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GRILLOT DE OIVRY

~«V.

Grand

OEuure

fv ; XII MÉDITATIONS
iVRLAVOIEÉSOTÉRIQUE
SC'DK L'ABSOLU
. « Sapiéntesabscondif^VSCi>nti »'
{Proverb. Xfijf.) '
« QuiTrevçlat mysterlaainbulel
fraudûlêUtcW » ,-'?•< .-'.?.
\Pcovtrb.X. t^) V ^ ^
a 'Ferait•-.'les'bouche?!Cl6J«jjnp
lesboiiclies!» "-. . :r' ;
(Pàpj/ritsMagiqueparrif^x^

ft'^:.;;.. PARIS
J0L|6THÈQIIECHÂÇORNAG
It 0Î?Qûâi Saint-Michel
' MCMVII
^"'•il'.-.'-','""-
GRILLOT DE G1VRY

LE GRAND OEUVRE
L'OEUVREDE GRILLOTDE GIVRY

TEXTESHERMÉTIQUES
Aphorisme» Basiliens. nouvellementmis en lu*
raièrepar GRIIXOT DBOIVRV.
Traité des sept Grades de la Perfeotion, di
SAVONAROI.K, traduit pour la premièrefois d«
l'italien,par GRILLOT DROIVRY, (Epuisé).
Traité des trois Essences Premières, de PARA
CBLSE, traduit pour la premièrefoisdu latin, par
ORILI.OT PSGlVRY.

PERIÊGÈSETlIÉUIiGlQVE
Les Villes Initiatiques :
I. LOURDES. Etudehiôrologique.
1 vol.in-18.

Prochainement:
II. PARAY-LE-MONIAL.— III. SIENA.- IV•
SANTIAGODECOMPOSTELA. *

En Préparation: .
Essai sur la Préhistoire.
SAINT-AMAND —ÎMPRIUKUIK
(CHER). BUSSIERK
-'.
GRILLOT DE GIVRY

Le

Grand

OEuvre
XIIMÉDITATIONS
URLAVOIEÉSOTÉRIQUE
DEL'ABSOLU
«Sapientes
abscondunt »
sclentiam.
(Proverb.X. 14.)
« Qui révélâtnjysteriaambulat
»
fraudulenter.
(Proverb.X. 14.)
« Fermezles bouches! Clôturez
lesbouches!»
(PapyrusMagiqueHarris).

PARIS
BIBLIOTHÈQUE CHACORNAC
H, QuaiSaint-Michel
MCMVII
Il a ététiti deut ouvrage:
UnexemplairesurgrandpapierduJapon
et
Septexemplaires sur grandpapier
de Hollande
OB
MEMORIAM • PATRIS• MEI
SERVANDAM
FERALEM • HANC • STELAM
EREXI
POST• VARIAS• AC • PROLIXAS
MARI • TERRAQUE
PEREGRINATIONES
AD• PATRIAM • TRANSIVIT
REQ.U1ESCAT
RESVRRECTIONEM . EXSPECTANS
IN • PACE• XRISTI

In te Domine non
tperavi;
inxltrnum
confundar l
LE, MYSTBRIVM
MAGWM

de nous,danslessphères éternelles
d'oùémanentla Lumière et la Vie,règnele
AU-DESSUS insondable
mystère, et splendide,del'Absolu.
L'Absolu enserrenotreêtrecomme un involucrum,et
borneUcercleétroitde nosconcepts précis; en toutes
chosesil a imprimé sa commonéfaction.
Ténèbres, Inconnu pourceuxqui n'ontpasla Science,
il n'estqu'unvoilequi recouvre la CausePremière, et
quiseUvedevantlesInitiés.
Heureux celuiqui l'aurasu déchirer avantl'heure1
carla Lumière qu'ilconnaîtradéjàneVéblouira paspar
savisioninattendue.
Maisqueceuxqui seserontcomplu dansl'inexistant
Craignent que,pour eux,le gardiendu seuilne soit
obligé del'écarterlui-même I
Alors,àlavuedecequ'ilsn'avaient jamaissoupçonné,
de cequ'ilsavaientcontemné peut-être,ils tomberont
LEGRAND
OEUVRE

anéantisdanslesprofondeurs du clmme,où, n'ayant


plusconscience d'eux-mêmes, ils perdrontleurentitéet
neseretrouveront plus!
O la paucitéet la paivilédesdoctes, en cetinstant
décisif!Quederegretsd'actesnonaccomplis, deprojets
nonexécutés ! Combien, ne pouvantréparerlesomis-
sionset les erreurs,devront,imparfaits,incomplets,
impurs,accepter leurréalisation 1
définitive
Suis-moi donc,monDisciple, dansla Voiedel'Absolu
queje vaist'euseigner ; suis-moi, etje teprometsqu'un
jour tu ceindrastonjront de la couronne de lumière,
du diadème d'ordesSages,réservéà ceuxqui,pendant
leur vie, aurontaccompli l'OEuvre qui résumetoute
oeuvre.
Beaucoup ont entendudiscourirdu GrandOEuvre.
Quelques-uns se proposentde s'y adonner,maisbien
peuenabordent la quasition.
Tousdisent: « Plus tard, quandnousauronscon-
quisleloisiret lecalme». Maisle loisir et le calme
neviennent jamais, tandisquel'Absolute réclamera
sansfaute,puisquetu émanes délui.
Oh! passersur celteterre sans avoir déchiffré
l'énigme,sansavoirpénétréle secretinexsupérable que
certains,parminosaïeux,connurent, le pourraistu,
toi qui as déjàquémandé la Sapienceauprèsde tant
d'bouinus quinela possédaient pas?
Le Grand OEuvre!Le Grand OEuvre!Vocable
LEMVSTERIVM
MAONVM

prestigieux! Fulgurantesplendeur! D'aucuns, dansles


ligesécoulés,auraientdonccontemplé celtemerveille,
l'auraientpossédéeintégralement,et toi, tu la laisse-
rais,inexpliquée,dansleslivresI
Etdansl'au-delà,douéalorsdelaplénitude de ta lu-
ciditéperceptive,
tu verraisla phalange triomphale des
Sapients,inondésd'unejoieradieuse,éperdus debonheur
et d'allégresse,
se délecterdela PIERRE DESPHILO-
SOPHES, s'en nourrirpour l'itemiUet tu n'aurais
aucunepart à cefestin!
Et tu entendraislesblanclies
théoriesdes Initiéste
criercomme Dante:
Guaia voianimeprave
Nonisperatemaivederlo cielo!
tandisqu'elless'éloigneraient
pourjamais,triomphantes,
dansla Lumière,et te laisseraient seul,au seindes
ténèbres
grandissantes, leur dia^omesinistres'élendanl
autourde toi!
Queceltepensée doncà t'inspirerle regretde
suffise
ta négkclion du Magistère desSages.
Plûtà Dieuqu'ilnesoitpas troptard, et quetu us
tetrouvesdéjàtropavancédansla viepourentreprendre
deleparachever !
Carsi l'ascèsen'apascommencé au sortirde l'ado-
il estdouteux
lescence, quetu puissesparvenirjamaisà
la perfection.
C'estdanscesensqueNiclwlas Valoisa
10 LECSRAND
OEUVRE

dit : « LePrintemps avancel'OEuvre».Et SaintTfo-


masd'Aquin: « Dans lespremiers jours, il importe
de se leverdegrandmatinet de voirsi la vigneest
enfleurs».
Applique-toidoncsansretard,etavecla bénédiction
de Jésus-Christ, à sa mathèseet à son agnition.
C'est,monDisciple,pourte dirigerdans
celle voie quej'ai entrepris,le
Saint-Esprit d'écrire
invoqué,
les dou\e médita-
tionssuivantes.
Laus à
Dieu.
LE GRAND OEUVRE

