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Chapitre 3 : Convection

CONVECTION

1. Introduction

Au chapitre 1, nous avons défini le transfert de chaleur par convection en comparaison par
rapport à la conduction et le rayonnement. Dans ce chapitre nous allons détailler la compréhension
de ce mode de transfert de chaleur. Jusque-là, nous avions toujours utilisé l’expression (3.1) pour
calculer le flux de chaleur échangé entre un corps à la température t1 et un fluide à la température
tfl.
  hS  t1  t fl  (3.1)

Comme on le sait déjà, cette expression est valable dans le cas de refroidissement du corps. Mais
pour son échauffement (s’il se trouve à une température t1 inférieur à la température tfl du milieu
environnant) on écrit cette expression sous la forme suivante :
  hS  t fl  t1  (3.2)

"h" étant le coefficient de transfert de chaleur par convection et S la surface du corps en contact
du fluide. Dans les chapitres précédents pour la résolution des problèmes de conduction en
présence de la convection, la valeur du coefficient de convection h était une donnée du problème.
Mais dans ce chapitre, le but principal est de comprendre comment détermine-t-on ce coefficient.

Nous savons aussi qu’il existe 2 types de convection :

 Convection forcée : le mouvement du fluide est un écoulement provoqué par une force
extérieure, qui peut être un ventilateur pour les gaz et une pompe pour les liquides.

 Convection naturelle ou libre : le mouvement du fluide est dû à la différence de masse


volumique des particules de ce fluide. Si on considère le cas de refroidissement d’un corps
à l’air libre, les particules d’air frais qui sont en contact de ce cops absorbent une certaine
quantité d’énergie thermique d’où leur masse volumique diminue, et sous l’effet de la
poussée d’Archimède un écoulement ascendant est créé au sein du fluide.

Sur la figure (3.1) présente une illustration des 2 types de convection.


Ecoulement d’air libre
Ecoulement d’air forcé

Œuf chaud Œuf chaud

Convection naturelle
Convection forcée
Fig. 3.1 : Convection forcée et naturelle

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Chapitre 3 : Convection

Dans les formules (3.1) et (3.2) le coefficient de transfert de chaleur par convection h est le
coefficient global qui correspond à la surface totale du corps solide en contact avec le fluide
d’échange de chaleur. Dans certains problèmes on s’intéresse plus particulièrement au coefficient
d’échange de chaleur par convection local hL. Si nous considérons les exemples des figures (3.2)
et (3.3) il convient de préciser que les conditions de l’écoulement d’air sur la surface de l’œuf dans
les 2 cas varient d’un point à un autre. Par conséquent, le coefficient hL et la densité du flux
thermique évacuée varient le long de la surface de l’œuf.

ufl, tfl
ufl, tfl q S
t1 q
t1
Œuf chaud
x
L

Fig. 3.2 : Refroidissement d’un corps de surface S Fig. 3.3 : Refroidissement d’un corps de longueur L

Dans ce cas-là, la densité du flux thermique évacuée est calculée d’après la formule suivante.

q  h L  t1  t fl  (3.3)
Et le flux de chaleur total évacué à travers la surface totale de l’œuf peut être calculé à l’aide de
l’expression suivante.
   qds (3.4)
S

   t1  t fl   h L ds (3.5)
S

En combinant les expressions (3.1) et (3.5), nous obtenons le coefficient global hen fonction du
coefficient local hL.
1
h   h L ds (3.6)
SS
Pour le cas de la barre considérée à une seule dimension X, le coefficient global suivant la longueur
L est égal à :
1 L
h   h L dx (3.7)
L 0

2. Concept physique de la convection

Les expériences pratiques qui ont permis de déterminer les valeurs numériques du
coefficient de convection h montrent bien que celui-ci dépend de plusieurs paramètres spécifiques
au fluide et au corps solide en contact avec ce dernier. Parmi ces paramètres, on peut citer :

 Les propriétés physiques du fluide : la masse volumique (ρ), la viscosité dynamique ou


cinématique (µ, ), le coefficient de conductivité thermique (λ) et la chaleur spécifique
(Cp).

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Chapitre 3 : Convection

 Les paramètres du mouvement du fluide : vitesses (u, , w), la pression (p) et la


température (tfl) et le régime d’écoulement défini par Re (laminaire ou turbulent).

 Les paramètres concernant le corps solide : la forme géométrique (  ), l’état de surface


ou la rugosité (  ) et sa température (t1).

D’où, on peut écrire la relation suivante :

h  f  , , ,Cp , u, , w, p, Re, , , t fl , t1  (3.8)

2.1 Notion de couche limite

Pour mieux comprendre le phénomène de la dynamique du mouvement du fluide au contact


du corps solide, nous considérons un écoulement d’un liquide sur une paroi plane. Sur la figure
(3.4) on peut voir l’évolution de cet écoulement en présence de différentes zones.

Zone
u∞ Zone laminaire Zone turbulente
transitoire
u∞
δ 0,99u∞
u∞

y δ 0,99u∞

χcr
Sous couche laminaire
x

Fig. 3.4 : Développement de la couche limite de l’écoulement sur une paroi plane

L’écoulement du liquide en arrivant au point d’attaque (x=0) a une vitesse uniforme (u∞). Dès le
premier contact avec la paroi, les particules situées à la coordonnée y=0 se collent (condition
d’absence de glissement) à la surface de la paroi et sous l’effet de la viscosité d’autres particules
adjacentes qui se trouvent au-dessus sont freinées dans leur mouvement. L’ensemble des particules
dont la vitesse de déplacement est inférieure à u∞ constitue une certaine épaisseur du liquide qu’on
appelle "couche limite". L’épaisseur δ de cette couche augmente dans le sens de l’écoulement qui
passe par les 3 zones principales.

 La première porte le nom de zone laminaire, car l’écoulement est laminaire (les vecteurs
vitesses sont parallèles à la surface de la paroi plane). La longueur de cette zone est
caractérisée par la coordonnée χcr. Dans la couche limite de cette zone on constate la
présence d’un gradient de vitesse des particules qui varie de 0 (à y=0) à u∞ (à y=δ) suivant
l’axe de coordonné Y (comme le montre le diagramme). Au-dessus de la couche limite la
vitesse reste constante égale à u∞ (vitesse initiale de l’écoulement ou écoulement libre), car
on est loin de la surface de la paroi qui a provoqué la perturbation. Pour cette zone on a :

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Chapitre 3 : Convection

Rex ≤ 5.105, sachant que Rex=u∞.x/υ (avec x : distance à partir du bord d’attaque de la paroi
plane et υ : viscosité cinématique).

