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Institut National des Sciences Appliquées de Lyon

Electricité

Cours – Travaux Dirigés


FIMI – 1re année

Équipe pédagogique de physique


2023–2024
Malgré tout le soin que nous y avons apporté, des erreurs peuvent subsister dans ce docu-
ment. N’hésitez pas à les signaler (éventuellement proposer des corrections) à l’adresse suivante :
pierre-marie.leguay@insa-lyon.fr

1
2
Préambule

Pourquoi un cours sur l’électricité ?


L’électricité est un phénomène physique à l’origine de nombreuses observations naturelles :
éclairs d’orage, électricité statique, transmission des messages nerveux... Elle n’est guère qu’une
curiosité intellectuelle jusqu’au XIX eme siècle, puis va progressivement devenir un des piliers
de la révolution industrielle, via le développement de l’électrotechnique, et s’imposer dans notre
quotidien.
L’électricité est une forme d’énergie secondaire ou bien encore un « vecteur d’énergie ». Elle
est générée à partir de la transformation d’une "source" d’énergie (énergie primaire) par un
système de conversion. A ce jour, l’électricité représente environ 1/3 de l’énergie consommée
dans le monde 1 .
Les points forts de l’électricité ?
— De nombreux dispositifs permettent de transformer des énergies primaires en électricité :
panneaux photovoltatiques, éoliennes terrestres ou "off shore", centrales nucléaires mais
également centrales au gaz ou à charbon, groupes électrogènes...
— L’énergie électrique peut être transférée d’un système à un autre par un mouvement de
porteurs de charges. De grandes quantités d’énergie peuvent ainsi être transportées à
grande distance et rendues disponibles là où on en a besoin.
— Son emploi est extrêmement polyvalent : elle peut être convertie en d’autres formes d’éner-
gies très diverses, par exemple :
- mécanique (moteur, ascenseur, robot de cuisine...)
- lumineuse (lampes, écrans numériques...)
- chimique (électrolyseur, pile, batterie de téléphone...)
- chaleur (plaque à induction, radiateur...)
Sa faiblesse ? C’est une grandeur "de flux", difficile à stocker. Les solutions de stockage
qui existent passent par d’autres formes d’énergie (potentielle : STEP, chimique : batterie,
hydrogène...). Elles soulèvent de nombreux défis notamment d’efficacité de conversion. C’est
pourquoi on cherche au maximum à adapter à chaque instant la production à la consommation.

Un enjeu du XXI eme siècle


Face aux changements climatiques, nos sociétés doivent réduire drastiquement leurs émis-
sions de gaz à effets de serre. Il est nécessaire de repenser nos besoins énergétiques mais aussi
d’adapter les moyens de conversion et de transport de l’énergie. L’électricité peut être une alliée
pour décarboner certains secteurs forts consommateurs d’énergies fossiles comme par exemple
1. fr.wikipedia.org/wiki/Électricité

3
les transports, le bâtiment ou encore l’industrie, pour peu que cette électricité ne soit pas
elle-même obtenue à partir d’énergie primaire d’origine fossile.
L’électricité est aussi un vecteur d’information. Sans elle, ce document n’existerait pas. Une
grande partie des capteurs convertissent des grandeurs physiques en information électrique (rien
que dans votre téléphone, le CCD de l’appareil photos, le micro, les accéléromètres, gyromètres
et teslamètres utiles à la navigation...). Ces données sont échangées dans des réseaux (satellite,
wifi, fibre optique, réseau mobile...) et traitées dans des terminaux ou des serveurs qui reposent
tous sur l’électricité.
Pour toutes ces raisons, l’électricité sera au coeur des défis que les scientifiques et ingé-
nieurs du XXI eme siècle devront relever. Ce cours a pour but de vous donner les bases pour
appréhender ces défis, et (nous l’espérons) l’envie de les relever.

Programme du cours : les grandeurs électriques


Dans ce cours, nous allons étudier les grandeurs qui permettent de décrire les échanges
énergétiques que permet l’électricité.
Lors du module d’introduction, vous avez (ré)appris que la quantité d’énergie échangée ∆E
est proportionnelle à l’intervalle de temps ∆t sur lequel l’échange s’effectue. Le coefficient de
proportionnalité est la puissance P , qui correspond à la vitesse de conversion d’énergie :

∆E = P ∆t

Lorsque la puissance dépend du temps (on l’appelle puissance instantanée), on la note en


minuscule p(t). Les échanges doivent être déterminés sur des intervalles de temps courts (qu’on
note alors dt). La quantité d’énergie dE échangée durant un temps dt s’écrit :

dE = p(t)dt

La puissance échangée par un composant électrique est obtenue en faisant le produit de la


tension à ses bornes u(t) par le courant qui le traverse i(t) :

p(t) = u(t) ∗ i(t)

Pour décrire des échanges énergétiques permis par l’électricité, il est donc nécessaire de bien
connaître 3 grandeurs : puissance, tension, intensité. Comme elles ne sont pas nécessairement
intuitives, le premier semestre vous permettra de vous les approprier :
— Les circuits électriques sont composés de dipôles. L’intensité et la tension y sont reliées
par le concept de caractéristique, présenté dans le chapitre 1.
— Le chapitre 2 aborde les méthodes permettant de déterminer les grandeurs électriques
dans un circuit, où plusieurs dipôles sont reliés.
— Pour certains dipôles (condensateur et bobine), l’évolution temporelle des grandeurs peut
suivre un régime transitoire, qui est étudié dans le chapitre 3.
Dans la plupart des applications technologiques, ces grandeurs évoluent au cours du temps
de manière sinusoïdale. Vous étudierez ce cas particulier au second semestre :
— Pour relier tension et intensité, le chapitre 4 introduit le concept d’impédance.
— Le chapitre 5 se concentre sur le calcul et l’optimisation de la puissance échangée dans
un dipôle.
— Le chapitre 6 présente l’électricité comme un vecteur d’informations, à travers l’exemple
du filtrage des signaux.

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Table des matières

1 Dipôles 7

Exercices 27

2 Circuits en régime stationnaire ou continu 37

Exercices 49

3 Les circuits électriques en régime transitoire 63

Exercices 81

4 Le régime sinusoïdal 87

Exercices 99

5 Puissances en alternatif 105

Exercices 111

6 Filtres électroniques 117

Exercices 125

5
6
Chapitre 1

Dipôles

Objectifs
— Connaître les symboles associés aux principaux dipôles
— Comprendre et construire la courbe caractéristique d’un dipôle, en déduire le
point de fonctionnement d’un circuit, analytiquement et graphiquement
— Quantifier les échanges d’énergie d’un dipôle

Prérequis mathématiques
— Grandeurs algébriques
— Lecture graphique
— Représentation de droites
— Équations du premier degré

1.1 Grandeurs électriques


1.1.1 Charges
La charge (en général notée q ou Q) est, comme la masse, une propriété fondamentale de
la matière. Contrairement à la masse, il en existe deux formes : les charges négatives et les
charges positives. Un système dont la charge nulle est dit neutre. L’unité SI de la charge est le
coulomb (C).
La charge est une grandeur extensive : si un système est obtenu par la réunification de deux
systèmes S1 et S2 de charge respective Q1 et Q2 , la charge du système est Q = Q1 + Q2 (quel
que soit le signe de Q1 et Q2 ). La charge est une grandeur conservative, c’est à dire que la
charge totale d’un système fermé est constante. On suppose généralement que la charge totale
de l’univers est nulle.
L’expérience de Millikan 1 a prouvé au début du XXe siècle que la charge est quantifiée,
c’est-à-dire qu’elle ne peut prendre que des valeurs discrètes, multiples de la charge élémentaire
e = 1,6×10−19 C. Au niveau microscopique, l’électron est de charge −e et le proton de charge +e.

1.1.1.1 Exemples de porteurs de charge


Les porteurs de charges sont essentiellement des entités de taille microscopique.
- Particules chargées dans le vide (exemple : électron dans les tubes cathodiques des anciens
écrans de télévision).
1. Cf. la page wikipedia

7
- Ions (anions -, cations +) dans un électrolyte ou une pile chimique.
- Électrons ou lacunes d’électrons (trous) dans un semi-conducteur.
- Électrons dans un conducteur métallique.
- ...
A l’échelle macroscopique, on pourra éventuellement considérer le déplacement d’un support
chargé (c’est alors un déplacement macroscopique de charges).

1.1.1.2 Isolants-conducteurs
On définit deux types de milieux :
i) Les conducteurs, dans lesquels les charges peuvent se déplacer.
ii) Les isolants, dans lesquels aucun mouvement d’ensemble de charge n’est possible 2 .
Application 1. Chercher parmi les matériaux suivant lesquels sont des isolants ou des conduc-
teurs : tungstène, téflon, porcelaine, plexiglas, PVC, or, aluminium, cuivre, argent, air, eau
pure, bois...
Les aspects microscopiques feront l’objet du cours au 1er semestre de 2 année (S3). Par
la suite, on traitera essentiellement les phénomènes à l’échelle macroscopique en utilisant les
grandeurs courant et tension.

1.1.2 Courant
1.1.2.1 Définition
Le courant est un mouvement d’ensemble de particules chargées. Par convention, on appelle
sens du courant le sens de déplacement des charges positives. Le sens du courant est donc
l’opposé du sens du déplacement de porteurs de charge négatifs comme les électrons.

1.1.2.2 Intensité du courant


a) Définition
Pour associer une grandeur quantitative, l’intensité, à la notion de courant qui traverse un
conducteur, on considère une section (S) du conducteur (« fenêtre de comptage ») et on note δq
la quantité de charge qui traverse (S) pendant une durée δt. On appelle intensité i du courant
électrique à travers la section (S) d’un conducteur la quantité de charge qui traverse (S) par
unité de temps : i = lim δqδt
= dq
dt
δt→0
L’unité SI de l’intensité est l’ampère (A) avec 1A = 1C/s. On rappelle que l’intensité est
une des sept dimensions de base du système international (SI).
Remarque 1 : Il ne faut pas oublier que le sens physique de la dérivée d’une fonction en un point
est le rapport entre la variation élémentaire de la fonction sur la variation élémentaire de la variable en
ce point. Par abus, on notera indifféremment δq ou dq la variation élémentaire (c’est-à-dire infiniment
petite) de q.
Remarque 2 : Inversement, on peut aussi écrire δq = iδt, (ou dq = idt), la quantité Q de charges
´t
δq = t12 i(t)dt.
P
ayant traversé (S) entre l’instant t1 et t2 vaut donc : Q =
MAIS ATTENTION : en l’état, ces définitions de dq et i sont incomplètes. Il faut en effet
construire une convention de signe, de sorte que le signe des grandeurs algébriques dq ou i
permettent de retrouver le sens réel du courant, et donc le sens du déplacement des charges à
l’origine de ce courant.
2. Il existe des milieux « très faiblement conducteurs » qui laissent passer un faible courant dit « de fuite ».
On trouve aussi un troisième type de matériaux, les semi-conducteurs.

8
b) Convention de comptage des charges échangées
Lorsque la charge dq traverse la section (S), elle est échangée entre les 2 parties du conducteur
situées de part et d’autre de (S). Pour connaître le sens de passage de dq il suffit donc de fixer
le côté du conducteur que l’on choisit comme système.
Par exemple, choisissons conventionnellement de compter l’échange des charges à travers (S)
du point de vue de la portion de conducteur à droite de (S) : Figure 1.1.

Figure 1.1

Dans ce cas-là dq > 0 signifie que la portion de conducteur à droite de (S) a effectivement
reçu des charges positives ou effectivement perdu des charges négatives, c’est-à-dire que le
courant circule effectivement de gauche à droite.
Ainsi, fixer la convention (toujours de manière arbitraire) nous permet de connaître le sens
réel du courant à partir du signe de dq et donc de i.
Application 2 : Lors d’un échange de charges à travers une section (S) d’un conducteur, on
compte N1 électrons traversant (S) de gauche à droite et N2 électrons traversant (S) de droite
à gauche. En déduire la quantité de charge dq échangée à travers (S) avec la même convention
que ci-dessus. Et si on avait pris l’autre convention ?

c) Définition du sens conventionnellement positif de i


La convention choisie pour comptabiliser l’échange des charges à travers une section de conduc-
teur est appelée sens conventionnellement positif de i ou sens conventionnel de i. Il est représenté
par une flèche sur le fil conducteur : Figure 1.2.
Par exemple Figure 1.2a, la flèche orientée de gauche à droite indique que dq = idt représente
la quantité de charge gagnée par la portion de conducteur à droite. (Réciproquement, Figure
1.2b une flèche sur le fil conducteur orientée de droite à gauche indique que dq = idt représente
la quantité de charge gagnée par la portion de conducteur à gauche).
Le sens conventionnellement positif de i doit toujours être précisé. Lorsque l’intensité du
courant est positive, le sens réel du courant est celui du sens conventionnellement positif de i et
les électrons se déplacent dans le sens opposé. Lorsque l’intensité est négative, c’est le contraire.
Le « sens conventionnellement positif de l’intensité du courant », ou encore par abus « sens
conventionnellement positif du courant » voire même « sens conventionnel du courant », ne
doit pas être confondu avec la notion de « sens réel du courant » vu précédemment.
Application 3 : Soit i < 0 avec la convention de la Figure 1.2b. Combien d’électrons sont
échangés à travers une section de ce conducteur pendant une durée élémentaire dt ? Quel est
le sens de déplacement de ces électrons ? Et le sens du courant ?

Figure 1.2

9
Application 4 : Sur la figure ci-dessous sont définies les intensités du courant i et i’ traversant
un fil conducteur. Quelle relation relie i et i’ ?

d) Ordre de grandeur de la vitesse des électrons


Dans le cas d’un conducteur de section S constante, par exemple un fil (cf. Figure 1.1), on
peut facilement exprimer i en fonction de la vitesse des électrons. En effet, soit→−v la vitesse
du mouvement d’ensemble des électrons et n le nombre d’électrons libres par unité de volume
du conducteur. Les électrons qui vont passer à travers la surface (S) pendant dt sont ceux qui
sont à une distance inférieure à vdt de (S), soit nSvdt électrons. Supposons que les électrons
circulent de droite à gauche, la charge dq passant pendant dt à travers (S) orienté de gauche à
droite est donc dq = enSvdt. On a donc : i = nevS.
Application 5 : Calculer l’ordre de grandeur de la vitesse des électrons dans un fil métallique
de section 1 mm² parcouru par 1 A. Commenter.

1.1.2.3 Mesure de l’intensité du courant


L’intensité i (algébrique) du courant se mesure à l’aide d’un Ampèremètre placé de telle
sorte qu’il soit traversé par le courant et que le « sens conventionnellement positif de l’intensité
du courant » rentre par la borne A (rouge) et sorte par la borne COM (noire) de l’appareil (cf.
Figure 1.3).

Figure 1.3 – Mesure du courant avec un ampèremètre

1.1.3 Tension
1.1.3.1 Potentiel
L’intensité ne suffit pas pour décrire complètement les phénomènes électrocinétiques. En
un point du conducteur, importe non seulement le nombre de charges qui passent mais aussi
leur énergie potentielle électrique (qui sera définie avec plus de précision ultérieurement). De
même que l’énergie potentielle de pesanteur dépend de l’altitude de l’objet, l’énergie potentielle
électrique dépend de la position des charges dans le conducteur. On définit le potentiel V comme
l’énergie potentielle électrique par unité de charge. Il suffit de savoir que V est une grandeur
qui ne dépend que de la position sur le conducteur.

1.1.3.2 Tension
La tension u entre 2 points A et B du conducteur est définie comme la différence de potentiel
entre ces deux points : u = VA − VB .
L’unité SI de la tension, comme celle du potentiel, est le volt (V). La dimension de la
tension (et du potentiel) est dim(energie)
dim(charge)
.

Application 6 : Donner l’équation aux dimensions de la tension.

10
Figure 1.4

La tension est une grandeur algébrique dont le signe dépend du sens de la différence. Ce
signe doit donc obligatoirement être défini dès que l’on parle de tension, de manière à fixer si
l’on parle de VA − VB ou VB − VA . La tension entre deux points se représente par une flèche à
côté du conducteur : pour la tension VA − VB cette flèche est dirigée de B vers A.
Application 7. Dans le conducteur de la figure 1.4, u est la tension VA − VB , et u’ est la
tension VB − VA . Quelle relation lie u et u’ ?

1.1.3.3 Mesure de la tension


La tension u = VA − VB se mesure à l’aide d’un Voltmètre placé de telle sorte que la borne V
(rouge) de l’appareil soit reliée par un fil au point A et la borne COM (noire) au point B (cf.
Figure 1.5).

Figure 1.5 – Mesure de la tension avec un voltmètre

1.1.3.4 Remarque : vocabulaire


On dit « la tension aux bornes de . . . » ou « la tension entre 2 points . . . » et « le courant
qui circule dans . . . » ou « le courant à travers . . . » mais jamais le contraire.

1.1.4 Puissance électrique


Nous venons d’admettre que le potentiel électrique est une énergie par unité de charge. Par
ailleurs, on se souvient que la puissance p est l’énergie dE reçue par unité de temps : P = dE/dt
avec p en watt (W) et dE en joule (J). Par analyse dimensionnelle, il apparaît donc cohérent de
définir la puissance électrique comme le produit d’un courant par une différence de potentiel :

p = ui

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Bien entendu, ce résultat a des fondements plus « physiques » qui ne seront envisagés que
plus tard dans le cours de physique. Mais intuitivement, on conçoit aisément que la mise en
mouvement de charges correspond à l’existence de forces et donc aux notions de travail puis
d’énergie.
On retiendra également que tout comme le courant ou la tension, la puissance électrique
est une grandeur algébrique : son signe – et l’interprétation physique que l’on pourra en faire –
dépend de conventions. Nous y reviendrons en détail par la suite.

1.1.5 Différence entre régime permanent et régime stationnaire ( continu


ou non)

Considérons d’abords le cas particulier où les grandeurs i et u ne dépendent pas du temps,


on dit qu’on est en régime continu ou stationnaire. On note alors traditionnellement les
grandeurs constantes avec les majuscules, ici I et U (Cela ne les empêche pas bien sûr d’être
toujours des grandeurs algébriques !). Ce régime sera étudié dans le chapitre 2 de ce cours.
Par opposition, si i et u dépendent du temps on parlera de régimes variables. On étudiera
cette année deux types de régimes variables :
Si i et u sont des fonctions sinusoïdales du temps, on parle de régime permanent sinusoïdal
ou établi sinusoïdal ou encore sinusoïdal forcé (on dit aussi alternatif ). On étudiera le cas
particulier du régime permanent sinusoïdal dans le chapitre 4.
Si un régime continu ou un régime permanent est établi et que l’on modifie un paramètre, on
obtiendra au bout d’un certain temps un autre régime continu ou un autre régime permanent.
La transition (temporaire) entre ces deux régimes établis est appelée régime transitoire. Les
régimes transitoires seront étudiés dans le chapitre 3.

Remarque : Attention de ne pas confondre permanent et stationnaire.

1.1.6 Ordres de grandeur

a) Intensité
L’intensité (continue) circulant dans le moteur d’un train qui démarre est de l’ordre du kA,
dans une montre de l’ordre du nA, une lampe de projecteur de cinéma 10²A. L’intensité de
décharge d’un éclair varie entre 1 kA et 100 kA.

Application 8. Quel est le courant produit par une cellule solaire de calculatrice si elle débite
une charge de 4 C en 4 h ?

Remarque : Une intensité de plus de 30mA traversant le corps humain peut être dangereuse.

12
Effet du passage du courant alternatif dans le corps humain en fonction de l’intensité, d’après
wikipédia

b) Tension
En France,
√ la valeur de l’amplitude maximale de la tension alternative délivrée par EDF
est 230 2 V. Tous les appareils électroménagers fonctionnent donc sous cette même tension,
mais sont traversés par des intensités différentes. L’alimentation d’environ un tiers des lignes
ferroviaires SNCF se fait en 1500 V continu.
La tension permettant l’ionisation de l’air (et donc le passage d’un éclair) est de l’ordre
du MV par mètre, ce qui conduit dans un orage à des tensions de l’ordre de 108 V entre le
nuage et le sol avant l’éclair. Dans un tout autre domaine, l’amplitude maximale du potentiel
d’action (=pulse d’un influx nerveux le long d’un axone) est de l’ordre 100 mV.

1.2 Dipôles
1.2.1 Généralités
1.2.1.1 Définition
Un dipôle est un composant électrique possédant deux bornes, c’est à dire deux connexions
avec le reste du circuit électrique. Il est souvent représenté par un rectangle (cf Figure 1.6).
L’état électrique d’un dipôle est caractérisé par l’intensité i qui le traverse et la tension u à
ses bornes. On observe que l’intensité i traversant un dipôle donné est directement liée à la
tension u à ses bornes, et qu’on ne peut donc pas choisir librement i et u, la valeur de l’une
de ces deux grandeurs imposant généralement la valeur de l’autre, par l’intermédiaire d’une loi
représentée par la caractéristique du dipôle.

1.2.1.2 Caractéristique
La caractéristique d’un dipôle est la courbe représentant les variations de l’intensité i traver-
sant le dipôle en fonction de la tension u à ses bornes. Tout point M (u,i) de cette caractéristique
s’appelle un point de fonctionnement du dipôle.
— Si la caractéristique est symétrique par rapport au point (0,0), on dit que le dipôle est
symétrique ou non-polarisé : on peut le brancher dans n’importe quel sens.
— Si la caractéristique n’est pas symétrique par rapport au point (0,0) on dit que le dipôle
est non-symétrique ou polarisé : on obtiendra des résultats différents suivant le sens
de branchement du dipôle.

13
Figure 1.6 – Convention récepteur

Figure 1.7 – Convention générateur

— Si la caractéristique passe par le point (0,0), on dit que le dipôle est passif : la tension
aux bornes du dipôle débranché est nulle.
— Si la caractéristique ne passe pas par le point (0,0), on dit que le dipôle est actif : la
tension à ses bornes est non nulle une fois débranchée.
— Si la caractéristique est une droite on dit que le dipôle est linéaire, sinon il est dit non
linéaire.

1.2.1.3 Convention récepteur et convention générateur


La tension et le courant aux bornes d’un dipôle peuvent chacun être défini dans 2 sens.
Par définition, lorsque l’état électrique (u,i) d’un dipôle est décrit avec les flèches de la ten-
sion et du courant de sens opposées, on dit que l’on est en convention récepteur (Figure 1.6).
Lorsque l’état électrique d’un dipôle est décrit avec les flèches de la tension et du courant
de même sens, on dit que l’on est en convention générateur (Figure 1.7).

1.2.1.4 Classification énergétique des dipôles


Certains dipôles peuvent fournir de l’énergie au reste du circuit et d’autres consomment
l’énergie apportée par le courant. On va étudier comment déterminer les puissances échangées
dans les 2 conventions définies ci-dessus.

a) Puissance électrique en convention récepteur


En convention récepteur (cf. Figure 1.6), la puissance électrique p algébriquement reçue par
le dipôle vaut : p = ui.
Si p > 0, cela veut dire que le dipôle a effectivement reçu de l’énergie du courant pour
la convertir en chaleur (effet Joule), en travail (moteur), ou pour la stocker (accumulateur,
condensateur), etc. On dit que le dipôle est en fonctionnement récepteur, ou simplement
un récepteur.
Si p < 0, cela veut dire que le dipôle a effectivement fourni de l’énergie au courant, et
donc au reste du circuit. On dit que le dipôle est en fonctionnement générateur, ou plus
simplement un générateur.
Remarque : cette énergie n’est pas créé à partir de rien mais provient d’un apport extérieur de
travail (alternateur), d’énergie chimique (pile), de rayonnement (cellule photovoltaïque) etc.

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b) Puissance électrique en convention générateur
Pour éviter d’avoir à manipuler des puissances négatives quand on étudie un dipôle dont
on pense qu’il fournit de l’énergie, on utilise parfois la convention générateur (cf Figure 1.7).
Appelons p′ la puissance calculée en convention générateur :

p′ = u′ i = (VB − VA )i = −(VA − VB )i = −ui = −p

On a p′ > 0 si et seulement si p < 0.


En convention générateur, p′ = u′ i est donc la puissance algébriquement fournie par le
dipôle (et donc reçue par le courant qui le traverse).
Bien sûr, l’une ou l’autre des conventions peut être choisie et ne modifiera en rien les
conclusions.
Application 9.
a) Si (u,i) sont en convention générateur, donner l’expression de l’énergie gagnée par le dipôle
pendant dt.
b) Si (u,i) sont en convention récepteur, donner l’expression de l’énergie gagnée par le dipôle
pendant dt.
c) Si un dipôle perd une puissance p > 0, p est-elle la puissance calculée en convention
récepteur ou générateur ? Le dipôle est-il en fonctionnement récepteur ou générateur ?

c) Zones de fonctionnement
Certains dipôles peuvent parfois fournir et parfois recevoir de l’énergie, on dit qu’ils peuvent
fonctionner à la fois comme récepteur ou comme générateur. C’est le cas des accumulateurs,
comme par exemple les batteries des téléphones portables. La position du point de fonctionne-
ment sur la caractéristique donne immédiatement le rôle générateur ou récepteur que joue le
dipôle. En effet ce rôle est déterminé à la fois par le signe du produit ui et la convention choisie.
On peut donc définir les zones de fonctionnement décrites sur la Figure 1.8.

Figure 1.8 – Zones de fonctionnement d’un dipôle

15
Figure 1.9 – Caractéristique de la résistance

1.2.2 Dipôles passifs linéaires


Nous utiliserons dans tout ce paragraphe la convention récepteur.

