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Macroéconomie 1

Présentation du cours, plan du cours, principaux courants et théories

Macroéconomie 1
LICENCE ÉCONOMIE ET GESTION 1ère ANNÉE
UFR Sciences Économiques et de Gestion (UFR-SEG)
Cours de Alassane Diallo
Contact : alassane.diallo@uam.edu.sn
Année universitaire 2023-2024
1. Introduction
Les débats autour de l’économie d’une façon générale et celle des nations imposent de porter son
attention sur les fondements théoriques de la macroéconomie qui ont donné naissance à un ensemble
d’agrégats et de politiques économiques ayant servi d’instrument d’intervention aux Etats. Les politiques
macroéconomiques (effets réels d’entrainement et de blocage) se fondent généralement sur des modèles
macroéconomiques sophistiqués mais avec des limites certaines.
Il est possible de constater que tous les pays du monde - selon leur structure, leur régime
politique, leur dimension…- adoptent une ou des politique(s) économique(s) pouvant s’inscrire dans un
modèle macroéconomique tel que défini par les grandes théories/courants macroéconomiques. On
pourrait penser qu’une telle constance de politique/comportement doit trouver une explication rationnelle
de la majorité, si ce n’est de la totalité (consensus keynésien), des pays et des époques concernés. C’est
précisément l’objet des modèles macroéconomiques que de traiter de cette évidence en cherchant à
répondre à certaines interrogations :
- Croissance : de combien sommes-nous plus riches que nos parents ? De combien nos enfants
seront plus riches ?
- Production et niveau de vie : qu’est-ce qui détermine le niveau de production et le niveau de vie
dans le pays ?
- Fluctuation : pourquoi existe-il des phases d’expansion et de récession ?
- Emploi : quelles sont les causes et les déterminants du chômage ?
- Inflation : Pourquoi les prix augmentent ? Quels en sont les conséquences ?
- Taux de change : Pourquoi le taux de change fluctue et quelles en sont les conséquences ?
- Comment les politiques économiques peuvent-elles influencer le chômage et l’inflation ?
Les différentes questions posent des enjeux importants en termes de (i) bien-être et niveau de vie
individuel, (ii) enjeux politiques nationaux, (iii) enjeux politiques internationaux, mais, également, des
préoccupations sous-jacentes des politiques économiques : Peut-on améliorer les politiques économiques ?
Comment ? Prévision.
Les grandeurs économiques étudiés sont le produit intérieur brut (PIB), le chômage, l’inflation, la
consommation, l’investissement… Cela permet d’expliquer les faits stylisés qui caractérisent les
phénomènes économiques, c’est-à-dire les grandes régularités observées et identifiées à partir des
propriétés statistiques des séries chronologiques macroéconomiques.
A titre d’exemple, les tableaux ci-après donnent un aperçu général des principales
grandeurs macroéconomiques du Sénégal et leur évolution sur la période 1990-2023 (Source :
Banque Mondiale, WDI database, 2023).

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Il apparaît certain que l’étude de la macroéconomie participe à la formation du citoyen et permet
de comprendre et de répondre à l’actualité. En effet, d’une part, tous les modèles en se dotant d’un cadre
analytique permettent de capter les causes et les conséquences de politiques particulières et ainsi que les
chocs pouvant affecter l’offre et la demande. D’autre part, la macroéconomie lie les différentes variables
pour conceptualiser un cadre référence qui permet d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques
économiques. Toutefois pour apporter des éclaircissements aux questions globales de l’économie,
plusieurs modèles, parfois contradictoires ou complémentaires, adaptés à une question particulière
coexistent. Il n’existe pas un consensus sur le modèle représentatif. On note d’importants désaccords sur
le rôle et la pratique de la politique macroéconomique. Ces désaccords sont illustrés par la présence de
plusieurs écoles de pensée macroéconomique.
Tableau (ci-après) des théories macroéconomiques1

Le développement des théories macroéconomique a fait dire à Mankiw (1990) : « qu’il était plus
facile d’étudier la macroéconomie il y’a 40 ans qu’aujourd’hui ». Car, jusqu’au début des années 1960, une
seule théorie dominée, le consensus keynésien.
En y regardant de près, on constate que les théories « scientifiques » de l’économie sont
étroitement liées à celles de la politique de la société active.

1 Stagflation : argument de base en faveur de l’affirmation de la NEC et du monétarisme (Milton Freidman). Les relances sont uniquement efficaces à CT et
inflationnistes à LT.
Les nouveaux classiques ont systématisé les thèses monétaristes : plus d’arbitrage à CT. Ces approches vont concurrencer le modèle IS/LM. Certains vont
appeler les approches de la NEC « le monétarisme 2 ».
La Grande Modération est caractérisée par la recherche de la crédibilité sur la base de l’objectif de la stabilité des prix. Toutefois, IS/LM persiste même si les
banquiers apportent plus d’importance à la NEC.
La NEK s’est imposé comme un projet concurrent de la NEC, il existerait des pathologies dans l’économie. Dans les années 1990 et 2000, on a assisté à la
construction de ce que certains appellent la « Nouvelle Synthèse » (ou NC macro => NCM : nouveau consensus monétariste). Il s’agit d’une approche qui
étudie la rigidité nominale dans le cadre de la concurrence imparfaite en s’appuyant sur l’hypothèque des agents rationnels et sur une reformulation de la
courbe de Philips dans le but de définir les modalités de l’exercice de la politique éco. et monétaire. Les nouveaux keynésiens mettent l’accent sur la rigidité.
On emprunte à la NEC les règles, la stabilité des prix… ce qui inspire la BC. Dans ce courant on peut citer Minsky, Bernanke, Blanchard et Woodford (qui
a écrit un livre qui est la bible des BC).
Le nouveau consensus monétaire a pour modèle de base le modèle DSGE (Dynamic Stochastic General Equilibrium). Il s’agit d’un modèle dynamique
général et stochastique. Il étudie l’interdépendance des marchés dans la lignée walrasienne. Il s’agit de modèles qui prennent en considération la dynamique
(variables datées à des périodes différentes) et la stochastique (perturbations aléatoires ou les aléas). Tout cela inspire les BC.

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Ce cours de Macroéconomie 1 constitue un préalable indispensable pour comprendre le
fonctionnement de l’économie dans son ensemble. La maîtrise des notions de base proposées dans cet
enseignement permettra aux étudiants de pouvoir suivre correctement les autres cours d’économie de la
Licence.
2. Plan du cours
Durant ce semestre, le plan de cours suivant sera adopté.
Chapitre 0 : Introduction générale
Définition de la macroéconomie, présentation des théories keynésienne et classique et de la nouvelle synthèse. Ce chapitre
introductif est complété par deux documents distribués aux étudiants (le premier revient sur la définition, l’objet, la
configuration de la macro et les liens entre macroéconomies et sciences -faits, théories et modèles- Le deuxième document
propose une compréhension en 5 mn des principaux courants et théories (modèles) économiques - avec biographies, apports et
limites).

