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MARION Année académique 2004 -

2005
Sarah
2ème licence en criminologie

Le mouvement skinhead

Travail réalisé dans le cadre du cours de criminologie


Professeur : G. Kellens

Université de Liège
Ecole liégeoise de criminologie Jean Constant
Nous tenions à adresser un remerciement
spécial au centre Les Territoires de la Mémoire, pour leur gentillesse
et leur aide lors de la recherche de documents.
Introduction

Quelle est l’origine du mouvement skinhead ? Qui sont-ils ? Se résument-ils exclusivement à


un mouvement d’extrême droite ? Telles sont les questions premièrement posées dans ce
travail, auxquelles il nous semblait intéressant de répondre, pour éviter des amalgames et des
défauts de jugements.

Coincé dans une imagerie populaire lourde de préjugés, alimentée par les médias ne mettant
l’accent que sur le caractère extrémiste de certains skins, le mouvement skinhead doit assumer
aujourd’hui un look et une image particulièrement négatifs, un peu à l’instar des punks.
Violence, racisme, xénophobie, incitation à la haine, profanation : voilà tout ce que nous
connaissons de ce mouvement, dont les membres sont tous associés à des adorateurs d’Adolf
Hitler. Des bêtes violentes et irréfléchies, avec le goût du sang dans la bouche : voilà la seule
image que nous avons des skinheads. Il est vrai que leur apparence ne nous permet pas de
penser nécessairement à des enfants de chœur : chaussures de combat ou Doc Marten’s
coquées, vestes « bombers », crânes rasés. En quelque sorte, le parfait attirail du
« bastonneur ». Mais ce courant, à la base purement musical, correspond-il bien à l’idée que
nous en avons ? Ou pouvons-nous dégager des branches du mouvement skinhead où la
violence et l’intolérance ne sont pas des raisons de vivre ?

Néanmoins, il est vrai que la violence extrémiste skinhead a régulièrement fait parler d’elle,
au travers d’actes d’intolérance d’une cruauté crasse : agressions à la barre de fer, chasse à
l’immigré, pogroms, etc., faisant par la même occasion la joie des journalistes tenant un sujet
bien accrocheur et bien vendeur. Les discours, les chansons, les fanzines déversent une
multitude de propos racistes et antisémites. Les liens avec d’autres organisations nationalistes,
comme le KKK, sont plus ou moins avérés. Les skinheads d’extrême droite sont bel et bien
une réalité, et, après avoir analyser le mouvement, ses origines et les possibilités de
divergence d’opinions dans ses rangs, nous allons nous concentrer plus particulièrement sur
ces skinheads fascistes et nostalgiques du IIIème Reich, en nous basant sur les propos de
Wieviorka sur la haine raciste et en essayant de voir où se situent les skins d’extrême droite
par rapport à cela. Nous tenterons ensuite de donner une approche globale de la diversité de la
violence et de la délinquance skinhead, ou plus précisément, bonehead.
Les skinheads

1. Origine du mouvement

Le mouvement skinhead va prendre ses racines en Angleterre dans les années 60. Mais pour
bien comprendre l’origine du mouvement, il faut remonter à la Jamaïque rastafarienne.

En effet, le mouvement rastafarien, né dans une tentative de la population noire de Jamaïque


pour lutter contre un système trop répressif, va donner vie aux « Rude Boys », sorte de groupe
armé de jeunes noirs, qui entrait souvent en conflit contre la police et d’autres gangs. Leur
musique est évidemment le reggae, et leur figure de proue Bob Marley, surtout aux USA.
Cependant, beaucoup d’entre eux quitteront les USA pour la Jamaïque et les plantations de
ganja1.

Mais ce groupe va également immigré vers l’Angleterre, où il va avoir une forte influence sur
les jeunes blancs, notamment ceux issus de la classe ouvrière, d’une part, par leur musique,
d’autre part, parce qu’ils partagent la même pauvreté2.
Ainsi, ces « rude boys » immigrés, vivant des les quartiers plus pauvres, vont bientôt
rencontrer les hard mods, branche prolétaire des mods, qui se dirigent à cette époque vers le
mouvement hippie. Or, pour ces hard mods, les hippies ne sont que pure illusion, enfants de
bourgeois qui parlent de paix et de délires mystiques, sans regarder autour d’eux la misère qui
grandit, la violence et l’injustice sociale3.
De cette rencontre, de cette fusion de deux groupes, va ainsi naître le mouvement skinhead,
prolétaire et multiracial à ses origines4.

Ce groupe de jeunes, de plus en plus conscient de ses origines, porte en ville les vêtements
qu’il porte normalement au travail, pour se distinguer d’autres groupes, notamment les Mods.
Les skins agiront dans le même sens par rapport aux hippies, se rasant les cheveux et portant
chemise, bretelles, jeans et bottes (ce qui est toujours plus ou moins le look actuel des skins)5.
Ils créèrent donc un nouveau look dans les quartiers populaires londoniens, look fortement
influencé par l’apparence des ouvriers, car les skins sont fiers de leur origine et refusent
d’arborer un look hippie, sale et non-violent : d’où le fait que les skins sont en général propres
sur eux mais également souvent agressifs et violents6.

