Mondo

et trois autres histoires

dé
pour la
J.M.G. Le Clézio

cl
com man
Le récit

as
se de
s
d’aventure
e Édition de Marianne Chomienne

Re
5

• Mondo
• Lullaby
• Celui qui n’avait jamais vu la mer
• Les Bergers

Ils s’appellent Mondo,

Lullaby, Daniel et
Gaspar. Épris de liberté,
ces enfants-voyageurs
ont quitté l’univers
des adultes pour partir
à la rencontre de la nature
et vivre en harmonie
avec le soleil, la mer, ISBN 978-2-7011-5256-1
224 pages - 5 €
le vent et les étoiles.
Quatre histoires sur
la beauté du monde, la plénitude de l’instant présent
et les pouvoirs de l’imaginaire.
 Arrêt sur lecture 1

Détails physiques « C’était un garçon d’une dizaine d’années, avec un visage

Arrêt sur lecture 1 p. 74-80

tout rond et tranquille, et de beaux yeux noirs un peu
obliques. Mais c’était surtout ses cheveux qu’on remarquait,
des cheveux brun cendré qui changeaient de couleur selon
la lumière, et qui paraissaient presque gris à la tombée de la
nuit. » (p. 13)

Un quiz pour commencer p. 74-75 Occupations Travail sur le marché, visites des alentours, rencontres

Goûts Il aime les choses simples (les gouttes d’eau, le bruit de

 Où se déroule l’action de la nouvelle ? Dans une ville du Sud de la France. l’arrosage, la mer, les îles), les promenades et les gens.

 Lors de sa première apparition, comment est présenté Mondo ? Comme un
garçon mystérieux.
 Que demande Mondo aux gens qu’il rencontre quand il les aime bien ? Il leur
demande de l’adopter.
 Qui lit les dialogues de Kit Carson ? Un retraité.
 Qu’est-ce que Dadi conserve dans sa valise ? Deux colombes.
 Pourquoi Mondo appelle-t-il la maison de la colline « La Maison de la Lumière
d’Or » ? À cause de la lumière qui enveloppe la maison à la fin de l’après-midi.
 Quelle liste regroupe des personnes et une chose que Mondo aime bien ? Une
boulangère, un facteur, une barque.
Comment s’appelle le vieil homme qui apprend à lire à Mondo ? Marcel.
D’où Mondo s’enfuit-il à la fin de la nouvelle ? De l’Assistance publique. il préfère l’ombre, qui se cache ; il aime observer la lumière du soleil qui se couche,
Dégoûts et peurs Les policiers et les gens de l’Assistance (publique) (p. 16)
Signes particuliers Il provoque toujours la surprise (apparitions, questions qu’il
pose), il se fait facilement des amis et ne sait pas lire.
 Qu’évoque pour vous le prénom de Mondo ? Selon l’alphabet imagé du vieil
homme, il évoque « une montagne, la lune, quelqu’un qui salue le croissant de
lune, et encore la lune » (p. 58) : cela vous semble-t-il convenir au caractère et
aux goûts de l’enfant ? Le prénom de Mondo évoque le monde bien sûr, ce monde
auquel il appartient et qu’il revendique. Mondo est en effet très attaché à la beauté
du monde, il entretient avec lui un rapport physique, sensuel et proche, direct, on
pense bien sûr à son amitié pour la barque « Oxyton », à son amour pour la Maison
de la Lumière d’Or. On peut aussi penser au « mondô » de la philosophie zen : c’est
ainsi que l’on désigne les séances de questions entre le maître et ses disciples.
L’alphabet imagé du vieil homme semble bien convenir au caractère et aux goûts
du personnage : Mondo est en effet un être lunaire, il n’a pas l’assurance du soleil ;
les étoiles et il pourrait être celui qui salue la lune en effet.

 Relevez les indications qui permettent de situer le récit dans le temps.

Des questions pour aller plus loin p. 76-77 Sait-on combien de temps dure exactement l’histoire de Mondo ? On peut relever
les indications suivantes : « un jour » (p. 13), « avant l’été » (p. 14), « à cette époque-
☛ Découvrir les aventures d’un héros-enfant là » (p. 38), « on approchait de l’été » (p. 48), « quand la nuit tombait » (p. 60), « la
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.

Mondo et son histoire dernière fois, c’était au commencement de l’été » (p. 63), « deux jours plus tard »
(p. 68), « quelque temps plus tard » (p. 72), « les années, les mois et les jours pas-
 Après avoir relu attentivement la première partie de la nouvelle (p. 13-24), saient » et « un jour, longtemps après » (p. 72). Ces indications sont vagues, elles
reproduisez et complétez ce tableau pour dresser un portrait de Mondo. ne permettent pas de connaître de façon précise l’ordre des événements ni de se
situer clairement sur un calendrier. L’histoire de Mondo se déroule sur une durée
Nom Mondo
brève, de quelques semaines ou quelques mois, de peu avant l’été au début de
Informations sur son Aucune, Mondo n’a pas de parents, il vient sans doute de l’été. Après la disparition de Mondo cependant, le temps semble reprendre son
passé l’étranger (immigration clandestine).
cours et rattraper son retard.

2 3
 Mondo et trois autres histoires Arrêt sur lecture 1

 Quel est le temps le plus fréquemment employé dans l’ensemble de la nou- Giordan Homme d’une cinquantaine Pêcheur Les brisants,
velle ? Quel est l’effet produit ? Les verbes sont presque tous conjugués à l’im- (p. 20-24) d’années, visage rougi par le soleil, partie de
parfait et il n’y a pas de passé simple, ce qui donne une impression de dilatation marqué de rides profondes, deux la jetée qui
petits yeux d’un vert intense avance dans
du temps : on est comme dans une parenthèse, une bulle temporelle à l’intérieur la mer
de laquelle le temps ne s’écoule plus de la même façon que d’habitude. Les évé-
Dadi Vieux, l’air doux et tranquille Il accompagne le gitan Les rues
nements ne se succèdent pas les uns aux autres comme ce serait le cas avec des (p. 26-30) et le cosaque, sorte de de la ville,
verbes au passé simple : ils se mêlent, se superposent car l’imparfait insiste sur la mendiant (p. 49). l’esplanade
répétition et sur l’aspect non achevé des actions. Le Gitan Teint basané, cheveux noirs, profil Musicien des rues,
(p. 26-30) d’aigle magicien
 Qu’est-ce qui a changé dans la situation de Mondo entre le début et la fin de
la nouvelle ? Vous vous demanderez en particulier comment il apparaît, d’où il Le Cosaque De type mongol, coiffé d’un gros Musicien des rues
(p. 26-30) bonnet de fourrure
vient, ce qu’il veut, comment il disparaît et où.
Thi Chin Si petite que Mondo avait cru Pas d’activité précise La Maison de
Situation de Mondo Situation de Mondo (p. 38-47) un instant que c’était un enfant ; mentionnée ; elle la Lumière
au début de la nouvelle à la fin de la nouvelle cheveux noirs coupés en rond accueille Mondo chez d’Or
autour de son visage ; vêtue d’un elle.
Comment il Mondo apparaît sans prévenir. Mondo a disparu, il s’est enfui du long tablier bleu-gris ; yeux bridés,
apparaît / disparaît foyer mais a laissé un message rides profondes
à Thi Chin.
Le facteur Homme jeune, assez grand et fort, Facteur Rues de la
D’où il vient / où il va On ne sait pas d’où il vient. On ne sait pas où il est allé. (p. 55) avec un visage très rouge et des ville
yeux bleus, habillé d’un uniforme
Ce qu’il veut Il demande aux gens s’ils Thi Chin demande si elle peut bleu foncé
veulent l’adopter. l’adopter.
Le vieil Un homme vraiment très vieux, Il ratisse le sable, c’est Plage privée
Autre changement Il ne sait pas lire. Il a appris à lire. homme habillé d’un short bleu délavé et lui qui apprend à lire à
au visage taché, le corps couleur de pain Mondo.
d’Indien brûlé, la peau tout usée et ridée ;
Rencontres et amitiés (p. 57) yeux très clairs, gris pâle

 Faites la liste des amis de Mondo. Pour chacun d’eux, précisez son apparence
 Quels sont les points communs des différents amis de Mondo (âge, statut
physique, son activité et le lieu où Mondo l’a rencontré.
social, origine) ? Les amis de Mondo ont trois points communs.
Personnage Éléments de portrait physique Activité Lieu de — Un âge avancé : pour la plupart de ses amis, les détails descriptifs insistent sur
rencontré rencontre leurs rides et leur âge. Les deux commerçantes (Rosa et Ida) et le facteur sont
Rosa (p. 15) Grosse Marchande de fruit Marché plus jeunes, mais tout de même adultes. Le seul enfant qui trouve grâce aux yeux
de Mondo est Pipo, le petit-fils du rempailleur de chaise, que Mondo aime pour sa
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.

