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JANETA DRĂGHICESCU

PRÉCIS DE SYNTAXE FRANÇAISE


I
© Editura Fundaţiei România de Mâine, 2007

Editură acreditată de Ministerul Educaţiei şi Cercetării


prin Consiliul Naţional al Cercetării Ştiinţifice
din Învăţământul Superior

Descrierea CIP a Bibliotecii Naţionale a României


DRĂGHICESCU, JANETA
Précis de syntaxe française / Janeta Drăghicescu –
Bucureşti: Editura Fundaţiei României de Mâine, 2007
2 vol.
ISBN 978-973-725-984-4
Vol. 1. – 2007 – Bibliografie ISBN 978-973-725-985-1
811.133.1(075.8)

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Redactor: Cosmin COMARNESCU


Tehnoredactor: Laurenţiu Cozma TUDOSE
Coperta: Cornelia PRODAN
Bun de tipar: 10.12.2007; Coli tipar: 9,25
Format: 16/61x86
Editura Fundaţiei România de Mâine
Bulevardul Timişoara nr. 58, sector 6
Tel./Fax: 444.20.91 www. SpiruHaret.ro
e-mail: contact@edituraromaniademaine.ro
UNIVERSITATEA SPIRU HARET
FACULTATEA DE LIMBI ŞI LITERATURI STRĂINE

JANETA DRĂGHICESCU

PRÉCIS DE SYNTAXE
FRANÇAISE
I

Editura Fundaţiei România de Mâine


Bucureşti, 2007
SOMMAIRE

Première partie – La phrase 7


………………………………………..
1. Définition de la phrase 9
…………………………………………
2. Critères de classification des phrases …………………………. 23
Deuxième partie – Les constituants immédiats de la phrase 27
simple
1. Le Constituant Propositionnel (Cprop.) 29
………………………..
1.1. La phrase interrogative ………………………………….. 31
1.2. La phrase exclamative 40
……………………………………
1.3. La phrase impérative …………………………………….. 44
1.4. La phrase négative ………………………………………. 47
1.5. La phrase passive ………………………………………... 53
1.6. La phrase impersonnelle ………………………………… 55
1.7. L’emphase ……………………………………………….. 58
Troisième partie – Les constituants du noyau 61
……………………..
1. Le Groupe Nominal premier (GN1) …………………………... 63
2. L’accord du verbe avec le sujet ……………………………….. 69
3. L’ordre des termes dans la phrase minimale ………………….. 80
4. Le Groupe Prédicatif (Gpréd.) 82
…………………………………
4.1. Le prédicat nominal – le groupe prédicatif de la phrase
ternaire …………………………………….……………... 84
4.2. Le Groupe Verbal (GV) de la phrase binaire 92
…………….
4.2.1. Le GN2/COD (complément d’objet direct) ………. 98
5
4.2.2. Le GN3/COI (complément d’objet indirect, au datif) 112
4.2.3. Le Gprép (groupe prépositionnel/complément
(d’objet) 115
prépositionnel) ……………………………………
5. Le Groupe Adverbial (Gadv) – les circonstants ……………….. 128
5.1. Le circonstant de lieu ……………………………………. 130
5.2. Le circonstant de temps …………………………………. 136
5.3. Les caractérisants du procès 142
……………………………...
Bibliographie 147
………………………………………………………..

6
PREMIÈRE PARTIE
LA PHRASE

7
8
1. DÉFINITION DE LA PHRASE

Le terme de phrase est utilisé pour désigner des réalités


relativement différentes suivant les principes sur lesquels repose le
modèle adopté pour la description.
• En grammaire traditionnelle on opère, en général, avec les
termes de proposition et de phrase qui s’opposent partiellement.
La proposition est «soit un ensemble de mots grammaticalement
liés, soit même, parfois, un seul mot exprimant un fait, une idée, un
jugement, un sentiment ou une volonté». La proposition peut former
une phrase complète ou n’être qu’une partie de la phrase1.
La grammaire Le Bon Usage de Maurice Grevisse (les éditions
antérieures à 1986) propose la même définition pour la proposition: un
mot ou tout système de mots au moyen desquels nous manifestons un
acte de notre vie psychique2. Mais il est précisé que la phrase peut
s’identifier à la proposition et, dans ce cas, il s’agit d’une phrase
simple, ou qu’elle peut regrouper dans sa structure un système de
propositions et c’est la phrase complexe3.
• En linguistique moderne (conception à laquelle se rattache aussi
Le Bon Usage dans sa variante renouvelée (l’édition de 1986) le concept
de phrase est généralisé à toute unité de communication linguistique
la suite phonique minimale par laquelle le locuteur adresse un message à
un auditeur”4), à la proposition étant réservé le statut de membre (à
fonction déterminée) dans la phrase.
L’analyse critique de la relation qui s’établit entre les étiquettes de
«proposition» et de «phrase» et la réalité désignée, de même que la prise

1
M. Rat, Grammaire française pour tous, Paris, Editions Garnier,
1955, p. 313
2
M. Grevisse, Le Bon Usage, Paris-Gambloux, Duculot, 1980,
chap.249
3
M. Grevisse, Op. cit., chap. 250, rem.2
4
M.Grevisse, Op. cit. 1988, chap. 210
9
en compte des critères de contenu, de structure et de fonction ont
permis5 de retenir le seul terme de phrase.
•• En grammaire structurale, on opère avec le concept de phrase
appliqué à toute construction centrée sur un ou plusieurs noyaux verbaux.
Les différentes orientations qui se sont développées à partir du
structuralisme ont décrit la phrase en partant des principes de base du
modèle.
••• En grammaire générative, la phrase est conçue comme une
construction qui obéit à certaines règles. L’analyse de chaque phrase
engage, en égale mesure, la structure profonde (les relations abstraites
qui existent entre les constituants) et la structure supperficielle (la
représentation phonétique/graphique ou la manifestation linguistique
concrète). Au niveau de la structure profonde, la phrase est décrite
comme une structure hiérarchique dont les constituants immédiats sont
représentés par des symboles. Il s’agit d’un schéma abstrait capable de
permettre d’engendrer tous les énoncés de la langue.
La phrase peut être représentée par un graphe, appelé aussi arbre
génératif.

≠ Ph ≠

CProp. Noyau
Type Matériau

GN1 GPréd.

MN Dt. GV GAdv.

Pd. N MV Dt. rel GN

ø ø ø
[+assertif Olivier ø regardait l’étiquette de la
bouteille de vin blanc
5
M. Wilmet, Grammaire critique du français, Louvain-la-Neuve,
Hachette-Duculot, 1997, chap. 554/p. 436.
10
Dans cette représentation, la structure hiérarchique, appelée
«phrase», est mise en évidence par la ségmentation systématique des
parties élémentaires constitutives, parties qui ont le statut de
constituants immédiats (CI)6. Ces constituants sont représentés par des
symboles, appelés symboles catégoriels ou inventaire syntagmatique de
base (ils représentent les fonctions syntaxiques de base de la phrase).
On distingue plusieurs niveaux dans la constitution de la phrase.
À chaque niveau sont identifiés les CI de l’unité immédiatement
supérieure et les relations qui s’établissent entre ces constituants
immédiats:
# Ph #

1-er niveau
• choix du type et
du matériau C.Prop.(Type) Æ Å Noyau
(Matériau linguistique)
réalisé en structure
de surface par des
morphèmes spécifiques:
d’assertion ÆVous travaillez.
d’interrogation ÆVous travaillez?
Æ Travaillez-vous?
d’injonction Æ Travaillez!
d’exclamationÆComme vous travaillez bien!
Tiens! Vous travaillez!
6
Les constituants immédiats sont les éléments délimités par des
découpages successifs opérés sur la phrase à chaque niveau en respectant la
hiérarchie des éléments. Le point de départ de l’analyse est constitué par la
phrase–unité maximum de la langue – et le point d’arrivée le morphème-
unimé minimale pourvue de sens. A chaque niveau de l’analyse on distingue
deux constituants, appelés constituants immédiats parce qu’ils «constituent
immédiatement» l’unité immédiatement supérieure (ils sont indispensables
pour l’existence et le fonctionnment de l’unité immédiatement supérieure).
Le concept a été introduit en linguistique par R. Bloomfield et les linguistes
américains. Cf. N. Ruwet, Introduction à la grammaire générative, Paris,
Plon, 1967; J. Dubois et F. Dubois-Charlier, Analyse distributionnelle et
structurale, in Langages nr.20.
11
de négationÆ Vous ne travaillez pas.
Ne travaillez-vous pas?
Tiens! Vous ne travaillez pas!
d’emphaseÆLui, il ne travaille plus.
C’est Marie qui vous appelera.
de passifÆ Ce texte a été traduit par Marie.

Le C.Prop. (types obligatoires – l’assertion, l’interrogation,


l’injonction et l’exclamation – et types facultatifs – la négation,
l’emphase, le passif et l’impersonnel) et le Noyau sont des CI de la
Phrase, dominés par le symbole Ph.
Les types obligatoires s’excluent réciproquement. Chaque phrase
est marquée par un seul type obligatoire. Un type obligatoire se
combinent avec un ou plusieurs types facultatifs.

Vous ne travaillez pas. [+ assertion; + négation]


Lui, il ne travaille pas aujourd’hui. [+assertion; +négation;
+emphase]
Lui, il n’a pas été invité au spectacle.[+assertion; + négation;
+emphase; +passif]

2-ème niveau
• choix des CI du Noyau
Noyau

GN1Æ ÅGPréd.
Vous travaillez.
Vous travaillez à l’Université.
Mes amis étudient le français à l’Université.
Mes amis sont invités au spectacle de ce soir.

Le Noyau est le CI dominé par le symbole Ph. Il domine deux CI:


le GN1 et le GPréd..
Entre le GN1 et le GPréd. s’établissent des relations
d’interdépendance (appelées aussi relations de double implication, de
solidarité ou de complémentarité).

12
3-ème niveau GPréd.
• choix des CI du GPréd.
GV ÅGAdv.
Vous travaillez à la mairie.
Vos amis arriveront bientôt.
Nous attendrons nos amis à la gare.

Le GPréd. est le CI dominé par le Noyau. Il domine le GV et le


GAdv. Entre le GV et le GAdv. s’établissent des relations de
dépendance (appelées aussi relations de sélection) orientées du GAdv.
vers le GV. Le GAdv. est un constituant facultatif.
le 4-e niveau GV
• choix des CI du GV
MVÆ Å Dt.
Vous préparez vos examens.
Vous offrez des fleurs à votre
mère.
Vous parlez de vos examens.
Ils s’attendent à être invités à la
réunion.

Le GV domine le verbe et les déterminants, des constituants qui


sont conditionnés par le thème du verbe. Ce sont des compléments
d’objet direct, d’objet indirect ou des compléments prépositionnels. Ils
sont demandés par une certaine incomplétude sémantique du verbe.
Entre le MV et ses Dt les relations qui s’établissent sont
d’interdépendance.
Ce modèle, appelé aussi modèle syntagmatique, a été
ultérieurement reformulé et complété par la notion de transformation,
susceptible d’expliquer:
(a) les phénomènes de discontinuité qui caractérisent la chaîne.
Par exemple, la relation qui s’établit entre la phrase passive et la phrase
active. La phrase:
Pierre sera bientôt nommé ambassadeur par le Président de la
République.
est une phrase résultant de la transformation de passivisation de la
phrase:
13
Le Président de la République nommera bientôt Pierre
ambassadeur.
(b) les différences de signification entre des phrases de structure
apparemment identique. La phrase:
La reconnaissance des enfants.
est ambiguë. Elle se laisse décoder de deux manières suivant le
sens qu’on prête au nom reconnaissance:
Æ Les enfants ont été reconnus.
Æ Les enfants manifestent un sentiment de reconnaissance /
sont reconnaissants.
La présence du CProp. dans le schéma de la phrase s’explique par
la notion de transformation.
La transformation des symboles représentant les constituants
immédiats de la phrase et les différentes transformations en structures
terminales7 se réalise à l’aide de plusieurs types de règles8:
• des règles de réécriture ou règles syntagmatiques – qui forment
l’indicateur syntagmatique de base:
– Ph Æ GN + GV – règle indépendante du contexte (n’importe
quelle phrase présente cette structure);
– GV Æ MV ±Dt – règle indépendante du contexte;
– l’accord Sujet – Verbe – règle dépendante du contexte (la
marque de nombre du verbe est donnée par la marque de nombre du sujet).
• des règles de transformations qui convertissent une phrase ayant
une structure de constituants donnés en une nouvelle phrase qui possède
une structure de constituants dérivés:
– la pronominalisation:
Pierre parle. Æ Il parle.
Je vois Pierre Æ Je le vois.
– la passivisation:
Pierre a écrit cette poésie Æ Cette poésie a été écrite par Pierre.
• des règles morpho-phonémiques (ou phonologiques) qui
convertissent les séquences de morphèmes en séquences de phonèmes

7
On appele structure terminale, la phrase à forme graphique et/ou
sonore qui s’inscrit dans un texte/discours écrit ou oral.
8
Pour des des détails sur les systèmes de règles qui permettent la
transformation de la structure profonde en structure de surface, voir aussi le
cours de linguistique générale ou Jean Dubois et all. Dictionnaire de
linguistique, Larousse, Paris, 1973.
14
pour constituer des suites terminales, des phrases repérables et
décodables par les locuteurs.
••• En grammaire des cas9, la phrase est conçue comme une
structure dictée par les traits sémantiques et les latitudes combinatoires
du verbe qui est considéré le pivot de la phrase. L’analyse et la
description de la phrase engagent, en égale mesure, le niveau profond et
le niveau de surface.
Au niveau très profond, appelé aussi niveau sous-jacent, sont
repérés les relations logico-sémantiques que le verbe – le prédicat –
entretient avec les groupes nominaux qui l’accompagnent.
Les groupes nominaux désignent les participants à l’action ou à
l’état décrits par le verbe. Ils sont appelés cas ou arguments.
La relation qui s’établit entre le prédicat et chaque argument ou
cas est appelée relation casuelle ou rôle.
Les relations casuelles ou les rôles, en tant que relations entre
les éléments de la situation que présente une phrase, sont des relations
fondamentales qui doivent étre décrites au niveau profond qui est «le
niveau fondamental et premier»10 de constitution de la phrase.
Les phrases «de surfaces» sont le résultat de diverses
transformations appliquées à la structure profonde.
Les transformations visent, entre autres, la distribution d’un des
syntagmes nominaux en position privilégiée dans la structure de la
phrase, la position de sujet de surface, ou en position de complément
d’objet direct, ce qui entraîne des modifications dans la position
occupée par les constituants disloqués:
Pierre a cassé la vitre avec sa balle.
La balle a cassé la vitre.
La vitre a été cassée par Pierre.
Les fonctions syntaxiques, les notions de sujet et d’objet,
doivent étre décrites au niveau de la structure de surface.
Le sens de la phrase est déterminé au niveau de «la structure
profonde» où les relations entre les éléments qui constituent la situation
relatée apparaissent de manière explicite.

9
voir Charles Fillmore, The Case for Case, in BACH and HARMS
eds. , 1968, p.1-88;
John M. Anderson, La grammaire casuelle, in Langages nr. 38/ juin
1975, p. 18-64.
10
Voir Ch. Fillmore, Op. cit.; F. Dubois-Charlier, Les premiers
articles de Fillmore in Langages nr. 38/ 1975, p. 3-17
15
Au niveau de la structure sous-jacente, on distingue: le Contenu
propositionnel proprement dit et la Modalité.
Le contenu propositionnel comprend seulement le verbe et des cas
qui désignent les participants à l’action/l’état décrits par le verbe (une
série d’éléments nominaux qui portent l’étiquette de leur rôle).
Par l’étiquette de Modalité on désigne les éléments qui marquent
le temps, l’aspect, l’interrogation, la négation ou des relations logiques
(réalisées par des adverbes ou syntagmes prépositionnels qui portent sur
la phrases tout entière).
Les noms des rôles (ou les étiquettes qui les individualisent) ont
été empruntés aux langues qui marquent explicitement ces relations par
des formes casuelles (le latin, par exemple), respectivement Agentif,
Objectif, Datif, Instrumental et Locatif.
Chaque proposition est représentée par le verbe et les cas (les
éléments nominaux) pertinents (définitoires) pour la sous-classification
des verbes11.
La représentation arborescente de la phrase en structure profonde
peut revêtir la forme suivante:
Ph

M(modalité) Prop (proposition)

V(verbe) Cas1 Cas2 Cas3 Casn

K GN K GN K GN K GN

Le symbole K représente le marqueur de la relation casuelle12.


Les arguments du verbe se distinguent entre eux par la nature de
la participation au procès désigné par le verbe.

11
Le schéma propositionnel centré sur le verbe et les cas pertinents
pour sa caractérisation apparaissent de la manière suivante: Le médecin a
guéri Pierre avec ce médicament. V (guérir) + Obj.(Pierre) + Inst. (avec ce
médicament) + Ag. (le médecin). Pierre a guéri avec ce médicament. V
(guérir) + Obj. (Pierre) + Inst. (avec ce médicament). Ce médicament a
guéri Pierre. V (guérir) + Obj. (Pierre) + Inst. (ce médicament).
12
Voir T. Cristea, Relations et formes casuelles en français contemporain,
Bucureşti, 1976. Al. Cuniţă, Le verbe et ses arguments, Bucureşti, 1979.
16
Ces arguments peuvent représenter:
– l’Agent, appelé Agentif -le cas du participant actif à la
réalisation du procès, l’instigateur animé de l’action ou de l’événement
désigné par le verbe. Le verbe comporte le trait [+action]:
L’enfant a cassé la vitre.
Sophie n’a pas répondu à votre question.
– la Force (assimilée parfois à l’Instrument) – le cas de l’actant
non animé impliqué dans l’action non contrôlée spécifiée par le verbe:
Le vent a cassé la vitre.
La pluie a abîmé la récolte.
– l’Instrument, appelé Instrumental – le cas de l’objet impliqué de
manière causale dans l’action ou l’événement désignés par le verbe:
La vitre a été cassée par l’enfant avec une pierre.
La pierre a cassé la vitre.
– le Datif – le cas de l’être animé affecté par l’action ou par l’état
désignés par le verbe. L’étiquette de Datif couvre plusieurs relations
casuelles:
– l’Expérimentateur – (appélé aussi Ressenteur) – le cas de l’être
animé affecté par un événement psychologique, en ce sens qu’il reçoit,
accepte, expérimente ou subit l’effet d’un procès:
L’enfant aime le chocolat.
Le chocolat ne lui plaît pas.
L’enfant a peur.
– la Cible (ou le Bénéficiaire) – le cas de l’être animé qui se
constitue en point final du transfert de quelque chose:
La mère a donné du chocolat à l’enfant.
La mère lui a donné du chocolat.
J’ai prété mon dictionnaire à ma collègue.
Je lui ai prété mon dictionnaire.
– la Source (ou le Perdant) – le cas de l’être animé qui se
constitue en point initial du transfert de quelque chose vers quelqu’un:
On a volé le portemonnaie à ma voisine.
On lui volé le portemonnaie.
J’ai emprunté un livre à ma collègue.
Je lui ai emprunté un livre.
– l’Objectif – le cas de la personne ou de la chose impliquées de
manière nécessaire dans la réalisation du procès (qui indique l’objet qui
est affecté ou qui accompagne l’action désignée par le verbe):

17
L’enfant a cassé la vitre.
L’enfant cherche sa mère.
La vitre a été cassée par l’enfant.
– le Locatif – le cas qui désigne le lieu où se passe le procès ou
bien le lieu où se manifeste l’état désigné par le verbe:
Pierre se promène dans la rue.
Pierre a quitté la ville depuis deux jours.
Cette rue mène à l’Université.
La phrase Le médecin a guéri Pierre avec ce médicament. sera
représentée de la manière suivante:
Ph

Modalité Prop

V Objectif Instrumental Agentif

K GN K GN K GN K GH

[+passé] guérir ø Pierre (avec) ce médicament (par) par


le médecin le médecin
[+accompli]
[+assertion]
Dans la démarche qui sera adoptée pour la description de la
phrase noyau, les éléments de théorie seront empruntés aux deux
modèles présentés ci-dessus, le modèle de l’Analyse en constituants
immédiats et la grammaire des cas.
La description de la structure, du statut de chaque élément
constitutif de la phrase et les relations syntagmatiques que le constituant
envisagé contracte avec les autres éléments sera faite à partir du modèle
de l’analyse en constituants immédiats dans la représentation faite par la
grammaire générative et transformationnelle. Pour le CProp (constituant
propositionnel) seront valorisés aussi des éléments de la théorie de
l’énonciation.
L’analyse en constituants immédiats permet de mettre en
évidence un ordre partiel projeté sur l’ordre total de la chaîne (phrase).
Sont ainsi mises en évidence les relations:
18
• entre les constituants qui peuvent être:
– des relations de dépendance (appelées aussi des relations
d’implication unilatérale);
– des relations d’interdépendance (appelées aussi des relations de
solidarité ou de double implication);
– des relations de coexistence (ou d’autonomie)
• entre le constituant et le constitué qui peuvent être:
– des relations endocentriques (le constitué appartient à la même
classe de distribution que le constituant): ce sont les relations qui
s’établissent entre les termes du groupe nominal, respectivement entre
le nom centre et ses déterminants (adjectifs, groupes nominaux
prépositionnels ou propositions relatives) qui se maintiennent au même
niveau fonctionnel (celui du groupe nominal). Le groupe assume la
même fonction au niveau immédiatement supérieur, celui de la phrase:
X + Y = X:
X – centre (noyau) de groupe nominal – les étudiants
Y – déterminants du centre nominal – jeunes / de la première
année/ qui passent l’examen la semaine prochaine
X – groupe nominal
Les étudiants travaillent dans la bibliothèque.
Tous les jeunes étudiants travaillent dans la bibliothèque.
Tous les étudiants de la première année travaillent dans la
bibliothèque.
Les étudiants qui passent l’examen la semaine prochaine
travaillent dans la bibliothèque.
– des relation exocentriques (le constitué appartient à une classe
de distribution différente que celle des constituants): ce sont les
relations qui s’établissent entre le groupe nominal et le groupe verbal.
L’unité qui résulte assume une fonction différente de celle assumée par
chacun des constituants qui entrent en combinaison. Elle acquiert la
fonction de phrase:
X+Y=Z
X – groupe nominal – Les étudiants
Y – verbe – travaillent; groupe verbal – préparent les examens.
Z – phrase – Les étudiants travaillent.
Les étudiants préparent les examens.
La représentation arborescente met en évidence une représentation
intégrée, plus complexe, donnée par la complexité des relations qui sous-

19
tendent la phrase, notamment: le degré de dépendance des CI de la phrase
et la hiérarchie entre les différents CI.
Les traits caractéristiques de la phrase (la nature des relations qui
s’établissent entre ses constituants) et les niveaux auxquels se situent
ces particularités se laissent mettre en évidence par certaines
manipulations (appelés ausi tests d’identification et de caractérisation):
(1) le test de l’omission (de l’effacement ou de la suppression)
démontre que dans toute phrase certains termes sont obligatoires: ils ont
le statut de termes fondamentaux et sont indispensables espour
l’existence de la phrase. D’autres termes sont facultatifs: ils peuvent être
supprimés sans que cela entraîne la destruction de la phrase.
Dans la phrase:
Olivier regardait l’étiquette de la bouteille de vin blanc. (RS:173)
on peut supprimer les séquences: de la bouteille et de vin blanc.
La construction qui en résulte:
Æ Olivier regardait l’étiquette.
garde son statut de structure complète, donc le statut de phrase. La
suppression d’un des termes: Olivier, regardait et l’étiquette entraîne la
destruction de la phrase, les constructions qui en résultent n’étant plus
correctes grammaticalement et sémantiquement:
Æ *Regardait l’étiquette.
Æ *Olivier l’étiquette
Æ *Olivier regardait13.
(2) le test de l’addition démontre qu’on ne peut ajouter à une
phrase (aux termes obligatoires) que certains termes admis par le noyau
verbal.
La phrase:
Olivier regardait l’étiquette.
admet comme extension:
– soit des compléments circonstanciels de manière: avec attention,
attentivement, l’air distrait, sémantiquement compatibles avec les traits
inhérents du verbe regarder [+dynamique], [+perception]:
Olivier regardait avec attention/ attentivement/ l’air distrait
l’étiquette de la bouteille…

13
La construction Olivier regardait. est incomplète. Il lui manque le
complément d’objet direct, obligatoire auprès du verbe regarder qui est
transitif.
20
– soit des compléments temporels compatibles avec les catégories
grammaticales d’aspect et de temps qui marquent la forme d’imparfait
du verbe:
A ce moment-là / Depuis quelques moments, Olivier regardait
l’étiquette de la…
D’autres expansions sont refusées soit par les traits sélectifs du
verbe soit par les marques aspectuelles et temporelles actualisées:
Æ *Olivier regardait vite / soudainement l’étiquette.
Æ *Demain/La semaine prochaine, Olivier regardait l’étiquette.
Il résulte de ces transformations que le verbe est le constituant qui
sélecte aussi bien les termes obligatoires que les termes facultatifs.
(3) le test du déplacement démontre que, dans la phrase, il y a
des termes qui s’agencent dans un ordre déterminé, dont le déplacement
entraîne la destruction de la phrase, tandis que d’autres termes ont une
position libre et se laissent déplacer.
Dans la phrase:
Olivier regardait l’étiquette de la bouteille de vin blanc.
aucun des termes obligatoires ou facultatifs ne se laisse déplacer.
Tout changement de l’odre des termes donnés entraîne la destruction de
la phrase:
Æ * Regardait Olivier l’étiquette de la bouteille de vin blanc.
Æ *L’étiquette de la bouteille de vin blanc Olivier regardait.
Æ * Regardait l’étiquette de la bouteille de vin blanc Olivier.
Dans la phrase:
A ce moment-là, Olivier regardait l’étiquette de la bouteille de vin
blanc.
le constituant à ce moment-là se laisse déplacer sans que cela
entraîne des modifications dans le statut et le sens de la phrase:
Olivier regardait, à ce moment-là, l’étiquette de la bouteille de
vin blanc.
Olivier regardait l’étiquette de la bouteille de vin blanc à ce
moment-là.
Rapportée à l’ensemble des unités linguistiques qui forment la
langue, la phrase se définit comme l’unité linguistique maximum de
la langue, fonctionnelle au niveau du discours. Elle diffère des autres
unités de discours (morphèmes, mots, syntagmes) par plusieurs points:
– elle est consituée de signes mais elle n’a pas le statut de signe;
– elle n’a pas le statut de constituant immédiat d’une unité
immédiatement supérieure;
21
– son fonctionnement n’est caractérisé ni par la distribution, ni par
l’emploi comme le sont les autres signes linguistiques.
Analytiquement, si l’on prend en compte les trois plans dans
lesquels la phrase se manifeste, le plan graphique, le plan morpho-
syntaxiques et le plan sémantique, on peut la définir comme la suite
d’unités linguistiques, délimitée par deux pauses absolues,
marquée, dans le code écrit, par la majuscule au début et par le
point, le point virgule, les points de suspension à la fin et, dans le
code oral, par une courbe mélodique spécifique (en fonction du type
de la phrase), structurée selon des règles morphosyntaxiques
spécifiques, ayant un sens complet admis par les locuteurs natifs.
La phrase est conçue comme une construction qui obéit à
certaines règles, une structure hiérarchique dans laquelle les
éléments se combinent en fonction de règles strictes.

