existant par des matériels d’éclairage plus vertueux. La préfecture fait
une analyse plus restreinte des dispositions de l’article L. 5212-26 du CGCT dans sa rédaction
antérieure à 2019, considérant qu’elle limitait les fonds de concours au financement
d’équipements de distribution publique d’électricité, ce qui excluait notamment la possibilité
d’y recourir pour le financement des équipements d’éclairage public. En tout état de cause, la
chambre invite le syndicat à apporter des précisions sur l’usage des fonds de concours au sein
de ses statuts ou de son guide financier.

68
3e alinéa du 1° « Le syndicat mixte est substitué de plein droit, à la date du transfert des compétences, aux
collectivités territoriales et établissements publics de coopération intercommunale dans toutes leurs délibérations
et tous leurs actes. (…) »

50
SYDELA

3.3 L’analyse du bilan

3.3.1 La trésorerie

Trésorerie consolidée (budget principal et budgets annexes) au 31 décembre

En milliers d’euros 2017 2018 2019 2020 2021


Trésorerie nette consolidée 5 590 7 746 2 303 4 491 6 238
Dont trésorerie active 5 590 3 746 2 303 4 491 6 238
Dont ligne de trésorerie 0 4 000 0 0 0
Trésorerie en jours de
412 463 114 207 242
charges de gestion
Source : CRC d’après les comptes de gestion

Au 31 décembre 2021, la trésorerie se situe à un niveau très élevé (6,2 M€), bien qu’elle
ne représente plus que 242 jours de charges de gestion, contre 412 jours en début de période. À
titre de comparaison, le niveau moyen de trésorerie de l’ensemble des syndicats départementaux
d’énergie au 31 décembre 2020 est estimé par la chambre à 713 jours de charges de gestion.
Le SYDELA connaît des variations importantes de trésorerie d’un exercice à l’autre
(+ 26 % de variation annuelle moyenne), mais également infra-annuelles, avec des pics en mars,
juin, septembre et décembre correspondant à la perception trimestrielle des principales recettes
(TCCFE, etc.). Pour lisser sa trésorerie, il ne peut pas moduler la programmation de ses
dépenses, qui découlent directement des demandes de travaux des collectivités, que le syndicat
peine à anticiper. Pour éviter d’avoir une trésorerie négative en raison des décalages de
trésorerie de court terme, le syndicat recourt à une ligne de trésorerie pour un montant maximum
total de tirage autorisé de 6 M€ au 1er janvier 202169.

69
Cf. compte administratif 2021, annexe A2.1

51
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

3.3.2 L’encours de dette

L’endettement consolidé

En milliers d'euros 2017 2018 2019 2020 2021

Encours de la dette agrégée 11 017 10 323 13 848 12 611 11 768


- Dettes réciproques - 492 760 203 40

= Encours de la dette consolidée 11 017 9 831 13 088 12 408 11 728

/ CAF brute consolidée 9 074 9 048 10 545 8 261 8 631

= Capacité de désendettement en
1,21 1,09 1,24 1,50 1,36
années (dette/CAF brute)
Source : CRC d’après les comptes de gestion

Du fait de l’importance de ses ressources propres d’investissement, le SYDELA s’est


peu endetté. Le niveau moyen de son encours de dette entre 2017 et 2020, qui est resté très
stable, est quasiment identique à la moyenne des syndicats départementaux d’énergie. La dette
du SYDELA au 31 décembre 2021 est composée de cinq emprunts à taux fixe, classés 1-A dans
la charte « Gissler », dont deux souscrits sur le budget annexe ICE. Sa capacité de
désendettement est très favorable (1,36 années).

3.4 Un budget annexe « recharge des véhicules électriques » dont le déficit


se creuse
L’analyse des comptes démontre effectivement un déficit d’exploitation croissant du
budget annexe IRVE, dont l’équilibre de fonctionnement dépend de manière croissante des
subventions versées par le budget principal.
Graphique n°13 : Résultats de fonctionnement du budget annexe IRVE

2017 2018 2019 2020 2021


150 000 €

100 000 €

50 000 €

0€

-50 000 €
subvention d'équilibre
-100 000 €

-150 000 €

-200 000 €

-250 000 €
Résultat hors subvention d'équilibre Résultat

Source : CRC d’après les comptes de gestion

52
SYDELA

Les subventions d’équilibre en fonctionnement permettent de dégager une capacité


d’autofinancement, complétées par des subventions d’investissement.

Impact des subventions d’équilibre sur le financement des


investissements du budget annexe IRVE

En € 2017 2018 2019 2020 2021 Cumul


CAF nette 103 671 -3 017 -119 022 40 532 74 006 96 170
CAF nette hors subvention
18 278 -109 639 -128 022 -189 468 -182 794 -591 645
d’équilibre
+ Subventions
918 108 119 340 686 902 63 997 97 516 1 885 864
d'investissement
= Financement propre
1 021 778 116 323 567 881 104 530 171 522 1 982 033
disponible
= Financement propre hors
936 385 9 701 558 881 -125 470 -85 278 1 294 218
subvention d’équilibre
- Dépenses d'équipement 892 998 951 373 114 942 4 518 63 619 2 027 449
+/- Variation autres dettes et
0 -492 000 -268 000 557 000 163 000 -40 000
cautionnements
+/- Solde des opérations pour
0 -4 881 -14 072 2 593 5 905 -10 455
compte de tiers
= Besoin (-) ou capacité (+)
128 781 -347 930 706 867 -454 395 -49 193 -15 871
de financement
= Besoin (-) ou capacité (+)
de financement hors 43 388 -454 553 697 867 -684 395 -305 993 -703 686
subvention d’équilibre
Fonds de roulement net
366 693 18 762 725 629 271 234 222 041
global (FRNG)
FRNG hors subvention
262 000 -192 553 505 314 -179 082 -485 074
d’équilibre
Source : CRC d’après les comptes de gestion