XÏI MÉDITATIONS
SUR
LA VOIE ESOTÊRIQJJE DE L'ABSOLU

MÉDITATIONPREMIÈRE

LESVBJECTVM
ARTIS

Valoisl'alchimiste,a dit : « La
Sciencedes Philosophesest la connots-
NICHOLAS sance de la puissanceuniverselledes
choses».
Dansla nuit obscurede ton âme, tu as parfois
aspiré,mon Disciple,à une Lumièreincommensu-
rablequiviendrait,en un jour lointainet indéfini,
illuminerta détresse.
Tu as rêvé,visionconfuse,d'allégresses,d'har-
moniessurhumaines,d'omniscience, de puissance
illimitée.
14 LEORAND
OEUVRE

Tu as pressenti— aprèsles ténèbreset la morne


tristessedu chaosoù, confusément, tu te débats—
de la splendeur.
Et voicique la ligned'horizonde ta vie s'em-
pourpre, et te laisse entrevoirquelquechose de
meilleuret de plusparfait.
Empresse-toi de te dirigerverscettelueurencore
indécise.Suis-la; c'est l'étoiledes Mages«quise
lèvepourtoi et qui vate conduire,situ nejtâuifffcs
du regard,vers le Maîtredu Monde. .^^Jfc
Livré à toi-même,tu t'es caractérisé par Fecfé-
sordredesidéeset le désordredesactes.
Le spécifiqueà ce désordreest la rentréeen toi-
même.
La rentréeen toi-mêmeexigél'effortde volonté
continuet durable.
L'effortde volontécontinuet durablenécessite
une règlede vie.
La règle de vie comporteune série d'actes
spirituelsqu'il te faut accomplirscrupuleuse-
ment.
La premièrenorme,quirésumetouteslesautres,
c'estledésintérêtdesdireset desactesdes hommes.
Enveloppe-toid'indifférence commed'un man-
teau; voilàla clefdela vie magique.Libère-toides
contingences.Délivre-toi de toute hylophilie.En-
ferme-toidansta penséeet dansta science.Sois
MÉDITATION
PREMIÈRE 1S

le solitaire,le vraiMovî«<; unocellule


; construis-toi
danston proprecoeur.
Accepterune vieobscurelorsqu'onestaffaméde
gloire,c'estlesummumdela perfection alchimique;
ainsi, rigoureusement, les Saintsont accomplile
GrandOEuvre.
L'idéalquelu t'escrééestunroyaumedanslequel
tu règnesensouverain maître;quedésires-tu deplus?
Tu esRoi au momentoù les trôness'écrou-
lentI Tu es Sacerdoteau momentoù les hiéro-
phanieschancellent I
Méprisela foule,méprisele peuple,méprisela
masse; fuislesfacespatibulaires. L'êtred'exception
seulestdignede tonintérêt.
*
L'expansion populairen'estconsidérable quehié-
rarchisée.Une fouledisciplinée a construitle mo-
numentoccultepar excellence, le monumentqui
ne projettepas d'ombre: la Pyramide; les foules
indisciplinées n'ont jamaissu que pousser des
cris et piller, ce qui est à la portée de tous;
veux-tute joindre,simpleunité,à celles-ci? Re-
noncealorsau GrandOEuvre ; laVolede l'Absolu
ne s'ouvrirajamaispourtoi.
Vouloirposséderla Sapienceet en mêmetemps
l'approbation populaire,c'estdérision.
« Agirconsisteaussia ne pasagir », a ditLao-
Tseu; souviens-t'en. Lorsquela foulehurleet ba-
\6 LBGRAND
OEUVRE

tailleau dehors,toi,monDisciple, veillesurl'athanor


deton âme, et ne t'immiscepasdans les advélila*
tionset lesluttes.
Situ n'éprouvesaucunepeineà ignorerce qu'on
penseet ce qu'on dit de toi, courageI tu as déjà
progressédansla Voiede l'Absolu.
La réputationn'est rien; le témoignageseul de
la conscience importe.A quoite sertde passerpour
saint,situ n'aspasla paixhermétiqueen toncoeur?
Il faut donc, suivant la Scala Philosopliorum,
commencer l'oeuvrelorsquele Sok'ilestdansAries,
et la LunedansTaurus.
Ripléeet le Rosairenous assurentqu'il fautun
an pourobtenirla PierrePhilosophale danstoutesa
stabilitéet sa firmitude; et Bernardle Trévisany
ajouteseptjours.
Comprendset méditeces paroles.Efforce-toi de
développer lesforceslatentesqui subsistenten toi.
Ordonneta viesuivantlesnormesoccultes.Tu es
la matièremêmedu GrandOEuvre ; albifie-toi,
spi-
. ritualise-toi,purifie ton astralité,dégage-toides
ombresCimmériennes.
Maissi tu préfèrest'abandonnerau hasarddes
événements,pleurealors sans espérance; tu ne
connaîtrasque l'insuccèset les désillusions
et tu n'entrerasjamaisdansl'assem-
bléedes Philosophes.
MÉDITATIONII

ETPURIFICATION
PRÉPARATION

a dit : « De quelquefaçonqu'on
traite le mercurevulgaire,on. n'en fera
PHILALÈTHB
jamaisle "ÏJT philosophique ».
Siton âmeest d'un rustre,c'esten vain que tu
prétendsau Magistère.
As«tudéjà senti la nécessitéde t'éleverversle
ciel,de sortirdeta gangue,de briserta chrysalide?
Si tu ne possèdes pasce levain,ce fermentd'élec-
tion,sois persuadéqu'il est inutilede rien.entre-
prendre.
Si tu es d'argile,tu resterasd'argile.Si tu as
placéton idéaldansla fange,tu ne peuxsongerà
la sublimation,à la transmutationdéfinitive,à
régression delagéhenneterrestre.Hommevulgaire,
tu ne deviendras jamaisun Sapieut.
30 LEGRAND
OEUVRE

Il est unealchimietranscendentale, c'est l'al-


chimiede soi-même.Elleest préalablement néces-
sairepour parfairel'alchimiedeséléments.La no-
blessede l'oeuvrerequiertla noblessedel'oeuvrant.
Construisl'athanor; préparel'oeufphilosophique ;
disposel'aludel; séparele subtilde l'épais; re-
cueilleleslarmesde l'aigleet le sangdu lion ; fais
que ce qui est occultedeviennemanifeste ; ce sont
les préliminaires de l'OEuvre,sans lesquelstu ne
peuxréussir.
La transmutationdoit s'opéreren ton âme. La
Pierre, dans son état définitif,c'est l'Absolului-
même; le dissolvantpurificatoire, ce sont les for-
mulesde beautéet de perfection donttu orneras
ta vie.
Le Magistère estSoufre,Sel et Mercure;ainsiton
âmesubliméequi est le véritableMercuredesPhi-
losophes,s'uniraau Soufrede l'amourdivin,par le
Selde la mortification et des épreuves.
Coordonnedonc toutestes actionset toutestes
impressions afind'en formerun ensembleharmo-
niqueparfait.Efforce-toid'acquérirl'extrêmeluci-
ditéde ton entendement.Détourne-toi de ce qui
salit la vue.N'écoutepas ce qui polluel'oreille.
.,Exalteen toi le sentimentde la personnalité, pour
t'efforcerensuited'absorbercelle-cidansle seinde
l'Absolu.
MÉDITATION
II 91

