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Histoire – Spécialité

Rome et Carthage, du premier traité romano-punique à la fondation de


la Colonia Iulia Concordia Karthago : Ve -Ier s. av. J.-C.

Table des matières


Introduction ................................................................................................................................. 2
Sources ..................................................................................................................................... 2
La Méditerranée au VIIIe Siècle ................................................................................................. 2
I. Aux origines des deux cités ........................................................................................................ 3
1. Les origines de Rome............................................................................................................. 3
a) Site et situation .................................................................................................................. 3
b. Le Mythe fondateur ........................................................................................................... 4
c) Rome jusqu’en -509 : une cité étrusque ................................................................................ 5
2. Naissance d’une cité punique : Carthage ................................................................................. 6
a) Aux origines de Carthage : les Phéniciens ............................................................................ 6
b) La fondation de Carthage ................................................................................................... 6
c) Développement et organisation de la Carthage Punique ....................................................... 7
II. La genèse de deux puissances .................................................................................................... 8
a) Carthage et la conquête de la Méditerranée occidentale ........................................................ 8
b) Le premier traité romano-punique et la conquête du Latium par les Romains ........................ 9
c) La progression romaine dans la péninsule italique ...............................................................10
III. Les guerres puniques ..............................................................................................................13
1. La première guerre punique...................................................................................................13
a) L’enjeu de la Sicile ............................................................................................................13
b) Le déclenchement de la guerre : Messine ............................................................................14
c) Le siège d’Agrigente ..........................................................................................................15
d) Naissance et exploits de la marine romaine ........................................................................15
e) La guerre en Afrique dès -255 ............................................................................................17
f) Retour des opérations en Sicile et fin de la guerre.................................................................17
2. L’entre-deux guerres .............................................................................................................19
a) La guerre des mercenaires, -241/-238 .................................................................................19
b) l’Espagne Barcide..............................................................................................................21
3. La 2ème Guerre Punique ou Guerre d’Hannibal .......................................................................23
a) Les origines ......................................................................................................................23
b) La marche forcée d’Hannibal vers l’Italie............................................................................24
c) Les quatre glorieuses d’Hannibal ........................................................................................24
d) Un nouvel état barcide en Italie .........................................................................................26

1
e) Rome reprend l’avantage ...................................................................................................26
f) Carthage et Rome après la 2ème Guerre Punique...................................................................28
4. La troisième Guerre Punique.................................................................................................29
a) L’état des forces ................................................................................................................29
b) Les motifs de la guerre.......................................................................................................29
c) le déclenchement et le siège................................................................................................30
5. De la destruction de Carthage à la Carthage Romaine.............................................................31
a) Carthago delenda ..............................................................................................................31
b) Les mémoires de Carthage et des guerres romano-puniques .................................................32
c) La fondation d’une colonie romaine à Carthage ..................................................................33
Exposés ...................................................................................................................................38
Charles : débat au Sénat de Carthage sur la prise de Sagonte ...................................................38
Corrections ..............................................................................................................................39
Interro 25/11/20 ..................................................................................................................39

Introduction
Sources

Rien ne nous est parvenu de la littérature punique, même si l’on sait qu’elle était très abondante (on cite
de nombreux exemples de grandes bibliothèques).
Cette disparition peut être liée au support utilisé (papyrus) ou à la destruction de Carthage par les
romains. Le seul ouvrage sauvé par les romains était un traité d’agronomie.
Nous avons cependant des inscriptions (sources gravées = épigraphiques) dites « puniques », sur de la
pierre, de l’ivoire ou de l’os, plus rarement de la poterie (celles si sont souvent plus dégradées). Nous en
avons un grand nombre, mais la plupart du temps ces inscriptions sont religieuses (on parle de
l’inauguration d’un temple), elles n’éclairent pas sur les relations extérieures de Carthage. Nous avons
également des sources monétaires : elles commémorent un événement ou un homme, mais ces sources
ne sont pas fines (souvent très stéréotypées, donc semblables les unes aux autres).
Carthage est mentionné (sérieusement) par une quarantaine d’auteurs gréco-romains.
Les sources du corpus sont partiales, car les sources que nous avons sont toutes gréco-romaines.
(Malgré un effort d’objectivité de la part de certains auteurs)

La Méditerranée au VIIIe Siècle

Le VIIIe S inaugure l’Age du fer : le fer est une innovation technique majeure, car il permet de fabriquer
de l’outillage (donc développe l’agriculture, l’artisanat), qui implique une augmentation
démographique et l’apparition/développement des villes. Le fer permet également de fabriquer de
l’armement, qui modifie le fonctionnement des conflits.

2
Les populations vivent de plus en plus dans le cadre urbain :
Acropole, entourée de la ville basse, entourée d’un espace rural.
Ces villes ont souvent à cœur de se forger un passé illustre, mythologique.
C’est également une époque où les échanges commerciaux se développent énormément, et où l’on
trouve de grandes puissances commerciales, notamment les Grecs et les Phéniciens (il faut également
mentionner les Etrusques, qui vivent dans le nord de la péninsule italienne).
C’est une époque de foisonnement culturel (on le voit aujourd’hui : poterie phénicienne à Rome etc…)
dans tous les domaines de la littérature, de l’art, du religieux.
On dit souvent que cette période signe la fin des Ages Obscurs.
C’est enfin l’époque de la colonisation :
L’augmentation de la démographie créé un trop-plein. La solution qu’on apporte est de créer une autre
ville pour diminuer la pression démographique. Cette autre ville est indépendante de la ville-mère (metro-
polis), sans rapport de domination de l’une sur l’autre : les deux ont des liens d’égal à égal.
Le groupe de colons accueille également des prêtres qui apportent une partie du feu sacré, afin de garder
cette tradition culturelle.
La ville doit se situer sur un lieu élevé (l’Acropole) pour être plus près des dieux et avoir un site de
défense, et avoir une ville basse (forum).
Les Grecs s’établissent dans le Péloponnèse, l’Attique, l’Asie Mineure (on remarque Phocée, dont un
groupe de colons créera une nouvelle Phocée, future Marseille), la Grande Grèce (Italie moderne, dans
la région de la Calabre et des Pouilles) (il faudra se rappeler de Tarente, fondée par Sparte, de Cumes,
de Messine, de Syracuse, Agrigente), la Sicile (il faudra se rappeler de Syracuse, cité créée par Corinthe
en 734), la Gaule et sont aussi intéressé par la péninsule ibérique (ils descendent jusqu’à la région de
Barcelone).
Les Phéniciens vivent sur la rive orientale de la Méditerranée (actuel Liban). Ils se lancent également
dans l’expansion méditerranéenne. Ils créent également des villes (Tyr fonde la « ville nouvelle » :
« Carthage »).
On peut diviser la Méditerranée en deux parties : occidentale, où l’on trouve nombre de villes d’origine
Phénicienne, et orientale avec des colonies grecques.

I. Aux origines des deux cités


Rome et Carthage jusqu’en -509
1. Les origines de Rome
a) Site et situation

Attention à ne jamais parler d’Italie : on parle de péninsule italienne.


Les langues, les religions, les organisations politiques sont différentes dans toute la péninsule.
On trouve comme peuples les Sabins, les Latins, les Samnites, mais aussi les Osques, les Lucaniens et
les Ligures. Le peuple qui domine la péninsule sont les Etrusques : très avancés politiquement,
économiquement, culturellement (la religion romaine est une copie de la religion étrusque, ils leur
empruntent par exemple leurs rituels).

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On fait remonter la fondation de Rome à -753. Les Romains célèbrent la fondation de Rome tous les
21 avril. On ne peut confirmer cette date par manque de source, mais la période semble pertinente grâce
aux travaux de l’archéologie (on trouve des traces d’habitations sur le Palatin, construites sur le modèle
Etrusque, on considère donc que les premiers habitants de la région étaient étrusques, ainsi que des
fondations de remparts et une grotte qui semble corroborer la légende de Romulus et Rémus qui
trouvent refuge dans une grotte et mentionne ce mur). Rome se trouve dans le Latium, une grande
plaine cultivable, sur la rive gauche du Tibre, et assez proche du littoral (assez proche pour l’utiliser et
suffisamment loin pour prévenir des attaques venant de la mer). Rome est située à la frontière de
l’Etrurie et du sud de la péninsule, ce qui en fait presque un passage obligé (un « interface »). Sa
localisation lui est avantageuse. En arrière de Rome vers le Nord, on trouve de la montagne, et donc
du bois, qui sert pour la construction des maisons, le chauffage, l’armement, la navigation. On trouve
aussi entre Rome et la mer des marais salants : le sel est une denrée importante car c’est le seul
conservateur, et Rome bénéficie du commerce du sel.

b. Le Mythe fondateur

Virgile romance le mythe fondateur dans l’Enéide, mais on a d’autres sources (qui diffèrent un peu) :
Fabius Pictor, Tite-Live ou encore le grec Denys d’Halicarnasse.
La légende est primordiale, car la vie entière des romains est religieuse : la politique, les guerres, le père
de famille est un chef religieux pour sa famille.
En inventant ce mythe, les romaines légitiment leur existence par les dieux : ce sont les dieux qui ont
voulu qu’ils existent. Cela légitime aussi de faire toutes les actions militaires.
Le mythe s’enracine dans la Guerre de Troie, au XIIe S. Enée doit fuir la ville, prise par les Achéens,
et trouve refuge dans le Latium. Il fonde la cité de Lavinium, en l’honneur de sa nouvelle épouse
Lavinia. Celle-ci est la fille du roi local Latinus.
Enée a une ascendance divine (fils de Vénus), et est le père d’Ascagne (aussi appelé Iule ou Jule), qui
fonde Albe la Longue, toujours située dans le Latium, au milieu du XIIe S.
Entre le XIIe S et le VIIIe S, 12 rois descendant tous d’Ascagne règnent à Albe (la dynastie des Albains).
Au VIIIe S, un conflit éclate entre le roi Numitor (le 13e roi) et son frère Amulius. Celui-ci contraint sa
nièce Rhéa Silvia (la fille de Numitor) à devenir Vestale pour l’empêcher de donner une descendance.
Mais celle-ci tombe enceinte de jumeaux (selon la légende avec Mars), Romulus et Rémus, nés vers
770. Amulius les fait emprisonner mais leur mère parvient à les faire échapper et les fait jeter dans le
Tibre (on retrouve l’épisode biblique de Moïse). Les deux enfants survivent et atteignent le site de la
future Rome, « à l’ombre d’un figuier et à l’entrée d’une grotte », la grotte du Lupercal. Cette grotte est
à proximité du mont Palatin. Attirés par les cris des nouveaux nés, une jeune louve va les recueillir et
les allaiter. Ils seront ensuite élevés par un couple de bergers.
Pendant ce temps, Amulius recherche les nouveau-nés. Il parvient à capturer Rémus. Son frère se porte
à son secours et tue Amulius. R&R remettent Numitor (leur grand-père) sur le trône. Ils acquièrent ainsi
une renommée dans le Latium.
R&R décident de fonder une ville, mais le lieu de fondation n’est pas sûr : Romulus penche pour le
Palatin, Rémus pour l’Aventin. Ils consultent les oracles (habitude emprunté aux étrusques,
étymologiquement « observer les oiseaux »). Mais les oracles n’aident pas à trancher : Romulus décide
donc de fonder la ville sur le Palatin.
Fonder une ville chez les Romains est un rituel religieux, qui se fait selon un plan très arrêté :
Romulus revêt une toge blanche (symbole de pureté) et trace les limites de la ville en carré avec un soc
de bronze. L’enceinte construite sur le sillon s’appelle le pomerium. A l’intérieur de l’enceinte, on ne

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peut pas inhumer les morts, porter les armes, ni aucune activité militaire (les Romains réservent ça au
champ de mars).
La pax deorum est essentielle : être en paix avec les dieux, ne pas aller à leur encontre.
Le Panthéon est l’ensemble des dieux romains. C’est une religion animiste : ils prêtent à des
éléments naturels (animaux, rochers) des vertus divines. C’est enfin une religion de la crainte : on vit
sous la peur des dieux.
Rémus enjambe le sillon sacré (le pomérium) pour provoquer son frère, et Romulus le fait assassiner en
représailles. S’en suit ensuite une guerre civile où les partisans de Romulus combattent ceux de Rémus.
Enlèvement des Sabines
Les Sabins finissent par s’allier avec les Romains, et ainsi commencent à augmenter le territoire.
Les élites dirigeantes se rassemblent dans le nouveau Sénat. On répartit les habitants en trois tribus
(probablement en fonction des zones de la ville dans lesquelles ils vivent) chacune divisée en 10 curies,
soit 30 curies.

c) Rome jusqu’en -509 : une cité étrusque

Rome est une ciuitas. C’est une communauté d’hommes libres (dans laquelle il existe des esclaves) unis
par des cultes, des rituels et un panthéon, qui vivent sur un territoire défini, avec une organisation
administrative. La cité est une espace sacré (=inauguré), basé sur le modèle de la polis grecque :
Un centre urbain (urbs) qui correspond à l’astie grecque, entouré par un espace rural (ager),
équivalent de la cora grecque (construite en damier selon le modèle étrusque : cardo et decumanus)
Rome n’est pas seule : elle fait partie de la Ligue latine. C’est un groupe d’une trentaine de cité
séparé des Etrusques, au Nord de Rome. L’Etrurie est également un ensemble de cités, d’une même
culture Etrusque : une dodécapole (une douzaine de cités), notamment Véies, Volsinies ou Tarquinia.
Les Romains appellent les Etrusques les Tusci.
Les historiens ne sont pas d’accord au sujet de l’origine des Etrusques : certains disent qu’ils viennent
d’Anatolie (à l’époques la Lydie), d’autres pensent que ce sont des autochtones, mais leur langue n’est
pas indo-européenne.
L’Etrurie est une région propice à l’agriculture, grâce à la plaine du Pô, particulièrement riche de bois,
et de mines de plomb argentifère. Ils exportent leurs excédents à travers toute la Méditerranée (en Grèce
et avec Carthage). L’apogée de la civilisation étrusque se situe aux VIIe-VIe siècles.
Les cités sont traditionnellement des monarchies.
Les romains vont emprunter aux étrusques leur panthéon (en modifiant les noms) et leur art de la guerre,
domaine dans lequel ils excellent (notamment en poliorcétique : l’art de prendre les villes).
Les étrusques sont également de grands navigateurs, et entre en contact (collaboration ou concurrence)
avec d’autres marins : Grecs et Phéniciens/Carthaginois. Il y aura d’ailleurs une alliance Etrusco-
punique contre les Grecs (ils sont très intéressés par la Corse, et notamment la ville d’Aléria).
Ils s’étendent aussi dans la péninsule italienne, et créent plusieurs colonies autour de leur territoire :
d’abord au nord (Felsina, aujourd’hui Bologne) et jusque dans le sud (Capoue, dans la Campanie). Il
leur arrive de prendre des villes, comme Pompéi. Ils ont donc une stratégie expansionniste.
Du côté de Rome, les rois se sont succédé après Romulus. Les trois derniers Rois de Rome sont
étrusques : Tarquin l’Ancien, Servius Tullius et Tarquin le Superbe, entre -616 et -509. Ils font de Rome
la cité la plus puissante du Latium. Ils construisent un forum, une enceinte de meilleure qualité,

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assainissent la ville (assèchent les marais, construisent des égouts), construisent les lieux de culte
(notamment à Jupiter, Junon et Minerve), créent le port d’Ostie.
Tarquin le Superbe est renversé (Superbe = orgueilleux), et avec lui s’achève la domination étrusque à
Rome, en -509. La république qui suit est plus dans une oligarchie : tenue par une élite de privilégiés.
Il semblerait qu’en -509 ait été signé un traité entre Rome et Carthage.