En 1969, le mouvement est surtout celui de buveurs de bières avides de bagarres, appréciant la
musique reggae, ska et oï, qui arrivera plus tard. Progressivement, il va devenir une sorte de
« fédération » pour des jeunes défavorisés, sans avenir, dans une Angleterre ouvrière qui
commence à être en crise. Se développe ainsi, au sein du mouvement, une haine du monde
politique et bourgeois, ce qui explique que les skinheads soient apolitiques au départ7.

Fin des années 70, le mouvement va se transformer sous l’impulsion de nouveaux


mouvements, notamment le punk, qui va lui permettre de radicaliser ses opinions prolos et de
1
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
2
Ibidem
3
http://endehors.org/news/3943.shtm
4
Ibidem
5
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
6
http://www.genevapunkska.com/textes/skinhead.html
7
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.ht
s’investir un peu plus dans une lutte politique, mais va être repoussé également8. Ils vont
désormais être associé à la droite, de plus en plus de skins s’orientant vers le Front National9,
car l’absence d’une véritable idéologie politique va faire d’eux les proies faciles de l’extrême
droite. Jeunesse révoltée, défavorisée, sans véritable conscience politique, beaucoup vont
tomber dans les filets du Front National10.

Le mouvement connaîtra ensuite un nouvel essor fin des années 80, surtout en Allemagne,
avec la revivance du ska, qui rappelle l’origine du mouvement skin, antiraciste et unitaire11.
Néanmoins, les médias avaient déjà récupéré les dérives de certains groupes skinhead
fascistes, et le mouvement portait désormais la trace noire d’un amalgame les rendant tous
coupable de racisme et de violence. De là, certains groupes skins se radicalisent, pour donner
naissance aux SHARP (SkinHead Against Racial Prejudice) et aux RASH (Red and Anarchist
SkinHead), qui prônent un véritable engagement politique nécessaire à la transformation de la
société, et plus un simple antiracisme de principe12.

Mais les années 80 sont à associer en Angleterre à la politique de fer de madame Thatcher, et
le F.N. profite du mécontentement ouvrier pour rallier dans ses rangs quelques jeunes skins
révoltés. C’est ainsi qu’apparaissent les « boneheads », frange ultra radicalisée des skins
fascos, prônant une démarche néo-nazie violente et terroriste. Bientôt, ils s’organisent en
réseaux, notamment le « Blood and Honour » et les « Hammerskins ». Le réseau « Blood and
Honour » s’étend uniquement en Europe et veut une unification des skins fascistes européens.
Il est actuellement dirigé par le groupe Combat 18, dont les chiffres doivent être traduit en
lettres, à savoir 1=A et 8=H, autrement dit les initiales d’Adolf Hitler. Le réseau
« Hammerskin », quant à lui, est beaucoup plus puissant et étendu, puisqu’il couvre l’Europe
et l’Amérique du Nord. En France, ce réseau s’est regroupé sous le nom de CHS,
Charlemagne HammerSkin, du nom de la division Charlemagne, division SS composée de
volontaires français. Ce réseau établit des listes de personnes à abattre et semble avoir des
liens avec le Ku-Klux-Klan. La musique principalement écoutée par cette frange du
mouvement s’appelle RAC, rock against communism13.

8
http://endehors.org/news/3943.shtm
9
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.ht
10
http://membres.lycos.fr/docbeaf/newpage1.htm
11
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
12
http://endehors.org/news/3943.shtml
13
http://membres.lycos.fr/docbeaf/newpage1.htm
2. Des différents types de skins
Il importe de donner une définition plus précise des mods et des rude boys. Le mouvement
mod, issu du monde ouvrier, se déploie de 1962 à 1967, et s’élève contre la jeunesse
bourgeoise dont il singe les manières. Néanmoins, la plupart d’entre eux suivra cette jeunesse
lors de la révolution hippie et viendra grossir leur rang. Seuls quelques hard mods resteront, et
leurs gangs deviendront de plus en plus durs14.
Les rude boys, quant à eux, sont originaires de Jamaïque et vont se développer de 1960 à
1970 : souvent habillés comme des gangsters, ils s’uniront aux mods et deviendront un
modèle pour les skins15.
Le skinhead « original » est issu de la fusion de ces deux groupes. Il se déploiera en
Angleterre de 1967 à 1971 et choisira comme base musicale à sa contre-culture le ska,
indiquant clairement ses influences jamaïcaines16. Il est, à cette époque, apolitique et
multiracial : son seul « patriotisme » est sa fierté d’appartenir au monde ouvrier, qui se
traduira par l’adoption des vêtements de travail et par le soutien violent qu’il apporte à son
club de foot17.

Le mouvement s’éteint ensuite progressivement et ne réapparaît que sous l’impulsion du


mouvement punk. C’est également à cette époque que les skins vont se diviser18.

On distingue premièrement le skin traditionnel (trojan), qui existe depuis 1978 : il a été
relancé par le renouveau du ska (2-tone) et est retourné à ses bases multiraciales, en réaction à
la nazification de certains groupes19.

