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Un nouveau code pétrolier qui

rééquilibre les intérêts


Introduction
• Sur le plan formel , le nouveau texte est plus exhaustif. Celui-ci contient cent trente-huit (138) articles
contrairement à l’ancien Code qui en contenait cent vingt-cinq (125).
• Du point de leur contenu, les nouveaux articles sont plus exhaustifs et renseignent précisément leurs sujets.
• Cet élan de précision se confirme avec la définition des termes utilisés.
• Au total, on note
• quarante-neuf (49) définitions
• soit vingt-six (26) nouvelles et
• huit (8) définitions modifiées
• contrairement à l’ancien Code pétrolier qui en contenait vingt et un (21).
• Au fond, les innovations du nouveau code sont axées sur
• l’amélioration du régime juridique des contrats pétroliers (II),
• l’amélioration du régime du contenu local (III),
• l’instauration des mesures incitatives à l’investissement (IV),
• le réaménagement de la fiscalité pétrolière (V)
• et la mise en place des sanctions spécifiques en cas de non-respect de la législation pétrolière (VI).
(01)Un nouveau champ d’application du
code pétrolier et des précisions
terminologiques
• Le champ d’application matériel du nouveau code a été reprécisé.
• Ainsi, le nouveau Code pétrolier s’applique uniquement au secteur
pétrolier amont (art. 1er), défini comme celui qui regroupe les activités
de prospection, de recherche et d’exploitation des hydrocarbures.
• Par opposition au secteur pétrolier aval qui regroupe quant à lui les
activités de transport par canalisation, de raffinage, de transformation,
de stockage, de commercialisation et de distribution des hydrocarbures.
• Cette distinction des activités pétrolières entre le secteur amont et le
secteur aval ne ressortait pas clairement de la loi de 1999.
(01)Un nouveau champ d’application du
code pétrolier et des précisions
terminologiques
• En outre, le nouveau Code s’applique aux contrats pétroliers signés à compter de
sa date de promulgation.
• Toutefois, les titulaires des contrats pétroliers concluent sous le régime de
l’ancien Code, et qui désirent bénéficier de l’application des dispositions du
nouveau Code sont tenus d’accepter la renégociation desdits contrats
conformément audit Code et de ses textes d’application.
• Le Code a également apporté des précisions sémantiques sur les termes utilisés.
• Ces définitions prévues à l’article 2 du nouveau Code ont trait notamment au
contenu local, au contrat de services à risques, aux produits pétroliers, au point
de collecte, au sous-traitant, à la découverte, à l’unitisation et à l’étude
d’impact environnemental.
(02)Un régime juridique amélioré pour les
contrats et autorisations d’hydrocarbures
• Outre le contrat de concession et le contrat de partage de production,
le contrat de service a été nouvellement institué.
• Il s’agit du contrat de services à risques défini comme un contrat
pétrolier attaché à une autorisation exclusive de recherche, et s’il a
lieu, à une autorisation exclusive d’exploitation, en vertu duquel le
titulaire assume la conduite et le financement des opérations
pétrolières et reçoit une rémunération en espèces.
• La principale caractéristique de ce contrat est que la personne
bénéficiaire assume tous les risques de financement inhérents aux
opérations de recherche et d’exploitation des hydrocarbures.
(02)Un régime juridique amélioré pour les
contrats et autorisations d’hydrocarbures
• Quelle que soit leur typologie, les contrats pétroliers sont soumis à des règles
communes relatives à la procédure de conclusion.
• Désormais, une commission permanente mise en place par la Société Nationale des
Hydrocarbures (SNH) intervient désormais dans les négociations.
• Cette commission sera composée des représentants des départements ministériels
(Fiances, Eau et Énergies et Affaires foncières notamment) concernés et ceux dudit
établissement ou organisme public.
• Aussi, la signature du contrat est faite pour le compte de l’Etat par le Ministre chargé
de l’Énergie et de l’Eau et par le Directeur Général de la SNH. Il s’agira de toute
évidence d’une signature conjointe, ce qui est justifié par l’emploi de la conjonction
de coordination « et ».
• L’ancien Code ne prévoyait pas expressément une telle hypothèse.
(02)Un régime juridique amélioré pour les
contrats et autorisations d’hydrocarbures
• Ces règles communes s’étendent également aux modalités de
transmission des droits et obligations issus des contrats pétroliers ou
relatifs aux autorisations d’hydrocarbures.
• Il existe désormais une option prioritaire d’acquisition des droits
concernés par la transmission au profit de l’État et de l’entité publique
co-titulaire.
• Ce droit doit néanmoins être mise en œuvre dans un délai de
quatre-vingt-dix (90) jours à compter de la demande d’approbation
faite au Ministre de l’Énergie et de l’Eau.