22
2. CRITÈRES DE CLASSIFICATION DES PHRASES

Les critères qui permettent de classer les phrases sont soit des
critères formels soit des critères de contenu.
Les critères formels visent:
a/ le statut obligatoire ou facultatif des constituants, qui permet
de distinguer la phrase minimale (qui ne comporte que les termes
obligatoires, respectivement le GN1 et le GV) et la phrase étendue (qui,
en dehors de termes obligatoires, comporte aussi des termes facultatifs –
des déterminants de type adjectival ou nominal – des modifieurs ou des
ajouts du nom: épithète, complément du nom ou proposition relative – ou
de type adverbial (GAdv.), à statut d’ajouts ou d’expansion du verbe,
réalisés par des groupes nominaux ou par des substituts: des compléments
circonstantiels de temps, de lieu, de manière ou d’instrument):
phrase minimale /vs./ phrase étendue
Le spectacle a commencé. Le spectacle a commencé
à 18 heures.
Pierre a offert des fleurs à sa mère. Hier soir, Pierre, le frère
de mon amie, a offert des
fleurs à sa mère.
Pierre attend ses amis. Pierre attend ses amis
dans le hall de l’Université.
Pierre se débrouille. Pierre se débrouille bien
depuis quelque temps.
Les gens sont aimables. Les gens sont hospitaliers
dans cette région.
b/ le nombre des constituants obligatoires permet de distinguer
la phrase binaire (qui comporte deux termes obligatoires – le GN1 – le
sujet – et le GV– le prédicat centré sur un verbe de type avoir) et la
phrase ternaire (qui comporte trois termes obligatoires, respectivement
le GN1 – le sujet – et le Verbe copulatif et l’Attribut qui forment le
prédicat):
23
phrase binaire /vs./ phrase ternaire
Le spectacle a commencé. Le spectacle est amusant.
Le public applaudit les acteurs. Le public avait l’air content.
Les étudiants parlent au professeur. Mon frère trouvait ce livre
interessant.
c/ le nombre de noyaux verbaux qui entrent dans la structure de
la phrase permet de distinguer la phrase simple (la structure centrée sur
un seul verbe) et la phrase complexe, appelée aussi phrase moléculaire
(la structure centrée sur plusieurs verbes, autrement dit la phrase structurée
de plusieurs phrases à statut de constituants immédiats de la phrase matrice,
reliés par la subordination, par la coordination ou par la juxtaposition):
phrase simple /vs./ phrase complexe
(moléculaire)
Le spectacle commence à 18 heures. Le spectacle qui vous intéresse
commence à 18 heures.
Le spectacle commence à 18
heures mais je n’arriverai
qu’à 19 heures
Ce livre m’intéresse beaucoup. J’ai acheté ce livre quand
j’ai été à Paris.
Paul s’est absenté. Paul s’est absenté parce qu’il
est malade.
Paul s’est absenté à la réunion
et il ne nous a pas avertis.
Paul, qui voulait voir ce qui se
passe dans la rue, s’est dirigé
vers la fenêtre, l’a ouverte
largement et a regardé le
spectacle.
Les critères de contenu – les fonctions communicatives –
permettent de distinguer les types suivants:
– la phrase assertive:
Il fait beau.
Les enfants s’amusent dans la cour de l’école.
Le jeudi, nous n’avons pas de cours.
Pierre s’est absenté parce qu’il est malade.
– la phrase interrogative:
Quel temps fait-il à Bucarest?
Où, les enfants, s’amusent-ils?
Quand est-ce que nous n’avons pas de cours?
24
Pourquoi Pierre s’est-il absenté?
– la phrase exclamative:
Quel beau temps!
Comme ils sont gentils, ces enfants!
Si on n’avait pas de cours aujoud’hui!
– la phrase injonctive:
Amusez-vous bien, les enfants!
Allez vous promener! (Vous n’avez pas de cours aujourd’hui.)
Faisons attention! Ne soyons pas distraits!
En termes de la grammaire générative transformationnelle et de la
grammaire des cas, ces types de phrases s’inscrivent sous le noeud
Modalité.
3. Le cours sera consacré à la description des constituants de la
phase simple, la phrase centrée sur un seul noyau verbal.
Ce type de phrase peut comporter des sous-prédications
représentées par des subordonnées intégrées à statut de déterminants
auprès des constituants de base. Il s’agit de:
– la proposition relative intégrée au GN (groupe nominal):
La personne qui s’occupe de cette affaire est absente.
La (Cette) personne est absente Æ phrase de base
…. est absente. Æ prédication de base
… qui s’occupe de cette affaire. Æ proposition subordonnée,
déterminant du nom personne
… s’occupe de cette affaire Æ sous-prédication
La proposition relative n’est que l’expansion d’un nom. Introduite
par un pronom relatif, co-référent du nominal qu’il représente (argument
non autonome), elle est strictement dépendante du nom antécédent.14
14
Cette relation intime entre la proposition relative et son antécédent
est appelée par Claude Muller relativation et est décrite comme il suit:
« On entendra par relativation le processus syntaxique qui permet
d’obtenir, à partir d’un constituant non verbal (l’antécédent) un constituant
complexe comportant à sa tête ce constituant, et, en complément, une
proposition dans laquelle un des actants (au sens large: incluant les
circonstanciels) est interprété comme étant coréférent à l’antécédent.[...]
La relativation comporte donc une relation anaphorique entre un
antécédent (la tête) et un argument de la subordonnée. On a parfois tendance
à y voir la caractéristique principale de ce type de subordination. »
(C. Muller, 1996, La subordination en français, Armand Colin/
Masson, Paris, p. 20-21)
25
– la proposition conjonctive intégrée au GN (groupe nominal):
L’idée que ses parents sont en difficulté le tracasse.
L’(Cette)idée le tracasse. Æ phrase de base
…. (le) tracasse Æ prédication de base
… que ses parents sont en difficulté Æ proposition subordonnée,
déterminant du nom idée
… sont en difficulté Æ sous-prédication
La proposition conjonctive15 est régie par certains noms abstraits
et introduite par la conjonction que. Comme dans le cas de la
proposition relative, il s’agit d’une subordonnée strictement dépendante
du nom qui la régit.
– la proposition complétive intégrée au GV (groupe verbal):
Le professeur a constaté que plusieurs étudiants sont absents.
…(que) plusieurs étudiants sont absents Æ proposition subordonnée,
constituant du GV( à statut de déterminant du verbe constater, verbe
transitif qui demande nécessairement une complétude syntaxique).
Ces trois types de propositions subordonnées appartiennent donc à
la phrase-noyau, qui se distingue de la phrase complexe justement par
l’expression d’une seule prédication (qui peut inclure dans la structure
de ses GN ou dans le GV des sous-prédications non autonomes
syntaxiquement et sémantiquement, du type proposition relative,
proposition conjonctive, proposition complétive).

15
Cf. T. Cristea, 1979, Grammaire structurale du français
contemporain, Bucuresti, EDP, p. 165-168.
26
DEUXIÈME PARTIE
LES CONSTITUANTS IMMEDIATS
DE LA PHRASE SIMPLE

27
28
1. LE CONSTITUANT PROPOSITIONNEL
(LES TYPES DE PHRASE)

Les types de phrase, constituant représenté dans l’arbre génératif


par le symbole CProp. (constituants propositionnels) ou Const de PH
(constituant de phrase), précisent le statut de la phrase dans la
communication.
En approche énonciative, qui s’appuie sur l’analyse des actes de
langage16, le constituant de phrase est étiqueté comme modalité
d’énonciation.
Autrement dit, ce constituant traduit le choix du locuteur quant au
type de communication qu’il veut instaurer avec son interlocuteur:
– lui communiquer une information, faire une constatation –
asserter quelque chose;
– lui poser une question pour avoir la confirmation ou l’infirmation
d’une supposition ou bien pour lui demander une information;
– demander à son interlocuteur de faire quelque chose;
– exprimer son état d’âme, ses sentiments ou son jugement face à
un interlocuteur qui a le statut de témoin; on pourrait déceler dans
l’intention de communication de l’énonciateur le désir d’obtenir
l’adhésion de l’interlocuteur.
On distingue:
* quatre modalités d’énonciation ou types de phrases obligatoires
(la phrase assertive, la phrase interrogative, la phrase impérative et la
phrase exclamative17) qui s’excluent réciproquement:

16
Cf. J.L, Austin, Quand dire c’est faire, Editions du Seuil, Paris,
1970.
J., SEARLE, Les actes de langage. Essai de philosophie du langage,
Hermann, Paris, 1972.
17
Dans certaines approches, le type de phrase exclamatif est exclu des
types obligatoires, l’exclamation étant considérée comme un degré d’intensité
que les trois types (l’assertion, l’interrogation et l’injonction) peuvent prendre. Cf.
T. Cristea, C.-S., Stoean Modalités d’énonciation, Editura ASE, 2004, p.9-10;
R., Tomassone, Pour enseigner la grammaire, Delagrave, 2002, Paris, p.117.
29
Nous sommes libres ce soir.
Tu es libre ce soir?
Expédiez ce message par e-mail!
Il comprend tellement vite!
Les phrases assertive, interrogative et impérative se rapprochent
par le fait qu’elles sont centrées sur l’énonciateur et sur les relations que
celui-ci entretient avec son interlocuteur, tout acte de communication
étant, par sa nature, dialogique. En plus, elles se laissent modifier par la
négation (transformation que la phrase exclamative n’admet pas), par
l’emphase (la phrase exclamative est, de par son contenu, même
marquée par l’emphase) ou par la transformation passive.
* plusieurs types facultatifs qui se combinent avec les types
obligatoires et entre eux. Les types facultatifs de phrase sont: la phrase
affirmative / la phrase négative, la phrase neutre / la phrase emphatisée,
la phrase active / la phrase passive, la phrase ou la construction
personnelle / la phrase ou la construction impersonnelle.
On peut, par conséquent avoir des combinaisons du type:
[+assertif],[+ affirmatif],[+actif],[+ emphase]
Æ C’est Pierre qui a raté le train.
[+interrogatif],[+ négatif], [+passif]
Æ Qui n’a pas été invité à cette réunion?
[+imperatif], [+négatif], [+actif]
Æ Ne vous dérangez pas!
[+assertif], [+affirmatif], [+impersonnel]
Æ Il est difficile de travailler dans ces conditions.
Les types facultatifs, qui se caractérisent par la modification de la
structure syntaxique de chacun des types obligatoires ne sont pas de
simples variations de forme laissées au choix arbitraire du locuteur. Les
modifications sont imposées par les necessités de la communication
(thématisation, focalisation, etc.). Par exemple, les phrases assertive,
assertive emphatique et assertive passive ne peuvent pas être
employées, dans un texte, indifféremment l’une pour l’autre:
Ce livre a remporté le plus grand succès à la foire de la rentrée.
C’est ce livre qui a remporté le plus grand succès à la foire de la
rentrée.
Le plus grand succès à la foire de la rentrée à été remporté par ce
livre.

30
La description des types de phrase suppose à la fois une approche
énonciative (description en termes de fonctions discursives des
structures linguistiques spécifiques) et une approche syntaxique qui sera
privilégiée, dans la mesure où notre intention est de fixer les
caractéristiques morphologiques et syntaxiques de ces types de phrase.

1.1. La phrase interrogative


1.1.1. Définition et caractérisation
La phrase interrogative est un type obligatoire de phrase qui peut
se combiner avec un ou plusieurs types facultatifs (l’affirmation ou la
négation, le passif, l’emphase, l’impersonnel).
Ce livre, vous intéresse-t-il?
Ce livre ne vous intéresse-t-il pas?
Tous les problèmes ont été réglés?
Certains problèmes n’ont pas encore été réglés?
Y a-t-il des problèmes qui ont été réglés?
La phrase interrogative est la phrase marquée, dans le code oral, par
une courbe mélodique ascendante (par une intonation d’inachèvement) et,
dans le code écrit, par un signe d’interrogation. Dans des situations
données, elle comporte dans sa structure un morphème interrogatif.
Il part en vacances? Æ courbe mélodique:
Qui part en vacances? Æ mot interrogatif: qui
Où part-il en vacances? Æ mot interrogatif: où

Types d’interrogations
Le type de l’interrogation est donné par plusieurs facteurs:
(1) la nature de la réponse, qui peut être:
• oui (une confirmation) ou non (une infirmation). Ces deux
types de réponses permettent de distinguer: l’interrogation de
confirmation et l’interrogation d’infirmation.
-Ont-ils donné leur accord?
-Oui. / Non.
Du point de vue logique, l’interlocuteur confirme ou infirme la
présupposition du locuteur, présupposition exprimée sous forme
d’interrogation.
Du point de vue linguistique, la phrase interrogative a le statut
d’une phrase organisée, simple ou complexe, marquée par l’intonation
ascendente doublée ou non d’un morphème interrogatif spécifique
31
(Vous partirez demain soir? Est-ce que vous partirez demain soir?
Partirez-vous demain soir?)
La réponse à l’interrogation de confirmation ou d’infirmation est
exprimée par les substituts oui ou non (a) accompagnés ou non de la
phrase qui constitue le propos de l’interrogation marquée par des
morphèmes d’affirmation ou de négation ou (b) accompagnée d’indices
de certitude ou de probabilité réalisés per des adverbes ou par des
structures équivalentes. L’interrogation est, de ce point de vue, une
interrogation de confirmation ou d’infirmation:
– Est-ce que vous partirez demain soir?
– Oui, nous partirons demain soir. / Oui, sûrement.
– Non, nous ne partirons pas demain soir./Non, certainement pas.
– Vous partirez demain soir?
– Oui, sans doute. / Oui, je crois bien.
– Non, je ne crois pas.
• une information sur les protagonistes du procès, sur la
personne ou la chose impliquées dans la réalisation du procès, sur les
circonstances dans lesquelles se passe l’action.
Du point de vue logique, le locuteur demande à son interlocuteur
une information sur un problème, un aspect d’un problème qui lui sont
inconnus. L’auditeur donne cette information / ces informations dans sa
réponse.
Linguistiquement, la phrase interrogative comporte un constituant
réalisé par un morphème interrogatif (un pronom, un prédéterminant ou
un adverbe).
La réponse revêt la forme d’une phrase organisée complexe qui
reprend la proposition interrogative mais ayant à la place du morphème
interrogatif un constituant de proposition.
– Qui a fini ses exercices?
– Moi, j’ai fini mes exercices.
– D’où venez-vous?
– Je viens de l’Université.
(2) l’incidence syntagmatique ou la portée de la question: la
question peut être incidente au verbe et, dans ce cas, à toute la phrase:
l’interrogation est totale; elle peut être incidente à un constituant autre
que le verbe et dans ce cas l’interrogation est partielle.

32
interrogation totale interrogation partielle
– Sont-ils d’accord? – Qui a donné son accord?
– Oui. / Non. – Le directeur économique a donné
son accord.
– Partent-ils en vacances?
– Oui, la semaine prochaine.
– Où partent-ils en vacances?
– À la montagne.
(3) le type de communication qui peut être: directe (les deux
interlocuteurs se trouvent face à face) ou indirecte (les interlocuteurs
sont à distance l’un de l’autre, dans l’espace ou dans le temps);
l’interrogation sera interrogation directe et interrogation indirecte:

interrogation directe interrogation indirecte


– Veulent-ils nous accompagner? Je voudrais savoir s’ils veulent
nous accompagner.
– Qui veut nous accompagner? Je ne sais pas qui veut nous
accompagner.
Le critère adopté dans la description de la phrase interrogative est
celui de l’incidence syntaxique de la question.
1.1.2. Réalisateurs de l’interrogation directe
A. Les réalisateurs de l’interrogation totale
(a) la courbe mélodique montante est le moyen spécifique du
code oral. Elle est employée dans le dialogue, étant accompagnée aussi
par les gestes et l’attitude:

– Il est avec vous?


– Non, il est parti.

– Je peux les accompagner à la gare?


– Oui, pourquoi pas.
En général, c’est une interrogation qui porte sur un élément
référentiel inconnu par le locuteur.
L’interrogation mélodique est spécifique de la langue courante.
Elle est en variation avec la périphrase interrogative ou avec l’inversion.

33
L’interrogation mélodique est la seule possible lorsque la réponse
à la question se trouve dans le contexte situationnel.
– Vous avez trouvé votre chien? (le chien est présent dans la
situation de communication)
(b) l’inversion du sujet est spécifique des phrases où le sujet est
réalisé par des pronoms personnels:
– A-t-il été au cinéma?
– Avez-vous trouvé vos places?
– As-tu acheté les billets?
– Vous ont-ils attendus à la gare?
L’inversion peut être simple ou complexe.
L’inversion simple est spécifique des phrases où le sujet est
réalisé par un pronom personnel.
– As-tu compris ce qu’il a dit?
– A-t-il été au cinéma?
– Avez-vous des reproches à nous faire?
À la première personne du présent de l’indicatif ce procédé est
abandonné dans la langue familière et populaire et il est rare dans la
langue soignée. Dans la langue soignée, pour les verbes du 1-er groupe,
on ajoute un accent aigu sur la désinence muette:
Je parle. Æ Parlé-je?
J’écoute. Æ Ecouté-je?
Pour les autres groupes de verbes, l’inversion est exclue à
l’exception de certains verbes qui se terminent par une voyelle ou une
semi-voyelle:
Je suis. Æ Suis-je? Je puis.Æ Puis-je?
J’ai. Æ Ai-je? Je vais.Æ Vais-je?
Je fais.Æ Fais-je? Je sais. Æ Sais-je?
Pour les autres personnes l’inversion est possible surtout si le
verbe est à une forme verbale autre que l’indicatif présent:
Pourrait-il nous accompagner?
Avez-vous réussi à le contacter?
Etait-il au courant des derniers événements?
A la 3-ème personne du singulier, lorsque la forme verbale se
termine par une voyelle muette ou sonore, pour éviter l’hiatus, on ajoute
un t, appelé t euphonique:
A-t-il quelque chose à dire?
Sera-t-il présent à notre réunion?
Écoute-t-il la radio?
Parle-t-il avec ses camarades?
34
• l’inversion complexe est spécifique des phrases où le sujet est
réalisé par un GN ou par un pronom autre que les pronoms personnels
sujets et les pronoms ce et on. Le sujet grammatical reste devant le
verbe mais il est repris par un pronom sujet après le verbe:
– Pierre est-il arrivé?
– Ton frère va-t-il à la gare?
– Les vôtres sont-ils déjà là?
– Celle-là a-t-elle été enregistrée?
– Quelqu’un est-il là?
Ces formes d’interrogation sont plus fréquentes dans l’aspect écrit
de la langue et appartiennent à un registre plus soutenu.
• la périphrase interrogative: est-ce que…?
L’emploi de la périphrase interrogative exclut l’inversion du sujet.
– Est-ce que vous nous accompagnez à la gare?
– Est-ce qu’il sait où nous chercher?
Ce type d’interrogation est le plus fréquent dans le code oral
comme dans le code écrit. Il présente l’avantage de poser, dès le début
de la phrase une marque de l’interrogation, associée, dans le cours de
l’articulation de la phrase, à l’intonation interrogative spécifique:

– Est-ce que vous nous accompagnez à la gare?


• les exposants
Ce sont des formules figées, issues des phrases interrogatives
totales. Placées devant ou après d’autres phrases assertives, ces
formules leur confèrent une valeur de phrase interrogative. On emploie
les exposants dans le langage familier. L’inversion du sujet est exclue:
– Il est arrivé, n’est-ce pas?/...non? /…pas vrai?/... savez-
vous?/... ne croyez-vous pas?
– Ils ont toutes les chances pour réussir, ne pensez-vous pas?
B. Les réalisateurs de l’interrogation partielle
L’interogation partielle est réalisée par des morphèmes interrogatifs
(pronoms et adverbes interrogatifs) accompagnés toujours par la courbe
mélodique et parfois par l’inversion. L’interrogation partielle est incidente
au GN1 au GN2, au Gprép. (qui inclut aussi le GN3) ou au GAdv.
Qui veut répondre?
Que voulez-vous dire?
À qui voulez-vous adresser votre question?
Avec qui voulez-vous travailler?
35
(a) L’interrogation incidente au sujet est réalisée par le pronom
interrogatif qui présente des formes différentes suivant que le nominal
est marqué par les traits [+animé], [+personne] ou [-animé].
• le sujet est marqué par le trait [+personne]; l’interrogation est
réalisée:
– par la forme simple du pronom interrogatif qui…?;
– par la forme composée lequel, laquelle,... lorsque l’idée sous-
jacente est de sélection sur un ensemble.
Ces deux formes de pronom peuvent apparaître aussi en structure
renforcée qui est-ce qui…?, lequel est-ce qui…?
– Qui est entré? – Qui est-ce qui est entré?
– Lequel(d’entre eux) est parti? – Lequel (d’entre eux)
est-ce qui est parti?
• le sujet est marqué par le trait [-personne]; la forme que du
pronom, représentant la non personne, ne peut pas remplir la fonction
de sujet; par conséquent pour le sujet [-personne] il n’y a pas de forme
simple du pronom interrogatif. L’interrogation est réalisée par la forme
simple du pronom interrogatif que…? insérée dans la structure
renforcée et par la forme composée lequel, laquelle, ..., en structure
neutre ou en structure renforcée lequel est-ce qui…?
– Qu’est-ce qui est arrivé?
– Qu’est-ce qui t’intéresse dans cette exposition.
– Lequel de ces films a passé à la télé?
– De ces deux films, lequel est-ce qui a passé en ville?
(b) L’interrogation incidente au GN2 est réalisée par les
formes:
• qui…? en structure neutre et en structure renforcée qui est-ce
que…? dans le cas d’un nominal marqué par le trait [+personne]:

– Qui avez-vous rencontré? – Qui est-ce que vous avez


rencontré?
– Qui ton père a-t-il rencontré? – Qui est-ce que ton père a
rencontré?
– Qui ceux-ci veulent-ils voir? – Qui est-ce que ceux-ci
veulent voir?
• que…? et qu’est-ce que…? lorsque le nominal est marqué
par le trait [-personne]:
– Que dit-il? – Qu’est-ce qu’il dit?
– Que faites-vous là? – Qu’est-ce que vous faites là?
36
• lequel…? en structure neutre et en structure renforcée lequel
est-ce que…?
– Lequel (de ces livres) avez-vous choisi? – Lequel est-ce que
vous avez choisi?
– Lequel de ces étudiants recommandez-vous pour le concours?
– Lequel est-ce que
vous recommandez
pour le concours?
(c) L’interrogation incidente à l’attribut est réalisée par les
formes qui...?, que...? et quel…? en structure neutre et en structure
renforcée:
– l’attribut donne l’identité:
Cette femme est ma soeur. Æ Qui est cette femme?
Vous êtes leur professeur. Æ Qui est-ce que vous êtes?
– l’attribut porte sur la qualité:
Vous voulez devenir professeur. Æ Que voulez-vous devenir?
Æ Qu’est-ce que vous voulez devenir?
Il est un homme généreux. Æ Quel homme est-il?
(d) L’interrogation incidente au GPrép. centré sur un nominal
[+personne] est réalisée par les pronoms interrogatifs qui et lequel
accompagnés de préposition; ils peuvent apparaître en structure neutre
ou renforcée:
– à/ de/ avec/ pour/ contre qui…?
– à/ de/ avec/ pour/ contre qui est-ce que…?
– auquel / duquel/ pour/contre lequel…?
– auquel / duquel/ pour lequel / contre lequel est-ce que…?
– À qui parle t-il? – À qui est-ce qu’il parle?
– De qui parlez-vous? – De qui est-ce que vous parlez?
– Avec qui a-t-il collaboré? – Avec qui est-ce qu’il a collaboré?
– Avec lequel de ces partenaires voulez-vous travailler?
– Avec lequel de ces partenaires est-ce que vous voulez travailler?
L’interrogation portant sur le GPrép centré sur un nominal
comportant le trait [-personne] est réalisée par la forme quoi…?
accompagnée de la préposition, en structure neutre ou renforcée:
– à / de/ sur/ contre/ avec quoi…?
– à / de/ sur/ contre/ avec quoi est-ce que…?
– auquel / duquel/ pour / contre lequel…?
– auquel / duquel/ pour / contre lequel est-ce que…?
37
– A quoi penses-tu? – A quoi est-ce que tu penses?
– De quoi parle-t-il? – De quoi est-ce qu’il parle?
– Contre quoi s’est-il dressé? – Contre quoi est-ce qu’il
s’est dressé?
– Pour laquelle de ces propositions se sont-ils prononcés?
– Pour laquelle de ces propositions est-ce qu’ils se sont prononcés?
(e) L’interrogation incidente au GAdv. est réalisée par les
adverbes: quand…? où…? combien…? comment…? En structure
simple ou en structure renforcée:
– Quand êtes-vous arrivés? – Quand est-ce que vous
êtes arrivés?
– Comment vous débrouillez-vous? – Comment est-ce que vous
vous débrouillez?
(f) L’interrogation incidente au déterminant du GN est
réalisée par le prédéterminant interrogatif: quel, quelle, quels, quelles:
Quel livre a-t-il choisi? (Il a choisi un livre de français)
À quelle heure commence la réunion?
Quel jour vous conviendrait pour fixer la réunion?
Quelles sont les dates qui vous conviendraient?
1.1.3. L’interrogation indirecte
L’interrogation indirecte est la reformulation de l’interrogation
directe sous la forme d’une proposition subordonnée – complément
d’objet rattachée à un verbe régissant déclaratif (dire, répéter, vérifier)
à la forme de l’impératif, de sens interrogatif (se demander), aux
formes de l’indicatif, ou à un verbe de connaissance, de sémantisme
interne négatif ou nié (ne pas savoir, ignorer, oublier) aux formes de
l’indicatif:
Dites-moi à quelle heure commence la réunion.
Vérifiez si c’est correct.
Je me demande quelle heure il est.
J’ignore à quelle heure commence la réunion.
Dans l’interrogation indirecte on distingue les mêmes niveaux
d’incidence que dans l’interrogation directe.
Du point de vue de la structure on distingue:
Une proposition à verbe régissant du type: vouloir savoir, ne pas
savoir, ignorer, (se) demander et la proposition complétive rattachée
au verbe régissant par un relateur spécifique pour chaque niveau

38
d’incidence. Les verbes régissants sont appelés aussi des verbes
introducteurs de l’interrogation indirecte.
La proposition complétive (issue de la transformation de
l’interrogation totale directe) est rattachée au verbe introducteur
régissant par le relateur si:
interrogation totale directe interrogation totale indirecte
Avez-vous reçu mon message? Je veux savoir si vous avez
reçu mon message.
Est-ce qu’ils ont donné leur accord? Je veux savoir s’ils ont
donné leur accord.
Pour l’interrogation indirecte partielle, à l’exception de que’est-ce
qui et qu’est-ce que qui deviennent ce qui et ce que, les relateurs sont
les mêmes pronoms interro-relatifs et adverbes employés dans
l’interrogation directe:
interrogation partielle interrogation partielle
directe indirecte
– Qui a téléphoné? Je veux savoir qui a téléphoné.
– Qui cherchez-vous? Je me demande qui vous
cherchez.
– De qui parlez-vous? Je ne sais pas de qui vous
parlez.
– Qu’est-ce qui vous amuse? Je voudrais savoir ce qui vous
amuse.
– Que faites-vous là? Je me demande ce que vous
faites là.
– De quoi parlez-vous? J’ignore de quoi vous parlez.
– Où allez-vous? Je voudrais savoir où vous allez.
1.1.4. Les fonctions de la phrase interrogative
La phrase interrogative remplit, dans la communication, les
fonctions suivantes:
• appel de confirmation ou d’infirmation:
– Sont-ils arrivés?
– Oui. /Non.
• appel d’information:
– Qui a cassé la vitre?
– Le vent. / Une pierre jetée par un inconnu.

39
• appel au jugement de l’interlocuteur. La phrase est centrée sur
un verbe modalisateur du type: croire, trouver, penser, avoir
l’impression, considérer, dire.
Comment trouvez-vous ce livre? Qu’en pensez-vous?
Suivant l’attitude et l’intérêt que le locuteur porte au jugement de
son interlocuteur on distingue trois sous-types de questions à valeur
d’appel au jugement de l’interlocuteur:
(a) l’interrogation porte sur un prédicat de base qui n’a pas été
formulé; le locuteur est intéressé; c’est l’appel proprement-dit:
Comment avez-vous trouvé ce livre?
Comment considérez-vous son attitude?
(b) l’interrogation porte sur un prédicat de base sur lequel un
jugement a été déjà formulé et à l’égard duquel le locuteur est neutre:
Vous trouvez ce livre intéressant?
Vous croyez que son attitude est correcte?
(c) l’interrogation porte sur un jugement formulé explicitement.
Le locuteur demande la confirmation de l’opinion exprimée dans la
phrase interrogative qu’il formule:
Ce livre est intéressant, ne trouvez-vous pas?
Il a agi correctement, ne croyez-vous pas?
• appel à l’univers cognitif de l’interlocuteur: le locuteur compte
sur la capacité de son interlocuteur de lui fournir des informations. La
question est structurée sur les verbes: savoir et pouvoir:
Savez-vous où a eu lieu la réunion du Conseil d’Administration?
Pouvez-vous nous dire quelle est la route qui mène au monastaire?
• appel d’adhésion:
N’ai-je pas raison? J’ai raison, n’est-ce pas?

