Vous êtes sur la page 1sur 20

Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique

Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;

CHAPITRE 6
OUVRAGES DE SOUTENEMENT

1.1- Définition :
Un ouvrage de soutènement est un élément construit dans le but de retenir un massif de sol en place ou
de sol rapporté, ce massif pouvant lui-même porter des surcharges. Il peut être aussi utilisé pour retenir
l’eau ou d’autres matériaux tels que charbon, argile, etc. Il en existe une large gamme de structures
utilisées pour retenir les surfaces verticales du sol et de l’eau en tant que soutènement provisoires ou
définitifs.
Les ouvrages de soutènement sont conçus pour répondre aux situations les plus diverses. Ils se
distinguent principalement par :
- leur morphologie ;
- leur mode de fonctionnement ;
- les matériaux qui les constituent ;
- leur mode d'exécution ;
- leur domaine d'emploi (urbain, montagneux, aquatique,...).

1.2- Classification des ouvrages de soutènement selon l’Eurocode 7


D’après la définition de l’Eurocode 7, un ouvrage de soutènement est un élément structural qui retient
des terrains (sols, roches ou remblais) et/ou de l’eau.

Les ouvrages sont classés, vis-à-vis du comportement en trois types de soutènement, ils sont
caractérisés par des fonctionnements différents et conduisant à des études de stabilité interne
spécifiques. Ces trois types d’ouvrages couverts par la norme sont :
Les murs-poids :
ce type d’ouvrages se comporte comme élément rigide indéformable ou peu déformable. La stabilité
est assurée par le poids de l’ouvrage et, en partie, par du remblai derrière le mur. Ce type comprend les
murs en pierre, les murs en béton et les murs en béton armé, ayant une semelle à leur base avec ou sans
talon, épaulement ou contrefort (Figure 1.1 (a)).

Mur-poids à face Mur-poids à Mur poids avec Mur Mur chaise Mur à contre
inclinée redans semelle contilever fort

Fig 1.1- Murs-poids


1
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
Les écrans de soutènement : sont des ouvrages flexibles qui regroupent les palplanches autostables,
les palplanches ancrés ou buttonnés, et les parois moulées, parois préfabriquées, parois de type
berlinois, blindage de fouilles, etc. Ce sont des ouvrages de soutènement relativement minces en acier,
en béton armé ou en bois supportés par des ancrages, des buttons et/ou la butée des terres. Ce type
d’ouvrages et caractérisé par sa résistance à la flexion qui joue un rôle important dans le soutènement
des massifs de sols (Figure 1.2 (b)).

Paroi moulée butonnée Paroi moulée ancrée Palplanche

Figure 1.2- Ecrans de soutènement

Les ouvrages de soutènement composites : sont des ouvrages intermédiaires formés d’éléments
appartenant aux deux types précédents (élément rigides et éléments flexibles), il existe un très grand
nombre de murs de ce type. On peut citer comme exemple, les ouvrages en terre renforcés par des
ancrages, des géotextiles ou des injections, et des ouvrages comportant des rangées multiples
d’ancrages ou de clous. Si, par leurs dimensions, ces ouvrages se rapprochent des murs-poids, certains
sont néanmoins relativement souples et peuvent tolérer des déformations importantes (Figure 1.2(c)).

Mur en terre armée Mur en géotextile Palplanche à ancrages multiple

Figure 1.3- Ouvrages de soutènements composites

1.3. Classification selon la manière de reprises des efforts


Mestat (1999) a présenté une classification des ouvrages de soutènement qui se distinguent par la
manière dont les forces de poussée et de butée exercées par le massif de sol retenu, sont reprises.
Cependant, ces forces de poussée et de butée sont généralement reprises soit par le poids de l’ouvrage
de soutènement (Tableau 1.1), soit par l’encastrement de l’ouvrage de soutènement (Tableau 1.2), soit
par des ancrages (Tableau 1.3).

2
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;

Tableau 1.1− Ouvrages de soutènements qui reprennent la poussée par leur poids d’après Mestat (1999)
Type d’ouvrage Caractéristiques de fonctionnement

Mur-poids en béton ou Ouvrage rigide qui ne peut supporter sans


en maçonnerie dommages des tassements différentiels
supérieurs à quelques millièmes de sa hauteur.