53
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________

Le SYDELA présente une situation financière satisfaisante au cours de la période


2017-2021. Cependant, le rythme d’augmentation des charges de gestion est plus rapide que
celui des produits, compte tenu de la croissance de l’activité et de la masse salariale.
Compte tenu de son système de financement, qui affecte l’essentiel de ses recettes en
section de fonctionnement, le syndicat dispose d’une capacité d’autofinancement confortable.
Cette dernière, combinée aux fonds de concours versés par les collectivités membres, lui permet
d’autofinancer presque intégralement ses dépenses d’investissement, le recours à l’emprunt
étant très limité.
Néanmoins, ce modèle de financement présente le risque de permettre une dérive des
dépenses de fonctionnement, qui pourrait se faire au détriment des besoins d’investissement.
Le pilotage de la masse salariale devrait ainsi être renforcé afin de disposer d’une prospective
permettant de maîtriser le risque de rigidification croissante de la dépense.
Enfin, l’absence de visibilité sur les investissements futurs, faute d’outils de
planification et de prospective, ne permet pas au syndicat de savoir si les réserves constituées
sur la période au travers du fonds de roulement seront suffisantes pour y faire face.

4 ACTIVITÉ DU SYNDICAT

4.1 Le suivi de la concession avec Enedis

4.1.1 Le contrat en cours

Les équipes du SYDELA et Enedis se réunissent mensuellement pour le pilotage


opérationnel de la concession. Il s’agit notamment de la coordination de la maîtrise d’ouvrage,
de la programmation et du suivi de la mise en œuvre ainsi que du suivi des réclamations des
usagers adressées au SYDELA.
Le SYDELA assure par ailleurs un contrôle sur échantillonnage des permis de construire
électriques déposés par Enedis70, et fait régulièrement des rappels à Enedis sur le bon respect
du cadre normatif et sur le respect du cadre contractuel, en particulier concernant la gestion du
réseau d’éclairage public raccordé au réseau d’électricité.
Le SYDELA publie une analyse annuelle de la concession. L’analyse porte notamment
sur le suivi de des disparités de la qualité de l’électricité sur le territoire et les programmes
d’investissement adossés. La synthèse 2020 présente en particulier un travail d’analyse
d’évolution de la qualité sur des zones dites prioritaires sur une chronique de quatre ans.

70
Article R.323-25 du code de l’énergie.

54
SYDELA

4.1.2 La préparation du nouveau contrat

4.1.2.1 Audit technique


En 2019, un audit technique a été mandaté par le SYDELA en préalable à la négociation
du nouveau contrat de concession. Ses principaux constats sont les suivants :
- l’état général du réseau haute tension est bon.
- sur le réseau basse tension, des écarts d’inventaires (entre l’inventaire technique et le constat
sur place) notables (9 % sur l’échantillon) ont été observés. Enedis estime les erreurs
d’inventaire à 2%, soit un niveau comparable aux autres territoires.
- sur l’état d’entretien des postes électriques, le prestataire a relevé des défauts d’entretien.
Enedis estime qu’il exploite ces postes à ses frais et risques et que l’évaluation de l’entretien
est de sa responsabilité au regard des objectifs de sécurité et de performance.

4.1.2.2 Audit comptable


Les interrogations sur la pérennité du système concessif qui ont émergé au moment de
l’ouverture des marchés ont généré des questions nouvelles sur les droits des concédants sur le
stock de provisions non utilisées en cas d’un éventuel changement de concessionnaire. Le risque
était que ce dispositif purement comptable ne se traduise in fine en sortie de liquidités, du fait
de la possibilité de transformer le solde de provisions en indemnités à verser en fin de
concession. Le risque de contentieux à l’issue incertaine a conduit Enedis à obtenir l’abandon
de ce système à l’occasion des prolongations ou des renouvellements des concessions et dans
le nouveau modèle de cahier des charges de décembre 201771.

Synthèse de la comptabilité patrimoniale de la concession au 31 décembre 2018

Source : SYDELA

71
Cour des comptes, Enedis, contrôle des comptes et de la gestion, 2020
https://www.ccomptes.fr/system/files/2021-05/20210527-S2020-1902-Enedis-2.pdf

55
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Le diagnostic comptable réalisé par le SYDELA en 2019 sur les données 2018 a été
communiqué à Enedis mi 2019. Le SYDELA estime que les choix comptables d’Enedis ont
pour effet d’augmenter la dette de la collectivité concédante à l’égard du délégataire. Selon le
SYDELA, la créance du concédant à fin 2018 serait sous-évaluée de 140 M€, soit environ 30 %.
En décembre 2019 le SYDELA a saisi la commission de conciliation FNCCR/Enedis. En mars
2020 le SYDELA a déposé une requête auprès du tribunal administratif de Nantes.

4.2 Les travaux mandatés par le SYDELA

Depuis 2021, un suivi transversal des délais est organisé à travers un outil informatique
spécifique. Depuis cette date, les délais de travaux s’allongent, avec un taux de délais tenus qui
passe de près de 60 % début 2021 à 40 % début 2022. Depuis 2020, certains éléments exogènes
peuvent peser conjoncturellement sur la tenue des délais comme la crise sanitaire de 2020 et les
difficultés d’approvisionnement accrues début 2022. Par ailleurs le SYDELA ne maîtrise pas
entièrement les étapes des travaux, certaines relevant d’Enedis.

Graphique n° 14 : Suivi des délais des chantiers

Source : SYDELA

Les délais d’intervention du SYDELA peuvent parfois contribuer à des difficultés dans
l’exercice des compétences. Ainsi la commune de Treillières a justifié son intervention dans le
domaine de l’éclairage public, pourtant transféré au SYDELA, par « les délais de livraison
annoncés par le syndicat »72. En réponse aux observations provisoires, l’ordonnateur actuel du
syndicat indique que « le SYDELA engagé entre 2017 et 2021, au titre du transfert de la
compétence éclairage sur ce territoire un montant de travaux de l’ordre de 980 000 € pour un
délai moyen d’exécution de 4,7 mois ».

