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André Breton (1896-1966)

Breton est le fondateur du mouvement surréaliste française, construit sur la base du passé.
Breton est né le 19 février 1896 à Tinchebray (France). En 1907, il s'inscrit au collège Chaptal à
Paris, où il développe sa passion pour la poésie ; en 1912, il écrit deux poèmes pour "Vers l'idée",
le magazine de l'école où il se signe du pseudonyme René Dobrant, anagramme de son nom.
Étudiant en médecine depuis 1913, Breton interrompt ses études pendant la Grande Guerre et
devient infirmier militaire à Nantes. À partir de 1916, il est affecté dans des centres
neuropsychiatriques où il entre en contact avec les théories de Freud. Il côtoie Tzara et le
dadaïsme et crée une revue, Littérature, en 1919.
Breton rédige le premier Manifeste du surréalisme et dirige les deux revues du groupe : La
Révolution surréaliste, puis Le surréalisme au service de la révolution. Il était le "pape" du groupe
d'intellectuels qui lui entouraient. Mais dans ce groupe on avait des problèmes à propos de
l'engagement politique. Breton en 1930 publie le très autoritaire Second Manifeste du
surréalisme.
Puis il quitte le Parti communiste et se rapproche de Trotski. Il s'exile aux États-Unis pendant la
Seconde Guerre mondiale. Lorsqu'il revient à Paris en 1946, un nouveau courant d'idées,
l'existentialisme, qui a éclipsé son groupe d'avant-guerre. Il rédige Arcane 17, un récit où
l'évolution du surréalisme vers le culte de l'Orient, l'occultisme, apparaît : il dénonce les crimes de
Staline en URSS et prend position contre la guerre d'Algérie.

Un poète en évolution
Initialement, Breton prenait inspiration du symbolisme d'Apollinaire et de Jarry, comme montre
son recueil du 1919 Mont de piété. Puis la manifestation de l'inconscient amène un vent de
nouveauté. La littérature surréaliste rompt avec le passé : Clair de terre s'ouvre sur cinq
transcriptions de rêves ; le Manifeste définit le principe de l'écriture automatique : écrire sans
sujet préconçu, vite pour ne pas retenir et ne pas relire.
Dans Le Revolver à cheveux blancs, le style évolue : l'écriture automatique ne domine plus, les
rêves ont disparu ; les associations spontanées et la force de l'inconscient s'intègrent dans des
poèmes lyriques, peaufinés. La tradition est récupérée, en partie du moins et sous le signe du
changement.
La Révolution surréaliste s'interroge sur le grand thème artistique de l'amour. Avec son âme
double - politique et poétique - L'Union libre est la composition la plus connue de Breton.
Un romancier contre le roman
Le mouvement surréaliste était caractérisé par la production de poèmes que d'ouvrages en prose,
peut-être parce que Breton attaque le style descriptif et « d’information » du roman réaliste, le
considérant hostile à tout essor intellectuel et moral. Il en critique aussi le style : pure et simple,
avec de descriptions qui sont superpositions d'images de catalogue, pour faire tomber d'accord le
lecteur avec lui sur des lieux communs.
Il rédige seulement deux récits autobiographiques, Nadja et L'Amour fou, qui contribuent au
renouveau du genre, en le fait une sorte de banc d'essai des théories du groupe.
Nadja
Nadja est son « œuvre » la plus connue et la plus lisible. Elle a été rédigée en 1927, publiée en
1928 et puis remaniée en 1962. La narration, sans chapitres, est sobre, qu'il a défini une relation
au jour le jour, très impersonnelle, avec un ton de l'observation médicale neuropsychiatrique.

L'action
Le narrateur-écrivain devient l'ami d'une mystérieuse femme, dont l'originalité confine à la folie.
Leur rencontre a été précédée de signes prémonitoires et de coïncidences bizarres.
En s'entretenant avec elle, l'écrivain pénètre dans un monde fantastique qui devrait lui révéler la
clé de son existence mais l'histoire s'interrompt parce que Nadja a été internée et à la fin il critique
les institutions psychiatriques.
L'emblème du surréalisme
Nadja, surréaliste à son insu, est l'emblème du surréalisme. Elle est considérée un génie libre,
quelque chose comme un de ces esprits de l'air que certaines pratiques de magie permettent de
s'attacher. Créature située à mi-chemin entre le rêve et la réalité, Nadja (en russe le
commencement du mot espérance) est une sorte de prolongement de l'Aurélia de Nerval. Elle
émane un trouble poétique, raconté à la première personne, avec photos et dessins pour illustrer
et souligner la volonté « anti-littéraire » des surréalistes, qui voulaient atteindre un art global, qui
soit à la fois mot, signe graphique et image.

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