Le sol retenu est renforcé par des inclusions


Mur en Terre Armée souples résistant à la traction. Ouvrage souple
qui supporte les tassements différentiels du
sol de fondation.

Mur cellulaire, La cellule est remplie de sol et l’ensemble


batardeau en palplanches, forme un ouvrage qui peut être, dans certains
caisson en béton cas, très souple.

Tableau 1.2− Ouvrages de soutènement reprenant la poussée par leur encastrement d’après Mestat (1999)
Type d’ouvrage Caractéristiques de fonctionnement
Ouvrage rigide doté d’une base élargie et encastrée
Mur cantilever en béton armé à la partie supérieure du sol de fondation. Il
fonctionne en faisant participer à l’action de
soutènement une partie du poids du remblai.
Mur construit dans le sol en place, avant toute
Mur en parois moulées excavation, par bétonnage d’une tranchée remplie
de boue pour en assurer la stabilité. Il fonctionne
par encastrement total ou partiel dans le sol de
fondation.
Ouvrage flexible pour lequel l’interaction structure-
Rideau de palplanches, encastré sol retenue a une influence prépondérante sur le
dans le sol de fondation comportement de l’ouvrage.

3
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;

Tableau 1.3 − Ouvrages de soutènement reprenant en totalité ou en partie la poussée par leur ancrage
dans le massif retenu ou dans le sol de fondation d’après Mestat (1999)
Type d’ouvrage Caractéristiques de fonctionnement
Ouvrage flexible renforcé par une série
Paroi moulée ou rideau d’ancrages dans le sol. Les ancrages sont des
de palplanches avec des ancrages armatures métalliques (câbles ou barres) qui
sont attachées d’une part à la paroi (ou au
rideau) et d’autre part dans le massif du sol par
un corps d’ancrage ou par un scellement avec un
coulis d’injection.
Paroi réalisée à partir de poteaux placés
Paroi berlinoise préalablement dans le sol en place. Au fur et à
mesure de l’excavation, des éléments
préfabriqués (poutres, plaques), ou moulée en
place sont placées entre les poteaux. La poussée
des terres est reprise par des ancrages fixés sur
les poteaux.

1.4. Classification selon la rigidité de l’ouvrage


Les ouvrages de soutènement sont également classés en deux catégories selon leur rigidité :
 Les ouvrages rigides : Un écran soutenant un massif de sol est dit rigide si la surface de contact
sol-écran reste plane après déplacement.
 Les ouvrages souples : Un écran est dit souple si la surface
de contact sol-écran est flexible.
1
1

2
4

3
3

1 4
Fig 1.4 ouvrage souple
1.5. Objectif de l’étude d’un ouvrage de soutènement

4
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
Un ouvrage de soutènement est généralement considéré comme un ouvrage continu et soumis aux
sollicitations suivantes :
 pression du sol exercée par le poids du massif retenu et par les surcharges appliquées et transmises
à l’ouvrage par le sol ;
 pression de l’eau au contact des faces avant et arrière ;
 réaction du sol exercée devant l’ouvrage de soutènement, contre la partie enterrée et réaction de
l’eau exercée au contact de la même face ;
 réactions d’appui des tirants ou des butons lorsque l’écran est étayé.
L’étude d’un ouvrage de soutènement a pour objectif de déterminer ses caractéristiques géométriques
et mécaniques, compatibles avec la sécurité et l’économie du projet :
 pour un mur-poids : hauteur et profondeur d’encastrement ;
 pour un rideau de palplanches : fiche de l’écran, module des palplanches, forces d’ancrage et
dimensions des tirants, caractéristiques des butons ;
 pour une paroi moulée en béton : fiche de l’écran, épaisseur et ferraillage, forces d’ancrage et
dimensions des tirants ;
 pour un mur composite : longueur des armatures, hauteur des couches, types de géotextiles ou
géogrilles et propriétés du renforcement.

