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toire privé qu'il a ba ti à Germigny et dédié au Sauveur . L'article utilise un
du Christ demeurent sur son corps ressuscité? » pour expliquer que la Main
qui descend du ciel entre les te tes des anges représente la main blessée du
connu la main de Bède dans les quatre raisons que Théodulfe donne dans
son poème pour expliquer que le Christ conserve ses blessures après la ré-
La première chose à noter est que Bède utilise les me mes raisons à la
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fois dans son Commentaire sur l'évangile de Luc et dans son homélie II,
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9 , ce qui soulève la question : est-ce le commentaire résumant l'homélie
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taire? Mais comme cette question exigerait des recherches plus précises ,
elle ne sera pas traitée ici, bien que, comme nous le verrons, il n'y a pas
de doute que Théodulfe se soit inspiré, pour son poème, non du commen-
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taire, mais de l'homélie de Bède . Il est possible, et peut-e tre probable,
français l'article rédigé en anglais et les passages latins de Bède. Je dois la traduction
1. Ann F reeman and Paul M eyvaert , « The Meaning of Theodulf's Apse Mosaic at
Bède traite tous les versets de Lc 24, 36-47, à la fois dans l'homélie et dans le com-
5. Pour une vue d'ensemble sur les homélies de Bède, cf. George Harding B rown ,
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qu'il ait connu cette homélie par l'intermédiaire de Paul Diacre qui l'a in-
cluse dans l'homéliaire composé pour Charlemagne, dans les années 780,
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comme homélie pour le mardi de Pa ques .
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A un certain endroit de son homélie, Bède assure que les paí̈ens ont ob-
pas été capable de supprimer les blessures qu'il avait reçues durant sa pas-
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sion . C'est à cet endroit que la ligne 66 du poème de Théodulfe emprunte
les mots de Bède. La présentation ci-dessous aide à voir que Théodulfe uti-
lise l'homélie et non le commentaire sur Luc. Il faut remarquer avec quel
soin il calque ses vers sur les mots de Bède dont il utilise parfois quelques-
uns à la lettre.
hoc loco gentiles calumniam struere ont coutume de faire des calomnies
enim ipse Deus uester, inquiunt, nec surrection. En effet, disent-ils, si vo-
sibi inflicta a Iudaeis uulnera curare tre Dieu lui-me me n'a pas réussi à
praeualuit sed cicatricum uestigia guérir les blessures qui lui furent in-
caelo secum, ut dicitis, inuexit, qua fligées par les Juifs, mais, comme
temeritate putatis eum uestra de vous le dí tes, a emporté avec lui au
dum quia Deus noster qui suam per- penser qu'il pourra restaurer inté-
Bede the Venerable, Boston, 1987, p. 62-65. Bien qu'il accepte l'opinion que l'Homé-
liaire, comme un tout, date d'environ 730-735, Brown laisse ouverte la possibilité que
certaines pièces puissent appartenir à une période antérieure. Si on peut un jour prou-
ver que l'Hom. II, 9 a précédé le commentaire, elle doit dater d'environ 709-715, dates
de Paul Diacre qui couvre de Pa ques à l'Avent, l'Homélie II, 9 de Bède figure comme
utilise une source patristique. Une assez large recherche n'a pourtant pas réussi à trou-
peut pourtant avoir suggéré cela à Bède : In nulla re tam vehementer, tam pertinaciter,
tam obnixe et contentiose contradicitur fidei christianae, sicut de carnis resurrectionem.
(PL 37, col. 1134).