L’arroseur Grand homme maigre habillé d’un Éboueur, il nettoie

public survêtement bleu marine
(p. 15-16)
Ida (p. 17) Un vieux visage rose, très régulier
et très lisse, habillée de noir,
cheveux blancs en chignon
après le marché faculté à être purement contemplatif.
— Un statut social particulier, proche de la marginalité : ce sont des travailleurs sim-
Boulangère Sa boutique ples (un facteur, un balayeur, une boulangère, un ratisseur de plage, un pêcheur
sans bateau) voire marginaux (des gens du marché et du cirque). Quant à Thi Chin,
elle n’a aucune activité connue.
— Une origine, ou une apparence étrangère : beaucoup sont désignés comme étran-
gers, à tort ou à raison (le gitan, le cosaque) ; Thi Chin est vietnamienne ; le ratisseur
fait penser à un Indien ; Giordan et Pipo portent tous les deux un prénom italien.

4 5
 Mondo et trois autres histoires
Parmi les amis de Mondo, quels sont les deux personnages qui vous semblent
les plus importants ? Pourquoi ? Parmi les amis de Mondo, deux personnages
semblent plus importants. Thi Chin est celle qui s’inquiète le plus pour Mondo,
celle qui voudrait l’adopter lorsqu’il est pris au foyer de l’Assistance publique, c’est
une figure de mère possible pour l’enfant. Dadi est celui que Mondo recherche
le plus, il est celui pour qui Mondo s’inquiète lorsqu’il ne le trouve plus. Son nom
évoque d’ailleurs la figure du père.
De quels autres personnages Mondo s’approche-t-il ? Quels types de person-
Quelle est la particularité des questions de Mondo (p. 13 et p. 55) ? Comment
nes évite-t-il ? Mondo s’approche de personnages qui lui apportent un savoir, des
figures d’initiateurs : Giordan, qui lui parle de la mer Rouge et de l’Afrique, ainsi
que l’homme au visage d’Indien qui lui apprend à lire. Il côtoie également des per-
sonnages de moindre importance, pour travailler ou se procurer de la nourriture :
ainsi, les rapports qu’il entretient avec le Gitan et le Cosaque lors de la disparition
de Dadi sont assez distants de même qu’avec les deux commerçantes. Les autres
rencontres de Mondo le mettent en contact avec un retraité des Postes qui lui lit
son illustré (p. 18), avec une vieille femme qui lui donne du pain d’épices rassis
(p. 37), un amateur de cerfs-volants (p. 50), un peintre (p. 53), un rempailleur de
chaises (p. 54). Tous appartiennent à ce monde marginal, singulier qu’affectionne
Mondo. Les absents, ceux que Mondo évite, ce sont les adultes « raisonnables »,
ceux qui ne tolèrent pas la vie qu’il mène. Leurs apparitions sont d’ailleurs source
d’inquiétude pour Mondo, et la menace se concrétise quand on le retrouve exté-
nué sur un banc, après la disparition de Dadi : le monde rationnel, représenté par
le commissaire de Police, l’envoie à l’Assistance publique, dans un foyer. Autres
absents, les enfants, dont le seul représentant accepté est Pipo, le contemplatif
petit-fils du rempailleur de chaises. L’enfant au tricycle, quant à lui, est refusé
parce qu’il a déjà accepté les règles sociales rigides des adultes, celles de la pos-
session notamment.
 Que laisse Mondo à Thi Chin à la fin de la nouvelle ? Que veut-il lui dire ?
Mondo lui laisse deux cailloux gravés de deux adverbes : « toujours » et « beau-
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.
coup ». Le message délivré par ces galets est celui d’une durée et d’une intensité
qui peut s’appliquer à la pensée (Mondo et Thi Chin penseront toujours beaucoup
l’un à l’autre) ou à l’amour ressenti l’un pour l’autre.
Enfance et imagination
Arrêt sur lecture 1
enfant de la nouvelle. Mondo pose des questions, discute avec les adultes. Mais
il n’a pas toujours besoin de la parole : il salue d’un regard (p. 13) ; avec l’arroseur
public, l’un de ses premiers amis, il se passe de parole (p. 15) et ses autres ami-
tiés, avec Giordan, Thi Chin, Dadi, ne sont pas bavardes. La présence se suffit bien
souvent à elle-même : Mondo est doué d’une présence intense. Quand il observe
le seul enfant dont il s’approche, Pipo, Mondo l’aime bien parce qu’il « aimait bien
ceux qui savent rester assis au soleil sans bouger et sans parler ».
ces questions agissent-elles sur les gens à qui il les pose ? Les questions de
Mondo sont comparées à des « devinettes » (p. 14), cela suppose que Mondo
connaît la réponse de la question qu’il pose et que s’il pose sa question, c’est pour
faire réfléchir son interlocuteur, pour lui montrer quelque chose qu’il ne connaît
pas encore. C’est confirmé page 55 : les personnes questionnées sont « transfor-
mées », ils retrouvent « des choses [qu’ils] avaient oubliées, auxquelles ils avaient
cessé de penser depuis des années ». En quelque sorte, grâce à ces questions, ils
redeviennent enfants, ils retrouvent une curiosité, une ouverture au monde per-
due à cause des obligations de la vie adulte.
 Quel objet figure au nombre des amis de Mondo ? Page 52, relevez les ter-
mes qui permettent l’identification de cet objet à un être humain. La barque
« Oxyton » est l’un des amis de Mondo. Les verbes participent de l’identification
du bateau à un être humain : « il l’avait rencontré », « il se dandinait sur l’eau »,
« qui porte de grandes voiles blanches », « le bateau tirait sur son amarre, revenait
cogner contre le quai, repartait », « Oxyton avait l’air de s’ennuyer », de même que
le nom « ventre » et l’adjectif « sympathique ».
 En quoi Mondo transforme-t-il les gros blocs de ciment des brisants
(p. 19-20) ? Quels autres objets sont aussi dotés d’une vie nouvelle ? Pour Mondo,
les blocs de ciment ont l’air « de gros animaux endormis ». Il parle donc à son bloc
préféré, lui raconte des histoires. En échange, le bloc fournit un asile, un refuge
où dormir. Les mondes du vivant et du non-vivant (ici minéral) s’interpénètrent,
échangent des attributs, ne sont plus imperméables l’un à l’autre. En témoignent
la page 39 avec l’escalier « pas très raisonnable » et « paresseux », mais surtout
les pages 52-53 avec la barque Oxyton dont Mondo fait un ami, au même titre que
Giordan ou Dadi : « Il y avait aussi quelqu’un que Mondo aimait bien aller voir ».
 Quels personnages du texte font penser à un aigle, un chat, un chien, un élé-
 Mondo a-t-il toujours besoin de parler pour communiquer avec ses amis ? phant et un ours ? Pourquoi ? Mondo est comparé à un chien (p. 14, p. 26), le Gitan
Relisez les pages 54-55 et précisez quelle qualité il partage avec Pipo, l’autre à un aigle (p. 26), le Cosaque à un ours (p. 26, 29), Thi Chin à un chat (p. 44) et

6 7
 Mondo et trois autres histoires
l’homme qui ratisse la plage à un éléphant (p. 56). Ce sont des détails physiques
qui sont à l’origine de ces rapprochements : le grain de peau du ratisseur de la
plage, les yeux de Thi Chin, le profil du Gitan, l’allure du Cosaque ou la démarche
de Mondo.
 Qu’est-il arrivé aux amis de Mondo après son départ ? Qu’ont-ils perdu en
perdant Mondo ? Après le départ de Mondo, le Gitan se révèle être un voleur, le
cosaque un auvergnat porté sur l’alcool, Giordan ne réussit plus à pêcher et ne
pourra jamais voyager, Dadi a perdu ses colombes et les a remplacées par un chat
(ennemi héréditaire des oiseaux), le peintre n’a pas réussi ses peintures célestes,
l’enfant s’est fait voler son vélo, le ratisseur n’est plus un Indien, la barque est au
milieu de la pollution et n’a plus d’ami : « les choses n’étaient plus les mêmes… »
(p. 72). Le départ de Mondo recouvre le monde d’un voile terne de vol, d’alcool,
d’échecs et de pollution : la magie dont il entourait les êtres n’opère plus.
De la lecture à l’écriture p. 78-79
Des mots pour mieux écrire
 a. Stridente ; b. basse ; c. douce ; d. rauque ; e. aiguës ; f. étouffés.
Du texte à l’image p. 79-80
➥ Paul Klee, Artiges Kunststück, aquarelle, 1920.
(Image reproduite en début d’ouvrage, au verso de la couverture.)
Lire l’image
 Observez attentivement ce tableau. Indiquez les principaux éléments de la
composition et l’espace que chacun d’eux occupe. Le tableau est composé de
deux zones repérables aux couleurs du fond de chacune d’elle : une zone sur fond
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.
beige (celle du personnage et du décor) et une zone sur fond blanc (celle de l’ap-
parition). On notera que le centre du tableau est réservé à l’apparition magique et
que les marges sont réservées au cadre dans lequel se place cette magie. Enfin,
on remarque la situation précise de l’enfant, en bas, au centre du tableau, relié à
l’espace blanc par la tête et la forme ovale de la bulle qui le met ainsi en valeur.
 Décrivez le personnage représenté et le décor dans lequel il se trouve. Quelle
est la couleur dominante de ce décor ? C’est un jeune garçon aux cheveux courts,
8 9
Arrêt sur lecture 1
bruns. Il est habillé simplement d’un pantalon et d’un tee-shirt marron, avec des
bottes noires. Il tient une baguette à la main. Dans le décor, on discerne des élé-
ments reconnaissables : des arbres (des sortes de sapins), une chaise et derrière
elle, la silhouette d’une maison avec ses fenêtres. La couleur dominante est un
ocre mordoré, une palette de couleurs chaudes avec diverses teintes de brun.
 Que fait apparaître le personnage au-dessus de lui ? Comment cette appari-
tion merveilleuse se distingue-t-elle du décor ? Il fait apparaître des lettres (qui
forment peut-être le mot « sort »), une fleur, une feuille, des gouttes d’eau et un
croissant de lune bleu. Ce qui permet de délimiter clairement l’apparition du reste
du décor, c’est d’abord le halo blanc qui sert de fond et sur lequel les éléments se
détachent avec netteté. De plus, l’échelle n’est pas la même : les éléments qui com-
posent l’apparition sont bien plus grands que le décor et l’enfant (on peut com-
parer la fleur et les arbres du décor par exemple). Ainsi, l’apparition semble plus
proche de celui qui regarde, comme en avant du tableau.
Comparer le texte et l’image
 En quoi pouvez-vous rapprocher ce tableau de la nouvelle que vous venez de
lire ? Vous rappelle-t-il un passage précis du texte ? On retrouve des détails qui
peuvent faire penser à la nouvelle : les tons chauds, la lune, le décor peu urbain
peuvent effectivement rappeler « Mondo » mais il manque l’évocation de la mer.
On peut toutefois penser au jeu de Mondo avec les lettres qu’il vient de décou-
vrir page 59 : le jeune garçon s’amuse à faire apparaître des lettres sans que cela
forme un mot véritablement.
 Quel est le rapport de l’enfant aux lettres et aux choses qu’il fait apparaître ?
Mondo entretient-il le même rapport aux lettres et aux objets ? Il semble que
l’enfant soit le responsable de l’apparition des lettres grâce à sa baguette magi-
que. L’enfant possède donc une maîtrise des lettres qui n’est pas celle de Mondo,
apprenti débutant qui a encore besoin d’un initiateur pour lui apprendre à lire et
déchiffrer les lettres.
 Arrêt sur lecture 2

