Vous êtes sur la page 1sur 25

A.U.

: 2022-2023/ENSA Marrakech
CP1/ Semestre 2
Module: Techniques d'Expression et de Communication
Prof.: My Abdellah AIT M’BARK

Introduction générale à la communication

Introduction:

La communication, en tant que phénomène soumis à l'étude, a engendréde


nombreuses théories appartenant à divers domaines du savoir: mathématique,
technique, linguistique, psychologique, pragmatique, sociologique,
anthropologique…

D'où la difficulté d'une définition de la communication qui puisse faire l'objet d'un
accord unanime entre les différents penseurs.

En effet, la définition varie selon qu'elle provienne d'un linguiste, d'un psychologue,
d'un sociologue, d'un philosophe, d'un technicien…

Toutefois, des points communs peuvent exister entre toutes les définitions.

S'agissant de la communication humaine qui nous intéresse le plus, ici, on peut dire,
de façon générale, que c'est un phénomène psycho-social, portant sur la transmission
ou l'échange de messages, un phénomène qui met aux prises deux ou plusieurs
individus qui s'inscrivent dans un cadre spatio-temporel donné.

La définition n'est qu'approximative ou ne retient que l'essentiel.

Chaque théorie et chaque théoricien ont essayé d'analyser, d'interpréter ce


phénomène de la communication selon un point de vue déterminé.

Il en a découlé des systèmes d'explication et d'interprétation riches et différents, se


complétant ou se nuançant, parfois, sur certains points.

Dans les développements suivants, nous nous arrêterons, respectivement, dans le


premier axe, sur le caractère polysémique du terme communication, puis, dans le
deuxième axe, sur quatre exemples de théories de la communication qui nous
semblent importantes pour comprendre un peu ses enjeux, faute de pouvoir exposer
d'autres théories existantes dans le domaine (théorie du feed-back de Norbert
Wiener, modèle sociologique de Riley et Riley, modèle systémique de Palo Alto; tous
ces modèles nous les avons traités, oralement, dans notre cours). Il s'agit de la
théorie mathématique de Shannon et Weaver, de la théorie sur la communication de
masse d'Harold LASSWELL, de la théorie linguistique de Jakobson et du Modèle de
Catherine Kerbrat-Orecchioni. Dans le dernier point de cette introduction générale,
avant la conclusion, nous aborderons le point crucial de la communication verbale et 1

non verbale.
I- La communication: un terme polysémique

D'abord, examinons le terme communiquer et ses différentes significations selon le


contexte de son utilisation.

"Comme la plupart des mots d'une langue, le verbe communiquer et le nom


communication, qui en est dérivé, sont l'un et l'autre polysémiques, c'est-à-dire qu'ils
comportent une pluralité de significations. On rencontre ainsi d'emblée une difficulté
majeure pour quiconque traite de communication: il n'a pas affaire à une opération
bien déterminée, mais à une multitude d'opérations dont la ressemblance finit par
devenir incertaine. A la limite, le mot s'applique à toute espèce de mise en
relation, il perd sa spécificité." (Référence, Christien BAYLON, Xavier MIGNOT, La Communication, 2ème
édition, Nathans Her, 1999, p. 9. 1ère édition, Nathan Her, 1994).

Illustrons cela en nous arrêtant sur les différents emplois du verbe communiquer et
qui montrent, d'un point de vue lexical, ce passage, d'une signification à l'autre.

1)-communiquer, dans son étymologie, provient du latin communicare qui


signifie:

a)-être en contact, en relation avec: on dit, à ce propos,


couper une communication, c'est-à-dire interrompre une relation.

b)-mettre en commun, c'est-à-dire partager.

2)-communiquer quelque chose à quelqu'un (employé ici en tant que verbe


transitif direct qui admet un complément d'objet direct ou C.O.D. et transitif
indirect qui admet un complément d'objet indirect, c'est-à-dire un C.O.I.).

Communiquer, dans ce cas, signifie, transmettre.

Exemple: L'auteur communique son savoir (C.O.D.) à ses lecteurs


(C.O.I.).

C'est l'équivalent de: L'auteur transmet son savoir à ses lecteurs.

Qui dit transmettre dit informer. L'information peut être un début de


communication ou la communication au sens très réduit.

2
3)-communiquer avec quelqu'un ou communiquer entre (communiquer utilisé
comme verbe intransitif): échanger ou partager. (Voir sens étymologique- b)

Exemple: Les élèves communiquent entre eux= les uns communiquent


avec les autres, ou l'un communique avec l'autre.

4)-se communiquer (verbe pronominal): pour les personnes et pour les choses.

a-) Appliqué aux personnes, il signifie être communicatif, c'est-à-dire communiquer


ou exprimer aux autres ses sentiments, ses émotions, ses propres idées, son état
subjectif.

Communicatif dans ce cas est synonyme d'expressif et d'expansif.

Exemple: Notre nouveau camarade se communique. (= Notre nouveau camarade


n'est pas discret et parle de soi facilement.).

b-) Appliqué aux choses, se communiquer signifie qui peut être transmis ou qui se
transmet.

Exemple: Sa motivation se communique à toute l'équipe. (Se transmet).

D'après toutes ces définitions, trois schémas principaux peuvent être dégagés:

-Schéma 1: la communication, c'est l'établissement d'un contact, d'une relation.

Or on s'est rendu compte que, dans la communication, il y a deux niveaux: celui de


la relation (comme ici) et celui du contenu (comme dans les deux autres schémas
suivants).