1.6. Equilibre limite


1.6.1. Généralités
L’étude des murs de soutènement nécessite la connaissance des états de contraintes dans le sol. Ces
états dépendent essentiellement des propriétés du massif de sol retenu et du mouvement du mur. Les
trois états d’équilibre qui peuvent être envisagés sont :
 état d’équilibre initial
 état d’équilibre de poussée
 état d’équilibre de butée
Lorsqu’un massif de sol soutenu par un mur de soutènement rigide est en équilibre élastique, le mur ne
peut ni se déformé, ni se déplacer ; ainsi que le sol ne peut pas présenter de déformation latérale
(dilatation ou compression) : Dans cet état d’équilibre initiales, le massif exerce sur le mur une action
désignée sous le nom de pression naturelle des terres ou de pression au repos.
On peut passer de l’état primitif d’équilibre élastique du sol à l’état d’équilibre plastique par deux
opérations différentes.
Si l’on écarte d’une manière quelconque le mur du massif de sol, on constate que l’action du terrain
sur le mur décroît, le sol est l’objet d’une expansion dans le sens horizontal, la pression sur la paroi
verticale du mur diminue jusqu'à ce que les conditions d’équilibre plastique soient satisfaites, la
5
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
pression verticale restant inchangée. A partir de cet état, toute augmentation nouvelle de déplacement
provoque simplement un écoulement plastique sans changer l’état des contraintes. Le passage de
l’équilibre élastique à l’écoulement plastique représente la rupture du sol. Si le déplacement se
poursuit, on constate l’ouverture des fissures dans le massif et une partie du terrain suit l’écran dans
son mouvement. Cet état est appelé état d’équilibre limite de poussée qui se produit pour une faible
déformation horizontale.
Le mécanisme est analogue lorsqu’on refoule le mur contre le massif, le sol est comprimé dans le sens
horizontal, la pression sur la paroi verticale du mur augmente avec le déplacement de celui-ci tandis
que la pression verticale due au poids propre du sol reste inchangée. Puisque la compression latérale
est empêchée par le poids du sol, la rupture qui s’ensuit par écoulement plastique représente l’état
d’équilibre limite de butée dans le massif.

1.6.2. Coefficient de pression des terres au repos


Le coefficient de pression des terres au repos, est un paramètre géotechnique important. Il permet de
caractériser l'état de contrainte effective dans un sol en place en présentant le rapport des contraintes
horizontales et verticales à l'intérieur d'un massif dont la surface libre est horizontale.
on considère une masse de sol de poids volumique γ limité par une surface horizontale et soumise à
l’action de la pesanteur (Figure 1.5). La masse est limitée par un mur lisse AB. Un élément de sol placé
à une profondeur z sera soumis à une pression verticale σv et une pression horizontale σh. La contrainte
verticale est donc connue σz = σv = γ.z. Pour obtenir la contrainte horizontale σx ou σh il faudrait
connaître la loi de comportement du sol.
Si le mur AB ne se déplace ni à droit ni à gauche par rapport à sa position initiale la masse de sol sera
dans un état d'équilibre élastique; c'est-à-dire la déformation horizontale est nulle. Le rapport entre la
contrainte horizontale et la contrainte verticale est appelé le coefficient de pression des terres au
repos, K0, où
y x
K0 = σh / σv

z 

Figure 1.5− Massif infini

Lors d’un essai triaxial drainé (u=0 au cours de l’essai), dans lequel on augmente la contrainte
 h' , de

telle sorte que la déformation horizontale reste nulle (


 h  0 ), on constate que la contrainte effective

horizontale est proportionnelle à la contrainte effective verticale.

