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CHAPITRE IV

LE CYCLE DE L'EAU A L'ECHELLE DU


BASSIN VERSANT

I. Notion de cycle hydrologique à l'échelle du bassin

II. Évaporation et interception

III. Ruissellement et infiltration

IV. Comportement hydrologique d'un bassin versant

V. Processus de genèse des écoulements


Par :
Dr Harouna KARAMBIRI et Dr Dial NIANG
Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement (2iE) (Groupe EIER-ETSHER)
UTER Gestion et Valorisation de l'Eau et l'Assainissement
E-mail: harouna.karambiri@2ie-edu.org 1
I. Notion de cycle hydrologique à l'échelle du bassin
Bassin versant :
Unité géographique fonctionnelle fondamentale
pour l'analyse du cycle hydrologique

D’après EPFL
IATE/HYDRAM

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II. Évaporation et interception

Définitions :
Évaporation : phénomènes qui transforment l’eau liquide en vapeur
d’eau. Elle se produit sur les surfaces d'eau libre (océans, mers, lacs et
cours d'eau), les sols dépourvus de végétation et des surfaces
couvertes par de la neige ou de la glace.
Transpiration : évaporation de l’eau contenue dans les plantes par les
feuilles
Évapotranspiration : combinaison de l'évaporation directe à
partir des surfaces d'eau libre et des sols nus et de la transpiration
végétale.
Interception par les végétaux : part de l’eau captée par la végétation
(ensuite transpirée ou évaporée).

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Interception
 Fraction des précipitations qui n’atteint pas le sol (pertes).

I  Pi  ( Ps  Pt )
(Pi)
I : interception (mm)
Pi : pluie incidente (mm)
Ps : pluie drainée au travers du
couvert végétal (mm)
Pt : pluie atteignant le sol par
écoulement le long des branches
et du tronc (mm)

(Ps)
(Pt)

D’après EPFL
IATE/HYDRAM

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Interception
 Facteurs intervenants dans les mécanismes d'interception

 Structure des précipitations (pluie fine, orageuse, …)


 Morphologie des peuplements (agencement foliaire, taille,.. )
 Densité des peuplements (couverture foliaire)
 Age des peuplements (jeune plant, arbuste, …)

Difficulté de détermination des ordres de grandeur de


l'interception (il existe des expérimentations et des tables
dans la littérature)
 50% pour une végétation abondante et des pluies fines
 10-20% pour des pluies abondantes

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Évaporation et transpiration (évapotranspiration)

atmosphère Capacité
d’absorption
de l'eau par
l’air

Surface évaporante Aptitude à


alimenter le
processus en eau

évaporation réelle est le résultat de la conjonction de ces


deux processus.
SI ces processus ne sont pas LIMITES alors l’évaporation
réelle est maximale et égale à l’évaporation potentielle

En général, Évaporation réelle  Évaporation potentielle


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Évaporation et transpiration (évapotranspiration)

 L’évaporation varie en fonction :

- de la température, - du type de végétation,


- du vent, - de l’époque de l’année (vie
- de l’hydrométrie de la plante)
- du rayonnement, - de l’état hydrique du sol.

Si la disponibilité en eau à évaporer est toujours assurée


alors l’évaporation est égale à la valeur maximale possible :
--> évaporation potentielle

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 Mesure de l’évaporation potentielle

 par bac : 2 types de bacs :

- bac classe A

Diamètre = 121.9 cm
Hauteur = 25.4 cm (Bac A, ASECNA Ouaga,Photo H. Karambiri)
Niveau de l'eau maintenu à 5 cm du bord

- bac Colorado

(Bac Colorado, Site IRD à Katchari (BF),


Photo H. Karambiri)
L'évaporation est généralement exprimée en mm/j 8
Application des mesures d'évaporation bac

• Il faut appliquer un coefficient correcteur pour passer à l'évaporation


d'un plan d'eau :

- Il varie de 0,5 à 0,68 en conditions sahélienne et tropicale


sèche,
- Il varie de 0,70 à 0,80 en régime tropical.

• Pouyaud propose la formule (à partir des mesures au Burkina) :


avec r =0.93
Elac  1.664 E 0.602
bac A
Elac : évaporation du plan d'eau
Ebac A : évaporation au bac A

• Si la retenue ne dispose pas d'équipement de mesure d'évaporation et


si aucune données n'est disponible, on peut appliquer la formule
empirique de Brunel et Bourron (1992):

Eret  122.94* Lat  619.36


avec Eret : évaporation sur la retenue (mm/an)
Lat : latitude (°) 9
 par évaporomètre

Piche Livingston

Ces appareils sont situés dans des abris météo et non perturbés par les
précipitations.

