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Le culte de Mithra

Philippe Thomas
Lyon, le 16 novembre 2012

Sol Invictus Œuvre romaine, IIIe siècle

Monnaie de l'empereur Constantin Ier

Au lieu du bonnet Phrygien, Mithra est parfois


coiffé de rayons de Soleil

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Nous venons de vivre une magnifique démonstration de la cérémonie du Chevalier du
Soleil, dans le cadre de la Chambre des Grades. Le rituel ancien qui nous a été présenté met
en scène des éléments propres au culte de Mithra. Nous avons vu le rôle du Père des Pères, le
parcours ascendant et descendant du candidat dans les positions planétaires, sa rencontre avec
les 7 métaux, sa vêture et dé-vêture avec un jeu de tunique de couleurs. Le culte de Mithra,
bien plus que le culte païen largement en désuétude, même s’il garde une officialité, va être la
cible et l’ennemi du Christianisme débutant. Il partage de nombreux traits avec le
Christianisme, et surtout il est très étendu géographiquement, développé dans tout l’espace
occupé par les Légions Romaines. Au début du IVe siècle, le culte de Mithra était toujours
vivace dans l'armée puisque l'empereur Constantin Ier (306-337), fervent adorateur de ce dieu
avant de se convertir au Christianisme, fera frapper sur les monnaies la légende «Soli Invicto
Comiti », « Au Soleil Invaincu qui m'accompagne ». C'est lui qui, par une loi du 7 mars 321,
fera du « Jour du Soleil » (c’est-à-dire le dimanche, le sunday anglo-saxon) le jour du repos
hebdomadaire. Le culte s’éteindra rapidement après l’édit de Théodose en 380, comme tous
les cultes à Mystères, et de nombreuses Religions jusque-là permises. Son succès tient à son
ancienneté, sous des formes très différentes toutefois, son universalité, ouvert à tous les
hommes quelque soit leur religion, puis aux hommes et aux femmes dans les premiers siècles
de notre ère, ses cérémonies exigeantes et son organisation rituelle que l’on a comparé à la
Franc-Maçonnerie. Il nous en reste des traces monumentales, quelques écrits de philosophes
ou de religieux, favorables ou surtout opposés à ce culte. Nous en avons aussi gardé des traces
dans notre quotidien, nous le verrons, et possiblement des éléments rituels, que je me
contenterai simplement de citer, car une filiation est impossible à démontrer, et le 18ème siècle
a souvent été l’occasion d’incorporer dans nos cérémonies des éléments intéressants. Le garde
de Chevalier du Soleil, datant de 1760, s’est inspiré de ce culte, et certains d’entre nous
connaissent une échelle avec la mention d’un taureau blanc.

Les sources du culte de Mithra

L’origine de Mithra est Chaldéenne, largement avant 2500 ans avant JC. Mithra était
alors une divinité de 3e Ordre, chef de 28 sous divinités, les Izeds (dieux). « Je fais izeschné
à Mithra, je prie cet Ized, soldat élevé, qui monte un coursier vigoureux, cet Ized qui a un
corps vigoureux, ... » (Zent Avesta). Avec le temps, son rang change, devenant le dieu
référent, origine de lui-même, maître du temps, pour lui, le temps n’a plus d’importance, de

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l’espace, du mouvement, résidant au-delà de la 8ème Porte, dans la Montagne de Lumière.
Mithra est une triple puissance, Créateur ou générateur, conservateur ou protecteur,
destructeur enfin.

Le culte est à ces débuts, masculin, viril et brutal. Prière aux féroüers (ëtre vivants,
inspirateurs et gardiens) : « Je fais izeschné (= je rends grâce à ceux qui sont relevés) aux
forts, purs et excellents féroüers des saints, germes qui combattent puissamment, grands, forts
et robustes, qui agissent avec étendue, affligent tous ceux qui font du mal, frappent ensemble
les dews-hommes; qui veillent eux-mêmes, , , .. qui viennent sur ceux qui les invoquent, qui
leur adressent des prières; qui s'approchent, lorsqu'on les nomme .... , Je fais izeschné aux
forts, purs et excellents féroüers (êtres créés, inspirateurs et gardiens), purs des saints, qui sont
forts, qui sont vivants, qui sont victorieux, qui marchent triomphants, qui donnent d'en haut la
lumière, qui agissent avec feu contre la couleuvre c'est-à-dire (contre Ahriman), coupent par
morceaux (ou lient) les mille espèces de dews (démons); qui, accompagnés du vent, délivrent
et enlèvent le corps des hommes que les dews ont.liés…(Zend-Avesta, t II, p255-255).