1.2. La phrase exclamative


1.2.1. Définition et caractérisation
La phrase exclamative est l’expression d’une attitude affective
subjective du locuteur18. Elle a toujours une forme affirmative, ne se
combinant jamais, ni avec la négation, ni avec l’interrogation.
La phrase exclamative est marquée, dans le code oral, par une
courbe intonatoire ascendante ou montante en fonction du contenu de
18
Cf. R., Tomassone, Op. cit., p. 136; T., Cristea, C.-S., Stoean Op. cit.,
p.10.
40
l’exclamation. Dans le code ecrit, elle est marquée par le signe
d’exclamation, le signe d’interrogation ou par des points de suspension.
Elle peut être marquée aussi par certains morphèmes linguistiques ou
par des particularités de structure.

Regrettable! Voyons! Quelle désordre! (contenu négatif)

Tiens! Vous ici! (contenu positif)


Du point de vue de la structure, la phrase exclamative peut être:
explicite et implicite.
Du point de vue de l’incidence, l’exclamation peut porter sur le
verbe ou sur un constituant autre que le verbe.
La phrase exclamative explicite a la structure d’une phrase
canonique ( Ph= GN1 + GPréd.)

Je suis désolé! Je suis content!

Comme je suis content!


La phrase exclamative implicite est réalisée par un terme unique
ou par une structure où le sujet est disjoint du prédicat:
Quel désordre! (= Je n’ai jamais vu un tel désordre)
La belle fleur! (= La fleur est très belle)
1.2.2. Realisateurs de la phrase exclamative explicite
(1) la courbe mélodique

Ce n’est pas possible! C’est formidable!!

Moi, je l’adore!
(2) les mots introducteurs à valeur exclamative:
(a) les intensifs: que, combien, comme, et dans le langage
familier ce que et qu’est-ce que
Qu’ils sont heureux!
Que cette maison est belle!
Combien de fleurs!
Combien elle a grandi!
Comme il est mignon!

41
Comme elle est jolie!
Ce que c’est bon!! Qu’est-ce que c’est bon!
Ce que je suis fatigué! Qu’est-ce que je suis fatigué!
(b) le prédéterminant quel et ses variantes marquées par les
morphèmes de genre et de nombre, sont employées lorsque
l’exclamation porte sur un déterminant nominal:
Quelle bonne nouvelle ils doivent avoir reçue!!
Quel temps il peut perdre avec ses amis!
(c) des conjonctions ou locutions conjonctionnelles si, mais,
pourvu que, introduisant des subordonnées:
Si j’étais seul maintenant!
Mais je n’aurai jamais le temps!
Pourvu que le temps ne passe pas trop vite!
(d) l’inversion du sujet:
Est-elle jolie!
Sont-ils impertinents!
Faut-il que je vous aime!
(e) les formes verbales d’infinitif, de participe passé et de
subjonctif:
Et dire qu’on m’aime pourtant!
Finies les vacances!
Puisse-t-il réussir!
(f) des mots qui expriment:
– l’affectivité du locuteur: bien, déjà, donc, diable:
Il est bien sage, notre enfant!
Vous êtes déjà là!
– l’appréciation / l’évaluation: si, tel / telle, tellement:
Il est si délicat!
Ce livre est si intéressant!
Il a montré une telle ferveur!
Il est tellement intéressant!
1.2.3. Réalisateurs de la phrase exclamative implicite
La phrase exclamative implicite peut être consituée d’un seul mot
ou d’une suite de mots. Ce sont des phrases inorganisées qui manquent
soit de sujet, soit de verbe. Les réalisateurs appartiennent à plusieurs
classes de mots. Ce sont:
(a) des interjections:
Oh!, Ah!, Eh!
42
(b) des noms, des formes verbales ou des adverbes:
Attention!
Faites!
Faites vite!
Encore!
Le formant que peut réaliser des structures exclamatives dans le
contexte de la préposition de et d’un nominal:
Que de monde!
Que de fleurs!
(c) des phrases à terme unique:
Quelle beauté! Quel voyage!

1.2.4. Fonctions communicatives de la phrase exclamative


La phrase exclamative exprime la subjectivité évaluative ou
affective du locuteur. Il s’agit des valeurs du types:
• évaluation axiologique favorable:
Bravo!
Félicitations!
Un brave type!
• évaluation axiologique défavorable:
Misère!
Salaud!
Quel sale type!
• appréciation de la qualité:
Quelle voiture!
Quelle bonne idée!
• appréciation de la quantité:
Comme elle parle fort!
Comme je suis content!
• état affectif émotionnel:
Oh!
Il travaille tellement bien!
Comme elle chante bien!
• souhait:
Puisse-t-il réussir!
Pourvu qu’il réussisse!
Si j’avais vingt ans!

43
• regret:
S’il avait pu réussir!
Quel dommage!
Eh bien, tant pis!
• admiration:
Bravo!
C’est parfait!
Chapeau bas!
• surprise:
Comment, vous ici!
Ça alors!
Eh bien, vous voilà!

1.3. La phrase impérative


1.3.1. Définition et caractérisation
La phrase impérative est un type obligatoire de phrase. Elle est
marquée dans le code oral par une courbe descendante et, dans le code
écrit, par le signe d’exclamation. Elle exprime un ordre ou un
avertissement centrés sur l’auditeur. Autrement dit, elle est utilisée
lorsqu’on veut que quelqu’un fasse ou ne fasse pas quelques chose. En
règle générale, la situation d’énonciation type est la situation de
discours qui met en contact deux interlocuteurs. Cependant, on
enregistre plusieurs statuts du destinataire, qui peut être:
(a) déterminé, connu, présent dans la situation de communication.
C’est la 2-ème personne (tu), la 4-ème personne (appelée aussi personne
multiple) nous et la 5-ème personne vous (appelée aussi personne
multiple):
Va– t-en!
File! immédiatement!
Dépêchons-nous! il est tard.
Approchez!
Allez-vous -en!
Il se peut aussi que le locuteur s’adresse à lui même, par
l’intermédiaire d’une structure à la deuxième personne, forme de
l’impératif ou à la première personne, forme du subjonctif:
Rentre en toi-même, Octave …

44
Que je meure si je n’ai pas dit la vérité19…
(b) déterminé, connu, mais absent de la situation de communication.
C’est la 3-ème personne du singulier ou du pluriel il, ils:
Qu’il me téléphone ce soir!
Qu’ils viennent me voir!
(c) non déterminé, non connu, réalisé par le pronom on:
Qu’on range tous ces livres!
Qu’on cherche une solution à ce problème!
1.3.2. Les réalisateurs de la phrase impérative
• la forme de l’impératif pour une injonction centrée sur un
destinataire connu, présent dans la situation de communication:
Répète la phrase! Fermez la fenêtre!
Finissons vite!
Dis quelque chose! Veuillez me passer le livre!
Partons!
• le présent de l’indicatif, les formes de la 2-ème et de la 5-ème
personnes pour un destinataire connu, présent dans la situation de
communication:
Tu restes là attendre les autres!
Vous suivez les indicateurs et vous allez à droite!
• une phrase à sujet réalisé par un pronom de la 2-ème et
5-ème personnes, centrée sur le verbe vouloir à la forme
interrogative inversive, du présent de l’indicatif:
Veux-tu me dire la vérité!
Voulez-vous lâcher cela tout de suite!
• les formes du conditionnel de la 2-ème et 5-ème personnes:
Tu ferais bien d’attendre encore!
Vous feriez bien de vous dépêcher!
• le futur simple ou périphrastique, les formes de la 2-ème et
5-ème personnes:
Tu iras acheter le pain! Vous partirez seuls!
Tu va rester à la maison! Vous aller finir immédiatement!
• le subjonctif, pour une injonction centrée sur la 3-ème
personne:
Qu’il attende encore!
Qu’ils me téléphonent demain soir!

19
Apud, R., Tomasson, Op. cit., p. 131
45
• l’infinitif pour un destinataire inconnu:
Agiter bien avant de s’en servir!
Ne pas laisser à la portée des enfants!
Ce type de structure est fréquente dans les modes d’emploi, les
fiches techniques et, en variation avec l’impératif, dans le discours des
mathématiques:
Placer deux points A et M, puis tracer deux droites d1 et d2
passant par A….
• des construction nominales et adverbiales:
Attention!
Hôpital!
Stop!
Pas si vite!
1.3.3. Les fonctions communicatives de la phrase impérative
• l’ordre ferme, marqué d’autorité:
Sortez d’ici!
Arrêtez!
• l’ordre aténué, marqué par la politesse:
Passez-moi le dictionnaire, s’il vous plaît!
Passez-moi le sucre, je vous prie!
Ayez l’amabilité (la bonté) de nous suivre!
• la recommandation / la prescription:
Ne sortez pas la nuit!
Prenez un comprimé après le repas!
• l’invitation:
Venez dîner chez nous demain soir!
• la suggestion:
Va voir l’exposition d’art chinois, elle est très intéressante!
• le conseil:
Dépêchez-vous, vous allez manquer votre train!
• la prière:
Préte-moi ton dictionnaire, je t’en prie!
• la demande:
Maman, achète-moi ce dictionnaire!

46
1.4. La phrase négative
1.4.1. Définition et caractérisation
La phrase négative est la phrase marquée, dans le code oral, par
une courbe mélodique neutre (montante dans la première partie et
descendante dans la partie finale). Elle comporte dans sa structure un
morphème négatif de nature grammaticale ou lexicale:
Il n’est pas conscient de ce qu’il fait.
Il est inconscient s’il fait cela.
Il ignore ce que vous avez dit.
Il est sans argent.
La négation est un type de phrase facultatif. Elle se combine avec
tous les types obligatoires et avec d’autres types facultatifs:
[+assertif][+négatif]
Pierre ne s’est pas présenté aux cours.
[+assertif] [+negatif][+passif]
Ce livre n’a pas été acheté par Pierre.
[+interrogatif] [+negatif]
Pierre, ne s’est-il pas présenté aux cours?
[+interrogatif] [+negatif][+impersonnel]
N’y a-t-il rien d’intéressant dans cette revue?
Dans l’ensemble des types de phrase facultatifs, la phrase
négative est considérée comme l’alternative logique de la phrase
affirmative, tout type de phrase étant nécessairement soit affirmatif soit
négatif. On considère aussi que nier le contenu d’un énoncé représente
un acte de langage, ce qui justifie le statut de modalité d’énonciation
accordé à la négation par différence aux autres types facultatifs qui sont
considérés des formes que revêtent les types de phrase obligatoires.
Les critères qui permettent de classer les phrases négatives sont:
• la nature du morphème négatif (grammatical ou lexical), qui
permet de distinguer la négation grammaticale de la négation lexicale:
Il n’est pas correct. Il est incorrect.
Il ne sait rien. Il est un ignorant.
Il n’est pas venu avec sa femme. Il est venu sans sa femme.
• le niveau d’incidence de la négation qui permet de distinguer
la négation prédicative (ou totale) et la négation non prédicative (ou
partielle):
47
Pierre n’est pas rentré à minuit. Ce n’est pas à minuit que
Pierre est rentré.
Ce n’est pas Pierre qui
est rentré à minuit.
• le nombre de morphèmes négatifs qui permettent de distinguer
la négation simple et la négation multiple:
Pierre n’est pas rentré à minuit. Pierre n’est jamais rentré
à minuit.
Pierre ne s’est pas absenté. Pierre ne s’est plus absenté.
• la structure du morphème négatif qui permettent de distinguer
la négation globale et la négation discrète:
Pierre et Marie ne travaillent pas ce lundi.
Ni Pierre ni Marie ne travaille travaillent ce lundi.
Le critère choisi dans la structuration de la description sera le
niveau d’incidence combiné avec le critère de la structure et le nombre
de morphèmes négatifs. Seront retenues pour la description: la négation
prédicative, appelée aussi négation totale (qui affecte le verbe) et la
négation non prédicative ou négation partielle (qui affecte un
constituant autre que le verbe):
Pierre ne travaille pas.
Ce n’est pas Pierre qui ne travaille pas.
Il ne travaille pas aujourd’hui.
Ce n’est pas aujourd’hui que Pierre travaille.
1.4.2. Réalisateurs de la négation prédicative
(1) La négation prédicative simple à formant unique ne ou pas
(a) Le morphème ne réalise seul la négation:
– dans le cas des verbes savoir, pouvoir, oser, cesser, dans les
contextes où ils sont suivis par un infinitif; la construction est spécifique
de la langue écrite, soignée ou de la langue littéraire; en langue standard
les verbes mentionnés se construisent avec les deux termes ne et pas:
langue soignée/littéraire langue standard et courante
Il ne pourra venir avec nous. Il ne pourra pas venir avec nous.
Nous ne savons où aller. Nous ne savons pas où aller.
Il ne cesse de parler. Il ne cesse pas de parler.
– dans le cas du verbe savoir introduisant une interrogative
indirecte:
Il ne savait si elle était encore là.
Je ne sais si vous me comprenez.
48
– dans les expressions à valeur exclamative ou impérative:
A Dieu ne plaise! N’ayez crainte!
Qu’à cela ne tienne! N’ayez garde!
– dans les locutions verbales impersonnelles:
N’empéche que… Il n’y a…
N’importe… Il n’est…
– dans les propositions où le déterminant temporel est introduit
par: il y a, il y avait:
Il y a deux semaines qu’il n’a téléphoné.
– dans les propositions qui contiennent un comparatif d’inégalité:
autre, autrement, plus, moins, plutôt, meilleur, mieux, pire, moindre;
dans ces contexte le formant ne est appelé ne explétif:
Il est autre que je ne le connaissait.
Il est meilleur que je ne le croyais.
– dans les complétives régies par les verbes du type craindre,
avoir peur, éviter, prendre garde à la forme affirmative:
Il craint qu’on ne le punisse.
Il a peur qu’on ne le découvre.
– dans les subordonnées circonstancielles introduites par les
locutions conjonctionnelles: à moins que, de peur que, de crainte que,
avant que, sans que; il s’agit toujours du ne explétif:
Je serai là à moins qu’il ne pleuve.
Je rentrerai avant qu’on ne ferme la porte à clé.
(b) Le morphème pas est employé seul:
– pour marquer la négation dans le langage familier et populaire:
Il viendra pas.
Je sais pas.
C’est pas normal.
– dans les phrases elliptiques de verbe (dans le langage
publicitaire et dans les réponses courtes):
Pas d’école le jour de la fête nationale.
– Vous avez fini? – Avez-vous compris?
– Pas encore! – Absolument rien.
– Avez-vous vu quelqu’un? – Avez-vous trouvé quelque chose?
– Personne. – Non, rien.
(2) La négation prédicative, simple, à formant discontinu:
ne…pas est le morphème négatif le plus fréquent.

49
Les deux formants de la négation encadrent le verbe à une forme
simple finie et, respectivement l’auxiliaire, dans le cas d’une forme
verbale composée:
Pierre ne répond pas au téléphone.
Pierre n’a pas répondu à notre appel.
Si le verbe est à l’infinitif, les deux formants de la négation se
placent devant le verbe:
Ne pas stationner!
Ne pas fumer!
Ne pas laisser à la portée des enfants.
Le formant pas se laisse remplacer par d’autres formants qui
introduisent des nuances supplémentaires:
– point et guère – ajoutent une nuance de quantité annulée:
Il n’était point / guère attentif.
– nullement et aucunement – ajoutent une nuance de qualité
annulée:
Il n’est nullement attentif.
– jamais et plus – ajoutent une nuance temporelle et,
respectivement, aspectuelle:
Il ne s’est jamais absenté.
Il ne s’est plus absenté ces dernières semaines.
Le formant plus entre en variation avec le formant ne…pas
encore suivant la valeur aspectuelle de la structure verbale affirmative
traduites par les adverbes encore (l’action qui continuait depuis quelque
temps a cessée) et déjà (l’action a commencée et, respectivement n’a
pas commencé ):
Structure affirmative Structure négative
Il dort encore. Il ne dort plus.
Il est encore là. Il n’est plus là.
Il dort déjà. Il ne dort pas encore.
Il est déjà là. Il n’est pas encore là.
– nulle part – ajoute une nuance spatiale:
On ne l’a vu nulle part.
(3) La négation prédicative double est la négation qui affecte
deux constituants de la phrase: le verbe et le sujet, le complément
d’objet ou le complément circonstanciel:
Personne n’est venu à l’heure.
Je n’ai trouvé rien dans ce texte.
50
Je n’ai trouvé aucun exemple dans ce texte.
Il n’adresse la parole à personne.
Je ne l’ai jamais vu.
(4) La négation multiple est celle qui affecte plus de deux
constituants:
Je n’ai jamais vu personne dans cette maison.
Aucun élève n’a jamais donné aucune information à personne.
(5) La négation prédicative discrète apparaît dans les phrases
qui comportent un constituant complexe dissocié et dont chaque terme
est nié séparément. Ce type de négation est réalisé par les morphèmes:
ne…ni…ni; ni…ni…ne:
Nous n’aimons ni la musique ni le sport.
Il n’admet ni qu’on le calomnie, ni qu’on l’attaque d’une
manière ou d’autre.
Ni moi ni mon frère, nous n’aimons le sport.
Ni les conseils ni les reproches n’ont rien pu sur lui.
Lorsque l’un des termes du constituant nié apparaît comme
s’ajoutant à un autre qui est sous entendu, le morphème négatif est
ne…non plus:
Moi non plus je ne suis venu à la gare. (On sous-entend: on
savait que Mon frère n’est pas venu)
(6) Structures négatives à valeur affirmative:
– la négation restrictive, réalisée par les morphèmes ne…que,
ne …pas que:
Je ne lis que des romans policiers. (= Je lis seulement des romans
policiers.)
Il n’y a que Pierre qui est absent. (= Pierre seul est absent.)
Il n’a acheté que trois livres. (= Il a acheté seulement trois livres.)
Je ne lis pas que des romans policiers. (= Je lis d’autres genres
de romans que des
romans policiers.)
Il n’y a pas que Pierre qui est absent. (= Pierre n’est pas le seul
absent. Il y en a d’autres)
– la négation qui exprime une grande quantité ou une grande
intensité, réalisée par les morphèmes pas mal:
J’ai lu pas mal de romans policiers. (= J’ai lu beaucoup de
romans policiers)
J’ai pas mal d’amis. (=J’ai beaucoup d’amis)
51
– des structures négatives qui permettent la mise en relief: non
seulement… mais; non sans; rien que:
Non seulement qu’il n’était pas coupable, mais encore il a été puni.
Il a réussi non sans effort.
Rien qu’en lisant une fois la poésie et il la retient.
1.4.3. Réalisateurs de la négation non prédicative, partielle
Ce type de négation affecte un constituant autre que le verbe. Elle
est réalisée par la dislocation du constituant nié et son inscription dans
un groupe verbal marqué par la négation – dans la structure de mise en
évidence: Ce n’est pas…..qui / que:
(a) la négation du sujet:
Ce train quitte la gare à 10 heures. Æ Ce n’est pas ce train qui
quitte la gare à 10 h.
Il s’est absenté à la réunion. Æ Ce n’est pas lui qui s’est
absenté à la réunion.
(b) la négation du GN2:
Il a acheté ce livre. Æ Ce n’est pas ce livre qu’il a acheté.
(c) la négation du GPrép.:
Il a voté contre notre candidat. Æ Ce n’est pas contre notre
candidat qu’il a voté.
(d) la négation du GAdv.:
Ce train quitte la gare à 10h. Æ Ce n’est pas à 10 h que ce
train quitte la gare.
Les structures négatives peuvent avoir le statut de phrases (de
substituts de phrases); elle apparaissent surtout comme des réponses
négatives brèves à des questions:
– (Qui a cassé la vitre?) – Pas moi.
– (Quand peut-on se voir? ) – Pas ce soir.
– (Je peux vous aider?) – Non, pas de problème!
– (Vous êtes prêt?) – Non, pas encore.
– (L’avez-vous rencontré?) – Non, jamais.
– (Il vous a dit qqch? ) – Absolument rien.
– (L’avez-vous vu?) – Jamais.

52
1.5. La phrase passive
1.5.1. Définition et caractérisation
La phrase passive est un type de phrase facultatif qui se combine
avec les types obligatoires et avec d’autres types facultatifs. Elle résulte
de la transformation d’une phrase active centrée sur un verbe transitif.
Cependant, entre la phrase active et la même phrase en construction
passive il n’y a équivalence de sens que si l’on les considère en dehors
de tout contexte discursif. L’équivalence s’établit au niveau des unités
lexicales qui sont les mêmes. Dans le discours, elles ne peuvent pas être
employées l’une à la place de l’autre.
Le professeur interroge les étudiants.
Æ Les étudiants sont intérrogés par le professeur.
Pierre a lancé un appel à la solidarité.
Æ L’appel à la solidarité a été lancé par Pierre.
Tous les verbes transitifs n’admettent pas la transformation
passive. Ce sont les verbes qui comportent les traits [+possession]
avoir, posséder, les verbes vouloir, valoir, prétendre, manquer,
certains verbes employés au sens figuré, type regarder, les verbes
présenter, comprendre, comporter. Il en est de même des verbes
coûter et mesurer dans des contextes du type: coûter X euros, mesurer
X mètres.
Pierre a une petite maison à la campagne.
Æ *Cette petite maison est eue par Pierre.
Pierre prétend deux exemplaires de ce livre.
Æ *Deux exemplaires de ce livre sont prétendus par Pierre.
Ce problème regarde aussi Marie.
Æ *Marie aussi est regardée par ce problème.
D’autre part, certains verbes transitifs indirects admettent la
transformation passive: être obéi, être pardonné:
Ce jeune professeur est obéit par ses élèves.
Pierre a été pardonné par ses parents.
1.5.2. Les marques du passif
La transformation passive entraîne les modifications suivantes
dans la structure de la phrase active:
– le sujet et le complément d’objet direct conservent leurs rôles
sémantiques par rapport au verbe mais changent de position
53
syntaxique: le nominal sujet est distribué en position de complément
prépositionnel, appelé complément d’agent et le nominal objet direct de
la phrase active est distribué en position de sujet;
– le verbe est au participe passé et conjugué avec l’auxiliaire
être (le verbe est à la voix passive); le temps et le mode sont identiques
dans la phrase active et dans la phrase passive:
Les étudiants ont acheté les livres de la rentrée universitaire.
(passé composé du verbe acheter)
Æ Les livres de la rentrée universitaire ont été achetés par les
étudiants. (passé composé du verbe être acheté)
Il faut que les étudiants achètent les livres de la rentrée universitaire.
(subjonctif présent du verbe acheter)
Æ Il faut que les livres de la rentrée soient achetés par les étudiants.
(subjonctif passé du verbe être acheté)
– le complément d’agent est introduit par les prépositions par et
de, rarement par les prépositions à et entre.
La préposition par est plus fréquente que la préposition de et peut
la substituer. Certains facteurs peuvent orienter le choix de la préposition.
La préposition par est employée:
– lorsque le nom complément d’agent est déterminé:
Le hall de l’Université était occupé par les étudiants.
Cet accident a été rapporté par un inconnu.
Le cours a été inauguré par un professeur étranger.
– lorsque l’action exprimée par le verbe a un caractère occasionnel,
momentané:
Il a été atteint par la dernière décision du Conseil d’Administration.
Il a été frappé par un inconnu.
La préposition de est employée:
– lorsque le nom complément d’agent n’est pas déterminé:
Le hall de l’Université était encombré d’étudiants.
– lorsque le complément d’agent est réalisé par un nom [+humain]
et le verbe est un verbe [+sentiment] caractérisé comme duratif:
Il est aimé de tout le monde.
Il est détesté de tous.
Lorsque le nominal introduit par les prépositions par ou de est
marqué par les traits : [-animé], [±matériel], il ne représente pas le
complément d’agent mais l’instrument ou la cause:

54
Il a été frappé par une pierre.
Il a été atteint d’une maladie grave.
Il est mort d’un cancer.
– lorsque le prédicat est réalisé par les verbes: être suivi, être
précédé, être entouré, être couvert, être jonché, être bordé, et si le
nominal est marqué par le trait [+animé], le complément introduit par la
préposition de est complément d’agent; s’il est marqué par le trait [-
animé], il est instrument:
Le char était suivi du cortège.
Le cortège était précédé des membres de la famille.
La préposition à est employée dans les constructions: être rongé
aux mites, être séduit aux charmes de qqn.:
Son manteau est rongé aux mites.
La préposition entre est employée lorsque le verbe est marqué par le
trait [+réciproque]. Les verbes sont du type: être échangé, être transféré:
La documentation sera échangée entre les deux partenaires.
En l’absence du complément d’agent, on parle de passif incomplet:
Un nouveau bâtiment a été construit près de la gare.
Les dictionnaires ont été vendus à la rentrée.
La construction passive est préférée à la construction active à sujet
indéterminé (réalisé par le pronom indefini on):
On a terminé recemment la construction du bâtiment.
Æ La construction du bâtiment a été récemment terminée.
On a communiqué la date de l’examen.
Æ La date de l’examen a été communiquée.

1.6. La phrase impersonnelle


1.6.1. Définition et caractérisation
La phrase impersonnelle est un type de phrase facultatif. Elle
comporte un verbe à une forme conjuguée, verbe impersonnel par
nature ou par construction, qui s’accorde en nombre avec un pronom de
troisième personne il – pronom impersonnel.
Il pleut depuis trois jours.
Il faut répondre à toutes les question du test.
Il s’agit de préparer sérieusement cet examen.
Il lui arrive souvent des ennuis.

55
1.6.2. Marques de la phrase/de la construction impersonnelle
(1) le sujet est réalisé, principalement, par le pronom il, forme
vide de référence, qui:
– n’a pas les propriétés interprétatives du sujet (il n’est ni agent,
ni thème pour le verbe de la phrase);
– n’a pas de contenu sémantique (référentiel) et n’est pas un
substitut;
– n’est qu’une simple marque grammaticale du sujet comportant
les morphèmes de nombre (singulier) et de genre (masculin):
Il neige.
Il est possible qu’il pleuve.
Il convient qu’on en tienne compte.
Dans certaines conditions (lorsque l’extension du verbe est
supprimée) le pronom il est remplacé par les formes neutres du pronom
démonstratif ce, cela, ça. Le pronom neutre renvoie à une idée, au
contenu d’une proposition énoncée antérieurement ou ultérieurement.
Il est possible qu’il pleuve.
Æ C’est possible.
Il arrive que je sois en retard.
Æ Cela arrive.
Il vaudrait mieux qu’il ne nous accompagne pas.
Æ Cela vaudrait mieux.
(2) le verbe appartient à plusieurs classes:
• des verbes météorologiques: neiger, pleuvoir, faire du vent,
faire chaud:
Il pleut.
Il neige.
Il fait du vent.
• des verbes/locutions verbales essentiellement impersonnelles,
type: falloir, il y a, il est, il s’agit:
Il faut partir.
Il faut que nous partions.
Il y a du bruit dans la rue.
Il est dix heures.
Il s’agit de résoudre ce problème en temps utile.
• des verbes employés impersonnellement qui peuvent apparaître
dans plusieurs constructions:

56
– les verbes arriver, exister, entrer, apparaître, intervenir,
passer, rester suivis d’un groupe nominal:
Il arrive des ennuis à tout le monde.
Il existe des personnes qui sont malheureuses.
Il reste de nombreux problèmes à résoudre.
– les verbes convenir, suffire, importer suivis d’un infinitif
introduit par la préposition de:
Il convient de l’en informer le plutôt possible.
Il suffit de l’en informer.
Il importe de le mettre au courant.
– les verbes arriver, appartenir, convenir, plaire, déplaire
accompagnés du datif de la personne intéressée et suivis de l’infinitif
introduit par la préposition de:
Il lui arrive d’égarer ses papiers.
Il lui plaît de se promener sous la pluie.
– les verbes suffire, importer, paraître, sembler suivis d’une
proposition au mode personnel (indicatif ou subjonctif); ces verbes
peuvent être accompagnés aussi d’un datif de la personne intéressée:
Il suffit qu’on l’invite, et il viendra.
Il importe qu’il sache la vérité.
Il paraît que nous sommes en retard.
Il me semble qu’il a raison.
– des verbes pronominaux: se dire, se dégager, se passer, se
trouver:
Il se passe des événements imprévus.
De ces événements, il se dégage des conclusions inquiétantes.
– des verbes à la voix passive (le passif impersonnel): être
démontré, être prévu, être conclu, être posé:
Il a été démontré que…
Il a été prouvé que…
– des locutions verbales formées sur un adjectif et le verbe être:
être possible / probable/ certain/ difficile/ évident/ nécessaire/ douteux.
Dans la proposition régie par ces locutions on emploie l’indicatif
ou le subjonctif selon le sens de l’adjectif:
Il est évident que tout le monde est d’accord.
Il est certain que tout le monde sera présent.
Il est possible que tout le monde soit d’accord.
Il est douteux que tout le monde soit d’accord.