Chapitre 1 : Les concepts fondamentaux de la macroéconomie


Le produit intérieur brut (PIB)
o PIB réel et nominal, déflateur du PIB
o Exemple, le cas du Sénégal
o La construction du PIB réel et les indices en chaîne
o La décomposition du PIB
§ De la dépense au revenu disponible
§ Calcul de la contribution des composantes (la consommation)
- L’inflation (le taux) : mesure
- Taux de chômage
- La relation inflation-chômage
o Loi d’Okun
o Chômage volontaire vs. Chômage involontaire

Chapitre 2 : La configuration de la macroéconomie


- Approche keynésienne : économie de la demande (Object du cours de macroéconomie de Licence 1)
o Le programme de Keynes, le consensus keynésien
§ Demande effective, demande de monnaie et rigidité des prix
§ Politique redistributive, inflation et déflation, limites de l’analyse de Keynes
- Approche classique : l’équilibre macroéconomique après Keynes
- Le modèle standard du macro-équilibre
- La nouvelle économie classique (NEC), l’approche dominante ou « mainstream »
- Une nouvelle conception de l’État, l’école des choix publics (public choice)

Chapitre 3 : la fonction de consommation keynésienne


- Exemple, les dépenses de consommations finales du Sénégal : évolution de 1960 à nos jours
- Définitions, consommation au niveau macroéconomique, notations (Duesembery & Brown)
- L’approche keynésienne de la consommation (C)
o Le point de départ, la loi psychologique fondamentale
o Comment la mesurer ?
o La propension à consommer : moyenne (PMC) et marginale (PmC)
o Quel(s) lien(s) entre PMC et PmC
o Représentation graphique : fonctions affine, linéaire et concave de la consommation keynésienne
- La fonction d’épargne (S)
o La propension à épargner : moyenne (PMS) et marginale (PmS)
- Quelques caractéristiques
- Représentation graphique de toutes les fonctions
- Résultats empiriques et reformulations
o Des résultats contrastés
o Les travaux en coupe instantanée
- Les fondements microéconomiques
- Critique de la fonction de consommation keynésienne
- La théorie du revenu permanent
- L’hypothèse du cycle de vie

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- La réponse des néo-keynésiens

Chapitre 4 : la fonction d’investissement


- Investir, une multitude d’opérations
- Définitions
- L’évolution de l’investissement au Sénégal, de 1960 à nos jours (la FBCF au sens de la comptabilité nationale)
- L’investissement, une variable pro-cyclique particulièrement volatile ?
- Les concepts fondamentaux
o Distinction entre investissement et consommation intermédiaire
o Investissement net, brut et de placement
o Rôle et déterminants de l’investissement
- Rôle du taux d’intérêt et de la décision d’investir
o Concepts fondamentaux : analyse coût/bénéfice
o La technique de l’actualisation (la capitalisation)
o Les critères de choix d’un investissement
§ La Valeur actuelle nette (VAN)
§ Le Taux de rendement interne (TRI)
o Efficacité marginale du K (EmK)
§ Niveau micro vs. Niveau macro
o Le principe d’accélérateur
§ Présentation générale
§ Le modèle de l’accélérateur fixe
§ Le modèle de l’accélérateur flexible
- La situation financière de l’entreprise : autofinancement, augmentation de K et endettement
o Le théorème de Modigliani - Miller
o Le q de Tobin

Chapitre 5 : le marché de la monnaie


- Absence d’économie de troc (double coïncidence des besoins)
o Qu’est-ce que la monnaie
o Quel est son rôle dans le fonctionnement de l’économie
o Le prix : nominal ou relatif
o Caractéristiques de la monnaie : un actif avec absence de rendement mais liquide
- Fonctions de la monnaie
o Unité de compte, intermédiaire des échanges et réserve de valeur
- Formes de la monnaie
o Métallique, fiduciaire et scripturale (la nouvelle forme : monnaie électronique ou dématérialisée)
- Mesurer la monnaie, les agrégats monétaires
o M1
o M2
o M3
o Exemple, les agrégats de monnaie au Sénégal
- La demande de monnaie
o L’approche classique du rôle de la monnaie (la monnaie exogène) : Say et la monnaie voile
§ Approche par l’équation de Fisher
• Représentation graphique
§ Approche par l’équation des encaisses de Cambridge
o L’approche keynésienne de la demande de monnaie
§ Le motif de transaction
§ Le motif de précaution
§ Le motif de spéculation
§ La demande de monnaie keynésienne
- L’équilibre sur le marché de la monnaie
o Le processus d’offre de monnaie : de la base monétaire à la masse monétaire
o Équilibre
§ Approche graphique
§ Approche analytique
o Les variations de l’offre de monnaie

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Chapitre 5 : le marché du travail et équilibre macroéconomique
- Définition (en fonction des qualifications, du type de contrat, du sexe, de l’âge, de la catégorie socio-professionnelle, le métier ou
encore le secteur : segmentation du marché du travail)
- Quelques chiffres sur le marché du travail sénégalais
- L’approche classique du marché du travail
o Primat à l’offre et une hiérarchisation des marchés
o Équilibre sur le marché, l’offre de travail

Chapitre 6 : le modèle keynésien de sous-emploi


- Introduction : le marché, un régulateur imparfait de l’économie ; interdépendance entre les agents et les variables
macroéconomiques ; le modèle keynésien simplifié ; rupture avec l’analyse classique
- L’équilibre de sous-emploi
o Les principes de la demande effective
o L’équilibre épargne- investissement
o Détermination graphique de l’équilibre de sous-emploi
o Détermination analytique de l’équilibre de sous-emploi
o Le multiplicateur keynésien
§ Définition
§ Exemple numérique
- L’État et le rôle de la politique budgétaire
o Équilibre macroéconomique avec l’État
o Le multiplicateur de dépenses publiques
o Le multiplicateur fiscal
o Le multiplicateur de budget équilibré
o Les freins à l’effet multiplicateur
§ Le multiplicateur keynésien avec imposition endogène
§ L’ouverture de l’économie
o Tableau récapitulatif des formules du multiplicateur d’investissement

Chapitre 7 : Le modèle IS-LM : L’équilibre macroéconomique global en économie fermée


