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travaux à l’explosif

CPT - Option 1 travaux souterrains

PRATIQUES MÉTIER
L’OPPBTP est l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux
publics. Sa mission est de conseiller, former et informer les entreprises de ce
secteur à la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, et
à l’amélioration des conditions de travail. Grâce à son réseau de 320 collaborateurs
répartis dans 18 agences en France, l’OPPBTP accompagne les chefs d’entreprise
dans l’analyse des risques de leur métier, dans la réalisation du document unique, dans
la mise en œuvre de leur plan de formation.
L’OPPBTP propose aux entreprises des services et des formations personnalisés
répondant à leurs besoins. Il met à disposition sur son site www.preventionbtp.fr
diverses publications, outils pratiques, fiches conseils pour aider les entreprises dans
leur gestion de la prévention.
PRÉAMBULE

La formation est un enjeu important de la politique de prévention des risques


professionnels en matière de minage. Trouver l’équilibre entre les aspects cogni-
tifs et pratiques est, dans le domaine, une activité délicate, particulièrement
lorsqu’il s’agit de l’éducation des opérationnels.

Nous avons cherché à atteindre cet objectif lors de la rédaction de ce document


et les sessions de formation réalisées sur cette base en ont montré les écueils et
les bénéfices.

Nous remercions particulièrement Mme Sophie DUCLOS de l’entreprise CATM,


qui a largement partagé ses connaissances appliquées dans le domaine du
minage et nous a ouvert les sessions de formation qu’elle pratiquait afin de nous
laisser exploiter ce champ expérimental. Ainsi nous a-t-elle permis d’adapter
notre discours aux besoins de ces professionnels.

Nous rendons également un hommage tout particulier à M. Jean-Michel QUENARDEL,


Professeur de l’Université de Besançon, notamment pour son apport dans le
domaine géologique et pédagogique, qui malheureusement nous a quitté préma-
turément et n’aura pas pu voir cet ouvrage achevé.
SOMMAIRE

SÉQUENCE 1
INTRODUCTION 4

SÉQUENCE 2
CHOIX ET CONSÉQUENCES
DE L’UTILISATION
DE L’EXPLOSIF 5
Le choix de l’explosif 5
Les risques spécifiques au creusement
de galeries 5
La surface libre 7

SÉQUENCE 3
L’ABATTAGE PAR EXPLOSIF 8
La section d’un tunnel
et les différentes « mines » 8
Les différents bouchons utilisés 10
Le cycle d’abattage à l’explosif 14

2 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


SÉQUENCE 4 SÉQUENCE 7
LES EXPLOSIFS ORGANISATION
ET LA CHAÎNE D’UN ATELIER DE MINAGE 27
PYROTECHNIQUE 17 Limite de responsabilité des boutefeux
Les explosifs en terrains non grisouteux 17 et des préposés au tir 27

Les explosifs couche, couche améliorée Responsabilité des employeurs 31


et rocher (terrains grisouteux) 17 Détention et conservation des explosifs 32
Le choix des explosifs 21 Transport des explosifs 33
Livraison et consommation des explosifs 34
SÉQUENCE 5 Traitement des déchets 35
LES ARTIFICES
DE MISE DE FEU 22 SÉQUENCE 8
Les différentes chaînes pyrotechniques 22 ORGANISATION D’UN TIR 37

Les particularités d’utilisation Procédure de tir 37


en travaux souterrains 22 Chargement des explosifs 37
Les matériels connexes 24 Précautions avant le tir 39
Déroulement du tir 40
SÉQUENCE 6 Précautions après le tir 40
LE PLAN DE TIR 25 Risques spécifiques 40
Plan de tir en travaux souterrains 25 Aérage 43
Conception et adaptabilité 25
TERMINOLOGIE DES
Prédiction des effets du tir 26
TRAVAUX SOUTERRAINS 45

ABRÉVIATIONS 47

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 3


SÉQUENCE

1 INTRODUCTION

La présente formation a été conçue pour prendre en compte les difficultés particulières liées aux travaux souterrains.
Elle s’appuie sur le référentiel de l’éducation nationale. Nous traiterons les points suivants :

Connaissances Niveau exigé


Notions - Concepts (Limites des connaissances)
1 S1 1 Terminologie des travaux souterrains Utiliser les termes propres aux souterrains.
1S2 Cas d’utilisation des explosifs en travaux souterrains Énumérer les cas d’utilisation (creusement, abattage, ébranlement).
Expliquer la différence avec les travaux à “ciel ouvert”
1S3 Création des surfaces libres en faisant référence à la surface libre et au foisonnement.
Expliquer le principe des bouchons.
Identifier les types de bouchons à partir de schéma(s) (bouchons
1S4 Types de bouchons à trous parallèles, bouchons prismatiques, bouchons à trous
centraux…).
1S5 Types de trous de mines Énumérer les différents types de trous de mines d’une volée.
Indiquer les critères d’utilisation des explosifs et artifices selon
1S6 Utilisation des explosifs et artifices les caractéristiques du chantier (atmosphère, nature des produits
abattus, aérages…).
1S7 Approvisionnement du chantier Indiquer les règles de transport et d’entreposage.
Citer les règles particulières (équipements de travail,
1S8 Chargement des explosifs
mise à la masse, bourrage…).
Citer les règles :
- d’interdiction des accès ;
1S9 Précautions avant la mise à feu - de gardiennage ;
- de rassemblement ;
- d’avertissement.
Énumérer et justifier les tâches de contrôle à effectuer :
- délai d’attente ;
1 S 10 Précautions après le tir
- purge à l’avancement ;
- inspection du front de taille…

1 « S » correspond aux savoirs technique et sécurité du référentiel du CPT établi


par l'Éducation nationale (arrêté portant création du certificat de préposé au tir du
26 mai 1997).

4 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


SÉQUENCE

2
CHOIX ET CONSÉQUENCES
DE L’UTILISATION
DE L’EXPLOSIF*

L’utilisation de la poudre noire dans l’exécution des travaux Le tir à l’explosif en tunnel est réalisé en perforant le rocher à par-
miniers au XVIIe siècle constitue les premiers pas d’une technique tir du front de taille* des trous de mines* dans lesquels sont pla-
qui allait permettre de réaliser des exploits constructifs en matière cées les charges explosives munies de leurs détonateurs. La
de galerie souterraine. disposition des forages et les séquences de tir des charges à
mettre en œuvre font l’objet d’un plan de tir qui détermine à
Les limites des performances de cet explosif et les faibles moyens
l’avance comment la roche doit être abattue.
techniques disponibles pour la foration limitaient grandement, à
l’époque, les résultats obtenus. Il a fallu attendre l’invention de la
LE CHOIX DE L’EXPLOSIF
dynamite et la réalisation des grands tunnels routiers, notamment
celui du mont Cenis, pour que cette méthode soit développée en L’excavation des matériaux dans les travaux souterrains peut se
travaux souterrains. Ce tunnel afficha la transition nette entre des faire soit à l’aide d’engins mécaniques puissants, soit grâce à
rendements de 25 cm par jour à la poudre noire dans le granite et l’utilisation d’explosif.
de 2 mètres par jour à la dynamite.
Quand les terrains ont une dureté assez importante et une cohé-
Cet apport de technicité et les progrès importants concomitants sion suffisante, les explosifs peuvent être employés. Cette
en matière de forage furent à l’origine de la construction de tun- méthode présente l’avantage d’obtenir un meilleur avancement en
nels plus longs et plus grands. Les aménagements hydro-élec- comparaison aux techniques mécaniques.
triques confortèrent l’utilisation croissante de l’explosif tandis que
le secteur minier se développait de manière intensive, concourant L’utilisation des explosifs est soumise à une réglementation stricte

à accroître la consommation de cette matière. pour la sécurité des travailleurs et pour l’environnement du chantier.

Les accidents nombreux liés à l’utilisation des explosifs contri- LES RISQUES SPÉCIFIQUES
buèrent à la mise en place de dispositifs de mise de feu plus sûrs, AU CREUSEMENT DE GALERIES
de produits plus fiables et plus performants et de modes opéra-
toires plus élaborés. 1. Les difficultés géologiques sont les premiers risques que ren-
contrent les opérateurs lors de la construction d’une galerie.
De nos jours, le perfectionnement des techniques à l’explosif per-
Parmi elles, on peut noter :
met une adaptabilité aux conditions de site par la nature des
explosifs, par les modes de mise en œuvre et par les perfor- ■ la déformation plastique des terrains rocheux sous fortes

mances des équipements de forage. Les besoins les plus divers contraintes qui provoque des phénomènes d’éclatement bru-

sont couverts : exploitations minières, puits de grande profondeur, tal du front de taille* ou de la voûte* ;

cavernes de stockage d’hydrocarbures. * cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 5


■ en terrain plissé, un pendage* des roches proche de la verti- 2. Une autre difficulté réside dans les caractères confinés et
cale aggrave les hors profils et empêche une consolidation restreints des travaux souterrains.
des roches par ancrages actifs* ou passifs* ; Les dimensions de la galerie conditionnent la gestion de la circu-
■ la présence dans les terrains cohérents de failles*, de dia- lation des engins et des moyens de levage. Plus spécifiquement à
clases*, de plissement peut être à l’origine d’instabilité du ter- l’utilisation des explosifs, la forme de tube modifie la libération des
rain et de venues d’eau subites ; contraintes. Les parois réverbèrent les projections et les ondes.
3. La présence de gaz toxiques ou de poussières.
Faille normale
Le phénomène de dissolution naturelle ne se fait pas dans un tun-
Faille inverse nel lors d’un tir de mine. Aussi, les gaz et les poussières s’accu-
mulent-ils et il est alors nécessaire de mettre en place des
dispositions particulières pour supprimer les risques toxiques et
les dommages à la santé pour les travailleurs.

Décrochement 4. La difficulté de travailler dans l’obscurité ou dans une faible


luminosité.
Fig. 1 - Schéma explicatif des failles.
Les parois sombres et non éclairées modifient l’appréciation
■ les zones de broyage* peuvent constituer des zones altérant le visuelle de la zone de travail. Un éclairage suffisant doit donc être
fonctionnement correct des explosifs dans le terrain ; installé. Cependant, la présence d’eau engendre des risques. En
effet, les dimensions faibles de certaines sections peuvent occa-
■ la nature des sols ou la composition de l’eau peuvent être à
sionner des risques de contact avec les installations électriques
l’origine de phénomènes chimiques tels que : dégagements de
(enceintes conductrices et exiguës). La proximité avec les explo-
gaz nocifs, eaux corrosives…
sifs constitue alors un risque supplémentaire.
Une manière d’aborder ces difficultés est de prévoir une recon-
naissance préalable soignée des terrains et d’interpréter les résul-
tats de la foration afin d’adapter les plans de tir.

* cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage.

6 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


LA SURFACE LIBRE
Le fonctionnement de l’explosif est tel qu’il est nécessaire d’avoir /

une surface d’expansion du massif sous l’effet des gaz après


avoir fracturé les roches. Cette surface est généralement parallèle
aux forages. Cependant, dans le cas du creusement des galeries,
la seule surface libre disponible est le front de taille. De ce fait,
l’explosif ne peut pas fonctionner de façon optimale.