Arrêt sur lecture 2 p. 121-127

Détails physiques

Occupations
Cheveux blonds (p. 85)

Se promener, se fondre dans la contemplation de la mer, écrire et

chantonner

Goûts La mer, le ciel, le bleu, la liberté, la solitude, les maisons

Un quiz pour commencer p. 121-122
 Quel objet Lullaby veut-elle rendre à son père ? Un réveil.
 Que met Lullaby dans son sac au moment de son départ ? Divers objets qui
ont une valeur affective.
 Quand elle marche sur les rochers, de quel adulte Lullaby imagine-t-elle les
encouragements ? De M. Filippi, son professeur de physique.
 Que fait Lullaby dans la maison grecque ? Elle s’installe dans la véranda et
contemple la mer.
 Que fait brûler Lullaby sur la plage ? Des lettres de son père.
abandonnées, les mots
Dégoûts et peurs Le lycée-prison, les graffiti de la maison grecque, l’homme aux
cheveux hirsutes
 Relevez les indications qui permettent de situer le récit dans le temps.
Combien de temps dure l’escapade de Lullaby ? On peut relever les indications
suivantes : « vers le milieu du mois d’octobre » (p. 83), « jusqu’à ce que le soleil
soit tout près du fil de l’horizon » (p. 97), « il restait encore quelques minutes de
jour », « le soleil se couchait » (p. 98), « plusieurs jours » (p. 99), « le matin » (p. 111).
L’escapade de Lullaby dure quelques semaines : elle commence « vers le milieu du
mois d’octobre » et se termine alors que les feuilles mortes des platanes et des
marronniers « tournoyaient dans la cour » (p. 115).

 Qui indique l’existence de la seconde maison à Lullaby ? Un petit garçon
qu’elle rencontre.
 Où sa dernière promenade conduit-elle Lullaby ? À son lycée.
Pourquoi Lullaby menace-t-elle la Directrice de quitter définitivement l’école ?
Parce que la Directrice veut avertir les parents de la jeune fille.
Comment réagit M. Filippi au retour de Lullaby ? Il l’accueille avec affection. grecque, Lullaby vient contempler la mer. Elle y fait une expérience insolite, qui
Des questions pour aller plus loin p. 123-124
Comprendre le cheminement de l’héroïne
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.
 De quel objet Lullaby cherche-t-elle à se défaire ? Pourquoi n’en aura-t-elle
plus besoin ? Lullaby veut rendre à son père le réveil qu’il lui a offert : elle ne
compte pas retourner au lycée et n’a donc plus besoin d’aide pour se réveiller à
une heure précise. Se séparer du réveil, c’est avancer vers la liberté, le réveil est
un symbole de ce qu’elle vit comme une oppression : le lycée et ses horaires fixes.
 Quelle expérience Lullaby vit-elle dans la maison grecque ? Dans la maison
la retire du monde : « on n’était plus sur la terre, ici, on n’avait plus de racines »,
« c’était comme si elle s’élevait davantage dans le ciel pur » (p. 96). Il semble
qu’elle réalise pleinement son surnom d’Ariel, donné par son père, car Ariel, c’est
l’esprit de l’air dans La Tempête de Shakespeare, c’est lui qui est l’esprit positif, le
souffle de vie qui s’oppose à Caliban, symbole terrestre, porteur de violence et de
mort. L’expérience se renouvelle au début du second chapitre : « la vie se retirait

Lullaby et son histoire d’elle et partait, s’en allait dans le ciel et dans la mer » (p. 100). Il s’agit d’une expé-
rience mystique, mythique même, qui permet à Lullaby de retrouver une alliance
 Après avoir relu attentivement la première partie de la nouvelle (p. 83-98), avec les éléments, chère à Le Clézio et aux peuples indiens qu’il a côtoyés avant
reproduisez et complétez ce tableau pour dresser un portrait de Lullaby. de publier le recueil Mondo et autres histoires. Lullaby se fond désormais dans
les éléments : « elle était l’embrun des vagues », « elle était le vent », « elle était le
Nom et surnom Lullaby, parfois surnommée Ariel
sel », pour finir dans la disparition même de soi : « il n’y avait plus une seule Lullaby
Informations Son père travaille en Iran (p. 85) et sa mère a été hospitalisée […] elles étaient aussi nombreuses que les étincelles de lumière sur les vagues »
sur sa famille après un accident (p. 111, 118).
(p. 101). Les phrases sont construites avec des effets d’échos, de répétitions,

10 11
 Mondo et trois autres histoires Arrêt sur lecture 2

presque d’anaphore : « elle était », « elle voyait ». Lullaby entre dans un temps nou- Quels sont les sentiments que Lullaby éprouve dans la nature ? À quel moment
veau, celui du poème, du verset. Les répétitions (qui se joignent à l’une des valeurs du récit se sent-elle la plus proche de la nature ? Dans la nature, Lullaby ressent du
de l’imparfait) figurent la dilatation du temps, signifient la sortie de Lullaby de bonheur et fait l’expérience d’une sorte de plénitude. C’est dans la maison grecque
la temporalité ordinaire ; son expérience la fait sortir de l’écoulement linéaire du qu’elle est au plus près de la nature, si proche qu’elle risque même d’en mourir.
temps pour entrer dans un temps ralenti, presque cyclique.

Quels endroits de la ville sont décrits dans le dernier mouvement de la nou-
 Que décide Lullaby à la fin de la nouvelle ? Est-elle changée par ce qu’elle a velle (p. 111-120) ? Ces lieux peuvent-ils plaire à Lullaby ? Dans le chapitre 3, le
vécu ? Lullaby décide finalement de retourner au lycée et de reprendre ses étu- retour de Lullaby dans la ville permet de voir la rue, peuplée, sale et bruyante,
des. Le lycée lui semblait une prison au début du texte, ainsi qu’elle l’écrit à son puis le grand magasin, lieu du mensonge où les gens et les mannequins sont les
père, un lieu avec « tellement de murs que tu ne pourrais pas les compter, avec mêmes. Cela se termine au lycée, prison des êtres et des plantes. Ces lieux ne
des fils de fer barbelés, des grillages, des barreaux aux fenêtres » (p. 92-93). Pour peuvent que déplaire à Lullaby.
Lullaby, le lycée est un endroit d’enfermement, de privation de sa liberté, elle ne
Lullaby et le monde des mots
peut rien y faire et y est coupée du monde qui l’entoure. Elle y est soumise à des
 Comparez les deux lettres écrites par Lullaby : mise en forme (formules
règles strictes et abstraites, dictées par la Directrice et les professeurs. Mais elle
d’adresse, présentation), thèmes abordés et sentiments exprimés.
n’a pas le courage de continuer à respecter ces règles qu’elle ne comprend pas, et
sa fuite lui semble la seule solution possible. À son retour, elle a changé : c’est elle 1re lettre (p. 83-85) 2e lettre (p. 92-94)
désormais qui dirige ses pas, elle ne suit pas la troupe de ceux qui vont en cours Formule d’adresse Bonjour cher Ppa ; Cher Ppa. Bonjour, cher Ppa.
mais décide d’aller voir le professeur de physique (p. 115), c’est elle aussi qui fixe
Sujets abordés Le temps, le bleu du ciel et de Refus du lycée-prison, volonté de
les règles dans sa discussion avec la Directrice. Elle s’oppose ouvertement à elle la mer, le souvenir des deux retrouver la nature, description
et ne se laisse pas intimider, ses réparties ne manquent pas de courage quand elle bouquets de fleurs, le don du de la plage.
réveil.
menace de quitter l’établissement si la directrice continue à la menacer (p. 119).
La lettre est-elle Oui, du début à la fin, mais elle Non, elle est écrite dans l’ordre
Lullaby et le monde des sens écrite de façon n’est pas signée. inverse, de la fin au début, puis
ordinaire ? comblée de phrases et de mots
décousus.
 Au cours de sa fugue, quel est le premier lieu où s’arrête Lullaby ? Quelles
qualités lui trouve-t-elle ? La première fois que Lullaby s’arrête, c’est près de la Sentiments Nostalgie. Assurance, plaisir, amusement.
dominants
mer, dans les rochers (p. 88). La mer est caractérisée par son immensité et sa
beauté. Elle est aussi un lieu de liberté : elle est comparée à un animal indompté. Pourquoi Lullaby Pour annoncer sa décision de Pour annoncer sa décision à son
écrit-elle cette quitter le lycée et faire partager père, lui demander de venir et
 Dans les descriptions de paysages, relevez les détails évoquant les quatre lettre ? ce moment. aussi pour jouer avec les mots.
éléments (terre, air, feu, eau). Lesquels semblent les plus importants aux yeux La lettre est-elle Non, elle n’est pas signée Oui, commencée par la fin, elle a
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.