 Ordre de grandeur de l’évaporation

Dans les régions tropicales, l’évaporation varie entre 1500 à 3000 mm/an

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 Evapotranspiration

• Evapotranspiration de référence (ET0) ou évapotranspiration potentielle


(ETP) : ensemble des pertes en eau par évaporation et transpiration d'une surface
de gazon de hauteur uniforme, couvrant totalement le terrain, en pleine période de
croissance, recouvrant complètement le sol et abondamment pourvue en eau.

• Evapotranspiration maximale (ETM) : d'une culture donnée est définie à


différents stades de développement végétatif, lorsque l'eau est en quantité
suffisante et que les conditions agronomiques sont optimales (sol fertile, bon état
sanitaire, ...).

• Evapotranspiration réelle (ETR) : somme des quantités de vapeur d'eau


évaporées par le sol et par les plantes quand le sol est à son humidité spécifique
actuelle et les plantes à un stade de développement physiologique et sanitaire réel.

Pour la culture de référence, en l'occurrence le gazon, on a donc :


ETR  ETM  ET0

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 Estimation de l'évapotranspiration potentielle (ETP)

Formule de Turc :

ETP : évapotranspiration potentielle (mm/mois)


Tm
ETP  0.4
Tm  15
 I g  50 
Tm : température moyenne mensuelle (°C)
Ig : rayonnement moyen mensuel (cal/cm²/j)

Le coefficient 0.4 est valable pour les mois à 30


ou 31 jours. A remplacer par 0.37 pour février.

Formule de Penmann :

Extrêmement complexe avec 9 paramètres physiques à mesurer. Cette formule


est plus précise et la plus utilisée  voir carte CIEH

 * c p * e
Rn *  
ra
ETP 
  rs  
     1   
  ra  
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Atlas CIEH

ETP décadaire (Penmann)

ETP mensuelle (Turc)

La précision de ces cartes


sera souvent suffisante.

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III. Ruissellement et infiltration

Définitions
Infiltration : absorption de l’eau par le sol (capacité d’absorption d’un sol)
Ruissellement : part de l’eau qui ne s’infiltre pas

L’infiltration permet de recharger les nappes phréatiques et de


constituer des réserves d’eau pour les plantes.

L’infiltration est contrôlée par les mécanismes de transfert dans la


zone située au dessus de la nappe phréatique (frange capillaire).
Capacité d’infiltration d’un sol = vitesse maximale possible d’infiltration.
Si la pluie est supérieure à cette capacité, il y a ruissellement.

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Mesure de l’infiltration
Infiltromètre de Muntz (simple ou double anneaux): cylindres creux
de 25 cm de haut enfoncés dans le sol d’environ 5 cm. On maintient une
charge d'eau d'environ 3 cm. On note le volume d'eau ajouté à

(Mesure au MUNTZ, site expérimental de Tougou (BF),


intervalle de temps régulier.

Photo H. Karambiri)
Méthode Porchet : un creuse un trou à la tarière de diamètre D, que
l’on remplit d’eau. Ensuite, on note à intervalle de temps régulier la
hauteur d’eau dans le trou.
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Mesure de l’infiltration et du ruissellement
Simulateur de pluie :

Pluie P=Cste

I(t) Q(t)

I
R

Ordre de grandeur de l’infiltration :


Débit Q(t) Elle varie de 0-1 mm/h (argiles) à
plusieurs dizaines de mm/h sur les
sables et graviers.
L’infiltration est maximale en début de pluie, puis diminue d’autant plus vite
que le sol contient des argiles fines (argiles colloïdales). 16
IV. Comportement hydrologique d'un bassin versant

Réponse d’un bassin versant à une pluie

Caractéristiques de
l’hydrogramme de crue

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Définition
Hyétogramme I(t) : Distribution des intensités de pluie dans le temps.
Pluie nette : Fraction de la pluie qui participe à l'écoulement.
Hydrogramme Q(t) : Représentation de la variation des débits dans le temps.
Temps de montée (tm) : Intervalle de temps entre le début de l'écoulement de
surface et l'instant du pic de crue.
Temps de base (tb) : Intervalle de temps entre le début et la fin de l'écoulement de
surface produit par une averse.
Temps de réponse (tp) : Intervalle de temps qui sépare le centre de gravité de la
pluie nette de la pointe de crue ou parfois du centre de gravité de l'hydrogramme
dû à l'écoulement de surface.
Temps de concentration (tc) : Temps que met une particule d'eau provenant de la
partie du bassin la plus éloignée "hydrologiquement" de l'exutoire pour parvenir à
celui-ci. On peut estimer tc en mesurant la durée comprise entre la fin de la pluie
nette et la fin du ruissellement direct (i.e. fin de l'écoulement de surface).

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V. Processus de genèse des écoulements

 L’intérêt de la compréhension des chemins de l’eau


n’est pas nouveau. Dans les années 1960, certains
hydrologues se posaient déjà la question :

« D'où vient l’eau des ruisseaux? » (Hewlett, 1961)


« Que devient l'eau des pluies? » (Penman, 1963)

 De nos jours, ces questions sont plus que jamais


d'actualité compte tenu des enjeux environnementaux
(contamination et pollution des eaux, qualité des eaux de
surface, transport de nutriments, pertes en terres, etc..).

