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Charme français
Sous le charme oui ! Mais un charme qui allait me surprendre ! Je découvrais que
toutes les inscriptions, les noms des rues, des enseignes, des bâtiments
administratifs, étaient rédigés en français, parfois en khmer, témoignant de la
présence française du temps de son protectorat. Plus étrange encore, mon
étonnement fut de constater que de nombreux adolescents, ainsi que leurs
parents, étaient tous bilingues, même au plus profond des provinces et pas
seulement dans les grandes villes. Et que l’on effectuait toutes les démarches
administratives dans la langue de Molière.
« Quelle était donc cette fée qui berça les tout-petits dans une langue venue du bout du monde ? »
Au cours des années suivantes, sur l’initiative des résidents supérieurs et des
gouverneurs de province, des écoles élémentaires s’ouvrirent dans les principales
villes du Cambodge.
En 1903 fut créée l’École pratique d’industrie, devenue par la suite collège
technique. En 1911, le Service local de l’enseignement était institué et assumait la
direction d’une trentaine d’écoles. Les communes reçurent à cette époque
l’autorisation d’établir des écoles dans leur circonscription. Jusque-là, les écoles
relevaient des résidents supérieurs. Désireuse de former les auxiliaires dont elle
avait besoin pour son œuvre coloniale, l’administration française fonda le Collège
du protectorat, qui, à la suite de diverses transformations, deviendra le lycée
Sisowath (1933).
Plan pour l’Indochine
En 1918, le gouverneur-général Albert Sarraut approuva un plan scolaire applicable
à toutes les parties de l’Indochine (Tonkin, Annam, Cochinchine, Cambodge, Laos).
La réforme faisait table rase de la réglementation antérieure et déterminait une
politique générale visant à établir un statut stable de l’enseignement. Le plan
prévoyait, pour les enfants français résidant en Indochine, un enseignement qui
était la réplique de celui qui était donné en France, et, pour les Indochinois, un
enseignement parallèle, en français, avec un cours primaire d’une durée de six
années, suivi d’un cours primaire supérieur de quatre années, puis d’un cours
secondaire de trois années, sanctionné par un baccalauréat équivalant au
baccalauréat français et donnant accès aux institutions universitaires d’Indochine et
de France.
Ainsi, en 1930, le nombre d’écoles communales enseignant le français s’élevait à
203. Par la suite, elles furent graduellement transformées en écoles officielles,
administrées par l’État.
« Puis le plan Sarraut fut appliqué à toutes les écoles cambodgiennes, imposant le français comme
véhicule d’enseignement, avec le même programme qu’en France. »
Lycée René-Descartes
En octobre 1950, Le Grand Lycée (connu aujourd’hui sous le nom de Lycée René-
Descartes) ouvrit ses portes, et fut officiellement inauguré, en mars 1951, en
présence d’Albert Sarraut. En trente-deux ans, la boucle était bouclée, Albert
Sarraut pouvait constater et apprécier l’aboutissement de son plan, car dans toutes
les provinces on enseignait la langue de Molière.
Ainsi, les jeunes adolescents khmers, des années 30-70, reçurent un enseignement
en français incluant : les mathématiques, la chimie, la biologie, la physique,
l’histoire, la géographie, la géométrie. Complété par l’étude de la civilisation
française et les deux guerres mondiales.
Lorsque je discutais avec ces jeunes gens, ils me disaient qu’ils étudiaient la
littérature française : Bazin (Vipère au poing), Victor Hugo (les poèmes à
Léopoldine), Jean de La Fontaine (les fables), ou bien de George Sand (La Mare au
diable) et bien d’autres. Ils dissertaient sur les œuvres de ces grands auteurs,
jouaient avec les mots et leurs homonymes comme : tou" t », tou" s », en
mentionnant la dernière consonne, ou tou" x » suivi d’une quinte de toux… Ils
avaient une façon ludique d’apprendre et j’aimais discuter avec eux.
Il est vrai que je côtoyais de jeunes intellectuels. Mais il est vrai également que,
dans tout le royaume, la langue française occupait les 4/5 ème du temps d’études,
pas moins de 25 heures par semaine, alors que seulement cinq heures étaient
réservées à langue khmère et deux à l’anglais. Et les élèves ne s’adressaient qu’en
français aux enseignants, pas question de s’excuser ou de demander quoi que ce
soit en khmer. De retour à la maison, les jeunes élèves pouvaient s’adonner aux
plaisirs de leur langue maternelle, sans restrictions.
Abandon
En 1964, le gouvernement royal décida de supprimer les cours en français,
considérant que, sur le plan pédagogique, la langue maternelle était le seul moyen
efficace de transmettre les connaissances du maître à l’élève. Le gouvernement
royal élabora un plan qui s’échelonna sur six années, où chaque année vit un
niveau de classe abandonner le français au profit de la langue khmère.
Ainsi, de 1964 à 1967 ce fut l’école primaire. Puis de 1968 à 1970 l’école secondaire
(du premier cycle).
Le 18 mars 1970, le coup d’État fomenté par le général Lon Nol, destituant le Prince
Norodom Sihanouk de sa fonction de chef-d’État ; suivi de l’appel au peuple de
Norodom Sihanouk, le 23 mars, à rejoindre les révolutionnaires et à se soulever
contre l’usurpateur. Ces deux événements déclenchèrent la guerre civile qui allait
mettre fin à l’enseignement du français dans les écoles cambodgiennes, à
l’exception de quelques écoles, telles que : le lycée français René-Descartes, le lycée
Sisowath et quelques autres, qui résistèrent, mais durent fermer leurs portes au
début 1974.
C’est dans le parc du lycée René-Descartes, déserté par les enseignants et élèves
depuis un an, que mes beaux-parents organisèrent notre mariage, mon épouse
khmère et moi, le 7 janvier 1975.
Nostalgie quand tu nous tiens.
Jean Kroussar
Langues au Cambodge
On compte une vingtaine1 de langues parlées au Cambodge. Elles appartiennent presque toutes à
la branche môn-khmer de la famille des langues austroasiatiques. Deux langues
sont austronésiennes : le cham et le jarai, qui appartiennent à la branche malayo-polynésienne.
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Langues maternelles au Cambodge selon le recensement de 20084,5
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Rhade 0,00 % 21
Môn 0,00 % 19
Kchak 0,00 % 10
Nombre de locuteurs au
Langue Région
Cambodge
au nord-ouest de Phnom
Suoy 200 Austroasiatique
Penh
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Stieng
6 059 Kratie, Mondolkiri Austroasiatique
Bulo (en)
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