de Lullaby ? Dans les descriptions de paysages, de nombreux détails évoquent les achevée ? et Lullaby ne trouve pas ce pu être achevée.
qu’elle veut pour glisser dans
quatre éléments. l’enveloppe.
— Terre : les rochers, la crique, les maisons.
— Air : le vent, les mots qui traversent son esprit quand elle les jette dans le feu,  Quels mots Lullaby ajoute-t-elle à sa deuxième lettre une fois qu’elle est
comme s’ils étaient volatiles… finie ? Comment choisit-elle ces mots ? Lullaby ajoute des mots qu’elle prend au
— Eau : la mer. hasard. On peut imaginer qu’elle les choisit pour leurs sonorités ou leur pouvoir
— Feu : soleil et scintillements. d’évocation. On trouve ainsi des mots du feu (soleil, lucioles, étoile), des mots de la
Aux yeux de Lullaby, les plus importants sont l’eau et le feu. mer et du voyage (algues, loin, coriandre, rallye).

12 13
 Mondo et trois autres histoires
Lorsqu’elle arrive dans la maison grecque, pourquoi Lullaby se met-elle en au long de la nouvelle comme une aide, un soutien, celui vers qui se tourner pour
colère ? Pourquoi réagit-elle ainsi ? Lullaby est en colère parce que la maison est
couverte de graffiti obscènes, qui lui apparaissent comme des souillures, des pro-
fanations du lieu. Elle voudrait les effacer mais elle n’y arrive pas. Au sein des
mots, comme au sein des choses et des êtres, il y a donc des mots mauvais, ceux
que l’on voudrait pouvoir supprimer.
 Quel mot Lullaby aime-t-elle particulièrement ? Cherchez les différents sens
de ce mot et expliquez son pouvoir particulier. Le nom de la maison, XARIΣMA,
charme, grâce, est tout un programme. Lullaby aime particulièrement ce mot. Au
début du chapitre 2, elle le rend responsable de la paix et de la lumière et fait sien
ce nom (p. 99). C’est un nom en rapport avec le divin, le mythe, c’est lui qui semble
permettre, un peu comme un sésame, à Lullaby d’être en contact avec la nature.
Lullaby et le monde des adultes
 Que sait-on des parents de Lullaby et des rapports qu’elle entretient avec
eux ? Le père de Lullaby, Paul Ferlande, est loin, en Iran. Il est cependant proche
de sa fille, grâce aux lettres qu’ils échangent et aux souvenirs communs évoqués à
plusieurs reprises dans le texte, celui du voyage de Lullaby en Iran et celui de l’air
d’Ariel, surnom donné à Lullaby par son père. La mère de Lullaby est aussi absente
à sa manière : on ne la voit que dormir et Lullaby prend sa place pour falsifier
ses autorisations d’absence. On sait qu’elle a été hospitalisée suite à un accident.
Lullaby voudrait la protéger en partie et cherche à minimiser les désagréments de
sa conduite : elle essaie de ne pas la réveiller le matin et d’éviter les contacts entre
le lycée et sa mère.
 Quelles figures d’adultes sont rejetées par Lullaby ? Que leur reproche-t-elle ?
La Directrice du lycée fait figure de dragon ou d’ogre : elle est celle qui ne com-
prend pas et qui est prête à tout, même à mentir, pour amadouer la jeune fille.
Elle n’est plus complètement vivante, d’où sa comparaison avec le mannequin du
grand magasin : trop raisonnable, la Directrice a perdu son humanité, elle n’est
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.
plus qu’une forme humaine dépourvue de cœur et de vie. L’homme aux cheveux
hirsutes est un autre adulte rejeté : pour sa violence et son aspect menaçant, il est
une figure effrayante de l’adulte car désordonné, débridé, et l’on peut penser à
une peur de la sexualité dont il est porteur.
 De quel adulte Lullaby est-elle proche ? Quel détail physique le rapproche
d’un autre personnage de l’histoire ? M. Filippi, le professeur de physique, est le
seul adulte dont Lullaby semble pouvoir être proche. Son nom est évoqué tout
14
Arrêt sur lecture 2
demander à comprendre le monde et soi-même. Il a, comme l’enfant rencontré sur
la plage, des yeux bleus derrière des lunettes (p. 90 et 98). C’est le signe que le
professeur a gardé une part d’enfance en lui, cette part nécessaire pour pouvoir
comprendre Lullaby et l’écouter.
 Comment se comporte Lullaby face à la Directrice ? A-t-elle encore une atti-
tude d’enfant soumise au monde adulte ? Dans sa discussion avec la Directrice,
c’est Lullaby qui en définitive a le pouvoir : elle a le pouvoir de résister à la pres-
sion, de soutenir sa position avec fermeté ; à aucun moment elle ne cède. C’est
au contraire la Directrice qui montre des signes de faiblesse : elle se trouble, sa
voix se casse, elle se laisse submerger par la colère et enfin elle laisse partir la
jeune fille après la menace de celle-ci de quitter l’établissement. Lullaby est donc
devenue l’égale de l’adulte qu’elle a en face d’elle, elle n’est plus soumise au lycée-
prison, elle revient d’elle-même dans un lieu qui ne la domine plus.
De la lecture à l’écriture p. 125-126
Des mots pour mieux écrire
 a. Bunkers ; b. forteresses ; c. villas ; d. ruine ; e. péristyles ; f. édifices.
 Air : une sterne, des rafales.
Eau : l’écume, les embruns.
Feu : se réverbérer, une étincelle.
Terre : escarpé, une paroi.
Du texte à l’image p. 127
➥ André Roberty, Le Golfe de Saint-Tropez, huile sur toile, 1935.
(Image reproduite en couverture.)
Lire l’image
 Décrivez le paysage représenté plan par plan. Le paysage se compose de qua-
tre plans successifs : au premier plan une colline de terre et d’herbe, non culti-
vée et non aménagée, parsemée de quelques pins. Viennent ensuite les maisons
du village, aux teintes claires et aux volets verts. Au troisième plan, la mer et sa
15
 Mondo et trois autres histoires Arrêt sur lecture 3

falaise sur la gauche. Enfin à l’arrière-plan, le lointain est formé du ciel et de la

montagne qui ferme le paysage. Arrêt sur lecture 3 p. 151-156

 Où se situe celui qui voit la scène ? Comment appelle-t-on cet angle de vue ?
Celui qui voit la scène est sur la colline, un peu en hauteur, il a une vue dominante
sur les maisons mais aussi sur la mer. Cet angle de vue est une plongée. Un quiz pour commencer p. 151-152
 À quoi reconnaît-on que c’est un paysage du Sud de la France ? On reconnaît  Quel prénom de marin Daniel aurait-il aimé porter ? Sindbad.
le Sud de la France aux couleurs chaudes et à la végétation représentée. La mon-
 Quel type d’élève est Daniel ? C’est un élève moyen qui arrive tout juste à
tagne au fond évoque les tableaux de l’Estaque, un quartier de Marseille.
obtenir des notes correctes.
Comparer le texte et l’image  Qui Daniel a-t-il prévenu de son départ ? Personne.
 Pensez-vous que Lullaby pourrait se sentir aussi bien dans l’une de ces mai-  Comment les pensionnaires répondent-ils aux questions des policiers ? Ils
sons que dans la maison grecque ? Pourquoi ? On peut penser que ces maisons mentent car ils ne veulent pas trahir Daniel.
sont trop sages, trop conventionnelles pour Lullaby. Elles ne sont pas ouvertes sur  Quand tout le bruit autour de la disparition de Daniel s’est calmé, qu’ont fait
l’extérieur : leurs volets sont souvent fermés et elles tournent le dos à la mer. De les pensionnaires ? Ils se sont mis à rêver de Daniel.
plus, ce ne sont pas elles qui dominent le paysage, elles sont en contrebas de celui
 Comment Daniel va-t-il vers la mer ? Il monte dans un train.
qui observe. C’est un peu l’opposé pictural de la colonnade dans laquelle Lullaby
s’arrête pour contempler la mer.  Quand il arrive enfin face à la mer, que ressent Daniel ? Il est heureux : il a enfin
réalisé son rêve.
 Pourquoi cette illustration a-t-elle été choisie comme couverture à votre avis ?
À quelle(s) autre(s) nouvelle(s) du recueil aurait-elle pu servir d’illustration ? Le Quel ami Daniel se fait-il près de la mer ? Un poulpe.
paysage méditerranéen convient aux deux premières nouvelles du recueil, les plus
Que devient Daniel à la fin de la nouvelle ? On ne sait pas.
connues. Il est le point commun entre les histoires de Mondo et de Lullaby. Il est
donc un trait d’union entre les deux premiers textes et convient pour l’univers
évoqué dans le titre : « Mondo et autres histoires ».
Des questions pour aller plus loin p. 153-154
☛ Étudier une histoire dont la fin est incertaine
Daniel et son histoire

 Après avoir relu attentivement la première partie de la nouvelle (p. 131-134),

© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.

reproduisez et complétez ce tableau pour dresser un portrait de Daniel.