57
1.7. L’emphase
L’emphase est un constituant facultatif de phrase qui peut se
combiner avec les autres constituants obligatoires ou facultatifs.
Elle suppose l’accent emphatique qui affecte un des constituants
de la phrase autre que le verbe.
Pierre est parti à la gare.
Æ Pierre, il est parti à la gare.
Æ C’est Pierre qui est parti à la gare.
Les moyens linguistiques d’emphatisation (de mise en évidence)
sont relativement nombreux:
– le détachement du constituant et sa reprise auprès du verbe par
un pronom:
Pierre est parti à la gare.
Æ Pierre, il est parti à la gare.
Æ Il est parti à la gare, Pierre.
Je connais bien Pierre.
Æ Pierre, je le connais bien.
– la pronominalisation et le détachement:
Il est parti à la gare.
Æ Lui, il est parti à la gare.
Æ Il est parti à la gare, lui.
– les formules de mise en évidence:
C’est … qui…, C’est … que…:
Pierre est parti à la gare.
Æ C’est Pierre qui est parti à la gare.
Æ C’est à la gare que Pierre est parti.
– les présentatifs: voilà, voici, il y a…qui, il n’ y a… que:
Pierre est parti à la gare.
Æ Voilà Pierre qui est parti à la gare.
Æ Il y a Pierre qui est parti à la gare.
Æ Il n’y a que Pierre qui est parti à la gare.
Les constituants marqués par l’emphase sont:
– le GN1:
Pierre est parti à la gare.
Æ C’est Pierre qui est parti à la gare.
Æ Pierre, il est parti à la gare

58
– le GN2:
Pierre cherchait ce livre à la bibliothèque.
Æ C’est ce livre que Pierre cherchait à la bibliothèque.
Æ Ce livre, Pierre le cherchait à la bibliothèque.
– le GN3:
Pierre m’a prêté son dictionnaire.
Æ C’est à moi que Pierre a prêté son dictionnaire.
– le GPrép.:
Pierre pense à ses vacances.
Æ C’est à ses vacances que Pierre pense.
Pierre passera ses vacances avec ses amis.
Æ C’est avec ses amis que Pierre passera ses vacances.
– Le GAdv.:
Nous passerons nos vacances à la mer.
Æ C’est à la mer que nous passerons nos vacances.
Pierre nous attend depuis un quart d’heure.
Æ Il y a un quart d’heure que Pierre nous attend.

59
60
TROISIÈME PARTIE
LES CONSTITUANTS DU NOYAU

61
62
1. LE GN1 (GROUPE NOMINAL PREMIER)

1.1. Définition et caractérisation


Les CI du noyau sont le GN1 et le GPréd.
En termes de structure syntaxique, le GN1 – le sujet– est le
constituant immédiat (CI) du Noyau, constituant distribué devant le
verbe (le premier nominal, dans une phrase assertive canonique). Il a le
statut de constituant obligatoire et entre en relation d’interdépendance
avec le prédicat. Il régit l’accord du verbe en nombre et en personne et,
dans certains cas, aussi en genre.
≠ Ph ≠

C.Prop. Æ Å Noyau

GN1 Æ Å G. Préd.
Pierre arrive ce soir.
Le printemps est encore loin.
Nous travaillons à la bibliothèque.
J’aime beaucoup rester là.
Les fillettes sont arrivées.
(sujet)

Obligatoire en structure profonde, le GN1 est, en règle générale


obligatoire, aussi en structure de surface. Il peut, cependant, s’effacer
lorsque la situation de communication ou le contexte linguistique offrent
suffisamment d’indices pour l’identifier. Il s’efface par conséquent:
– dans une phrase impérative Æ le destinataire est présent dans
la situation de communication ce qui rend superflu d’expliciter
l’interlocuteur dans le plan linguistique; il est cependant explicité
indirectement par la désinence du verbe:
63
Dis quelque chose! Reviens vite!
Faisons quelque chose! Revenez vite!
– dans le cas de corréférentialité des agents de deux verbes
coordonnés ou en relation de dépendance:
Jean ramassa ses affaires, (il) mit son chapeau et (il) sortit. –
verbes coordonnés.
Il voulait vous dire que tout allait bien. – verbes en relation de
dépendance.
Je lui demanderai de revenir. – verbes en relation de dépendance.
– dans le langage oral, dans certaines locutions impersonnelles:
Fallait le dire plutôt.
– dans le discours direct, dans les phrases assertives à statut de
réponse à des phrases interrogatives qui comportent le sujet de la phrase
réponse (dans ce cas, le verbe s’efface aussi):
Où vas-tu?
A la gare. ( je vais à la gare).

1.2. Réalisateurs du GN1 (sujet)


Le GN1 est réalisé par plusieurs types d’unités linguistiques:
– un groupe nominal (GN) simple ou complexe;
– un pronom
– un infinitif
– une proposition
(1) Le GN qui réalise le sujet peut être:
••• un nominal – nom propre de personne ou géographique ou
nom autodéfini ou défini en la circonstance:
Pierre, Bucarest, Paris, Nice, papa, maman, Dieu
On peut aussi considérer qu’il s’agit d’un groupe nominal simple
à prédéterminant zéro:
Pierre rentre ce soir d’un voyage d’affaires.
Paris est la capitale de la France.
Maman s’inquiète de ma santé.
Dieu aide les croyants.
••• Un groupe nominal simple (Pd+N)
Le choix du prédéterminant devant le nom sujet est marqué par
certaines restrictions:
– la séquence pas de (à statut de prédéterminant) n’aparaît jamais
devant un nom en position de sujet:
64
– les articles partitifs apparaissent très rarement comme
prédéterminant en position de sujet:
Ce livre m’intéresse.
Mes amis arrivent ce soir.
Le professeur invite des étudiants dans la salle de cours.
Les étudiants occupent leurs places dans la salle de cours.
Beaucoup d’élèves sont absents.
Certains fruits sont meilleurs quand ils sont cuits.
Des étudiants attendent dans le couloir.
De la joie se lisait sur son visage.
••• Un groupe nominal complexe (GN étendu):
Le nom centre est accompagé de déterminants réalisés:
• par un ou par plusieurs adjectifs:
Les petits enfants s’amusent dans la cour.
Les personnes pauvres et malheureuses sont conséillées de
s’adresser aux associations charitables.
• un complément du nom:
Ses manières de grande personne m’agacent.
Les enfants des voisins font du sport dans un club privé.
• un groupe nominal en apposition:
Ces enfants, élèves de gymnase, font du sport dans un club privé.
La bande dessinée, phénomène culturel contemporain, revient
dans l’actualité.
• une proposition relative:
La personne qui s’occupe de cette affaire est absente.
Les enfants que vous avez vus dans la cour font du sport dans
un club privé.
La personne pour qui tu travailles a téléphoné ce matin.
Les enfants dont je vous ai parlé hier font du sport dans un
club privé.
Les propositions relatives peuvent être:
– obligatoires, lorsqu’elles sont déterminatives ou restrictives (elles
permettent d’identifier le référent du nominal qu’elles déterminent):
Les jeunes qui étudient l’architecture visiteront cette exposition.
L’étudiant qui est absent aujourd’hui présentera son mémoire
la semaine prochaine.
– facultatives, lorsqu’elles sont explicatives ou appositives (elles
introduisent des informations suplémentaires qui peuvent être de nature
différente: caractérisation, cause, espace):
65
Ces jeunes, qui viennent de nous saluer, sont étudiants en
architecture.
Pierre, qui est malade, ne participera pas à notre réunion.
• une proposition conjonctive
L’idée qu’ils ne veuillent pas faire du sport dans un club privé
me préoccupe.
Le fait qu’il a raconté en détail son aventure est significatif
pour une certaine mentalité.
(2) Le pronom
Les formes de pronoms qui assument la fonction de sujet
syntaxique appartiennent à toutes les classes de pronoms (pronoms
personnels, pronom démonstratifs, posséssifs, relatifs, interrogatifs,
indéfinis et impersonnels).
••• Les pronoms personnels présentent des formes spécifiques,
des formes fléchies héritées du latin. Ce sont des formes conjointes
spécifiques qui se constituent en classe distincte, appelée la classe des
«pronoms sujet», respectivement les formes: je, tu, il, elle, on, nous,
vous, ils, elles.
Le pronom qui assume la fonction de sujet peut être:
(a) le substitut d’un GN simple ou complexe, un pronom
anaphorique:
Pierre s’amuse. Æ Il s’amuse.
Marie s’amuse. Æ Elle s’amuse.
Les anfants s’amusent. Æ Ils s’amusent.
Les jeunes filles s’amusent. Æ Elles s’amusent.
Pierre, le petit enfant des voisins, s’amuse. Æ Il s’amuse.
Marie et ses petites amies s’amusent. Æ Elles s’amusent.
(b) un pronom déictique, représentant la 1-ère, la 2-ème, la 4-ème,
la 5-ème personnes:
Je connais bien les amis de Pierre.
Nous les connaissons tous.
Tu feras leur connaissance bientôt.
Vous êtes invités à l’anniversaire de Pierre.
Cependant, certaines formes de pronoms disjoints peuvent se
substituer au nom centre et réaliser le sujet au niveau de la structure
syntaxique. Il s’agit des formes suivantes dans les contextes précisés:
– la forme de la 3-ème personne:
Lui non plus n’est pas heureux.
Lui écoute de la musique.
66
Les formes de la 1-ère et 2-ème personnes imposent la reprise de
la forme conjointe auprès du verbe:
Moi non plus, je ne suis pas heureux.
Toi non plus, tu n’es pas heureux.
– les formes de la 1-ère, 2-ème et 3-ème personnes accompagnées
d’un déterminant adjectival:
Moi seul pourrai t’aider.
Toi seul en es responsable.
Lui seul était présent.
(c) Le pronom indéfini on renvoie à des personnes indéterminées. Il
peut être mis en relation de substitution avec des noms de sens général:
On crie devant la mairie.
ÆLa foule crie / Les manifestants crient devant la mairie.
On proteste contre certaines décisions.
Æ Les gens/ Les salariés / Les étudiants protestent contre
certaines décisions.
Le pronom on peut renvoyer à un nominal de sens général,
indéterminé qui n’est pas actualisé dans le contexte linguistique ou
situationnel:
On dit que tout va bien.
••• Le pronom démonstratif
Les formes du pronom démonstratif qui assument la fonction de
sujet sont placées devant le verbe (dans une phrase assertive). Elles ont
une fonction anaphorique:
– De ces deux livres, lequel vous intéresse le plus?
– Celui qui est en anglais.
– Regarde les deux jeunes filles. Celle qui parle est la soeur de
Pierre.
Les formes neutres du pronom démonstratif ce, cela, ceci, ça
renvoient à un sujet représentant une idée, des relations exprimées par
une proposition:
Voir tant de gens mécontents, c’est triste.
Vous n’êtes pas ponctuel, cela m’inquiète.
Les enfants refusent de travailler, ça me décourage.
••• Le pronom possessif
Pour les formes du pronom possessif tout comme pour le pronom
démonstratif, la fonction de sujet est marquée toujours pas la position
devant le verbe:
67
Prête-moi ton dictionnaire, le mien est une édition plus ancienne.
••• Le pronom relatif, sous la forme spécifique qui:
La personne qui vient de sortir s’occupe de notre affaire.
La porte qui donne sur le jardin est ouverte.
••• Le pronom interrogatif, sous la forme simple qui et
composée lequel, laquelle,… en structure neutre qui …?, lequel…? ou
en structure renforcée qui est-ce qui…?, lequel (…) est-ce qui…:
Qui s’occupe de l’aménagement de la salle de conférences?
Qui est-ce qui s’occupe de l’aménagement de la salle de
conférences?
Lequel (de ces livres) vous intéresse?
Lequel (de ces livres) est-ce qui vous intéresse?
••• Le pronom impersonnel -il:
Il pleut.
Il neige.
Il est intéressant de travailler en équipe multinationale.
(3) L’infinitif
Dire la vérité est toujours préférable.
Parler franchement tient au caractère et à l’éducation.
(4) La proposition
La proposition qui remplit la fonction de sujet peut être:
••• une proposition attribut (rattachée au sujet par le verbe
être) dans une phrase ternaire équatante:
Notre désir est qu’il vienne nous voir de temps en temps.
Æ Qu’il vienne nous voir de temps en temps est notre désir.
••• une proposition relative (dans les proverbes):
Qui ne risque rien n’a rien.
Qui trop embrasse étreint mal.

68
2. L’ACCORD DU VERBE AVEC LE SUJET

L’accord du verbe avec le sujet est un des facteurs de cohésion


des termes constituant la phrase minimale binaire ou ternaire.
Les facteurs qui déterminent l’accord sont:
(a) la structure du groupe nominal sujet qui peut être:
– simple:
Marie travaille. Elle aime son travail.
Les enfants s’amusent. Ils s’amusent bien ensemble.
– complexe; le groupe nominal est formé par coordination ou par
subordination:
Marie et Pierre travaillent.
Moi et ton frère, nous travaillons beaucoup.
Marie avec sa soeur sont arrivées à l’heure.
Marie, avec sa soeur, est arrivée.
(b) la structure de la phrase qui peut être:
– binaire:
Pierre s’amuse.
Pierre et sa soeur s’amusent.
Ils se sont très bien amusés.
– ternaire:
Pierre est sérieux.
Marie est sérieuse.
Pierre et sa soeur sont sérieux.
(c) la position du sujet par rapport au verbe:
– le sujet précède immédiatement le verbe:
Marie travaille à l’Université.
– le sujet est séparé du verbe par un autre nominal (nom en
apposition ou pronom):
Marie, la soeur de Pierre, travaille à l’Université.
C’est Marie qui travaille à l’Université.
C’est moi qui suis invité au spectacle.
Je suis celui qui est invité au spectacle.
69
(d) le sens qu’on accorde au groupe nominal sujet:
La plupart des étudiants est d’accord avec cette proposition.
La plupart des étudiants sont d’accord avec cette proposition.

2.1 L’accord dans la phrase binaire


(accord du prédicat avec le sujet)
sujet + prédicat
⏐______________↑
L’accord se fait en personne, en nombre et, dans certains cas, en
genre.
A. L’accord en nombre
••• le sujet est un nominal (nom propre ou pronom) ou groupe
nominal simple; le verbe reprend la marque de singulier ou de pluriel
qui affecte le nominal sujet:
sujet verbe
Marie travaille.
Elle travaille.
[sing.]Æ [sing.]
Les enfants s’amusent.
Ils s’amusent
[pl.] Æ [pl.]
••• le nom-centre du groupe nominal comporte le trait
[+collectif], type: (a) l’armée, la foule, le monde, la marmaille, le tas;
(b) la majorité, la moitié, la plupart;
(a) l’accord est au singulier:
La foule criait devant la mairie.
Tout le monde proteste contre les nouvelles décisions.
[sing.] Æ [sing.]
(b) l’accord se fait selon le sens, le nominal se laissant interpréter
comme le noyau d’un groupe nominal complexe (la majorité de + nom
(pluriel)):
La moitié ont répondu à l’appel
(= La moitié des participants ont répondu…)
La majorité étaient des étudiants
(=La majorité des participants étaient des…)
[sing.] + [pl.] Æ [pl.]
70
••• le sujet est réalisé par le démonstratif – ce dans la
construction présentative:
(a) l’accord est au singulier pour les 1-ère, 2-ème, 3-ème
personnes et au pluriel pour les 4-ème, 5-ème personnes:
C’ est moi qui suis responsable.
C’ est toi qui es responsable.
C’ est lui qui est responsable.
[sing.]Æ [sing.]
C’ est nous qui sommes responables.
C’ est vous qui êtes responsables.
[sing.]Æ [sing.]
(b) l’accord est au singulier (en langue courante et familière) ou
au pluriel (en langue soignée ou littéraire) pour la 6-ème personne:
C’ est eux qui sont responsables.
[sing.]Æ [sing.] (langue courante et familière)
Ce sont eux qui sont responsables.
[sing.]Æ [pl.] (langue soignée ou littéraire)
••• le sujet est réalisé par un GN complexe
•••• le GN est formé par la subordination
N + Dt.
[ ±collectif] [ + pluriel]
(a) l’accord est au singulier si l’on attribue un sens global à
l’ensemble:
Une multitude de fleurs s’offrait au regard
La foule des étudiants bloquait la sortie.
(b) l’accord est au pluriel si l’on accorde statut de déterminant au
quantificateur réalisé par le nominal [+collectif] et statut de déterminé
au nominal [+pluriel]. Dans ce cas l’accord est fait selon le sens:
Une multitude de fleurs couvraient le près.
La foule des étudiants bloquaient la sortie.
L’accord selon le sens est fait lorsque le sujet est réalisé par les
structures du type:
– Nom [+collectif] + de +Dt (N [+pluriel])
la plupart de + N un tas de + N
la majorité de + N un grand, bon, certain nombre de + N
le reste, peu de + N une bonne, grande partie de + N
une multitude, série, foule de + N

71
Le reste des étudiants attend / attendent la sortie des cours.
Une bonne partie des exemples n’est pas attestée / ne sont pas
attestés.
– Nom [+quantificateur] (fraction, numéral) + de +Nom
[+pluriel]
la moitié de + N une dizaine de + N
le quart de + N une douzaine de + N
le tiers de + N une trentaine de + N
Un tiers des députés est resté / sont restés dans la salle.
La moitié des étudiants ont répondu à notre appel.
– L’accord se fait avec le nom lorsqu’il est accompagné de
déterminants quantitatifs:
[+quantitatif] + de + Nom
assez de + N
beaucoup de + N
peu de + N
trop de + N
Beaucoup de bruit a été fait autour de ce problème.
Beaucoup de dégâts ont été faits par les dernières innondations.
•••• le GN sujet est formé par la coordination
(a) les deux noms (groupes nominaux) sont en relation de
juxstaposition:
– le deuxième groupe nominal est en relation d’apposition avec le
nom centre. L’accord se fait avec le nom centre, au singulier ou au
pluriel. Les deux nominaux renvoient au même référent:
Marie, la soeur de Pierre, est étudiante.
Marie et Hélène, les amies de ma soeur, sont étudiantes.
– entre les nominaux qui constituent le groupe nominal complexe,
il y a une relation d’inclusion, une gradation entre les termes, le dernier
terme incluant le premier /les autres. L’accord se fait avec le dernier
terme:
Sa voix, son regard, toute son attitude était émouvante.
– les éléments qui constituent le sujet sont en relation d’addition.
L’accord se fait au pluriel:
Sa voix, son regard accusaient.
– les éléments qui constituent le sujet sont repris par tout, tout
cela, personne, rien. L’accord se fait au singulier.

72
Programme quotidien, loisirs, relations, tout était réglé
minutieusement.
Programme quotidien, loisirs, relations, rien n’était laissé au
hasard.
Sa famille, les amis, les collègues, les autorités, personne ne
pouvait l’aider.
(b) les termes qui constituent le sujet sont coordonnés par une
conjonction:
– l’accord se fait au pluriel si le sens de la conjonction est
d’addition, d’alternative ou de coordination et au singulier si le sens en
est d’exclusion ou d’adjonction occasionnelle:
N et N +V
[+addition][+pluriel]
Marie et Pierre sont étudiants.
L’un et l’autre travillent sérieusement.
ni N ni N + V
[+addition] [+pluriel]
Ni Marie ni Pierre n’aiment le sport.
N ou N + V
[+alternative] [+pluriel]
Pierre ou Marie seront là ce soir.
N comme + V
de même que
ainsi que
avec
[+ coordination] [pluriel]
Marie comme Pierre passeront leurs examens en juin.
Marie avec ses amis arriveront ce soir.
ni N ni N + V
N ou N + V
[+exclusion] [singulier]
Ni Marie ni Pierre n’aime le sport.
Ni l’un ni l’autre ne pourra répondre à cette question.
Pierre ou Marie viendra vous chercher à l’hôtel.
73
N comme + V
de même que
ainsi que
avec
[+adjonction accidentelle] [singulier]
Marie comme Pierre passera ses examens en juin.
Marie, avec ses amis, arrive ce soir.
Marie de même que Pierre arrivera ce soir.
B. L’accord en personne
••• Lorsque le sujet est réalisé par des pronoms conjoints le
verbe portera la même marque de personne que le pronom sujet:
Je ne comprends pas votre question.
Tu n’as pas répondu à ma question.
Il a répondu correctement.
Nous attendons les résultats de l’examen.
Vous attendez vos amis.
Eux aussi, ils attendent les résultats des examens.
••• Lorsque le sujet est un groupe de coordination de formes
de pronoms disjoints, et que les deux ou trois pronoms renvoient à des
personnes différentes, il y a des règles de hiérarchie qui doivent être
respectées:
– la première et la deuxième personnes sont repris par la
quatrième personne (la première personne pluriel) et le verbe s’accorde
avec celle-ci:
Moi et toi, nous irons ensemble à la gare.
– la deuxième et la troisième personnes sont reprises par la
cinquième personne (la deuxième personne du pluriel) et le verbe
s’accorde avec la cinquième personne:
Toi et lui, vous irez ensemble à la gare.
– la première, la deuxième et la troisième personnes sont reprises
par la quatrième personne (la première personne pluriel) et le verbe
s’accorde avec celle-ci:
Moi, toi et lui, nous irons ensemble à la gare.
– les deux formes de pronoms représentent la troisième personne;
elles sont reprises par la sixième personne (la troisième personne du
pluriel) et le verbe s’accorde avec cette personne:
Lui et elle, ils irons ensemble à la gare.

74
C. L’accord en nombre et en personne dans la proposition
relative
En règle générale, le verbe de la proposition relative s’accorde en
nombre et en personne avec l’antécédent du pronom relatif:
Pierre qui est invité à cette réunion représentera notre syndicat.

Moi qui suis invité à cette réunion, je représenterai notre école.

Toi qui es invité à cette réunion, tu représentera ton école.

Je suis celle qui a été invité à cette réunion.

Tu es celui qui participera à cette réunion.

C’est un des problèmes qui préoccupent les participants à cette


réunion.
Lorsque le pronom personnel disjoint représente la cinquième
personne et s’il est repris devant le pronom relatif par un pronom de la
troisième personne ou par un nominal, le verbe de la proposition
relative s’accorde soit avec l’antécédent immédiat du relatif (le nominal
ou le pronom de la troisième personne), soit avec le pronom de la
cinquième personne:

Vous êtes celui qui a répondu à leur appel.

Vous êtes celui qui avez répondu à leur appel.

Vous êtes le seul (le premier, l’unique) qui a /ait répondu à leur
appel.

Vous êtes le seul (le premier, l’unique) qui avez/ayez répondu à leur
appel.
D. L’accord en genre
On a affaire à l’accord en genre du verbe avec le sujet seulement
lorsque le verbe est à une forme composée (c’est le participe passé qui
s’accorde en genre) et dans des cas donnés:

75
••• les verbes ci-dessous à la voix active; ils sont tous des verbes
intransitifs ou en construction intransitive et se conjuguent avec
l’auxiliaire être:
aller venir parvenir
arriver devenir survenir
partir intervenir convenir (= «tomber d’accord»)
repartir revenir naître
mourir
Marie est allée au théâtre.
Son ami est venu la prendre une heure avant.
Elle est partie seule.
Elle est devenue intéressante.
Marie et sa soeur, elles sont nées en Roumanie.
entrer resortir monter
rentrer descendre remonter
sortir redescendre tomber
Pierre est tombé dans l’escalier.
Marie est entrée dans la salle de spectacle.
Elle est montée dans la voiture.
demeurer, rester (à statut de verbes copulatifs)
Pierre est resté mécontent.
Marie est restée étonnée de votre décision.
Elle est demeurée stupéfaite.
passer, changer, vieillir, rajeunir, jaunir, etc. (quand on
envisage le résultat du procès, son effet):
Marie est passée au secrétariat pour voir les résultats de l’examen.
Par où sont passées les petites filles?
Ma mère est vieillie depuis cet accident.
••• la plupart des verbes à la voix pronominale:
– les verbes essentiellement pronominaux:
s’absenter s’évanouir
s’abstenir s’infiltrer
s’efforcer se méfier
L’enfant s’est évanoui au moment de l’accident.
Marie s’est toujours méfiée des flatteries.
Plusieurs étudiantes se sont absentées au dernier cours.
76
– les verbes pronominaux intensifs, moyens ou d’expérience
subjective:
s’apercevoir s’opposer
s’attendre se plaindre
s’aviser se réjouir
se douter se taire
Les jeunes filles se sont aperçues de leur erreur.
Les femmes se sont opposées à plusieurs projets de lois.
– les verbes pronominaux passifs:
s’acheter se parler
se construire se vendre
Les livres pour enfants se sont vendus les premiers.
Beaucoup de maisons se sont contruites les dernières années.
– les verbes qui introduisent un attribut du sujet:
se croire se rendre
se montrer se sentir
Marie s’est crue innocente.
La jeune femme s’est sentie coupable.
– les verbes réfléchis qui n’ont pas de complément d’objet direct
explicité:
s’imaginer se peigner
se laver se préparer
La petite fille s’est lavée et s’est peignée toute seule.
– les verbes réciproques lorsque le pronom se se laisse interpréter
comme complément d’objet direct20:
s’aimer se saluer
se rencontrer se séparer
Les deux amis se sont séparés à la sortie du théâtre.
Les deux jeunes filles se sont séparées à la sortie du théâtre.

2.2. L’accord dans la phrase ternaire


Dans la phrase ternaire l’accord se fait tantôt entre les trois
termes de la contruction (l’accord en nombre), tantôt entre deux termes
seulement (l’accord en genre et en personne).

20
Pour les détails et pour les cas de non accord, voir T. Cristea,
Grammaire structurale du français contemporain, EDP, 1979, pag. 218-230
77
Il s’agit de l’accord entre le verbe et le sujet, entre l’attribut et le
sujet et entre l’attribut et le verbe. Suivant la nature des réalisateurs du
sujet et de l’attribut, on a affaire à l’accord en nombre et en genre ou en
personne.
Sujet + verbe copule + attribut

accord en nombre et en personne


accord en nombre et en genre
– le verbe copule s’accorde en nombre et en personne avec le
sujet:
Tu étais sérieux à cette époque là.

Nous n’étions plus jeunes à cette époque-là.

Pierre est toujours sérieux.

Les enfants sont petits.

– l’attribut s’accorde en nombre et en genre avec le sujet et en


nombre avec le verbe:

Pierre est sérieux. L’enfant est sage.

Marie est sérieuse.

Les enfants sont petits. Les enfants sont sages.

Les fleurs sont belles.

Lorsque le verbe copule est réalisé par la locution avoir l’air


l’accord de l’adjectif attribut est fait:
(1) avec le sujet réalisé par un Nom [+animé], [+personne]:
(a) lorsque la qualité dénotée par l’adjectif est une qualité
permanente:
Pierre a l’air sérieux. Les garçons ont l’air sérieux.
Marie a l’air sérieuse. Les jeunes-filles ont l’air sérieuses.
Pierre a l’air content. Les garçons ont l’air contents.
Marie a l’air contente. Les jeunes filles ont l’air contentes.
78
(b) lorsque la qualité dénotée par l’adjectif est incompatible avec
le mot air:
Cette jeune-fille a l’air intéressée.
Ces personnes ont l’air curieuses.
(c) lorsque le sujet est réalisé par un Nom [-animé]:
Cette tarte a l’air délicieuse.
Leur vitesse n’avait pas l’air excessive.
(2) avec le mot air:
(a) lorsque le sujet est réalisé par un Nom [+animé], [+personne],
(b) lorsque la qualité dénotée par l’adjectif est présentée comme
accidentelle21:
Marie a l’air content.
Elle a l’air sérieux.

