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Lisa Garnier

Emma Vieira-Coelha
DNO1

Compte rendu - TP : Analyse des sols


L’analyse d’un sol est cruciale pour le vigneron afin d’optimiser les coûts, les rendements,
les apports, mais également de vérifier tous les paramètres permettant la bonne santé de la
vigne. Il est important de réaliser une analyse de sol avant la plantation afin de connaître les
caractéristiques de son sol et de prendre les bonnes décisions par la suite comme le choix
du porte-greffe et du cépage (par exemple avec une résistance à la sécheresse, au calcaire
actif, etc. selon les sols), mais également réfléchir à la densité de plantation avec la distance
de l’inter-rang et de l’intercep (en fonction de la disponibilité en eau du sol et de la richesse
en nutriments). L’analyse de sol peut également être utile dans le cas d’une parcelle
problématique (rendements faibles, dépérissement de la vigne, faible vigueur, etc.) afin de
trouver d’où vient le problème et de mettre en place une stratégie d’amélioration, donc de
prévoir une fertilisation et des amendements minéraux.

L’analyse se structure en plusieurs parties :

➢ Eléments grossiers :

Ils sont séparés de la terre fine par un tamisage de l’échantillon de terre. La terre fine passe
au travers du tamis car éléments < 2 mm, mais les éléments grossiers restent.

Pesées :
- Eléments grossiers : 510,5 g
- Terre fine : 264,5 g
- Total : 775 g

Calcul du tonnage de terre fine à l’hectare :

TF (t/ha) = (profondeur prélèvement (en cm) x da x 100) - % éléments grossiers

On a :

- Profondeur des prélèvements = 30 cm

- da = 1,5
510,5 × 100
- % éléments grossiers = 775
= 65,87 %

D’où TF = (30 x 1,5 x 100) – 65,87% = 4434 t TF/ha

Cela signifie que 1 ppm = 4,434 kg/ha pour 4434 t TF/ha. C’est plus pratique pour le calcul
d’apports au sol.

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➢ Indice de battance :

Le choc des gouttes de pluies frappant le sol provoque le délitement d’agrégats. Les
particules entraînées par l’eau se rassemblent ensuite pour former des croûtes de battance
qui empêchent les transferts d’eau et de gaz. La battance donne un indice sur la
composition du sol puisqu’elle se produit quand il n’y a pas assez de liants tels que les
argiles ou la matière organique pour stabiliser les agrégats du sol.

Le pH du sol étant inférieur à 7 (voir ci-après) le calcul est le suivant :


1,5 × 𝐿𝐹 + 0,75 × 𝐿𝐺
IB = 𝐴 + 10 × 𝑀𝑂
− 0, 2 × (𝑝𝐻 − 7)
1,5 × 16,68 + 0,75 × 11,78
= 28,62 + 10 × 5,24
- 0,2 x (7,5 - 7)
IB = 0,32

Normes : On dit d’un sol qu’il est très battant si IB > 2 et qu’il est non battant si IB < 1,4.

Interprétation : Le sol ici est non battant signifiant que la proportion des matériaux liants
(argiles, MO) par rapport aux fractions grossières est suffisante pour assurer la formation
d’agrégats stables, le sol peut ainsi assurer les transferts d’eau et les échanges gazeux.

➢ pH : traduit l’état d’acidité d’un sol

Principe : Mesure au pH mètre en plongeant l'électrode dans la solution à analyser.


Le sol est mis soit en suspension dans l’eau (mesure pH eau) soit dans une solution
normale de KCl (mesure pH KCl). L’équilibre dans l’eau (pH eau) ne rend pas compte de la
totalité des ions acides (H+ et Al3+) fixés sur le complexe argilo-humique. Ces ions vont être
déplacés par échange avec les ions K+ donc le pH KCl informe sur lle risque d’acidification
du sol.

Résultats :
- pH eau = 7,5
- pH KCl = 7,1
- 0,4 unité d’écart entre le pH-eau et le pH-KCl : l’acidité titrable est
faible (< 0,5)

Le pH varie de 0,5 à 0,1 en fonction des saisons, en hiver (moment du prélèvement) il est
plus haut par effet de dilution. Pour éviter ce biais lors d’analyses d’un sol de manière
récurrente, le mieux est d’analyser à la même période chaque année pour comparer.

Normes :
Il n’y a pas de normes particulières mais le viticulteur recherche le pH optimal pour la vigne
(situé autour de 7). Les sols dont pH > 7 comme celui-ci contiennent forcément du calcaire.
Entre 6,5 et 7,5 la nature du sol est “proche de la neutralité”. Un relèvement n’est donc pas
nécessaire pour ce sol.