14
http://endehors.org/news/3943.shtml
15
http://endehors.org/news/3943.shtml
16
Ibidem
17
COLLECTIF, « Bêtes et méchants », Paris, Réflexes, 2002, pp. 163-164.
18
http://endehors.org/news/3943.shtml
19
Ibidem
On trouve ensuite le skin « Oï ! », apparu également en 1978, pas du tout nazifié ni même
politisé : il vient juste profiter de la musique20. Le « Oï ! » symbolise d’ailleurs le sentiment
vital des skins : optique de vie basée sur le plaisir, la musique, la bière et la provocation.
Néanmoins, le « Oï ! » peut se comprendre de différentes façons : soit dans le sens de « hey
you », dialecte londonien appelé cockney-slang, signifiant « j’ai quelque chose à te dire », soit
dans le sens de la contraction phonétique du slogan national-socialiste « Kraft Durch
Freuche » traduit en anglais « strenth through jOY ». Ces skins, qui ne défendent aucune cause
politique, se font appelé également « just-for-fun-skins »21. Néanmoins, ces skins apos sont
souvent plus proches des skins fascos que des red skins, qu’ils supportent très mal22.

Les red skins, apparus en 1978, sont des militants socialistes, en raison de leurs origines
ouvrières, voire communistes23. Ils portent souvent des vestes « bombers » rouges, décorées
d’écussons anti-nazis. Ils tendent aujourd’hui à revenir aux sources du mouvement24.

20
http://endehors.org/news/3943.shtml
21
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
22
http://membres.lycos.fr/docbeaf/newpage1.html
23
http://endehors.org/news/3943.shtml
24
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
Le SHARP (SkinHead Against Racial Prejudice), apparu à la fin des années 80, est
radicalement antiraciste25 et s’élève fréquemment contre les skins extrémistes. Il est d’ailleurs
apparu en réaction à la nazification du mouvement. L’utilisation de la violence ne se fait
qu’en cas de confrontation avec des skins fascos ou lorsqu’il s’agit de protéger des homes de
réfugiés d’attaques racistes par exemple26.
Le RASH (Red and Anarchist SkinHead) est, contrairement au SHARP, politisé puisqu’il se
revendique clairement communiste. Cependant, il est également antiraciste et antifasciste27.

Viennent ensuite les groupes skinhead d’extrême droite, minoritaires au sein du mouvement.
On trouve les « fascho-skins », surtout dans les nouveaux Landër de la RFA, nationalistes,
appelés également « scheitel » (raie), en raison de la raie de cheveux qu’ils laissent sur un côté
de leur crâne rasé. Arborant jeans retroussé et Doc Marten’s, ce sont des sympathisants du
mouvement skinhead d’extrême droite28.
Les boneheads (tête de mort), apparu en 1978 et créé en Allemagne, est une des branches la
plus radicalisée, violente et active du mouvement. Se réclamant de l’extrême droite, ils ont
créé leur propre musique, le RAC (Rock Against Communism)29. Ils portent également des
jeans, des bombers et des bretelles. Ils se font appelé parfois nazi-skin, et arborent des
tatouages très explicites sur leur façon de penser (croix gammée, piège à loup, rune « odal »
ou « sig », croix celtique ou toile d’araignée sur le coude)30.

25
http://endehors.org/news/3943.shtml
26
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
27
COLLECTIF, op. cit., p. 183.
28
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
29
http://endehors.org/news/3943.shtml
30
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
Les hammerskins représentent une tendance particulière à l’intérieur du mouvement skin
d’extrême droite, prônant des idées racistes proches du national-socialisme. La première
utilisation de ce terme date de 1992, et la raison de ce mot vient en fait de leur sigle,
représentant un losange sur lequel se croisent deux marteaux, symbolisant la lutte des ouvriers
blancs pour leur peuple, leur patrie et leur race. Ce qui est résumé dans leur slogan : « nous
devons assurer l’existence de notre peuple et le futur des enfants blancs »31.
Le white-power-skin est également une branche particulière, portant un blouson noir décoré
d’un poing blanc, sigle du White Power et symbolisant la lutte et la suprématie de la race
blanche. Ils sont radicalement xénophobes et antisémites32.

On trouvera ensuite d’autres individus, plus ou moins proches des skins. Les gabbers sont
simplement des skins plus orientés vers la musique techno et se présentent comme étant
l’élite. Ils sont en général apolitiques mais se rapprochent néanmoins des skins « nazis »33.
Les hooligans, ou hool, ne sont pas tous des skinheads et ne portent pas leur tenue, préférant
des tenues de sport permettant une meilleure mobilité lors d’affrontement. Ils partagent le
quotidien des skinheads lors de matches de foot, de beuverie ou de concert. Néanmoins, ils ne
font pas partie du mouvement : ils ne sont pas politisés mais ils partagent le même attrait pour
la violence et la provocation. Ce sont, en gros, des « fouteurs de merde » appréciant une bonne
bastonnade, plus ou moins proches des skins et des néo-nazis34.