 La deuxième zone est une zone de transition. Elle commence au-delà de la coordonné χcr
où les vecteurs vitesses ne sont plus parallèles à la surface de la paroi et subissent une petite
fluctuation. L’épaisseur de la couche limite est plus grande que celle la zone précédente
mais instable. Généralement, sa longueur suivant l’axe X est moins grande que les 2 autres
zones. Pour cette zone on a : 5.105 < Rex < 106.

 La troisième zone est la zone turbulente où les vecteurs vitesses subissent une grande
fluctuation due à un mouvement chaotique des particules du liquide. Le gradient de vitesse
de la couche limite est plus grand (voire diagramme des vitesses). On constate l’apparition
d’une sous couche laminaire de faible épaisseur. Dans l’intervalle de cette zone l’épaisseur
de la couche limite augmente progressivement dans la stabilité. Pour cette zone on a :
Rex>106.

La courbe constituée de points de cordonnées y=δ sépare 2 régions du domaine de l’écoulement.


En dessous de cette courbe c’est la couche limite où l’effet de la viscosité est signifiant et provoque
la présence d’un gradient de vitesse. Au-dessus de cette courbe l’écoulement est dit libre à cause
de l’effet de la viscosité qui est négligeable et l’absence de gradient de vitesse.
Sur cette courbe on définit la valeur de la vitesse à l’aide de l’expression suivante : u = 0,99 u∞.
L’épaisseur δ peut être déterminée à l’aide de l’expression suivante : 
x  5,0
Rex

2.2 Couche limite thermique

On considère un écoulement de liquide à la température tfl sur une paroi plane chadont la
température est égale à t1 avec la condition de t1 > tfl (fig.3.5). Au bord d’attaque de la paroi, le
liquide a une température uniforme égale à t∞=tfl. Dès les premiers contacts du liquide avec la
surface chaude de la paroi, ses particules se collent (vitesse nulle) à cette surface et acquièrent la
température de la paroi (dans un équilibre thermique). Au cours de l’évolution de l’écoulement,
en présence du gradient de vitesse dans la couche limite, il se crée un gradient de température qui
varie de t1 (à y=0) jusqu’à t∞ (à y=δt). Au-delà de cette limite c'est-à-dire dans la zone de
l’écoulement libre la température reste constante égale à t∞.

y
u∞
t∞ t∞
Ecoulement libre
(t∞=tfl)
δt

t
q
x
Paroi chaude à t1 t1

Fig. 3.5 : Développement de la couche limite thermique

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Chapitre 3 : Convection

La zone qui se trouve en dessous de la courbe δt s’appelle "couche limite thermique". La


température de tous les points qui forment cette courbe est définie par l’expression :

t  t1  0,99  t1  t   (3.9)

Du point de vue échange de chaleur entre la paroi et le liquide dans la couche limite thermique, il
convient de noter que celui-ci se fait en 2 étapes. En premier lieu, entre la surface de la paroi et les
particules de liquide collées à cette surface (à y=0) la transmission de chaleur se fait par
conduction. Puis par convection, dans le reste de la couche limite thermique, entre les particules
en mouvement.
Pour la conduction, nous considérons la loi de Fourier.
t
q   fl (3.10)
y y 0

Pour la convection, reprenons l’expression (3.1) : q  h  t1  t fl 


En combinant ces 2 équations, on obtient l’expression qui permet de calculer le coefficient de
convection.
 fl t
y y  0
h (3.11)
t1  t fl

Cette expression nous indique que pour déterminer le coefficient h, il faut d'abord connaitre le
gradient de température qui ne peut être obtenu qu'à partir de la distribution de la température dans
la couche limite entière. Et parce qu'on est en présence d'un milieu en mouvement, à son tour le
champ de température est fonction des vitesses (u, v, w) de déplacement des particules du fluide.
Ainsi, comme on le constate, on retrouve l'expression (3.8) qui indique bien que le coefficient h
dépend de plusieurs paramètres. Il s'en suit, que d'une manière générale, pour un problème
d'écoulement tridimensionnel en régime transitoire, Il faut déterminer :
 la masse volumique
 les 3 composantes de la vitesse (u, v, w) en tout point et à tout instant ;
 La pression ;
 les températures en tout point et à tout instant ;
La résolution théorique de ce problème fait appel aux équations suivantes :
 Equation de continuité
 Equation de quantité de mouvement
 Equation d'énergie.

Pour ce type de problème complexe, on utilise, généralement, les méthodes numériques appliquées
à la dynamique des fluides (CFD) qui donnent des résultats approchés. Certains problèmes simples
d’écoulement laminaire de fluide sur des parois planes ont pu avoir des solutions exactes après

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avoir pris des hypothèses simplificatrices pour établir les équations de la couche limite. Une autre
méthode très utilisée dans l’engineering, appelée analyse dimensionnelle, permet de déterminer
de manière simple le coefficient de transfert de chaleur « h » pour la plupart des problèmes
rencontrés dans la pratique.

3. Analyse dimensionnelle
La méthode de l’analyse dimensionnelle est basée sur la théorème de Buckingham (1914)
ou théorème de groupement . Cette théorie est exposée dans bon nombre de littérature sur le
transfert de chaleur.
A la différence des autres méthodes, l’analyse dimensionnelle ne donne pas d’équations à résoudre
pour obtenir le coefficient h. Elle permet de regrouper les paramètres de la relation (5.8) sous
forme de nombre adimensionnel (tableau 1):
Tableau 1 : Groupements sans dimensions
Nombre Groupements de paramètres Définition
adimensionnel
Nombre de h.L Rapport des transferts de chaleur
Nu 
Nusselt (Nu)  par convection et conduction
Nombre de v.L .v.L Rapport des forces d’inertie et
Re  
Reynolds (Re)   forces visqueuses
Nombre de  c p . Rapport entre la diffusion de la
Pr  
Prandtl (Pr) a  quantité de mouvement et la
diffusion thermique
Nombre de .v.c p .L Rapport des transferts de chaleur
Pe  Re. Pr 
Peclet (Pe)  par advection et conduction
Nombre de g  Ts  T  L g..2 .T.L3
3
Rapport des forces de flottabilité
Gr  
Grashof (Gr) 2 2 et visqueuse
Nombre de g  Ts  T  L3 c p .g..2 .T.L3 Caractérise le transfert de chaleur
Rayleigh (Ra) Ra  Pr  au sein d’un fluide
2 .
Caractérise le type de convection
Ri<0,1 : convection naturelle
Nombre de Gr négligeable ;
Ri 
Richardson Re2 Ri>10 : convection forcée
(Ri) négligeable ;
0,1<Ri<10 : convection mixte
Désignation des paramètres du tableau :
L : dimension caractéristique du corps en contact du fluide (ça peut être le diamètre,
le diamètre hydraulique, l’épaisseur d’une barre, le rayon du cylindre
ou de la sphère, etc.).
 : coefficient de conductivité du fluide
v : vitesse d’écoulement du fluide
 : viscosité cinématique du fluide
 : masse volumique du fluide

