Vous êtes sur la page 1sur 79

L2 AES

ANNEE 2021-2022

COURS DE POLITIQUE ECONOMIQUE

CHAPITRE 2

L’EFFICACITE DES POLITIQUES


ECONOMIQUES EN ECONOMIE FERMEE :
LE MODELE IS-LM
LE MODELE IS-LM

• Elaboré par JR Hicks (1937)


• Modèle permettant de représenter l’équilibre
macroéconomique d’une part et l’évolution de ce
dernier.
• Repose sur deux hypothèses principales :
– Modèle à prix fixes : on est en sous emploi ; il existe
des capacités de production excédentaires
– Les anticipations des agents sont statiques : on ne
prend pas en compte les prévisions des agents.
• Une représentation de l’approche intégrée de
l’économie.
LE MODELE IS-LM

• Pourquoi un modèle d’inspiration keynésienne ?


– L’équilibre macroéconomique révèle l’interdépendance
entre la sphère réelle et la sphère monétaire
– La variable d’intégration est le taux d’intérêt
• Se démarque de l’approche dichotomique des
« classiques » pour qui :
– La monnaie n’influence pas la sphère réelle, seulement
le niveau général des prix.
APPROCHE KEYNESIENNE : UNE
APPROCHE INTÉGREE

SPHERE MONETAIRE SPHERE REELLE


Offre de Demande de
Niveau de
monnaie monnaie l’investissement

Niveau de l’activité
Niveau du taux économique
d’intérêt
LES QUESTIONS ABORDÉES PAR LE
MODÈLE
• Par quel canal une augmentation des dépenses publiques
soutient-elle l’activité économique d’un pays ?
• Quels sont les effets à attendre d’une variation des taux
d’intérêt ?
• Une réduction d’impôt permet-elle de relancer
l’économie ?
• Quelles sont les conditions d’efficacité de la politique
budgétaire, de la politique monétaire ?
• Quelles sont les limites potentielles d’une relance
budgétaire ?
• Peut-on combiner efficacement politique budgétaire
et politique monétaire (référence au policy mix) afin
de soutenir l’activité économique ?
LES QUESTIONS ABORDÉES PAR LE
MODÈLE
• La politique budgétaire, combinée ou pas avec la
politique monétaire, peut-elle influencer l’équilibre
macroéconomique ?
– Equilibre macroéconomique : un niveau d’activité
économique ET un niveau de taux d’intérêt.
• En quoi la politique économique peut-elle favoriser
l’activité économique et donc l’emploi ?
• Quelles variables influencent l’efficacité de la
politique économique ?
LE MODELE IS-LM

1ère Partie

L’équilibre sur le marché des biens et


services : la courbe IS
L’EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS
ET SERVICES EN ECONOMIE FERMEE

• Y=C+I+G

– Où Y = PIB ; C = consommation finale ; I = FBCF


G : demande publique
L’EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS
ET SERVICES EN ECONOMIE OUVERTE
Ce n’est pas le cadre du modèle IS-LM

• C’est une égalité macroéconomique toujours vérifiée

Y+M=C+I+G+X

• En valeur, aussi bien qu’en volume, la somme des


ressources en marchandises et en services = la
sommes des emplois en marchandises et services.
LES TROIS APPROCHES DU PIB
Une illustration de la notion de circuit

  2020

Produit intérieur brut (approche production (1)) 2 302,9


Valeur ajoutée brute au prix de base 2 054,3
+ Impôts sur les produits 274,1
- Subventions sur les produits -25,5
Produit intérieur brut (approche demande (3)) 2 302,9
Dépense de consommation finale 1 801,0
Formation Brute de Capital Fixe 548,4
+ Exportations de biens et de services 641,9
SOLDE
COURANT
- Importations de biens et de services 688,4
Produit intérieur brut (approche revenus (2)) 2 302,9
Rémunération des salariés 1 194,7

+ Excédent brut d'exploitation et revenu mixte brut 799,8


+ Impôts sur la production et les importations 395,0
- Subventions -86,6

Insee, 2021
L’EQUILIBRE SUR LE MARCHE DES BIENS
ET SERVICES EN ECONOMIE FERMEE
Retour au modèle IS-LM

• Est représenté par la courbe IS, ensemble des couples (Y,i)


pour lesquels ce marché est en équilibre.