Embraseton âme du feu alchimique, du feu qui


nebrûlepas.Je t'enseignerai à le recueillir;et il
formeraautourde toi un cercleprotecteur, qui t'iso-
leradesInfluencesMauvaises.
Garde-toide vouloirgoûter lesfruitsde la vie
mystique,avantd'avoirrienfaitpour les posséder.
Ne dis pas — ô l'étrangeparadoxe: — « La
Voieesttroparide,et pourtriompherdesdifficultés
de la Voieil faut êtreun Saint.»
Maisau contraireles Saintsne sontdevenustels
que parcequ'ils ont su d'abordtriompherde ces
Ilsont débutécommetoi, dansle néant;
difficultés.
ilsont gravicommetoi l'échellephilosophique en
commençant par le premierdegré.
Net>rrAudedoncpasla foipourpouvoirprieren-
suite.Prie d'abord,et la foi inonderaton âme.
Maisj'en ai assezdit pourquetu sachesque tu
doisdésormais teformeruncorpsmystique,
qui se substitueraen toustes actesà
ton corpsvisiblepour employer
utilementtes forcesimma-
térielles.Et ainsitu vi-
vras dans l'hyper-
physique; et
c'est là la
Voie.
MEDITATIONIII

IONIS PHILOSOPHICVS

président d'Espagnet a dit: « La régénéra-


tion du mondese fait par le moyend'un
LE espritde (eu qui descenden formed'une
eauqui enlèvela tacheoriginellede la matière».
C'estd'en haut que tu doisfairedescendrele feu
philosophique qui purifierates conceptset absier-
geratonâme.
Il y a ici un très grandmystère.
Cefeuénigmatique, tu nel'obtiendras
quepar un
effortmerveilleuxde volontéet par une ardente
efflagitation,
Ceschosessonten lamiséricorde de Dieu,comme
ditBasileValentin.Pontanusavoueavoirerréplus
de deuxcents fois,quoiqu'iltravaillâtsurla vraie
2
LEORAND
OEUVRE

matière,parcequ'il ignoraitla naturedu feuphilo-


sophique.
Quetesmainset tesintentionssoientpures,sinon
cet adjuvantcélestete seratotalementrefusé.
Il est l'influxastral,l'éclaircoeligène jaillissant
de la nue sur l'athanor,le lienunissantle macro-
cosmeet le microcosme. Sanslui tu ne peuxrien
accomplir, et aveclui tu esfortde touteforce.
Zarathoustra l'appelaitBerezeserigh,le feuquise
tient devantOrmuzd.Moschél'a nommé *fl; et
les Magesl'ontexpriméainsisurles briquesKhal-
déennes; contemplecetteeffigie:

C'est l'Espritmêmede Dieuqui descendimpé-


tueusement dansle Philosophe,et qui,se combinant
avecle feu central,c'est-à-direla propensioninté-
rieurede son âmevers le Mystère,le faitvatici-
ner et lui donnele pouvoir d'accomplirdes mi-
racles.
Recueille-toi,monDisciple;tu doisêtre le temple
de cet espritardentqui opèrede grandeschoses.
Souviens-toique les cendresdesPhilosophes con-
tiennentle diadèmede leur Roi.Fermeton âme
III
MÉDITATION* i~]

aux impressions extérieures.Luteton aihanoravec


le lutdeSaplence. Ne regardepas au dehors dans
les ténèbres;reste au centre; rapproche-toile
plus possiblede l'ignition,de peur d'être em-
porté dans la circumverSion, dans le tourbillon
glacédu Mauditquirugit,quarensquemdevorel.
Prendsgardeauxlémuresmortifères, aux esprits
caiaboliques qui rôdentautourde toi. Voislesem-
pusesqui te guettent; invoqueles égrégores ; ré-
chauffebienenton seinl'oiseaud'Hermès.
L'Alcyon vanaître,monDisciple;réjouis-toi ; etsi
tusaisprovoquerce courantmagnétiquequi doit
s'établirentretoi et les sphèressupérieures,tu pos-
sèdesle Magistère, etleresten'estquejeud'enfants.
Vois,sculptésur le portaildroit de Notre-Dame
deParis,l'évêquejuchésur l'aludeloù se sublime,
enchaîné dansles limbes,le MercurePhilosophai.
Il t'enseigned'où provientle feu sacré; et le
Chapitre,laissant, par une tradition séculaire,
cetteporteferméetoute l'année,t'indiqueque
c'est icila voienon vulgaire,inconnue
à la foule, et réservéeau petit
nombredesélusdelaSapience.
Mais il n'eu pas per-
mis d'en dire da-
vantageà ce
sujet.
MÉDITATIONIV

DISSOLVTION

Bacona dit : « Il faut que le corps


devienneespritet que l'esprit devienne
ROGERcorps».
*' C'estla solutionde l'OEuvre.
Pourla réaliser,ton proprecorps,embrasépcrle
feuphilosophique, corrodéparl'eauardentedescon-
tritions,doit atteindreun tel degré de puretéqu'il
s'immatérialisevraiment. ' •
Alors,se transfigurantcommesur un Thabor,il
deviendrainaltérable; il ne seraplus un impédi-
mentà la vie spirituelle,maisau contraire,à l'égal
descorpsglorieux,il participera de celle-ciet con-
tribueralui-même,— ô prodige1 — à l'OEuvre.
Corporêifieensuiteton esprit,c'est-à-direprojette
un regardscrutateursur cetteimpalpable substance
33 LEGRAND
OEUVRE

de toi; donttu n'as peut-être jamaissongéà con-


naîtrela mystérieusenature,quoique,constamment,
elleaccompagne ton corps.
Etudieminutieusement tousses.rouagesoccultes
afinde savoirla diriger,de pouvoirménagersapuis-
sanceet la sustenterde la nourritureintellectuelle
qui luiconvient.
Tu possèdes,monDisciple, un trésorimmensede
forcescachéesque tu ignores,forcesconsidérables
ployéesen toi,et quisurpassent
et invincibles, toutes
lesforcescorporelles ; apprendsà t'en setvir,à les
faireobéirà ta volonté,&t'en rendreabsolument
maître.
Et pour cecitu doisd'abordretrancherde ton
intellecttout ce qui est superflu et obsolète.
Emonde vigoureusementla frondaisonde tes
penséesvulgaires. Taillehardimentdanscettefutaie
des lieux communset des banalitésqui peuvent
t'occuperencore.Elaguetoutce qui ne représente
pasdela vigueuret de la force; c'estunevégétation
malsainequi ne produit que des déperditions
d'énergiespirituelle.
La penséeest une substancede nature presque
fluidique.Une foisémise,elleexiste.
La penséeest immuable.Elleprovoquedansla
Sphèrede l'existencepure un écho qui résonne
dansl'éternité.Garde-toidoncdescogitations infer-
MÉDITATION
IV })

nalesquetu peuxcréeret qui se fixerontà toi pour


ta damnation.
Soispur,carc'estta vertuelle-mêmequetu dois
projetersurl'athanorpourl'animer.Evitelesactes
indifférentsen eux-mêmes.Que ton regardn'erre
jamaissurlesobjetsquivnevalentpas un instantde
tonattention; c'est une parcellede ton être que tu
perdraissansjamaisla pouvoirrécupérer.
Puis,libéréalorsdu fardeaudesinutilités,recueille
précieusement ce'que tu veuxconserverde forces
vives,et dirige-lessur l'OEuvreavec véhémence.
Observeavecattentionlescouleursdu Magistère,
et fais' converger, v ers le but final, tes moindres
actes.
D'aucunste diront que la puissancemiraculaire
s'acquiertet se transmetpar un souffle,un mot
murmurékabbalistiquement à l'oreille,une lecture
de quelquespagesen un grimoireou la confection
d'unebaguette.
Apprends,au contraire,qu'un tel pouvoirne te
seraconféréquepar unelaborieuseet lenteculture!
des forces psychiquessubsistanten toi à l'étatJ
latent.
Il fautt'abstrairedansla vie supérieureen exal-
tant puissammentta volonté,opérer une véritable
ségrégation detoi-mêmed'avecle mondephysique
et extérieur.
34 LEGRAND
OEUVRE