Souvent, la nature de la relation entre émetteur et récepteur a une incidence positive


ou négative sur le contenu du message ou sur son interprétation.

D'où l'importance de soigner la relation pour améliorer la communication avec l'autre.

-Schéma 2: la communication, c'est la transmission de quelque chose d'un émetteur


(destinateur) à un récepteur (destinataire).Elle va dans un seul sens. Elle est dite
aussi communication unidirectionnelle (va dans une seule direction, pas de retour de
message). Même si la transmission fait partie de la communication, elle limite
l'efficacité de celle-ci en l'absence d'un feed-back du récepteur qui permette

3
à l'émetteur de mesurer l'impact de l'information ou du message. C'est pourquoi
certains mass-médias, conscients de la qualité limitée de leur communication, tentent
d'établir un contact avec leurs destinataires par téléphone ou par courrier.

Pour schématiser, on peut dire qu'il y a un émetteur qui transmet une information à
un récepteur, sans aucune rétroaction. La flèche va dans le sens du récepteur
uniquement.

Emetteur (E) ………….……………………………………vers (à)................................... Récepteur (R)

E → R

-Schéma 3: la communication, c'est l'échange. Elle va dans les deux sens. C'est un
va-et-vient des messages entre un émetteur (destinateur) et un récepteur
(destinataire). Elle est dite aussi communication bidirectionnelle (va dans les deux
directions, existence d'un feed-back ou rétroaction), ou bilatérale, parce que les deux
parties qui communiquent entre elles font alterner leurs rôles d'émetteur etde
récepteur. Et c'est là qu'on commence à s'inscrire dans la communication, puisqu'il y
a possibilité d'un feed-back du récepteur qui permettrait à l'émetteur de réguler sans
cesse sa communication et de l'adapter aux exigences de la situation.

Dans ce cas, on a, d'une part, un émetteur, pris comme tel, quand il envoie un
message et devient récepteur quand il reçoit un message en retour et, d'autre part,
on a un récepteur qui est considéré comme tel quand il reçoit un message et qui
devient, à son tour, émetteur quand il envoie un message. Cette alternance de
rôles peut durer tant que continue l'échange. La flèche va alors dans les deux sens
car il y a réciprocité des messages.

E/R ↔ R/E

Emetteur/Récepteur (E/R)………………avec (ou entre eux) .......... Récepteur/Emetteur (R/E)

Ce schéma peut devenir:

E/R/E/R/E/R/E (…) ↔ R/E/R/E/R/E/R

E/R/E/R/E/R/E (…)…………………………………….avec (ou entre eux)… ................................... R/E/R/E/R/E/R (…)

N.B.: Pour certains auteurs, un individu est, d'abord, récepteur avant d'être émetteur.

4
Pour eux, en effet, avant d'émettre un message donné, l'individu interagit avec son cerveau, sa
mémoire, il est affecté par ses émotions, ses impressions que provoque en lui son environnement
interne ou externe, il reçoit donc un tas d'influences avant d'émettre un quelconque message vers un
autre individu, même quand l'émission du message semble se faire instantanément. Il faudrait, voir,
à ce propos, ce qui se passe dans la neurobiologie, par exemple, et qui est l'étude du déroulement
des phénomènes perceptifs, ou l'étude des opérations par lesquelles l'organisme transforme les
signaux d'entrée (les stimuli) en informations susceptibles d'être compréhensibles par le système
nerveux et d'orienter le comportement. Le système perceptif opère un traitement desinformations qui
peut s'échelonner comme suit: d'abord, un traitement sensoriel (on est frappé par des stimuli: couleur,
intensité, forme…), puis un traitement symbolique (on attribue du sens à ces stimuli), enfin, un
traitement interprétatif des situations ou des comportements. Toutes ces opérations ou traitements
séparables, en théorie, ne le sont pas forcément, en pratique.il en ressort une interaction
incontournable entre l'organisme et son environnement, laquelle interaction fait qu'on est, d'abord,
consciemment ou non, récepteur avant d'être émetteur.

5
II- Théories de la communication:

Pour l'étude et la conceptualisation de la communication, on peut parler d'une


multitude de théories.

Loin de passer en revue toutes les théories, dans ce domaine, nous dirons un mot
sur la théorie mathématique de l'information, la théorie de la communication de
masse de Harold LASSWELL, avant de nous arrêter sur l'un des schémas les plus
célèbres dans le domaine de la communication, celui de Roman Jakobson et,
finalement, le modèle de Catherine Kerbrat-Orecchioni.

A- Théorie mathématique de l'information:

C'est le véritable premier modèle (ou théorie) qui s'est penché sur lacommunication.
Il est l'œuvre de deux Américains, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale:
Claude Shannon (ingénieur et mathématicien né en 1916 et mort en 2001) et Warren
Weaver (scientifique et mathématicien né en 1894 et mort en 1978).

Si l'information, au sens courant, désigne un ensemble de renseignements sur des


faits, des idées, des personnes, des objets, c'est Shannon et Weaver qui, en 1949,
ont exprimé, mathématiquement, la quantité d'information transmise par message,
ils en ont mesuré la grandeur, indépendamment du sens même du message.

Bien que cette approche soit de nature purement mécaniste, ses concepts ont
remarquablement influencé les chercheurs dans les différentes disciplines qui se sont
penchées sur la communication.

La théorie de Claude Shannon et Warren Weaver a vu le jour pour des considérations


strictement pratiques, relatives à la capacité des lignes téléphoniques et
télégraphiques et au coût des communications. L'objectif est alors de mettre, à la
disposition de l'industrie des télécommunications, des moyens très rapides, efficaces
et rentables.