1.2.2.1 Conducteur ohmique idéal


a) Loi d’Ohm
Un conducteur ohmique (plus simplement appelé résistance ou résisteur) est par définition
un dipôle électrique qui vérifie la loi d’Ohm :
u = Ri
avec R>0 la résistance du conducteur ohmique, qui s’exprime en ohm (Ω). Sa caractéristique
est donc une droite passant par l’origine et de pente croissante 1/R en convention récepteur
(Figure 1.9).
La puissance algébriquement reçue par le dipôle est
p = Ri2 (Loi de Joule)
Cette puissance est toujours positive, le courant fournit donc toujours effectivement de
l’énergie au conducteur ohmique. Cette énergie est dissipée sous forme de chaleur par effet
Joule. Ceci s’interprète au niveau microscopique par les collisions des électrons au sein du
métal (ce qui peut être assimilé à du « frottement »).
Ce dipôle est donc le constituant principal d’un radiateur électrique, d’un grille pain ou
d’une plaque de cuisson (sauf l’induction). Notons que l’effet Joule est présent dans beaucoup
de dipôles, ce qui peut avoir un intérêt (chauffage du filament d’une lampe) ou des inconvénients
(risque d’incendie lors de court-circuit, détérioration du matériel. . .).
Remarque : un conducteur réel n’est plus ohmique pour des valeurs de la tension ou du courant
trop élevées. R dépend également de la température, et donc de l’intensité traversant le dipôle : dans
ce cas la caractéristique ne sera donc pas parfaitement une droite.
Application 10. Tracer la caractéristique d’un conducteur ohmique en convention générateur.
Pour les deux conventions, quelles sont les zones de fonctionnement traversées par la caracté-
ristique ?

b) Calcul de la résistance d’un conducteur


Dans le cas d’un conducteur homogène de section constante S et de longueur L constante,
on montrera en 2ème année que la résistance R est proportionnelle à la longueur et inver-
sement proportionnelle à la section. On appelle résistivité (noté souvent ρ) ce coefficient de
proportionnalité : R = ρL/S

16
Figure 1.10 – Le condensateur

Application 11. Quelle est la résistance d’un fil de cuivre de résistivité ρ = 17 nΩ · m , de 50 cm


de long, de section 1,5 mm2 .
On retiendra que la résistance des fils est <<1 Ω et peut donc être négligée dès que des
conducteurs ohmiques de plus d’un ohm sont présents dans le circuit.
Remarque : Quelques ordres de grandeur de la résistivité de certains matériaux :
Argent : 15.10−9 Ω · m (métal avec la résistivité la plus basse)
Cuivre : 17.10−9 Ω · m
Tungstène : 56.10−9 Ω · m
Carbone : 35.10−6 Ω · m
Eau pure : 1,8.105 Ω · m
Air sec : ~ 3.1016 Ω · m
Quartz : ~ 1018 Ω · m
Téflon : ~ 1023 Ω · m

1.2.2.2 Condensateur idéal


Le condensateur est un composant électronique extrêmement courant, utilisé par exemple
dans les téléviseurs, les radios, les amplificateurs ou les alimentations. . .

a) Définitions
Un condensateur est formé de deux armatures métalliques en regard (cf. Figure 1.10) qui
portent des charges opposées q et −q. L’espace entre les 2 armatures est rempli d’un isolant :
les charges ne peuvent donc pas le traverser.
On montrera que la charge q d’un condensateur est proportionnelle à la tension u appliquée
à ses bornes (avec la convention d’orientation de la figure 1.10).

q = Cu

Le coefficient de proportionnalité C s’appelle la capacité du condensateur, qui s’exprime en


farad (F). Cette relation est valable en régime quelconque (continu ou variable).

b) Régime continu
En régime continu U = cste, Q = cste, donc I = 0. Le condensateur (chargé ou non) se
comporte en régime continu comme un interrupteur ouvert.
Application 12. Quelle serait la caractéristique d’un condensateur en régime continu ? (Quels
régimes de fonctionnement traverse-t-elle ?)

17
Figure 1.11 – La bobine idéale

c) Régime variable
Si la charge q de l’armature varie, c’est qu’il y a un apport de charge dq qui arrive sur
cette armature par unité de temps dt, donc un courant i = dq/dt (avec les conventions de la
figure 1.10). Pour un condensateur, la relation entre l’intensité et la tension est donc :
dq du
i= =C .
dt dt
Remarque : si dq arrive sur l’armature de droite pendant dt, alors dq repart dans le même temps de
l’armature de gauche (car les charges des 2 armatures sont toujours opposées). Ainsi le même courant
circule à gauche et à droite du condensateur, même si aucune charge ne le traverse !
Nous étudierons le comportement du condensateur dans le chapitre sur le régime transitoire.

1.2.2.3 Bobine idéale


La bobine est formée d’un enroulement d’un fil conducteur. C’est le composant essentiel
dans un moteur électrique, un alternateur, un transformateur, un électroaimant. . .
Nous étudierons en détail la bobine dans le cours d’électromagnétisme (Deuxième année).
On montrera que la tension u d’une bobine est proportionnelle à la variation par unité de
temps de l’intensité i la traversant. En convention récepteur (cf. Figure 1.11), le coefficient de
proportionnalité est une constante positive, appelée L, l’inductance de la bobine, exprimée en
henry (H) :
di
u=L .
dt
Cette relation est valable en régime continu et en régime variable. En régime continu
I = cste, donc U = 0V : la bobine se comporte comme un interrupteur fermé.
Application 13. Quelle serait la caractéristique d’une bobine en régime continu ? (Quels régimes
de fonctionnement traverse-t-elle ?)

1.2.3 Dipôles actifs linéaires


Les accumulateurs, les piles, les dynamos, les alimentations . . . sont des dipôles actifs qui
peuvent être modélisés par des dipôles linéaires. Comme ces dipôles apportent en général l’éner-
gie au circuit, nous utiliserons dans ce paragraphe la convention générateur.

1.2.3.1 Source idéale de tension


Une source idéale de tension est un dipôle pour lequel la tension à ses bornes est indépen-
dante du courant le traversant.

∀i, u = e où e est appelée force électromotrice ou f.e.m (en V).

18
Éteindre une source idéale de tension revient à la remplacer par un interrupteur fermé
(u = 0), Figure 1.12.

Figure 1.12 – a) Symbole représentatif d’une source de tension b) source éteinte)

Remarque : Avec la convention générateur, si i et u sont de même signe ce dipôle est bien un
générateur. Mais si u et i sont de signes opposés, ce dipôle se comporte comme un récepteur.
Application 14. Quelle serait la caractéristique d’une source idéale de tension continue ? Quels
régimes de fonctionnement traverse-t-elle ? Démontrer la remarque ci-dessus.

1.2.3.2 Source idéale de courant


Une source idéale de courant est un dipôle dont l’intensité qui le traverse est indépendante
de la tension à ses bornes.

∀u, i = j où j est appelé courant électromoteur (en A).

Éteindre une source idéale de courant revient à la remplacer par un interrupteur ouvert
(i=0), Figure 1.13.
Remarque : De même ce dipôle peut se comporter soit en générateur, soit en récepteur.
Application 15. Quelle serait la caractéristique d’une source idéale de courant continu ? Quels
régimes de fonctionnement traverse-t-elle ? Démontrer la remarque ci-dessus.

1.2.3.3 Dipôle actif linéaire réel


a) Caractéristique
En réalité les dipôles actifs linéaires ne sont jamais des sources idéales de tension ou de cou-
rant. En TP, on peut par exemple observer que la tension aux bornes du générateur diminue si
le courant débité est trop important. Dans la pratique la caractéristique en convention généra-
teur de n’importe quel dipôle actif linéaire est en première approximation une droite qui n’est

Figure 1.13 – a) Symbole représentatif d’une source de courant b) source éteinte)

19
ni horizontale ni verticale, mais oblique (Figure 1.14), de pente négative −g = −1/r. Quand
la tension est nulle, le courant vaut icc = e/r (on parle de courant de court-circuit). Quand le
courant est nul, la tension vaut la force électromotrice u = e.

Figure 1.14 – Caractéristique d’un dipôle actif linéaire

b) Équivalence Thévenin Norton


L’équation de cette droite peut être écrite de deux manières différentes parfaitement équiva-
lentes :
On peut d’abord écrire u = e − ri, auquel cas on modélise le dipôle réel par un générateur
de tension dit "de Thévenin", et symbolisé comme sur la Figure 1.15a.
Cependant, u = e − ri ⇔ i = e/r − u/r. On peut donc aussi écrire i = j − u/r avec j = e/r.
Le dipôle réel est alors modélisé par un générateur dit "de Norton", et symbolisé comme sur la
Figure 1.15b.
Ces deux représentations de la Figure 1.15 sont parfaitement équivalentes et on peut donc
indifféremment employer l’une ou l’autre, voire passer de l’une à l’autre à sa convenance en
utilisant j = e/r ou e = jr.
Application 16. Tracer la caractéristique d’un générateur de tension en convention récepteur.
Discuter les zones de fonctionnement traversées par la caractéristique.

c) Aspect énergétique
En convention générateur P = ui = ei − ri2 = uj − u2 /r donne la puissance fournie par le

Figure 1.15 – a) Représentation de Thévenin b) représentation de Norton )

20
(a) symbole (b) caractéristique

Figure 1.16 – Symbole et caractéristique courant-tension d’une diode


(http://fr.wikipedia.org/wiki/Diode)

Figure 1.17 – Caractéristique idéalisée d’une diode (http://fr.wikipedia.org/wiki/Diode )

dipôle. Le terme u2 /r = ri2 étant toujours positif, la puissance fournie par ce dipôle est donc
forcément plus petite que celle fournie par un générateur idéal : l’effet Joule convertit en effet
une partie de cette puissance en chaleur au sein même du générateur.
Remarque : on peut voir que l’emploi du terme « générateur » dans le dernier paragraphe est donc
abusif, puisque P = ui peut parfois être négative si i et u sont de signes opposés.

1.2.4 Exemples de dipôles non linéaires


Nous reprenons dans ce paragraphe la convention récepteur.
Deux exemples sont donnés ci-dessous pour présenter la méthode de traitement de dipôles
non-linéaires. Rien n’est à savoir sur ces deux dipôles particuliers, leurs caractéristiques seront
redonnées en exercice si nécessaire.

1.2.4.1 Diode

La diode est un composant électronique faite à base de matériaux semi-conducteurs que


l’on retrouve dans de très nombreux appareils comme les alimentations, les postes de radio,
l’éclairage (DEL) . . . C’est un dipôle passif polarisé non linéaire. La caractéristique d’une diode
réelle est donnée sur la Figure 1.16a. Elle peut être modélisée par la Figure 1.17. On peut
alors considérer qu’une diode idéale est un dipôle qui ne laisse passer le courant électrique qu’à
partir d’une tension seuil VSeuil (diode passante), en dessous de cette tension la diode est dite
bloquée et elle se comporte comme un interrupteur ouvert. Les diodes sont souvent utilisées
pour réaliser des dispositifs redresseurs qui permettent de transformer un courant alternatif en
courant continu.

21
Figure 1.18 – Électrolyseur (symbole et modélisations équivalentes selon le signe de i)

-eo

eo
u

Figure 1.19 – Caractéristique de l’électrolyseur

1.2.4.2 Électrolyseur
Un électrolyseur est constitué d’une cuve contenant un électrolyte et de deux électrodes
reliées au circuit extérieur. Ce dispositif peut être utilisée pour la production de certain ma-
tériau : production d’hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau, production d’aluminium à
partir de minerai.
L’électrolyseur est modélisable par une résistance en série avec une source idéale de tension
en fonctionnement récepteur (Figure 1.18). Si on permute les branchements de l’électrolyseur
on constate qu’un point de vue électrique, c’est un dipôle symétrique réversible : il est toujours
assimilable à la même résistance montée en série avec une source de tension de fém de même
valeur absolue, toujours en fonctionnement récepteur, et donc de sens opposé par rapport au
cas précédent. La fém d’une source de tension qui fonctionne toujours en récepteur quel que
soit le sens du courant la traversant est appelée une force contre-électromotrice (fcém) e0 . La
fcém e0 est par définition une tension positive. Son sens est tel que son fonctionnement soit
toujours récepteur.
Après linéarisation par morceau, la caractéristique de l’électrolyseur en convention récepteur
peut être modélisée en 1ère approximation par la Figure 1.19.

22
Application 17. Retrouver la caractéristique ci-dessus à partir des modélisations équivalentes
du moteur en fonction du signe de i.

1.2.4.3 Moteur
Un moteur est ce qu’on appelle un « transducteur électro-mécanique », c’est-à-dire que c’est
un appareil qui convertit de l’énergie électrique en énergie mécanique.
On fait circuler un courant dans une bobine en présence d’un champ magnétique. Les élé-
ments conducteurs du moteur subissent alors des forces magnétiques et sont mises en mouve-
ment, comme vous le verrez l’an prochain.
La caractéristique courant-tension du moteur dépend en général de son régime de fonction-
nement mécanique : il peut par exemple entrainer une charge à vitesse de rotation constante
ou bien fonctionner « à vide ».

1.2.4.4 Comment traiter un dipôle non linéaire ?


Pour étudier un dipôle réel on peut soit utiliser une méthode graphique (voir exercices 4
et 6) ou bien linéariser la caractéristique par morceaux de manière à utiliser une expression
analytique approchée (cf. exercice 4).

Annexe 1 : Chaine énergétique


Le but d’une chaine énergétique est de décrire les transferts d’énergie entre une source pri-
maire et l’utilisation par le consommateur (énergie utile), en explicitant les différentes formes
que prend l’énergie lors des transferts. Vous verrez en cours de thermodynamique que la sché-
matisation conventionnelle est la suivante (un exemple est donné dans la figure 1.20) :
— Les réservoirs d’énergie sont schématisés par des rectangles : on indique dans le rectangle
à la fois le nom du réservoir et la forme de l’énergie stockée (exemple : pétrole, énergie
chimique, énergie potentielle microscopique).
— Les convertisseurs d’énergie (qui ne stockent pas) par des ovales
— Des flèches « épaisses » indiquent le sens des transferts : on indique la forme de l’énergie
transférée dans la flèche
— Ne pas oublier que toute conversion s’accompagne d’un transfert de chaleur à l’air envi-
ronnant.
— Le transport de l’énergie (et donc les pertes par transport) ne sont pas indiqués dans une
chaine énergétique.

Figure 1.20 – Exemple de la chaine énergétique qui modélise une éolienne alimentant une
lampe après stockage dans une batterie

23
Annexe 2 : Bilan sur les conventions en électricité
1) Donner la relation entre U et I dans les 10 cas de la Figure 1.21.
2) Donner un nom à chacune des 2 colonnes de cette figure.
3) Si I est négatif, qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que cela change (dans le premier
cas par exemple ?).

Figure 1.21

Annexe 3 : Correction des applications


Application 1 : Réponses au paragraphe 1.2.2.1
Application 2 : dQ = e(N 2 − N 1) ; l’opposé
Application 3 : n = |i| dt/e, les électrons vont vers la gauche et le courant vers la droite
Application 4 : i’ = −i
Application 5 : v ≃0,1mm/s=0,4m/h (La vitesse des électrons est bien inférieure à la
vitesse du courant)
Application 6 : M L2 I −1 T −3
Application 7 : u’ = −u
Application 8 : i=0,3 mA
Application 9 : a) –uidt b) uidt c) générateur, générateur

24
Application 10 : droite passant par (0,0) de pente négative. Dans tous les cas fonctionne-
ment récepteur.
Application 11 : 5,7 mΩ
Application 12 : axe des abscisses (fonctionnement générateur et récepteur)
Application 13 : axe des ordonnées (fonctionnement générateur et récepteur)
Application 14 : droite verticale (fonctionnement générateur et récepteur) : En convention
générateur, si i et u sont de signes opposés P = ui < 0 , signifie que le dipôle reçoit effectivement
de l’énergie, il se comporte donc comme un récepteur. (et inversement).
Application 15 : droite horizontale (fonctionnement générateur et récepteur) : En conven-
tion générateur, si i et u sont de signes opposés P = ui < 0 , signifie que le dipôle reçoit
effectivement de l’énergie, il se comporte donc comme un récepteur. (et inversement).
Application 16 : voir Figure 1.22

Figure 1.22

25
26
Exercices du chapitre 1

Objectifs
Dans le titre de chaque exercice les objectifs sont indiqués :
— C. Comprendre et construire la Caractéristique d’un dipôle, en déduire le
point de fonctionnement d’un circuit, analytiquement et graphiquement
— E. Quantifier les échanges d’Energie d’un dipôle

Ressources Moodle
Page "OMNI/calcul" : QCM rappels de calcul
Page ""Physique 1A/électricité" :
— QCM Conventions et QCM Dipôles
— Bibliographie

Exercice 1 : Cours/TD Caractéristiques des dipôles usuels(C)


L’objectif de cet exercice n’est pas tellement de consolider des connaissances déjà abordées
en amphi, mais surtout d’introduire de nouvelles notions, en particulier concernant différents
types de dipôles que vous retrouverez ensuite dans tous les chapitres d’électricité (S1, S2 et dans
la suite de votre cursus, notamment en 2A). Les notions introduites dans ce TD seront donc à
retenir. La liste des dipôles étudiés au cours de ce TD n’est pas exhaustive : il en existe bien
d’autres, qui pourront être introduits en TD, en TP, ou bien dans la suite de votre cursus. Les
dipôles étudiés aujourd’hui correspondent aux dipôles incontournables.
Que dois-je retenir à l’issue de cet exercice ?
Vous devez connaître les grandes familles de dipôles usuels (représentations symboliques,
relations courant-tension et courbes I = f (U )). Pour vous y aider, une fiche récapitulative, que
vous pourrez remplir à la maison à l’issue de cette séance, vous est proposée à la fin de cet
exercice. Vous pouvez aussi faire votre propre fiche ou carte mentale.
1. Questions préliminaires :
(a) Rappeler comment s’appelle la courbe représentant la relation I = f (U ) d’un dipôle.
(b) A quoi correspondent les grandeurs I et U ? Quelles sont leurs unités S.I. ?
(c) Rappeler à quoi correspondent les conventions récepteur et générateur.
2. Pour chacune des courbes tracées dans le tableau 1, faire l’ensemble des étapes ci-dessous.
Les dipôles b et c d’une part, d et e d’autre part pourront être traités ensemble. On ne
traitera que les questions (a) et (b) pour le dipôle g.
(a) Lister les adjectifs qui correspondent à ce type de courbe / ce type de dipôle
(b) S’il y’en a, repérer sur le tracé le ou les point(s) particulier(s) de la courbe. Vous
pourrez les nommer et les repérer par leurs coordonnées, par ex. point A de coor-
données (uA ; iA ).

27
(c) Modélisation mathématique de la courbe : proposer une équation de la fonction
I = f (U ) correspondant au tracé. Vous pourrez bien-sûr introduire des coefficients
(par ex. a, b, c. . .) et/ou utiliser les coordonnées des points repérés précédemment.

(d) Analyse dimensionnelle : si vous avez dû introduire des coefficients dans votre
équation précédente (a, b, c. . .), à quelle(s) grandeur(s) électriques sont-ils homo-
gènes ?

(e) Affinement du modèle mathématique : en s’appuyant sur l’analyse dimension-


nelle précédemment réalisée, ajuster les noms des coefficients pour que leurs notations
soit cohérente avec les grandeurs électriques auxquelles ils correspondent physique-
ment. Réécrire l’équation de la fonction I = f (U ).

(f) Analyse de la relation obtenue, en vous appuyant sur vos connaissances du


lycée : connaissiez-vous déjà cette loi I = f (U ) ? Dans le cas où elle porte un nom,
quel est-il ? Comment s’appelle le type de dipôle qui obéit à cette loi I = f (U ) ?
Comment ce dipôle est-il représenté (quelle est sa symbolisation électrique) ?

(g) Application : lorsque c’est possible, préciser quelle est la relation qui lie la puissance
P à l’intensité I qui parcourt le dipôle. S’agit-il d’une puissance fournie ou d’une
puissance consommée par le dipôle ? Commenter.

3. Deux autres dipôles sont présentés dans le tableau 2, avec leurs relations I = f (U )
respectives : le condensateur (tableau 2 a) et la bobine (tableau 2 b).

(a) D’après les représentations symboliques de ces dipôles, dans quelle convention les
relations I = f (U ) sont-elles données : pour le condensateur ? pour la bobine ?

(b) Sachant qu’en courant continu (CC), la tension et l’intensité du courant sont des
grandeurs constantes (indépendantes du temps), que deviennent ces relations ?

(c) Parmi tous les cas du tableau 1, trouver lequel correspond alors à la représentation
graphique de la relation I = f (U ) du condensateur en CC ? Conclusion : en courant
continu, le condensateur se comporte comme quel autre dipôle ?

(d) Même question pour la bobine.

4. Pour aller plus loin :

(a) En général, quand trace-t-on les courbes I = f (U ) de dipôles isolés (= non connectés
à un circuit) en convention récepteur ? et en convention générateur ? Pourquoi ?

(b) Pourrait-on décider de faire l’inverse (par exemple représenter graphiquement les
relations I = f (U ) des cas a et g du tableau 1 en convention générateur) ?

(c) Si vous avez répondu oui à la question précédente : que donnerait alors la représen-
tation graphique de la relation I = f (U ) en convention générateur dans le cas d’un
dipôle de « type cas a » ? Commenter.

(d) En vous basant sur vos réponses précédentes, pourquoi les conventions n’ont pas été
indiquées pour les cas c et e du tableau 1 ?

5. Conclusion à retenir : Dans le cas général, quel lien existe-t-il entre la tension u aux
bornes d’un dipôle et l’intensité du courant i le traversant ?

28
a) 1er type de dipôle usuel ; b) 2ème type de dipôle ;
courbe en convention courbe en convention c) 3ème type de dipôle
récepteur générateur

d) 4ème type de dipôle f) 6ème type de dipôle


usuel ; courbe en e) 5ème type de dipôle usuel ; courbe en
convention générateur convention générateur

g) 7ème type de dipôle


usuel ; courbe en
convention récepteur
(ne traiter que les questions
B1 et B2 puis passer à la
partie C)

Tableau 1 : Représentations graphiques de courbes i=f(U) pour différents types de dipôles


usuels. L’intersection des deux axes correspond au point (U=0 ; i=0).

29
i (t) = C du(t)
dt
u (t) = L di(t)
dt
a) 8ème type de dipôle b) 9ème type de dipôle :
usuel : condensateur bobine

Tableau 2 : Représentations symboliques et relations mathématiques i (t) = f (u (t)) de


deux dipôles usuels : le condensateur et la bobine.

Exercice 2 : Caractéristiques de dipôles (C)


Tracer la caractéristique I = f (U ) de chaque dipôle ci-dessous en régime permanent continu.
Que peut-on dire de ces dipôles en régime variable ?

Exercice 3 : Modèle de pile (C, E)


Une pile présente une différence de potentiel de
2,2 V quand elle est traversée par un courant d’intensité
égale à 0,20 A. La différence de potentiel monte à 3,0 V
lorsque l’intensité du courant descend à 0,12 A. Pour
chaque question, vous ferez une estimation d’ordre de
grandeur avant d’utiliser la calculette.
1. Tracer la chaine énergétique présentant les
échanges d’énergie dans une lampe de poche
contenant cette pile (Cf l’annexe 1 p.23).
2. Préciser numériquement la résistance interne et
la force électromotrice du modèle de Thévenin de
la pile.
3. Dans la seconde expérience, calculer la puissance
fournie par la pile au reste du circuit ainsi que la puissance perdue par effet Joule à
l’intérieur de la pile.
4. En déduire le rendement de cette pile.

30
Exercice 4 : Dipôle inconnu (C)
La figure 1.23 donne la caractéristique courant-tension en régime continu d’un dipôle ima-
ginaire.
1. S’agit-il d’un dipôle polarisé ou non, actif ou passif, linéaire etc. ?
2. Ce dipôle peut-il fonctionner en générateur ? en récepteur ? Expliquer.
3. Proposez une caractéristique linéaire par morceaux, approximative. La représenter sur le
graphique.
4. Estimer l’écart maximal entre les courbes réelle et approchée.

Figure 1.23 – : Caractéristique courant-tension I = f(V) du dipôle inconnu

Exercice 5 : Echanges d’énergie dans un circuit simple (C, E)


Une pile de tension à vide (f.e.m) E = 4,5 V et de résistance interne r = 50 Ω est branchée
en série avec une résistance R = 100 Ω.
1. Tracer le diagramme énergétique présentant les échanges d’énergie dans le circuit.
2. Déterminer graphiquement le point de fonctionnement du circuit en précisant les conven-
tions (générateur ou récepteur) que vous utilisez.
3. Vérifier votre résultat par le calcul. Vous ferez une estimation d’ordre de grandeur avant
d’utiliser la calculette.
4. Calculez l’énergie électrique échangée au bout d’une heure.

31
Exercice 6 : Photopile (C,E)
On considère le montage de la figure
1.24, constitué d’un résisteur de résistance
R = 1 Ω et d’une photopile éclairée. La ca-
ractéristique de la photopile éclairée en
convention générateur (tracée par un étu-
diant INSA avec des barres d’erreurs) est
donnée sur la Figure 1.25.
1. Dans un premier temps l’interrupteur
est ouvert. Déterminer le courant I et
la tension U définis sur la figure 1.24,
avec leur incertitude.
2. On ferme l’interrupteur, même ques-
tion.
3. Calculez l’énergie échangée sur une Figure 1.24 – Montage de la photopile
journée, commentez son signe.

Figure 1.25 – Caractéristique de la photopile

32
Exercice 7 : Diode (C)
Soit un circuit contenant
— dans sa branche gauche : une source réelle de tension (de f.e.m e=6 V et de résistance
interne r=100 Ω) orientée pôle positif en haut,
— dans sa branche droite : une diode orientée sens passant vers le bas.
1. Faire un schéma du circuit.
2. En utilisant la caractéristique de la diode réelle donnée en figure 1.26 (en convention
récepteur), déterminer le courant I dans le circuit.
3. On change ensuite le sens de branchement de la diode. Que devient I ?
4. On change enfin le sens de branchement du générateur. Même question.

Figure 1.26 – Caractéristique réelle de la diode

33
Fiche récapitulative : les caractéristiques des dipôles

Les notions contenues dans cette fiche sont à retenir et seront dorénavant considérées comme sues.
NB : si besoin, vous retrouverez les analyses dimensionnelles des grandeurs électriques de cette fiche en faisant l’exercice 1 du chapitre
« Grandeurs physiques, Dimensions et Unités » du polycopié « Démarche Scientifique ».

Représentation de la
Grandeur Relation i = f (u) Relation P = f (i) Représentation / courbe i = f (U ) en
Nom du dipôle caractéristique (préciser la (préciser la symbolisation courant continu
(préciser son unité) convention) convention) électrique (précisez la
convention)

34
Représentation de la
Grandeur Relation i = f (u) Relation P = f (i) Représentation / courbe i = f (U ) en
Nom du dipôle caractéristique (préciser la (préciser la symbolisation courant continu
(préciser son unité) convention) convention) électrique (précisez la
convention)

Modélisation Modélisation

35
mathématique vue mathématique vue
lors d’activités lors d’activités
ultérieures ultérieures
Cas général :
sera vue dans un
capacité notée C en i (t) = C du
dt
en
Condensateur chapitre ultérieur
farad (F) convention récepteur
(régime transitoire)
en CC
Cas général :
di sera vue dans un
inductance notée L en u (t) = L dt en
Bobine chapitre ultérieur
henry (H) convention récepteur
(régime transitoire)
en CC
Eléments de correction des exercices
Ex 2. Caractéristiques de dipôles
a) U=-RI, b) U=E+RI, c) I=0 et U= ?, d) U=0 et et I= ?, e) U=0 et I= ?, f) I=0 et U= ?,
g) U= ? et I=0, h) U=0 et I= ?

Ex 3. Modèle de pile
Caractéristiques de la pile : E = 4,2V.r = 10Ω.
Puissances fournie et dissipée par effet Joule : Pf = U ∗ I = 0.36W.PJ = rI 2 = 0.114W.
Rendement de la pile : η = Putile /Pdepense = Pf /(Pf + PJ ) = 76%

Ex 5. Echanges d’énergie dans un circuit simple


— Point de fonctionnement : U=6V, I=30 mA
— Diagramme : Echimique → {pile} → Eelectrique → {resistance} → Chaleur. On pourrait
ajouter des pertes thermiques au niveau de la pile.
— L’énergie électrique échangée en 1h : ∆E = P ∗ ∆t = U ∗ I ∗ ∆t = 324J.

36
Chapitre 2

Circuits en régime stationnaire ou continu

Objectifs
— Déterminer une grandeur électrique (courant ou tension) dans un circuit com-
portant des dipôles linéaires en régime stationnaire, en s’appuyant sur les lois
de Kirchhoff et/ou des transfigurations :
— Écrire toutes les lois des mailles, lois des nœuds et lois d’Ohm indépen-
dantes dans un circuit électrique en régime stationnaire
— Dénombrer les inconnues et les équations indépendantes dans un circuit
électrique
— Réaliser des transfigurations Thévenin-Norton et des associations de ré-
sistances pour simplifier le circuit en conservant la grandeur recherchée.
— Savoir que toute portion d’un réseau linéaire actif est équivalente à une source
réelle de tension.
— Faire un bilan de puissance au niveau d’un tronçon et au niveau du circuit
complet en régime stationnaire.

