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Cette complexité renvoie aussi à la diversité des points de vue qui cherchent à en rendre
compte. Les différentes dimensions de l'objet impliquent une multiplicité de démarches pour
l'étudier: le regard du sociologue ne privilégie pas les mêmes aspects que celui du linguiste ou du
psychologue. Chaque discipline s'efforce de formaliser un niveau de la réalité qui correspond au
point de vue qui est le sien. Et cette formalisation peut se traduire par l'élaboration d'un modèle.
On parle en effet de modèle chaque fois qu'on s’efforce de dégager, à partir d'une réalité
concrète complexe et variée. les éléments fondamentaux qui la définssent et les relations entre ces
éléments. Un modèle est donc une représentation schématique d'un phénomène qui prend souvent
la forme d'une figure, d'un graphique ou d'un tableau récapitulatif. fi tente de dégager, au-delà des
apparences multiples d'un objet, ce qui constitue sa structure, son fonctionnement et sa
signification.
Ces courants ne correspondent pas toujours à des étapes séparées dans le temps et à une
chronologie des théories de la communication. Ils se sont parfois inter-influencé, et ils ont eux-
mêmes fait l'objet d'évolutions internes.
Après avoir présenté ces différentes approches dans leurs caractéristiques propres, nous
verrons comment aujourd'hui, on peut essayer de les confronter et de les articuler dans une vision
plus globale et plus interactionniste.
I- COMMUNICATION ET INFORMATION
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Shannon était ingénieur, chargé d'étudier les problèmes de rendement des lignes
télégraphiques, lorsqu'il travailla avec un philosophe de la communication – Weaver- pour
concevoir son modèle. Sa préoccupation essentielle: qu'un signal arrive au niveau de la cible dans
l’état le plus proche possible de ce qu'il était au niveau de la source.
La communication y est présentée comme le transfert d'un message a partir d'une source
vers un destinataire sous la forme d’un signal (codé par l'émetteur et décodé par le récepteur) qui
peut être affecté, brouillé ou détonné par des phénomènes parasites appelés «bruits ».
Emetteur Récepteur
Canal
Source Source Source Source Source Source
Source
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l'un des premiers a s'intéresser à la communication de masse.
-Comment? Par quel canaI '? (le support médiatique du message : presse. radio,
cinéma...).
-A qui? (le récepteur: auditeurs ou spectateurs, membres d'un congrès. lecteurs d'un
journal...).
-Avec quel effet? (l'influence du message sur le récepteur: il est convaincu ou ému, il
achète, il applaudit ou il vote...).
b- celle du message fait appel a l'analyse de contenu ou a l'analyse des discours pour
dégager sa signification ;
d- celle du récepteur entraîne une analyse des variables (de sexe. d'âge, de milieu
socioculturel.) qui composent un auditoire
L'un des intérêts essentiels de ce modèle. est donc de dépasser la simple problématique de
la transmission d'un message et d'envisager la communication comme un processus dynamique,
avec une suite d'étapes ayant chacune leur importance, leur spécificité et leur problématique.
Un autre de ses intérêts est d'avoir montré que ce processus était aussi un processus
d'influence (en mettant l’accent sur la finalité –l’effet de la communication). Cependant, Lasswell
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a tendance à généraliser à toute forme de communication les caractéristiques de la
communication persuasive.
Les deux modèles -de Shannon et Weaver, d'une part et de Lasswell d'autre part-ont le
mérite de la simplicité. C'est ce qui fut, sans doute, une des causes de leur succès. ils offrent
cependant des défauts non négligeables qui en limitent la portée.
D'abord ils présentent des situations de communication dégagées de tout contexte, faisant
des individus en présence des entités plus ou moins abstraites, coupées de leur environnement
physique et de leur milieu socioculturel. Or. L’homme est un être social qui est rattaché à des
groupes dont il a intériorisé les valeurs et les normes. Ceux dont il fait effectuent partie sont ses «
groupes d'appartenance »: sa famille, son milieu professionnel, sa classe d’âge, etc. D'autres
groupes sont pris par lui comme modèles référentiels; ce sont ses « groupes de référence » : le
milieu social auquel il aspire, le niveau professionnel qu'il rêve d'atteindre... Et c'est en grande
partie en fonction des normes et des valeurs de ces groupes qu'il perçoit les sitUations sociales
dans lesquelles il est impliqué; et cette perception retentit sur sa façon de communiquer. Ainsi,
c'est à partir des valeurs de son propre groupe qu'on perçoit le comportement d'un « étranger » et
qu'on le juge « grossier ». « indélicat », « obséquieux ». « sans-gêne »... Cela peut même
provoquer une communication agressive a son égard.
Ensuite, ces modèles sont les héritiers d'une certaine tradition psychologique -que l'on
pourrait qualifier de «behavioriste» ou «comportementale». Les relations y sont essentiellement
régies par un rapport de cause à effet et les comportements y sont répertoriés en termes de «
stimulus» et de « réponses ». La communication y est donc représentée comme un processus
linéaire (orienté, comme uni vecteur dans un seul sens); et les rôles d'émetteur et de récepteur
sont totalement différenciés.
Or c'est, là aussi. offrir une image tronquée de la réalité car il existe, de fait, une
interinfluence entre l’émetteur et le récepteur: quel orateur n'est pas influencé par les réactions de
son public ? Quelle maman ne sait pas un visage indulgent encourage un enfant qui tente
d~avouer une faute ? Etc.