Le terme communication désigne aussi celui d'information dans cette théorie. Pour
ces ingénieurs, les deux mots sont synonymes. Parfois aussi, ils se servent du mot
communication pour désigner le transport et du mot information pour désigner la
chose transportée.

6
La chose est ainsi considérée:

"On transporte de l'information comme on transporte de la matière ou de l'énergie"


(Jean LOHISSE, La Communication: de la transmission à la relation, p. 28.).

Le mot information, dans cette approche, est synonyme de données, de signaux non
signifiants. C'est pourquoi on parle parfois de théorie du signal ou encore de théorie
statistique de l'information." Jean LOHISSE, même référence, même page.)

Autrement dit, on ne s'intéresse nullement, ici, à la signification attribuée à


l'information par l'émetteur et par le récepteur. L'information, dans ce modèle
mathématique et technique, n'est autre qu'une "simple chaine de signes: lettres,
barres/points, chiffres, sons, qu'il importe de transmettre le plus fidèlement, le plus
rapidement et le plus économiquement possible. Le télégramme se paie au nombre
de ses mots et ne tient nullement compte de la charge persuasive, poétique, émotive
que pourra déclencher chacun d'eux." (Jean LOHISSE, La Communication: de la
transmission à la relation, p. 28.).

A noter, ici, dans cette théorie, qu'on a affaire, non pas à des psychologues ou à des
sociologues, mais à des scientifiques, mathématiciens, ingénieurs, qui relèvent de la
mécanique statistique et de la physique.

Mais son influence sur les autres théories est incontestable.

7
Schéma de la théorie mathématique de la communication (C. Shannon et W.
Weaver)

8
B- La communication de masse de Harold LASWELL (13 février
1902-18 décembre 1978):

Cette théorie, pour modéliser la communication, se présente sous forme d'un


questionnement:

Qui dit (who says)? quoi (what)? A qui (to whom? Par quel canal (in which channel)?
Avec quel effet (with what effect)?

Lasswell, comme bon nombre d'auteurs occidentaux, s'inspire, dans ses recherches,
de l'héritage des Grecs et des Latins. A ce propos, il est redevable, en partie, dans
son approche de la communication, à Quintilien, pédagogue et rhéteur latin (1 er siècle
avant J.-C.), connu pour son célèbre questionnement: le QQOQCPP.

L'accent est mis sur une communication qui fait effet sur les masses (récepteurs
"infiniment" nombreux) par le biais des mass media (télévision, radio, presse écrite…)

Pour Lasswell, en effet, la communication est conçue comme un processus d'influence


et de persuasion. C'est là, pour lui, la finalité de la communication. C'est une
conception fonctionnaliste, pragmatique qui va jusqu'à prêcher la propagande pour
appuyer l'idéologie libérale en vue de conditionner les esprits des masses qui doivent
accepter ce qui leur a été choisi et destiné par les "spécialistes"

9
C- Modèle de Roman Jakobson (1896-1982) : éléments et fonctions
de la communication

C'est le point de vue d’un linguiste structuraliste. Son schéma explicatif de la


communication comprend six éléments auxquels correspondent six fonctions.

Référence: Essais de linguistique générale, Editions de Minuit, Paris, 1963 (Tome1), 1973
(Tome 2).

1- Schéma de la communication de Jakobson: les éléments constitutifs

. Contexte (référent, situation)

Emetteur …………………………… Message ............................................. Récepteur

. Code

. Contact

D'après Roman JAKOBSON, toute communication, dans sa forme la plus réduite et


la plus simple impliquerait l'existence d'un message, objet de cette communication,
qu'un émetteur (destinateur) envoie à un récepteur (destinataire), ce message,
pour exister, a besoin aussi d'un code et pour qu'il puisse passer il faut qu'il y ait un
contact, à la fois physique et psychologique, entre l'émetteur et le récepteur,
chaque message, quel qu'il soit, s'inscrit dans un contexte donné et renvoie donc à
une situation de communication particulière et à des référents réels ou fictifs
particuliers(le fictif est dit aussi réalité fictive).

Il s'ensuit les six éléments suivants:

1- Emetteur (destinateur) : celui qui émet, encode le message (encodeur): utilise


un code donné pour envoyer son message.

10
2- Récepteur (destinataire) : celui qui reçoit, décode le message (décodeur): doit,
en principe, maîtriser le même code (arabe, français, anglais…) que l'émetteur pour
décoder le message de l'émetteur.

3- Message : contenu (idées, émotions, sentiments…) à transmettre après encodage


et décodé après réception. D’où nécessité d’un code commun ou partagé entre
émetteur et récepteur, sinon le message ne passe pas ou pas tout à fait.

4- Code : système de signes, arbitraire ou conventionnel. Exemples : la langue


française, le langage du corps.

Chaque code a ses propres règles, leur transgression ou un manque de maîtrise de


ces règles peut affecter, négativement, le message. Un émetteur et un récepteur qui
ne maîtrisent pas le même code (Exemple: un chinois qui ne maîtrise que le chinois
et un arabe qui ne maîtrise que l'arabe) risquent de ne pas s'entendre s'ils utilisent
ces deux codes différents qu'ils ne maîtrisent pas à la fois, à moins de suppléer à cela
en utilisant un autre code, celui de la gestuelle. Et là encore, il faut distinguer les
gestes universels, communs, présents dans toutes les cultures et les gestes typiques,
spécifiques et propres à chaque culture. Ex: certains gestes,comme se prendre la
main entre hommes ou autres, considérés comme de l'amitié ou de la fraternité, et
donc comme des gestes tout à fait normaux, dans une culture x, sont perçus, dans
une autre culture y, comme de l'homosexualité.).