Prérequis mathématiques
— Résolution de systèmes d’équations linéaires

2.1 Spécificités du régime stationnaire ou continu


Ce chapitre porte sur le comportement de circuits électriques (ou réseaux électriques) en
régime stationnaire ou continu ; toutes les grandeurs électriques sont alors constantes. L’usage
est de noter ces grandeurs électriques constantes avec des lettres capitales (U , I, P ). Nous nous
intéressons uniquement aux dipôles linéaires (passifs et actifs) : résistor (conducteur ohmique
appelé usuellement résistance), condensateur, bobine, source idéale/réelle de tension, source
idéale/réelle de courant.
Le chapitre précédent a permis d’introduire les éléments passifs suivants : résistance, conden-
sateur, bobine idéale (inductance). Analysons le comportement de ces éléments en régime
continu (avec la convention récepteur pour ces 3 dipôles).
— Pour la résistance (conducteur ohmique), nous avons écrit u(t) = Ri(t) qui devient en
régime continu U = RI. Avec U la tension aux bornes de la résistance (en V), R la
résistance du résistor (en Ω), I le courant traversant la résistance (en A).
— Pour le condensateur idéal, nous avons écrit i (t) = C du
dt
qui devient en régime continu
I = 0 car dt = 0 . En conséquence, nous nous apercevons que le condensateur n’a pas
du

37
de rôle en régime continu, plus précisément le condensateur peut être remplacé par un
interrupteur ouvert (branche de résistance infinie).
— Pour la bobine idéale, nous avons écrit u (t) = L dt
di
qui devient en régime continu U = 0
car dt = 0. En conséquence, nous nous apercevons que la bobine idéale n’a pas de rôle
di

en régime continu, plus précisément la bobine peut être remplacée par un fil parfait (de
résistance nulle).

Application 1 : En considérant le schéma ci-après, donner son équivalent en régime continu.

2.2 Lois de Kirchhoff


2.2.1 Définitions
Dipôle : Composant électrique comportant deux bornes.
Noeud : Point relié par des fils à au moins 3 dipôles.
Branche : Portion de circuit entre 2 nœuds consécutifs.
Maille : Succession de branches formant une boucle fermée.

2.2.2 Loi des mailles (ou loi d’additivité des tensions)


La loi des mailles consiste à exprimer simplement que la somme algébrique des tensions
aux bornes des branches successives d’une maille est nulle. En pratique, on choisit un sens de
parcours de la maille, et on compte positivement les tensions fléchées dans le sens de parcours
et négativement les tensions opposées :
P
±Uj = 0

Figure 2.1 – Vue schématique d’une maille

38
Dans la figure 2.1, on a U1 − U2 + U3 + U4 − U5 = 0.

2.2.3 Loi des nœuds


En régime continu, il ne peut y avoir ni accumulation ni disparition de charges à un nœud.
La loi des nœuds qui en résulte s’exprimera donc de la façon suivante :
Convention 1 (Figure 2.2-a) : si les intensités des courants sont définies algébriquement dans
chaque branche à l’aide d’un sens positif choisi arbitrairement,
— La somme des intensités algébriques des courants qui s’approchent d’un nœud est égale
à la somme des intensités algébriques des courants qui s’en éloignent.

Convention 2 (Figure 2.2-b) : si le sens positif arbitraire est le même pour tous les courants
(arrivée au nœud ou départ du nœud),
— La somme algébrique de ces courants est nulle.

Figure 2.2 – Convention de fléchage des courants à un noeud

2.2.4 Équivalence source de Thévenin – source de Norton


Dans le chapitre précédent, nous avons vu l’équivalence entre une source de tension réelle
(représentation de Thévenin) et une source de courant réelle (représentation de Norton). Cette
équivalence est bien évidemment conservée en régime continu, avec des grandeurs électriques
constantes : les grandeurs I, E, U sont constantes en régime continu (figure 2.3). Ces deux
représentations sont parfaitement équivalentes et on peut donc indifféremment employer l’une
ou l’autre, voire passer de l’une à l’autre à sa convenance lorsque cela permet de résoudre plus
facilement le circuit.

(a) Représentation de Thévenin (b) Représentation de Norton

Figure 2.3 – Deux modèles équivalents pour les sources réelles

39
2.3 Méthodes de résolution
2.3.1 Méthode générale de résolution
La détermination complète de l’état électrique d’un réseau comprenant b branches passe par
la détermination des b courants correspondants. Si ce réseau comporte n nœuds, les équations
aux nœuds fournissent n − 1 relations indépendantes entres ces courants (la nième équation
n’est qu’une combinaison linéaire des autres équations). Le nombre de courants inconnus in-
dépendants est donc de b − n + 1. Il s’agit donc d’établir un système de b − n + 1 équations
indépendantes à l’aide de la loi des mailles pour déterminer ces inconnues.
L’objectif est de calculer les intensités dans les différentes branches du réseau. Prenons par
exemple le circuit donné par la figure 2.4. Ce réseau comporte 6 branches et 4 nœuds. Il suffit
donc de flécher 3 intensités inconnues (que l’on notera : I, J, K) pour définir complètement
son état électrique. On appelle I le courant dans la branche du générateur E ′ dont on définit
arbitrairement le sens de C vers D et on définit également deux autres courants inconnus J et
K. On écrira alors les 3 équations issues de la loi des mailles en les orientant clairement (par
exemple ici dans le sens horaire) et en prenant garde à la convention (générateur ou récepteur)
à chaque écriture de la loi d’Ohm. Ci-après, le système de 3 équations associé à 3 mailles :
— Maille FBDAF : RK + 3RJ + R(J − I) − E = 0
— Maille FBCAF : RK + R(K − J) + 3R(K − J + I) − E = 0
— Maille ADCA : −R(J − I) − E ′ + RI + 3R(K − J + I) = 0

Figure 2.4 – Exemple de circuit à résoudre

Le système de 3 équations / 3 inconnues se résout :

−I + 4J + K = E/R (1)
3I − 4J + 5K = E/R (2)
5I − 4J + 3K = E ′ /R (3)
soit
(1) + (2) =⇒ 2I + 6K = 2E/R
(1) + (3) =⇒ 4I + 4K = (E + E ′ )/R

donc
I + 3K = E/R
I + K = (E + E ′ )/(4R)
et finalement

40

I = 3E8R−E = −3A
3E−E ′ ′
2K = 4R
soit J = E+E 8R ′
= 4A
3E−E
K = 8R = 11A

Application 2 : Sur le schéma ci-après représentant un pont diviseur, déterminer l’expression


de U1 /U en fonction de R1 et R2 .

2.3.2 Transfiguration du réseau


Dans ce paragraphe, nous développons quelques méthodes permettant d’obtenir le courant
dans une branche spécifique d’un circuit.

2.3.2.1 Association d’éléments - généralités

Définitions :
On dit que deux dipôles sont associés en série s’ils sont traversés par le même courant.
On dit que deux dipôles sont associés en parallèle (ou en dérivation) s’ils ont la même tension
à leurs bornes.
Deux sources idéales de tension en série peuvent être directement simplifiées en appliquant
la loi des mailles (on ajoute ou on soustrait alors les f.e.m., attention au sens des flèches !).
Deux sources idéales de courant en parallèle peuvent être directement simplifiées en applicant
la loi des noeuds (on ajoute ou on soustrait alors les courants électromoteurs, attention au sens
des flèches !)..

2.3.2.2 Association de résistances

Considérons un dipôle passif AB formé d’associations quelconques de résistances. Si l’on ne


désire pas décrire l’état électrique dans chacune des résistances de ce dipôle, on peut toujours
le remplacer par une résistance unique appelée résistance équivalente Req (Figure 2.5).

Figure 2.5 – Équivalence d’un dipôle passif

41
Figure 2.6 – Association série

Cas particulier : association en série.


Soit un ensemble de n résistances R1 , R2 ,. . .., Rk , . . .., Rn associées en série (Figure 2.6).
En formulant la loi d’Ohm pour chaque conducteur, on a :
k=n k=n k=n
!
X X X
U= Uk = Rk I = Rk I = Req I
k=1 k=1 k=1

soit

k=n
P
Req = Rk
k=1

Les résistances d’un ensemble de conducteurs en série s’ajoutent.

Figure 2.7 – Association parallèle

Cas particulier : association en parallèle.


Soit un ensemble de n résistances R1 , R2 ,. . .., Rk , . . .., Rn associées en parallèle (Figure 2.7).
En formulant la loi d’Ohm pour chaque conducteur, ainsi que la loi des nœuds, on obtient :
k=n k=n k=n
!
X X U X 1 U
I= Ik = = U=
k=1 k=1
Rk k=1
Rk Req
soit
k=n 
1
= 1
P
Req Rk
k=1

42
En appelant Gk = 1
Rk
la conductance du résistor k et Geq = 1
Req
celle de l’ensemble des
k=n
résistors en parallèle, on obtient immédiatement : Geq = Gk .
P
k=1
Les conductances d’un ensemble de conducteurs en parallèle s’ajoutent.

Application 3

Sur le circuit ci-dessus, identifier les groupes de résistances en série ou en parallèle.


Application 4

Pour chacun des montages de la figure ci-dessus : déterminez la résistance équivalente vue des
points A et B
(Application numérique : on prendra R = 1 kΩ, R1 = 500 Ω, R2 = 800 Ω, R3 = 1333 Ω).

43
2.4 Exemple d’application
On calcule le courant I dans la résistance R du circuit de la figure 2.8a par transfiguration
des sources. Les sources étant en parallèle, on choisit de les transfigurer en sources réelles de
courant (étape 1, Figure 2.8b). On associe alors d’une part les 2 résistances R1 et R2 en parallèle
et d’autre part les 2 sources idéales de courant (de courant électromoteurI2 et E1 /R1 ) : c’est
l’étape 2, Figure 2.8c. Enfin (étape 3, Figure 2.8d) on repasse la source de courant équivalente
obtenue en source de tension réelle pour retrouver une seule maille et appliquer la loi des mailles
pour trouver I.

(a) Circuit initial à résoudre (b) 1ère étape (transfiguration de la source de


tension)

(c) 2ème étape (fusion des 2 sources de cou- (d) Dernière étape : une seule maille
rant)

Figure 2.8 – Exemple d’application

On passe du schéma de la figure 2.8b à celui de la figure 2.8d, avec :

 
1 R1 R2 R1 R2 E1
R0 = 1 1 = ; E0 = + I2
R1
+ R2
R1 + R2 R1 + R2 R1

soit
E0 R1 R2 I2 + R2 E1
I= =
R0 + R R1 R2 + R (R1 + R2 )

Application 5
Pour chacun des 3 expressions ci-dessus, vérifier leur homogénéité.

44
2.5 Bilans de puissance
2.5.1 au niveau du dipôle
Quelle que soit la convention de fléchage (récepteur ou générateur), la puissance électrique
algébrique au niveau d’un dipôle passif ou actif s’écrira toujours P = U I et est constante,
puisque nous sommes en régime continu. Cependant la signification de cette puissance diffère
suivant la convention. En effet : en convention générateur, une puissance calculée positive
représentera la puissance électrique fournie par le dipôle au reste du circuit ; tandis qu’en
convention récepteur, une puissance calculée positive représentera la puissance reçue (dissipée
ou consommée ou stockée) par ce dipôle. Comme le calcul de puissance est algébrique, on peut
alors évoquer le cas de puissance calculée négative : en convention générateur, une puissance
calculée négative signifiera que le dipôle actif reçoit cette puissance (il est en réalité récepteur) ;
en convention récepteur, une puissance calculée négative signifiera que le dipôle actif fournit
cette puissance (il est en réalité générateur). Le tableau ci-après donne l’expression du bilan
de puissance dans le dipôle AB selon que celui-ci est décrit en convention générateur ou en
convention récepteur.
Convention Récepteur Générateur

Loi d’Ohm U = rI − E U = E − rI
P représente la puissance reçue par le dipôle fournie par le dipôle
P = UI P = rI 2 − EI P = EI − rI 2

2.5.2 au niveau du circuit


Si l’on se place maintenant au niveau du circuit en tant que système constitué d’un agen-
cement quelconque d’un certain nombre de dipôles, on admettra le résultat suivant.

La somme des puissances consommées par chacun des dipôles d’un circuit
est nulle.

Très souvent, on peut distinguer de façon certaine, parmi les dipôles constitutifs d’un circuit,
ceux qui se comportent effectivement comme des générateurs de ceux qui se comportent comme
des récepteurs, et vouloir les décrire avec la convention associée la plus naturelle. On peut alors
reformuler le bilan de puissance comme suit.

La puissance fournie par les générateurs est égale à la puissance


consommée par les récepteurs.

45
Pourquoi parle-t-on de courant électrique ?
Ce n’est pas par hasard si le mot courant a été adopté par les premiers scientifiques étudiant
l’électricité. Il y a bien sûr une analogie avec le courant d’un fluide, par exemple l’eau circulant
dans une canalisation. C’est un modèle très simple qui peut aider à se repérer en électricité :
— L’intensité du courant correspond au débit des molécules d’eau dans la canalisation. La
loi des nœuds se comprend alors aisément puisque dans les deux cas chaque particule
entrant dans un nœud doit en sortir.
— Un interrupteur correspond à un robinet qui laisse passer le courant ou le coupe.
— Il est plus difficile de trouver l’équivalent de la tension, c’est à dire la différence de
potentiel. Vous verrez l’an prochain que l’énergie potentielle d’une particule chargée est
proportionnelle à son potentiel. Or vous savez que l’énergie potentielle des molécules
d’eau (Ep = mgh) est proportionnelle à leur altitude (h). On peut donc associer la
tension entre deux points à la différence d’altitude entre deux point d’un tuyau, dit
autrement à son dénivelé.
— Dès lors la loi des mailles se comprend facilement : si un tuyau forme une maille, la
différence de hauteur entre le début et la fin est nulle.
— Le rôle du générateur est de créer une tension (différence de potentiel) entre ses bornes
pour que les particules chargées se mettent en mouvement. On peut donc faire le pa-
rallèle avec la pompe qui crée une hauteur entre ses extrémités pour mettre l’eau en
mouvement.
— Vous savez que la tension aux bornes d’un fil idéal est nulle. On peut donc faire le
parallèle avec un tuyau horizontal.
Vous pouvez continuer le parallèle en identifiant par exemple une diode à un clapet anti-
retour... Mais, comme tous les modèles, ce parallèle présente des limites :
— Si la masse d’une molécule est toujours positive, la charge des particules qui circulent
peut être positive ou négative. Le courant "descend les potentiels" comme l’eau "descend
les dénivelés", mais les particules négatives "remontent les potentiels" (en particulier
les électrons qui circulent donc dans le sens opposé au courant)
— On peut faire correspondre la grandeur résistance à l’étroitesse d’un tuyau (Cf. l’illus-
tration de couverture de ce poly), mais la loi d’Ohm "résiste" à ce modèle : on manipule
rarement des tuyaux dont le dénivelé est proportionnel au débit d’eau...
— De même nous n’avons pas trouvé d’équivalent au courant alternatif, au moteur, à
l’alternateur... Contactez-nous si vous avez des idées !

Annexe 1. Questionnaire de cours chapitre 1 et 2


Pour vous aider à réviser le cours, entraînez-vous à répondre à ces questions :
— Qu’est-ce que le courant électrique ? La tension ?
— Qu’est-ce qu’un dipôle ?
— Dans quel cas des dipôles sont branchés en série ? En parallèle ?
— Qu’est-ce qu’un noeud ? Une branche ? Une maille ou boucle ?
— Qu’est-ce que la convention générateur ? récepteur ?
— Résistance :
– Qu’est-ce qu’une résistance ?
– Quelle est la caractéristique d’une résistance ? (loi d’Ohm et allure du graphe I=f(U))

46
– Quelle est l’expression de la résistance équivalente à plusieurs résistances en parallèle ?
(+démo)
– Quelle est l’expression de la résistance équivalente à plusieurs résistances en série ?
(+démo)
— Générateur
– Qu’est-ce qu’un générateur ? Idéal de courant, idéal de tension et réel ?
– Quelles sont leurs caractéristiques ?
– Quelles sont les deux modélisations possibles d’un tel générateur (Modèle de Thévenin,
de Norton) ? Comment passer de l’une à l’autre ? (+ démo)
— Qu’est-ce que la puissance d’un dipôle ? Que peut-on en déduire sur le comportement de
ce dipôle ?
— Énoncer les lois de Kirshhoff.
— Qu’est-ce qu’un point de fonctionnement ? Comment le trouver (graphiquement et ana-
lytiquement) ?

Annexe 2 : Correction des exercices d’applications


Application 1

Application2
U1 R1
U
= R1 +R2

Application 3
On peut dire par exemple : R1 en parallèle avec R4 , R3 en série avec R7 ...

Application 4
a) Req = 4R = 4kΩ
b) Req = R1 + RR22+R
R3
3
= 1kΩ

Application 5
[R][U ]+[R][U ] [U ]
[R0 ] évident, [E0 ] = [R] ([I] + [I]) et [I] = [R]2 +[R]2
= [R]

47
48
Exercices du chapitre 2

Objectifs
Dans le titre de chaque exercice les objectifs sont indiqués :
— C. Comprendre et construire la Caractéristique d’un dipôle, en déduire le
point de fonctionnement d’un circuit
— E. Quantifier les échanges d’Energie d’un dipôle
— K. Utiliser les lois de Kirchhoff pour déterminer les grandeurs électriques.
— S. Simplifier un circuit complexe avec des modèles équivalents.
— I. Déterminer et propager des Incertitudes
— TP. Intégrer les aspects expérimentaux et de sécurité
— P. Résoudre un Problème ouvert

Ressources Moodle
Page "Physique 1A/électricité" :
— QCM Parallèle ou série, QCM Loi des mailles à une maille et QCM Un peu
plus difficile
— QCM Economies d’énergie
— QCM Avis aux amateurs, pour aller plus loin
— Réponses aux exercices

Exercice 1 : Associations de résistances (S)


1. Déterminer la résistance équivalente entre les points A et B de la figure 2.9a, l’interrup-
teur K étant fermé.
2. Même question avec K ouvert.
3. Déterminer la résistance équivalente entre les points A et B de la figure 2.9b.

A C A B
R2
10 Ω

K Ω Ω Ω Ω
R1 R3 10 10
5 5

2,5 Ω
B D C D

(a) (b)

Figure 2.9 – Associations de résistances

49
Exercice 2 : Modèles équivalents de Thévenin et de Norton (S)
Par des modélisations successives sur les différents circuits linéaires de la figure 2.10, dé-
terminer les modèles équivalents de Thévenin (M.E.T.) et de Norton (M.E.N.) en précisant à
chaque fois les caractéristiques E, R et I0 de ces modèles.

A A
5A + R
(2 V, 4 Ω)
− E1
2,4 Ω

− A B
(4 V, 6 Ω) E2
+
R
B B

(a) (b) (c)

C
10 Ω A
4A
5V
10 Ω

10 Ω

B
D

(d)

Figure 2.10 – Réseaux actifs

Exercice 3 : Pont diviseur de tension (K)

R1
Soit le pont diviseur de tension de la figure
ci-contre : déterminer l’expression de Us en Ue Us
R2
fonction de Ue , R1 et R2 . Vous verrez dans
le dernier chapitre que ce dispositif est très
courant. A votre avis, à quoi peut-il servir ?
B

A
Générateur
En considérant le pont diviseur de tension
de la figure ci-contre qui associe un généra- Rg=50Ω
teur de tension de résistance de sortie 50Ω
1Ω Us
avec une résistance en parallèle de 1Ω : cal-
culer Us en fonction de E. Donner le géné- E
rateur de thévenin équivalent. Quel peut
être l’intérêt de ce pont diviseur de ten-
B
sion ?

50
Exercice 4 (Problème ouvert) : Clôture électrique (S, E, TP, P)
La Norme de Sécurité impose aux électrificateurs de clôtures de délivrer au maximum 5 J
lorsqu’ils sont branchés à une résistance de 500 Ω 1 .
1. On installe une clôture électrique dont l’électrificateur délivre des impulsions de moins de
0,1 ms sous une tension constante de 4 kV. Cet électrificateur est-il conforme à la norme ?
Vous ferez une estimation d’ordre de grandeur avant d’utiliser la calculette.
2. Une personne touche cette clôture électrique tout en tenant par la main son ami(e) 2 .
Déterminer l’intensité du courant traversant chacune des 2 personnes. On pourra utiliser
le modèle extrêmement simplifié de la résistance du corps humain de la Figure 2.11.
Commenter.

Figure 2.11 – Modélisation de la résistance du corps humain

Exercice 5 : Masse, terre et sécurité (TP)


Un circuit comporte 3 résistances identiques R = 10Ω et une source idéale de tension
E = 10V . Pour mesurer la tension aux bornes de deux résistances, un étudiant a connecté
l’oscilloscope comme indiqué dans la figure 2.12.

Figure 2.12 – Mesure de tensions (Les traits pleins sont reliés à l’âme du câble coaxial et les
traits pointillés au blindage extérieur)

1. https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/documents/pdf/guideElectrifWEBopt-2.pdf
2. https://www.youtube.com/watch?v=GKi-YpmCWzY

51
1. Quelles sont les valeurs des tensions U1 et U2 avant que l’oscilloscope ne soit branché ?
2. On branche l’oscilloscope, dont la masse est reliée à la terre, comme celle du générateur.
Tracez le schéma équivalent.
3. Quelles sont les valeurs des tensions U1 et U2 réellement mesurées ?
4. Comment l’étudiant devrait-il procéder pour éviter ce défaut ?
5. Que se passe-t-il si on débranche la sortie - du GBF ?

Exercice 6 : Transfert d’énergie (C, E, P)


Soit un générateur de tension de f.e.m. E et de résistance interne Rg alimentant un conduc-
teur ohmique de résistance R .
1. Faire un schéma du circuit et donner son point de fonctionnement.
2. Puissances
(a) calculer la puissance fournie par le générateur
(b) calculer la puissance reçue par la résistance R
(c) vérifier le bilan de puissance au niveau du circuit
3. Comment la puissance reçue par la résistance R évolue-t-elle avec sa résistance ? Pour
répondre, on étudiera cette fonction en montrant notamment l’existence d’un extremum.
On commentera également les valeurs correspondant à R = 0 et R → ∞.
4. Application : on dispose en TP d’un générateur de résistance interne 50 Ω, de trois lampes
à filament identiques – chacune modélisée par une résistance de valeur 33 Ω – et de
quelques fils. Combien et comment faut-il brancher les lampes pour obtenir un éclairage
maximal ? Commenter.

Exercice 7 : Exercice de synthèse (C, K, S)


On cherche à déterminer le point de fonctionnement (UAB ; i) du circuit de la figure 2.13
alimenté en courant continu.
1. On commence par ne s’intéresser qu’au dipôle AB schématisé figure 2.14(a), et à sa
caractéristique courant-tension, sachant que l’on considérera que la diode est idéale, cf.
figure 2.14(b). Montrer que pour i > 0, i = UAB /R+ , et que pour i < 0, i = UAB /R− , en
précisant les expressions littérales de R+ et de R− .

2. Montrer que le reste du circuit schématisé sur la figure 2.13 (partie encadrée en pointillés)
peut être modélisé par le dipôle représenté sur la figure 2.15. Donner les expressions
littérales de ET h et RT h .
3. Trouver graphiquement le point de fonctionnement du circuit de la figure 2.13 en prenant
les valeurs numériques suivantes : ET h = 2 V ; RT h = 250 Ω ; R+ = 200 Ω ; R− = 1 kΩ.

52
Figure 2.13

(a) Dipôle AB (b) Rappel : caractéristique d’une diode


idéale en convention récepteur

Figure 2.14

Figure 2.15

53
A

I
R1 R2
R

E1 E2

Figure 2.16 – Schéma de l’exercice 8

Exercice 8 : Résolution de circuit (K, S)


Calculer le courant I (méthode au choix) dans le schéma de la figure 2.16

Exercice 9. Mesure de puissance (D’après IEFS 2016)(E, I)


On souhaite comparer deux méthodes expérimentales pour mesurer la puissance consommée
par une résistance X. On cherche à mesurer la tension aux bornes du dipôle X et le courant le
traversant à l’aide des deux configurations de branchement de l’ampèremètre et du voltmètre
décrites sur la figure 2.17.

Figure 2.17 – Deux configurations de mesure de tension et de courant

On obtient les résultats suivants :


— Configuration 1 : I = 0,6069 mA et U = 8,969 V
— Configuration 2 : I = 0,5979 mA et U = 8,970 V
Incertitude absolue pour chaque mesure : 0,1% de la valeur + 3 fois le dernier digit
1. En supposant que les appareils n’interviennent pas dans la mesure (cas idéal), déterminer
pour chaque configuration la valeur de la puissance P = U I avec son incertitude absolue.
Écrire les résultats sous la forme P = (· · · ± · · · ) unité. Conclusion ?
2. On souhaite expliquer la différence entre ces deux méthodes en prenant en compte les ré-
sistances de l’ampèremètre (RA = 1 Ω) et du voltmètre (RV = 1 MΩ). Refaire les schémas
en remplaçant l’ampèremètre et le voltmètre par des résistances RA et RV , respective-
ment. Pour chaque configuration, exprimer la puissance Preelle dissipée par le dipôle X
en fonction uniquement de U la tension mesurée par le voltmètre, I l’intensité de courant
mesurée par l’ampèremètre, RV et RA .

54
3. Pour chaque configuration, donner l’expression littérale de l’erreur systématique de mesure
qui est commise si l’on ne prend pas en compte la résistance des appareils de mesure,
puis faire l’application numérique. Pour quelle configuration peut-on négliger cette erreur
systématique et pourquoi ?
I U
4. Exprimer pour la configuration 1 (IX étant le courant qui traverse X) ainsi que
IX UX
pour la configuration 2 (UX étant la tension aux bornes de X), en fonction de X, RA
et RV . Justifier alors de la configuration qui sera la mieux appropriée pour X = 100 Ω et
X = 100 kΩ.

Exercice 10 : Alimentation des lignes de train en courant continu 3 (K,


S, E)
Aujourd’hui, le train français roule à deux sources d’énergie : le gazole et l’électricité. Sur
les 30 000 km de lignes du réseau ferré français, environ 16 000 km de lignes sont électrifiées 4 ,
dont près de 6 000 km en courant continu, alimentées par du 1 500 V .
Les trains électriques sont alimentés par des voies électrifiées nécessitant une infrastructure
complexe, du fait de la longueur des lignes SNCF. Le courant est apporté par une ligne haute
tension suspendue au-dessus du train : la caténaire. Le courant est transmis à la locomotive
(« la motrice ») par la caténaire via le pantographe (l’appareil en forme de jambe articulée
au-dessus du train qui capte le courant), puis le retour du courant vers la source d’alimentation
s’effectue par les rails.
Dans cet exercice, nous allons nous intéresser à l’alimentation des trains électriques tractés
par des moteurs à courant continu. La ligne sera alimentée par une source de tension idéale
délivrant une f.é.m. de 1 500 V et nous considérerons que le moteur de la locomotive peut être
assimilé à une source de courant idéale, continue de 1 000 A. Ce moteur fonctionne uniquement
s’il reçoit une puissance minimale de 1 425 kW.
La caténaire est composée de câbles de cuivre de résistance linéïque de 20 µΩ m−1 et de
section 450 mm. Les rails sont, quant à eux, fabriqués en acier avec une résistance linéïque de
32 µΩ m−1 et leur section vaut Sr = 1 800 mm2
On donne la résistivité du cuivre ρc = 17 ∗ 10−9 Ω m (à 25◦ C) et de l’acier ρa = 13 · 10−8 Ω m
(à 25◦ C). On négligera la résistance du pantographe dans tout l’exercice.