2. Naissance d’une cité punique : Carthage


a) Aux origines de Carthage : les Phéniciens

Le terme « phénicien » vient du grec phoiniké, qui vient peut-être de phoinix, qui veut dire « pourpre »,
car ils commercialisaient la teinture pourpre, obtenue en broyant des coquilles de murex. Les latins les
appellent les Punici, soit les puniques. Le punique est donc à la fois le peuple et la langue. C’est un
peuple et une langue sémitiques (proche du Moyen-Orient). Comme partout ailleurs, la « Phénicie » est
un ensemble de cités-états, dominés par la ville de Tyr (on mentionne aussi Sidon et Byblos). On trouve
des cités phéniciennes autour de -2200. Ce sont des monarchies, qui se lance rapidement dans
l’expansion commerciale en Méditerranée. En plus de grands commerçants, ce sont aussi de grands
agriculteurs.
Ils ont une flotte commerciale très importants. L’expansion commerciale daterait (selon la tradition
haute = date la plus ancienne) du XIIe S.
Les cités phéniciennes, en Afrique du Nord, sont proches de la Sicile (Grecque), qu’ils peuvent
convoiter. Le but des phéniciens est de créer des relais, des comptoirs. Il existe tout de même des
exceptions, dont Carthage. Pour faire un comptoir, on crée un embarcadère, un temple, des habitations
et un marché. On trouve des comptoirs phéniciens jusqu’aux Colonnes d’Hercule (Gibraltar) et Gadès
(Cadix), mais aussi en Sicile, en Sardaigne, en Corse et sur le littoral nord de l’Afrique (Hadrumète,
Leptis Magna et bien sûr Carthage).

b) La fondation de Carthage

Les sources que l’on a ne sont pas écrites (sauf gréco-romaines), ce qui pose un problème d’objectivité.
Sur les inscriptions épigraphiques, on trouve souvent la mention des dieux principaux de Carthage :
Tanit et Ba’al Hammôn (couple divin). L’archéologie nous aide également (les fouilles à Carthage
datent du XIXe S), ainsi que la numismatique (monnaies).
La tradition haute de la fondation de Carthage est XIIe S. Celui qui le dit est Philistos de Syracuse « 33
ans avant la chute de Troie », mais cette date n’est pas confirmée par l’archéologie. Le plus probable est
le IXe S, précisément -814 (d’après Timée de Taormine, puis Denys d’Halicarnasse, qui donne la date
de 38 ans avant les premières Olympiades, et des auteurs latins : Cicéron et Flavius donnent -813). Cette
date est plausible car attestée par l’archéologie. Le nom phénicien de Carthage est « Qart Hadasht »
(Ville nouvelle), la traduction latine est Carthago/Karthago.
Carthage a également un mythe de fondation, raconté par Justin, qui a abrégé un autre texte de Trogue
Pompée (auteur des Histoires Philippiques), et une autre version est décrite par Virgile.
A Tyr, le roi Pygmalion fait assassiner le mari de sa sœur (par avidité), sûrement appelé
Acharbas/Sicherbas/Sichée. C’est un prêtre de Melqart (Héraclès), qui possède donc les richesses du
temple. Sa femme, maintenant veuve, est Elissa (en phénicien Elishat). Elle s’enfuie en mer, convainc
à Chypre un grand prêtre de Junon (en phénicien Astarté/Ashtart) de l’accompagner avec « 80 jeunes

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vierges », prêtresses d’Astarté. Après des aventures en mer, ils débarquent sur la côte de Lybie, et Elissa
change de nom pour Didon (Timée de Taormine donne la traduction de « l’errante »). Ils sont bien
accueillis par les indigènes et négocie avec eux l’obtention d’une terre pour créer sa ville.
Ruse de la terre recouverte par une peau de bœuf et découpée en une lanière (Ruse de Didon) de 4km.
« Peau de bœuf » se dit en grec bursa, et on trouve à Carthage une colline sacrée qu’on nomme Birsa.
Les latins appellent la fides punica la ruse manipulatrice des Carthaginois : ils ont la réputation de mentir,
d’être fourbes.
En creusant les fondations de Carthage, ils auraient trouvé une tête de bœuf (symbole de force OU
symbole de servitude) et une tête de cheval (symbole de destin guerrier).
Le roi local libyen s’appelle Hiarbas se met en tête d’épouser Didon (selon Virgile, c’est Enée qui veut
épouser Didon). Elle ne veut pas, mais pour protéger les habitants qui sont menacés si elle refuse, elle
se jette dans un bûcher qu’elle avait allumé pour implorer les dieux de lui pardonner de trahir la
mémoire de son époux. Selon Virgile, lorsqu’Enée arrive sur la côte libyenne, il est accueilli par Didon,
qui tombe amoureuse de lui. Cette union est bénie par Junon et Vénus, mais Hiarbas en appelle à
Jupiter, qui exige d’Enée qu’il quitte Carthage. Didon, désespérée par le départ d’Enée, se suicide en
maudissant la « race » d’Enée (lui et tous ses descendants, soit les Romains, qui se battront avec les
habitants de Carthage fondée par Didon).

c) Développement et organisation de la Carthage Punique

Polybe, Appien et Théodore de Sicile s’opposent au sujet de la localisation de Carthage. L’archéologie


retrouve néanmoins les restes de populations autochtones Libyennes, qui se sont mêlés aux
Carthaginois qui venaient de Tyr. S’y mêlent aussi des populations chypriotes. On assiste donc à un
brassage ethnique et culturel.
Carthage est également un carrefour commercial : on y retrouve d’abord des poteries étrangères, mais
aussi des rituels funéraires particuliers : on trouve à la fois des inhumations et des crémations.
Carthage développe vite un arrière-pays rural et un réseau de villes qui lui sont attachées. Elle prend
rapidement la domination d’Utique, colonie phénicienne bien plus ancienne.
Elle est située sur une presqu’île (un isthme), donc baignée par la mer. Elle est protégée à l’arrière par
des collines, ce qui en fait un site ouvert et bien protégé.
Son influence s’étend le long du littoral, de Leptis Magna jusqu’aux colonnes d’Hercules (Tengis).
Gouvernement à Carthage :
Eratosthène est un géographe grec du IIIe S av J.C qui dit des institutions puniques qu’elles sont aussi
remarquables que les institutions romaines. Elles sont également citées chez Polybe et Aristote. Ce
dernier dit que les puniques ont développé un régime équilibré entre la monarchie, l’oligarchie et la
démocratie.
Le manque de sources nous empêche de comprendre comment la politique à Carthage a évolué.
On sait qu’au sommet de l’Etat se trouvent les Suffètes : ils n’y restent que pendant 1 an : ils sont élus
ou choisis. Les années sont datées comme « en l’année du Suffète [X] », et permettent de retracer la
datation plus précise par les archéologues. Selon Aristote, ces suffètes sont choisis en fonction de leur
mérite et de leur richesse, et ils doivent avoir des compétences militaires, juridiques, financières, et
peuvent convoque le conseil des Anciens. Dans les sources, les suffètes sont appelés « rois » (rex latin ou
basileus grec). Cornelius Nepos et Tite-Live parlent de préteurs (praetor, ils en parlent pour désigner
Hannibal lorsqu’il devient suffète). Ils sont comme les consuls.

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Le Conseil des Anciens (Gérousia grecque, qui a donné le mot géronte) est comme le Sénat Romain. Ils
font partie de l’aristocratie. Ils décident de la guerre et de la paix, nomment les généraux, recrutent les
mercenaires. Ils gèrent presque toutes les affaires de la cité, avec accord des Suffètes. Ils sont divisés en
commissions qui ont toutes un rôle précis attribué.
L’assemblée du peuple (ecclésia athénienne) prend de plus en plus d’importance : ses responsabilités sont
variées : restauration des temples, désigner des chefs de travaux, l’affranchissement des esclaves. Elle
aura même pendant les guerres la possibilité d’élire des généraux.

II. La genèse de deux puissances


Rome et Carthage jusqu’en -264
a) Carthage et la conquête de la Méditerranée occidentale

Lorsque Carthage va affronter Rome, elle exerce une influence sur une grande partie de la Mer
Méditerranée. Elle est indépendante de sa ville-mère (Tyr) et a même pris le contrôle de colonies
Phéniciennes. Selon la tradition, un navigateur carthaginois aurait effectué une navigation vers -500,
accompagné de 30 000 colons, et serait parti jusqu’aux Colonnes d’Hercule (il aurait même suivi les
côtés extérieures et serait arrivé vers la côté du Cameroun actuel). La domination de Carthage est plus
politique qu’économique : elle exporte des produits du secteur primaire : l’huile, le blé, le garum, les
ressources halieutiques (pêche) au niveau de l’Atlantique, l’argent (de Sardaigne), mais aussi des
produits artisanaux : la pourpre, la bijouterie.
Carthage étend son influence sur trois grands groupes :
1. Les îles de Méditerranée : Sardaigne, Sicile, Malte
Sur les côtes occidentale, septentrionale et au sud-ouest de la Sicile : Panormos (Palerme),
Lilybée, Motyé ou encore l’île de Pantelleria
Un territoire très étendu en Sardaigne : Calaris, Tharros, Sulcis
Malte et l’île proche de Gozo (d’abord contrôlée par les Phéniciens et dont les carthaginois se
sont emparés)
2. L’Afrique
L’espace le plus important est celui qui entoure Carthage, car l’arrière-pays est très important,
avec des sols cultivables très fertiles. Les carthaginois s’y livrent à des expérimentations agricoles, ce qui
leur vaut la fascination des romains. Carthage n’est donc pas qu’une thalassocratie mais aussi une
nation d’agriculteurs (Hadrumète)
Vers l’Est se trouve une deuxième bande africaine assez mince : c’est le Golfe de la Grande
Syrte (actuelle Lybie) : Sabratha, Oea et Leptis Magna : c’est la future province Tripolitaine (qui
donnera Tripoli.
A l’Ouest se trouve les Echelles Puniques (actuel Maroc/Algérie) : installations littorales peu
importantes. On y trouve les Maures et les Numides. Les villes importantes en territoire Maure sont
Tingis, près de l’Atlas riche en bois, et Hippone. En territoire Numide, on trouve deux peuples : à
l’Ouest les Massaesyles et à l’Est les Massyles. Carthage a noué des alliances avec eux et y trouve des
soldats pendant les guerres puniques. Mais cette paix est toujours très fragile car les peuples autochtones
accusent Carthage de faire de l’ingérence dans leurs affaires. Pendant les guerres puniques il arrivera
que Carthage se batte avec ces mercenaires (guerre des mercenaires).
3. Le domaine espagnol et les Baléares

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Ibiza joue un rôle très important (selon Diodore de Sicile, les carthaginois l’ont fondé), le Sud
extrême de l’actuelle Andalousie (la Bétique) : Gadès (Cadix), Carthagène.

b) Le premier traité romano-punique et la conquête du Latium par les Romains

Les Etrusques et les Carthaginois avaient déjà signé plusieurs traités (commerciaux, d’opposition contre
l’expansion commerciale Grecque), dont nous avons souvent perdu la trace.
En -509 (la date est très discutée) est signé le premier traité romano-punique, dont Polybe parle en détail.
Un autre traité très ressemblant sera signé en -348, et les auteurs semblent les confondre.
Carthage est déjà une puissance ancienne, affirmée, doté d’un « empire territorial » hérité des
Phéniciens. Rome ne rayonne pas encore au-delà de son espace immédiat. On a donc des relations
asymétriques entre les deux états.
On a des relations très étroites entre les Etrusques et les Carthaginois (port de Punicum en Etrurie ou
tombe étrusque à Carthage).
Dans son texte, Polybe semble chercher à montrer que les Romains étaient légitimes de lancer la guerre
contre Carthage. Ayant accès aux archives publiques, il dit avoir vu personnellement le traité, gravé sur
des tablettes de bronze, gardées dans le temple de Jupiter, dans l’aerarium (centre des archives très
lourdement gardé). Selon lui, le traité a été rédigé dans un latin très archaïque et a entreprit de le traduire
en grec. Le traité semble être au profit de Carthage :
Délimitation des zones d’influence territoriales et maritimes pour les deux parties contractantes :
Les romains ne peuvent naviguer au-delà du Beau-Promontoire (aujourd’hui le Cap-bon)
Tout échange conclu par un romain à Carthage sera fait en la présence d’un fonctionnaire :
celui-ci est garant de la fixation des prix et surveille la fixation des termes du contrat.
Dans la zone carthaginoise en Sicile, le commerce est libre.
Les carthaginois s’engagent à ne pas attaquer les villes du Latium : Ardée, Antium, Laurentum,
Circeii, Tarracina. Ce sont des villes soumises à Rome.
De plus, les Carthaginois s’engagent à ne pas attaquer de villes indépendantes dans le Latium,
et si elle le fait elle doit les remettre à Rome, mais elle peut garder le butin et les prisonniers.
Ainsi, Carthage garde son empire territorial et son domaine maritime, et Rome a les mains libres
pour conquérir le Latium.
Dans la suite du texte, Polybe commente le traité décrit plus haut :
Carthage cherche à défendre l’accès des Romains aux territoires qu’il décrit comme riches :
-Byzacide/Byzacium/Byzacène (région autour de Carthage)
-Petite Syrte (=Golfe de Gabès, proche de Djerba actuelle), où se trouvent les Emporia, des
comptoirs commerciaux (l’emporium est un comptoir commercial et est parfois utilisé pour décrire une
colonie)
➢ Polybe passe la Grande Syrte sous silence, région de la Tripolitaine
Polybe fait un véritable effort de datation du traité, en situant l’année des consuls :
A Rome, le consulat est la magistrature la plus élevée. Ils sont élus, au nombre de deux et agissent
comme deux monarques. Ils sont éponymes comme les Suffètes : ils donnent leur nom à l’année de leur
pouvoir. Ils ont un pouvoir quasi-absolu, qui rend le consul inviolable et sacré et qui lui donne le droit
de prendre hospices majeures (possibilité d’interpréter les signes des dieux). Ils possèdent l’imperium

9
militiae et l’imperium domi (militaire et civil), qui leur vient des dieux, et la potestas (accordée par le droit),
qui leur donne la possibilité de dire le droit et le faire respecter.
Ils sont précédés de 12 licteurs, chargés d’écarter la foule au passage du consul. Ils portent chacun un
faisceau, symbole de leur pouvoir qui représente un fouet et donc l’autorité. (Mussolini reprendra cette
image : « fasciste » ➔ « faisceau »)
Les romains ont emprunté tout ce système aux Etrusques.

Stratégie de conquête des Romains


Le peuple du Latium sont les Latins. Les cités qui s’y trouvent sont alliées dans la Ligue Latine, dont
Rome fait partie. Rome va progressivement prendre le contrôle du Latium jusqu’en -338. (On retiendra
la bataille du Lac Régille en -496).
Pendant tout le Ve S, après la domination Etrusque, Rome va connaître une période plus sombre (qu’on
appelle parfois le Moyen-Age Romain à très mauvais escient, ou encore la Nuit du Ve S). On trouve
autour des Latins d’autres peuples : les Samnites, les Volsques et les Eques. Ces peuples font pression
sur Rome de par leur emplacement tout autour.
Les montagnes bloquent les relations de Rome avec le Sud et la Grande Grèce.
Rome est bloquée dans ses relations avec l’Est et le Sud de la péninsule.
Il en résulte notamment des famines pendant le Ve S. A la fin du siècle, Rome reprend l’avantage et
mène une série de batailles (notamment contre les Volsques dans la plaine du Pô en -406 et sur les
Etrusques : bataille de Véies en -396, après un siège de 10 ans). Les Etrusques sont définitivement battus
par les romains en -265 avec la prise de Volsinies, centre politique de la dodécapole, et Rome conquiert
l’Etrurie.
Rome doit ensuite se défendre contre les Gaulois au début du IVe S, en -386.
Les Gaulois (Galli en latin) sont un peuple celte, qui rassemblent de très nombreuses tribus : Insubres,
Boïens, Lingons, Sénons. On pense qu’ils viennent du centre de l’Europe et ont progressivement migré
vers l’Ouest. On les trouve également de l’autre côté des Alpes, dans la plaine du Pô, où ils chassent les
Etrusques, et fondent Mediolanum (Milan). Le Nord gaulois est appelé par les romains la Gaule
Cisalpine.
La confrontation entre Rome et Brennus (le chef gaulois de l’époque) a lieu juste au Nord de Rome,
pendant la bataille de l’Allia, durant laquelle les romains, surpris par la force militaire gauloise, sont
totalement écrasés. L’histoire dit que l’armée se réfugie à Rome en oubliant de fermer les portes, et
montent dans la forteresse du Capitole.
Episode des Oies du Capitole.
D’après Plutarque, le siège du Capitole durera 6 mois.
Le traité de négociation sera dur pour les Romains (« Vae victis » de Brennus). Il en restera une haine
tenace des romains pour les gaulois. Pendant tout le IVe et le IIIe siècles, les gaulois et les romains se
battront régulièrement.

c) La progression romaine dans la péninsule italique

En -348, un deuxième traité est signé avec Carthage, dont Polybe et Diodore de Sicile nous parlent.
Entre les deux traités, les deux cités sont accaparées par leurs affaires. Carthage tente de s’emparer de
la Sicile et perd la bataille d’Himère en -480, contre le grec Gélon de Syracuse.

10
En -348, Carthage signe également un traité avec deux autres cités dans son influence commerciale :
Tyr et Utique. Le traité avec Rome se fait donc avec cette triade. Cette fois, l’aire de navigation autorisée
aux romains est très restreinte. La limite à l’Est est toujours le Cap-Bon. En occident, la limite est fixée
en péninsule ibérique : Mastia Tarseion (dans les environs de Carthagène). Au-delà de ces limites, il est
interdit aux romains de s’installer, de coloniser les terres, ainsi que de se livrer à la piraterie (assez
répondue à l’époque). L’objectif de Carthage est de protéger ses intérêts et ceux de ses alliés. Les romains
ne peuvent pas commercer sur les côtes d’Afrique et de Sardaigne, mais seulement y faire escale pour
une durée de 5 jours maximum. A Carthage et en Sicile, le négoce est autorisé pour les Romains.
Contrairement au traité de 509, on a pas de précision concernant la présence d’un héraut pour superviser
les échanges.
Les Carthaginois ont également des devoirs : s’ils conquièrent une cité du Latium, ils peuvent garder
des prisonniers et du butin mais doivent se retirer de la ville, permettant ainsi aux Romains de prendre
la ville facilement. Cependant, s’ils attaquent une cité amie de Rome, sans lui être soumise, ils ne
pourront amener les prisonniers dans les ports romains (accepter ceci de la part de Rome serait de la
traîtrise envers la cité alliée). De plus, les Carthaginois peuvent librement se livrer à la piraterie sur les
côtes du Latium.
Polybe se livre à ses propres commentaires : « on voit donc que… »
Les Carthaginois et les Romains entretiennent encore des relations de bonne amitié mais une certaine
suspicion s’installe.