Nom Daniel

Informations sur sa famille Parents pauvres, agriculteurs, trois ou quatre frères aînés

Détails physiques Yeux noirs, visage en lame de couteau

Occupations Il court et joue avec la marée, boit de l’eau salée, ramasse

des coquillages.

16 17
 Mondo et trois autres histoires
Goûts La mer
Dégoûts Le lycée-prison, le monde des terriens
 Caractérisez la vie de Daniel au lycée (ses activités, ses rapports avec les
autres élèves, ses sentiments). Au lycée, Daniel est interne, il n’aime pas ce qu’il
fait, il s’ennuie et n’a personne dont il soit proche : « il n’avait pas d’amis, il ne
connaissait personne et personne ne le connaissait » (p. 132). Il semble dépourvu
de vie : « il restait sur place, assis sur un banc, ou bien sur les marches de l’escalier,
devant le préau, à regarder dans le vide » (p. 131), « c’était comme s’il dormait les
yeux ouverts. » (131).
 Quels sont les différents lieux évoqués dans cette nouvelle ? Combien de
temps dure l’aventure de Daniel ? Deux lieux sont évoqués dans la nouvelle : le
lycée, dans les deux parties du texte qui encadrent la fugue de Daniel, et la mer
pour ce qui est de la partie centrale. La nouvelle commence « vers le milieu du
mois de septembre », à une saison déjà qualifiée d’hiver, et dure quelques semai-
nes ou quelques mois.
 Dans votre CDI et sur Internet, faites des recherches sur le personnage de
Sindbad. Vous préciserez où il a voyagé et ce qu’il a rapporté de ses périples.
Sindbad est un personnage des Mille et une nuits, il a fait sept voyages sur la mer,
et y a vécu de nombreuses aventures, le plus souvent irréalistes. En effet, il ren-
contre des êtres mythiques (des oiseaux et des serpents géants, des rois légen-
daires…). Ce qu’il ramène de ses voyages, c’est une richesse à la fois financière (il
revient riche) et spirituelle (il est une figure de sagesse).
 Retrouvez les différentes fois où le nom de Sindbad est cité dans la nou-
velle. Y a-t-il une évolution dans l’identification de Daniel à Sindbad ? Le nom de
Sindbad est cité quatre fois dans la nouvelle : « Il s’appelait Daniel, mais il aurait
bien aimé s’appeler Sindbad, parce qu’il avait lu ses aventures dans un gros livre
relié en rouge qu’il portait toujours avec lui, en classe et dans le dortoir » (p. 131) ;
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.
« Loin, près des falaises, la route blanche de la plage brillait. Daniel pensait au
naufrage de Sindbad, quand il avait été porté par les vagues jusqu’à l’île du roi
Mihrage, et c’était tout à fait comme cela, maintenant » (p. 147) ; « Ils s’étaient tel-
lement agités en tous sens pour retrouver la trace de Daniel Sindbad, les pro-
fesseurs, les surveillants, les policiers, ils avaient posé tant de questions, et voilà
« Il respirait de toutes ses forces, pour sentir le souffle, et c’était comme si
qu’un jour, à partir d’une certaine date, ils ont fait comme si Daniel n’avait jamais
existé. » (p. 149) ; « Nous pensions toujours très fort à lui, comme s’il était réel-
lement un peu Sindbad et qu’il continuait à parcourir le monde. » (p. 149). C’est
18
Arrêt sur lecture 3
toujours Daniel qui s’identifie ou qui est identifié à Sindbad. Au début de la nou-
velle, Sindbad est extérieur à lui, le personnage d’un livre, mais peu à peu l’identifi-
cation progresse et Daniel devient lui-même un nouveau Sindbad. Il acquiert ainsi
le statut du personnage légendaire.
Voir la mer : une expérience de l’absolu
 Pourquoi Daniel n’est-il pas intéressé par les discussions sur la mer de ses
camarades ? Cela ne l’intéresse pas parce qu’ils ne discutent pas véritablement
de la mer mais de ce qu’ils y font (baignade, pêche). Ils parlent de l’homme en
définitive plus que de la mer.
 Relevez les différentes découvertes que Daniel fait sur la mer (ses chan-
gements, ses dangers, ses trésors). À partir de ces informations, pouvez-vous
dire de quelle mer il s’agit ? Daniel découvre la marée : quand il arrive, la mer
est basse, très éloignée, puis la marée monte, avec elle le vent, jusqu’à ce qu’une
vague l’enveloppe, qui aurait pu le tuer. Mais il découvre aussi le fond des océans
et des endroits secrets que seule la marée découvre ; c’est là qu’il se fait un ami, le
poulpe. L’ensemble des éléments descriptifs montrent qu’il s’agit d’une mer sou-
mise aux marées, une mer où les rochers sont nombreux et accueillants pour les
animaux, une mer bretonne vraisemblablement.
En vous appuyant sur des passages précis de la nouvelle, montrez que, face
à la mer, les cinq sens de Daniel sont en éveil. On pourra relever les passages
suivants.
— Ouïe : « un bruit de tonnerre » (p. 139), « il y avait un bruit sourd qui ébranlait le
socle de la terre, et un rugissement dans l’air » (p. 146).
— Toucher : « il sentait le sable filer entre ses orteils écartés puis revenir » (p. 137),
« le sel brûla sa bouche et sa langue » (p. 138).
— Vue : « brillant de sa couleur bleue » (p. 135).
— Odorat : « l’odeur puissante montait des mares et des vallées noires, l’odeur que
les hommes ne connaissent pas et qui les enivre » (p. 141).
— Goût : « le goût de la mer » (p. 138).
La mer propose donc une palette complète de sensations, une plénitude qui fait
retrouver à Daniel l’usage de tous ses sens.
la mer et l’horizon gonflaient ses poumons, son ventre, sa tête, et qu’il devenait
une sorte de géant » (p. 138). En quoi l’expérience de Daniel est-elle exception-
nelle ? Daniel est grandi par sa rencontre avec les éléments, il atteint une taille de
19
 Mondo et trois autres histoires
géant et se permet de commander aux vagues de monter. Mais il ne faut pas se
tromper, Daniel n’est qu’un jouet aux mains de la nature, celle-ci ne se laisse pas
dompter et la menace de la marée montante reste bien réelle : ce sont toujours les
éléments qui dominent.
Une étrange disparition
 Relevez les marques de la présence du narrateur dans les premières pages
du texte (p. 131-134). Qui est-il ? Le narrateur est visiblement un des internes :
« je crois qu’il n’avait jamais lu que ce livre-là » (p. 131), il se fond rapidement dans
le « on » ou le « nous » globalisateur qui désigne le groupe des élèves que côtoie
Daniel (« on s’en est aperçu tout de suite », p. 132 ou « ce n’étaient que des bouts
de phrase dont le sens n’était connu que de nous », p. 133). Il disparaît à partir de la
page 134, quand on suit Daniel dans sa fugue, puis réapparaît, page 149, à nouveau
dans le pluriel « nous » ou l’indéfini « on ».
Arrêt sur lecture 4
mer ? » p. 149), les modalisateurs (« peut-être », « comme si ») et le champ lexical
de l’étrangeté (« étrange », « illogique », « impossible », « rêve »).
Ce qui est incertain, c’est l’histoire de Daniel après sa disparition : le narrateur
n’était pas auprès de lui et n’a eu aucune nouvelle de son camarade. Peut-être
l’ensemble du récit n’est-il finalement que le résultat d’un rêve, de l’imagination
des internes qui eux sont restés prisonniers du lycée.
 Quelles sont donc les deux interprétations possibles que l’on peut donner à
cette histoire (selon que l’on insiste sur l’itinéraire de Daniel ou sur l’incertitude
du témoignage de ses camarades) ? On peut lire la nouvelle comme une histoire
réaliste, celle d’un jeune adolescent qui décide un beau jour de disparaître, de faire
une fugue pour aller voir la mer et qui ne revient pas chez lui. On peut aussi se
demander si l’histoire racontée n’est pas une histoire rêvée, un mythe élaboré par
les internes d’un lycée pour embellir leur vie, ouvrir la porte d’une liberté qu’ils
n’ont pas : Daniel serait un être sorti de leurs imaginations, un porte-drapeau de
tous ces adolescents enfermés dans un lycée–prison, un héros qu’ils auraient
 Retrouvez les trois mouvements de la nouvelle et donnez-leur un titre.
inventé pour les emporter au loin, là où ils ne peuvent pas aller eux-mêmes.
Comparez le début et la fin du texte. Que remarquez-vous ? La nouvelle com-
porte trois mouvements :
— p. 131-134 (l. 1-104), la disparition d’un interne ;
— p. 134-148 (l. 105-575), la découverte de la mer par Daniel ;
De la lecture à l’écriture p. 155-156
— p. 149-150 (l. 576-627), Daniel Sindbad, l’enfant devenu une légende.
Le texte forme une boucle : il se termine au même endroit qu’il avait commencé, Des mots pour mieux écrire
avec les mêmes personnages et les mêmes interrogations sur ce qu’est devenu  a. Claquent ; b. murmure ; c. craque, chuinte ; d. gronde.
Daniel. On retrouve aussi l’évocation de l’oubli de Daniel par les adultes et du sou-
venir qu’en gardent les adolescents. Tout se passe comme si la fugue de Daniel  Marin, la marée, une marine, maritime, outre-mer, amerrir, amerrissage.
(qui occupe la partie centrale de la nouvelle) avait été une parenthèse et que le
récit reprenait là où il s’était interrompu.