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tam de sepulchro carnem resuscitare poussière? Il faut leur répondre que
quando uoluit et quomodo uoluit, notre Dieu qui a pu ressusciter du
potuit etiam qualem uoluit suscita- tombeau sa chair glorifiée dans une
[ri]. Neque enim consequens est ut immortalité perpétuelle, quand il l'a
qui maiora fecisse probatur minora voulu, et comme il l'a voulu, a pu
facere nequiuerit sed certae dispen- également la ressusciter telle qu'il
sationis gratia qui maius fecit minus l'a voulu. Peu importe donc si celui
facere supersedit, hoc est qui mortis qui a pu faire de grandes choses a
regna destruxit signa mortis oblite- voulu en faire de moindres, mais
rare noluit. par une dispensation de sa gra ce,
celui qui a fait plus s'est dispensé
de faire moins, et celui qui a détruit
le règne de la mort n'a pas voulu
supprimer les marques de la mort.
Bède, Homélie II, 9, l. 102-114
Solent autem gentiles hoc in loco Les paí̈ens ont coutume de tendre
simplicitati fidei nostrae deceptio- des pièges à la simplicité de notre foi
num tendere laqueos dicendo : en disant : « Par quelle témérité es-
« Qua temeritate confiditis quia pérez-vous que le Christ soit capable
Christus quem colitis uestra de pu- de rendre incorruptibles vos corps ré-
luere corpora possit incorrupta re- duits en poussière, alors qu'il n'a me -
ducere, qui nec suorum uulnerum, me pas pu effacer les cicatrices qu'il
quae in cruce suscepit, potuit cica- a reçues sur la croix, mais après avoir
trices obducere , sed resuscitato, ressuscité son corps d'entre les morts,
ut dicitis, suo corpore a mortuis, à ce que vous dites, il n'a pas caché
signa adhuc mortis inesse non ce- les traces encore visibles de la mort. »
lauit? » Quibus respondemus quia À ceci nous répondons que le Christ,
Christus, cum omnipotens sit Deus, qui est Dieu tout-puissant, a promis
et nostra, ut promisit, corpora de de ressusciter les corps de la corrup-
corruptione ad incorruptionem, de tion à l'incorruption, de la mort à la
morte ad uitam, de terrae puluere vie, de la poussière de la terre à la
ad caelestem suscitauit gloriam, et gloire du ciel, et il a rappelé à la vie
suum quod moriendo exuerat corpus son propre corps qu'il avait dépouillé
quale uoluit reuocauit ad uitam. en mourant tel qu'il l'a voulu. Et
Quod cum abolitis passionis indiciis alors qu'il aurait pu se montrer à ses
ostendere discipulis posset, certe disciples après avoir aboli les traces
utique dispensationis gratia passio- de sa passion, il est certain qu'il a
nis in eo maluit indicia reseruare. préféré, par une dispensation de sa
gra ce, conserver sur lui les traces de
sa passion.
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Namque cicatrices domini pro no- C'est que les cicatrices reçues pour
Primo uidelicet ut per haec disci- D'abord pour affermir par ses
trueret. sa résurrection.
haec uidebant manifeste possent di- voyant ses blessures, puissent com-
noscere non spiritum sine corpore prendre avec évidence qu'ils ne voy-
sed corpus esse spiritale quod uide- aient pas un esprit sans corps, mais
dulfe.
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surrectionis eius certam spem futu- certitude de la foi en la résurrection
rae omnium hominum resurrectionis accomplie en son corps, ils puissent
mundo praedicarent. pre cher au monde l'espérance cer-
taine de la résurrection future de
tous les hommes.
Théodulfe, Carmen XI, l. 11-14
Primum ut discipuli corpus, non fla- D'abord il fallait que les disciples
minis auram, sachent bien et se mettent en te te
Se vidisse sciant, cordis et arce Qu'ils avaient vu un corps, non
locent un souffle aérien.
Certa fides ut eos domini surgentis Ainsi seraient-ils pourvus d'une foi
adornet, solide au Seigneur ressuscité,
Spemque resurgendi saecla par Et ils chanteraient l'espérance de
ampla canant. la résurrection au long des siècles.
