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Tour Voltaire, 1, place des Degrés 92059 La Défense Cedex
Tél. : 01 55 62 68 00 e-mail : rdpmg@gmsante.fr
ÉDITORIAL Pour le comité de rédaction
Pr Jean-Noël Fiessinger
DIRECTION DES RÉDACTIONS MÉDICALES
Kristell Delarue
Rédactrice en chef
Kristell Delarue kdelarue@gmsante.fr
Rédactrice en chef adjointe
Médecines de ville
Christelle Angély cangely@gmsante.fr
Rédactrice en chef web
Cinzia Nobile cnobile@gmsante.fr
Secrétaire générale de rédaction
et hospitalière ensemble
Anne-Hélène Rabreau ahrabreau@gmsante.fr
Secrétaire de rédaction
Laura Martin Agudelo lmagudelo@gmsante.fr
Assistante éditoriale
Inès Labat ilabat@gmsante.fr
contre le TDAH de
Secrétariat de la rédaction
Patricia Fabre (6807) pfabre@gmsante.fr
COMITÉ DE RÉDACTION SCIENTIFIQUE
Jean-Michel Chabot, Jean-Noël Fiessinger, Olivier Fain,
l’enfant et l’adolescent
Bernard Gavid, Aurélie Pham, Alain Tenaillon
CONSEILLERS SCIENTIFIQUES 2019-2022
Elie Azria, Robert Benamouzig, Olivier Bonnot, Didier Bouccara,
Patrice Bourée, Antoine Brézin, Éric Caumes, Sylvain Choquet, Olivier
Chosidow, Sophie Christin-Maitre, Ariel Cohen, Camille Daste, Anne
de La Tour, Emmanuelle Dernis, François Desgrandchamps, Olivier
Fain, Claire Fourcade, Aline Frazier-Mironer, Olivier Gout, Alexandre
Hertig, Pascal Hilliquin, Delphine Kerob, Étienne Larger, Élise
Launay, Mathie Lorrot, Aurélien Lorthioir, Olivier Mermet,
D
Stéphane Mouchabac, Geneviève Plu-Bureau, Anne-Sophie
Rigaud, Sébastien Rivière, Angèle Soria, Camille Taillé ans ce numéro de La Revue du Prati- Le dernier chapitre, sous-titré « Conseiller et
Directrice artistique cien-Médecine générale est publié continuer à suivre le patient et sa famille »,
Cécile Formel cformel@gmsante.fr
RÉALISATION
un dossier spécifiquement destiné fourmille de détails pratiques : surveillance
Rédacteurs-graphistes Cristina Hoareau, Florence Mauduit aux médecins de premier recours sur du traitement médicamenteux, aménage-
Rédacteurs-réviseurs Jehanne Joly, Virginie Laforest le trouble du déficit de l’attention avec ments scolaires, demande d’ouverture de
La Revue du Praticien - Médecine Générale® ou sans hyperactivité (TDAH) chez droits à la maison de l’autonomie, etc.
est une publication de Global MÉDIA SANTÉ l’enfant et l’adolescent. Ce texte, rédigé à
SAS Principal actionnaire : SFP Expansion
www.globalmediasante.fr quatre mains par une équipe de l’université Les auteures ne concluent pas par des recom-
Capital de 4 289 852 € - Durée de 99 ans de Montpellier, le Dr Marie Nirdé, médecin mandations mais valorisent plutôt les mis-
à compter du 30.03.99 - ISSN : 0989-2737 - Dépôt légal
à parution - N° commission paritaire : 0624 T 81576 - généraliste libérale et maître de stage, et le sions dévolues au « médecin de famille », par
ROUTAGE : Siep - 77590 Bois-le-Roi Pr Diane Purper-Ouakil, professeur de pé- exemple orienter pour trouver du soutien :
DIRECTEUR GÉNÉRAL, DIRECTEUR DES PUBLICATIONS dopsychiatrie, est un modèle de pédagogie. « Il est essentiel de pouvoir mettre en lien les
Alain Trébucq (6801) atrebucq@gmsante.fr Les médecins de l’enfant (généraliste, pé- familles avec les ressources présentes sur le ter-
DIRECTRICE GÉNÉRALE ADJOINTE diatre, médecin de PMI…) y trouveront les ritoire : groupes de guidance et associations.
Elena Zinovieva (6801) ezinovieva@gmsante.fr
DIRECTRICE FINANCIÈRE
informations pratiques et nécessaires pour [...] Une bonne connaissance du réseau permet
Corine Vandenbroucke (6824) cvandenbroucke@gmsante.fr une prise en charge optimale des enfants aussi d’orienter les membres de la famille, pour
DIRECTEUR MARKETING, ABONNEMENTS ET COMMUNICATION avec un TDAH. eux-mêmes, de façon pertinente, vers un CMP,
Vincent Cadio (6859) vcadio@gmsante.fr
un CMPP, une PCO ou une consultation hospi-
DIRECTION COMMERCIALE Le dossier s’articule en trois chapitres : « le
Directeur des opérations commerciales talière.»
Benoît Sibaud (6842) bsibaud@gmsante.fr
repérage, « l’orientation, « la coordination ».
Senior Business Developer L’intérêt de ce dossier pour les lecteurs de
Éric Durand (6843) edurand@gmsante.fr C’est en effet au médecin traitant qu’in-
Directrice de la publicité combe la responsabilité d’engager le par- La Revue du Praticien-Médecine générale ré-
Cécile Jallas (6839) cjallas@gmsante.fr
cours diagnostique initial devant des side enfin dans les tableaux qui accompagnent
Chefs de publicité
plaintes qui peuvent être multiples. Ce par- le texte : cotations pédiatriques en médecine
Agnès Chaminand (6840) achaminand@gmsante.fr
Irène Rakotoharime (6844) irakoto@gmsante.fr cours devrait se trouver simplifié par le dé- générale et nouveautés, liste des plateformes
Administratrice des ventes
veloppement des consultations infirmières de coordination et d’orientation, présentation
Maria Costa (6841) mcosta@gmsante.fr
PRODUCTION et par la création de nouvelles cotations des des différentes formes du méthylphénidate en
Directrice de projets actes pédiatriques en médecine générale. France. L’encadré « Que dire à vos patients ? »
Nadia Belehssen (6866) nbelehssen@gmsante.fr est également riche en informations : sites
Chef de projet digital et 360 Le diagnostic de TDAH évoqué, il appartient internet, ouvrages à conseiller aux familles.
Minh-Tu Nguyen (6869) mtnguyen@gmsante.fr
Chef de projet digital au praticien d’orienter le jeune patient vers
Virginie Michaud (6872) vmichaud@gmsante.fr un collègue de deuxième recours. Les au- Ce dossier, par la qualité des informations qu’il
ABONNEMENTS Tarif France 219 e/an (10 numéros) teures présentent les réseaux de soins adap- apporte, et par son illustration de la nécessaire
Tél. : 01 55 62 68 50 e-mail : abo@gmsante.fr
tés à la prise en charge de ces enfants. collaboration exemplaire entre médecine géné-
La revue adhère à la charte de formation médicale continue
Au terme de l’évaluation diagnostique et rale et médecine hospitalo-universitaire, devrait
par l’écrit du Syndicat national de la presse médicale et des
professions de santé (SNPM) et en respecte les règles (charte fonctionnelle, un projet thérapeutique est constituer une référence pour tous les praticiens
disponible sur demande). Reproduction interdite de tous les proposé, la prescription de méthylphéni- de premier recours amenés à accompagner ces
articles sauf accord avec la direction.
Provenance du papier (SIEP) : Suisse date étant réservée aux formes sévères. enfants tout au long de leur développement.
Taux de fibres recyclées : 55 %
Eutrophisation : Ptot 0,013 Kg/To de papier
pédopsychiatre
(Montréal, Canada).
Enfants et ados
miné soi-même !). Une culpabilité pouvait
s’y associer lorsque des proches sont décé-
dés : tout cela peut être vécu comme un vé-
en détresse : que
ritable traumatisme.
Ensuite, l’isolement scolaire a favorisé dans
certains cas les phobies scolaires et l’anxiété
peut faire le MG ?
sociale, aggravant la rupture du lien social.
Enfin, pour les cas les plus graves, une aug-
mentation des recours aux urgences pour
idées et tentatives suicidaires est observée
dans beaucoup de pays, et à des âges plus
Si les moments aigus de la crise sanitaire semblent jeunes que ce que l’on observait aupara-
vant.* Dans de nombreux cas, le lien avec la
derrière nous, la santé mentale des enfants et pandémie est énoncé, mais il faut distinguer
adolescents continue de pâtir du contexte d’incertitude. notamment deux situations. Chez certains,
la source de détresse se trouve dans la perte
Certains troubles apparaissent à des âges de plus de leur réseau, des ruptures de liens ami-
en plus jeunes ; d’autres – nouveaux – émergent, liés caux, voire amoureux, qui, dans la période
notamment aux réseaux sociaux… charnière de l’adolescence en particulier,
sont loin d’être anodines ! Surtout lorsque
Quels signes doivent alerter le médecin traitant, le terrain est défavorable : personnalités
et quelles interventions peut-il proposer ? fragiles, avec traits limites émergents, peurs
de l’abandon, dysrégulations émotion-
nelles, sentiments de vide et de solitude que
Par Christelle Angély et Laura Martin Agudelo le contexte ne peut qu’exacerber. Pour
lendemains d’ivresse Les signes apparaissent six à huit heures après l’alcoolisation,
au moment où l’alcoolémie redescend à zéro ; ils durent une
vingtaine d’heures.3
La clinique des lendemains d’ivresse, trivialement La veisalgie se manifeste comme un tableau physique,
« gueule de bois » (ou xylostome), a été théorisée dans psychique et cognitif associant des signes défavorables, avec
les années 2000 sous le terme de veisalgie (veisalgia ou une part subjective difficilement quantifiable. Il n’est pas
hangover pour les Anglo-Saxons).1 exclusif des patients atteints de troubles de l’usage d’alcool,
La veisalgie est la première conséquence négative il peut survenir chez tout consommateur.
de la surconsommation d’alcool. Plus qu’un prix à payer Les symptômes sont nombreux et variés :2 le patient peut
pour avoir trop bu (ou trop consommé de substance ressentir un malaise général, une faiblesse, de la fatigue, une
psychoactive), c’est une expérience déplaisante, avec un soif intense, une sécheresse buccale ; il peut être irritable et
tableau clinique spécifique et de possibles conséquences éprouver culpabilité, remords, anxiété, dysphorie, dépression,
individuelles et/ou collectives dommageables à court ou souffrir de divers troubles cognitifs concernant l’attention/
moyen terme. concentration, la mémoire, les aptitudes visuospatiales,
Elle peut survenir après de faibles consommations, même les habiletés psychomotrices. Des troubles digestifs sont
s’il s’agit essentiellement d’un aléa différé du binge drinking aussi possibles : anorexie, gastralgies, nausées, douleurs
(ou alcoolisation ponctuelle importante). En parler permet abdominales, vomissements, diarrhée (motrice). Céphalées,
d’aider à dénormaliser ce moment, ni banal ni nécessaire, qui crampes musculaires, hypersensibilité au son et à la lumière
peut justifier une médicalisation. et vertiges sont également décrits. Par ailleurs, le patient peut
ressentir des palpitations, une tachycardie, des sueurs, des
tremblements, voire présenter une hypertension artérielle.
PRODUITS CONCERNÉS Enfin, des troubles du sommeil associés peuvent majorer les
autres signes.
La veisalgie concerne surtout l’alcool mais peut aussi
résulter de la surconsommation de cannabis (weed hangover,
avec sécheresse buccale, fatigue, troubles cognitifs…) DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS
ou de benzodiazépines (associée à des effets persistants
de molécules à demi-vie longue).2 Ces tableaux cliniques Le sevrage alcoolique, diagnostic différentiel essentiel,
peuvent d’ailleurs se combiner du fait de l’augmentation ne doit pas être confondu avec la veisalgie, même si celle-ci
des consommations associant alcool et autres substances peut parfois rapidement lui succéder.
psychoactives. Il ne s’agit pas non plus de manifestations d’alcoolopathies,
quelles qu’elles soient.