 Nécessité d’étude et de compréhension des processus


de génération des écoulements sur le bassin versant.
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Les processus de genèse des écoulements
Les écoulements représentent une partie essentielle du cycle hydrologique.
C’est la réponse du bassin versant à l’impulsion pluvieuse.

D’après EPFL
IATE/HYDRAM

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1. Écoulement hortonien (Hortonian overland flow)

Selon Horton (1933), dès que l'intensité de la pluie dépasse la capacité


d'infiltration du sol, il y a saturation de la surface "par le haut" et ruissellement.

i [mm/h]
i0 EQUATION DE HORTON
i(t)i f (i0i f )exp(t)
SATURATION DU SOL
if
t [h] CONDITIONS INITIALES

Lame d’eau infiltrée Lame d’eau ruisselée

Ra(t )  P (t )  i (t )
D’après EPFL
IATE/HYDRAM 21
2. Écoulement par saturation (saturation overland flow)

Dans les zones humides (bas-fonds,


zones hydromorphes, abords de cours
d’eau,…), où le sol est déjà saturé
jusqu'en surface, toute pluie qui tombe
sur ces surfaces saturées par "le bas" ne
peut que ruisseler (Cappus, 1960).
D’après EPFL
IATE/HYDRAM

 Dans la pratique, il est difficile


de dissocier les deux types
d’écoulements!

D’après EPFL
IATE/HYDRAM 22
3. Écoulement par intumescence de la nappe (Groundwater ridging)

Franche capillaire (zone proche


de la saturation) de la nappe à
proximité de la surface en bas de
versant.

Un petit apport d’eau de pluie suffit


Zone de suintement
à faire remonter rapidement le
niveau de la nappe.

Ruissellement de
surface par suintement
de la nappe. 23
4. Écoulement préférentiel dans les macroporosités
(macropore flow)

Macroporosités = discontinuités dans le sol (galeries


d’animaux, réseau racinaire, fissures, fentes de retrait) P(t)

Écoulement rapide par chemin préférentiel

P(t) : pluie
I1(t) : infiltration dans la matrice du sol
IM(t) : infiltration dans les macropores
I2(t) : redistribution dans les micropores
(force capillaires)
EM(t) : écoulement dans les macropores
après saturation du sol
ES(t) : écoulement de surface D'après EPFL
IATE/HYDRAM

En fonction de leur taille, les macropores sont susceptibles de


transmettre très rapidement de l'eau libre au ruisseau ou à la nappe.
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5. Écoulement de subsurface (subsurface flow)
5.1 Écoulement hypodermique (lateral flow)

Existence d’un horizon imperméable


ou peu perméable (Kh>>Kv)
Écoulement hypodermique

Trop lent, ne participe pas à


l’écoulement rapide de crue,
mais maintient le débit de base.
infiltration

Écoulement hypodermique

Couche imperméable
ou peu perméable

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5.2 Écoulement par effet piston (translatory flow)

L'eau "nouvelle" de pluie (event water) qui pénètre dans le sol, chasse l'eau "pré-
existante" (pre-event water) dans la matrice poreuse du sol. Ce qui libère au
ruisseau, un volume d'eau équivalent au volume d'eau infiltrée.

infiltration
Écoulement par effet piston

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6. Écoulement de nappe (groundwater flow)

Si le toit de la nappe est plus bas que le fond de la rivière, la nappe draine
le cours d'eau. A l’inverse, si le niveau de la nappe est suffisamment
élevé, la rivière draine la nappe contribution de la nappe au
débit de crue.

D'après EPFL
IATE/HYDRAM

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Synthèse sur la genèse des écoulements

Complexité et
interaction
des
processus!
D’après Ambroise (1999)

Quels
processus
dominants?

 Débit de crue = intégration de l’ensemble des processus d’écoulement


 Écoulement sur bassin versant = processus non-linéaire
 Notion de zones et périodes actives et contributives variables
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Coefficient de ruissellement (Kr)
Rapport du volume ruisselé (issu de l'écoulement de surface uniquement)
à l’exutoire du bassin versant sur le volume de la pluie tombée pendant
une période donnée (l’épisode pluvieux, le mois, l’année).

volume ruisselé lame d ' eau ruisselée


Kr  
volume précipité lame d ' eau précipitée

Coefficient d'écoulement (Ke)


Rapport du volume total écoulé (issu de tous les écoulements : surface,
hypodermique, souterrain) à l’exutoire du bassin versant sur le volume de la
pluie tombée pendant une période donnée.

volume total écoulé lame d ' eau écoulée


Ke  
volume précipité lame d ' eau précipitée
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