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Chapitre 3 : Convection

 : viscosité dynamique du fluide


a : diffusivité thermique
cp : chaleur spécifique
g : accélération de la pesanteur
 : coefficient de dilatation thermique

L’analyse dimensionnelle nous apprend que le nombre de Nusselt (Nu) est déterminant, car il
renferme dans sa combinaison de paramètres le coefficient de transfert de chaleur par convection
h. Le nombre de Nusselt est défini comme étant le rapport de la convection et la conduction pure.
Pour bien comprendre cette définition donnons l’exemple suivant.
Considérons une certaine couche L de fluide en écoulement laminaire entre 2 parois solides dont
les températures sont T1 et T2 respectivement (ΔT=T2 -T1). Le transfert de chaleur à travers la
couche de fluide se fait par convection et par conduction. D’où on a :

qconv  h.T  q
conv  h.T  hL
et   q .T / L 
qcond  . T
L   cond

Par conséquent, le nombre de Nusselt caractérise la prédominance de l’un des 2 modes (convectif
ou conductif) combinés pour assurer le transfert de chaleur dans la couche de fluide. Ainsi, si la
valeur de Nu est grande cela veut dire que la convection est dominante. Si Nu=1, cela veut dire
que le transfert de chaleur se fait par conduction pure.

L’analyse dimensionnelle permet aussi de combiner ces nombres adimensionnels pour caractériser
le type de convection (forcée ou naturelle).
 Convection forcée : Nu = f(Re, Pr)
 Convection naturelle : Nu = f(Gr, Pr) = f(Ra)
Les relations réelles qui lient ces nombres dans ces expressions, sont déterminées à partir des
expériences pratiques.

4. expérimentation

Dans ce qui suit, nous allons monter comment peut-on obtenir la corrélation (formule
empirique) liant les nombres adimensionnels dans le cas de la convection forcée. La relation de
base était Nu = f(Re, Pr).

Le matériel utilisé est constitué d’une paroi plane sur laquelle s’écoule parallèlement, à petite
vitesse, de l’air (fig. 3.6). La paroi est chauffée, à l’aide d’une résistance électrique pour maintenir
Ts>T∞. La paroi est isolée thermiquement sur les surfaces qui ne sont pas en contact avec
l’écoulement du fluide. Cette configuration assure un transfert de chaleur par convection forcée
entre la paroi et l’air en écoulement. Des moyens de mesure sophistiqués sont utilisés pour mesurer
les températures (Ts, T∞) et la puissance électrique de l’échauffement qui est égale à la densité de
flux de chaleur (q) échangé par convection.
Dans une première étape, l’expérience consiste à chauffer la paroi jusqu’à atteindre un état
stationnaire. Connaissant la puissance électrique et les températures q, Ts et T∞, nous pouvons

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Chapitre 3 : Convection

calculer le coefficient de convection h à l’aide de l’expression (3.3). Connaissant aussi les


propriétés physiques du fluide et le paramètre L qui dans ce cas représente la longueur de la paroi,
nous pouvons calculer les nombres Nu, Re et Pr.

u, T
q Paroi plane (Ts, L, Ss)

Résistance électrique

Isolation thermique
I E

Fig. 3.6 : Installation de l’expérience pour l’obtention de corrélation

A partir du dépouillement des résultats de l’expérience, nous obtenons La dépendance réelle entre
les nombre adimensionnels.

Nu  C.Rem
L .Pr
n
(3.12)

Où les coefficients C, m et n sont des constantes.

Procédure de détermination des coefficients C, m et n :


Si dans un premier on considère un fluide qui a un nombre de Pr=1 (l’air par exemple), on peut
déterminer les constantes C et m de la manière suivante.
L’équation (3.12) s’écrit alors: Nu  C.Rem
L . En introduisant le logarithme, on obtient :

Log Nu  Log C  mLog ReL (3.13)

Construisons un graphe dont l’ordonnée Y est Log Nu, l’abscisse X correspond à Log ReL (fig.
3.7). En effectuant des manipulations expérimentales, en faisant varier le ReL par la variation de
la vitesse de l’écoulement, on constate que la dépendance est linéaire. Cette linéarité nous permet
d’écrire l’expression (3.13) sous la forme d’un équation linéaire : Y  A  mX . Où Y représente
Log Nu, X représente Log ReL et A représente Log C. Dans ce cas, il est facile de déterminer le
coefficient m, car il représente la tangente de l’angle formé par la droite et l’axe des abscisses (fig.
5.9(a)). Par la suite on détermine C à l’aide de l’expression suivante : C=Nu/ReL.

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Chapitre 3 : Convection

Log Nu Log (Nu)


Pr3
Nu=C ReLmPrn Pr2
Nu=C ReLm
Pr1
a
α
b

Log ReL Log ReL


(a) (b)

Fig. 3.7 : Graphes pour détermination des constantes des corrélations

Dans le cas où Pr est différent de 1, le Nu dépendra des 2 arguments ReL et Pr. Sur le graphe on
obtient une série de droites correspondantes aux différents Pr (fig 1.7b). Dans ce cas-là, le 2ème
argument (Pr) est considéré comme un paramètre et on calcule le coefficient m pour une droite
comme le cas précédent. Puis on construit un autre graphe : Log (Nu/ReLm)=f(Log Pr) et on calcule
le coefficient n. En dernier, on calcule le coefficient C à l’aide de l’expression : C=Nu/(ReLmPrn).