• Tout point ne se situant pas sur cette courbe traduit un


déséquilibre sur le marché des BetS
– Soit un excédent de demande de biens
– Soit un excédent d’offre de bien
UNE PREMIÈRE ÉQUATION
MACROÉCONOMIQUE FONDAMENTALE

• Toute la valeur de ce qui est produit est distribuée sous forme de


revenus à ceux qui ont contribué à cette production
Y=R
• La production permet de répondre aux besoins de
consommation, aux besoins d’investissement et à la demande
publique
Y=C+I+G
• Les revenus distribués sont « dépensés » à des fins de
consommation, à l’épargne ou au paiement des impôts, soit
R=C+S+T
UNE PREMIÈRE ÉQUATION
MACROÉCONOMIQUE FONDAMENTALE

• Il en résulte l’équation traduisant la condition


fondamentale d’équilibre du circuit économique
(en économie fermée)
Y=R
C+I+G=C+S+T
I +G = S + T

Expression de l’équilibre épargne-investissement en économie


fermée
CONSTRUCTION DE LA COURBE IS
i
LA COURBE
CONNUE
IS
A

I+G Y

EQUILIBRE SUR LE
MARCHE DES BIENS
ET SERVICES

CONNUE CONNUE

S+T
LA COURBE IS

i EXCES D’OFFRE
DE BIENS

i2
A

i1

Y
LES DÉPLACEMENTS DE LA COURBE IS
i
G

I+G Y

S+T
LES DÉPLACEMENTS DE LA COURBE IS

IS1

IS0
IS2

Y
POURQUOI LA COURBE IS A UNE PENTE
NEGATIVE ?

• Soit un point reflétant l’équilibre sur le marché des biens et


services, donc sur la courbe IS
• On envisage une hausse du revenu (Y) à partir de ce point
• Question : comment doit évoluer le taux d’intérêt pour restaurer
l’équilibre sur le marché des biens et services ?
• Réponse
– Une hausse de Y entraîne un excès d’offre (OG > DG)
– La demande globale doit augmenter
– L’investissement doit augmenter
– Le taux d’intérêt doit donc baisser
• Conclusion : à une hausse de Y doit correspondre une baisse
de i pour retrouver l’équilibre ; il y a donc bien une relation
négative entre Y et i.
POURQUOI LA COURBE IS A UNE
PENTE NEGATIVE ?
i
D

?
A B

?
C

Y
POURQUOI LA COURBE IS A UNE PENTE
NEGATIVE ?
i

A B

IS

Y
LA COURBE IS : QUE RETENIR ?
• Une courbe IS recense l’ensemble des points (Y,i) pour lesquels
le marché des biens et services est en équilibre
– Offre globale = Demande globale
– Epargne = Investissement

• Toute modification des dépenses publiques entraîne un


déplacement graphique de la courbe IS.

• Dans le cas standard, la courbe IS a une pente négative


témoignant la relation inverse entre l’investissement et le taux
d’intérêt.
– Le taux d’intérêt : variable monétaire, assurant l’équilibre sur le marché de
la monnaie.
– Le taux d’intérêt : variable d’intégration qui se détermine sur le marché de
la monnaie mais qui influence une variable réelle (l’investissement)
LE MODELE IS-LM

2ème Partie

L’équilibre sur le marché de la


monnaie : la courbe LM
L’EQUILIBRE SUR LE MARCHE DE LA
MONNAIE
-Est représenté graphiquement par la courbe LM
-Cette courbe rassemble l’ensemble des couples (Y,i) pour
lesquels le marché de la monnaie est en équilibre
-Tout point ne se situant pas sur cette courbe traduit un
déséquilibre sur le marché de la monnaie
-Soit un excédent d’offre de monnaie
-Soit un excédent de demande de monnaie
-Toute modification de l’offre de monnaie entraîne un
déplacement de la courbe LM

23
LA DEMANDE DE MONNAIE

• Les agents économiques demandent de la monnaie


pour trois motifs :
– Motif de transaction
– Motif de précaution
– Motif de spéculation
• La demande de monnaie pour motifs de transaction et
précaution dépend du revenu
• La demande de monnaie pour motif de spéculation
dépend du taux d’intérêt.