31
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
32
Ibidem
33
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
34
Ibidem
Les renee, ou skingirls, sont simplement les femmes du mouvement. Elles arborent une
coiffure typique, le sommet du crâne coupé très court avec juste des mèches plus longues sur
les bords. En ce qui concerne les femmes impliquées dans la frange extrémiste du
mouvement, elles ne jouent qu’un rôle insignifiant35.

Les babyskins, quant à eux, sont simplement les plus jeunes du groupe, des adolescents qui
suivent les autres membres. Commettant eux aussi des actes de délinquance à caractère
raciste, ils sont stigmatisés, s’identifient au mouvement et se radicalisent dans le sens de
l’extrême droite36.

En ce qui concerne la suite de ce travail, nous allons nous concentrer uniquement sur la
branche d’extrême droite du mouvement skinhead, en nous centrant sur la haine raciste et sur
les actes de délinquance et de violence commis par ses membres.

35
Ibidem
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm
36
3. La haine raciste

Si l’on reprend Michel Wieviorka, il faut considérer que le racisme ne se réduit pas
uniquement à la haine. En effet, le racisme peut se développer, outre la haine, sur du mépris,
de la condescendance, des préjugés ou encore sur un mode instrumental37.

Wieviorka distingue deux sortes de haine raciste : la haine chaude et la haine froide. Pour
lui, la haine chaude est conjoncturelle : elle s’inscrit dans une situation ou un processus qui
favorise le déploiement du racisme, comme, par exemple, des situations de forte insécurité.
Cette haine cache et traduit en général d’autres sentiments : peur, colère, injustice, abandon.
Elle va se fixer sur une race sans raison précise : il s’agit en quelque sorte de trouver un bouc
émissaire38. « La victime du racisme devient le bouc émissaire des phobies du raciste. Le
racisme met en jeu des dynamiques psychologiques fondamentales: troubles de la
personnalité narcissique, rôle de l'autre en miroir de soi, besoin de vivre comme homme
imaginaire, désignation de l'étranger comme cause imaginaire des frustrations, etc.
L'étranger nous révèle par défaut, il présente une autre réalité et cet autre bizarrement
différent nous ressemble .La mécanique raciste va donc aggraver ces perceptions en
rationalisant ce qui est identifié comme la causalité d'un malheur ressenti. "C'est de leur
faute", "ils, les autres, les étrangers, les Juifs, les Noirs, les Arabes sont la source de nos
malheurs". Ces attributions, par leur généralisation et leur sophistication, alimentent le
discours et les attitudes du raciste: ce n'est pas un Juif qui est escroc, ce sont tous les Juifs
qui le sont »39. Seront souvent visés ceux qui viennent de s’implanter, des immigrés, amenant
une culture nouvelle et des liens de communauté solide, arrivant parfois à s’enrichir, suscitant
ainsi la jalousie de ceux qui se trouvent dans des situations d’abandon, de faibles liens
sociaux, de misère… En effet, ce type de haine se développera souvent chez des personnes en
situation précaire (chômage, misère, dégradation des conditions de vie et du lieu de vie, etc.)
et se sentant isolées, abandonnées et trahies (par l’Etat, la famille, les amis, etc.)40.
Cette haine chaude est relativement instable, elle ne s’installe dans aucun cadre idéologique
et n’est pas organisée : pour Wieviorka, elle ne dure pas, soit la situation des gens s’améliore
et la haine diminue (par le simple fait que le bouc émissaire n’a plus de raison d’être), soit la
situation se détériore plus encore, entraînant l’individu dans une misère et un isolement
profond, où sa colère s’éteint par une sorte d’acceptation de sa situation, de fatalisme41.

Vient ensuite la haine froide, organisée, politique et doctrinale. Elle va prendre la forme
d’une pensée organisée, rationnelle : elle s’érige en idéologie. Elle va donc reposer sur des
idées concrètes, réfléchies, argumentées : c’est un discours construit, presque scientifique. Il
ne s’agit plus uniquement d’accuser une race comme responsable de son malheur, sans trop
savoir pourquoi : on se trouve ici en présence d’un discours qui explique, et ce sur tous les
niveaux, pourquoi telle race est inférieure à une autre et pourquoi il serait bon de la détruire.
Elle peut avoir une grande portée pratique, soit pour expliquer son environnement, soit pour
être le moteur d’une machine raciste, atteignant des sommets d’organisation moderne42.
Cette haine froide est, quant à elle, stable, de par son organisation : elle est structurelle, n’a
pas de limites au niveau des idées mais assure un bon contrôle des actes. En effet, il y a
rarement d’actes impulsifs à ce stade, la violence est contrôlée et réfléchie quand on passe du
37
M. WIEVIORKA, sous la direction de P.-L. ASSOUN et M. ZAFIROPOULOS, « La haine, la jouissance et la
loi », Paris, Antrhopos-Economica, 1995, pp. 37-42.
38
Ibidem
39
http://www.anti-rev.org/textes/Tarnero95a/analyses-1.html
40
M. WIEVIORKA, sous la direction de P.-L. ASSOUN et M. ZAFIROPOULOS, op. cit.
41
M. WIEVIORKA, sous la direction de P.-L. ASSOUN et M. ZAFIROPOULOS, op. cit.
42
Ibidem
racisme au politique : il s’agit ici d’une gestion de la haine. L’idéologie et l’organisation vont
mener à un contrôle, une canalisation et des interdictions. Elle s’inscrit dans une plus longue
durée, par sa structuration, mais également par le fait qu’elle n’est pas, ou plus, une réponse à
un sentiment d’insécurité, un acte de défense : elle devient une idéologie, une façon de voir le
monde, quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve43.