Elèveautourde toi commeun mur qui retienne


ce qui émanede toi versles chosessensibles;en-
ferme-toiainsidansla citadellehermétiqued'oùtu
sortirasun jour, invulnérable.
Sansdoute,tu vois déjàpoindrequelquepeu la
Lumièrequeje t'ai promise,et tu te réjouis.
Patience! songeà ton impéritieI Tu n'es qu'au
iv*degréde la Voiede l'Absolu.Il te reste plus
de la moitiédu cheminà parcourir,et tu peuxen-
coretrébuchersur la route,et choir.
Deplushabilesquetoisonttombés,quitouchaient
presqueau but. Un doigtsurla bouche,
commeHaipocrates,et prie,mou
Disciple,dansle si-
lencede ton
âme.
V
MÉDITATION

CONJONCTION

BasileValentina dit : « Et la voixmé


lodieusedela Royneplairagrandementaux
FRÈREoreillesdu Royigné; il l'embrassera aima-
blementpour la grandeaffectionqu'illùyporte,et
serarepeud'icelleiusquesà ce qu'ilsdisparaissent
tousdeux,et d'euxdeuxne soitfaictqu'uncorps>.
LeGrandOEuvre est uneéthiquetranscendentale.
Or,il est facileà l'Adepted'éliminerde sonexis-
tenceles impédiments despenséessuperflueset des ,
êtresimportuns.
Maisil rencontrerade sérieusesdifficultés,s'il
veut,obéissantà la normed'activitéet de passivité
d'aprèslaquelleest construitle macrocosme,re-
constitueren lui-mêmel'androgynatédeniquepar
38 LEGRAND
OEUVRE

l'assimilation d'une autre vie à la sienne.L. est


l'obstacle,l'offendiculum véritable.
C'esten vain,monDisciple,que tu accompliras
lesablutionspréparatoires et quetu revêtiraslarobe
de lin sacré.Si toncoeurn'estpaspur, cen'estpas
le vêtementqui le mondificra et qui saurate dé-
roberà l'oeilde la Divinité.
Il n'est pas de déperdition de forcespsychiques
comparable à cellequeprovoquera en toi la multi-
tudedesconvoitises. C'estun envoûtementauquel
Schelomoh lui-mêmen'a pas résisté.
Qui punisest,iscertusest augur; c'est Paracelse
qui te l'enseigne,et la parolede cemaîtreest pré-
cieuse.
Ne marchepas dans les voluptésinnommables.
Ne ceins pas ta jambede la jarretièrede peaude
loup.Garde-toid'allumerle ciergevert qui dirige
la femmevers lesténébreuses luxures.Redouteles
incantationset les philtresd'amour,et porteau
doigtla topazequi réfrènela lubricitéet qui chasse
les phantasmesde la nuit.Défie-toidu crapaudde
la sorcière,et ne t'endorspas, commeMerlinl'En-
chanteur,danslaforêtde Brocéliande, où Vivianela
perfidet'enchaînera pour lessiècles.
Si tu choisisune compagne,le lien qui t'attache
à elledoitêtreindissoluble, puisquetousdeux,un
jour,vouscontemplerez l'Absolufaceà lacé.
V
MÉDITATION 39

Avecelletu doispartagerlesjoieséternelles.Ses
pensé;s,commeles tiennes,doiventdoncconverger
toutes,versla possessionde l'Absolu.
Tu ne peuxvivrequ'auprèsdecellequichemine,
la maindansla main,avectoidansla Voie,qui re-
chercheavectoi la choseà troisangles,et t'adjuve
au GrandOEuvre,
L'épousede l'alchimiste,c'est Pernelle,discrète
et savante,portantau doigtl'anneaudu souverain
lien, reflétanttoutes les penséesdu maître, et
veillantà sontour sur l'athanorlorsquel'heure
l'exige.
Situas malchoisi,jette un dernierregardsur
cemystèrequinet'est pasdestiné; emplistes yeux
desa clarté,et fermece livre.
Tu peux quitterla Voie de l'Absolu,auquel
jamaistune parviendras. Descendsversla géhenne,
malheureux 1avecl'êtreinutileque tu as attachéà
ta chair,avecl'écorcevideque tu traînesavectôii
et rentredansla voiedela médiocrité qui est dé-
sormaistienne,et d'où jamaistu n'auraisdû sortir.
Maissi ta compagneorne vraimentta vie,con-
tinue avecelle la progression contemplative vers
l'Absolu.
Elledoit tirer — la merveilleuseI — le menu
fruitquetoidesprésentesméditations.
Maisn'oubliepas que sa voie de perfectibilité,
40 ' LEGRAND
OEUVRE

malgrél'homoeomérie du but final, est différente


de la tienne,ce que tu connaîtrasen étudiantavec
soinsaconstitutionmicrocosmique.
Patacelsel'enseigneexpressément : Archausalius
in viro,aliusin famina.
C'est de toi qu'elle doit recevoirl'initiation,
commetu la reçoistoi-mêmede la Divinité.Retiens
ce point essentiel,et garde-toide l'orienterdans
unevoie qui n'est pasla sienne.Place la pomme
d'or dansl'une de sesmainset le flambeauallumé
dansl'autre.
Le feu et le menstruedissolvant,voilàla clefde
l'Art Majeur.
Si tu les connais,tu es alorsdansla Voie
Royale et tu verrasbientôt le jour
éternel, le jour qui ne
finitpas, qui nes-
cit occasum
dies
VI
MÉDITATION

PVTRÉFACTION
OUHYLATION
SiVtMORS

Cosmopolite a dit : « Celuiqui ne descend


pasnemonterapas».
LB Voici,monDisciple, desépreuves,
l'épreuve
celleoù t'attendent,ricananteset pallides,les In-
fluencesMauvaises, dansl'espoirdetevoirtrébucher
et retombaWanslesténèbresextérieures.
Situ y résistes,le Phoenlx,succédmtà l'Alcyon,
va édorepourtoi.
Le monden'a pas consciencedes supériorités
naissantes.
Prendsdonclasaintehabitudedesouffrir
le méprisdeceuxquivalentmoinsque toi.
Pénètre-toide cettevéritéqu'il ne te sera jamais
rendujustice,sinonlorsde ton avènementdansla
Lumière.
' LEGRAND
OEUVRB
44

Il fautque tu deviennescomplètement indifférent


à l'opiniondes hommes,ce qui est plus facileà
exprimerqu'à réaliser.
Que t'importede passerdansla foule peur une
vague unité, lorsque tu as consciencede ta
Royautéintellectuelle ?
OEuvreselonta conscience, sanste soucier du
résulut.
Acceptela gloirecommeun fardeau,et ne la dé-
sire pas, sinonla gloireéternelle,celledes Philo-
sophes: l'Absolu.
Situ recherches humain,lu marches
l'assentiment
verslesténèbres; tu es hors de la Voie.
Si tu désiresêtreun Saint pourque l'on te re-
connaissecommetel, il est certainque tu ne le
deviendrasjamais.
La puissancemiraculaires'hyperconcentrera en
toi lorsque tu ne la convoiterasplus, lorsquetu
aurastué en toi l'ambitionde la posséder.
Alors,en usantde ce pouvoirqui émerveillera
leshommes,toncoeur,devenuinsensible, nes'enor»
gueillirapas.
Maisque de cheminà parcourirpourobtenirce
résultatI
Anéantis-toi,mon Disciple,dans un abîme
d'humilité.Sois infimeparmi lesinfimes.Deviens
obscur, obscur.Cache-toicommece disciplede
VI
MÉDITATION 45

Khoung-Tseu qui arrachaitdeslarmesd'admiration


à son maîtreet lui faisaitdire: o Oh I qu'il était
sage,Hoéi1II demeuraitdansun réduitau fond
d'unerue étroiteet abandonnée, et pourtantcelane
changeaitpas la sérénitéde HoéiI OhI qu'il était
sage,HoéiI ».
Rappelle-toicette parole: « La patienceest
l'échelledes Philosophes et l'humilitéest la porte
deleurjardin».
Abaisse-toi et tu te transfigurerasun jour, et tu
brillantet radieux,dansl'amplexion
teréveilleras, du
Roide Gloire,du RoiOrientalséantsur sontrône,
commedisentles vieuxmaîtres,et tu entrerasdans
la MerPourpréequi est le Magistèredes Philo-
sophes.
Maistu n'esencorequelemercurelépreux
qui a faitmourirle Soleilde
justice sur l'effigie
du quaternaire,
souviens-
t'en I
MÉDITATIONVII

DISTILLATION
SVBLIMATION.