Guerres Samnites (-343/-290)

Entre le IXe et le IIIe siècle, Rome est en guerre avec les Etrusques, les Latins et les Gaulois. A partir
de la 2e moitié du IVe siècle, Rome entame une « marche vers le Sud » : elle entreprend de conquérir la
partie méridionale de la péninsule italienne, et particulièrement la Campanie, région agricole très
prospère et hellénisée, et point de jonction entre l’Italie du Nord et le monde grec permettant des
possibilités de commerce. Tout ceci est joint à la pression démographique qui pèse sur Rome.
Mais entre Rome et la Campanie se trouvent les Samnites (dans le Samnium), qui convoitent aussi la
Campanie. Les Samnites sont des guerriers efficaces et vivent dans les montagnes : il faudra trois guerres
à Rome pour les dominer.
1ère Guerre Samnite : 343-341
Elle se termine par un statut quo, et permet à Rome d’installer un certain nombre de colonies
en Campanie (comme Frégelles). Rome met également la main sur Capoue, plus grande ville de
Campanie et déjà reconnue pour sa douceur de vivre.
2ème Guerre Samnite : 326-304
Rome gagne encore de l’influence et avance presque aux portes de la Campanie, dans les
environs du Vésuve. Le point central est Naples, ville grecque dont la population soutient les Samnites
et l’élite soutient Rome. C’est l’une des guerres les plus difficiles de Rome.
En 321, ils subissent une défaite cuisante (épisode des Fourches Caudines : les perdants doivent
passer au milieu d’une haie de la honte constituée de lances) où 40 000 hommes sont faits prisonniers.
Les Romains doivent abandonner tous les territoires qu’ils avaient conquis, dont leurs colonies en
Campanie.
Au milieu de cette guerre, un troisième traité est signé avec Carthage en -306. A deux ans de la
fin de la guerre, Rome est en passe de l’emporter sur les Samnites. On ne connait pas le contenu exact
du traité, et si Polybe affirme qu’il n’a pas existé (car il ne l’a pas trouvé), Tite-Live affirme le contraire.

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Servius affirme qu’il était spécifié dans ce traité que les Romains n’avaient pas accès aux littoraux
Carthaginois (Afrique, Sicile, Sardaigne) et que les Carthaginois n’avaient pas accès au littoral romain.
Philinos d’Agrigente (historien sicilien pro-carthaginois) est le plus précis au sujet de la date du traité
(on parle souvent de traité de Philinos). Il dit que ce traité avait pour but de maintenir les Carthaginois
hors des affaires d’Italie et les Romains hors de Sicile.
La deuxième guerre Samnite est remportée en -304 par les Romains : ils récupèrent tout ce qui leur a
été enlevé au moment des Fourches Caudines et avancent jusqu’en Campanie.
3ème Guerre Samnite : 298-290
Les Samnites s’allient aux Etrusques, aux Gaulois et aux Ombriens afin de desserrer l’étau
romain, mais ils sont vaincus et les Samnites deviennent soumis à Rome. Les Romains arrivent donc
en Grande Grèce

La conquête de la Grande Grèce : la Guerre contre Tarente (-282/-272)

Les Romains cherchent à briser le verrou du Golfe de Tarente pour conquérir la Grande Grèce. C’est
une région très prospère, riche et cultivée (la civilisation hellénistique est à son apogée). On y trouve des
grandes colonies grecques fondées entre le VIIIe et le Ve siècle. On y trouve, en plus de Tarente,
Crotone, Thiourioi, Locres, Héraclée. Ces cités grecques se sont réunies dans une alliance pour contrer
la double menace des romains et des carthaginois, dont le siège est à Héraclée (la cité dominante de
l’espace est Tarente de par sa position avantageuse pour le commerce, qui en fait une plaque tournante
entre la péninsule italique et l’orient grec).
Tarente est une cité très prospère et représente la vie facile, la paresse, à tel point que lors d’une guerre
ils font appel à des mercenaires grecs plutôt que se battre eux-mêmes. En -303, elle signe un traité avec
Rome, dans lequel ceux-ci s’engagent à ne pas pénétrer dans le Golfe de Tarente, signalé par le Cap
Lacinium, donc ne pas faire la guerre à Tarente.
L’alliance des cités grecques se fissurent rapidement (face aux menaces de peuples italiens, certaines
cités veulent demander la protection romaine), et Rome profite du désaccord pour s’immiscer dans leurs
affaires, et sous prétexte de protéger les cités de l’invasion, elle installe des garnisons sur place.
En 282, Rome franchit le Cap Lacinium et croise devant Tarente. Celle-ci coule les navires romains,
font prisonniers les équipages et renvoient toute tentative de négociation. La guerre oppose les Romains
aux mercenaires de Tarente, dont Pyrrhus, commandant de mercenaires, roi d’Epire dont l’armée est
reconnue comme très efficace et dont l’originalité est d’utiliser les éléphants comme armes de guerre, et
cousin d’Alexandre le Grand. Pyrrhus fait face en premier à l’armée romaine et gagne deux fois : à
Héraclée (les éléphants jouent un rôle décisif) et à Ausculum (en 279), bataille durant laquelle les pertes
sont si importantes que la victoire est amère (victoire à la Pyrrhus).
Pyrrhus propose ensuite la paix à Rome mais celle-ci refuse car les conditions sont trop dures. Suite à
ça il part pour la Sicile se battre contre les Carthaginois pendant 2 ans, de 278 à 276.
On pense qu’il existe un quatrième traité romano-punique en 279, dans lequel Rome se réserverait
l’Italie et les Carthaginois la Sicile. Pyrrhus retourne se battre contre les Romains en 276, mais Rome a
pu se réorganiser et emporte des victoires : Bénévent en 275 (lors de la cérémonie de triomphe, on verra
pour la première fois des éléphants défiler en tant que butin de guerre), Les Champs Arusiniens
(Lucanie). A ce moment Rome a conquis la plus grande partie de la Grande Grèce, et prend finalement
Tarente en 272, c’est la fin de la conquête de la Péninsule Italienne.
A travers cette conquête, les Romains ont appris l’art de la guerre terrestre et maritime, de la
poliorcétique, du combat contre les éléphants…

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III. Les guerres puniques

La première guerre punique se déroule en Sicile, à la fois théâtre des opérations et enjeu de la guerre.
Elle voit s’affronter deux impérialismes : le Romain et le Punique.
Carthage est détruite en -146.

1. La première guerre punique


-264/-241
Notre meilleure source de ces guerres est Polybe : témoin direct des événements, il a été sur les champs
de bataille, a côtoyé à la fois Scipion l’Africain et Massinissa (un chef Numide). Il a beaucoup voyagé,
connait l’Espagne et Carthage, et sait de quoi il parle. Il écrit avec rigueur et avec souci des méthodes
historiques : il veut coller au plus proche de la vérité.
Il réfléchit aux causes à court terme (Richesse de la Sicile) et aux explications plus poussées (désir
impérialiste de Rome). Il donne régulièrement son avis et agit comme un philosophe de l’histoire.
Son œuvre devient fragmentaire à partir de -216 (bataille de Cannes).
Il utilise les écrits d’autres auteurs, comme :
➢ Fabius Pictor
➢ Sosylos (précepteur d’Hannibal, rédige donc d’après le point de vue carthaginois)
➢ Silenos
Diodore de Sicile traite beaucoup de la 1ère Guerre Punique, tout comme Philinos d’Agrigente.
Tite-Live est une autre source connue, qui traite beaucoup de la 2 e Guerre Punique : il est postérieur à
la guerre et nous livre un témoignage d’après des sources indirectes. C’est un analyste romain, qui
décrit les événements jour après jour (comme Fabius Pictor, très fiable, ou L. Coelius Antipater, moins
sérieux). Son témoignage est précieux pour ses précisions historiques.

a) L’enjeu de la Sicile

La première Guerre Punique est parfois appelée la Guerre de Sicile. L’île est un enjeu d’importance de
par sa position stratégique en Mer Méditerranée. Il existe un peuple autochtone, les sicules, mais celui-
ci n’est plus le peuple majoritaire à l’époque de la guerre.
A l’époque, l’île se distingue par sa grande richesse : c’est un grenier à blé, à raisin et à olives. La
population sicilienne est également très hellénisée (les grecs y sont présents depuis le VIIIe S). L’objectif
des Romains est également d’y faire du butin.
La Sicile est partagée en trois domaines d’influence :
➢ à l’Est se trouvent les Grecs
o Syracuse, créée en -733 par les Corinthiens, domine cet espace
o S’étend au Nord jusqu’à Taormine et Tyndare
➢ Une mince bande Punique à l’extrémité occidentale

13
➢ Un ensemble de cités (anciennes colonies grecques) qui cherchent à protéger leur indépendance
des deux influences.
La puissance punique se propage d’Ouest en Est, et la puissance Grecque d’Est en Ouest
Au début de la 1GP, on pense que Carthage contrôle 50% de l’île, mais les sources se contredisent. Des
villes comme Palerme, Motyé, Lilybée, Solonte sont carthaginoises.
Pyrrhus (général grec qui s’est déjà battu contre Rome lors de la Conquête de Grande Grèce) mène des
batailles en Sicile, mais voyant que ses opérations ne sont pas concluantes il quitte la Sicile en -275.
En -264, les romains utilisent un prétexte pour déclarer la guerre aux Carthaginois :
Agathocle, un Tyran de Syracuse, avait engagé des mercenaires Campaniens pour tenter de conquérir
une partie des villes de Sicile. A la mort de celui-ci, en -290, les mercenaires (qu’on appelle Mamertins,
dérivé du dieu Mameres, ou Mars dans un dialecte Osque, soit Campanien) se retrouvent livrés à eux-
mêmes en Sicile. Ils se livrent librement au pillage et prennent Messine d’assaut. Ils pillent la ville et en
prennent le contrôle. Ils imposent alors leur autorité sur la région, soumettant les villes voisines à des
impôts et mettant la campagne à feu et à sang. De la même manière, des Campaniens ont le contrôle
de la ville de Rhegium et de ses alentours.
Syracuse se retrouve gênée par l’apparition de cet état indépendant et violent à Messine, et tente de
s’opposer aux Mamertins, car le nouvel impôt gêne Syracuse (et Hiéron II, le nouveau Tyran) dans son
commerce avec les cités voisines.
Les Mamertins appellent alors à l’aide à la fois les Carthaginois et les Romains.
Ces derniers ont vaincus les Campaniens de Rhegium et restaurés la paix en Grande Grèce. Cependant,
ils décident contre toute attente de venir en aide aux Mamertins : sous prétexte de les aider, ils installent
des garnisons en Sicile, pour « apporter leur protection ».

b) Le déclenchement de la guerre : Messine

Cette opération est la première effectuée en outre-mer par Rome, ce qui donne lieu à une hésitation et
beaucoup de discussions au sein du Sénat. Cependant de nombreux aristocrates romains sont installés
en Campanie, et ils estiment que c’est faire preuve de solidarité que de se porter au secours des
Mamertins, au départ Campaniens comme eux (la principale raison de l’intervention romaine en Sicile
reste bien sûr les richesses de l’île).
Rome va donc demander un vote du peuple pour décider de leur intervention ou non en Sicile : ce sont
les comices centuriates.
De son côté, Carthage répond également à l’appel des Mamertins, et prend Rome de vitesse en installant
un camp à Messine, occupant le détroit. Ainsi, si les Romains veulent intervenir, ils devront d’abord
déloger Carthage.
En -264, Rome traverse le détroit. Elle envoie une armée composée de 15 à 20 000 hommes, dirigée par
le consul Appius Claudius Caudex. C’est une armée conséquente qui montre la force de Rome à cette
époque : recrutés dans les cités alliées, on estime à 300 000 le nombre d’hommes en âge de se battre.
L’armée romaine est alors bien plus puissante sur terre que sur mer : elle a emprunté les techniques de
guerre étrusques (formations serrés de soldats semblables aux formations hoplitiques). Elle prendra lors
des guerres puniques les techniques navales puniques.
Carthage n’a pas la possibilité de recruter autant de soldats, mais fait souvent appel à des mercenaires
pour compenser le manque d’hommes, et son empire commercial lui permet d’en soutenir le coup. Ils
ont également une marine très efficace, et maîtrise déjà des techniques de combat naval : leurs galères
très fines et rapides pourvues d’éperons permettent d’éventrer le flanc des navires ennemis.

14
Appius Claudius Caudex traverse donc le détroit avec son armée. Il est accueilli par les Mamertins qui
ont chassé les Carthaginois (qui avaient finalement tenté de les envahir). Ceux-ci considèrent que
Messine leur appartient, le conflit avec les romains est donc inévitable.
Les Carthaginois assiègent Messine, dans laquelle s’abritent romains et Mamertins, avec l’aide de
Syracuse. En -263, des renforts romains arrivent pour chasser l’armée Carthaginoise. Ils viennent
doubler les effectifs déjà présents, et sont conduits par un consul, Valerius « Messalla » (= vainqueur de
Messine). Dans la foulée, Valerius Messalla (devenu proconsul : il a allongé la durée de son mandat
pour les besoins de la campagne) prend Syracuse, qui devient une alliée de Rome.

c) Le siège d’Agrigente

Les carthaginois sont très implantés en Sicile : ils possèdent deux places fortes où siègent en
permanence deux armées : à Lilybée et à Agrigente. Depuis ces deux places fortes, ils vont mener une
guérilla : une série de raids à la fois par la mer et la terre, à la fois en Sicile mais aussi sur la côte
italienne.
Les armées carthaginoises sont essentiellement constituées de mercenaires :
➢ Italiens (des Ligures et des Celtes de Gaule Cisalpine)
➢ Ibères
Selon les sources, Carthage aurait rassemblé 50 000 hommes à Agrigente, mais ce chiffre est
probablement trop haut.
En -262, les romains quittent Messine, traversent la Sicile et assiègent Agrigente.
Avec la conquête de l’Italie, les romains ont amélioré leur art de la poliorcétique, et mettent en place un
système de siège pointu :
➢ Un camp est construit pour chaque armées des deux consuls.
➢ Une première muraille, tournée vers la ville, est construite pour les empêcher de fuir
➢ Une deuxième muraille est, elle, élevée vers l’extérieur pour prévenir de toute attaque de
renforts puniques.
➢ On met en place un système de réapprovisionnement depuis Herbesos, à quelques kilomètres
d’Agrigente.
Du côté carthaginois, le général Hannon tente de prendre d’assaut Herbesos mais est repoussé par les
armées romaines. Le général pris au piège à Agrigente est Hannibal (à ne pas confondre avec celui de
la 2ème GP). Il profite de l’avancée de Hannon pour fuir la ville, à présent à la merci des romains.
Selon Orose, les romains font 25 000 esclaves lors de la prise de la ville. C’est également à ce moment
que Rome devient une puissance navale.

d) Naissance et exploits de la marine romaine

Polybe nous livre une histoire qui expliquerait selon lui l’apprentissage des romains au sujet de la marine
de guerre : selon lui, les romains auraient trouvé sur les côtés italiennes une quinquérème (galère à 5
rangs de rameurs) punique échouée, et s’en seraient inspirés pour créer leur propre flotte.
Il est probable que cette histoire soit un mythe, car les romains n’ont sûrement pas attendu de trouver
une épave pour construire une flotte. En effet, à cette période les romains contrôlent déjà 6 000 km de
côtes en Italie, qu’ils ne pourraient défendre (des attaques de pirate) sans une flotte conséquente.
De plus, les cités côtières prises par Rome avaient une flotte : Tarente en -272 ou encore Syracuse.

15
Sur les navires romains embarquent des fantassins (infanterie de marine), et on cherche à retrouver en
mer des techniques de combat terrestre.

Ils développent des techniques d’harponnage, comme la Tactique Corvus (corbeau) : le navire romain
accroche le navire punique à l’aide d’une poutre, afin d’attaquer l’équipage ennemi et ainsi récupérer le
navire ennemi sans trop de dommages. (Pour rappel, les Carthaginois utilisent eux des tactiques
d’éperonnage).
En -260 : les forces maritimes romaines, dirigées par Caius Duilius et puniques s’affrontent aux Iles
Lipari. Il semble que ce soit la première bataille où les romains utilisent des techniques d’harponnage.
Cependant, la première grande bataille navale est la Bataille de Myles, en -260. La flotte carthaginoise
y est bien plus nombreuse que la flotte romaine : on y compte 130 vaisseaux puniques, dont un heptère
(vaisseau à 7 rangs de rameurs, ce qui en fait un navire très imposant, lourd et pourtant rapide). 13
navires carthaginois sont coulés et 31 autres sont capturés par les romains. Caius Duilius célèbre son
triomphe à Rome : il défile en armes avec son armée, suivi par le peuple et le sénat ainsi que des
prisonniers et des objets représentants les temps forts de la bataille. La procession va jusqu’au Capitole
où l’on remercie Jupiter pour la victoire.
En l’honneur de cette victoire, on dresse une colonne où Duilius accroche les éperons (ou rostres) des
navires ennemis : c’est la colonne rostrale.
Florus (auteur du IIe S après J-C) écrit un Abrégé de l’histoire romaine, depuis Romulus jusqu’à Auguste.
Il y dit que Duilius fête sa victoire chaque jour en se faisant escorter par de la musique à chacun de ses
repas : ce serait une preuve de la superbia romaine, bien qu’on ne soit pas sûrs de la véracité de ses
propos.
Les Romains cherchent à étendre leur emprise non seulement en Sicile, mais aussi aux iles
environnantes : les Iles Lipari, mais aussi la Sardaigne et la Corse (la Sardaigne n’est alors pas sous
domination punique, mais ce sont des îles très riches car très fertiles). Contrôler ces îles leur donnerait
un avantage :
➢ Economique et commercial : contrôler ces terres permettrait à la fois d’en avoir les richesses et
de contrôler les routes commerciales qui y passent)
➢ Stratégique et militaire : ils sécuriseraient alors la péninsule italienne, et empêcheraient les
carthaginois de les prendre à revers depuis ces îles.
Grace à leur nouvelle force navale, les romains peuvent porter ces guerres jusqu’aux îles convoitées :
➢ Ils prennent d’assaut un poste Carthaginois à Aléria, en Corse
➢ Ils pillent des villes côtières en Sardaigne, sur les îles Lipari, et on pense qu’ils sont alors allés
jusqu’à Malte.
En -256, les romains et les carthaginois se battent au port d’Ecnome, dans le sud d’Agrigente. C’est
une bataille à la fois terrestre et maritime :
➢ Un contingent de la marine romaine part d’Ostie et suit la côte italienne jusqu’à Heracléa
Minoa. L’objectif de cette force est d’atteindre l’Afrique.
o En propageant le front en Afrique, les nouveaux consuls Regulus et Vulso (les consuls
puniques sont alors Hannon et un inconnu) espèrent que Carthage mettra toutes ses
forces sur son propre territoire et laissera le champ libre en Sicile.
➢ La marine romaine est stoppée par les Carthaginois au port d’Ecnome.
Polybe donne pour cette bataille des chiffres qui semblent excessifs, mais qui suffisent à impressionner.
Lors de la bataille, les Carthaginois disposent leurs navires en ligne et les romains en pointe de flèche.
La stratégie Carthaginoise est d’encercler les navires romains grâce à leur grande maniabilité. Les