21
pour des détails voir T. Cristea, Grammaire structurale du français
contemporain, EDP , pag. 228-229.
79
3. L’ORDRE DES TERMES
DANS LA PHRASE MINIMALE

En règle générale, l’ordre des terms dans la phrase assertive est


l’ordre progressif (Sujet + Verbe). Cependant, dans la langue littéraire
et dans les langages scientifique et administratif, il existe des cas où le
sujet est placé après le verbe. Ces cas sont les suivants:
•• lorsque le verbe – pivot de la phrase appartient à la classe des
verbes qui ouvrent la communication, type:
arriver rester
entrer sortir
paraître suivre
Arriveront le premiers, les curieux et les personnes intéressées.
Suivront les étrangers.
Viendra un jour où la vérité sera connue.
Restent encore les étudiants qui s’intéressent à l’informatique.
•• lorsque le verbe est à la voix passive:
Sont invités à la réunion les étudiants qui s’intéressent à la
publicité.
Ont été exclues les personnes qui n’ont pas d’expérience.
•• lorsque la phrase commence par seul ou par un complément
circonstanciel de temps, de lieu ou de manière réalisé par les substituts:
aujourd’hui déjà nulle part
alors enfin ainsi
jadis ici
jamais par ici
d’abord par là
après partout
Bientôt arriveront les curieux.
De tous côtés arrivaient les curieux.
Par là sont sortis les invités.
Ainsi finit notre histoire.
80
•• dans les phrases qui commencent par des adverbes modalisants,
incidents à toute la phrase, type:
ainsi toujours peut-être
aussi à peine probablement
encore sans doute en vain
Peut-être n’a-t-il pas bien compris!
Toujours est-il vrai que rien ne va.
En vain sommes-nous intervenus, rien n’a été réglé.
•• dans le langage scientifique et administratif:
Dans ce chapitre, sont définis les concepts avec lesquels opère
la sémantique générative.
Sont convoqués à la Mairie les possesseurs de Certificats
d’handicapé.
•• dans les phrases ternaires dont l’attribut est réalisé par certains
adjectifs:
grand nombreux
heureux rare
malheureux tel
Rares sont les personnes qui respectent la tradition vestimentaire.
Grande a été ma surprise, quand je l’ai vu au volant de ma
voiture.
•• dans les phrases à statut de circonstant qui sont réalisées par les
constructions: N’eût été…, Si+adj. …
N’eût été son intervention, on n’aurait rien obtenu.
Si sérieux eût-il été, on aurait dû le conseiller.

81
4. LE GROUPE PREDICATIF (GPréd.)

Le GPréd. est le CI du Noyau. Il entre en relation


d’interdépendance avec le GN1 et domine le GV et le GAdv.
Il comporte:
– un verbe, qui est l’élément central-pivot du groupe;
– des déterminants, qui contractent différentes relations avec le
verbe et qui se distinguent entre eux par le degré de nécessité et par le
type de la relation de détermination qu’ils contractent avec le verbe.
Du point de vue du degré de nécessité, on distingue:
– les compléments (d’objet) – qui sont obligatoires puisqu’ils
sont régis par le thème du verbe;
– les circonstants – qui sont facultatifs: ils ne sont pas demandés
par le thème du verbe; ils ajoutent des informations supplémentaires sur
les circonstances dans lesquelles se déroule le procès dénoté par le
verbe. Ils portent aussi le nom d’ajouts et d’adjoints.
Du point de vue du type de relations que le déterminant
entretient avec le verbe (autrement dit, du point de vue de l’incidence),
on distingue:
– les déterminants incidents au verbe (qui entrent en relation
d’interdépendance avec le verbe) – les compléments:
≠ Ph ≠

CProp. Noyau

GN1 GPréd.

GV GAdv.

MV Æ Å Dt.
82
regarder quelque chose
donner quelque chose à quelqu’un.
parler à quelqu’un
parler de quelqu’un
s’attendre à quelque chose
– les déterminants incidents au GPréd. (qui entrent en relation
de dépendance avec le verbe) –les circonstants:
≠ Ph ≠

CProp. Noyau

GN1 GPréd.

GV GAdv.

MV Dt. rel. GN / Prop./ Substitut

attendre qqn à la gare


attendre qqn jusqu’à ce qu’ il arrive
attendre qqn dehors

Dans toute phrase, à part les constituants adverbiaux incidents


au GPréd., il y a d’autres constituants adverbiaux qui n’ont pas de
rapport direct avec le verbe et ont une certaine mobilité dans la phrase;
ils sont incidents à toute la phrase et on les apppelle – des modalisants;
ils ne sont pas de CI du GPréd ou du GV; ils sont des CI de la phrase:
≠ Ph ≠

CProp. Noyau
Modalité
GN1 GPréd.

GV GAdv.

MV Dt. rel. GN
Certainement, on attendra les invités à l’aéroport.
Il est certain qu’on attendra les invités à l’aéroport.

83
•• Les déterminants obligatoires (à haut degré de nécessité)
peuvent être:
– les compléments d’objet (COD, COI, CPrép.):
Pierre prépare ses examens.
Pierre parle au professeur.
La maison appartient à mes parents.
Pierre pense à ses vacances. Il pense aussi à ses amis.
– certains circonstants requis par le thème du verbe:
Pierre va à l’école.
Pierre se dirige vers l’école.
Pierre habite (à) Craiova.
Dans les phrases ci-dessous, les déterminants à l’école, vers
l’école, (à)Craiova sont demandés par le thème du verbe qui, en leur
absence ne pourraient pas réaliser le prédicat:
*Pierre va.
*Pierre se dirige.
*Pierre habite.
Il résulte que l’opposition complément / vs./ adjoint ne coïncide
pas toujours avec l’opposition complément /vs./ circonstant.

4.1. Le prédicat nominal – le groupe prédicatif


de la phrase ternaire
Lorsque le verbe de la phrase est de type ÊTRE (verbe copule), on
a affaire à un prédicat nominal qui a comme CI le verbe copule et le
prédicatif (Attribut).
La spécificité de la phrase ternaire est donnée par la relation
d’interdépendance qui s’établit entre les trois CI:le GN1, le V copule et
le Prédicatif (Attribut):
≠ Ph ≠

CProp. Noyau
Modalité
GN1 GPréd.

Vc Attribut
Probablement Paul est malade.
Il est évident que Paul est devenu insupportable.
Ce livre paraît intéressant.
84
•• Les verbes-noyau du prédicat nominal présentent plusieurs
caractéristiques au point de vue sémantique et morpho-syntaxique.
Au point de vue sémantique, les verbes copule se regroupent en
plusieurs classes:
– les verbes qui comportent les traits [+existence]; ils marquent la
manifestation ou la constatation de l’état, de la qualité dénotés par
l’attribut):
être mourir
vivre entrer
naître sortir
Pierre est sérieux.
Pierre est étudiant.
Ces livres sont intéressants.
Pierre vit heureux à la campagne.
Certains gens naissent riches et meurent pauvres.
– les verbes qui comportent les traits [+inchoatif] ou [+causatif];
ils marquent le changement ou le devenir de l’état ou de la qualité
dénotés par l’attribut:
devenir (se) faire
tomber (se) rendre
Le plus souvent ces verbes demandent l’explicitation de la cause
qui a déterminé le changement:
Pierre est devenu insupportable.
(Il a beaucoup fumé.) Il s’en est rendu malade.
Pierre est tombé malade.
Il s’est rendu malade en travaillant dans le froid.
Marie se fait toujours plus belle.
Ton comportement l’a rendu malade.
Pierre s’est rendu insupportable.
Tes remarques l’ont laissé indifférent.
Cette coiffure la fait vieille.
– les verbes qui comportent les traits [+apparence]:
avoir l’air paraître sembler
Pierre a l’air triste.
Marie a l’air intelligente.
Marie semble capable de se débrouiller seule.

85
– les verbes qui comportent les traits [+perception], [+jugement]:
(se) voir (se) croire prendre pour
(se) sentir (se) juger tenir pour
Marie se sent malade.
Pierre croit Marie coupable.
Il la croit coupable.
Marie se croit coupable.
Son entraîneur voit Pierre champion.
Elle se voit malade.
On tient Pierre pour responsable.
– les verbes qui comportent les traits [+persistance] dans l’état:
rester se tenir
demeurer se maintenir
Marie reste tranquille.
Elle se tient tranquille.
Elle se maintient optimiste.
Du point de vue morpho-syntaxique, on distingue:
– des verbes qui sont à la diathèse active:
être croire
devenir naître
paraître mourir
Pierre est sérieux.
Le père de Pierre est mort jeune.
Marie semble capable de se débrouiller seule.
Son entraîneur voit Pierre champion.
– les verbes qui se sont à la diathèse pronominale:
se considérer se sentir
se croire se trouver
se rendre se voir
Pierre se considère coupable.
Marie se voit belle.
Marie s’est rendue malade.
– les verbes qui sont à la diathèse passive:
être considéré être présumé
être jugé (comme) être rendu
être pris (pour) être tenu (pour)
86
Marie est considérée capable de se débrouiller seule.
Pierre a été pris pour un voleur.
Pierre a été rendu malade.
Pierre est tenu pour responsable.
Du point de vue de la relation d’incidence introduite, on
distingue:
– les verbes copule qui introduisent un attribut incident au GN1
(sujet):
être se juger
devenir se faire
sembler se croire
se considérer se trouver
Pierre est sérieux.
Pierre se croit coupable.
Pierre deviendra médecin.
Pierre a été pris pour coupable.
Pierre semble fatigué.
Pierre est considéré comme coupable.
– les verbes copule qui introduisent un attribut incident au GN2
(complément d’objet direct):
considérer rendre
croire tenir
faire trouver
prendre
On considère Marie capable de se débrouiller seule.
On a pris Pierre pour un voleur.
Cet incident a rendu Pierre malade.
Nous tenons Pierre pour responsable.
•• L’attribut (le prédicatif) est le CI à statut obligatoire; il
entretient des relations d’interdépendance avec le verbe copule et avec
le GN1..
L’attribut peut être réalisé par plusieurs classes de mots:
– un adjectif:
Pierre est malade.
Marie est mécontente.
On le trouve sympathique.
On en considère Marie responsable.

87
– un nom:
Marie est écrivain.
L’écrivain qui nous sera présenté est Amin Maalouf.
Pierre est aviateur.
Le nouveau directeur du laboratoire est Pierre Fafont.
– un verbe à l’infinirif:
Le problème est de continuer les recherches.
La décision est d’organiser des cours de formation alternative.
– une proposition:
Le problème est qu’il ne pourra pas continuer seul les
recherches.
Le problème est que nous sommes seuls.
Suivant le type de relation d’incidence que l’attribut introduit, on
distingue deux types de phrases ternaires:
(1) la phrase ternaire qualifiante – la phrase par l’intermédiaire
de laquelle est attribuée une qualité au nominal GN1 et GN2. L’attribut
est, dans ce cas, incident au GN1 ou au GN2:
Pierre est sérieux. On croit Pierre sérieux.
Pierre se croit coupable. J’ai trouvé ce livre intéressant.

Dans la phrase ternaire qualifiante:


•• le prédicatif -attribut incident au sujet est réalisé par un
adjectif:
Pierre est sérieux.
Pierre est devenu insupportable.
•• l’attribut est inséré par:
– des verbes actifs qui comportent les traits inhérents:
[+existence], type être
[+persistence], type rester
[+devenir], type devenir
[+apparence], ţype paraître
[+jugement], type se croire
Pierre est sérieux.
Pierre reste indifférent à tout ce qui se passe.
Pierre est devenu insupportable.
Pierre semble malade.
– des verbes pronominaux réfléchis qui comportent les traits:

88
[+devenir], type se rendre
[+jugement], type se croire
[+perception], type se sentir:
Pierre se croit coupable.
Pierre s’(en) est rendu malade.
Pierre se sent coupable.
•• l’attribut est placé:
– en règle générale, après le verbe copule:
Pierre est / se croit / reste coupable.
Il est / se croit / reste coupable.
– pour des raisons de focalisation, devant le verbe copule.
Dans ce cas:
(a) le sujet réalisé par un nom ou par un pronom (autre que le
pronom personnel), démonstratif, en règle générale, est placé après le
verbe:
Rares sont les adolescents qui aiment lire.
Nombreux sont ceux qui n’ont pas confiance en leurs amis.
Heureux sont ceux qui ont confiance en eux-mêmes.
(b) le sujet réalisé par un pronom personnel reste devant le verbe-
copule et l’attribut disloqué à gauche et placé en tête de proposition est
repris auprès du verbe par le pronom neutre le:
Aimable, il l’a toujours été.
Elégantes, elle ne le sont pas vraiment.
•• le prédicatif -attribut de l’objet direct est réalisé par un
adjectif ou par un nom:
On croit Pierre coupable.
On prend souvent Pierre pour directeur.
•• l’attribut incident à l’objet direct est inséré par les verbes
comportant les traits:
[+jugement], type: croire, considérer
[+opinion], type dire
On considère Pierre comme responsable.
On dit Pierre responsable de tout.
Tout le monde croit ce livre intéressant.
Tout le monde a trouvé ce livre intéressant.
On a traité Pierre en voleur.
On croit Pierre responsable.
On prend souvent Pierre pour directeur.
On croit Pierre directeur du département.
89
Auprès des verbes-copule du type dire, l’attribut du complément
d’objet direct représente un sujet monté, le sujet d’une proposition
ternaire antérieurement indépendante, enchâssée dans une proposition
matrice à verbe [+opinion]. La destructuration de la proposition résultant
de la transformation de montée du sujet permet d’identifier la proposition
ternaire:
On dit Pierre responsable de tout ce qui se passe en ce moment.
Æ On dit que Pierre est responsable de tout ce qui se passe en ce
moment.
On croit Pierre directeur du département.
Æ On croit que Pierre est (le) directeur du département.
On continue à le considérer comme responsable.
Æ On continue à considérer qu’il est responsable.
(2) la phrase ternaire équatante – la phrase par l’intermédiaire
de laquelle est introduite une information qui permet d’identifier le
nominal sujet ou qui le caractérise tout simplement. C’est la phrase
ternaire où le prédicatif -attribut peut être distribué en position de sujet
et le sujet en position d’attribut sans que le sens de la phrase en soit
essentiellement affecté:
Pierre Dupont est directeur du Centre.
Æ Le directeur du Centre est Pierre Dupont.
Les étudiants invités sont ceux-ci.
Æ Ceux-ci sont les étudiants invités.
Le plus difficile est d’en convaincre les gens.
Æ En convaincre les gens est le plus difficile.
Le plus important est de respecter les délais.
Æ Respecter les délais est le plus important.
Dans la phrase ternaire équatante:
•• l’attribut est incident uniquement au GN1:
Marie est étudiante.
Son frère est pharmacien.
La licence est un examen difficile.
Ceux-ci sont les étudiants invités.

90
•• il est réalisé par un nom, un pronom, un infinitif ou par
une proposition:
Pierre est directeur d’entreprise.
Les étudiants invités à cette réunion sont ceux-ci.
La difficulté est de trouver un moyen de transport.
Le problème est que nous sommes seuls.
•• l’attribut incident au sujet est inséré par les verbes:
être comporter
représenter constituer
qui se distribuent de manière restrictive en fonction du type de
rapport actualisé et du réalisateur de l’attribut:
Cette épreuve constitue l’étape finale de l’examen.
Cette épreuve est l’étape finale de l’examen.
Cette épreuve représente l’étape finale de l’éxamen.
Le plus difficile est de respecter les délais du contrat.
Les étudiants invités sont les miens.
La difficulté est que nous sommes seuls.
•• le prédicatif -attribut du sujet peut exprimer:
• un rapport d’inclusion du nominal-sujet dans une classe
déterminée; l’attribut qui exprime la qualité qui situe le référent du
nominal sujet dans une classe déterminée est un nom sans
déterminant; il est rattaché au nominl sujet par le verbe être:
GN1 + Vc (être) + Nom
Pierre est directeur / ingénieur/ chômeur.
• un rapport d’identification; l’attribut est réalisé par un GN
complexe; les verbes qui rattachent l’attribut au nominal sujet sont:
être (parfois en construction présentative c’est)
représenter
constituer
composer
GN1 + Vc (être) + Pd + Nom + Dt
Pierre est un étudiant en lettres.
Pierre est l’ étudiant que vous cherchez.
La licence est un examen qui atteste des
compétences partielles.
La licence représente un examen relativement important.

91
4.2. Le groupe verbal de la phrase binaire (GV)
Le GV est le CI du GPréd. Il domine le MV et les déterminants à
statut obligatoire (les GN2, GN3, GPrép.).
•• La structure du GV est déterminée par plusieurs facteurs:
(a) les traits inhérents et contextuels du verbe, qui servent de
critères de base dans la sous-catégorisation des verbes en:
– verbes [+causatif], [+transitif]:
dessiner qqch. chercher qqn./ qqch.
préparer qqch. aimer qqn./qqch.
– verbes [+inchoatif], [-transitif]:
s’attrister vieillir
s’aggraver changer
– verbes[+mouvement], [-transitif]:
aller courir partir se promener
arriver marcher sortir s’éloigner
– verbes[+causatif], [+orientation], [+attributif]:
donner qqch. à qqn. proposer qch. à qqn.
prendre qqch. à qqn. demander qqch. à qqn.
(b) le rapport d’implication qui s’établit entre le verbe et ses
déterminants; le même verbe peut se combiner avec plusieurs
déterminants et générer des structures différentes:
parler le français parler à qqn.
parler de qqn.
parler avec qqn.
(c) le type de dépendance formelle entre le verbe et ses
déterminants (le régime du verbe):
Certains déterminants se rattachent directement au verbe; ils sont
de rection directe:
préparer qqch. chercher qqn. / qqch.
cacher qqch. attendre qqn. / qqch.
D’autres déterminants se rattachent au verbe par l’intermédiaire
d’une préposition; ils sont des déterminants de rection indirecte:
parler à qqn. chercher à faire qqch.
parler de qqn. s’attendre à qqch.
parler avec qqn.
(d) les latitudes des déterminants à se combiner entre eux (le
même verbe peut régir plusieurs déterminants à la fois):

92
dire qqch. à qqn. éloigner qqch. de qqch.
inviter qqn. à faire qqch. convaincre qqn. de faire qqch.
interdire à qqn. de faire qqch. voir qqn. faire qqch.
conseiller à qqn. de faire qqch. laisser qqn. / à qqn. faire
qqch.
•• Du point de vue de la structure du GV, autrement dit, du
point de vue de la présence ou de l’absence de déterminants auprès du
verbe, on distingue plusieurs classes de verbes:
(1) des verbes uniquement non déterminés (V[-déterminé]); ce
sont des verbes intransitifs, appelés aussi des verbes monovalents22. Ils
appartiennent à plusieurs classes sémantiques, dont les plus représentées
sont:
– [+dynamique], [+mouvement] – arriver, courir, partir, venir,
revenir, se promener, s’enfuir…
– [+ dynamique], [+inchoatif] – jaunir, rougir, maigrir, pâlir…
– [– dynamique], [+état] – être, exister, attendre, naître, mourir…
(2) des verbes uniquement déterminés (V[+déterminé]). Ces
verbes se regroupent en plusieurs sous-classes suivant la nature du
déterminant obligatoire. On y distingue:
(a) des verbes à un seul déterminant; ces verbes se séparent en
deux sous-groupes:
(a1) les verbes à déterminant complément d’objet direct (V+
GN2). Ce sont des verbes transitifs qui comportent le trait inhérent
[±causatif], type:
abîmer qqch. avoir qqch. dessiner qqch.
abattre qqn. /qqch. cacher qqch./qqn. effacer qqch.
ajouter qqch. chercher qqch./qqn. fabriquer qqch.
attendre qqn./qqch. cultiver qqch. préparer qqch.
La pluie a abattu plusieurs arbres.
Mes amis préparent les examens de fin d’année.
(a2) les verbes à déterminant prépositionnel (V+ GPrép.). Ce
sont des verbes transitifs indirects. Le complément prépositionnel est
rattaché au verbe par les prépositions: à, de, dans, sur, avec, contre...
Ces verbes comportent les traits [±dynamique], [±orientation], type:
parler à qqn. accéder à qqch.

22
Cf. A. Blinkemberg, Le problème de la transitivité en français,
Copenhague, 1960.
93
appartenir à qqn. adhérer à qqch.
céder à qqn. / à qqch. réfléchir à qqch.
plaire à qqn. penser à qqch.
obéir à qqn. renoncer à qqch.
Le guide parle aux touristes. Ils leur parle.
La maison appartient à mes parents. Elle leur appartient.
Pierre a adhéré à la ligue des étudiants en droit. Il y a adhéré
depuis peu.
Pierre pense aux vacances. Il y pense sérieusement.
abuser de qqn. /de qqch. se méfier de qqn. / de qqch.
bénéficier de qqch. se passer de qqch.
dépendre de qqn. / de qqch. profiter de qqch.
Les bébés dépendent de leurs mères. Ils dépendent en tout d’elles.
Le règlement du statut des immigrés dépend des décisions du
gouvernement. Leur situation en dépend.
s’enfoncer dans qqch. s’appuyer sur qqn./qqch.
s’abriter contre qqch.
s’enfermer dans qqch. se pencher sur qqn. / qqch.
s’appuyer contre qqch.
s’infiltrer dans qqch. se précipiter sur qqn.
se heurter contre qqch.
Marie s’est enfermée dans sa chambre. Elle s’y est enfermée. Elle
s’est enfermée dedans.
L’eau s’est infiltrée dans le mur. Elle s’y est infiltrée.
Le malade s’appuie sur l’infirmière. Il s’appuie sur elle.
Les policiers se sont précipités sur le voleur. Ils se sont précipités
sur lui /dessus.
Surpris par le pluie, les passants s’abritent contre le mur.
Le vieillard s’est heurté contre la marche.
(b) des verbes à deux déterminants; ces verbes se séparent en
deux sous-groupes:
(b1) les verbes à GN2 (COD) et GN3 (COI au datif). Ce sont des
verbes attributifs. Le GN3 est rattaché au verbe par la préposition à.
acorder qqch. à qqn. emprunter qqch. à qqn.
adresser qqch. à qqn. prêter qqch. à qqn.
donner qqch. à qqn. prendre qqch. à qqn.
94
offrir qqch. à qqn. voler qqch. à qqn.
Le Premier Ministre a acordé une interview aux journalistes. Il
leur a accordé une interview.
Marie a prêté son dictionnaire à Paul. Elle lui a prêté son
dictionnaire.
(b2) les verbes à GN2 (COD) et GPrép. (Complément
prépositionnel). Ce sont des verbes transitifs. Les prépositions qui
rattachent le complément au verbe sont: à, de, sur, dans, vers.
attacher qqn. / qqch. à qqch. extraire qqch. de qqch.
accrocher qqch. à qqch. tirer qqn. / qqch. de qqch.
soustraire qqch. à qqch. munir qqn. / qqch. de qqch.
exposer qqn./ qqch. à qqch. éloigner qqn. /qqch. de qqch.
L’enfant a attaché sa bicyclette à la grille.
Le gardien a éloigné les enfants de la boxe du loup.
La secrétaire a collé l’affiche sur la porte.
Les parents ont enfermé leur enfant dans la maison.
(3) les verbes déterminés contextuellement. Ces verbes
appartiennent à plusieurs classes syntagmatiques et l’apparition du
déterminant s’explique par des raisons sémantiques ou syntaxiques. On
peut mentionner:
(a) certains verbes intransitifs qui reçoivent, dans certains
contextes, un objet appelé «objet interne». Ces verbes sont peu
nombreux et les constructions générées sont relativement fixes. Elles
s’expliquent par l’intention du sujet énonciateur de marquer un trait
spécifique du déterminant:
vivre:
Vivre sa vie.
dormir:
Dormir un bon sommeil, dormir son sommeil.
pleurer – (dans le sens de «regretter qqn. / qqch.»):
Pleurer qqn. (ses amis, ses parents)
Pleurer son enfance, sa jeunesse.
– (dans le sens de «être avare»):
Pleurer le pain qu’on mange.
– (dans le sens de «laisser couler (des larmes, des pleurs»):
Pleurer des larmes de joie.
Pleurer des larmes de désespoir.
Pleurer des larmes de sang.
95
(b) les verbes [+réciproque] s’accompagnent du déterminant
explicite [+association] lorsque le sujet est au singulier. Lorsque le sujet
est au pluriel le déterminant s’efface. Il s’agit des verbes du type:
s’associer communiquer
se combiner se lier
collaborer se marier
coexister s’harmoniser
Pierre s’associera avec son frère.
Pierre et son frère s’associeront.
Marie s’est réconciliée avec son ami.
Marie et son ami se sont réconciliés.
Le bleu s’harmonise avec le vert.
Le bleu et le vert s’harmonisent.
(c) les verbes [+symétrique]. Suivant que ces verbes actualisent
les traits sémantiques [+causatif] ou [+inchoatif] et les traits contextuels
[+transitif] ou [-transitif], ils génèrent un GV à déterminant -
complément d’objet direct, ou apparaissent sans déterminant:
augmenter qqch. augmenter
brûler qqch. brûler
casser qqch. casser
grossir qqch. grossir
paralyser qqch. paralyser
La RATB a augmenté les tarifs. Les tarifs ont augmenté.
Pierre a brûlé la lettre. La lettre a brûlé.
Cette loupe grossit les lettres. Cette loupe grossit suffisamment.
Pour certains verbes, la construction à déterminant est la
construction active, et la construction sans déterminant est la construction
pronominale. Dans les limites de la construction pronominale, le verbe est
interprétable comme [+inchoatif], [-transitif]:
inquiéter qqn. s’inquiéter
fatiguer qqn. se fatiguer
tracasser qqn. se tracasser
Cette situation inquiète tout le monde. Tout le monde s’inquiète.
Le voyage a fatigué ma mère. Ma mère se fatigue trop.
Le GV qui comporte des compléments GN2, GN3 et / ou G prép.
présente une forte cohésion. Les compléments ne se laissent séparer
du verbe que par certains circonstants, pour des raisons d’éclairage.
96
Pierre attend, devant l’Université, ses amis, étudiants en droit.
Pierre attend probablement ses amis devant l’Université.
Pierre parlera sans doute à ses amis de notre dernier projet.
Pierre pense probablement à ses projets de vacances.
L’inversion des compléments (GN2 / COD, GN3 / COI, Gprép /
Cprép.) est possible, dans des conditions données, lorsque les
compléments sont réalisés par des noms:
– dans une phrase interrogative, lorsque l’interrogation est
partielle et qu’elle porte sur le complément en question:
Quels étudiants attendez-vous?
Combien d’étudiants avez-vous invités à cette réunion?
À quels étudiants avez-vous présenté ce projet?
À quels étudiants pensez-vous pour ce projet?
– dans une phrase assertive, lorsqu’on veut mettre en évidence le
complément.
Dans ce cas, le complément est repris auprès du verbe par le
pronom correspondant. Il s’agit soit du pronom personnel, soit du
pronom relatif:
Ce livre, je l’achète.
C’est le livre que j’achèterai.
Les deux étudiants dont vous parlez, je les verrai demain.
Les étudiants que je rencontrerai demain sont en 1-ère année.
À ces étudiants, je leur parlerai de votre réunion.
Les étudiants à qui / auxquels je parlerai demain sont en 1-ère
année.
(A) ces enfants, je penserai sans doute à eux. Je me souviendrai
toujours d’eux.
Les enfants auxqules je m’adresserai sont en 1-ère année.
(A) cet événement, j’y penserai sans doute. Je m’en souviendrai
toujours.
Le participe passé du verbe (se trouvant à une forme composée)
s’accorde en nombre et en genre avec le COD placé devant le verbe.
Ces livres, je les ai achetés à la librairie de l’Université.
Ces citations, je les ai prises dans les oeuvres de Balzac.
Les deux étudiants dont vous parlez, je les ai rencontrés au
théâtre.