- Introduction
- L’équilibre sur le marché des biens et services, la courbe IS
o Approche analytique
o Approche graphique
o Les cas particuliers
o Les déplacements de la courbe IS
§ Augmentation des dépenses publiques
§ Augmentation des impôts
- L’équilibre sur le marché de la monnaie, la courbe LM
o Approche analytique
o Approche graphique
o Les cas particuliers
o Les déplacements de la courbe IS
§ Augmentation de l’offre de monnaie
§ Diminution de l’offre de monnaie
- Équilibre macroéconomique global
o Détermination de l’équilibre macroéconomique global
- Analyse des politiques économiques
o Les politiques budgétaires et fiscales
o La politique monétaire
- Critiques et conclusions
o La politique monétaire

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3. Déroulement des TD, présence, notation & mini-dossier
Pour plus de détail, voir plaquette de TD qui sera distribuée lors de la première séance de TD
4. Références bibliographiques
Blanchard, O. et Cohen, D. (2017). Macroéconomie, 7eme edition, Pearson Education.
Jacques Généreux (2000) Jacques Généreux [2000]. Economie politique : Macroéconomie, Hachette,
Paris, 159 p.
Makhtar Diouf [2010]. La science économique : de l’économie politique à l’analyse économique, PUD,
Dakar, 419 p
Mankiw, G., (2019). Macroéconomie, 7eme edition, De Boeck.
Mignon, V. (2010). La macroéconomie après Keynes. la Découverte.
Utilisation d’un dictionnaire ou lexique tel que : Jean-Paul Piriou, Denis Clerc, 2011, Lexique de
sciences économiques et sociales, La Découverte, collection Grands repères.
J.-.F Albertini, A Silem. Lexique d’économie, Dalloz dernière édition.
E .Tabourin et J.-F. Renaud. Les grandes fonctions économiques, ED ELLIPSES, 1998.
Ressources multimédia obligatoires
Sites ciblés tels que celui de l’ANSD et celui du Ministère de l’Economie et des Finances
Ressources multimédia suggérées
Revue électronique « Finances et Développement » du Fonds Monétaire International (FMI)
Sites des organisations économiques internationales tels que le FMI et la Banque mondiale.

Principaux courants et théories


1. Définition de la macroéconomie
Pour comprendre la définition de la macroéconomie, il faut d’abord la distinguer de la
microéconomie. A cet effet, la définition de la macroéconomie la plus fréquente par opposition à la
microéconomie est celle de Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001 : « la microéconomie et la macroéconomie sont
deux perspectives à partir desquelles on peut observer l’économie l’une porte sur le fonctionnement d’une partie (micro) et
l’autre d’un tout (macro). L’une se focalise sur choix des ménages et formes (micro), l’autre les conséquences agrégées des
décisions et activités individuelles sur la production, le niveau de l’emploi, la variation de la productivité, la balance des
paiements et le niveau de l’inflation (macro) ».
Donc, nous pouvons affirmer que la macroéconomie est une perspective.

2. L’objet de la macroéconomie : étude du fonctionnement global


Depuis sa naissance en 1936, a macroéconomie à une vocation empirique et doit toujours faire l’objet
d’une application. Dans l’analyse macroéconomique, on se réfère aux données (la comptabilité nationale).
On parle ainsi de faits stylisés (Kaldor).
Par rapport à l’action politique, la macroéconomie est à la fois positive, normative et performative.
Elle explique les phénomènes économiques en s’appuyant sur les règles de l’inférence déductive. On
établit des enchaînements entre hypothèses et propositions (les propositions générales).
- L’économie positive (« ce qui est ») : description et explication des phénomènes économiques,
en établissant des liens entre certains faits et des éléments exogènes ou des décisions politiques.
Exemples :
- L’économie normative (« ce qui devrait être ») : formule des jugements ou des
recommandations en matière de politique économique. Exemples : 1. « le chômage est dû aux
rigidités du marché du travail » è nécessité de rendre flexible le marché du travail ; 2. « travailler
plus pour gagner plus » : è les salariés décident du volume d’emploi, le salarié libre de choisir.

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- Depuis plusieurs décennies, la macroéconomie est devenue performative (par opposition au
constatif). Michelle Callin déclare que « la science économique au sens large performe, formate, façonne plus
l’économie qu’elle en explique le fonctionnement ». Elle crée la réalité
L’objet de la macroéconomie est complexe. Et cette complexité est soulignée par Malinvaud à
travers les difficultés de définition de la macroéconomie : « « évoquer ces phénomènes
(macroéconomiques) vaut mieux que donner une définition abstraite qui prétendrait tous les embrasser ».
Pour autant, nous pouvons voir la macroéconomie comme l’éléphant de Robinson, facile à
reconnaître mais difficile à définir.

3. La configuration de la macroéconomie
Cela vise à savoir quelles sont les théories qui prévalent. L’origine de la macro remonte à partir de 1936
avec l’ouvrage de J. M. Keynes : Théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie. L’Idée principale est
que la récession provient d’un niveau trop faible de la demande et de politiques inadaptées.
De façon générale et chronologique nous pouvons retenir :
- Hicks 1937 : exposition de la théorie de Keynes à l’aide d’un système élémentaire d’équation.
- Nouvelle Economie Classique (NEC) 1970 : une approche prenant le contre pied des keynésiens
avec comme principales têtes d’affiche : Lucas (1995), Kydland et Prescot (PN, 2004) Sargent et
Sims (PN, 2011) et Wallace. La NEC s’inscrit en faux contre la théorie et les politiques néo-
keynésiennes
- Nouvelle Economie Keynésienne 70’-80’ : réfutation des AR : prophéties auto réalisatrices
(Merton) retour de IS/LM d’inspiration monétaire. Ils admettent les imperfections du marché, les
disfonctionnements macro. (Mankiw, Stiglitz, Akerlof
- Tout récemment, la nouvelle synthèse. Cette école date de la fin des années 1980 début 1990. Elle
a pour objectif général de donner des fondements microéconomiques à la macro et, en particulier,
aux thèses de Keynes. Les modèles de la NEK sont des modèles de déséquilibre général.
Cependant, il faut savoir qu’il existe deux (2) grandes traditions macroéconomiques.
- La Logique Keynésienne (économie de la demande) :
• Importance de la Demande (débouchés, commandes …)
• Insuffisance de la Demande à l’origine du chômage
• Dans certains cas, l’État se doit alors d’intervenir
- La Logique Néoclassique (économie de l’offre) :
• Importance de l’Offre (conditions de production)
• Chômage dû à un coût du travail trop élevé
• L’État doit lutter contre les Rigidités

4. Macroéconomie et Science : faits, théories et modèles


« Les faits sont têtus », « Les faits parlent d’eux-mêmes ». Rien n’est plus erroné que ses affirmations. Tous
les faits sont une construction, voire constitués par la théorie. Qualifier un fait d’économique, c’est déjà
une abstraction (Schumpeter). Tous les faits économiques sont sociaux.
La macroéconomie se définit par des allers-retours permanents entre faits, données et théories.
La pensée est incapable de reproduire la réalité qui est infinie : on procéde à une sélection
(abstraire). Les faits sont surdéterminés par la théorie. Les faits seraient chargés de théorie. Il s’agirait
d’une banalité épistémologique.
Une théorie est un ensemble de propositions constituées selon les règles de l’inférence déductive.
On part d’hypothèses et on en arrive à des propositions de portée générale.