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romains contre-attaquent avec l’efficacité de leur tactique Corvus. La bataille sépare vite 3 groupes qui
se battent à quelques kilomètres les uns des autres.
Au terme d’une lutte âpre et acharnée, les romains parviennent à encercler les carthaginois. Selon les
chiffres qui nous sont parvenus, les romains capturent 64 navires et en détruisent 30 autres. Grâce à
cette victoire, les romains s’ouvrent le passage pour l’Afrique.

e) La guerre en Afrique dès -255

La première terre africaine que l’on croise en descendant est le Cap Bon, dans les sources appelé le Beau
Promontoire. Les Romains y débarquent, près de la cité-forteresse de Clypéa. Les armées romaines
sont conduites par Regulus, et la bataille est racontée par Florus.
Selon celui-ci, les Romains ont capturé 20 000 esclaves et pris le contrôle de 300 forteresses aux
alentours de Clypéa. Ces chiffres sont bien entendu sûrement exagérés.
Regulus et son armée campent tout l’hiver aux alentours de Clypéa, près de l’actuelle Tunis.
Du côté carthaginois, un mercenaire spartiate est engagé : Xanthippe. Son armée comprend également
des éléphants.
Regulus demande à Carthage de libérer la Sicile et la Sardaigne, et demande à racheter les prisonniers
romains, mais le prix demandé est si élevé qu’il n’a d’autre choix que continuer le combat.
Les romains sont écrasés et Regulus est fait prisonnier, afin de devenir un otage qui pourrait servir de
monnaie d’échange.
Cette défaite, couplée à deux grosses tempêtes qui coûtent de nombreux navires aux romains, va
beaucoup peser sur les mentalités et éclipse quelque peu leur puissance dans les années qui suivent : les
romains ne reviendront pas en Afrique avant plusieurs décennies.

f) Retour des opérations en Sicile et fin de la guerre

En -254, les opérations continuent aux alentours de Palerme (en latin Panormos).
Le siège de la ville par les romains leur permet d’acquérir un butin considérable, et le territoire
Carthaginois continue de se réduire (les chiffres, sûrement encore exagérés, donnent 27 000
prisonniers).
A cette période de la guerre, il reste seulement aux Carthaginois deux villes et leur campagne : Lilybée
et Drepane, au sud du Mont Eryx (ces villes sont aujourd’hui Marsala et Trapani). En effet, de
nombreuses villes soumises à Carthage vont préférer se soumettre, car il est préférable de devenir une
ville alliée à Rome que d’être détruite : Solonte est l’une d’elles.
Les Romains trouvent devant Palerme un moyen efficace de combattre les éléphants : les harceler de
flèches pour les rendre fous.
Carthage ouvre à nouveau les négociations :
➢ Elle envoie Regulus, toujours retenu prisonnier, à Rome afin de négocier un traité de paix.
o Celui-ci a juré sur son honneur qu’il reviendrait sa mission accomplie, et venant d’une
ancienne famille, trahir sa parole reviendrait à se couvrir de honte à Rome comme à
Carthage
➢ Il est envoyé vers -261/-260
➢ Selon la légende, il aurait incité les romains à continuer la guerre
➢ Revenu à Carthage, il aurait subi les pires tortures et se serait fait crucifier.

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➢ Une légende se développe sur son histoire, faisant la fierté de sa famille.
➢ Ce récit est légendaire
o Il oppose la fides romana à la fides punica, la combat du bien contre le mal
Les Romains portent la suite de leurs efforts sur les deux dernières places fortes puniques en Sicile :
Drepane (une base navale) et Lilybée.
Avant de s’attaquer à Drepane, l’histoire raconte que le général chargé de la bataille, Pulcher, aurait
consulté les hospices. Les poulets sacrés refusant de manger fut considéré comme un signe néfaste,
indiquant qu’il ne fallait pas lancer l’assaut. Pulcher aurait lancé les poulets dans la mer, ajoutant que
« s’ils ne veulent pas manger, qu’ils boivent ». La bataille pour Drepane est un échec, et on l’accuse de
ne pas avoir écouté les dieux.
C’est à cette période que l’on voit apparaître pour la première fois Hamilcar Barca, général carthaginois
et père d’Hannibal.
➢ Il est l’auteur de raids en Sicile et sur la côté Italienne, et défie Rome sur le Mont Eryx. Ce sera
également lui qui négociera la paix avec Rome à la fin de la guerre.
➢ Après la 1GP, il conquerra le sud et l’est de la péninsule hispanique, pour remplacer la perte
de la Sicile. Accompagné de son jeune fils Hannibal, il connaîtra plusieurs succès en Espagne
o On pense parfois qu’il a tenté de fonder un empire indépendant de Carthage, appelé
l’Empire Barcide, mais l’existence d’un tel projet est sujet au débat.
➢ Il mourra en Espagne, noyé lors d’un siège en -228, é.
Les romains essuient des échecs lors de leurs tentatives de prendre Lilybée et Drepane. Hamilcar tiendra
le Mont Eryx pendant deux ans, harcelant les troupes romaines grâce une stratégie de guérillas et
menant des raids jusqu’à Palerme et la côte italienne.
Les romains peinent à supporter l’effort de guerre, très coûteux, et les familles aristocratiques sont
mises à contribution (un peu forcées). On leur promet de rembourser les avances grâce au butin qui sera
obtenu.
La dernière bataille de la 1GP se déroule en -241, c’est la bataille des îles Aegates.
➢ Le général Hannon avait pour mission de ravitailler le Mont Eryx en nourriture et en hommes,
tout en évitant les forces romaines qui entourent le Mont.
➢ Les navires alourdis et maniés par des mercenaires maladroits sont repérés par les Romains,
qui les interceptent
➢ La flotte romaine qui s’en charge est dirigée par le consul Catulus, et constituée de navires très
légers.
➢ Selon Polybe, les romains capturent ou coulent 120 galères, et font 10 000 prisonniers
➢ Sans ravitaillement possible, Rome est maître de la Sicile
➢ Hannon est crucifié par les Carthaginois en guise de punition
En -241, la guerre est perdue et les négociations sont ouvertes.
Le Traité de -241 est le premier traité romano-punique à ne pas être un traité d’alliance mais un traité
de réconciliation.
A Carthage, deux camps s’opposent :
➢ Le premier, celui de la famille d’Hamilcar Barca, veut continuer la guerre, notamment par ce
que signer une trêve revient à abandonner les troupes carthaginoises encore retenues sur le
Mont Eryx.
➢ Le second penche pour une paix qui permettrait à Carthage de se concentrer sur son domaine
africain et de se remettre économiquement sur pied : en effet Carthage n’est alors pas capable
de payer le solde des mercenaires. De plus, certaines populations en Afrique refusent la
domination carthaginoise : les Numides et les Maures.

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Le parti demandant la paix finit par l’emporter, et Hamilcar Barca est chargé de négocier la paix, contre
son avis car obtenir la paix reviendra à abandonner les troupes.
Les conditions imposées sont les mêmes que celles proposées par Rome en -255, mais Carthage n’a plus
les moyens de refuser.
Polybe parle de ce traité, et décrit Hamilcar Barca comme ayant les vertus d’un grand chef. Il dit que le
carthaginois possède le Kaïros, en grec le « moment opportun », vertu très importante dans la culture
grecque.
Polybe ici ne se fait pas seulement témoin mais aussi philosophe de l’histoire : il ne se contente pas de
décrire, il apporte également son jugement personnel, et on peut ainsi lui reconnaitre une certaine
objectivité.
Du côté romain, le négociateur choisi est le consul Lutatius.
Les romains victorieux sont soulagés de voir la paix revenir car ils sont également épuisés par la guerre.
Les conditions proposées sont donc :
➢ Abandonner la Sicile entière
➢ Ne jamais effectuer d’actions hostiles à Rome et ses alliés ainsi que Syracuse (où règnent le
tyran Hiéron) et ses alliés
➢ Restituer à Rome tous ses prisonniers
➢ Payer 2200 talents en 20 annuités, soit une somme considérable.
Mais ces conditions sont jugées trop douces à Rome, et elles sont durcies :
➢ On augmente à 3200 talents (environ 83 tonnes d’argent) le montant à payer et on baisse à 10
annuités le temps imparti
➢ Il faut également abandonner les îles entre la Sicile et l’Italie : les îles Lipari et les îles Aegates
Avec la Sicile, Carthage perd une importante source de blé et de mercenaires, et se voit donc encore
plus appauvrie. Ils le lancent donc à la conquête de la côte hispanique, pour compenser les pertes.
Rome devient alors LA puissance méditerranéenne.
Une partie de la Sicile est annexée, et un prêteur dirige la nouvelle province de Sicile.

2. L’entre-deux guerres
a) La guerre des mercenaires, -241/-238

Cette guerre se retrouve également sous le nom de Guerre d’Afrique ou de Guerre Inexpiable.
Ces mercenaires ont tous combattus en Sicile. On y trouve de nombreux peuples :
➢ Campaniens
➢ Ligures
➢ Grecs
➢ Ibères
➢ Celtes de Gaule Cisalpine
➢ Une grande majorité d’Africains : les Libyens
Après la guerre et les indemnités de guerre, Carthage n’a plus les moyens de les payer. Afin de les
calmer, elle les installe au pied des murailles, mais les mercenaires durcissent leurs revendications :
➢ Ils veulent également être remboursé pour les chevaux tués
➢ Et pour le blé consommé

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Les plus virulents sont les Libyens : ils vivent dans la région de Carthage, sous sa domination, et ont dû
payer cher l’effort de guerre :
➢ Ils payent des impôts : au plus fort de la guerre les paysans libyens devaient verser la moitié de
leurs récoltes à Carthage, et les villes libyennes souffraient d’impôts spéciaux
➢ Les libyens étaient enrôlés, parfois de force
Ils revendiquent une indépendance par rapport à Carthage.
Le leader des libyens est Mathô : il rassemble également des paysans libyens. Selon les sources, il aurait
rassemblé 70 000 hommes.
Il fait frapper une nouvelle monnaie, à l’effigie d’Héraclès et de lions. C’est le signe d’une volonté
séparationiste.
Mathô est rejoint par le chef des mercenaires : Spendios. D’autres mercenaires se soulèvent également
en Sardaigne, même si le mouvement est moindre.
La révolte se répand rapidement à tous les territoires africains sous l’emprise de la domination
Carthaginoise : les populations locales appuient les mercenaires, et des villes comme Utique et Bizerte,
ancrages de Carthage en Afrique, sont menacées.
Carthage envoie d’abord Hannon le Rab pour négocier, mais suite à son échec, elle décident d’envoyer
Hamilcar Barca contre les mercenaires, secondé par un Hannibal (qui n’est pas son fils).
Carthage parvient même à obtenir l’aide de Rome, car celle-ci a peur que la révolte gagne la Sicile.
Rome autorise donc Carthage à s’approvisionner sur son territoire, tout comme Syracuse.
Les rebelles mettent à mort un émissaire carthaginois qui avait, semble-t-il, été envoyé pour discuter de
Lilybée.
Les mercenaires faits prisonniers par les Carthaginois sont mis à mort écrasés par les éléphants. On est
ici dans une dynamique de jusque-au-boutisme. Spendios est fait prisonnier et est crucifié. Hannibal
est également fait prisonnier par les mercenaires et subit le même sort.
En -237, les libyens sont vaincus, Mathô est capturé et est supplicié.
En Sardaigne, Hannon est envoyé avec un contingent de mercenaires pour faire taire la révolte, mais
ceux-ci se retournent contre Carthage, Hannon est également crucifié.
Les mercenaires de Sardaigne demandent l’aide de Rome la même année : celle-ci voit l’occasion
parfaite d’intervenir en Sardaigne et d’espérer la prendre.
Carthage objecte que le traité signé avec Rome en -241 ne comprenait pas la Sardaigne. Mais Rome
répond en disant que le traité n’est pas officiel, celui-ci n’ayant jamais été ratifié par le Sénat. Malgré
les objections puniques, les Romains interviennent, et les Carthaginois perdent la guerre des mercenaires
en Sardaigne.
En -235, les Romains font ajouter au traité de -241 un additif en augmentant la somme à payer de 1200
talents et en annexant les îles entre l’Italie et la Sicile, dont la Sardaigne et la Corse, même si celle-ci
est difficilement justifiable d’un point de vue géographique. Les Carthaginois perdent ainsi d’autres
comptoirs.
Rome domine désormais la Mer Tyrrhénienne.
Les deux îles deviennent également des provinces romaines, dirigées par des préteurs.
Syracuse reste relativement libre mais alliée de Rome, tout comme Palerme.
Carthage n’a plus beaucoup de territoires : il lui reste la côte Hispanique et son territoire en Afrique
sauvé par Hamilcar Barca.

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Celui-ci est nommé stratège général de toute la Libye, mais son autorité s’étend aussi en Espagne. Il
est très soutenu par le peuple mais ne fait pas l’unanimité au Sénat.

b) l’Espagne Barcide

Très déçu de sa défaite en Sicile et de l’abandon des troupes, Hamilcar, qui fait partie d’une puissante
famille, les Barcides, part en -237 pour l’Espagne. Il est extrêmement populaire et apparaît comme celui
qui pourrait laver l’honneur des Carthaginois, et il est considéré comme celui qui a vaincu Spendios
et Mathô.
Selon Tite-Live, Hamilcar aurait fait prêter serment à son fils de vouer une haine éternelle à Rome sur
l’autel de Ba’al Hammôn : c’est le Serment d’Hannibal, et le texte retranscrit par Tite-Live semble bien
avoir été traduit du punique (on trouve aussi des allusions à ce serment chez Polybe et Cornélius Nepos).
Hamilcar est présenté comme un personnage aux nombreuses qualités :
➢ très grand stratège militaire
➢ voue une haine profonde à Rome
➢ très religieux
➢ très cultivé : il parle Grec
Il fait partie des Aristoi et des oligarques, et est largement capable de lever une armée, car c’est un
homme qui est très appuyé sur le peuple.
Il est très actif dans le Sud de l’Espagne (dans lequel les phéniciens étaient déjà présents avant la
fondation de Carthage) : c’est une terre très convoitée car fertile (on retrouve jusque dans la Bible le
nom de Tartessos comme un endroit d’une grande richesse).
On y trouve des mines d’argent et de cuivre, ainsi que des mercenaires et des chevaux dont Carthage va
tirer parti.
Hannibal va soumettre toute l’Espagne du Sud (l’Andalousie = la Bétie/Bétique dans l’Antiquité) ; il
soumet les tribus Ibères (comme les Celtibères) qui rejoignent en partie les armées puniques, et met la
main sur les mines de Bétie, qu’on dit les plus importantes du monde antique. Ainsi, il remet Carthage
sur pied financièrement.
Le domaine punique s’étend de Gades (ville phénicienne, dans laquelle on trouve un temple de Melqart,
Hercule en grec : Hercule est très important en Espagne, où il effectue son 10 e exploit en vainquant
Gérion) à Carthagène (fondée par Carthage, tout comme Alicante, dans la bande de Bétique). Ils sont
également installés à Ibiza, l’une des îles des Baléares. Face à l’Espagne on trouve les Echelles Puniques
(habitées par les Maures) : prendre la côte espagnole est également un moyen de sécuriser ces
possessions.
Le domaine carthaginois en Espagne est une éparchie (une circonscription territoriale).
La question est de savoir si Hamilcar a fondé un nouvel état punique, l’Etat Barcide. Les sources
romaines les plus hostiles décrivent Hamilcar comme un tyran hellénistique, à la manière d’Agathocle,
qui se serait séparé entièrement de Carthage, et aurait même organisé un culte de la personnalité (c’est
ce que dit Fabius Pictor).Aujourd’hui, on réfute cette version, et on penche pour une loyauté maintenue
envers Carthage : toutes ses victoires en Espagne (comme celles de ses successeurs) étaient faites au
nom de Carthage, qui recevait une partie du butin. Il est également très fidèle aux dieux de Carthage.
Si le Sénat carthaginois était en faveur des Barcides, on trouve une famille rivale : celle d’Hannon le
Grand (elle faisait par exemple partie du clan de la paix à la fin de la 1GP). Cette famille est très
aristocratique, ancienne, qui s’oppose aux Barcides portés par le peuple.