24
LE MOTIF DE TRANSACTION
• La monnaie rend des services : elle permet de
participer aux échanges
• La demande de monnaie est liée au nombre de
transactions qu’un agent va devoir réaliser
• Ce nombre de transactions dépend de son revenu
• La demande de monnaie pour motif de transaction
dépend donc du revenu :
– Les transactions seront plus nombreuses
– Les décalages entre recettes et dépenses plus
importants.

25
LE MOTIF DE SPÉCULATION

• Un agent peut vouloir garder de la monnaie


– Détenir de la monnaie, c’est détenir un pouvoir

• On peut vouloir détenir de la monnaie en attendant


des opportunités rentables de placement en titres

• L’agent économique est toujours en train


d’arbitrer entre le placement de son épargne soit
en monnaie (actifs monétaires), soit en titres.

26
LA LOGIQUE KEYNÉSIENNE

L’agent perçoit un revenu Y


c s

Une partie est Une partie est


consommée (C) épargnée (S)

i i

Épargne sous forme de Épargne sous forme


monnaie (actifs monétaires ; de placement en
demande de monnaie pour titres
27
motif de spéculation)
LA LOGIQUE KEYNÉSIENNE

• Chez Keynes, le niveau de l’épargne dépend du niveau de


revenu ; Il ne dépend pas du taux d’intérêt.
– Opposition avec l’Ecole Classique
– La clé de répartition : la propension à consommer, qui est d’autant plus
forte que le niveau de revenu est élevé.

• Le taux d’intérêt est une variable monétaire


– Il se fixe de manière à équilibrer le marché de la monnaie
– Opposition, là aussi, avec l’Ecole Classique

28
LA RELATION DECROISSANTE ENTRE LE
PRIX D’UN TITRE ET LE TAUX D’INTÉRÊT

Soit une obligation de valeur 1000 euros, rapportant un intérêt de


10 %
Tous les ans, perception d’un intérêt de 100 euros

Soit une hausse des taux qui passent à 12 %

Les nouvelles obligations émises rapportent ce nouveau taux

Il va y avoir un mouvement vendeur des obligations


anciennement émises qui ne rapportent que 10 %

Le prix des obligations anciennes va baisser à un prix tel que :


100 / Nouveau prix = 12 %
Soit nouveau prix = 833.33 euros
29
LE COURS D’UNE OBLIGATION

• La valeur d’une obligation est fonction du taux


d’intérêt.
– Elle augmente lorsque les taux d’intérêt baissent
– Elle baisse lorsque les taux d’intérêt augmentent

• Application au cas de la crise grecque.


– Lorsque les acteurs économiques se « débarrassent »
d’obligations qu’ils jugent trop risquées, le prix de marché
de ces titres chute et le taux d’intérêt augmente fortement.

30
LA FONCTION DE DEMANDE DE
MONNAIE

L (Y,i)
+ -
= L1(Y) + L2(i)

Demande de monnaie Demande de


pour motifs de monnaie pour motif
transaction et de spéculation
précaution Dépend négativement
du taux d’intérêt
Dépend positivement du
revenu
31
L’EQUILIBRE SUR LE MARCHE DE LA
MONNAIE
Pour une offre et une demande
i
de monnaie données, le taux
d’intérêt s’ajuste pour
équilibrer le marché de la
monnaie. Le taux d’intérêt est
une variable monétaire. C’est
la prime de renonciation à la
liquidité.