Le culte, à l’inverse des cultes Chaldéens, qui se déroulaient sur des structures en
Zigourath, avec 7 niveaux de couleurs différentes, se fait dans des grottes. On en a retrouvé de
multiples, à Angle sur l’Anglain, Poitiers (Chardonchamp), plus récemment une ancienne
crypte à Angers. Le culte de Mithra s'exerçait dans des temples nommés mithræa (au
singulier, mithræum). Ces endroits étaient au départ des grottes naturelles, et plus tard des
constructions artificielles les imitant, obscures et dépourvues de fenêtres. Ils étaient exigus, la
plupart ne pouvaient pas accueillir plus de quarante personnes.

Verjuy Osti

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Dans un mithræum type on peut distinguer trois parties : l’antichambre, le spelæum ou
spelunca , la caverne, ou grande salle rectangulaire décorée de peintures et deux grandes
banquettes le long de chaque mur pour les repas sacrés ; le sanctuaire, au fond de la grotte,
dans lequel on trouvait l'autel et l'image — peinture, bas-relief ou statue — de Mithra donnant
la mort au taureau. L’image centrale du culte de Mithra est la «tauroctonie», qui représente le
sacrifice rituel du taureau sacré par Mithra : Mithra apparaît coiffé du bonnet phrygien et
regarde sa victime avec compassion; incliné sur le taureau, il l'égorge avec un couteau de
sacrifice ; de la blessure du taureau il sort du grain ; près du taureau figurent quelques
animaux : un scorpion, qui menace de ses pinces les testicules du taureau ; un serpent ; un
chien qui se nourrit du grain qui sort de la blessure. L'image est encadrée de deux porteurs de
torches, jambes croisées, nommés Cautès et Cautopatès. Ils représentent le solstice d’hiver
(Capricorne) et le solstice d’été (Cancer), les âmes descendantes venant de la Porte de la
Lune, et les âmes remontant vers la porte du Soleil. Le Soleil et la Lune sont souvent
représentés, image du Cosmos et des deux Portes des âmes. « Mithra existe toujours entre la
Lune et le Soleil » (Zend-Avesta). On retrouve encore l’image de Mithra naissant de la pierre.
Notons que Mythra naquit un jour au fond d’une caverne armé d’une torche et d’un poignard.

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Alpinien et Austriclinien, saints compagnons
de St Martial, auraient pris la place des
parèdres de Mithra, Cautès et Cautopatès S. Stefano Rotondo, Rome

Dans la caverne, une source, réelle ou virtuelle, représentée par une coupe. « Purifiés
par de rudes épreuves, les initiés s’imaginaient être ensuite régénéré par une espèce de
baptême, toujours accompagné d’une lustration d’eau qui se faisait par toute la ville et dans le
temple. On imprimait sur le front de l’aspirant une certaine marque, ou peut-être y faisait-on
une onction conforme à celle des Chrétiens. On offrait du pain et un vase d’eau en prononçant
des paroles mystérieuses de consécration » (M de Sainte-Croix).

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Angers. Exvoto Angers. Vase ansé zoomorphe

« Au dieu invaincu Mithra,]us Genialis, citoyen


de…, a offert en ex voto (ce vase) »

Le chien a une place particulière. Nous n’avons pas les éléments permettant de le
raccrocher à un moment du culte, mais il était considéré comme l’égal d’une personne, tuer un
chien était aussi grave que tuer un être humain. Il accompagnait le mort, positionné près de la
bouche du mourant pour éviter que son âme ne soit capturée par les démons. Le chien est le
gardien du pont. Une légende persane raconte que le chien est gardien du pont, et fait accorder
aux âmes l'entrée de ce lieu redoutable. Là, dit la légende, Mithra pèse avec soin les bonnes
actions comme les mauvaises; et si les bonnes l'emportent sur les mauvaises, du poids d'un cil,
il les envoie au paradis. Si c'est le contraire, il les précipite en enfer et, suivant leurs mérites
ou leurs péchés, des récompenses ou des peines leur sont préparées et distribuées dans sept
cieux distincts. Juste deux coups de cil.