Qu'est-ce à dire qu'un code est un système de signes?

La langue est un code (elle n'est pas le seul code.)

Le code est un système de signes.

Donc la langue est un système de signes.

Dans la langue, le signe est linguistique, bien évidemment. Le signe linguistique, c'est
le mot, tout simplement (n'importe quel mot ou n'importe quelle catégorie. En effet,
dans la langue française, par exemple, le mot peut être l'une des catégories
principales suivantes: un nom, un verbe, un adjectif, un adverbe, une préposition,
une conjonction, un déterminant, un pronom, en plus de l'interjection pour certains
grammairiens. Dans la langue arabe, il y a seulement trois catégories de mots: le
nom ou "‫"االسم‬, le verbe ou"‫"الفعل‬, la particule ou "‫)"الحرف‬.

Les mots du français obéissent à des règles qui préservent le système: des règles de
conjugaison, de syntaxe, de lexique, de sémantique, d'orthographe…

11
On ne peut utiliser les mots, les phrases du français de façon pertinente qu'en
respectant ces règles. Autrement, ce système sera déréglé et posera des problèmes
de signification plus ou moins importants, selon les cas.

Chaque mot est signifiant, non en lui-même (*), mais par rapport aux autres mots
avec lesquels il entretient des rapports particuliers, selon ces règles. C'est la notion
de système où les éléments sont interdépendants.

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

*N.B.: Chaque signe (chaque mot) comporte deux parties: la première est dite signifiant (c'est le mot écrit ou prononcé, dit
aussi image acoustique), la seconde partie est le concept auquel renvoie ce mot dans mon esprit (l'image, l'idée que j'en
garde dans ma tête).

Pour le fondateur de la linguistique moderne, Ferdinand de Saussure (1857-1913), le rapport existant entre le signifiant (mot
écrit ou prononcé) et le signifié (le concept, l'idée) est arbitraire, c'est-à-dire que ce rapport n'est pas naturel. Ce rapport est
purement conventionnel, social. Pourquoi appeler, par exemple, cet objet sur lequel on s'assoit "chaise", c'est-à-dire cette suite
de lettres c-h-a-i-s-e ou de sons (shèz)? Aucun lien naturel n'existe entre l'appellation (le signifiant) et ce qui en est désigné
(le signifié). La preuve en serait aussi la pluralité des langues, qui fait que le même signifié peut être appelé ou désigné
différemment selon chaque langue. Si le rapport entre signifiant et signifié était naturel, on aurait pu avoir une même
désignation.

Soleil (en français), chams (en arabe), sun (anglais)… sont autant de signifiants différents pour désigner le même signifié (cet
astre lumineux et éblouissant dans le ciel).

5- Contact : liaison entre l’émetteur et le récepteur, à la fois canal physique


(voix/oreille, téléphone, tableau…) et connexion psychologique (écoute, vue,
attention, concentration, motivation, intérêt…).

6- Contexte : ensemble d’éléments relatifs à l’énonciation et donc entourant


l’émission et la réception du message: lieu, temps, personnes, situation,
circonstances, objets...

N.B.: j'ai utilisé indifféremment émetteur et destinateur, d'une part, et récepteur et


destinataire, d'autre part, par souci de simplification, seulement.

Parfois, l'émetteur, c'est le destinateur même du message. Quand moi, personne


lettrée, par exemple, maîtrisant le code du message, j'envoie un mail à quelqu'un,

12
quand c'est moi qui conçois, encode et envoie ce mail, j'en suis, à la fois, émetteur
et destinateur. Mais quand, c'est quelqu'un d'autre qui conçoit mon message que je
veux destiner à une personne donnée parce que moi je suis analphabète ou, tout
simplement, je ne maîtrise pas le code qui sera utilisé pour envoyer le message,
alors j'en suis toujours le destinateur, mais la personne lettrée qui l'a conçu,
encodé et émis pour moi, à ma place, en utilisant un code donné qu'elle maîtrise et
que moi je ne maîtrise pas (langue française, ou arabe, par exemple), cette
personne joue alors le rôle d'émetteur du message sans qu'elle en soit le
destinateur, mais, en même temps, elle joue le rôle de récepteur 1 par rapport à
moi (par exemple, elle reçoit ma demande, en arabe, de concevoir un message
donné dans un code que je ne maîtrise pas, comme l'anglais, pour l'envoyer à la
personne, véritable destinatrice de mon message).

Ce qui est dit ici de l'émetteur/récepteur peut être dit, de même, du


récepteur/destinataire. Si je suis le destinataire d'un message écrit, mais que je
suis analphabète, j'aurais besoin d'un récepteur, encodeur lettré pour me traduire
le message écrit. Dans ce cas, le récepteur encodeur du message écrit devient
émetteur, à son tour, d'un message dont il n'est pas le véritable destinataire. Mais
si je suis lettré et que je décode un message écrit qui m'est destiné, dans ce cas, je
suis et récepteur et destinataire de ce message.

Vous pouvez alors imaginer tous les problèmes qui pourraient naître, parfois, du
fait que c'est un autre qui va émettre à ma place un message dont, moi, je suis le
destinateur réel. Ou bien quand c'est un autre qui va recevoir et décoder un message,
à ma place, alors que j'en suis le véritable destinataire.