3. Librement inspiré d’exercices proposés ici : http://www4.ac-nancy-metz.fr/cpge-pmf-epinal/Cours_


TD_SII/Elec/TD_electrocinetique.pdf et ici http://oboulo.pagesperso-orange.fr/files/Exercices/
Math-elec.pdf
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Électrification_du_réseau_ferré_en_France, consulté le
02/06/2021

Figure 2.18 – Un TGV

55
1. Quelle est la distance maximale que peut parcourir le train avant de s’arrêter si toute la
ligne n’est alimentée que par une seule source de tension continue ?
2. Pour remédier à ce problème et alimenter les trains en énergie électrique sur de longues
distances, la SNCF dispose de« sous-stations » (modélisées par des sources de tension
idéales, délivrant chacune une f.é.m. de 1500 V) qui sont espacées le long des lignes de
train.
3. De quelle distance maximale peut-on espacer deux sous-stations consécutives, pour que
le train puisse circuler ? (Indice : On pourra commencer par chercher à quel endroit sur la
ligne, entre deux stations consécutives, la puissance reçue par la locomotive sera minimale)
4. Quelle(s) modification(s) pourrait-on faire pour améliorer l’alimentation de la ligne et/ou
réduire le coût des infrastructures d’une ligne SNCF ?

Exercice 11 : Alimentation stabilisée (Extrait de l’IE ASINSA 2021-


2022) (C, K, E)
On dispose d’un générateur linéaire qui fournit une tension continue, avec une résistance
interne Rg . Malheureusement, cette tension n’est pas stable : la tension à vide E qu’il délivre
varie entre 11.0 V et 13.0 V.
On souhaite réaliser une alimentation stabilisée en tension à l’aide de ce générateur. Pour
stabiliser la tension, on réalise le montage ci-contre (Figure 2.19) en utilisant une diode Zener
montée en inverse.
On souhaite prévoir la valeur de la résistance de protection Rp nécessaire pour protéger la
diode, ainsi que l’efficacité de la stabilisation en tension aux bornes de la charge (Ru ) obtenue
grâce à ce montage.
On suivra les 3 étapes suivantes en n’oubliant pas de justifier tous les résultats.

Etape 1 : Étude de la diode Zener seule


Une étude expérimentale de la diode Zener permet d’obtenir la caractéristique statique de
ce dipôle figure 2.20 (gauche).
1. Déterminez les trois domaines de la caractéristique I = f (U ) qui présentent une allure
quasi-rectiligne en les notant AB, BC et CD sur un schéma. Identifiez parmi ces trois
domaines la zone de fonctionnement de la diode pour laquelle la tension U à ses bornes
est négative et quasiment constante. Précisez l’intervalle de variation de I permettant de
travailler dans cette zone.

Figure 2.19 – Montage pour l’alimentation stabilisée

56
Figure 2.20 – (Gauche) Caractéristique de la diode Zener. (Droite) schéma équivalent dans
un domaine.

2. Montrez que dans cette zone, l’équation liant I et U est de la forme U = −Uz + Rz I, où
Uz = 6.1V et Rz = 5Ω. En déduire que la diode Zener peut être modélisée par un modèle
de Thévenin dont on précisera les caractéristiques avec les conventions de la figure 2.20
(droite).
On suppose maintenant que la diode Zener est montée dans le schéma 2.19 et travaille dans
ce mode de fonctionnement dit mode de polarisation inverse.

Etape 2 : Stabilisation de la tension


Pour cette étape, on fixe Rp = 50 Ω ; Ru = 200 Ω ; Rg = 50 Ω . La tension E varie de
Emin = 11,0 V à Emax = 13,0 V.
3. A l’aide des lois de l’électrocinétique, montrez que l’expression de la tension de sortie Ur
est de la forme :

ERz + Uz (Rg + Rp )
Ur = Ru ×
Ru Rz + (Rg + Rp )(Ru + Rz )
4. Calculez numériquement la plage de variation de la tension de sortie Ur ainsi que sa
variation relative (qui est définie par : UUrmax
rmax −Urmin
+Urmin
). Comparez cette variation relative
avec la variation relative de E et conclure sur « l’efficacité de la stabilisation en tension
réalisée. »

Etape 3 : Choix de la résistance de protection


Pour cette étape, Rp n’est pas fixée. Par contre, pour simplifier les calculs, on fait l’hypothèse
que Rz est négligeable de sorte que la tension U aux bornes de la diode est fixée à −Uz et que
le générateur est en sortie ouverte donc Ru = ∞ et IR = 0 A. Le constructeur indique que la
diode ne supporte pas une puissance supérieure à Pmax = 0,40 W. La tension à vide fournie par
le générateur vaut E = 12,0 V.
5. Exprimez la résistance minimale admissible de Rp pour la protection de la diode en fonc-
tion des paramètres du générateur ainsi que de Uz et Pmax . Calculez sa valeur numérique.
4. En utilisant la question 1, déterminez la valeur maximale admissible de Rp pour que la
diode fonctionne bien en polarisation inverse.

57
Exercice 12. Sonde de température – Pont de Wheatstone (K, S, TP)
La résistance d’un conducteur ohmique dépend de la température (essentiellement par l’in-
termédiaire de sa conductivité σ). Nous supposons ici que le conducteur étudié possède une
résistance R0 (résistance de « repos ») à la température T0 . Une modification de température
occasionne une modification de la résistance de sorte que : R(T ) = R0 + δR, où δR est la
variation de la résistance (grandeur algébrique) qui dépend de T .
On pourra donc accéder aux valeurs de T si l’on est capable de mesurer δR. C’est l’objet
de cet exercice. On cherche à mesurer δR à l’aide du montage en pont (figure 2.21). Le pont
est alimenté par une source de tension constante E et on mesure la tension V à vide à l’aide
d’un voltmètre dont l’impédance d’entrée est supposée infinie.

Figure 2.21 – Pont de Weatstone.

1. On considère un conducteur ohmique de forme cylindrique, de longueur ℓ, de section S


et de conductivité σ. Exprimer sa résistance électrique R en fonction de ℓ,S et σ.
2. Si l’on utilise un oscilloscope pour mesurer V , Le mode du couplage de la voie d’entrée
doit-il être réglé sur “AC”, “DC” ou “GND” ? Justifiez.
3. Soit x = RδR
0
. Montrez que la tension V peut-être exprimée en fonction de E et x avec la
relation suivante : V = −E 2(2+x)
x
. Commentez.
On s’intéresse ici à une sonde à résistance de platine, dont la résistance dépend de la température
selon la loi :
R(T ) = R0 (1 + αT )
où T est la température exprimée en degrés Celsius ; R0 = R(0◦ C) = 100 Ω ; α = (3,91 ± 0.05) × 10−3◦ C −1 .
Pour E = 10 V (connue sans erreur appréciable), le voltmètre indique V = −0,82 V.
4. Donnez l’expression de x en fonction de V et E, puis de la température T en fonction de
x. Calculez numériquement x et T .
5. Sachant que l’incertitude relative sur la mesure de V est de 5%. Déterminez l’incertitude
sur x. Que vaut l’incertitude sur T ?
6. Quelle erreur commet-on sur la température T si on linéarise la relation liant V à x ?
Peut-on raisonnablement considérer V comme étant une fonction linéaire de T ?

58
Exercice 13. Panneau photovoltaïque (C, E)
La caractéristique courant-tension d’une cellule photovoltaïque de surface S éclairée par un
flux lumineux Φ (puissance par unité de surface) est donnée en convention générateur par :

U
I(U ) = I0 (1 − exp( )) + kSΦ
V0

où I0 = 10 µA, V0 = 26 mV et k = 0,50 A · W−1 .

Figure 2.22 – (Gauche) Caractéristique courant-tension du panneau en convention générateur.


(Droite) Puissance délivrée par le panneau en fonction de la tension à ses bornes. Dans les
deux cas, les différentes courbes correspondent à des flux lumineux Φ variant de 200 W · m−2 à
1400 W · m−2 avec un pas de 200 Wm−2 .

1. Exprimer UCO , tension aux bornes de la cellule en circuit ouvert et ICC , intensité à travers
la cellule en court-circuit en fonction de V0 , I0 , k, S et Φ. Faire l’application numérique
pour une cellule carrée de côté 13 cm éclairée par un flux de Φ = 1000 W · m−2 .
2. Un panneau solaire est constitué de N cellules identiques à la précédente. A l’aide de la
figure 2.22, identifiez la courbe correspondant au flux lumineux Φ égale à 1 000 W · m−2 ,
puis en déduire les valeurs de UCO et ICC . Déterminez la manière dont les cellules sont
connectées ainsi que la valeur de N sachant que c’est un multiple de 8.
3. Le flux lumineux valant Φ = 1 000 W · m−2 , on branche une résistance Rc aux bornes
du panneau. Quelles sont les valeurs UM P et IM P de la tension et de l’intensité dans ce
cas ? Pour quelle valeur Rc,max de Rc la puissance dissipée dans cette résistance est-elle
maximale ?
4. Sachant que Rc = 3 Ω, tracez la droite U = Rc I sur le même graphe que la caractéristique
du panneau (figure 2.22 gauche). En déduire le point de fonctionnement du couple (U,I)
pour la même valeur du flux lumineux de Φ = 1 000 W · m−2 . Quelle est la puissance
fournie par le panneau ?
5. On définit le rendement η comme le rapport de la puissance électrique fournie à la puis-
sance lumineuse reçue. Calculer la valeur de η dans les conditions des deux questions
précédentes (Rc = Rc,max et Rc = 3 Ω).

59
Exercice 14. Montage 2 fils ou 4 fils (S, I)
Il existe différentes façons de brancher un ohmmètre pour mesurer une résistance : montages
dits « 2 fils », « 3 fils » ou « 4 fils ». L’objectif de cet exercice est de comprendre l’intérêt de
ces différents branchements.
On souhaite mesurer la résistance d’un capteur en milieu industriel. L’installation avec le
capteur est situé à 20 m de l’ohmmètre auquel il est branché par des fils en cuivre de diamètre
20 mm2 (résistivité du cuivre : ρ = 17 · 10−9 Ω · m). L’ohmmètre peut être modélisé par un
générateur idéal de courant en série avec un ampèremètre, eux-même en dérivation avec un
voltmètre (cf. figure 2.23). On rappelle que la résistance interne d’un voltmètre est de l’ordre
de 10 MΩ. On nommera Rmes la résistance mesurée par l’ohmmètre, telle que

Umes
Rmes = .
Imes

Montage 2 fils Montage 4 fils

Rf il Rf il
I
Imes Imes

Rf0 il
R
Umes R Umes
V

V
U U

Iv I
Rf0 il
Iv
A

Rf il Rf il

ohmmètre ohmmètre

Figure 2.23 – Montages 2 fils et 4 fils

1. Exprimez la résistance mesurée Rmes2 dans le cas d’un montage 2 fils en fonction des
grandeurs du problème.
2. Même question pour la résistance Rmes4 mesurée lors du montage 4 fils.
3. Quelle est l’erreur sur la température engendrée par le montage 2 fils, dans le cas d’une
sonde PT100, avec les caractéristiques de l’exercice précédent ?
4. Pour diminuer le coût et l’encombrement des montages de mesure, on peut utiliser un
montage dit 3 fils, tels que représenté à la figure 2.24. Le voltmètre se branche tout d’abord
au point A (mesure de U1 ), puis au point B (mesure de U2 ). Quelle opération doit faire
l’appareil pour déterminer la résistance R ? A quelle condition sur les fils est-ce possible ?
5. Si l’on utilise maintenant une sonde non métallique de température, dont la résistance est
de l’ordre de quelques kΩ, quel montage préconiseriez-vous ?
Vous pouvez prolonger l’exercice par le visionnage de la vidéo de TP suivante :
https://moodle.insa-lyon.fr/mod/h5pactivity/view.php?id=162375

60
Montage 3 fils

Rf il1
B •
Imes
A •
Rf il2
R
Umes U

V
I
A

Iv

Rf il3

ohmmètre

Figure 2.24 – Montage 3 fils

Exercice 15 : Générateur ou récepteur ? (IEFS 2022-23)(P)


On considère le circuit de la figure ci-
contre. Est-ce que la branche parcourue par
le courant I1 se comporte comme un géné-
rateur ou un récepteur ? Justifier votre ré-
ponse en indiquant bien toutes les étapes
de votre raisonnement et n’oubliez pas
de préciser les conventions utilisées. Re-
marque : faire les calculs en littéral avant
de passer aux applications numériques.

Eléments de correction des exercices


Ex 1 : Associations de résistances
R1 ∗(R2 +R3 )
1. R1 R2
R1 +R2
; 2. R1 +R2 +R3
; 3. 5Ω

Ex 2 : Modèles équivalents de Thévenin et Norton

b. M.E. Thévenin : U = 2V, R = 10Ω ; M.E. Norton : I = 0,2A, R = 10Ω.


c. M.E. Thévenin : E = (E1 − E2)/2, R/2 ; M.E. Norton : I = (E1 − E2)/R, R/2.
d. M.E. Thévenin : U = 15V , R = 15Ω ; M.E. Norton : I = 1A, R = 15Ω.

Ex 3 : Pont diviseur de tension

1. Ue = (R1 + R2 ) ∗ I et Us = R2 ∗ I. On en déduit Us = R2
U.
R1 +R2 e
2. Us = r
r+Rg
E ∼ (r/Rg )E

61
Ex 8 : Résolution de circuit
Méthode de calcul formel avec Jupyter-Python (Sympy). On a nommé I1 le courant circulant
dans la branche de gauche, et I2 celui circulant dans la branche de droite. Les deux sont comptés
dirigés vers le haut

Ex 9 : Mesure de puissance
1. P1 = (5.443 ± 0.017)mW et P2 = (5.3632 ± 0.016)mW . Mesures incompatibles.
2 et 3. erreurs systématiques : Config a : U 2 /RV = 8 ∗ 10−5 W . Config b : RA I 2 = 0,36W .
4. I/Ix = (RV + X)/X ; U/Ux = (X + RA )/X.

62
Chapitre 3

Les circuits électriques en régime


transitoire

Objectifs
— Établir l’équation différentielle régissant l’évolution d’une grandeur électrique.
— Déterminer la loi d’évolution temporelle d’une grandeur électrique en tenant
compte de conditions initiales.
— Caractériser expérimentalement un régime transitoire.
— Interpréter le comportement physique d’un circuit électrique pendant un ré-
gime transitoire.
— Réaliser un bilan d’échange énergétique à l’issue d’un régime transitoire.

Prérequis mathématiques
— Résoudre une équation différentielle linéaire du premier ordre (coefficients
constants, avec second membre nul ou constant)

3.1 Introduction
Dans les chapitres précédents, nous avons étudié les grandeurs électriques (puissance, ten-
sion, intensité) en régime stationnaire (ou régime continu) : elles sont constantes au cours du
temps. Dans ce chapitre nous allons étudier ce qui se passe lorsqu’un circuit bascule d’un régime
stationnaire à un autre.
Si le changement de régime paraît parfois instantané, nous verrons qu’on observe dans
d’autres situations une transition au cours du temps. Nous étudierons comment la caractériser,
et si on peut l’influencer. Nous déterminerons si elle est susceptible de représenter une nuisance
ou au contraire d’être exploitée.
Prenons un exemple concret. A l’instant t = 0s, on ferme l’interrupteur d’un pont diviseur
de tension (figure 3.1.a). Grâce à un ocilloscope, on mesure l’évolution au cours du temps de
la tension u(t) (figure 3.1.b). On remarque que, pour t < 0s, cette tension est nulle tandis que,
pour t > 0s, elle satisfait à u = R+R
R
E = 2,5 V.
Le basculement entre les deux régimes parait instantané, sans transition autre qu’un saut
de la tension u(t). Ce comportement est cohérent avec ce que l’on a vu jusqu’à présent : dans
chaque domaine temporel, les lois de l’électrocinétique (loi des nœuds, loi des mailles, loi d’Ohm)
s’appliquent et ne laissent aucune ambiguïté sur la valeur prise par la tension u(t).
Ajoutons à présent un condensateur en parallèle de la seconde résistance comme représenté
sur la figure 3.2. La visualisation de l’évolution temporelle de la la tension u(t) conduit à

63
R

R u

(a) schéma du montage, (b) oscillogramme : u(t).


avec E = 5V Echelle verticale : 1 carreau = 1V

Figure 3.1 – Diviseur de tension purement résistif : le signal observé est discontinu et atteint
immédiatement le nouveau régime stationnaire.

R u

(a) schéma du montage, (b) oscillogramme u(t).


avec E = 5V Echelle verticale : 1 carreau = 1V

Figure 3.2 – Diviseur de tension avec condensateur : le signal suit un comportement transitoire
avant d’atteindre le nouveau régime stationnaire.

plusieurs observations :

— On retrouve les même régimes stationnaires que précédemment, que ce soit avant, ou
longtemps après le basculement de l’interrupteur.
— Entre les deux régimes stationnaires, la discontinuité observée précédemment disparaît
au profit d’une transition qu’on appelle le «régime transitoire».

Dans ce chapitre, nous allons nous intéresser à la façon dont l’existence d’effets capacitifs et
d’effets inductifs, essentiellement dûs à la présence de condensateurs et de bobines, conduisent
à l’apparition de régimes transitoires. Nous allons également étudier comment caractériser ces
régimes.

3.2 Effet capacitif d’ordre 1


Le premier type d’effet susceptible de conduire à l’apparition d’un régime transitoire est
l’effet capacitif. Il survient lorsqu’une tension ne peut pas varier de façon brutale (disconti-
nue), généralement en raison d’interactions entre charges électriques. Comme dans l’exemple
d’introduction, cet effet a le plus souvent pour origine la présence d’un condensateur.

64
3.2.1 Rappel sur les condensateurs
Les condensateurs ont été brièvement introduits dans le premier
chapitre. Sous leur forme la plus simple, ils sont constitués de deux q −q
plaques métalliques se faisant face, séparées par un milieu isolant. Cette
configuration est à l’origine du symbole utilisé pour les représenter ic
(figure ci-contre).
Lorsque le condensateur est soumis à une tension uc , l’isolant em- uc
pêche les charges de traverser comme cela serait le cas dans un conduc-
teur ohmique : la loi d’Ohm ne s’applique donc pas. Toutefois, des Figure 3.3
électrons issus du milieu conducteur viennent s’accumuler sur l’une des
plaques, lui conférant une certaine charge (algébrique) q, tandis qu’une quantité exactement
égale d’électrons quittent la plaque d’en face, lui conférant la charge exactement opposée −q.
L’étude détaillée des condensateurs, réalisée en début de deuxième année, montre qu’il s’établit
très vite (de façon instantanée à nos échelles de temps) un équilibre dans lequel la charge q et
la tension uc sont liés par la relation
q = C uc
où :
— q est la charge algébrique portée par la plaque vers laquelle pointe la flèche représentant
la tension uc
— C est une grandeur caractéristique du condensateur appelée «capacité». Nous verrons l’an
prochain qu’elle dépend de la géométrie des plaques et de la nature de l’isolant.
Du fait de cette relation, toute variation duc de la tension conduit à une variation dq de la
charge accumulée et donc à la circulation d’un courant ic dans les fils d’amenée, suivant la loi
(en convention récepteur, cf Figure 3.3)

dq duc
ic = =C .
dt dt
C’est cette loi qui permet d’expliquer l’existence du régime transitoire. Qui plus est, elle conduit
à la propriété fondamentale des condensateurs, responsable de l’effet capacitif : le courant ic
ne pouvant physiquement pas être infini, la tension uc est forcément continue, elle ne peut pas
présenter de discontinuité.

La tension aux bornes d’un condensateur varie toujours continûment.

Inversement, si la tension uc est constante, le courant ic est nécessairement nul :

En régime continu, un condensateur est équivalent à un interrupteur ouvert.

Cette propriété permet d’expliquer que les régimes stationnaires soient les mêmes avec et sans
condensateur dans l’exemple étudié : en régime continu, le condensateur se comportant comme
un interrupteur ouvert, les deux montages des figures 3.1 et 3.2 sont équivalents.

3.2.2 Retour sur l’exemple : loi du régime transitoire


Reprenons l’exemple d’introduction. Sur la figure 3.4, on a complété le schéma en nommant
les courants. Les lois des mailles et des nœuds conduisent alors aux relations :

E = R i + uc , uc = u = R i1 et i = i1 + ic .

65
i

R
ic
E
i1
u R uc

Figure 3.4

Soit, en cherchant à ne conserver que uc et ic ,

E = R i1 + R ic + uc = R ic + 2 uc .

Si maintenant on utilise la loi du condensateur liant uc et ic , on obtient une équation différentielle


d’ordre 1 régissant l’évolution de la tension uc :

duc
E = RC + 2 uc .
dt
Comme cette équation différentielle est d’ordre 1, on dit que le circuit électrique, et son
régime transitoire, sont également d’ordre 1. Plus généralement,

L’ordre de l’équation différentielle qui régit l’évolution dynamique d’un


circuit électrique linéaire définit l’ordre du circuit.

Application 1
Exprimer l’équation différentielle régissant l’évolution de la tension uc dans le circuit suivant.
uR
R
i

ue C

3.2.3 Fin de l’exemple : solution de l’équation et conditions initiales


Pour rechercher la solution de l’équation différentielle précédente, on peut commencer par
la mettre sous forme canonique :

duc 2 E
+ uc =
dt RC RC

Solution générale D’après le cours de mathématiques, la solution générale de cette équation


différentielle linéaire à coefficients constants d’ordre 1 avec second membre se décompose en
une solution générale de l’équation homogène (sans second membre) et une solution particulière
de l’équation inhomogène (avec second membre). Pour la solution particulière, on peut recher-
cher une solution de la même forme mathématique que le second membre. Comme celui-ci est
constant, on recherche une solution particulière uc,p constante et on trouve :

E
uc,p =
2
66
On remarque que cette solution particulière coïncide avec la tension du régime stationnaire que
l’on atteint après transition. Sans être une règle, cette propriété sera le plus souvent vraie.
Toujours d’après le cours de mathématiques, la solution générale de l’équation homogène
est de la forme :
2
uc,h = A e− RC t
où A est une constante qu’il nous faut encore déterminer. La solution générale de l’équation
différentielle sur uc est donc
E 2
uc = + A e− RC t
2
solution qui est valable pour t > 0, puisque pour t < 0, l’interrupteur était encore ouvert : le
système était alors régi par d’autres équations.

Analyse de la forme de la solution À ce stade, on n’a pas encore complètement déterminé


la solution puisqu’on ignore la valeur du coefficient A. On peut néanmoins déjà analyser la forme
de la solution. Elle se décompose en deux termes :
— Le premier, constant, caractérise le régime stationnaire vers lequel le système évolue. Il
est étroitement lié à «l’excitation», ici le générateur de f.e.m. E.
— Le second, décroissant de façon exponentielle, est la signature du régime transitoire. Après
un temps suffisamment long, ce terme atteint une amplitude négligeable marquant la fin
du régime transitoire. Il est souvent appelé «régime libre» car caractéristique de la façon
dont le système électrique à tendance à évoluer spontanément, par opposition au premier
terme qui caractérise l’évolution sous la contrainte de l’excitation.

Finalisation : conditions initiales Pour terminer de déterminer complètement l’évolution


de la tension uc dans la situation de l’expérience (et ainsi pouvoir comparer quantitativement
théorie et expérience), il faut déterminer le coefficient A. Pour cela, on utilise des conditions
initiales permettant de raccorder la solution à la situation du système avant actionnement de
l’interrupteur. Deux contraintes principales régissent le choix des conditions initiales :
— Le problème est d’ordre 1, ce qui conduit à l’existence d’un seul coefficient à déterminer (A).
Il faut donc une seule condition initiale.

Plus généralement, il faut autant de conditions initiales indépendantes que l’ordre du circuit.

— Pour pouvoir faire le lien avec la situation avant actionnement de l’interrupteur, il faut
considérer des grandeurs qui varient continûment.

En règle générale, il faut donc s’intéresser aux tensions aux bornes des condensateurs (effet
capacitif ) ou aux courants traversant les bobines (effet inductif, voir plus loin).

Dans le cas présent, la situation est simple puisque la tension aux bornes du condensateur, uc ,
est aussi la tension étudiée. Avant actionnement de l’interrupteur, le condensateur était dé-
chargé, on peut donc écrire 1 :

uc (t = 0+ ) = uc (t = 0− ) = 0 V
1. La notation uc (t = 0+ ) ou uc (0+ ) désigne la limite de uc en zéro par valeur positive :

uc (t = 0+ ) = uc (0+ ) = lim uc (t)


t→0
t>0

67
Soit, en utilisant l’expression générale trouvée pour uc ,
E
+A=0
2
et donc
E  2
− RC t

uc (t > 0) = 1−e .
2
Si la grandeur étudiée n’avait pas été la tension aux bornes du condensateur, il nous aurait
fallu écrire la continuité de la tension du condensateur puis en déduire, de proche en proche, les
valeurs en 0+ des autres grandeurs électriques du système en s’appuyant sur les lois du circuit.
Par exemple, ici, de la continuité de la tension du condensateur, on déduit
uc (0+ ) 1  E
i1 (0+ ) = =0 et i(0+ ) = E − uc (0+ ) = .
R R R
puis,
E duc + 1 E
ic (0+ ) = i(0+ ) − i1 (0+ ) = et (0 ) = ic (0+ ) = .
R dt C RC
En se montrant un peu astucieux, on a pu déterminer les valeurs initiales de toutes les grandeurs
du circuit à partir de la seule continuité de la tension du condensateur ! On remarque au passage
que seuls uc et i1 sont continus en zéro. Toutes les autres grandeurs présentent des discontinuités,
y compris la dérivée de uc .
Profitons de ce dernier résultat pour signaler une erreur classique : ce n’est pas parce que uc
est continu et nul en zéro que sa dérivée s’annule : connaître une fonction en un point ne permet
pas de connaître sa dérivée...
Application 2
Résoudre l’équation différentielle du circuit suivant (cf. Application III.1) et en déduire les
expressions des différents courants et tensions, dont on représentera l’allure en fonction du
temps. La tension ue (t) est de la forme :
(
0 si t < 0
ue (t) =
V0 si t ≥ 0
uR
R
i

ue C

3.2.4 Caractérisation du régime transitoire


Comme vu dans l’exemple précédent, les régimes transitoires d’ordre 1 sont des régimes
exponentiels évanescents de la forme
t
u(t) = A e− τ + up
où up est la solution particulière caractéristique du régime permanent (une constante si c’est
un régime stationnaire), A une constante à déterminer et τ un temps caractéristique défini par
les paramètres du circuit. Par exemple, pour le circuit précédent, τ = RC/2.
La caractérisation expérimentale du régime transitoire passe par la détermination du temps τ .
Suivant les cas, on pourra opter pour une détermination qualitative ou par une mesure quan-
titative.

68
3.2.4.1 Détermination qualitative
Physiquement, le temps τ caractérise la durée d’existence du régime transitoire : pour des
durées faibles devant τ, l’existence du régime transitoire doit être prise en compte tandis que
pour des durées grandes devant τ , on peut considérer le régime permanent atteint. Dès lors,
on peut estimer l’ordre de grandeur de τ simplement en mesurant grossièrement la durée
d’existence du régime transitoire.