La première opération du tir consiste ainsi à créer artificiellement


une surface supplémentaire et un volume de dégagement pour Fig. 2 - Effet d’un post-découpage.
les autres coups de mine* : le bouchon*. Il ouvre ainsi une cavité
dont les parois internes seront utilisées comme surface libre par
Parfois, ce tir est effectué en prédécoupage, c’est-à-dire qu’il est
les mines tirées ensuite.
réalisé avant le tir de bouchon afin de créer une surface de sépa-

Il est important de noter que, compte tenu de l’utilisation ulté- ration entre la roche devant être minée et la roche laissée en place

rieure de l’ouvrage (par ex. : routes, voies ferroviaires…), les parois après le tir.

extérieures du tunnel doivent être stables et ne doivent pas être


Cette surface a une double fonction :
altérées par le tir. Il faut donc que ces parois soient réalisées par
■ elle constitue une surface libre qui favorise la fragmentation de
un tir périmétrique « doux » qui ne provoque pas d’effets arrières,
la roche par les mines de dégraissage ;
appelé « tir de découpage* ».
■ elle constitue une barrière à la propagation des ondes de
Ce tir a pour effet de créer une ligne de découpage d’un trou à un contraintes dans le massif à l’arrière du tir et elle prévient ainsi
autre de manière à cisailler proprement la roche entre chaque trou les effets arrières du tir.
plutôt que de fragmenter la paroi rocheuse. Il est généralement
effectué en dernier (« post-découpage ») et peut ainsi utiliser la
surface libre ouverte par les mines de dégraissage. La taille des
matériaux excavés pour le contour est plus importante que dans
le cas des mines de dégraissage.

* cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 7


SÉQUENCE

3 L’ABATTAGE
PAR EXPLOSIF

LA SECTION D’UN TUNNEL ET Cette configuration nécessite l’utilisation d’une énergie spécifique

LES DIFFÉRENTES « MINES » plus importante dans les travaux souterrains pour évacuer les
matériaux.
La section d’un tunnel Les mines du bouchon
L’abattage se fait par passes ou par volées dont la longueur varie Pour que l’explosion soit efficace, il faut créer, dans un premier
selon le type de roches. Il peut être pleine section ou par sections temps, une surface libre. La première opération du minage
divisées. consiste donc en la création de cette surface libre, ce
sont les forages du bouchon.

Les mines de bouchon sont très proches les unes des


autres. Aussi existe-t-il des risques de départ par sym-
pathie des explosifs.

Ce phénomène se passe quand un explosif très sen-


sible à l’amorçage se trouve à proximité d’une onde
de choc induite par une autre mine. L’explosif réagit
alors immédiatement, indépendamment de son retard
d’initiation. La charge ne bénéficie pas alors de la sur-
Fig. 3 - Section transversale et longitudinale d’un tunnel.
face libre prévue par la séquence de tir.
La demi-section inférieure est également appelée : STROSS.
Il est donc impératif de soigner l’implantation et la séquence
d’amorçage de ces trous du bouchon.
Les différentes mines
Ces forages sont les premiers initiés dans la séquence de tir, ils
La surface du tir est constituée par le front de taille. Les forages
permettent d’élargir la cavité du trou de dégagement, créant ainsi
horizontaux sont donc perpendiculaires à cette surface qui ne
la surface libre nécessaire aux autres mines.
constitue pas une réelle surface libre.
Les mines de dégraissage et d’abattage
Inversement, en carrière, les forages sont parallèles au front, ce
qui permet à l’explosif de fonctionner correctement, le front Les mines suivantes permettent d’élargir la cavité du bouchon, ce
constituant la principale surface libre. sont les mines de dégraissage.

8 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


Puis, les mines d’abattage permettent de fragmenter la roche Les mines de coin
dans l’espace créé par le bouchon et les mines de dégraissage.
Ce sont les mines aux extrémités basses du front. Elles doivent
On distingue plusieurs groupes de mines d’abattage :
être assez chargées en explosif pour permettre d’obtenir la côte
■ les mines de relevage, placées en dessous du bouchon, ont
finale du radier.
un sens de dégagement dirigé vers le haut ;
■ les mines de coussins, jouxtant la zone de découpage, cor- En principe, ces deux mines sont chargées à l’identique des trous
respondent à une ligne de tir amortie ; du bouchon.
■ les mines de production, placées au-dessus du bouchon,
Si le chargement est trop faible, une reprise sera nécessaire soit
ont un sens de dégagement dirigé vers le bas ;
avec des forages supplémentaires, soit à l’aide d’un BRH*. S’ils
■ les mines de parement, placées à droite et à gauche du bou-
sont trop chargés ou trop inclinés, le hors profil sera trop important
chon, ont un sens de dégagement horizontal.
et la consommation de béton sera plus forte, donc plus coûteuse.
Les mines de contour
Les mines de contour sont parfois associées à des mines de tir
Le découpage
amorties. Ces mines doivent être abattues avec précaution afin de On utilise une technique de postdécoupage ou de prédécoupage
ne créer ni hors profil, ni sous-profil. pour la réalisation des mines de contour.
Pour cela, la charge de ces mines sera réduite ainsi que la dis-
tance entre les trous de contour (de 30 à 70 cm).
L’explosif utilisé dans ces mines de contour est généralement du
cordeau détonant. Des charges étagées (vide entre les cartouches
associé à du cordeau détonant) peuvent aussi être utilisées.
On peut distinguer :
■ les mines de couronne : elles découpent la voûte supérieure ;
■ les mines de parement : elles découpent latéralement le profil
du tunnel ;
■ les mines de radier : elles sont à la base de la section.

* cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage. Fig. 4 - Phase du prédécoupage.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 9


La technique consiste à forer des mines parallèles les unes aux LES DIFFÉRENTS
autres, rapprochées, qui suivent la forme du projet. BOUCHONS UTILISÉS
On réalise un espacement de 30 à 60 cm pour du prédécoupage
Les premiers trous de la séquence ont pour but de créer la sur-
et de 40 à 70 cm pour du post-découpage (en fonction de la
face libre nécessaire à l’expansion du massif lors du départ des
dureté de la roche).
trous suivants. Cette ouverture ou « bouchon » est la clé du suc-
cès du tir car il ouvre le tir sur une profondeur qui dépend de la
configuration du bouchon.

Ce bouchon peut être foré en trous parallèles ou inclinés, cana-


dien, en cône, en cylindre ou en V, en éventail, norvégien, en pyra-
mide, en triangle…

En principe, on réalise toujours au moins un trou non chargé de


manière à créer une première surface libre, propre à faciliter la fis-
suration du massif.

Fig. 5 - Position des différentes mines.

V : écartement entre
La différence entre le prédécoupage et le post-découpage réside les trous du
bouchon
également dans la séquence d’amorçage. Le prédécoupage met B : largeur ou
banquette
à feu les mines de contour en premier alors que, pour le post-
Ø : diamètre du trou
découpage, les mines de contour sont mises à feu après les der- de décompression

nières mines d’abattage.

Fig. 6 - Référence des distances pour les bouchons.

10 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


En outre, le tir du bouchon constitue une phase qui agit sur le ren- forage situés au-dessus (mine de dégraissage) demandent une
dement de l’explosif, c’est-à-dire sa capacité à utiliser l’énergie charge spécifique plus faible.
pour briser la roche, et sur la présence ou non de hors profil sur
La charge spécifique du bouchon est nécessairement beaucoup
les contours en favorisant le travail optimal des explosifs.
plus élevée car une partie importante est utilisée pour obtenir la
La précision des forages pour le bouchon, comme pour les autres fragmentation et l’éjection des matériaux du bouchon, mais éga-
forages, est essentielle pour la qualité du tir. Elle est, en général, lement, elle sert à fracturer en partie la zone proche du bouchon.
assez proche de 2 à 3 % de la longueur forée, soit 2 à 3 cm/m.
Cette charge spécifique est généralement voisine de 10 à 15 kg/m3
Les écarts de foration sont dus à des défauts d’alignement qui
contre 800 g à 1,5 kg/m3 pour les mines de dégraissage. À titre
sont maintenant mieux maîtrisés par les moyens modernes de
indicatif, la charge spécifique pour les travaux de terrassement est
forage tels que les jumbos.
de l’ordre de 250 à 500 g/m3.
La quantité d’explosif dans les trous du bouchon doit être suffi-
Ci-dessous, quelques-uns des principaux bouchons rencontrés.
sante pour pouvoir à la fois fracturer la roche en l’absence de sur-
face libre conséquente et expulser la roche en dehors du massif. Le bouchon canadien ou « burn cut » :
bouchon à trous parallèles
Cependant, une charge trop conséquente peut conduire à fractu-
rer la roche de manière trop importante et à bloquer l’expulsion C’est un bouchon à trous parallèles pour lequel certains trous
des matériaux. Par ailleurs, si l’écartement V entre les trous du sont vides. Les parois des trous vides constituent les premières
bouchon est trop grand par rapport à la « largeur » ou « ban- surfaces libres sur lesquelles les ondes de compression produites
quette » B, c’est-à-dire si B ou Ø <0,5 ou Ø est le diamètre par les trous de mines chargés peuvent se réfléchir. Les trous
V V vides peuvent être soit un trou ou deux de gros diamètre, soit plu-
du trou de décompression, alors les possibilités d’éjection des
sieurs trous de diamètre identique à celui des trous chargés.
matériaux sont réduites.

En tout état de cause, cela ne sert à rien d’optimiser la quantité La séquence de tir consiste à élargir petit à petit les trous vides de

utilisée dans le bouchon : il faut qu’elle soit garante de l’éjection manière à ce que la cavité devienne suffisamment large pour ser-

du bouchon. La consommation des explosifs en tunnel est 4 à 5 vir de surface libre aux mines suivantes. En général, on utilise

fois supérieure à celle réalisée en terrassement. pour ces bouchons des courts retards en tir électrique.

La charge spécifique des trous de forage placés sous le bouchon Il existe, dans la littérature, divers arrangements des trous chargés
(mine de relevage) doit soulever les matériaux vers le vide laissé et non chargés dans un bouchon canadien en fonction de la qua-
par le bouchon et doit donc être élevée, tandis que les trous de lité et de la nature des roches.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 11


MINES (chargées)

TROUS de décompression

MINES d’abattage

Fig. 7 - Bouchons des courts retards en tir électrique.

Il existe de nombreux types de bouchons canadiens : l’un des


plus connus est le « bouchon Michigan » à trou central unique, de
Fig. 8 - Bouchon à gros trous centraux.
dimension égale au double des trous de forage.

Les bouchons à gros trous centraux


Ils sont constitués de trous de dégagement de gros diamètre
avec des forages de plus petit diamètre, parallèles aux trous de
dégagement.

Les trous parallèles aux trous de dégagement servent à agrandir


la cavité du premier et à créer ainsi une surface libre importante
pour les mines de dégraissage et d’abattage.

La disposition et le nombre des trous de bouchons dépendent


des caractéristiques de la roche.

La séquence de tir pour les trous du bouchon utilise des détona-


teurs à microretard. Plus la profondeur des trous est importante,
plus la distance entre forages doit être réduite.

Si on veut augmenter la profondeur d’avancement sans modifier Fig. 9 - Cinématique du bouchon à gros trous centraux.
le nombre de forages du bouchon, il faut alors augmenter le dia-
mètre du gros trou.

12 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


Les bouchons en V ou prismatiques Dans ce cas, il n’est pas nécessaire d’avoir des trous sans charge.
La décharge de gaz se fait, cette fois-ci, en direction du front et
Une autre façon d’obtenir des surfaces libres est d’incliner au
non vers des trous de décharge.
maximum les trous de forage de telle sorte qu’ils soient le plus
« parallèles » possible à la surface libre que constitue le front. Il La largeur du tunnel détermine l’avance pour chaque tir ; en effet,
existe ainsi une force développée par l’explosif, perpendiculaire l’angle maximal donné au forage représente environ 50 % de la
au front. largeur du tunnel. Ces bouchons deviennent intéressants quand la

Ce bouchon tient son nom du fait que les mines forment un V largeur de section dépasse 5 à 6 m.

inversé par rapport au front. Chaque série de forages en « V » Il est à noter que les sections en V sont horizontales quand la fis-
constitue un plan horizontal placé les uns au-dessus des autres. suration majeure de la roche est plutôt verticale et, à l’inverse, les
L’angle entre les forages est voisin de 60°. sections en V sont verticales quand la fissuration est horizontale.
Bien que les trous soient convergents, ils fonctionnent de manière
On utilise, en théorie, des microretards pour ce type de bouchons.
isolée dans un ordre déterminé par les élargissements successifs.
L’intervalle entre chaque départ de charge doit être a minima tel
Par contre, la proximité des charges peut induire un effet d’autoal-
que la roche puisse se dilater et être expulsée. La littérature pré-
lumage des trous contigus lors du tir. Il faut donc respecter une
conise un délai minimal de 100 ms entre chaque charge.
distance d’au moins 20 cm entre chaque charge.