Wieviorka va encore distinguer deux logiques fondamentales dans la haine raciste :


l’infériorisation et la différenciation44. L’infériorisation laisse une place à l’autre, mais cette
place se situe à un palier inférieur : l’autre est moindre. On se trouve alors dans une logique
d’exploitation et de domination (comme la réduction en esclavage des Noirs par les Blancs).
La différenciation ne laisse pas de place à l’autre : l’autre est une menace, qu’il faut détruire.
Il s’agit d’une logique de rejet et de destruction (ce fut le cas lors de l’extermination des Juifs
par les nazis).
On se trouve alors face à deux stades de haine différents : soit une haine limitée,
l’infériorisation, soit une haine sans limite qui implique la destruction de l’autre, la
différenciation.

Se pose maintenant la question de savoir où se situent les skinheads par rapport à cela ?

La plupart s’inscrivent sans doute dans le cadre d’une haine chaude, lors de leur entrée dans
le mouvement. Jeunesse défavorisée, déçue par la société, bien souvent en décrochage scolaire
ou sans profession, elle cherche des responsables à son « malheur » et trouve dans les idées
racistes le sentiment d’une écoute et d’une appartenance. La volonté de rupture et de rejet
entraîne les moins politisés vers des groupes fascistes, leur présentant un discours qu’ils
veulent entendre tout en leur laissant la possibilité de ne pas s’investir dans un mouvement
politique. Le besoin d’identification et d’appartenance joue également un rôle important, leur
donnant l’idée d’une émancipation, malgré tout illusoire45. « L'augmentation du chômage
consécutif à une rationalisation croissante de l'industrie ainsi que la réalisation de vastes
projets d'assainissement des banlieues ouvrières ont abouti à la désagrégation du milieu
ouvrier traditionnel. Cette atomisation sociale s'est accompagnée de la disparition de
structures d'intégration ou de communication. En réaction, les jeunes chômeurs choisirent de
s'auto-organiser et retrouvèrent dans des clubs, servant avant tout de lieux d'échange
d'information et d'identification communautaire. L'origine ouvrière de nombre de skins
anglais de la première génération fait que politiquement ils se situent plutôt à gauche.
Dans les années soixante-dix, la campagne du parti extrémiste de droite "National Front",
largement axée sur la conquête des couches prolétariennes va basculer le mouvement skin
vers le radicalisme de droite. Le racisme et la violence anti-immigrée passe à l'ordre du jour,
malgré quelques tentatives de résistance des "Red Skins" antifascistes.
Les premiers skinheads suisses apparaissent à la fin des années soixante-dix. Ils sont
sociologiquement d'un type totalement différent de celui dominant en Angleterre. Originaires
pour la plupart de familles désunies, ils ont connu des échecs scolaires. N'ayant ni diplômes,
ni formation professionnelle, ils se savent sans perspective d'avenir. Pour compenser leurs
échecs individuels, les skinheads se constituent en groupes, qui fonctionnent comme des
familles de remplacement, des communautés d'entraide, enfin comme des symboles de
force46 ».

43
Ibidem
44
Ibidem
45
P. LORENT, Bagarre lors d’un match à Charleroi, in Le Matin, 1 février 1999.
46
www.art-action.org/site/fr/catalog/98_99/video/schweizer.htm
Néanmoins, la constitution de groupes organisés, créant des réseaux de diffusion et de
propagande, nous incite à croire qu’ils s’inscrivent rapidement dans une optique de haine
froide. Organisés, structurés, ces réseaux, comme « Blood and Honour » ou les hammerskins,
se répandent surtout au travers de la musique, les fanzines et les sites Internet47. Ils diffusent
des idées proches du national-socialisme de Hitler, adoptant par ailleurs des symboles ou des
noms rappelant sans trop de difficultés les insignes du IIIème Reich ou des uniformes SS,
mais également des idées patriotiques et nationalistes (comme certains titres de chansons
« Fabriqué en France », « Il n’y a plus de français », des noms de fanzines Bleu blanc rouge
skinhead ou Unité nationale, ou encore des noms de groupe Zyklon B ou Combat 18)48.
D’autres idées se profilent également : antisémitisme, haine de la démocratie et extermination
de masse de tous ceux qui seraient contre le White Power. Ils ont réussi à s’implanter dans
beaucoup de pays européens ainsi qu’aux Etats-Unis, et leur volonté est d’unifier et de
rassembler tous les skins d’extrême droite en un seul mouvement puissant49. A ce propos, ils
prennent en exemple les milices SS et SA, sommet d’une organisation hiérarchisée et
efficace50. Ces réseaux ont également des liens avec d’autres mouvements et organisations
d’extrême droite, notamment le Ku Klux Klan, le Voorpost ou d’autres groupuscules51.
Néanmoins la diffusion de leurs discours ne se fait en général que dans un public déjà initié52
et il semble que la violence ne soit pas contrôlée du tout, les actes criminels posés par les
skinheads étant bien souvent spontanés et rarement planifiés, bien que les incendies
volontaires ainsi que les attentats à la lettre piégée ou à l’affiche piégée fassent également
partie de leurs « armes » et impliquent un caractère organisé53. Violence rarement contrôlée
mais néanmoins organisée, diffusion très bien structurée de leurs idées, idéologie précise
reposant sur des discours néo-nazis et allant plus loin qu’une simple réaction de colère, nous
pouvons en déduire que le mouvement skinhead se situe bien dans le cadre de la haine froide.