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La conquête de l’Espagne par Carthage inquiète également les Grecs (de Marseille) car ils y ont
également installé des comptoirs. Ceux-ci demandent donc à Rome d’intervenir. On envoie donc une
ambassade romaine négocier au nom des Grecs en -231. Hamilcar les reçoit avec humour en disant que
ses conquêtes en Espagne ne sont faites que par ce que Rome demande à Carthage de payer un très
lourd tribut, et que cette conquête est donc voulue par Rome.
Hamilcar débarque à Gades, et fonde au nord Akra Leuké (sous Rome on la trouve sous le nom de
Lucentum), dont le site est inconnu, mais sûrement dans les environs d’Alicante.
Il se noie au retour d’une expédition contre les Celtibères en -228. Il laisse deux enfants qui ne sont pas
en âge de lui succéder : Hannibal (il a 18 ans, et fait office de lieutenant-général) et Hasdrubal le Jeune.
L’armée choisit donc le gendre d’Hamilcar : Hasdrubal le Beau (il n’apparaît pas toujours sous ce nom).
Celui-ci préfère la diplomatie à la guerre : il va passer des traités avec des chefs de tribus Ibères et une
fois veuf il va prendre pour épouse une fille de chef local.
Il fonde la ville de Carthagène (« nouvelle Carthage », autre signe de leur fidélité) en -227. Cette ville
inquiète beaucoup les Romains : depuis Carthagène, les carthaginois peuvent lancer des raids jusqu’en
Sicile ou en Sardaigne.
Les Romains passent un traité préventif en -226 avec Carthage, qui vise à déterminer des zones
d’influence :
➢ La zone d’influence de Carthage s’arrête au fleuve Ebre (aussi appelé Iberia).
Au-delà de l’Ebre, on entre dans le domaine d’influence grec et gaulois. Or Rome est en guerre avec les
Gaulois de Cisalpine, et a peur que Carthage, en s’aventurant côté français, montent les Gaulois de
Transalpine contre eux.
Les Romains laissent tout de même une grande marge d’expansion, car Carthage est alors très loin au
Sud de l’Ebre (ils sont au niveau du Guadalquivir). En -221, Hasdrubal meurt (assassiné par un esclave
Celtibère). Son successeur est Hannibal Barca, alors âgé de 25 ans. Sa succession est appuyée par le
Sénat et le peuple de Carthage ainsi que l’armée sur place.
Personnalité d’Hannibal :
➢ Il n’est pas aimé par les sources gréco-latines : présenté comme un général animé par son désir
de gloire et pas la grandeur de sa cité
o Présenté par Polybe comme un homme cruel, cupide, impie, rusé (fides punica), même
s’il lui admet quand un grand talent militaire
o Tite-Live fait un portrait croisé d’Hannibal et de Scipion
➢ « Hannibal » voudrait dire favori de Dieu
➢ Né en -247 et mort autour de -183/181 suicidé
➢ Il est de culture grecque (son précepteur était Sosylos et a sûrement servi de source à Polybe)
et accompagné d’un historien : Silenos (qui aurait écrit Les Exploits d’Hannibal, aujourd’hui
disparu mais ayant servi de source à Polybe)
➢ Il s’inspire des grands généraux : Alexandre le Grand et Pyrrhus (qui fait découvrir aux
Romains le combat contre les éléphants), ainsi qu’Hamilcar et Hasdrubal
➢ Sa tactique militaire est basée sur une armée très mobile, qui permet des attaques éclairs
En face, l’armée Romaine est très disciplinée et organisée, basée sur une infanterie lourde mais moins
mobile.
➢ Comme son père, Hannibal va soumettre un certain nombre de tribus indigènes Ibériques
o Carthage continue donc de s’étendre dans la péninsule Ibérique
L’idée d’Hannibal est de sécuriser l’éparchie Barcide en Espagne, pour en faire une base
d’approvisionnement et de conquête. Une fois l’Espagne sécurisée, son but est de se diriger vers le Nord
de l’Italie, en entraînant avec lui des tribus Gaulois (des Gaules Transalpine et Cisalpine). Son objectif

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n’est pas de prendre Rome, ni de se venger uniquement de la 1GP. Il veut affaiblir Rome pour
permettre à Carthage de récupérer ses domaines méditerranéens.
Avant de quitter l’Espagne, il fait venir autour de 15 000 mercenaires libyens, tout en envoyant 15 000
mercenaires Ibères (très remuants et qui s’insurgent à la première occasion) dans l’armée de Carthage,
en Afrique. Ainsi, il augmente son armée tout en vidant de la péninsule des éléments dangereux.
Il entame ensuite des négociations avec les Gaulois de Transalpine et de Cisalpine, ce qui effraye les
Rome.
En -218, Hannibal prend la ville de Sagonte. Celle-ci est située au sud de l’Ebre, mais les romains vont
prétexter une alliance avec Sagonte pour réagir et déclarer la guerre à Hannibal.

3. La 2ème Guerre Punique ou Guerre d’Hannibal


-218/-202
a) Les origines

Hannibal a rassemblé 50 000 fantassins, 6 000 cavaliers et 200 éléphants. Selon les historiens
(proromains), Hannibal est responsable de la guerre, car Rome était alliée de Sagonte. C’est sûrement
une réécriture de l’histoire de la part des historiens (on voit d’ailleurs des incohérences dans les textes
de Polybe à propos de la localisation de Sagonte, qu’il situe au Sud ou au Nord de l’Ebre).
Cette prise de Sagonte signifie que Carthage arrivera bientôt en Gaule, et proche de Marseille (chez les
Grecs, on a donc une coalition gréco-romaine).
Le siège de Sagonte dure 8 mois.
Selon Polybe, les forces en présence au moment de la guerre alignent :
➢ 500 000 fantassins romains (ce chiffre est à prendre avoir précaution)
➢ 50 000 cavaliers (selon Polybe du jamais-vu)
➢ 220 quinquérèmes (Rome maîtrise les mers)
Rome excelle également dans l’art de la poliorcétique (on l’a vu au siège d’Agrigente), et elle est capable
de s’adapter à son adversaire, comme pour les combats sur mer ou contre les éléphants. L’absence de
mercenaires dans l’armée romaine permet un « sentiment patriotique » chez les soldats.
Au Sénat, deux partis s’affrontent au sujet de la guerre :
➢ le clan conservateur est contre la conquête hors de l’Italie. Elle est dirigée par la famille des
Fabii
➢ le camp opposé est favorable à l’extension de Rome, à la constitution d’un empire. Il est formé
de familles tel que les Claudii ou les Scipioni
Ces deux clans sont d’accord pour déclarer la guerre à Carthage, qui menace l’Italie.
On n’a pas de source complète à propos de l’armée Carthaginoise, mais selon Polybe
➢ Après la 1GP, Carthage change complètement de tactique (c’est une révolution militaire) et
mise toutes ses forces sur l’armée terrestre, et une armée mobile et rapide
o La mobilité doit compenser le manque d’effectifs
➢ Son armée est composée de Celtibères, de Libyens, de Baléares (venant d’Ibiza) et de Numides
(plus d’autres peuples comme les Ligures)
➢ La marine punique est très réduite : on pense qu’il reste autour de 100/150 quinquérèmes, qui
sont gardées pour défendre Carthage
Après la prise de Sagonte, Hannibal effectue une marche forcée vers l’Italie :

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b) La marche forcée d’Hannibal vers l’Italie

Hannibal parcourt 1500 km en 5 mois, et on dit qu’il serait passé par la via Heracléa (cela participe
sûrement à son image, car Héraclès est très apprécié par Carthage).
Ce faisant, il franchit l’Ebre, et se retrouve enfin en infraction au traité de 226. Sur son chemin, il va
écraser plusieurs tribus Ibères qui lui résistent.
En partant, Hannibal laisse deux généraux pour garder l’Espagne : Hasdrubal le Jeune (son frère), puis
en remontant vers le Nord une deuxième armée dirigée par Hannon.
Il arrive rapidement aux Pyrénées, puis au pied du Rhône. Il continue à écraser des tribus, Gauloises
cette fois.
Les Romains ne réagissent pas à cette avancée. Ils sont pris de vitesse, et sont actuellement aux prises
avec des Gaulois de Cisalpine : les Boïens et les Insubres. Rome cherche alors à conquérir l’ensemble
de la péninsule, et a fondé des colonies en territoire Gaulois, comme la ville de Plaisance, ou celle de
Crémone.
Ils finissent par envoyer une armée dirigée par le consul Cornélius Scipion (le père de Scipion
l’Africain). Celui-ci est pris de vitesse par Hannibal, et fait demi-tour vers l’Italie, tout en laissant sur
place une armée dirigée par son frère, chargée de combattre les Carthaginois en Espagne.
A l’automne 218, Hannibal a fait traverser son armée. Il a dans son armée des mercenaires, dont des
mercenaires gaulois, particulièrement agités, qu’il sacrifiera en premier.
La traversée est difficile à cause des tribus hostiles qui les harcèlent, ainsi que les conditions climatiques
et les difficultés à faire passer les éléphants. On estime qu’un tiers de l’armée est perdu pendant la
traversée.
Pour ce qui concerne l’Espagne, une partie de l’armée Romaine vient camper au nord de Sagonte¸ et
conquiert rapidement tout le nord de l’Ebre. Hannibal est donc coupé de la Bétique.
Au cours des mois qui suivent, Hannibal enregistre 4 victoires mémorables, appelées les 4 glorieuses
d’Hannibal.

c) Les quatre glorieuses d’Hannibal

La première victoire remportée est la bataille du Tessin. Elle oppose Hannibal à Scipion et son fils
(Scipion l’Africain). La défaite est due à la précipitation des romains, désorganisés par la vitesse
d’Hannibal. De plus, la région (la Trébie) connait une brusque montée des eaux. C’est une victoire
punique éclatante, qui permet à Hannibal de rallier des tribus gauloises cisalpine (ce n’est toujours
qu’une demi-réussite car la plupart reste soumise à Rome).
La deuxième victoire est la bataille de la Trébie, à l’ouest de Plaisance, à l’affluent du Pô. C’est encore
une fois Scipion, cette fois accompagné de Sempronius, qui affronte Carthage, pendant l’hiver 218. Les
Romains sont encore pris de court. On estime après cette bataille qu’Hannibal devient maître de la
Gaule Cisalpine. En descendant la péninsule, Hannibal cherche à enrôler les habitants, en promettant
la liberté.
Hannibal passe ensuite l’hiver à Bologne où, selon les sources, tous les éléphants meurent. Il semble
aussi qu’Hannibal ait perdu un œil suite à une infection mal soignée.

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Entre temps les consuls ont été réélus, et le nouveau consul Flaminius prend la suite des combats. Il est
réputé impie, et on (Tite-Live et Silius Italicus) lui reproche d’être un plébéien (dans le sens où il les
soutient), et donc plutôt impopulaire. On lui reproche par exemple de ne pas avoir écouté les signes,
notamment avant le Lac Trasimène : foudre, chute de météorite (on dit alors qu’il pleut des pierres),
enfant de 6 mois qui aurait parlé comme un adulte, ou encore loup qui aurait arraché l’épée d’une
sentinelle.
Hannibal affronte ensuite Rome au Lac Trasimène, après avoir traversé les Apennins. Il a disposé ses
troupes sur des hauteurs, en quatre groupes. Les Gaulois, disposés d’Ouest en Est, sont les plus exposés
et seront ceux dont les effectifs auront le plus souffert lors de la bataille. Les autres mercenaires sont des
Baléares, des Ibères ou encore des Africains (Numides, Libyens, Maures). Ils fondent ensuite sur les
romains, disposés en ordre de marche, en pleine nuit. La résistance est assez faible et partent vite en
déroute. Rome aurait perdu 15 000 hommes et le consul, mais on est pas sûrs de l’avoir retrouvé car il
manque sa tête. Carthage perd environ 1500 hommes, principalement des Gaulois. Hannibal épargne
les prisonniers Italiens, en espérant les rallier à sa cause.
Il fait progresser son armée vers Pérouse, à mi-chemin entre le Lac Trasimène et Rome, en Ombrie.
Suite à la bataille, on assiste à de profonds changements dans les armées des deux côtés :
Pour Rome, on alonge la durée de la conscription (service militaire), et on agrandit encore l’armée de
métier, plus efficace que les conscrits : on abaisse le cens (nécessaire pour s’enrôler), on affranchit des
esclaves pour les enrôler, on crée des légions, et on allonge la durée des consulats, créant beaucoup de
proconsuls. On recrée une nouvelle flotte, dans un nouveau port qui deviendra leur port principal, le
port de Pouzzoles (juste au Sud de Capoue et au Nord-Ouest de Naples). On nomme ensuite un
dictateur : un magistrat exceptionnel utilisé en temps de crise et pour un temps limité (en général pour
6 mois), secondé par le maître de cavalerie (ou magister equitum). Le dictateur est nommé sous
proposition du Sénat par les comices. Le dictateur nommé est Quintus Fabius Maximus Verrucosus,
dit « Punctator » (celui qui attend). Sa stratégie est de laisser l’armée punique s’épuiser loin de ses
bases continentales, sachant très bien qu’Hannibal est supérieur en tactique dans les batailles en rase
campagne.
Hannibal déferle vers le Samnium, qu’il pille, puis continue de descendre en Apulie puis en Campanie.
La superstition explose à Rome. Les dieux principaux à Rome sont Jupiter, Junon et Minerve (on
parle de divinités poliades, protectrices de la cité) : les divinités capitolines. Des jeux sont donnés en
leur honneur, ainsi que des sacrifices : 100 bœufs à Jupiter (suivant le rite grec de l’hécatombe), des
promesses à Mars en cas de victoire, ou encore à Saturne et Apollon.
Hannibal équipe son armée « à la romaine » : on ramasse les armes des morts pour en équiper les
soldats : ils se battent à l’épée, et on divise l’armée en petites unités mobiles.
Pendant ce temps les Romains ont continué d’engranger les victoires en Espagne, et ils sont presque
maître de la péninsule, à l’exception notable de Sagonte et Carthagène. Hasdrubal est repoussé vers
l’Ouest, en Lusitanie (actuel Portugal).
Hannibal emporte encore d’autres petites batailles en Italie, et après le mandat de Fabius, on renomme
d’autres consuls en 216 : Paul-Emile (Polus) et Varon. Le premier veut temporiser, Varon veut
continuer la guerre.
Le 2 août 216, les armées se rencontrent à Cannes. Rome est handicapée par les deux consuls qui ne
sont pas d’accord et la prise par Hannibal des stockages de blé romains (en Apulie). Hannibal encercle
les romains, qui perdent environ 45 000 hommes sur les 80 000 combattants (une armée considérable),
dont 80 sénateurs. Hannibal rallie une partie des anciens alliés de Rome, comme Capoue ou Tarente.
Il passe également un traité avec Philippe V de Macédoine. On pense qu’Hannibal n’a pas essayé de
prendre Rome malgré sa supériorité à cause des défenses de Rome, la muraille servienne, ou qu’il a
essayé d’asphyxier Rome en l’encerclant.

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d) Un nouvel état barcide en Italie

Hannibal fonde un nouvel état dans le sud de l’Italie avec ses nouveaux alliés (beaucoup de cités ne le
suivent pas : Naples, le littoral n’est pas tenu par les Carthaginois) sur le modèle espagnol. Tite-Live et
Diodore de Sicile, qui est ici très anti-carthaginois. Cet Etat Barcide se constitue à partir de -215.
Le traité gréco-punique avec Philippe V de Macédoine est un pacte de défense.
Rome se retrouve privée de ses alliés : Syracuse est dirigée par un dirigeant qu’il s’éloigne de Rome
(Hiéron étant mort). Cependant, dans cette guerre d’usure, Rome a l’avantage : elle peut aisément
reconstituer ses troupes, elle se trouve sur son territoire et l’essentiel des villes italiennes lui sont encore
fidèles. Le temps joue contre Hannibal.

e) Rome reprend l’avantage

Rome reprend les cités qui s’en sont éloignés : Capoue, Tarente, Syracuse, Agrigente. Hannibal se
retrouve vite pris en tenaille dans le sud de l’Italie. Il ne peut plus compter sur aucun secours. Son frère
Hasdrubal quitte la Lusitanie pour lui porter secours, mais essuie une défaite cuisante à Métaure (Nord
de l’Italie) en -207.
Lors de cette conquête, Rome voit se distinguer un homme : Marcelus, notamment dans la prise de
Syracuse (où vit actuellement Archimède).
En 207/206, Hannibal a perdu la quasi-totalité de la péninsule, il ne lui reste que le Bruttium, dans
l’extrémité de la botte.
En Espagne, les Romains prennent Carthagène, avec un butin considérable. Ils fondent 2 provinces en
-197 : l’Espagne Citérieure (des Pyrénées à Carthagène) et l’Espagne Ultérieure (de Carthagène
jusqu’aux colonnes d’Hercule).
A partir de cette époque, Rome connaît une phase de succès, et un homme se distingue : Publius
Cornelius Scipio (le futur Scipion l’Africain).
Né en -236, il appartient à une famille patricienne très ancienne (s’enracine dans les débuts de la
république romaine) propriétaire de grands domaines. Il assisté à la bataille de Tessin, de la Trébie et
de Cannes. Il a une grande carrière politique, et a franchi certains stades du cursus honorum avant l’âge
requis : il obtient le commandement de l’armée d’Espagne a seulement 24 ans.
Selon les sources, on lui retrouve des qualités archétypiques : virtus, clementia (clémence), iustitia
(justice, il respecte le droit) et pieta (grande foi, il use beaucoup des sacrifices et hospices : il place sa
famille en descendance de Jupiter). Il est maître de ses pulsions, très dévoué à venger l’honneur de sa
famille (notamment son père et son oncle). PORTRAIT DE SCIPION A COMPLETER.
Il se fait remarquer par plusieurs succès (mais connaît aussi des échecs). Le plan de Scipion est d’amener
la guerre en Afrique, afin de forcer Carthage à rappeler Hannibal, le faisant quitter l’Italie.
Une fois élu consul et avant de partir en Afrique, il demande au roi Attale de Pergame de lui donner la
pierre noire de Cybèle : divinité orientale symbolisée par une pierre noire. Il fait venir la pierre en
grande pompe à Rome. Avec l’extension de son territoire, Rome devient très perméable aux influences
extérieures.
Concernant la religion à Rome, il s’agit d’une religion élitiste : elle semble réservée à une élite et des
« élus » : pontifes et augures dirigent la manière de vivre la religion, et seuls certains peuvent lire les

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hospices. Dans le peuple, les religions orientales prennent donc de l’importance, car plus simples à
comprendre et plus imagées. On voit donc se former un syncrétisme religieux.