2) Seconde raison :
Bède, In Lucam VI, l. 2273-2275
deinde ut ipse dominus et deus ensuite (il fallait) que notre Dieu
noster Iesus Christus qui in humani- et Seigneur Jésus-Christ lui-me me
tate patrem interpellat pro nobis os- qui, dans son humanité prie son Père
tensis uulnerum suorum cicatricibus pour nous, lui montre les blessures de
quantum pro humana salute labo- ses cicatrices; qu'il lui montre perpé-
rauerit ei perpetuo demonstret mi- tuellement comment il avait souffert
roque et ineffabili nobis ordine eum pour le salut du genre humain, et
qui numquam potest obliuisci qui que, d'une manière admirable et inef-
semper misereri paratus est absque fable, il rappelle à celui qui ne peut
intermissione ammoneat quam iuste jamais oublier et qui est toujours
hominibus misereatur quorum parti- pre t à pardonner, combien il est juste
ceps natura doloris et passionis ipse qu'il ait pitié des hommes dont lui, le
filius Dei effectus sit pro quibus ipse Fils de Dieu, a voulu partager la na-
confligens mortis imperium morien- ture dans la douleur et la passion, et
do prostrauerit. pour lesquels lui-me me, subissant
l'empire de la mort, a été terrassé
par la mort.
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Quosque sit humana passus pro Et que les tourments subis par lui
Pro quibus et uoluit uulnera tan- Eux dont son Fils unique partage la
ta pati. nature
de telles blessures.
3) Troisième raison :
quam misericorditer sint adiuti pro- ceux qui ont été rachetés par sa
positis semper eiusdem mortis in- mort il rappelle avec quelle miséri-
cessent, sed dicant qui redempti sa propre mort, afin qu'ils ne ces-
sunt a domino quoniam bonus quo- sent jamais de chanter dans l'éter-
est éternelle.
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manus sed et illi qui uel suscepta ment ceux qui ont porté sur lui
eius mysteria pro nihili contemnunt leurs mains impies, mais aussi ceux
uel sibi oblata numquam suscipere qui, ayant reçu ses saints mystères,
curarunt uel etiam maiori impietate les tiennent pour rien, ou qui ont re-
in eis qui susceperant odiis et perse- fusé de les recevoir quand ils leur
cutionibus extinguere aut corrum- étaient offerts, ou qui, par une en-
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Ut scriptura canit Quem transfixere Comme le chante l'E criture : Ils ver-
Omnis cernet eum uisus, quae et turba Tout il le verra, celui qu'annonce
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orbe tribus (Ap. 1,7) lamentera à son sujet.
Proque suis meritis ignea flagra Et qu'ils ont bien mérité de subir
Non haec salua manus quae iniecit Elle ne sera pas sauvée, la foule qui
10. Ap 1,7 : Et uenit cum nubibus, et uidebit eum omnis oculus. Et quieum pupuger-
unt, et plangent se omnes tribus terrae. Bien que Bède ne cite pas ce verset dans son
homélie, il est intéressant de noter que les versets d'ouverture de l'Apocalypse se lisai-
blez-vous et me posez-vous des questions ? Voyez mes mains et mes pieds, c'est
Non autem sine causa manus Ce n'est pas sans raison qu'il leur
suas potius ac pedes quam uultum demande de regarder et de recon-
quem aeque nouerant eos uidere ac naí tre ses mains et ses pieds plutot
recognoscere iubet sed ut uisis que son visage qu'ils connaissaient
clauorum signis quibus cruci erat également, mais c'est pour que, en
adfixus non solum corpus esse quod voyant les marques des clous par
uidebant sed ut ipsum domini sui lesquels il avait été fixé à la croix,
corpus esse quod crucifixum noue- ils puissent comprendre que c'était
rant intellegere possent. non seulement un corps qu'ils voy-
aient, mais bien le corps de leur Sei-
gneur qui, ils le savaient, avait été
crucifié.
Sur la main blessée du Sauveur représentée dans la mosaí̈que, cf. p. 133-135. ibid.