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Cours de

THERMODYNAMIQUE
1A CP

L.NIBOU

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CHAPITRE II : Température, chaleur et travail
II- 1- Température :

La température est liée à la sensation physiologique du chaud et du froid. Cette


sensation permet de dire qu’un corps est plus chaud qu’un autre, ou que sa température est
plus élevée.
Les températures ne sont pas des grandeurs mesurables car elles ne sont pas
additives. On les repère grâce à des grandeurs thermométriques qui sont mesurables et qui
varient avec la température toujours dans le même sens tels que : la pression d’un gaz, le
volume d’un gaz ou d’un liquide, la résistance électrique, la f .e .m. d’un thermocouple,…
Le rôle d’un thermomètre est d’assurer la liaison entre la grandeur thermométrique
et la matière dont on veut repérer la température.

II.1.1- Echelle thermométrique

Considérons un système caractérisé par deux variables indépendantes, x et y, par


exemple. Lorsque les valeurs de x et y restent constantes, tant que le milieu extérieur n’est
pas modifié, on dit que le système est en équilibre thermique. On affecte alors au système
la température t, qui dépend évidemment du couple de variables x et y.
Un thermomètre est un système où l’on maintient constante l’une des variables (y
par exemple) ; on amène le thermomètre en équilibre thermique avec le système dont on
cherche la température t. La température d’équilibre t ne dépend que de la variable
thermométrique x (qui peut être le volume d’un fluide, la pression d’un fluide, la
résistance d’un fil, …) La relation t(x) définit l’échelle des températures.
II.1.2- Echelle centésimale (à deux points fixes.)
L’échelle centésimale linéaire est définie par la fonction thermodynamique :
t = ax + b (1)
où a et b sont déterminés par deux points fixes choisis arbitrairement, comme suit :
on affecte :
- la température t = 0, lorsque le thermomètre est dans la glace fondante, sous la
pression atmosphérique normale (1 atm),
- La température t = 100, lorsque le thermomètre est dans la vapeur d’eau
bouillante, sous la pression atmosphérique normale.

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Si l’on désigne par t, t0 et t100 les valeurs thermométriques, respectivement aux
températures t, 0 et 100, la relation (1) s’écrit : 0 = ax0 + b
On en déduit : a = 100/(x100 – x0) et b = 100 (– x0)/(x100 – x0)
Dans la relation (1), il vient que :
(1)’

et inversement, la grandeur x est une fonction linéaire de la température t :


x = x0 (1 + k t) avec (2)

Les thermomètres utilisant l’échelle centésimale ne peuvent pas mesurer


mais seulement repérer la température t (à cause du choix arbitraire des
températures 0 et 100.)
3.2. Echelle absolue (à un point fixe)

Les variables de pression et de volume étant fonctions linéaires de t température


(centésimale) en maintenant une des deux variables constantes :
- A pression constante (p = p0), le volume est fonction linéaire de t :
V = V0(1+ α t) (3)
A volume constant (V = V0), la pression p est fonction linéaire de t :
p = p0(1+ β t) (4)
L’expérience montre que, lorsque la pression initiale p0 du gaz est très faible
(le gaz se comporte comme un gaz parfait), tous les thermomètres à gaz définissent la
même échelle de température t, appelée alors température CELSIUS ou légale,
quelle que soit la nature du gaz de remplissage ; si p0 → 0, les coefficients α et β
tendent vers la valeur commune : α = β = 1/273,15
En désignant par x la variable thermométrique, les relations (3) et (4) s’écrivent plus
généralement :

Posons T(K) = t (°C) + 273,15 = température absolue,


Il vient, (5)

Considérons alors la fonction thermodynamique à un point fixe T = Ax, où le


coefficient A est défini en attribuant arbitrairement la température T = 273,15 K (ou t =
3
0,01 °C) au point triple de l’eau. Si l’on désigne par x, la valeur de la variable
thermodynamique au point triple de l’eau, la fonction thermodynamique s’écrit :
(6)

Par exemple, dans le cas d’un thermomètre à volume constant :

Cette constante est indépendante de la nature du gaz.

L’échelle absolue de température coïncide avec l’échelle thermodynamique.