➢ Conductivité électrique :

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Principe :
Elle permet d’évaluer la concentration en sels solubles dans le sol via la concentration en
anions et cations présents. C’est-à-dire que plus la concentration en minéraux et en
oligo-éléments dissous est importante, plus la conductivité sera élevée La mesure est faite
par une électrode plongée dans une solution aqueuse contenant l’échantillon de sol.

Résultats :

- Eau du robinet : 0,74 mS/cm


- Echantillon de sol : 0,124 mS/cm

Norme : Dans les sols de vignes la conductivité du sol est inférieure à 0,2 mS/cm.

La conductivité du sol prélevé est environ 7 fois plus faible que celle de l’eau du robinet,
mais elle est dans les normes des sols de vignes.

➢ Calcaire :
● Traces de calcaire :
Un test d’effervescence permet de déterminer la richesse approximative en calcaire d’un sol.
Pour cela l’échantillon de terre est mis au contact d’HCl. L’HCl réagit avec le calcaire en
formant du CO2 gazeux, d’où le phénomène visible d’effervescence.

● Calcaire total :
Comme l’effervescence est marquée, il est intéressant de mesurer le calcaire total au
calcimètre de Bernard.

Principe : Le carbonate de calcium (CaCO3) contenu dans l’échantillon de sol va être


décomposé par l’HCl, cette réaction induit un dégagement de CO2 qui va être mesuré grâce
à une burette de gaz (calcimètre de Bernard). On effectue un étalonnage afin de connaître le
volume de CO2 dégagé pour une masse connue de CaCO3. Il est alors possible de
comparer ce volume avec celui de l’échantillon de sol afin de déterminer la quantité de
CaCO3 dans le sol.

Calculs et résultats :

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Normes : le calcaire peut-être toxique à trop haute dose.

Interprétation :
Le calcaire contient du calcium, ce dernier intervient dans la floculation des colloïdes
argileux et humiques donc favorise la stabilité et la perméabilité du sol. Ce sol contient
3,74% de CaCO3, assez stable donc et sans risques pour la vigne.

● Calcaire actif :
Il représente le taux de particules fines capables de passer en solution rapidement et de
bloquer l’absorption du fer, donnant lieu à des chloroses ferriques si le phénomène
s’aggrave. En cas de risque élevé, le mieux est de choisir un porte-greffe résistant aux sols
calcaires.
Ce n’est pas utile de le déterminer ici au vu du faible pourcentage de calcaire total présent
dans le sol, en dessous de 10% ce n’est pas nécessaire.

➢ Carbone organique (CO) : Détermination de la matière organique (MO) dans le sol

Principe : Le taux de MO est estimé à partir du dosage de CO puisqu’il en représente 58%. Il


est oxydé par le K2Cr2O7 en milieu acide et l’indicateur vire au violet lorsqu’il n’y a plus de

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CO réducteur. On utilise le sel de Mohr pour doser le carbone organique en dosant l’excès
de K2Cr2O7 par le mohr, le morh restant étant équivalent au K2Cr2O7 ayant réagit avec le CO.

Calculs et résultats :

La matière organique fraîche est enlevée, c’est presque de la matière humique. La matière
organique structure le sol avec les minéraux argileux floculés. C’est aussi une source
d’éléments nutritifs grâce au complexe argilo-humique. Elle a également un rôle sur la
réserve utile et des propriétés chélatantes. Cette valeur estime la capacité fertilisante du sol,
donc s’il est nécessaire d’apporter des amendements organiques.

Normes : En sols de vignes, le pourcentage de matière organique est généralement peu


élevé avec des valeurs comprises entre 1% (plutôt en zones méridionales) et 2% (plutôt en
zones septentrionales).

Interprétations : Le taux de matière organique de ce sol est bien supérieur à la normale pour
un sol de vigne. Ce n’est pas pour autant quelque chose de négatif. Un sol riche en matière
organique indique une fertilité potentielle de très bonne qualité ainsi qu’un sol bien structuré.

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Il pourrait s’agir de vignes cultivées en agriculture biologique ou même en biodynamie, avec
sûrement peu de travail du sol.

➢ Azote total :

C’est également un indice de fertilité, si on le considère dans le rapport C/N seulement.