6
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
Le rapport entre la contrainte effective horizontale et la contrainte effective verticale est appelé
coefficient de pression des terres au repos. On note :
 h'
K0 
 v' (1.2)
Lorsque il s’agit de matériau de remblai contenant un pourcentage important d’argile, le coefficient K0
est compris entre 0,5 et 1 suivant le mode d’exécution du remblai, le compactage et les caractéristiques
de consolidation du matériau.
Le coefficient de pression des terres au repos K0 peut être évalué à partir :
 des relations théoriques : leur domaine est limité pour les sols normalement consolidés, par
exemple : formule de Jaky (1948).
 des essais au laboratoire :
 d’essais en place (essais au pressiomètre auto foreur) ;
 d’expressions empiriques relient ce paramètre à d’autres paramètres géotechniques (angle de
frottement interne, pression de préconsolidation), lorsque l’histoire du chargement est relativement
simple.
Plusieurs formules théoriques et empiriques sont données pour l’estimation de K0 pour un sol
normalement consolidé. Généralement l’expression la plus utilisée est celle donnée par Jaky (1948),
qui tient compte de l’angle de frottement du sol :
K 0  1  sin  '
(1.3)
Cette expression est largement utilisée à cause de ses significations pratiques et sa simplicité, mais elle
est limitée pour les sols normalement consolidés.
D’autres auteurs ont proposé, pour les sables et graviers, l’expression :
1  sin  '
K0 
cos  ' (1.4)
Cette expression donne des résultats plus élevés que ceux de la formule de Jaky.
Les expressions du coefficient de pression des terres au repos
Type de sol Expression Auteur
Matériau élastique K0=ν/(1-ν), ν :coeff de Poisson
Argile normalement consolidée K0NC=0,95-sinφ’ Bouker et Ireland (1995)
K0NC=0,19+0,233log10Ip Alpan(1967)
Argile surconsolidée K0OC= K0NCxOCR sinφ’ Mayene et Kulhawy(1982)
Sable normalement consolidé K0NC=1-sinφ’ Jaky(1944)
Sable surconsolidé K0OC= K0NCxOCR sinφ’ Mayene et Kulhawy(1982)

7
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
1.6.3. Etats d’équilibre limite de poussée et de butée
L’action des terres sur un écran peut être analysée à partir de l’hypothèse suivante :
 sol travaillant en phase plastique (poussée active ou butée passive) ;
La détermination de l’action des terres sur l’écran en plasticité suppose :
 un écran rigide,
 un milieu homogène isotrope,
 un massif entièrement à l’état limite de rupture plastique généralisée, ce qui signifie qu’en tout
point le critère de Coulomb est vérifié :
  c   ' .tg (1.5)
Soit un sol homogène, sans eau, à surface horizontale non chargée. Dans le cas où il n’y a pas de
possibilité de déplacement latéral, les contraintes effectives verticales et horizontales sont :σ’v= γ.h et
 h'  K 0 . .h
Supposons que la partie à gauche de M soit remplacée par un écran (figure 1.6). Si l’écran se déplace
vers le massif. La contrainte  h augmente et devient supérieur à  v jusqu’à atteindre un état
d’équilibre limite où le cercle de Mohr devient tangent à la droite limite de Mohr-Coulomb (figure
1.4). C’est l’état d’équilibre limite passif ou équilibre limite de butée, la contrainte prend la valeur :
 h'  K p . v'
(1.6)
Avec Kp : coefficient de butée des terres.

Kp

'
K p . v

'
K 0 . v
K0
Ka

M Déplacement

Figure 1.6− Déplacement de l’écran correspondant à une mise en butée


Une déformation plus importante est nécessaire pour atteindre l’état de butée (de l’ordre 5% pour un
sable dense et 12% pour un sable lâche).

Si, au contraire, l’écran se déplace vers la gauche, le sol a tendance à suivre ce mouvement et la
contrainte  h diminue jusqu’à ce qu’elle atteint l’équilibre limite où le cercle de Mohr devient tangent à

8
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
la droite limite de Coulomb (Figure 1.5). C’est l’état d’équilibre limite de poussée, la contrainte prend
la valeur :
 h'  K a . v' (1.7)
Avec Ka : coefficient de poussée des terres.
Une faible déformation horizontale (de l’ordre 1%) suffit pour atteindre cet état limite.

poussée butée

'
  c   .tg

poussée butée


' ' ' '
K a . v K 0 . v v K p . v

Figure 1.7− Evolution des contraintes en états de poussée et de butée

L’intensité et la direction des efforts limites de poussée et de butée exercés par un massif de sol sur un
écran sont fonction :
 des propriétés de résistance du sol ;
 des conditions de frottement entre le sol et le soutènement ;
 des actions qui s’exercent sur le massif (poids propre du sol, surcharges, forces hydrauliques,
forces sismiques, etc.) ;
 des caractéristiques du mur (rigidité, géométrie, système d’appui) ;
 de l’amplitude et la direction du mouvement du mur par rapport au sol.