La température absolue donc, est une grandeur mesurable.
T (K) = t (°C) + 273,15 (7)

II.2- La chaleur Q
La chaleur est une forme spéciale de l'énergie :
- C’est une énergie exprimée en joule [J] ou [kcal].
- A l'échelle microscopique, c'est une énergie échangée sous forme désordonnée
par agitation moléculaire (c.à.d par chocs entre les molécules en mouvement).
- Elle s'écoule toujours d'une source chaude vers une source froide.
- La chaleur n'est pas une fonction d'état.
On distingue deux types de chaleur :

II.2.1- La chaleur sensible


Prenons un entonnoir rempli de glace pilée (glace fondante à 0 °C) et réalisons 4
expériences (Fig.1). On considère que la quantité de chaleur Q cédée par le corps solide
(cuivre ou soufre) est proportionnelle à la quantité d'eau récupérée. Ces 4 expériences sont
menées sans transformation chimique et sans changement de phase du corps plongé dans
la glace, ce qui implique que la chaleur cédée par le corps modifie inexorablement sa
température.

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Figure 1. Expériences mettant en évidence la notion de quantité de chaleur[2].

L'énergie thermique ou quantité de chaleur fournie à un système est donc


proportionnelle à la variation de température du système et à sa masse mais dépend aussi
de la nature du corps (Fig.1). On peut écrire de manière générale :
δQ = m c dT (8)
où c la capacité thermique massique ou chaleur massique (en J/(kg.K) ou J/(kg.°C)). La
chaleur Q échangée lors d'une transformation finie entre l'état 1 et l'état 2 s'obtient en
intégrant la relation (8) valable pour une transformation infinitésimale. On distingue alors
plusieurs cas selon la valeur de c :

Q = ∫ m c dT= mc(T2-T1) (9)


c est supposée invariable avec la température dans l'intervalle [T1; T2]. La quantité de
chaleur Q va spontanément du corps le plus chaud vers le corps le plus froid. Ainsi la
quantité de chaleur reçue par la glace fondante dans les 4 expériences (Fig.1) est positive,
alors que la chaleur perdue par le cuivre ou le soufre est de fait négative.
La capacité thermique peut se définir aussi par unité de mole. C'est la capacité
thermique molaire ou chaleur molaire du corps, telle que :
Q = nC(Tf - Ti) (10)
C est exprimée alors en J/(mol.K) ou J/(mol.°C).
Remarques : Les quantités c et C sont appelées indistinctement chaleur spécifique. Les
unités de température K ou °C sont indifférentes puisque la définition est donnée pour un
écart de température ( = T). On a c = C/M, où M est la masse molaire du corps.
Quelques valeurs typiques de c pour des solides et des liquides sont données dans
le tableau suivant.

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Tableau 2. Chaleurs spécifiques massiques de quelques solides et liquides
caractéristiques.
a- Variation de la chaleur massique
Les chaleurs massiques ne sont pas constantes, elles varient en fonction du mode
d'échauffement (isobare ou isochore), en fonction de la température et en fonction de la
structure du corps (corps pur, cristal . . .).
Les deux types d'échauffement, isobare et isochore, conduisent à la définition de
deux chaleurs massiques :
 cP pour d'échauffement à pression constante (isobare),
 cV pour d'échauffement à volume constant (isochore).
Les solides et liquides sont généralement chaudes à pression constante, on utilise cP ou
plus simplement c.
b- Nature et structure du corps :
Le changement de chaleur massique dû à la structure du corps peut être illustré par
la différence entre la structure cristalline du carbone graphite et du diamant. On trouve sur
les tables : cP = 0,160 cal/g.° C) pour le carbone graphite et cP = 0,113 cal/(g.°C) pour le
diamant.
Lorsqu'un corps passe de l'état solide à l'état liquide, sa chaleur massique
augmente. Si on prend l'exemple de l'eau : cP = 0,5 cal/(g.°C) pour la glace, cP =
1 cal/(g.°C) pour l'eau liquide et cP = 9R/2M = 0,497 cal/(g.°C) ou 2078 J/(kg.°C) pour
l'eau à l'état de vapeur sous l'hypothèse du gaz parfait.
c- Evolution en fonction de la température :
La relation donnant l'énergie thermique est valable pour une variation élémentaire
de température dT. Soit pour n moles :
dQ = nCdT (11)
L'énergie thermique nécessaire pour que le corps passe de la température Ti à Tf
est donnée par l'intégrale : (12)