Quant à la logique fondamentale sur laquelle repose cette haine, on peut légitimement penser
qu’il s’agit de la logique de la différenciation, les skinheads voulant aboutir à l’extermination
de masse de tous ceux qui s’élèveraient contre la suprématie blanche, en commençant par tous
les non-blancs, les communistes et les démocrates.

47
http://membres.lycos.fr/docbeaf/newpage1.html
48
COLLECTIF, op. cit., p. 167.
49
http://membres.lycos.fr/docbeaf/newpage1.ht
50
www.art-action.org/site/fr/catalog/98_99/video/schweizer.htm
51
http://membres.lycos.fr/docbeaf/newpage1.ht
52
COLLECTIF, op. cit., p. 186.
53
P. MOREAU, L’extrême droite allemande : un bilan 1998-2001, in Bulletin trimestriel de la Fondation
Auschwitz, Bruxelles, Centre d’études et de documentation, avril-juin 2001, pp. 51-75.
4. Actes de violence et délinquance dans le mouvement skinhead

Les skinheads sont réputés pour leur violence et les agressions fréquentes qu’ils commettent,
dans les stades ou dans la rue à l’égard des étrangers. Mais la délinquance de ces mouvements
d’extrême droite ne s’arrête pas là : diffusion d’idées racistes ou xénophobes par le biais
d’Internet ou des concerts, incendies volontaires, profanation de sépultures, etc.

Ainsi, une étude réalisée en Allemagne sur les actes criminels commis par l’extrême droite en
1999 et en 2000 indiquait que 746 actes de violences avaient été commis en 1999 et 999 en
2000, tandis que d’autres actes criminels, tels que destruction de biens, menaces, diffusion de
propagande et port d’insignes interdits, profanation de sépulture, incitation à la haine raciale,
se chiffraient à 9291 pour 1999 et 14954 pour 2000. Au rang des actes de violence, on trouve
assassinats et tentatives d’assassinat, coups et blessures, incendies volontaires et attentats à
l’explosif54. Les exemples pleuvent de la violence dont peuvent faire preuve ces individus, et
ce dans tous les pays : on se rappellera, entre autres, de la mort d’Elie Farez, à Liège, dans le
carré, en août 1999, après avoir eu le crâne défoncé par 4 skinheads, pour la simple raison
qu’il était métis55, et de Jürgen Goris, responsable de la mort de deux scouts lors d’une fête à
Wavre, où une simple bagarre avait malheureusement terminé en meurtre pour ces deux
jeunes gens, tués par balle56.

On peut encore citer plusieurs faits, qui ne sont que quelques exemples, la liste des exactions
commises par ces individus étant généralement très longue : l’incendie au cocktail Molotov
d’un centre israélite à Toulon en mars 200457, la profanation du cimetière de Carpentras en
199058, les chasses aux immigrés, comme celle d’Argelès en 198659, la mort de James
Dindoyal en 1990 par empoisonnement, après avoir été forcé de boire de la bière mélangée à
de l’eau de Javel60, la mort de Brahim Bouarran en mai 1995 par noyade61, la mort d’un
azerbaïdjanais en 2004, bastonné par une trentaine de skins russes pendant que l’un d’entre
eux filmait62, etc.

Mais la violence des skinheads s’exprime aussi dans les stades de foot, où ceux-ci sont
régulièrement impliqués dans des bagarres sanglantes. En effet, certains clubs de foot sont de
véritables repères pour des groupuscules d’extrême droite et viennent même recruter à
l’intérieur de ceux-ci, notamment le groupuscule Combat 1863. «En Belgique, aussi, un
processus d’infiltration des «sides» (groupes de supporters violents de football), de diffusion
d’un «message nationaliste» auprès de leurs nervis et du recrutement de ces derniers va
s’opérer rapidement. En Wallonie, l’un des meilleurs exemples de «side» de «supporters
54
P. MOREAU, op. cit.
55
L. VANPAESCHEN, Ils t’ont tué pour ta couleur de peau, in Le journal du Mardi, Bruxelles, JDM Editions,
octobre 1998, p. 12.
56
Meurtre chez les scouts, http://www.lalibre.be
57
http://perso.wanadoo.fr/mrap.nancy
58
COLLECTIF, op. cit., p. 181.
59
Ibidem
60
Ibidem
61
Ibidem
62
Prison pour des skinheads assassins, http://www.lalibre.be
63
www.amnestyinternational.be/doc/aticle990.html
nationalistes» est les Wallon’s Boys-Charleroi Casual Crew (CCC) du Royal Charleroi
Sporting Club (RCSC). A diverses occasions, ces «garçons wallons» participeront aux
manifestations d’AGIR, du FN, de Nation et de REF64 ». Aujourd’hui, la plupart des
hooligans viennent incognito, n’arborant aucun signe d’appartenance à un mouvement, pour
pouvoir passer la sécurité et accéder au stade. Si tel n’est pas le cas, ils attendent alors à
l’extérieur du stade et bastonnent les supporters adverses à la sortie. On trouve néanmoins
plusieurs sigles d’appartenance à des mouvements d’extrême droite, notamment la croix
celtique65.