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Une théorie économique est basée sur de nombres hypothèses et simplifications. Mais, on doit se
poser des questions sures « si les simplifications sont bonnes ». Et jusqu’à quel point on peut croire aux
réponses fournies par la théorie.
Une théorie doit passer deux tests : (i) Les hypothèses et simplifications réalistes, et (ii) les
implications de la théorie doivent être compatibles avec ce que l’on observe réellement dans la réalité
Une théorie peut être traduite à l’aide d’un modèle dans unes structures formelles. Selon Malinvaud,
un modèle consiste en la représentation formelle d’idées ou de connaissances relatives à un phénomène.
Pour ce faire, on utilise des expressions mathématiques ou logiques d’un phénomène. L’articulation entre
les concepts se fait à l’aide d’équation. Hicks nous dit qu’un modèle représente le comportement d’un
système économique à travers un système de relation. On distingue trois types de relations :
1. Les relations de définition ou d’identité ;
2. Les équations fonctionnelles :
3. Les équations de cohérence ou d’équilibre
Le modèle peut imposer la contrainte de la rigueur entre les variables. Les modèles permettent enfin
d’assurer la clarté dans les inférences entre hypothèses et résultats. En règle générale, les Modèles
Economiques et leurs Hypothèses permettent d’une part, d’expliquer des relations entre différentes
variables et, d’autre part, un modèle pour un Fait à expliquer.

5 minutes pour comprendre les


principaux courants et théories
(modèles) économiques
Biographies, apports et limites

En économie plusieurs auteurs peuvent développer des théories/thèses opposées et se voient


décerner, tous les deux, la plus haute distinction récompensant annuellement une ou plusieurs personnes
pour leur contribution exceptionnelle dans le domaine des sciences économiques, le prix de la Banque
de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, surnommé « prix Nobel
d'économie ». Ainsi, il est souvent attendu cette plaisanterie affirmant qu’il suffit de regrouper trois
économistes dans une même salle pour obtenir trois points de vue différents sur un même sujet. Cette
divergence repose sur plusieurs éléments de l’analyse économique et parmi ceux-ci on peut citer : le
contexte, la méthodologie employée et le degré de confiance au marché.

Le schéma ci-dessous, tiré du Monde diplomatique de juillet 2015, propose une représentation
synthétique et non exhaustive des principaux courants et théories économiques à travers trois axes de
lecture :
- Chronologique (centre vers la périphérie), des pères fondateurs vers les écoles contemporaines ;
- Orthodoxie (couleur bleue) versus hétérodoxie (couleur jaune). les premiers considèrent les agents
économiques comme des êtres séparés, rationnels et calculateurs évoluant sur des marchés ; les

-9-
seconds replacent leur réflexion dans le cadre des sciences sociales et/ou de la philosophie
politique ;
- Degré de confiance au marché (autour de l’arc du cercle). la critique du capitalisme s’accroît à
mesure que l’on se déplace vers la gauche ; la défense du libéralisme, à mesure que l’on avance
vers la droite.
Signalons que dans ce qui suit nous allons présenter uniquement les principales théories ayant donné
naissance à des modèles économiques dominants durant une période. Ainsi, nous commenceront
délibérément l’analyse à partir de la pensée keynésienne.

- 10 -
11
Fiche I : L’é conomie keyné sienne ou le mode le du consensus
keyné sien

La vie et l’œuvre de J. M. Keynes


John Maynard Keynes (1883-1946), figure titulaire de la
macroéconomie avec son ouvrage majeur Théorie générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936)2, sa poutre
maîtresse. A 15 ans, il donne des cours à Cambridge (où il a fait
ses études et eu comme professeur Alfred Marshall) et rentre au
ministère de l’économie (relation avec l’Inde). Et, par la suite, il
fut un conseillé de la reine en matière monétaire. Représente la
délégation anglaise à Bretton Woods (1944), mais le plan de
l’américain White l’emporte sur les différentes réformes.
Il veut mettre au point des analyses théoriques alternatives par
rapport aux classiques à travers deux question concrètes : (i)

Comment combattre le chômage et (ii) quel est le meilleur système monétaire ?

« Les défauts marquants de la société économique dans laquelle nous vivons consistent en son échec à garantir le plein emploi et
sa distribution arbitraire et injuste des richesses et des revenus. » J. M. Keynes.
Il s’oppose farouchement à la réforme monétaire de 1924 (rattachement de la livre à l’étalon or) : politique
déflationniste et limitation des dépenses publiques.

La pensée keynésienne
C’est une perspective axée principalement sur la demande effective ou agrégée, demande totale de biens et
services au sein d’une économie durant un moment donné que le gouvernement peut influer par sa politique
monétaire et/ou fiscale. Toutefois, étant donné que la croissance économique est un processus irrégulier, la demande
globale ne peut être le seul déterminant, sur le long terme l’investissement et l’innovation sont des facteurs clés. Il
réfute l’idée classique d’une économie par l’offre dont le cycle des affaires ne devrait pas entraîner un chômage
involontaire massif. Il prend l’exemple de la grande Dépression (la crise de 1929).
En résumé : les cycles des affaires sont déterminés par la demande globale et non l’offre. Quand la demande
s’écroule, la récession s’ensuit.
La théorie keynésienne a été modélisée par Hicks-Hansen (IS-LM) et par la suite la courbe de Phillips
(1958), corrélation négative entre inflation et chômage, lui a offert un instrument de politique économique.
Après la guerre, 39-45, ses idées prévalaient et les politiques keynésiennes furent adoptées par plusieurs
gouvernements du monde menant à ce qui est connu comme « l’âge d’or de l’économie ». Malgré un désintérêt au
cours des années 1970 et 1980, ses théories ont récemment refait surface avec les « paquets de stimulus » mis en
œuvre par Barack Obama (USA), Gordon Brown (Angleterre) et d’autres.

La remise en cause
Durant la période 1973-1985, l’économie mondiale se trouve dans une phase de stagflation (chômage plus
inflation) rendant caduque la courbe de Phillips à court terme (CT). Sur le plan théorique, Friedman critique les
politiques interventionnistes étatiques de Keynes, notamment celle monétaire qui débouche sur une forte inflation.
Lucas s’attaque à la construction du modèle et parle de langage irréductible à la réalité (coté statique de IS-LM).
Keynes ne dit pas comment l’Etat doit intervenir et si les moyens d’intervention sont toujours corrects ?