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Sur l'intervalle [Ti; Tf], on peut définir la valeur moyenne de la capacité thermique
C par : (13)
On peut calculer alors Q : Q = nC(Tf -Ti). Cette relation est d'autant plus vraie que
la fonction C(T) s'approche d'une relation linéaire dans l'intervalle [Ti; Tf].
- Pour les solides ou liquides, on a : Cp ~ Cv = C
- Mais pour les gaz : Cp ≠ Cv et Cp/Cv = γ (gamma)

II.2.2-Chaleur latente

Dans l'expérience présentée sur la figure 2, la chaleur reçue par la glace a servi à
créer un changement de phase solide (glace) / liquide (eau) et non à augmenter la
température de la glace : cette chaleur est appelée chaleur latente. On appelle chaleur
latente tout transfert thermique qui se fait sans variation de température. C'est une chaleur
que doit perdre ou gagner le corps pour changer de phase et non pour augmenter sa
température.
Un changement de phase s'effectue toujours à température constante (Fig.2) et
pression constante aussi d'ailleurs.

Figure. 2. Quantité de chaleur fournie pour la fusion de la glace [2].


La quantité de chaleur fournie pour réaliser le changement d'état s'écrit de manière
générale : Q = m L (12)
La chaleur latente de changement d'état L est exprimée en Joules par kilogramme
(J/kg). On trouve aussi dans les tables son expression en cal/g. Par nombre de mole, elle
s'exprime en J/mol ou cal/mol, on écrit Q = nL. La valeur de la chaleur latente dépend de
la pression et de la température du changement d'état. m est la masse du corps, qui vaut
Mglace sur la figure 2.
Le tableau 3 donne quelques valeurs typiques des chaleurs latentes de fusion et de
vaporisation.

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Tableau 3. Valeurs des chaleurs latentes de fusion Lf et de vaporisation Lv de
quelques substances typiques.

II.3- Loi des mélanges


Par contact ou mélange de deux corps à des températures différentes, il y a
transfert de chaleur : à l'équilibre thermique les deux corps ont alors même température et
T = Tm (température finale du mélange).

La température du mélange Tm s'obtient à partir du bilan d'énergie des deux


systèmes ou corps.

Qam + Qbm = Qp où, Qp sont les pertes de chaleur du système non adiabate.

* Si le système est adiabate (Qp = 0), alors on a :

maca(Tm-Ta) + mbcb(Tm-Tb) = 0

Tm  m acaT a  m bcbT b
m ac a  m bc b
II-4 Expression des formes différentielles : Q (coefficients
calorimétriques)
Soit un fluide dont l’état d’équilibre est décrit par les trois variables P, V, T tel que

f(P,V,T) = 0 et supposons que ce fluide subit une transformation infinitésimale réversible

faisant varier ses variables d’état de P à P + dP , V à V + dV et T à T + dT.

Selon le choix des variables indépendantes peut s’écrire :

 (T,V) Q = cvdT + ldV (1)

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 (T,P) Q = cpdT+ hdP (2)

 *(P,V) Q = dP + dV (3)

cp et cv sont les chaleurs massiques à pression constante et à volume constant


respectivement et (l, h,  , ) sont des coefficients liés au changement de phase d’un
système.

Cv   Q /  T v et Cp   Q /  T p
a- Calcul de  et .

On a dT   T /  P v dP   T /  V p dV
D’autre part Q = cvdT + ldV

QCvT /PvdPCvT /V pdV ldV (4)

Soit QCvT /PvdPCvT /V pl dV (5)

En comparant les relations (3) et (5) on peut déduire les expressions de  et .

D’ou  CvT / P v et  CvT /V pl 


Le choix des variables (T,P) permet d’établir

 CpT /V p , CpT /Pvh

h = (Cv – Cp) [T/P] V et l = (CP – Cv) [T/V] P

h : Coefficient de chaleur de compression

l : Coefficient de chaleur de détente

 : La chaleur isochore massique de compression

 : La chaleur isobare massique de dilatation

b-Transformation adiabatique d’un gaz parfait

Les transformations telles que Q = 0 sont appelées transformation adiabatiques.