E Comme tous les bou-


chons, la précision de

0,20 m
forage est un gage
essentiel de bon
fonctionnement du tir
e
et particulièrement du
départ du bouchon.
H2
L

H1
H’
Zf

L1
Zh

L2

Fig. 10 - Exemple de bouchon en V.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 13


Les bouchons cylindriques
ou bouchons en éventail
Ce sont des bouchons réalisés à partir de mines non parallèles.
La technique consiste à passer progressivement d’une foration
peu inclinée à une foration la plus parallèle possible au front.

Fig. 12 - Bouchon en spirale.

LE CYCLE D’ABATTAGE
À L’EXPLOSIF
Le creusement traditionnel à l’explosif reste encore la technique
d’excavation la plus économique dans de nombreuses situations.
Fig. 11 - Exemple de bouchon cylindrique. Il obéit à un cycle spécifique composé de sept phases succes-
sives et répétitives.

On utilise ce type de bouchon dans des sections asymétriques


1. Le traçage
souvent très hautes et peu larges. La difficulté réside dans les
techniques de foration (foration descendante difficile à réaliser). Le traçage* (ou la foration) est réalisé selon un plan établi et déter-
miné par les besoins de l’exploitation. Actuellement, il est réalisé
Les autres bouchons grâce à des jumbos dont le pilotage est le plus souvent assisté
par ordinateur sur les tunnels de grande section. Les trous sont
On peut citer, parmi les autres bouchons utilisés, le bouchon en
forés à l’aide de taillants dont le diamètre est adapté au plan de tir
spirale. Ce type de bouchon utilise, comme le bouchon canadien,
et la nature des taillants aux caractéristiques de dureté des
des trous de dégagement de gros diamètre nécessitant l’emploi
roches.
de machines de foration puissantes.
Le traçage est une activité bruyante et parfois très poussiéreuse.

* cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage.

14 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


L’un des principaux dangers réside dans la présence des bras 4. L’aérage
du jumbo et de leurs déplacements robotisés. Le risque de heurt
L’aérage (ou la ventilation) est une phase importante du cycle,
et d’écrasement implique une interdiction de présence à l’avant
souvent négligée. La destruction des explosifs provoque, par
de l’engin.
combustion, la production de gaz toxiques (700 à 900 l de gaz par

2. Le chargement kg d’explosifs) et de poussières abondantes.

La phase de chargement consiste à placer les substances explo- L’évacuation de ces matières dans un lieu confiné nécessite la

sives* dans les forages selon le plan de tir établi par le concepteur mise en place de moyens importants de ventilation, soit par dilu-

en fonction de la position des forages et du tir. Le chargement est tion (ventilation soufflante), soit par aspiration (ventilation aspi-

réalisé par les préposés au tir sous la direction du responsable du rante), soit les deux à la fois, pendant un temps variable en

tir appelé « boutefeu ». Cette phase nécessite une procédure spé- fonction de la quantité produite. Cette quantité va dépendre de la

cifique, dénommée « procédure de tir », qui sera décrite dans la nature et de la quantité de l’explosif, de la nature du rocher, de la

suite du document. section de la galerie, de la qualité du confinement de l’explosif…

Le temps nécessaire à l’évacuation des produits dangereux ou


3. L’abattage
toxiques (gaz et poussières) dépend des quantités produites mais
L’abattage ou tir est réalisé par passes ou volées dont la longueur également de la puissance des moyens mis en œuvre et de leur
varie selon le type de roches rencontré. En principe, les volées ont typologie.
entre 1 à 5 m de longueur. L’abattage peut être réalisé en pleine
section ou en sections divisées. Le phasage de départs de mines 5. La purge et le boulonnage
obéit à la séquence de tir établie par le boutefeu et décrite dans le
L’opération de purge est assez délicate car elle consiste à faire
plan de tir. Il peut être adapté selon les conditions réelles du site
tomber les écailles ou les blocs non stables. Elle se fait à l’aide
soit par le concepteur si les modifications sont importantes, soit
d’un pic appelé pince à purger. Elle doit être pratiquée par des
par le boutefeu lui-même si celles-ci sont mineures (dans la limite
personnes formées à ce type d’opération.
de ses compétences). Cette phase est dangereuse du fait de l’uti-
lisation des explosifs en tant que produit mais également du fait Elle est généralement suivie d’une phase de boulonnage qui
des nuisances qui en résultent (blast, projections, bruit, gaz consolide la voûte. En principe, cette phase se situe juste après la
toxiques, empoussiérage, vibrations, ébranlement…). purge car elle assure la stabilisation de la voûte et des parements
afin de permettre le travail des hommes sous le décousu*.
* cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 15


6. Le marinage
Après la purge, les matériaux qui ont été excavés par le tir sont
évacués à l’aide d’une pelle mécanique et de camions benne spé-
cifiques aux travaux souterrains (appelés dumpers). Parfois, le
marinage du tir est réalisé grâce à des berlines tractées par des
locomotives sur rails ou sur convoyeurs à bandes. Chacune de
ces méthodes est choisie en fonction de la section de la galerie et
de la distance à parcourir ainsi que des contraintes de pollution.

7. Le gunitage ou béton projeté


Il s’agit en fait, plus généralement, de la phase de pose du soutè-
nement provisoire, à ne pas confondre avec le revêtement. Le
soutènement consiste à mettre en place des moyens techniques
de manière à reprendre les efforts à court terme du terrain.

Il a un rôle de protection pour les travailleurs, de supportage* pour


assurer la stabilité des gros blocs et de confinement pour limiter la
convergence du terrain.

Le soutènement provisoire est le plus souvent composé de béton


projeté. Ce gunitage peut aussi être accompagné de cintres fixes
ou coulissants selon le comportement du terrain.

* cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage.

16 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


SÉQUENCE

4 LES EXPLOSIFS ET LA CHAÎNE


PYROTECHNIQUE

Les explosifs détonants* utilisés en travaux souterrains ont des LES EXPLOSIFS COUCHE,
capacités de brisance* importantes. L’énergie développée sert, COUCHE AMÉLIORÉE
d’une part, à fissurer les roches comprimées (énergie de choc),
ET ROCHER (TERRAINS
d’autre part à ouvrir les fissures, broyer les roches et expulser les
GRISOUTEUX)
blocs disloqués (énergie de gaz).

Les différents types d’explosifs


LES EXPLOSIFS EN TERRAINS Lorsque des zones à atmosphères explosives sont détectées, il
NON GRISOUTEUX est nécessaire d’utiliser des explosifs particuliers dits « explosifs
de sûreté », dont l’emploi est spécifique pour ces zones.
Aujourd’hui, on utilise principalement deux types d’explosifs en
tunnel : L’emploi des explosifs est une des principales causes d’accident
■ les dynamites sont des mélanges de nitroglycérine et de dini- dans les zones grisouteuses. Il est en effet nécessaire de ne pas
troglycol en proportion variable, de densité voisine de 1, de provoquer l’inflammation des mélanges explosibles que consti-
vitesse de détonation de l'ordre de 5 000 m/s selon le type de tuent le méthane, l’hydrogène et d’autres gaz qui émanent des
dynamite, très sensibles au choc, peu sensibles à l’eau. Elles terrains.
supportent des pressions importantes. Les dynamites font
Une première méthode pour empêcher ce phénomène est d’éviter
l’objet d’un encadrement juridique très strict en matière de
d’utiliser de l’explosif : en effet, les terrains grisouteux sont, en
transport, de stockage, d’emploi, de sûreté. Les procédures
général, des terrains qui se délitent relativement facilement, et
d’obtention des différents certificats, des agréments et des
l’utilisation de brise-roches et de haveuses ou d’autres moyens
autorisations peuvent être très longues ;
mécaniques suffit sous réserve de maintenir une ventilation per-
■ les émulsions, mélanges de nitrates d’ammonium, de com-
mettant d’être en permanence à l’extérieur des limites d’inflam-
bustibles et d’émulsifiants, de vitesse de détonation voisine de
mabilité* (LIE, LSE).
5 000 m/s, de densité voisine de 1,2. Il est préférable d’utiliser
les émulsions contenant des billes de verre qui permettent de Les possibilités géologiques, les faiblesses du rendement d’ex-
protéger les explosifs de désensibilisation et de départ par traction et les coûts induits peuvent rendre indispensable l’usage
sympathie. de l’explosif.

* cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 17


Afin d’éviter le risque d’explosion de l’atmosphère, il convient de Les explosifs de "sûreté" sont des « explosifs binaires », c’est-à-
prendre en compte les exigences suivantes : dire un mélange de deux produits explosifs dont l’un a pour but
■ La composition de l’explosif doit donc être telle qu’elle pré- de réduire la température de détonation. Ainsi, la température de
sente le maximum de sécurité en atmosphère grisouteuse ; détonation passe-t-elle de 2 900 °C à 1 100 °C par exemple pour
pour ce faire, on utilise une propriété particulière de ce type les anciennes grisoutines. D’autres substances ont été rajoutées,
d’atmosphère. En effet, les mélanges grisouteux présentent telles que des composants pour stabiliser la nitroglycérine (explo-
des retards à l’inflammation : pour que le grisou mélangé à l’air sif antigel) ou pour absorber la chaleur lors de la décomposition
dans les limites d’explosivité explose, il faut qu’il soit maintenu (par ex. : déshydratation de sulfate de magnésie).
à une température supérieure à 650 °C pendant un certain
■ Le bourrage est destiné, outre au confinement de la charge, à
temps. Cette durée peut atteindre une dizaine de secondes
empêcher le coup de « faire canon », ce qui veut dire que les
aux environs de 650 °C et est d’autant plus courte que la tem-
gaz travaillent de telle sorte que la fragmentation recherchée
pérature à laquelle est soumis le mélange est plus élevée.
soit atteinte et non à propulser la bourre. Lorsque le bourrage
Cette caractéristique interdit ainsi l’utilisation de poudre noire
est insuffisant ou que sa nature n’assure pas l’effet escompté,
dont la combustion lente favorise l’échauffement des gaz
les gaz le propulsent vers l’extérieur sans avoir été refroidis
explosibles et donc génère l’explosion du grisou. À cet égard,
par la consommation d’énergie et peuvent ainsi enflammer le
le comportement des explosifs détonants est différent du fait
grisou.
de la production d’une onde de choc. L’énergie produite est
essentiellement consommée pour le travail de l’explosif et la Le bourrage doit donc être soigné, être d’une longueur suffi-
quantité de chaleur est donc réduite. sante et ne comporter aucune matière combustible, avec un
minimum de 20 cm pour 100 g de charge.
La composition des explosifs dits de « sûreté » est
telle que : ■ Les déflagrations fusantes. Comme nous l’avons vu précé-
- ils ne produisent pas ou peu de produits de décom- demment, une déflagration peut entraîner l’inflammation du
position tels que l’hydrogène, l’oxygène ou l’oxyde de grisou. Il est donc utile de disposer d’un amorçage suffisant
carbone, qui, au contact de l’air, pourraient s’enflam- pour s’assurer de la détonation effective de toutes les car-
mer et allumer le grisou par leur propre combustion ;
touches (risque de désensibilisation des cartouches).
- ils présentent une température de détonation infé-
rieure à 1 900 °C pour les travaux au rocher (explosifs
roches) et inférieure à 1 500 °C pour les travaux au
charbon (explosifs couches).