Des formes plus sévères surviendraient avec l’âge, notamment La priorité, la réhydratation associée à une alimentation
lorsque la consommation est associée au tabac (nicotine).2 modérée et au repos, fait consensus.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou l’aspirine, souvent
employés, sont peu efficaces (hormis sur les céphalées) ou
QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES ? dangereux (ajoutant un risque gastrotoxique).2
De multiples conséquences négatives individuelles ou
Aucune « recette » plus ou moins complexe n’a jamais fait
collectives peuvent survenir, dépassant le seul inconfort.
preuve de son intérêt préventif ni curatif.5 Différentes herbes,
Sur le plan médical, des atteintes cardiovasculaires, avec champignons et même le cannabis sont parfois envisagés
troubles du rythme cardiaque et augmentation du travail comme remède, mais n’ont pas montré d’efficacité et ne sont
myocardique associée à une surmortalité et des morts pas dénués de risques. Consommer à nouveau de l’alcool
subites, ont été répertoriées.4 Des gastrites aiguës érosives n’est pas non plus adapté et encore moins recommandé.
ont également été décrites ainsi que des exacerbations de
La prévention repose surtout sur la limitation des
reflux gastro-œsophagien symptomatiques. De plus, il n’est
surconsommations d’alcool.
pas rare d’observer la survenue de traumatismes
(accidentologie domestique ou professionnelle), avec des Pascal Menecier déclare n’avoir aucun lien d’intérêts.
conséquences pour le patient lui-même et/ou pour les autres.
Enfin, le coût socio-économique n’est pas à négliger :
perte de productivité, accidents de travail ou de trajet
par privation de sommeil et perte de vigilance sont observés RÉFÉRENCES
1. Verster JC, Scholey A, van de Loo AJAE, Benson S, Stock, AK. Updating the
chez des sujets avec alcoolémie redescendue à zéro.4 Definition of the Alcohol Hangover. J Clin Med 2020;9(3):823.
2. Menecier P. Les illusions de l’ivresse. Paris: éd. In Press, 2022.
3. Razvodovsky Y. Hangover Syndrome: Pathogenesis and Treatment. Int Archives
TRAITER ET SURTOUT PRÉVENIR Subste Abuse and Rehabil 2021;3(009).
4. Wiese JG, Shlipak MG, Browner WS. The Alcohol Hangover. Ann Int Med
L’essentiel des soins consiste en une automédication, sans 2000;132(11):897-902.
intervention des professionnels de santé. 5. De Rudder O. Bréviaire de la gueule de bois. Paris: éd. Librio, 2005.
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LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 36 - N° 1068 - JUIN 2022
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DOSSIER
© ADOBE STOCK
L
e TDAH est un trouble du neurodéveloppement thérapeutique adapté. Le rôle du médecin traitant,
dont les critères sont définis dans la 5e version du détaillé dans les recommandations de 2014 de la Haute
Manuel diagnostique et statistique des troubles Autorité de santé,3 est central dans le parcours de l’en-
mentaux (DSM-5) : il associe un déficit de l’atten- fant avec une suspicion de TDAH.
1. Médecin tion, une impulsivité et une hyperactivité motrice,
généraliste, à des degrés divers. Ces symptômes entraînent
Gruissan, université une altération du fonctionnement (social, scolaire,
REPÉRER LE TROUBLE : DÉMARCHE
de Montpellier DIAGNOSTIQUE INITIALE
2. Service de psy- familial) et de la qualité de vie.1, 2
chiatrie de l’enfant Le médecin de premier recours de l’enfant (généra- Le diagnostic de TDAH repose sur un faisceau d’argu-
et de l’adolescent,
liste, pédiatre, médecin de PMI) doit être au fait des ments cliniques associant une anamnèse développe-
CHU de Montpellier
diane.ouakil@ dernières données et avancées sur le sujet afin d’opti- mentale à l’observation de l’enfant dans différents
gmail.com miser les chances de diagnostic précoce et de projet domaines de fonctionnement. Le diagnostic est vali-
dé par l’utilisation de questionnaires (issus de sources Le plus souvent, ces difficultés se ressentent dans le
d’information différentes). Aucun examen paracli- milieu scolaire. L’enfant est alors vu comme un rêveur,
nique n’est nécessaire. « dans la lune », avec des capacités de concentration très
fluctuantes, des difficultés à mémoriser, à être auto-
PLAINTES ÉVOCATRICES nome et à tenir en place sur sa chaise : « La maîtresse m’a
Le médecin de premier recours a pour mission alerté sur des problèmes d’apprentissage que rencontre
d’amorcer le parcours diagnostique initial devant mon enfant », « J’ai besoin d’une ordonnance pour un
des plaintes pouvant être multiples. bilan orthophonique/orthoptiste/psychomoteur »,
L’enfant peut lui-même évoquer des difficultés : il a peu « Il faut établir un certificat médical pour la Maison de
ou pas d’amis, est en conflit avec ses parents, son estime l’autonomie (MDA) afin que mon enfant obtienne une
de soi est faible. Très fréquemment, c’est la famille qui aide humaine (AESH) » sont autant de demandes qui
évoque des problèmes : l’enfant est décrit comme facile- doivent faire évoquer un TDAH.
ment distrait, n’écoutant pas, rencontrant des difficultés
à s’organiser, oubliant souvent des choses (déficit de l’at- PREMIÈRE CONSULTATION : ÉVALUER LA SITUATION
tention) ; il coupe la parole, est impatient, a du mal à DE L’ENFANT DANS SA GLOBALITÉ
« obéir » (impulsivité) ; il peut également être dépeint La première consultation permet de recueillir les an-
comme agité, ne tenant pas en place, pouvant se mettre técédents familiaux et personnels de l’enfant. Des
en danger par ses comportements (hyperactivité motrice). anomalies développementales peuvent orienter vers
d’un trouble du langage) et partager avec la famille MÉTHYLPHÉNIDATE POUR LES FORMES SÉVÈRES
ses hypothèses diagnostiques.1 Certaines explora- Le traitement médicamenteux par méthylphénidate est
tions peuvent être demandées en complément d’un indiqué lorsque les mesures correctives n’ont pas permis
bilan psychomoteur en cas de retard dans les acquisi- une amélioration suffisante (tableau 2).
tions motrices ou de troubles de la coordination. Il est Depuis septembre 2021, sa prescription initiale n’est plus
utile de s’appuyer sur des questionnaires de repérage, l’exclusivité des praticiens hospitaliers et peut être réali-
tels que le questionnaire sur le développement de la sée par les neurologues, neuropédiatres, pédiatres, psy-
coordination (DCDQ)4 avant la réalisation de ce type de chiatres et pédopsychiatres libéraux.
bilan. Les plateformes ou dispositifs expérimentaux en Sa mise en place nécessite un suivi régulier dont la fré-
cours de déploiement rendent accessibles des forfaits quence dépend des besoins de l’enfant (généralement
de rééducation ou de psychothérapie. Une évaluation dans le mois de l’introduction du traitement, puis tous les
psychométrique peut être indiquée, notamment si, cli- 6 à 12 mois). Le médecin de premier recours participe à la
niquement, d’autres particularités de développement surveillance (pression artérielle, fréquence cardiaque,
sont identifiées. poids, taille…), généralement sur une base mensuelle,
L’évaluation diagnostique et fonctionnelle aboutit entre les rendez-vous avec l’équipe de second recours.
à un projet personnalisé construit par le médecin de Souvent, les parents rencontrent des difficultés à accepter
second recours en tenant compte de la gravité des symp- le traitement médicamenteux. Le médecin de famille
tômes du TDAH, de l’existence éventuelle de comorbi- joue donc ici un rôle important d’information, notam-
dités et du retentissement des troubles. Réalisé en ment pour accueillir et discuter des réticences au trai-
groupe ou en individuel, le volet psychoéducatif est la tement, répondre aux interrogations et expliquer la
base indispensable du programme d’éducation théra- balance bénéfice-risque. Le méthylphénidate est
peutique. Des programmes en ligne5 et de nombreuses contre-indiqué chez l’enfant dans les situations suivantes :
ressources documentaires sont disponibles et acces- HTA modérée à sévère, pathologies cardiaques sympto-
sibles aux patients et à leur famille par le biais de dif matiques, troubles cérébrovasculaires – dont AVC, anoma-
férentes associations. lies vasculaires… –, hyperthyroïdie, phéochromocytome ;
en cas d’antécédents psychiatriques personnels ou fami-
liaux, le rapport bénéfice-risque doit être attentivement
COORDONNER LA PRISE EN CHARGE évalué initialement et au cours des consultations de suivi).
La médication peut s’avérer nécessaire, notamment Le traitement a pour objectif d’améliorer l’attention
lorsque la situation est de moins en moins bien tolé- soutenue, de réduire les erreurs d’inattention, d’atté-
rée par le patient et sa famille. Une proposition de nuer l’hyperactivité et de moduler l’impulsivité. Il est
traitement peut être initialement mal acceptée et prescrit pour une durée de vingt-huit jours sur une
demande une information approfondie de l’enfant ordonnance sécurisée mentionnant la pharmacie
et de la famille. de délivrance, valable soixante-douze heures.
état du diagnostic, de la prise en charge, de la gêne fonc- Les infirmières en santé publique du système Asalée
tionnelle occasionnée et peut également préconiser cer- trouvent leur place dans le parcours de l’enfant et de
tains aménagements. Dans le cadre de la simplification sa famille.
administrative, le PAP et a fortiori le projet personnalisé Les plateformes territoriales d’appui (PTA), quant à
de scolarité (PPS) ouvrent droit aux aménagements des elles, font le lien indispensable entre l’école et les in-
épreuves du brevet et du baccalauréat. tervenants médicaux et paramédicaux. Des travaux
Certaines situations nécessitent des aides et des aména- sur ces points sont actuellement menés.
gements plus conséquents. L’ouverture de droits à la
Maison de l’autonomie (MDA) nécessite un certificat POURSUIVRE LE SUIVI AU SORTIR DE L’ENFANCE
médical (rédigé sur un document spécifique appelé Le médecin généraliste accompagne les enfants et
« Geva-sco » qui correspond au volet établi par l’équipe adolescents souffrant de TDAH tout au long de leur
éducative de l’école ou collège) et le « Formulaire de de- développement. Il est donc tout désigné pour préparer
mande » (rempli par les parents). La demande peut la transition des suivis qui s’amorce à la fin de l’ado-
concerner, par exemple, un accompagnant d’élève en lescence. En effet, si l’hyperactivité motrice a ten-
situation de handicap (AESH) ou la mise à disposition dance à s’atténuer avec le temps, l’inattention et
d’un ordinateur pour compenser des troubles du gra- l’impulsivité peuvent subsister. La continuité du
phisme manuscrit ou un trouble du langage écrit. suivi, des aménagements de la scolarité et de la for-
Des aides peuvent être octroyées aux parents afin de fi- mation professionnelle, ainsi que la poursuite ou l’in-
nancer l’ergothérapie ou les consultations chez le psy- terruption guidée du traitement médicamenteux,
chomotricien pour les enfants ayant des besoins à long sont des points clés à réévaluer à cette étape.
L’ESSENTIEL
terme : l’allocation d’éducation pour enfant handicapé Un jeune adulte souhaitant reprendre un suivi et un traite-
(AEEH) est attribuée par la MDA et versée par la Caisse ment pour son TDAH après une interruption des soins doit
d’allocations familiales. Certains enfants évoluant pouvoir être conseillé et orienté de la meilleure façon pos-
Le TDAH est dans un environnement précaire ou sujets à de mul- sible. Une prise en compte optimisée du TDAH de l’adulte
un trouble du
neurodéveloppement tiples problèmes peuvent bénéficier d’un service se dessine au travers de la saisine de la HAS pour la produc-
associant troubles éducatif et de soins spécifiques à domicile (SESSAD). tion de lignes directrices et de l’autorisation de mise sur le
attentionnels, Un TDAH ne constitue pas à lui seul une affection de marché du méthylphénidate dans cette population.
impulsivité et longue durée (ALD). Cependant, en fonction de la gravité
hyperactivité à des M. Nirdé déclare n'avoir aucun liens d'intérêts.
des troubles, il est possible de demander la mise en place D. Purper-Ouakil déclare des interventions ponctuelles
degrés divers.
d’une ALD « hors liste » ou d’une ALD32 (« polypathologie depuis les trois dernières années pour H.A.C. Pharma, Medice
invalidante ») en fonction des comorbidités associées. et dans les cinq dernières années pour Takeda-Shire, Otsuka,
Le médecin de Leur octroi est laissé au soin du médecin-conseil. Janssen ainsi que des activités de conseil pour Takeda-Shire.
premier recours joue
un rôle pivot dans
la coordination du
CONSEILLER ET CONTINUER À SUIVRE RÉFÉRENCES
parcours de soins
LE PATIENT ET SA FAMILLE
d’un enfant avec 1. Purper-Ouakil D, Cortese S, Wohl M, et al., Predictors of diagnostic delay
suspicion de TDAH Le TDAH de l’enfant a des répercussions sur l’ensemble in a clinical sample of French children with attention-deficit/hyperactivity
et oriente vers des disorder. Eur Child Adolesc Psychiatry 2007;16(8):505-9.
de la famille et sur son organisation ; les liens parentaux
dispositifs de second 2. American Psychiatric Association. DSM-5. Manuel diagnostique et
recours. et ceux de la fratrie en sont affectés. Le terme de « mé- statistique des troubles mentaux. Traduction française coordonné par
decin de famille » prend ici tout son sens : le praticien M.-A. Crocq et J.-D. Guelfi. Paris: Elsevier Masson, 2015.