(02)Un régime juridique amélioré pour les
contrats et autorisations d’hydrocarbures
• Par ailleurs, il est prévu que les droits et obligations du contrat
pétrolier et de toutes les différentes autorisations sont transmissibles
partiellement ou en totalité.
• Il convient de noter également que le parallélisme des formes devra
être respecté lors de la transmission des autorisations
d’hydrocarbures.
• Si les droits à céder ont été accordés par décret, un nouveau décret
est nécessaire pour leur cession.
(02)Un régime juridique amélioré pour les
contrats et autorisations d’hydrocarbures
• En outre, la renonciations aux droits relatifs aux contrats pétroliers fait l’objet
d’une double innovation.
• Ainsi, lorsqu’un contrat pétrolier est conclu avec plusieurs titulaires, le retrait d’un
ou plusieurs co-titulaires n’entraine ni l’annulation des autorisations dérivant du
contrat, ni la résiliation du contrat si le ou les autres co-titulaires reprennent à leur
compte tous les engagements souscrits dans le cadre dudit contrat.
• Il s’y ajoute que la possibilité de renonciation bénéficie également au titulaire
d’une autorisation de transport.
• Celui-ci devra notifier néanmoins son intention de renoncer au Ministre de
l’Energie et de l’Eau dans un délai d’un (1) an et devra remplir les obligations
prescrites par son contrat pétrolier et par la règlementation notamment en ce qui
concerne la protection de l’environnement et l’abandon des installations.
(03)Un régime clairement défini pour le
contenu local
• Il convient de rappeler que l’ancien Code pétrolier contenait déjà quelques
règles relatives au contenu local.
• Il est important de noter qu’à travers l’instauration des mesures du contenu
local, l’État a pour ambition de permettre un transfert de technologies au
profit des entreprises nationales.
• Ce qui se fera par le mécanisme de la sous-traitance.
• Ainsi, obligation est faite au titulaire d’un contrat pétrolier d’attribuer, par
priorité, aux sociétés de droit camerounais ayant leur principal siège social
au Cameroun et qui répondent aux standards internationaux reconnus en la
matière, les prestations et contrats de construction, d’assurance, de
fourniture de services, de matériaux, d’équipements et de produits liés
directement ou indirectement aux opérations pétrolières.
(03)Un régime clairement défini pour le
contenu local
• Le nouveau Code n’a pas néanmoins fixé de ratio de répartition ou
d’attribution de marché de sous-traitance, ce qui devait permettre
un meilleur suivi-évaluation desdites mesures.
• Aussi, les compagnies pétrolières ont une obligation d’embauche et
une obligation de formation continue.
• Le titulaire d’un contrat pétrolier doit tout d’abord employer, en
priorité et à compétence égale des ressortissants camerounais
qualifiés dans toutes les catégories socio-professionnelles et à toutes
les fonctions pour les nécessités de ses opérations.
(03)Un régime clairement défini pour le
contenu local
• Par la suite, lorsque leur recrutement est effectué, le titulaire du contrat
pétrolier doit leur assurer une formation professionnelle continue pour
leur mise à niveau à travers les programmes de formation professionnelle
et technique qui permettront d’accroître leurs qualifications dans les
métiers pétroliers.
• Le nouveau Code pétrolier prévoit désormais des sanctions qui
permettent d’assurer une certaine efficacité aux dispositions relatives au
contenu local.
• En effet, une amende de deux cents millions (200.000.000) de francs CFA
peut être prononcé à l’encontre du titulaire du contrat pétrolier qui ne
respecte pas les engagements contractuels relatifs au contenu local
(04)Des mesures incitatives à
l’investissement dans le secteur pétrolier
• C’est l’une des principales innovations du nouveau Code pétrolier. Dans la loi N°
2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privé en République
du Cameroun, l’article 2 (3) avait expressément exclu du champ d’application de celle-
ci les investissements régis par des textes particuliers, notamment le secteur pétrolier
amont, le secteur minier et gazier ainsi que les contrats de partenariats.
• D’entrée de jeu, il convient de noter que ces mesures sont soumises à l’appréciation de
l’État et revêtent un caractère « exceptionnel ».
• Dans ce cas, l’État intervient au soutien des compagnies pétrolières afin
d’encourager l’exploitation à terre du domaine minier particulièrement difficile
d’accès, ou en mer profonde au-delà de deux cents (200) mètres, ou des thèmes
d’exploration difficiles et présentant un risque ou encore pour encourager la mise en
œuvre de programmes de récupération tertiaire destinés à accroître la productivité
des gisements.