97
4.2.1. LE GN2/COD (complément d’objet direct)
A. Définition et caractérisation
Du point de vue syntaxique, le GN2 se définit par la position
qu’il occupe dans l’indicateur syntagmatique de base et par les relations
d’interdépendance qu’il entretient avec le verbe (membre verbal -MV).
C’est le CI du GV, un CI de rection directe. Il est obligatoire et se
place à droite du verbe. Le GN2 est un CI de rang inférieur (dominé par
le GV.)
Comme il y a plusieurs constituants immédiats de rection directe,
pour identifier le GN2, il s’impose de recourir à plusieurs tests:
– le test du déplacement qui permet d’identifier le GN2 de
certains compléments circonstanciels circonstants de temps.
Les deux constituants sont placés, dans la phrase assertive neutre,
après le verbe et ils sont de rection directe.
La dislocation à gauche du GN2 entraîne la destruction de la
phrase, tandis que la dislocation du circonstant ajoute une marque
d’emphase:
Marie prépare ses examens. Marie travaille la nuit.
Æ * Les examens, Marie prépare.Æ La nuit, Marie travaille.
Comme il est un constituant obligatoire, le déplacement du GN2
entraîne sa reprise par un pronom personnel auprès du verbe:
Ses examens, Marie les a déjà passés en juin.
– le test de la pronominalisation permet de distinguer le GN2 des
circonstants de rection directe. Le GN2 se laisse pronominaliser par les
formes le, la, les, en, tandis que le circonstant de temps refuse la
pronominalisation:
Marie a expédié la lettre. Marie travaille la nuit.
ÆLa lettre, Marie l’a expédiée.Æ *La nuit, Marie la travaille.
Æ Marie l’a expédiée, la lettre.Æ *Marie la travaille, la nuit.
Il existe cependant des circonstants de lieu de rection directe qui
se laissent pronominaliser par les formes le, la, les:
La vieille a traversé la rue.
La rue, la vieille l’a traversée seule.
Pierre a monté l’escalier en enjambant les marches deux par deux.
Quant aux marches, Pierre a monté l’escalier en les enjambant
deux par deux.
Il apparaît que le test de la pronominalisation n’est pas concluant.
98
– le test de la transposition à la forme passive qui semble être
spécifique des verbe transitifs:
Marie a collé l’affiche. Marie a voyagé tout l’été.
Æ L’affiche a été collée par Marie. Æ * Tout l’été a été voyagé
par Marie.
Cependant, il y a des verbes transitifs qui n’acceptent pas la
transformation passive tout comme il y a des verbes transitifs indirect
ou intransitifs qui acceptent la passivisation:
Marie a deux tableaux de Picasso.
Æ *Deux tableaux de Picasso sont eus par Marie.
Marie obéit à ses parents.
Æ Ses parents sont obéits par Marie.
Les alpinistes ont escaladé la montagne.
Æ La montagne a été escaladée par les alpinistes.
– la question: qui…?, que…?, qui est-ce que…?, qu’est-ce que
…?
Marie prépare ses examens. Marie a voyagé tout l’été.
Æ – Que prépare Marie? Æ –* Qu’a voyagé Marie?
Æ – Qu’est-ce que Marie prépare?Æ – *Qu’est-ce que Marie a
voyagé?
On constate qu’il n’y a pas un test qui soit applicable à toutes les
constructions à GN2 ou uniquement à ce type de constructions.
Il s’impose d’utiliser plusieurs tests pour mettre en évidence les
particularités de construction syntaxique et les relations sémantiques
que chaque classe de verbes ou même que chaque unité verbale établit
avec son ou ses déterminants.
Le critère déterminant qui permet d’identifier le GN2 dans
l’ensemble des autres déterminants de rection directe est la dépendance
/ la relation d’incidence dans la structure de la phrase.
•• Le GN2 est obligatoire en structure profonde. En structure
de surface, il peut s’effacer dans les cas suivants:
(a) lorsque le contexte situationnel évoque le référent du GN2:
Où êtes-vous?
Dans la cuisine. Je mange.
Voilà, sur cette photo…là, à côté de moi, il y a un petit garçon.
Je vois.
T’as trouvé?
Non, je cherche. Tiens, j’ai trouvé!
99
Les verbes qui se prêtent à cet emploi sont, à quelques exceptions
près, à l’indicatif présent, dans des structures assertives ou interrogatives;
le sujet renvoie à un des participants directs à la communication (le
locuteur -je ou le destinataire -tu):
voir savoir regretter
écouter croire pouvoir
comprendre penser vouloir
Auprès des verbes dire, écouter, faire, regarder, le GN2
s’efface, le plus souvent, lorsqu’ils sont en structure impérative:
Dites qqch. ! Faites qqch.! Ecoutez! Regardez!
Dites! Fait vite!
(b) lorsque le contexte linguistique évoque le référent du GN2:
Il cherchait des yeux une certaine affiche. Il regardait (l’affiche)
attentivement.
Il avait entendu des voix. Il écoutait (ces voix)
Il avait trouvé le dossier avec les documents secrets. Il cherchait
depuis une semaine.
(c) lorsque les nominaux susceptibles de réaliser le GN2
appartiennent à des classes prédictibles. Le sens du verbe pivot et le
sens du nominal présentent des affinités. Le nominal renvoie à des
réalités qui sortent des classes prédictibles est explicité. On distingue:
– des verbes qui renvoient nécessairement à un nominal (GN2)
[+humain]:
accuser (qqn.) consulter (qqn.)
aimer (qqn.) recevoir (qqn.)
applaudir (qqn.) saluer (qqn.)
A comparer:
Pierre aime. Il est amoureux. Il aime la musique.
Le procureur accuse. Il accuse les conditions de travail.
Le doyen reçoit entre 10h et 12h. Ma mère a reçu des cadeaux.
Le public applaudit. Le public a applaudi son intervention.
– des verbes qui renvoient nécessairement à un nominal (GN2) [-
humain]:
accepter (qqch.)
comprendre (qqch.)
observer (qqch.)
A comparer:
Nous avons proposé à Pierre de participer à notre projet.
Il a accepté.
100
De nouveaux élèves veulent venir dans notre classe.
Le professeur ne les accepte pas.
Le professeur n’accepte pas les nouveaux élèves.
Je lui ai expliqué son erreur.
Il a compris.
Marie est malheureuse.
Pierre la comprend très bien.
Pierre comprend très bien Marie.
(d) lorsque le nominal qui réalise le GN2 appartient à une série
limitée, fermée. Certains des verbes qui génèrent cette construction
sélectent pour sujet un nominal [+humain], d’autres sélectent un
nominal [-humain]. La construction est actualisée dans le contexte des
verbes ci– dessous:
GN1[+humain]
abandonner (la course) abandonner un projet, sa famille
allumer (les phares, la lampe, l’électricité)
allumer le feu
boire (de l’alcool) boire de l’eau
accélérer (la vitesse) accélérer le rythme
conduire (une voiture) conduire qqn. chez le médecin
doubler (une voiture) doubler sa fortune, une classe
éteindre (les phares, la lampe, l’électricité)
éteindre le feu
freiner (la voiture) freiner un coureur, le progrès
ralentir (le vitesse) ralentir le pas, sa marche
récupérer (ses forces) récupérer de l’argent
A comparer:
Plusieurs coureurs ont abandonné.
Le voleur a abandonné la voiture.
Le chaufeur a accéléré, puis il a freiné brusquement.
Il faut accélérer le rythme de la réforme.
Il faut éviter de boire en excès.
Par canicule, il est recommandé de boire beaucoup d’eau
GN1[-humain] GN1[+humain]
(le vin) déposer (la lie) déposer un dossier (de candidature)
déposer une gerbe de fleurs
(ça) creuser (l’estomac) creuser un trou

101
(le bateau) mouiller (l’ancre) mouiller son mouchoir, son
doigt dans l’eau
(la rivière) prendre la glace prendre qqn par la main
(la cheminée) rabattre (la fumée)
rabattre le col de son manteau
(e) dans les contextes où c’est l’action dénotée par le verbe et son
agent qui sont mis en évidence et non l’objet sur lequel cette action
s’exerce, le nominal susceptible de réaliser le GN2 et qui appartient à
une classe plus large, délimitée par l’expérience humaine, est effacé.
Lorsque le nominal sort de cette classe, il est explicité:
acheter espérer
attendre entendre
écouter vendre
A comparer:
Marie n’arrête pas d’acheter. Elle achète des riens.
Elle a acheté un perroquet.
Je vous écoute. Parlez!
Il faut apprendre à écouter.
Les étudiants écoutent leur professeur.
Écouter les conseils de quelqu’un.
•• Le GV à GN2 présente une forte cohésion. Le GN2 ne se
laisse séparer du verbe que par certains types d’adverbes et par des
pronoms compléments:
Pierre a reconnu l’auteur de ce texte.
Pierre a reconnu immédiatement/sans difficulté l’auteur de ce texte.
Pierre attend ses camarades.
Pierre attend probablement / toujours ses camarades.
Pierre offrira les fleurs à Marie. Æ Il les offrira à Marie. Æ Il les
lui offrira.
B. Réalisateurs du GN2
Les unités linguistiques qui peuvent réaliser le GN2 appartiennent
à plusieurs classes:
– un GN simple ou complexe:
Pierre étudie le français.
Pierre étudie deux langues étrangères de circulation restreinte.
– un pronom:
Pierre nous connaît bien.
102
– un infinitif:
Pierre sait se débrouiller seul.
– une proposition:
Pierre sait que vous avez accepté sa proposition.
• Le GN2 réalisé par un GN
– Le GN2 est, en règle générale, placé à droite du verbe.
Pierre prépare son examen de licence.
Pierre a eu son permis (de conduire).
Pierre a acheté les plus belles fleurs pour sa fiancée.
Cependant, le GN2 est placé devant le verbe lorsque la phrase est
interrogative (interrogative partielle incidente à l’objet direct – au
GN2) ou exclamative:
Quels étudiants attendez-vous?
Combien de personnes attendez-vous?
Combien de livres il a achetés!
Dans les phrases assertives le GN2 placé devant le verbe est
repris auprès du verbe par un pronom relatif ou un pronom complément
correspondant et le participe passé du verbe s’accorde, en règle
générale, en genre et en nombre avec le GN2 antéposé. Ces cas sont les
suivants:
– le GN2 est repris par un pronom relatif; l’accord du participe
passé se fait avec l’antécédent du pronom relatif antéposé au verbe:
Les livres que j’ai achetés sont intéressants.

Le GN2 réalisé par un pronom relatif précède aussi le verbe qui


réalise le prédicat nominal:
Voilà une revue que j’ai trouvée interessante.

Le verbe de la proposition relative est un verbe de perception


(voir, entendre) ou factitif23 (laisser) suivis d’un infinitif:
– on accorde le participe passé avec le GN2 antéposé si le référent
de ce nominal est aussi agent de l’infinitif (a). On ne fait pas l’accord si
le référent du nominal est objet direct de l’infinitif (b):

23
Dans le contexte du verbe faire le participe passé ne s’accorde pas
avec le GN2 antéposé: Les étudiants que j’ai fait travailler avec le
dictionnaire sont en 1-ère année.
103
(a) Les étudiant que vous avez entendus répondre sont en 1-ère
année.
Æ Vous avez entendu les étudiants.
Æ Les étudiants répondaient.
Les jeunes filles que vous avez vues sortir sont en
1-ère année.
Æ Vous avez vu des jeunes filles.
Æ Les jeunes filles sortaient.
Les étudiants que j’ai laissés travailler sont en 1-ère année.
Æ J’ai laissé les étudiants.
Æ Les étudiants ont travaillé.
(b) Les étudiants que j’ai vu interviewer (par un journaliste) sont
en 1-ère année.
Æ Un journaliste interviewait les étudiants.
Æ J’ai vu qu’un journaliste interviewait les étudiants.
– Le GN2, repris par un pronon relatif, est réalisé par la structure
un de +N (pluriel):
un des livres
un des étudiants.
On fait l’accord au pluriel si la structure comporte un comparatif:
un des plus beaux + N
un des plus intéressants + N
un des moins chers + N
C’est un des plus beaux romans que j’ai lus.

On fait l’accord au singulier ou selon le sens si la structure ne


comporte pas de comparatif:
C’est un des romans que j’ai lu(s).

(a) J’ai lu un roman. (b) J’ai lu plusieurs romans.


Lorsque le GN2 est repris par le pronom relatif et que le verbe
pivot est en structure complexe réalisée par un des verbes: devoir,
pouvoir, vouloir, désirer, oser, dire suivis d’un infinitif (explicité ou
non) ou d’une proposition, le participe passé de ces verbes ne s’accorde
pas avec le complément d’objet direct placé devant le verbe:

104
J’ai fait toutes les démarches que j’ai pu (faire).
Pierre a lu tous les livres qu’il a dû lire / qu’il a voulu lire.
Pierre a fait tous les exercices que le professeur a voulu qu’il fasse.
• Le GN2 est un groupe complexe de coordination; le participe
passé s’accorde au singulier ou au pluriel suivant qu’on accorde à la
conjonction la valeur d’exclusion (a) ou d’addition (b):
C’est Marie ou Pierre qu’on a invité(s) à la réunion.
(a) On a invité soit l’un, soit l’autre.
(b) On a invité l’un et l’autre.
C’est le temps ou l’argent qu’on a toujours valorisés.
• le GN2 est réalisé ou repris par un pronom personnel; le
participe passé du verbe pivot du GV est accordé en genre et en nombre
avec l’antécédent du pronom:
Ces revues, je les ai achetées à la librairie de l’Université.

Le pronom GN2– pronom personnel précède aussi le verbe qui


réalise le prédicat nominal à attribut incident à l’objet direct; le participe
passé du verbe copulatif s’accorde en genre et en nombre avec
l’antécédent du pronom complément:
Cette jeune femme, on l’a traitée de folle
Cette jeune femme, on l’a traitée de /comme irresponsable.
Cette jeune femme, on l’a prise pour responsable.

Lorsque la phrase ternaire à attribut incident au GN2 est introduite


par le verbe croire l’accord du participe passé est facultatif:
Ces jeunes filles que j’ai cru(es) être sérieuses, m’ont déçu.

On ne fait pas l’accord si le verbe être est effacé de la structure de


surface:

Ces jeunes filles que j’ai cru sérieuses, m’ont déçu.

• Le GN2 est réalisé par un nom repris par le substitut «en» (à


statut de quantitatif indéfini); en règle générale, le participe passé reste
invariable:

105
Des livres, il en a acheté à la librairie de l’Université.
As-tu trouvé des exemples.
J’en ai trouvé dans le Nouvel Observateur.
On fait cependant l’accord lorsque le pronom en est accompagné
d’un quantitatif et si le quantitatif précède le pronom en:
Des livres, autant il en a trouvés, autant il en a achetés.
Des exemples, beaucoup / peu il en a trouvés, beaucoup / peu
il en a donnés.
Lorsque le quantitatif suit le pronom en, l’accord ne se fait pas:
Des exemples, il en a trouvé beaucoup / peu, il en a donné
beaucoup / peu.
Des livres, il en a acheté autant qu’il en a trouvé.
• Le GN2 réalisé par un pronom
Les pronoms qui réalisent le GN2 peut appartenir à toutes les
classes. Ils peuvent être:
(a) des pronoms personnels déictiques ou anaphoriques,
formes conjointes ou disjointes:
Pierre vous cherche, toi et ta soeur.
Pierre me connaît depuis longtemps.
Pierre nous accompagnera, nous deux.
Il veut connaître ta soeur. Il ne la connaît pas.
J’ai vu le spectacle. Je l’ai vu plusieurs fois.
J’ai rencontré des étudiants au stade. J’en ai rencontré plusieurs.
Les pronoms personnels, formes conjointes se placent toujours
devant le verbe, dans une phrase assertive affirmaive ou négative et
dans une phrase impérative négative. Dans une phrase impérative
affirmative le pronom complément est placé après le verbe. Comparez:
Pierre m’a vu au théâtre.
Je ne l’ai pas vu.
Pierre t’appelle. Il te cherche depuis quelque temps.
Je l’écoute et je le comprends.
Tu ne l’écoutes pas. Ecoute-le!
Ne le regade pas! Regarde-le!
Ne me regardez plus! Regarde-moi!
Les pronoms compléments GN2 ne se laissent séparer du verbe
que par le pronom GN3 (les formes lui, leur) lorsque les deux formes
sont à la 3-ème personne:

106
Ce livre, je le lui rendrai demain.
Ce livre, je ne le lui rendrai pas bientôt.
Ce livre, ne le lui prête pas ! Prête-le lui !
(b) des pronoms démonstratifs et possessifs; ils se placent
toujours après le verbe:
Voilà des fleurs, j’achèterai celles-ci.
Je n’achèterai pas celles-ci.
Achetez celles-là!
Regardez celui-là, il est seul.
Voilà les livres. Je garde les miens. Prenez les vôtres ! Laissez
les leurs.
(c) des pronoms indéfinis; ils se placent après le verbe s’il s’agit
d’une forme verbale simple et entre l’auxiliaire et le participe passé si le
verbe est à une forme composée. Les formes les plus fréquemment
utilisées sont: tout, rien, personne, assez, peu, beaucoup, quelque
chose, quelqu’un.
Pierre vérifiera tout.
Il apprendra beaucoup/ assez / peu.
Pierre a vu tout ce qui l’intéressait.
Il a tout vu.
Il n’a vu personne.
Il n’a rien dit.
• Le GN2 réalisé par un infinitif
L’infinitif en position de GN2 peut être de rection directe ou
indirecte (il est introduit par les prépositions à ou de).
L’infinitif de construction directe ou indirecte est identifié par la
question que…?, qu’est-ce que…? posée au verbe fini:
Pierre dit aimer la peinture.
– Que dit Pierre?
– Pierre dit aimer /qu’il aime la musique.
Pierre aime lire. Il aime à lire.
– Qu’est-ce que Pierre aime?
– Il aime ( à) lire.
Dans certains cas, l’infinitif GN2 se laisse pronominaliser par la
forme neutre le (faire) ou par les formes du démonstratif neutre (faire)
cela, (faire) ça:

107
Pierre ose parler en public.
Pierre ose faire cela.
Pierre ose le faire en public.
Les principaux verbes qui régissent des infinitifs en position de
GN2 sont les suivants:
(a) en construction directe:
Vf + inf
adorer croire dire
aimer déclarer préférer
affirmer désirer prétendre
avouer détester savoir
J’aime lire, écouter de la musique.
Pierre adore jardiner / faire du jardinage.
Pierre prétend connaître ses obligations.
(b) en construction indirecte:
Vf + à Inf Vf + de Inf
aimer à continuer à accepter de décider de
apprendre à se décider à achever de obtenir de
chercher à demander à attendre de promettre de
commencer à prétendre à commencer de oublier de
continuer de tenter de
L’enfant apprend à écrire.
Marie continue à parler.
Paul a accepté de nous accompagner à la gare.
Nous avons décidé de partir demain.
Auprès de certains verbes finis, l’infinitif est inséré à l’aide d’un
pronom relatif ou d’un adverbe:
Je sais qui chercher / comment m’y prendre / quand partir.
Je ne sais que dire.
• Le GN2 réalisé par une proposition (que P)
La proposition GN2, est appelée aussi proposition complétive. Les
aspects qu’on doit retenir pour la description de la construction de GN2
réalisée par une proposition sont: le choix du relateur qui introduit la que
P, le choix du mode dans la que P, la pronominalisation de la que P.
(a) Le choix du relateur
La proposition GN2 est introduite par:
– la conjonction que
Marie sait que Pierre l’attendra à la sortie.
Elle a remarqué que Pierre est très aimable.
Il est évident que les choses ne vont pas très bien.
108
– des pronoms relatifs (qui, ce qui, à qui, de qui, avec qui, à quoi,
de quoi, avec quoi) ou des adverbes (si, comment, quand, pourquoi)
lorsque la complétive est élément constitutif de l’interrogation indirecte:
Marie sait qui l’attendra à la sortie.
Elle sait ce qui se passera demain.
Pierre se demandait ce que Marie cherchait dans son sac.
Je voudrais savoir comment vous avez procédé pour réaliser ce
projet.
(b) Le choix du mode dans la proposition complétive
Le choix du mode dans la proposition complétive est dicté par
plusieurs facteurs:
• la nature sémantique du verbe régissant (VR):
– les verbes qui comportent les traits [+affirmation], [+déclaration],
[+constatation], [+conaissance], [+opinion], [+évidence], [+certitude]
imposent le choix de l’indicatif:
Pierre a affirmé qu’il avait vu le voleur sortir de la maison.
Pierre a déclaré qu’il avait vu le voleur sortir de la maison.
Le professeur a constaté que les élèves avaient bien travaillé.
Je sais que vous êtes sérieux.
Je crois que vous vous trompez.
– les verbes qui comportent les traits [+sentiment], [+doute],
[+volonté], [+hésitation], [+négation] imposent le choix du subjonctif:
J’aime que mes amis viennent me voir de temps en temps.
Je doute qu’il soit en bonne santé.
Je doute qu’il ne soit malade.
Le professeur demande / exige que les étudiants aillent le voir
pour des consultations.
Marie refuse qu’on l’attende à la sortie.
Certains verbes se laissent interpréter avec des sens qui
s’inscrivent dans les deux catégories. Dans la proposition complétive
qu’ils régissent, on emploie tantôt l’indicatif, tantôt le subjonctif,
suivant que l’on prête au verbe le sens de verbe d’affirmation ou de
volonté. Ce sont les verbes admettre, comprendre, dire, prétendre.
J’admets qu’il est fatigué.
(= J’affirme / Je dis qu’il est fatigué.)
J’admets qu’il soit invité à notre réunion.
(= Je veux qu’il soit invité à notre réunion.)
Je dis/ je prétends qu’il est sérieux.
109
(=J’affirme qu’il est sérieux.)
Je dis / je prétends qu’il soit sérieux.
(=Je veux qu’il soit sérieux.)
• le statut affirmatif ou négatif de la proposition régissante,
centrée sur les verbes d’opinion:
– les verbes croire, penser, imaginer, signifier, prouver à la
forme affirmative imposent l’emploi de l’indicatif dans la proposition
complétive. Ils s’inscrivent dans la zone de l’opinion ou de la
constatation. Ces mêmes verbes à la forme négative demandent dans la
que P qu’ils régissent le subjonctif, parce qu’ils inscrivent leur sens dans
la zone du doute et de la négation:
Je crois qu’il viendra ce soir.
Je ne crois pas qu’il vienne ce soir.
Je crois que c’est possible.
Je ne crois pas que ce soit possible.
Cela signifie qu’il est capable.
Cela ne signifie pas qu’il soit capable.
– le verbe croire en construction négative admet l’indicatif dans
la complétive.
En employant le présent et les formes du passé le locuteur insiste
sur la réalité du fait relaté dans la que P:
Je ne crois pas que c’est possible.
Personne ne croyait que la situation était si grave.
En employant le futur ou le conditionnel, le locuteur situe
l’événement de la que P dans le futur ou il le met sous le signe de
l’éventualité niée:
Je ne crois pas qu’il sera puni.
Je ne crois pas qu’on pourrait faire mieux.
• le statut interrogatif de la proposition principale centrée sur
un verbe d’opinion impose le choix du subjonctif lorsque l’événement
dénoté par le verbe de la complétive est mis sous le signe du doute et le
futur lorsqu’on projette dans le futur:
Croyez-vous qu’il en soit capable ?
Croyez-vous qu’il en sera capable?
• le statut injonctif de la proposition à verbe régissant réalisé
par les verbes admettre et supposer impose le choix du subjonctif
lorsqu’on envisage l’événement de la proposition complétive comme

110
une possibilité, et l’indicatif lorsque l’événement est envisagé comme
une réalité:
Admettons qu’il soit coupable. Que ferait-t-on?
Admettons qu’il est coupable. Que fera-t-on?
Supposons qu’il soit puni par la direction de l’école. Qu’en
diraient ses parents?
Supposons qu’il est puni. Q’en diront ses parents ?
• le statut impersonnel du verbe régissant impose le choix du
subjonctif:
Il faut que Pierre soit mis au courant.
Il se peut qu’il en sache déjà quelque chose.
Il est possible qu’il soit puni.
– certains verbes ou locutions verbales en construction impersonnelles
se combinent avec l’indicatif ou avec le subjonctif suivant que le sens se
rattache à la certitude ou à l’évidence, à la possibilité ou à la nécessité.
Il est certain que Pierre viendra seul.
Il n’est pas certain que Pierre vienne seul.
Il est évident que Pierre est au courant.
Il n’est pas évident que Pierre soit au courant.
Il est vrai que tout va bien.
Il est possible que tout aille bien.
Il est impossible qu’on fasse quoi que ce soit.
– la locution formée sur l’adjectif probable régit dans la que P le
subjonctif lorsqu’il s’agit de la probabilité faible qui tend vers l’exclu, et
avec l’indicatif lorsque la probabilité est considée comme forte se
rapprochant de la certitude:
Il est probable qu’il fasse beau.
(=Il y a quelques chances mais pas beaucoup).
Il est probable qu’il fera beau
(=Il y a beaucoup de chances qu’il fasse beau. Il fera
certainement beau)
• la position de la proposition complétive par rapport à la
proposition régissante: la distribution de la complétive devant la
proposition régissante entraîne automatiquement l’emploi du subjonctif:
Je sais bien qu’il en est capable.
Æ Qu’il en soit capable, je le sais.
Je regrette qu’il soit parti si vite.
Æ Qu’il soit parti si vite, je le regrette.