Les grades du culte de Mithra

Le consensus se dégage aujourd’hui pour dénommer 7 grades, les deux premiers étant les plus
communs dans les soldats de la Légion. Le dernier, dont le symbole était l’épervier, plus
accessoirement l’aigle, le grade de Père, se déclinait en Père, Père du Culte, et Père des Pères,
réservé au chef de la communauté. A tous ces grades correspondaient des signes, des mots,
des secrets, et des serments. Les épreuves pour acquérir les gardes étaient très rudes et
violents, mais ils finirent par être remplacés par des gestes symboliques.

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D’après le témoignage de deux commentateurs de St Grégoire de Nazianze, Nonnus et Nicéta,
les épreuves préparatoires au premier grade duraient 80 jours. « On s’exerçait d’abord à
traverser à la nage une grande étendue d’eau, ensuite on se précipitait dans le feu, et on s’en
retirait qu’avec peine. Il fallait passer un certain temps dans un désert, souffrir la faim et la
soif, endurer enfin la rigueur du froid, les fatigues de la course, et les coups de fouet. » Les
épreuves s’apparentaient peu ou prou aux douze travaux d’Hercule et à la course du Soleil par
les douze signes du Zodiaque. Le but était de faire parvenir les mystes, d’éviter qu’ils ne
soient déconcertés par les sens, et de les conduire à un état d’insensibilité qu’on appelait
apathie.
Selon Porphyre, Origène et la mosaïque du mithraeum de Felicissimus, à Osti on distinguait
ainsi, le premier grade, le Corbeau, puis le Griffon ou fiancé, le Soldat ou Miles, le Lion, le
Perse ou Persée, l’Héliodrome (le messager du Soleil) dont les ses attributs étaient la torche,
le fouet et la couronne, le Père. Les attributs de ce dernier, le bonnet phrygien, le bâton et
l'anneau rappellent ceux de l'évêque chrétien. A noter que l’appartenance à Mythra n’excluait
pas l’appartenance à une religion, sauf le Christianisme, ou l’appartenance à d’autres cultes à
Mystères, Isis, Eleusis, Cybèle, Magisme, etc… Praetextatus par exemple va être en même
temps Père des Pères chez Mithra, et Grand Prêtre des Mystères d’Isis.
Les femmes qui étaient exclues des mystères de Mithra participaient à la fin de l’empire
Romain aux mystères. La langue utilisée dans les rituels était le grec, mélangé de quelques
formules en persan (certainement incompréhensibles pour la majorité des fidèles), cependant
le latin s'est introduit progressivement.
Il semble que le rite principal de la religion mithraïque ait été un banquet rituel, que l'on peut
rapprocher d'une certaine manière de l'eucharistie du christianisme. Selon le témoignage du
chrétien Justin, les aliments offerts durant le banquet étaient très probablement du pain et non
pas de l’eau mais du vin, comme dans le rite chrétien. Une coupe a ainsi été retrouvée à
Angers, dédiée à Mithra. Cette cérémonie se célébrait dans la partie centrale du mithraeum,
dans laquelle deux banquets en parallèle offraient un espace suffisant pour que les fidèles
pussent s'étendre, selon la coutume romaine. Les « Corbeaux » (Corax) remplissaient la
fonction de serveurs des nourritures sacrées. A l’instar du diacre ou du clerc subalterne dans
la religion chrétienne, le Corbeau semblait avoir un rôle d’assistant liturgique. Des
représentations le montrent notamment en train de servir les boissons aux autres fidèles. Le
rituel incluait aussi le sacrifice d'un taureau, bien qu'on sacrifiât également d'autres animaux,
moins coûteux.

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Le premier grade du culte de Mithra était celui de « Corbeau ». Six autres suivaient pour un
total de sept grades que patronnaient les sept planètes, variables selon les sources, Félix
Lajard en propose 12, groupées en 4 groupes de trois, pour respecter les signes du
zodiaque. Pour Gasquet, le premier grade était le Miles (« soldat ») dont attributs étaient la
couronne et l'épée, le Léo, le second, le corbeau ou Corax était le troisième, le Griffon, le
quatrième.

