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Les Fausses confidences, Marivaux

Lecture linéaire 1
Acte I, scène 14

ARAMINTE, DUBOIS

1 [ARAMINTE.- N’importe, je veux le congédier ; Est-ce que tu la connais, cette personne ?


DUBOIS.- J’ai l’honneur de la voir tous les jours ; c’est vous, Madame.
ARAMINTE.- Moi, dis-tu ?
DUBOIS.- Il vous adore ; il y a six mois qu’il n’en vit point, qu’il donnerait sa vie pour avoir le plaisir de
5 vous contempler un instant. Vous avez dû voir qu’il a l’air enchanté, quand il vous parle.
ARAMINTE.- Il y a bien en effet quelque petite chose qui m’a paru extraordinaire. Eh ! juste Ciel ! Le
pauvre garçon, de quoi s’avise-t-il ?
DUBOIS.- Vous ne croiriez pas jusqu’où va sa démence ; elle le ruine, elle lui coupe la gorge. ]1 [ Il est bien
fait, d’une figure passable, bien élevé et de bonne famille ; mais il n’est pas riche ; et vous saurez qu’il n’a
10 tenu qu’à lui d’épouser des femmes qui l’étaient, et de fort aimables, ma foi, qui offraient de lui faire sa
fortune et qui auraient mérité qu’on la leur fît à elles-mêmes : il y en a une qui n’en saurait revenir 1, et qui le
poursuit encore tous les jours ; je le sais, je l’ai rencontrée.
ARAMINTE, avec négligence.- Actuellement ?
DUBOIS.- Oui, Madame, actuellement, une grande brune très piquante, et qu’il fuit. Il n’y a pas moyen ;
15 Monsieur refuse tout. Je les tromperais, me disait-il ; je ne puis les aimer, mon cœur est parti. Ce qu’il disait
quelquefois la larme à l’œil ; car il sent bien son tort. ]2
[ARAMINTE.- Cela est fâcheux ; mais où m’a-t-il vue, avant que de venir chez moi, Dubois ?
DUBOIS.- Hélas, Madame, ce fut un jour que vous sortîtes de l’Opéra, qu’il perdit la raison ; c’était un
vendredi, je m’en ressouviens ; oui, un vendredi ; il vous vit descendre l’escalier, à ce qu’il me raconta, et
20 vous suivit jusqu’à votre carrosse ; il avait demandé votre nom, et je le trouvai qui était comme extasié ; il ne
remuait plus.
ARAMINTE.- Quelle aventure !
DUBOIS.- J’eus beau lui crier : Monsieur ! Point de nouvelles, il n’y avait personne au logis2. A la fin,
pourtant, il revint à lui avec un air égaré ; je le jetai dans la voiture, et nous retournâmes à la maison.
25 J’espérais que cela se passerait, car je l’aimais : c’est le meilleur maître ! Point du tout, il n’y avait plus de
ressource : ce bon sens, cet esprit jovial, cette humeur charmante, vous aviez tout expédié3 ; et dès le
lendemain nous ne fîmes plus tous deux, lui, que rêver à vous, que vous aimer ; moi, d’épier depuis le matin,
jusqu’au soir où vous alliez.
ARAMINTE.- Tu m’étonnes à un point !...]3

1- Qui n’en saurait revenir : qui ne peut pas renoncer.


2- Il n’y avait personne au logis: il avait perdu la raison.
3- Expédié : Anéanti
Eléments pour l’introduction :
1) Rédigez votre présentation de l’œuvre en vous appuyant sur vos recherches (auteur, contexte)
2) Situez le passage : résumez le début de l’intrigue et notez vos premières impressions
a- Pourquoi Araminte veut-elle renvoyer son intendant Dorante ?
b- Comment perçoit-on qu’Araminte est intéressée par ce que lui révèle Dubois ?
c- Les réactions d’Araminte vous paraissent-elles correspondre à ce qu’elle ressent en réalité ?

La progression du texte : donnez un titre à chacune des parties entre crochets


1- Première confidence : …………….
2- …………………………………….
3- …………………………………….

Justifiez les titres choisis en vous appuyant sur les procédés littéraires : les mots surlignés ou écrits de même
couleur sont à relier et doivent déboucher sur une observations (lexicales, grammaticales, ou stylistiques)

Relevé /citations procédé Interprétation : effets / sens

Définissez un projet de lecture : une problématique pour cet extrait

Question de grammaire :
1) Il est bien fait, d’une figure passable, bien élevé et de bonne famille ; mais il n’est pas riche ; et vous saurez

qu’il n’a tenu qu’à lui d’épouser des femmes qui l’étaient, et de fort aimables, ma foi, qui offraient de lui faire

sa fortune et qui auraient mérité qu’on la leur fît à elles-mêmes : il y en a une qui n’en saurait revenir1, et qui

le poursuit encore tous les jours ; je le sais, je l’ai rencontrée.