Principe : La méthode Kjeldahl est utilisée pour déterminer l’azote total, en 3 étapes. L’acide
sulfurique concentré permet la conversion de l’azote organique en ammoniac
(minéralisation). Il est distillé à la vapeur d’eau et absorbé par une solution d’acide borique
en excès. Enfin le distillat est titré par HCl pour obtenir la quantité d’azote total.

Calculs et résultats :

En sols de vignes, la quantité d’azote dans le sol est généralement inférieure à 1‰. Elle est
donc particulièrement élevée ici avec 2,74‰ d’azote dans le sol.
➔ Rapport C/N :

Calculé à partir des dosages de l’azote total et du carbone organique, il informe sur le degré
d’évolution de la matière organique et de sa transformation en éléments minéraux, donc sur
l’activité microbiologique du sol. Un rapport C/N faible indique une minéralisation très rapide
de la matière organique, tandis qu’un rapport C/N élevé indique une minéralisation très lente
et donc une faible disponibilité d’éléments nutritifs pour la vigne. Pour un sol cultivé ce
rapport se situe entre 8 et 12, c’est le cas du sol analysé qui est de 11,26, aucun apport
n’est donc nécessaire.

➢ Phosphore :
C’est le phosphore assimilable par la plante qui est quantifié.

Principe : Méthode Olsen : les phosphates de l’échantillon sont extraits par une solution de
bicarbonate de sodium et les phosphates sont mis en évidence par le complexe
phosphomolybdique formé après addition de molybdate. Ce dernier donne une coloration
bleue dont l’absorbance est corrélée à la concentration en phosphates. Grâce à une gamme

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étalon, la concentration de l'échantillon est déterminée. L’expérience se réalise à pH 8 pour
mimer au mieux ce que la plante peut extraire.

Calculs et résultats :

en mg/L

Normes : 7 à 20 ppm de P, 16 à 40 ppm de P2O5

Interprétation : Il y a un excès de phosphore disponible qui peut se traduire par la saturation


du sol en phosphore.

Les carences en phosphore sont assez rares chez la vigne. Il est très peu mobile dans le sol
c’est pourquoi les apports doivent se faire directement au niveau des racines mais ici
aucune fumure n’est nécessaire.

➢ CEC (capacité d’échange cationique) :


Elle correspond aux substances humiques et minéraux argileux, plus précisément à
l’ensemble des cations échangés dynamiquement entre le sol et la solution du sol et donc le
pouvoir fixateur du sol pour ces cations. C’est une réserve importante de nutriments pour la
plante. Utile pour caractériser le réservoir sol en cations échangeables et pour calculer
d’éventuels apports d’amendements basiques.
La CEC S regroupe les bases échangeables : Ca2+, Mg2+, K+, Na+, (NH4+), l’addition avec
l’acidité d’échange (H+ + Al 3+) et donne la CEC totale.

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Principe : Méthode Metson pour déterminer la CEC S à partir de laquelle on estime la CEC
totale. Utilisation d’acétate d’ammonium tamponné à pH 7.

Calculs et résultats :

𝐾 0,0096
𝑀𝑔
= 0,114
= 0, 084

Pourcentage des cations dans la CEC :


● Ca2+ : 82,17%
● Mg2+ : 14,12%
● K+ : 3,7%

Normes : (en méq/100g de sol)


● Ca2+ : 80% maximum
● Mg2+ : 15 % maximum
● K+ : Au moins 5%

Le rapport K/Mg environne généralement les 0,5 mais peut aller jusqu’à 1, la norme diffère
en fonction des laboratoires. Il est important puisque les deux sont antagonistes sur
l’assimilation par la plante. Un excès de potassium dans le sol va bloquer l'assimilation du
magnésium et inversement mais dans une moindre mesure.

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Une CEC T faible (inférieure à 10 méq/100g de sol) est typique des sols sableux et peu
concentrés en argiles. Au contraire, une CEC T élevée (supérieure à 30 méq/100g de sol)
est caractéristique de sols argileux. Le mieux est encore d’avoir une CEC T moyenne (20
méq/100g de sol) qui indique un sol équilibré avec environ 30% d’argiles.

Interprétation : La parcelle étudiée présente une faible CEC T caractéristique des sols
sableux pauvres en argiles, alors que le sol étudié ici possède plus de 30% d’argiles. Cela
signifie que peu de cations sont fixés par le sol, alors que l’argile fixe normalement très bien
les cations, contrairement au sable. L’argile forme avec la matière humique le complexe
argilo-humique. Ce dernier est très utile à la plante sur beaucoup de points tels que la
fixation d’éléments minéraux qui sont progressivement relargués et disponibles pour les
racines, ainsi que la rétention d’eau alors disponible pour la plante.