72
Chambre régionale des comptes Pays de la Loire, Commune de Treillières, décembre 2021

56
SYDELA

Un suivi budgétaire mensuel de la trajectoire de dépense de travaux est réalisé, ce qui


permet un pilotage financier infra annuel.

Graphique n° 15 : Suivi de la consommation du budget de travaux

Source : SYDELA

4.3 Les groupements d’achats

Depuis l’ouverture à la concurrence du marché du gaz et de l’électricité en 2015, qui a


imposé aux acheteurs publics de souscrire une offre de marché en se conformant aux procédures
fixées par le code de la commande publique, et la fin progressive des tarifs réglementés, le
SYDELA coordonne deux groupements d’achats en électricité et en gaz naturel. À la demande
de collectivités non adhérentes à ces groupements, ne pouvant donc souscrire aux marchés déjà
attribués, le SYDELA a constitué au 1er janvier 2021 un nouveau groupement d’achats pour la
passation d’un marché public de fourniture d’énergies (gaz naturel et électricité), qu’ont rejoint
27 communes73 et 2 EPCI supplémentaires.
Au total, le syndicat coordonne ainsi l’achat d’énergies :
- d’électricité : 160 communes, 15 intercommunalités et 18 établissements de services
publics74, s’agissant des achats d’électricité, qui représentent un volume total de
consommation annuelle de 170 GWh ;
- de gaz : 64 communes, 15 intercommunalités et 7 établissements de services publics,
s’agissant des achats de gaz, pour une consommation globale annuelle de 100 GWh.

73
Dont la commune de La Chapelle-des-Marais, à la suite de son retrait du groupement d’achats de Nantes
Métropole.
74
Etablissements d’enseignement publics ou privés, établissements médicosociaux et de santé, établissements
exerçant une mission d’intérêt général (bailleurs sociaux, crèches, etc.)

57
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Dans le cadre du premier groupement d’achats, deux accords-cadres multi-attributaires


ont été conclus au terme d’une procédure d’appel d’offres :
- un accord-cadre sans minimum ni maximum comportant deux lots pour la fourniture en gaz
naturel, conclu en 2019 pour une durée de deux ans, dont les marchés subséquents successifs
ont été attribués respectivement à ENI puis ENGIE ainsi qu’à Gaz de Bordeaux ;
- un accord-cadre d’un montant estimatif de 51 M€ HT pour la fourniture d’électricité, conclu
en 2020 pour trois ans et scindé en deux lots en fonction de la puissance souscrite75.

Le nouvel accord-cadre relatif à la fourniture d’énergies a été conclu en 2021 et


comporte notamment un lot spécifique pour l’électricité dite « à haute qualité
environnementale » (100 % renouvelable).
Le SYDELA se charge de la négociation et de la passation des accords-cadres et des
marchés subséquents. Il centralise les données relatives aux marchés passés individuellement
par les adhérents au travers d’un outil de suivi des consommations énergétiques mis à leur
disposition (Sydeconso). En tant que coordinateur des groupements, le SYDELA perçoit une
participation annuelle de chaque adhérent, fixée à 0,6 % du montant de la fourniture annuelle
d’électricité avec un plancher à 180 €, et à 0,5 % du montant de la fourniture annuelle de gaz
avec un plancher à 250 €.
La chambre note que le groupement d’achats d’énergies constitué par le SYDELA ne
couvre pas l’intégralité de ses membres en dépit des services proposés. En réponse aux
observations provisoires, le syndicat indique qu’il réalise des communications sur ce sujet
(webinaires, réunions d’informations techniques, actualité sur le marché de l’énergie). Il
pourrait valoriser davantage ce service notamment en-dehors du cercle de ses membres.
Par ailleurs, un groupement de commandes pour la fourniture d’électricité piloté par
Nantes Métropole existe en parallèle depuis 2015, au profit des communes membres de la
métropole, dont le nouvel accord-cadre doit être conclu en 2022. Les besoins en électricité du
groupement représentent un volume annuel de 160 GWh. Les synergies récemment
développées pourraient être approfondies entre le SYDELA et Nantes Métropole en matière
d’achat d’énergie. En réponse aux observations provisoires, Nantes Métropole indique ainsi
être intéressée par l’achat d’énergie renouvelable produite sur le territoire couvert par le
SYDELA, afin de faire converger l’offre et la demande d’énergie au niveau du département.

75
Lot n°1 > 36 kVA attribué à ENGIE, lot n°2 < 36 kVA attribué à EDF.

58
SYDELA

4.4 La contribution à la transition énergétique

4.4.1 Le conseil en économie partagée : accompagner l’ensemble des EPCI

Le programme ACTEE est porté par la Fédération nationale des collectivités


concédantes et régies (FNCCR). Il est financé par les certificats d’économies d’énergie. Il
consiste en des soutiens financiers et formations aux outils d’aide à la décision, des études
énergétiques, des coopérations et mutualisations. Ce programme est mobilisé par le SYDELA,
dans le cadre d’un appel à projets, sous la dénomination « SYDEFI ». Il concerne 10 EPCI76
sur les 14 adhérant au SYDELA. La CARENE, bien que faisant partie du SYDELA, a répondu
directement à l’appel à projet ACTEE.
Ce programme SYDEFI vient en complément de l’action des conseillers en économies
partagées, menée de façon autonome par le SYDELA. Les conseillers en économies partagées
interviennent auprès des communes, pour optimiser les consommations des bâtiments.