111
4.2.2. LE GN3 / COI
(complément d’objet indirect, au datif)
A. Définition et caractérisation
Du point de vue syntaxique, le GN3 se définit par la position
qu’il occupe dans l’indicateur syntagmatique de base et par les relations
d’interdépendance qu’il entretient avec le verbe (membre verbal -MV)
et avec le GN2 dans le contexte d’un verbe transitif.
Cette maison appartient à mon oncle.
Mes grands parents ont légué cette maison à mon oncle.
C’est le CI du GV, un CI de rection indirecte: il est rattaché au
verbe par la préposition à. Il est obligatoire et se place à droite du verbe.
Le GN3 est un CI de rang inférieur (dominé par le GV.)
Comme il y a plusieurs constituants immédiats de rection
indirecte introduits par la préposition à, pour identifier le GN3, il
s’impose de recourir au test de la pronominalisation qui permet de
distinguer le GN3 du complément prépositionnel et du complément
circonstantiel introduits par la même préposition.
À comparer:
Pierre parle à Marie. Æ GN3
Pierre pense à Marie. Æ GPrép.
Pierre va à l’Université. Æ Gadv.
Le GN3 se laisse pronominaliser par les formes lui, leur tandis
que les deux compléments prépositionnel et circonstanciel se laissent
pronominaliser par les formes à lui, à elle, à eux, à elles, y et
respectivement y:
GN3 Pierre parle à Marie. Æ Pierre lui parle.
Pierre obéit à ses parents. Æ Pierre leur obéit.
GPrép. Pierre pense à Marie. Æ Pierre pense à elle.
Pierre s’adresse à ses amis. Æ Pierre s’adresse à eux.
Pierre pense à son projet ÆPierre y pense.
GAdv. Pierre va à l’Université Æ Pierre y va.
Dans la représentation en structure profonde, le GN3 et le GPrép.
apparaissent sous la dépendance du GV tandis que le complément
circonstanciel apparaît sous la dépendance du GAdv.
• Le GN3 est obligatoire en structure profonde. En structure de
surface, il peut s’effacer:
Le peintre a vendu tous ses tableaux (à des acheteurs).
Des volontaires ont distribué tous les dépliants (aux passants).
112
B. Réalisateurs du GN3
Le GN3 est réalisé par un GN introduit par la préposition à (à GN)
ou par un pronom personnel au datif (lui, leur).
(1) le GN3 réalisé par un GN est placé toujours après le verbe:
La maison appartient à mes parents.
Il se laisse séparer du verbe par un adverbe modalisant ou par
certains circonstants temporels:
La maison reviendra sans doute à mon frère.
La maison appartient depuis quelque temps à mes parents.
Dans le contexte d’un verbe transitif, le GN3 est placé après le
GN2 qui suit immédiatement le verbe:
Pierre a prêté son dictionnaire à son camarade.
Si le GN2 est un groupe complexe, un infinitif ou une proposition
complétive, le GN3 est placé immédiatement après le verbe et le GN2
après le GN3:
Pierre a prêté à son camarade le dictionnaire emprunté à la
bibliothèque.
Pierre a prêté à son camarade le dictionnaire qu’il vient
d’acheter.
Pierre a proposé à Marie de l’accompagner.
Pierre a promis à Marie qu’il l’accompagnerait.
(2) le GN3 réalisé par un pronom est placé devant le verbe:
Pierre m’a parlé de son projet de vacances.
Si le verbe est transitif et que les deux compléments d’objet direct
(GN2) et d’objet indirect au datif (GN3) sont placés devant le verbe,
l’ordre des deux pronoms complément étant déterminé par plusieurs
facteurs:
– le type de la phrase (assertif ou impératif)
– le statut de la phrase (affirmatif ou négatif)
– la personne du pronom qui réalise le GN3
(a) la phrase est assertive affirmative, négative ou impérative
négative;
– le GN3 est réalisé par un pronom de la 1-ère, 2-ème, 4-ème ou
5-ème personnes (me, te, nous, vous);
– le GN2 est réalisé par un pronom de la 3-ème personne (le, la,
les, en);
– l’ordre des deux pronoms compléments placés devant le verbe
sera: GN3 + GN2+ V;

113
– la phrase a la structure:
Ph = GN1 + GN3 + GN2 + V
Pierre me le donnera. Pierre ne me le donnera pas.
Pierre m’en donnera. Pierre ne m’en donnera pas.
Pierre te le donnera. Pierre ne te le donnera pas.
Pierre nous le montrera. Pierre ne nous le montrera pas.
Pierre vous le montrera. Pierre ne vous le montrera pas.
Ne me le donne pas!
Ne m’en donne pas!
Ne te le demande plus!
Ne nous le donnez pas!
Ne vous le reprochez plus!
– le GN3 est réalisé par un pronom de la 3-ème personne (lui,
leur); Le GN2 est toujours de la 3-ème personne (le, la, les);
– l’ordre des deux pronoms complément est inversé: GN2 + GN3
+ V;
– la phrase a la structure: Ph = GN1 + GN2+ GN3 + V
Pierre le lui donnera. Pierre ne le lui donnera pas.
Pierre le leur donnera. Pierre ne le leur donnera pas.
(b) • la phrase est impérative affirmative;
– le GN3 est réalisé par un pronom de la 1-ère, 3-ème, 4-ème,
5-ème ou 6-ème personnes (moi, lui, nous, leur);
– le GN2 par un pronom de la 3-ème personne (le, la, les, en);
– l’ordre des deux pronoms compléments placés après le verbe
sera:V + GN2 + GN3;
– si le GN3 est de la 4-ème ou de la 5-ème personnes, les formes
le, la, les à statut de GN2 peuvent être placées après le GN3;
– la deuxième position sera occupée par une forme de pronom
susceptible de recevoir l’accent
– la phrase aura la structure: Ph = V + GN2 + GN3:
Demandez-le moi! Demandez-le nous!
Demandez-nous-le!
Demandez-le-lui!
Demandez-le leur! Demandez-vous-le!

114
4.2.3. Le GPrép.
(groupe prépositionnel/complément (d’objet) prépositionnel)
A. Définition et caractérisation
C’est un constituant immédiat obligatoire, régi par des verbes
incomplets sémantiquement et qui demandent une complétude dans le
plan syntaxique. Il est toujours placé après le verbe.
À comparer:
* Pierre pense. / Pierre pense à ses amis.
Pierre pense à ses examens.
*Pierre assistera. / Pierre assistera à cette réunion.
*Pierre provient./ Pierre provient d’une famille aisée.
*La solution du problème dépend.
/ La solution du problème dépend de notre attitude.
*Mon point de vue coïncide.
/ Mon point de vue coïncide avec le vôtre.
Le choix de la préposition est dicté par plusieurs facteurs dont les
traits inhérents du verbe sont déterminants. Il s’agit des traits
[+dynamique], [+mouvement] abstrait ou concret, [±orientation].
On constate aussi qu’un même verbe présente des latitudes
combinatoires multiples: il peut régir un ou plusieurs compléments
prépositionnels, de rection indirecte.
parler
parler de qqch./de qqn.
parler avec qqn.
continuer
continuer de faire qqch.
continuer à faire qqch.
discuter
discuter de qqch.
discuter avec qqn.
Le complément prépositionnel (GPrép.) peut être réalisé par
plusieurs types d’unités linguistiques:
– un GN Æ parler de ses préoccupations
Æ parler de ses amis
Æ s’attendre à une surprise agréable
Æ accuser qqn. de manque de respect
– un pronom Æ parler de qqch. Æ en parler
Æ parler de qqn. Æ parler de lui
115
Æ s’attendre à qqch. Æ s’y attendre
Æ accuser qqn. de qqch. Æ en accuser qqn.
– un infinitif Æ commencer à parler
Æ convaincre qqn. de parler
Æ consentir à parler
– une proposition Æ convaincre qqn. de ce que P
Le classement des compléments prépositionnels peut être fait à
partir du choix de la préposition. On distingue:
B. Types de groupes prépositionnels (G.Prép.)
(1) Le Complément prépositionnel introduit par le préposition
«à»
Ce type de complément est réalisé par:
(a) un GN:
Pierre s’associera à son frère pour monter une petite entreprise.
Pierre s’intéresse à la linguistique.
Le complément prépositionnel (GPrép.) introduit par la préposition
à se distingue du complément d’objet indirect (GN3) dans la
pronominalisation. Il maintient la préposition, refusant la
pronominalisation du GN par lui, leur. Il se laisse pronominaliser en
fonction des traits inhérents du nominal:
– par la forme disjointe du pronom personnel, rattaché au verbe
par la préposition à, lorsque le nom est marqué par le trait [+personne]:
Pierre s’asociera à son frère. Æ Pierre s’asociera à lui.
Pierre pense à Marie. Æ Il pense à elle.
– par la forme y lorsque le nom est marqué par le trait [-personne]:
Pierre s’associera à notre entreprise. Æ Il s’y associera.
Pierre pense à ses examens. Æ Il y pense.
Les verbes qui demandent un complément prépositionnel introduit
par la préposition à sont du type:
s’associer à qqn., à qqch. adhérer à qqch.
s’attaquer à qqn., à qqch. conduire à qqch.
se consacrer à qqn., à qqch. croire à qqch.
se fier à qqn., à qqch. réfléchir à qqch.
se heurter à qqn., à qqch. se soustraire à qqch.
s’habituer à qqn., à qqch. satisfaire à qqch.
Je me suis associé à mes amis pour organiser cette manifestation.
Æ Je me suis associé à eux pour organiser cette manifestation.

116
Je m’intéresse à la linguistique théorique.
Æ Je m’y intéresse.
Cette solution satisfait parfaitement aux conditions posées.
Æ Cette solution y satisfait parfaitement.
Le complément prépositionnel introduit par la préposition à est
régi aussi par des verbes transitifs. Dans ce cas le GV comporte deux
compléments: un GN2 et un GPrép. Les verbes qui génèrent cette
construction sont du type:
attacher qqch., qqn. à qqn., à qqch.
adapter qqch. à qqch.
comparer qqn., qqch. à qqn., à qqch.
accrocher qqch. à qqch.
appliquer qqch. à qqch.
mêler qqch., qqn. à qqch.
déléguer qqn. à qqch.
exposer qqch., qqn. à qqch.
entraîner qqn. à qqch.
Pierre a accroché le tableau au mur. Æ Il y a accroché le
tableau.
L’enfant a attaché le chien à l’arbre. Æ Il l’y a attaché.
Les voleurs ont attaché le vieillard à la chaise. Æ Ils l’y ont
attaché.
Les policiers ont attaché la femme à son complice.Æ Ils ont
attaché la femme à lui.
(b) par un pronom; à part les formes anaphoriques du pronom
personnel (à) lui, (à) elle, (à) eux, (à) elles et y, le GPrép. peut être
réalisé aussi par les formes déictiques (à) moi, (à) toi, (à) nous, (à)
vous et par les formes des pronoms démonstratifs ou posséssifs:
Je pense souvent à vous.
Pierre s’opposera à nous par principe.
Les enfants se sont très vite habitués à moi.
Pierre a comparé tes tableaux à ceux-ci non pas aux miens.
(c) un infinitif
Les principaux verbes qui régissent un infinitif à statut de
complément prépositionnel sont:
aimer à + inf. s’acharner à + inf.
avoir à + inf. s’obstiner à + inf.
chercher à + inf. se borner à + inf.
117
consentir à + inf. se limiter à + inf.
commemcer à + inf. se décider à + inf.
songer à + inf. se mettre à + inf.
parvenir à + inf. s’engager à + inf.
En règle générale, l’infinitif n’est pas pronominalisable.
Cependant, certains infinitifs, dans le contexte de certains verbes
régissants, se laissent pronominaliser par la forme y:
Pierre s’est obstiné à résoudre ce problème.
Æ Il s’y est obstiné.
Je me suis décidé à monter une affaire.
Æ Je m’y suis décidé.
Pierre songe depuis quelque temps à monter seul une affaire.
Æ Il y songe depuis quelque temps.
Les verbes transitifs génèrent un GV à deux déterminants GN2
(réalisé par un GN) et GPrép. réalisé par un infinitif. Le GN2 sera réalisé
par un nom qui renvoie à une personne24. Ce sont les verbes du type:
aider qqn. à faire qqch. entraîner qqn. à faire qqch.
autoriser qqn. à faire qqch. forcer qqn. à faire qqch.
déterminer qqn. à faire qqch. habituer qqn. à faire qqch.
décider qqn. à faire qqch. inviter qqn. à faire qqch.
encourager qqn. à faire qqch. obliger qqn. à faire qqch.
Je l’ai autorisé à prendre la parole à cette réunion.
On a obligé Pierre à partir seul.25
(d) une proposition
La proposition qui réalise le GPrép. est introduite par la locution
conjonctionnelle à ce que, réduite, dans la plupart des cas, à la seule
conjonction que. Les verbes qui régissent cette construction sont les
verbes du type:

24
Le GN2 représente, en termes de relations logico-sémantiques, le
sujet monté de l’infinitif:
Je l’ai autorisé à prendre la parole à cette réunion.
Æ Je l’ai autorier à faire qqch.
Æ Il a pris / prendra la parole à cette réunion.
25
A retenir que les verbes forcer et obliger, à la forme passive
demandent l’infinitif introduit par le préposition de (Pierre a été obligé de
partir seul)
118
aider (à ce) que P se décider (à ce) que P
consentir (à ce) que P s’exposer (à ce) que P
contribuer (à ce) que P s’habituer (à ce) que P
tenir (à ce) que P s’intéresser (à ce) que P
veiller(à ce) que P s’opposer (à ce) que P
Tous ces verbes dictent l’emploi du subjonctif dans la proposition
complément:
Marie a consenti (à ce) que Pierre l’accompagnât.
Le professeur tient (à ce) que nous soyons tous présents.
Certains des verbes cités peuvent se trouver à la forme passive
(être accoutumé, être habitué):
Marie a été accoutumé (à ce) qu’elle soit accompagnée dans
ses voyages.
(2) Le Complément prépositionnel introduit par le préposition
«de»
Les verbes qui réalisent cette structure sont à la voix active ou à la
voix pronominale.
Le GPrép. peut être ralisé par plusieurs types d’unités linguistiques:
(a) un GN (de+GN)
Les verbes qui régissent un compléments prépositionnel introduit
par la préposition de sont du type:
abuser de qqch.
avoir besoin de qqn., de qqch.
se contenter de qqch.
se charger de qqn., de qqch.
dépendre de qqn., de qqch.
se débarasser de qqn., de qqch.
discuter de qqn., de qqch.
se désinterésser de qqn., de qqch.
parler de qqn., de qqch.
se moquer de qqn., de qqch.
profiter de qqn., de qqch.
se nourrir de qqch.
Marie dépend encore de ses parents.
La solution de ce problème dépend de votre attitude.
Le GPrép. centré sur un nom [+personne] est pronominalisable
par les formes disjointes du pronom personnel, rattachées au verbe par
la préposition de ( de lui, d’elle, d’eux, d’elles) et par la forme en dans
le cas des nominaux comportant le trait [-personne]:
119
Marie s’est débarrassée de son poursuivant. Æ Elle s’est
débarrassée de lui.
Marie s’est débarrassée de son manteau. Æ Elle s’en est
débarrassée.
Auprès des verbes transitifs, le GPrép. apparaît dans le contexte
du GN2; le nominal centre du GPrép. représente la nominalisation d’un
infinitif ou d’une proposition:
accuser qqn.de qqch. Æ accuser qqn. de vol Æ accuser
qqn. d’avoir volé
menacer qqn. de qqch. Æ menacer qqn. d’exclusion Æ
menacer qqn. d’être exclu
(b) un pronom
Les formes de pronoms qui rélisent le GPrép. sont des pronoms
personnels anaphoriques ou déictiques, demonstratifs ou possessifs .
Marie a parlé de ses amis.
Æ Elle a parlé d’eux.
Marie s’est débarrassée de son poursuivant.
Æ Elle s’est débarrassée de lui.
Je n’ai plus besoin de tous ces livres.
Æ Je n’en ai plus besoin.
Je ne retiens pas tous les livres. Je n’ai besoin que de ceux-ci.
Garde tes livres! Je me contenterai des miens.
(c) un infinitif
Les principaux verbes qui régissent un infinitif en position de
GPrép. sont les suivants:
accepter de +inf. se contenter de +inf.
achever de + inf. se dépêcher de + inf.
arrêter de + inf. s’étonner de + inf.
cesser de + inf. se hâter de + inf.
choisir de + inf. se proposer de + inf.
commencer de + inf. se souvenir de + inf.
Marie regrettait de ne pas avoir téléphoné avant.
Pierre s’est proposé d’intervenir auprès de son directeur.
Pierre a oublié d’avertir ses parents à temps.

120
L’infinitif peut être le seul complément du verbe ou, si le verbe
est transitif, il apparaît dans le contexte d’un GN226. L’ordre des deux
compléments est toujours V + GN2 + de inf. Les verbes qui régissent la
construction à double complément sont du type:
accuser qqn de + inf. empécher qqn de + inf.
convaincre qqn de + inf. menacer qqn de + inf.
dissuader qqn de + inf. prier qqn de + inf.
décourager qqn de + inf. retenir qqn de + inf.
On l’a accusé de ne pas avoir respecté ses promesses.
On l’a dissuadé de partir seul.
Je l’ai prié de participer à notre réunion.
L’infinit réalisant le GPrép. est pronominalisable uniquement
dans le contexte des verbes à double complément:
Je l’ai retenu de partir. Æ Je l’en ai retenu.
Je vous prie d’accompagner Marie jusqu’à la porte. Æ Je
vous en prie.
(d) Une proposition
La proposition complément prépositionnel est introduite par la
locution conjonctionnelle de ce que, réduite, le plus souvent, à la seule
conjonction que. Le choix du mode dans la proposition complément
prépositionnel est dicté par plusieurs facteurs dont: le registre de langue
et l’intention de focalisation du sujet énonciateur.
Quant au registre de langue, en langue parlée, familière, on
emploie le subjonctif (vu l’attraction formelle exercée par le sens du
verbe). Dans la langue soignée, écrite, on emploie l’indicatif (le procès /
état dénotés par le verbe renvoyant à quelque chose de réel):
Je m’étonne que vous ayez fait cela.
Je m’étonne que vous avez fait cela.
Je profite que vous soyez présent.
Je profite de ce que vous êtes présent.
La focalisation intervient de la manière suivante: quand le
locuteur veut orienter l’attention de son interlocuteur sur le sentiment
26
Le GN2 représente, en structure profonde, le sujet de l’infinitif. Dans
la construction complexe de la structure de surface il se laisse interpréter
comme le sujet monté de l’infinitif:
On l’a dissuadé de ne pas partir seul.
Æ On l’a dissuadé de faire qqch.
Æ Il devrait partir seul.
121
(l’état de subjectivité) évoqué par le verbe on emploie le subjonctif.
Quand il veut insister sur la réalité du procès / de l’état dénotés par le
verbe, on emploie l’indicatif:
Je m’étonne que vous ayez fait cela. Je m’étonne que vous
avez fait cela.
focus du message focus du message
(=le sentiment éprouvé) (=la réalité du fait)
Les verbes qui régissent ce type de déterminant sont:
douter (de ce) que P se féliciter (de ce) que P
profiter (de ce) que P s’e tonner (de ce) que P
être content (de ce) que P se plaindre (de ce) que P
se contenter (de ce) que P se réjouir (de ce) que P
Je me réjouis (de ce) que nous soyons ensemble.
Je me réjouis (de ce) que nous sommes ensemble.
(3) Le complément prépositionnel introduit par une préposition
autre que «à» ou «de»
Ce type de complément est réalisé par un GN ou par un pronom,
les verbes qui le régissent étant aux voix active, pronominale ou
passive. Les prépositions employées le plus fréquemment sont: sur,
sous, dans, en, avec, contre, vers.
La jeune fille s’est enfermée dans sa chambre.
La conférence de Pierre porte sur les élections.
Les affiches électorales sont collées sur des panneaux
aménagés spécialement.
Lorsque le verbe est transitif, le GPrép. apparaît dans le contexte
d’un GN2. (GV = V+ GN2+ Prép.)
(a) Le GPrép. réalisé par un GN
Regroupés selon la préposition, les verbes qui régissent ce type de
complément sont du type:
sur + GN
donner sur qqch. s’appuyer sur qqch., sur qqn.
déboucher sur qqch. se pencher sur qqch., sur qqn.
reposer sur qqch. se renseigner sur qqch., sur qqn.
tirer sur qqch., sur qqn. se ruer sur qqch., sur qqn.
La fenêtre de la chambre donne sur la rue.
Sa démonstration repose sur une hypothèse plausible.
Les soldats ont tiré sur le bus et sur les passants.
Mon point de vue s’appuie sur plusieurs arguments.
122
La vieille s’appuyait sur son compagnon.
Le voleur s’est précipité sur la veille avant de se précipiter sur
la sortie.
appliquer qqch. sur qqch. asseoir qqn., qqch. sur qqch.
coller qqch. sur qqch. inscrire qqn., qqch. sur qqch.
appuyer qqch. sur qqch. promener qqn., qqch. sur qqch.
Certaines personnes collent des étiquettes sur les bagages.
La mère a assis l’enfant sur une petite chaise.
Inscrire quelqu’un sur une liste.
Inscrire un renseignement sur son carnet.
dans +GN
consister dans qqch. (= résider dans qqch.)
se situer dans qqch.
intervenir dans qqch. (= prendre part à qqch.)
s’engager dans qqch.
persister dans qqch. (demeurer ferme dans une attitude)
s’introduire dans qqch.
pénétrer dans qqch.
s’installer dans qqch.
s’enfermer dans qqch.
La précision du style consiste dans le choix du mot juste.
Pierre a l’intention d’intervenir dans le débat.
L’enfant persiste dans son erreur.
Pierre s’est engagé dans l’armée.
Pour ouvrir une porte, il faut introduire la clé dans la serrure.
L’enfant s’est enfermé dans sa chambre.
installer qqn., qqch. dans qqch.
enfoncer qqch. dans qqch.
introduire qqn., qqch. dans qqch.
placer qqn., qqch. dans qqch.
Pierre a enfoncé le clou dans le mur.
Les parents ont installé leur fille dans un petit appartement.
Les enfants aiment plonger la main dans l’eau.
en + GN
consister en qqch. (= comporter)
se changer en qqch.
123
croire en qqch.
se transformer en qqch.
Ce bâtiment consiste en trois appartements.
Cette étude consiste en une étude détaillée de la relation de
détermination.
Cette maison sera transformée en musée.
changer qqch. en qqch.
transformer qqch. en qqch.
A l’aéroport on peut changer l’argent en monnaie du pays.
Changer des dollars canadiens en euros.
avec + GN
parler avec qqn. s’assortir avec qqch.
causer avec qqn. s’harmoniser avec qqch.
coïncider avec qqch. se quereller avec qqn.
collaborer avec qqn. se réconcilier avec qqn.
Pierre parle avec ses amis.
Son point de vue coïncide avec le nôtre.
Le bleu s’harmonise avec le vert.
Je me suis reconcilié avec mon ami.
accorder qqch. avec qqch.
harmoniser qqch. avec qqch.
combiner qqch. avec qqch.
confondre qqch. avec qqch.
assortir qqch. avec qqch.
comparer qqn., qqch. avec qqn., qqch.
En français et en roumain, on accorde l’adjectif avec le nom
qu’il détermine.
Dans certaines plates-bandes les jardiniers combinent des
tulipes avec des miosotis.
Pierre a comparé sa traduction avec la mienne.
contre + GN
protester contre qqn., qqch. se blotir contre qqn.
lutter contre qqn., qqch. se heurter contre qqch.
voter contre qqn., qqch. se serer contre qqn.

124
François 1er a lutté contre l’Empreur d’Autriche.
J’ai voté contre le candidat liberal.
L’enfant se serrait contre sa mère.
appuyer qqch. contre qqch.
échanger qqch. contre qqch.
appliquer qqch. contre qqch.
protéger qqch. contre qqch.
Les enfants aiment appuyer le nez contre la vitre.
Pierre a échangé des livres contre une caméra.
sous + GN
s’abriter sous qqch. passer sous qqch.
se cacher sous qqch.
Pendant la pluie, les touristes se sont abrités sous la tente.
Le chat de Marie se cache sous le lit.
abriter qqn., qqch. sous qqch. mettre qqch. sous qqch.
cacher qqn., qqch. sous qqch. déposer qqch. sous qqch.
La municipalité a abrité les familles sinistrées sous des tentes.
L’enfant a caché son livre sous l’oreiller.
Pierre a mis son livre sous la lampe.
vers + GN
aller vers qqch., qqn.
s’élancer vers qqch.
se diriger vers qqch., qqn.
Chaque matin, les enfants se dirigent vers l’école.
En s’envolant, les oiseaux s’élancent vers le ciel.
diriger qqn., qqch. vers qqch.
orienter qqn., qqch. vers qqch.
Les policiers ont dirigé les manifestants vers la préfecture.
La police a orienté le convoi vers la sortie de la ville.
(b) Le GPrép. réalisé par un pronom
Le pronom qui réalise le GPrép. est soit un anaphorique lui, elle,
eux, elles, soit un déictique moi, toi, nous, vous lorsque le nominal -
centre du GPrép. renvoie à une personne.
125
La préposition se maintient devant les formes disjointes du
pronom personnel.
Pierre parle avec ses amis. Il parle souvent avec eux.
Tu ne devrais pas rivaliser avec nous.
Le chat de Marie aime se blotir contre moi.
Le soldat a tiré sur quelqu’un. Æ Le soldat a tiré sur lui.
Les formes sur lui, sur elle, sur eux, sur elles sont en variation
avec les formes lui, leur accompagnées du substitut adverbial dessus:
Æ Le soldat lui a tiré dessus.
Lorsque le nom centre du GPrép. comporte le trait [-animé], en
fonction des traits inhérents du verbe et de la nature de la relation qui
peut être spatiale ou spatialisée, le pronom peut être:
y – pour l’explicitation de la limite finale:
La fenêtre de la chambre donne sur la rue / sur le balcon.
Æ Elle y donne.
La clé a pénétré dans la serrure.
Æ La clé y a pénétré.
La voiture s’est engagée dans une rue étroite.
Æ La voiture s’y est engagée.
dessus, là-dessus – pour expliciter l’idée de supériorité par
rapport à une surface:
Le rapport de Pierre porte sur ce problème.
Æ Son rapport porte dessus / là-dessus.
Le soldat a tiré sur la cible.
Æ Le soldat a tiré dessus.
contre, avec, pour – Ce sont des prépositions qui asumment le
statut de substitut auprès de certains verbes, dans des constructions dont
l’emploi est relativement fréquent:
Voter contre quelqu’un.
Æ Voter contre.
Se prononcer pour quelque chose.
Æ Se prononcer pour.
S’harmoniser avec quelque chose.
Æ S’harmoniser avec.
Se séparer de quelqu’un.
Æ Se séparer d’avec.
126
La construction du complément prépositionnel est marquée par
d’autres particularités quant à la combinaison des prépositions (vu
l’intersection des coordonnées spatiales ou spatialisées), chaque verbe
se présentant comme un ensemble de relations déterminées en égale
mesure par le sens du verbe et par la nature des nominaux qui réalisent
les compléments27.

27
Pour des détails voir le traité de T. Cristea (Grammaire structurale du
français contemporain) cité ci-dessus et la description que les dictionnaires de
langue (Le Petit Robert, Le Dictionnaire du Français Contemporain, Le Lexis,
Le Bordas) proposent pour les verbes cités.
127
5. LE GROUPE ADVERBIAL (GAdv.)
–LES CIRCONSTANTS

Dans la grammaire structurale, le modèle d’analyse en


constituants immédiats, le GAdv. est le constituant immédiat du GPréd.
(groupe prédicatif). Il entre en relation de détermination avec le GV,
détermination orientée du GAdv. vers le GV.
Le GAdv. n’est pas demandé par le thème du verbe. Il est
facultatif.
Du point de vue des relations de contenu, le GAdv. ajoute des
informations sur les circonstances dans lesquelles se déroule le procès
dénommé par le verbe (le lieu où se passe l’action, le temps, l’attitude
du locuteur par rapport à l’action ou à l’état actualisés par le verbe, des
relations logiques qui s’établissent entre deux ou plusieurs procès).
L’étiquette sous laquelle ce constituant est décrit dans la
grammaire est de complément circonstanciel ou circonstant.
Certains grammairiens, qui prennent en compte le degré de
nécesité du circonstant, font, cependant, la distinction entre le
complément circonstanciel essentiel du verbe, et le circonstant.
Le complément circonstanciel essentiel, appelé aussi circonstant
prédicatif, est un constituant obligatoire demandé par le thème du verbe.
C’est le cas des verbes du type: aller à…, se diriger vers…, mettre /
poser qqch. sur…:
Mes amis iront au théâtre.
Pierre se dirige vers la porte.
Pierre a mis son dictionnaire sur la table.
Le fait que les compléments circonstanciels sont obligatoires est
confirmé par certaines manipulations syntaxiques, telles: la suppression
du circonstant ou son déplacement à l’intérieur de la phrase:
Mes amis iront au théâtre.
Æ *Mes amis iront.
Æ *Au théâtre, mes amis iront.
Pierre se dirige vers la porte.
128
Æ *Pierre se dirige.
Æ *Vers la porte, Pierre se dirige.
Pierre a mis son dictionnaire sur la table.
Æ *Pierre a mis son dictionnaire.
Æ *Sur la table, Pierre a mis son dictionnaire.
Le caractère facultatif des circonstants explique et s’explique par
la mobilité de certains types de circonstants dans la phrase. À opposer
(a) et (b):
(a) Il a plu la semaine dernière dans toute la région.
Æ La semaine dernière, il a plu dans toute la région.
Æ Il a plu dans toute la région la semaine dernière.
Æ Dans toute la région, il a plu la semaine dernière.
(b) Pierre habite chez ses parents.
Æ *Chez ses parents, Pierre habite.
Cependant, la position fixe du circonstant dans la phrase ne doit
pas être interprétée comme indice du statut obligatoire du circonstant. Il
y a des circonstants qui, sans être obligatoires pour le statut de la phrase,
ont une position fixe:
Pierre travaille beaucoup.
Æ *Beaucoup, Pierre travaille.
Pierre travaille bien.
Æ *Bien, Pierre travaille.
Classes de réalisateurs des circonstants
Les circonstants peuvent être réalisés par plusieurs classes de mots:
– des groupes nominaux de rection directe:
Dans certaines entreprises on travaille dix ou douze heures
par jour.
Mes parents habitent une ville de province.
– des groupes prépositionnels:
Je travaille chaque jour de neuf heures à dix-sept heures.
Mes parents habitent près de la gare.
Mes amis arrivent ce soir par le train de minuit.
– des adverbes:
Nous partirons bientôt.
Il parle toujours sérieusement.
– des formes verbales non personnelles:
Je fais des heures supplémentaires pour gagner plus.
Le vieux monsieur marchait en tirant sa jambe malade.