3.2.4.2 Détermination quantitative


Le temps caractéristique τ étant lié aux grandeurs physiques du circuit (par exemple, R
et C dans le montage étudié), on peut vouloir le déterminer précisément pour remonter ensuite
à ces grandeurs. On dispose pour cela de deux méthodes principales : la pente à l’origine et la
hauteur à 63%.
Ces deux méthodes ont en commun de nécessiter que la grandeur étudiée ne présente pas de
discontinuité. De plus, elles ne pourront être utilisées que dans le cas où le régime permanent vers
lequel évolue le système est stationnaire (solution particulière constante). Avec ces restrictions,
pour un changement de régime qui survient à l’instant t0 , on peut montrer que l’expression de
la grandeur étudiée, pour t > t0 , est nécessairement :
t−t0
u(t > t0 ) = up + (ui − up ) e− τ avec ui = u(t0 )

Méthode de la pente à l’origine D’après l’expression précédente et par définition de la


dérivée, la droite tangente à u(t) en t0 (pour t > t0 ) a pour pente 2 :

du + up − ui
p= (t0 ) =
dt τ
Pour mesurer τ sur un oscilloscope, on peut donc procéder comme suit (voir figure 3.5) :

τ
up − ui

zoom

Abs isse : 250µs/division ; Ordonnée : 0, 5V/division Abs isse : 50µs/division ; Ordonnée : 0, 2V/division

Figure 3.5 – Méthode de la pente à l’origine

1. À l’aide de curseurs, on mesure ui (valeur du signal juste avant le changement de régime)


et up (valeur limite du signal) pour en déduire up − ui . Pour que cette mesure soit la plus
précise possible, on ajuste les réglages de l’oscilloscope pour que le signal occupe le plus de
place possible sur l’écran. Attention toutefois à prendre une base de temps suffisamment
grande pour être sûr de bien voir la valeur limite up .
2. De façon équivalente, on peut dire que le développement limité d’ordre 1 de u(t) en t0 est
ui − up
u(t) ≃ ui − (t − t0 )
τ
Les développements limités seront plus généralement étudiés dans le cadre du cours de mathématiques.

69
2. On zoome ensuite fortement sur la région du changement de régime jusqu’à ce que le
signal paraisse rectiligne. A l’aide des curseurs, on mesure alors la pente p de cette demi-
droite. Pour la mesurer, on peuts’aider du quadrillage de l’oscilloscope et on doit veiller
à prendre des points les plus éloignés possible.
up −ui
3. On en déduit τ , en prenant garde aux unités, à l’aide de la relation : τ = p

Méthode de la hauteur à 63% La méthode précédente est une mesure indirecte de τ . On


peut toutefois le mesurer également de façon directe en utilisant la propriété suivante :
 
1
u(t0 + τ ) − ui = (up − ui ) × 1 − ≃ 0,63 × (up − ui )
e

Autrement dit, après le temps τ depuis le changement de régime, le signal a varié (écart u(t)−ui )
de 63% de sa variation totale lorsqu’il aura atteint le régime stationnaire (écart up − ui ). Par
conséquent, pour mesurer τ , il suffit de rechercher l’instant où le signal atteint 63% de sa
variation maximale. On en déduit le protocole suivant :
1. On zoome une première fois afin d’avoir une vision d’ensemble nette du signal, en veillant
à ce qu’il occupe le plus de place possible sur l’écran. A l’aide des curseurs, on mesure
alors la variation maximale up − ui .
2. Afin d’améliorer la mesure, on zoome alors d’avantage afin de ne conserver que le démar-
rage du signal jusqu’à un peu plus de 63% de la montée.
3. A la calculatrice, on détermine 0,63 × (up − ui ). A l’aide des curseurs en mode tension, on
recherche alors le point du signal correspondant à une variation de 63%. (Pour simplifier
la mesure suivante, on pourra déplacer horizontalement et verticalement le signal pour
placer ce point sur une intersection du quadrillage de l’oscilloscope.)
4. En basculant en mode temps, on mesure à l’aide des curseurs la durée écoulée entre
le changement de régime et le point précédemment identifié. Cette durée est le temps
caractéristique τ .

τ
0, 63 × (up − ui )
up − ui

Abs isse : 100µs/division ; Ordonnée : 0, 5V/division

Figure 3.6 – Méthode de la hauteur à 63%

3.2.5 Analyse énergétique du régime transitoire


On peut maintenant se demander ce qu’il se passe d’un point de vue énergétique pen-
dant le régime transitoire. Reprenons l’exemple du diviseur de tension en parallèle avec un
condensateur. Pour pouvoir calculer des puissances à un instant t, il nous faut connaître les lois
d’évolution de toutes les grandeurs. Pour cela, on déduit celles que l’on ne connaît pas encore

70
(i, ic et i1 ) de celles que l’on connaît (E et uc ) grâce aux lois des nœuds et des mailles.
duc E 2
ic (t > 0) = C = e− RC t
dt R
uc E  2
− RC t

i1 (t > 0) = = 1−e
R 2R
E  2
− RC t

i(t > 0) = ic + i1 = 1+e
2R
Notons que, par mesure de prudence, on peut vérifier que ces lois sont bien compatibles avec
les valeurs initiales déterminées précédemment, ce qui est le cas :
E E
ic (0+ ) = , i1 (0+ ) = 0 et i(0+ ) =
R R
Avec l’homogénéité des relations, ces vérifications sont d’excellentes habitudes à prendre.

Bilan de puissance On peut à présent déterminer les puissances fournies et reçues à n’im-
porte quel instant t > 0 :
— Le générateur fournit au circuit la puissance :

E2  2

Pg = E i(t) = 1 + e− RC t
2R
— La première résistance reçoit :

E 2
 E  2
 E2  2
2
PR,1 = (E − uc (t)) i(t) = 1 + e− RC t × 1 + e− RC t = 1 + e− RC t
2 2R 4R
— La seconde résistance reçoit quant à elle :

E2  2
− RC t
2
PR,2 = uc (t) i1 (t) = 1−e
4R
— Enfin, le condensateur reçoit la puissance :

E2  2
 2
Pc = uc (t) ic (t) = 1 − e− RC t e− RC t
2R
En premier lieu, on peut vérifier que la somme des puissances reçues et bien égale à la puissance
fournie 3 :
E2 h 2 4 2 4
 2 4
i
PR,1 + PR,2 + Pc = 1 + 2e− RC t + e− RC t + 1 − 2e− RC t + e− RC t + 2 e− RC t − e− RC t
4R
E2 h 2
i
= 2 + 2e− RC t + 0
4R
E2 h 2
i
PR,1 + PR,2 + Pc = 1 + e− RC t = Pg
2R
On remarque ensuite que la puissance reçue par le condensateur tend vers zéro, tandis que
celles reçues par chacune des résistances tendent vers E 2 /(4R), ce qui est compatible avec le
régime limite précédemment décrit pour lequel tout se passe comme si le condensateur n’était
pas là : puisque pour les temps longs, le condensateur ne joue plus aucun rôle, il ne reçoit plus
de puissance.
3. Là encore, cette vérification est une bonne habitude qui permet de détecter des erreurs de calculs.

71
Enfin, comparons les puissances obtenues à celles qu’on aurait eu sans le condensateur, et
donc sans régime transitoire. Dans ce cas, le montage est un simple diviseur de tension parcouru
par le courant i = E/(2R) et on a donc

E2 E2
Pg′ = , PR,1
′ ′
= PR,2 =
2R 4R

On constate que la présence du condensateur n’a pas seulement retardé l’établissement du


régime permanent, elle a aussi augmenté la puissance fournie par le générateur puisque, à
tout instant, Pg > Pg′ . Si une partie de cette puissance supplémentaire a été perdue dans les
résistances, une autre a été reçue par le condensateur. Étudions de plus près l’énergie associée.

Énergie d’un condensateur Entre l’instant initial (t = 0) et un instant ultérieur t, l’énergie


totale reçue par le condensateur est donnée par 4

ˆ t
Wc (t) = Pc (t′ ) dt′
0

Comme on dispose de l’expression de Pc , on peut calculer directement cette intégrale, ce qui


conduit à
1 4 1 2
Wc (t) = C E 2 e− RC t − C E 2 e− RC t
8 4

Néanmoins, on peut aussi se ramener à la définition de la puissance reçue par le condensateur.


En effet,
 
duc d 1 2
Pc = uc (t) × ic (t) = uc (t) × C (t) = C uc
dt dt 2

La puissance reçue est donc une dérivée exacte et, par conséquent,

ˆ t  
d 1 1 1
Wc (t) = C uc 2 dt′ = C uc (t)2 − C uc (0)2
0 dt 2 2 2

Ainsi, l’énergie reçue par le condensateur entre 0 et t, s’écrit comme la variation de la gran-
deur C uc 2 /2 entre ces deux instants. L’existence de cette grandeur, à rapprocher des énergies
potentielles en mécanique et des fonctions d’états en thermodynamique 5 , traduit que l’éner-
gie fournie par le générateur au condensateur n’est pas de l’énergie “perdue” ou “dissipée” –
comme peut l’être celle fournit aux résistances – mais qu’elle est stockée et pourra être resti-
tuée ultérieurement au circuit, par exemple, lorsque l’interrupteur sera ré-ouvert (voir l’exercice
d’application).
Pour résumer, on pourra retenir que

4. L’instant t étant une borne d’intégration, on utilise comme paramètre d’intégration un paramètre t′ . Ce
paramètre servant juste à mener l’intégrale, le résultat ne doit pas en dépendre...
5. Les unes comme les autres seront étudiées au second semestre.

72
À un condensateur de capacité C et de tension à ses bornes uc , on associe
une énergie
1
Ec = C uc 2
2
Cette grandeur représente l’énergie stockée dans le condensateur par les
charges accumulées. La puissance reçue par le condensateur s’écrit alors
dEc duc
Pc = = Cuc
dt dt
tandis que l’énergie totale fournie par le circuit au condensateur entre deux
instants t1 et t2 > t1 est donnée par

Wct1 ,t2 = Ec (t2 ) − Ec (t1 )

L’origine de cette énergie sera étudiée plus en détails dans le cours de seconde année.

Bilan d’énergie Pour terminer, faisons le bilan des énergies échangées pendant le régime
transitoire. A l’image du bilan de puissance, ce bilan se fait en comparant l’énergie totale
apportée par les dipôles générateurs – les sources – à l’énergie totale reçue par les dipôles
récepteurs. Si l’étude est correcte, on doit trouver une égalité. La principale différence avec le
bilan de puissance est que le bilan d’énergie se fait entre deux instants. Dans le cas présent, on
veut réaliser le bilan d’énergie pendant le régime transitoire, donc entre t = 0 et t 7→ ∞. Sur
cet intervalle de temps :
— Le générateur fournit l’énergie :
ˆ ∞
Wg = Pg dt = +∞
0

— La première résistance reçoit :


ˆ ∞
WR,1 = PR,1 dt = +∞
0

— La second résistance reçoit :


ˆ ∞
WR,2 = PR,2 dt = +∞
0

— Et le condensateur reçoit
1
Wc = ∆Ec = Ec (∞) − Ec (0) = C E 2
8
On remarque que la quasi-totalité de ces grandeurs sont infinies. Cela est normal, puisque le
générateur ne cesse jamais d’apporter de l’énergie aux résistances qui la dissipent, et ce même
lorsque le condensateur est chargé. On peut toutefois surmonter cette difficulté en faisant le bilan
d’énergie non plus sur la totalité du régime transitoire, mais sur une sous-partie. Considérons
par exemple le bilan d’énergie entre le début du régime transitoire et un instant t ultérieur. Le
calcul nous conduit alors à
E2 t E2 t
   
0,t C − 2 t 0,t 2
− RC t C − 4 t
Wg = − e RC WR,1 = −Ce − e RC
2 R 2 4 R 4
2
E2 
 
0,t E t 2 C 4 1 2 4

WR,2 = + C e− RC t − e− RC t Wc0,t = Ec (t) − Ec (0) = C uc 2 = C 1 − 2 e− RC t + e− RC t
4 R 4 2 8

73
expressions qui vérifient le bilan énergétique :
0,t 0,t
Wg0,t = WR,1 + WR,2 + Wc0,t .

Puisque ce résultat est vrai pour tout instant t > 0, il le reste pour t 7→ ∞, en dépit du fait
que plusieurs des grandeurs impliquées deviennent infinies.
Application 3
On considère le montage du diviseur de tension avec condensateur (figure 3.4) alors qu’il est
en régime permanent avec l’interrupteur fermé. Autrement dit, pour t < 0 :
E E
i(t < 0) = i1 (t < 0) = , ic (t < 0) = 0 et uc (t < 0) = .
2R 2
A l’instant t = 0, on ouvre l’interrupteur.
1. Exprimez l’énergie initialement stockée dans le condensateur (t = 0), ainsi que son
énergie après le régime transitoire (t 7→ ∞).
2. Étudiez l’évolution de la tension uc et montrez que :
t t
i(t > 0) = 0 , uc (t > 0) = E2 e− RC , i1 (t > 0) = E
2R
e− RC
t
et ic (t > 0) = − 2R
E − RC
e
3. Justifiez que l’énergie totale dissipée dans la résistance pendant le régime transitoire
(entre t = 0 et t 7→ ∞) doit être exactement opposée à la variation d’énergie du conden-
sateur.
4. Vérifiez cette relation par le calcul.

3.3 Autres considérations sur les effets d’ordre 1


3.3.1 Effet inductif d’ordre 1
De la même façon que les condensateurs produisent un effet capacitif en empêchant la
tension à leur borne de varier de façon trop brutale, les bobines génèrent un «effet inductif» qui
empêche les variations brutales du courant qui les traverse. L’étude détaillée des mécanismes
à l’œuvre dans le phénomène d’auto-induction des bobines faisant l’objet du programme de
fin d’année, nous nous limiterons ici à rappeler la loi des bobines idéales et ses principales
conséquences.

Rappel sur les bobines Une bobine est constituée d’un conducteur fi-
i liforme enroulé sur une armature isolante. Dans le cas où la résistance du
conducteur peut-être négligée, on parle d’une bobine idéale. La tension uL
uL aux bornes de la bobine et le courant iL qui le traverse sont alors liés par la
relation (convention récepteur, voir figure 3.7)
Figure 3.7
diL
uL = L
dt
où L est le «coefficient d’auto-inductance», plus généralement appelé inductance, de la bobine.
Il dépend du nombre d’enroulements, de la forme de la bobine et des propriétés des éventuels
matériaux que l’on peut placer dans l’espace intérieur de la bobine.
La tension uL ne pouvant pas physiquement être infinie, il ressort de cette loi que le
courant iL ne peut pas présenter de discontinuité. C’est l’effet inductif.

Le courant traversant une bobine varie toujours de façon continue.

74
Si un événement (par exemple, l’ouverture d’un interrupteur) devait conduire à une va-
riation brutale du système, la présence d’une bobine aura pour effet d’adoucir cette variation
pour le courant qui la traverse. C’est ce qui explique l’éclair qui se produit parfois sur cer-
tains interrupteur lorsqu’on les ouvre : lorsque ces interrupteurs sont placés en série avec un
bobinage (transformateurs ou, dans une moindre mesure, anciennes ampoules à incandescence)
et qu’ils sont ouverts alors qu’un régime stationnaire était établi, le courant devrait s’inter-
rompre brutalement. Toutefois, la présence du bobinage empêche cette interruption brutale et
maintient provisoirement un courant. Les électrons vont alors s’accumuler sur une des branches
de l’interrupteur jusqu’à être en telle concentration qu’un éclair se produit pour décharger le
système.

Étude d’un circuit comportant une seule bobine L’étude d’un circuit ne comportant
qu’une seule bobine en plus de résistances et de générateurs se fait exactement suivant la même
démarche que pour le condensateur. On obtient de même une équation différentielle d’ordre 1 à
coefficients constants qui conduit à des solutions exponentielles décroissant rapidement vers un
régime permanent. Pour déterminer la solution complète, il faut de même utiliser une condition
initiale qu’on obtient en écrivant la continuité du courant traversant la bobine.
Application 4
Déterminer et résoudre l’équation différentielle vérifiée respectivement par i (premier circuit)
et iL (second circuit), et en déduire les expressions des différents courants et tensions, dont
on représentera l’allure en fonction du temps. La tension ue (t) et le courant ie (t) sont de la
forme :
( (
0 si t < 0 0 si t < 0
ue (t) = et ie (t) =
V0 si t ≥ 0 I0 si t ≥ 0
uR
R
i
ie
L R u
ue L uL
iL iR

Comportement énergétique De façon similaire aux condensateurs, les bobines stockent


l’énergie qui leur est apportée, et peuvent la restituer ultérieurement. Toutefois, alors que pour
les condensateurs, l’énergie stockée est liée à la tension aux bornes du condensateur – ou, de
façon équivalente, à la charge portée par ses armatures – l’énergie stockée par une bobine est
liée au courant électrique 6 qui la traverse. On pourra retenir les propriétés suivantes :

6. Le courant étant une grandeur cinétique, puisqu’il décrit le mouvement d’ensemble des charges dans le
conducteur, on peut rapprocher l’énergie stockée dans une bobine d’une énergie cinétique plutôt que d’une
énergie potentielle comme pour le condensateur.

75
À une bobine d’auto-inductance L traversée par un courant iL , on associe
une énergie
1
EL = L iL 2 .
2
Cette grandeur représente l’énergie stockée dans le champ magnétique créé
par la bobine. La puissance reçue par la bobine s’écrit alors
dEL diL
PL = = LiL
dt dt
tandis que l’énergie totale fournie par le circuit à la bobine entre deux ins-
tants t1 et t2 > t1 est donnée par

WLt1 ,t2 = EL (t2 ) − EL (t1 ).

Là encore, l’origine de cette énergie sera étudiée plus en détails dans le cours de seconde
année.

3.3.2 Contributions positives et négatives des effets d’ordre 1


Parce qu’ils retardent l’établissement du régime permanent, donc du régime recherché, les
effets inductifs et capacitifs d’ordre 1 sont a priori parasites. On pourra donc être amené à
chercher à limiter leur impact.
Toutefois, leur action peut également être recherchée. Considérons par exemple un ordi-
nateur en état de fonctionnement qui subit une fluctuation brutale et de brève durée de son
alimentation du fait d’une perturbation du réseau. Si la variation est à la baisse, l’ordinateur
risque de s’éteindre, et si elle est à la hausse, il peut subir des dommages. Toutefois, en utilisant
un effet capacitif, on peut faire en sorte de maintenir la tension d’alimentation le temps de la
fluctuation et de limiter ainsi fortement son impact sur l’ordinateur.
En pratique, cet exemple peut paraître simpliste 7 dans la mesure où les ordinateurs sont
alimentés par une tension sinusoïdale, et non par une tension continue. Néanmoins, il traduit
bien le genre d’usage que l’on peut avoir des effets d’ordre 1.

3.4 Circuits linéaires d’ordre supérieur à 1


Quand un circuit comporte plus d’un condensateur ou d’une bobine, d’autres régimes tran-
sitoires peuvent apparaître, en lien avec des équations différentielles linéaires d’ordre supérieur
à 1.
Par exemple si le circuit contient un condensateur et une bobine en série, on obtient une
équation différentielle d’ordre 2.
Vous avez appris à résoudre ces équations en OMNI. Elles sont donc très intéressantes en
électricité, mais plus généralement dans d’autres domaines de la physique. Après ce chapitre,
vous découvrirez leur intérêt en mécanique. En fin d’année, nous les détaillerons dans un chapitre
faisant le lien entre la mécanique et l’électricité.

7. Pas si simpliste en fait : les dispositifs d’alimentation sans interruption (souvent appelés "onduleurs" par
abus), dont la fonction est précisément de protéger les installations électriques telles que les ordinateurs contre les
fluctuations du réseau électrique (micro-coupure et surtension) reposent précisément sur ce principe. Le problème
continu/sinusoïdal est résolu en plaçant l’élément régulateur (condensateur, batterie...) entre un redresseur, qui
transforme signal alternatif en signal continu, et un onduleur (d’où l’abus signalé), qui retransforme le signal
continu en signal alternatif.

76
3.5 Conclusion
Pour résumer, nous avons vu que lorsque qu’un changement survient de façon brutale dans
un montage, le circuit n’atteint pas immédiatement un nouveau régime permanent. L’existence
d’effets capacitif ou inductif impose la continuité temporelle de grandeurs électriques, retardant
l’établissement du nouveau régime.
La durée et la nature du régime transitoire sont régis par les éléments capacitifs et induc-
tifs, mais aussi par les éléments résistifs. On peut donc influencer le déroulement du régime
transitoire, en le prolongeant s’il est souhaitable, ou au contraire en réduisant au maximum sa
durée, si on souhaite l’éviter.

Annexe 1. Questionnaire de cours


Pour vous aider à réviser le cours, entraînez-vous à répondre à ces questions :

— Condensateur :
– Qu’est-ce qu’un condensateur ?
– Quelle est la caractéristique d’un condensateur (lien i,u) ? N’oubliez pas de préciser la
convention choisie !
– Quel est le lien entre la charge portée par une armature et la tension aux bornes du
condensateur ? N’oubliez de l’accompagner d’un schéma avec ces grandeurs.
– Quelle est la grandeur qui est continue pour un condensateur ?
– Quelle est l’expression de l’énergie stockée par un condensateur ? A quoi est-elle liée ?
— Bobine :
– Qu’est-ce qu’une bobine ?
– Quelle est la caractéristique d’une bobine (lien i,u) ? N’oubliez pas de préciser la conven-
tion choisie !
– Quelle est la grandeur qui est continue pour une bobine ?
– Quelle est l’expression de l’énergie stockée par une bobine ? A quoi est-elle liée ?
— A quoi correspond la constante de temps d’un circuit ?

Annexe 2 : Corrections des exercices d’applications


Application 1
R i + uc = ue et i = C duc
dt
donc RC duc
dt
+ uc = ue

Application 2
t
Solution générale : uc (t) = A e− RC + V0
Conditions initiales : uc (0) = 0 
t
Solution complète : uc (t) = V0 1 − e− RC

77
t t
Autres grandeurs : i(t) = C du
dt
c
= V0
R
e− RC et uR (t) = R i(t) = V0 e− RC
Tension normalisée v(t)/U0 (u.a.)

0.8 uC(t)
uR(t)
0.6

0.4

0.2

0
0 2 4 6 8 10
t/τ (u.a.)
Courant normalisé R × i(t)/U0 (u.a.)

0.8

0.6

0.4

0.2

0
0 2 4 6 8 10
t/τ (u.a.)

Application 3
1) Initialement : Ec (0) = 21 C uc (0)2 = 18 C E 2
Après disparition du régime transitoire, le régime permanent atteint est celui où le conden-
sateur est déchargé : uc (∞) = 0 donc Ec (∞) = 0
2) L’interrupteur étant ouvert, i = 0. Dès lors, le circuit se réduit à la boucle entre la deuxième
résistance et le condensateur avec ic = −i1 et uc = u = R i1 = −R ic . Et comme,
ic = C du
dt
c
, on obtient l’équation différentielle : uc + RC du
dt
c
= 0. En l’absence de second
t
membre, la solution de cette équation différentielle se réduit à uc = A e− RC avec A une
constante réelle. Par ailleurs, la tension aux bornes du condensateur étant continue et
le condensateur étant initialement chargé avec uc (0− ) = E2 , on a uc (0+ ) = A = E2 .
Finalement, pour t > 0, on trouve
E − t uc E − t E − t
uc (t > 0) = e RC , i1 (t > 0) = = e RC et ic (t) = −i1 = − e RC
2 R 2R 2R

3) A tout instant, la puissance reçue par la résistance s’écrit PR = u × i1 et celle reçue par le
condensateur Pc = uc × ic . Comme u = uc et i1 = −ic , il vient Pc = −PR et donc, entre
t = 0 et t 7→ ∞ : ˆ ∞ ˆ ∞
∆Ec = Pc dt = − PR dt = −ER
0 0

4) L’énergie totale dissipée par la résistance pendant le régime transitoire vaut :


´∞ ´∞ 2 2
h 2  − 2 t i∞
ER = 0 R i1 (t)2 dt = 0 R × 4ER2 e− RC t dt = E 4R
× − RC
2
e RC ER = 81 C E 2
0
Ce qui correspond bien à l’opposée de la variation d’énergie du condensateur : ∆Ec = Ec (∞) − Ec (0) = −

Application 4
a) ue (t) = Ri(t) + L di(t)
  dt  
−R R R
U0
i(t) = R 1 − e L t
; uL (t) = L dt
di
(t) = U0 e− L t ; uR (t) = R i(t) = U0 1 − e− L t

78
Tension normalisée u/U0
1
0.8 uL
0.6 uR
0.4
0.2
0
0 2 4 6 8 10
Temps normalisé t/τ
Courant normalisée i/(U0/R)

1
0.8
0.6
0.4
0.2
0
0 2 4 6 8 10
Temps normalisé t/τ

L diL (t)
b) + iL (t) = ie (t)
R dt
 
−R R R
iL (t) = I0 1 − e L
t
; iR (t) = ie (t) − iL (t) = I0 e− L t ; u(t) = RI0 e− L t

1
Courant normalisé i/I0

0.8
iL
0.6
iR
0.4
0.2
0
0 2 4 6 8 10
Temps normalisé t/τ
Tension normalisée u/(RI0)

1
0.8
0.6
0.4
0.2
0
0 2 4 6 8 10
Temps normalisé t/τ

79
80
Exercices du chapitre 3

Objectifs
Dans le titre de chaque exercice les objectifs sont indiqués :
— H. Vérifier l’Homogénéité d’une relation
— E. Quantifier les échanges d’Energie d’un dipôle
— T. Décrire le régime Transitoire
— TP. Intégrer les aspects expérimentaux et de sécurité
— P. Résoudre un Problème ouvert

Ressources Moodle
Page "OMNI/Calculs" : rappel sur les équations différentielles
Page "Physique 1A/électricité" :
— QCM Equa Diff et QCM Transitoire
— Réponses des exercices
— Un exercice corrigé en détail avec des conseils méthodologiques

Exercice 1 : Dimensions (objectif H)



Montrer que les grandeurs suivantes sont homogènes à un temps : RC, R
L
, LC.
q
Montrer que l’expression R CL est sans dimension.

Exercice 2 : Circuit RC avec conditions initiales non nulles (T)


On considère un circuit constitué d’un générateur de tension continue (tension E) en série
avec une résistance R , un condensateur C et un interrupteur K.
1. Faire un schéma du montage.
A l’instant t = 0, on ferme l’interrupteur alors que le condensateur porte une charge qinit .
2. Étudiez l’évolution de la tension uc aux bornes du condensateur.

Exercice 3 : Démarrage à temps non nul (T)


On ferme l’interrupteur K du circuit de la figure 3.8 à l’instant t0 . Déterminez la tension
u(t) aux bornes de la bobine, et le courant i(t) la traversant, pour t > t0 , sachant que le courant
est initialement nul. Représentez graphiquement u(t) et i(t).