À la fin du premier mouvement de la nouvelle, un mot important est répété,

d’abord sous la forme d’un verbe à l’infinitif, ensuite sous la forme d’un nom. De
quel mot s’agit-il ? Que peut-on en déduire ? « Rêver » et « rêve » sont les deux
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.

mots en question (p. 134, l. 102-103). La dernière phrase du premier mouvement de

la nouvelle, qui insiste sur le rêve des camarades d’internat de Daniel, peut laisser Arrêt sur lecture 4 p. 215-220
penser que ce qui suit est le récit de leur rêve et non d’un épisode réel.

 Relevez dans le dernier mouvement de la nouvelle les termes et les phrases

exprimant l’incertitude. Quels événements sont ainsi tenus à distance, montrés Un quiz pour commencer p. 215-216
comme incertains ? On relèvera les phrases interrogatives (« Après cela, qu’est-
il devenu ? Qu’a-t-il fait, tous ces jours, tous ces mois, dans sa grotte, devant la
 Comment Gaspar rencontre-t-il le groupe des enfants ? Il entend les pierres
qu’ils lancent.

20 21
 Mondo et trois autres histoires Arrêt sur lecture 4

 Combien d’enfants composent ce groupe ? Quatre. — Augustin garde le troupeau, sans doute Antoine aussi, mais ce n’est pas évoqué
 Quelle est la première chose que les enfants apprennent à Gaspar ? À se ser- explicitement ;
vir d’un lance-pierres. — Gaspar suit tout le monde et les aide tour à tour les uns et les autres.

 Que donne Khaf à Gaspar pour apaiser sa soif ? Une graine poivrée.
 Comment se termine l’attaque du chien noir ? Gaspar le tue pendant qu’il atta-
que Abel.
 Qui est le roi de Genna ? Un oiseau blanc.
 Quels mots Gaspar aime-t-il particulièrement ? Altaïr, Fecda, Alioth : le nom
des étoiles.
Pourquoi Gaspar se bat-il contre Abel ? Gaspar ne veut pas qu’Abel tue l’oiseau
blanc.
Avec qui Gaspar revient-il en ville ? Il est seul.
 Quels sont les deux animaux qui ont un statut particulier dans le texte ?
Pourquoi ? Les deux animaux qui ont un statut particulier dans le texte sont
l’oiseau blanc découvert par Gaspar et Hatrous, le bouc noir. Le premier est « le
roi de Genna » (p. 185), l’oiseau le plus beau, le plus blanc, couleur d’écume ; il est
indifférent à la présence de Gaspar car maître du lieu ; il a le pouvoir d’effacer ce
qui l’entoure (sons et paysage) ; sa simple contemplation rend Gaspar heureux ; il
est même prêt à se battre pour lui : c’est pour le sauver qu’il se bat contre Abel. Le
second est un maître et un guide, celui qui en sait le plus sur le désert : « Hatrous
savait tellement de choses, non pas de ces choses qu’on trouve dans les livres,
dont les hommes aiment parler, mais des choses silencieuses et fortes, des choses
pleines de beauté et de mystère », p. 187.

 Pourquoi Gaspar quitte-t-il les enfants ? Où va-t-il après les avoir quittés ?
Des questions pour aller plus loin p. 217-218 Gaspar et Abel se disputent à cause de l’oiseau blanc : Abel essaie de le tuer et
Gaspar lui saute dessus pour l’en empêcher. Abel se fâche alors et frappe Gaspar.
☛ Analyser l’aspect poétique d’un récit Celui-ci s’en va, est pris dans une tempête de sable et retourne en ville, dans une
gendarmerie, pour qu’on le ramène chez lui.
Gaspar et son histoire
 Après avoir relu attentivement la première partie de la nouvelle (p. 159-174), Une aventure dans le désert
reproduisez et complétez ce tableau pour dresser le portrait de Gaspar.  Relisez la première description du désert (p. 159-162). En vous appuyant
sur le vocabulaire, montrez comment est soulignée l’immensité du désert. Les
Nom Gaspar
adjectifs exprimant l’immensité sont nombreux dans les premières pages : la route
Informations sur Il vivait en ville avant de partir pour le désert : il est « vêtu comme les
son passé gens de la ville » (p. 162) et n’est pas habitué à marcher sur le sable
est « longue », le ciel « grand », la terre « immense ». Les termes qui organisent la
(p. 163). description insistent sur l’espace illimité : « de tous côtés », « partout », « à perte de
Détails physiques Jeune, rouge à cause des coups de soleil
vue ». Le temps lui-même semble distendu, comme l’espace : « Comme la nuit était
longue dans ce pays ! », « le temps paraissait immense, très lent » (on remarquera
Occupations Berger ; chasse ; suit les enfants pour apprendre
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.

l’utilisation de l’imparfait dans la description).

Goûts L’oiseau blanc ; les enfants, Abel, Khaf, Augustin ; les étoiles
Dégoûts et peurs Nach le serpent ; les chiens fous ; Abel quand il vise l’oiseau banc
 Quelles fonctions assure chaque enfant dans le groupe des bergers ? Qui
Gaspar aide-t-il ? Les rôles ne sont pas forcément définis, cependant on sait que :
— Abel chasse pour nourrir tout le monde ;
— Khaf fait la cuisine, est chargée du lait ;
 Retrouvez à quels animaux sont attribués les noms suivants : Noun, Hatrous,
Nach, Mîm et Zezay. Le nom Noun est attribué au chien ; Hatrous au bouc ; Nach
au serpent, Mîm au renard et Zezay au lézard.
 Décrivez les trois endroits traversés par Gaspar et ses amis en précisant les
éléments du décor, les animaux qui y vivent, les bruits entendus et les données
climatiques.

22 23
 Mondo et trois autres histoires Arrêt sur lecture 4

Endroits La plaine La vallée de Genna Le pays des termites

mer avait cessé, parce que le vent soufflait maintenant de l’intérieur des terres. »
traversés de rochers (p. 175-185) (p. 194- 196) (p. 167). C’est une grande différence avec les trois autres nouvelles du recueil, qui
(p. 162-168) se déroulent dans un paysage marin.
Éléments Sable, mur de Grande plaine verte, herbes Grand plateau de terre  « Le vent poussait les dunes. Dans la nuit elles luisaient faiblement, pareilles
de décor pierres sèches, hautes, arbres élancés, rouge, raviné de torrents
dunes, rochers, au tronc noir et aux à sec, pas un arbuste, pas à des voiles de bateau », « les dunes se mouvaient lentement, imperceptible-
arbustes, larges frondaisons vertes, une herbe, des centaines ment, pareilles aux longues lames de la mer » (p. 160). À quoi sont comparées
sentiers, amandiers, peupliers, de tours alignées, faites de
les dunes dans ces deux phrases ? En quoi ce rapprochement est-il poétique ?
buissons lauriers, palmiers ; située terre rouge, avec des toits
entre les dunes et les collines effilochés et des pans de Ces deux comparaisons mettent en rapport les dunes (comparé) avec le monde
de pierres ; au centre, un lac, mur en ruine, au centre, une marin, les voiles des bateaux ou les vagues (comparants) en raison du mouvement
un marécage, roseaux et termitière encore plus haute
papyrus que les autres que leur donne le vent. L’absence de la mer est ainsi soulignée par la comparaison :
dans Les Bergers, la mer est remplacée par le désert. La poésie apparaît ici dans le
Animaux Lézards, Lézard, lièvres du désert, De drôles d’insectes qui
oiseaux perdrix grises, cailles, ressemblent à des gouttes
rapprochement des inconciliables, des univers les plus éloignés possibles (la mer
étourneaux, ramiers, de miel et le désert).
moustiques, araignées d’eau,
renard, l’oiseau blanc  En vous appuyant sur les prénoms des personnages et sur les descriptions
des lieux, dites quels souvenirs du texte biblique apparaissent dans cette nou-
Bruits Bruit du vent Bruits des oiseaux et des Pas de bruit, silence ;
et de la mer insectes : roucoulement, que le bruit du vent qui velle. Gaspar est l’un des rois mages, il quitte son pays pour aller saluer la nais-
crissement chantonnait, et de son cœur sance du Christ ; de même, notre jeune adolescent quitte les siens pour traverser
qui résonnait ; bruit de verre
le désert en suivant les étoiles. Abel est le second fils d’Adam et Ève, c’est le pre-
brisé
mier berger, il a été assassiné par son frère Caïn, cultivateur, jaloux parce que Dieu
Climat Soleil, vent Soleil, jamais de nuages Lumière violente du soleil,
semblait préférer les offrandes d’Abel aux siennes. Dans la nouvelle, Abel est aussi
chaleur
berger, mais il n’est pas assassiné, c’est lui qui attaque Gaspar. Comme dans le
jardin d’Éden, les enfants vivent à Genna en harmonie avec la nature : ils reçoivent
Au cours du récit, quels dangers Gaspar affronte-t-il ? Comment surmonte-
des leçons des animaux, des étoiles, vivent de ressources facilement accessibles
t-il ces obstacles ? Au cours du récit, Gaspar éprouve la soif et affronte des ani-
(ce qui contraste avec la soif et la faim du début et de la fin de la nouvelle). On est
maux inquiétants (le chien noir et Nach le serpent). C’est l’entraide qui permet
dans une totalité chaleureuse et paisible. Le serpent Nach peut aussi évoquer cet
aux enfants de surmonter ces dangers : Khaf montre le chemin de l’eau, Abel et
épisode biblique ainsi que le changement du lieu au début du chapitre 6 qui met fin
Gaspar défient les animaux menaçants et en sont victorieux. Quand il est seul
au petit paradis que constituait la vallée de Genna. Enfin, le nuage de sauterelles
après avoir quitté les enfants, Gaspar affronte une tempête de sable (p. 211-213), il
peut évoquer l’un des fléaux qui accablent les Égyptiens dans l’Ancien Testament.
se perd et se réfugie dans une cabane.
Quel est le dernier personnage rencontré par Gaspar ? Quel rôle est-il appelé
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.