(04)Des mesures incitatives à
l’investissement dans le secteur pétrolier
• Ensuite, les mesures d’incitation à l’investissement peuvent être
également de nature fiscale ou économique et consistent ainsi en la
révision des contrats pétroliers afin de leur accorder des avantages pour
accélérer la récupération des investissements et améliorer leur rentabilité.
• Parmi ces mesures incitatives, on retrouve la dispense du paiement du
bonus de signature pour certains contrats pétroliers, l’exemption du
paiement de l’impôt sur les sociétés sur une période maximale de cinq (5)
ans pour les hydrocarbures liquides et sept (7) ans pour les hydrocarbures
gazeux et la consolidation fiscale de dépenses de recherches.
• Enfin, la SNH tient compte d’un ensemble de critères pour répondre
favorablement à la requête qui lui a été adressée.
(04)Des mesures incitatives à
l’investissement dans le secteur pétrolier
• Ainsi, l’octroi des incitations tient compte des programmes de travaux
soumis par le requérant, des risques pris, de la taille des découvertes
d’hydrocarbures visées par les travaux de recherche et du potentiel
d’accroissement de la production qu’ils présentent, pour ce qui est
des programmes d’appréciation ou de récupération tertiaire soumis.
• En outre, l’application des incitations ne peut avoir pour effet la
diminution de la rente pétrolière de l’État à un seuil inférieur à 51%
de la rente pétrolière totale issue des activités du titulaire sur le
domaine minier national.
(05)Une fiscalité pétrolière réaménagée
• On peut noter plusieurs innovations importantes en matière fiscale dans le nouveau code.
• S’agissant d’abord de l’Impôt sur les Sociétés (IS), Si l’ancien Code avait institué un taux
variable entre 38,5 % et 50 %, le nouveau Code pétrolier consacre un taux fixe de 35%.
Comme on peut le constater, ce nouveau taux reste toujours supérieur au taux de l’IS de
droit commun fixé à 33%.
• S’agissant des exonérations fiscales ensuite, le Code inclut désormais expressément la
Taxe Spéciale sur les Produits Pétroliers (TSPP) parmi les impôts et taxes concernés
contrairement à l’ancien code.
• Le nouveau Code revoit également à la baisse le taux de la redevance informatique.
• Celle-ci est désormais fixée à 0,45% avec un plafonnement de cent mille (100 000) francs
CFA par déclaration. On se souvient que dans l’ancien Code, elle était fixée à 0,5% sans
aucun plafonnement (art. 108).
(06)Des sanctions spécifiques en cas de
non-respect de la législation pétrolière
• C’est l’une des innovations majeures du nouveau Code pétrolier. Dans
l’ancien Code en effet, l’article 62 (1) faisait allusion aux sanctions
pénales applicables sans autre précision en plus du régime de la
responsabilité civile du titulaire d’une autorisation ou d’un contrat
pétrolier était prévu en matière de dommage environnemental lié aux
opérations pétrolières.
• Le nouveau Code pétrolier va plus loin dans la volonté du législateur
camerounais d’assurer une régulation du secteur pétrolier par la
sanction.
(06)Des sanctions spécifiques en cas de
non-respect de la législation pétrolière
• Outre ces deux mécanismes, on note de nouvelles dispositions relatives
à la détermination des comportements répréhensibles et de sanctions
corrélatives.
• Parmi les infractions, on peut citer notamment la violation de règles
relatives à la conduite des opérations pétrolières, du non-respect des
engagements contractuels relatifs au programme des travaux
convenu, de la violation des règles comptables, fiscales et douanières
et du régime de change, du non-respect des engagements contractuel
relatif au contenu local et du non-respect des règles techniques, de
sécurité et d’hygiène, relatives aux opérations de recherche et
d’exploitation des hydrocarbures.
(06)Des sanctions spécifiques en cas de
non-respect de la législation pétrolière
• Un régime de sanctions est prévu à cet effet.
• Le montant des amendes à prononcer a été déterminé.
• L’amende la moins grave est de soixante-quinze (75.000.000) de francs CFA, elle
concerne l’infraction d’entrave au contrôle des agents assermentés et/ou habilités.
• En dehors de celle-ci, toutes les autres infractions sont punies d’une amende de
deux cents (200.000.000) ou de cinq cents (500.000.000) millions de francs CFA.
• En cas de défaut de paiement de l’amende prononcée à temps, une majoration de
10% par mois de retard de paiement est prévue.
• En définitive, le nouveau Code pétrolier vise a attirer plus d’investissements dans ce
secteur vital pour l’économie nationale tout en rationalisant le cadre juridique des
opérations pétrolières au Cameroun.
Tableau synoptique des principales
évolutions règlementaires
• Par Mouhamed KEBE Comité Editorial
• https://afrimag.net/cameroun-un-nouveau-code-petrolier-qui-reequili
bre-les-interets/

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