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Texte 16 : « L’avare qui a perdu son trésor », Jean de La Fontaine, Livre IV, Fables,
fables 20, 1668.
OBJET D’ÉTUDE No1
Le personnage du roman du
XVIIéme siècle à nos jours.
Objet d’étude 1 : Le personnage du roman
du XVIIéme siècle à nos jours.
Séquence 3 : Le roman
romantique/réaliste. - Stendhal – La Chartreuse de Parme,
1839.
Extrait d’œuvre : Stendhal – La
Chartreuse De Parme, 1839. Texte 4 : Partie II, Chapitre XVIII.
Séquence 1 :
Le Roman Classique.
Œuvre intégral :
Madame de La Fayette – La Princesse de Clèves, 1678.
Séquence 2 :
Le roman de l’absurde.
Œuvre intégrale :
Albert Camus – L’Étranger, 1942
L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’Alger. Je prendrai l’autobus à deux
heures et j’arriverai dans l’après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J’ai demandé
deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il
n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit : « Ce n’est pas de ma faute. » Il n’a pas répondu. J’ai pensé
alors que je n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser. C’était plutôt à lui de me
présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le
moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte. Après l’enterrement, au contraire, ce sera
une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.
J’ai pris l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme
d’habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m’a dit : « On n ’a qu’une mère. »
Quand je suis parti, ils m’ont accompagné à la porte. J’étais un peu étourdi parce qu’il a fallu que je
monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a
quelques mois.
J’ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c’est à cause de tout cela sans doute,
ajouté aux cahots, à l’odeur d’essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi.
J’ai dormi pendant presque tout le trajet. Et quand je me suis réveillé, j’étais tassé contre un militaire
qui m’a souri et qui m’a demandé si je venais de loin. J’ai dit « oui » pour n’avoir plus à parler.
Séquence 3 :
Le roman romantique/réaliste.
Extrait d’œuvre :
Stendhal – La Chartreuse de Parme, 1839.
Il y avait lune ce jour-là, et au moment où Fabrice entrait dans sa prison, elle se levait
majestueusement à l’horizon à droite, au-dessus de la chaîne des Alpes, vers Trévise. Il
n’était que huit heures et demie du soir, et à l’autre extrémité de l’horizon, au couchant,
un brillant crépuscule rouge orangé dessinait parfaitement les contours du mont Viso et
des autres pics des Alpes qui remontent de Nice vers le mont Cenis et Turin ; sans songer
autrement à son malheur, Fabrice fut ému et ravi par ce spectacle sublime. « C’est donc
dans ce monde ravissant que vit Clélia Conti ! avec son âme pensive et sérieuse, elle doit
jouir de cette vue plus qu’un autre ; on est ici comme dans des montagnes solitaires à cent
lieues de Parme. » Ce ne fut qu’après avoir passé plus de deux heures à la fenêtre,
admirant cet horizon qui parlait à son âme, et souvent aussi arrêtant sa vue sur le joli
palais du gouverneur que Fabrice s’écria tout à coup : « Mais ceci est-il une prison ? est-ce
là ce que j’ai tant redouté ? » Au lieu d’apercevoir à chaque pas des désagréments et des
motifs d’aigreur, notre héros se laissait charmer par les douceurs de la prison.
o
Objet d’étude N 2 :
L’Écriture poétique et quête du sens
du moyen âge à nos jours.
Objet d’étude 2 : L’Écriture poétique et quête du
sens du moyen âge à nos jours.
Problématique :
Texte 6 : « Spleen : quand le ciel bas
-Comment les poètes exaltent-ils leurs sentiments ?
et lourd pèse comme un couvercle »,
Baudelaire, Les Fleurs Du Mal, 1857.
Séquence 4 :
Poésie lyrique.
Groupement de poèmes :
Texte 5 : « Les Voiles », Œuvre posthume, 1873.
Séquences 5 :
Poésie engagée
Groupement de poèmes :
Texte 7 : « Le Dormeur Du Val », Le Cahier De Douai, 1870.
o
Objet d’étude N 3 :
Le texte théâtral et sa représentation du
XVIIéme siècle à nos jours.
Objet d’étude 3 : le théâtre et sa
représentation du XVIIéme siècle à nos jours.