Les différentes études expérimentales ont permis d’obtenir les corrélations suivantes, qui sont très
répandues pour le calcul du coefficient de convection dans le cas des parois planes :

Nu x  0,324Rex2 Pr
1 1
3

Nu L  0, 628ReL2 Pr
1 1
3

Ces corrélations sont valables pour un écoulement laminaire : Re < 5.105 et 0,5 ≤ Pr ≤ 10.

Et

Nu x  0, 0288Re0,8
1

x Pr
3

Nu L  0, 035Re0,8
1

L Pr
3

Ces corrélations sont valables pour un écoulement turbulent, dont Re > 5.105 et 0,5 ≤ Pr.

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Chapitre 3 : Convection

CONVECTION FORCEE EXTERNE

1. Introduction
Dans les échangeurs de chaleur constitués de tubes cylindriques, l’écoulement du fluide à
l’extérieur des tubes est dirigé verticalement à l’axe des tubes.
La suite de ce cours portera sur le transfert de chaleur par convection forcée autour de conduites
cylindriques les sphères. La figure (3.8) illustre le cas de l’écoulement perpendiculaire d’un liquide autour
de l’axe d’une conduite cylindrique.

Fig. 3.8 : développement de l’écoulement autour de la conduite

Avant l’arrivée à la conduite le fluide est animé d’un écoulement forcé à la vitesse uniforme u.
Au niveau de la conduite les lignes de courant se divisent autour de la conduite, sauf la ligne de
courant centrale, qui est aligné à l’axe de la conduite, est contrainte de stopper en face de l’obstacle
constitué par la conduite. Ce point porte le nom de point de stagnation. En ce point la pression
dans le fluide est la plus élevée. Ce point de stagnation est semblable au bord d’attaque dans le cas
de l’écoulement de fluide sur une paroi plane. Ainsi, en ce point commence la formation de la
couche limite autour de la conduite. A partir de ce point, la pression diminue en permettant à la
couche limite d’augmenter. La pression atteint son minimum au sommet de la conduite et
commence à augmenter vers l’arrière de la conduite. Cette augmentation de la pression provoque
la décélération du fluide ce qui engendre la création d’une zone de courant inverse. Le point qui
correspond à cette position s’appelle point de séparation parce que la couche limite se sépare de
la surface de la conduite. Les conséquences de séparation de la couche limite sont les modes de
rotation de l'écoulement appelés vortex, créant un sillage turbulent en aval.
La location du point de séparation est fonction du nombre de Reynolds, qui est défini dans le cas
Re 
u d
de conduite cylindrique par la relation : 
. Où d est le diamètre extérieur de la conduite.
La figure (3.9) montre le cas d’un écoulement de liquide autour d’un tube sans la notion de
séparation de la couche limite, à cause du nombre de Reynolds inférieur à 5 (Re<5).

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Chapitre 3 : Convection

Fig. 3.9 : Ecoulement sans séparation de la couche limite, Re=1,54 [6]

Avec l’augmentation du nombre de Reynolds apparait les points de séparation de la couche


limite en créant la paire du vortex de recirculation (fig. 3.10).

Fig. 3.10 : Ecoulement avec points de séparation de la couche limite, Re=9,6 [6]

En continuant à augmenter le nombre de Reynolds, les points de séparation se déplacent


vers l’avant et provoquant un large sillage turbulent à l’arrière de la conduite (fig. 3.11).

Fig. 3.11 : Ecoulement avec création d’un large sillage turbulent, Re=2000 [6]

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Chapitre 3 : Convection

Les expériences ont montré que les points de séparation pour les écoulements à travers les
conduites cylindriques ont lieu selon les cas suivants (fig. 3.12) :
 En régime laminaire (Re<2.105) à θ = 80°
 En régime turbulent (Re≥2.105) à θ = 140°

Fig. 3.12 : Localisation des points de séparation de la couche limite

Le coefficient de transfert de chaleur par convection dans le cas de l’écoulement d’un fluide à
travers (autour) d’une conduite cylindrique est clairement affecté par les caractéristiques de
l’écoulement. Les expériences ont montré que le nombre de Nusselt varie le long du trajet entre le
point de stagnation et l’arrière de la conduite (fig. 3.13) Le Nusselt est minimum entre les angles
θ = 80°-140°. Puis, il augmente dans la zone des vortex turbulents. Pour les régimes d’écoulement
qui correspondent à de grandes valeurs de Re, le Nusselt connait un autre minimum à θ = 140°.
Ceci correspond aux points de séparation.

Fig. 3.13 : Nombre de Nusselt local dans l’écoulement autour d’une conduite cylindrique

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Chapitre 3 : Convection

La figure (3.14) montre la distribution de la température dans l’air en écoulement autour un


cylindre chauffé. Les lignes en noire représentent les isothermes visualisées à l’aide d’un
interféromètre avec laser en tant que source lumineuse. Les points de séparation et les
sillages de la turbulence sont clairement visibles.

Fig. 3.14 : Isothermes de l’air en écoulement autour d’un cylindre chauffé

D’un point de vue pratique, il est raisonnable de se limiter à la valeur moyenne du nombre de
Nusselt dans les études de la convection dans les écoulements forcée autour de conduites
cylindriques. La complexité du comportement du nombre de Nusselt d’après la figure (3.14) rend
la prédiction analytique impossible. D’où on fait appel aux expériences pour déterminer des
corrélations donnant les valeurs moyennes de Nusselt.

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Chapitre 3 : Convection

Tableau 2 : Corrélations de la convection forcée à l’extérieur de conduites


Ecoulement perpendiculaire à une Corrélation
conduite cylindrique

Nu = C ReD

Re D C C
(gaz) (liquide)
1à4 0,330 0,89 0,99 Pr1/3

4 à 40 0,385 0,82 0,91 Pr1/3

40 à 4000 0,61 0,61 0,68 Pr1/3

4000 à 40000 0,618 0,17 0,19 Pr1/3

40000 à 250000 0,805 0,023 0,026 Pr1/3

2. Faisceau tubulaire

Un faisceau tubulaire est un ensemble de tubes empilés sous forme de batterie utilisé pour
échanger de la chaleur entre 2 fluides. L’un s’écoule à l’intérieur des tubes et l’autre à l’extérieur
(fig. 3.15).

Fig. 3.15 : Disposition de tubes dans un faisceau tubulaire

Cette technique est utilisée pour augmenter la capacité d’échange de chaleur (fig. 3.16). Un grand
nombre d’application industrielle utilise cette technique. Parmi ces équipements on peut citer les
échangeurs de chaleur de manière générale (climatiseurs, radiateur de voiture,…).

