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les barons locaux qui, en attisant les divisions et Marginalisation politique et économique
l’instabilité, espéraient maintenir leur mainmise sur la
ville. »
La dénonciation de la classe politique est par ailleurs
unanime dans cette contestation, sans épargner les
traditionnelles figurent politiques sunnites. Sur la
place Al-Nour, les langues se délient facilement :
« Aux élections, j’ai voté pour le Courant du
Manifestation à Tripoli (Liban), octobre 2019. © Justine Babin
futur, [parti à dominante sunnite de l’ancien premier
Enfin, la forte symbolique incarnée par la place Al-
ministre Saad Hariri – ndlr], mais il n’a pas tenu
Nour, qui a souvent dans l’histoire de la ville joué
ses promesses. Je n’ai plus confiance en aucun des
le rôle de « square de la révolution », confère au
partis au pouvoir, ils doivent tous partir »,confie un
soulèvement une aura spécifique que les autres villes
manifestant.
n’ont pas. En son centre, une sculpture imposante de
Autre signe distinctif, à la différence de la capitale lettres arabes formant le mot Allah (Dieu). « Cela
Beyrouth ou des villes du sud comme Tyr ou Nabatieh, donne une forme de légitimité divine aux manifestants
la mobilisation à Tripoli n’a pas fait l’objet de contre- qui y scandent des slogans d’ordre politique et
manifestations violentes, déclenchées par des partisan économique », analyse Raphael Lefèvre.
de Hezbollah et Amal, des partis à majorité chiite.
Si le mode de contestation à Tripoli surprend, la
« Leur faible représentativité à Tripoli protège pour
révolte en elle-même n’a rien d’étonnant. « La ville a
l’instant le caractère pacifique de la mobilisation »,
trop souffert pour ne pas se révolter », pointe Bruno
explique Raphael Lefèvre.
Dewailly. Dans une vidéo retransmise à la télévision
Ailleurs, le mouvement de contestation a, de fait, été locale durant la première semaine de contestation, et
émaillé de vives tensions ces derniers jours. Mardi 29 devenue virale, un homme harangue la foule : « Ceux
octobre, peu avant l’annonce de la démission de Saad qui ne trouvent pas de travail, levez la main ! »
Hariri, des membres du parti Amal et du Hezbollah ont La place, noire de monde, s’illumine de milliers de
saccagé les tentes et installations mises en place dans téléphone brandis par les manifestants.
le centre-ville de Beyrouth et provoqué de violentes
Comme en témoignent les bâtiments à l’architecture
altercations avec les manifestants.
cossue de son centre historique, aujourd’hui troués
Le soulèvement tripolitain bénéficie par ailleurs d’un d’impacts de balles et en état de délabrement avancé,
riche tissu associatif dont il a su tirer parti pour Tripoli fut longtemps un centre économique régional
s’organiser. L’Association médicale islamique, une majeur. Le point d’inflexion a probablement été
ONG de secours, apporte notamment son soutien « le début de la guerre civile libanaise et, plus
logistique aux manifestations. Des militants de la particulièrement, de l’occupation syrienne à partir de
société civile sont également mobilisés. En marge 1976 et pendant vingt-neuf ans », analyse un article
de la place Al-Nour, « l’école de la révolution » du think-tank Synaps, en 2017. « En tant que ville
regroupe par exemple plusieurs tentes où des groupes à majorité sunnite avec une souche de militantisme
de jeunes engagés animent des débats politiques. islamiste autochtone en développement, Tripoli a
« Les manifestations à Tripoli réunissent des acteurs souffert de certaines des prédations syriennes les plus
très différents. Se retrouver, oui, dialoguer et s’unir cruelles, à une époque ou l’ancien président Hafez al-
pour définir des objectifs communs, c’est autre Assad était lui-même engagé dans une lutte brutale
chose », nuance toutefois Bruno Dewailly. contre les Frères musulmans en Syrie. »
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