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Attributs du 1e Grade Attributs du 2e Grade (Fiancé ou Attributs du 3e grade (Soldat
(Corbeau, Corax) griffon, nymphus ou gryphus) ou Miles)
Caducée, corbeau et vase à Lampe à huile, un diadème qui Sac du soldat, lance et casque
ablutions symbolisant Vénus et un
troisième objet méconnaissable

Attributs du 4e grade (Lion), Attributs du 5e grade (Perse ou Attributs du 6e grade


Foudre de Jupiter, sistre sacré Persée) (Messager du Soleil)
dédié à la Magna Mater, et Croissant de lune, l’étoile, le Torche, fouet et couronne
pelle à feu poignard perse et la faucille radiée

Attributs du 7e et dernier grade Autel, en haut de la


(Père). Bonnet phrygien que représentation, près de la
portait Mithra, baguette de niche
commandement et la patère
pour les libations
Mosaïques du mithraeum de Felicissimus, à Ostie

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L’ordre des grades et les associations sont donc sous toutes réserves, et varient selon les
auteurs, modernes... Les planètes ne recoupent pas la description de l’échelle par Origène.

Grade I Corbeau Mercure


Grade II Fiancé Vénus
Grade III Soldat Mars
Grade IV Lion Jupiter
Grade V Perse Lune
Grade VI Héliodrome Soleil
Grade VII Père Saturne

Le Fiancé (Nymphus) gagnait son grade par une sorte de mariage mystique avec Mithra, lors
duquel il portait un voile (flammeum), une torche et un diadème. Le rituel symbolisait à la
fois son union avec le dieu solaire et son évolution dans l’ordre. En outre, le fiancé portait une
tunique jaune vif lors de la liturgie.

C’est Tertullien qui décrit le mieux l’initiation au grade de Soldat (Miles) : « Quand il est
initié dans un antre, véritable camp de ténèbres, une couronne lui est présentée à la pointe
d’un glaive et ensuite placée sur sa tête ; il est invité à la repousser spontanément de sa main
et de la faire passer sur son épaule en disant que Mithra est sa couronne » (Tertullien, La
couronne, 15, 3). Alors, le Soldat était marqué au front, par tatouage ou au fer rouge.

Le Lion était un myste du feu, revêtu d’une robe écarlate. C’est pourquoi on évitait qu’il entre
en contact avec l’eau : « En versant sur les mains de ceux que l’on initie aux mystères
léontiques, afin de laver, du miel au lieu de l’eau, on leur prescrit de garder leur mains pures
de toute action fâcheuse, malfaisante et infâme ; et parce que le feu purifie, on offre aux
mystes ces effusions spéciales, l’eau étant écartée comme contrariant l’action du feu. Bien
plus, le miel purifie la langue de toute erreur ». Les Lions étaient probablement initiés avec
des épreuves liées au feu. Leurs attributs étaient la pelle à feu, le sistre et le foudre. Ce que
l’on sait du rôle liturgique est limité : ils semblaient chargés d’allumer les encens et les
braseros des Mithraea.

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On versait encore du miel sur les mains du myste initié au grade de Perse, « gardien des
récoltes ». La faucille devenait son attribut et une tunique grise argentée (couleur de la Lune)
lui était fournie. Ajoutons que dans d’anciennes croyances iraniennes, un symbolisme existait
entre la Lune, astre du Perse, le miel et le sang du taureau.

L’Héliodrome était le « messager du Soleil ». Son rôle devait être lié au domaine solaire. Par
ailleurs, sur certaine présentation, il passe pour être une sorte d’assistant du Pater, coiffé d’une
couronne radiée symbolisant l’astre qui lui était lié.
Le grade ultime était donc celui de Père. Intermédiaire de Mithra sur Terre, le Pater portait le
bonnet phrygien.

Le Taureau Blanc

Le taureau blanc est représenté sur de nombreuses stèles ou sculptures. Mithra tue le taureau
du coup de poignard, et de la plaie sort des épis de blé, symbole du renouveau, au-delà de la
mort. Lors des initiations au premier grade, Soldat ou Corbeau selon les sources, et sous la
réserve que nous n’avons pas de textes directs, un taureau blanc était égorgé, les
récipiendaires étaient aspergés de son sang. Des sacrifices humains ont-ils remplacé le
taureau ? C’est vraisemblable dans les temps reculés, et l’Empereur Commode, dégénéré
parmi les dégénérés, lors de sa réception sacrifie un jeune homme, ce qui fit scandale.

Reconstitution du Mythraeum au premier grade

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Le taureau fait allusion à la naissance du Soleil à l’équinoxe du printemps, ce qui n’était plus
vrai à l’époque des Romains. La fin du monde est prévue au retour de la conjonction du Soleil
dans cette galaxie, ce qui nous laisse encore environ 20 000 ans.

Sterzing, Autriche

La précession des équinoxes

Le culte de Mithra est lié au Soleil, comme l’illustre les deux porteurs de flambeaux,
l’un vers le haut, l’autre vers le bas, symbolisant les deux solstices, ainsi que la montée et la
descente des âmes.