Séquence 7 : Le Théâtre de
l’absurde.
Œuvre intégrale : Eugene Ionesco –
Rhinocéros, 1959. Texte 12 : « Le Dénouement, La
scène finale », Eugene Ionesco,
Rhinocéros, 1959.
Problématique :
-En quoi l’œuvre de Rhinocéros est-elle
Séquence 6 :
Le Théâtre classique.
Œuvre intégrale :
Molière – Dom Juan, 1665.
Quoi que puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n'est rien d'égal au tabac : c'est la passion des honnêtes gens, et qui
vit sans tabac n'est pas digne de vivre. Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les
âmes à la vertu, et l'on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien, dès qu'on en prend, de quelle
manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d'en donner à droit et à gauche, partout où l'on se
trouve ? On n'attend pas même qu'on en demande, et l'on court au-devant du souhait des gens : tant il est vrai que le
tabac inspire des sentiments d'honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent. Mais c'est assez de cette matière.
Reprenons un peu notre discours. Si bien donc, cher Gusman, que Done Elvire, ta maîtresse, surprise de notre départ, s'est
mise en campagne après nous, et son cœur, que mon maître a su toucher trop fortement, n'a pu vivre, dis-tu, sans le venir
chercher ici. Veux-tu qu'entre nous je te dise ma pensée ? J'ai peur qu'elle ne soit mal payée de son amour, que son voyage
en cette ville produise peu de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là.
GUSMAN
Et la raison encore ? Dis-moi, je te prie, Sganarelle, qui peut t'inspirer une peur d'un si mauvais augure ? Ton maître t'a-t-il
ouvert son cœur là-dessus, et t'a-t-il dit qu'il eût pour nous quelque froideur qui l'ait obligé à partir ?
SGANARELLE
Non pas ; mais, à vue de pays, je connais à peu près le train des choses ; et sans qu'il m'ait encore rien dit, je gagerais
presque que l'affaire va là. Je pourrais peut-être me tromper ; mais enfin, sur de tels sujets, l'expérience m'a pu donner
quelques lumières.
GUSMAN
Quoi ? ce départ si peu prévu serait une infidélité de Dom Juan ? Il pourrait faire cette injure aux chastes feux de Done
Elvire ?
SGANARELLE
Non, c'est qu'il est jeune encore, et qu'il n'a pas le courage.
GUSMAN
SGANARELLE
Eh oui, sa qualité ! La raison en est belle, et c'est par là qu'il s'empêcherait des choses.
GUSMAN
SGANARELLE
Eh ! mon pauvre Gusman, mon ami, tu ne sais pas encore, crois-moi, quel homme est Dom Juan.
GUSMAN
Je ne sais pas, de vrai, quel homme il peut être, s'il faut qu'il nous ait fait cette perfidie ; et je ne comprends point comme
après tant d'amour et tant d'impatience témoignée, tant d'hommages pressants, de vœux, de soupirs et de larmes, tant de
lettres passionnées, de protestations ardentes et de serments réitérés, tant de transports enfin et tant d'emportements
qu'il a fait paraître, jusqu'à forcer, dans sa passion, l'obstacle sacré d'un couvent, pour mettre Done Elvire en sa puissance,
je ne comprends pas, dis-je, comme, après tout cela, il aurait le cœur de pouvoir manquer à sa parole.