18 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


■ L’influence de la charge. La garantie de sécurité apportée ■ Le danger des poussières combustibles. La présence dans
par les explosifs de sûreté est le résultat des premières expé- l’atmosphère de poussières inflammables en suspension peut
riences menées pour l’essentiel sur des cartouches de 50 g. former un mélange combustible avec l’air ambiant. En règle
Bien que les risques d’inflammation du grisou par des explo- générale, le mélange est plus facilement inflammable en pré-
sifs à basse température de détonation soient fortement sence de poussières de ce type, mais, même sans grisou,
réduits, la sécurité acquise n’est pas absolue. elles constituent en elles-mêmes un danger analogue. Il faut
donc prendre les mêmes mesures de sécurité qu’en atmos-
« Toutes choses égales par ailleurs », la sécurité est
phère grisouteuse. En l’espèce, le retard à l’inflammation du
d’autant plus grande que la masse d’explosif utilisée
grisou est alors remplacé par le retard de distillation des pous-
est moins grande.
sières combustibles.
Ceci impose que ces explosifs soient utilisés pour une charge
maximale limite fixée par les agréments délivrés par les autori-
tés compétentes (cf. arrêté du 11 décembre 1992).

■ L’influence du détonateur employé. Le détonateur utilisé


doit permettre la mise à feu de l’explosif selon une puissance
suffisante pour provoquer le régime de détonation. Si ce n’est
pas le cas, il existe deux dangers :
- les gaz de détonation produits peuvent contenir des gaz à
une température susceptible d’enflammer le grisou ;
- le régime de décomposition est une déflagration et non une
détonation, ce qui entraîne les mêmes risques que la poudre
noire.

Les tests effectués sur les détonateurs permettent de définir


l’efficacité et la régularité des effets des amorces.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 19


La classification des chantiers en atmosphère grisouteuse
En regard de ces éléments, la réglementation minière définit des types de chantiers de travaux souterrains qui conditionnent la nature des
explosifs autorisés et leur mode opératoire ; pour son utilisation dans le BTP, on prendra les critères similaires à défaut de classification
spécifique :
CHANTIER DE 1er TYPE : CHANTIER AU ROCHER
Chantier à poussières inflammables
Chantier grisouteux
ou peu inflammables
La surface de charbon représente moins - L’ouvrage progresse en dehors des zones - Il n’existe, sur un parcours de 1 m à partir
de 1/10e de celle du front de tir et moins de faillées et des régions connues suscep- du front de tir, ni accumulation de char-
1/5e des trous forés ont rencontré du char- tibles de donner lieu à des dégagements bon, ni dépôt de poussières combus-
bon. de grisou, et l’air introduit est parfaite- tibles, ni chantier au charbon, ni voie de
ment brassé. transport du charbon.
- Si le front de tir n’a pas rencontré de - S’il existe sur ce parcours des passées
charbon, les conditions permanentes de charbonneuses ou des veines de char-
l’aérage font que la teneur maximale bon, non traitées pour éviter toute émis-
locale en grisou quotidiennement vérifiée sion de poussières combustibles dans
ne dépasse pas 1 % au front d’avance- l’atmosphère au moment du tir, leur sur-
ment et à 100 m en arrière de celui-ci. face globale découverte est inférieure au
- Si le front de tir ou l’un des trous a 1/10e de la surface découverte, front de
recoupé le charbon, la pente n’excède tir compris.
pas 30 % en montant et la teneur locale
en grisou ne dépasse pas 0,5 %.

CHANTIER DE 2e TYPE : CHANTIER INTERMÉDIAIRE

Chantier qui n’appartient ni au 1er type ni au 3e type.


CHANTIER DE 3e TYPE : CHANTIER AU CHARBON

Chantier au charbon désigné 3B Chantier au charbon désigné 3A


Chantier au charbon
(grisouteux permanent ou épisodique) (grisouteux permanent ou épisodique)
Ce sont les chantiers qui présentent au - Les chantiers ne sont pas sous aérage - Les chantiers de 3e type qui ne sont pas
moins l’un des caractères suivants : principal. dans le groupe 3B sont désignés 3A.
- 1/10e de la surface découverte à front est
du charbon ;
- 1/5e du nombre de trous forés pour la
volée a rencontré du charbon.
- Les chantiers qui sont baignés par l’aé-
rage principal mais dont le retour d’air fait
apparaître une teneur maximale locale en
grisou au moins égale à 1 % à 30 mètres
de la sortie de ceux-ci.

20 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


LE CHOIX DES EXPLOSIFS ■ Avec la faible distance entre les trous dans les travaux souter-
L’exploitant doit utiliser des produits explosifs dont la toxicité des rains, il faut être rigoureux vis-à-vis des risques de désensibili-
fumées est compatible avec les conditions d’exploitation (décret sation dynamique surtout avec des explosifs de type
n° 92-1 164). émulsion. Attention aux risques de départ par sympathie.
L’employeur doit s’assurer que les conditions de retour des tra- ■ Pour les autres paramètres de choix (vitesse de détonation,
vailleurs au chantier soient compatibles avec la législation (teneur énergie de choc, énergie de gaz…), ils sont identiques à ceux
en gaz). des chantiers à ciel ouvert.
En travaux souterrains, si le chantier ne présente pas de risque de
gaz ou de poussières inflammables, tous les explosifs agréés sont Choix des amorces
autorisés à condition qu’ils soient compatibles avec les conditions On peut utiliser des détonateurs électriques ou « non élec-

d’emploi prévues par le fabricant. triques ».


Dans le cas de détonateurs électriques, on utilise des détonateurs
Conditions d’utilisation court-retard dans le bouchon (noté en chiffre romain sur le plan de
■ La durée de vie d’un explosif entre la date d’encartouchage et tir) et ordinaires dans le reste de la volée (noté en chiffre arabe
son utilisation ne doit pas dépasser 1 an. dans le plan de tir).
■ Le diamètre des trous de mine doit être impérativement plus
Pour obtenir plus de décalage dans les départs, on utilise égale-
important que le diamètre critique de l’explosif. En dessous de
ment des exploseurs séquentiels.
ce diamètre critique, la détonation est impossible.
Dans les travaux souterrains, la présence d’énergie électrique
Détonation pour l’alimentation de différents engins et équipements, le risque
impossible
Vitesse de détonation théorique de propagation des courants vagabonds par certains matériels
présentant à la fois la conductivité et la linéarité (rail, conduite
Vitesse de détonation

métallique, gaine électrique…) nécessitent l’utilisation de détona-


teur électrique HI (haute intensité), voire parfois en THI (très haute
intensité).

Diamètre de la charge
Diamètre critique

Fig.13 - Vitesse de détonation en fonction de la charge.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 21


SÉQUENCE

5 LES ARTIFICES
DE MISE DE FEU

LES DIFFÉRENTES CHAÎNES renseigner et d’adopter des mesures garantissant la sécurité vis-

PYROTECHNIQUES à-vis de ces départs intempestifs (choix de détonateur HI ou de

L’amorçage est obligatoirement postérieur. La mèche lente est système DTOC*).

interdite en travaux souterrains. Les détonateurs BI ne sont pratiquement plus utilisés sauf dans les
exploitations à risque grisouteux, car le risque d’initiation intempes-
APPAREIL DISPOSITIF CHARGE tif est trop important avec les autres types de détonateurs à cause
DE MISE DE FEU D’AMORÇAGE D’EXPLOSIF
des gaz présents dans le terrain.
- Exploseur - Détonateur
classique ordinaire ou
ou séquentiel. microretard, Sécurité totale ou partielle
- Pistolet électrique Dans les travaux souterrains, pour du tir séquentiel (réalisé à l’aide
starter initiateur. ou non électrique.
de détonateurs électriques ou non électriques) au niveau de la
- Détonateur
électronique. séquence d’amorçage, la sécurité doit être totale. La sécurité par-
- Cordeau détonant. tielle n’est pas admise. Cela signifie qu’aucune charge ne peut
- Booster.
être mise à feu sans que toutes les charges aient reçu leur signal
Dans les mines et carrières, les détonateurs de classe 0 (THI), I (HI) de mise à feu.
et II (MI) sont autorisés. Dans cet exemple, la dernière ligne est amorcée à 17 + 17 + 42
soit 76 ms. Le premier trou du bouchon doit partir après l’initiation
LES PARTICULARITÉS des 4 lignes soit après 76 ms. Il démarre avec un numéro V donc
D’UTILISATION à 125 ms. Le tir est en sécurité totale.
EN TRAVAUX SOUTERRAINS
Conséquences d’une détonation
Courants vagabonds dans un conduit
Ils se trouvent, par exemple, dans les galeries : la présence de conduit La configuration particulière des travaux en souterrains fait qu’il y
métallique, de rails, de champs générés par la proximité de moteurs a un effet directionnel des nuisances.
électriques, des ondes électromagnétiques émises par les émetteurs
Il faut donc être très vigilant vis-à-vis des premiers tirs de la galerie
radio, radars, téléphones mobiles. Ou alors, les courants vagabonds
qui vont provoquer des projections importantes pouvant aller très
peuvent être créés par des fuites électriques dans le sol…
loin. En cela, il est nécessaire de positionner des protections bien
Aucun détonateur électrique n’est à l’abri de départ intempestif
dimensionnées (grillage, tapis de convoyeur de concassage…).
dû à la foudre ou à des courants vagabonds du chantier parmi les
Il en est de même vis-à-vis de la surpression aérienne qui sera
exemples cités ci-dessus. C’est pourquoi il est important de se
davantage préjudiciable aux riverains se situant dans l’axe du tunnel.

22 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains * cf. Abréviations en fin d'ouvrage.
Fig. 14 - Plan de tir séquentiel.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 23


LES MATÉRIELS CONNEXES
Pour les opérations de chargement, on est amené à utiliser des
Fig. 16 - Curette.
accessoires aidant à la préparation et au chargement des trous de
mine, par exemple :
■ le bourroir,
■ la curette,
■ la soufflette,
■ la lampe.
Fig. 17 - Poinçon.

Fig. 18 - Lampe.

Fig. 15 - Bourroir.

24 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


SÉQUENCE

6 LE PLAN DE TIR

PLAN DE TIR EN TRAVAUX


SOUTERRAINS
Le plan de tir est obligatoire. Sur celui-ci doivent figurer :
■ la localisation : lieu, nom du chantier, localisation, date et
heure du tir ;
■ la géométrie du tir : l’emplacement des mines, la maille, la
profondeur de la volée, le diamètre de foration… ;
■ le chargement du tir : le type de chargement par mine, la
quantité et la nature de l’explosif par mine, la quantité et la
qualité des bourrages, le type de bouchon… ;
■ l’amorçage : le type de détonateur, la séquence de mise à feu…
Fig. 19 - Plan de tir classique amorçage type DTOC.
Avant et après chaque tir, un relevé géologique du front est réalisé.

L’amorçage séquentiel permet de réduire le nombre de charges


CONCEPTION ET ADAPTABILITÉ qui détonent en même temps.