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Chapitre 3 : Convection

Fig. 3.16 : Schéma d’un échangeur de chaleur

Bien que ce qui passe comme phénomène d’écoulement du fluide autour des tubes ressemble à
celui développé précédemment, concernant la convection forcé autour d’une conduite cylindrique,
mais la méthode de calcul est différente car l’écoulement de fluide en présence d’un certain nombre
de tubes est plus turbulent que le cas d’un seule tube.

En général, il existe 2 grandes classes de faisceau tubulaire :

 Faisceau tubulaire en ligne (fig. 3.17)


 Faisceau tubulaire en quinconce (fig. 3.18)

Fig. 3.17 : Ecoulement réel de liquide autour d’un faisceau tubulaire en ligne

Fig. 3.18 : Ecoulement réel de liquide autour d’un faisceau tubulaire en quinconce

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Chapitre 3 : Convection

La disposition des tubes est caractérisée par les grandeurs SL, ST (fig. 3.19) et SD (fig. 3.20).

La dimension SD est calculée à l’aide de l’expression suivante : SD 


2 2
SL  (ST 2)

Fig. 3.19 : Données de calcul pour un faisceau tubulaire en ligne

Après la rentrée du fluide dans le faisceau tubulaire, la surface de passage diminue de A1=ST.L à
AT=(ST-D)/L (fig. 5.32). Ainsi, la vitesse augmente. D’où, dans les calculs de Reynolds, il est
recommandé d’utiliser cette vitesse du fluide entre les tubes qu’on note par Vmax.

Re  Vmax D 
La vitesse Vmax est déterminée à partir de la loi de conservation de la matière.

Pour le cas de la disposition des tubes en ligne cette vitesse est exprimée par la formule suivante:

.u.A1  .Vmax .A T
Ou bien :

u.ST  Vmax (ST  D)


D’où,

ST
Vmax u
(ST  D)
Pour le cas de la disposition en quinconce, cette vitesse maxi est calculée d’après l’expression
suivante (fig.5.32):
ST
Vmax u
2(ST  D)

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Chapitre 3 : Convection

Fig. 3.20 : Données de calcul pour un faisceau tubulaire en quinconce

Tableau 3 : Corrélations de la convection autour des faisceaux tubulaires

Disposition des tubes Re Corrélation

0-100 Nu=0,9Re0,4Pr0,36(Pr/Prs)0,25

En ligne 100-1000 Nu=0,52Re0,5Pr0,36(Pr/Prs)0,25

1000-2.105 Nu=0,27Re0,63Pr0,36(Pr/Prs)0,25

2.105-2.106 Nu=0,033Re0,8Pr0,4(Pr/Prs)0,25

0-500 Nu=1,04Re0,4Pr0,36(Pr/Prs)0,25

En quinconce 500-1000 Nu=0,71Re0,5Pr0,36(Pr/Prs)0,25

1000-2.105 Nu=0,35(ST/SL)0,2Re0,6Pr0,36(Pr/Prs)0,25

2.105-2.106 Nu=00,31(ST/SL)0,2Re0,8Pr0,36(Pr/Prs)0,25

17
Chapitre 3 : Convection

CONVECTION FORCEE INTERNE

1. Introduction
Dans cette partie du cours nous allons traiter la convection forcée dans les écoulements
internes aux conduite qui peuvent être cylindrique, carrée, rectangulaire, triangulaire, ellipse,
cannelée ou autres (fig. 3.21).

Fig. 3.21 : Différentes géométries de conduite

2. Conditions d’écoulement
Dans la convection sur une paroi plane, nous avions une couche limite en contact de la
paroi et au-delà de cette couche la vitesse était toujours égale à la vitesse constante u de
l’écoulement. Dans le cas de l’écoulement de fluide dans une conduite cylindrique on est en
présence d’une couche limite circulaire dès la rentrée du fluide dans la conduite (fig. 3.22). Cette
couche limite se développe suivant l’axe X, jusqu’à une certaine longueur où l’épaisseur de cette
couche limite atteigne le centre de la conduite. Cette zone porte le nom de zone d’entrée
hydrodynamique. Au-delà de cette zone, le profil de vitesse est bien établi (parabolique) d’où elle
est appelée zone hydrodynamique développée.

Couche limite Profile de vitesse

Fig. 3.22 : Développement de la couche limite dans la conduite cylindrique

Un écoulement de fluide dans une conduite peut aussi être laminaire, transitoire ou turbulent.
L’expression du nombre de Reynolds qui définit le régime de l’écoulement est la suivante :

.u m .D H u m .D H
Re   (3.14)
 

Où um : est la vitesse moyenne dans la section de la conduite ;



 
: viscosité cinématique.

18
Chapitre 3 : Convection

DH : le diamètre Hydraulique (dimension caractéristique de la géométrie de la conduite)


4S 4xSection
DH   (3.15)
P Périmètre
Pour une conduite cylindrique de diamètre d, le diamètre hydraulique est égal à : :

DH 
4xSection


4 d / 4
2
d
Périmètre d

Les valeurs du nombre de Reynolds pour les différents régimes d’écoulement dans les conduites
sont :
 Pour le régime Laminaire Re  2300 ;
 Pour le régime Transitoire 2300  Re  10000 ;
 Pour le régime Turbulent Re  10000

2.1 Vitesse moyenne


D’après la figure (3.22), on constate que la vitesse d’écoulement dans les conduites varie,
suivant la section, de la valeur zéro au contact de la paroi à une valeur maximal (umax) au centre
de la conduite. De ce fait, il est nécessaire d’utiliser la vitesse moyenne um dans les calculs
(fig.3.23).

Fig. 3.23 : Variation de vitesse réelle et idéalisée

Cette vitesse est utilisée pour le calcul du débit d’écoulement de fluide dans la conduite, dont
l’expression est la suivante :


m  .u m .S  .u(r, x)dS (3.16)
S
Où u(r,x) est le profil de vitesse.

Le débit m est le même pour les 2 cas de la figure (3.23).