La guerre se déplace donc en Afrique, en Numidie. La civilisation Numide, autochtone, est très
ancienne et brillante. La population est divisée entre nomades et agriculteurs. Les influences puniques
et grecques sont perceptibles. Les deux peuples Numides sont les Massyles et les Massaesyles.
Le roi des Massyles, Gaia, meurt en -205. C’était un roi pro-carthaginois. Il est remplacé par Massinissa
(né vers -238), ayant combattu contre les Romains en Espagne, et les sources lui reconnaissent toutes
les qualités d’un bon général
Le roi des Massaesyles est alors Syphax. A la mort de Gaia, il prend le contrôle du territoire Massyle
et se retrouve à la tête d’une grande Numidie.
Carthage et Rome ne peuvent ignorer ce large territoire : les premiers car il s’agit d’un territoire voisin
et il serait bon de rester en bons termes avec eux, et les seconds car ils feraient de précieux alliés contre
Carthage.

Syphax prend finalement le parti de Carthage. Cette alliance est concrétisée par un mariage (« alliance
matrimoniale ») : Hasdrubal dit « fils de Giscon » (descendant d’une grande famille) offre en mariage
sa fille Sophonisbe à Syphax. Cette fille est également convoitée par Massinissa, qui va rejoindre le
camp romain.

Avec l’arrivée des romains en Numidie, Hannibal revient comme prévu en Afrique (il n’a de toute façon
plus les moyens de renverser la situation) en -203. La grande bataille opposant les deux alliances est la
bataille des grandes plaines (près d’Utique, en plein territoire punique). La victoire est aux romains, et
Massinissa épouse Sophonisbe. Cependant Scipion craint l’influence de la carthaginoise sur son allié,
et pose un ultimatum : elle ou Rome, et conflit ouvert s’il la garde. L’histoire raconte que Massinissa
offre à son épouse la coupe de poison qu’elle accepte de boire de bonne grâce. Syphax est écarté et
Massinissa devient roi. Du côté Massaesyle, le nouveau roi est Vermina.

Rome combat et gagne plusieurs fois, et termine à camper devant Tunis. Les deux camps continuent
d’hésiter entre continuer la guerre ou l’arrêter, mais dans les deux camps la guerre l’emporte. Les débats
sont houleux, et à Rome on commence déjà à voir des partisans de la destruction de Carthage. Dans la
cité punique, toutes les familles n’appuient pas les Barcides, et c’est également le cas de Scipion, qui
suscite également les jalousies d’autres gentes. Mais les deux sont soutenus à la fois par le peuple et
l’armée.

Scipion veut continuer la guerre en Numidie, contre les Massaesyles, pour le compte de Massinissa,
afin d’augmenter la pression sur Carthage. Celle-ci défend Vermina, mais surtout pour garder une
zone-tampon entre elle et les alliés de Rome. La bataille, inévitable, a lieu le 29 octobre -202 : c’est la
bataille de Zama, probablement au Sud-Ouest de Carthage, peut-être à proximité de la ville actuelle de
Jama, dans la région du Kef. Carthage perd la bataille, et la paix qui s’en suit est très dure pour elle,
car le traité est très sévère : l’objectif est de la mettre à genoux :

➢ Elle doit livrer tous ses vaisseaux de guerre (sauf 10), soit 500 trirèmes et quinquérèmes
➢ Livrer tous ses éléphants
➢ Libérer tous les prisonniers
➢ Verser 10 000 talents à verser sur 50 ans, soit 5 tonnes d’argent par an
o Or les Carthaginois ont perdu l’Espagne pendant la guerre.
➢ Se retirer de l’Ouest de son domaine (soit les terres conquises pendant la guerre) et les livrer à
Massinissa (qui continuera de s’étendre dans les années qui suivent).
➢ Toujours demander l’accord de Rome avant de lancer une guerre, quelle qu’elle soit.

27
Scipion triomphe à Rome avec le butin, les prisonniers de guerre, les éléphants, des œuvres représentant
les grandes batailles. Lors de cette cérémonie, Scipion (parfois nommé Publius) reçoit le nom de
l’Africain.

Après la guerre, Hannibal devient suffète en -196 (il lance une enquête sur les finances de Carthage,
et met plusieurs affaires au jour). Plusieurs familles hostiles à Hannibal envoient des lettres de
dénonciation, et Rome envoie une enquête à Carthage. Vers -195, il part en direction de Tyr, et ère de
cour royale en cour royale : on le retrouve par exemple dans la région de Bithynie. En -182, Rome
ordonne qu’il leur soit livré : apprenant ça, Hannibal se donne la mort.

Scipion devient censeur, et on lui accorde le droit de parler en premier au Sénat, faisant ainsi office de
patriarche. Il redevient consul en -194. Ses ennemis sont toujours actifs, et pour échapper à cette
atmosphère, il s’exile en Campanie en -183 et meurt peu après.

f) Carthage et Rome après la 2ème Guerre Punique

Les fouilles révèlent que Carthage s’est remise très rapidement de la 2GP : on note dès -201 des traces
d’extension urbaine (on a mis au jour un nouveau quartier, bien que modeste, sur la pente sud de Birsa
ainsi que les traces de rénovation du port de guerre, qui pouvait alors accueillir 200 navires de guerre,
qui sont construits dans l’entre-deux guerres, se trouvant ainsi en violation du traité). On a également
trouvé à Carthage de nombreuses céramiques dont campaniennes, qui prouvent un dynamisme
commercial. Le niveau de vie est cependant assez moyen : les nécropoles ne sont pas richement
décorées et on y trouve presque plus de bijoux en or. La raison est que Carthage a perdu une grande
partie de son arrière-pays, dont ses mines, et le numide proromain Massinissa est toujours à ses portes.

Rome est victorieuse et jouit donc d’une position favorable. Mais l’effort de guerre a tout de même été
important, et les pertes démographiques sont importantes (de nombreux fantassins sont morts et ne
retourneront jamais à la vie civile, aux champs), créant un phénomène de classe creuse (une tranche
d’âge manque). On peut être renseigné sur les pertes démographiques grâce au travail des censeurs. Les
pertes sont également d’ordre matériel : les combats se sont déroulés sur le sol italien et ont détruit une
partie des terres fertiles. Or les romains sont avant tout des agriculteurs, et les champs sont perdus. De
plus, les friches des champs d’agriculteurs devenus soldats doivent être remises en état. De plus, les
relations diplomatiques entre Rome et ses alliés se sont dégradées : Rome a mis pendant la guerre une
grande pression sur ses socii, notamment des tribus (impôts) : 12 colonies latines auraient refusé de
payer le tribut et auraient été sévèrement punies : exécutions, esclavage, confiscation des terres. Ces
colonies cherchent à être considéré comme des Romains, et non comme des Latins : un citoyen romain
était exemptés d’impôts, contrairement à un citoyen latin. Mais Rome est alors très avare au sujet de
la citoyenneté, car un citoyen romain apporte moins d’argent.
Rome est tout de même une puissance victorieuse et suite à la bataille de Zama, un traité a été signé
qui remet vite Rome d’aplomb.
A la fin du IIe siècle, Rome est définitivement maîtresse de la Méditerranée : à l’Ouest depuis les
Colonnes d’Hercule jusqu’aux Balkans, proche et Moyen-Orient et une partie de l’Asie Mineure, soit
l’essentiel de la Grèce hellénistique conquis par Alexandre le Grand et un de ses généraux, Philippe
V, qui avait signé un traité avec Hannibal pendant la guerre. Il sera puni par Rome (bataille de
Cynoscephales en -197). En Asie Mineure, Scipion l’Africain remporte une bataille contre le Roi
syrien Antiochos III (ou le Grand) en Magnésie. Ce royaume se trouve sur la route des caravanes,
c’est une place commerciale entre la Méditerranée et l’Orient. Rome impose un tribut de 15 000 talents
(soit 375 tonnes d’argent) : ce tribut donné en -188, censé garantir la paix, est nommé paix d’Apamée.
Selon Polybe, Rome refuse de raser la ville : elle préfère imposer des tributs réguliers, source de

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revenus réguliers plus efficace que le butin d’une ville détruite. Si la ville se rebelle, la punition est
toutefois extrêmement sévère : l’héritier de Philippe V, Persée, rompt la paix avec Rome en -168, et
est écrasé à la bataille de Pydna par Paul-Emile, un Scipion : on fait 150 000 prisonniers emmenés à
Rome comme otages, dont Polybe. Le royaume de Macédoine est un objectif pour Rome : noyau de
l’empire hellénistique, il est très prospère, car il possède de nombreuses mines d’or et d’argent et des
grandes forêts qui permettent la construction de flottes, ainsi que des terres fertiles recherchées par les
grandes familles romaines. La Macédoine devient donc une province romaine. Paul-Emile revient avec
8000 talents (200 tonnes d’argent) et 200 talents par an. Cette somme considérable permet aux citoyens
romains d’être exemptés d’impôts, en -148. En -146, Rome contrôle entièrement l’ancien territoire
grec, avec la prise de Corinthe : la ville est incendiée, les hommes exécutés, les femmes et les enfants
réduits en esclavage, et Rome crée la province d’Achaïe.
En Méditerranée occidentale, les Romains rencontrent fréquemment les tribus Celtibères. On
considère que la conquête de la péninsule ibérique se termine en -133, et Rome crée les provinces
d’Espagne Citérieure et Ultérieure.

4. La troisième Guerre Punique


-149/-146
Cette guerre se résume seulement au siège de Carthage, qui va durer 3 ans.

a) L’état des forces

Rome est dans une position où elle peut se mettre rapidement de son effort de guerre car elle n’a pas
cessé d’étendre son domaine. Elle peut compter sur de très nombreux légionnaires, romains et alliés, et
peut largement être offensive.
Carthage a vu son territoire se réduire : il se limite à la ville et sa cora. Elle ne peut plus payer de
mercenaires, ce qui est un énorme coup pour sa puissance. Elle n’a plus aucun allié non plus, Syracuse
et la Numidie étant alliés de Rome. Massinissa n’a pas cessé de s’étendre, appuyé par Rome, et il
fournit d’excellent soldats, dont la cavalerie. De plus, Carthage a dû livrer tous ses éléphants et ne peut
plus entretenir de flotte. La ville est assez développée (entre 250 et 500 hectares selon les historiens),
avec de nouveaux quartiers et un commerce développé).
Les défenses de Carthage sont très développées : un premier fossé fait face à la cora, suivi par une
palissade, derrière elle des murailles épaisses de 8 mètres parcourues de tours, qui protègent des écuries
(qui comportent aussi des éléphants malgré le traité de Zama), des greniers et des casernements adossés
à la muraille. Elle possède deux ports, aménagés sur des lagunes naturelles : un premier port
rectangulaire, le port de commerce, au fond duquel se trouve l’entrée du port de guerre, un port
circulaire à nouveau fortifié. Au centre du port se trouve un anneau (la capitainerie, où se trouve le
navarque) parcouru de cales, tout comme autour du cercle extérieur. Carthage rompt donc le traité en
reconstruisant des bateaux de guerre.
Les 50 ans durant lesquels Carthage devait payer un tribut à Rome arrive à son terme.

b) Les motifs de la guerre

On est sûrs que Rome est responsable du déclenchement de la guerre.

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Le premier motif semble être l’appétit de conquête de Rome, qui aimerait s’étendre sur la rive Sud de
la Méditerranée.
Il existe, aussi bien au Sénat que dans le peuple, une metus punicus, une peur irraisonnée des
Carthaginois.
Le butin potentiel à Carthage est également une récompense à court terme, et les terres très fertiles de
Carthage intéressent les gentes.
Enfin, et c’est ce qui sera invoqué pour justifier la guerre, il s’agit d’aider les Numides, à ce moment
en guerre contre Carthage. Massinissa a alors 85 ans, et Rome craint que les successeurs se disputent
et que le royaume numide ainsi affaibli soit repris par Carthage.
Dans les années -150, le conflit punico-numide s’envenime, et Rome envoie une ambassade à la tête de
laquelle se trouve un sénateur connu : Caton l’ancien (il est également l’auteur du traité d’agronomie
De Agricultura, tiré du seul ouvrage carthaginois sauvé lors de la prise de la ville, un traité écrit par
Magon). En -153, l’ambassade vient à Carthage, et est stupéfaite de la rapidité à laquelle la ville s’est
relevée, ainsi que par la fertilité des plaines qui entourent Carthage (comme la plaine de la Medjerda).
De retour au Sénat, Caton tient un discours dans lequel il appelle à la défense des Numides pour
empêcher Carthage de se relever. On dit qu’à la fin de son discours, il laisse tomber 3 figues très
fraiches en disant que la terre qui les a produites sont à 3 journées de Rome. On pensait que cette
histoire montrait le danger commercial de Carthage, mais cette anecdote est à interpréter différemment :
si ces figues ont pu arriver en 3 jours, une flotte Carthaginoise pourrait le faire aussi vite. Caton termine
son discours avec les célèbres mots delenda Carthago. Il existe toujours un clan de la modération à
Rome, incarné par Scipion Nasica, mais le peuple se range vite au côté de Caton.

c) le déclenchement et le siège

A Carthage, il existe également un parti pro-guerre, dirigé par Hamilcar, dit le Samnite, et un parti
« pro-numide », incarné par Hannibal l’étourneau. C’est le parti d’Hamilcar qui l’emporte, et la guerre
est déclarée aux Numides en -149, en même temps que le parti de Caton l’emporte à Rome, qui déclare
la guerre à Carthage en printemps -149. Devant l’intervention de Rome, Carthage cherche à négocier
et envoie une ambassade. Rome accepte officiellement la négociation, mais en demandant tellement
que Carthage ne peut s’y plier.
Rome exige tout d’abord que Carthage envoie 300 otages choisis dans le peuple aristocratique. Elle
demande ensuite la livraison des armes de Carthage, ce qui représente un arsenal considérable. Enfin,
Rome demande aux habitants d’évacuer la ville et d’aller la reconstruire à une quinzaine de kilomètres
dans les terres. Or priver la ville de son port serait signer leur mort. Cette ultime condition est refusée
par Carthage, qui fabrique à toute vitesse un nouvel armement pour résister, fournissant en quelques
mois un arsenal complet, dans un effort de guerre qui implique également les civils. En -149, Rome
commence un siège qui durera 3 ans. La première année de siège est assez mal menée, sous la surprise
de la défense de Carthage. Sous le consulat de Scipion Emilien en -147, on organise mieux le siège de
la ville.

Scipion Emilien
Fils de Paul-Emile, vainqueur à Pydna.
Extrêmement proche de Polybe (capturé à Pydna).
Bénéficie de l’image des Scipioni.
Les sources sont très élogieuses : présenté comme lettré, cultivé, amoureux de la culture grecque et porté
par la plèbe, très pieux, sérieux, généreux, modéré en toutes choses, fin tacticien et stratège, courageux

30
Il atteint des fonctions du cursus honorum sans avoir l’âge requis, notamment le consulat.

Scipion Emilien est rejoint sous les murs de Carthage par Polybe, ce qui en fait un témoin de première
main. Scipion va mettre en place un système de fortification autour de la ville : on dit qu’il fait construire
en 20 jours et 20 nuits des murs, des tours et des tranchées qui bloquent tout approvisionnement pour
les Carthaginois, décrits par Appien.

5. De la destruction de Carthage à la Carthage Romaine.


a) Carthago delenda

Plusieurs villes « puniques » (de la civilisation de Carthage) font défection à Carthage et rejoignent le
camp romain, comme Hadrumète ou Utique (ancienne ville sous domination carthaginoise qui prenait
assez mal l’hégémonie de la ville punique).
Lors du siège, Appien rapporte que des prisonniers romains étaient suppliciés au sommet des remparts
pour provoquer l’armée adverse. La ville avait été confiée à Hasdrubal le Boétharque, qui a gardé une
très mauvaise image après avoir trahi Carthage.
Les ports ayant été bloqués par Rome, Carthage tente de percer une nouvelle ouverture dans les
remparts du port de guerre, évitant ainsi le passage dans le port commercial, tenu par les navires
romains. Cette opération leur permet de mettre à mal une partie de la flotte romaine.
Dans la ville, l’effort de guerre est considérable (et reconnu par les auteurs) : les moindres maisons,
places publiques et ateliers servent à la production d’armement. L’ensemble du peuple de Carthage (plus
femmes et esclaves) se met à l’œuvre : on dit même qu’on a utilisé les cheveux des femmes pour
fabriquer de très fines cordes d’arc.
Les romains doivent tenir un siège très long en dehors de leur territoire, posant un problème
d’approvisionnement et de logistique. De plus, des troupes carthaginoises sont à l’extérieur de la ville
et mènent une guérilla contre l’armée assiégeante. Enfin, le climat hostile aux romains amènent des
fièvres qui rendent d’autant plus le siège difficile.
Carthage attendait des renforts de Mauritanie, mais ceux-ci sont défaits par Rome avant d’arriver. A
l’intérieur des murailles, on souffre également de la faim.
C’est lorsque Scipion (consul en -147) prend la tête de l’assaut que le siège avance réellement. Il parvient
à prendre le port de guerre, permettant ainsi de percer les défenses finales de Carthage. Les Romains
déferlent sur 50 000 soldats (attention au chiffre) retranchés dans la citadelle de la colline de Birsa.
L’assaut final se fait au printemps -146, et la destruction de la ville prend 6 jours et 6 nuits, amenant
des descriptions apocalyptique. La résistance des Carthaginois est acharnée, selon Polybe (même si une
grande partie de son texte sur la prise de Carthage a été perdue).
Avant de débuter l’invasion, Scipion s’est livré au rituel de l’Evocatio : il sollicite les dieux de la cité
ennemie pour les mettre de son côté au moment de l’assaut final, afin qu’ils quittent la ville et lèvent
leur protection sur elle. C’est une opération de séduction pour les attirer dans les temples romains avec
des promesses. Cette opération n’a rien de magique pour les romains, c’est très juridique : les dieux
changent de statut, de « nationalité », c’est un contrat passé avec les dieux ennemis. Afin de les y inviter,
on leur promet des temples et des jeux organisés en leur honneur : « Je vous demande, je vous prie et
implore votre gracieuse intervention ».
Après avoir pris le port militaire, le côthon (qui désigne le dispositif portuaire), les romains prennent
également l’agora (ou forum), centre politique de la ville, et envahissent l’ensemble des rues de la ville.