i*

O,D
32
EVOLUTION DE L’EQUILIBRE SUR LE
MARCHE DE LA MONNAIE
Le cas de la hausse de l’offre de monnaie
i

i*

O,D
33
EVOLUTION DE L’EQUILIBRE SUR LE
MARCHE DE LA MONNAIE
Le cas de la hausse de la demande de monnaie
i

i*

34
O,D
LA COURBE LM
i LA COURBE
LA DEMANDE DE MONNAIE POUR LM
MOTIF DE SPECULATION DEPEND
NEGATIVEMENT DE i
A

L2(i) M
Y

EQUILIBRE SUR LE
MARCHE DE LA MONNAIE LA DEMANDE DE MONNAIE
L1 + L2 = M POUR MOTIF DE TRANSACTION
M DEPEND POSITIVEMENT DE Y
L1(Y) 35
LA COURBE LM

i EXCES
D’OFFRE DE
MONNAIE

B
iB

EXCES DE
iA A DEMANDE DE
MONNAIE

Y
36
POURQUOI LA COURBE LM A UNE PENTE
POSITIVE ?
• Soit un point d’équilibre sur le marché de la monnaie,
donc sur la courbe LM
• On envisage une hausse de Y
• Question : quelle doit être l’évolution du taux d’intérêt afin
de retrouver l’équilibre sur le marché de la monnaie ?
• Réponse :
– La hausse de Y entraîne une hausse de la demande de monnaie
pour motif de transaction
– L’offre de monnaie restant constante, il faut une baisse de la
demande de monnaie pour motif de spéculation
– Le taux d’intérêt doit donc augmenter
• Conclusion : à une hausse de Y doit correspondre une
hausse de i. La pente est donc positive

37
POURQUOI LA COURBE LM A UNE
i PENTE POSITIVE ?

?
A
?
C

Y
38
POURQUOI LA COURBE LM A UNE PENTE
i POSITIVE ?

Y
39
LES DEPLACEMENTS DE LM

i LM1 LM0
LM2
Baisse de M

Hausse de M

Y
40
L’ÉQUILIBRE MACROÉCONOMIQUE

Sa représentation graphique
Le rôle de la politique économique

41
L’EQUILIBRE MACRO-ECONOMIQUE

i LM

i*

IS

Y* YPE Y
42
L’EQUILIBRE MACRO-ECONOMIQUE

i Excès d’offre de monnaie LM


Excès d’offre de biens

Excès d’offre de monnaie Excès de demande de monnaie


i*
Excès de demande de biens Excès d’offre de biens

Excès demande de monnaie


Excès de demande de biens
IS

Y* Y
43
LE MODELE IS-LM

3ème Partie

L’étude de l’efficacité des politiques


économiques
LA RELANCE BUDGETAIRE
Approche graphique

i1*
i*

IS1

LM
IS

45
Y* Y 1* Y
LA RELANCE MONETAIRE
Approche graphique

i*

i1*

LM
IS
LM1

Y* Y 1* Y
46
L’EFFET MULTIPLICATEUR

• Le principe
– Une hausse d’une composante de la demande globale
génère, au bout d’un certain temps, une hausse plus que
proportionnelle du niveau de l’activité économique (Y)
• Hausse autonome de la dépense publique, ou de l’investissement.
– Cet effet multiplicateur est d’autant plus important que la
propension marginale à consommer est forte.
– Cette hausse d’une composante de la demande globale va
générer des flux successifs de hausse de l’activité
économique dont la somme est mesurée par le
multiplicateur.
– http://jp.malrieu.free.fr/SES702/breve.php3?id_breve=23

47
L’EFFET MULTIPLICATEUR

• Equation d’équilibre sur la marché des biens et


services en économie fermée

Y=C+I+G

• La propension à consommer est c = 0,8

48
L’EFFET MULTIPLICATEUR
Y =C + I + G
100 = 80 + 10 + 10

Soit une hausse de G = +20

Hausse de G : +20 Hausse de Y : +20

Hausse de C : 0,8 . 20 = 16 Hausse de Y : +16

Hausse de C : 0,8 . 16 = 12,8 Hausse de Y : 12,8

Hausse de C : 0,8 . 12,8 = 10,24 Hausse de Y : 10,24

49
L’EFFET MULTIPLICATEUR
• Calcul de la hausse totale de l’activité économique
• Calcul de la somme : 20 + 16 + 12,8 + 10,24 + …
• Connaissance mathématique : somme d’une suite géométrique de premier terme U0, de raison q, comprenant n
termes