Le médecin de
apparaît comme un référent essentiel en qui la famille 3. HAS. Recommandation de bonne pratique. Conduite à tenir en mé-
place sa confiance. decine de premier recours devant un enfant ou un adolescent suscep-
premier recours tible d’avoir un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.
réunit les éléments Décembre 2014.
nécessaires SOUTIEN FAMILIAL 4. Ray-Kaeser S, Thommen E, Martini R, et al. Psychometric assessment
pour faciliter le Il est essentiel de pouvoir mettre en lien les familles avec of the French European Developmental Coordination Disorder Question-
diagnostic, participe naire (DCDQ-FE). PLoS One 2019;14(5):e0217280.
les ressources présentes sur le territoire : groupes de
à la psychoéducation 5. Maurice V, Didillon A, Purper-Ouakil D, et al. Adaptation d’un groupe
et à la prise en guidance parentale (selon les programmes Barkley, In- de guidance parentale en ligne dans le cadre du confinement dû à la
charge psychosociale credible Years ou le programme de soutien à la parenta- crise sanitaire COVID-19 dans un service de pédopsychiatrie en France.
et rééducative. lité triple P [pour pratiques parentales positives]) et L’Encephale 2021;S0013-7006(21)00184-6.
associations de parents (Hypersupers TDAH France, 6. Le Heuzey M. Le trouble déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH)
chez l’enfant: approche médicale. Journal de pédiatrie et de puériculture
Le médecin de pre- TDAH partout pareil, TDAH PACA…). 2020;33(3):101-8.
mier recours informe, Les réseaux et CPTS sont une véritable ressource. Une 7. Faraone SV, Banaschewski T, Coghill D, et al. The World Federation of
soutient la famille et bonne connaissance du réseau permet aussi d’orienter ADHD International Consensus Statement: 208 Evidence-based Conclu-
le jeune, et surveille sions about the Disorder. Neurosci Biobehav Rev 2021;128:789-818.
les membres de la famille, pour eux-mêmes, de façon
le traitement médi- 8. Willig TN, Purper-Ouakil D, Gramond A, et al. Le rôle du pédiatre de
camenteux. pertinente, vers un CMP, un CMPP, une PCO ou une premier recours dans la thérapeutique du TDAH de l’enfant. Le pédiatre
consultation hospitalière. 2021;305(4):3-11.
L
a diphtérie (du grec diphthera,
membrane) est une affection haute-
ment contagieuse due à Corynebacte-
rium diphtheriae (ou bacille de Klebs- Un peu d’histoire…
Löffler), pouvant évoluer vers le décès Du fait de l’ignorance de son caractère contagieux, la diphtérie est une maladie qui a fait
par suffocation en raison de la forma- des ravages en France, notamment au XVIIIe siècle. La première description complète
tion de fausses membranes dans l’oropha- de la maladie par Pierre Bretonneau date de 1818 ; il propose alors un traitement par
rynx, qui obstruent les voies respiratoires. trachéotomie. Les différents aspects de la maladie, les complications et les principales
Cette évolution possiblement fatale est causes de décès chez l’enfant ont été précisés ensuite par Armand Trousseau. En 1884,
appelée « croup ». Si la diphtérie auto Friedrich Löffler parvient à cultiver des germes prélevés sur des fausses membranes.
chtone a disparu de la métropole française La toxine est isolée en 1889 par Émile Roux, et l’antitoxine en 1890 par Emil von Behring
depuis de nombreuses années (fig. 1) grâce (Prix Nobel de médecine en 1901). En 1923, Gaston Ramon met au point le premier
à une couverture vaccinale très élevée, vaccin à base de toxine inactivée. L’Académie de médecine instaure la vaccination
cette affection reste encore présente dans dès 1927 dans les écoles ; en 1938, elle est généralisée à tous les enfants. Au XIXe
de nombreux pays, en particulier dans les siècle, 1 personne sur 20 était atteinte de diphtérie (dont la majorité âgée de moins de
pays asiatiques (fig. 2 et 3).1 15 ans) avec une mortalité entre 10 et 50 %. Au cours de la Seconde Guerre mondiale,
de nombreux cas sont recensés en Europe (238 000 cas en Allemagne ; 56 000 cas
aux Pays-Bas ; 46 000 cas en France ; 22 000 cas en Norvège).
ENCORE PRÉSENTE
SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS !
Entre 2011 et 2020, 69 cas importés ont été
recensés en métropole, soit de pays endé- l’île. Ces patients, non ou mal vaccinés, tière : bien que le programme élargi de vac-
miques (Afrique de l’Ouest, Madagascar, chez qui les formes cutanées prédo- cinations de l’Organisation mondiale de la
Pakistan, Russie), soit de départements minent sur celles de la sphère ORL, santé (OMS) soit censé y être appliqué, de
d’outre-mer, comme Mayotte, chez des pa- viennent des Comores et entrent illégale- nombreux enfants continuent d’échap-
tients non ou mal vaccinés.2 ment sur le territoire. Devant cette per à la vaccination pour de multiples
À Mayotte (101e département français), entre situation, un rattrapage vaccinal, débuté raisons (manque d’information des fa-
janvier 2019 et juin 2021, 12 cas de diphtérie – en 2018 en centres de protection mater- milles, manque de fournitures de vaccins
chiffre probablement sous-estimé – ont été nelle et infantile (PMI) chez plus de dans les centres isolés, rupture de la chaîne
signalés, dont un nourrisson décédé. Ce 18 000 enfants de moins de 6 ans, a permis du froid, impossibilité pour les familles de
nombre relativement important est dû d’obtenir une couverture vaccinale se déplacer par manque de moyens, dis-
autantàlaméconnaissancedespraticiens de 76 % pour la primovaccination et de pensaires isolés, parfois inaccessibles pour
qu’à l’insuffisance de la vaccination.3 57 % pour la vaccination complète. des raisons climatiques, sentiments de
Depuis une dizaine d’années, il est pos- Les situations de l’archipel des Comores et méfiance si un vaccin précédent avait en-
sible de recenser jusqu’à 2 cas par an dans de Madagascar sont similaires en la ma- traîné une réaction secondaire…).
TOXINE DIPHTÉRIQUE : Nombre de cas de diphtérie et de décès ayant pour cause principale
LA FORCE DU MAL
la diphtérie, déclarés en France de 1975 à 2010
Corynaebacterium diphtheriae est un ba- 50 000
cille à Gram positif (fig. 4), dont l’homme 45 000 30
est le seul hôte, avec un portage au niveau 40 000 24 C. diphtheriae
de la peau et du pharynx. Cette bactérie Autres Corynebacterium toxinogènes
35 000 18
sécrète une toxine qui diffuse dans tout
30 000 12
l’organisme et agit sur le cœur et le sys-
tème nerveux périphérique en provo- 25 000 6
quant une mort cellulaire, d’abord lo- 20 000 0
cale puis à distance. Seules les souches de 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
15 000
C. diphtheriae infectées par un virus bac- 10 000
tériophage (ou phage bêta) sont toxino-
5 000
gènes (« tox+ ») ; les autres (« tox- ») ne pro-
0
voquent que des formes bénignes. 1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975
La transmission interhumaine s’effec-
Cas déclarés (source : déclarations obligatoires) Décès déclarés (source : causes médicales de décès)
tue surtout par les sécrétions rhinopha-
ryngées, plus rarement par voie oculaire,
Figure 1. Nombre de cas et de décès ayant pour cause principale la diphtérie en France de 1975
auriculaire ou cutanée. à 2010 (source : Santé publique France).
D’autres corynébactéries peuvent provo-
quer une diphtérie, comme C. ulcerans
chez les sujets âgés ou immunodéprimés,
Afrique Région est de la Méditerranée
transmis par le lait cru ou le contact avec 14,000
Asie du Sud-Est Europe de l’Est
les bovins. En France, 18 cas d’infection par
Amérique du Sud et Caraïbes Total pour le monde entier
Nombre de cas rapportés de diphtérie
DE L’ANGINE AU CROUP
Après une incubation de deux à cinq jours, pour éviter une évolution rapide vers gine virale ou bactérienne) et la mono-
l’angine diphtérique blanche se manifeste une forme sévère. nucléose infectieuse – dont l’une des
par la formation de fausses membranes, de En effet, dans le cas le plus grave, la voix manifestations cliniques typiques est
façon bilatérale et asymétrique. Clinique- est éteinte, un œdème cervical important l’angine érythémato-pultacée, rarement
ment, ces fausses membranes prennent un (dit « proconsulaire ») se forme, et les à fausses membranes.
aspect blanc nacré, lisse, adhérant aux mu- fausses membranes obstruent le larynx,
queuses (fig. 5) et s’accompagnent d’adéno- provoquant une asphyxie rapidement COMPLICATIONS MULTIPLES
pathies cervicales et d’une fièvre modérée. mortelle (croup).4 DE LA FORME GÉNÉRALISÉE
Il est nécessaire d’instituer un traite- Deux diagnostics différentiels peuvent La forme généralisée est causée par la
ment sans délai après le prélèvement, être envisagés : l’angine blanche (d’ori- toxine, qui diffuse par voie sanguine.
Elle atteint le myocarde, le système nerveux mais est inefficace en cas de fixation
périphérique et les surrénales, pouvant être aux cellules cibles. Figure 5. Angine à fausses membranes
à l’origine de myocardite, paralysie du voile En cas de croup, une trachéotomie est de la diphtérie.
du palais, paralysie des membres inférieurs, pratiquée en urgence pour rétablir la voie
insuffisance rénale, respiratoire et car- respiratoire. Cette forme étant heureuse- antibiothérapie prophylactique, contrôle
diaque d’évolution mortelle. ment devenue rarissime, l’usage de cette de l’état vaccinal et rappel si nécessaire.
pratique n’est plus d’actualité (il fut un Il est essentiel d’insister sur l’importance
FORME CUTANÉE : MOINDRE GRAVITÉ temps où chaque médecin était équipé du des vaccinations dans tous les pays. En
La forme cutanée, observée surtout dans les matériel de trachéotomie au cabinet). Chine, par exemple, le taux de séropositivité
pays tropicaux, se manifeste par la forma- moyen de la population est de 66 %, mais
tion de fausses membranes, à partir d’une de seulement 25 % chez les plus de 25 ans.
plaie préexistante ou d’une piqûre d’in-
PRÉVENIR ABSOLUMENT
secte. Une guérison spontanée est possible La prévention repose sur la vaccination
en plusieurs semaines et l’évolution vers (toxine diphtérique purifiée et inactivée)
Y PENSER !
une insuffisance respiratoire est rare. obligatoire dès la petite enfance (vaccin Devant une angine blanche chez un sujet
combiné hexavalent). Des injections de originaire d’un pays étranger ou d’un dé-
rappel sont administrées tous les vingt ans partement d’outre-mer, il est important
TRAITEMENT : UNE URGENCE ! chez l’adulte. de savoir évoquer la possibilité d’une
Des prélèvements pharyngés sont effec- C’est une maladie à déclaration obligatoire. diphtérie, et avoir le réflexe de prélever,
tués sans délai (pour culture, identification Toute survenue d’un cas amène à une sur- isoler, traiter et déclarer.
par Maldi-Tof et recherche de toxine par veillance clinique et microbiologique des
PCR) et avant tout traitement ; ce dernier sujets contacts, avec prescription d’une Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts.
doit cependant être instauré avant même
la confirmation diagnostique apportée par
la mise en évidence du bacille.5 RÉFÉRENCES
Dès la suspicion clinique, le patient est iso- 1. Clarke K, MacNeil A, Hadler S, et al. Global epidemiology of diphtheria, 2000-2017. Emerg Inf Dis 2019;25(10):1834-42.
lé et les objets familiers sont désinfectés. 2. Scheifer C, Rolland-Debord C, Badell E, et al. Réémergence du Corynaebacterium diphtheriae. Med Mal Inf
2019;49(6):463-6.