L’amorçage des charges permet à celles-ci de détoner sur une Le concepteur va donner à chaque trou un ordre d’initiation qui va
surface libre active qui doit avoir un angle d’ouverture le plus s’articuler autour du bouchon.
grand possible. En amorçage classique, il suffit de suivre les numéros d’ordre

La surface de dégagement facilite l’achèvement du processus de définis pour tous les trous. Les trous appartenant à une même

fragmentation individuel de chaque charge. zone sont tirés en même temps, chaque zone dégagée laisse un
espace vide afin que les trous situés derrière puissent se dégager.
L’amorçage classique, ou tir monoligne, simplifie la conception du
En amorçage séquentiel, la procédure est plus longue puisqu’il
plan de tir car l’ensemble des trous de mines est raccordé sur la
faut d’abord déterminer les lignes de tir, puis les retards entre
même ligne. On l’utilise quand les contraintes vibratoires sont
lignes tout en respectant les règles du tir séquentiel (à savoir la
faibles.
sécurité totale).

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 25


PRÉDICTION DES EFFETS DU TIR
Une fois effectué, le tir peut être évalué d’un point de vue tech-
nique : la granulométrie du tir, le bon fonctionnement du bou-
chon, etc.

Ses nuisances sont également évaluées : les gaz, les poussières,


les vibrations, la surpression aérienne.

L’analyse des résultats permet de dimensionner les tirs suivants


afin de les optimiser et d’en diminuer les nuisances.

Fig. 20 - Plan de tir séquentiel électrique.

26 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


SÉQUENCE

7 ORGANISATION
D’UN ATELIER DE MINAGE

LIMITE DE RESPONSABILITÉ La sécurité du tir comprend notamment :


DES BOUTEFEUX ■ le respect du plan particulier de sécurité et de protection de la
ET DES PRÉPOSÉS AU TIR santé (PP SPS), ou, le cas échéant, du plan de prévention ;
■ le respect du dossier de prescriptions ;
Au-delà des responsabilités liées aux fonctions exercées et
attribuées par l’exploitant à ses préposés, la réglementation ■ la conformité des matériels et des matériaux liés au minage ;

impose aux préposés au tir et au boutefeu des obligations ■ l’emploi de personnes formées et habilitées ;
strictes. ■ le respect du plan de tir, éventuellement avec ses adaptations ;

Les préposés au tir sont les personnes désignées par le chef ■ le respect de la procédure de tir qui garantit la sécurité des

d’établissement pour manier les explosifs et les artifices de mise de travailleurs et des tiers ;

feu et exécuter le tir. Ils sont placés sous la surveillance et la ■ la surveillance et la mise en œuvre des explosifs selon les
responsabilité directe d’un « boutefeu » qui assure la sécurité du tir. règles de l’art ;
■ la traçabilité des explosifs et de leur usage.
Tous les préposés au tir doivent avoir reçu et posséder une copie
des articles L.2353-12 et L.2353-13 du Code de la défense Prendre connaissance du PP SPS
modifié par la loi n° 2005-1 550 du 12 décembre 2005 – art. 12
Le PP SPS et le plan de prévention sont des documents (établis
JORF 13 décembre 2005, relatif à la conduite à tenir en cas de vol
sous la responsabilité du chef d’établissement) qui formalisent la
des produits explosifs.
gestion des coactivités entre les entreprises intervenantes. Certaines

Assurer la sécurité du tir prescriptions y figurent comme, par exemple, les interférences entre
les intervenants sur le chantier ou celles résultant de la succession
L’unicité de la responsabilité dans la chaîne d’exécution est un de leurs activités quand une intervention laisse subsister, après son
élément important de sécurité qu’il ne faut pas négliger. C’est le achèvement, des risques pour les autres entreprises.
rôle principal du boutefeu, seul responsable aux yeux de la loi de
En matière d’explosifs, peuvent figurer notamment : des
la sécurité du tir. Des obligations de résultat pèsent sur le chef
prescriptions relatives à la position des dépôts d’explosifs ou des
d’établissement en matière de sécurité générale du chantier mais
zones d’entreposage temporaire des explosifs, au transport des
le boutefeu doit prendre toutes les mesures nécessaires, y
explosifs sur le site et aux consignes que doivent respecter les
compris s’opposer à ses hiérarchies si besoin, afin d’assurer la
autres intervenants sur le site, des conditions de balisage et
sécurité depuis l’arrivée des explosifs sur le pas de tir jusqu’à la
d’avertissement des périodes de tir, que ce soit vis-à-vis des
libération de la zone de sécurité du tir.
opérateurs d’autres entreprises que vis-à-vis des tiers.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 27


Prendre connaissance Prendre connaissance du plan de tir
du dossier de prescriptions
Le plan de tir est établi de manière théorique par les concepteurs
Le dossier (ou cahier) de prescriptions (établi par le chef de tir en tenant compte des conditions de terrain (état des
d’établissement) regroupe de manière simple, voire imagée, les discontinuités rocheuses, localisation, description géométrique,
règles à respecter pour l’exécution des divers travaux : propriétés mécaniques des joints, hydrologie, état des contraintes
in situ, fluage, effet d’échelle) et des performances attendues
■ stockage, transport, distribution des produits explosifs ;
(granularité, linéaire abattu, section, convergence maximale…).
■ chargement et amorçage des trous de mine ;
Il incombe au boutefeu de s’assurer que les hypothèses
■ mesure à prendre avant le tir (en relation avec la procédure de
principales correspondent bien à la réalité du front observé et
tir) ;
d’adapter éventuellement le plan de tir théorique à cette réalité.
■ retour au chantier et traitement des ratés ;
Ces adaptations porteront notamment sur :
■ collecte en fin de poste des produits explosifs non utilisés ;
■ les dimensions réelles de la section ;
■ explosifs détériorés ou suspects ;
■ le positionnement des forages (distance entre trous pouvant
■ comptabilité des explosifs. nécessiter une adaptation de la quantité d’explosifs) ;
Le cas échéant : ■ le nombre de forages réellement forés (ajout ou suppression
■ usage et entretien des exploseurs et des vérificateurs des de numéro de détonateur) ;
lignes de tir ; ■ la présence de zone de terrain plus détériorée que prévu
■ utilisation des détonateurs électriques lorsqu’on craint des (adaptation des quantités de la charge unitaire) ;
courants parasites ; ■ la présence de cavités perçues lors de la foration (adaptation
■ modalités de passation des consignes lors de travaux postés ; de la charge unitaire et de l’équipement du forage).
■ précautions à prendre en présence de gaz ou de poussières
inflammables ;
Établir la commande
de matériels et de matériaux
■ consignes relatives aux tirs spéciaux (tirs par charges
Pour réaliser ce plan de tir, le boutefeu est en mesure de réaliser la
superficielles et tirs fente).
commande de matériels et de matériaux dont il a besoin. La
commande globale pour l’ensemble du chantier peut être faite par
des personnes spécialisées et habilitées, mais le boutefeu
détermine ce dont il a besoin à chaque tir : substances explosives,

28 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


détonateurs, longueur de lignes de tir, connecteurs, système de Vérifier « l’autorisation » des
mise de feu, matériels connexes (bourroir, entonnoir, seau…). préposés au tir et des personnes
Les préposés au tir disposent sur la zone du front de tir les assurant la garde des explosifs
éléments nécessaires à la réalisation du tir : balisage de la zone de Formation
tir, substances explosives, détonateurs, moyens d’accès… Ils les
mettent en œuvre au moment du chargement et après la mise en Chaque préposé au tir suit :
place de la zone de sécurité. ■ une formation à son poste de travail ;

Vérifier l’autorisation d’emploi ■ une formation renforcée au poste de travail ;

des produits explosifs ■ une formation spécifique au minage avec une option travaux
souterrains. Cette formation lui permet d’obtenir le certificat
Tout produit, dès lors qu’il contient des produits explosifs, doit
de préposé au tir et l’option travaux souterrains ;
être autorisé à l’emploi. La certification CE donne, en principe,
l’autorisation d’utiliser les explosifs dans les conditions d’emploi ■ un maintien des connaissances d’une périodicité minimale de

prévues par le fabricant. deux demi-journées par an dans le BTP.

Cependant, certains produits, qui ne sont pas soumis à la Chaque personne assurant la garde des explosifs doit également
certification CE, doivent être agréés par l’INERIS à l’emploi. avoir reçu une formation à son poste de travail.

Le boutefeu vérifie que les produits qu’il met en œuvre sont Habilitation
autorisés.
Chaque préposé au tir est habilité à l’emploi des explosifs par la
Vérifier la conformité préfecture de son domicile.
du matériel connexe
Chaque préposé au tir, et toute personne ayant la garde des
Le matériel connexe est le matériel qui est nécessaire à la mise en explosifs ou ayant connaissance du mouvement des explosifs, est
œuvre mais qui n’entre pas dans la chaîne pyrotechnique ; on y habilitée « à la garde des explosifs » par la préfecture de son
trouve les bourroirs, les centreurs, les tubes de gainage des domicile.
forages…
Ces habilitations sont distinctes et doivent en permanence être
Ces matériels doivent être agréés par l’INERIS. détenues par les personnes concernées. Elles doivent être
Le boutefeu vérifie que les produits qu’il met en œuvre sont présentées sur demande aux autorités.
agréés.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 29


Visite médicale Assurer le suivi et la traçabilité
des explosifs (registre d’entrée
Chaque préposé au tir est soumis à une visite médicale auprès de
et de sortie)
son médecin du travail et doit être apte à cette activité. Cette
visite médicale est importante dans la mesure où le travail en Le boutefeu réalise le suivi de la consommation journalière des
souterrain expose à des maladies professionnelles particulières. explosifs. Il consigne sur le registre les entrées et sorties des
produits explosifs, les quantités prévues, reçues et consommées
Permis de tir
réellement.
Le préposé au tir, qui est désigné comme responsable du tir par le
Les substances explosives, ainsi que les détonateurs, comportent
chef d’établissement ou l’employeur, obtient de la part de celui-ci
désormais des marquages spécifiques qui servent à assurer la
un permis de tir sur lequel figurent :
traçabilité de ces produits. Chaque jour, les produits explosifs qui
■ la date de délivrance du certificat de préposé au tir ; ont été consommés doivent être listés par leur numéro de
■ la date de la dernière visite médicale d’aptitude ; marquage et cette liste doit être transmise aux fournisseurs
■ les options du certificat de préposé au tir détenues par (fabricants, distributeurs).
l’intéressé ;
■ les tirs autorisés dans l’établissement ;
Restituer le plan de tir réel et
le compte rendu du tir (adaptation
■ la durée de validité du permis de tir.
si nécessaire des paramètres de tir),
Le permis de tir est, en principe, valable pour la durée du chantier notamment les incidents de tir
dans le BTP et renouvelable pour chaque chantier. Cependant,
À chaque tir, le boutefeu doit rapporter à sa hiérarchie, sous la
lorsque le boutefeu réalise tout le temps des activités similaires, le
responsabilité du chef d’établissement, le plan de tir réel mis en
permis de tir peut être établi annuellement.
œuvre, les relevés des ratés et des incidents ainsi que les

Dans les carrières, le permis de tir peut être établi pour trois ans. éléments d’adaptation du plan de tir qui ont été nécessaires
(modification des paramètres de tir).

Ces éléments sont collectés, sous la responsabilité du chef


d’établissement, dans un dossier comprenant également les
plans de tir établis, les copies des permis de tir délivrés, le relevé
des accidents graves et des enseignements qui en ont été tirés.