Un bref rappel du phénomène de la précession des équinoxes, connus de longue date


des chaldéens, est nécessaire. Tout débute dans l’ère du Taureau, il y a 6000 ans
d’aujourd’hui et se terminera à la fin du monde, lors du retour du Soleil à l’équinoxe de
printemps, 26 000 ans plus tard.

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La terre ne tourne pas selon un axe fixe, mais son axe, comme celui d’une toupie
décrit un cercle parcouru lentement. En conséquence, l’étoile qui pointe le Nord n’est pas
toujours l’étoile polaire, et le lever du Soleil à l’équinoxe de printemps varie réguliérement.

Rappelons que le terme équinoxe se compose du latin "aequus", "égal", et "nox"


"nuit" et que l’équinoxe marque l’époque de l’année où le Soleil, dans son mouvement
propre apparent sur l’écliptique, coupe l’équateur céleste, ce qui entraîne, dans l’absolu
l’égalité des jours et des nuits. Le point de l’équateur céleste où se produit ce passage se
désigne par "point vernal" ou "point gamma" qui se définit par l’intersection des plans
d’écliptique et d’équateur. Le point vernal détermine par ailleurs le degré zéro du Signe du
Bélier, premier Signe du zodiaque de Mme Irma, mais qui ne correspond plus à aucune réalité
astronomique.

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Signe astrologique Lever du Soleil à l’équinoxe dans
Constellation Signe
Passage du Soleil dans le signe la Constellation

Bélier 21 mars - 19 avril 18 avril - 13 mai

Taureau 20 avril - 20 mai 13 mai - 21 juin

Gémeaux 21 mai - 21 juin 21 juin - 20 juillet

Cancer 22 juin - 22 juillet 20 juillet - 10 août

Lion 23 juillet - 22 août 10 août - 16 septembre

Vierge 23 août - 22 septembre 16 septembre - 30 octobre

Balance 23 septembre - 23 octobre 30 octobre - 20 novembre

Scorpion 24 octobre - 22 novembre 20 novembre - 18 décembre

Sagittaire 23 novembre - 21 décembre 17 décembre - 20 janvier

Capricorne 22 décembre - 20 janvier 20 janvier - 16 février

Verseau 21 janvier - 18 février 16 février - 11 mars

Poissons 19 février - 19 mars 11 mars - 18 avril

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Dans son mouvement apparent, le Soleil se déplace sur l’écliptique d’ouest en est, soit
dans le sens contraire aux aiguilles d’une montre et au mouvement apparent quotidien. Sa
marche annuelle le porte à renouveler le printemps au tour suivant... Un tour qui ne sera pas
exactement de 360° puisque le point vernal est allé à sa rencontre à la vitesse peu sensible de
50",25 d’arc par an, 1° en 72 ans, 30° en 2147 ans, 360° en 25760 ans que I’on arrondit
souvent à 26000.

La précession est l’avancée du point vernal. Le pôle céleste Nord traverse en 26000
ans différentes constellations "polaires". Alors que l’étoile Polaire indique aujourd’hui
sensiblement la direction du nord de nos jours, ce n’a pas toujours été le cas, et en l’an 14000
le pôle Nord sera dans la direction de Véga.

De la même façon, le Soleil qui se levait du temps des Romains au solstice d’été dans
le Cancer, et au solstice d’hiver dans le Capricorne, se lève maintenant respectivement dans
les Gémeaux et le Sagittaire. Les deux Portes, au Nord le Cancer est rattachée à la Lune, la
Porte des Hommes, par où les âmes descendent sur Terre, au Sud le Capricorne, par où les
âmes remontent après leur purification, la Porte du Soleil, ne sont plus les repères sur
l’écliptiques à l’époque Romaine. Mais déjà, Madame Irma et son Zodiaque était plus forte
que les astronomes.