Articulation CEP-SYDEFI

Source : SYDELA

Le programme SYDEFI ACTEE prend fin à partir de 2023. Trois EPCI membres du
SYDELA ne participent pas à ce programme77. Ils risquent d’avoir des difficultés à mener seuls
ce type de travaux. En effet, le SYDELA a une connaissance fine des consommations
d’électricité et a une expérience mutualisable en ce domaine. Or le SYDELA mobilise des
moyens temporaires sur ce programme, en cohérence avec la fin de ses financements nationaux.

76
Erdre et Gesvres et Sud Retz Atlantique en 2021 et depuis 2022, Cap Atlantique, Pays de Blain, Chateaubriant
Derval, COMPA, Communauté de communes de Nozay, Estuaire et Sillon, Sud Estuaire, Pornic Agglo,
communauté de communes de Nozay.
77
Communauté de communes du pays de Pontchâteau et de Saint Gildas des bois, communauté d’agglomération
Clisson, Sèvre et Maine Agglo et communauté de communes de Grandlieu.

59
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Une mobilisation des EPCI non couverts avant la fin du programme serait donc utile. Si ces
EPCI ne rejoignaient pas le programme dans les délais de l’appel d’offre, les conditions
financières de leur accompagnement par le SYDELA seraient moins avantageuses, le SYDELA
ne disposant plus de financements nationaux pour financer cette mission. Cet exemple montre
la difficulté de mettre en œuvre des actions vis-à-vis d’un public d’EPCI hétérogène dans le
cadre temporel très limité d’appels à projets. Si ces derniers permettent d’impulser rapidement
des démarches nouvelles, ils pourraient contraindre le SYDELA à maintenir des emplois
initialement conçus comme temporaires, dans un contexte où sa masse salariale a doublé entre
2017 et 2022. En réponse aux observations provisoires, le SYDELA indique qu’« il n’est pas
envisagé de pérenniser les cinq postes identifiés pour ce programme et recrutés sous forme de
contrats de projet ».

4.4.2 La recharge des véhicules électriques : étudier une évolution de la tarification

En octobre 2015, le schéma départemental pour le développement des infrastructures de


recharge pour véhicules électriques a été adopté. En septembre 2016, la première borne a été
mise en service. En 2022, le réseau compte 204 bornes :
− 183 bornes normales ;
− 21 bornes rapides.

Carte n° 2 : Localisation des bornes de recharge de véhicules électriques

Source : SYDELA

60
SYDELA

Les communes membres du SYDELA lui ont transféré leurs compétences installation
et exploitation d’IRVE. Le SYDELA intervient à deux niveaux :
- opérateur de charge : installation et maintenance des équipements ;
- opérateur de mobilité : service de commercialisation de recharge pour véhicule (site web,
service de monétique, etc.)
D’un point de vue opérationnel, ces missions sont déléguées à un prestataire (SPIE) via
un marché global régional de fourniture, de pose et d’exploitation des bornes. Ce marché est
suivi en interne.
Pour les communes non adhérentes, l’installation d’une borne est facturée à un niveau
de l’ordre de 11 400 €78.

Graphique n° 16 : Évolution du nombre de bornes et de recharges

Malgré une hausse notable du nombre de recharges en 2021, sans augmentation


proportionnelle du nombre de bornes, le service reste déficitaire, d’environ 400 000 € depuis sa
création en 201479. Les subventions du budget principal au budget annexe consacré aux
recharges des véhicules ont été systématiques depuis la création de ce budget annexe.

78
https://www.sydela.fr/medias/2021/03/2021-27-Annexe-Convention-de-mandat-IRVE-INVESTISSEMENT.pd
f
79
cf. partie 2.1

61
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Au niveau de l’Union européenne, une nouvelle réglementation des bornes de recharges


des véhicules électriques est en discussion. Des exigences de couvertures seraient posées, avec
l’objectif d'une station publique tous les 60 kilomètres sur le réseau transeuropéen de transport
d'ici à 202580. Cette nouvelle norme ne concernerait pas directement le SYDELA, le réseau
transeuropéen de transport ne passant pas par la Loire-Atlantique. Toutefois, le rythme
d’installation des bornes de recharge est amené à s’accroître afin d’accompagner le
développement attendu des véhicules électriques81, accéléré par l’interdiction de vente de
véhicules thermiques à horizon 203582. De même, le renforcement de l’interopérabilité est une
des dispositions du nouveau projet de règlement européen relatif au déploiement d'une
infrastructure pour carburants alternatifs.
Compte tenu de la difficulté d’équilibrer financièrement son budget annexe spécifique,
le SYDELA pourrait engager une réflexion sur la répartition de l’installation de nouvelles
bornes avec d’autres opérateurs. Le 25 février 2022, la ville de La Baule a ainsi prévu
l’installation de 60 bornes par des opérateurs privés, en plus des trois bornes installées par le
SYDELA, bien que la commune n’en soit pas membre.
Le SYDELA pourrait aussi s’interroger, sans ignorer les enjeux sociaux liés à la
nécessaire accessibilité à l’ensemble de la population de ces nouveaux réseaux, sur les
modalités de tarification du service. Une modulation du prix facturé à l’usager pourrait être
étudiée. Les bornes les plus utilisées, dans les communes les plus peuplées et les communes
littorales (cf. carte ci-dessous), pourraient ainsi davantage contribuer au financement des bornes
situées dans les zones plus rurales. En effet, les bornes les moins utilisées ont des moyennes
mensuelles d’utilisation extrêmement faibles, inférieures à une charge par mois pour
22 bornes83, qui ne permettent pas de couvrir les frais de fonctionnement, de l’ordre de 800 €
annuels par borne84. À l’opposé, les bornes les plus utilisées – dans les zones urbaines, littorales
et les bornes rapides le long des grands axes – ont une moyenne d’au moins une charge par jour.
Une telle distinction prolongerait ainsi celle mise en place entre la tarification des bornes
normales, en centre bourg, et les bornes rapides, à proximité des grands axes.