1.7. Influence du déplacement de l’écran et de sa rugosité


Les expériences de Terzaghi ont donné une forte impulsion à la recherche expérimentale en cette
matière ; depuis 1934 de nombreux essais, sur modèle réduit ou en vraie grandeur, ont été poursuivis
pour préciser l’influence des déplacements de l’écran sur la poussée des terres. Les résultats des divers
essais sont bien concordants, on constate d’abord que la totalité du coin de glissement est en état
d’équilibre limite, car on distingue presque en chaque point du coin des amorces de rupture.

9
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
Les essais montrent d’autre part que la ligne de rupture n’est rectiligne que dans sa partie haute, qu’elle
s’incurve au voisinage de l’écran et que la rugosité de l’écran à une influence notable sur la forme de
cette partie curviligne (Figure 1.6). Parallèlement, l’intensité de la poussée et la butée est fonction de
cette rugosité.

Dans leur déplacement relatif, le massif et l’écran développent un frottement qui dépend de la nature
de la paroi et de celle des grains du sol.
Soit δ l’angle de frottement sol-écran. L’obliquité δ des contraintes de contact du massif et de l’écran
est donc, dans ce cas, une donnée physique comme l’angle de frottement interne des terres. Le
frottement est décrit par le critère de Coulomb, le long de l’interface, la contrainte tangentielle
maximale mobilisable dans un sol pulvérulent s’écrit :
   tan  (1.8)
 : étant la contrainte normale à l’écran.
Pour les sols cohérents, la résistance maximale mobilisable au cisaillement le long de l’écran peut
s’écrire :
  a   tan  (1.9)
Avec a : adhérence sol-écran.
La mesure du coefficient de frottement massif-écran détermine immédiatement la valeur absolue de
l’obliquité δ.
Il faut seulement se rappeler que la valeur de δ ne peut dépasser la valeur φ de l’angle de frottement
interne des terres. En effet, si la mesure de δ conduisait à une valeur supérieure, on observerait en
pratique la formation d’une pellicule de terrain collée contre la paroi et solidaire de l’écran substituant
son propre frottement interne φ au frottement δ des maçonneries contre les terres.
En valeur absolue, l’obliquité δ peut donc varier entre 0 et φ. Le signe de cette obliquité dépend du
sens du mouvement relatif de l’écran et du coin de glissement ; dans les problèmes de poussée des
terres, sur les murs de soutènement, δ est généralement positif, l’apparition du frottement négatif est
assez rare, elle est due le plus souvent à un phénomène de tassement différentiel entre le mur et le
massif.
Lorsque δ = 0, on dit que l’écran est parfaitement lisse, lorsque δ = φ l’écran est parfaitement rugueux.

10
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;

0 0
   
 
4 2 4 2

Qa Qp
 0  0

0 0
   
 
4 2 4 2
Qp x
x

   0 0    
Qa

0 0
   
 
4 2 4 2
Qp

      
x x
Qa
Figure 1.8− Allures des lignes de glissement en fonction de la rugosité, (a) Equilibre limite de poussée ;
(b) Equilibre limite de butée (Philipponnat et Hubert, 2008)

1.8. Détermination de la poussée et la butée des terres sur un écran

1.8.1. Décomposition des actions


En pratique on distingue trois composantes principales :
 celle due au poids propre ;
 celle due à la surcharge ;
 celle due à la cohésion (théorème des états correspondants).
Ces trois composantes peuvent être calculées selon des théories qui sont applicables pour les sols en
petites déformations (élasticité) pour un calcul de stabilité en petites déformations, ou bien en rupture
généralisée (grandes déformations) pour un calcul d’ouvrage à l’état limite de ruine.
11
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
Ces trois composantes seront simplement additionnées pour former une action résultante.