Si on ajoute aux risques d'erreur la mauvaise foi de l'émetteur ou du récepteur, vous


pouvez imaginer tous les dangers, voire les ravages d'une telle communication.

Pensez à des situations professionnelles, administratives, politiques,


professionnelles, par exemple, où certaines personnes opportunistes exploitentleurs
rôles (d'émetteurs ou de récepteurs). Ils jouent ces rôles même si, parfois les
destinateurs peuvent être émetteurs de leurs propres messages, mais ne le font
pas par délégation, ou faute de temps ou pour d'autres raisons et les destinataires
peuvent parfaitement décoder, comprendre le message qui leur est destiné et donc
en être des récepteurs, mais, pour

des raisons différentes, confient cette tâche à d'autres personnes. Si vous pensez à
cette hypothèse, vous en arriverez à conclure que la communication pourrait se
perdre et causer la perte et la ruine de beaucoup de gens.

Heureusement, ce n'est pas une règle générale. Parfois même, un émetteurconçoit


fidèlement et clairement un message dont il n'est pas le destinateur. Idem

13
pour un récepteur qui décode, déchiffre un message parfaitement et mieux qu'un
destinataire averti ne l'aurait fait.

A chaque fois que le message est centré sur l’un des éléments du schéma de la
communication, on parlerait d’une fonction déterminée.

2- Fonctions du langage (ou de la communication):

1- Fonction émotive ou expressive. Le message est centré sur l’émetteur :


l'émetteur conçoit un message qui met l’accent sur ses émotions, ses sentiments,
son ressenti…). Exemples : journal intime, autobiographie, poème lyrique…

2- Fonction conative. Le message est centré sur le récepteur : on chercher à


produire un effet sur lui, à ce qu’il agisse ou réagisse dans un sens donné…).

Exemples : publicité, consignes, texte argumentatif, débat…

3- Fonction poétique. L'accent est mis sur la forme du message : cette fonction
ne concerne pas uniquement la poésie, mais tout message où il y a un travail sur la
forme et l’esthétique : choix de mots, rythme, harmonie, choix de couleurs, de
formes… (Proverbes, comptines, chansons…)

4- Fonction métalinguistique. Le message est axé sur le code, sur la langue utilisée
: (la langue explique la langue). Exemples : reformulation, réexpression, explication
ou réexplication lors d’un cours, définition… dans une visée surtout didactique. Parfois
aussi, un message comporte deux niveaux de signification: une signification explicite,
apparente et une signification implicite et sous-entendue.

Alors le message va tenter de mettre en évidence toute la signification d'unmessage


en usant de procédés variés: analyse, synthèse, reformulation, exemplification,
vulgarisation, simplification. Cette fonction est surtout utilisée dans un contexte
didactique (cours, par exemple) où l'on cherche à mettre un contenu donné à la
portée d'un destinataire (un élève, par exemple) en recourant à un langage
compréhensible quitte à l'ajuster et à le reprendre différemment à plusieurs reprises.

5- Fonction phatique. Le message porte sur le contact : on cherche à s’assurer que


la liaison physique et psychologique est établie et maintenue entre émetteuret
récepteur.

Exemples : Allô ! Vous m’entendez ? C’est visible ? C’est audible ? Vous arrivez à
voir, à lire, à entendre…? Vous me suivez? Vous êtes là?

N.B.: Selon le canal utilisé (organe ou sens de perception), pour saisir ou décrypter le message,

14
nous avons les différents types de messages suivants :
1- Messages auditifs (perçus par l’oreille : cris, sons, voix, musique…)
2- Messages visuels (perçus par l’œil : formes, gestes, couleurs, écriture...)
3- Messages tactiles (perçus par la peau, le toucher) : chaleur, froideur, pincements, caresses…
4- Messages olfactifs (perçus par le nez) : parfum, odeurs…
5- Messages gustatifs (perçus par le goût, la langue) : ce qui est sucré, salé, amer…
Enrichir sa communication, c'est recourir à plusieurs types de messages à la fois, selon le contexte.

6- Fonction référentielle. Le message est focalisé sur le contexte : il évoque les


éléments du contexte (espace, temps, personnes, objets…) qui entourent le message.
C'est le cas, par exemple, du texte informatif.

Remarques générales sur les fonctions de la communication

1) Jakobson a relevé 6 fonctions. En théorie, elles sont séparables, mais, dans la


pratique, elles ne le sont pas toujours. En effet, souvent, plusieurs fonctions
peuvent exister et s'imbriquer dans le même message. Il faudrait alorsrelever
celle qui prime et domine le plus pour décider de la fonction prépondérante du
message.
2) La relation entre émetteur et récepteur semble idéalisée dans le schéma de
Jakobson ainsi que leur partage du code. Or la réalité est autre: nous avons,
souvent, affaire, à un rapport complexe (idéologie et déterminations
psychologiques différentes). Quant au code, même si, parfois, les partenaires
de la communication appartiennent à la même communauté linguistique, il n'en
demeure pas moins vrai que le degré de maîtrise du code n'est pas forcément
le même entre l'émetteur et le récepteur.
3) Même si le schéma comporte l'élément contexte, celui-ci n'a pas été vraiment
mis en valeur et Jakobson n'a pas insisté davantage sur son impact sur les
interlocuteurs et le message. Il faudrait, à ce propos, voir l'apport de la théorie
de l'énonciation avec Emile BENVENISTE. Il faudrait, également, voir le schéma
de Catherine KERBRAT ORECCHIONI pour s'apercevoir d'un certain nombre de
lacunes, de réductions dans le schéma de Jakobson, sans oublier l'apport de
sociologues à travers la notion de groupes d'appartenance qui influencent
largement les partenaires d'une communication (voir l'apport de John Riley et
Mathilda Riley).