L’antibiothérapie (amoxicilline ou macro-
3. Belchior E, Henry S, Badell E, et al. Diphteria in Mayotte 207-2015. Emerg Infect Dis 2017;23(7):1218-2007.
lides) est initiée immédiatement après le
4. Truelove SA, Keegan LT, Moss WJ, et al. Clinical and epidemiological aspects of diphtheria: a systematic review and
prélèvement. La sérothérapie anti- pooled analysis. Clin Infect Dis 2020;71(1):89-97.
toxique, instituée en urgence, permet 5. Williams M, Waller J, Aneke J, et al. Detection and characterization of diphtheria toxin gene-beating Corynaebacterium
de neutraliser la toxine circulante species through a new real-time PCR assay. J Clin Microbiol 2020;58(10):e00639-20.
L
e nombre de patients âgés vivant avec nérable, avec des limitations fonction- Le sujet âgé est souvent suivi pour plu-
un diabète croît, en raison de l’aug- nelles motrices et cognitives et une dimi- sieurs pathologies, prend de nombreux
mentation de la prévalence du dia- nution des capacités d’adaptation ; traitements ; il peut être dénutri, avoir
bète et de l’espérance de vie. Les pro- – les personnes dites « malades » : dépen- une sarcopénie, une fragilité osseuse,
grès réalisés au cours de ces dernières dantes, en mauvais état de santé en raison des troubles de la marche ou de l’équi-
années ont permis à de nombreux d’une polypathologie chronique évoluée libre, une détérioration des fonctions co-
patients de bien vieillir avec leur maladie. génératrice de handicaps et d’isolement gnitives, une dépression ; il peut enfin
Mais la population âgée et diabétique social. être isolé sur le plan social et familial et
reste hétérogène. Il est important pour le avoir de faibles revenus. Une évaluation
médecin généraliste, qui coordonne le gérontologique est indispensable
parcours de soins, de savoir bien appré-
LE DIABÈTE CHEZ LES SENIORS pour dépister ces complications liées
EN QUELQUES CHIFFRES
hender la complexité de ces patients, no- au vieillissement, qui sont souvent mé-
tamment leur fragilité, afin de choisir la En France, la prévalence du diabète de connues ou sous-estimées. Cette évalua-
meilleure stratégie thérapeutique. type 2 était de 5,3 % en 2020 contre 4,6 % tion permet d’individualiser les objectifs
en 2012. Cette prévalence augmente avec glycémiques.
l’âge, avec un pic entre 70 et 85 ans chez La fragilité a été caractérisée en 2011 par
PERSONNE ÂGÉE : DE QUI PARLE-T-ON ? l’homme et entre 75 et 85 ans chez la la Société française de gériatrie et de gé-
La « personne âgée » selon la définition femme. Ainsi, en 2016, 1 homme sur 5 rontologie comme « un syndrome clinique
actuelle de l’Organisation mondiale de la âgés de 70 à 85 ans et 1 femme sur 7 âgées qui reflète une diminution des capacités
santé (OMS) est une personne de plus de de 75 à 85 ans étaient traités pharmacolo- physiologiques de réserve qui altère les mé-
65 ans pour les malades ayant des affec- giquement pour un diabète.2 canismes d’adaptation au stress. Son ex-
tions invalidantes et de plus de 75 ans Les complications du diabète sont égale- pression clinique est modulée par les co-
pour les sujets qui ont bien vieilli. ment plus fréquentes chez le patient âgé. morbidités et des facteurs psychologiques,
En réalité, la population âgée est très L’âge moyen des hospitalisations est de sociaux, économiques et comportemen-
hétérogène, et la Haute Autorité de san- 69,5 ans pour les infarctus du myocarde, de taux ».
té (HAS) distingue trois catégories de 75 ans pour les accidents vasculaires céré- Plusieurs définitions peuvent être utili-
personnes après 75 ans :1 braux, de 72,6 ans pour la prise en charge sées.3 La plus classique repose sur cinq
– les personnes dites « vigoureuses » : en d’une plaie des membres inférieurs, de paramètres cliniques définis par Fried :4
bon état de santé, indépendantes et bien 71,3 ans pour les amputations et de 69,9 ans la perte de poids de plus de 4,5 kg (ou de
intégrées socialement, c’est-à-dire auto- pour la dialyse ou la greffe rénale.2 plus de 5 % du poids initial) depuis un an ;
nomes d’un point de vue décisionnel et l’épuisement ressenti par le patient ; la
fonctionnel, assimilables aux adultes vitesse de marche ralentie ; la baisse de la
plus jeunes ;
LA QUESTION DE LA FRAGILITÉ force musculaire ; la sédentarité.
– les personnes dites « fragiles » : à l’état Chez le sujet âgé, les complications du Le patient est considéré comme fragile en
de santé intermédiaire, à risque de bas- diabète et du vieillissement s’aggravent présence de plus de trois critères.
culer dans la catégorie des malades ; elles mutuellement et favorisent la perte d’au- La définition de Rockwood est plus large et
sont décrites comme une population vul- tonomie. prend en compte neuf éléments : cognition,
VIGILANCE VIS-À-VIS diabète des patients de plus de 75 ans.17 risque d’événement augmente en cas
DES COMPLICATIONS Les objectifs se différencient de ceux de d’utilisation d’un traitement à haut versus
Dans l’étude Gérodiab, après cinq ans de la HAS pour les catégories « fragiles » et bas risque d’hypoglycémie (OR : 1,48 [IC à
suivi, 13,3 % des patients ont été perdus de « dépendantes et/ou à la santé très alté- 95% : 1,18-1,85]). Un « surtraitement »
vue et 207 personnes sont décédées, soit rée » : la SFD définit une borne inférieure peut donc être particulièrement délé-
21 %.12 Les trois principales causes de dé- lorsque les patients utilisent des traite- tère sur le pronostic du patient, en par-
cès étaient les accidents cardiovasculaires ments à risque d’hypoglycémie. Ainsi, ticulier s’il comporte des traitements à
(34,3 %), les cancers et hémopathies ma- chez les sujets « fragiles », la cible d’HbA1c haut risque d’hypoglycémie.18
lignes (19,8 %) ou les infections (12,1 %). est inférieure ou égale à 8 % mais en res-
Les paramètres particulièrement asso- tant au-dessus de 7 % en cas de traitement
ciés à une réduction de la survie étaient par sulfamide, glinide ou insuline ; chez
STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE :
TOUJOURS LA METFORMINE
la vie en institution, la dégradation de les patients « dépendants et/ou à la santé EN PREMIÈRE INTENTION
l’autonomie (score d’activité dans la très altérée », la cible reste inférieure à 9 %
vie quotidienne ADL), les troubles co- et/ou glycémies capillaires préprandiales En cas d’échec des mesures hygiéno
gnitifs, les hypoglycémies et une HbA1c entre 1 et 2 g/L mais avec des glycémies diététiques, la HAS recommande de dé-
≥ 8,6 %. Ces constats démontrent que préprandiales supérieures à 1,4 g/L et buter le traitement par la metformine et/
l’évaluation régulière de ces paramètres une HbA1c restant au-dessus de 8 % en ou les sulfamides, en l’absence de contre-
gériatriques est indispensable. cas de traitement par sulfamide, glinide indication liée à une altération de la fonc-
ou insuline.17 tion rénale.1 En cas de contre-indication
aux sulfamides et en deuxième intention,
PERSONNALISER LES OBJECTIFS NE PAS SURTRAITER ! il convient d’utiliser les inhibiteurs de la
GLYCÉMIQUES
Une étude menée en Ontario (Canada) DPP-4 (iDPP-4) en association à la met-
Les objectifs glycémiques, pour être res- chez 108 620 patients de plus de 75 ans a formine. Enfin, si l’équilibre glycémique
pectés, doivent être personnalisés en évalué de façon rétrospective l’équilibre n’est pas obtenu ou en cas de contre-indi-
fonction de la situation et des capacités glycémique en distinguant les patients cation à tous les antidiabétiques oraux,
du patient. Fixer des objectifs irréali- sous traitement intensif (cible d’HbA1c < une insulinothérapie est débutée.
sables est une source d’échec. 7 %), sous traitement conventionnel (cible Dans la prise de position de la SFD, la met-
d’HbA1c entre 7,1 et 8,5 %), sous traitement formine reste en première position ; si
RECOMMANDATIONS HAS : ANCIENNES ! à haut risque d’hypoglycémie (sulfamides cela n’est pas suffisant, le traitement est
Pour la HAS en 2013, les objectifs d’HbA1c et/ou insuline) et sous traitement à bas intensifié par ajout d’un iDPP4 puis par
dépendent du tableau clinique des pa- risque d’hypoglycémie (tous les autres une insuline basale.
tients : traitements).18 Le critère d’évaluation était Les sulfamides et glinides peuvent être
– chez les patients âgés vigoureux, les ob- un critère composite regroupant les pas- utilisés chez les patients en bonne santé
jectifs sont les mêmes que chez les sujets sages aux urgences, les hospitalisations mais doivent être évités chez les patients
plus jeunes, avec une cible d’HbA1c infé- ou le décès. Les patients avaient en plus fragiles en raison du risque d’hypo-
rieure ou égale à 7 % ; moyenne 80,6 ans, un diabète évoluant glycémie.17
– chez les sujets fragiles, l’HbA1c doit res- depuis 13,7 ans, et 49,7 % étaient des
ter inférieure ou égale à 8 % ; femmes. Le traitement intensif concer-
– chez les sujets « malades », la priorité est nait 61 % des patients, et 21 % utilisaient
QUE PENSER DE L’UTILISATION DES
NOUVELLES CLASSES THÉRAPEUTIQUES
d’éviter les complications aiguës dues au un traitement à haut risque d’hypo CHEZ LE PATIENT ÂGÉ ?
diabète (déshydratation, coma hyper glycémie. Ces derniers avaient une aug-
osmolaire) et les hypoglycémies ; des gly- mentation de 50 % du risque de passage Les agonistes des récepteurs du GLP-1
cémies capillaires préprandiales com- aux urgences, d’hospitalisations ou de (AR GLP-1) et inhibiteurs des cotranspor-
prises entre 1 et 2 g/L et/ou un taux d’HbA1c décès par rapport aux patients traités de teurs sodium-glucose de type 2 (iSGLT2
inférieur à 9 % sont recommandés.1 façon conventionnelle avec des traite- ou gliflozines) sont efficaces sur le plan
ments à bas risque d’hypoglycémie. Si les métabolique : ils améliorent l’équilibre
AJOUTER UNE BORNE GLYCÉMIQUE patients ont un traitement à haut risque glycémique sans provoquer d’hypoglycé-
INFÉRIEURE À NE PAS FRANCHIR ? d’hypoglycémie, un objectif intensif ver- mie et induisent une perte de poids.
La dernière prise de position de la Société sus conventionnel augmente le risque Par ailleurs, ils ont démontré, dans les
francophone du diabète (SFD) récem- d’événement (RR : 1,25 [IC à 95% : 1,02- études de sécurité cardiovasculaire, une
ment publiée consacre plusieurs avis au 1,52]). De même, si l’objectif est intensif, le réduction des événements chez des po-
pulations à haut ou très haut risque. Les L. Bordier déclare des liens d’intérêts avec
CE QU’IL FAUT RETENIR
gliflozines ont également fait la preuve AstraZeneca, Bayer, BD, BMS, Boerhinger
d’une protection rénale sur des critères La prise en charge des personnes diabé- Ingelheim, MSD, Novartis, Lilly, Novo Nordisk,
durs (doublement de la créatininémie, tiques âgées est difficile car chaque patient Roche, Sanofi.
mise en dialyse et mort d’origine rénale) réussit différemment son vieillissement.
C. Rouanet, J. Diss et A. Z. Ibrahim déclarent
et une réduction très importante et rapide Si les sujets vigoureux doivent être traités n’avoir aucun lien d’intérêts.
des hospitalisations pour insuffisance comme les plus jeunes, une prudence
cardiaque. s’impose pour les sujets « fragiles » et les M. Sollier déclare des liens d’intérêts avec
Les sujets diabétiques et âgés, souvent à « malades » chez lesquels les complica- Novo Nordisk, Lilly, Ipsen Pharma, Sanofi.
haut ou très haut risque, pourraient donc tions gériatriques rendent plus difficile la S. Nassouri déclare des liens d’intérêts avec
particulièrement tirer bénéfice de ces prise en charge. Roche, Sanofi, Novo Nordisk, Lilly, Takeda,
thérapeutiques. Le médecin traitant, en dépistant la dénu- Dinno Santé, Medtronic.