30 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


RESPONSABILITÉ Étude de sécurité du travail
DES EMPLOYEURS Elle consiste à analyser les tâches, déterminer les dangers et les
L’utilisation des produits explosifs est considérée comme un acte situations dangereuses auxquelles sont exposés les travailleurs,
générant des dangers. Mais l’expérience a démontré que le évaluer les risques, hiérarchiser les risques et déterminer au travers
respect des obligations réglementaires et le professionnalisme d’un plan d’action, les mesures de prévention permettant d’assurer
des opérationnels préservent efficacement contre les accidents. le plus haut niveau de sécurité raisonnablement envisageable.
Choisir l’explosif comme méthode d’abattage ou de démolition
L’étude de sécurité du travail pour les travaux souterrains doit être
nécessite de s’interroger sur les conséquences possibles et
matérialisée et prendre différentes formes selon les situations
d’organiser le travail en tenant compte des risques encourus.
contextuelles :
La démarche que doit suivre le chef d’établissement dans le choix ■ un document unique pour l’évaluation de sécurité du travail au
de la méthode repose sur les principes généraux de prévention. sein de l’entreprise ;
■ un plan de prévention pour une intervention dans une
L’organisation des chantiers évolue et, aujourd’hui, la sous-
entreprise extérieure comme, par exemple, pour les carrières
traitance des activités devient acte courant, non pas comme
souterraines ;
auparavant par la sous-traitance globale de l’activité de
■ un plan particulier (PP SPS) dans le cadre d’un chantier de
terrassement, mais par la fragmentation des tâches liées au
minage ;
minage. Il en est ainsi de la mise en œuvre de l’explosif fabriqué
■ une étude de sécurité du travail (EST) dans le cadre d’une
sur site. Les responsabilités doivent donc être clairement établies
installation pyrotechnique telle qu’un dépôt d’explosifs.
et les documents administratifs clarifiés (cf. recommandation de
l’AFTES* concernant les UMFE*). Ces documents sont intégrés, le cas échéant, dans les procédures
de management de la sécurité propre à l’entreprise.
La coordination sur les chantiers, quel que soit son statut
juridique, doit permettre de régler les problèmes de coactivité, Par ailleurs, pour les activités relevant du BTP, le retour
notamment lors de la réalisation des opérations de minage, et de d’expérience relatif aux explosifs doit être effectif. Toutes les
définir les priorités impératives d’exécution des travaux. entreprises ont l’obligation d’envoyer un compte rendu à
l’OPPBTP pour chaque accident grave ou mortel, ainsi qu’un
compte rendu trimestriel de tous les accidents. En ce qui
concerne les carrières, ce compte rendu d’accident est à adresser
* cf. Abréviations en fin d’ouvrage. à la DREAL*.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 31


Dossier de prescriptions DÉTENTION ET CONSERVATION
techniques DES EXPLOSIFS
Issu de l’analyse des risques, le dossier (ou notice) de
Détention et livraison des explosifs
prescriptions techniques est un document requis par la
réglementation du travail, que ce soit pour les carrières ou pour le L’acquisition des explosifs est une démarche qui consiste, pour
BTP, afin de transcrire les consignes opérationnelles relatives à l’utilisateur, à justifier qu’il a la possibilité de conserver les produits
l’opération de minage envisagée (cf. p. 28). dans de bonnes conditions et en toute sécurité et, pour
l’administration, à s’assurer de la traçabilité et de l’intégrité de
Ce dossier doit comporter les procédures opérationnelles définies
l’entreprise. L’avis de certains services administratifs tels que la
dans le RGIE* et le décret n° 87-231 du 27 mars 1987 explicitées
DREAL* ou la DIRECCTE* est alors requis.
dans l’article 10 de la circulaire du 2 novembre 1987.
Les modes d’acquisition les plus fréquents dans les travaux
Il doit être transmis aux préposés au tir et au boutefeu pour
souterrains sont :
exécution. Il définit les procédures de sécurité qui doivent être
mises en œuvre lors de l’exécution des opérations de minage. ■ l’utilisation, dès réception, des produits explosifs en quantité
supérieure à 25 kg et 500 détonateurs ;
■ l’exploitation d’un dépôt fixe : le demandeur peut donc
conserver les explosifs et se voit attribuer un certificat
d’acquisition.

Le certificat d’acquisition est délivré par la préfecture du


département où sont conservés ou consommés les explosifs
selon qu’il s’agit d’un dépôt fixe ou d’une utilisation dès réception.

Cette procédure peut varier de 1 jour à 1 an selon les cas.

* cf. Abréviations en fin d’ouvrage.

32 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


Conservation et stockage TRANSPORT DES EXPLOSIFS
des explosifs
Le transport des explosifs fait l’objet d’un contrôle strict et continu
Les dépôts d’explosifs doivent faire l’objet d’un agrément des changements de détenteurs des explosifs à chaque phase de
technique de l’installation. Cet agrément technique est obtenu sur la circulation des produits. À tout moment, il doit être possible
demande auprès du préfet du département du lieu où est située d’identifier le responsable de la détention.
l’installation, s’il s’agit d’une installation fixe, et du département
Chaque étape est donc suivie :
du siège social ou du domicile de l’exploitant, s’il s’agit d’une
installation mobile. ■ le produit fait l’objet d’un marquage permettant son
identification ; ce marquage est effectué sur le lieu de
Lorsque le dépôt est soumis à autorisation au titre des ICPE*,
fabrication et sous la responsabilité du fabricant ;
l’autorisation délivrée vaut agrément technique ; cependant, lors
■ l’acquéreur des explosifs doit être détenteur d’un certificat
de l’établissement du dossier d’autorisation, des compléments
d’acquisition ;
doivent être fournis (mesures de prévention mises en œuvre
■ le transporteur doit être autorisé sauf s’il est détenteur d’un
relatives au vol des produits explosifs, avis de l’IPE*, de la DREAL*
certificat d’acquisition ou d’un bon de commande.
et des services de police et de gendarmerie).

À chaque étape, les documents formalisant le transfert de


La classification des dépôts pour l’environnement est modifiée de
responsabilité doivent être signés après vérification de la
la façon suivante :
cargaison. Le titre d’accompagnement portant reconnaissance
■ 0-100 kg : déclaration ;
signée de la prise en charge peut être utilisé comme pièce de
■ 100-500 kg : autorisation avec enregistrement ;
décharge.
■ 500 kg-10 t : autorisation ;
Les véhicules de transport doivent avoir été autorisés au transport
■ > 10 t : autorisation avec servitude.
des explosifs selon leur nature et la quantité transportée. Il existe
Par ailleurs, l’exploitation d’un dépôt d’explosifs est soumise à la ainsi trois sortes de véhicules : EX I, EX II, EX III.
détention d’une autorisation individuelle délivrée au pétitionnaire
Les règles techniques de conception et de construction des
(la personne physique qui va se livrer à cette exploitation ou la
équipements de transport des matières dangereuses sont
personne physique qui représente la personne morale).
précisées dans l’ADR* ainsi que les conditions de formation des
conducteurs et de toutes les personnes liées au transport de ces

* cf. Abréviations en fin d’ouvrage.


matières.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 33


Les règles techniques édictées portent notamment sur : La livraison doit conduire à l’inscription sur le registre des entrées
■ la classification des matières et objets dangereux au transport ; et des sorties des quantités de produits explosifs reçues.

■ la conception, la construction, l’agrément et la signalisation Le chef d’établissement doit conserver ce registre ainsi que les
des véhicules ; bons de livraison associés durant 10 ans.
■ les modalités de chargement, de circulation et de
stationnement ; Préparation des charges
■ les dérogations accordées pour les petites quantités ; Les charges doivent être préparées en application du plan de tir
■ si les quantités transportées sont inférieures à 100 kg théorique en tenant compte d’éventuelles adaptations ou
d’explosifs et 1 000 détonateurs et si le trajet n’excède pas corrections apportées par le boutefeu.
200 km, le préfet peut autoriser par dérogation le transport
En aucun cas, les cartouches ne peuvent être coupées car cette
simultané des détonateurs et des explosifs dans un même
action modifie l’encartouchage et le confinement de l’explosif.
véhicule.
Ceci a deux conséquences pénalisables :
Les transports à l’intérieur d’un site clos (chantier, carrières…) ■ modification probable du fonctionnement de l’explosif ;
n’échappent plus à ces règles ; les véhicules utilisés doivent donc
■ modification de la structure de la cartouche approuvée par
être conformes aux règles européennes pour être autorisés à
l’administration.
transporter ces matières dangereuses.
L’utilisation de pré-charges facilite la mise en œuvre en diminuant
le travail de manutention mais génère des contraintes telles que :
LIVRAISON ET CONSOMMATION
■ nécessité de disposer d’un atelier de pré-charges conforme ;
DES EXPLOSIFS
■ nécessité de lieux de stockage conformes ;
Livraison des explosifs ■ nécessité d’un niveau de qualité de la foration important.

La livraison des explosifs est une opération qui consiste à Des moyens d’accès aux différentes zones de chargement sont
transmettre la garde d’une cargaison à son destinataire. Cette prévus et sont compatibles avec l’utilisation des explosifs (poids
action doit être consignée par l’intermédiaire d’un bon de livraison des charges à placer, longueur des pré-charges, risque de chute
après que le boutefeu a vérifié l’état des produits, leur date de des charges depuis la plate-forme de travail…).
péremption et la quantité livrée.

34 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


Suivi de consommation et traçabilité Par ailleurs, les dépôts d’explosifs et toutes zones pyrotechniques
font l’objet d’une télésurveillance. La surveillance en direct par
Bien que le suivi de la consommation journalière soit de la
une personne située près du dépôt est désormais interdite.
responsabilité du boutefeu, il appartient au chef d’établissement
de vérifier la cohérence des consommations avec les livraisons et
Déclaration de vols
avec les stocks.
Tout vol d’explosifs doit être déclaré auprès de la police ou de la
En outre, il met en place les procédures de travail qui permettent
gendarmerie dans les 24 heures qui suivent le constat du vol.
de garantir la transmission des informations relatives à la
traçabilité des explosifs auprès des fournisseurs. Cette
transmission doit se faire de manière confidentielle. Toutes les TRAITEMENT DES DÉCHETS
personnes qui ont connaissance de ces informations doivent avoir
été habilitées « à la garde des explosifs ». Il convient de distinguer les déchets d’emballage et les déchets
de produits explosifs.
Conformité des produits
Déchets de produits explosifs
Quand le chef d’établissement réalise le choix et la commande
globale des explosifs, il doit s’assurer que ces explosifs sont Il s’agit des produits explosifs suspects, abandonnés ou qui
conformes aux prescriptions législatives et réglementaires. ont été récupérés après le tir dans les déblais.

Il est rappelé que seuls les explosifs détonants sont autorisés Il est précisé dans la réglementation que les produits explosifs
dans les travaux souterrains (et dans le BTP). Tous les produits à suspects ou qui ont été récupérés après un tir dans les déblais ne
base de poudre ou les générateurs de gaz ne sont pas autorisés doivent pas être réutilisés, mais détruits.
pour la fragmentation des roches.
Cette destruction peut être opérée en préparant une cartouche

Surveillance des explosifs amorce et en ligaturant autour les produits à détruire par petite
quantité (< 500 g). On procède ensuite en surface à la mise à feu
À la suite d’un raté de tir, si pour des raisons techniques le tir n’a
après avoir pris les précautions d’usage (gardiennage du
pu être repris, ou dans le cas d’un chargement interrompu du fait
périmètre dangereux).
de conditions climatiques ou de conditions techniques
exceptionnelles, les explosifs ne doivent pas être laissés à
l’abandon. Une surveillance permanente doit être mise en place
jusqu’à la reprise du tir.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 35


Afin de ne pas perturber l'environnement par l'onde de choc que Déchets d’emballage
crée ce mode de destruction, un retour vers le fabricant ou l'envoi
Deux cas peuvent se présenter :
vers une installation de destruction spécialisée peuvent être
envisagés. Ces opérations d'élimination des produits explosifs 1. il existe une procédure qui permet de garantir l’absence de
seront alors réalisés soit par brûlage ou soit des processus risque de pollution de l’emballage par les produits explosifs :
chimiques de destruction. Cependant, ce retour oblige à respecter dans ce cas, les déchets d’emballages peuvent être valorisés par
les conditions de transport sur route des explosifs. recyclage ou réemploi des matériaux. Cette valorisation est à la
charge des utilisateurs ;
Si, pour des raisons de sécurité, ce mode de destruction ne paraît
2. il n’existe pas de procédure permettant de garantir
pas satisfaisant, un retour vers le fabricant ou un acheminement
l’absence de risque de pollution par les produits explosifs :
vers une installation de destruction spécialisée peuvent être
c’est le plus souvent le cas sur les chantiers. Les déchets
envisagés. Ce retour oblige cependant au respect des conditions
d’emballage doivent être considérés comme des déchets
de transport sur route des explosifs. Le produit doit alors être de
d’explosifs et traités comme tels. Il est possible de procéder au
nouveau classé pour le transport et suivre les règles de transport
brûlage sous réserve que :
imposées par l’ADR* (transporteur autorisé, alarme,
■ l’autorisation au titre des installations classées le prévoit,
accompagnement, document administratif).
■ des mesures de précaution soient prises, notamment la
À noter : les explosifs nitratés peuvent être détruits par immersion délimitation d’un secteur affecté à la destruction et d’une
dans l’eau ; les émulsions sont dissoutes grâce à des produits distance de sécurité, l’utilisation de matériels de mise à feu
spéciaux, uniquement en possession des fabricants. appropriés, la rédaction d’une instruction de sécurité propre à
ce brûlage.