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Le néaesch de la Lune (Zend-Avesta, t, II, 16-19)

Dans les passages de la prière, nous découvrons l'origine des rapports que la théologie
chaldéenne établissait entre la Lune et l'âme des guerriers ou des héros : « J'invoque la Lune
qui (garde) la semence du taureau, (qui est) brillante, éclatante de lumière et de gloire, qui
parait en haut et échauffe, qui donne l'esprit élevé et la paix, qui rend agissant .... C'est une
source de lumière et de gloire que de faire izeschné (Rendre gloire à celui est relevé devant
Dieu), que de prononcer I'izeschné à l'honneur de la Lune ..... Donnez-moi la victoire ..... Que
la grandeur et l'éclat de la Lune augmentent, elle qui est brillante, grande, victorieuse. Qu'elle
donne la grandeur et la victoire, qu'elle bénisse l'âme qui sait la pure loi des Mazdéïesnans,
qui l'annonce! ..... "

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L’échelle de Mithra

Fresco Barberini

Il s’agit d’une échelle à 7 barreaux et deux montants, les Hommes au Nord, Dieu au Sud.
Chaque étape ouvre sur une Porte. Elle permet d’accéder à la 8ème Porte, donc d’atteindre la
Montagne de Lumière, là où Temps, mouvement et espace sont abolis. Cette symbolique du
chiffre 8 décrit la totalité du monde divin et sera reprise par diverses sectes gnostiques sous le
nom d’Ogdoade. Le chiffre 8 est rattaché à Ormuz, le 16 à Mithra.
L’échelle est montée et descendue par les âmes, comme dans l’image bien connue de
l’Echelle de Jacob. L’échelle des Perses est par contre bien antérieure. A chaque barreau
correspond un astre, une couleur, un métal, et bien sûr un grade du système de Mithra. On
retrouve ici des conceptions anciennes, de bâtiments, en pyramide à degrés, où la prêtresse,
retirait progressivement ses tuniques de la couleur donnée, pour atteindre le sommet nue. On a
retrouvé à Khorsabad (Dur-Sharrukin) une ziggourat dont les quatre étages inférieurs auraient
été, selon Victor Place, peints des couleurs suivantes : blanc, noir, rose et bleu. Reconstituant
une tour de sept étages, il supposait que les trois derniers étaient également colorés.

Nous retiendrons l’ordre de la description qu’en fait Origène pour réfuter Celse. Les cinq
premiers barreaux correspondent aux étoiles fixes, en fait des astres lents, le deux derniers, à
la Lune et au Soleil. Le premier barreau, selon Celse était attribué à Saturne, était
symboliquement de plomb, et avait la couleur noire. Le second, d’étain, de couleur verte, était
rapportée à Vénus, le 3ème, d’airain de couleur pourpre, à Jupiter, le 4ème, de fer, à Mercure, le
5ème, d’un métal mélangé, rouge, à Mars, le 6ème d’argent à la Lune, et le 7ème, d’or, au Soleil.

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Des variations existent selon les auteurs, et les curieux trouveront des analogies avec le grade
de Chevalier du Soleil, qui ne peuvent être liées au hasard. Felix Lajard fait remarquer que si
l’on regarde le nom des Portes ou des barreaux, et qu’on les rapporte aux jours de la semaine
de sept jours, on entre sur l’échelle par Saturne (samedi, Saturday en anglais), puis on va vers
Vénus (vendredi), puis à Jupiter (jeudi), à Mercure (mercredi), à Mars (mardi), à la Lune
(lundi, Monday), au Soleil (dimanche, Sunday). La parcours de l’échelle renvoie à la question
de la descente des âmes dans le temps profane, et à la montée pour l’initié.

Contre Celse. Origène


Origène s'était donné la mission de réfuter un livre où le philosophe épicurien Celse,
ennemi déclaré du christianisme, étalait, avec un grand appareil d'érudition, les doctrines
religieuses des Perses. Voici le début d’un extrait qu'il nous a transmis. Il affirme que "l'on
trouve des traces de ces doctrines dans les mystères de Mithra. Les deux révolutions célestes,
celle des étoiles fixes et celle des étoiles errantes, et le passage des âmes par les étoiles, y sont
représentés au moyen d'un symbole du genre suivant: c'est une échelle qui a sept portes, et au
sommet une huitième. La première porte est de plomb, la seconde d'étain, la troisième
d'airain, la quatrième de fer, la cinquième d'un airain mélangé, la sixième d'argent et la
septième d'or. Les Perses assignent la première à Cronos, parce que le plomb indique la
lenteur de la marche de cette planète; ils rapportent la seconde à Aphrodite, à cause de l'éclat
et de la mollesse de l'étain; la troisième à Zeus, à cause de la dureté de l'airain, la quatrième à
Hermès, parce que le mercure et le fer servent à toutes sortes de travaux, et sont utiles au
commerce et à une multitude d'ouvrages; la cinquième est consacrée à Mars, sa nature mixte
la rendant inégale et variée. Enfin les Perses attribuent à la Lune la sixième porte, qui est
d'argent, et au Soleil la septième, qui est d'or, parce que ces deux métaux ont la couleur de la
Lune et du Soleil ••••• "

L’échelle représentait la migration des âmes par les sept planètes, et l’échelle de
perfection morale à laquelle arrivaient les mystes en passant par les sept degrés d’initiation.
Ceci explique l’existence dans le mithræum de sept autels différents.