• Somme d ’une suite géométrique de premier terme 20, de raison 0,8 et comprenant n termes
1 qn U0
U0  lorsque 0 q 1 et n  
1 q 1 q

1  0,8n 20
20   20  5  100
1  0,8 0,2
50
L’EFFET MULTIPLICATEUR

• Résultat final
– La hausse initiale de la dépense publique a généré des flux successifs de
hausse du niveau d’activité économique dont la somme est égale à 100.
• Valeur du multiplicateur budgétaire

Y 100
 5
G 20

• Expression du multiplicateur budgétaire :

1 1 1
  5
1  c 1  0,8 0,2

51
LA RELANCE BUDGETAIRE
Le Mécanisme
Passage de A en B

Hausse de l’activité
Hausse des dépenses publiques économique (Y)
EFFET MULTIPLICATEUR

Hausse de L1(Y)
Baisse de L2(i)
EFFET D’EVICTION Offre de monnaie
constante
Hausse du
taux d’intérêt
Passage de B en C

Baisse de Effet récessif sur


l’investissement l’activité économique 52
LA RELANCE BUDGETAIRE
L’ajustement graphique dynamique
i

C
i1*
i* B
A

LM
IS

Y* Y 1* Y I Y
53
LA RELANCE MONETAIRE
Le Mécanisme Nécessaire pour
équilibrer le
marche de la
Passage de A en B monnaie

Hausse de l’offre Baisse du


de monnaie taux d’intérêt

Passage de B en C

Effet multiplicateur sur Hausse de


l’activité économique l’investissement

Hausse d’une
composante de la
demande globale 54
LA RELANCE MONETAIRE

i*
A
i1*
C
B
LM
IS
LM1
Y* Y 1* Y
55
LES CONDITIONS D’EFFICACITE DES
POLITIQUES
• De la politique budgétaire
– La propension à consommer (+)
– La sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt (-)
– La sensibilité de la demande de monnaie au taux
d’intérêt (+)
• De la politique monétaire
– La propension à consommer (+)
– La sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt (+)
– La sensibilité de la demande de monnaie au taux
d’intérêt (-)

56
POLICY-MIX ET ANNULATION DE
L’EFFET D’EVICTION
i

i1*
i*

IS1
LM
IS
LM1

Y* Y 1* Y F YPE Y
57
LA TRAPPE A LA LIQUIDITE
Le cas keynésien extrême
• Cas où le taux d’intérêt est à son niveau minimum
• Toute l’épargne est détenue sous forme d’encaisse spéculative
– On dit que la demande de monnaie est infiniment élastique au taux
d’intérêt
– Cas où l’activité économique est faible. La majeure partie de la
demande de monnaie est détenue sous forme d’encaisses spéculatives.
• Toute hausse de l’offre de monnaie permet de reconstituer les
encaisses et n’est pas réinjectée dans le circuit économique à
des fins productives.
• Graphiquement, la courbe LM devient horizontale.
• La politique monétaire ne parvient pas à faire baisser le taux
d’intérêt ; elle n’a donc aucune influence sur l’activité
économique.
• Mais la politique budgétaire est pleinement efficace.
– Financement monétaire quasi contraint
58
RELANCE BUDGETAIRE ET TRAPPE A LA LIQUIDITE

imin*
LM

IS1

IS

Y* Y 1* Y
59
LE CAS CLASSIQUE OU VERSION NAÏVE DE
LA TQM
• Il n’y a pas demande de monnaie pour motif de
spéculation
– La monnaie est un simple intermédiaire des échanges.
– La demande de monnaie ne dépend donc pas du taux d’intérêt
• La courbe LM devient une droite verticale

• Dans ce cas
– La politique monétaire ne peut avoir une efficacité qu’en période de sous
emploi ; elle n’en a aucune lorsque le plein emploi est atteint
– La relance budgétaire est totalement inefficace
• L’encaisse de spéculation est nulle
• La hausse de la dépense publique entraîne un prélèvement sur les encaisses de
transaction déjà constituées pour financer l’investissement privé
• Il y a éviction totale de l’investissement privé par l’investissement public ; il
n’y a donc aucun effet sur l’activité économique.