Pour un écoulement stationnaire, de fluide incompressible, dans une conduite de section constante S, de
rayon interne R, le débit m et la vitesse u m sont constants (indépendants de x). La vitesse moyenne est
égale à :

19
Chapitre 3 : Convection

 .u(r, x)dS  .u(r, x)2rdr R

um  S
.S
 0

R
2
 22
R
 u(r, x)rdr (3.17)
0
Ainsi, en connaissant le débit d’écoulement m ou le profil de vitesse u(r,x), il serait facile de calculer la
vitesse moyenne um.

2.2 Température moyenne


L’analyse de la température d’un fluide chaud dans un écoulement à l’intérieur d’une
conduite (cylindrique) froide a montré que sa variation à lieu d’abord dans la couche limite
thermique circulaire depuis l’entrée du tube (fig.3.24). La couche limite thermique se développe
suivant l’axe X, jusqu’à ce qu’elle arrive au centre de la conduite où l’écoulement s’établi. La zone
limitée par cette longueur porte le nom de zone de développement thermique et au-delà c’est la
zone thermique établie.

Fig. 3.24 : Développement de la couche limite thermique

Comme on le constate sur cette figure, dans la zone thermique établie, la température varie
radialement de Ts (température de la surface froide de la paroi) jusqu’à une valeur maximale au
centre qui est la température d’entrée Te du fluide chaud. Dans les calculs, il est nécessaire de
considérer une température moyenne Tm suivant la section de la conduite. En dépit de l’échange
de chaleur entre la paroi et le fluide en écoulement, cette température ne reste pas constante comme
le cas de la vitesse. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce phénomène de transfert de chaleur
par convection est recherché.
La température moyenne du fluide à une certaine section S de la conduite est définie en termes de
l’énergie thermique transportée par le fluide en passant par la section S.
E  mCp Tm (3.18)
Le taux auquel se fait ce transport d’énergie est déterminé par l’expression suivante :


E  uC p TdS (3.19)
S
D’où,

20
Chapitre 3 : Convection

 uC TdS p

Tm  S
(3.20)
mC p
Pour un écoulement incompressible, dont le coefficient de chaleur spécifique est constant, la
température moyenne du fluide, dans une conduite cylindrique de rayon R, est égale à :
R

 uC T(2rdr)
p R

Tm 
0
2
u m C p ( R )
 2 2
umR
 T(r, x)u(r, x)rdr (3.21)
0
Les propriétés physiques du fluide sont, généralement, évaluées à la température du fluide Tfl égal à la
moyenne arithmétique des températures moyennes à l’entrée et celle moyenne à la sortie.
Tm, entrée  Tm, sortie
Tfl 
2
3.4 Caractéristiques d’un écoulement établi
Un écoulement est défini par les relations suivantes :

u(r, x)
 Zone hydrodynamique développée (établie) :  0  u=u(r)
x


  Ts (x)  T(r, x)   0
Zone thermique développée (établie) :
x  Ts (x)  Tm (x) 

Ts (x)  T(r, x)
Cette dernière relation implique que le rapport : est indépendant de x. D’où on peut
Ts (x)  Tm (x)
écrire l’expression suivante :

  Ts  T    T r  r  R
    f (x) (3.22)
x  Ts  Tm  rR Ts  Tm
Par ailleurs, on connait :
  T r  r  R
q x  h x S  Ts  Tm    T d'où h x = (3.23)
r rR Ts  Tm
Ainsi, nous déduisons que le coefficient de convection local est contant (ne varie pas avec X).

21
Chapitre 3 : Convection

Tableau 4 : corrélations de la convection forcée à l’intérieur de conduites.

Ecoulement dans une conduite Corrélation


(régime dynamique établi)

Ecoulement laminaire : Re<2300

Nu 4,36 pour un flux constant

Nu = 3,36 pour température de surface (Ts) constante

Ecoulement turbulent : Re>2300


Autres cas
Nu = 0,023 Re0,8Pr1/3 ; Pr ≥ 0,5 (formule de Colburn)

Nu = 7 + 0,025Pe0,8 ; Pr < 0,02 pour flux const. et Re>104


(Pe : nombre de Peclet ; Pe=Re.Pr)

Nu = 5 + 0,025Pe0,8 ; Pr < 0,02 pour Ts= const. et Re>104

Nu = 4,82 + 0,0815Pe0,827 ; pour 60 < Pe < 13000

22
Chapitre 3 : Convection

CONVECTION NATURELLE

1. Introduction
La convection forcée suppose la présence d’un dispositif pour mettre en mouvement le
fluide (pompe, ventilateur…). Le mouvement du fluide est appréciable à travers ses vitesses qui
varient en fonction de la puissance du dispositif. Il peut être orienté dans n’importe quelle
direction.

En convection naturelle ou libre, le mouvement du fluide résulte de l’existence de force de


flottabilité engendrée par un gradient de température. Le mouvement est créé de manière naturelle
à la suite des différences de masse volumique des particules du fluide, dont les vitesses impliquées
sont faibles (généralement inférieur à 1 m/s). Ce mouvement de fluide n’a qu’une seule direction
qui est le sens opposé à la pesanteur.

L’exemple de la figure (3.25) illustre bien le mouvement naturel de l’air dans l’atmosphère. Après
un échauffement de la surface de la terre par le soleil, la masse d’air qui est en contact du sol à
tendance à s’élever vers le haut. Ceci s’explique par le fait que les particules d’air ayant reçu de
l’énergie thermique vont se voir leur masse volumique diminuée et deviennent plus légères par
rapport à d’autres particules du voisinage. Et par conséquent, elles montent, naturellement, en
cédant leur place aux autres particules plus denses. Une fois arrivée à une certaine hauteur au
dessus du sol, ces mêmes particules perdent leur énergie thermique, leur masse volumique
augmente, d’où elles ont tendance à redescendre vers le bas. Tous ces mouvements sont à l’origine
de la création naturelle des courants d’air dans l’atmosphère.

Fig. 3.25 : Convection naturelle dans l’atmosphère

Le mouvement de l’ascension vers le haut des particules moins denses de fluide est omniprésent
dans la nature. On peut le constater dans la séparation de l’huile et du vinaigre dans une bouteille,

23
Chapitre 3 : Convection

après les avoir mélangés. Les 2 fluides ont des masses volumiques différentes. Le fluide dont la
masse volumique est moindre (l’huile) se mets en haut.

Ce phénomène naturel a été aussi à l’origine de l’invention de la montgolfière (fig. 3.26), ce ballon
rempli d’air chaud qui a permis de réaliser en 1783 le premier vol d’un être humain.