2
Signalons qu’en 1917, Keynes avait sorti son premier ouvrage Conséquences économiques de la guerre. Il s’oppose aux accords de
Versailles car il craint un processus déflationniste (ce qui s’est produit en Allemagne) et entrevoit des risques politiques néfastes
(esprit de vengeance : hitlérisme).

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Sous fiche I.1 : La courbe de Phillips

La vie et l’ouvre de William Phillips


William (verlan : Bill) Phillips (1914-1975), économiste néo-
zélandais a fait principalement ses études à la prestigieuse London
School of Economis (LES). Il a quitté son pays avant de finir l'école
pour aller travailler en Australie : il fut notamment chasseur de
crocodile et directeur de cinéma. En 1937, Phillips partit travailler
en Chine, qu'il dut fuir au moment de l'invasion japonaise de
1937. Il s'échappa par la Russie, qu'il traversa au moyen du
Transsibérien, pour finalement parvenir en Grande-Bretagne en
1938, où il étudia l'électrotechnique. Sa contribution majeure, la
courbe de Phillips, a permis le bouclage du modèle IS-LM de
Hicks –Hansen.

« L’inflation est comme la fraude ; tous les gouvernements la dénoncent et tous la pratiques » F. L. Ross.
Un cruel dilemme : contrôler l’inflation et le chômage grimpe, ou donner du travail aux gens et l’inflation
s’envole.
Phillips (1958) a offert un instrument politique au modèle keynésien. En effet dans un article comparant les
courbes d’inflation des salaires nominaux et du chômage au Royaume-Uni entre 1861 et 1957, Phillips observait que
lors d’un accroissement rapide des salaires nominaux (inflation), le chômage baissait et que, pendant les périodes de
hausse du chômage, l’inflation ou encore augmentation des salaires nominaux diminué fortement et pouvait même
devenir négatif. Il en déduit une relation décroissante non linéaire entre inflation et chômage. Autrement dit, une
forte inflation correspond à un faible chômage, cétirus paribus (toute chose étant égale par ailleurs).

Représentation de la courbe de Phillips

Point A : Chômage faible au détriment d’une forte inflation Point B : chômage important mais inflation
maîtrisée. Conclusion : Un gouvernement ne peut pas avoir à la fois une faible inflation et un faible
chômage. Il doit choisir.
Si un gouvernement accepte la courbe de Phillips, il a le choix entre une stabilité des prix (maitrise de
l’inflation) et d’avantage de chômage ou le plein emploi (presque pas de chômage) et hausses de prix continuelles
(forte inflation). Autrement dit, si le gouvernement cherche la stabilité des prix (inflation faible), il aura davantage de
chômeurs. S’il veut le plein emploi, il devra supporter la hausse des prix continuelle. Les Etats peuvent essayer de
mettre en place cette option en manipulant les taux d’intérêt. S’ils les montent, davantage de gens perdront leur
emploi. A l’inverse, l’investissement reprend et les populations trouvent un emploi.
En résumé, un gouvernement doit faire le choix entre faible inflation et plein emploi, car il ne peut pas avoir
les deux simultanément.

13
La remise en cause
En 1970, la situation de stagflation (chômage et inflation simultanée) dans la majeure partie des pays
occidentaux invalide la courbe de Phillips. Les salaires et les prix augmentaient très vite à cause d’une forte inflation,
mais le chômage grimpait aussi et la production ne suivait pas. Le compromis entre inflation et chômage n’avait plus
lieu. Certains économistes s’accordent à dire que la courbe de Phillips n’existe pas sur le long terme, mais
uniquement à court terme.
Friedman va modifier la courbe de Phillips et pense que c’est l’inflation qui crée le chômage et à long terme
il n’y’a plus de relation entre les deux.

Fiche II : le capitalisme libé ral (vision friedmanienne) naissance


du mode le né oclassique de base

La vie et l’ouvre de William Phillips


Milton Friedman (1912-2006) est l’économiste le plus influent de la
deuxième moitié du XXe siècle selon le magazine The Economist. Il est un
fervent défenseur de la dérégulation. Il inspire les politiques de
dérégulation gouvernementales de Reagan, Thatcher et Pinochet. Les
politiques du Consensus de Washington sont fortement influencées par
ses idées. Tellement convaincu du bienfait de la dérégulation, il défend la
légalisation de la marijuana et de la prostitution. A contrario, il s’oppose
au service militaire, une entrave aux libertés individuelles. Il est contre le
système d’aide sociale et propose un crédit d’impôt pour le remplacer.

A ses débuts, il était un keynésien avant de changer d’opinion avec la publication de son ouvrage Histoire
monétaire des Etats-Unis, 1867-1960 (1963) dans laquelle il défend la politique monétaire comme l’instrument le
plus important pour avoir une économie stable. A partir de 1946, Il enseigne et crée la grande école d’économie de
Chicago (une vraie fabrique de prix Nobel). Il conseille Ronald Reagan au cours de sa campagne présidentielle
victorieuse de 1980. Il se lance dans la téléréalité avec sa fameuse émission (codirigée avec sa femme, Rose) : « Free to
Choose ».

La pensée de Friedman
Qui ne connait pas le concept de monnaie hélicoptère de Friedman (contrôler la monnaie et le reste
suivra) ? L’homme accorde une primauté particulière au libéralisme et à la propriété individuelle comme résultat
d’une prospérité maximale. En effet, l’idée de base est que les particuliers prennent les meilleures décisions
(anticipations adaptatives) économiques que les agents de l’Etat. Ce dernier doit être réduit à un rôle de «
veilleur de nuit », qui facilite juste l’activité, par la protection des droits de propriété, le maintien de la loi, de l’ordre
et la défense.
« Afin de laisser s’épanouir le capitalisme, l’Etat devrait se retirer de toute activité économique,
excepté l’armée, la justice et les principales voies de transport » M. Friedman

Le modèle macro-équilibre
C’est une analyse classico-keynésienne qui décrit les conditions d’équilibre sur les 4 marchés (travail, titres,
B&S et monnaie) sur la base de deux hypothèses : (i) le marché est régi par la concurrence parfaite et (ii) les prix
flexibles. Le modèle accorde un primat à l’offre et non la demande.
Contexte : triomphe des politiques keynésiennes (30 glorieuses) mais dans les années 1960, on assiste à une
montée inflation continue et chômage plus tard. Un courant nouveau, le monétarisme avec Friedman (1956: la
théorie quantitative de la monnaie), voit le jour. L’inflation est partout et toujours un phénomène monétaire et les
politiques de relance keynésienne seraient inefficaces à long terme (LT) (réfutation de la courbe de Phillips).

