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Stress Hydrique
Stress Hydrique
Dans ce contexte, l'appel de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour une gestion responsable
et innovante des ressources hydriques souligne l'urgence de répondre à cette problématique, en
visant à moderniser les infrastructures hydrauliques et à améliorer l'efficacité de l'utilisation de
l'eau, particulièrement dans le secteur agricole. Cette initiative royale met en lumière
l'importance cruciale de la gestion de l'eau dans les stratégies de développement national, pour
garantir la sécurité hydrique et le bien-être des générations futures.
Le Maroc se trouve dans une région particulièrement vulnérable aux effets du changement
climatique, qui exacerbent les problématiques de disponibilité en eau. Le pays connaît des
périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes et sévères, impactant directement son
économie et le bien-être de ses habitants. Par ailleurs, la croissance économique et
démographique entraîne une augmentation constante de la demande en eau, mettant sous
pression les ressources hydriques limitées. L’agriculture, secteur clé de l’économie marocaine,
consomme à elle seule environ 80 % des ressources en eau disponibles, accentuant davantage
la compétition pour l’accès à cette ressource vitale.
On expliquera dans une première partie, état des lieux du stress hydrique et dans une
seconde partie, les solutions pour surmonter cette problématique.
Le Royaume du Maroc est confronté à une vulnérabilité accrue face aux effets du
changement climatique, marquée par des fluctuations notables de température et de
précipitations. Ces variations climatiques contribuent à une réduction significative des
ressources en eau, avec une aggravation due à des sécheresses de plus en plus sévères et
récurrentes. L'impact direct sur les ressources hydriques se traduit par une baisse de la capacité
des barrages et une diminution des niveaux des aquifères, qui sont cruciaux pour
l'approvisionnement en eau du pays.
La quantité d'eau renouvelable disponible par habitant au Maroc a drastiquement chuté,
passant de 2560 mètres cubes par an et par personne à seulement environ 620 mètres cubes,
signalant une transition vers une situation de stress hydrique chronique et frôlant le seuil critique
de pénurie absolue d'eau. Ce déclin s'accentue avec le pompage excessif des eaux souterraines,
exacerbé par une exploitation illégale massive de puits, où 91% opèrent sans autorisation légale.
D'ici l'année 2050, le Maroc fait face au risque de voir ses ressources en eau diminuer de
30% annuellement, passant d'une situation de pénurie à un stress hydrique accentué, en raison
d'une combinaison d'augmentation des températures observée depuis 2001 et d'une baisse
marquée des précipitations. Malgré les efforts pour augmenter la production d'eau via le
dessalement, la surexploitation des nappes phréatiques continue, mettant en lumière la
vulnérabilité du pays face à ces défis. Le taux de remplissage des barrages a également connu
une baisse critique, tombant à moins de 23,3%, avec un volume total d'eau disponible chutant
à 3,756 milliards de mètres cubes. La réduction drastique des jours de neige, passant de 41 en
2018 à seulement 14 en 2022, illustre une autre facette alarmante de cette crise hydrique.
Les aquifères marocains connaissent une réduction de leur épaisseur allant jusqu'à trois
mètres chaque année, reflétant une baisse considérable de la disponibilité en eau par habitant
depuis les années 1970, de 2560 à moins de 650 mètres cubes. Le déficit annuel moyen en eau
atteint désormais 2,6 milliards de mètres cubes, accentuant la pression sur les ressources en eau
du pays et soulignant l'impératif d'une intervention urgente pour renverser cette tendance
préoccupante et promouvoir une gestion de l'eau durable.
En outre, le secteur agricole, épine dorsale de l'économie nationale, subit de plein fouet les
répercussions du stress hydrique. Les méthodes d'irrigation dépassées et le choix de cultures à
haute demande en eau exacerbent cette crise. L'absence d'investissement dans des systèmes
d'irrigation modernes et efficaces entraîne une consommation excessive et un gaspillage d'eau,
diminuant davantage les ressources disponibles pour répondre aux besoins diversifiés du pays.
Par ailleurs, le déclin des ressources en eau impacte négativement les écosystèmes
marocains, menaçant la biodiversité et les services écosystémiques. La baisse des niveaux d'eau
dans les zones humides, rivières et lacs compromet la vie des espèces dépendantes, tandis que
la désertification altère la biodiversité terrestre, nécessitant des efforts de conservation et de
restauration des habitats naturels.
Face à ces défis, le Maroc doit adopter une gestion durable et intégrée de l'eau, impliquant
des réformes dans l'agriculture, l'amélioration des infrastructures hydrauliques, des campagnes
de sensibilisation à l'économie d'eau, et une gouvernance renforcée pour assurer la sécurité
hydrique future.
Pour faire face au stress hydrique en 2024, le Maroc a adopté une série de mesures
stratégiques structurées en deux grandes catégories : les interventions immédiates et les
stratégies de long terme. Ces actions visent à atténuer l'impact du stress hydrique et à sécuriser
les ressources en eau pour répondre aux besoins de sa population croissante et de son économie
dynamique, tout en tenant compte des défis posés par le changement climatique.
1) Interventions Immédiates
Optimisation de l’Irrigation :
Mise en place d'une initiative nationale pour la conversion des systèmes d'irrigation
traditionnels vers des systèmes plus économes en eau, tels que l'irrigation goutte à goutte et
l'aspersion. Cela inclut des subventions et des incitations pour encourager les agriculteurs à
adopter ces technologies.
Expansion des projets de traitement et de réutilisation des eaux usées pour l'irrigation
agricole et les espaces verts. Cela implique l'amélioration des infrastructures de traitement pour
garantir que l'eau recyclée respecte les normes de qualité requises.
Renforcement des mesures de contrôle sur l'exploitation des nappes phréatiques, y compris
la fermeture des puits illégaux et la mise en œuvre de quotas de prélèvement pour préserver les
ressources souterraines.
Adoption d'une approche de gestion intégrée des ressources en eau qui encourage la
coordination entre différents secteurs et niveaux de gouvernance pour une utilisation optimale
des ressources en eau disponibles.
Ces mesures reflètent l'engagement du Maroc à surmonter les défis du stress hydrique par
une gestion proactive et durable de ses ressources en eau, en s'adaptant aux réalités climatiques
changeantes et en répondant aux besoins de son développement socio-économique.
Le stress hydrique au Maroc représente une problématique majeure qui nécessite une
attention et une action immédiate pour garantir la sécurité hydrique et le développement durable
du pays. Dans notre analyse, nous avons exploré les facteurs contribuant au stress hydrique, tels
que les variations climatiques, la croissance démographique, et la consommation intensive d'eau
par l'agriculture, ainsi que les impacts significatifs sur la sécurité alimentaire, les conflits pour
l'accès à l'eau, et la biodiversité. Les stratégies proposées pour surmonter cette crise incluent
l'optimisation de l'utilisation de l'eau en agriculture, la réutilisation des eaux usées,
l'investissement dans les technologies de dessalement, et l'adoption d'une gestion intégrée des
ressources en eau.
Face à ces défis, le constat est clair : le Maroc doit mobiliser toutes ses ressources et
capacités pour mettre en œuvre des solutions innovantes et durables. L'engagement à tous les
niveaux de la société, des décideurs politiques aux citoyens, est crucial pour transformer la
gestion de l'eau et assurer un avenir prospère pour le royaume. En répondant à la problématique
posée, il est évident que seule une approche globale et intégrée permettra de relever
efficacement les défis du stress hydrique, en garantissant la sécurité alimentaire, la paix sociale,
et la préservation de la biodiversité pour les générations actuelles et futures.