Fig. 3.26 : Montgolfière

Ce phénomène naturel trouve son explication dans la théorie de la poussée d’Archimède. La


poussée d'Archimède est la force particulière que subit un corps plongé en tout ou en partie dans
un fluide (liquide ou gaz) soumis à un champ de gravité.

Rappel sur la poussée d’Archimède :


Considérons un solide de volume V et de masse volumique ρS flottant à la surface d'un liquide de
masse volumique ρL (fig. 3.27). Si le solide flotte, c'est que son poids (caractérisé par la force Fp)
est équilibré par la force de flottabilité FA due à la poussée d'Archimède : FA = Fp.

Fig. 3.27 : Expérience sur la poussée d’Archimède

La poussée d'Archimède étant égale (en grandeur) au poids du volume de liquide déplacé
(équivalent au volume V i immergé), on peut écrire : FA= ρLV i g = FP= ρSVs g

Dans le cas où le corps solide est totalement immergé, tout en restant à la surface du liquide, on a
Vi = Vs. En absence d’autres forces, la force nette verticale en action sur le solide est égale à la
différence des forces du poids du corps solide et celle de flottabilité.

24
Chapitre 3 : Convection

Fnet.  Fp  FA  s .g.Vs  L .g.Vs   s  L  gVs (3.24)

Dans notre étude de la convection naturelle, on s’intéresse surtout à la poussée d’Archimède


engendrée par la présence d’un gradient de température. Ainsi, il faut trouver un moyen comment
faire intervenir la variable température dans l’expression de la force nette de flottabilité de
l’expression (3.24). Au lieu des différences de masses volumiques, on souhaiterait que ça soit une
différence de température. Pour cela, on fait appel au coefficient de dilatation thermique () qui
permet de faire le lien entre masse volumique et température.

1

 T   p
(3.25)

On peut, à l’aide d’une approximation, remplacer les différentielles par des différences de quantité.

1 (3.26)
 T
Dans le cas de la convection naturelle en contact d’une paroi verticale chaude, on observe un
mouvement de fluide vers le haut engendré par la différence des masses volumiques (poussée
d’Archimède) entre les particules au contact de la paroi (de masse volumique ) et d’autres
particules au loin de la paroi (de masse volumique  ). Ainsi, la différence entre les masses
volumiques est égale à : Δ=-). De la même manière la différence de température est égale à :
ΔT=T-T.
  
1 1  (3.27)
 T  T  T
D’où,
      T  T  (3.28)

Pour les gaz parfaits, dont l’équation d’état est :  = P/RT, le coefficient de dilatation thermique
est égal à :

1

 T   p
 1 P2  1
 RT T
1/K  (3.29)

Où T est la température absolue en Kelvin.

2. Equations gouvernantes
Comme en convection forcée, les équations gouvernantes, en convection naturelle, sont les
équations de continuité, de quantité de mouvement et celle d’énergie. Etant donné, que la
différence entre les 2 types de convection réside dans les forces qui sont à l’origine des
mouvements de fluide, les modifications vont concerner en premier lieu l’équation de quantité de
mouvement. Cette modification prendra en compte la force de flottabilité citée précédemment.

2.1 Equation de quantité de mouvement


Pour établir cette nouvelle équation de quantité de mouvement, nous considérons une paroi
plane verticale chauffée à une température Ts, se trouvant à l’air libre de température T∞. Les

25
Chapitre 3 : Convection

expériences de la convection naturelle on montrées que le mouvement du fluide (air) dans la


couche limite suivant la hauteur de la paroi peut être aussi bien laminaire que turbulent (fig. 3.28).

x Ts
Ts

Températures
Couche limite
turbulente
T
Vitesses

u=0
Paroi
Paroi chaude u=0
chaude T

Couche
Limite laminaire
Couche limite
laminaire

y
y
Fig. 3.29 : Profiles de vitesses et
Fig. 3.28 : Couche limite laminaire
Températures dans la couche
et turbulente en convection
laminaire
naturelle

Pour cette étude nous considérons la couche limite laminaire, en 2D, en régime stationnaire. Les
propriétés physiques sont constantes mis à part la masse volumique qui est à l’origine du
mouvement. La figure (3.29) montre les profils de vitesses et températures dans cette couche limite
laminaire. On remarque que la vitesse est nulle sur la courbe de l’épaisseur de la couche limite
(début de la zone ou le fluide et au repos). Ce qui n’était pas le cas dans la convection forcée. La
vitesse est maximale au environ de la moitié de l’épaisseur de la couche limite et elle est nulle
aussi au contact de la paroi, comme en convection forcée.
Par contre, la température est maximale sur la surface de la paroi chaude et diminue dans
l’épaisseur de la couche limite jusqu’à atteindre la température T∞ du fluide au repos.

Pour la démonstration qui permet d’obtenir l’équation recherchée, nous considérons un volume
élémentaire, en 2D (fig. 3.30), de dimensions dx et dy (dz=1). Les forces qui rentrent en action
sont représentées sur la figure.
 Les forces de pression sur les surfaces perpendiculaire à la direction du mouvement.
 Les contraintes de cisaillement tangentielles sur les surfaces parallèles au mouvement.
 La force de gravité appliquée au centre du volume élémentaire, opposée au mouvement.

26
Chapitre 3 : Convection

Les contraintes normales appliquées aux surfaces perpendiculaires au sens du mouvement du


fluide sont négligeables et ne sont pas prise en compte dans notre démonstration.

Ts

Températures

T
Vitesses

u=0
Paroi
chaude u=0

dx

x dy

y P

Fig. 3.30 : Volume élémentaire dans la couche limite laminaire

Appliquons la loi de Newton : Fx  m.a x


La somme des forces Fx est égale à :

      P  
Fx     dy  dxdz  dxdz  +  Pdydz   p  dx  dydz   gdxdydz
 y     x   (3.30)
 P
 dxdydz  dxdydz  gdxdydz
y x
Etant donné que dz=1, il s’en suit :
  P 
Fx     g  dxdy (3.31)
 y x 
En appliquant la définition de la contrainte de cisaillement tangentielle : τ =u/y, on obtient :
  2 u P 
Fx    2   g  dxdy (3.32)
 y x 
La masse du volume élémentaire étant égale à : m  dxdydz  dxdy.1  dxdy .

27
Chapitre 3 : Convection

Sachant que l'accélération de la pesanteur est définie par la différentielle totale de la vitesse par
rapport au temps.