1- Encadrez les verbes conjugués


2- Mettez les propositions entre crochets
3- Analysez la construction de la phrase en indiquant comment les propositions sont reliées. Et en précisant leur
nature.

2) Il revint à lui avec un air égaré ; je le jetai dans la voiture, et nous retournâmes à la maison. J’espérais que cela
se passerait, car je l’aimais : c’est le meilleur maître !

1- Identifiez dans cette phrase complexe la façon dont les propositions sont reliées (aidez-vous de ce qui est
surligné).
2- Proposez une autre façon de relier ces propositions tout en conservant le sens.
Les Fausses confidences, Marivaux
Lecture linéaire 1 : Acte I, scène 14

Eléments pour l’intro :

Marivaux est l’un des plus grands dramaturges français du siècle des Lumières.
Ses comédies critiquent un ordre social où la naissance prévaut sur le mérite.
Elles consistent souvent en des intrigues fondées sur des jeux d’interversion et de tromperies.
Entre le burlesque et la galanterie, le masque et la vérité, Marivaux interroge également les
pouvoirs du langage.

Les Fausses Confidences est une comédie en 3 actes et en prose jouée pour la première fois
en 1737 par les comédiens italiens. Dorante est un petit bourgeois ruiné, amoureux
d’Araminte qui appartient à la grande bourgeoisie des financiers : elle lui est inaccessible.
Cependant, les fausses confidences du valet Dubois permettront leur union amoureuse.

Dans l’acte I, Araminte a confié à Dorante (qui, avec la complicité de Dubois, s’est fait
embauché comme Intendant d’Araminte afin de la séduire) qu’elle ne veut pas épouser le
comte Dorimont. Dans la scène 14 de l’acte I, Dubois s’entretient avec Araminte au sujet de
Dorante : il la met en garde contre cet honnête homme gouverné par sa passion amoureuse.

Cette scène constitue la 1ère fausse confidence de Dubois à Araminte ; on peut y distinguer
trois mouvements qui correspondent à trois révélations successives qui visent à mieux la
manipuler :
- Il lui apprend d’abord que Dorante aime Araminte,
- Puis que Dorante se refuse à toute autre femme
- Enfin il lui raconte les circonstances du coup de foudre amoureux de Dorante
1ere confidence : Dorante aime Araminte
1ere réplique d’Araminte :
ARAMINTE, DUBOIS On perçoit ici la détermination d’Araminte à travers l’utilisation de la
1ère personne et du verbe de volonté : je veux. Mais cette détermination
[ARAMINTE.- N’importe, je veux le est suivie d’une question qui assez comiquement la modère : Araminte
congédier ; Est-ce que tu la connais, cette ne peut réprimer sa curiosité. Le détachement qu’elle affecte vis-à-vis de
personne ? Dorante et qui se traduit par le « N’importe » laisse place à un intérêt qui
DUBOIS.- J’ai l’honneur de la voir tous les montre une faille.
jours ; c’est vous, Madame. Araminte désigne la femme qu’aime Dorante par le pronom personnel
« la » et l’expression vague « cette personne ». La réplique de Dubois
joue elle aussi avec les pronoms personnels : la reprise du pronom « la »
dans la 1ere partie de la réplique suscite le suspens tandis que la 2nde
partie est une confidence abrupte qui repose sur l’utilisation du pronom
« vous ». Ce jeu avec les pronoms montre que Dubois sait ménager ses
effets et manipuler son interlocutrice. Son ton d’ailleurs est respectueux
et flatteur : « J’ai l’honneur ».
2ème réplique d’Araminte :
Surprise d’Araminte qui s’exprime par la reprise pronominale « moi »
ARAMINTE.- Moi, dis-tu ? sous la forme interrogative et qui invite Dubois à développer son propos
DUBOIS.- Il vous adore ; il y a six mois dans la réplique suivante.
qu’il n’en vit point, qu’il donnerait sa vie La réplique de Dubois apporte des précisions sur la nature de cet amour :
pour avoir le plaisir de vous contempler un on peut relever le champ lexical du ravissement et du regard « adore » «
instant. Vous avez dû voir qu’il a l’air plaisir », « contempler », « enchanté » qui permettent de décrire Dorante
enchanté, quand il vous parle. comme un amoureux transi, ce que renforcent les hyperboles « il n’en vit
point », « il donnerait sa vie ».