81
E
r

2E
r

3E
r

i L K
R

Figure 3.8

Exercice 4 : Bilan d’énergie lors de la charge d’un condensateur (T, E)


On considère un condensateur de capacité C, et on s’intéresse à l’énergie fournie, stockée et
dissipée au cours de sa charge.
1. Ce condensateur, initialement déchargé, est branché en série avec une résistance et une
source de tension continue de f.e.m. Eo . Calculer l’énergie électrostatique emmagasinée en
fin de charge par le condensateur. Montrer que l’énergie fournie par la source vaut Eo Q,
avec Q la charge ayant traversé le générateur. En déduire l’énergie dissipée par effet Joule
dans la résistance.
2. La même opération de charge est effectuée, mais en branchant successivement le condensa-
teur à 2 sources de tension de f.e.m. respectives Eo /2 puis Eo , sans laisser le condensateur
se décharger entre les deux opérations. Comparer au cas précédent et discuter !

Exercice 5 : Transfert de charge entre deux condensateurs (T, E)


Le condensateur central de la figure 3.9 est initialement chargé sous une tension E (interrup-
teur en position 1) tandis que le condensateur de droite est initialement déchargé. A l’instant
t = 0, l’interrupteur est basculé dans la position 2.
1. Déterminez les variations du courant i(t) traversant la résistance.
2. Déduisez-en les valeurs limites (t 7→ ∞) des tensions u et u′ .
3. Exprimez l’énergie initialement stockée dans les condensateurs ainsi que l’énergie restante
aux temps longs (t 7→ ∞)
4. Déterminez l’énergie dissipée dans la résistance pendant le régime transitoire par deux
méthodes :

(a) Par un calcul direct


(b) En effectuant un bilan d’énergie.

1 2 i

C
E C u′
u

Figure 3.9

82
Exercice 6 : Onduleur à éclateur (d’après IE3 décembre 2013) (T, TP)
Un onduleur est un appareil électronique permettant de générer un courant périodique à
partir d’un courant continu. Nous allons montrer qu’il est possible d’utiliser un condensateur
pour fabriquer un onduleur, c’est à dire une source de tension périodique. Le schéma de principe
est donné figure 3.10 :

Figure 3.10

Le dipôle placé en parallèle avec le condensateur de capacité C = 20µF est un éclateur.


Son rôle est de créer une étincelle qui court-circuite le condensateur lorsque la tension à ses
bornes atteint une valeur seuil V0 positif et réglable. Le condensateur se décharge alors en un
temps négligeable (on considérera que la décharge est instantanée) et la tension aux bornes de
l’éclateur est alors ramenée à zéro. Le condensateur peut alors se recharger et u(t) commence
un nouveau cycle.
On précise en outre que l’éclateur ne prélève aucun courant tant que u < V0 et qu’il se
comporte alors comme un interrupteur ouvert. Le condensateur possède une charge nulle à
t = 0 et la masse du montage est reliée à la terre par l’intermédiaire du cordon d’alimentation
du générateur.
La source est une source idéale de tension de force électromotrice Ue constante dans le
temps. Un conducteur ohmique de résistance R = 100Ω est placé en série avec elle.
1. Pour le premier cycle de charge, tant que u(t) < V0 , déterminer l’expression de u(t) en
fonction des paramètres du problème.
2. Déterminer l’instant t1 correspondant au déclenchement de l’éclateur en fonction de Ue ,
R, C et V0 . Calculer numériquement t1 avec V0 = Ue /2.
3. Justifier que le signal est périodique de période T à déterminer.
4. Donner une représentation graphique qualitative de u(t), dans le cas périodique, pour t
allant de 0 à 3T . Indiquer sur le graphe les valeurs remarquables de u(t).
5. Déterminer l’expression de l’intensité i(t) lors du premier cycle et en déduire une représen-
tation graphique pour t allant de 0 à 3T . Indiquer sur le graphe les valeurs remarquables
de i(t).
6. Expliquez comment vous feriez, schéma à l’appui, pour visualiser simultanément u(t) et
i(t) avec un oscilloscope.
7. A partir de l’expression de la période, identifiez deux domaines de comportement possibles
basés sur la valeur de V0 et expliquez le comportement du montage dans chacun de ces
domaines.

83
Exercice 7 (Problème ouvert) Etincelle de rupture (T, E, TP, P)
Il arrive que lorsqu’on ouvre un circuit électrique, une étincelle se produise au niveau de
l’interrupteur. Ceci apparaît surtout dans des circuits avec une ou plusieurs bobines, ce qui est
notamment le cas d’un moteur. Cette étincelle peut provoquer d’important dommages à cause
du court-circuit ainsi formé.
Il existe une tension au-delà de laquelle l’air devient conducteur. On l’appelle tension de
claquage de l’air. Cette tension est de l’ordre de 30kV pour une épaisseur de 1cm d’air 8 .
On pourra modéliser le moteur par une bobine de 3mH en série avec une résistance de 3Ω,
alimentée par une source idéale de tension de 12V . On peut modéliser un interrupteur ouvert
par une résistance de l’ordre de 10kΩ, représentant la résistance de la couche d’air entre les
bornes de l’interrupteur.
1. Après avoir utilisé le moteur, on ouvre l’interrupteur. Une étincelle s’y produira-t-elle ?
2. Interpréter ce phénomène d’un point de vue énergétique. A l’aide d’une diode, proposer
une amélioration au montage pour éviter l’étincelle.

Exercice 8 : Charge d’un condensateur (T)


On considère le schéma de la Figure 3.11. Le condensateur étant initialement déchargé, à
t = 0, on ferme l’interrupteur K.
1. Établir à l’aide des lois de Kirchhoff l’équation différentielle à laquelle satisfait la tension
u aux bornes du condensateur.
2. En déduire la constante de temps de ce montage.
3. Donner les expressions de u(t) et i(t).
4. Application numérique : au bout de combien de temps le condensateur est-il chargé à 99,9
% de sa charge maximale ?
On donne : R = 50 Ω, R1 = 100 Ω, R2 = 200 Ω, C = 0,5 µF.

Figure 3.11 – Montage de charge d’un condensateur.

Eléments de correction des exercices


Ex 2 : Circuit RC, CI non nulles
CI : uc(t = 0+ ) = uc(t = 0− ) = q/C. Il vient uc(t > 0) = (q/C − E)e−t/RC + E.

Ex 3 : Démarrage à temps non nul


t0 −t
E
i(t > t0 ) = 2 (R+r/3) (1 − e τ )]. Et u(t > t0 ) = L di(t)
dt

8. La tension de claquage permet d’arracher les électrons des atomes de l’air (on dit que l’air est ionisé), ce
qui permet le passage d’un courant. La relocalisation des électrons s’accompagne d’émission lumineuse, ce qui
se traduit par une étincelle. C’est ce phénomène qui donne lieu aux éclairs lors des orages.

84
Ex 5 : Transfert de charge
t
1. i(t) = ER
e− τ avec τ = RC/2.
2. u(t 7→ ∞) = u′ (t 7→ ∞) = E/2.
3. Estock (t = 0) = 12 CE 2 et Estock

(t = 0) = 0J.
Puis Estock (t 7→ ∞) = Estock (t 7→ ∞) = 21 C( E2 )2 .

2 −2t
4. Presisteur (t) = ER e τ . Edissipee = C( E2 )2 .

Ex 6 : Onduleur à éclateur
1. u(t) = ue (1 − e−t/τ ) avec τ = RC.
2. Ue
t1 = τ ln( U e−V 1
) = 1,4ms.
3. T = t1 .
5. i = ue /Re−t/τ .
6. attention aux masses
7. Si V1 > Ue, l’éclateur n’est jamais activé.

85
86
Chapitre 4

Le régime sinusoïdal

Objectifs
— Comprendre l’origine du déphasage entre courant et tension dans un circuit
alimenté en sinusoïdal
— Comprendre la notion d’impédance complexe et son utilisation dans la loi
d’Ohm pour rendre compte du déphasage entre les grandeurs
— Faire le lien entre l’impédance et la représentation temporelle du courant i(t)
et de la tension u(t)
— Mesurer ce déphasage sur la représentation temporelle des grandeurs et l’ex-
ploiter, par exemple pour en déduire l’impédance d’un tronçon de circuit
— Utiliser la notation exponentielle complexe ou sinusoïdale selon les situations
— Modéliser un dipôle ou une association de dipôles par une impédance

Prérequis mathématiques
— Nombres complexes
— Fonctions sinusoïdales

Introduction

Dans beaucoup de domaines de la physique (Acoustique, Mécanique, Électronique ...) les


grandeurs utilisées sont sinusoïdales. D’un point de vue pratique, la tension fournie par le réseau
de distribution EDF est également sinusoïdale (de fréquence ≃ 50 Hz ) car elle est obtenue par
l’intermédiaire d’un alternateur, grâce au phénomène d’induction qui sera étudié au 3è semestre.
L’intérêt de l’étude de la réponse d’un réseau linéaire en régime sinusoïdal est donc évident.
De plus, cette étude est également primordiale pour une raison plus fondamentale car on
peut montrer qu’un signal périodique quelconque peut se décomposer en une somme de plusieurs
sinusoïdes appelées harmoniques ("les séries de Fourier"). Il en sera de même pour un signal
quelconque grâce à une transformation mathématique appelée "transformée de Fourier". Par
conséquent, la réponse d’un réseau linéaire à toute forme de sollicitation temporelle autre qu’une
sollicitation de type sinusoïdal peut se déduire de sa réponse en régime sinusoïdal.

87
Figure 4.1 – Représentation temporelle d’un signal sinusoïdal : définition de la période T et
de l’amplitude Sm .

4.1 Régime sinusoïdal forcé : définitions


4.1.1 Représentations d’un signal sinusoïdal
4.1.1.1 Forme instantanée d’un signal sinusoïdal : amplitude, pulsation et période
Un signal purement sinusoïdal s’écrit :

s(t) = Sm cos (ωt + φ) (4.1.1)


où Sm est l’amplitude du signal (l’unité de Sm est la même que celle de s(t)), (ωt + φ) est
la phase à l’instant t (c’est un angle en radians) et φ (rad), la phase à l’instant t = 0 ou
“phase à l’origine”, ω (rad/s) étant la pulsation.
Un choix convenable de l’origine des temps permet de prendre φ = 0 et dans ce cas s(t)
s’écrit simplement : s(t) = S m cos(ωt).
Dans ce chapitre s(t) est une grandeur sinusoïdale qui peut représenter une tension (V ) ou
une intensité de courant (A).

La figure 4.1 donne la représentation du signal “s” en fonction du temps. Il s’agit d’une
2π 1
fonction périodique, de période T = (s) et de fréquence f = (Hz).
ω T
Le terme Sm est appelé amplitude du signal, l’amplitude crête à crête du signal est la
différence entre sa valeur maximale et sa valeur minimale, elle est donc égale à 2Sm . Au cours
du temps : −Sm ≤ s(t) ≤ Sm .
Remarque : Si s(t) représente une tension sinusoïdale mesurée à l’oscilloscope, le signal
observé à l’écran de l’appareil correspond à la représentation temporelle : il sera similaire à
celui illustré sur la figure 4.1. En optimisant les réglages de l’oscilloscope, il est donc facile de
mesurer T et Sm .

Valeurs moyenne et efficace - définitions


Un signal purement sinusoïdal de type : s(t) = S m cos (ωt + φ) possède une valeur moyenne
nulle comme on le voit sur la figure 4.1 :

ˆ
to+T
1
< s(t) >T = s(t)dt = 0 (4.1.2)
T
to

La valeur efficace Seff d’un signal périodique de période T s’écrit :

88
ˆ
to+T
1
2
Seff 2
= < s (t) >T = s 2 (t)dt (4.1.3)
T
to

Sm
Pour un signal sinusoïdal, on montre que : Seff = √ . Dans ce cas s(t) s’écrit : s(t) =
√ 2
Seff 2 cos (ωt + φ). Attention aux notations, la notation S est ambigüe et peut représenter
soit Sm ou Seff selon les cas.

Remarque − 1 : Si s(t) représente un courant ou une tension, la valeur affichée par un


multimètre correspond à la valeur efficace Seff du courant (respectivement de la tension).

Remarque − 2 : Physiquement, si s(t) est une tension, Seff est la valeur de la tension
continue qui provoquerait la même dissipation de puissance aux bornes d’une résistance que la
tension s(t).

Déphasage entre deux signaux synchrones


Deux signaux s1 (t) et s2 (t) sont dits synchrones s’ils ont la même pulsation ω (rad/s). On
peut remarquer que dans ce cas, ils ont également la même période T (s) et donc la même
fréquence f (Hz).

En revanche, comme le montre la figure 4.2, ils n’ont pas nécessairement la même phase à
l’origine φ (rad). Si les deux signaux ont une phase à l’origine φ1 respectivement φ2 différente,
cela se traduit par un décalage temporel entre les deux signaux s1 (t) et s2 (t).
On définit le déphasage φ2/1 du signal s2 (t) par rapport à s1 (t) par φ2/1 = φ2 − φ1 . Le
déphasage s’exprime en radians.

Remarque : Le déphasage φ2/1 ne peut être défini que si les deux signaux s1 (t) et s2 (t)
sont synchrones (c’est à dire de même pulsation ou même fréquence).

Avance et retard de phase : Suivant le signe du déphasage φ2/1 , on parle d’avance de


phase (si φ2/1 > 0) ou de retard de phase (si φ2/1 < 0). Ces deux cas sont illustrés sur les
figures 4.2 (a) et (b).

On distingue certaines valeurs particulières du déphasage. Il s’agit de φ2/1 = 0, π2 , − π2 et


π . On parle alors respectivement de signaux en phase, en quadrature avance, en quadrature
retard ou en opposition de phase.

89
Figure 4.2 – Le signal s2 (t) est en avance de phase de π/2 sur s1 (t). (a) Mesure effectuée
au passage des signaux à 0. (b) Mesure effectuée entre deux maximums (τ = T /4 avec mesure
effectuée au passage des signaux par zéro) (a).

Remarque : Lorsque, comme sur la figure 4.2(a) et (b), on utilise la représentation tempo-
relle des signaux s1 (t) et s2 (t), l’écart de temps mesuré entre les deux signaux, noté τ , permet
de calculer le déphasage φ2/1 . Le lien entre les deux grandeurs sera vu en TP − TD.

4.1.1.2 Forme complexe d’un signal sinusoïdal

• Notation
En physique, le complexe de module 1 et d’argument π/2 sera noté j et non pas i comme
en Maths pour des raison évidente de confusion possible avec l’intensité. On aura donc j 2 = −1
et 1/j = −j.

• Représentation sous la forme d’un nombre complexe


Soit un signal s(t) purement sinusoïdal : s(t) = S m cos (ωt + φ).
On appelle image complexe ou grandeur complexe associée à s(t) la grandeur :
s(t) = Sm ej(ωt+φ) qui peut également s’écrire s(t) = S m ejωt
où S m est l’amplitude complexe, qui peut s’écrire sous sa forme algébrique :

S m = Sm ejφ = Sm (cos φ + jsinφ) = Sm cosφ + jSm sinφ

Remarque : Les grandeurs physiques (tension, intensité, ...) sont des grandeurs réelles. Les
grandeurs complexes ne sont utilisées que comme outil mathématique pour faciliter les calculs.
Il est donc impératif de savoir comment retrouver la grandeur réelle lorsque l’on souhaite revenir
à la grandeur physique (comme par exemple une tension observée à l’oscilloscope).

• Lien avec la représentation réelle :

s(t) = ℜe [s(t)], Sm = | S m | = | s(t) | et φ = arg [S m ] (4.1.4)

• Intégration et dérivation d’un complexe :


On remarquera que dériver le complexe s(t) revient à le multiplier par jω, c’est à dire
´
ds(t)
dt
= j ω s(t) et qu’intégrer ce complexe revient à le diviser par jω, c’est dire s(t)dt = s(t)

.

90
Figure 4.3 – Représentation de Fresnel de l’amplitude complexe S m .

Application 1
Une grandeur
√ sinusoïdale sous  sa forme instantanée s’écrit :
s(t) = 12 2 cos 100πt + 2 . π

1 ) Déterminer la moyenne, la valeur efficace et l’amplitude de la grandeur s(t),


2 ) Donner sa pulsation, sa période et sa phase à l’origine φ,
3 ) Déterminer l’amplitude complexe associée à s(t).

• Représentation dans le plan complexe : construction de Fresnel


On a coutume de représenter la forme complexe d’un signal en utilisant la construction de
Fresnel. C’est la représentation vectorielle de l’amplitude complexe S m = Sm ejφ dans le plan
complexe (ℜe − ℑm). L’amplitude Sm du signal est la norme du vecteur de Fresnel et l’angle
avec l’axe réel est la phase à un instant donné. En général on choisit t = 0, l’angle avec l’axe
des réels est alors la phase à l’origine φ (figure 4.3).

On a vu précédemment que S m = Sm cosφ + jSm sinφ= a + jb


avec Sm cosφ = ℜe [S m ] = a et Sm sinφ = ℑm [S m ] = b.

Remarque : Les grandeurs physiques (tension, intensité, ...) sont des grandeurs réelles. Ici
encore, la représentation de Fresnel ne sera utilisée que comme outil pour faciliter les calculs :
comme il est souvent d’usage lors de calculs portant sur des grandeurs réelles de type sinusoïdal,
les calculs seront menés en utilisant la grandeur complexe ou le vecteur de Fresnel associé. La
manipulation des grandeurs sinusoïdales, sous la forme complexe ou vectorielle sera proposée
en TD.
Il est en tous cas impératif de savoir comment retrouver la grandeur réelle lorsque l’on sou-
haite revenir à la grandeur physique (comme par exemple une tension observée à l’oscilloscope).

• Lien avec la représentation réelle :


A partir de la figure 4.3 et en utilisant des considérations géométriques, l’amplitude réelle
Sm et l’argument sont déterminés
√ simplement à partir de la composante réelle et imaginaire de
l’amplitude complexe : Sm = a2 + b2 et la phase à l’origine peut être calculée à partir de la
relation tanφ = b/a.

91
Figure 4.4 – Circuit RLC série.

Application 2
Somme de deux grandeurs sinusoïdales :
Soit deux grandeurs sinusoïdales s1 (t) et s2 (t). !
√ √ π
s1 (t) = 3 2 cos(100πt) et s2 (t) = 3 2 cos 100πt + .
3
Déterminer les caractéristiques de la grandeur s(t) = s1 (t) + s2 (t) et l’exprimer sous sa forme
instantanée.
1 ) A partir de la construction de Fresnel,
2 ) A partir de la représentation complexe.

4.2 Réponse d’un circuit alimenté par une force électromo-


trice sinusoïdale
Considérons par exemple le circuit série R − L − C de la figure 4.4 (C initialement dé-
chargé).

D’après la loi des mailles, on a :

ˆt
di(t) 1
e(t) = Ri(t) + L + i(t)dt (4.2.1)
dt C
o

Ou, en dérivant :

de(t) d2 i(t) di(t) i(t)


= L 2
+R + (4.2.2)
dt dt dt C
On obtient le courant i (t) en résolvant l’équation différentielle (équation 4.2.2) associée au
circuit. Comme vous l’avez appris en OMNI, la solution générale de cette équation différentielle
est la somme :
— d’un courant i1 , donné par la solution générale de l’équation sans second membre associée,
qui ne dépend que des coefficients de l’équation différentielle. Cette solution définit le
régime transitoire ; ce régime est en général exponentiel et tend à disparaître avec le
temps (cf. Chapitre 3).
— et d’un courant i2 , solution particulière de l’équation complète, qui définit le régime forcé.
Cette solution particulière est, dans la plupart des cas, de la même forme que la tension
e(t) ; ici, elle sera donc sinusoïdale et de même pulsation que l’excitation. i2 est donc de
la forme i2 (t) = Im cos(ωt).

92
La démarche la plus générale consisterait donc à résoudre l’équation (déterminer i1 et i2 ) et
utiliser les conditions initiales pour trouver les constantes d’intégration (comme au chapitre 3).
En pratique, nous allons dissocier l’étude du régime transitoire et celle du régime forcé.
— L’évolution temporelle du courant i1 , pour un circuit série R − L − C alimenté par une
source de tension continue, sera étudiée lors du TP 18. À cette occasion, le lien sera fait
avec la méthodologie de résolution des équations différentielles vue en OMNI. On verra
que dans certaines conditions (i.e. pour des valeurs particulières des composants R, L
et C), le régime transitoire peut faire apparaître des oscillations. On parlera d’oscillations
libres, par opposition au régime sinusoïdal forcé (que l’on qualifie parfois d’oscillations
forcées).
— Dans la suite de ce chapitre, nous nous focaliserons sur le cas particulier régime sinusoïdal
forcé qui correspond à l’étude√ de la solution particulière de l’équation (4.2.2) lorsque e(t)
est de la forme : e(t) = E 2 cos (ωt) . Nous verrons dans ce chapitre que la notation
complexe est un outil particulièrement adapté pour trouver cette solution particulière. Ce
choix se justifie du fait des nombreuses applications pratiques, qui seront abordées dans
le chapitre 6 (Filtres).
Notons que nous reviendrons, dans la suite du semestre, sur les phénomènes d’oscillations
libres et oscillations forcées en mécanique.

4.3 Impédances complexes de dipôles élémentaires


On considère un élément passif (résistance, bobine idéale ou condensateur parfait) parcouru
par un courant i(t) = Im cos(ωt). On montre que la tension u(t) aux bornes du dipôle considéré
sera également une grandeur sinusoïdale, et sera synchrone avec i(t). Soient u et i les nombres
complexes associés à ces deux grandeurs réelles avec la convention récepteur.
u
On appelle alors impédance complexe de l’élément la quantité z définie par : z = . Grâce à
i
cette définition, les relations entre courants et tensions seront grandement simplifiées en régime
sinusoidal par rapports aux relations avec dérivées utilisées en régime transitoire (cf 4.3.2 et
4.3.3).
Le module de z donnera le rapport de l’amplitude de u et de i et l’argument de z donnera
le déphasage entre u et i . La représentation de Fresnel des grandeurs sinusoïdales tension et
intensité permettra une mise en évidence facile de leurs déphasages respectifs. A cette fin, les
deux grandeurs seront représentées sur la même figure. Dans le cas général (dipôles seuls ou
associés en série), on prendra le courant comme origine des phases. Dans ce cas, on choisira
l’origine des temps pour que : φi = 0.

4.3.1 Résistance
Si i(t) = Im cos(ωt) , alors u(t) = Ri(t) = RIm cos(ωt) (figure 4.5). Aucun déphasage
n’existe entre u et i .

• Représentation de Fresnel :

u et i .sont représentés par deux vecteurs colinéaires (car il n’y a aucun déphasage entre les
deux grandeurs), d’amplitude respective Im et RIm (figure 4.5b).

• Représentation complexe :

93
Figure 4.5 – Relations entre courant et tension pour un dipôle purement résistif. (a) Conven-
tions. (b)Représentation de Fresnel.

u
i = Iejωt ⇒ u = RIm ejωt soit z = = R (4.3.1)
i
Par conséquent, l’impédance complexe associée à une résistance est un réel pur.

4.3.2 Condensateur
Si
ˆt !
1 Im Im π
i(t) = Im cos(ωt) alors : u(t) = idt = sin(ωt) = cos ωt − (4.3.2)
C Cω Cω 2
0

La tension aux bornes d’un condensateur pur est donc en quadrature retard sur le courant.

• Représentation complexe :

i = Im ejωt alors :

Im j(ωt− π ) 1 u 1
u = z.i = e 2 = Im ejωt soit z = = (4.3.3)
Cω jCω i jCω

• Représentation de Fresnel :

π
Les vecteurs représentant la tension et le courant font un angle de - et les modules des
2
1
vecteurs ont un rapport de (figure 4.6b).

Par conséquent, l’impédance complexe associée à un condensateur ou plus généralement à un
circuit de type capacitif est un imaginaire pur et négatif qui est constant pour un condensateur
et une fréquence donnée.

94
Figure 4.6 – Dipôle purement capacitif. (a) Conventions. (b )Représentation de Fresnel.

Figure 4.7 – Bobine parfaite. (a) Conventions. (b) Représentation de Fresnel.

4.3.3 Bobine d’auto-induction.


Si !
di π
i(t) = Im cos(ωt) ⇒ u = L = LωIm cos ωt + (4.3.4)
dt 2

La tension aux bornes d’une bobine pure est donc en quadrature avance sur le courant.

• Représentation complexe :

i = Im ejωt alors :

π u
u = z.i = jLωIm ejωt = LωIm ej(ωt+ 2 ) soit z = = jLω (4.3.5)
i
• Représentation de Fresnel :

π
Le vecteur représentant la tension fait un angle de avec le vecteur représentant le courant.
2
Le rapport des modules de ces vecteurs est Lω (figure 4.7b).

Par conséquent, l’impédance complexe associée à une bobine ou plus généralement à un


circuit de type inductif est un imaginaire pur et positif.

4.3.4 Utilisation de la notion d’impédance complexe


Considérons un circuit d’impédance complexe alimenté par une tension sinusoïdale. Sous sa
forme la plus générale, z s’écrira : z = R + jX

95
D’après ce qui précède, R, partie réelle de z , représente la résistance du circuit et X , partie
imaginaire, représente la réactance du circuit. X sera positif dans le cas d’un circuit de type
selfique et négatif dans le cas d’un circuit de type capacitif.

Soient u et i les grandeurs complexes associées à la tension u appliquée au circuit et au


courant i le traversant.
u Um ejωt
Si u = Um cosωt alors : i = = = Im ej(ωt+φ) où φ est une grandeur
z R + jX
algébrique.
Um
D’où : i(t) = Im cos(ωt + φ) avec Im = |i | = √
R2 + X 2
!
X
et ωt + φ = arg(i) = arg(u) − arg(z) = ωt − arctan
R

Les données de X et R permettent donc d’accéder à l’amplitude réelle du courant ainsi qu’à
son déphasage avec la tension appliquée.

• Représentation de Fresnel :

Les valeurs de φ et Im peuvent également être déterminées facilement à l’aide de la construc-


tion de Fresnel (représentation de Fresnel de l’amplitude complexe I m ). Des considérations
géométriques simples permettent de retrouver les relations précédentes donnant tan φ et Im .

Application 3
Donner les valeurs numériques des modules des impédances suivantes et le déphasage de leur
tension d’alimentation par rapport au courant qui les parcourt (fréquence 50 Hz) :
1 ) pour une résistance de valeur 874 Ω,
2 ) pour une bobine d’inductance 0,2 H,
3 ) pour un condensateur de capacité 0,1 mF.

Application 4
À l’aide des impedances complexes retrouver la dimension des expressions suivantes : RC,
√ q
L/R, LC, R CL

4.4 Méthodes de résolution générales


Les méthodes de résolution largement développées en régime continu (Chapitre 2) sont
transposables au régime sinusoïdal forcé en substituant les grandeurs réelles (E , U , I ) des ten-
sions et des courants continus, par les grandeurs complexes correspondantes (e, u, i ), et la notion
de résistance R par celle d’impédance complexe z.
Par exemple, le calcul de l’impédance complexe zeq de n dipôles passifs associés en série
k=n
donne : zeq = zk .
P
k=1

96
Application 5
Pont diviseur de tension :

1 ) En utilisant la loi d’Ohm et les lois de Kirchhoff, exprimer les tensions u1 et u2 en fonction
de e, z 1 et z 2
2 ) Appliquer les relations trouvées précédemment dans le cas où l’impédance z 1 est celle d’une
bobine d’inductance L et l’impédance z 2 est celle d’un condensateur de capacité C.

Application 6
Transfiguration (question issue du DS 2012-2013 ) :

Par transfigurations, exprimer l’impédance complexe z th et la tension du générateur eth en


fonction de ω , R, C et de e pour que les deux schémas soient équivalents.