Un récit poétique et ses échos à jouer ? En quoi la fin de Mondo est-elle différente ? Le dernier personnage que

La mer est évoquée au début de la nouvelle. Où se situe-t-elle par rapport aux Gaspar rencontre, une fois qu’il est rentré du désert, est un gendarme à qui il
enfants ? Est-elle aussi importante dans ce texte que dans les autres nouvelles déclare s’être perdu. Il lui donne ainsi la charge de retrouver ceux qu’il avait quittés
du recueil ? La mer est au loin, non visible. Elle est à peine évoquée au début au début du texte, sans doute sa famille. Le gendarme doit le ramener chez lui, c’est
du texte, dans quelques notations qui situent sa distance : « Il repérait le bruit de l’image inverse du gendarme de la fin de Mondo qui éloigne l’enfant de Thi Chin.
la mer, à sa gauche » (p. 162). Elle est une des origines possibles du vent : « Le Tout se passe un peu comme si, à la fin du recueil, les relations familiales pouvaient
vent soufflait parfois de la mer, et on entendait le grondement des vagues qui être enfin rétablies, une fois la dernière page tournée, le lecteur peut retrouver le
déferlaient sur la côte. » (p. 159-160). Mais très vite elle disparaît : « Le bruit de la monde qui est le sien.

24 25
 Mondo et trois autres histoires
De la lecture à l’écriture p. 219-220
Des mots pour mieux écrire
 a. Plaintive ; b. contentement ; c. farouche ; d. volubile ; e. étonnement.
 a. Champ lexical de la lumière.
Du texte à l’image p. 220
➥ Photographie du désert du Sahara occidental.
(Image reproduite en fin d’ouvrage, au verso de la couverture.)
Lire l’image
 Quelle est la ligne principale qui partage l’espace ? Quels éléments du pay-
sage se situent en dessus et au-dessous de cette ligne et quelles sont les cou-
leurs dominantes des deux espaces ainsi délimités ? On peut dessiner la ligne
horizontale (ou presque) qui sépare le désert (qui occupe les deux tiers du bas
de l’image) et le ciel (tiers supérieur de l’image). Seuls quelques arbres apportent
un peu de verticalité dans l’image. Au-dessus de cette ligne de partage dominent
le bleu (ciel) et des couleurs secondaires : blanc (nuages) et noir (silhouette des
arbres) ; en dessous de la ligne, domine une couleur unique, le beige du désert.
 Où se situe celui qui a pris cette photographie ? Comment appelle-t-on cet
angle de vue ? Celui qui a pris la photo est en bas de la dune. Cet angle de vue est
une contre-plongée.
Comparer le texte et l’image
 Ce désert ressemble-t-il à celui que traverse Gaspar ? Pourquoi ? À la lecture
du texte de Le Clézio, on imagine plutôt un désert de sable, alors qu’ici, c’est une
terre desséchée que l’on voit. Cependant, les arbres clairsemés et les reliefs iné-
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.
gaux rappellent bien le désert de Gaspar.
 Retrouvez un passage de la nouvelle qui pourrait être illustré par cette photo-
graphie. Page 193, quand Gaspar va vers le pays des termites, on peut lire une des-
cription qui s’apparente au paysage photographié, en particulier par la sécheresse
et le craquellement de la terre : « À mesure qu’on s’éloignait du centre de la vallée,
la terre devenait plus sèche. Elle était toute craquelée et durcie par le soleil, elle
résonnait sous les pieds comme une peau de tambour. » Un détail supplémentaire
26
Arrêt sur l’œuvre
de la photographie, les traces que l’on voit dans l’angle en bas à droite, et qui
semblent témoigner de la présence de petits animaux, fait également écho au
texte : « les dessins qu’ils laissaient dans la poussière, de petits chemins sinueux et
fins comme les barbes des plumes d’oiseaux. » Enfin, dans la photographie comme
dans le texte, le paysage n’est pas linéaire mais fait de dénivelés et de collines.
Arrêt sur l’œuvre p. 221-227
Des questions sur l’ensemble
du recueil p. 221-222
Des histoires d’enfants
 Quels sont les points communs entre Mondo, Lullaby, Daniel et Gaspar (âge,
situation familiale, caractère, goûts) ? Premier point commun, ce sont tous les
quatre des enfants ou des adolescents. Ce sont donc des êtres en pleine forma-
tion, et non des adultes ayant une situation sociale et un rôle social à remplir ; ils
sont donc plus libres. De plus, les quatre enfants sont éloignés de leurs parents :
Mondo demande si on peut l’adopter, Lullaby vit avec sa mère mais celle-ci est
malade et endormie par les médicaments, quant à son père il est loin ; Daniel est
pensionnaire à l’internat car ses parents habitent trop loin ; Gaspar est parti de
chez lui et c’est à peine si on sait que des gens l’attendent en ville, rien ne dit
qu’il s’agit de ses parents. Les quatre enfants ont en outre des caractères bien
marqués, ils ne sont pas intimidés par les adultes et prennent leur vie en main ;
ils se fabriquent eux-mêmes leur propre vie, au gré des rencontres qu’ils choisis-
sent (Mondo, Gaspar) ou refusent (Lullaby, Gaspar). Ils sont autonomes mais aussi
assez solitaires, surtout Daniel. Enfin, ils partagent un même goût pour la nature,
représentée par les grands espaces que sont la mer ou le désert, les animaux, la
lumière… et la liberté qu’ils placent au centre de leur vie. Ils ont aussi en commun
d’aimer les mots et leurs sonorités.
 Qu’est-ce qui distingue ces personnages les uns des autres ? Comparez ce
que l’on sait d’eux, de leurs modes de vie, de leur entourage et de leurs rapports
27
 Mondo et trois autres histoires
avec le monde. Parmi ce qui distingue ces personnages les uns des autres, on peut
penser :
— au sexe : Lullaby est la seule fille (reprise en mineur par la petite Khaf dans Les
Bergers) ;
— à l’origine : Mondo semble être venu illégalement vivre en France ; Lullaby, par
son nom (et ses cheveux blonds), peut avoir des origines anglaises ; Daniel est
le fils d’un couple d’agriculteurs bretons ; Gaspar vit dans un pays du sud de la
Méditerranée ;
— au rapport aux autres : Mondo est ouvert et se fait rapidement aimer de tous,
il trouve même une sorte de couple d’adoption (Dadi, Thi Chin) ; Lullaby est en
conflit avec le monde des adultes représenté par l’homme aux cheveux hirsutes
et la Directrice ; Daniel n’a pas de contact avec le monde des adultes et très peu
avec celui des enfants ; Gaspar a peu de contact avec les adultes mais se confie
finalement à eux.
 Selon ces nouvelles, quelles sont les valeurs positives qui se rattachent à
l’enfance ? Les enfants sont ceux qui veulent apprendre hors des cadres rigides
imposés par l’école, l’internat, le lycée et même la ville. L’enfant, dans nos quatre
nouvelles, échappe à ces cadres, s’en libère : Mondo fuit l’institut de l’Assistance
comme Lullaby et Daniel ont fui leur lycée, et Gaspar quitte la ville fermée pour
le désert. Mais la soif d’apprendre est grande et chacun trouve la leçon qu’il cher-
chait et qui dépasse ce que peut enseigner l’école. L’enfant est aussi celui qui peut
parler avec les autres : seuls les adultes posent des questions indiscrètes ; l’enfant,
qui n’est pas encore déformé par la société, place l’adulte en situation délicate,
celle d’être perturbé par les vraies questions (celles de Mondo aux habitants de
la ville) ou d’être acculé à ses propres impasses (telle la Directrice qui laisse partir
Lullaby quand elle ne trouve plus rien à lui dire). L’enfant est enfin celui qui voit
réellement le monde et qui peut trouver à communiquer avec l’univers qu’il soit
humain, animal ou minéral. L’enfant n’a pas intégré les frontières qui gouvernent le
mode de vie et de pensée rationnel des adultes : Mondo, Lullaby, Daniel et Gaspar
établissent des contacts immédiats avec les forces naturelles et le monde animal
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.
et végétal, ils ont une attitude de vie qui s’approche de celle des Indiens que Le
Clézio avait fréquentés avant d’écrire ces nouvelles, ils sont proches des mythes.
Des récits d’apprentissage
 D’où vient chacun des enfants ? Qu’ont-ils quitté ? À part Mondo dont on
ne sait pas trop d’où il vient, mais on imagine d’un pays pauvre, les trois autres
enfants quittent un monde urbain ressenti, pour deux d’entre eux, comme une
prison. Ils ont quitté un milieu difficile : maladie et absence pour Lullaby, pauvreté
28
Arrêt sur l’œuvre
ou guerre pour Mondo, pauvreté et absence pour Daniel, seul Gaspar a des gens
qui l’attendent mais sans plus de précision. Leur départ n’est pas un arrachement
douloureux mais la réponse à une nécessité intérieure : aller au-devant de ses
envies (envie d’adoption, de liberté, de mer ou de désert).
 Qu’apprennent les enfants au cours de leurs aventures ? Qui sert de guide
ou d’initiateur pour chacun d’eux ? Au cours de leurs aventures, les enfants ont
appris la plénitude, le fait de faire corps avec soi-même, mais aussi (et surtout)
avec le monde environnant. Ils ont souvent connu une extase (dans la Maison de
la Lumière d’Or pour Mondo, devant la mer et les colonnes de la villa grecque pour
Lullaby, dans la mer qui monte pour Daniel, devant l’oiseau blanc pour Gaspar).
L’intensité de cette révélation est telle qu’elle se caractérise pour Lullaby par une
proximité immédiate de la mort. Pour chacun des enfants, l’apprentissage se fait
au contact du monde : au contact de la mer et du soleil pour Lullaby ; au contact
d’adultes choisis pour Mondo mais aussi d’objets comme la barque ; au contact
de la mer et du vent pour Daniel et enfin au contact des enfants du désert mais
aussi du bouc Hatrous ou du grand oiseau blanc pour Gaspar. L’école est toujours
refusée ; on n’apprend pas ce qu’il faut apprendre dans le cadre contraint de la
scolarité imposée (p. 197, l. 1206-1223).
 Comment l'apprentissage de chaque enfant se termine-t-il ? Que décide alors
chacun d'eux ? Mondo est rattrapé par la société mais s’échappe à nouveau. Les
deux mots qu’il laisse à Thi Chin portent un message optimiste, il semble qu’il
repart pour une nouvelle séquence d’apprentissage, ailleurs. Lullaby accepte de
rentrer dans le cadre social mais tout en affirmant son changement intérieur : elle
semble maîtresse du jeu et non plus soumise aux règles du lycée. Daniel ne revient
pas, il se perd dans ses découvertes et dans sa fugue, au point qu’on ne sait pas
si son existence n’a pas été rêvée par les autres lycéens, s’il n’est pas, comme
Sindbad, un personnage mythique. Gaspar accepte de rentrer sans conditions
dans sa vie, il se remet entre les mains de ceux que Mondo a fuis, il se replace dans
une situation d’acceptation complète des règles de la société.
L’amour des mots
 Rendez à chaque enfant les mots qui sont les siens : Karisma, Oxyton, Alkaïd,
mer, Ovo owo, Ram ! Ram !, Lucioles, Mouïa, Toujours. Oxyton (la barque), Ovo
Owo, Toujours sont les mots de Mondo ; Karisma, Lucioles ceux de Lullaby ; mer,
Ram ! Ram ! ceux de Daniel ; Alkaïd, Mouïa ceux de Gaspar.
Pourquoi les enfants utilisent-ils ces mots dont ils ne connaissent pourtant
pas vraiment le sens ? Tous utilisent parfois une langue inventée ou étrangère :
29
 Mondo et trois autres histoires Arrêt sur l’œuvre