Comme pour les déchets d’explosifs, les déchets d’emballage


peuvent être retournés au fournisseur, à la charge de l’utilisateur.

* cf. Abréviations en fin d’ouvrage.

36 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


SÉQUENCE

8 ORGANISATION D’UN TIR

PROCÉDURE DE TIR CHARGEMENT DES EXPLOSIFS


La procédure de tir comprend : La mise en œuvre des produits explosifs en souterrain suit, pour
■ l’évacuation des matériels et des personnels de la zone de tir ; l’essentiel, les mêmes règles que pour les travaux à ciel ouvert.

■ la mise en sécurité des personnels travaillant sur d’autres ate- Des plates-formes élévatrices peuvent être utilisées dans les gale-
liers en aval du front (aux distances prévues par l’évaluation ries ; on appliquera alors les règles de sécurité liées au travail en
des risques) ; hauteur.
■ la mise en place des garde-issues (intertube) ; La mise en œuvre des explosifs doit se faire conformément au
■ le signal annonçant le tir et la vérification que toutes les per- plan de tir qui a été remis.
sonnes sont à l’abri ;
Préparation du chargement
■ la réalisation du tir ;
■ l’attente du délai lié à la ventilation de la galerie du fait de la Il est interdit de débuter les opérations de chargement des explo-
concentration des gaz (VLEP*) ; sifs avant que la foreuse ou le jumbo et tous les matériels non

■ la reconnaissance du chantier et du bon fonctionnement du tir ; indispensables soient évacués de la zone de tir.

■ le retour autorisé par un signal sonore conventionnel ; Si des véhicules sur piste doivent être utilisés pour la mise en

■ la purge ; œuvre des explosifs, leurs masses métalliques doivent être mises
à la terre.
■ le marinage.
Le boutefeu doit prendre toutes les mesures nécessaires afin
Lors du redémarrage des opérations de déblaiement des maté-
d’éviter l’accès à la zone de chargement à toute personne ne fai-
riaux, il peut être nécessaire de prévoir un équipement individuel
sant pas partie de l’équipe de minage.
respiratoire pour les personnes qui interviennent dans cette zone
parce que les gaz les plus lourds peuvent être emprisonnés dans Le boutefeu doit s’assurer qu’il peut réaliser les opérations de

les déblais. chargement sans interruption. Pour cela, il doit :


■ contrôler, à l’aide d’un bourroir, que les forages ont une sec-
tion suffisante sur toute la longueur ;
■ vérifier qu’il dispose des équipements, matériels, explosifs et
accessoires d’amorçage nécessaires à la réalisation du plan
de tir.
* cf. Abréviations en fin d’ouvrage.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 37


Amorçage Les trous de la volée sont décomposés en plusieurs groupes
selon leur mode de chargement : par exemple, charge de bou-
Les détonateurs sont répartis, selon le plan de tir, et glissés dans
chon, charge de relevage, charge de dégraissage, charge amortie,
l’embouchure du trou correspondant.
charge de découpage.
L’amorçage est obligatoirement postérieur. La préparation des pré-charges se fait dans un atelier prévu à cet

Pour les détonateurs pyrotechniques, il est possible d’utiliser effet. La quantité d’explosif stockée correspond à la livraison du

simultanément des retards ordinaires et des courts retards à jour, jusqu’à une volée d’avance, mais doit rester inférieure à la

condition que les détonateurs aient la même tête d’allumage consommation de 24 heures.

(même fabricant, même type) et que la durée de tir des courts Les personnes préparant les pré-charges doivent avoir suivi une
retards soit nettement inférieure à celle du premier retard utilisé. formation spécifique à leur poste de travail. Elles doivent être titu-
laires du certificat de préposé au tir puisqu’ils manipulent des
Ex. : le dernier détonateur court-retard du bouchon est un numéro
explosifs.
18 (450 ms) si le premier retard est un numéro 1 (500 ms) un écart
de temps entre les deux est satisfaisant. La totalité de la charge d’un trou type est reconstituée et insérée
dans un tube en matière plastique. Les différentes pré-charges
Chargement conventionnel sont différenciées par un code couleur afin de faciliter le travail
des opérateurs à front.
La cartouche amorce est réalisée au dernier moment. Elle est
1re charge fixée sur tube avec ruban adhésif
poussée à l’aide d’un bourroir en bois jusqu’au fond du trou, les
tiges du détonateur (électrique ou non électrique) étant mainte-
Charge bouchon : 7 cartouches 25/250 Lg 2 100 mm, jaune
nues tendues.

Les cartouches suivantes sont poussées une à une, de manière à Charge dégraissage : 7 cartouches 35/250 Lg 1 350 mm, bleue

être en contact avec les cartouches précédentes.


Charge relevage : 9 cartouches 35/250 Lg 1 550 mm, verte
Il est interdit d’introduire de force les cartouches dans un trou
Cordeau détonnant 10 gr Espaceur
de mine.
Charge découpage : 4 cartouches 25/100 Lg 2 200 mm équipée d'espaceurs, blanche
Utilisation de pré-charges Fig. 21 - Exemples de charges explosives.

L’utilisation de pré-charges sur les chantiers présente des avan- Pour éviter les arrachements en cours de tir, l’usage d’obturateurs
tages vis-à-vis de la qualité du chargement et de la productivité. à ailettes est presque systématique.

38 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


Chargement mécanisé PRÉCAUTIONS AVANT LE TIR
Le chargement mécanisé est utilisé pour le chargement de l’émul- L’accès aux trous de mines dont le chargement est terminé doit
sion. Une telle pratique nécessite que les personnes mettant en être interdit à toute personne étrangère aux opérations de minage.
œuvre l’explosif aient obtenu l’option 7 « chargement utilisant de
Avant le tir, le boutefeu doit :
l’énergie ».
■ s’assurer que tous les matériels et produits explosifs ont été
Bourrage évacués de la zone de tir, hors d’atteinte des projections ;

Le bourrage est obligatoire dans les travaux souterrains à risque ■ s’assurer que tous les personnels ont été évacués de la zone

de grisou ou de poussières inflammables. de tir et de la zone dangereuse ;


■ interdire les accès à la zone dangereuse ;
Le bourrage minimal en travaux souterrains ne doit pas être infé-
rieur à 12 cm. Il est constitué de matériaux adaptés remplissant la ■ annoncer le tir par un signal spécifique, perceptible et connu

totalité du trou (bourres de papier, bourres d’argile) ou par un dis- du personnel concerné, déterminé par le dossier de prescrip-

positif spécial agréé et adapté à cet usage. tion ;


■ prendre des précautions particulières lorsqu’un tir risque de
Le tir sans bourrage est autorisé sous certaines conditions dans
déboucher dans une galerie ouverte à la circulation.
les mines et carrières souterraines par l’arrêté du 11 décembre
1992 fixant les conditions du tir sans bourrage dans les travaux Le boutefeu doit quitter le chantier le dernier et doit réaliser lui-
autres que les travaux souterrains à risque de grisou ou de pous- même la mise à feu.
sières inflammables. À savoir :
■ la distance entre l’orifice du trou de mine et la partie antérieure
de la charge doit être au moins de 20 cm pour des mines infé-
rieures à 60 cm et de 1/3 de la longueur du trou si elle est
comprise entre 60 cm et 1,50 m et de 50 cm pour des mines
supérieures à 1,50 m ;
■ la charge amorce doit être placée du côté du fond du trou de
mine…

Fig. 22 - Risque d’un tir en galerie ouverte.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 39


DÉROULEMENT DU TIR Reconnaissance du chantier

Tous les trous d’un même front doivent être chargés et mis à feu À la fin du délai d’attente, le boutefeu, assisté d’un aide posté
en une seule volée. quelques mètres derrière lui, doit procéder à la reconnaissance du
chantier.

PRÉCAUTIONS APRÈS LE TIR Outre la détection de ratés éventuels, la reconnaissance du chan-


tier a pour but de vérifier que le toit et les parements sont sains.
Délai d’attente après le tir Un sondage est obligatoire et des purges pourront se révéler
nécessaires.
La réglementation prévoit un délai d’attente d'au moins trois
minutes pour les mines et carrières et d'au moins cinq minutes
pour les chantiers de travaux publics. Pendant ce délai, personne RISQUES SPÉCIFIQUES
n’est autorisé à pénétrer dans la zone dangereuse dont l’interdic-
tion doit être maintenue. Ce délai vise à pallier le risque d’explo- Le confinement
sion différée, il doit être inscrit sur la procédure de tir.
La section de travail des travaux souterrains peut varier de
Pour les chantiers à risque grisouteux, le délai d’attente doit être quelques mètres carrés à plusieurs dizaines de mètres carrés. Le
prolongé jusqu’à assainissement de l’atmosphère en grisou. port du casque est obligatoire du fait de la présence continue du
toit de la galerie et du risque de chute de blocs.
Ces délais peuvent être insuffisants pour l’évacuation des gaz de
tir. Il est souvent nécessaire d’attendre que les concentrations en Ce confinement occasionne plusieurs risques d’ordre mécanique :
gaz dangereux soient inférieures aux VLEP*. Au besoin, une ana- ■ l’absence d’éclairage naturel ;
lyse de l’atmosphère de travail sera effectuée afin d’autoriser le ■ la chute des blocs ;
retour dans les zones de travail.
■ le risque d’écrasement des piétons contre les parois du tunnel ;
■ les difficultés de croisement des engins et de circulation ;
■ la réverbération sur les parois et la canalisation des sons pro-
duits ;
■ les difficultés de renouvellement de l’air ;
■ la production ou l’accumulation de gaz.
* cf. Abréviations en fin d’ouvrage.