80
Accord du Conseil des ministres de l’UE en juin 2022 sur le projet de règlement concernant le déploiement
d'une infrastructure pour carburants alternatifs.
81
Un rythme d’installation multiplié par 7 est notamment évoqué dans une étude publiée par le secteur de la
mobilité électrique
(https://www.acea.auto/files/Research-Whitepaper-A-European-EV-Charging-Infrastructure-Masterplan.pdf )
82
Vote du Parlement européen le 8 juin 2022 sur la proposition de règlement relatif au renforcement des normes
de performance en matière d’émissions de CO2 pour les voitures particulières neuves.
83
« reporting Ouest charge au 30/09/2021 »
84
Convention financière relative à la prise en charge des frais de fonctionnement des bornes de recharge pour
véhicules électriques – commune de La Baule-Escoublac, 22 septembre 2017.

62
SYDELA

Carte n°3 : Répartition géographique des recharges

Source : SYDELA
Une réflexion pourrait aussi être menée sur l’augmentation du tarif au-delà d’un niveau de
charge85, ou d’une durée de recharge86, ce qui permet de limiter la suroccupation d’une borne par
un véhicule et tempère le besoin de nouvelles bornes. Le critère du niveau de charge serait sans
doute le plus neutre, ne discriminant pas suivant la rapidité de la charge, qui peut dépendre du
modèle du véhicule. Une telle évolution supposerait de mener la réflexion à l’échelle du groupement
Ouest charge, qui réunit les syndicats d’énergie des régions Bretagne et Pays de la Loire. Elle
permettrait peut-être de converger avec la tarification du seul syndicat breton hors Ouest charge,
celui du Morbihan, qui double son tarif au-delà de six heures d’utilisation.

4.4.3 La production d’énergie renouvelable

4.4.3.1 Bilan du contrat d’objectif territorial pour le développement des énergies


renouvelables
Le contrat d’objectif territorial pour le développement des énergies renouvelables (COTER)
est un programme de soutien financier et technique pour le développement de petites installations
de production de chaleur renouvelables non éligibles au financement classique du Fonds Chaleur.
Le COTER à fait l’objet de la signature d’un accord-cadre entre l’ADEME et le SYDELA. Cet
accord cadre fixe pour une période de trois ans (2019 – 2022) des objectifs de réalisation
d’installations de production de chaleur renouvelable auprès des porteurs de projets publics et
privés. Le SYDELA en porte la responsabilité, en contrepartie, l’ADEME s’engage à co-financer
une partie du coût d’un agent SYDELA dédié à l’accompagnement des projets, aider financièrement
les études de faisabilité en amont des projets et attribuer une aide à l’investissement pour la
réalisation des projets.

85
Fixé à 90 % par exemple au Québec par le décret 1471-2021 du 24 novembre 2021.
86
Un tarif progressif est par exemple aussi en vigueur au-delà de 3h dans la métropole de Bordeaux.

63
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Bilan des projets COTER

Source : SYDELA

Le contrat d’objectif territorial conclu entre le SYDELA et l’ADEME a permis de


mobiliser 2 M€ d’aide pour 4,8 M€ de projets réalisés sur le territoire au profit de communes
rurales. 39 projets ont été réalisés, soit 88 % de l’objectif :
- environ une étude réalisée par projet aidé ;
- 60 % des projets réalisés par des adhérents (collectivités) ;
- 75 % des aides sont > 10 000 € ;
- 100 % des projets bois ne sont pas éligibles sans COTER (50 % en solaire et aucun en
géothermie).

Bilan financier du COTER

Source : SYDELA

64
SYDELA

4.4.3.2 Contribution à la planification des adhérents : des objectifs de PCAET très


ambitieux sur la réduction de la consommation, moins sur la production
d’énergie renouvelable
Les objectifs fixés par les adhérents du SYDELA en matière de production d’énergie
renouvelable existent principalement dans les plans air-climat-énergie territoriaux (PCAET).
Au regard de la consommation d’énergie actuelle et du potentiel de production renouvelable,
les niveaux actuels de production sont encore faibles. Les objectifs de production à l’horizon
2030 ne modifieront qu’à la marge cette situation, à l’exception de la communauté de
communes Sud Retz. La COMPA et la communauté de communes de Chateaubriant n’ont pas
fixé d’objectif chiffré de production d’énergie renouvelable. Début 2022, les EPCI de Clisson,
Pontchâteau, Cap Atlantique, Sèvre et Loire et Redon n’avaient pas encore adopté
définitivement leur PCAET.
Graphique n° 17 : Consommation totale, potentiel, production et objectifs de production
d’énergie renouvelables

Consommation et production en GWh/an


Source : CRC d’après données PCAET du SYDELA

65
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Compte tenu des perspectives relativement limitées de développement de la production


d’énergie renouvelable, une grande partie de l’ambition des PCAET repose sur un objectif de
réduction du niveau de la consommation d’énergie par habitant dont le niveau visé paraît élevé.
En effet, l’objectif de réduction est en moyenne de -28 % à l’échéance 2030 et de - 55 % à
l’échéance 2050. Par comparaison, une des premières collectivités à s’être dotée d’un plan
climat, la ville de Paris, s’était fixée un objectif de baisse de la consommation d’énergie de
25 % entre 2004 et 2020, le résultat est de - 5 %87. L’équilibre des PCAET accompagnés par le
SYDELA reposent en grande partie sur un objectif ambitieux de réduction des consommations.
Or les collectivités territoriales ne disposent pas de tous les leviers d’action en ce domaine. De
plus, les résultats passés de collectivités plus avancées ont pu se situer très en deçà des objectifs
visés, y compris sur la part des objectifs assignés aux services municipaux88. L’accent mis sur
la baisse de la consommation est cohérent au regard d’une meilleure efficience et de la baisse
de la précarité énergétique. Toutefois, la prévalence de cet objectif par rapport à celui de
développement de la production renouvelable traduit aussi une diminution de l’acceptabilité de
ce type de projets.