Flamela dit: « Cetteopérationest


.vrayementun labyrinthe,parcequ'icyse
NICOLAS présententmillevoyesà mesmeinstant,
outtequ'ilfautallerà la fin d'icelle,justementtout
au reboursdu commencement.
L'affliction
est la semencede perfection.
C'estvéritablement le menstruedes Sages; c'est
le Lionverddes Philosophes, l'eauPontiquequi ne
mouillepas les mains, l'acetum aeerrimumou vi-
naigretrès aigre au moyenduquel s'extraitde la
tète de corbeau,le véritableLaitde la Vierge,et
l'Llixirpour la multiplication.
Tu dois faire convergervers le but suprême
chaquecirconstance de ta vie, maisprincipalement
3
50 LEGRAND
OEUVRE

les peineset lessouffrances quotidiennes ; et il t'en


adviendrabeaucoup,car c les disciplesdesSapients
ne trouventpas de reposen ce monde», dit Rabbi
IssacharBaër.
Tu peux tirer de celles-ciun 'parti merveilleux,
enobtenirl'eau régalequi corroderatoutestes im-
puretés.
Savoirextrairedesdifficultés mêmesde lavie,un
fermentde perfection, et lestransmueren autantde
forcesvivesdansle planhyperphysique, c'est l'al-
chimiemajeurecontre laquellerien ne prévaut;
c'est la déalbationmagnifique,l'aurumde slenore
de Virgile,le tnorbusquilibelpurgalorium dePara-
celse.
Ne profèredonc pas un murmurelorsqu'unde
tes projetsn'est pascouronnéde succès.Tu ne tar-
deraspasà comprendrequ'il était nécessaire qu'il
en fût ainsi,et que les déceptionsmomentanées
devaientte préparerplus tard des avantagesinat-
tendus.
Geberenseignequ'il est presqueobligatoireque
l'alchimisteerre plusieursfois.
Contente-toidonc, dans l'adversité,de penser,
sans exacerbation,que ta vue intellectuellese
trouve,à ce moment,obscurcie, et que lavoied'où
tu as été rejeté et que tu croyaisexcellente,ne
l'étaitpas.Tu en acquerrasbientôtla certitude, et tu
vu
MÉDITATION 51

reconnaîtras 1'enchahementtoujoursadmirabledes
effetset des causes.
Garde-toisurtoutdeporterenvieaux triomphants
du jour et de l'heure.Tu les entendras,mon Dis-
ciple,raillerton ascèseet mépriserton effort.
« Nous ne prionspas, disent-ils,— les inanî-
loquest — nous ne prionspas, et pourtant nos
affairesprospèrentI Nous blasphémonsDieu, et
Dieune paralysepas notrelangueI »
Maisque prouvecela? Que leur PèreCélesteest
bonet qu'ilssont mauvais; rien de plus.
Pourtoi,monDisciple, poursuisavecpersévérance
tonincèsdansla Voie.Ne te lassepas.Lesmaîtres
eux-mêmes ont,plusieursfois,recommencé l'OEuvre.
Maissache comprendreque nul enseignement
acroamatique ou érotématiquene sauraitremplacer
l'assimilationlente de la doctrinealchimique,par
uneétudeapprofondie et consciencieuse
des livres
desmaîtres.
Cen'estqu'aprèsde longuesannéesquecommen-
ceraà poindrepourtoi, la Lumière.
Alors,dansdestextesoù le profanene voit que
matièreà sourires,tu percevrasdéjà des rapports
subtils,des jalonste guidant parmi les obscurités
Je la Voie.
L'alchimie n'est pas unehémérèse; c'est l'oeuvre
dela vie entière; ellefait corpsavecl'existencede
Ç3 LEGRAND
OEUVRE

l'Adepte.La possessiondu Grand OEuvreest le


couronnement de la vie.Tu ne l'obtiendrasqu'une
fois,de mêmequetune vivrasqu'unefoissur terre.
Atteindrel'Absoluà vingtou trenteans estdonc
illusoire; à cetâgetu es seulementsurla Voie; et
tu ne peux abandonnercelle-cisans perdreen
mêmetempsl'espoird'y rentrerjamais.
C'estdoncprogressivement quetu découvriras la
véritédansla paroledes maîtres; ne demandepas
d'êtreau termedu voyageavant d'avoirparcouru
lecheminnécessaire poury parvenir.Si tu esquel-
quepeu avancédansla Voie,tu reconnaîtrasqu'il
estimpossible de parlerplusclairement.
Maiscombien,plustard, les parolesmaintenant
obscureset incompréhensibles, te semblerontlumi-
neusessi tu n'ascesséde travaillersuivantlespres-
criptionsdes maîtres1
Tu sourirasalors,en connaissantsi simples,les
notionsqui te paraissaient si abstruseslorsquetu
n'étais qu'un profane,et tu avouerasqu'il n'était
.pasd'explication possible,avantl'investigation
per-
sonnelle,destinéeà préparerton esprit à recevoir
les semencesdu vrai.
Et c'estdanscesensqu'ilest dit que
nul ne peut être initié
» que par soi-
même.
VIII
MÉDITATION

MVTATIO
COAGVLATION, CAPVTCORV
COLORIS,

BienheureuxRaymondLultea dit : « Et
ainsi, tu auras un perpétueltrésor que tu '
LB pourrasaugmenter indéfiniment,et par
lequeltu accompliras l'OEuvrejusqu'àl'infini.»
Et maintenant,voilàla grandepagemystique,
cellequenedoiventpaslireet quene comprendront
pas,ceuxqui ne sont pas totalementdétachésdu
soucides contingenceset du fracasdes opinions
humaines.
As-tuécartédeton âmetouteslessensationsqui.
pouvaient y introduirele déséquilibre,troublerta
sérénitéastrale?
Es-tu suffisamment prêtpour commencer à agir
avecefficacité dansl'immatériel?
56 OEUVRE
LEGRAND