15
Schéma représentatif des éléments de la communication et des fonctions
correspondantes (Roman JAKOBSON)

16
D- Modèle de Catherine Kerbrat-Orecchioni:

17
III- Communication verbale et communication non verbale

Pour communiquer, nous utilisons des mots, la langue, mais aussi les ressources
du non verbal, à l’écrit (dessin, schémas, graphiques…) comme à l’oral (langage du
corps: mimiques, gestes des mains, postures…)

Albert Mehrabian (né le 17 novembre 1939), un psychologue américain d’origine


iranienne, a mené, auprès de deux échantillons féminins, deux études sur
l’importance et l’efficacité des deux types de communication (verbale et non verbale),
à l’oral, dans des situations où il est question, notamment, de communiquer des,
émotions, des sentiments et des attitudes et a conclu que la force persuasive d'un
message ou de sa congruence et de son authenticité dépendent de la cohérence entre
ces trois types d'expression:

-l'expression verbale, par les mots (recours au code verbal, linguistique),

-l'expression vocale (ton de la voix perçu par l'oreille) et

-l'expression visuelle (l'expression faciale et gestuelle perçues par le regard).

Les deux dernières expressions se font par le biais d'un autre code non verbal, le
langage du corps.

A défaut d'une cohérence entre ces trois types d'expression, le message serait moins
efficace car il y aurait une sorte de contradiction entre ce qu'on dit par les mots et ce
qu'on exprime par le corps et, dans ce genre de situations, celui à qui l'on parle aurait
tendance à croire plus le langage du corps (voix, mimique et gestuelle) que le langage
verbal.

Bien sûr, la valeur de ces deux études reste relative. Elle ne peut être généralisée à
toutes les situations. Ce qui n'est, malheureusement pas le cas, puisqu'on n'hésite
pas à adopter les pourcentages des trois types d'expression dégagés par ces deux
études.

En effet, celles-ci ont montré (selon les conditions de leur réalisation et le public
uniquement féminin auquel elles s'adressaient) que:

-55% du message est visuel,

-38% est vocal et

-7% seulement est verbal (passe par la signification des mots que nous utilisons).

18
Loin de généraliser les résultats d’une telle étude, ou d'adopter absolument ces
pourcentages qui, sans doute, peuvent changer d'une étude à l'autre, selon les
modalités, la méthode, le public visé et l'objectif recherché, il n’en demeure pas
moins vrai que la communication non verbale revêt une importance considérable.
Celle-ci peut confirmer ou infirmer un message verbal et donc renforcer ou minimiser
son efficacité.

Dans une situation de communication interpersonnelle (en l'occurrence, orale), que


ce soit entre deux individus ou entre un individu et un public, l'efficacité dumessage
dépend de la maîtrise de l'expression verbale et de l'expression non verbale. Peu
importent pour nous les pourcentages.

Prenons le cas d'une prise de parole en public (exposé, par exemple):

1- l'expression verbale est maîtrisée quand notre langue est claire (bien structurée.
Une phrase, à l'oral, comme : "J'ai vu le chat du Maire qui a de si longues oreilles"
n'est pas claire à cause de sa structure. On ignore, en effet, qui est-ce qui a de si
longues oreilles, le chat ou le Maire.), précise (pas approximative: dire "5 élèves" est
plus précis que "quelques élèves", dire "une expérience de 8 ou de 10 ans" est plus
précis que dire "une expérience de plusieurs années"), concise (pas surchargée
d'expressions inutiles ou de répétitions non justifiées) et simple (non compliquée:
recours à certains tournures compliquées, à certaines expressions savantes et
recherchées dans des cas où on l'on s'adresse à un destinataire non spécialiste.)

2- l'expression non verbale est "maîtrisée" (à un certain degré) quand ses


principales composantes, à savoir la voix, le regard, la gestuelle et la distance,
sont maîtrisées.

a- La voix: c'est le principal canal (sans être le seul) dans la communication

orale. C'est elle qui transporte notre message verbal. Sa maîtrise relève du non
verbal et est tributaire de la maîtrise de ses principales composantes:
l'articulation, le débit, l'intensité et l'intonation.

.l'articulation: une excellente prononciation favorise l'écoute, séduit


toujours l'autre et le motive à nous suivre. Une mauvaise articulation peut
dévaloriser un contenu important et rebuter l'auditeur.

.le débit: c'est la vitesse de prononciation d'un message. Elle doit être
adaptée à plusieurs facteurs: l'importance de l'information, sa clarté pour le
destinataire, le temps dont on dispose... Ainsi on peut accélérer ou ralentir son
débit selon les composantes de la situation de la communication. Parfois, par
exemple, pour mettre en valeur une information, ou si mon destinataire éprouve
des difficultés particulières à me suivre et à comprendre parfaitement mon

19
message, je ralentis mon débit en y mettant des pauses marquées. Si, au
contraire, mon destinataire n'éprouve aucune difficulté à saisir mon message, ou
si celui-ci est secondaire ou constitue une reprise d'un message précédent, je
pourrais, sans problème, accélérer mon débit pour gagner plus de temps.

