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I Il est rappelé que le jury n’exige pas une compréhension exhaustive du texte. Il vous
est conseillé de construire un exposé évitant la paraphrase et mettant en lumière vos
connaissances, à partir des éléments du texte. Vous êtes libre d’organiser votre discussion
comme vous l’entendez. Des pistes de réflexion, largement indépendantes les unes des
autres, vous sont proposées en fin de texte; vous n’êtes pas tenu de les suivre. Le propos
devra être illustré par des traitements ou des simulations numériques sur ordinateur,
ou, à défaut, des propositions de telles illustrations. Le jury souhaiterait que le plan de
la présentation soit annoncé au début de l’exposé.
m 1 x 100
(
= k(x 2 − x 1 ) + u, x1 k x2
(1)
m 2 x 200 = k(x 1 − x 2 ).
F IGURE 1. Système masse-ressort.
Soient un temps T > 0, un quadruplet de positions/vitesses initiales (x 10 , v 10 , x 20 , v 20 ) et un qua-
druplet de positions/vitesses finales (x 1T , v 1T , x 2T , v 2T ). Nous souhaitons calculer une force u à
appliquer pour que la solution de (1) avec condition initiale
(2) x 1 (0) = x 10 , x 10 (0) = v 10 , x 2 (0) = x 20 , x 20 (0) = v 20 ,
satisfasse au temps T la condition finale
(3) x 1 (T ) = x 1T , x 10 (T ) = v 1T , x 2 (T ) = x 2T , x 20 (T ) = v 2T .
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C’est ce qu’on appelle un « problème de contrôle ». Pour étudier ce problème, nous allons
réécrire le système dynamique (1) en fonction de y := x 2 . Nous obtenons :
m 2 00 m 1 m 2 (4)
(4) x1 = y + y, x 2 = y, u= y + (m 1 + m 2 )y 00 .
k k
Pour calculer u de façon à satisfaire les conditions (2) et (3), il suffit donc de trouver y :
[0, T ] → R tel que
m
k
y (s) + y(s) = x 1s ,
2 00
ce qui revient à chercher une fonction régulière telle que les conditions (5) soient satisfaites.
Nous sommes donc ramenés à un problème d’interpolation. En général, il existe de nom-
breuses fonctions qui vérifient ces conditions. Un exemple est fourni par l’énoncé suivant.
Proposition 1. Si m 1 = m 2 = T = k = 1, alors pour tout (x 10 , v 10 , x 20 , v 20 , x 1T , v 1T , x 2T , v 2T ) dans R8 , il
existe une unique fonction polynomiale y de degré inférieur ou égal à 7 telle que les conditions
(5) soient satisfaites.
Une fois qu’on a déterminé la fonction y, on cherche ensuite à calculer la force u qu’il
convient d’appliquer au système pour que la solution (x 1 , x 2 ) de (1) satisfasse (2) et (3). Pour
cela, il suffit d’utiliser (4) et de calculer, pour t ∈ [0, T ],
m 1 m 2 (4)
(6) u(t ) = y (t ) + (m 1 + m 2 )y 00 (t ) .
k
On peut interpréter la force u comme un contrôle qu’il faut appliquer au système (1) pour
passer d’un état initial à un état final prescrits. Bien sûr, avec les hypothèses de la proposi-
tion 1, il existe d’autres fonctions que les fonctions polynomiales de degré inférieur ou égal
à 7 qui vérifient (5).
2. Phénomène de diffusion
Nous allons essayer de suivre une démarche similaire dans le cadre d’équations aux déri-
vées partielles. Nous considérons un phénomène de diffusion de la chaleur dans un tube de
longueur 1. On néglige tout effet de propagation dans les directions transverses, et on note
S(t , x) la température au point d’abscisse x au temps t . On a
∂S ∂2 S
(7) (t , x) = 2 (t , x) pour t > 0, x ∈]0, 1[.
∂t ∂x
Les unités de travail sont telles que la diffusion thermique vaut 1 ; les conditions aux bords
sont
∂S ∂S
(8) (t , x = 0) = 0, (t , x = 1) = u(t ) pour t > 0,
∂x ∂x
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où u désigne le flux de chaleur entrant dans le tube en x = 1. La température initiale vaut
(9) S(0, x) = S 0 (x) pour x ∈ [0, 1] .
Pour tout u dans C ([0, T ]) et S dans C ([0, 1]), on peut établir l’existence et l’unicité d’une
2 0 2
Nous souhaitons maintenant amener, en temps T > 0, la solution S de (7)–(8) d’une confi-
guration initiale donnée S 0 : x ∈ [0, 1] 7→ S 0 (x), à une configuration cible S T : x ∈ [0, 1] 7→
S T (x), en choisissant convenablement le flux de chaleur u(t ) au bord x = 1. L’objectif de cette
section est un calcul formel des solutions de (7)–(8), permettant de reformuler ce problème
de contrôle sous forme d’un problème d’interpolation, comme en section 1. La justification
rigoureuse sera abordée en section 4, une fois discutée la résolution du problème d’interpo-
lation à la section 3.
On cherche, formellement, à exprimer la solution de (7) sous forme d’une série entière par
rapport à x :
∞
X xi
(10) S(t , x) = a i (t ) .
i =0 i!
d ai
On a alors la formule de récurrence a i +2 = dt
, ∀i ∈ N. Les conditions aux bords imposent
(11) a 2i +1 = 0 , ∀i ∈ N.