Malheureusement, il n’y a pas eu d’étude trition, la perte d’autonomie et les troubles
dédiée dans la population âgée. Les cognitifs, peut mettre en place des mesures C. Garcia déclare des liens d’intérêts avec Novo
analyses post hoc sur de petits effectifs ont sociales d’accompagnement afin de soute- Nordisk, Lilly, Sanofi, Servier, Novartis, Ipsen.
permis de démontrer une efficacité méta- nir au mieux le patient diabétique et son B. Bauduceau déclare des liens d’intérêts
bolique et cardiorénale qui semble entourage. Enfin, une réévaluation régu- avec AstraZeneca, Bayer, BD, BMS, Boerhinger
conservée dans la population âgée, mais lière des objectifs glycémiques et des trai- Ingelheim, MSD, Novartis, Lilly, Novo Nordisk,
un certain nombre d’effets secondaires tements est indispensable. Roche, Sanofi.
pourraient limiter l’usage de ces traite-
ments chez des patients fragiles. En
particulier la perte de poids, espérée avec
ces deux traitements par beaucoup de RÉFÉRENCES
p atients, peut être particulièrement 1. HAS. Recommandation de bonne vational studies. Diabetologia 14. McCoy RG, Herrin J, Lipska KJ,
délétère chez un patient fragile et sarco- pratique. Stratégie médicamen- 2005;48(12):2460-9. et al. Recurrent hospitalizations for
teuse du contrôle glycémique du severe hypoglycemia and hypergly-
pénique.Pour les AR GLP-1, les troubles 9. Gudala K, Bansal D, Schifano S,
diabète de type 2. Janvier 2013. et al. Diabetes mellitus and risk cemia among U.S. adults with dia-
digestifs (nausées, vomissements ou betes. J Diabetes Complications
2. Fosse-Edorh S, Mandereau-Bruno of dementia: A meta-analysis of
même simplement perte d’appétit) pour- L, Piffaretti C. Le poids du diabète 2018;32(7):693-701.
prospective observational studies.
raient également être préjudiciables. Les en France en 2016. Synthèse épi- J Diabetes Investig 2013;4(6):640- 15. Mattishent K, Loke YK. Me-
iSGLT2, qui induisent du fait de leur démiologique. Saint-Maurice: Santé 50. ta-Analysis: Association Between
mode d’action une déplétion volémique, publique France, 2018, 8 p. Hypoglycemia and Serious Adverse
10. Cooper C, Sommerlad A, Lyket-
Events in Older Patients Treated
pourraient favoriser une déshydratation, 3. HAS. Comment repérer la fragilité sos CG, et al. Modifiable predictors
en soins ambulatoires ? Juin 2013. With Glucose-Lowering Agents.
aggraver une hypotension orthostatique of dementia in mild cognitive im-
Front Endocrinol (Lausanne)
4. Fried LP, Tangen CM, Walston J, pairment: a systematic review and
ou une incontinence urinaire. 2021;12:571568.
et al. Frailty in older adults: evidence meta-analysis. Am J Psychiatry
Pour la SFD, après 75 ans, l’utilisation for a phenotype. J Gerontol A Biol 2015;172(4):323-34. 16. Zaccardi F, Ling S, Lawson C,
des AR GLP-1 et des iSGLT2 doit être Sci Med Sci Med Sci 2001;56(3): et al. Severe hypoglycaemia and
11. Doucet J, Le Floch JP, Baudu- absolute risk of cause-specific
réservée à une minorité de patients, M146-56. ceau B, et al. GERODIAB: Glycaemic mortality in individuals with type 2
idéalement après avis d’un endocrino- 5. Rockwood K, Song X, MacKnight control and 5-year morbidity/morta- diabetes: a UK primary care ob-
logue-diabétologue, car le rapport bé- C, et al. A global clinical measure of lity of type 2 diabetic patients aged servational study. Diabetologia
néfices/risques de ces molécules est fitness and frailty in elderly people. 70 years and older: 1. Description 2020;63(10):2129-39.
CMAJ 2005;173(5):489-95. of the population at inclusion. Dia-
insuffisamment évalué dans cette po- betes Metab 2012;38(6):523-30.
17. Darmon P, Bauduceau B, Bordier
6. HAS. Recommandation de bonne
pulation. Cette minorité de patients pratique. Diagnostic de la dénutri-
L, et al. Prise de position de la So-
12. Bauduceau B, Le Floch JP, Ha- ciété francophone du diabète (SFD)
pourrait être les sujets âgés « vigoureux » tion chez la personne de 70 ans et limi S, et al. Cardiovascular Com- sur les stratégies d’utilisation des
chez lesquels les bénéfices métabolique plus. Novembre 2021. plications Over 5 Years and Their traitements anti-hyperglycémiants
et cardio-rénal seraient évocateurs. Chez 7. Cruz-Jentoft AJ, Bahat G, Bauer J, Association With Survival in the dans le diabète de type 2 – 2021.
les personnes « fragiles », la prescription et al. Sarcopenia: revised European GERODIAB Cohort of Elderly French Med Mal Metab 2021;15:781-801.
consensus on definition and diagno- Patients With Type 2 Diabetes.
pourrait se discuter selon le bénéfice at- 18.Lega IC, Campitelli MA, Austin
sis. Age Ageing 2019;48(4):601. Diabetes Care 2018;41(1):156-62. PC, et al. Potential diabetes over
tendu, notamment les iSGLT2 en cas d’in-
8. Cukierman T, Gerstein HC, Wil- 13. Park M, Reynolds CF 3rd. De- treatment and risk of adverse events
suffisance cardiaque. Enfin, pour les pa- liamson JD. Cognitive decline and pression among older adults with among older adults in Ontario: a po-
tients « malades », le rapport bénéfices/ dementia in diabetes-systematic diabetes mellitus. Clin Geriatr Med pulation-based study. Diabetologia
risques semble plutôt défavorable. overview of prospective obser- 2015;31(1):117-37. 2021;64(5):1093-102.
L
e reflux gastro-œsophagien (RGO),
passage intermittent ou permanent
d’un contenu gastrique dans l’œso-
phage, est un phénomène générale-
1. RGO : définitions utiles
ment physiologique, survenant chez Le reflux gastro-œsophagien correspond au passage de liquide de l’estomac vers
l’adulte et l’enfant ; il en existe diffé- l’œsophage.
rents types (encadré 1). Néanmoins, depuis La régurgitation est un reflux gastro-œsophagien extériorisé.
les dernières décennies, il est qualifié de Le reflux « interne » est un reflux non extériorisé (impression subjective, ou avéré
pathologie redoutable, responsable de par une pH-impédancemétrie).
nombreux troubles atteignant toutes les
Le reflux gastro-œsophagien physiologique correspond aux régurgitations du
tranches d’âge.1 Il est ainsi à l’origine d’ex-
nourrisson, à un reflux non ressenti et sans conséquences ou à un pyrosis occasionnel.
plorations et de traitements plus ou moins
agressifs, souvent hors autorisation de Le reflux gastro-œsophagien compliqué est le responsable direct des troubles
mise sur le marché, se révélant inefficaces (avec preuves scientifiques d’un lien de cause à effet établi ou efficacité prouvée du
et potentiellement associés à des compli- traitement).
cations. Qu’en est-il véritablement ? Le reflux gastro-œsophagien typique correspond aux régurgitations du nourrisson,
à une œsophagite peptique ou à un pyrosis.
LE REFLUX GASTRO-ŒSOPHAGIEN Le reflux gastro-œsophagien atypique correspond à tous les autres symptômes
N’EST PAS UNE PATHOLOGIE et complications attribués au reflux (diagnostics différentiels).
Le vomissement est une extériorisation avec effort.
Le reflux est connu des médecins et des
patients. L’acide de l’estomac est perçu, Le mérycisme correspond à des régurgitations ou vomissements provoqués.
à tort, comme un adversaire redoutable
(il brûle, ronge, perce…) alors qu’il s’agit
le plus souvent d’un allié (diminution de
la charge bactérienne dans l’estomac, Les Anglo-Saxons, quant à eux, utilisent ÂGES ET AFFRES DU REFLUX
action de la pepsine, absorption du fer). deux termes : gastroesophageal reflux DE L’ENFANT
Le reflux est un phénomène normal sur- (GER), physiologique, et gastroesopha- La survenue de reflux gastro-œsopha-
venant plusieurs fois par jour chez tout geal reflux disease (GERD), en cas de ma- giens chez l’enfant pousse très souvent
individu quel que soit son âge. Une ladie avérée. les parents à consulter. Le surdiagnostic
pH-métrie normale chez l’enfant objec- En France, le seul terme de « reflux » – très et le surtraitement de cette affection sont
tive la survenue de 2,2 reflux acides par souvent utilisé de façon abusive – est fréquents en pédiatrie.
heure et les études en impédancemétrie faussement associé à un diagnostic de
notent autant de reflux non acides. Il est pathologie. Or tous les enfants ont des PRÉMATURÉ ET NOUVEAU-NÉ :
donc légitime de conclure qu’avoir une reflux. Il est donc nécessaire de distinguer SITUATIONS PARTICULIÈRES
centaine de reflux en vingt-quatre heures ceux qui sont pathologiques, s’ils doivent Immaturité de la sécrétion acide et du
semble physiologique. être traités et de quelle façon. sphincter inférieur de l’œsophage, ali-
Non amélioré
Envisager 2-4 semaines de régime
Amélioré Suivi, prévoir
sans PLV chez l’enfant, ou la mère
réintroduction PLV
allaitante
Non amélioré
Référer au gastropédiatre
Figure 1. Démarche diagnostique et thérapeutique face à une suspicion de reflux pathologique du nourrisson (d’après réf. 5).
PLV : protéines de lait de vache. IPP : inhibiteurs de la pompe à protons .
Le seul signe clinique spécifique est l’hé- éventuelle décision thérapeutique8 – par transaminases, céphalées, étourdisse-
matémèse et elle est confirmée par endos- exemple, considérer la possibilité d’une ments, troubles visuels…).
copie. De plus, aucune étude n’a montré allergie au lait de vache (APLV) à forme Enfin, le sevrage des IPP peut s’avérer
à ce jour une quelconque efficacité des digestive (fig. 1). difficile, notamment chez un enfant
IPP dans les troubles habituellement as- Les IPP sont associés à une cinquan- coutumier des reflux dès son plus jeune
sociés au reflux.6 taine d’effets indésirables dont certains âge, pour plusieurs raisons : effet re-
Un effet placebo (atteignant 50 %) a été sont liés à la diminution de la sécrétion bond de la sécrétion acide à l’arrêt bru-
décrit pour ces prescriptions d’IPP, ce qui d’acide gastrique et à son action sur la tal, effet nocebo, effet des saisons (coïn-
peut conforter parents et prescripteurs flore du bol alimentaire (gastroenté- cidence avec une récidive de pathologies
sur leur utilité, faire craindre l’arrêt du rites, pneumopathies), d’autres à la di- respiratoires et ORL en cas d’arrêt à
traitement et le rendre populaire.7 Les gestion plus lente ou incomplète des l’automne), succession dans le temps
recommandations en cours suggèrent protéines par la pepsine (APLV, maladie des pathologies durant lesquelles le re-
plusieurs étapes avant de confier les pa- cœliaque) ; beaucoup sont sous-évalués flux a pu être impliqué (rhinopharyn-
tients à un gastropédiatre pour cette car non diagnostiqués (élévation des gites, otites, puis asthme…).4
Oui
Signes d’alerte ? Référer au gastropédiatre
Non
Hygiène de vie, position de
Amélioré
sommeil, lit surélevé, voire Suivi
surpoids éventuel
Non amélioré
Amélioré
Envisager 4-8 semaines d’IPP Suivi, essai de sevrage
Non amélioré
Référer au gastropédiatre
Endoscopie normale et
Œsophage hypersensible, pyrosis
IPP inefficaces : discuter pH-
fonctionnel, reflux sans érosions
métrie/pH-impédancemétrie
Figure 2. Démarche diagnostique et thérapeutique devant un reflux typique de l’enfant (d’après réf. 5).
IPP : inhibiteurs de la pompe à protons .
REFLUX ATYPIQUE DU JEUNE Prescription des IPP hors AMM prazole en cas d’œsophagite de l’enfant
ENFANT Jusqu’à 6-8 ans, l’enfant est souvent inca- de plus de 1 an ; oméprazole, ésomé-
Généralement, les régurgitations dis- pable de décrire le symptôme de reflux prazole ou pantoprazole en cas de symp-
paraissent progressivement à partir de typique ou pyrosis ; il ne s’agit donc pas tômes de reflux ou œsophagite de l’enfant
l’âge de 1 an. d’un motif de consultation, ce qui im- de plus de 12 ans ; ésoméprazole en cas de
Si elles persistent, il est nécessaire plique que la prescription d’IPP se fait symptômes de reflux typique de l’enfant
d’évoquer d’autres diagnostics comme sans AMM. Les troubles traditionnelle- de plus de 1 an ; le lansoprazole n’a pas
le mérycisme. ment liés au reflux sont cependant tou- d’AMM avant 15 ans).4,9
La dysphagie et l’odynophagie sont rare- jours présents : laryngites, bronchites,
ment dues à une œsophagite peptique, otites, asthme, voix enrouée, caries, toux, Un diagnostic difficile
mais doivent faire évoquer une œso- troubles du sommeil, érythème laryngé, Par exemple, une étude réalisée sur une
phagite infectieuse, caustique, aller- mauvaise haleine… centaine d’enfants asthmatiques sévères
gique, un corps étranger, ou toute situa- Les IPP ne doivent pas être prescrits en traités par IPP ou placebo a révélé l’ab-
tion justifiant une endoscopie. dehors des AMM (oméprazole ou ésomé- sence de différence entre les deux
groupes, avec un suivi de six mois, que la de reflux pathologique, s’il n’a pas de pour une durée de deux mois et avec arrêt
pH-métrie soit normale ou pathologique. conséquences. Les micro-inhalations, progressif (selon les AMM du jeune enfant).