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Dans les années 1970 va émerger le consensus classico-keynésien -la synthèse IS-LM complétée par la courbe de
Phillips corrigée par Friedman et Mundell (68) et Fleming(62) rajoutant une dimension internationale. En somme,
Keynes avait raison sur le court terme mais les classiques l’emportent sur le long terme (Hicks et Samuelson).

La remise en cause
Toutefois, ce consensus sera vite rompu avec la nouvelle école classique. En 1980, la bataille contre
l’inflation est gagnée grâce aux préceptes monétaristes mais le chômage monte rapidement. Donc, se pose cette
question légitime, une telle politique monétariste ne se traduit pas-t-elle par un coût social (chômage croissant) ?

Fiche III : La pensé e né oclassique ou le mode le dominant : la


nouvelle é conomie classique
Le mot néoclassique a été introduit par Thorstein Veblen en 1900 pour désigner les auteurs qui intègrent la
révolution marginaliste initié par Stanley Jevons et l’école autrichienne (Carl Menger), sans pour autant citer Léon
Walras, l’un des pères fondateurs. C’est la pensée dominante actuelle : la mainstream. A partir des années 1970, 1980,
la nouvelle économie classique va remettre en cause toutes les autres pensées régnantes et en particulier celle de la
macro standard (pré-friedmanienne et friedmanienne).
Plusieurs développements théoriques, qui invalident à la fois les théories existantes, vont permettre de
constituer cette nouvelle école de pensée néoclassique reposant en grande partie sur l’individu maximisateur. A cet
effet, ils reprennent le raisonnement à la marge de Marshall et Jevons (économistes classiques) qui affirmaient que
c’est l’utilité marginale d’un produit qui en détermine la valeur. Cette théorie de la « valeur d’échange » est
fondée sur l’idée que les gens se lassent de la consommation d’un produit qu’ils utilisent en continu.
Deux hypothèses fondamentales vont sous-tendre les différentes théories développées sous une approche
mathématiques :
- Les anticipations rationnelles des agents (Muth) ;
- Apurement (ajustement) systématique du marché sous l’effet de la flexibilité des prix et des salaires.
Par conséquent, pour les néoclassiques le chômage résulterait d’un arbitrage entre loisir et travail.

La croissance néoclassique
« Il n’y’a aucune preuve que Dieu ait décidé un jour que les Etats-Unis d’Amérique devrait avoir
un revenu individuel supérieur au reste du monde pour l’éternité » R. Solow.
Le modèle développé par Solow3 (1924-) est utilisé pour décrire ce qui se passe dans une économie régie par
les lois néoclassiques. Cherchant le développement économique d’un pays sur long terme, les auteurs mettent en
avant trois facteurs essentiels la technologie, le capital et la quantité de main d’œuvre compte tenu des rendements
décroissants. Ainsi, dans le modèle de croissance néoclassique, la fin des économies est caractérisée par un état
stationnaire symbolisé par une augmentation lente du PIB au même rythme que la main d’œuvre et la technologie,
facteur exogène. A terme, le modèle prédit un rattrapage économique des pays développés par les pays en
développement.
Toutefois, des critiques demeurent. D’une part, sur le côté exogène de la technologie dont l’auteur
n’explique pas sa provenance et sa différence selon les pays. Et, d’autre part, le modèle de croissance néoclassique ne
prend pas en compte l’esprit d’entreprise, ni le capital humain, ni la compétition et ni la qualité de la politique
gouvernementale qui, d’ailleurs, influence fortement le développement économique. Toutefois l’ensemble de ses
critiques seront au fur et à mesure intégré au modèle. Ce qui fera dire à Blog : « la Théorie générale gagnera en
généralité ce qu’elle perdra en subtilité ».
Nous allons présenter les principaux auteurs néoclassiques ainsi que leur théorie.

3 En réalité le modèle a été exposé par Robert Solow et Trevor W. Swan en 1956.

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Sous fiche III.1 : La thé orie de l’é cole autrichienne

La première place de théorie économique qu’occupait Vienne avant la première guerre mondiale est due
essentiellement à quatre économistes marginalistes que sont Carl Menger (1840-1921), Eugen Von Böhm-Bawerk
(1851-1914), Ludwig Von Mises (1881-1973) et Friedrich Von Hayek (1899-1992). Les deux derniers sont les plus
connus.

Ils réfutent radicalement le socialisme qui selon eux exclue le


calcul rationnel (Von Mises : deuxième photo à partir de la
gauche) et ne pouvait qu’être inférieur au capitalisme parce que
beaucoup moins efficace (Von Hayek : première photo à partir de
la gauche).
Liens vidéos parodie rap sur Youtube : Hayek vs Keynes (à
regarder) :
Fear the Boom and Bust:
https://www.youtube.com/watch?v=d0nERTFo-Sk
Ou encore le Combat du siècle :
https://www.youtube.com/watch?v=zgtDLN-Tn4I

Ils partaient sur l’idée de base que seuls les particuliers connaissent la valeur d’un objet (coût et bénéfices
qui sont subjectifs). Par conséquent, seul le marché peut coordonner efficacement les préférences de chacun (les
préférences des myriades de consommateurs de la société). Le prix à un rôle de premier plan car c’est un condensé
d’informations disparates de l’économie. Or, dans le socialisme le prix (indicateur de base) est fixé par l’Etat qui ne
possède nullement l’information sur la préférence et coût de la société. L’intervention de l’Etat gâche tout
inévitablement.
« Seul le libre échange est capable de coordonner efficacement toute l’information et les attitudes
de chaque personne en matière de valeur – c’est ainsi que se fixent les prix du marché »
Ses propos trouvèrent un écho favorable à partir des années 1980 avec les réformes de Thatcher et Reagan.
Les auteurs de l’école autrichienne sont les plus farouches opposant de l’Etat interventionniste. Ils sont considérés
comme les pères du libéralisme de droite (Exemple : Fillon en France).
Toutefois, une limite majeure est remarquée dans cette pensée. Il prétend un peu loin qu’une société ne
fonctionne correctement que si aucune décision collective ne s’en mêle. La grande crise économique a prouvé le
contraire avec les interventions gouvernementales qui du moins ont permis de calmer la situation.
« Avoir connu Keynes est un souvenir qui marque toute ma vie. Il exerçait un réel magnétisme sur
tous ceux qui l’entouraient. Sa vaste culture littéraire, artistique, scientifique, la puissance de sa
conversation, la diversité de ses centres d’intérêt font que, même s’il n’avait rien écrit sur l’économie, je
m’en serais toujours souvenu comme un grand très grand homme. Mais cela n’empêche pas que c’était un
piètre économiste » F. A. Von Hayek.