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La suite de ce passage nous apprend que, selon Celse, les sept notes de la musique
occupaient, comme les sept planètes, comme les sept métaux, une place particulière sur
l'échelle mystique des Perses. Il faut souligner le rôle que remplissait la musique dans les
cérémonies propres aux mystères, Il n’est pas sans intérêt de rapprocher ici de la description
de l'échelle mystique des Perses avec les passages du Vendidad qui se rapportent aux métaux
et le passage souvent cité d'Hérodote sur les sept enceintes d'Ecbatane, résidence des rois
mèdes. Le Vendidad (Zend-Avesta, L I, 2e partie, p. 328 et 329), range dans l'ordre suivant les
métaux et quelques autres corps, selon la faculté progressive qu'ils ont d'être purifiés: la terre,
la poussière d'arbre, ou le plomb; la pierre, le cuivre rouge, le fer, l'argent, l'or. Dans Hérodote
(l, XCVIII), nous lisons que la ville d'Ecbatane était entourée de sept enceintes de murailles
dont les créneaux avaient des couleurs différentes. La première enceinte, en partant de
l'extérieur, avait des créneaux blancs; la seconde, noire; la troisième, pourpre; la quatrième,
bleue; la cinquième d'un rouge orangé très-vif; la sixième, argentée; la septième, dorée. C'est
dans ces deux dernières enceintes, qui répondent à la sixième et à la septième porte de
l'échelle mystique, qu'étaient placés les trésors du roi Déjocès et sa demeure royale.

La Cérémonie du 25 décembre

Dans le culte mithraïque, la fête la plus importante - le Mithragan - se déroulait chaque


année le jour du Solstice d'hiver, donc autour du 25 décembre, jour célébrant de naissance de
la divinité et la victoire de la lumière sur les ténèbres. Selon une tradition mithraïque née en
Asie mineure, Mithra serait né « jaillissant du rocher » (petrogène) ou d'une grotte - élément
lié au culte de cette divinité - tandis que des bergers assistent à cette naissance miraculeuse.
Mithra se serait créé lui-même à partir de la roche, il est à la fois primogenitus et autogenitus.
En 274, l'empereur Aurélien déclare le culte de Mithra religion d'état et il fixe la célébration
du solstice au 25 décembre, c'était le Dies Natalis Solis, « Jour de naissance du Soleil ». Dans
les célébrations du culte mithraïque fortement développé dans l'empire gréco-romain aux IIIe
et IVe siècles, le 25 décembre correspondait ainsi à la célébration du Natalis Invicti, la
naissance du Soleil invaincu qui reprend ses forces et fait regagner le jour sur la nuit. Ce jour
là, dit Macrobe dans les Saturnales (4ème siècle), « … on présentait le Soleil naissant sous la
figure d’un petit enfant… »

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A Rome, l'Église a choisi le 25 décembre pour célébrer la naissance de Jésus, sans
doute pour faire pièce à la cérémonie païenne de la naissance de Mithra. Vers 330 ou 354,
l'empereur Constantin décida de fixer la date de Noël au 25 décembre. En 354, le pape Libère
instaura la célébration du 25 décembre qui marque le début de l'année liturgique. Cette date a
une valeur symbolique. En effet, en s'inspirant de Malachie 3/19 et Luc 1/78, on considérait la
venue du Christ comme le lever du "Soleil de justice". Au Soleil invaincu de Mithra, s’oppose
maintenant de Soleil naissant, le Soleil de Justice, le Christ.