Le groupe IPP avait plus d’infections res- évoquées pour expliquer toux et asthme, Une consultation de gastropédiatrie est à
piratoires basses10 ; la situation illustre, voire pneumopathies, sont surtout l’apa- envisager en cas d’échec ou de dépendance.
ici, la difficulté du diagnostic et de la res- nage des enfants ayant des troubles de la
ponsabilité de reflux pathologiques. En déglutition, comme les polyhandicapés.
effet, dans cette étude, 40 % des enfants ET LES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES ?
avaient une pH-métrie pathologique GRAND ENFANT ET ADOLESCENT : Un reflux symptomatique se traduit par
orientant vers un reflux pathologique. La QUELQUES INDICATIONS À TRAITER des régurgitations chez le petit enfant et un
pH-métrie diagnostique le reflux acide, Comme chez l’adulte, le symptôme ty- pyrosis chez le (très) grand. Les examens
sur lequel les IPP sont très efficaces, mais pique est le pyrosis. La prise en charge ont peu de place dans cette indication.
ne changent rien à l’évolution d’un repose sur des conseils hygiénodiété-
asthme. L’interprétation est que l’asthme tiques, tels que la diminution des graisses DOIT-ON QUANTIFIER LE REFLUX ?
aggrave un reflux latent qui, en retour, n’a et du chocolat, l’éviction de grosses quan- Il est prouvé que les conséquences d’un
aucun effet sur l’évolution de l’asthme. tités de liquide avant le coucher, la sur reflux ne sont pas liées à l’abondance
Un IPP peut donc être prescrit chez un élévation de la tête pendant le sommeil ou au nombre d’épisodes (extériorisés
asthmatique en cas de pyrosis (reflux ty- par des cales placées sous les pieds du lit ou non, responsables de pyrosis ou non).
pique) mais n’influe aucunement sur et, éventuellement, le sommeil sur le côté Un enfant peut régurgiter de façon abon-
l’asthme (« reflux » atypique) et est donc gauche (fig. 2).8 Les alginates peuvent être dante sans aucune conséquence, un autre
à éviter en cas d’asthme isolé. Ces don- prescrits dans les cas les plus bénins. très peu et en souffrir du fait d’autres fac-
nées permettent également d’affirmer Le pyrosis du grand enfant, s’il est invali- teurs (protection des voies aériennes, ré-
qu’un seul score de pH-métrie patholo- dant, est la seule situation où des IPP paration de la muqueuse, immaturité
gique ne suffit pas à poser le diagnostic peuvent être prescrits sans explorations, neurologique, anomalie anatomique…).
La pH-métrie quantifie uniquement des
reflux acides, moins facilement les reflux
TABLEAU. REFLUX : LES SYMPTÔMES ET LEUR SIGNIFICATION alcalins.
Symptômes associés au reflux Signification La pH-impédancemétrie est l’examen le
Toux nocturne Asthme
plus complet, capable de distinguer les re-
flux acides, alcalins, neutres, d’air, leur
Asthme Pas de responsabilité du reflux abondance et leur cinétique. Mais il s’agit
Laryngites Pas de responsabilité du reflux d’un examen complexe à réaliser et à inter-
préter, nécessitant un milieu spécialisé.
Mauvaise haleine Problème ORL/dentaire
Des normes sont établies pour ces exa-
Rots Air dégluti mens, mais des résultats anormaux ne
Événements chez le prématuré Immaturité prouvent pas la responsabilité du reflux
dans les symptômes allégués ; des résul-
Caries Hygiène dentaire/pathologies de l’émail tats normaux ne prouvent pas l’absence
Malaises du nourrisson Hyperréactivité vagale ? de responsabilité (reflux nocturne acide
isolé avec toux, par exemple).
Érythème de la margelle postérieure Sans valeur
tains, considérée comme un signe de reflux. spécialisé pour évaluer une indication
Or il est prouvé que sa spécificité est nulle. chirurgicale (reflux sévère avec béance
La pH-métrie, ou mieux la pH-impédance- cardiale, hernie hiatale).
métrie, est l’examen de référence pour dia- L’endoscopie et l’échographie (par des
gnostiquer et quantifier les reflux. Son praticiens entraînés) peuvent aussi ap- RÉFÉRENCES
avantage est aussi de pouvoir prouver le porter des arguments dans ce sens. 1. Mouterde O. Reflux gastro-œsophagien : comment
respecter la présomption d’innocence, à la lumière des
lien de relation temporelle entre un événe- La manométrie n’est pas un examen de nouvelles recommandations ? Médecine et Enfance
ment et un reflux, au moyen de marqueurs pratique courante pour le reflux ; elle est 2018:214-8.
ou de polygraphies associées éventuelle- en général réservée aux troubles de mo- 2. Mouterde O, Vandenplas Y, Ferretti E, et al.
Réflexions sur le reflux gastro-œsophagien du prématuré.
ment à une surveillance vidéo. Or les résul- tricité (achalasie).
Médecine et Enfance 2008:187-9.
tats sont généralement négatifs pour le
3. Di Fiore J, Arko M, Herynk B, et al. Characterisation
prématuré et non conclusifs pour les ma- of cardiorespiratory events following GER in preterm
laises du nourrisson, l’asthme et la toux. LE REFLUX PATHOLOGIQUE EXISTE ! infants. J Perinatol 2010;30(10):683-7.
L’interprétation de cet examen est difficile ; Le reflux sévère, pathologique, et éven- 4. Mouterde O, Chouraqui JP, Ruemmele F, et al. Ces-
sons de prescrire des inhibiteurs de pompe à protons
la temporalité est importante : une toux ou tuellement associé à une hernie hiatale, pour suspicion de reflux gastro-œsophagien, en dehors
un malaise, une apnée du prématuré se manifeste par des régurgitations abon- des indications justifiées ! Arch Pediatr 2017;21(7):
peuvent provoquer un reflux ; la relation dantes chez le nourrisson, des signes 686-8.
de cause à effet (asthme aggravant un re- d’œsophagite (hématémèse chez le nour- 5. Benninga MA, Faure C, Hyman PA, et al. Childhood
functional gastrointestinal disorders: neonate/toddler.
flux) est également difficile à interpréter. risson), des difficultés de croissance, une Gastroenterology 2016;150(6):1443-55.
La scintigraphie œsophagienne est peu odynophagie, un syndrome de Sandifer 6.Orenstein SR, Hassal E, Furmaga-Jablona W, et al. Mul-
utilisée. Son avantage est de pouvoir (tics d’extension du cou). En cas de défaut ticenter, double blind, randomized, placebo-controlled
trial assessing the efficacy and safety of PPI lanso-
diagnostiquer des inhalations de produit de protection des voies aériennes, des prazole in infants with symptoms of GERD. J Pediatr
de reflux par défaut de protection des fausses routes minimes ou importantes 2009;154(4):514-20.
voies aériennes (dans ce cas, le reflux peuvent engendrer des complications 7. Scherer LD, Zikmund-Fisher BJ, Fagerlin A, et al.
n’est pas responsable). respiratoires. Les enfants atteints de re- Influence of “GERD” label on parents’decision to medi-
cate infants. Pediatrics 2013;131(5):839-45.
flux sévère doivent être orientés vers un
8. Rosen R, Vandenplas Y, Singendonk M, et al. Pedia-
REFLUX PATHOLOGIQUE, ANOMALIE gastropédiatre, voire un chirurgien, pour tric gastroesophageal reflux clinical practice guide-
ANATOMIQUE ? exploration et traitement : hygiène de lines: Joint Recommendations of the North American
La suspicion d’une anomalie anatomique vie, IPP si traiter l’acide seul suffit, voire Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology,
and Nutrition and the European Society for Pediatric
est l’indication – somme toute rare – du chirurgie pour traiter un reflux sévère Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition. J Pediatr
transit œsogastroduodénal (TOGD). Inu- rebelle aux IPP. Gastroenterol Nutr 2018;66(3):516-54.
tile pour prouver ou quantifier un reflux, La mucoviscidose, les suites d’une atré- 9. Berg EA, Khlevner J. Treatment of gastroesophageal
reflux disease in children. Pediatr Rev 2021;42(1):51-3.
le TOGD permet en revanche d’apprécier sie de l’œsophage ou d’une hernie dia-
10. Holbrook JT, Wise RA, Gold BD, et al. Lansoprazole
l’anatomie et la fonction du système anti phragmatique, le polyhandicap sont des for children with poorly controlled asthma, a randomized
reflux. Cet examen est prescrit en milieu situations où le reflux est susceptible controlled trial. JAMA 2012;307(4):373-81.
L’
hypertension artérielle (HTA) est
le principal facteur de risque modi
fiable de mortalité et de morbidité Rechercher une cause de l’hypertension artérielle
cardiovasculaire dans les pays oc Créatininémie et estimation du DFG par CKD-EPI*
cidentaux. 1 Pourtant, plusieurs Recherche d’une protéinurie (BU ou protéinurie/créatininurie)
études montrent que moins de
Kaliémie
50 % des patients hypertendus sont iden
tifiés et traités dans la population géné
rale française.2
Évaluer le risque cardiovasculaire
Les patients ayant une insuffisance ré
nale chronique (IRC) sont à haut risque
Glycémie à jeun
cardiovasculaire, et la grande majorité
Exploration d’anomalie lipidique à jeun
d’entre eux sont hypertendus. Chez les
patients avec une IRC, la surveillance et
la prise en charge de l’HTA sont donc un
enjeu majeur, avec des spécificités par Évaluer le retentissement cardiaque de l’HTA
rapport à celles des autres patients hy
pertendus. ECG au repos
Les différents acteurs du réseau de soins
de ces patients participent ainsi à l’optimi
sation de la prise en charge de leur HTA. Figure 1. Objectifs et éléments du bilan paraclinique initial devant la découverte d’une HTA (d’après
SFHTA-HAS 2016, réf. 3).
BU : bandelette urinaire ; DFG : débit de filtration glomérulaire ; CKD-EPI* : Chronic Kidney Disease
RECHERCHE SYSTÉMATIQUE Epidemiology Collaboration ; ECG : électrocardiogramme ; HTA : hypertension artérielle.
D’UNE NÉPHROPATHIE EN CAS D’HTA * Formule CKD-EPI : DFG = 141 × min(Scr/k)a× max(Scr/k)^–1,209× 0,993^âge× 1,018 (si femme) × k.
Scr : créatinine sérique. k : 0,7 pour les femmes et 0,9 pour les hommes. α : -0,329 pour les femmes
La découverte d’une HTA est un mode et -0,411 pour les hommes. min indique le minimum de Scr/k ou 1. max indique le maximum de Scr/k ou 1.
de révélation très fréquent des néphro
pathies, parfois avant le stade d’insuffi Chronic Kidney Disease Epidemiology veillance spécifiques, et éviter qu’elle ne
sance rénale. Collaboration [CKD-EPI]) et la recherche soit découverte à un stade tardif. L’orien
Le bilan recommandé par la Haute Auto d’une protéinurie (quelle que soit la mé tation vers un néphrologue (fig. 2) est le
rité de santé (HAS) lors de la découverte thode) [fig. 1].3 plus souvent nécessaire en cas de dépis
d’une HTA doit donc être systématique. Ces examens, prescrits par le médecin tage positif, selon l’âge du patient, la sé
Il comprend le dosage de la créatininémie traitant, permettent d’identifier sans vérité des anomalies et sous réserve de
(avec estimation du débit de filtration glo délai une maladie rénale pour mettre en l’absence d’un diabète ancien pouvant
mérulaire [DFG] selon l’équation de place d’emblée un traitement et une sur expliquer une protéinurie.
traitant > 90
< 0,3
Non
0,3-1
Parfois
>1
Souvent
Leur utilisation dans l’IRC est cependant INHIBITEURS DU SYSTÈME RÉNINE- des inhibiteurs du système rénine-angio
souvent limitée par des kaliémies à la li ANGIOTENSINE : ESSENTIELS ! tensine est généralement réévalué par le
mite supérieure de la normale. Ils sont par Avec les diurétiques, les inhibiteurs du sys néphrologue en fonction de la balance béné
ailleurs contre-indiqués en cas de DFG tème rénine-angiotensine (inhibiteurs de fice-risque individuelle du patient (contrôle
inférieur à 30 mL/min. l’enzyme de conversion [IEC] ou antagonistes de la néphropathie, de la pression artérielle et
Un fractionnement des prises, des doses des récepteurs AT1 de l’angiotensine 2 [ARA2]) d’une éventuelle cardiopathie associée versus
accrues de diurétiques de l’anse et l’asso sont l’autre clé de voûte du traitement anti un risque d’hyperkaliémie et de dégradation
ciation de plusieurs diurétiques doivent hypertenseur dans l’IRC. fonctionnelle accélérée du DFG).
ainsi être envisagés en cas d’hypertension Lors de leur instauration ou de leur majora
artérielle non contrôlée chez ces patients tion, une baisse fonctionnelle et réversible L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêts.
