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1- Le surréalisme
- l’« humour noir » : à l’origine de la notion « humour noir » il y a d’abord HEGEL puis
FREUD. HEGEL parle plutôt d’« humour objectif ». Il s’agit, parlant des romantiques,
d’une résolution entre la nécessité d’imiter la nature servilement et la nécessité de
s’en détacher par l’humour, entre l’hyperréalisme et la subjectivité totalement
indépendante. Selon FREUD l’humour est « libérateur » ; il permet au moi de
triompher face à l’adversité du monde (Le Mot d’esprit et ses rapports à
l’inconscient, ouvrage publié en 1905, traduit de l'allemand par Marie BONAPARTE
et le Dr. M. NATHAN, Éditions Gallimard, 1930). Il est « sublime et élevé ».
L’« humour noir » est un néologisme de BRETON. Par « noir » BRETON n’entend
pas quelque chose de triste, de macabre. Il s’agit plutôt d’un humour exalté, qui va à
l’extrême comme on peut le voir dans la peinture de Savador DALÍ, dans la Joconde
de Marcel DUCHAMP…
- le « point sublime » ou le « point suprême » : point où les contraires se réunissent :
la chair et l’esprit ; la vie et la mort ; le sensible et le rationnel ; le passé et le futur ; le
haut et le bas… C’est la condition essentielle pour atteindre l’homme intégral,
absolument libre que cherchent les surréalistes. L’art est à ce titre défini, par référence
à HEGEL, comme « quelque chose de spirituel qui apparaît comme matériel » ;
« L’objet d’art tient le milieu entre le sensible et rationnel ». L’amour est célébré
comme expérience de la chair et de l’esprit. L’étreinte amoureuse est « un lieu-état où
mort et naissance se rencontrent à mi-chemin ». La référence philosophique des
surréalistes sur ce point est la dialectique hégelienne. Leur référence littéraire est
l’écrivain malgache Malcolm CHAZAL.
- l’« écriture automatique » : l’automatisme est le mécanisme fondamental du
surréalisme. L’écriture automatique est une parole-écriture qui échappe au contrôle
de la raison, de la conscience, de la réflexion, de toute sorte de règle. Ce que le
premier Manifeste du surréalisme appelle « le fonctionnement réel de la pensée ».
C’est ce que BRETON va expérimenter en écrivant à différentes vitesses. C’est ce
que Henri MICHAUX expérimente en écrivant sous différentes drogues – assisté par
un médecin – ce qui a donné lieu à un recueil de poésie, La Connaissance par les
gouffres, en 1948. L’écriture automatique a été inspirée en partie le spiritisme
(capacité de certaines personnes, qu’on appelle siprite ou médium, à communiquer
avec les esprits des morts) et la psychanalyse (BRETON découvre FREUD en 1916
alors qu’il était interne dans UN centre neuropsychiatrique d’où son intérêt pour le
rêve, les associations libres des idées chez les malades mentaux, les pantomimes des
hystériques). Mais elle a surtout ses références dans la poésie : Stéphane
MALLARMÉ avec sa poésie hermétique, Arthur RIMBAUD pour qui le poète est un
« Voyant » qui accède « à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens », et
LAUTRÉAMONT avec sa célèbre formule : « Beau comme la rencontre fortuite, sur
une table de dissection, d’une machine à coudre et d’un parapluie. » qui
deviendra le modèle de l’écriture surréaliste. L’image surréaliste (comparaison ou
métaphore) doit faire l’effet d’une surprise. Celle-ci serait d’autant plus grande que
l’écart entre le comparant et le comparé est aussi grand : « La terre est bleu comme
une orange » (Paul ELUARD) ; « ma femmes aux fesses de printemps »
(BRETON) ; « Dans la bouche de l’hirondelle un orage s’informe, un jardin se
construit » (René CHAR), « Le revolver à cheveux blancs » (titre d’un recueil de
poèmes de BRETON)… L’écriture automatique inspirera un des jeux les plus célèbres
du surréalisme, à savoir le « cadavre exquis ».