SGANARELLE
Je n'ai pas grande peine à le comprendre, moi ; et si tu connaissais le pèlerin, tu trouverais la chose assez facile pour lui. Je
ne dis pas qu'il ait changé de sentiments pour Done Elvire, je n'en ai point de certitude encore : tu sais que, par son ordre,
je partis avant lui, et depuis son arrivée il ne m'a point entretenu ; mais, par précaution, je t'apprends, inter nos, que tu
vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un Turc,
un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, en pourceau d'Epicure,
en vrai Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances qu'on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que
nous croyons. Tu me dis qu'il a épousé ta maîtresse : crois qu'il aurait plus fait pour sa passion, et qu'avec elle il aurait
encore épousé toi, son chien et son chat. Un mariage ne lui coûte rien à contracter ; il ne se sert point d'autres pièges pour
attraper les belles, et c'est un épouseur à toutes mains. Dame, demoiselle, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop
chaud ni de trop froid pour lui ; et si je te disais le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce serait un
chapitre à durer jusques au soir. Tu demeures surpris et changes de couleur à ce discours ; ce n'est là qu'une ébauche du
personnage, et pour en achever le portrait, il faudrait bien d'autres coups de pinceau. Suffit qu'il faut que le courroux du
Ciel l'accable quelque jour ; qu'il me vaudrait bien mieux d'être au diable que d'être à lui, et qu'il me fait voir tant
d'horreurs, que je souhaiterais qu'il fût déjà je ne sais où. Mais un grand seigneur méchant homme est une terrible chose ;
il faut que je lui sois fidèle, en dépit que j'en aie : la crainte en moi fait l'office du zèle, bride mes sentiments, et me réduit
d'applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste. Le voilà qui vient se promener dans ce palais : séparons-nous. Écoute
au moins : je t'ai fait cette confidence avec franchise, et cela m'est sorti un peu bien vite de la bouche ; mais s'il fallait qu'il
en vînt quelque chose à ses oreilles, je dirais hautement que tu aurais menti.
LE PAUVRE.- Vous n'avez qu'à suivre cette route, Messieurs, et détourner à main droite quand vous serez au bout de la
forêt. Mais je vous donne avis que vous devez vous tenir sur vos gardes, et que depuis quelque temps il y a des voleurs ici
autour.
DOM JUAN.- Je te suis bien obligé, mon ami, et je te rends grâce de tout mon cœur.
DOM JUAN.- Ah, ah, ton avis est intéressé, à ce que je vois.
LE PAUVRE.- Je suis un pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans, et je ne manquerai pas de
prier le Ciel qu'il vous donne toute sorte de biens.
DOM JUAN.- Eh, prie-le qu'il te donne un habit, sans te mettre en peine des affaires des autres.
SGANARELLE.- Vous ne connaissez pas Monsieur, bon homme, il ne croit qu'en deux et deux sont quatre, et en quatre et
quatre sont huit.
LE PAUVRE.- De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose.
DOM JUAN.- Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise.
DOM JUAN.- Tu te moques; un homme qui prie le Ciel tout le jour, ne peut pas manquer d'être bien dans ses affaires.
LE PAUVRE.- Je vous assure, Monsieur, que le plus souvent je n'ai pas un morceau de pain à mettre sous les dents.
DOM JUAN.- Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins; ah, ah, je m'en vais te donner un Louis d'or tout
à l'heure, pourvu que tu veuilles jurer.
DOM JUAN.- Tu n'as qu'à voir si tu veux gagner un Louis d'or ou non, en voici un que je te donne si tu jures, tiens il faut
jurer.
LE PAUVRE.- Monsieur.
DOM JUAN.- Va, va, je te le donne pour l'amour de l'humanité, mais que vois-je là ? Un homme attaqué par trois autres ?
La partie est trop inégale, et je ne dois pas souffrir cette lâcheté. (Il court au lieu du combat.)
Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu'il arrive, que je sois capable de me repentir. Allons, suis-moi .
Scène 6
Séquence 7 :
Le Théâtre de l’absurde.
Œuvre intégrale :
Eugene Ionesco – Rhinocéros, 1959.
regarde en passant la main sur sa figure.) Quelle drôle de chose ! A quoi je ressemble alors ? A quoi ? (Il
se précipite vers un placard, en sort des photos, qu'il regarde.) Des photos ! Qui sont-ils tous ces gens-là ?