Conclusions

Les Chrétiens ne s’entendirent pas avec les Mystes de Mithra. L’édit de Théodose en
380 interdit l’entrée des temples païens à leurs fidèles. « Tous les peuples doivent se rallier à
la Foi transmise aux Romains par l’apôtre Pierre. » Les temples seront brulés, les statues
martelées.. Théodose fit massacrer 8000 romains récalcitrants, par des barbares convertis. St
Ambroise, évêque de Milan, l’excommunia pour sa violence et obtint une humiliante
contrition.
Vaincu en Occident, Mithra garda ses fidèles en Iran dans le cadre du mazdéisme
officiel ou du Zoroastrisme, où il était considéré le plus brillant des génies célestes. Mithra
changea de nom en Perse pour devenir Mihr (Mehr), le dieu du Soleil dans la religion et la
littérature sassanides. A l’occasion de la fête de Mihragân, on célébrait également le dieu
Mihr au travers de cérémonies durant plusieurs jours. Au sein de l’Empire sassanide, le culte
de Mithra ne fut jamais menacé de transformation ni de disparition. Le mithraïsme fut le culte
dominant jusqu’à l’arrivée de l’islam. La partie la plus ancienne de l'Avesta, le texte sacré des
zoroastriens, est constituée d'hymnes, les Gāthās, censés avoir été composés par Zoroastre lui-
même. On trouve des Zoroastriens dans divers pays près de l'Iran, comme la Turquie,
l'Arménie, le Turkménistan, l'Ouzbékistan, le Koweït et l'Afghanistan. La tradition, y compris
pré-zoroastrienne a une place très grande dans la culture religieuse des Zoroastriens de ces
territoires. Le texte de l'Avesta ne diffère que peu mais des livres peuvent être supprimés ou
ajoutés, ce qui nous permet d’avoir au moins une coloration de ce que fut le culte de Mithra.

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St Clément Rome

Mithraeum, Cours Victor Hugo Bordeaux

British Museum

Grade de Lion
Musée d’Aquitaine Bordeaux

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Quelques notes glanées ici et là :

Celse dans le "Discours véritable" racontait que, dans les mystères de Mithra, on montrait
une échelle symbolique composée de sept portes (eptapylos) correspondant chacune à une
planète et à un métal. Il semble y avoir ici une influences des idées astrologiques. Du bas
jusqu'en haut on avait :
- Porte de Saturne, en plomb.
- Porte de Vénus, en étain.
- Porte de Jupiter, en cuivre ou bronze.
- Porte de Mercure, en fer.
- Porte de Mars, en "alliage monétaire"
- Porte de la Lune, en argent.
- Porte du Soleil, en or.
L'âme de l'initié devait traverser ces sept portes planétaires pour se dégager du monde
matériel et se rapprocher progressivement du monde spirituel, (le ciel des étoiles fixes)... ce
qui est un symbolisme très proche de ceux de la Gnose.
Les initiés aux mystères de Mithra passaient par sept grades : Corbeau, Epoux (ou Griffon),
Soldat, Lion, Perse, Héliodrome (Courrier du soleil) et Père. Ceux-ci étaient probablement
mis en rapport également avec les sept planètes de l'échelle.

Cette correspondance entre les planètes et les métaux semble avoir eu une grande extension.
Elle semble dériver du mythe des "quatre âges de l'humanité", que l'on retrouve chez plusieurs
peuples :

Selon l' Avesta Perse Selon Hésiode Selon Daniel (Bible) En Inde

Age d'or Age d'or Age d'or Krita yuga

Age d'argent Age d'argent Age d'argent Trétâ Yuga

Age d'acier Age de bronze Age d'airain Dvâpara Yuga

Age de fer (alliage) Age de fer Age de fer Kali yuga

Ce système, inspiré peut-être des quatre saisons, sera ensuite étendu par les Mages pour
correspondre aux sept planètes des Chaldéens. Il sera ensuite repris et modifié par plusieurs
générations d'alchimistes

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Stephanus
Les cycles selon Pindare, Zosime,
Les sept Les jours de la d'Alexandrie (7e
l'Avesta Perse (2ème Proclus, Olympiodore
planètes semaine siecle) et ses
version) (4-6e s) et les Perses
suivants

Soleil Dimanche AGE D'OR 4.Or 4.Or

Lune Lundi AGE D'ARGENT 7.Argent 7.Argent

Mars Mardi Age de bronze 3.Fer 3.Fer

Mercure Mercredi Age de cuivre 6.Etain 6.Vif argent

Jupiter Jeudi Age d'étain 2.Electrum 2.Etain

Venus Vendredi AGE D'ACIER 5.Cuivre 5.Cuivre

Saturne Samedi AGE DE FER 1.Plomb 1.Plomb

Les Mages s'étant atiré ainsi une réputation de spécialistes en astrologie, il n'est pas étonnant
qu'on parle d'eux jusque dans la Bible, lors de la naissance de Jésus

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Bourg St Andréol

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