La plupart des groupes hooligans ultra violents sont fréquemment composés de skinheads
ultra radicaux, voyant dans cette occasion la possibilité de mettre en œuvre la « guerre
ethnique »66.

Mais la délinquance des skinheads se manifeste également par la violation des lois contre le
racisme et la xénophobie, interdisant les rassemblements racistes, etc. Ainsi, la majorité des
concerts skins sont organisés dans l’ombre, et l’information est diffusée au bouche à oreille,
aucun trac, aucune affiche n’est distribué67. En effet, lors de ces concerts, les idées national-
socialistes, racistes et antisémites fusent, les saluts hitlériens se multiplient et le « sig heil » est
scandé par tout le public68.

64
http://www.resistances.be/hooligans.

65
Ibidem
66
Ibidem
67
http://www.ejpd.admin.ch.
68
www.art-action.org/site/fr/catalog/98_99/video/schweizer.htm
Mais l’incitation à la haine et la propagande se fait aussi via l’intermédiaire des fanzines,
comme « Terreur d’élite », « Skin side » ou « Vaincre »69, et via les sites Internet, comme
Combat 18, qui s’adresse à un public jeune et qui se révèle extrêmement dangereux en raison
de la manipulation qu’il exerce sur ces jeunes esprits en construction, ou Streetfighting, qui
diffuse des groupes tel que « Syphilis à Sion » ou « Fraternité blanche »70. De plus en plus,
l’Internet devient une arme de diffusion pour ces groupuscules, d’autant plus efficaces qu’elle
s’avère difficile à filtrer et que l’impunité est, en général, assurée.

Les pays les plus touchés par cette violence semble être l’Angleterre, en ce qui concerne le
hooliganisme, mais surtout l’Allemagne, les Pays-Bas et les pays de l’Est, notamment la
Russie. Les Pays-Bas ont connu une résurgence des actes de violence racistes suite à la mort
de Théo Van Gogh, un réalisateur, au nom de l’islamisme radical. En effet, 174 incidents ont
été recensés, uniquement en ce qui concerne le mois de novembre ayant suivi l’incident, et
25% de ceux-ci sont attribués avec certitude à des groupements d’extrême droite71.

C’est pourtant la Russie qui semble porter en son sein le plus grand nombre de
skinheads, ainsi que l’important déploiement de violence qui les suit mais qui est cependant
bien souvent garanti d’une certaine impunité. La discrimination raciale est déjà appliquée dans
certains territoires du pays, notamment par le Gouverneur de Krasdonar, par l’annulation des
locations de terres consenties aux Turcs Meskhets. De même, les étudiants étrangers, qui
paient déjà des frais de scolarité 10 fois plus élevés que les autres, se voient désormais la proie
des mouvements skins. Ainsi, on dénombrait, uniquement pour le premier semestre 2002, 104
agressions, dont 4 avaient entraîné la mort de la victime. Malgré une opposition du Président
Poutine, que certains disent n’être qu’une façade, les pogroms se multiplient ainsi que les
agressions : ainsi le 20 avril 2001, 150 skins débarquaient sur un marché non loin de Moscou,
et tabassaient plusieurs vendeurs. Le même fait se répéta 6 mois plus tard sur un autre marché,
faisant 20 blessés graves et 3 morts, tous étrangers. Moscou abrite aujourd’hui entre 5000 à
7000 skinheads d’extrême droite, et ceux-ci sont endoctrinés et entraînés dans un club des
Forces spéciales de police72.

69
COLLECTIF, op. cit., pp. 190-191.
70
www.commission-droits-homme.fr.
71
A. FISCHETTI, La Hollande, l’autre pays des ratonnades, in Charlie Hebdo, Paris, Rotative, 16 mars 2005, p.
9.
72
S. PASQUIER, Plongée dans la Russie fasciste, in Le Vif/L’Express, Bruxelles, Wim Criel, août 2002, pp. 44-
47.
La violence du mouvement skinhead est connue et réputée, mais on pense cependant
qu’elle s’attaque toujours aux autres, ou que ce sont des racontars de journalistes. Nous avons
cependant rencontré trois personnes, originaires de Liège, ayant été victimes de menaces ou
d’agressions. V., punk, a été la cible lors de plusieurs concerts des agressions et menaces
répétées par T. et sa bande, pour la simple raison qu’il était punk et en opposition avec leurs
idées. B. a été menacée dans les toilettes par un groupe de skingirls lors d’une soirée hardcore,
qui n’appréciaient pas sa tenue. Quant à C., il a été bastonné par deux skins et s’est retrouvé à
l’hôpital, avec une fracture ouverte du bras, parce qu’il avait tenu des propos communistes
dans un café lors d’une discussion avec des amis, dont ne faisaient pas partie les deux skins en
question.
Conclusion