129
– des propositions:
Pierre s’absente parce qu’il est malade.
Il s’amuse tandis que ses parents travaillent.
Dans la classe des adverbes en –ment auxquels s’ajoute d’autres
adverbes primaires, il s’impose de distinguer, à partir du critère de
l’incidence, les adverbes incidents au verbe, qui sont des constituants du
GAdv., et réalisent des circonstants, et les adverbes incidents à toute la
phrase qui sont des constituants du C.Prop (de la Modalité), appelés
aussi adverbes modalisants. A part l’incidence, les adverbes modalisants
se caractérisent aussi par la mobilité à l’intérieur de la phrase.
Sémantiquement, ce sont des adverbes d’opinion ou de modalité de la
grammaire traditionnelle.
Il n’est probablement pas encore arrivé.
Vous avez certainement raison.
Vous avez sans doute raison.
Ils ne sont peut-être pas d’accord.
Dans la présente description, nous allons distinguer les
compléments circonstantiels ou les circonstanciels (sans distinction
entre le degré de nécessité) réalisés par des groupes prépositionnels ou
des adverbes, constituants de la phrase étendue et, respectivement, de la
phrase simple et les propositions circonstancielles, constituants de la
phrase complexe (qui ne constitueront pas l’objet de la description).

5.1. Le circonstant de lieu


La localisation spatiale représente un ensemble de coordonnées
spatiales qui situent l’objet/la personne par rapport à un repère.
Les oppositions autour desquelles s’organisent la localisation
spatiale sont:
• la visée, qui peut être:
– visée ponctuelle / visée accompagnante
aller à l’Université / aller le long du mur
venir de l’Université / se promener autour du lac
– visée ponctuelle initiale / visée ponctuelle finale
partir de l’Université / aller à l’Université
s’en aller le plus vite possible / arriver le plus vite possible
• l’orientation:
– orientation / non orientation
arriver de Paris / se promener dans le parc
partir de Bucarest / danser sur l’estrade
130
• la position par rapport au repère:
– position coïncidante / position noncoïncidante
être à l’Université / habiter loin de l’Université
vivre à Bucarest / habiter près de la gare.
Les facteurs qui participent à la localisation spatiale sont: le
verbe, la préposition et le nominal
Le verbe renferme le déplacement et l’orientation. En ce sens il y a:
– des verbes [-mouvement] statiques du type: être, se trouver,
habiter, vivre, attendre,…:
J’ai été à Rome l’an dernier.
Je me trouvais à ce moment-là à Rome.
Mes parents habitent à la campagne.
Ils y vivent depuis toujours.
– des verbes [+mouvement], [+déplacement], [-orientation], type:
se promener, marcher, …:
J’aime marcher dans les rues des vieux quartiers.
J’aime me promener dans les champs.
– des verbes [+mouvement], [+déplacement],
– [+orientation], type: aller, arriver, atteindre, aboutir, venir,
se diriger,…:
La rivière a atteint la cote d’alerte.
Allez-y, on vous attend.
Pierre arrive demain soir.
Il vient de Paris.
La préposition renferme la visée et la limite: à, jusqu’à, de,
depuis, en, dans, autour, le long de, par, à travers:
aller à la gare
aller jusqu’à la gare
venir de la gare
connaître qqn. depuis l’enfance
se promener autour du lac
Le nominal renferme le trait [+espace/ dimensions spatiales]:
aller à la gare
se promener autour du lac
entrer dans le magasin

131
Les différentes coordonnées spatiales se combinent entre elles et il
en résulte différents types de localisation spatiale:
(1) la localisation par rapport à une limite simple à visée initiale:
– le verbe comporte le trait [+orientation];
– la préposition: de, de chez:
Pierre est parti de l’Université à 18 heures.
Pierre a écarté la table du mur et la chaise de la fenêtre.
Pierre est parti de chez ses parents hier soir.
Je viens de chez Marie.
Certains verbes incorporent la préposition, le repère étant
implicite auprès de certains verbes -décoller, décamper, s’en aller– et
explicité, facultativement, auprès d’autres verbes – s’enfuir (de),
s’éloigner (de), s’envoler (de):
L’avion a décollé à 10 heures.
Les touristes ont décampé cette nuit.
Je ne peux plus rester. Je m’en vais.
Pierre n’a pas eu le courage de vous affronter, il s’est enfui.
Deux élèves se sont enfui de l’école.
Regardez! La voiture s’ éloigne vite.
Elle s’est éloignée de lui.
L’oiseau s’est envolé.
Il s’est envolé de la branche d’en haut.
(2) dans le cas de la limite double:
– le verbe est du type: sortir, s’évader, s’échapper
– la préposition: de
sortir de la maison
s’évader de la prison
(3) la localisation par rapport à une limite simple à visée finale:
– le verbe comporte le trait [+orientation];
– les prépositions: à, chez, jusqu’à, vers:
Pierre va à l’Université.
Cet autobus va jusqu’à la gare.
Ce convoi se dirige vers la Préfecture.
Pierre doit aller chez le médecin.
Certains verbes incorporent la préposition, le repère étant
implicite ou, parfois explicité:
arriver (à), accourir, atteindre, aboutir (à), atterrir (à):
Pierre arrive à Bucarest demain soir.
Ce sentier aboutit à la forêt.
132
Ils sont vite accourus.
L’avion a atterri à l’aéroport de Bucarest.
Ces verbes se combinent aussi avec d’autres prépositions suivant
l’intersection des coordonées spatiales:
Pierre est arrivé de Paris hier soir.
Ils sont vite accourru devant l’immeuble.
L’avion a atterri sur la piste.
(4) dans le cas de la limite double:
– les verbes sont du type: entrer, pénétrer, se glisser ou être, se
trouver, vivre
– les prépositions sont dans et en:
entrer dans la maison Les élèves sont en classes.
pénétrer dans la foule Le bateau est en mer.
se glisser dans la maison
Remarque:
Dans la localisation en termes de situation (coïncidence) ou de
direction (visée finale ou visée initiale) lorsque le nominal est un nom
de pays, le choix de la préposition est dicté par le genre du nom et par la
nature phonétique de l’initiale:
(a) dans le cas des noms masculins commençant par une
consonne, on emploie:
– les prépositions à et, respectivement, de contractées avec
l’article défini:
• être / aller au Canada, au Mexique, au Congo, au Vietnam,
au Chili, aux Etats Unis, au Japon, au Maroc, au Vénézuéla,…
• revenir du Canada, du Méxique, du Congo, du Vietnam,…
(b) dans le cas des noms féminins et des noms masculins
commençant par une voyelle ou par une consonne (pays et grandes
îles), on emploie les prépositions en et, respectivement, de, suivies du
nom sans article:
• être/ aller en France, en Roumanie, en Bolivie, en Iran, en
Corse, en Sardigne, en Autriche, en Australie, en Argentine,…
• revenir de France, de Roumanie, de Bolivie, d’Iran, de
Corse,…
(c) dans le cas des noms des petites îles (par rapport à la
France), on emploie les préposition à et, respectivement, de, suivies de
l’article défini:

133
• être / aller à la Réunion, à la Martinique, à la Grenade, à la
Jamaïque, à l’Ile Maurice.
• revenir de la Réunion, de la Martinique, de la Grenade, de la
Jamaïque..
(d) dans le cas de noms des petites îles d’Europe et des noms
masculins de grandes îles lointaines, on emploie les prépositions à et,
respectivement, de suivies du noms sans article:
• être / aller à Jersey, à Bahrein, à Cuba, à Chypre, à Tahiti, à
Porto Rico,…
• revenir de Jersey, de Bahrein, de Cuba, de Chypre,…
(5) la localisation par rapport à une limite simple, la relation entre
l’objet/la personne à situer et le repère étant de type supériorité/
infériorité, antériorité / postériorité.
– le verbe a les traits [±déplacement];
– les prépositions sont: sur/ sous, devant/derrière:
passer sur le pont / passer sous le pont
attendre sur le pont / se cacher sous le pont
passer devant l’église / passer derrière l’église
être devant la porte / être derrière la porte
(6) la localisation par rapport à une limite simple (qu’on peut
franchir), avec la prise en compte de l’espace du locuteur:
– le verbe a les traits [±déplacement]
– les locutions prépositionnelles sont: en deça de / au delà de:
se promener en deça de la rivière / se promener au delà de la
rivière
être en deça de la rivière / être au delà de la rivière
(7) la localisation par rapport à un repère et à visée accompagnante:
– le verbe est marqué par le trait [+déplacement]
– les prépositions et locutions prépositionnelles: le long de,
autour de, à travers:
passer par la fenêtre
se promener le long de la rivière
aller à travers la forêt
courir autour de la maison
(8) la localisation avec la détermination du parcours;
– le verbe est marqué par le trait [+déplacement]
– les préposition et locutions prépositionnelles: de / depuis
.…jusqu’à/ à:

134
aller de Bucarest à Brasov
aller à bicyclette de chez soi jusqu’à l’université
aller à pied depuis l’université jusqu’à la maison.
(9) la localisation en rapport de coïncidence ou de non coïncidence
avec le repère:
– le verbe est marqué par le trait [+statique];
– les prépositions sont: à, chez et respectivement près de, loin
de, à côté de, auprès de:
être à la porte
habiter chez ses parents
habiter près de l’Université
habiter à côté de l’Université
rester auprès de ses parents

Réalisateurs de la localisation spatiale


(1) le groupe nominal (GN) de rection directe
– dans l’expression de l’asdresse:
habiter 12, rue de la Paix
habiter Bucarest
– auprès de certains verbes: gagner, atteindre, descendre,
monter, traverser, quitter:
gagner la rivière
atteindre le sommet de la montagne
descendre la pente
monter l’escalier
traverser la rue
(2) Le groupe prépositionnel (GPrép); le choix de la préposition
est dicté:
(a) par le type de relation spatiale;
– à -limite finale
– de -limite initiale
– dans -limite double
(b) par la nature inhérente du nominal
– à, de, vers – N[-personne]
être / aller à l’Université
être dans sa chambre
venir de l’Université
se diriger vers l’Université

135
– chez, de chez, vers chez – N[+personne]
être/ aller chez Marie
venir de chez Marie
se diriger vers chez Marie
(3) les substituts:
(a) anaphoriques: y, en, devant, derrière, dessus, dessous
aller à l’Université Æ y aller
revenir de l’Université Æ en revenir.
monter au 1-er étage Æ y monter
descendre du 1-er étage Æ en descendre
Dans la voiture, les enfants n’ont pas la permission de
s’asseoir devant.
Ils doivent s’asseoir derrière.
Mettez le livre sur le dictionnaire. Mettez– le dessus.
(b) déictique: ici (renvoie à l’espace du locuteur), là (renvoie à
l’espace du destinataire), là-bas, ailleurs, partout (renvoient à l’espace
qui n’est ni celui du locuteur ni celui du destinataire).
Restez-ici. Je reviens dans un quart d’heure.
Attendez-moi là. J’arrive.
Ne restons pas ici. Allons tous les deux là-bas.
Cela ne s’est jamais passé ni ici ni ailleurs.

5. 2. Le circonstant de temps
La localisation temporelle est structurée à partir des coordonnées
suivantes:
– le point de référence
– la position par rapport au point de référence
– l’orientation (limite et visée)
Le point de référence est déterminant. Il permet de structurer les
deux systèmes de référence temporelle: le système centrique (organisé
autour de l’espace/temps du locuteur) et le système allocentrique ou du
récit / discours rapporté (organisé autour d’un espace/temps autre que
celui du locuteur).
Aujourd’hui tout va bien. / A cette époque là tout allait bien.
Cette année la récolte est bonne. / L’année passée la récolte a été
mauvaise.
/ L’année prochaine la récolte
sera meilleure.
136
La position par rapport au poit de référence permet d’établir
les relations de simultanéité ou de non simultanéité (antériorité ou
postériorité) entre le procès et le repère.
Relations temporelles dans le système centrique
Aujourd’hui Pierre est avec nous. – simultanéité avec le présent
(moment de la parole)
Hier Pierre a été seul. Il était chez lui.– antériorité par rapport au
moment de la parole.
Demain Pierre sera à Bucarest. – postériorité par rapport au
moment de la parole.
Relations temporelles dans le système allocentrique – point de
référence dans le passé
Ce jour-là Pierre était avec nous. -simultanéité avec un moment
dans le passé.
Pendant le repas Pierre a été triste – simultanéité avec un
événement situé (par la forme verbale) dans le passé.
La veille Pierre avait été à l’Université -antériorité par rapport
au repère dans le passé.
Avant le départ, Pierre a visité ses parents -antériorité par rapport
à un événement situé dans le passé.
Le lendemain Pierre serait avec ses amis – postériorité par rapport
au repère dans le passé.
Après le repas, Pierre viendrait avec nous au stade. – postériorité
par rapport à un événement dans le passé.
Relations temporelles dans le système allocentrique – point de
référence dans le futur
Ce jour là Pierre sera avec nous. – simultanéité avec un moment
dans le futur.
J’espère que pendant le voyage, Pierre ne sera plus triste. –
simultanéité avec un événement situé dans le futur.
La veille Pierre sera seul – antériorité par rapport au repère dans
le futur.
Avant le départ, Pierre visitera ses parents. -antériorité par
rapport à un événement situé dans le futur.
Le lendemain Pierre sera avec ses amis – postériorité par rapport
au repère dans le futur.
Après le départ, Pierre sera en sécurité – postériorité par rapport
au repère dans le futur.
137
L’axe de l’orientation donne des indications sur la limite initiale
et, respectivement, sur la limite finale de la durée occupée par le
déroulement du proces:
La réunion a commencé à 10 heures. / La réunion a duré jusqu’à
14 heures.
Il a commencé à travailler dès (depuis) le matin.
/ Il a continué à travailler jusqu’au soir/
A partir de 10 heures les audiances ont été suspendues.
/ Les audiances ont été suspendues jusqu’à 14 heures.
Classes de réalisateurs du circonstant temporel
Le circonstant temporel peut être réalisé par plusieurs classes de
mots:
(1) le groupe nominal (GN):
(a) GN de rection directe
Pierre part ce soir.
Il reviendra le mois prochain.
(b) GN de rection indirecte:
Pierre arrive à 6 heures.
A cette époque– là Pierre était très jeune.
Dans trois jours nous arriverons à destination.
(2) le substitut adverbial:
Aujourd’hui il fait beau.
Demain il fera encore plus beau.
(3) une proposition:
Quand il arrivera, je serai déjà loin.
Je finirai avant qu’il rentre.
(4) une forme verbale non personnelle:
En écoutant cette chanson, il s’est rappelé son adolescence.
Les vacances finies, il s’est mit à travailler.
Types de localisation temporelle
La localisation temporelle peut indiquer le moment où a lieu
l’action, la durée de l’action, la relation de succession.
(1) la localisation qui précise le moment peut être auto-definie
(1.1.) (l’expression de la date chiffrée complète) ou définie (1.2.) (par
rapport à un point de référence).
(1.1.) L’expression de la date
• La date explicite est exprimée par le jour, le mois, l’année:
Le lundi 20 mars 2007.
138
L’article n’est pas obligatoire devant la date si le jour est exprimé:
Le lundi 20 mars 2007. ou Lundi 20 mars 2007.
L’article est supprimé si la date est en apposition à une autre
expression du temps:
Ce jour-là, 20 mars 2007.
L’article est obligatoire si le jour n’est pas exprimé:
Le 20 mars 2007.
• Le jour de la semaine seul, employé sans article, indique un jour
proche du moment de la parole:
Lundi, nous sommes allés au théâtre. (le dernier lundi)
Employé avec article, le jour de la semaine peut indiquer un jour
éloigné du moment de la parole ou une action qui se répète:
Le lundi de cette semaine-là, nous sommes allés au théâtre.
Le lundi nous allons au cinéma.
Devant les noms des mois on emploie soit la préposition en soit la
préposition à:
En été, il fait très chaud dans cette région.
En automne, il pleut souvent.
En hiver, il fait très froid.
Au printemps, le temps est capricieux.
(1.2.) L’expression du moment par raport à un point de
référence est réalisée par des adverbes ou des substituts adverbiaux qui
évoquent soit le moment, soit la période qui inclut ce moment ou qui en
est antérieure ou postérieure.
A.Localisation par rapport au moment de la parole (moment du
locuteur) – système centrique:
en antériorité en simultanéité en postériorité
hier aujourd’hui demain
hier matin ce matin demain matin
hier à midi aujourd’hui à midi demain midi
hier soir ce soir demain soir
avant-hier après-demain
il y a trois jours dans trois jours
alors maintenant28 alors
autrefois actuellement
jadis à présent

28
Les substituts déictiques maintenant et à présent marquent la
simultanéité avec le moment de la parole lorsqu’ils sont employés dans le
contexte d’une forme verbale au présent de l’indicatif.
139
à ce moment(-là) en ce moment à ce moment(-là)
la semaine dernière cette semaine la semaine prochaine
B. Localisation qui situe le procès à un moment autre que celui du
locuteur. Il se peut que le repère coïncide chronologiquement avec un
autre moment ou une période exprimés dans l’énoncé:
En mars 2007 il a neigé pour la dernière fois. À ce moment -là
j’étais à la montagne.
J’irai en vacances en juin. À ce moment-là je serai à la mer.
Localisation par rapport à un moment autre que le moment du
locuteur – système allocentrique:
en antériorité en simultanéité en postériorité
la veille alors le lendemain
ce jour(-là)
à ce moment (là)29
à cette époque(-là)
l’avant-veille le surlendemain
le jour d’avant le jour d’après
le jour précédant le jour suivant
il y avait trois jours trois jours après
la semaine d’avant la semaine d’après
la semaine précédante la semaine suivante
deux jours plus tôt deux jours plus tard
(2) La localisation précise la durée
Ce type de localisation est réalisée par un groupe nominal à statut
de complément circonstanciel accompagné ou non d’une des
prépositions pendant, dans et en.
– Lorsque la durée est chiffrée la préposition pendant n’est pas
obligatoire:
Pierre a dormi deux heures / pendant deux heures.
Pierre s’est absenté de Bucarest trois ans / pendant trois ans.
– Lorsque la durée n’est pas chiffrée l’emploi de la préposition est
obligatoire:

29
Le substitut à ce moment(-là) indique, en opposition avec en ce
moment, un moment situé en antériorité par rapport au moment de la parole
ou un moment sur l’axe du récit. La particule de distance là peut marquer
l’idée de moment allocentrique
140
Pierre a dormi pendant le voyage. (une ou deux heures)
Pierre a dormi dans la matinée. (une ou deux heures dans la
matinée)
Je vous téléphonerai dans la journée. (à un moment donné de
la journée)
– La durée continue est exprimée à l’aide de l’indéfini de totalité
tout et ses variantes:
Pierre a travaillé toute la matinée.
– La préposition en exprime le temps nécessaire à la réalisation
d’une action:
Pierre a fait cette traduction en deux heures.
– La préposition depuis introduit une certaine durée en insistant
sur le début de la période:
Pierre est avec nous depuis le mois de mai.
Pierre dort depuis une heure.
Les relations temporelles peuvent être actualisées aussi par
d’autres constructions, à savoir:
– une nominalisation
Vous allez préparer vos bagages avant mon arrivée. Æ relation
d’antériorité
Vous allez préparer vos bagages jusqu’à mon arrivée. Æ
relation d’antériorité
Après son départ, les enfants sont allés se coucher.Æ relation
de postériorité
– la forme de gérondif du verbe «attendre» + nominal
Vous allez préparer vos bagages en attendant mon retour.Æ
relation de simultaníté
– un infinitif introduit par “ avant de…”, “en attendant de…”,
après…
Pierre a répété plusieurs fois son discours avant de prendre la
parole. Æ relation d’antériorité
Pierre a répété plusieurs fois son discours en attendant de
prendre la parole. Æ relation de simultaníté
Après avoir fini sa traduction, Pierre s’est installé devant la
télé. Æ relation de postériorité
– un participe passé
La traduction finie, Pierre a pu se reposer.

141
5.3. Les caractérisants du procès
(1) Le circonstant de quantité/La détermination quantitative
du procès
La détermination quantitative du verbe (la quantification du
procès) peut être explicite ou implicite.
Dans la quantification explicite, le rapport entre les unités
considérées les unes par rapport aux autres est établi sur une échelle de
gradation:
Pierre est plus sérieux que son ami.
Pierre est aussi sérieux que son ami.
Pierre est moins sérieux que son ami.
Pierre et son ami sont les termes, les unités comparées l’une par
rapport à l’autre.
Plus, aussi, moins (sérieux) représentent la quantification de la
qualité d’être sérieux.
La quantification explicite est structurée linguistiquement dans
une phrase complexe (appelée aussi phrase moléculaire décrite sous
l’étiquette de Comparaison.).
La quantification implicite comporte des degrés centrés autour
des oppositions suivantes:
• grande quantité /vs./ petite quantité
Pierre travaille beaucoup. / Pierre travaille peu.
• quantité suffisante /vs./ quantité insuffisante
Pierre travaille assez (suffisamment). / Pierre ne travaille pas
assez (suffisamment)
• limite quantitative supérieure /vs./ limite quantitative inférieure
Pierre travaille trop. / Pierre traville tout juste pour ne pas se
faire renvoyer.
• quantité totale /vs./ quantité partielle
Pierre a tout rangé. / Pierre n’a rangé qu’une partie des livres.
Les éléments quantifiés peuvent être des procès (des verbes) et
des qualités / états (des adjectifs):
Pierre travaille beaucoup. Pierre souffre beaucoup.
Pierre est très malade.
En termes de classe de mots, les réalisateurs de la
détermination quantitative sont des adverbes et des structures
adverbiales.
Répartis selon les types de quantification on identifie:
142
(a) pour la grande quantité, les adverbiaux:
• beaucoup (pour les verbes):
– travailler, manger, écrire, lire beaucoup;
– s’amuser, danser, courir un peu;
– dormir, manger, parler peu;
• très (dans les locutions verbales et auprès des adjectifs):
– avoir très faim, soif, peur, mal, sommeil, envie, tort;
– faire très attention, se faire très mal;
– être très aimable, gentil, triste, malheureux, heureux, sensible
• tant, tellement (pour les verbes), dans les phrases
exclamatives:
– souffrir, pleurer, maigrir tant, tellement
• fort (pour les verbes et pour les adjectifs):
– parler, douter, souffler, tousser, serrer (très) fort;
– être fort triste, riche, occupé, aimable;
• si, bien, extrêmement (pour les adjectifs):
– être si, bien, tellement aimable, gentil, furieux, sévère, triste;
(b) pour la petite quantité:
• peu (pour les verbes):
– manger, boire, parler, travailler peu;
• peu à peu (pour les verbes):
– grandir, avancer, progresser peu à peu;
• petit à petit (pour les verbes):
– s’adapter, s’accomoder, oublier, se rappeler petit à petit;
Remarque: A ne pas confondre les quantitatifs peu et un peu.
Peu exprime la quantité insuffisante:
Il travaille peu et a de mauvais résultats.
Il lit peu, ça ne suffit pas.
Un peu exprime la petite quantité:
Le malade a mangé un peu. C’est bien.
(c) pour la quantité suffisante:
• assez (pour les verbes et les adjectifs):
– parler, lire, travailler, attendre assez;
– être assez triste, désorienté, mécontent, content, aimable;
• suffisamment (pour les verbes et les adjectifs);
– parler, lire, travailler suffisamment;
– être sufisamment fatigué pour s’arrêter; …informé pour
répondre à ces quesations;
143
(d) pour la quantité totale:
• tout (pour les verbes):
– faire, écrire, lire, comprendre tout;
• totalement, complètement, entièrement (pour les adjectifs):
– être totalement, entièrement, complètement épuisé, édifié, vendu;
(e) pour la quantité partielle:
• en partie, partiellement, à moitié, à demi (pour les verbes et
pour les adjectifs):
– résoudre, emballer, expédier, vendre, reconditionner,
reconstruire en partie, partiellement,…
(2) Le circonstant de manière
Le circonstant de manière ajoute à l’information transmise par le
couple sujet-verbe des informations sur la nature et les caractéristiques
du procès dénoté par le verbe. On l’identifie en posant au verbe la
question comment…?
Les informations introduites par le circonstant de manière portent
sur:
– la qualité du procès: Pierre parle bien / mal
– l’intensité du procès: Pierre parle fort / bas.
– le rythme: Pierre parle vite/ lentement .
– la manière de déroulement du procès:
Pierre parle en bégayant.
Pierre marche à petits pas.
Pierre marche en boîtant.
– l’attitude du locuteur pendant le déroulement du procès:
Pierre marche les mains dans les poches.
Pierre est entré en souriant.
Pierre est parti mécontent.
Classes de réalisateurs du circonstant de manière:
(a) les adverbes primaires et les adverbes dérivés par le suffixe -
ment:
– bien, mal, vite;
– rapidement, lentement, sérieusement, etc.
parler, travailler bien / mal
marcher vite / lentement
parler sérieusement
réagir confusément
se débrouiller difficilement
144
(b) des adjectifs employés adverbialement: bas, bon, chaud, cher,
clair, court, doux, droit, faux, froid, juste, net; certains de ces adjectifs
sont doublés de la forme adverbiale en -ment, les deux formes étant
sélectées préférentiellement par le verbe et/ ou ayant des sens différents:
parler bas (=à voix basse)
/ agir, se venger, penser bassement
(=d’une manière indigne)
voler bas (= à faible hauteur)
sentir bon (= de manière agréable)
/ avouer, dire (tout) bonnement
qqch.(=avec simplicité)
avoir, faire (très) chaud
/ être vêtu chaudement
(=de manière à conserver la chaleur)
applaudir, féliciter chaudement
(= avec chaleur, avec animation)
voir, parler clair (=sans réticence, sans détour)
/ voir, distinguer, expliquer, raconter
clairement (= de manière claire)
(c) des groupes nominaux prépositionnels. Les prépositions les
plus fréquemment emplyées sont: à, de, avec, sans, en, par:
– aller à pied
– acheter à crédit
– parler à voix basse
– marcher à petits / à grands pas;
– regarder d’un air triste
– faire qqch. d’un air mécontent;
– agir avec / sans courage, enthousiasme, intérêt
– attendre en silence
– travailler en équipe
– obtenir qqch. par la force, par la douceur, par les négociations
– envoyer une lettre, un colis par la poste
– tenir le couteau par le manche
Certains groupes prépositionnels sont devenus des expressions
figées et manifestent des restrictions de combinaison avec le nom
déterminé:
– boire à petits coups
– marcher à grand-peine, à pas de géant, à pas de tortue
145
– parler à coeur ouvert
– suer à grosses gouttes
– regarder à la dérobée
– travailler d’arrache-pied
– juger d’un coup d’oeil
A côté des prépositions simples qui introduisent le groupe nominal
à fonction de caractérisant, il y a des locutions prépositionnelles: à la
manière, façon, mode de…, à l’insu de…, au gré de…, à l’envers
de…
(d) le groupe nominal de rection directe. Ce réalisateur réalise le
complément d’attitude:
– marcher la tête haute, les mains dans les poches
– se tenir, manger, fumer les coudes sur la table
(e) le gérondif; cette forme verbale réalise un circonstant qui
exprime soit la manière de déroulement du proces soit l’attitude du
locuteur pendant la réalisation du procès:
– parler en criant
– tromper qqn. en abusant de sa crédulité
– fixer qqch. en posant des agrafes
– s’adresser à qqn. en souriant
– entrer en pleurant
– quitter la pièce en claquant la porte
(f) l’infinitif introduit par la préposition sans; il s’agit, dans ce
cas, de la négation de la caractéristique introduite par le gérondif:
– parler en articulant nettement toutes les syllabes des mots
/ parler sans articuler nettement toutes
les syllabes des mots
– parler en criant
/essayer de parler sans crier
– parler à qqn.en le regardant
/ parler à quelqu’un sans le regarder

146
BIBLIOGRAPHIE

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