1.8.1.1. Action des terres en état de rupture sur l’écran due au poids propre du milieu
Plusieurs méthodes sont utilisées pour déterminer la contrainte due au poids des terres, notamment
celles de Coulomb, Rankine, Boussinesq…etc. les contraintes sur l’écran  h (z ) peuvent être inclinée
par rapport à l’horizontale si δ ≠ 0.
Le coefficient dû au poids des terres Kγ est noté Kaγ en cas de poussée et Kpγ en cas de butée. Si le sol
est homogène, le diagramme de contrainte est triangulaire et la résultante agit au tiers de la hauteur à
partir de la base de l’écran (Figure 1.7).

z2

expansion
compression
z1

' ' ' '


 h ( z1 )   v ( z1 )  K p  h ( z 2 )   v ( z 2 ).K a
Figure 1.7− Diagramme des contraintes sur un écran, due au poids propre du terrain en rupture généralisée

1.8.1.2. Action des terres en état de rupture sur l’écran due aux surcharges
Lorsque la surface libre du massif supporte une surcharge, on peut alors considérer, que le massif
n’est pas pesant. L’étude d’un massif non pesant peut également être utile si l’on désire appliquer le
théorème de la superposition des états d’équilibre. En un point de l’écran, la contrainte sur l’écran a
une intensité Kq.q et une obliquité δ. Le coefficient dû à une surcharge Kq est noté Kaq en cas de
poussée et Kpq en cas de butée. (Figure 1.8).
charge uniformément répartie P2

charge uniformément répartie P1


expansion

compression

' ' 12
 h  P1 . K pq  h  P2 .K aq
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;

Figure 1.9− Diagramme des contraintes sur un écran, due à la cohésion d’un terrain en rupture généralisée

1.8.1.3. Action des terres en état de rupture sur l’écran due à la cohésion du sol
D’après le théorème des états correspondants, l’action de la cohésion consiste à appliquer une pression
hydrostatique H = c/tanφ sur le pourtour du massif (Figure 1.9). L’écran est donc soumis à deux
actions :
 une action directe correspondant à la pression c/tanφ ;
 une action indirecte, qui est influencée sur l’écran de la surcharge c/tanφ, s’exerçant sur la surface
libre.
La poussée ou la butée sur l’écran due à la surcharge est obtenue à partir de la méthode exposée au
paragraphe précédent.
 h'  c / tan  ( K pq  1)  c / tan .K pc
En butée : (1.10)
Qui est supérieure à zéro c'est-à-dire que la cohésion pousse l’écran vers l’amont.
 h'  c / tan  ( K aq  1)  c / tan .K ac
En poussée : (1.11)
Qui est inférieure à zéro c'est-à-dire que la cohésion tire l’écran vers l’amont.

Les contraintes sur l’écran  h peuvent être inclinées par rapport à l’horizontale si   0

c / tan

c / tan

expansion

compression
c/tanφ.Kaq
c/tanφ.Kpq
c/tanφ

c/tanφ

Figure 1.9− Diagramme des contraintes sur un écran, due à la cohésion d’un terrain en rupture généralisée

1.9. Détermination des forces de poussée et de butée par la méthode de Coulomb


13
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;

Coulomb (1776) a considéré un coin triangulaire (Figure.1.10) qui tend à glisser sur la partie du massif
considérée rigide. Le principe de calcul consiste à écrire l’équation d’équilibre des forces appliquées
sur le coin triangulaire de sol ABC, ces trois forces sont : le poids du sol W , la résultante F des efforts
de frottement et de cohésion le long de la ligne de glissement bc et la réaction P de l’écran ab sur le
massif.
Coulomb a étudié en première étape le cas simple, d’un écran lisse, de massif à surface libre
horizontale et de cohésion nulle. La projection des forces sur les axes parallèle et perpendiculaire à la
surface de glissement bc, a permet d’obtenir l’expression de la force de poussée P appliquée sur le
mur. L’expression est fonction de l’angle d’inclinaison de la surface de rupture par rapport à
l’horizontale θ. La valeur maximale de poussée Pmax a été obtenue par la différentiation de
l’expression.
Ainsi, pour un sol granulaire (c ' =0)
x
a c
N  W cos  Pa sin  (1.12)
W cL
T  W sin   Pa cos (1.13)
P T
de (1.12) et (1.13) y
N
T W sin   Pa cos
  tg (1.14)
N W cos  Pa sin 
θ Surface de
1 cisaillement
W  H 2 cot  (1.15) b
2
1 Figure 1.12− Géométrie pour l’analyse de Coulomb
P  Wtg (   )  H 2ctgtg (   ) (1.16)
2
La dérivation de la fonction P(θ) donne
dP 1
 