Parfois, un débit rapide et accéléré peut être synonyme d'impatience, d'une


certaine nervosité, du trac et du stress, par exemple. Aussi ai-je intérêt, dans de
telles situations, à réguler mon débit pour éviter de communiquer aux autres mon
état négatif qui peut, sensiblement, nuire à la performance de mon message.

Selon l'effet recherché, selon le destinataire, selon les contraintes, selon le


contexte, mon débit peut être lent ou rapide. C'est une question de dosage et
d'adaptation.

.l'intensité: une voix qui porte est un atout considérable dans la


communication orale. Une voix inaudible parasite la communication, fatigue le
destinataire et condamne le message à l'échec. L'intensité (ou le volume ou la
force de la voix) doit prendre en considération la situation du destinataire, la
distance et l'espace, en général. Dans une prise de parole en public, par exemple,
le volume est fonction, entre autres, de la distance qui nous sépare du public
(devant, au milieu, derrière).

On peut se permettre de chuchoter si la personne est très proche, mais on doit,


peut-être, crier si la personne est plus ou moins éloignée.

.l'intonation: varier son intonation est une astuce pour intéresser


davantage son destinataire (son public) et ne pas l'ennuyer. Adopter le même ton,
à la longue, risque de l'endormir ou de le rendre plus ou moins indifférent au
message. Pour mieux varier son intonation, on peut recourir à la langue en ce
qu'elle met à notre disposition quatre types de phrases, prononcés avec des
intonations différentes: la phrase déclarative d'une intonation neutre et d'une
apparence objective, la phrase exclamative d'une intonation expressive et
descendante, la phrase interrogative d'une intonation généralement ascendante
et plus ou moins expressive et la phrase impérative comportant deux variantes:
la première neutre comme la phrase déclarative et la seconde avec une intonation
exclamative comme dans la phrase exclamative. A construire son discours sur une
seule intonation, l'ennui ne tarderait pas à s'installer, notamment quand on adopte
la phrase déclarative comme fondement unique du message. Cela ressemblerait à
un morceau musical construit sur une seule et unique note.

Par contre, si, dans votre message, vous alternez les différentes intonations,
certainement, vous favoriseriez plus l'attention de votre public à votre message.

20
il faudrait alterner, selon un dosage bien étudié, les tons de la déclaration neutre,
de l'exclamation expressive, de l'interrogation parfois neutre, parfois expressive,
dela demande et de l'injonction caractéristiques de la phrase impérative. Votre
discours s'en trouve vif et non morne et terne.

En somme, maîtriser sa voix revient à en maîtriser ses différentes composantes.

b- Le regard: c'est un canal qui permet d'établir le contact (au début de la prise
de parole) et de le maintenir (durant toute la prise de parole) dans une
situation de communication orale. Regarder l'autre, c'est l'inviter et l'obliger
en quelque sorte à vous prêter attention. Ne pas regarder l'autre peut le porter
à croire qu'il n'est pas concerné par votre message. Le regard est donc une
invitation à la communication.

Pour que notre regard soit favorable à la communication, certains critères sont
requis:

.il doit être franc et direct, sans fixer ni agresser ni fuir. Cela dénote une confiance
et un comportement affirmatif chez la personne.

.s'il s'agit d'une communication orale devant un public, essayer de distribuer le


plus équitablement possible son regard, sinon entre tous les auditeurs, du moins
entre les différents coins de l'espace, adopter un regard circulaire, ne pas se
focaliser sur des personnes ou des zones et exclure les autres, ce qui peut donner
un message du genre: vous, de ce côté-ci, vous êtes concernés, puisque je vous
regarde, je vous accorde mon attention. Par contre, vous, de ce côté-là, vous
n'êtes pas concernés, puisque je ne vous regarde pas et ne vous accorde aucune
attention.

.ne pas regarder le plafond, ou un coin de la salle, ou un objet ou une personne


particulièrement (un étudiant, par exemple, qui regarde l'enseignant,
uniquement, durant tout son exposé) lors d'une communication en public, par
exemple.

.avoir un regard extraverti, vraiment présent à l'autre ou à son public et non un


regard introverti ou absent (dans ce dernier cas les auditeurs ont l'impression que
l'exposant, par exemple, ne les regarde pas réellement, son regard est tourné vers
l'intérieur, il est en train de visualiser, dans sa tête, un contenu appris ou mal
appris par cœur. Dans ce cas, le message donné aux auditeurs est le suivant: je
m'intéresse plus à mon message qu'à vous. Ce qui détourne l'attention du public
et dévalorise le contenu de l'exposé. Une telle attitude est inefficace. Pour l'éviter,
il faudrait bien préparer son contenu auparavant sans avoir forcément à
l'apprendre par cœur en entier).

Le regard bien maîtrisé est communication, d'autant plus qu'il peut traduire toutes
sortes d'émotions, de sentiments et d'attitudes.

21
c- La gestuelle: Par les différentes parties du corps (tête, visage), mains,
pieds, on peut faire différents sortes de gestes et adopter différentes sortes de
postures. Nos gestes peuvent être synchroniques (appuyer le message verbal),
ouverts sur l'autre (cherchant le contact avec l'autre) ou parasites (traduire notre
stress, notre timidité ou trac) et fermés (excluant ou écartant l'autre.)

Parmi ses éléments principaux:

.la mimique ou l'expression faciale: là, on exploite toutes les ressources du


visage, dont le regard, l'organe de la langue, les lèvres, la tête… pour exprimer
différentes émotions ou états d'âme (exemples: grimaces, mignardises, sourire…)
l'expression du visage peut ou non renforcer la communication: un visage
souriant, serein rassure et favorise la communication alors qu'un visage rébarbatif
aux sourcils froncés peut démotiver autrui, voire le terrifier.

