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A.U.

: 2022-2023/ENSA Marrakech
CP1/ Semestre 2
Module: Techniques d'Expression et de Communication
Prof.: My Abdellah AIT M’BARK

Approches psychologiques des obstacles à la communication

Approche 2: Catégories d'attitudes d’Elias Hull Porter (01 janvier


1984 - 13 décembre 1987).

Introduction:

Partant des travaux de Rogers sur la non-directivité dans les relations humaines
(ou l'écoute empathique), Porter a effectué un travail de formalisation qui a
donné naissance à sa théorie sur les catégories d’attitudes.

En effet, quand une personne nous adresse la parole, nous avons une infinité
de réponses possibles à notre disposition.

Ces multiples réponses peuvent, selon Porter, toutes être classées en six grandes
catégories d’attitudes. Dans l’absolu, aucune attitude n’estdépourvue d’intérêt
quels qu’en soient les inconvénients. Aucune attitude n'est mauvaise en soi.
L'attitude peut être ou non efficace, selon le cas. Il faudrait donc prendre
en considération la personne à laquelle on affaire et la situation de
communication.

I- Catégorie d’évaluation:

Quand ma réponse appartient à cette catégorie, cela implique, de ma part, un


point de vue moral ou un jugement de valeur à l'égard de l'autre. Le jugement
peut être critique ou approbateur, positif ou négatif, par référence à la morale,
à la religion…

Cette catégorie d'attitude indique que je me donne, implicitement ou explicitement,


le droit de juger ce qui est bien ou ce qui est mal. Je me donne une
certaine autorité morale par rapport à l'autre. En affirmant : « cela est bien
ou cela n'est pas bien », par exemple, je
peux induire un comportement de soumission ou de rébellion chezl’interlocuteur,
selon le cas.

En affirmant : « cela est bien, bon, mauvais ou mal », j'agis en censeur


moral et je condamne l'autre soit à un comportement de passivité ou de
soumission (qui le pousserait à se taire ou à vouloir se conformer à mes valeurs
de peur d'être jugé), soit à un comportement de rébellion ou de révolte (qui le
pousserait à contester mon autorité morale, à s'opposer à moi, pour défendre
son autonomie et son droit àla différence).

Cette catégorie d'attitude installe, comme on peut le constater, une sorte de


rapport inégalitaire qui ne facilite pas l’autonomie de l’autre.

Paradoxalement, cette attitude, par son caractère provoquant, peut, parfois,


donner du tonus à une conversation sans intérêt.

II- Catégorie d’interprétation:

Dans cette catégorie, ma réponse est interprétative. Cela veut dire que
j'ai, en quelque sorte, une grille d’analyse préalable: je comprends
uniquement ce que je veux comprendre, je prête attentionà ce qui me
parait, à moi, essentiel dans le message de l’autre. Je necomprends que ce à
quoi je m'attends. En agissant ainsi, je risque d'opérer une sorte de distorsion
dans le message de l'autre par rapport à son intention réelle, de lui faire dire
ce qu'il n'a pas eu l'intention de dire.

Ici, également, le rapport avec mon interlocuteur revêt un caractère inégalitaire et


induit, de ma part, une certaine supériorité, intellectuelle, cette fois, et non
morale, mais qui peut, inférioriser l’autre. Pour schématiser, adopter cette
attitude d'interprétation, de façon systématique, c'est dire à l'autre,
implicitement: je suis plusintelligent que toi, car je peux lire entre les lignes.

Cette attitude mal dosée ou mal adaptée, peut soit condamner l'autre, s'il est
passif et impressionnable, à se taire, à ne pas s'exprimer davantage de peur
d'être mal compris, ou, au contraire, s'il a une forte personnalité, à s'opposer
et à contester pour souligner sa différence.
III- Catégorie de soutien, de support:

En adoptant une catégorie de soutien, de support, je cherche à encourager


l'autre, à le consoler, à le rassurer, à lui donner confiance pour lui éviter de
dramatiser. Cette attitude peut, parfois, apporter un soulagement provisoire, un
secours d’urgence, mais, à la longue, si cette attitude persiste et dure, elle
peut installer une certaine dépendance affective chez l’autre et l’empêcher de
mûrir.

De même, à vouloir, à tout prix, dédramatiser sans cesse la situation de


l’autre (en lui disant, par exemple: "ce n'est pas grave" ou "vous allez vous
en sortir"…), j'exprime une certaine incompréhension du problème qui le tracasse
et je lui donne l’impression de prendre à la légère des choses qui méritent plus
d’attention.

En outre, cette attitude peut induire ma supériorité psychologique (c'est


comme si je dis à l'autre: je suis plus fort que toi, psychologiquement parlant),
ce qui peut, dans certaines situations, le fragiliser et lui faire sentir sa faiblesse.