 H 2 ctg sin 2 (   )  cos 2 tg (   )  0 (1.17)
d 2

 
Pour avoir la valeur maximale de P, qui est la force de poussée Pa, il faut que :    (1.18)
4 2
1 (1  sin  )
La substitution de (1.18) dans (1.16) donne, Pa  H 2 (1.19)
2 (1  sin  )
(1  sin  )
Le cœfficient de poussée K a 
(1  sin  )
Dans le cas d’un massif de sol frottant sans cohésion à surface libre inclinée non surchargée,
soutenu par un mur à surface rectiligne, rugueuse et inclinée. Le cœfficient de poussée est donné par
l’expression suivante :
14
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;

cos 2 (   )
K a  2
 sin(    ) sin(    ) 
cos(   ) 1  
 cos(   ) cos(   ) 

Cas de la butée des terres


La Figure 1.13 présente le cas d’un mur à surface parfaitement lisse, soutenant un massif de sol
frottant à surface libre horizontale.
Une analyse de Coulomb, similaire à celle utilisée dans le cas de la poussée, permet d’obtenir la force
minimale de butée Pp pour une inclinaison θ, du plan de cisaillement par rapport à l’horizontale.
 
 
4 2
a c

W
P
θ T N
b
Figure 1.13− Coin de Coulomb passif pour un sol frottant soutenu par un mur à surface lice

1 (1  sin  )
Pp  H 2 (1.20)
2 (1  sin  )
(1  sin  )
Le cœfficient de butée K p 
(1  sin  )
Dans le cas d’un massif de sol frottant sans cohésion à surface libre inclinée non surchargée,
soutenu par un mur à surface rectiligne, rugueuse et inclinée. Le cœfficient de butée est donné par
l’expression suivante :
c
cos (   )
2
K p  2
 sin(    ) sin(    )  a β
cos(   ) 1  
 cos(   ) cos(   )  W T
α
H
N
δ Pa θcrt
b
Méthode de Rankine (1857) Figure 1.14
Rankine a remplacé l’étude de l’équilibre de rupture globale du coin de glissement par l’étude de
l’équilibre de rupture de chaque volume élémentaire ; mais aussi, il a considéré que le coin de
glissement était en entier à l’état d’équilibre limite. Rankine a supposé que la présence d’un écran lisse
ne modifie pas la répartition des contraintes dans le massif. Avec cette hypothèse, il a déterminé la

15
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
répartition des contraintes de poussée et de butée le long d’un écran, dans le cas d’un sol pesant
pulvérulent (γ,φ) non surchargé.

L’équilibre des forces perpendiculaires et parallèles au plan de cisaillement permet d’obtenir


respectivement les expressions des contraintes normales et des contraintes de cisaillement.
 n   v cos 2    h sin 2  (1.21)

   v sin  cos   h sin  cos (1.22)


A l’état de rupture, la dérivation du rapport des contraintes τ/σ par rapport à l’angle d’inclinaison du
plan de cisaillement θ permet d’obtenir l’expression suivante :
( v   ha ) (   ha )
 /   tg (2.23)
  v  ha /  v   ha  v /  ha 
 v
2  v ha

On peut montrer que l’équation (2.24) vérifie la condition du triangle ABC (Figure 2.16),

AC  [ v  é v ha   ha  4 v ha ]1 / 2   v   ha (1.24)

 v   ha
Donc sin  
 v   ha

z
C
σv
σn.ds  v   ha
σh σh.dy φ
τ.ds θ
A 2  v . ha B
σv.dx

Figure 1.15− Contraintes et dimensions de l’élément Figure 1.16− Triangle de contraintes


pour l’analyse de Rankine pour l’analyse de Rankine

 ha (1  sin  )
Le coefficient de poussée des terres est défini par : K a  
 v (1  sin  )
La force de poussée peut être déterminée par l’intégration des contraintes sur la hauteur du mur.
zH
1 1 1  sin 
Pa    .dz
z 0
h  v  h Pa  H 2 K a  H 2
2 2 1  sin 

16
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
Caquot et Kérisel ont utilisé la méthode des lignes de glissement pour déterminer les coefficients de
poussée et de butée pour différentes configurations géométrique et mécanique. Les résultats de Caquot
et Kérisel (1948) et Kérisel et Absi (1990) ont été publiés sous forme de tables ont fait la méthode de
référence pour le calcul de la poussée et de la butée des terres.