(fig. 4). du DFG de 10 à 20 % est fréquente ; elle est L’auteur remercie le Dr Samuel Autret (cabinet de
Ces mesures se font souvent au prix d’une généralement tolérée en l’absence d’hyper médecine générale, Lanrivoaré) et le Dr Steven
dégradation modérée, fonctionnelle et kaliémie. Au stade 5 de la maladie rénale chro Grangé (service de néphrologie, CHU Rouen)
réversible du DFG. nique(DFG<15mL/min),lapoursuiteou l’arrêt pour leur relecture et leurs conseils avisés.
RÉFÉRENCES
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P
our surveiller l’épidémie de Covid-19, DÉCALAGE ENTRE LES INDICATEURS NOMBRE VERSUS TAUX
les principaux indicateurs utilisés
ont été les nombres de décès, d’ad- Par rapport au déroulement de l’infec- On peut facilement convertir ces indicateurs
missions en réanimation ou en hos- tion, les différents indicateurs donnent (exprimés en nombres) en taux, en les divi-
pitalisation conventionnelle, et le des informations plus ou moins décalées sant par le nombre d’habitants, qui est de
nombre de nouveaux cas confir- dans le temps. Il en est ainsi des nombres 67,8 millions au 1er janvier 2022.* Si l’échelle
més. En France, ces indicateurs ont été de décès, d’admissions en réanimation et verticale est graduée de 678 en 678, on peut y
surveillés et publiés tous les soirs par en hospitalisation conventionnelle, et de repérer les taux pour 100 000 directe
Santé publique France. cas confirmés en France (figures dispo- ment car 678/67 800 000 = 1 pour 100 000
nibles sur https://bit.ly/3m2LOXD). (figures illustrant cette échelle en ligne
Les évolutions des admissions à l’hô- sur https://bit.ly/3m2LOXD). D’autres
SÉPARER LE BRUIT DU SIGNAL pital et en réanimation sont à peu près courbes peuvent comporter une échelle
Pour étudier l’évolution de l’épidémie à synchrones. Pendant longtemps, on a en taux par million (figures disponibles
partir des décès, des admissions à l’hô- observé environ une admission en réani- en ligne : https://bit.ly/3m2LOXD).
pital ou des cas confirmés, il est impor- mation pour cinq admissions à l’hôpital
tant de séparer le « bruit » du « signal ». (fig. 1A) : ces deux indicateurs étaient
En effet, tous ces chiffres sont beaucoup donc relativement redondants. Depuis
INCIDENCE
plus faibles les samedis et dimanches, et mars 2022, on observe une admission Pour mesurer la fréquence d’une mala-
particulièrement élevés les lundis ; pour en réanimation pour dix à douze ad- die, on étudie en général son incidence,
les décès, il s’agit probablement d’un re- missions à l’hôpital, peut-être parce c’est-à- dire le nombre de nouveaux cas
port des enregistrements des décès que les infections par Omicron sont survenant dans un laps de temps donné
du week-end au lundi suivant. À cause moins graves. dans une région géographique ou dans
de ce phénomène, observé dans la plu- Les nombres d’admissions à l’hôpital et de une population déterminée. L’incidence
part des pays, on étudie l’évolution de décès ne sont pas synchrones (fig. 1B) ; pour des infections par le SARS-CoV-2, donc
la moyenne glissante sur sept jours, retrouver la synchronicité, la figure 1C il- le nombre de nouvelles contaminations
c’est-à-dire qu’on remplace la valeur ob- lustre, pour chaque jour, les admissions du survenant chaque jour, n’est disponible
servée le jour J par la moyenne des sept jour et les décès dix jours plus tard. dans aucun pays. Pour la connaître,
valeurs observées entre J - 3 et J + 3. Les évolutions des cas confirmés et des il faudrait suivre des personnes qui ne
C’est ce que font les principaux sites qui décès ne sont pas non plus synchrones, sont pas infectées, et enregistrer les in-
présentent les données internationales et la figure 1D présente chaque jour fections et la durée du suivi de chaque
de l’épidémie.1,2 Ainsi, rien ne justifie le nombre de cas confirmés et le nombre personne. Dans une étude réalisée en
l’obstination de certains médias grand de décès quatorze jours plus tard. En août Israël, environ 600 000 personnes ayant
public à communiquer sur le nombre de 2021, le rapport était de 1 000 cas confir- reçu quatre doses de vaccin contre le Covid
décès survenant les dimanches. Par més pour 5 décès. et 600 000 personnes ayant reçu trois
exemple, Le Monde et Libération ont rap- Il y avait beaucoup plus de décès par rap- doses ont été suivies quelques semaines.
porté le nombre de décès du 10 avril 2022 port au nombre de cas avant cette période La fréquence quotidienne des infections
(45 !), ce qui pouvait paraître rassurant car de très nombreuses personnes conta- graves a été de 1,5 pour 100 000 personnes
alors qu’il a été suivi de 178 décès le len- minées (non hospitalisées) n’ont pas été avec quatre doses et de 3,9 pour 100 000 per-
demain. testées. sonnes avec trois doses.3
conventionnelle
d’incidence ».
Hospitalisation
Réanimation
Ce « pseudo-taux d’incidence » ne donne 2 000 400
pas une estimation acceptable de l’inci-
dence de l’infection. D’abord, le nombre 1 000 200
de cas confirmés dépend énormément de
la pratique des tests ; de plus, la sélection 0 0
de la population testée n’a jamais été 1/4/20 1/8/20 1/12/20 1/4/21 1/8/21 1/12/21 1/4/22
contrôlée et a varié au cours du temps. En B
4 200 600
effet, plusieurs études ont montré que
la comptabilisation des cas confirmés
conventionnelle
Hospitalisation
Décès
nombres réels de personnes infectées.
Selon l’équipe de Vittoria Colizza,7 le 1 200 200
nombre de personnes testées positives
pour le SARS-CoV-2 entre le 13 mai et le
0 0
28 juin 2020 représentait 10 % des cas 1/4/20 1/8/20 1/12/20 1/4/21 1/8/21 1/12/21 1/4/22
pendant cette période, indiquant une
C
sous-estimation d’un facteur 10. Selon un 4 200 600
rapport du Conseil scientifique, 8
Figure 1.
A : nombres quotidiens d’admissions en E
350 000
hospitalisation conventionnelle et en
Décès 14 jours après
d’admissions en hospitalisation
conventionnelle et de décès. C : nombres 150 000
quotidiens d’admissions en hospitalisation
50 000
conventionnelle et de décès reculés de
10 jours. D : nombre de cas confirmés -250
et nombre de décès reculés de 14 jours.
Rapport des échelles : 5 décès pour 1 000 cas. -750
E : nombre de cas confirmés et nombre 1/4/20 1/8/20 1/12/20 1/4/21 1/8/21 1/12/21 1/4/22
de décès reculés de 14 jours et mis en miroir.
Rapport des échelles : 5 décès pour 1 000 cas.
PRÉVALENCE
C’est le nombre de cas présents à un ins- A 10.00
Décès quotidiens
phique déterminée, quelle que soit l’an- 1.00
Prévalence
cienneté de l’infection. Si on ne peut pas 100
déterminer le nombre de cas dans l’en-
0.10
semble de la population, réaliser une
10
recherche systématique dans un
0.01
échantillon représentatif de la popu-
lation est une méthode très efficace et B 10.00
Hospitalisations quotidiennes
beaucoup moins chère. Les organismes
de sondages savent en effet définir un
1.00
échantillon représentatif, contenant la 1000
Prévalence
autorités se sont appuyées surtout lors des Pour faire le bilan de l’épidémie, et
premières vagues, n’est pas non plus un bon comparer ce bilan entre pays, l’indica- RÉFÉRENCES
1.Worldometer.Covid-10CoronavirusPandemic. 10 mai 2022.
indicateur de l’épidémie. En effet, l’occupa- teur le moins mauvais est le nombre 2. Ritchie H, Mathieu E, Rodés-Guirao L, et al. Coronavirus
tion des lits dépend non seulement des en- cumulé de décès attribués au Covid Pandemic (COVID-19). Our World in Data, 10 mai 2022.
trants mais aussi des sortants : ce sont les divisé par le nombre d’habitants. Ain- 3. Bar-On YM, Goldberg Y, Mandel M, et al. Protection
by a Fourth Dose of BNT162b2 against Omicron in Israel.
admissions qui permettent d’en surveiller si, d’après Worldometer,1 le 10 mai 2022, N Engl J Med 2022;386(18):1712-20.
la dynamique. les nombres cumulés de décès par Co- 4. Chadeau-Hyam M, Tang D, Eales O, et al. The Omicron
En conclusion, pour surveiller l’évolu- vid-19 par million d’habitants était de 5 SARS-CoV-2 epidemic in England during February 2022.
Imperial College London, 8 mars 2022.
tion de l’épidémie, les indicateurs les 400 en Bulgarie, 2 700 en Italie, 2 600 au 5. Le Vu S, Jones G, Anna F, et al. Prevalence of SARS-
plus fiables, en tout cas dans les pays Royaume-Uni, 2 200 en France, 290 en CoV-2 antibodies in France: results from nationwide
serological surveillance. Nat Commun 2021;12(1):3025.
développés, sont les nombres de décès, Australie et 165 en Nouvelle-Zélande. 6. Santé publique France. COVID-19 : études pour suivre
les nombres d’admissions en réanima- la part de la population infectée par le SARS-CoV-2 en
L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêts.
tion et en hospitalisation convention- France. 22 avril 2020.
7. Pullano G, Di Domenico L, Sabbatini CE, et al. Underde-
nelle, et la prévalence. En Angleterre, les tection of cases of COVID-19 in France threatens epide-
évolutions de la prévalence et de la morta- * La variation de la population passée mic control. Nature 2021;590(7844):134-9.
lité et les évolutions de la prévalence et des 8. Delfraissy JF, Etlani-Duault L, Benamouzig D, et al. Avis du
de 67,5 millions au 1er janvier 2020
Conseil scientifique COVID-19. Anticiper et différencier les
admissions à l’hôpital (fig. 2) sont relative- à 67,8 millions au 1er janvier 2022 peut stratégies pour sortir des phases aiguës de l’épidémie. Mi-
ment concordantes. être négligée. nistère des Solidarités et de la Santé, 11 mars 2021.
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Impossible de
s’asseoir… !
Abcès de la fesse
Par Marie-Lise Thierry, Vincent de Parades
Service de proctologie médico-chirurgicale,
groupe hospitalier Paris Saint-Joseph, 75014 Paris Figure 1.
thierrymarielise@gmail.com, vdeparades@ghpsj.fr
DISCUSSION
L’abcès de la fesse nécessite une prise en charge ur-
gente du fait de l’intensité de la douleur et du risque d’évo-
lution vers une fasciite nécrosante et/ou une septicémie.
Le diagnostic est clinique. Les douleurs insomniantes
sont évocatrices. L’aspect est évident, avec parfois un orifice
cutané et un écoulement purulent spontané.
Le traitement consiste en l’évacuation du pus collecté
sans tarder afin de prévenir la survenue de complications
Figure 2.
septiques. En pratique, une incision de la peau est réalisée
en regard de l’abcès, en consultation, sous anesthésie locale
ou au bloc opératoire si l’abcès est profond. Ce geste permet Le patient doit ensuite être adressé en consultation spé-
un soulagement rapide de la douleur et une régression de cialisée pour rechercher et prendre en charge la cause de l’ab-
l’inflammation adjacente en quelques jours. L’association cès : furoncle, fistule anale cryptoglandulaire (fig. 2), maladie
d’une antibiothérapie est nécessaire en cas de fasciite ou de Crohn, maladie de Verneuil…
de septicémie ; elle peut également être justifiée en cas de ter-
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts.
rain à risque : immunosuppression, prothèse, valve car-
diaque ou germe spécifique.