Considérons une mole d’un gaz parfait telle que PV = RT

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On a Q = dP + dV   Cv  T /  P v et   Cp  T /  V p

Transformation adiabatique Q = 0

Q = Cv(T/P)VdP + CP(T/V)pdV = 0

Or (T/P)V = V/R et (T/V)p = P/R

Cv(V/R)dP + CP (P/R)dV = 0

dP/P + CP/Cv dV/V = 0

On sait que CP/Cv =  d’où dP/P + dV/V = 0 lnPV = Cste

PV = Cste

**Autres expressions des adiabatiques d’un gaz parfait

PV = Cste

1- PV = RT P = (RT/V) V = Cste

TV -1 = cste/R = Cste

TV -1 = Cste

2- PV = RT V = (RT/P) P. (RT/P) = Cste

T.P1 -  = Cste/R

T.P1 -  = Cste

II.5- Le travail

Le travail est une forme spéciale de l'énergie (énergie mécanique).

A l'échelle microscopique c'est une énergie échangée de façon ordonnée (grâce au


déplacement du piston qui imprime une certaine direction aux atomes).

Le travail W12 conduisant de l'état E1 à l'état E2 est défini par :

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où W est le travail élémentaire, A une variable intensive (force généralisée) et a la
variable (déplacement généralisé) associée.

On distingue 3 travaux : travail volumétrique, travail technique et travail de frottement.

II.5-1. Travail volumétrique Wv

Le travail résulte le plus souvent d'une variation de volume du système déformable


(non rigide) : ex. le déplacement d'un piston. On parle alors de travail volumétrique
définit par :

P = F/S

Wv = F.dx = P.S.dx = P.dV

Figure 3 : Transfert de travail

d'où, le travail élémentaire : Wv = - PdV

* Calcul du travail volumétrique Wv pour une transformation finie

Pour calculer le travail total entre l'état 1 et l'état 2, il faut intégrer la relation (1), d'où :

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Figure 4 : P(V)

On distingue alors plusieurs cas :

a) transformation isobare (P = cte)

alors, W12 = -P12 dV = -P[V2 - V1]

b) transformation isotherme (T = cte)

alors, W12 = - 12 pdV or pV = nRT pour un gaz parfait

d'où, W12 = -  12 nRT dV/V = -nRT 12 dV/V

W12 = nRTlnV1/V2 = nRTlnP2/P1

c) transformation isochore (V = cte)

alors, dV = 0 et le travail est nul, W12 = 0

II-5.2 Travail technique Wt

Le travail technique Wt intervient dans les systèmes ouverts (Machines à piston,


Turbines, fluides en écoulement...), il est défini par la relation suivante :

- Transformation élémentaire : Wt = VdP (2)

- Transformation finie : Wt = 12 VdP

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* Calcul du travail technique Wt : il s'effectue par intégration de la relation (2) selon les
mêmes règles que pour le travail volumétrique :

 pour une transformation isobare (dP = 0) : on a Wt12 = 0


 une transformation isochore (V = cte) : Wt12 = V(P2 - P1)

II.5-3 Travail de frottement Wf

Le travail de frottement Wf est une énergie mécanique dissipée par suite de


frottement mécanique ou d'autres processus. Alors, le travail global d'un système fermé
est donné par : Wg = Wv+ Wf

II.6- Diagramme de CLAPEYRON


Le diagramme de Clapeyron est une représentation où on indique
la pression d'un système thermodynamique en fonction de son volume massique (en
physique), ou de son volume molaire (en chimie) pour suivre l'évolution d'une
transformation. Il n'est possible de tracer un tel diagramme que lorsque la pression est
définie dans le système, c’est-à-dire dans une transformation quasi-statique.

Il est en général très proche du diagramme de Watt dans lequel on représente


la pression d'un système thermodynamique en fonction de son volume. Pour certains
systèmes cependant (systèmes ouverts en particulier), ils donnent des graphes différents.

Figure 5 : diagramme de Clapeyron : sens du parcours et signe du travail

L'étude de ces diagrammes permet une approche quantitative du comportement


d'une machine : si une série de transformation forme un cycle thermodynamique, le sens

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de parcours du cycle dans le diagramme de Clapeyron correspond au signe
du travail massique reçu par le système :

 si le parcours est effectué dans le sens horaire, le travail reçu est négatif : le cycle
est moteur ;
 si le parcours est anti-horaire, le travail reçu est positif : le cycle est récepteur.

En particulier, l'aire du cycle correspond au travail (massique) reçu (au signe près) au
cours d'un cycle.

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