Graphique n° 18 : Objectifs de réduction de la consommation d’énergie par habitant dans les


PCAET accompagnés par le SYDELA

Source : CRC d’après SYDELA

87
Chambre régionale des comptes d’Ile de France, Ville de Paris : concession de la distribution du gaz et lutte
contre le réchauffement climatique, 1er juin 2022
88
-3,4% de baisse de consommation en 14 ans pour les services municipaux à Paris, en deçà de l’objectif initial
de -30 % (Chambre régionale des comptes d’Ile de France, Ville de Paris : concession de la distribution du gaz et
lutte contre le réchauffement climatique, 1er juin 2022)

66
SYDELA

Compte tenu de la tendance observée sur les dernières années, l’effort moyen de
réduction de la consommation envisagé par les PCAET paraît ambitieux. Il suppose une
réduction de la consommation par habitant de l’ordre de 11 points de pourcentage supérieure à
la tendance à horizon 2030 et de 17 points à horizon 2050. Un tel objectif ne semble atteignable
qu’en combinant un haut niveau d’investissement permettant d’améliorer l’efficience
énergétique (isolation, équipements plus efficients) et une évolution des comportements vers
davantage de sobriété énergétique. Le lien entre les PCAET et les plans pluriannuels
d’investissement des EPCI devrait être établi afin d’en apprécier la soutenabilité.

Graphique n° 19 : Comparaison entre les ambitions moyennes des PCAET en matière de


réduction de la consommation d’énergie par habitant et la tendance récente

2030 2050
0%

-10%

-20%

-30%

-40%
Tendance objectif PCAET
-50%

-60%
Tendance à partir de la consommation par point de livraison 2017-2019
Source : CRC d’après données SYDELA pour les PCAET et Enedis (comptes rendus d’activité de concession)

Le SYDELA a accompagné 12 EPCI pour l’élaboration de leur PCAET. Le degré


d’intervention du SYDELA dépend des besoins des territoires et de leur capacité d’ingénierie
en interne. La contribution du SYDELA aux PCAET de ses membres et aux objectifs fixés par
ces plans sont notamment les suivants :
- développement et mise à disposition d’un cadastre solaire auprès des EPCI. Cet outil permet
notamment aux territoires : d’identifier le gisement photovoltaïque en toiture et de réaliser
des notes d’opportunités par projet ;
- élaboration d’un schéma directeur énergie renouvelable sur la Communauté de communes
de Pont-Château Saint-Gildas-des-Bois ;
- accompagnement des communes pour le développement d’installation d’énergie
renouvelable.

67
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

4.4.3.3 Production d’énergie renouvelable par le SYDELA


La production d’énergie renouvelable par le SYDELA se fait principalement à travers
sa SEM énergie 44, qui participe à des projets à travers des filiales, cf. tableau ci-dessous.

Production d’énergie par les filiales de la SEM énergies 44

Puissance taux de résultat de


Filiale localisation
(MW) détention l’exercice 2021

SAS SYDELA ÉNERGIE SIX Machecoul


3,56 51 % +21 137€
PIÈCES Saint-Même

SARL BOUSSAY ÉNERGIES Boussay 7,20 60 % +11 602€

SAS SOLAIRE SE44-1 Saffré 3,50 51% -7 559€

SASU SOLAIRE SE44-2 Guenrouet 9,00 100 % -5 634€

SASU EOLIEN SE44-1 Blain 9,00 100 % -5 634€

TOTAL 32,26 +13 912€

Une ouverture du capital est prévue pour les filiales SASU SOLAIRE SE44-2 et SASU EOLIEN SE44-1
Source : CRC d’après rapport du CA de la SEM Énergie 44 pour 2021

Les activités de la SEM sont dépendantes de la capacité des fournisseurs à


s’approvisionner en matériaux et du prix des éléments rares nécessaires à la production
d’énergie, ainsi que du tarif d’achat de l’énergie fixé par la commission de régulation de
l’énergie. Ces éléments peuvent affecter le taux de rentabilité des projets menés par la SEM ou
par les sociétés dans lesquelles elle s’est engagée. Il demeure difficile pour la société de
s’imposer dans le secteur privé et industriel où elle se trouve en concurrence immédiate avec
des développeurs privés bien implantés.
Les activités de la SEM sont en développement, outre les cinq filiales citées ci-dessus,
des prises de participations dans de nouveaux projets sont en cours ou envisagées. L’objectif
de la SEM est de contribuer à la production d’un potentiel de 170 GW/H d’énergie renouvelable
à horizon 2025. Cet objectif représente 7,6 % des 2 227 GW/h de production totale d’énergie
renouvelable dans le département en 201889.