En revanche, l’antibiothérapie seule ne peut suffire à trai- POUR EN SAVOIR PLUS
ter un tel abcès.
Fathallah N, Ravaux A, de Parades V, et al. Conduite à tenir face à un abcès
Par ailleurs, les anti-inflammatoires non stéroïdiens anopérinéal. Ann Fr Med Urgence 2017;7:174-82.
(AINS) sont contre-indiqués car ils favorisent la diffusion Amato A, Bottini C, De Nardi P, et al. Evaluation and management of perianal abscess
de la suppuration, augmentant le risque de fasciite. and anal fistula: SICCR position statement. Tech Coloproctol 2020;24:127-43.
Cette fiche est la 15e de la série « Parlons d’anus ». Retrouvez la série complète sur www.larevuedupraticien.fr, en allant sur ce lien : https://bit.ly/3qRyIMM
DISCUSSION
La bursite rétro-olécranienne (ou hygroma du coude)
est un épaississement de la paroi de la bourse avec un épan-
chement liquidien séreux, dont la principale complication Figure 3.
à rechercher est l’infection.1 Son origine est mécanique ou
inflammatoire. Elle se développe en regard des zones d’appui
et est reconnue comme maladie professionnelle lorsque d’éventuels anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
les travaux comportent un appui prolongé sur la face posté- L’aménagement des conditions de travail (ergonomie du
rieure du coude.2 poste) est indispensable pour limiter l’appui sur les coudes.
Cliniquement, un œdème est visible au niveau de l’arti- Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts.
culation, qui est érythémateuse, chaude et indolore.
Les amplitudes articulaires en pronosupination et en RÉFÉRENCES
flexion-extension sont conservées, contrairement à ce qu’en-
1. Garcia L, Groff MH. Coup de coude... Hygroma du coude. Rev Prat Med Gen
traînerait une arthrite. 2010;24(848):716.
Le traitement consiste en la mise au repos, l’application 2. Descatha A, Jauffret P. Déclarer un TMS en maladie professionnelle.
de pansements d’alcool iodés alternés avec de la glace et Rev Prat Med Gen 2010;24(852):883-7.
304 LA
LAREVUE
REVUEDU PRATICIENMÉDECINE
DUPRATICIEN MEDECINEGÉNÉRALE
GÉNÉRALE--TOME
TOME36
XX--N° 1068- -XXXX
N°XXX JUIN 20XX
2022
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VOS PATIENTS
D’une paralysie
faciale à une autre…
Syndrome
de Melkersson-
Rosenthal La cause de ce syndrome est mal connue.2 En cas d’histoire
familiale, une prédisposition génétique est supposée (un
Par Eva Diab, Inès Masmoudi gène possiblement impliqué a été localisé sur le chromo-
Service de neurologie, CHU d’Amiens some 9 [chr9p11]). D’autres facteurs sont évoqués : influence
diab.eva@chu-amiens.fr du régime alimentaire, terrain allergique, infections virales,
•
déficit immunitaire, lymphogranulomatoses bénignes,
Une patiente de 46 ans consulte pour des épisodes
hyperréactivité du système neurovasculaire et même in-
itératifs de paralysie faciale :
fluence du stress.3
– en 2011, une paralysie faciale périphérique gauche Le diagnostic est clinique. La survenue d’au moins un
survenue en absence de contexte viral ; épisode de paralysie faciale périphérique et/ou l’observation
– en 2014, un épisode de langue plicaturée (figure) d’une langue plicaturée associé à un œdème orofacial per-
et d’œdème orofacial droit sans contexte particulier met de poser le diagnostic de Melkersson-Rosenthal.
et avec un bilan étiologique négatif (dont une biopsie Les biopsies cutanées, non nécessaires au diagnostic,
de lèvre normale) ;
peuvent toutefois l’étayer. En effet, l’examen histopatholo-
– en 2020, un épisode de paralysie faciale périphérique gique retrouve dans 46 % des cas une inflammation granu-
survenue après une infection par le SARS-CoV-2. lomateuse,4 tandis qu’une inflammation non spécifique est
• Elle a pour antécédents principaux une algie
vasculaire de la face, une hypothyroïdie nécessitant
retrouvée dans 36 % des cas ; dans les 18 % restants, aucune
anomalie n’est retrouvée à l’examen histologique.
un traitement substitutif, un tabagisme actif, quatre Le traitement est symptomatique : corticostéroïdes et
grossesses dont deux fausses couches. anti-inflammatoires en priorité.5 Dans une série de sept pa-
• Le bilan étiologique exhaustif se révèle sans
anomalie : IRM cérébrale normale, pas d’argument
tients, le traitement par corticostéroïdes a amélioré l’œdème
orofacial et les paralysies faciales périphériques, mais pas la
pour une pathologie de système, notamment langue plicaturée.2 En cas de récurrence importante, un trai-
sarcoïdose ; le scanner thoracique et le taux d’enzyme tement de seconde ligne par immunosuppresseurs peut être
de conversion de l’angiotensine sont normaux.
proposé.
• Les multiples épisodes de paralysies faciales
périphériques, langue plicaturée et œdème orofacial
Des chirurgies de décompression du nerf facial ont pu être
proposées, mais leur efficacité n’est pas prouvée.
orientent vers un syndrome de Melkersson-Rosenthal.
E. Diab déclare n’avoir aucun lien d’intérêts.
I. Masmoudi déclare des interventions ponctuelles pour Novartis, Roche,
Biogene et Genzyme et déclare avoir été prise en charge à l’occasion de
DISCUSSION
Le syndrome de Melkersson-Rosenthal est une pathologie
déplacement par Novartis, Biogen, Genzyme, Teva, Roche, BMS et Merck.
RÉFÉRENCES
rare de la famille des granulomatoses non caséeuses, apparais- 1. Torabi M, Karimi Afshar M, Barati H. Melkersson-Rosenthal Syndrome: a Case
Report of the Classic Triad. J Dent (Shiraz) 2020;21(4):335-7.
sant généralement entre l’adolescence et l’âge de 40 ans.1 Il
2. Liu R, Yu S. Melkersson-Rosenthal syndrome: a review of seven patients.
associe la triade : œdème orofacial, langue plicaturée et para- J Clin Neurosci 2013;20(7):993-5.
lysies faciales périphériques à répétition. Son incidence est 3. Jasinska D, Boczon J. Melkersson-Rosenthal syndrome as an early manifes
d’environ 0,08 %, avec un sex-ratio au détriment des femmes, tation of mixed connective tissue disease. Eur J Med Res 2015;20:100.
toutefois encore débattu. La triade classique est constatée uni- 4. Elias MK, Mateen FJ, Weiler CR. The Melkersson-Rosenthal syndrome: a retros-
pective study of biopsied cases. J Neurol 2013;260(1):138-43.
quement chez 8 à 18 % des patients, les formes mono- ou oligo- 5. Dhawan SR, Saini AG, Singhi PD. Management Strategies of Melkersson-
symptomatiques étant les plus fréquentes. Rosenthal Syndrome: A Review. Int J Gen Med 2020;13:61-5.
Michèle, 67 ans,
consulte pour une
mycose linguale
qui persiste depuis
plusieurs mois malgré
différents traitements
antifongiques
Par
(miconazole ou
AUTEUR
amphotéricine B).
Adresse.
La patiente déclare
avoir une hygiène
AUTEUR
buccodentaire
Adresse.
irréprochable.
Sur le plan clinique, un
AUTEUR
enduit de couleur brune
Adresse.
est identifiable au niveau MYCOSE PERSISTANTE
du dos de la langue.
AUTEUR La langue noire villeuse est une affection fréquente située au niveau de la
Adresse. partie dorsale de la langue (la zone postérieure médiane peut être également
Par concernée) qui survient à la suite d’une prolifération bactérienne, de certaines
Pierre Francès variétés de Candida (Candida albicans le plus souvent) ou d’agents saprophytes.
Médecin généraliste,
66650 Banyuls-sur-Mer Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de cette lésion : radiothérapie
Widad Gallaf ou chimiothérapie, antibiothérapie intempestive, hygiène buccale excessive,
Interne en médecine TITRE
tabagisme.
générale, 34000 Montpellier
Cliniquement, la langue prend une coloration anormale : elle apparaît verte,
Thomas Duboux
Externe, 34000 Montpellier
jaune, brune ou, dans certains cas, noire. La coloration brune est due aux bactéries
chromogènes. Une dysgueusie est possible, souvent peu intense.
Sophie Sabatier
Externe 34000 Montpellier Sur le plan anatomopathologique, il existe un allongement des papilles
frances.pierre66650 filiformes au niveau de leurs prolongements kératinisés et une accumulation
@gmail.com de mucus visqueux (due à la présence de bactéries chromogènes).
La prise en charge repose en premier lieu sur l’éviction des facteurs inducteurs
(médicaments notamment) quand elle est possible.
Il est également important d’inciter le patient à modifier son comportement
(hygiène trop importante, éviction du tabac).
Le traitement curatif consiste en un simple brossage quotidien de la langue,
POUR EN SAVOIR PLUS et à des bains de bouche à base de bicarbonate de sodium si besoin. Il est enfin
POUR EN
Laskaris SAVOIR
G. Atlas PLUS
de poche des possible de prescrire une solution de trétinoïne diluée pour réduire l’expansion
maladies buccales. Paris: Flammarion
Médecine-Sciences, 2006. des kératinocytes.
Texte courant .
Doublées de volume !
OBSERVATION
Un homme de 60 ans
consulte pour un œdème
douloureux des lèvres ap-
paru 3 jours plus tôt, dans
un contexte de stress.
Un traitement par anti-
histaminique a été pres-
crit initialement, mais n’a
pas été efficace. Face à la
crainte d’un œdème de
Quincke, une corticothé-
rapie orale est débutée.
Lors de l’examen clinique
CHÉILITE HERPÉTIQUE
quarante-huit heures L’herpès orofacial est dû à une infection par le virus Herpes simplex 1
plus tard, le patient a un (HSV-1), plus rarement HSV-2. La transmission se fait par contact direct
œdème asymétrique des
cutanéomuqueux. La primo-infection (gingivostomatite) est fréquente avant
deux lèvres associé à des
lésions vésiculeuses, l’âge adulte. Le virus reste ensuite à l’état latent au niveau des ganglions
fibrineuses, sangui nerveux sensitifs. Les récurrences sont favorisées par de multiples facteurs :
nolentes et noirâtres. stress, rayons ultraviolets, fatigue, immunodépression…
Cliniquement, l’éruption est souvent précédée de prodromes (douleurs,
Par brûlures, prurit…), puis apparaissent des vésicules groupées en bouquet, uni
Messane Delaunay latérales, avec un œdème, évoluant vers des érosions et la formation de croûtes.
Interne en médecine
générale, Aucun examen complémentaire n’est nécessaire au diagnostic.
Université de La Réunion Si l’expression clinique est atypique, une PCR du contenu d’une vésicule peut
Élisa Joly cependant être réalisée. La sérologie n’a pas d’intérêt dans ce contexte.
Service de dermatologie, Le traitement est principalement symptomatique, avec des antalgiques
CHU et université
de La Réunion et des émollients. La guérison spontanée se fait en une à deux semaines.
Un traitement antiviral oral peut être prescrit. Il est à débuter au plus tard
Antoine Bertolotti
Service de dermatologie, quarante-huit heures après le début des signes. Lors d’une primo-infection,
CHU et université il faut prescrire de l’aciclovir (200 mg, 5 fois/j) pendant cinq à dix jours. Si
de La Réunion
besoin, ce traitement peut être accompagné de mesures de réhydratation.
antoine.bertolotti@
chu-reunion.fr
Lors des récidives, l’aciclovir, à renouveler douze heures plus tard, est indiqué.
Les antiviraux topiques n’ont pas montré d’efficacité significative et sont, de plus,
POUR EN SAVOIR PLUS associés à la contrainte d’application toutes les deux heures pendant quatre jours.
Dauendorffer JN, Saiag P. Herpès Un traitement préventif suspensif par aciclovir (400 mg, 2 fois/j) au long
cutanéo-muqueux. Rev Prat
Med Gen 2010;24(835):99-100. cours est recommandé s’il existe plus de six récurrences par an.
Cette fiche est le 4e diagnostic différentiel d’une série de 4 à retrouver dans les prochains numéros et sur https://www.larevuedupraticien.fr/articles/cas-cliniques