Mondo quand il apprend les lettres (Ovo Owo, Otto, Izti), Lullaby avec le mot grec permet d’accéder à une plénitude nouvelle : l’enfant est comblé par sa plongée
« Karisma », Daniel quand il imite le bruit des vagues pour leur commander et hors de lui.
Gaspar enfin quand il parle avec les enfants du désert qui n’ont pas la même lan-
Les milieux naturels découverts par les enfants sont-ils toujours accueillants
gue que lui. Dans chaque nouvelle donc l’enfant apprend une langue qui n’est pas
et inoffensifs ? Trouvez-vous que la nature est idéalisée dans les nouvelles de
la sienne et qui soit le renvoie aux origines mythiques du monde (« Karisma »)
Le Clézio ? Les enfants se mettent tous les quatre en dangers de mort : la nature
soit lui permet de retrouver une communication primordiale, essentielle avec la
n’est pas montrée comme une bonne mère qui veillerait sur ses enfants, elle est
nature ou en rapport avec celle-ci. C'est d'autant plus marquant que, dans aucune
plutôt indifférente à l’homme, à la fois magique et dangereuse par sa chaleur, sa
nouvelle, il n’y a de bavardage : même Mondo, le plus causant ne parle que de l’es-
violence… C’est à l’homme de faire attention à lui. Il n’y a pas d’idéalisation de la
sentiel (« Voulez-vous m’adopter ? »), le reste constitue un vaste non-dit.
nature chez Le Clézio : la nature est libre, immense, belle mais aussi sauvage, elle

Dans ces nouvelles, retrouvez différents moyens utilisés par les enfants pour ne se plie pas aux désirs humains, elle ne se laisse pas dompter.
communiquer avec les autres. Le dialogue est relativement rare dans nos quatre
nouvelles, les échanges sont le plus souvent silencieux. Ils peuvent se faire à l’écrit
(lettres de Lullaby mais les poste-t-elle ?), messages à la craie sur les rochers, mots Des mots pour mieux écrire p. 222-225
de Mondo sur les cailloux, livre de Sindbad le marin. Ils se font aussi par des gestes
et des signes de connivence : entre Mondo et l’arroseur public, les larmes de Thi Lexique de l’apprentissage
Chin, les jeux des bergers, les signaux de Daniel et le silence complice des autres a. Bachoter, endoctriner, rabâcher.
élèves, la course-poursuite entre Lullaby et l’homme aux cheveux hirsutes.
Lexique du bruit
a. Bruissements : c’est le seul mot qui ne désigne pas le cri d’un animal.
L’amour du monde
b. Grondement : c’est le seul qui ne désigne pas un son aigu.
 Quels sont les paysages dans lesquels chacun des enfants se sent particu- c. Bruissement : c’est le seul mot qui désigne un son faible.
lièrement heureux ? Pourquoi ? Mondo, Lullaby et Daniel sont pleinement heu- d. Fracas : c’est le seul mot qui ne désigne pas un son faible ou murmuré.
reux dans un paysage marin, la Méditerranée pour les deux premiers et l’océan
Lexique de la mer
Atlantique (ou une mer bretonne) pour Daniel. Ils y trouvent une immensité, une
beauté et un aspect sauvage, indompté qui leur plaît. Pour Gaspar, il s’agit aussi
Mots croisés
d’un paysage dans lequel l’eau, bien que plus rare, a sa place. L’eau y est d’autant
Horizontalement : 1. clapotis ; 2. roulis ; 3. marine ; 4. reflux ; 5. écume ; 6. goé-
plus importante qu’elle s’oppose à la sécheresse du désert, l’eau est indispensable
mon ; 7. houle.
à la vie des bergers et de leur troupeau. Dans ces paysages, l’enfant se retrouve
Verticalement : A. chavirer ; B. flots ; C. sterne ; D. embruns ; E. ressac ; F. mou-
particulièrement libre, sans entrave ; à l’opposé des diverses prisons qui les guet-
tons ; G. abysse.
tent : celles des établissements scolaires, du foyer dans lequel on veut enfermer
Mondo ou des petites maisons de Gaspar.
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2010.

 Quelles sensations et quels sentiments éprouvent les enfants face à la

nature ? Les quatre enfants sont extrêmement sensibles à la chaleur et aux brû-
lures du soleil (Mondo, Lullaby, Gaspar) ou au froid (Daniel, Gaspar). Ils ressentent
une joie souvent intense, une admiration non dissimulée, voire une fascination
face à la nature. Les moments de contemplation dans lesquels ils s’oublient sont
présents dans chacune des nouvelles : la nature les englobe et leur permet de se
dépasser eux-mêmes pour se plonger dans l’autre, naturel ou animal. Cet oubli

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 CLASSICOCOLLÈGE

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