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Dissertation Olympe de Gouges

« Ce sexe supérieur en beauté et en courage dans les souffrances maternelles reconnaît et déclare les
droits suivants de la femme et de la citoyenne » écrit Olympe de Gouges en 1791, en ouverture de la
Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne. Voici la formule qui lui permit de construire la loi
fondamentale des droits des femmes.
Le XVIIIème siècle voit aboutir le bouillonnement et l’effervescence des idées nouvelles et des
découvertes. De nombreuses voix s’élèvent comme celles des philosophes, des idéologues et des politiciens,
tous genres confondus. « Les Lumières » montrent que la raison et la science sont les clés d’une société
égalitaire. Bien souvent, ce bouleversement mené par le progrès prend une forme écrite. Mais cette
révolution littéraire abouti, en France, à la Révolution française. Cette époque mouvementée permet aux
femmes une opportunité unique de se démarquer. C’est ainsi, qu’en 1791, la voix d’Olympe de Gouges
retentit à Paris, puis fut oubliée, dans les prémices de la Terreur.
Michelle Perrot écrivit dans son essai Femmes rebelles, en 2014, « L’écriture fut pour elle surtout
instrumentale, un cri protestataire, véhément. Elle avait le talent du manifeste. » à propos d’Olympe de
Gouges. L’auteure dresse un portrait et interprète l’œuvre de Gouges et nous pouvons nous demander dans
quelle mesure Michelle Perrot définit la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et permet une
réflexion autour du combat pour l’égalité. Afin de répondre à cette question, nous étudierons premièrement
le caractère d’Olympe de Gouges et dans un second temps, la nature et la forme que prennent sa lutte.

Gouges possède l’ambition révolutionnaire mais également comme un musicien a son instrument et le
chevalier a son épée, elle possède l’âme d’un écrivain.
Figure féminine de la littérature française, ayant tenu la question de faire mener son corps au Panthéon,
Olympe de Gouges n’avait pas le Français pour langue natale. Elle l’apprit en grandissant. Mariée de force à
l’âge de seize ans, elle apprit de son expérience personnelle le coût d’être une femme au XVIIIème siècle.
Mais elle écrivit tout de même, sous le nom d’Olympe de Gouges et servit ses ambitions. « J’écris de ma
faible voix pour que vous puissiez connaître le faible sort des femmes » disait-elle devant l’Assemblée en
1789.
De cette langue, elle fit naître un cri, nécessaire pour les femmes et pour la Nation tout entière. Ce « cri
protestataire, véhément » montre bien la gravité de la situation qui irrigue la vie littéraire et sociale de la fin
du XVIIIème siècle. En effet, c’est sa faible voix, voix étouffée, de faible probité, qui la pousse à crier au-
delà de l’intolérance et du fanatisme. Olympe de Gouges protestait en disant que « si les femmes ont le doit
à l’échafaud, alors elles doivent également avoir le doit à la tribune ». L’auteure prendra au mot
l’universalisme des révolutionnaires en montrant le danger de mœurs que signifiait écarter les femmes du
débat politique. À travers sa vie, qu’elle offrit à son pays en faveur de l’égalité, elle montra un caractère
profondément patriotique.
Dans sa déclaration, elle montra sa volonté émancipatrice des femmes : « J’offre le moyen invincible
d’élever l’âme des femmes : c’est de joindre à tous les exercices de l’homme. ». Dans le contexte
révolutionnaire, les femmes furent mises en avant. Ce sont celles qui prirent les armes et ramenèrent de
Versailles le roi et celles aussi qui tinrent place à la tribune. « Éduquer une femme, c’est éduquer toute une
Nation. » écrit Laetitia Colombani à ce sujet dans son roman Le Cerf-volant. Ce combat en faveur de
l’égalité entre les hommes et les femmes est un combat fructueux et glorieux pour le Nation tout entière.
Mais ces idées qui bercent les esprits sont aussi orales. Dès lors, les femmes, à l’instar de Mme de Staël ou
de Mme Roland, tiennent salon. Elles défendent ainsi, comme elles le peuvent, leur liberté d’expression. Et
cette nature « instrumentale » de l’écriture chez Gouges découle des qualités de chacun. Michelle Perrot
permet de revenir sur le sort des femmes : grâce à l’expression « surtout instrumentale », nous pouvons
penser à ces femmes qui privilégiaient par exemple l’écriture d’un journal ou de correspondances pour
s’échapper de leur captivité.
Devant l’atrocité des horreurs commises par les colons, l’auteure Gouges réclame l’égalité entre tous les
hommes. Elle écrit la pièce Zamore et Mirza pour laquelle elle luttera quatre années. Elle dénonçait de cette
manière la force illégitime et nulle de la justice, devant le dénigrement des principes de la Déclaration des
droits de l’Homme et du citoyen.
Dans sa bataille pour les droits des femmes, pour leur éducation, pour l’ouverture de maternités, pour le
droit au divorce et celle contre l’esclavage des Noirs, Olympe de Gouges montre le caractère tempêtueux et
vif d’une auteure engagée.

Dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, le style et la forme de l’écriture permettent
de convaincre tantôt ou de persuader tantôt le lecteur.
La lutte pour l’égalité, c’est-à-dire ce qui est juste et équilibré, d’Olympe de Gouges s’inscrit dans le
contexte des « Lumières ». C’est au XVIIIème siècle que l’apologue, récit métaphorique porteur d’un
enseignement, se développe le plus. Candide ou l’Optimisme, de Voltaire, montre à travers une
argumentation indirecte les dangers de l’intolérance et défend les vertus du travail, qui donne son sens à la
vie. Des discours comme le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de
Rousseau en 1754, cherchent également à convaincre l’Homme du bienfondé de l’équité.
Chez Olympe de Gouges, sa déclaration s’appuie sur diverses stratégies argumentatives. Sa forme et ses
différents destinataires en font une œuvre inclassable. L’épître prend vie sous une lettre ouverte adressée à
sa majesté la reine Marie-Antoinette en tant que « souveraine, mère et épouse ». La déclaration est, elle,
adressée aux membres de l’Assemblée National, que Gouges interroge à continuer et aller au bout de leurs
revendications égalitaires en incluant les femmes. Le postambule est une marche à suivre par les femmes :
« Femme, réveille-toi, reconnais tes droits ! ». Gouges doit sortir de leur torpeur celles-ci qui sont acculées
par les hommes. Théroigne de Méricourt disait même qu’il « n’y a pas de vraie révolution tant que les
femmes ne s’en mêlent pas ».
Ce texte prend également la forme du pastiche en ne conservant tout de fois aucune valeur juridique à
l’inverse de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Ce manifeste est un contrat social que
l’esthétique de Gouges, son « talent » donne aux hommes et aux femmes en incluant, dans ce discours direct
des arguments ad hominem. Se penchant vers la nature notamment et les opinions masculines elle dénigre
toute forme de pouvoir empirique. Elle adopte un ton « véhément », incisif et une posture manifeste de
« protestataire ». Les femmes protestent contre leurs conditions d’un esprit sanguin dans une même
puissance unificatrice en « Mères, filles, sœurs, représentatrices de la Nation » (ouverture de la déclaration).
Le genre de la « Littérature d’idées » est un genre qui évolue et ce sous différentes formes littéraires. Il
pose notamment la Question de l’Homme dans son genre argumentatif. Depuis le XVIème siècle, par
exemple lorsque François Rabelais campait son combat contre les prétendus érudits et les sophistes dans
Gargantua, l’écrivain engagé a su mettre en œuvre le changement car « l’on ne peut dévoiler qu’en
changeant » (Jean-Paul Sartre, Qu’est-ce que la littérature).

La citation de Michelle Perrot permet d’éclairer et de définir la Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne en proposant la recette menant à l’égalité, un combat que de nombreuses femmes ont mené au
cours du temps. Mais il est particulièrement intéressant de voir que l’Histoire donna à raison à Gouges et ses
consœurs en abolissant l’esclavage en 1948 et en accordant le droit de vote des femmes en 1944. Nous
pouvons dès lors nous demander quelles sont les batailles que doivent mener aujourd’hui toute personne,
dans l’héritage des philosophes des « Lumières » et de ces femmes.

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