Alorsexerce-toià recueillirtesforcesanimiques
et psychiques. Coagule-les.Donnedu corpsà cha-
cunede tes pensées.Affermis-les en les précisant
avecsoinet en lesconcrétisant en ton esprit.
Elles sont nombreuses,mais elles't'échappent
parceque tu nesaiscommentlesmaîtriser.
Garde-toid'en perdreaucune, de laisserfluer
cettepuissanceprécieuse,de la disséminersur des
notionsinutileset vaines.
Détermineexactement, au contraire,celles sur
lesquellestu veuxfixerton attention: élimineet
rejette toutes les autres. Puis rassemble,comme
en un faisceau,tes penséesvolontairementémises
et consacre-les en les proférantverbalementavec
énergieetvolonté; etainsitu accompliras de grandes
choses.
Amauldde Villeneuveappellececi l'Anglede
l'OEuvre.
Recueilledonc avec soin l'eauPélidorqui est
d'un vertnaissant.Transmueles Eaux Mortesen
Eaux Vives.Préparela résurrectionde l'oiseau
d'Hermès.
Ici surtout,il fautpurifiertes intentiopset ton
coeur.Que versle bienseul, s'orienteta volition.
Prendsgarde,mon Disciple;tu cours en cette
phaseun très granddanger.Tout mauvaisvouloir,
par toi émis,se retourneraitcontre toi-même.Ne
MÉDITATION
VIII 57

cherchepas à écarterles impéiimentsen profé-


rant, contreceux par lesquelsils t'adviennent,la
formulede malédiction. Celle-ciest irrécupérable et
son voeusinistre,une fois formulé, s'accomplit
toujours.
Cen'est paspour la vengeanceque le pouvoir
t'est donné. Ne te fourvoiepas. C'est la Voie
Royale,la Voiede l'Absoluque tu suis,et non la
voieténébreuse.
Jugule les éclosionsmalsainesde ta pensée
troublée.Ne pactisepas avecle Maudit.Repousse
les consommationsinfernaleset les cogitations
morbides.
C'estleSoufredesPhilosophes, leSoufrequiillu-
minetout corpsparcequ'il•est lui-mêmelumière
et teinture,que tu recherchesavec avidité; crains
de rencontrerà sa placel'Asmodaiqui séduisit
Aischa.
Maisj'ai dit. Je ne puis,mon Disciple,te révéler
l'ensembledesarcaneshermétiques ; il suffit
que je t'indiquela Voiequi conduit
à ces arcanes.C'est ta volonté
et ton intelligencequi
parachèveront,avec
l'aidede Dieu,
l'OEuvre.

3*
IX
MÉDITATION

- FIXATION
.

Jehan de Meung,en son Mirouêr


d'Alquimiea dit : « Nostrescienceest
MESSIRE sciencecorporelle,d'ung et par ung
simplement composée».
Unique,en effet,la modalitésuivantlaquellese
rechercheet se conquiertl'Absolu.
Celui qui s'acheminevers la perfectionvraie
s'élèveau-dessusde la nature; et celui qui estau-
dessusde la naturepeutcommanderà lanature.
C'estainsi que tu. pourrasfairedes miracleset
transmuerlesmétauxet les gemmes.
As-tucomprisici, mon Disciple,la subtilediffi-
cultéde l'OEuvre?
Tu n'obtiendras la Pierre que lorsquetu seras
62 OEUVRE
LEORAND

devenuparfait.Et tu ne serasjamaisparfait,si tu
recherchesla Pierre à cause des richessesqui
l'accompagnent. Donc, lorsquetu posséderasla
Pierre,tun'auras,fatalement,parta perfectionmême,
qu'un souverain m éprispour lesavantages m atériels
qu'ellete prodiguera.
Car tu serasalors dans l'extase; tu pourraste
rendreinvisible,évoquerles mortset franchirins-
tantanémentles plus grandesdistances ; tu vivras
d'unevie superéxaltée qui s'alimenteraetsubsistera
d'elle-même,te laissantindemnede tout besoinet
de tout désir.
Voisdoncle vulgairesecantonnerdansd'étranges
sophismes: « Si vouspossédiez la Pierre,vousse-
riezpuissammentriches, disent-ils,scommatiques,
et vous exulteriez dans la joie et dans l'allé-
gresseI »
Et d'autres,sansfoien leurâme et sans pureté
en leur coeur,ont ouvertles livresdes alchimistes.
Ils ont manipulédes substances,souffléen des
athanors,calcinédes mixtes,sanscomprendrequ'il
faut avoir fait une longue stasedansl'Oratoire,
avantd'oserentrerdansle Laboratoire.
Et devantl'insuccèsfatal,enflésde vanité,ilsont
déclarétrompeuseet illusoirela paroledesmaîtres,
plutôt que d'avouerqu'ils s'étaienttrompéseux-
mêmes!
MÉDITATION
IX 6)

Laisselà les obstrigillations et les scurrilités


de
cescenseursignorantset vains.
Ilsraillentles Alchimistes qui sont morts indi-
gentset inops; mais sache, mon Disciple,que
lorsquetu posséderas la Pierre,tu dédaigneraslitté-
ralement de faire de l'or physique.
Cartu seras un Saint et tu commanderas aux
éléments.
Quelleémotion,lorsquetu parviendrasau seuil
de l'Infini,perdu dans la contemplation suprême
del'Absolu,pourras-tuéprouverencoreà la vu<^
desrichessestemporelles? Serais-tuparfaitsi tu
étaisencoreassujettiaux nécessitésvitales,si tu
n'avaistuéen toi tout désirhumain?
C'estpourquoiGrosparmy affirmeque: «oncques
nefutmémoirequ'avarieuxpossédâtla Pierre.»
C'estl'évidencemême.
Lapratiquede la Pierreet le désirde l'or sont
incommiscibles.Entreprendre le GrandOEuvre pour
ceseraitentrerà reboursdanslaVoiede
s'enrichir,
l'Absolu.
Tu obéiraisalorsà un instinctmaléfique, et il ne
doitpluss'en trouver un seul en toi. Comment
commanderà la naturesi tu n'avais
pourrais-tu
d'abordcommandéà toi-mêmeî
Cen'est pas que tu ne puisses,un jour,pour
quelquemotif supérieur,tenter l'OEuvre dansle
6\ LEGRAND
OEUVRE

plan physique,et transmuermatériellement les


métaux.Plusieursadeptes,NicolasFlamel,Jehan
Saunier,Zachaire et d'autres,l'ont fait; et peut-être
y seras-tucontraint,bienque désabusédu monde,
par desobligations transcendantes.
Maissouviens-toi qu'un autre,et non toi, usera
alorsdesrichessesainsiproduitesqui jailliront avec
profusion de ton athanor. Et cet être, doué d'une
vieardenteet.sauvage,brillantet impétueux comme
l'animaldes forêts,maiscommelui, cruelet sans
âme,sèmerapartoutle désordre, l'épouvante et
le malheur,jusqu'aujour où il succombera
souslescoupsinvisibles d'undetes
frèresen Sapience,qui aura
reconnuen lui une
incarnation du
Maudit1
X
MÉDITATION

L1LIVM
ARTIS.
QVINTfiSSENCE PARFAIT
OVEL1XIR

Albert le Grand,archevêquede
Ratisbonnea dit : « Icisontcachésdes
MAÎTRE trésors inappréciables,et nul ne les
connaîtsinon ceux à qui Dieu veut les révé-
ler.»
Resplendis dansla gloire,monDisciple!
Je t'ai conduitjusqu'aux«grade; et sur la Vole
véritable, tu as appris à purifier tes concepts,
à affinertes pensées.L'oiseau d'Hermès s'est
transformémaintenanten Pélican;et bientôtse
lèveradevanttoi le voile qui recouvrel'Ab-
solu1
-Tu te trouvesmaintenant,commel'hommeuni-
68 < LEGRAND
OEUVRE

verseldansle Pardès,en présencede deuxarbres:


l'arbrede la Vieet l'arbrede la Science.
Le premier,c'estlaVoiespirituellede la contem-
plationmystique; c'estl'anagogie,l'extase.L'autre
c'estla voiedu raisonnement, de l'objectionet du
doute,'lechemindessophisteset' des logodasdales.
Choisisceluidonttu veuxrecueillirles fruits,et
garde-toide touteerreur.
C'estici quela dérelictionde la Voiede l'Absolu
est particulièrementdangereuse;mais sache,pour
t'édairerdanston choix,que tout ce que la science
nousenseigne,en des milliersde livres, tu peux
l'acquériren quelquessecondespar l'illumination
mystique,parceque ton esprit,se trouvantfaceà
faceavecl'Absolusaisitalorsla Clefde l'harmonie
universelle.
Et cette Clef, les livres ne te la donneront
jamaisI
C'esten vainque tu lirastout ce qu'ont écritles
maîtres.Situ nela possèdes pas, tu ne comprendras
rienà leurlangage.
Sauras-tutriompherde l'épreuveliminairedu
doute? PrendsgardeI tonaveniréternels'y trouve
engagétoutentier. Si tu succombes,tu ne verras
jamaisla splendeur;et rappelle-toique l'occasion
d'êtreinitiéest unique en la vie. Si tu la laisses
échapper,jamaisellene seraréitérée.
X
MÉDITATION 69