Annexe : Éléments de réponses aux exercices d’applications


sur le régime sinusoïdal

Application 1

1) < s(t) >T = 0, Seff = 12 (unité de s(t)), Sm = 12 2 (unité de s(t))
2) ω = 100π rad/s, T = 20 ms, φ = π2
√ jπ
3 ) Sm = 12 2e 2

97
Figure 4.8 – Construction de Fresnel - Application 2.

Application 2
1) A partir de la construction de Fresnel (figure 4.8) :


− →
− →
− →

 
\ π
∥S1 ∥ = ∥S2 ∥, S1 , S2 =
3

− →
− →
− →
− √
 
\ π π
Le triangle OAB est isocèle ⇒ S1 , S = et ∥ S ∥ = 2∥S1 ∥ cos = 3 3
! 6 6
√ √ π
D’où : s(t) = (3 3) 2 cos 100πt +
6
2) A partir des grandeurs complexes :
√ √ √ √ 
s = 3 2 + 3 2 cos π3!+ jsin π3 = 3 2 2 3 + j 3

√ !
3 π √ √ π
arg(s) = arctan = , | s | = 3 6 , Au final :s(t) = 3 6 cos 100πt +
3 6 6

Application 3
1) 874 Ω ; φu/i = 0
2) 62,8 Ω ; φu/i = + π2
3 ) 31,8 Ω ; φu/i = − π2

Application 4
T, T, T, 1

Application 5
z1 z2
1) On retrouve la formule du pont diviseur de tension : u1 = z 1 +z 2
e et u2 = z 1 +z 2
e
1 e et u2 = 1−LCω 2 e
Lω 1
2) u1 = Lω−

Application 6
e
z th = R + R
1+jRCω
et eth = 1+jRCω

98
Exercices sur le régime sinusoïdal

Objectifs
Dans le titre de chaque exercice les objectifs sont indiqués :
— D. Mesurer et exploiter un Déphasage
— N. Utiliser la Notation exponentielle ou algébrique selon les situations
— Z. Modéliser un dipôle ou une association de dipôles par une impédance
— T. Faire le lien entre l’impédance et la représentation Temporelle du courant
i(t) et de la tension u(t)
— S. Simuler un problème scientifique avec python.
— TP. Intégrer les aspects expérimentaux et de sécurité
— P. Résoudre un Problème ouvert

Ressources Moodle
Page "Physique 1A/électricité" :
— QCM Sinusoïdal
— Petit Guide de l’alternatif pour les TP/TD
— Réponses des exercices

Exercice 1 : Détermination de déphasages (D)

Déterminer le déphasage de us (t) par rapport à ue (t) sur les oscillogrammes de la figure 4.9.

Exercice 2. Notations exponentielle et algébrique (N)

En régime sinusoïdal, les calculs peuvent être lourds. Heureusement un outil mathématique
permet de les simplifier beaucoup : les nombres complexes – qui portent donc mal leur nom...
Rappel d’OMNI : un nombre complexe peut s’écrire sous la forme algébrique z = a + j × b
ou sous la forme exponentielle z = |z| × ejϕ .
1. Pourquoi dans le domaine de l’électricité (et en physique plus généralement) note-t-on
habituellement j et non i le nombre imaginaire tel que j 2 = −1 ? Rappelez le nom des grandeurs
a, b, |z| et ϕ, et à quoi elles correspondent dans le plan complexe.
2. Soit les tensions u1 (t) = U1 cos(100πt), u2 (t) = U1 cos(100πt + π/3), et l’intensité i(t) =
I0 cos(100πt + π/2). Quelle est la fréquence de ces signaux ? (NOTE : le réseau électrique a la
même fréquence en France)
3. Associez-leur les grandeurs complexes u1 (t), u2 (t) et i(t). Donnez leur forme exponentielle
et leur forme algébrique.

99
Figure 4.9 – Détermination de déphasages

100
4. On souhaite calculer la grandeur complexe z(t) = u1 (t)/i(t). Quelle forme complexe est
la plus adaptée ? Donner les caractéristiques de z(t), et un exemple où ce calcul est intéressant.
5. On souhaite calculer la grandeur réelle u(t) = u1 (t) + u2 (t). Quelle forme complexe est la
plus adaptée ? Donner les caractéristiques de u(t), et un exemple où ce calcul est intéressant.

Exercice 3 : Association de deux inductances en parallèle (Z)

Deux bobines d’inductances L1 et L2 et de résistances négligeables sont connectées en paral-


lèle et ne présentent aucune induction mutuelle entre elles. Calculer leur impédance équivalente.
Montrer que le système est équivalent à une seule bobine d’inductance L qu’on exprimera en
fonctions de L1 et L2 .

Exercice 4 : Equivalence condensateur et résistance dans une


association en parallèle ou en série (Z, S)
Un condensateur qui présente des fuites électriques entre ses armatures est un condensateur
imparfait. On peut le modéliser par un condensateur parfait de capacité C en parallèle avec une
résistance R caractérisant les fuites. Montrer qu’un tel système est équivalent à un condensateur
C ′ en série avec une résistance R′ . On calculera C ′ et R′ .
Remarque : envisager une résolution ou une vérification avec Python-Sympy.

Exercice 5 : Un circuit purement résistif (Z, S)

Déterminer la valeur de R pour que le circuit de la figure 4.10 soit équivalent à une résistance
pure dont on déterminera également la valeur.
Remarque : envisager une résolution ou une vérification avec Python-Sympy.

Figure 4.10 – Circuit à considérer pour l’exercice 5.

Exercice 6 : Conditions pour obtenir des courants dans deux


branches en parallèle de même amplitude et en quadature
(Z, S, T)

Deux bobines identiques, de résistance R et d’inductance L sont alimentées en parallèle par


une même source de tension alternative sinusoïdale de pulsation ω. On veut que les courants
i1 et i2 soient en quadrature et aient même valeur efficace. A cet effet, on place en série avec
l’une des bobines un condensateur de capacité C (figure 4.11).
1 ) En utilisant le calcul en nombres complexes, déterminer quelle relation doit exister entre
R et Lω. Calculer C.

101
2 ) Retrouver le même résultat grâce à la construction de Fresnel.
3 ) Application Numérique : Lω= 400 Ω et f = 50 Hz.
Remarque : envisager une résolution ou une vérification avec Python-Sympy.

Figure 4.11 – Circuit à considérer pour l’exercice 6.

Exercice 7 : Câble coaxial en régime sinusoïdal (IE 2009)(Z, T)

Un tronçon de câble coaxial est alimenté par une source de tension sinusoïdale de pulsation
ω. Pour cette longueur de câble, l’âme et l’armature externe présentent des résistances respec-
tives R1 et R2 et des inductances propres respectives L1 et L2 . Ces deux armatures constituent
un condensateur de capacité C. Le matériau qui constitue la gaine représente une résistance
Rg .
1 ) Donner les impédances complexes de chaque élément de la figure 4.12.
2 ) En déduire l’impédance complexe du dipôle entre les bornes P et Q.
3 ) Comment se comporte ce dipôle lorsque la pulsation du générateur tend vers 0 ? vers ∞ ?
4 ) Calculer l’impédance totale du dipôle entre les points M et N.
5 ) Exprimer le rapport de la tension entre les bornes P et Q (notée uP Q ) sur celle mesurée
entre les points M et N (notée uM N ).
6 ) Que devient ce rapport lorsque la pulsation tend vers 0 ? vers ∞ ?

Ex. 8 : Impédance équivalente, diagramme de Fresnel (Z, S, T)

On considère le réseau constitué de deux bobines d’inductance L, d’un condensateur de


capacité C et d’une résistance R représenté sur la figure 4.13. Une tension sinusoïdale u =

Figure 4.12 – Schéma équivalent du câble coaxial.

102
vA − vF = Um cos(ωt) est appliquée entre les points A et F.
1 ) Déterminer l’expression de l’impédance complexe équivalente z de ce réseau. La donner
sous la forme z = a + jb, a et b étant des réels.
2 ) Le courant traversant l’impédance z est de la forme i = Im cos(ωt + Φ). Déterminer les
expressions de Im et de Φ en fonction de Um , R , L, C et ω .
3 ) Application numérique : R = 3Ω , L = 1mH, C = 500µF , Um = 5V et f = 50Hz .
Calculer Im et Φ.
4 ) Déterminer la puissance moyenne P dissipée dans z par deux méthodes différentes.
5 ) Déterminer la valeur de la pulsation pour laquelle le réseau est équivalent à une résistance
pure dont on donnera l’expression. Remarque : envisager une résolution ou une vérification avec
Python-Sympy.
6 ) On donne maintenant les valeurs suivantes : R = 5Ω , Lω = 3Ω, 1/Cω = 2Ω et Im = 1A.
Faire un diagramme de Fresnel où l’on fera d’abord figurer les tensions uAB et uBE . On prendra
comme échelle 1cm = 1V.
7 ) A l’aide de l’expression numérique de z, tracer sur le même diagramme le vecteur repré-
sentant u et en déduire le tracé de uEF .
8 ) Déterminer à partir de ce diagramme l’amplitude de uEF et son déphasage Ψ par rapport
à i.

Figure 4.13 – Circuit à considérer pour l’exercice 8.

Exercice 9 : Sonde atténuatrice (Extrait IE ASINSA 2021) (Z, T, TP)

L’entrée d’un oscilloscope est modélisée par un dipôle constitué d’une résistance pure R
en parallèle avec un condensateur de capacité C. On souhaite concevoir une sonde atténua-
trice constituée d’une résistance Rsonde en parallèle avec un condensateur de capacité Csonde .
L’ensemble est schématisé sur la figure 4.14.
V oscillo
1. Exprimez le rapport V mesure
où V désigne une tension complexe.
2. Quelles valeurs faut-il donner à la capacité Csonde et la résistance Rsonde pour avoir une
atténuation d’un facteur 10 quelle que soit la fréquence du signal à mesurer ?
Données : R = 1M Ω ; C = 30µF .
3. Donner la relation entre Csonde , Rsonde , R et C pour avoir un déphasage nul entre la
tension d’entrée (Vmesure ) et la tension de sortie (Voscillo ) quelle que soit la fréquence du
signal à mesurer.

Exercice 10 : Composant inconnu (Extrait IE1S2 2023) (Z, P)

Un composant inconnu est alimenté par une source de tension alternative de fréquence f.
Le module de l’impédance de ce composant est mesuré et sa valeur est représentée en fonction

103
Figure 4.14 – Sonde atténuatrice en entrée d’oscilloscope.

de la fréquence de la tension alternative sur la figure 4.15. Il est constitué de deux dipôles
différents parmi : une résistance, une bobine et un condensateur. Proposer, en justifiant votre
réponse, une association possible de deux dipôles pouvant correspondre à ce composant en
précisant leur disposition (série ou parallèle) ainsi que leurs caractéristiques (résistance, capacité
ou inductance). En déduire l’argument de l’impédance de ce composant à une fréquence de
f = 200 Hz.

Figure 4.15 – Module de l’impédance du dipôle inconnu en fonction de la fréquence

Eléments de correction des exercices


Ex 1 : Détermination de déphasages
1. T = 1ms, f = 1kHz, ∆t = −0,25ms = −T /4 donc φ = −π/2(retard)
2. T = 0,1µs, f = 10M Hz, ∆t = +25ns = +T /4 donc φ = +π/2(avance)
3. T = 0,1µs, f = 10M Hz, ∆t = +16ns = +T /6 donc φ = π/3(avance)
4. T = 0,1µs, f = 10M Hz, ∆t = +8ns = +T /12 donc φ = π/6(avance)

Ex 3 : Association de deux inductances en parallèle


L1 L2
Z eq = L1 +L2
ωj

Ex 7 : Câble coaxial en régime sinusoïdal


2. Z P Q = Rg /(1 + Rg Cωj) 3. Si ω → 0, équivalent à R. Si ω → ∞, équivalent à 1/Cωj.
4. Z M N = R1 + R2 + (L1 + L2)ωj + Z P Q 5. η = UP Q /UM N = Z P Q /Z M N . 6. Si ω → 0,η →
Rg/(R1 + R2 + Rg) ; Si ω → ∞, η → 0

104
Chapitre 5

Puissances en alternatif

Objectifs
— Déterminer la puissance moyenne (active) consommée par un dipôle en régime
sinusoïdal établi.
— Réaliser un bilan de puissance moyenne (active) dans un circuit linéaire.
— Déterminer les conditions d’adaptation d’impédance.

Prérequis mathématiques
— Nombres complexes

5.1 Introduction
Pour un élément de circuit en régime sinusoïdal forcé, la tension à ses bornes et l’intensité le
traversant sont des fonctions périodiques du temps. Il en sera donc de même pour la puissance
p(t) = u(t) ∗ i(t) que l’on appellera√à juste titre puissance
√ instantanée.
En effet, en posant u = Uef f 2 cos ωt et i = Ief f 2 cos(ωt − φ) 1 , φ est l’argument de
l’impédance complexe ; puis en utilisant une simple identité trigonométrique 2 on obtient :

p(t) = Uef f Ief f cos φ + Uef f Ief f cos(2ωt − φ) (5.1.1)

C’est-à-dire que la puissance instantanée est la somme de deux termes : un premier terme
indépendant du temps et un second périodique à valeur moyenne nulle et de pulsation doublée
par rapport à la tension ou l’intensité. Pour bien comprendre l’influence de ces deux termes,
étudions d’abord les cas limites.

5.1.1 Cas où φ = 0
Dans ce cas, présenté dans la figure 5.1, u(t) et i(t) sont phase. L’impédance est donc réelle,
il s’agit d’un dipôle purement résistif (comme une résistance).
La puissance est toujours positive : le dipôle consomme de l’énergie à chaque instant. Si on
néglige la dissipation d’énergie lors du transfert (résistance des fils négligeables), toute l’énergie
fournie par la source est consommée par le dipôle. Nous avons déjà rencontré de fonctionnement
en courant continu : un dipôle purement résistif ne peut que jouer le rôle d’un récepteur.

1. On note Uef f l’amplitude efficace qui est reliée à l’amplitude de la sinusoïde Um par : Um = Uef f 2
2. 2 cos(a) cos(b) = cos(a − b) + cos(a + b)

105
Figure 5.1 – Évolution temporelle des 3 grandeurs électriques quand φ = 0 (résistance)

5.1.2 Cas où φ = ±π/2


Dans ces deux cas, u(t) et i(t) sont en quadrature. L’impédance du dipôle est donc imaginaire
pure (par exemple une bobine ou un condensateur idéaux). Le cas où φ = +π/2 est illustré
dans la figure 5.2, mais le comportement est similaire quand φ = −π/2 :

Figure 5.2 – Évolution temporelle des 3 grandeurs électriques quand φ = π/2 (condensateur)

La puissance évolue de manière sinusoïdale car le premier terme de l’équation 5.1.1 est nul.
Le dipôle consomme autant d’énergie (puissance positive en convention récepteur) qu’il n’en
restitue à la source (puissance négative). Vous verrez l’an prochain que cette énergie permet
l’apparition de champs magnétiques (bobines) et/ou électriques (condensateurs). Retenez cette
année que la consommation d’énergie du dipôle est nulle en moyenne.

5.1.3 Cas où φ est quelconque


Le cas général est illustré dans la figure 5.3.
La puissance est positive pendant un temps supérieur à 12 période : le dipôle consomme
alors de l’énergie. La puissance est négative pendant un temps inférieur à 21 période : le dipôle
restitue de l’énergie à la source. En moyenne, le dipôle consomme davantage qu’il restitue.
On nomme puissance utile P la moyenne de la puissance instantanée, c’est à dire de
premier terme se l’équation 5.1.1. P =< p(t) >= Uef f Ief f cos(φ). Elle correspond à l’énergie
par unité de temps réellement consommée par le dipôle.

106
Figure 5.3 – Évolution temporelle de la tension, l’intensité et la puissance dans le cas où φ
est quelconque

On nomme puissance réactive Q, la puissance fournie par le dipôle à la source (quand


p(t) < 0). Elle est liée à la partie imaginaire de l’impédance du dipôle (bobine ou de conden-
sateur), et est nécessaire pour créer le champ magnétique et/ou électrique. Contrairement à la
puissance active P, la puissance réactive Q ne peut pas être consommée par le dipôle sous la
forme de chaleur ou de travail. Néanmoins, comme elle transite entre la source et le récepteur et
elle doit être prise en compte lors du dimensionnement de l’installation électrique qui alimente
le récepteur.
Remarque : le déphasage entre u(t) et i(t) ne peut pas dépasser π/2 en valeur absolue :
dans le cas contraire, notre récepteur restituerait à la source plus d’énergie qu’il n’en reçoit.

5.2 Le triangle des puissances


Considérons un dipôle d’impédance quelconque Z. Notons R sa partie réelle et X sa partie
imaginaire, on obtient Z = R + jX, représenté dans le plan complexe dans la figure 5.4(gauche
et centre).

Figure 5.4 – Trois représentations d’un dipôle :


(gauche) Son impédance Z dans le plan complexe ;
(centre) Schéma du montage ;
(droite) Représentation de Fresnel, I étant pris comme référence.
√ √
On considère u(t) = Uef f 2 cos(ωt) et i(t) = Ief f 2 cos(ωt − φ), respectivement la tension
à ses bornes et le courant le traversant, en convention récepteur. En prenant le vecteur I comme
vecteur de référence, on peut retrouver la représentation de Fresnel de la figure 5.4(droite).

107
Si on multiplie toutes les longueurs par la valeur efficace du courant, nous obtenons le
triangle présenté dans la figure 5.5, qui s’appelle triangle des puissances. Il a l’avantage de
représenter à l’échelle 3 puissances d’intérêt :

Figure 5.5 – Représentation de Fresnel, multipliée par Ief f

1. La longueur de l’hypoténuse est la la puissance apparente S avec S = Uef f ∗ Ief f .


Elle représente la puissance transféré par la source au dipôle. Son unité est le V A (volt-
ampère).
2. la longueur de la cathèthe 3 horizontale est la puissance active P avec P = Uef f ∗
f . Elle représente la puissance consommée par notre dipôle. Son unité
2
Ief f ∗ cos(φ) = RIef
dans le SI est le W att. Elle est toujours positive, car la partie réelle de l’impédance R est
positive. Le rapport entre la puissance active et la puissance apparente est égal à cos(φ) :
ce rapport est le facteur de puissance.
3. La longueur de la cathète verticale est la puissance réactive Q, avec Q = Uef f ∗
f . Elle représente la puissance qui transite entre la source et le
2
Ief f ∗ sin(φ) = X ∗ Ief
dipôle, qui n’est pas consommée par le dipôle mais est nécessaire à la création des champs
magnétiques et/ou électriques. Son unité est le V AR (volt-ampère réactif). Son signe
dépend de celui de X :
— si X > 0, le dipôle est inductif (tension à ces bornes en avance par rapport au courant
le traversant), alors la puissance réactive est positive ;
— si X < 0, le dipôle est capacitif (tension à ces bornes en avance par rapport au
courant le traversant), alors la puissance réactive est négative.

Application 1
La tension et le courant aux bornes d’un dipôle sont donnés :
i(t) = (1A) ∗ cos(100πt) et u(t) = (12V ) ∗ cos(100πt + π4 ).
Donner la puissance moyenne et le facteur de puissance.

Remarque 1 :En utilisant le théorème de Pythagore dans le triangle rectangle, nous avons
la relation suivante entre les trois puissances : S 2 = P 2 + Q2 .

Remarque 2 : Si on prend√ les notations complexes associées à la tension u(t) = Uef f 2 cos(ωt+
φ) et au courant i(t) = Ief f 2 cos(ωt) , alors le produit de la tension par le conjugué du
¯ = 2Uef f Ief f ejφ , ce qui permet de formuler la puissance active :
courant s’écrit u(t) ∗ i(t)
¯ ¯ 4.
P = 2 ℜ{u(t) ∗ i(t)}, et la puissance réactive Q = 12 ℑ{u(t) ∗ i(t)}
1

3. On nomme cathètes les segments perpendiculaires entre eux dans un triangle rectangle.
4. On note ℜ{Z} et ℑ{Z} respectivement la partie réelle et imaginaire du complexe Z

108
5.3 Généralisation à un circuit complexe : théorème du
Boucherot
Le théorème du Boucherot permet de calculer simplement la puissance totale consommée
par une installation électrique comportant plusieurs dipôles électriques, ainsi que l’intensité
totale appelée.
Théorème du Boucherot : Dans un circuit comprenant N dipôles (impédances), la puis-
sance active (respectivement réactive) totale est la somme des puissances actives (respective-
ment réactives) dissipées dans chacun des dipôles quelle que soit la configuration du circuit
(éléments en série ou parallèle ou n’importe quelle combinaison) :
X
Ptot = Pi
X
Qtot = Qi

On obtient alors la puissance apparente totale par Stot 2 2


= Ptot + Q2tot . Le facteur de puissance
du circuit total vaut cos(φ) = PStot
tot
, et φ est le déphasage entre la tension aux bornes du circuit
et l’intensité qui traverse le circuit.

5.4 Importance du facteur de puissance cos(φ) dans le trans-


port de l’électricité
Considérons le circuit de distribution d’électricité représenté dans la figure 5.6. Il s’agit
de l’alimentation d’un usager en monophasé, avec un circuit qui comporte deux fils : un fil
qui représente la phase et un fil qui représente le neutre. La résistance de chaque fil, qui est
proportionnelle à la longueur de fils, est notée r. Au niveau de l’usager, on note i(t) le courant
et u(t) la tension.

Figure 5.6 – Circuit de distribution de l’électricité

La valeur efficace de la tension Uef f est constante (en France, elle est de 230V) et donc la
puissance active de l’usager dépend de l’intensité efficace du courant et du facteur de puissance :
P = Uef f Ief f cos(φ). L’énergie électrique consommée par l’usager (et facturée par le distributeur
d’électricité) est la somme au cours du temps de la puissance active. Elle s’exprime en kW h.
L’énergie fournie par le distributeur d’électricité peut se repartir en trois termes :
— Énergie consommée par l’usager, liée à la puissance active P de l’installation de l’usager.
— Énergie qui transite entre le distributeur d’électricité et l’usager, qui dépend de la puis-
sance réactive Q de l’installation de l’usager (ce terme est surtout important pour les gros
consommateurs industriels, qui utilisent beaucoup d’appareils inductifs dans leurs usines :
fours...) ; ce terme est négligeable pour les utilisations domestiques.

109
— Énergie perdue par effet Joule dans la ligne de distribution : il s’agit des pertes en ligne.
L’intérêt du distributeur est de correctement dimensionner l’installation pour satisfaire les
besoins de l’usager (ce dimensionnement est directement lié à la puissance apparente S dont
l’usager peut disposer) et d’avoir le moins de pertes en ligne (pertes par effet Joule dans la ligne
de distribution d’électricité).
La puissance dissipée par effet Joule dans les fils d’alimentation s’écrit :

2 S2 P2
Pligne = 2rIef f = 2r 2
= 2r 2 2
Uef f Uef f cos(φ)

Avec S = Uef f Ief f la puissance apparente, P = Uef f Ief f cos(φ) la puissance active, et cos(φ)
le facteur de puissance. La puissance apparente représente la puissance active maximale dont le
consommateur pourra disposer pour son installation, elle est directement liée à l’abonnement
souscrit par l’usager (en kV A).
Les valeurs de P et Uef f étant souvent fixés par les besoins de l’usager, le distributeur
d’énergie a donc tout intérêt à augmenter le facteur de puissance cos(φ) pour diminuer les
pertes en ligne. On peut l’obtenir en diminuant la puissance réactive.
La plupart des consommateurs industriels utilisent de la puissance réactive inductive qui est
positive (liée par exemple à la présence de moteurs composés de bobines). Si on veut diminuer la
puissance réactive totale, il est intéressant d’utiliser un circuit capacitif qui aura une puissance
réactive négative : la puissance réactive totale de l’installation diminuera.

5.5 Transfert d’énergie - adaptation d’impédance


Lorsqu’un générateur donné, d’impédance interne zi = Ri + jXi , débite dans un récepteur
d’impédance z = R + jX, on peut montrer (voir TD) que la puissance “P = RIeff 2 ” absorbée
par le récepteur est maximale, si l’impédance du récepteur est telle que :

z = z ∗i = Ri − jXi (5.5.1)
Si cette condition n’est pas remplie, on peut placer entre le générateur et le récepteur, un
adaptateur d’impédance.

Pour une puissance moyenne absorbée par une installation, les pertes par effet Joule dans
les lignes sont minimales et l’utilisation du générateur est optimale, si le facteur de puissance de
l’installation est le plus élevé possible (proche de 1 ). Ainsi, le fournisseur « E.D.F. » est conduit
à pénaliser les usagers importants dont les installations ont des facteurs de puissance trop
faibles. Pour améliorer le facteur de puissance, on peut par exemple installer un condensateur
en parallèle sur l’installation (cf. TP 13 ).

Annexe : Éléments de réponses aux exercices d’applications


sur la puissance en régime sinusoïdal
Application 1
√ √
cos(φ) = cos( π4 ) = 2
2
d’où P = 6 cos( π4 )W = 3 2W

110
Exercices sur la puissance en régime
sinusoïdal

Objectifs
Dans le titre de chaque exercice les objectifs sont indiqués :
— E. Quantifier les échanges d’Energie d’un dipôle
— T. Faire le lien entre l’impédance, la représentation Temporelle du courant
i(t) et de la tension u(t)
— Z. Modéliser un dipôle ou une association de dipôles par une impédance
— S. Simuler un problème scientifique avec python.
— TP. Intégrer les aspects expérimentaux et de sécurité

Ressources Moodle
Page "Physique 1A/électricité" :
— QCM Sinusoïdal
— Petit Guide de l’alternatif pour les TP/TD
— Réponses des exercices

Exercice 1 : Puissance dissipée par un dipôle (E, T)


La tension et le courant aux bornes d’un dipôle constitué de deux éléments passifs en série
sont donnés : !
π
i (t) = I cos(2πf t) et u(t) = U cos 2πf t + (pour les A.N. on prendra f = 50 Hz,
3
I = 1 A et U = 12 V )
1 ) De quel type de dipôle peut-il s’agir (préciser la nature des deux éléments) ?
2 ) Déterminer la puissance active dissipée par le dipôle.
3 ) Calculer les caractéristiques des deux éléments constituant le dipôle étudié.

Exercice 2 : Adaptation d’impédance (E, Z, S)



Un générateur de f.e.m. sinusoïdale e = E 2 cos ωt et d’impédance interne, zi = Ri + jXi ,
débite dans un récepteur d’impédance z = R + jX (figure 5.7a).
1 ) Montrer que la puissance utile reçue par le récepteur est :

RE 2
P = .
(Ri + R)2 + (Xi + X)2

111
Figure 5.7 – Circuits à considérer pour l’exercice 11.

2 ) Montrer pour que cette puissance soit maximale, il est nécessaire que : z = Ri − jXi .
E2
3 ) Dans ce cas, montrer que : Pmax = .
4R
Si cette condition n’est pas réalisée, on place entre le générateur et le récepteur un adaptateur
d’impédance. Cet adaptateur est constitué par un condensateur de capacité C et d’une bobine
idéale d’inductance L (figure 5.7b).

4 ) En utilisant le résultat précédent, déterminer L et C en fonction de Ri , R et ω pour


que le transfert d’énergie soit maximal (dans le cas Xi = X = 0). Remarque : envisager une
résolution ou une vérification avec Python-Sympy.
5 ) Application numérique : vous ferez les estimations d’ordre de grandeur avant d’utiliser
la calculette. Calculer L et C pour ω = 100π [rad/s] , Ri = 50 Ω , R = 100 Ω , Xi = X = 0.