N.B.: dans la PNL (Programmation Neurolinguistique), le mouvement oculaire (des


yeux) renseigne sur le canal sensoriel branché par la personne.

.les mains, ne serait-ce que pour saluer de loin ou par une poignée chaleureuse,
peuvent traduire un besoin ou une envie de communication comme elles peuvent
traduire une "communication agressive" (gifle, coups de poing).

Brancher la paume de sa main en maintenant ses doigts tout droits peut vouloir
dire: stop! Ou ça suffit! Ou arrêtez-vous! Frapper des deux mains peut, selon le
contexte, signifier un applaudissement ou encouragement, comme il peut
connoter la moquerie et le reproche.

Tapoter l'épaule de quelqu'un peut être perçu comme un éloge ou un


encouragement. Caresser les cheveux d'un enfant peut le rassurer. Mettre la
paume de la main sur le visage de l'autre en le poussant plus ou moinslégèrement
peut exprimer une colère accompagnée d'une menace.

La main peut être utilisée pour indiquer d'occuper une position ici ou là. Elle peut
signifier la présence (un étudiant appelé par l'enseignant), le vote, ou l'acte de
jurer. L'index pointé peut désigner ou menacer. Le pouce et l'index rapprochés
peuvent évoquer l'idée de précision. Le majeur, dans notre culture, pointé
légèrement en haut avec la paume de la main en haut, devant l'autre, est une
insulte. La paume de la main en bas ou en haut (avec une nuance de sens
différente dans les deux cas) et les doigts recourbés allant et venant invitent à
se rapprocher amicalement (et parfois aussi avec une certaine menace).

Notre propos n'est pas de sonder toutes les significations possibles des positions
de la main et des doigts, mais de rappeler l'importance considérable des mains
dans la communication orale.

.le mouvement des pieds: pour se rapprocher ou s'éloigner, pour afficher une
attitude active. Non maîtrisé, le mouvement des pieds peut renvoyer à une

22
certaine nervosité et à un manque d'assurance. Ne pas faire de mouvements des
pieds peut renfermer une certaine apathie et paresse, en faire trop et de façon
non adaptée peut parasiter la communication en détournant l'attention de l'autre
sur le message principal. Faire des mouvements des pieds, des déplacements bien
dosés ou subtils nous rend plus dynamiques et donc plus intéressants.

.La posture: se pencher, se prosterner, s'agenouiller, s'asseoir, s'allonger,


rester debout…autant de postures significatives selon le contexte. Un exposant qui
reste assis tout le temps peut être moins motivant. Il faut donc adapter la posture
à la situation, recourir à une ou plusieurs postures selon le cas.

d- La tenue vestimentaire ou l'habillement nécessitent une adaptation à


la situation de communication. Une règle d'or: être simple et à l'aise.

e- Le rapport à l'espace ou la proxémique:

Edward Twitchel Hall (1914-2009), anthropologue et spécialiste américain de


l'interculturel, distingue 4 types de distances physiques ou spatiales quipeuvent
s'établir entre des personnes dans une interaction : la distance intime (de 15
cm à 40 cm), la distance personnelle (de 45 cm à 125 cm), la distance sociale
(de 120 cm à 360 cm) et la distance publique (au-delà de 360 cm).

Chez Hall, le rapport à l'espace reflète, inconsciemment, la place de l'autre et


le type de communication qu'on veut engager avec lui.

Ainsi avec les personnes très proches (parents, enfants, époux), le


rapprochement tend à être intime.

Avec les amis, les camarades, il peut être personnel.

Alors que l'espace est social avec de simples connaissances.

Quant au public qui nous est moins connu, on opte pour un espace public.

Cette répartition doit être considérée avec beaucoup de réserve, selon la


culture et selon le contexte de la communication

Abstraction faite des mesures fournies par Hall et qui peuvent varier d’une
culture à l’autre, voire d’une situation à l’autre, cette répartition mérite une
grande attention.

On peut s'en inspirer, voire l'adapter dans notre communication. Ainsi peut-
on, à titre d'exemple, lors d'un exposé en public (ou même dans une
communication avec une personne), passer d'une distance publique (très
éloignée) à une distance sociale (moins éloignée), ou aller d'une distance
sociale à une distance personnelle (rapprochée), en circulant, selon la situation,
près des auditeurs, ce qui peut les impliquer davantage dans

23
l'échange en réduisant ou en supprimant certaines barrières psychologiques
induites par la distance publique et la distance sociale.

Ainsi le travail sur la distance et l'espace peut être un travail sur la relation à
l'autre. La nature de la relation instaurée peut avoir un impact direct, sensible,
sur le contenu du message ou du moins sur son interprétation.

24
Conclusion

La communication est un phénomène complexe qui nécessite une vigilance


accrue et un éveil soutenu pour déchiffrer ses niveaux multiples, maîtriser au
mieux ses composantes verbales et non verbales et en réduire ses échappées
néfastes.

Plusieurs disciplines s'attèlent à la démystifier et ont donné naissance à des


théories et à des approches différentes touchant un élément ou l'autre du
schéma de la communication: code, canal, message, référent, émetteur et
récepteur.

Dans les prochains cours, nous nous arrêterons sur l'élément humain (émetteur
et récepteur) en traitant les obstacles à la communication à partir de différentes
approches, essentiellement psychologiques.

25

Vous aimerez peut-être aussi