Demandela Lumièreà la Lumièreelle-même,


4>û><1/.«ptutôc.Tu ne l'obtiendraspas autrement.
« Blanchissez le laitonet déchirezvoslivres,de
peurquevoscoeursne soientdéchirésparl'inquié-
tudeI », s'écriele sageMorien.
Leslivresne sontquetrop nombreux,en effet;
nuisc'estl'énergieet la volontéqui manquentle
plussouventpourparfairela Pierre.
LeGrandOEuvre I maisil est écritpartoutI ilest
exposéà tousles regards,aussiclairementexprimé
qu'ilest possiblede le fairesansviolerle secretdes
Adeptes.
Tu peuxle liresurleportaildroitdeNotre-Dame
deParisetsurla tpurdeSaint-Jacques-la-Boucherie.
Jel'aitrouvéisagogiquement dessinésurlesvitraux
duchoeurde la Madeleine, à Troyes,et sculptédans
lepalaisde l'alchimisteJacquesCoeur,à Bourges.
Hest révélédanslesLettresMilésiennes, dansle
KôfÊi[i 71*1desGrecs,dansle DTBet lé \3JJ des
Kabbalistes. On te l'enseigneraà Bénarèsdansla
formule:

ât rçfttf TO *gr
* Blanchissez
le laitonet déchirezvos livresI >
Oui,monDisciple,l'OEuvretout entierest là.
' LEGRAND
OEUVRE
70

Conquiersl'Urimet le Thummim.Cueille
le fruitde l'arbrede l'Edot gnos-
tique.Le Joyauestdans le
Lotus1 Souviens-
t'en, et l'Uni-
vers est à
toi I
MÉDITAIION XI

MULTIPLICATION

comtede la MarcheTrévisanea
dit : « LeMercuredesPhilosophes se su-
BBRNARD,
blime quelquefois en un corpsresplendis-
santet coagulé.»
Déjà,mon Disciple,tu peux recueillirles fruits
duMagistère, si tu as exercéhabilementet puis-
sammentta volonté,selonles normesqueje t'ai
enseignées.
Lesdiathèsesde ton espritet de ton âmet'indi-
querontmanifestement ce résultat.
Lorsquetoutesles circonstances de ta vie com-
menceront à s'enchaînersuivant l'expressionde
tes désirs, lorsque les difficultéss'aplaniront
miraculeusement devant toi, lorsque tu verras
4
74 ; OEUVRE
LEGRAND

toutes les volontésplier devantla tienne,et tes


ennemisconcourireux-mêmesinconsciemment à
l'accomplissement de tes projetset à la réalisation
de ton destin, tu pourrasavoir la certitudealors,
d'êtreparvenubienavantdansla Voie.
Et voici l'opérationultime de la Philosophie
hermétique,réservéeà ceux qui sont parvenusà
l'apogéedela Sapience,et queje confieà^taprudence
et à ta discrétion.
Lesforcesque tu as acquisessubsistenten toià
l'étatlatent,commeun trésorcaché.C'estla Pierre
danssa blancheur,que tu as obtenue par le Mer-
cure,le Feuet l'Elixir.
Il fautdonc, pour mettre en oeuvreces forces
secrètes,connaîtreet pratiquerla Multiplication des
Sages.
Lorsquetu te tiendrasau milieude tes frères
assembléspour l'oraison,leurscoeursétant parfai-
tementcontritset leursâmes sublimées,et quetu
jugeras l'atmosphèreastrale saturée d'intentions
droiteset de volontésardentes, empare-toiavec
calliditéet énergie de ces irradiationséparses,et
réunis-lesen un courantunique que tu dirigeras
à ton gré, et par le moyenduquel tu véhiculeras
l'expressionde ton voeuspécialement formulé.
Tu élèverasainsientrela terreet le ciel, et toute
chargéede ta puissancevolitive, une sorte de
XI
MÉDITATION 75

colonnefluidiquequi s'animerad'un violentmou-


vementgiratoireen produisantle bruitd'untorrent
oud'un vent impétueux,et qui parfois,pourra
devenir visibleen s'embrasantsoudaind'unelumière
éclatante.
Etalorstuverrasdegrandeschosess'accomplir par
toi-même,et sansque les hommesconnaissentta
puissance nine supputentla splendeurde ton âme.
Réjouis-toidonc,ô mon Fils, d'être,dans ton.
obscurité,un des élus, un de ceuxqui saventI
Te voilàappeléà recueillirl'héritage,à continuer
en ton siècle,la traditiondecesmaîtresillustresqui
t'ontprécédédansl'Absolu.
Vois,monDisciple,les Gcberet les Raymond
Lulle,vols Arnauld de Villeneuveet Morien,et
Artéphius,et Schelomoh,et Mariela Prophétesse,
qui te contemplentdansleur gloire.
Tu possèdesleur secret,l'arcanesuprêmequ'ils
ontceléprécieusement au vulgaireet à la foule.
Sachedoncte montrerdignede ces magnifiques
etde cessuperbes.
Qu'ilspuissentsaluerdu baiseraditialton en-
tréedansl'Absolu,et que jamais
ils ne te rejettentcomme
parjure dans les
ténèbresexté-
rieures.
XII
MÉDITATION

AVGMRNTATION
OVPROJECTION

Trismégistea dit : « Venez,Fils


des Sages; réjouissons-nous tous en-
HERMÈS semble; faisonséclaternotrejoiepardes
crisd'allégresse,
car la mort est consumée.Notre
Filsrègneet il estrevêtuet paréde sa pourpreI »
HosannahImonDiscipleITu es parvenuauder-
nierdétourde la route; tu as gravile degréultime
de l'échellede perfection.
Revêtsla Pierredeson manteauroyal. Exulte;
rubifie-toiI
Voicique tu es investid'un pouvoirsplendide.
Tu esdansl'anagogie,dansle Pardès.Tu peux,à
tongré, entrerdansl'extase,inondertes yeux de
la célesteLumière,t'abstraireloind'ici-bas,dansla
contemplation de l'Absolu.
80 ; LE0RANDOEUVRE

L'ostensiondetousles mystèress'est effectuée à


tes yeux.Ta puissance est vraimentillimitée.
Parvenu à ce sommetde la perfection,tu ss
entièrementassujettites énergies physiquesaux
forcesde ton âme.
Tu possèdesla paradèsepourtous les maux,le
panchresteuniversel I
Ta vie se sustenterad'elle-même, cartu sauras
puiserdirectement à la sourcede la vitalité.
Ladistanceet les obstacles n'existeront
pluspour
toi; tu commanderas à la natureet aux éléments ;
tu verrasdans l'aveniret tu liras dans les cons-
ciences.
Et tu aurasreconstituéainsil'état édeniquepri-
mordial; et cetteviesurélevéeserasemblable, pour
dans laquelletu entrerassans
toi, à l'immortalité,
solutionde continuiténi stasetransitoire.
Ceci,mon Disciple,est la Résurrection de notre
Roide Gloire,qui vientà toi, éclatantde splendeur.
Souviens-toidesmaîtres; ils ont tous accompli la
transmutation du Ijf le jour de Pâques,au sondes
clocheset deschantsjoyeuxde YAlléluia,c'est-à-
dire au sortirde la longuenuit pendantlaquelle
notreRoi, la victimepaschale, estmorteta souffert.
Réjouis-toide cedon divinqui t'est fait ence
jour I
C'estl'escarboudevéritable,le vitriol rub'fié,le
MÉDITATION
XII 8l

baumede vietriangulaire,le balsamutn perfectum,


que t'offrela main de Dieu lui-même; c'est la
roséedû matin,la quintessence noblementdistillée,
le poissonsansos qui nage dans la mer philoso-
phique,ce que lesAlchimistesappellentd'un mot
unique: l'Universel!»
Et maintenantte voilà devenu l'Aigle dont le
regardfixele Soleil.Ainsij'ai tenuma promesseet
je t'ai conduit par la main, jusqu'au seuil de
l'Absolu.
Si tu astiré quelquefruit de la lecture de ces
pages,rendsgrâcesau Seigneur,et lorsquetu
entreras dansla gloire, accorde,mon
Disciple,quelquesouvenirà ton
Maître,à celuiquit'a indiqué
la Voie véritable,qui
ne trompepas, la
VoleRoyalede
l'AbsoluI
TRAEÏTII