Exercice 3 : Vérification du théorème de Boucherot (Z, E)


Vérifier la validité du théorème de Boucherot dans le cas d’une association de deux impé-
dances en série puis en parallèle.

Exercice 4 : Importance du facteur de puissance pour le


distributeur d’énergie (Z, E)
On considère une installation électrique comprenant :
— Un générateur de tension sinusoïdale (fréquence f , pulsation ω), modélisant la source
d’énergie fournie par le réseau.
— une résistance série r permettant de modéliser les pertes en ligne résistives dans les câbles,
la tension à ses bornes est notée u1 (t).
— une impédance de charge Z = R + jX = Zejφ modélisant la charge d’une installation
(par exemple domestique c’est-à-dire l’usager), la tension à ses bornes est notée u2 (t).

On pose le courant sinusoïdal circulant dans l’installation sous la forme i(t) = I 2 cos(ωt).
Le fournisseur d’énergie se doit de maintenir constante l’amplitude de la tension fournie à
l’usager U2 et va rechercher à minimiser les pertes de puissance en ligne (liées à la résistance
r).
1. Calculer les puissances actives P1 (perdue) et P2 (utilisée par l’usager) en fonction des
données parmi : I, r, R, Z, φ .

112
Figure 5.8 – Dipôles D1 , D2 et D3 .

2. Calculer et commenter le rendement défini comme η = P1P+P 2


2
.
3. Quelle est la puissance active totale que va délivrer le fournisseur d’énergie ? Sur quel
paramètre peut-il jouer pour minimiser les pertes en ligne ? Proposez une solution pour
minimiser les pertes en ligne. Remarque : les appareils domestiques sont rarement capa-
citifs, mais résistifs (chauffage) et inductifs notamment à cause des moteurs (machine à
laver etc.).
L’exercice 5 aborde plusieurs exemples d’applications du facteur de puissance.

Exercice 5 : Distribution de l’électricité & Importance du


facteur de puissance (Z, E, T)
D’un point de vue pratique, pour être capable de générer des très hautes tensions, l’usage
veut que le courant soit transporté sous forme de courant alternatif (50 Hz en Europe, 60 Hz
en Amérique du Nord). On se propose de modéliser le fonctionnement d’un petit atelier de
mécanique comprenant un moteur, représenté par une bobine (d’inductance L en série avec une
résistance r), et un éclairage. Les dipôles étudiés sont (Figure 5.8) :
— D1 : éclairage, représenté par une résistance RL ;
— D2 : moteur électrique d’inductance L et de résistance r ;
— D3 : un condensateur de capacité C, qui sera introduit par la suite.

L’installation est alimentée par une source de tension√ : u(t) = U 2 cos(2πf t), avec U = 230 V,
et f = 50 Hz. On pourra poser ω = 2πf et Um = U 2.

Partie 1 : Étude du dipôle D2 seul


La fiche signalétique du moteur (dipôle D2 ) indique une puissance moyenne de P2 = 4,4 kW
et un facteur de puissance cos(φ) = 0,6 .
1. Calculer l’intensité efficace I du moteur en fonctionnement.
2. Déterminer les éléments de la bobine L et la résistance r du dipôle D2 .

Partie 2 : Correction du facteur de puissance : dipôles D2 et D3 associés


en parallèle
De manière à limiter les pertes en lignes, on souhaite ramener le facteur de puissance de
l’installation à 1 (ce qui correspond à un déphasage nul entre u(t) et i(t)).

113
Figure 5.9 – Dipôles D1 et D2 associés en parallèle.

1. Le fait de rajouter un troisième dipôle en parallèle change-t-il i2 ? Pourquoi ?


2. Déterminer, grâce à une construction de Fresnel associée aux courants la valeur de la
capacité C du dipôle D3 à insérer en parallèle avec D2 .

Partie 3 : Étude des dipôles D1 et D2 associés en parallèle


Dans la suite du problème, on prendra RL = 200 Ω, et pour les éléments du dipôle D2 :
r = 4 Ω et L = 17 mH .
Dans cette partie les dipôles D1 et D2 sont associés en parallèle suivant le schéma de la
figure 5.9. On définit les intensités i1 et i2 dans le dipôle D1 et le dipôle D2 respectivement :

i1 = I1 2 cos (ωt − φ1 ) (5.5.2)


i2 = I2 2 cos (ωt − φ2 ) (5.5.3)
1. Déterminer les intensités efficaces I1 et I2 ainsi que les facteurs de puissance associés à
chaque dipôle, cos(φ1 ) et cos(φ2 ). Commenter
2. Exprimer les courants i1 et i2 sous forme complexe.
3. En prenant comme référence la tension u(t) qui est la même pour les dipôles en parallèle,
construire le vecteur de Fresnel associé à i′ (courant principal) à partir de i1 et de i2 .
En déduire l’intensité efficace du courant principal I ′ et le facteur de puissance cos φ′ de
l’installation.
4. Vérifier vos résultats (I ′ et φ′ ) en calculant l’impédance équivalente du dipôle (D1 +D2
en //)
5. Calculer alors la puissance moyenne P ′ fournie à l’installation.
6. Calculer dans ce cas les pertes de lignes (puissance Joule PJ′ ) sachant que la résistance
linéique est de 80 µΩ/m. On précise que le transport entre le distributeur et l’usager se
fait au moyen de deux lignes (phase et neutre) de longueur 5 km chacune. Commenter.

Partie 4 : Correction du facteur de puissance : dipôles D1 , D2 et D3


associés en parallèle
De manière à limiter les pertes en lignes, on souhaite ramener le facteur de puissance de
l’installation à 1 (ce qui correspond à un déphasage nul entre u(t) et i(t)).

114
1. Le fait de rajouter un troisième dipôle en parallèle change-t-il i1 et i2 ? Pourquoi ?
2. Déterminer, grâce à la construction de Fresnel réalisée à la partie 3, la valeur de la capacité
C du dipôle D3 à insérer en parallèle avec D1 et D2 .
3. Calculer alors le courant I ′′ et la puissance P ” fournie par la source à l’installation.
4. Calculer les nouvelles pertes de lignes (puissance Joule PJ′′ ). Conclusion ?
5. Regrouper vos résultats dans le tableau récapitulatif où figureront (avec leur unité !) les
grandeurs : I1 , I2 , I3 , U , P1 , P2 , P3 , I ′ , cos φ′ , P ′ , PJ′ , I ′′ , cos φ′′ , P ′′ , PJ′′ .

Eléments de correction des exercices


Ex 1 : Puissance dissipée par un dipôle
1. Bobine et résisteur.
2. P = Uef f Ief f cosφ = 12cos(π/3) = 3W
3. r = 6Ω, L = 33mH.

Ex 4 : Importance du facteur de puissance


1. P1 = rI 2 et P2 = RI 2 .
2. η = R/(r + R)
U2 I cos(φ) U2 cos(φ)
3. Ptot = P1 + P2 . Comme η = U2 I cos(φ)+U1 I
= U2 cos(φ)+U1
, on doit augmenter cos(φ)

115
116
Chapitre 6

Filtres électroniques

Objectifs
— Analyser rapidement un Filtre avec les modèles équivalents limites
— Traitement du signal : prévoir l’allure d’un signal en sortie d’un filtre, quanti-
tativement
— Établir la fonction de transfert d’un filtre
— Tracer le diagramme de Bode à partir de la fonction de transfert sous forme
canonique, et l’exploiter
— Simuler un problème scientifique avec python.

Prérequis mathématiques
— Nombres complexes

6.1 Fonction de transfert et gain en tension


s et e désignant de façon générique les grandeurs de sortie, respectivement d’entrée d’un
système linéaire (actif ou passif), on désignera par fonction de transfert, notée H(jω), la relation
en régime sinusoïdal entre s et e qui s’exprimera sous la forme complexe : s = H(jω).e.
Il est donc possible de définir quatre fonctions de transfert :
us is is us
ou ou ou
ue ue ie ie
On s’intéressera uniquement par la suite à la fonction de transfert appelée gain en tension :
us
telle que H(jω) = qui peut se mettre sous la forme : H(jω) = G(ω)ejφ(ω) où G(ω) est le
ue
module de ce gain et φ(ω) son argument (sa phase). Ainsi, ces deux grandeurs permettent de
déterminer quelle est l’action du système sur la tension d’entrée.

6.2 Filtre
Un filtre est un circuit électronique qui permet de privilégier ou d’éliminer certaines fré-
quences d’un signal électronique. Par exemple, sur une chaîne hi-fi, un égaliseur permet de
sélectionner les bandes de fréquences transmises aux haut-parleurs et ainsi de privilégier les
graves ou les aigus. Citons également les filtres ADSL que l’on branche sur une prise télé-
phonique et qui permettent de séparer le signal basse fréquence du téléphone de celui haute
fréquence du modem, les deux signaux étant initialement superposés.

117
Un filtre est donc concu comme un système linéaire (passif ou actif) dont le module et
la phase de la fonction de transfert dépendent, en régime harmonique, de la fréquence. De
cette manière, il pourra transmettre sélectivement et avec des caractéristiques bien définies, les
diverses composantes fréquentielles de l’entrée e(t).
Des exemples de filtres sont donnés dans la suite et l’un des TP − TD leur sera consacré.

6.3 Diagramme de Bode


6.3.1 Définitions
D’après ce qui précède, le comportement en fréquence d’un système est décrit par les fonc-
tions G(ω) et φ(ω) .
La pulsation pouvant varier dans une très large gamme, on représente les courbes de varia-
tions du module et de la phase du gain complexe en tension en fonction de la fréquence (ou
de la pulsation) du signal, en portant en abscisse le logarithme décimal de la fréquence (ou de
la pulsation). On notera que, dans ce type de représentation, le point zéro est rejeté à l’infini.
L’intervalle de fréquence qui correspond à une variation de celle-ci d’un facteur 10 s’appelle une
décade, et d’un facteur 2 une octave.
Il est également d’usage de porter en ordonnée, le gain exprimé en décibel, qui est défini
par :

GdB = 20logG(ω) (6.3.1)


La phase est portée en valeurs naturelles (degrés ou radians).
L’association des graphes GdB = f1 (log(ω)) et φ = f2 (log(ω)) est appelée diagramme de
Bode du gain complexe en tension. Généralement, on remplace le tracé exact du gain et de la
phase par un tracé approché appelé diagramme de Bode asymptotique, suffisant pour permettre
une interprétation facile du fonctionnement du système.

Application 1
Si l’on considère un gain en tension, à quels rapports d’amplitudes correspondent les gains de
0 dB , -3 dB , +10 dB et +50 dB ?

6.3.2 Exemple : cas d’un filtre R − L passe-bas


Un filtre R-L est composé de l’association d’une résistance et d’une bobine. On étudie ici le
cas où la sortie du filtre est la tension aux bornes de la résistance (cf figure 6.1).

Fonction de transfert du gain à vide :


On suppose que le circuit de sortie est ouvert (i2 = 0). Ce cas idéal correspond aussi au
cas très fréquent où la sortie du filtre est branchée en parallèle avec une impédance très élevée
(par exemple un oscilloscope), de telle sorte que i2 soit très faible.

En utilisant les impédances des dipôles et la loi des mailles, il vient aisément :

vs R 1
H(jω) = = = (6.3.2)
ve R + jLω 1 + jωL/R
si on pose L/R = 1/ωo (rappel : L/R a la dimension d’un temps !), il vient :

118
Figure 6.1 – Filtre LR.

1
H(jω) = (6.3.3)
ω
1+j
ωo
Diagramme de Bode : On étudie d’abord le comportement asymptotique du module du gain
G et de la phase φ, c’est-à-dire quel est le comportement du filtre pour des fréquences (ou
pulsations) très faibles et quel est son comportement pour des fréquences très élevées.

i) Étude du gain

On a vu que G(ω) est le module de H(jω). D’où :

1
G(ω) = |H(jω)| = v !2 (6.3.4)
u
u
t1 + ω
ωo

ω
⇒ si <‌< 1 (autrement dit si la pulsation est très basse par rapport à ωo ), G = 1 et
ωo
G(dB) = 0 . Cela définit une droite horizontale qui est la première asymptote à la courbe de
gain.
!−1
ω ω
⇒ si >‌>1 (si la pulsation est très élevée par rapport à ωo ), G ∼
= et GdB ∼
=
ωo ωo
!
ω
−20log = 20log (ωo ) − 20log (ω).
ωo
Ceci est l’équation d’une droite, coupant l’axe des abscisses au point ω/ωo = 1. Si ω varie
de ω1 à 2ω1 , GdB varie de −6 dB. On dit que cette droite possède une pente de −6 dB par
octave ou, ce qui est équivalent, de −20 dB par décade (lorsque ω varie de ω1 à 10ω1 alors GdB
varie de −20 dB). La courbe réelle de gain (figure 6.2) a donc pour asymptotes les deux droites
décrites ci-dessus.
On peut également calculer
√  que pour ω = ωo , elle passera par le point
GdB (ωo ) = 20log 1/ 2 ≈ −3dB . 1

ii) Étude de la phase


 
1. Remarque : 20log √1 = −3,01... ≈ −3dB
2

119
Figure 6.2 – Diagramme de Bode en gain.

Figure 6.3 – Diagramme de Bode en phase.

!
ω
La phase φ(ω) est l’argument de H(jω) et vaut −arctan .
ωo
ω
⇒ si <‌< 1 alors φ(ω) → 0.
ωo
ω π
⇒ si >‌>1 conduit à φ(ω) → − .
ωo 2
π
Pour ω = ωo , φ(ω) → − .
4

La figure 6.3 donne les courbes asymptotiques du diagramme de Bode en phase qui sont les
deux droites φ(ω) = 0 et φ(ω) = −π/2 , ainsi que la courbe réelle de phase dans le domaine
[0,01ωo − 100ωo ].
Application 2
1 ) On considère la fonction de transfert H(jω) = 1
1+j ωω
. Tracer son diagramme de Bode
o
asymptotique (gain et phase). Comment qualifieriez-vous ce type de filtre ?
2 ) On considère la fonction de transfert H(jω) = 1 + j ωω1 . Tracer son diagramme de Bode
asymptotique (gain et phase). Commentez.

120
Figure 6.4 – Filtres passifs les plus courants : (a) Filtre passe-bas. (b) Filtre passe-haut. (c)
Filtre passe-bande. (d) Filtre coupe-bande.

6.4 Fréquences de coupure et bande passante


On caractérise la fonction de transfert par ses fréquences de coupure fc qui sont les fréquences
pour lesquelles le module du gain GdB chute de −3dB par rapport√ à sa valeur maximale Gmax dB :
GdB (f = fc ) = GdB − 3dB soit une amplitude G/G
max max
= 1/ 2 .

On définit également sa bande passante comme l’ensemble des fréquences pour lesquelles
GdB (f ) ≥ Gmax
dB − 3dB.

On remarquera dans l’exemple précédent que la pulsation de coupure ωc du filtre R-L


précédent se situe à ωc = ωo , la bande passante se situant pour les pulsations inférieures à ωo ,
d’où le nom de filtre passe-bas. On utilise plus volontiers en pratique la notion de fréquence que
celle de pulsation pour définir la bande passante. On distingue ainsi quatre types principaux
de filtres passifs dont le gain en tension est représenté de manière schématique en fonction de
la fréquence sur la figure 6.4 : les filtres passe-bas, passe-haut, passe-bande et coupe-bande.

6.5 Tracé asymptotique de fonctions de transfert


Afin de faciliter le tracé asymptotique d’une fonction de transfert complexe, il est pratique
de mettre en forme sa formulation en faisant apparaître des termes de la forme 1+j ωωi au numé-
rateur et au dénominateur (avec ωi : pulsation particulière). L’exemple de tracé du diagramme
de Bode de la fonction de transfert suivante :

1 + j ωω1 G1 ejΦ1 (ω)


H(jω) = G0 = G0 = G ejφ(ω)
1 + j ωω2 G2 ejΦ2 (ω)
est donné sur les figures 6.5 (gain) et 6.6 (phase).

121
Figure 6.5 – Exemple de tracé asymptotique du gain.

Figure 6.6 – Exemple de tracé asymptotique de la phase.

122
Annexe : Éléments de réponses aux exercices d’applications
sur les fonctions de transfert et filtres
Application 1
1 ; 0,71 ; 3,16 ; 316

Application 2
1) Filtre passe-bas : cf. figure 6.7

2) G (dB) ≥ 0 : le filtre fournit de l’énergie pour une pulsation ω > ω1 : cf. figure 6.8

Figure 6.7 – Diagramme de Bode - Application 2.1.

Figure 6.8 – Diagramme de Bode - Application 2.2.

123
124
Exercices sur les fonctions de transfert et
le filtrage

Objectifs
Dans le titre de chaque exercice les objectifs sont indiqués :
— F. Analyser rapidement un Filtre avec les modèles équivalents limites
— TS. Traitement du signal : prévoir l’allure d’un signal en sortie d’un filtre,
quantitativement
— H. Établir la fonction de transfert H(jω) d’un filtre
— B. Tracer le diagramme de Bode à partir de la fonction de transfert sous forme
canonique, et l’exploiter
— S. Simuler un problème scientifique avec python.
— P. Résoudre un Problème ouvert

Ressources Moodle
Page "Physique 1A/électricité" :
— QCM Filtres
— Réponses des exercices
— Script python pour comprendre l’intérêt du tracé du diagramme de Bode

Ex 1 : Étude théorique d’un filtre RC (F, H, B)

Analyser la réponse d’un filtre, et déterminer à quelle catégorie il appartient, consiste à


étudier l’évolution de la tension de sortie (amplitude et déphasage) en fonction de la fréquence
(ou pulsation, ce qui revient au même) du signal d’entrée (amplitude fixe, en principe). Un
filtre est caractérisé par sa fonction de transfert qui est une représentation mathématique de
la relation entre l’entrée et la sortie du filtre. L’étude est grandement simplifiée en considérant
une représentation complexe du circuit.

1.1 Étude rapide du filtre en TBF et THF


Il existe un moyen simple pour déterminer la nature d’un filtre avant de commencer tout
calcul. Le principe consiste à remplacer par la pensée chaque dipôle par un interrupteur ouvert
ou fermé suivant son comportement en très haute fréquence (THF) ou en très basse fréquence
(TBF).
7−→ Rappeler les expressions des impédances complexes des dipôles constituant le circuit
précédent et donner leurs modules. Par quel type d’interrupteur peuvent-ils être remplacés en
TBF et en THF ? En déduire la nature du filtre.

125
R

ue C us

Figure 6.9 – Filtre RC

1.2 Fonction de transfert


La fonction de transfert complexe H(jω) d’un filtre est définie comme le rapport de la
tension de sortie sur la tension d’entrée, en notation complexe :
us
H (jω) =
ue
Le module de H(jω) correspond au gain en tension du filtre. C’est le rapport des amplitudes
de us et ue : G (ω) = |H (jω)| = UUes , qui est fonction de la pulsation ω.

1. Calculer la fonction de transfert complexe du filtre RC puis montrer que G(ω) peut se
mettre sous la forme 2 :

1
G(ω) = q
1 + ( ωω0 )2

2. Expliciter ω0 en fonction de R et C.
3. Quelle est la dimension de la grandeur 1
RC
? Et de ω
ω0
?

Remarque : pour simplifier et normaliser l’expression de G(ω), on peut introduire une quan-
tité x = ωω0 appelée pulsation réduite.

1.3 Gain en décibel


La connaissance de G(ω) est en principe suffisante pour connaitre le comportement d’un
filtre mais il est d’usage de calculer le gain en tension du filtre en décibel (dB) 3 selon la relation :

GdB (ω) = 20 log G(ω)

 
2. On rappelle les relations : ab = |a|
|b| et arg a
b = arg (a) − arg (b)
3. Le bel (symbole B) est une unité de mesure logarithmique qui exprime le rapport de deux quantités.
Elle est largement utilisée dans les domaines de l’acoustique, de la physique et de l’électronique et permet de
représenter facilement de très petits ou grands nombres. Une échelle logarithmique est particulièrement adaptée
à la perception humaine des sons ou de la lumière. Cette unité, d’abord appelée Transmission Unit (TU), a été
inventée par des ingénieurs des célèbres Bell Labs pour quantifier l’atténuation du signal audio dans les lignes
téléphoniques. Elle a été renommée en 1923 ou 1924 en l’honneur de l’inventeur du téléphone et pionnier des
télécommunications, Alexander Graham Bell. On utilise généralement le décibel, qui vaut le dixième du bel.

126
4. Donner l’expression théorique de GdB (ω) pour ce filtre.
Remarque : le calcul de GdB (ω) fait intervenir le logarithme décimal, pas le logarithme
népérien.

5. Étudier le comportement asymptotique du gain lorsque ω −→ 0 (TBF) et ω −→ +∞


(THF). Retrouve-t-on les résultats de l’étude qualitative de la question 1.1 ?

6. Donner l’équivalent (au sens mathématique du terme) du gain théorique G(ω) lorsque
ω −→ 0 et ω −→ +∞ . En déduire qu’à TBF GdB ∼0 A log ω + B et à THF GdB ∼∞
A′ log ω + B ′ avec A,A′ ,B,B ′ 4 constantes à déterminer. Expliquer pourquoi ces 2 expres-
sions correspondent à des asymptotes pour la courbe GdB (ω) sur papier semi-log.

7. Tracer les asymptotes de GdB (ω) (diagramme asymptotique de Bode).


Remarque : on peut préférer tracer GdB (f ), la fréquence étant une grandeur qui nous est
généralement plus familière que la pulsation.

8. La pulsation de coupure à −3dB est définie comme la pulsation pour laquelle on a la


relation G = G√max
2
ou Gmax est la valeur maximale du gain en tension. Calculer les valeurs
théoriques de la pulsation et de la fréquence de coupure.

1.4 Déphasage
8. Montrer que, avec les conventions choisies, le déphasage φ(ω) de la tension de sortie par
rapport à la tension d’entrée correspond à l’argument de la fonction de transfert complexe
H(jω).
9. Calculer les valeurs asymptotiques de φ(ω) en THF et en TBF. Quelle est la valeur de φ
pour ω = ω0 ?

Ex 2 : Fonction de transfert et diagramme de Bode (H, B)

On considère le circuit de la figure 6.10 où R = 45 kΩ , r = 5 kΩ, C = 0,01 µF .


u
1 ) Préciser les valeurs de H = us lorsque la pulsation tend vers 0 et vers ∞.
e
2 ) Calculer H(jω) dans le cas général
3 ) Tracer le diagramme de Bode correspondant en gain et phase (tracer d’abord le dia-
gramme de Bode asymptotique en vous référant à la section 6.5).

Figure 6.10 – Filtre à considérer pour l’exercice 2.

127
Ex 3 : Le quadripôle inconnu (IE 2012-2013) (F, TS, B)

On dispose d’un boîtier électronique (quadripôle) scellé (donc on ne peut pas l’ouvrir sans
risque d’endommagement) dont on aimerait connaître le type de fonction de transfert. Pour cela,
on se propose de mesurer à l’aide d’un oscilloscope l’amplitude de la tension de sortie et son
déphasage par rapport à la tension d’entrée fournie par un générateur de signaux. Les mesures
réalisées permettent de tracer le diagramme de Bode de la figure 6.11 (gain uniquement). La
pulsation pour laquelle le gain est maximal est notée ωmax dans la suite.

ω (rad.s-1)

Figure 6.11 – Diagramme de Bode en gain du quadripôle inconnu.

1 ) Justifier de quel type de filtre il s’agit. Préciser la valeur de ωmax et donner les caracté-
ristiques principales du filtre.
2 ) Le signal appliqué à l’entrée est représenté sur la figure 6.12. Ce signal est une composition
de 3 termes sinusoïdaux de pulsations ω1 , ω2 et ω3 (avec ω1 < ω2 < ω3 ). En analysant la figure,
déterminer les valeurs de ω1 , ω2 et ω3 en fonction de ωmax .
3 ) Choisir en justifiant votre réponse le signal de sortie le plus probable parmi les figures
6.13 a, b, c, d (sur ces figures, les amplitudes ont des échelles arbitraires). Hormis la figure
choisie, les trois autres correspondent à des fonctions de filtrage particulières appliquées au
signal d’entrée. Dire de quels types de filtres il s’agit.
4 ) A partir d’un raisonnement que vous détaillerez sur le comportement asymptotique
(schémas équivalents à très basses et à très hautes fréquences), donner le type de filtre pour
chacun des quadripôles représentés sur la figure 6.14 et en déduire celui (ceux) qui pourrait
(pourraient) correspondre au diagramme de Bode de la figure 6.11.

128
Figure 6.12 – Tension appliquée à l’entrée du quadripôle.

Figure 6.13 – Quatre propositions de signal à la sortie du filtre.

129
Figure 6.14 – Quatre propositions de filtres.

Ex 4 : Chaîne de transmission de signal audio (IE 22) (F, TS, P)

Lors de votre stage, vous travaillez dans une entreprise qui cherche à améliorer les per-
formances d’une chaîne de transmission d’un signal audio. Votre responsable vous donne deux
objectifs : optimiser la chaîne de transmission en filtrant le signal et en maximisant la puissance
reçue. Dans cet exercice, ces objectifs sont indépendants.

Figure 6.15 – Signal d’entrée du filtre 1

Objectif 1 : Filtration du signal À l’entrée de la chaîne d’acquisition, le capteur envoie


le signal représenté sur la figure 6.15. Votre responsable de stage vous indique qu’un bruit de

130
basse fréquence perturbe le signal. Il vous demande d’en réduire le niveau, en vous laissant
à disposition les dipôles suivants : des résistances de 1 Ω, 10 Ω, 100 Ω et 1 kΩ et une bobine
d’inductance 1 mH.
1. Estimez l’amplitude et la fréquence du signal utile (haute fréquence) et du bruit (basse
fréquence).
2. À l’aide des dipôles disponibles et en explicitant votre démarche, proposez un filtre à
votre responsable.
3. Tracez l’allure du signal de sortie.
Votre responsable vous propose d’utiliser un nouveau filtre, dont le diagramme de Bode en
gain est donné dans la figure 6.16.

Figure 6.16 – Diagramme de Bode en gain du filtre des questions 4 et 5 .

4. Déterminez l’amplitude des composantes basse et haute fréquences du signal en sortie de


ce nouveau filtre.
5. Expliquez l’intérêt de ce nouveau filtre.
6. Question bonus : justifiez pourquoi il vous était impossible de le fabriquer avec les dipôles
disponibles.

Objectif 2 : Optimisation de la puissance moyenne utile Le signal filtré alimente en-


suite un haut-parleur. On modélise ce montage par le circuit constitué d’un générateur de
Thévenin de fém e (t) sinusoïdale et de résistance interne r = 50 Ω, et du haut-parleur modélisé
par une résistance R.

Votre responsable souhaite optimiser la chaîne de transmission et hésite entre trois modèles
de haut-parleurs, caractérisés respectivement par R = 10 Ω, 50 Ω et 100 Ω.
7. Exprimez la puissance instantanée fournie par la source idéale de tension en fonction de
e (t) et de l’intensité i (t) du courant du circuit. Commenter son signe.
8. Quel modèle de haut-parleur conseilleriez-vous pour optimiser la puissance moyenne reçue
par le haut-parleur ?
9. On définit le rendement d’une installation par η = PfPournie
utile
Dans ce montage, précisez
quelle est la puissance utile, la puissance fournie et calculez le rendement moyen obtenu
avec la résistance optimale.

131

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