3ème réplique d’Araminte :


Le portrait de Dorante séduit Araminte qui se laisse aussitôt convaincre :
ARAMINTE.- Il y a bien en effet quelque « il y a bien en effet quelque petite chose qui m’a paru extraordinaire »
petite chose qui m’a paru extraordinaire. Eh ! mais elle adopte un ton condescendant en réduisant les manifestations de
juste Ciel ! Le pauvre garçon, de quoi l’amour de Dorante à « quelque petite chose ». En le qualifiant de
s’avise-t-il ? « pauvre garçon » elle rappelle qu’elle et Dorante ne sont pas de la
DUBOIS.- Vous ne croiriez pas jusqu’où va même condition sociale. Sa question « de quoi s’avise-t-il ? » condamne
sa démence ; elle le ruine, elle lui coupe la d’emblée cet amour.
gorge. ]1
Dubois utilise le lexique de la folie « démence » et de la mort « elle lui
coupe la gorge » pour décrire les effets de cet amour sur Dorante
(souffrance physique et morale). On remarque que les pronoms qui
désignent Dorante sont en position de COD. Ainsi, par ces procédés,
Dubois présente Dorante comme une victime de son amour

Conclusion partielle : Dubois dans la tradition du valet rusé utilise le ton de la confidence pour appâter Araminte.
Marivaux à travers lui s’amuse à reprendre les codes de la littérature amoureuse (topos du regard, portrait de
l’amoureux transi présent dans la littérature courtoise).
2ème confidence : Dorante refuse d’épouser une autre femme

Suite de la réplique de Dubois :


DUBOIS.- […] [ Il est bien fait, d’une Dubois dresse à présent le portrait à la fois physique et moral de
figure passable, bien élevé et de bonne Dorante : il utilise un vocabulaire mélioratif « il est bien fait », « bien
famille ; mais il n’est pas riche ; et vous élevé », « de bonne famille » afin que ce portrait soit avantageux.
saurez qu’il n’a tenu qu’à lui d’épouser La conjonction de coordination adversative « Mais » et la négation ‘il
n’est pas riche » oppose les qualités de Dorante précédemment citées et
des femmes qui l’étaient, et de fort
sa condition sociale. Dubois répond ici à l’obstacle soulevé par Araminte
aimables, ma foi, qui offraient de lui
à la réplique précédente.
faire sa fortune et qui auraient mérité
qu’on la leur fît à elles-mêmes : il y en a Dorante est présenté alors comme un homme vertueux et sincère, sans
une qui n’en saurait revenir1, et qui le avidité, sollicité par les femmes : « il n’a tenu qu’à lui d’épouser des
poursuit encore tous les jours ; je le sais, femmes qui l’étaient ». La stratégie de Dubois est d’éveiller la jalousie
je l’ai rencontrée. d’Araminte en insistant sur la concurrence potentielle des autres
femmes. Il insiste d’ailleurs habilement sur les qualités de ces femmes
qu’il insère comme négligemment dans son discours en utilisant des
adverbes d’intensité « et de fort aimables, ma foi » ; procédé qui sera
repris dans sa réplique suivante « une grande brune très piquante ».

La réplique d’Araminte :
La didascalie suivie d’une phrase interrogative courte « actuellement ? »
ARAMINTE, avec négligence.- montre qu’Araminte feint l’indifférence : son détachement apparent est
Actuellement ? tout de suite invalidé par sa question qui montre son intérêt.

Dubois :
DUBOIS.- Oui, Madame, actuellement, Dubois dramatise (au sens de théâtralise) le portrait de Dorante :
une grande brune très piquante, et qu’il l’utilisation du discours direct « Je les tromperais, me disait-il, je ne puis
fuit. Il n’y a pas moyen ; Monsieur les aimer, mon cœur est parti » permet à Araminte de l’entendre.
Il dresse aussi un portrait pathétique de Dorante « la larme à l’œil » qui
refuse tout. Je les tromperais, me disait-
permet à Araminte de se le représenter.
il ; je ne puis les aimer, mon cœur est
parti. Ce qu’il disait quelquefois la larme Dubois se fait à la fois metteur en scène et comédien devant Araminte.
à l’œil ; car il sent bien son tort. ]2

Conclusion partielle : Dubois, par de nouvelles confidences, répond implicitement à l’obstacle de la différence de
statut social. En cela, il représente les voix de Marivaux et des Lumières qui s’insurgent contre la préférence accordée
au statut social sur la véritable valeur humaine.
3ème confidence : le récit romancé du coup de foudre

