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Chief happiness Officer

Le Chief Happiness Officer a pour objectif de créer des conditions dans lesquelles les salariés vont
trouver du bien-être. Mieux encore, du bonheur.

Rigolo pensez-vous ? Pas seulement. Derrière ce titre quelque peu provocant (surtout quand on le
traduit par « Directeur général du bonheur » ou « M. Bonheur »), émerge un constat implacable : le
bien-être est un des premiers facteurs de la performance individuelle et collective.

A l’origine, le concept a été créé par Chade-Meng Tan, un ingénieur américain, 107e salarié
embauché par Google qui a changé de métier pour se concentrer sur le développement des
personnes et leur bien-être. Il invente donc la fonction de « Jolly Good Fellow » (super bon
camarade) et devient le premier M. Bonheur (aujourd’hui milliardaire et enseignant la méditation).

Pourquoi la création de ce métier de M. ou Mme Bonheur ?


De nombreuses études (Harvard, MIT…) pointent la corrélation positive entre le plaisir au travail et la
performance. Des chiffres impressionnants circulent montrant que : « un salarié heureux est deux
fois moins malade, six fois moins absent, ou encore neuf fois plus loyal ».

Les grandes entreprises internationales, dans leur quête de RH au sens littéral du terme et de
communication interne optimisée, ont vite vu dans cette nouvelle fonction une clef efficace pour
répondre aux problématiques de management, de motivation et d’engagement des salariés, de santé
au travail, de marque employeur (recruter des talents, limiter le turn-over…) et, in fine bien sûr, de
productivité.

De ce fait, les missions du CHO ont complexes et nécessitent temps et investissements. Elaborer et
mettre en oeuvre une culture de travail positive, améliorer les relations et créer du lien, induisent
d’être au cœur des changements de l’entreprise.
L’objectif est de veiller à ce qu’aucun obstacle ne puisse entraver le travail des salariés. Le Chief
Happiness Officer aura ainsi à intervenir sur des points stratégiques comme les nouveaux outils
(digitaux surtout), les horaires, la mobilité (télétravail), mais aussi sur des sujets sensibles comme
l’optimisation du parcours individuel en entreprise, des entretiens de motivation, la cohésion
d’équipe, le coaching…

Pour fédérer, il a aussi comme mission d’organiser des activités amusantes : par exemple des ateliers
de créativité, des concours internes, des happy hours… On peut aussi lui demander la mise en place
de services spécifiques comme des abonnements fitness ou de la conciergerie… Il est à la fois un
super-communicant maîtrisant l’événementiel et le dialogue autour de la machine à café, et un
médiateur.

Salaire brut mensuel d'un débutant : 3000 €

Les compétences nécessaires pour réussir sur un poste de CHO


Pour tenir ce rôle, il faut donc avoir l’esprit positif, une bonne humeur naturelle et montrer un
enthousiasme à toute épreuve. Humour, amabilité, empathie et surtout une grande énergie, sont
nécessaires. Tout le monde n’a pas la capacité à inspirer le bonheur chez les autres.

Aujourd'hui, seules les qualités intrinsèques du candidat pouvant potentiellement inspirer le bien-
être font office de curriculum vitae. Néanmoins, les employeurs recherchent souvent des personnes
ayant déjà travaillé dans les domaines de la communication, de l'évènementiel ou des ressources
humaines. Parmi les profils les plus souvent recherchés, on peut citer :

• responsable commercial,

• chargé de communication,

• directeur de la communication,

• directeur des ressources humaines,

• chef de projet dans l'événementiel,

• organisateur d'évènements...
Exemple d’entreprise
A Lille, chez Ineat, spécialiste de la transformation digitale, des ballons de fitness traînent dans
l’open-space, non loin d’une table de ping-pong et de jeux de société. Moyenne d’âge des quelque
200 salariés: 28 ans.

«Nous sommes dans un secteur qui débauche beaucoup, les ingénieurs sont très convoités, alors,
l’un des enjeux de la société est de fidéliser les collaborateurs», explique Alizée Tiberghien, «chargée
du bonheur» chez Ineat.

Cours de guitare et de yoga, tournois de baby-foot, livraison de paniers de fruits, ou ... simple
changement de la machine à café défaillante, «je fais en sorte que les salariés se sentent chez eux et
dans une émulation permanente», relate la jeune femme, diplômée de l’Efap (Ecole française
d’attachés de presse).

Résultat: «Presque aucune démission et côté recrutement, beaucoup de cooptation, preuve que les
salariés se sentent bien», se réjouit Yves Delnatte, associé.

«La démarche n’est pas uniquement humaniste, l’objectif est aussi de rendre nos équipes les plus
efficaces possible et de leur apporter une qualité de vie pour attirer et retenir des talents», admet
Florent Voisin, CHO chez le spécialiste du cloud OVH et psychologue du travail de formation.
Ainsi, il «tente de faciliter l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle des salariés», en créant,
par exemple, pour les 800 salariés du siège de Roubaix, une conciergerie, un centre de loisirs pour
enfants ou une salle de sport avec coach.

Kiabi
Pour Marianne Mathon, 49 ans, responsable de la «happy culture» chez Kiabi, si le «bien-être des
salariés» passe «aussi» par des actions ponctuelles qui «enchantent le quotidien», comme la venue
d’un masseur en magasin pour la rentrée, il vise avant tout le «bien-être psychologique» des salariés.
«On développe par exemple des ateliers de communication non violente pour aider les personnes à
communiquer entre elles de façon constructive, avec bienveillance et exigence», relate-t-elle.

Le métier de CHO, né dans la Silicon Valley, est revendiqué par quelque 150 personnes sur le réseau
professionnel LinkedIn en France. Il «répond à des attentes de plus en plus pressantes des
collaborateurs. Il y a quelques années, on ne se disait pas +il faut que je m’éclate dans mon boulot,
que je m’y épanouisse+ aujourd’hui c’est quasiment une exigence, en particulier des jeunes
générations», analyse Amélie Motte de la «Fabrique Spinoza», le think tank du bonheur citoyen.

«Le métier est récent. Sur notre site, la première recherche date de juin 2015, mais le bien-être au
travail est un mouvement de fond, notamment du fait de la guerre des talents. Les CHO constituent
seulement la partie visible de l’iceberg», note Cédric Gérard, directeur marketing du site de
recrutement en ligne Monster.

«Quand un collaborateur est heureux et épanoui, il est plus fidèle, plus engagé, en meilleure santé,
plus coopératif, plus créatif», affirme encore Mme Motte, qui assure des formations de trois jours
aux aspirants CHO «en attendant la création d’une formation initiale».

Pour les entreprises, c’est aussi un atout «marketing», critique Danièle Linhart, sociologue du travail:
cela «valorise leur image de marque en montrant leur capacité à gérer la gestion de la souffrance au
travail». C’est également un moyen de «désamorcer la critique»: «en disant, +le management
moderne est bienveillant+, les salariés n’ont plus de légitimité à critiquer, à se plaindre».

«Si un CHO installe un baby-foot mais que le management est mauvais, ça ne fonctionnera pas, le
rôle du CHO n’est pas de nier les difficultés, mais de savoir comment les traiter», avertit encore Mme
Motte.

https://www.youtube.com/watch?v=bGd18VUlY4c

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