M. Papillon, ou Daisy plutôt ? Et celui-là, est-ce Botard ou Dudard, ou Jean ? ou moi, peut-être ! (Il se
précipite de nouveau vers le placard d'où il sort deux ou trois tableaux.) Oui, je me reconnais ; c'est moi,
c'est moi ! (Il va raccrocher les tableaux sur le mur du fond, à côté des têtes des rhinocéros.) C'est moi,
c'est moi. (Lorsqu'il accroche les tableaux, on s'aperçoit que ceux-ci représentent un vieillard, une grosse
femme, un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont
devenues très belles. Bérenger s'écarte pour contempler les tableaux.) Je ne suis pas beau, je ne suis pas
beau. (Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace.) Ce sont eux qui sont
beaux. J'ai eu tort ! Oh, comme je voudrais être comme eux. Je n'ai pas de corne, hélas ! Que c'est laid, un
front plat. Il m'en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je
n'aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! (Il regarde les paumes de
ses mains.) Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? (Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa
poitrine dans la glace.) J'ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme
je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d'un vert sombre, une nudité décente, sans
poils, comme la leur ! (Il écoute les barrissements.) Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un
charme certain ! Si je pouvais faire comme eux. (Il essaye de les imiter.) Ahh, Ahh, Brr ! Non, ça n'est pas
ça ! Essayons encore plus fort ! Ahh, Ahh, Brr ! non, non, ce n'est pas ça, que c'est faible, comme cela
manque de vigueur ! Je n'arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, Ahh, Brr ! Les hurlements ne sont
pas des barrissements ! Comme j'ai mauvaise conscience, j'aurais dû les suivre à temps. Trop tard
maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai 40 rhinocéros,
jamais, jamais ! Je ne peux plus changer. Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je
ne peux plus me voir. J'ai trop honte ! (Il tourne le dos à la glace.) Comme je suis laid ! Malheur à celui qui
veut conserver son originalité ! (Il a un brusque sursaut.) Eh bien tant pis ! Je me défendrai contre tout le
monde ! Ma carabine, ma carabine ! (Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des
rhinocéros, tout en criant :) Contre tout le monde, je me défendrai, contre tout le monde, je me défendrai
o
Objet d’étude N 4 :
La question de l’homme dans les genres de
l’argumentation du XVIéme siècle à nos
jours.
Objet d’ètude 4 : la question de l’homme dans les genres
de l’’argumentation du XVIéme siècles à nos jours
Séquence 8 :
L’argumentation d’idée.
Groupement de textes :
Gnathon ne vit que pour soi, et tous les hommes ensemble sont à son égard comme s'ils n'étaient point. Non
content de remplir à une table la première place, il occupe lui seul celle de deux autres ; il oublie que le repas est
pour lui et pour toute la compagnie ; il se rend maître du plat, et fait son propre 1 de chaque service : il ne
s'attache à aucun des mets, qu'il n'ait achevé d'essayer de tous ; il voudrait pouvoir les savourer tous tout à la
fois. Il ne se sert à table que de ses mains ; il manie les viandes2, les remanie, démembre, déchire, et en use de
manière qu'il faut que les conviés, s'ils veulent manger, mangent ses restes. Il ne leur épargne aucune de ces
malpropretés dégoûtantes, capables d'ôter l'appétit aux plus affamés ; le jus et les sauces lui dégouttent du
menton et de la barbe ; s'il enlève un ragoût de dessus un plat, il le répand en chemin dans un autre plat et sur la
nappe ; on le suit à la trace. Il mange haut3 et avec grand bruit ; il roule les yeux en mangeant ; la table est pour
lui un râtelier4 ; il écure ses dents, et il continue à manger. Il se fait, quelque part où il se trouve, une manière
d'établissement5, et ne souffre pas d'être plus pressé6 au sermon ou au théâtre que dans sa chambre. Il n'y a dans
un carrosse que les places du fond qui lui conviennent ; dans toute autre, si on veut l'en croire, il pâlit et tombe
en faiblesse. S'il fait un voyage avec plusieurs, il les prévient7 dans les hôtelleries, et il sait toujours se conserver
dans la meilleure chambre le meilleur lit. Il tourne tout à son usage ; ses valets, ceux d'autrui, courent dans le
même temps pour son service. Tout ce qu'il trouve sous sa main lui est propre, hardes8, équipages9. Il embarrasse
tout le monde, ne se contraint pour personne, ne plaint personne, ne connaît de maux que les siens, que sa
réplétion10 et sa bile, ne pleure point la mort des autres, n'appréhende que la sienne, qu'il rachèterait volontiers
de l'extinction du genre humain.
La Bruyère, Les Caractères, livre V à X, Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, Chapitre XI-1688
7. prévenir : devancer.
8. hardes : bagages.
9. équipage : tout ce qui est nécessaire pour voyager (chevaux, carrosses, habits, etc.).