Le mouvement skinhead est à l’origine un mouvement multiracial, composés de jeunes déçus


et révoltés, voulant simplement retrouver dans un mouvement l’idée d’une communauté qui
se désagrège de plus en plus dans une Angleterre en crise et revendiquer ses origines
ouvrières.
Aujourd’hui, le mouvement skinhead ne compte qu’une minorité de boneheads et autres skins
d’extrême droite dans ses rangs : il est essentiellement composé de skinheads anar ou
communistes, luttant pour une réelle tolérance, pour une réelle égalité des chances et pour une
justice sociale pour tous. On trouve ainsi, dans les rangs de ces redskins et autres, des groupes
tels que la Brigada Flores Magon ou Ya basta, tous deux appelant régulièrement à la prise de
conscience et à la tolérance, puisqu’ils se retrouveront même sur la compilation antiraciste et
antifasciste « Les oreilles loin du Front », en soutien à l’association Ras l’Front et en réaction
au passage de Le Pen au dernier tour des présidentielles.

Il est donc important de ne pas faire d’amalgames et de ne pas condamner n’importe quel
« crâne rasé » de fasco, pour la simple raison que la télévision les a condamnés tous d’un coup
sans faire de différence, en ne parlant jamais que des skinheads d’extrême droite, en laissant
penser qu’il n’y avait que ceux-là qui composaient le mouvement. A ce propos, il existe un
documentaire excessivement bien réalisé retraçant l’histoire des skinheads et ne se
concentrant pas uniquement sur ceux d’extrême droite : il s’agit de Skinhead attitude, réalisé
par Daniel Schweizer.

Néanmoins, ces boneheads, même s’ils ne constituent qu’une frange des skinheads,
deviennent une réelle menace dans certains pays, surtout ceux de l’Est, réalisant diverses
actions, allant de la menace au pogrom, de l’agression musclée à l’attentat à la lettre piégée, et
semblent recruter dans leurs rangs des individus de plus en plus jeunes, facilement
influençables et manipulables. Selon les études, il apparaît que les rangs de ces skins
grossissent petit à petit, et la violence dont ils peuvent faire preuve grandit elle aussi. Se pose
dés lors la question de savoir comment réagir face à cela ? Comment contrer la diffusion des
idées sur Internet, permettant d’atteindre facilement la cible qu’est le jeune ? Comment forcer
les jeunes à se rappeler leur histoire et à ne pas se rallier dans les rangs de ceux qui la
dénient ? Mais on peut également se poser la question du pourquoi : pourquoi devient-on un
« nazi-skin » ? Pourquoi développe-t-on un jour une haine si radicale de l’Autre ?
Bibliographie

Ouvrages

• COLLECTIF, « Bêtes et méchants », Paris, Réflexes, 2002.

• WIEVIORKA, M., sous la direction de ASSOUN, P.-L., et ZAFIROPOULOS, M.,


« La haine, la jouissance et la loi », Paris, Antrhopos-Economica, 1995.

Articles

• FISCHETTI, A., La Hollande, l’autre pays des ratonnades, in Charlie Hebdo, Paris,
Rotative, 16 mars 2005.

• LORENT, P., Bagarre lors d’un match à Charleroi, in Le Matin, 1 février 1999.

• P. MOREAU, L’extrême droite allemande : un bilan 1998-2001, in Bulletin


trimestriel de la Fondation Auschwitz, Bruxelles, Centre d’études et de
documentation, avril-juin 2001.

• PASQUIER, S., Plongée dans la Russie fasciste, in Le Vif/L’Express, Bruxelles, Wim


Criel, août 2002.

• VANPAESCHEN, L., Ils t’ont tué pour ta couleur de peau, in Le journal du Mardi,
Bruxelles, JDM Editions, octobre 1998.

Sites Internet

• www.amnestyinternational.be/doc/aticle990.html

• http://www.angelfire.com/pe/lien666/skinhead.html

• http://www.anti-rev.org/textes/Tarnero95a/analyses-1.html

• www.art-action.org/site/fr/catalog/98_99/video/schweizer.htm

• www.commission-droits-homme.fr.

• http://www.ejpd.admin.ch.

• http://endehors.org/news/3943.shtm

• http://www.erta-tcrg.org/cri6224/neonazis_skins.htm.

• http://www.genevapunkska.com/textes/skinhead.html

• http://membres.lycos.fr/docbeaf/newpage1.htm
• Meurtre chez les scouts, http://www.lalibre.be

• http://perso.wanadoo.fr/mrap.nancy

• Prison pour des skinheads assassins, http://www.lalibre.be

• http://www.resistances.be/hooligans.

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