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Pendant les 6 jours, ils se livrent à une guérilla urbaine, prenant maison après maison (car chaque
habitant est armé et se défend), avant d’arriver au sommet de la colline de Birsa. Chaque demeure
comporte plusieurs étages (on trouve de nombreux immeubles de 6 étages) qui ont tous été fortifiés. Les
romains utilisent des passerelles entre les toits et les terrasses pour faire passer les légionnaires vers
des immeubles fortifiés. Face à la résistance, Rome décide d’incendier la ville. Elle fait appel à des
contingents spéciaux, les « nettoyeurs », afin de libérer le passage vers Birsa. On a de nombreuses
descriptions d’horreur, sur les charniers, les corps brûlés, etc... Après le nettoyage, on laisse passer la
cavalerie qui écrase tout sur son passage.
Sur Birsa on trouve à côté de l’Acropole (qui est prise) un sanctuaire dédié à Asclépios (Eshmoun en
punique). A ce moment, Hasdrubal le Boétharque trahit Carthage et se rend aux romains. Les derniers
survivants, plutôt que de se rendre à Rome, auraient choisis de se jeter dans un feu allumé dans le
sanctuaire. Selon les auteurs, la femme d’Hasdrubal s’y serait jeté la première, refermant la boucle
légendaire, son sacrifice faisant écho à celui de Didon. L’incendie dure encore 10 jours, et l’archéologie
a retrouvé des traces de cet incendie, comme des traces de tombes collectives et des ossements recouverts
par des blocs de pierre, tout cela prouvant la véracité des événements relatés par les auteurs.
Scipion triomphe à Rome, et reçoit le surnom de « l’Africain » (il existe donc 2 Africains !!). Selon
Polybe, Scipion aurait pleuré devant la destruction de Carthage. C’est en quelque sorte un topos de la
littérature antique : le général victorieux prend conscience de la fragilité des civilisations. Polybe en
profite pour montrer qu’il est bon pour un général d’avoir de la retenue. Scipion aurait été conscient
du risque de devenir orgueilleux face à la victoire, et aurait craint que Rome ne tombe après les excès
de la célébration de la victoire.
La cora carthaginoise devient province romaine, à l’origine de la province d’Afrique. Carthage sera
un temps laissée au désert, terre sacrée et tabou.
La même année, Corinthe tombe.
En -146, la résistance Carthaginoise est finalement écrasée.

b) Les mémoires de Carthage et des guerres romano-puniques

Dès l’antiquité, la civilisation punique a été considérée comme radicalement différente de celle des
romains, qui se sont définis à l’opposé de ceux-ci : ils attribuaient à Carthage un certain nombre de
défauts et s’attribuaient eux-mêmes la qualité inverse.
La mémoire de Carthage est, comme on l’a vu, biaisée par le manque de sources puniques : on ne sait
pas ce que Carthage pensait d’elle-même.
L’histoire de Carthage qui nous est parvenue est centrée sur les guerres puniques, la mémoire de
Carthage est donc une mémoire militaire, guerrière : elle est enfermée dans le rôle de l’ennemi. La
lecture de l’histoire risque donc d’être attachée à une lecture noire.
Au XVIIe siècle, dans les collèges Jésuites, la classe était livrée à une division virtuelle entre élèves :
ils s’opposaient dans des jeux d’esprit, le vainqueur était « imperator » et le vaincu « carthaginois ».
La mémoire de Carthage s’accompagne aussi de l’antisémitisme. Au XIXe siècle, Théodore Herzl
fonde les bases du Sionisme. Or les Carthaginois sont un peuple sémite, et sont donc affublés des mêmes
« tares » que les Juifs : l’importance du commerce à Carthage les y rattache également.
On a une vision manichéenne des guerres puniques.
Rome est une cité « exogamique », basée sur l’homme (l’épisode de l’enlèvement des Sabines en est un
exemple) et Carthage « endogamique », fondée sur la femme (comme le montre le mythe du suicide de
Didon afin d’échapper à un homme, Hiarbas) Ce caractère endogame aurait causé une consanguinité
au sein de la cité.

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On a une vision téléologique de l’histoire de Carthage : tout était écrit. Depuis la « ruse de Didon »
(histoire de la peau de bœuf), la « fides punica » (la fourberie punique) les a menés à leur propre perte,
et la chute de Carthage est à l’image de sa création : Didon se jetant dans le bûcher comme la femme
d’Hasdrubal dans le sanctuaire d’Asclépios. Cette vision est très présente chez Tite-Live, comme
lorsqu’il fait le portrait d’Hasdrubal recensant les défauts de Carthage, incarnant parfaitement la fides
punica.

Cette opposition va permettre des comparaisons dans toute l’histoire :


➢ Au XVIIIe, l’Angleterre est comparée à Carthage par les Français (perfidie, fourberie,
seulement motivée par l’impérialisme commercial, thalassocratie) : par Montesquieu
o Louis XVI a parfois été qualifié de « Seconde Carthage » (infamie, pratique tyrannique
du pouvoir, incapacité à tirer son peuple de la misère)
➢ Au XIXe, Napoléon se compare parfois à Hannibal au milieu des Alpes (lors de sa conquête
de l’Europe)
o Les historiens allemands utilisent beaucoup l’analogie R/C : T. Mommsen est l’auteur
d’une Histoire Romaine, donne une image très négative de Carthage, dans un contexte
de l’unification de l’Allemagne. Carthage apparait comme celle qui s’opposait à
l’unification romaine. De plus, l’Allemagne se construit alors sur les bases du
nationalisme et de l’antisémitisme, d’où l’aversion envers les carthaginois, d’origine
sémite.
o Pendant la guerre de 1870 : la France perdante est Carthage : il était inscrit qu’elle
devrait perdre cette guerre.
➢ Au XXe, Guillaume II (empereur allemand) parle de la 1GM comme de la 1GP en espérant
qu’elle aboutisse à l’anéantissement de la « nouvelle Carthage » : l’Angleterre.
o Avec le traité de Versailles, on parle de « paix carthaginoise », en référence au traité
de -141, qui ne peut que faire naître une envie de vengeance chez le perdant,
l’Allemagne.
o Avec la 2GP : antisémitisme important
Flaubert, dans Salammbô, cherche à brosser un portrait le plus véridique possible de l’antiquité : il a
lu de nombreux auteurs antiques, romains et grecs. Le récit conte l’épisode de la guerre des
mercenaires. Il est porté par le courant romantique orientaliste du XIXe, attiré par les airs mystiques
et inconnus de l’Orient. Le roman s’ouvre sur une scène de banquet qui présente la fille d’Hamilcar,
Mathô et Spendios. L’œuvre aura un grand succès chez les historiens et amènera de nombreuses
productions annexes : un film (1960), une bande dessinée, un jeu-vidéo, un opéra, etc… Dans le roman,
Hannibal est affublé d’une image négative. Il jouit tout de même d’un certain prestige grâce à d’autres
écrits, comme Le Prince de Machiavel ou l’œuvre de Montesquieu Considérations sur les causes de la
grandeur des Romains et leur décadence.

c) La fondation d’une colonie romaine à Carthage

Après la 3GP, Carthage a été intégralement incendiée et rayée de la carte, d’un point de vue physique
comme politique. Les Romains en ont retiré un butin : une partie est prélevée immédiatement et
distribuée aux soldats (pour combler leur départ de leurs terres). Ils renvoient également un certain
nombre d’œuvres d’arts à leurs propriétaires d’origine (après en avoir pillé une partie), qui les avaient
perdus suite à des guerres contre Carthage. Si l’on sait qu’il existait des bibliothèques à Carthage, elles
ont été soit détruites, soit partagées entre des princes numides. On fait des survivants des esclaves. Si
l’astie de Carthage a été détruite, sa cora subsiste et des Carthaginois y restent même après la 3GP.

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Après la destruction de Carthage, le sol de la ville devient sacré, « tabou », intouchable : on ne peut rien
y construire. Les Romains y ont pratiqué la devotio : accomplie par un magistrat (ici un consul, ce peut
aussi être un dictateur ou prêteur), elle consiste à dévouer un territoire aux dieux. Il ne s’agit pas de lui
en faire « cadeau », mais de les laisser décider de son sort. Plusieurs dieux sont invoqués, dont le dieu
des enfers Dis ou Dis pater (ou encore Pluton ou Hadès en grec). Ce dieu semble apparaître aux
moments les plus sombres des GP, dès la 1GP. Une autre divinité infernale est invoquée : Veovis (qui
possède un temple sur le Capitole). On invoque également les Mânes, « l’esprit des morts », surnommés
les bons (ils sont bienveillants), Tellus, déesse de la terre et associée aux rites de fécondité, toutes des
divinités chtoniennes (liées à la terre). On sollicite également des divinités ouraniennes, célestes,
comme Jupiter.
Le sol est sacer, et donc inconstructible, mais également considéré comme propriété de Rome : c’est un
domaine public, un ager publicus.
Le site de Carthage sera abandonné jusqu’en -123, juste avant l’épisode des Gracques en -122.
Les Gracques sont deux frères qui émergent dans la politique romaine après la 3GP. Rome est dans
une période faste suite aux prises de Carthage et de Corinthe, mais se heurte en réalité à une crise
sociale et économique, qui mène à une crise politique. Une grande partie du sol italien a été marquée
par la 2GP, qui a détruit une grande partie des terres agricoles. Beaucoup d’Italiens possèdent donc des
terres stériles, et d’autres avaient été enrôlés : ces vétérans ont délaissé leurs terres, qui sont en friche
à leur retour. L’aristocratie romaine a constitué des latifundia, de grands domaines fonciers, et accapare
donc une partie des domaines encore fertiles, dont des terres appartenant aux soldats partis en guerre,
ce qui est vécu comme une injustice par ceux-ci. Posséder des terres est un élément de richesse et de
prestige : il n’est pas question d’être sénateur si l’on ne possède pas de grandes terres en Italie.
Les paysans et vétérans sans terre sont contraints d’aller travailler dans les grands domaines, mais se
heurtent à la concurrence d’une main d’œuvre gratuite, les esclaves, dont le nombre a énormément
augmenté à chaque conquête.
La situation provoque une grande frustration dans le monde paysan, et une exode rurale, qui amène
un problème de surpopulation à Rome, qui connait un développement démographique important, et
donc des problèmes d’insécurité, de logement, de salubrité, qui amènent des troubles sociaux. La
question de l’attribution de la terre devient donc centrale.
On loue donc des parties de l’ager publicus à ceux qui en ont besoin en théorie, mais ces locations se
font aux enchères, et les petits paysans n’ont en pratique aucune chance face à l’aristocratie qui possède
déjà des terres. Le territoire obtenu ne lui appartient pas mais il est possible de la cultiver, en échange
d’un vectigal, un « loyer ». Avec le temps, ces terres sont considérées comme un patrimoine, et les
grandes familles ne payent plus de loyer et se transmettent le terrain de génération en génération. Ainsi,
les anciens locataires deviennent propriétaires de façon illégale, et l’importance des familles dans la
politique romaine empêche d’intervenir, malgré la création de lois agraires peu efficaces. Un problème
se pose, car les paysans appauvris ne paye plus l’impôt (le cens), et ne peuvent plus être recrutés (peut
être recruté celui qui paye le cens), ils deviennent des proles. Ce problème de recrutement est d’autant
plus important car Rome est encore en pleine opération de conquête.
C’est dans ce contexte qu’émergent les Gracques. Ces deux frères sont Tiberius Sempronius et Caïus
Gracchus. Ils sont issus de la plus haute noblesse (donc au sommet de l’aristocratie : est noble celui qui
descend d’un ancien consul) car petits-fils de Scipion l’Africain, mais soucieux de la condition du
peuple. Ils se dressent contre le Sénat, souvent très conservateur et propriétaire des latifundia. Ils veulent
entamer des réformes agraires. Ils utilisent pour ça une magistrature que les deux frères possèdent à 10
ans d’intervalle, le tribunat de la plèbe : « inviolable et sacré », le tribun de la plèbe a pour mission de
représenter les intérêts du peuple et peut imposer des lois, même si on s’y oppose (voir fiche sur les
institutions). Tiberius Sempronius est élu en -133 et fait voter une loi agraire, la lex Sempronia en 133.
Elle vise à récupérer des terres publiques occupées de façon illégale afin de les redistribuer à ceux qui
n’ont plus de terres. Il se heurte à une hostilité très violente, et est assassiné et jeté au Tibre la même

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année. En 122, son frère est à nouveau élu. Il fait passer des Lois Semproniennes, au nombre de 17, et
se heurte à la même hostilité : il sera pourchassé dans Rome avec ses partisans et massacré.

La colonie sous les Gracques :

Il aura cependant le temps de faire fonder dans les environs de Carthage une nouvelle « colonie », à
l’écart des terres sacrées. C’est une des premières colonies romaines outre-mer. On pense que
l’opération de fondation aurait amené 6000 colons, mais ceux-ci seront ensuite disséminés sur le
territoire de Carthage par le Sénat après la mort des Gracques, et se mêleront aux autochtones
(descendants des Carthaginois). Mais l’idée d’une colonie va se développer pendant tout le Ier siècle
avant J-C.

La colonie sous Jules César :

Jules César :
➢ Né en -100 et mort en -44
➢ A gravi tous les échelons du cursus honorum
➢ Connu pour son rôle important dans la conquête de la Gaule chevelue ou Gaule celtique,
achevée en -50
➢ Promu par ses armées et proche du peuple
➢ Son grand rival est Pompée (après la mort de Crassus et la fin du 1er triumvirat)
➢ Après sa conquête de la Gaule, il refuse de licencier son armée (la démanteler) et franchit le
Rubicon, limite entre la Gaule Cisalpine et l’Italie (« alea jacta est ») pour marcher sur Rome
➢ A l’issu de la guerre civile qui éclate ensuite, il se rend maître du monde Romain
➢ Il cumule les titres : dictateurs à plusieurs reprises (en -49 pour quelques jours, -48 pour un
an, -46 pour 10 ans) puis dictateur à vie en -44. Il reçoit également des pouvoirs de tribun de
la plèbe et est Grand Pontife (Pontifex Maximus) : il dirige un collège de prêtres (et de
prêtresses, les vestales), les pontifes, est sensé organiser le culte romain public et fixe le
calendrier des jours fastes et néfastes (les jours de bon ou de mauvais augure, où l’on peut ou
non organiser des événements, des batailles etc…).
Selon Appien, JC aurait fait un songe sur les ruines de Carthage pendant une expédition en Afrique
dans lequel il aurait rêvé d’une armée en pleurs, soi-disant une armée de soldats vétérans à la recherche
de terres. A son réveil, il aurait marqué « coloniser Carthage ». Il reprend donc le programme des lois
agraires des Gracques, avec plus de pouvoir car assuré de la dictature. Il décide donc d’installer une
colonie à proximité du territoire maudit en -46. Les colons sont des pauvres recrutés en Italie, pas
forcément tous des citoyens romains (d’après les travaux de l’archéologie et de l’onomastique qui
montre aussi des noms de consonnance étrangère). En -44, César est assassiné et le projet n’est pas
totalement abouti. Après sa mort, on pense que la colonie se serait étendue tout en restant en dehors
du périmètre sacré, malgré son intérêt économique et géographique (on pense donc que certains colons
ont donc empiétés sur ce territoire, en réponse à quoi Lépide, le grand Pontife de l’époque, aurait fait
détruire une partie de la colonie à l’intérieur du territoire sacré).