I. — L'Absoluest la synthèsede la perfection


universelle.
II. — L'êtrequipossèdeen soile sentimentde
la perfection,
estsur la Voiede l'Absolu.
III. — L'êtrequi a introduiten soiun élément
a cheminésurlaVoiede l'Absolu.
de perfection,
IV. — LaVoiede l'Absoluconduità l'absorp-
tiondanslaCausePremière.
V.—LaCausePremièreestla perfection abstraite.
Elleestl'Absolului-même.
VI. -—LaCausePremièreest une, infinie,éter-
nelle.
VU.— L'êtrequia exaltéen lui lestroisnotions
d'unité,d'infinitéet d'éternitéau point de se les
86 . LEGRAND
OEUVRB

assimilerà l'exclusionde touteautre,s'est absorbé


dansla CausePremière; il a réaliséla perfection
suprême; il a parcourula Voiede l'Absolu.
VIII. — La réactiondu mouvementsurl'immo-
bilitéet de l'immobilitésur le mouvement semani-
festeen toutesles chosesperceptibles.
IX. — Le mouvementestla perfection et l'immo-
bilitéestla perfection.
X. — LaCausePremièreest immuableet elleest
l'universelmoteur.Elleest à la foisle mouvement
et l'immobilité.
XJ. — La destruction,en l'être,de cettedualité,
le rejetde ce binairepar l'unionde ces deux prin-
cipes,à l'imitationde la Cause Première,conduit
doncà la perfection.C'estla Voiede l'Absolu.
XII. — La CausePremièrepossède l'existence
pure.
XIII. — Toutce qui s'éloignede la CausePre-
mièretend, par des degréssuccessifs, versla non-
existence.
XIV.-r Ce qui ne tend pasversl'existencepure
n'est pas dansla Voiede l'Absolu.
XV. — Toute chosepossèdedans l'Absoluson
archétypeparfait.
XVI. — La restaurationde chaquechoseen sa
TEAEÏTH 87

effigiesuivant cet archétype,constituela


véritable
rédemption universelle.
'
XVII. — Chercher le Rédempteuruniversel,
c'estcheminerdans la Voiede l'Absolu.C'esttra-
vaillerefficacement au GrandOEuvre.
XVIII.— Lesclefsdel'Absolusontinscritesdans
lesnombres,carceux-ciréfléchissent l'économiede
laCausePremièreet du plande l'existencepure.
XIX.— Maisla Voiede l'Absolun'est pas dans
les nombres,car l'infinin'est ni la sommeni la
limitedesnombres.
XX.— La réductionde tous les nombresà
l'unitédoitdonc être préalablementopéréeavant
a possession de l'infini.
XXL—Carl'unitéet l'infinisont lesdeuxnoms
d'uneseuleet uniquechose,et la Voiedel'Absolu
n'est pas une progressionvéritable,maisune as-
cèse; et c'est là le GrandOEuvreque les Philo-
sophesont enseigné.

Telest, monDisciple,toutle Magistère.


Comprends et trouvela vingt-deuxièmeclef,leTau
mystérieuxqui ne s'écritpas.
Retiens:Il n'y a qu'un seul oeuvre;il y a deux
travaux,trois régimes, septdegrés
quatreopérations,
88 LBGRAND
OEUVRE

danschacundesrégimtset doutemaisons célestes


dans
lesquelles lesquatreopérations.
s'accomplissent
Laformuledela Pierres'établitainsi:

SAL
Q W
MERCUR1UM SULPHUR
V ^ ( Fermentblanc= Elixirblanc
+ + ( Fermentrouge= Elixirrouge
(desPhi- (deiPhi-
losopbei)
loiopbei)
Puis lesquatreéléments, ou Tohoti'va-Bolnu, en-
fermésdansl'Alljanoraimantépar le RuachJElohiiii,
le toutpendantuneannéeet septjours.
Lorsquetu connaîtrasle dmmllrespagyrique, lu
pourrasaccomplir la quadraturedu cerclephilosophi
que.ConUmple l'infinietson
limite'etsonlogarithme,
logarithme, et tu possèdes
le \éroet sonlogarithme, la
Clef de l'Univers.
Te voilàdonc muni, mon Disciple,du viatique
de la Sciencesuprême.
Tu as reçudesmaîtresl'impositiondes mains.
Revêtude cetteonctionsacerdotale, tu vasmain-
tenant,hélasI rentrerdans le monde brumeuxet
morne,detes jours antérieursI II faut que tu te
perdesde nouveaudansla fouledes hommes,que
TEAEYTH 89

ton oreilleentende,commeautrefois,les vulgari-


tés, leslieuxcommunset les blasphèmes.
Sansdoutel'amertumesingulièrede cetteépreuve
apporteici quelquetristesse; mais il est aisé d'en
triompher,car tu es le hiéracophorede l'antique
Sapience ; tu portesenton coeurun trésorqui doitte
consolerde toutedouleurterrestre,une lumière
quidoit illumineréternellement ta vie.Ta mission
te place au-dessusde tous les hommes et ton
bonheurest incomparable, car pour toi la parole
d'Hermèss'estréalisée : « Cequiétaitocculteet caché
deviendramanifeste».
Et nulleangoissenesauraitétreindreceluiauquel
a été enseignéela VoieRoyaledel'Absolu1
EcoutesaintPault'énonçantle grandarcane:
Patres nostri omîtesbiberuntde spirltali,consé-
quente(os,petra:
PETRAautcn* eratCHRISTVS
(I Cor.,x., 4).

nirni

K*75K
LutetiseParîsiorum,
1906,le jour de l'Epiphanie.
PARASTICHIS

LEMYSTERIVM MAONUM . i
MÉDITATION I. — LeSubjectum Àrtis. 7
MÉDITATION IL — Préparationet purifi-
cation î)
MÉDITATION III. — Ignisphilosophicus. 19
MÉDITATION IV. -7-Dissolution... 15
MÉDITATION V. — Conjonction... 31
MÉDITATION VI. — Putréfactionou Hy-i
lation,siveMors 37
MÉDITATION VII. — Sublimation.Distil-
lation 43
MÉDITATION VIII.—Coagulation. Mutatio
coloris.Caputcorvi 49
MÉDITATION IX — Fixation .... 55
MÉDITATION X. — LeLilium Artis ou
94 ; PARASTICHIS

Quintessenceou Elixirparfait. . . . 61
MÉDITATION XL—Multiplication.... ' 67
MÉDITATION XII. — Augmentationou
Projection 73
TEAEVTU ' 79
PARASTICHIS 87
ACHEVÉD'IMPRIMER
le 15avril
de l'anmilneufcentsept
DE L'INCARNATION DU VERBE
• SURLESPRESSES DE
BUSSIÈRE
A SA1NT-AMAND
(CHER)

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