En notant y(t ) = S(t , 0), nous obtenons un paramétrage de S et de u en fonction de y,
∞
X (i )x 2i ∂S X∞ y (i ) (t )
(12) S(t , x) = y (t ) , u(t ) = (t , x = 1) = ,
i =0 (2i )! ∂x i =1 (2i − 1)!
c’est pourquoi nous dirons que la variable y est la sortie de (7). Si S 0 et S T sont de la forme
∞ ∞
S 0 (x) = q i0 x 2i , S T (x) = q iT x 2i ,
X X
(13)
i =0 i =0
alors le problème de contrôle se reformule comme un problème d’interpolation infini :
(14) y (i ) (0) = q i0 (2i )! et y (i ) (T ) = q iT (2i )! , ∀i ∈ N.
Nous allons proposer une approximation du problème qui fournit une solution ne satisfai-
sant les conditions initiale et finale qu’approximativement. Plus précisément, soient S 0 et S T
deux fonctions définies sur [0, 1] et de carré intégrable. Pour tout ε > 0, il existe deux poly-
nômes
n n
P 0 (x) = p i0 x 2i P T (x) = p iT x 2i ,
X X
(15) et
i =0 i =0
tels que
(16) kS 0 − P 0 kL 2 (0,1) ≤ ε et kS T − P T kL 2 (0,1) ≤ ε.
Si la fonction y résout le problème d’interpolation
(17) y (i ) (0) = p i0 (2i )! et y (i ) (T ) = p iT (2i )! , ∀i ∈ {0, . . . , n},
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alors la solution de (7)–(8) associée à la condition initiale S(0, x) = P 0 (x) et au flux u(t ) =
Pn (i ) T
i =1 y (t )/((2i − 1)!) satisfait S(T, x) = P (x). Nous verrons plus loin une méthode pratique
pour calculer P 0 et P T . Enfin, on peut montrer qu’avec ce même choix pour la fonction u, la
solution de (7) avec les conditions aux bords (8) et la condition initiale S 0 est, au temps T ,
proche de S T .
Nous allons maintenant proposer une méthode pour résoudre le problème d’interpola-
tion (17). Étant donné σ > 0, nous pouvons définir la fonction « cloche »
µ ¶
−1
(18) ϕσ (t ) = 0 si t 6∈]0, 1[, ϕσ (t ) = exp si t ∈]0, 1[,
((1 − t )t )σ
ainsi que la fonction « plateau »
0 si t ≤ 0,
1 si t ≥ 1,
(19) Φσ (t ) = ³ Z 1 ´−1 Z t
ϕσ (τ)d τ ϕσ (τ)d τ
si t ∈]0, 1[.
0 0
Les fonctions ϕ2 et Φ2 sont représentées sur la figure 2. Remarquons que la fonction plateau
Φσ est strictement croissante de la valeur 0 à la valeur 1, régulière et toutes ses dérivées sont
nulles en t = 0 et en t = 1. Ainsi la fonction
n h i³ i
0t t T (t − T ) t
µ ¶´ µ ¶i
1 − Φσ Φσ
X
(20) y(t ) = pi + pi (2i )!
i =0 i! T i! T
2 0.9
1.2
0.8
1 0.7
0.6
0.8
0.5
0.6
0.4
0.4 0.3
0.2
0.2
0.1
2
0 0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
3. Mise en œuvre
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comme solutions d’un système linéaire de la forme
Z 1
1
(21) Ap = s, Ai j = , si = x 2i S(x) dx, 0 ≤ i , j ≤ n.
2(i + j ) + 1 0
La figure 3 donne un exemple de telles approximations. L’approche naïve présentée ici peut
conduire à des difficultés pratiques sévères, liées au très mauvais conditionnement de la
matrice A ainsi construite, et des approches plus sophistiquées doivent être exploitées.
2 1.4
S
0
ST
n=2 1.3 n=2
n=4 n=4
1.5
n=6 1.2 n=6
1.1
1
1
0.5 0.9
0.8
0
0.7
0.6
−0.5
0.5
−1 0.4
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
/0.1 2
e −(x−0.5)
F IGURE 3. Approximations de S 0 (x) = p (à gauche) et S T (x) =
0.1π
e −(x−0.3) (à droite), avec n = 2 (pointillés), n = 4 (traits-pointillés), n = 6 (traits).
Page 5/6
1.6 0.018 1.01
1.2 0.014
1.006
1 0.012
1.004
0.8 0.01
1.002
0.6 0.008
1
0.4 0.006
0.998
0.2 0.004
0 0.002 0.996
−0.2 0 0.994
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Notons que l’ensemble des fonctions de Gevrey est stable par multiplication par un réel,
produit, dérivation et primitive. Étant donné σ > 0, nous admettrons que la fonction « cloche »
ϕσ est Gevrey d’ordre 1 + 1/σ.
Pour les fonctions de deux variables, on procède ainsi : une fonction infiniment dérivable
f : (t , x) ∈ [0, 1] × [0, T ] 7→ f (t , x) ∈ R × R est dite Gevrey d’ordre a en t et d’ordre b en x si
¯ k+n a b
¯∂
¯
f ¯ ≤ M (n!) (k!) .
∃M , R, S > 0, ∀k, n ∈ N,
¯
(23) sup ¯ (t , x)
(t ,x)∈[0,1]×[0,T ] ∂x ∂t
¯ k n ¯ Rn Sk
On peut alors démontrer le résultat suivant :
Théorème 1. Si y est Gevrey d’ordre α ∈ [1, 2[, alors les séries (12) convergent simplement sur
[0, T ] × [0, 1] ; S est Gevrey d’ordre α en t , Gevrey d’ordre 1 en x et solution de (7)-(8).
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