Sous fiche III.2. La thé orie des anticipations ou attentes rationnelles

Les anticipations rationnelles (AR) ont été développées par John Muth (1930-2005). Elles reposent sur trois
propriétés statistiques fondamentales : (i) elles se réalisent en moyennes i.e. les agents ne font pas des erreurs
systématiques - E (!") = 0 - ; (ii) les erreurs non corrélées entre elles (orthogonalité) et (iii) les AR sont cohérentes i.e.
elles restent cohérentes lors de leur formation excepté la survenance d’un évènement imprévu.

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Par la suite deux économistes américains, Robert Lucas (1937-)
(premier en partant de la gauche) et Thomas Sargent (1943-, prix
Nobel en 2001) (deuxième en partant de la gauche), vont la
mobiliser pour expliquer la stagflation des années 1970.

Alors que les politiques expansionnistes keynésiennes ne


parvenaient pas à résoudre le chômage et que l’inflation montait
également, les deux auteurs libéraux vont utiliser les anticipations
rationnelles pour invalider la courbe de Phillips d’une part. Et,
d’autre part, critiquer Friedman dont les agents économiques
fondent leur décision sur des données passées (anticipation
adaptative : les erreurs du passé sont toujours répétées).

Les agents prennent leur décision en se basant sur les informations en cours et non sur celles passés. Ainsi
pour expliquer la stagflation, les économistes libéraux affirment que le taux de chômage ne baissera pas, même
temporairement, tandis que que l’effet à long terme de la politique expansionniste (plus d’inflation) se produira
effectivement à cause des anticipations rationnelles des agents économiques des politiques gouvernementales la
rendant inefficace.
« On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut
pas tromper tout le peuple tout le temps » Abraham Lincoln.
Pour prendre leur décision les gens se servent de toute l’information dont ils disposent, y compris de
pronostics. Les décideurs politiques ne devraient jamais s’imaginer que le peuple se laissera berner indéfiniment.
Ainsi, Lucas et Sargent affirment que : « Vous fondez vos décisions concernant l’avenir sur l’information
disponible. Même s’il s’avère que vous avez fait fausse route, c’était le choix le plus rationnel » .

Sous fiche III.3. La cohé rence temporelle ou l’incohé rence inter-


temporelle

Cette théorie est d’une importance capitale dans la justification de l’indépendance de la banque centrale si
cette dernière est sous les pressions politiques ou à un programme gouvernemental partisan pouvant la contraindre à
prendre des décisions à court terme qui vont très certainement fragiliser l’économie à long terme. C’est un argument
de taille pour défendre l’indépendance de la BC européenne tant convoitée par les allemands.

Ainsi, les gouvernements devraient être capables de réagir au gré des


circonstances toutefois, la meilleure politique serait de tenir sa ligne de
conduite initiale. Voilà la position défendue par deux économistes
libéraux Finn Kydland (1943-, premier à partir de la gauche) et Edward
Prescott (1940-, deuxième à partir de la gauche), tous les deux prix Nobel
en 2004.

Illustration sur les prises d’otage : La plupart des pays annoncent qu’ils ne négocient pas parce que, faute
de rançon, les terroristes finiront par en comprendre l’inutilité. Or, quand une personne est enlevée son pays est
tenté de faire des concessions pour la libérer. Le problème est que si les terroristes s’attendent à voir le
gouvernement céder, ses annonces de refuser de négocier ne vont pas les dissuader à prendre des otages. La même
chose est observée également dans les annonces gouvernementales en matière de politique monétaire ((garder
l’inflation au plus bas). Si celle-ci n’est pas respectée à court terme, à long terme les entreprises et travailleurs
apprennent vite à utiliser cette incohérence.
Par conséquent, pour réussir la politique de votre choix, il est plus prudent de la respecter sur le long terme.
Cette théorie a été mobilisée pour expliquer la stagflation des années 1970 : quand les préférences des décideurs

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politiques se sont mises à changer, l’inflation et le chômage ont grandi de concert alors que l’activité cessait de
progresse.
La grande conclusion : une fois qu’un gouvernement a décidé d’une série d’actions, il devrait se tenir à son
programme pour atteindre son objectif. Cette théorie est proche des attentes rationnelles curseur de décision des
agents.
« Il semblerait que la pratique courante qui consiste à choisir la meilleure politique pour la
situation en cours soit amenée à évoluer vers une politique cohérente à défaut optimale » Kydland et
Prescott.

Fiche III.4. La zone moné taire optimale

Cette théorie développée par Robert Mundell (1932-, prix


Nobel en 1999) donne les conditions (une économie
homogène) afin de partager une monnaie. Ainsi, si les
économies ne sont pas homogènes chaque pays doit garder sa
propre monnaie. L’auteur juge la zone monétaire européenne
non optimale. « Il y’a jusqu’à présent seize pays
européens dont les économies sont considérées
suffisamment homogènes pour partager une monnaie
unique- l’euro »

La grande question est la suivante (et celle-ci se pose dans la zone CFA mais également dans la future
zone Eco/UEMOA ou encore plus large Eco/CEDEAO) : Comment peut on savoir si une économie locale,
comme celle d’un pays, a intérêt à avoir sa propre monnaie ou si deux ou plusieurs pays doivent adopter
une monnaie commune ?
Etant donné que les économies ne sont pas homogènes, les économies nationales respectives ne vont pas
répondre toutes de la même manière aux chocs extérieurs. Par conséquent, chaque pays doit garder sa propre
monnaie et adopter un taux de change flexible qui servira de tampons et préservera la stabilité de chaque économie.
Il met en évidence quatre (4) critères d’homogénéité suffisante (zone optimale) ; (i) parfaite mobilité des
travailleurs ; (ii) parfaite mobilité des capitaux ; (iii) des économies diversifiées et (iv) une harmonisation fiscale
permettant un transfert de l’argent selon les besoins. L’Europe ne remplit par les deux critères de parfaite mobilité du
travail et d’harmonisation fiscale.
Cette théorie a été utilisée lors de la création de l’euro à seize que l’auteur juge optimale.
« L’avènement de l’euro peut s’avérer être le développement le plus important au sein des
arrangements monétaires depuis l’émergence du dollar en tant que monnaie dominante peu après la
création de la banque fédérale de réserve, en 1913 » R. Mundell

Sous fiche III.5. La thé orie de l’impossibilité trinité

C’est tout une histoire derrière ce trilemme. Si on regarde de près l’évolution du système monétaire
international (SMI), on se rend compte que la parfaite mobilité des capitaux n’était pas évidente. En effet, deux
objectifs ont toujours été suivis par les autorités de la politique économique. Avant la grande dépression ou encore
crise économique de 1929, la plupart des Etats choisissaient la mobilité des capitaux et un taux de change fixe et de
ce fait, les BC ne pouvaient pas combattre le chômage. Après la deuxième guerre mondiale le SMI évolue. Les pays
contrôlent les capitaux dans le but de maintenir leur taux de change fixe (un contrôle des politiques monétaires).
Aujourd’hui, les capitaux sont parfaitement (quasiment) mobiles. D’ailleurs, des pays comme la Chine ont même
lever les contrôles sur les capitaux.