60
LA RELANCE MONETAIRE EFFICACE EN SOUS
EMPLOI
i LM

i*

IS

Y* Y*1 YPE Y
61
LE CAS CLASSIQUE OU VERSION
NAÏVE DE LA TQM

• Argument développé par les monétaristes


• A LT, l’économie est nécessairement au plein
emploi, en raison de la flexibilité des prix qui assure
en permanence l’égalité entre l’offre et la demande
– Il est donc impossible d’augmenter le revenu
• La hausse des dépenses publiques ne peut que
remplacer (évincer) les dépenses privées, notamment
l’investissement privé

62
LA RELANCE BUDGETAIRE DANS LE CAS
CLASSIQUE
i
LM

i1*

i*

IS1
IS

Y* Y
63
EFFICACITÉ DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE

Trappe à liquidité Zone keynésienne Zone classique


LM
i EFFET D’EVICTION
PURE

YPE Y64
EXEMPLE 1
Il nous paraît peu probable que l’augmentation du chômage en
Europe depuis le début des années quatre-vingt-dix reflète une
augmentation du chômage structurel.
Elle nous semble, au contraire, résulter principalement d’un
déficit de demande.

Les raisons en sont bien connues :


- une politique monétaire anormalement restrictive
(en raison de la volonté de maintenir la parité du franc par
rapport au mark au moment où l’unification allemande
conduisait la Bundesbank à augmenter ses taux d’intérêt)
- suivie d’une politique budgétaire restrictive aux
fins de réduire les déficits publics.

Extrait du rapport du CAE, Croissance et Chômage, 1998


65
REPRÉSENTATION GRAPHIQUE

i LM

B A
i
i*

IS

Y Y* YPE Y
66
EXEMPLE 2

Le problème majeur en Europe aujourd’hui est plutôt le « policy-


mix » : les gouvernements doivent réduire les déficits publics, et
ceci a un coût en termes de production sauf si la conduite de la
politique monétaire devient parallèlement plus accommodante.

La réduction nécessaire des déficits publics pousse donc à


souhaiter une politique monétaire stimulante pour stabiliser
l’activité économique, d’où l’inquiétude sur l’absence de
coordination entre la politique monétaire et la politique budgétaire

Document de travail de la Caisse des Dépôts et Consignations, Mars 1997

67
REPRÉSENTATION GRAPHIQUE

i LM

A
i*
B

IS

Y* YPE Y
68
EXEMPLE 3
Piètre décennie que celle qui, dans quelques mois, nous tirera
sa révérence. La récession des plus sévères en 1992-1993, la
chute du dollar consécutive à la crise mexicaine fin 1994, et
surtout le dur labeur qu’a constitué, à partir de 1995, la
construction de l’Europe monétaire, ont eu raison de la
croissance de la future zone euro durant une longue période.

En 1996 et 1997, le seul coût des restrictions budgétaires


nécessaires à la réduction des déficits public se serait élevé
à 2.5 % de la production des Onze, selon les estimations de
l’Organisation de Coopération et de Développement
Économiques, (OCDE)

Extrait du journal Le Monde, Septembre 1999 69


Au Japon, l’évolution des prix nuit en outre à la relance par la politique
monétaire. Malgré une politique monétaire accommodante, le taux
d’escompte est de 0.5 % depuis 1995, l’ancrage de la récession ne s’est
pas démenti avec, sans doute, trois années de croissance négative du PIB
de 1997 à 1999.

Cette quasi nullité des taux nominaux à court terme masque


probablement des taux réels de l’ordre de 2 % à 3 %. Comme les taux
nominaux butent sur le plancher zéro, les marges de manœuvre sont
inexistantes.