17
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;

18
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
Exercice N° 1
Démontrer les expressions des coefficients de poussée et de butée Sable : c=0
φ=40°
4m
de Rankine. Tracer les diagrammes de distribution des contraintes γ=20kN/m3

de poussée et de butée. Calculer les pressions de poussée et de butée


ainsi que les résultantes des forces appliquées sur le mur de soutènement
représenté sur la figure 1. B Fig :1

Exercice N°2
Recalculer les pressions agissant sur le mur de soutènement représenté sur la Fig :1, sachant que le
niveau de la nappe phréatique se trouve à une profondeur de 1m.
Exercice N°3
Calculer les forces de poussée et de butée agissant contre le mur de soutènement de la fig :1 en
utilisant la méthode de Coulomb, sachant que l’angle de frottement de l’interface sol-mur est égal à
vingt degrés (δ=20°).
Exercice N°4
On désire calculer le mur de quai représenté sur la figure qui en précise les dimensions.
La partie supérieure de la semelle de fondation est arasée à la hauteur de la nape qui regne au même
niveau que le terrain au pied du fût du mur.
La semelle de la fondation est encastrée tout entière dans le terrain naturel, qui est totalement immergé,
par contre le fût supporte la poussée d’un remblai d’apport non immergé.
on adoptera les hypothèses de calcul suivantes :
Béton : γ=23kN/m3 ; Remblai : γ=18kN/m3 q=10kPa

Frottement interne φ1= 30° ; Cohesion : c=0 F 1m A


Coefficient de poussée sur AB(δ=φ1 et λ=25°) :
λ=25° remblai
kaγ =0,474 kaq =0,522 H=6,5m
surcharge sur le remblai : q=10kPa
Nappe phréatique
Terrain naturel : γ’=11kN/m3 E 1m B

Frottement interne φ2= 25° ;Cohesion c=0 H1=2,5m


Terrain naturel
D C
Coefficient de poussée sur BC (δ=2/3φ2 ) : B=5m

kaγ = kaq =0,364


par mesure de sécurité, on négligera la butée du terrain de fondation sur la face avant de la semelle.
On demande :
1- L’excentricité de la résultante des forces sur la base de la fondation. Y a-t-il des efforts de
traction ?
2- La contrainte maximale de compression sur le sol de fondation.

19
Université de Biskra Département de Génie Civil et d’hydraulique
Enseignant :Benmeddour Master 1( VOA) ; Matière : MDS ;
3- Le coefficient de sécurité vis-à-vis du renversement par rapport au point D.
4- Le coefficient de sécurité au glissement CD(δ=φ2 )
Exercice N°5
On demande d’établir le diagramme de la distribution des composantes horizontales des contraintes
s’exerçantsur le parement du mur défini sur la figure 3 sachant que :
- le parement de ce mur est rectiligne et incliné de 10° sur la verticale,
- le terre-plein est horizontal et reçoit une surcharge uniformément repartie de 20kPa,
- le terrain situé derrière le mur est composé de 4 couches stratifiées horizontales dont les
caractéristiques sont indiquées sur la figure 3, la couche inférieure étant baignée par une nappe
phréatique,
- l’angle de frottement d’interface δ=φ.
Etudier la stabilité du mur de soutènement vis-à-vis au renversement et au glissement ?

1,5m
q=20 kPa

φ1=35°, γ1=18kN/m3
2
3 φ2=35°, γ2=16kN/m3
λ=10°
5,5 φ3=20°, γ3=18kN/m3
φ4=35°, γ2=18kN/m3
7
10 φ5=35°, γ2=11kN/m3
h (m)

Fig :3

20

Vous aimerez peut-être aussi