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Ainsi Robert Mundell et John Marcus Flemming (1911-1976) (photo ci-
contre) nous présentent les exigences des Etats en matière monétaire avant
de développer l’impossibilité d’atteindre à la fois les trois objectifs.
Premièrement, les Etats veulent un taux de change fixe pour stabiliser le
commerce international. Deuxièmement, ils souhaitent la mobilité des
capitaux indispensable à un investissement optimal d’un pays à un autre.
Et troisièmement, ils veulent garder le contrôle sur leur politique
monétaire pour pouvoir changer le taux d’intérêt en vu de combattre le
chômage et/ou l’inflation. Cependant, en 1962, Mundell et Flemming
démontrent qu’il n’est possible d’avoir que deux des trois choses ci-dessus
: le trilemme. Taux de change fixe, mobilité des capitaux ou contrôle de la
politique monétaire ?
Choisissez-en deux, parce que vous ne pouvez pas tout avoir.

« Si on lit la littérature monétaire internationale du temps où Mundell était en pleine gloire, on a


l’impression qu’il était en avance de dix ou quinze ans sur ses contemporains… il imaginait un monde
dans lequel l’argent voyageait librement et massivement partout où il pouvait obtenir les meilleurs
rendements » Paul Krugman.

Sous fiche III. 6 : Les nouvelles thé ories de la croissance

Globalement, on peut citer les travaux de Paul Romer et ceux de Gary Becker & Jacob Mincer.
- Paul Romer ((1955-, prix Nobel en 2018) où la théorie de la nouvelle
croissance endogène
Suite aux critiques du modèle néoclassique ne prenant pas en compte le capital
humain et dont la technologie était exogène et le capital accumulatif, Paul
Romer se met à penser sur la provenance de la croissance économique.
Il affirme que les gouvernements doivent investir dans l’innovation en lui
fournissant un environnement favorable (droits de propriété intellectuelle,
brevets, licences…). L’auteur avance que le capital et la main d’oeuvre sont les
bienvenus, mais la croissance économique tient avant tout à l’innovation. Ainsi,
il argue, plus ou moins, dans le même sens que Schumpeter avec la destruction
créatrice.

« La croissance économique intervient quand les gens utilisent des ressources qu’ils transforment de
manière à les valoriser. L’histoire humaine nous apprend que cette croissance jaillit avant tout des recettes
pas du simple allongement du temps de cuisson » P. Romer

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Gary Becker (1930-2014, première photo à partir de la gauche, prix Nobel
en 1992) et Jacob Mincer (1922-2006), où le capital humain
En essayant de comprendre les niveaux de développement de
différents pays, les deux auteurs avancent que le capital humain
constitue un facteur prépondérant du niveau de développement.
En moyenne ceux qui ont un diplôme universitaire gagnent plus
que les bacheliers. Ceux qui ont un diplôme universitaire gagnent
plus que les simples bacheliers. C’est parce que l’éducation, ainsi
que la formation professionnelle, optimisent la main d’œuvre
(connaissances, expertises, savoir-faire et santé) apporte à la fois
un gain personnel et un développement économique général.

L’investissement ne concerne pas uniquement les machines et les usines. Quand on investit dans
le capital humain, on obtient davantage en retour. Donc, accroître le capital humain en investissant dans
l’éducation et la formation crée des individus plus riches et une économie plus fructueuse.

C’est parce que l’éducation ainsi que la formation professionnelle optimisent la main d’œuvre (connaissance,
expertise, savoir-faire et santé) apportant à la fois un gain personnel et un développement économique général.
Mincer se sert de la théorie du capital humain pour expliquer les différences de revenu personnel. Comme l’affirmait
Becker, en 1960, investir dans l’éducation, la formation et la santé est un choix rationnel.
Après la deuxième guerre mondiale l’économie européenne est rapidement revenue en vie, malgré la
destruction à grande échelle, grâce à sa main d’œuvre qualifiée. Mais, dans les pays ou la main d’œuvre qualifiée est
insuffisante, ils doivent lutter pour se développer, surtout quand leurs ressortissants les plus éduqués et talentueux
émigrent pour gagner de meilleurs salaires : la fuite des cerveaux ou encore, en anglais, brain drain.

Sous fiche III. 6 : L’é cole des choix publics

Cette école des Public choices de Chicago applique la théorie du choix rationnel de Becker à la politique. Ils pensent
que les acteurs politiques et économiques se comportent de la même façon : ils cherchent, tous les deux, à maximiser
leur intérêt. Et parmi les théoriciens, on peut retenir trois : James Buchanan (1919-) ; Gordon Tullock (1922-) et
George Stigler ((1911-1991) respectivement sur les photos ci-dessous.

Ils affirment que le politicien est un homme


comme les autres ; il a beau parlé de bien
public, c’est son intérêt personnel qui prime.
Ils affirment que les politiciens se soucient plus
souvent de leur réélection que de l’intérêt
public ; les électeurs s’intéressent d’abord à leur
portefeuille.

Bien que traitant l’Etat comme un tout, les politiques fondent leur choix public sur des intérêts personnels multiples.
Les décisions sont ainsi prises par des bureaucrates cherchant à augmenter leur salaire et des hommes d’Etat qui
visent à être réélus. Si la politique suivait les mêmes règles que le marché économique, on pourrait s’attendre à ce
qu’elle soit efficace. Or, tel n’est pas le cas.
Par conséquent, les théoriciens des choix publics concluent qu’ils seraient profitables de diminuer
l’intervention des politiques dans l’économie. On doit laisser l’autonomie au marché et la BC doit être indépendante.
Parallèlement, ils étudient le paradoxe des systèmes électoraux (Paul Volker un contre-exemple et Reagan
qui bat Carter en 1979) et le rôle des partis (bipolarisation avec l’électeur médian) et des lobbies.
« Si vous voulez améliorer la politique, changez les règles et revoyez la structure. N’attendez pas
que les politiciens changent de comportement. Ils agissent en fonction de leurs intérêts. » J. Buchanan

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