Selon Paul Krugman, l’économie nippone serait en fait dans la zone de


trappe à la liquidité, zone où la politique monétaire est inopérante.
Comme les possibilités de relance budgétaire seront restreintes à l’avenir
par un déficit public élevé (7 % du PIB), ce gel de l’outil monétaire est
un lourd handicap pour le gouvernement nippon.

Le Monde, 1998
70
LA SITUATION DE TRAPPE A LA LIQUIDITE

71
Après une récession brève mais profonde en 1982, l’économie
des États-Unis connut une vive reprise dès 1983. Le moteur de
cette croissance fut dans une large mesure un virage à 180
degrés de la politique budgétaire.
Le président Reagan, en effet, augmenta considérablement
les dépenses publiques militaires pour faire face à ce qu’il
considérait comme une menace militaire de la part de l’Union
Soviétique.

Sa promesse électorale de « remettre de l’argent dans la poche


des citoyens » fut concrétisée par une réduction des impôts.
Durant les années 80 également, les États-Unis ont mené
simultanément une politique monétaire restrictive visant à
diminuer l’inflation.

72
REPRÉSENTATION GRAPHIQUE
i LM

B
i*
A

IS

Y*Y YPE Y
73
LE THEOREME D’HAAVELMO
Le multiplicateur de budget équilibré

• Question : une relance budgétaire financée par une hausse


des impôts a-t-elle un effet expansionniste sur l’activité
économique ?

• Réponse : une telle politique, qui se traduit par une non


dégradation du solde public, a un effet multiplicateur.
– Le multiplicateur est égal à 1
– L’activité économique augmente du même montant que la hausse
initiale des dépenses publiques.
LE THEOREME D’HAAVELMO
La démonstration analytique

• On part de l’équation d’équilibre sur le marché des biens et


services en économie fermée, équation toujours vérifiée.
Y=C+I+G

• On suppose que la consommation est fonction du revenu


disponible, à savoir le revenu après impôt.

C = cYd = c(Y-T)

• On écrit cette équation à la période t0 (avant la relance budgétaire) et à


la période t1 (après la relance budgétaire)
LE THEOREME D’HAAVELMO
La démonstration analytique
• On a donc :

Y0  C0  I 0  GO (avant la relance)

Y1  C1  I1  G1 (après la relance)

• En prenant en compte le fait que la consommation dépend du


revenu disponible, cela donne :
Y0  c (Y0  T0 )  I 0  GO (a)
Y1  c (Y1  T1 )  I1  G1 (b)
LE THEOREME D’HAAVELMO
La démonstration analytique
• On mesure la variation de l’activité économique entre t0 et t1 en faisant (b) – (a).

Y1  Y0  cY1  cT1  I1  G1  cY0  cT0  I 0  G0


Y1  Y0  c(Y1  Y0 )  c(T1  T0 )  ( I1  I 0 )  (G1  G0 )
(Y1  Y0 )(1  c)  (G1  G0 )  c(T1  T0 )
Or (T1  T0 )  (G1  G0 ) donc
(Y1  Y0 )(1  c)  (G1  G0 )(1  c)
Y1  Y0  G 1  G 0
LE THEOREME D’HAAVELMO
La démonstration analytique

• On vient de démontrer que lorsqu’on mène une relance


budgétaire entièrement financée par une hausse équivalente
des impôts, cela relance l’économie.

• Le multiplicateur est même égal à 1

Y1  Y0  G1  G0
Y1  Y0 ΔY
 1
G1  G0 ΔG
LE THEOREME D’HAAVELMO
L’explication économique du résultat

• Un résultat a priori contre intuitif.


• Pourquoi une telle politique améliore-t-elle l’activité ?
– Car la hausse des dépenses publiques augmente directement et
dans sa totalité la demande globale (effet positif)
– Alors que la hausse des impôts n’affecte la demande globale que
pour la fraction correspondant à la propension à consommer.
(effet négatif)
Y = cY – cT + I + G

– L’effet positif l’emportant sur l’effet négatif, il subsiste donc un


effet net positif sur la demande, donc un effet multiplicateur.
– C’est ce que traduit le théorème d’Haavelmo.

Vous aimerez peut-être aussi