89
https://data.airpl.org/visualisation/emission/production/departement/44

68
SYDELA

4.4.4 L’adaptation au changement climatique : un enjeu à intégrer dans la stratégie

L’adaptation au changement climatique vise à limiter les impacts du changement


climatique et les dommages associés sur les activités socio-économiques et sur la nature. Enedis
a ainsi intégré l’impact du changement climatique sur ses infrastructures en élargissant la base
de son plan « Aléas Climatiques », essentiellement consacré aux risques de tempêtes et à leurs
conséquences sur les réseaux aériens. Enedis a mis en place un plan d’action permettant
notamment de renforcer la protection des réseaux souterrains contre les fortes chaleurs et celle
des postes de transformation contre le risque inondation90.
La contribution du SYDELA à l’adaptation au changement climatique ne fait pas l’objet
d’une stratégie formalisée. Par exemple, la politique en matière d’effacement des réseaux ne
prend pas en compte spécifiquement cet enjeu. L’intégration du critère de l’adaptation au
changement climatique dans la stratégie d’investissement contribuerait à son optimisation. Cela
suppose toutefois un pilotage pluriannuel de l’investissement, qui aujourd’hui fait encore
défaut.
Au sein d’une stratégie d’adaptation au changement climatique, le SYDELA pourrait
s’interroger sur sa contribution à la diminution de la sensibilité de la consommation à une
variation de température. Cet enjeu, dénommé thermosensibilité91, est suivi statistiquement par
Enedis, à la maille des EPCI. Au niveau de la Loire-Atlantique, la thermosensibilité moyenne
diminue sur la période récente, comme le montre le graphique ci-dessous. Une réflexion relative
à la fixation d’un objectif de baisse de la thermosensibilité pourrait être menée au niveau du
SYDELA.

90
Cour des comptes, rapport sur les comptes et la gestion d’Enedis, 2021
91
La thermosensibilité représente la variation de la consommation engendrée par une variation de la température,
en deçà d’un certain seuil de température. Elle vise ainsi à évaluer l’influence de la température sur la
consommation d’énergie. Par exemple, une baisse de température d’un degré fait augmenter la consommation de
10 kWh. Ceci correspond alors à une thermosensibilité de 10 kWh/degré-jour.

69
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Graphique n° 20 : Évolution de la sensibilité de la consommation à une variation de température


(thermosensibilité) en Loire-Atlantique

Source : Enedis (https://data.Enedis.fr/explore/dataset/consommation-electrique-par-secteur-dactivite-epci )

L’adaptation du réseau de distribution d’électricité fait l’objet d’une formalisation


croissante de la part des pouvoirs publics92 et des opérateurs. Le schéma ci-dessous synthétise
les enjeux en matière de distribution. De même EDF dispose depuis 2010 une stratégie
d’adaptation au changement climatique, qui porte notamment sur
- l’adaptation des installations existantes (création d’évacuateurs de crues, renforcement de
digues, dispositifs limitant la rupture des câbles aériens) ;
- la prise en compte des risques climatiques dans la conception et l’ingénierie d’installations
existantes (éoliennes rabattables capables en cas de vent violent)
- la gestion d’évènements extrêmes au travers de la mise en place d’une force d’intervention
rapide électricité par grands métiers, en lien avec les pouvoirs publics.
Les investissements courants dans le réseau de distribution sont considérés comme une
opportunité de réduire certaines vulnérabilités93 :
- renouvellement des câbles électriques urbains dont les isolants sont les plus sensibles en
période de canicule ;
- sécurisation de l’alimentation des grandes agglomérations (programme de fiabilisation des
grands postes urbains, résilience vis-à-vis des crues),
- amélioration de la résilience des réseaux aériens vis-à-vis des aléas climatiques ;
- déploiement des capteurs permettant une meilleure détection des anomalies.

92
Comité 21, établissement national, guide sectoriel pour l’adaptation au changement climatique, juin 2022
93
Institut de l’économie pour le climat, Se donner les moyens de s’adapter aux conséquences du changement
climatique en France, juin 2022

70
SYDELA

Ces travaux pourraient utilement alimenter une réflexion du SYDELA sur l’intégration
de l’adaptation au changement climatique dans ses activités.

Tableau n° 11 : Sensibilité aux aléas climatiques des principaux éléments des réseaux
électriques

Source : Carbone 4 cité dans le chapitre « réseau électrique » du guide sectoriel d’adaptation au changement
climatique (comité 21, 30 juin 2022).

Recommandation n° 6 : Élaborer une stratégie d’adaptation au changement climatique


qui permette d’intégrer ce critère dans la programmation des investissements.

4.4.5 La stratégie en matière de gestion des données

Le SYDELA a engagé un travail conjoint avec les syndicats d’énergie de Vendée et


d’Ille-et-Vilaine pour structurer de manière mutualisée une part (60 % à ce jour) des données
de contrôle remises par Enedis et des moyens de production d’analyse. Cette structuration
nécessite néanmoins un niveau de maturité technique et un degré de confiance important entre
les acteurs pour se mettre en œuvre. La structuration d’un projet d’outil de restitution des
données à vocation décisionnelle est nouvelle dans les différents syndicats et un temps
d’apprentissage est nécessaire.
À ce jour, le résultat obtenu est la structuration commune d’une base de données pour
environ 60 % des données remises par Enedis, qui permet de produire une fiche collectivité
annuelle accessible sur le site internet du SYDELA. Cette fiche est avant tout destinée aux
adhérents, elle consiste en une fiche informative au format pdf.

71
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Il n’existe pas, à ce stade, de stratégie globale de valorisation externe de données


ouvertes relatives à la transition énergétique : collecte, exploitation, partage avec d’autres
acteurs (Territoires d’énergie, AURAN, associations, particuliers, entreprises, etc.). Il n’existe
pas de portail grand public qui permette de choisir les données à afficher en fonction de
différents critères sur son site94 ou de mise à disposition sur data.gouv.fr. Il existe toutefois une
analyse qualitative du suivi de la concession et des vidéos pédagogiques sur l’activité du
SYDELA. Il existe aussi un portail réservé aux adhérents avec des informations sur le suivi des
chantiers et sur les consommations d’énergie de leurs bâtiments.
Certaines des informations détaillées sur le réseau électrique pourraient ne pas être
publiables pour des raisons de sécurité. Néanmoins, à un certain niveau d’agrégation et après
validation par les instances du syndicat, davantage de données pourraient être mises à
disposition soit du grand public, soit d’autres institutions publiques. Par exemple, compte tenu
de son rôle d’accompagnement des PCAET, le SYDELA dispose d’informations sur la
transition énergétique d’une partie importante des EPCI du département. Il pourrait valoriser
ces données d’ensemble en les mettant à disposition, accompagnées d’une synthèse.
La publication de la localisation du potentiel de développement des énergies
renouvelables pourrait certes conduire à un démarchage plus important des collectivités par les
développeurs de projets, mais cela pourrait offrir des opportunités, cohérentes avec les objectifs
de développement actés dans les PCAET. Ainsi, le SYDELA a fait le choix de ne pas mettre à
disposition du grand public son cadastre solaire afin d’éviter le démarchage non maîtrisé95.
Cependant, Nantes métropole a fait le choix inverse et met à disposition sur internet le potentiel
solaire de l’ensemble des bâtiments de son territoire96.
En tout état de cause, la publication des données actuellement mises sur le site internet
dans un format figé (de type « pdf ») gagnerait à être complétée par un accès sous un format
réutilisable (tableur de données de type « Excel »).