Du
ax  (3.33)
Dt

Etant en présence d’un cas d’étude en 2D en régime stationnaire, la différentielle totale de


l’expression (3.33) s’écrit sous la forme suivante:

Du u u u u
 u   w (3.34)
Dt t x y z
.
En définitif, la loi de Newton donne :

 u u   2 u P
 u   2   g (3.35)
 x y  y x

L’équation (3.35) représente l’équation de quantité de mouvement suivant la direction X.

Si nous appliquons l’équation (3.35) à un volume élémentaire du fluide au repos en dehors de la


couche limite (où la pression est P et la masse volumique :), sachant qu’il n’est pas en
mouvement (u=0), on obtient :
P
  g (3.36)
x

D’après la figure (3.30) on peut confirmer que la vitesse de déplacement du volume élémentaire
suivant X est nettement grande par rapport à celle dirigée suivant Y (  u ). D’où, nous pouvons
écrire que :  x   y  0 . Etant donné, aussi, qu’il n’y a pas de forces appliquées au volume
élémentaire suivant Y, le bilan des forces suivant cette axe donne : P y  0 . Ceci implique que la
pression suivant l’axe Y est négligeable et que la pression (P) dans la couche limite suivant X est égale à
celle (P) du fluide au repos (en dehors de la couche limite) : P  P(x)  P (x) . D’où on peut écrire :
P
x  P

x   g . En portant cette dernière expression dans l’équation (3.35), on obtient :
 u u  2 u
 u      2       g (3.37)
 x y  y

Le facteur       g  représente la force ascendante nette par unité de volume du fluide. C’est
cette force-là qui est à l’origine de la création du mouvement convectif et maintient la durabilité
des courants ascendants.

De l’équation (3.28), nous avons :       T  T  . Après substitution dans (3.37) et


division par , nous obtenons :

28
Chapitre 3 : Convection

 u u   2u
  u      2  g  T  T  (3.38)
 x y  y

C’est l’équation gouvernante du mouvement de fluide dû à la flottabilité dans la couche limite. A


la différence de l’équation de quantité de mouvement en convection forcée, celle-ci renferme le
paramètre de la température qui est à l’origine du mouvement convectif. Par conséquent, la
résolution d’un problème de convection naturelle exige la résolution simultanée des équations de
quantité de mouvement et celle d’énergie.

y
En introduisant les nouvelles variables adimensionnelles suivantes : x  x ; y  ;
L L
T  T
u  u ;    ; et T  dans l’équation (3.38), on obtient :
V V Ts  T

u  u
  g  Ts  T  L 3
 T* 1  2 u
u 
  
  2  2
(3.39)
x y  2  ReL ReL y

La combinaison de paramètre à l’intérieur des crochets représente le nombre de Grashof. Cette


combinaison de paramètre caractérise la convection naturelle dans l’équation de quantité de
mouvement. Le nombre de Grashof représente pour la convection naturelle ce que représente le
nombre de Reynolds pour la convection forcée.

3. Analyse dimensionnelle
L’analyse dimensionnelle nous permet d’écrire la relation suivante :
Nu  f  Gr, Pr  = f (Ra)
Là aussi, nous faisons appel à l’expérimentation pour obtenir la relation réelle entre le Nusselt et
les nombres de Gr et Pr.
Nu  C(Gr.Pr)m = C(Ra)m (3.40)

Les constantes C et m dépendent de la géométrie de la surface en contact du fluide en mouvement


et du régime d’écoulement (laminaire ou turbulent), qui sont à leur tour caractérisés par le nombre
de Rayleigh.

Par ailleurs, le nombre de Grashof représente aussi le critère qui fait la différence entre le régime
laminaire et turbulent dans l’écoulement du fluide en contact des parois solides (fig.3.30). Les
expériences ont montrés que la valeur de 109 est la valeur critique du Gr. Ainsi, dans le cas de la
convection naturelle au contact d’une paroi plane verticale, si Gr=109 le régime est turbulent.
Le tableau 2 présente les valeurs de C et n pour différentes configuration de la convection naturelle.

Remarque : Toutes les valeurs des propriétés physiques sont évaluées à partir de la température
Ts  T
moyenne entre celle de la paroi et le fluide : T  .
2

29
Chapitre 3 : Convection

Tableau 5 : tableau des valeurs de coefficients de la corrélation

Corrélations valables pour tout fluide : Nu = C(Ra)m

Géométrie Ra C m

104 - 109 0,59 1/4


Plaques (L: hauteur) et cylindres verticaux (L: hauteur)
109 - 1013 0,021 2/5

10-10 - 10-2 0,675 0,058

10-2 - 102 1,02 0,148

Cylindres horizontaux (convection à l’extérieur)


102 - 104 0,850 0,188
(L : diamètre)

104 - 107 0,480 0,25

107 - 1012 0,125 0,33

Plaque plane horizontale chauffée par la face 2.104 - 8.106 0,54 0,25
supérieure (L : S/Périmètre)

8.106 – 1011 0,15 0,33

Plaque plane horizontale chauffée par la face 105 - 1011 0,27 0,25
inférieure (L : S/Périmètre)

30
Chapitre 3 : Convection

Références bibliographiques :
1] Y. A. Çengel. Heat transfer: A Practical Approach. 2nd edition, McGraw-Hill, 2003.
2] Y. A. Çengel and R. H. Turner. Fundamentals of ThermalFluid Sciences. New York:
McGraw-Hill, 2001.
3] F. P. Incropera and D. P. DeWitt. Introduction to Heat Transfer. 4th ed. New York: John
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5] Kirk D. Hagen. Heat Transfer with Applications. Prentice-Hall, Inc.New Jersey, 1999.
6] Latif M. Jiji. Heat Convection. Springer-Verlag Berlin Heidelberg 2006.
7] Patrick H. Oosthuizen, David Naylor. An Instroduction to Convective Heat Transfer Analysis.
McGraw-Hill, 1999.
8] Yves Jannot, transferts Thermiques, Ecole des mines, Nancy, 2008.
9] Jean-Luc Battaglia, Andrzej Kuziak, Jean-Rodolphe Puiggali. Introduction aux Transferts
Thermiques, Cours et exercices. Dunod, Paris, 2010.
10] Frederic Debaste et Sofie Liegeois. Eléments de Transfert de Chaleur et de Matière.
Université Libre de Bruxelle, 2013-2014.

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