IV- Catégorie d’investigation, d’enquête:

Ici, avec cette attitude d'investigation ou d'enquête, je me permets de poser des


questions pour en savoir davantage ou un peu plus. Si je pose,
systématiquement, des questions, je peux être perçu par l'autre comme une
personne curieuse, voire indiscrète qui se mêlerait de ce qui ne la regarderait
pas. L'autre pourrait comprendre que je m'empresse d'orienter la conversation
vers ce qui me semble important à moi et non à lui, comme si j'accuse
l'autre de ne pas allerà l'essentiel ou de perdre son temps. L'autre pourrait
en déduire aussi que je suis pressé et que je le presse en l'interrogeant sur ce
qui m'intéresse uniquement et non sur ce qu'il a envie de dire et sur ce qui
lui tient à cœur. Mes questions porteraient, probablement, sur ce qui me
paraît digne d’intérêt et non forcément sur ce qui préoccupe, réellement, mon
interlocuteur, ce qui sera perçu comme maladroit ou inopportun et risque de
transformer la discussion en interrogatoire policier ou journalistique.

Toutefois, dans des situations bien particulières, avec certains interlocuteurs, la


question peut se révéler un outil d’investigation efficace.
V- Catégorie de décision, de solution:

En branchant une attitude de décision ou de solution dans mon rapport à


l'autre, je tends à apporter une solution immédiate au problème. L'autre
commence à peine à m'exposer son problème queje lui offre sur le champ
une solution, une solution toute prête. Toutde suite, et sans tarder, je vois
l’issue que moi, à la place de mon interlocuteur, je choisirais, si j'étais confronté
à un tel problème. C’est un comportement du style : « il n’y a qu’à faire ceci ou
cela… ». Un tel comportement peut me débarrasser de mon interlocuteur et de
ses plaintes. On dirait qu’on guérit la maladie, mais on laisse tomber le malade
lui-même.

Le risque majeur, avec ce type d'attitude, c’est de répondre prématurément à


un problème que l’on ne connaît que superficiellement. Souvent, on propose
une solution alors qu'on a une connaissance partielle, incomplète, voire erronée,
du problème, ce qui peut générer des solutions moins adaptées, inefficaces ou
même dangereuses.

D'autre part, cette attitude impose une solution à l'autre au lieu de l'aider à
découvrir soi-même, à choisir et à adopter sa propre solution qui lui
conviendrait parfaitement.

VI- Catégorie de reformulation:

C’est la catégorie généralement préconisée dans les entretiens d’aideet


dans les entretiens d’embauche. Elle reflète un effort pour comprendre
sincèrement le problème tel qu’il est, réellement, vécu par l’autre.

En choisissant cette attitude, je cherche, d'abord, à vérifier que j'ai bien


compris ce que l'autre est en train de me dire. Il faut absolument avoir la
validation de l'autre pour toute reformulation.

En reformulant, c’est-à-dire en répétant à mon interlocuteur, sous une autre


forme, avec d’autres mots, son message, je lui montre que je l'écoute réellement
et je lui donne la preuve de ne pas déformer son propos. Une telle attitude
rassure mon interlocuteur, lui donne le sentiment d'être pleinement compris. Ce
qui l’entraîne à s’exprimerdavantage, sans gêne et sans méfiance.

En reformulant les paroles de l'autre, je l'aide à voir mieux dans sa pensée,


dans ses émotions et ses sentiments, je lui donne un certain éclairage des choses.
Pour reformuler, on peut recourir à différentes expressions comme :"si je
vous comprends bien…", "selon vous…", "d’après vous…", "vous voulez dire
que…"

Si la reformulation demeure l'attitude la plus proche de l’écoute empathique


préconisée par Rogers, son utilisation systématique, répétitive, exagérée et
mécanique peut, parfois, irriter l’interlocuteur qui y verrait, non une attitude
sincère et naturelle, mais une attitude qui fausse qui de l'échange un dialogue
à la Perroquet où les notions de plaisir et de créativité disparaissent.

Conclusion:

En guise de conclusion, ces catégories d'attitudes sont différentes et peuvent


susciter des réactions différentes.

Une attitude n'est efficace que si elle est adaptée à la situation et à la personne de
l'interlocuteur. Une attitude donnée, bien perçue dans tel contexte avec telle
personne, peut ne pas l'être, dans un autre contexte avec cette même
personne, ou dans le même contexte, avec une autre personne. Tout, en fait,
est question d'adaptation et passer d'une attitude à l'autre relève d'un certain
tact et d'une certaine perspicacité chez l'individu.

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