ARAMINTE.- Cela est fâcheux ; mais Araminte :


où m’a-t-il vue, avant que de venir chez La question d’Araminte témoigne une fois de plus de son intérêt
moi, Dubois ? et de l’efficacité de la stratégie de Dubois.
DUBOIS.- Hélas, Madame, ce fut un
jour que vous sortîtes de l’Opéra, qu’il Dubois :
perdit la raison ; c’était un vendredi, je Il est amené à raconter le coup de foudre de Dorante pour
m’en ressouviens ; oui, un vendredi ; il Araminte. : utilisation du temps du récit, le passé simple « ce fut
vous vit descendre l’escalier, à ce qu’il un jour… », indication du cadre spatio-temporel.
me raconta, et vous suivit jusqu’à votre On remarque qu’il cherche à rendre son propos crédible et naturel
carrosse ; il avait demandé votre nom, et en ajoutant des détails qui forment comme une parenthèse dans le
je le trouvai qui était comme extasié ; il récit : « c’était un vendredi, je m’en ressouviens ; oui, un
ne remuait plus. vendredi » (mais les représentations à l’Opéra sont toujours un
vendredi…).
Le coup de foudre est raconté avec une tonalité tragique :
« hélas » + vocabulaire de la folie (« il perdit la raison »,
« extasié », « remuait plus », « il n’y avait personne au logis »,
« un air égaré »). Le portrait de Dorante est apparemment peu
flatteur mais Dubois réutilise le cliché de l’amour qui rend fou.
ARAMINTE.- Quelle aventure !
DUBOIS.- J’eus beau lui crier :
Monsieur ! Point de nouvelles, il n’y Dans la réplique suivante, on perçoit en creux un éloge de
avait personne au logis2. A la fin, Dorante :
pourtant, il revint à lui avec un air - en tant que maitre : « c’est le meilleur maitre ! »,
égaré ; je le jetai dans la voiture, et nous - en tant qu’homme : grâce à une énumération de ses
retournâmes à la maison. J’espérais que qualités soulignées par la répétition du déterminant
cela se passerait, car je l’aimais : c’est le démonstratif (« ce bon sens, cet esprit jovial, cette
meilleur maître ! Point du tout, il n’y humeur charmante ») ,
avait plus de ressource : ce bon sens, cet - et sur l’exclusivité de son amour qui est rapportée à l’aide
esprit jovial, cette humeur charmante, de négations restrictives : « nous ne fimes…que rêver à
vous aviez tout expédié3 ; et dès le vous, que vous aimer »
lendemain nous ne fîmes plus tous deux,
lui, que rêver à vous, que vous aimer ;
moi, d’épier depuis le matin, jusqu’au
soir où vous alliez. Araminte :
Araminte ne s’exprime plus que par des phrases exclamatives :
ARAMINTE.- Tu m’étonnes à un « quelle aventure ! », « tu m’étonnes à un point !». Cela montre à
point !...]3 quel point elle est surprise et frappée : le stratagème de Dubois
fonctionne…

Conclusion partielle : Dubois conclut son stratagème par un récit enjolivé qui reprend le topos du coup de foudre. Par
la vivacité de sa parole, sa force de conviction, il séduit à la fois Araminte et le spectateur.
Question de grammaire :

1) [Il est bien fait, d’une figure passable, bien élevé et de bonne famille]1 ; [mais il n’est pas riche]2 ; [et vous
3 4
saurez] [qu’il n’a tenu qu’à lui d’épouser des femmes] [qui l’étaient, et de fort aimables, ma foi,]5 [qui
6 7
offraient de lui faire sa fortune] et [qui auraient mérité] [qu’on la leur fît à elles-mêmes ]8: [il y en a une]9

[qui n’en saurait revenir]10, et [qui le poursuit encore tous les jours]11 ; [je le sais, ]12 [je l’ai rencontrée]13.

a- Encadrez les verbes conjugués : 13 verbes donc 13 propositions


b- Mettez les propositions entre crochets
c- Analysez la construction de la phrase en indiquant comment les propositions sont reliées. Et en précisant leur
nature.
Proposition 1 et 2 coordonnées par « mais »
Proposition 3 coordonnée par « et »
Proposition 4 subordonnée par « que » (conjonction de subordination qui introduit une complétive)
Propositions 5, 6 , 7, 8 subordonnées par « qui » (pronom relatif qui introduit une relative)
Proposition 9 juxtaposée par deux points
Proposition 10 et 11 subordonnées par « qui » (pronom relatif) et coordonnées entre elles par « et »
Propositions 12 et 13 juxtaposées par un point-virgule et une virgule

2) Il revint à lui avec un air égaré ; je le jetai dans la voiture, et nous retournâmes à la maison. J’espérais que cela
se passerait, car je l’aimais : c’est le meilleur maître !

a- Identifiez dans cette phrase complexe la façon dont les propositions sont reliées (aidez-vous de ce qui est
surligné).
Deux phrases complexes : la 1ère contient 3 propositions indépendantes reliées par juxtaposition puis par
coordination. La seconde contient 4 propositions : une principale puis une proposition subordonnée
complétive introduite par « que », puis une proposition indépendante coordonnée par « car ». La dernière
proposition est juxtaposée par deux points.

b- Proposez une autre façon de relier ces propositions tout en conservant le sens.

Il revint à lui avec un air égaré si bien que je le jetai dans une voiture : nous retournâmes à la maison.
J’espérais que cela se passerait, parce que je l’aimais, en effet c’est le meilleur maitre !

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