La colonie sous Octave-Auguste (ou Octavien) :

35
A la mort de César, deux hommes forts s’opposent pour prendre le pouvoir : considérés comme des
héritiers politiques de César, ils forment d’abord le second triumvirat avec le Grand Pontife Lépide, ce
sont Octave et Marc-Antoine. Marié à la sœur d’Octave, il se tourne vite vers Cléopâtre, et le triumvirat
se divise : on retient la bataille d’Actium en -31, à l’issu de laquelle Octave prend Alexandrie, Marc-
Antoine et Cléopâtre se suicident et l’Egypte devient une province romaine.
En -29, Auguste (Octave empereur) reprend le projet de la colonie de Carthage : il envoie 3000 colons
de plus, et nomme la colonie la Colonia Julia Concordia Karthago (ou Carthago).
La titulature est importante (le nom qu’on donne) :
La colonie ici correspond à une fondation romaine sur le territoire de l’ager publicus. Le nombre de
colonies se multiplie sous l’Empire (comme Narbonne, Arles, Cordoue, Constantine à l’époque Cirta
ou Corinthe), et Carthage est la première d’entre elles. Ses colonies ont un intérêt économique : la
recherche de terres pour y installer des vétérans et des personnes dépourvues de terre qui prennent le
nom de colons.
Julia renvoie la famille des Juliens, celle de Jules César, à laquelle appartient Octave. On reconnait
par-là la paternité de cette colonie aux Juliens.
Concordia renvoie la « concorde » : entente, paix, union retrouvée à la fin des guerres civiles, donc
associée aux Juliens. On parle également la concorde à l’échelle de Carthage : on y trouve des
citoyens romains, des Italiens non citoyens et des autochtones, descendants des Carthaginois. Le
mot a ici une valeur performative : c’est une affirmation qui a valeur d’acte : ce qui est dit devient une
réalité. On y édifie un temple en l’honneur de la concorde sur la colline de Birsa, dans le nouveau
centre de Carthage.
Karthago : on reprend le nom d’origine, manière de ménager la concorde recherchée.
Après la mort de Lépide en -12, on peut donc peupler le territoire sacré (même si les colons s’étaient
sûrement installés un peu avant). Tout le territoire de Carthage peut maintenant être investi. Auguste
met sur pied un plan de développement de la ville : on reconnait le cardo (N-S) et le decumanus (E-
O) (viaire orthogonal), ainsi que des bâtiments typiquement romains (arènes, hippodrome). La
colonie devient la nouvelle capitale de la province d’Afrique à la place d’Utique, et le proconsul
d’Afrique s’y installe. Elle devient également une métropole religieuse, dans laquelle officiera bien
plus tard Augustin d’Hippone. On y célèbre le culte impérial (car les Empereurs et leur famille font
l’objet d’un culte), ce qui en fait nécessairement un centre religieux important. A l’époque chrétienne,
elle deviendra une capitale épiscopale, siège d’un évêché. Carthage possède enfin son calendrier
spécifique, dont la base est sa date de fondation.

La croissance rapide de la colonie

Les Romains vont arraser le sommet de Birsa pour en faire une surface plane sur laquelle ils vont
construire un second forum, trois fois plus étendu que le Forum d’Auguste (à Rome) et le Forum
d’Alexandrie. Il semblait y avoir une basilique, un lieu où l’on rendait la justice. Le forum le plus
important était le forum bas, qui devait déjà exister au temps de la Carthage punique. On y trouvait
des décurions. On trouvait aussi un temple d’Auguste : un templum gentis Augustae. Les familles
impériales s’étaient forgé une ascendance divine : Auguste descend de César (qui avait fait courir le
bruit de descendre de Vénus et Enée) et se proclame lui-même fils d’Apollon. Sans aller jusqu’à se
faire diviniser de son vivant, la pratique s’en approche beaucoup. Le culte impérial est en partie le
résultat d’un syncrétisme religieux avec les cultes orientaux. On crée les Sodales Augustales, un collège
de prêtres dédiés au culte impérial. On trouve aussi un temple à Cybèle, considérée par Rome comme
la mère des dieux, un temple à Cérès (ou Korê). Ce culte semble s’être développé depuis la première
fondation de la colonie par César.

36
Carthage est une cité dans laquelle le « loisir » est très développé : l’otium, le temps libre. Elle redevient
une cité commerciale, les ports sont reconstruits mais le port circulaire n’est plus militaire : on pense
qu’elle pouvait accueillir 220 navires de commerce, et devient une plaque tournante pour les axes
commerciaux méditerranéens.
La ville rayonne sur un très vaste territoire, la pertica, divisée en pagi, des « pays ». Le nombre
d’habitants se traduit en centaine de milliers, mais on ne peut en dire plus sans recensement.

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Exposés
Charles : débat au Sénat de Carthage sur la prise de Sagonte

218 = prise de Sagonte, excuse pour Rome de déclarer la guerre


malgré révolte gaulois
Texte = opposition parti de la guerre et de la paix, violente diatribe contre Hannibal
Tite-Live, Histoire Romaine
Raconte histoire de Rome, fort parti pris romain
Epoque d’Auguste : gloire de l’empire
Unité de temps/lieu
Références à la 1GP : perte des territoires amène C à se tourner vers l’Espagne
Mines d’argent de Bétie
Conquête par Hamilcar, Hasdrubal puis Hannibal
Hannibal = « fauteur de guerre »
Serment d’Hannibal qui lui promet de haïr les Romains à jamais
➢ haine effective envers le Romains
Hannon accuse les Barca, réfute la participation de Carthage
➢ accuse volonté impérialiste
Hasdrubal le Beau = pacificateur
➢ mariage avec princesse celtibère
Barca = loyaux
➢ attendent confirmation de Carthage, fondent Carthagène, envoient le butin vers C après
bataille
Carthage est responsable de la guerre : fides punica

Elise : Scipion Emilien

Après 1 et 2GP : Carthage semble anéantie


➢ Traité très lourd pour Carthage à l’inverse de Rome
o Maîtresse de la Méditerranée (Espagne, Grèce, Asie Mineure)
➢ Auteurs en parlent, donc Veleius Paterculus :
o Pas contemporain
o Rôle dans l’armée et en politique (questeur, prêteur)
o Ecrit l’Histoire Romaine en 2 livres ( 1e de Troie à la chute de Carthage 146 = lacunaire)
o Ecrit de manière littéraire, fait des portraits de personnages connus
➢ Rome, une puissance qui cherche à s’étendre
o Relations conflictuelles avec Carthage depuis 264
o Lac Romain : Méditerranée
o Traités de « paix » = défavorisent Carthage
o Ennemi Grec
▪ Achaïe, Corinthe

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▪ Philippe V de Macédoine = trahit pdt 2GP
➢ Peur des Carthaginois
o « Pas de sécurité s’il reste une présence C »
o Metus Punicus
➢ Acteurs majeurs pendant les conflits
o Consuls : Lucius Censorinius et Manius Manilius
▪ Mise en place du siège de Carthage
o 147 : Scipion Emilien reprend le siège et perce les défenses
▪ Jalousie des consuls
▪ C veut négocier pour éviter une guerre ?
o Scipion Emilien : portrait élogieux
▪ Partialité de Veleius Paterculus
▪ « Destructeur de C ne fit, ne dit et ne pensa rien qui ne fut digne d’éloges »
▪ Virtu, victoires en Afrique et Espagne
▪ couronne obsidionale = distinction militaire
▪ capacités en poliorcétique
▪ issu d’une illustre famille (Scipioni), lien avec l’Africain
▪ vainqueur à Pydna ➔ province romaine de Macédoine
➢ Destruction de C
o rôle de Caton l’Ancien : -153 ambassade et on voit que Carthage s’est remise de la 2GP
o volonté économique, stratégique, politique, culturel
▪ Massinissa se fait vieux ➔ à qui la loyauté du prochain ?
o Opposition parti paix/guerre au Sénat

Corrections
Interro 25/11/20

Consulat :
➢ magistrat supérieur
➢ au sommet du cursus honorum
➢ dotés de l’imperium (militiae et domi, sur l’armée et les civils) et de la potestas
➢ désignés pour un an (prorogeable)
➢ éponymes

Quatre glorieuses
➢ Tessin
o Hannibal et des gaulois contre Scipion et son fils
o débandade pour les romains
o montée soudaine de la Trébie
➢ Trébie
o fin 218
o Sempronius et Scipion contre Hannibal
o A côté de Plaisance
o Romains agissent dans la précipitation
o Sempronius = mauvaise image car ne tient pas compte des présages funestes

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➢ Lac Trasimène
➢ Cannes
o défaite retentissante
o Hannibal s’empare du ravitaillement

Scipion l’Africain
➢ Ascendance
➢ Etat civil
➢ Refs à son père/oncle
➢ Présent dans les 4 Glorieuses
➢ Héros de la 2GP
➢ Vainqueur d’Hannibal en Espagne/Afrique
➢ Précoce dans le cursus honorum
➢ Reconnu pour sa piété (il en joue aussi)
➢ Réforme profondément l’armée (exercice permanent de l’armée = manœuvres)

Reconstruction de Carthage
➢ nouveau quartier = démographie +, mais peu luxueux
➢ croissance éco et démo
➢ mise en défense
o dispositif de muraille (fossé, palissade, muraille)
o port éco/de guerre (à décrire précisément)

Fiches supplémentaires
La religion romaine

La religion romaine est polythéiste : les dieux romains réunis forment le Panthéon. Comme tous les
peuples de l’antiquité (grecs et étrusques), ils sont profondément croyants. Les romains ont emprunté
une grande partie de leurs rites et de leur tradition religieuse aux Etrusques, ainsi qu’aux Grecs (lors de
la conquête de Grèce). Aux Etrusques, ils empruntent toutes les bases de leur religion. Il existe une
multitude de divinités, principales (la Triade Capitoline) et secondaires (que l’on invoque dans des
circonstances particulières).
Il n’existe pas de séparation entre le politique et le religieux : dès la fondation de Rome, la religion est
présente (Romulus trace le sillon sacré). L’enceinte de Rome est un espace consacré : les armées n’ont
pas « droit de cité » dans Rome, mis à part pour les triomphes. La religion uni les Romains au même
titre que la citoyenneté : la religio romaine uni les Romains entre eux. C’est une religion officielle, que
l’on s’efforce de séparer de la superstitio dans laquelle on tombe parfois lors de périodes de crises. En
tant que religion d’état, ce sont les magistrats qui en sont les chefs de file. Ce n’est pas une « religion
du livre » (elle ne se repose sur aucun texte écrit). C’est l’autorité publique qui surveille la bonne tenue
de la religion, à commencer par le Sénat.
Les Romains sont attachés à la Pax deorum : il s’agit de vivre en paix avec les dieux, à commencer par
la Triade capitoline : Junon, Minerve et Jupiter. Elle veille sur la cité, c’est donc une triade poliade.
C’est une triade récupérée par les Romains aux Etrusques, et qui sera adoptée par toute la péninsule
italienne.
Les Vestales sont les prêtresses de Vesta : elles font vœu de chasteté absolue et doivent maintenir le feu
sacré en permanence, sous peine d’être emmurées vivantes.

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Cérès est la divinité des moissons et des récoltes, connue en Grèce sous le nom de Déméter.
Mars est le dieu de la guerre : le Champ de Mars est le lieu où se réunissent les armées avant de partir
en campagne.
Le Panthéon romain ne cesse de s’élargir avec les conquêtes, qui amènent de nouveaux dieux étrangers.
L’ouverture romaine aux autres dieux s’aligne sur le principe de la pax deorum : par mesure de
précaution, il faut accueillir chaque dieu. Les dieux grecs sont extrêmement présents, tout comme les
dieux des cultes orientaux. Des mesures exceptionnelles entrainent parfois l’arrivée de nouveaux cultes,
comme celui d’Esculape, dieu de la médecine grec originaire d’Epidore, lors d’un épisode de peste au
IIIe siècle. L’arrivée de ces nouvelles figures peut entraîner un syncrétisme : deux figures divines se
mélangent en une nouvelle.
Selon le mos maiorum (la tradition), le sacrifice (appelé immolation) est la principale pratique,
omniprésente à Rome : pour les batailles, les moissons… accompagné d’un banquet, dans lequel on
partage ce qui n’a pas été offert aux dieux. Le sacrifice peut être accompagné de processions, de prières,
en lieu clos comme à ciel ouvert. Les haut-magistrats dotés de l’imperium reçoivent aussi des
responsabilités religieuses : ils peuvent prendre les auspices. Le pater familias est également doté d’une
autorité religieuse à l’échelle de la famille. Il existe également des prêtres et des prêtresses dévouées à
un culte en particulier. Il n’existe donc pas de fonction laïque.
Les prêtres sont divisés en collèges, à la tête duquel se trouve un président. Parmi ces collèges, le plus
important est le collège des pontifes, à la tête duquel on trouve le grand pontife (pontifex maximus).
C’est un collège de 19 membres, et ce sont eux qui règlent l’essentiel de la religion romaine. Ils gèrent
le calendrier, officialisent l’arrivée de nouvelles divinités… Sous l’Empire, le rôle de grand pontife
revient à l’empereur. Un autre collège important est celui des augures : ils sont chargés de prendre les
auspices (interpréter les signes divins : vols d’oiseaux par exemple, lecture dans le foie des animaux).
Leur fonction est très importante, car s’ils décident que les signes ne sont pas positifs, ils peuvent reporter
une campagne militaire ou des élections. Ces deux collèges sont des collèges majeurs, tout comme les
decemvir , un collège chargé d’interpréter les livres sibyllins écrits selon un langage secret dont seuls les
decemvir ont connaissance et qui permettent de connaître la volonté des dieux. Les femmes sont aussi
présentes en religion : les vestales. Elles sont six, doivent entretenir le feu sacré et font vœu de chasteté
pendant un certain temps, après quoi elles peuvent se marier.
Le père de famille vénère les pénates et les lares, divinités protectrices du foyer familial. On vénère
également les manes, esprits des ancêtres.
Les fêtes religieuses, très nombreuses, sont organisées selon un calendrier. Il est divisé en jours fastes
et jours néfastes : les jours où l’on peut vaquer à nos occupations, et les jours où l’on ne travaille pas
pour fêter une divinité. Les pontifes décident des jours de fête mobiles (selon un cycle lunaire par
exemple).
Il n’existe pas forcément de lieu spécifique pour célébrer les dieux : les temples existent, mais on peut
également célébrer le sacrifice en extérieur si le terrain a été consacré (en y prenant les auspices). Cette
pratique permet de faire des sacrifices même lors de campagnes : la religion peut s’exercer partout.
L’influence de l’hellénisation de la religion romaine commence dès la conquête de la Grande Grèce,
au point d’inquiéter les magistrats. Pour les cultes orientaux, on trouve le culte de Cybèle (Asie
Mineure), d’Isis (Egypte) de Mithra (Perse). Lorsque l’on veut invoquer un dieu étranger, on pratique
l’evocatio : on invite la divinité à quitter un autre peuple pour rejoindre le Panthéon romain. Ces
nouvelles divinités ont du succès à Rome car elles permettent une plus grande proximité du peuple avec
le « culte » : la religion romaine est généralement élitiste, contrairement à ces cultes étrangers. Ces dieux
peuvent répondre à des questions auxquels les dieux romains ne répondent pas : sens de la vie, fin des
temps (on parle de préoccupations eschatologiques) : ce sont des « cultes à mystère ». Le culte de
Cybèle (qui prend de l’importance en -204, lors de la 2GP : il est encouragé à la lecture des livres
sibyllins, qui ordonnent de récupérer la pierre noire sacrée de Pésinonte, appelée le bêtyle). est

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encouragé avec les victoires romaines sur Hannibal : on lui construit un temple sur le Palatin. Cybèle
est surnommée la Magna mater, et apparaît même sur des monnaies romaines.
L’ensemble des cultes égyptiens sont appelés les cultes Isiaques. Ils arrivent à Rome depuis la Sicile dès
le IIIe siècle. Le culte d’Isis est souvent relié à celui de Sérapis, son « équivalent » masculin.
Généralement ces premiers temples apparaissent d’abord dans les temples.
Le culte de Mythra vient de Perse et a circulé via les Grecs. Le principal rite consiste en l’égorgement
d’un taurobole (un taureau) pour que son sang irrigue la terre. Ce culte va beaucoup se répandre parmi
les soldats, car il est associé à la victoire. Le nom de Mythra est parfois remplacé par sol inuictus. Réservé
aux hommes, ce culte nécessite une très longue initiation secrète (c’est donc un culte à mystère).

L’organisation des peuples après la conquête romaine : statut et institutions

Rome ne respecte pas le schéma de la cité-état qui a cours en Grèce et dans la péninsule italienne avant
la conquête romaine, qui commence dès sa fondation : on peut parler de république impériale. Il faut
donc trouver pour les conquis un statut juridique et des structures administratives pour les contrôler. A
l’étranger, on crée des provinces. En Italie, les territoires conquis sont organisés en municipes, en
colonies ou en cités fédérées (les socii) : c’est la romanisation.
Les municipes :
C’est une cité conquise par Rome mais qui garde une certaine autonomie : elle peut toujours se gérer
elle-même. Rome ne pourrait pas gérer tout son territoire avec des magistrats romains, c’est pourquoi
elle laisse les municipes se gérer. On donne aux habitants des municipes la citoyenneté romaine. Cette
cité doit fournir des soldats à Rome et doit verser un impôt, le munus
Les colonies :
Parmi ces colonies, on en trouve qui ont été créées ex nihilo et d’autres que Rome a vaincu et qui ont
gagné le statut de colonie. Une colonie est créée sur décision du Sénat (puis par décision du peuple,
comme pour la colonie de Carthage). Elle est créée avec un rite, la deductio. Elles sont souvent fondées
à proximité de Rome, dans le Latium. Il existe des colonies de droit romain (a qui on accorde la
citoyenneté romaine : elles sont souvent côtières et proches de Rome car elles sont une vocation de
défense ; ce sont des colonies de petite taille) et des colonies de droit latin (qui peuvent être beaucoup
plus lointaines et pas forcément dans le Latium ; elles ont des relations privilégiées avec Rome mais ne
sont pas peuplées de citoyens romains : on peut y trouver des Romains, des locaux ou des étrangers en
quête de terre à cultiver).
Les peuples fédérés :
Ce sont des cités indépendantes avec qui Rome a signé un traité, le foedus. Théoriquement
indépendantes, elles doivent cependant aider Rome dans une protection mutuelle. Ce sont les socii.
L’ensemble des peuples fédérés forment une fédération italienne. Ils doivent contribuer financièrement
à l’effort de guerre et versent en plus à Rome un tribut car ce sont des cités vaincues. Les soldats
provenant des socii sont souvent plus nombreux que les soldats romains : en temps normal, c’est 60 000
soldats romains contre 100 000 alliés.
Le citoyen romain se trouve à Rome ou à proximité : dans les cités de droit romain. C’est le seul à
pouvoir entrer dans la magistrature, dont le Sénat de Rome. Il peut participer à toutes les assemblées
(les comices) et y a le droit de vote. Il existe cependant des citoyens romains qui ont tous ces droits sauf
le droit de vote :

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