Recommandation n° 7 : Adopter une stratégie de gestion des données qui permette une
meilleure utilisation de leur potentiel au sein du SYDELA et de ses partenaires.

94
A l’instar, par exemple, du portail du concessionnaire du syndicat d’énergie de la Vienne :
https://opendata.srd-energies.fr/explore/?q=&disjunctive.keyword&disjunctive.theme&sort=modified
95
https://www.sydela.fr/medias/2021/10/Lancement-du-Cadastre-solaire_Dossier-de-presse.pdf
96
https://metropole.nantes.fr/panneaux-solaires

72
SYDELA

______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________

Le SYDELA doit poursuivre ses efforts de pilotage des chantiers afin d’en améliorer les
délais. La maîtrise des délais peut être un des critères déterminants pour convaincre les
collectivités non adhérentes de rejoindre le syndicat. L’activité de groupement d’achat
gagnerait à être développée, en lien avec la stratégie d’extension du syndicat aux collectivités
du département qui n’en sont pas membres. Des synergies pourraient être approfondies entre
le SYDELA et la métropole nantaise en matière d’achat d’énergies, notamment pour l’énergie
renouvelable produite sur le territoire couvert par le SYDELA.
Compte tenu du déficit du service de recharge de véhicules électriques, le SYDELA
pourrait étudier une évolution de sa tarification qui permette de l’optimiser.
Afin de contribuer à la réalisation des objectifs fixés dans les PCAET en matière
d’énergie, le SYDELA devra continuer à apporter son soutien dans leur phase de mise en
œuvre. Un ajustement périodique des objectifs au regard des réalisations permettrait aussi de
crédibiliser les PCAET.
La chambre recommande d’intégrer l’adaptation au changement climatique dans la
stratégie du syndicat, notamment en matière d’investissement. Le changement de contrat de
concession pourrait être l’occasion de cette redéfinition de stratégie.
La chambre recommande d’adopter une stratégie de gestion des données, notamment
en matière de transition énergétique, qui permette une meilleure utilisation de leur potentiel au
sein du SYDELA et de ses partenaires.

73
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

ANNEXES

Annexe n° 1. Participations de la SEM Sydela énergie 44 ................................................................... 75


Annexe n° 2. Glossaire ......................................................................................................................... 76

74
SYDELA

Annexe n° 1. Participations de la SEM Sydela énergie 44

SEM SYDELA ENERGIE 44

Projet de participation ou de
Majoritaire Minoritaire
création

Participation société
SAS OMBRIERE DE LOIRE ROUANS Energie
SAS EOLIEN SE 441
ATLANTIQUE valider une participation
filiale 100%
filiale 49% n'excédant pas 49% du
capital social

Projet de création de la SAS


SASU SOLAIRE 442 SAS URBA 230 centrale solaire de Peslan
filiale 100% filiale 39% ouest
entre 51% et 100%

SARL BOUSSAY ENERGIE SAS PLESSEOLE


filiale 60% filiale 20%

SAS SOLAIRE 441 METHA DES COTEAUX


filiale 51% filale 10%

SAS SYDELA ENERGIE SIX


PIECES
filiale 51%

75
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES

Annexe n° 2. Glossaire

ACTEE : Action des Collectivités Territoriales pour l'Efficacité Energétique, programme de


par la Fédération nationale des collectivités concédantes de réseaux pour la rénovation
énergétique
AODE : autorité organisatrice de la distribution publique d’électricité
CEP : conseil en économies partagées
CSPE : contribution au service public de l’électricité
FACE : Fonds d’amortissement des charges d’électrification
FNCCR : Fédération nationale des collectivités concédantes de réseaux

ICE : infrastructures de communications électroniques


IRVE : infrastructures de recharge de véhicules électriques
PCAET : plan climat air énergie transport
Ouest charge : entente des syndicats d’énergie de Bretagne et des Pays de la Loire en matière
de recharges de véhicules électriques
SDTAN : schéma directeur territorial d’aménagement numérique
SYDECONSO : outil de suivi des consommations énergétiques mis à leur disposition
SYDEFI : programme ACTEE est conduit localement par le SYDELA
SYDEGO : bornes de recharges de véhicules électriques du SYDELA, jusqu’en 2021,
appellation qui a évolué en « Ouest charge » en 2021
Territoires d’énergie Pays de la Loire : entente composée des quatre syndicats d’énergies de la
région
TURPE : tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité
TCCFE : taxe communale sur la consommation finale d’électricité
TDCFE : Taxe Départementale sur la Consommation Finale d'Électricité
TICFE : taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité

76
Les publications de la chambre régionale des comptes
Pays de la Loire
sont disponibles sur le site :
www.ccomptes.fr/crc-pays-de-la-loire

Chambre régionale des comptes Pays de la Loire


25, rue Paul Bellamy
BP 14119
44041 Nantes Cedex 1

Adresse mél : paysdelaloire@ccomptes.fr

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