Le rapport K/Mg est assez bon, il est dans l’intervalle indiqué donc il n’y a pas beaucoup de
répression d’un élément sur l’autre. Aucun apport n’est nécessaire pour contrebalancer.

NB : le pH varie en fonction de la composition de la CEC.

➢ Granulométrie :

Elle définit la texture d’un sol et influe sur la porosité, la CEC et sur la capacité de rétention
d’eau du sol. Elle permet de déterminer la taille et les pourcentages pondéraux respectifs
des différentes familles de particules constituant l'échantillon de terre fine.

Principe : Basée sur la taille des particules, et l’utilisation du triangle des textures. Les
agrégats sont supprimés et les particules remises en suspension avec de l’eau oxygénée et
par mouvements mécaniques au bain marie afin de détruire la matière organique. Les
particules (sables grossiers, sables fins, limons grossiers, limons fins et argiles) sont
séparées par tamisage et les masses sèches sont prises. Un échantillon est pipetté à la
méthode de Robinson à différentes périodes (après plusieurs minutes ou plusieurs heures
de sédimentation) et à différentes profondeurs de la suspension du prélèvement dans une
éprouvette, permettant de séparer les différentes textures qui seront séchées à l’étuve et
pesées.

Calculs et résultats :

Masses capsules et piluliers à vide :


P1 = 64,4877 g C1 = 46,91 g
P2 = 64,0750 g C2 = 45,65 g
P3 = 63,148 g
Masses capsules et piluliers avec échantillon :
P1 = 64,8231 g C1 = 50,87 g
P2 = 64,3515 g C2 = 48,26 g
P3 = 63,3411 g
Donc masses pour l’échantillon :
P1 = 0,3354 g C1 = 3,96 g
P2 = 0,2765 g C2 = 2,61 g
P3 = 0,1931 g

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D’après le triangle des textures, le sol est de type limono-argileux, avec des proportions de
sables, de limons et d’argiles à peu près équivalentes. On dit généralement que la
granulométrie optimale pour un sol est de 40 à 45% de sables, de 30 à 35% de limons et de
25% d’argiles.

Capacité de rétention en eau du sol (CR) :

Elle caractérise la quantité maximale d’eau qu’un sol peut emmagasiner au point de
ressuage. Ici elle est assez importante ce qui est une bonne chose en cas de sécheresse.

Bilan :

Le pH aux alentours de 7 est optimal, aucun relèvement n’est nécessaire.

Sur ce type de sol assez peu riche en calcaire, la vigne n’a pas beaucoup de chances de
subir une chlorose ferrique donc pas besoin de choisir un porte greffe particulièrement
résistant au calcaire. En revanche, la quantité est suffisante pour maintenir une bonne
structure du sol.

C’est un sol très riche en matière organique (confirmé par l’indice de battance), plus que la
normale pour un sol de vigne, indiquant une fertilité potentielle et une structure qualitative.
La couleur marron foncée de l’échantillon laissait présager ces affirmations. L’équilibre
azote/carbone est respecté donc ici encore aucun apport ne semble nécessaire.

La texture de type limono-argileuse est ici très proche d’une texture équilibrée c’est-à-dire
chimiquement riche, assez bien aérée et facile à travailler, avec un sol bien structuré. Le sol
garde assez bien l’eau qui peut être ensuite utilisée par la plante, l’argile présent dans le sol
aide à cette rétention d’eau.

L’échantillon a été prélevé à Valençay en région Centre Val de Loire, ce mini-vignoble


appartient au château de Valençay. Bien qu’étant cultivé, ses objectifs premiers ne sont pas
d’atteindre un certain rendement mais bien d’entretenir un patrimoine culturel historique en
regroupant tous les cépages de l'appellation. C’est pourquoi certaines caractéristiques du
sol comme la forte teneur en matière organique ou encore en phosphore sont assez
étonnantes.

L’analyse de sol effectuée a cependant ses limites puisque l’échantillon est prélevé sur 30
cm de profondeur alors que pour une meilleure analyse, prélever au niveau des racines
aurait été plus judicieux. De la même manière que l’échantillon prélevé n’est pas forcément

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représentatif de toute la parcelle, une certaine hétérogénéité subsiste même minime, il aurait
donc été plus juste de prélever plusieurs échantillons sur différents endroits de la parcelle.
Utiliser des méthodes complémentaires permettrait d’affiner l’analyse notamment pour la
détection de carences ou de maladies.

Tableau récapitulatif :

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