Vingt belles filles de la garde reçurent Candide et Cacambo à la descente du carrosse, les conduisirent aux bains, les vêtirent de
robes d’un tissu de duvet de colibri ; après quoi les grands officiers et les grandes officières de la couronne les menèrent à
l’appartement de Sa Majesté au milieu de deux files, chacune de mille musiciens, selon l’usage ordinaire. Quand ils approchèrent
de la salle du trône, Cacambo demanda à un grand officier comment il fallait s’y prendre pour saluer Sa Majesté : si on se jetait à
genoux ou ventre à terre ; si on mettait les mains sur la tête ou sur le derrière ; si on léchait la poussière de la salle ; en un mot,
quelle était la cérémonie. « L’usage, dit le grand officier, est d’embrasser le roi et de le baiser des deux côtés. » Candide et
Cacambo sautèrent au cou de Sa Majesté, qui les reçut avec toute la grâce imaginable, et qui les pria poliment à souper.
En attendant, on leur fit voir la ville, les édifices publics élevés jusqu’aux nues, les marchés ornés de mille colonnes, les fontaines
d’eau pure, les fontaines d’eau rose, celles de liqueurs de cannes de sucre qui coulaient continuellement dans de grandes places
pavées d’une espèce de pierreries qui répandaient une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle. Candide demanda à
voir la cour de justice, le parlement ; on lui dit qu’il n’y en avait point, et qu’on ne plaidait jamais. Il s’informa s’il y avait des
prisons, et on lui dit que non. Ce qui le surprit davantage, et qui lui fit le plus de plaisir, ce fut le palais des sciences, dans lequel il
vit une galerie de deux mille pas, toute pleine d’instruments de mathématiques et de physique.
Après avoir parcouru toute l’après-dînée à peu près la millième partie de la ville, on les ramena chez le roi. Candide se mit à table
entre Sa Majesté, son valet Cacambo, et plusieurs dames. Jamais on ne fit meilleure chère, et jamais on n’eut plus d’esprit à
souper qu’en eut Sa Majesté. Cacambo expliquait les bons mots du roi à Candide, et, quoique traduits, ils paraissaient toujours des
bons mots. De tout ce qui étonnait Candide, ce n’était pas ce qui l’étonna le moins.
Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde, la souffrance est une loi
divine, mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. (Réclamations – Violentes
dénégations à droite)
Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. (Nouveaux murmures
à droite). La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut
disparaître comme la lèpre a disparu. (Oui, oui ! à gauche). Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! Les législateurs et les
gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas le fait, le devoir n’est pas
rempli. (Sensation universelle)
La misère, Messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulez-vous savoir
jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au moyen-âge, je dis en France, je dis à Paris,
et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?
Mon Dieu, je n’hésite pas à les citer, ces faits. Ils sont tristes, mais nécessaires à révéler ; et tenez, s’il faut dire toute ma
pensée, je voudrais qu’il sortît de cette assemblée, et au besoin j’en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle
enquête sur la situation vraie des classes laborieuses et souffrantes en France. Je voudrais que tous les faits éclatassent au
grand jour. Comment veut-on guérir le mal si l’on ne sonde pas les plaies ? (Très bien, très bien !)
Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des
maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants,
n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtements, que des monceaux infects de chiffons en
fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures humaines
s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver (Mouvement).
Voilà un fait. En voici d’autres : Ces jours derniers, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère
n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort
de faim à la lettre, et l’on a constaté après sa mort qu’il n’avait pas mangé depuis six jours. (Longue interruption) Voulez-
vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une
mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de
Montfaucon ! (Sensation)
Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa
force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! je dis que de
tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société toute entière ; que je m’en sens, moi qui parle,
complice et solidaire (Mouvement), et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des
crimes envers Dieu ! (Sensation prolongée)
Texte 16 : « L’avare qui a perdu son trésor », Jean de La Fontaine, Livre IV, Fables, fables 20,
1668.
L'usage seulement fait la possession.
Il se tourmente, il se déchire.
« L’avare qui a perdu son trésor », Jean de La Fontaine, Livre IV, Fables, fables 20, 1668.
(1) Ce philosophe grec se moquait de l’argent et vivait dans un tonneau ; là-bas veut dire chez les morts ;
(2) ici-haut: sur terre ; (3) distraction, divertissement ; (4) bien, richesse ; (5) il y songeait sans cesse ; (6)
un terrassier ; (7) près de ; (8) elle aura pour vous autant de voleur.