40 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


L’obscurité Le tir peut occasionner des dommages spécifiques. Au-delà du
niveau de bruit émis, la variation de la pression dans l’air peut
Une des particularités des travaux souterrains est qu’ils s’effec-
engendrer des effets de blast importants. Se mettre à distance et
tuent dans un environnement obscur. Le poste de travail est
à l’abri est une des mesures de précaution incontournable.
éclairé par une lumière artificielle. Les accès au poste de travail
sont cependant moins éclairés. Pour la sécurité, on doit respecter Au moment du tir, même à l’abri dans la cabane de tir, le port des

la consigne : protections auditives est obligatoire pour le boutefeu.

voir et être vu !
La toxicité des gaz
L’éclairage est en général double : un éclairage pour le travail et un
Gaz provenant des engins
éclairage de secours pour garantir l’éclairage en cas de panne de
Les gaz émis par les engins à moteur thermique (CO, CO2, NO,
l’éclairage principal.
NO2, SO2) peuvent être responsables de malaises si la ventilation
Il est recommandé de disposer d’une lampe frontale sur le casque
n’est pas suffisante.
ou d’un système d’éclairage portatif pour mieux se signaler en cas
de problème. Le port de vêtements à haute visibilité de niveau 2 Les engins travaillant à front pendant plusieurs heures disposent
s’impose. d’une double motorisation (électrique pour le travail effectif et
thermique pour les déplacements).
Le bruit La mise en place pour les moteurs thermiques de bacs de barbo-
Le travail dans un milieu confiné augmente le niveau de bruit tage (les gaz sont piégés dans un bac rempli d’eau) ou d’oxycata-
ambiant du chantier. Les bruits émanent particulièrement de l’air lyseurs (destruction des fumées par combustion) en sortie de pot
ventilé, des vibrations des supports des canars de ventilation, de d’échappement, ou encore l’utilisation de carburants verts sont
l’utilisation d’engins bruyants, de la superposition des ateliers de des mesures de prévention visant à diminuer la quantité de pol-
travail qui sont tous bruyants à eux seuls. Le chef d’établissement luants produite.
doit étudier les niveaux de bruit produits et mettre en place des
Gaz provenant des tirs
mesures visant à éviter, limiter ou réduire le bruit auquel les travail-
leurs sont exposés. Les fumées de tir dues à la détonation des explosifs sont impor-
tantes (environ 800 l/kg). Ces fumées contiennent, entre autres,
Au-delà des mesures techniques et organisationnelles qui doivent
des gaz toxiques comme le CO (monoxyde de carbone) et des
être mises en œuvre, les préposés au tir portent les protections
oxydes d’azote (NO et NO2). Ces gaz peuvent provoquer des
auditives qui leur sont attribuées (bouchons anti-bruit, bouchons
malaises graves et être mortels.
moulés, casque anti-bruit…).

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 41


La proportion de ces gaz dépend de la nature de l’explosif, de son Les concentrations de gaz admissibles sont les suivantes :
régime de détonation (elle augmente en cas de mauvais régime VLE VME
Produits
de détonation), de la résistance de la structure de la roche, du ppm mg/m3 ppm mg/m3
plan de tir… et surtout des conditions d’aérage. Oxyde de carbone CO 50 55
Dioxyde de carbone CO2 5 000 9 000
Les gaz de l’explosion forment généralement un « bouchon » sur
Monoxyde d’azote NO 25 30
environ 30 mètres qui est lent à se dissiper.
Dioxyde d’azote NO2 3 6
Une ventilation puissante est nécessaire pour évacuer rapidement Hydrogène sulfureux H2S 10 14 5 7

ces gaz. Anhydride sulfureux SO2 5 10 2 5


Acide nitrique HNO3 1 2,6
Limites (notion de VLEP) Acide sulfurique H2SO4 3 1
Aldéhyde formique H-CHO 1 0,5
Les valeurs limites d’exposition professionnelle, ou VLEP, sont
Figure 24 - Tableau des principales VLEP en travaux souterrains.
déclinées en valeurs moyennes d’exposition, ou VME, mesurées
sur 8 heures quotidiennes, et en valeurs limites d’exposition, ou Outre ces gaz « courants », on peut également trouver des terrains
VLE, mesurées sur une période de 15 minutes. Il s’agit des limites dont les émanations sont explosibles (méthane, hydrogène…) ou
maximales de concentration de gaz auxquelles les travailleurs radioactives (radon, uranium…). Les travaux dans ces terrains
peuvent être exposés sans dommage pour leur santé. On exprime nécessitent des prescriptions particulières qui font l’objet d’instruc-
ces niveaux en ppm (partie par million). tions et de procédures qu’il est indispensable de respecter.

Les concentrations de gaz réels sont mesurées à l’aide de cap-


teurs spéciaux et comparées aux VLEP.
La toxicité des poussières
L’exposition aux poussières peut entraîner quatre dommages :
■ des lésions pulmonaires (poussières de silice) ;
■ des lésions cutanées ;
■ des intoxications (poussières de plomb ou d’arsenic) ;
■ des explosions (en présence de charbon, les poussières
peuvent être inflammables).

Fig. 23 - Détecteur de gaz.

42 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


En ce qui concerne la toxicité des poussières, les concentrations Il est fondé sur trois principes :
limites (VME) sont les suivantes : ■ dilution des gaz par une ventilation soufflante ;
■ 1 mg/m3 pour les poussières alvéolaires ; ■ décollement du bouchon des gaz de tir grâce à la ventilation
■ 10 mg/m3 pour les poussières totales. soufflante et/ou des accélérateurs de flux d’air ;
■ aspiration au plus près de la production des poussières.
Certaines poussières présentent en plus un caractère toxique
aggravant : la silice, l’amiante, le plomb, l’arsenic… L’aérage permet donc d’évacuer l’air vicié. Il peut être avantageu-
sement complété par une aspersion des poussières avec de l’eau,
La silice cristalline est une forme très nocive ; trois composants
afin de limiter la propagation des fines particules dans la galerie.
ont été identifiés dans le mécanisme de la silicose : le quartz, la
tridymite et la cristobalite. L’évaluation du risque dû aux effets Le débit des ventilateurs est dimensionné en fonction de la taille
cumulés doit répondre à la formule suivante : de la section des galeries, de la puissance des matériels utilisés et
Cns Cq Ct Cc de la quantité de polluants produits.
+ + + <1
5 0.1 0.05 0.05
Réglementairement, ce débit d’air ne doit pas être inférieur à
Cns, Cq, Ct, Cc représentent respectivement la concentration en
0,2 m3/s par mètre carré de section ni à une valeur nominale de
poussières alvéolaires non silicogènes (mg/m3), en quartz, en tri-
2 m3/s.
dymite et en cristobalite.
Le débit d’air nécessaire pour compenser la pollution due aux
Le respect des instructions relatives à la ventilation selon les diffé-
engins thermiques s’estime à partir d’une valeur de référence de
rentes phases ainsi qu’au port des équipements de protection
50 l/s/CV pour chaque engin.
individuelle est une condition de sécurité importante pour les tra-
vailleurs. Cette ventilation doit permettre le maintien de la concentration
des gaz en dessous des VLEP.

AÉRAGE Le retour au chantier est fixé par le conducteur de travaux en

L’aérage* dans les travaux souterrains est obligatoire1. Il se fait en fonction des conditions d’aérage, du résultat des mesures et des

travaux souterrains miniers en ventilation dite primaire*, et, en prélèvements de gaz.

général, en travaux souterrains TP en ventilation secondaire*.

1. L’AFTES a édité une recommandation du groupe de travail GT27, relative à la


ventilation en travaux souterrains. Elle constitue pour les entreprises le support
à l’évaluation des modes opératoires d’aérage en fonction des phases de travail.
* cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage.
TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 43
Ventilation soufflante
La ventilation soufflante permet de décoller le bouchon de gaz
des tirs.
Fig. 26 - Ventilation aspirante en TP.
Les avantages sont les suivants :
■ assainissement rapide à front de taille ;
■ utilisation de canalisations souples ; Ventilation mixte
■ rapidité d’installation ; La ventilation soufflante se trouve en retrait de la canalisation

■ moindre coût. aspirante et possède un débit inférieur à celui de l’aspiration.

Les inconvénients sont : Ce système est plus coûteux mais permet de remplir les trois

■ obligation d’attendre l’évacuation totale des gaz dans la gale- fonctions de l’aspiration, à savoir :

rie d’accès ; ■ décoller le bouchon ;

■ pollution des galeries situées en aval du front. ■ diluer les gaz ;


■ aspirer les poussières.

Ceci sans risque de pollution des zones de la galerie situées en


aval du front.

Fig. 25 - Ventilation soufflante en TP. Dans le cas de l’utilisation des émulsions, une procédure spéci-
fique est à prévoir. La recommandation de l’AFTES* sur les UMFE*
Ventilation aspirante donne les éléments conceptuels de cette procédure.
Un tube aspire l’air vicié au front de taille. On a alors un air sain en
aval du front de la galerie.

Les inconvénients sont :


■ évacuation lente des gaz à front de taille ;
■ utilisation de gaine rigide.
Fig. 27 - Ventilation mixte.

* cf. Abréviations en fin d’ouvrage.

44 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


TERMINOLOGIE DES
TRAVAUX SOUTERRAINS2

Aérage : terme utilisé dans le BTP pour désigner le système, par- Décousu : zone de terrain située près du front de taille non soutenue.
fois complexe, de ventilation. Diaclase : fente dans une roche sans que les parties disjointes
Ancrage : accrochage dans la roche d’un dispositif de soutène- s’éloignent l’une de l’autre (ne pas confondre avec la faille). Il n’y a ni
ment (boulons à ancrage ponctuel ou réparti, ou dalle de béton) ou déplacement (pas de rejet), ni remplissage. Ce type de fracture est
d’une suspension destiné à résister à des contraintes de traction. souvent orienté perpendiculairement aux limites de stratification.
Ancrage actif : ancrage soumis à une précontrainte qui mobilise Explosif : substance ou mélange de substances susceptibles de
le sol en permanence (tirants d’ancrage). produire en un temps très court une grande quantité de gaz à
Ancrage passif : ancrage qui ne mobilise le sol que lorsqu’il est pression élevée, utilisée pour briser les matériaux.
soumis à un effort de traction ou de compression ; les efforts dans On distingue :
l’ancrage varient comme les efforts extérieurs (boulons, clous). ■ pour l’emploi :
Bouchon : groupe de mines destiné à libérer, dans le premier - les explosifs d’amorçage, placés en début de chaîne pyro-
temps d’un tir en galerie, le volume nécessaire à l’expansion de la technique,
- les explosifs de relais,
roche à abattre.
- les explosifs de chargement ;
Brisance d’un explosif : aptitude d’un explosif ou d’une compo-
■ du point de vue de la sensibilité :
sition explosive à fragmenter plus ou moins, à masse égale, un
- les explosifs primaires,
confinement donné. En 1962, SUTTERLIN a donné la définition - les explosifs secondaires ;
suivante :
■ du point de vue de l’état physique :
Ǘ = ȡ0 D2
- les explosifs solides,
où ȡ0 est la densité de chargement de l’explosif, D est la vitesse - les explosifs liquides,
de détonation, Ǘ est la brisance. - les explosifs en bouillie,
- les explosifs gazeux ;
Couche : épaisseur de terrain située le plus souvent dans des
■ du point de vue de la composition :
roches sédimentaires.
- les corps purs,
Coup de mine : tir de charges explosives contenues dans un trou - les mélanges (compositions explosives).
de mine.
Explosif détonant : substance dans laquelle la combustion se
2. Les définitions sont issues des documents suivants : propage à une vitesse supérieure à 1 000 m/s.
- dictionnaire de pyrotechnie (GTPS / AFP : Association française de pyrotechnie) ;
- dictionnaire thématique des mines et carrières (SIM : Société de l’industrie
minérale) ;
- glossaire géologique geo-alp ;
- réglementation.

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 45


Faille : cassure qui décale deux compartiments initialement situés Supportage : terme spécifique des travaux souterrains désignant
face à face. On distingue des failles normales ou directes, des le support, le soutien et/ou le portage.
failles inverses et des failles de décrochement (cisaillement hori- Tir de découpage : tir destiné à exécuter une rainure ou une sai-
zontal). gnée pour permettre l’extraction de blocs de roche de forme géo-
Front de taille : surface limitant le chantier du côté où il progresse. métrique régulière ; il se réalise par fissuration à partir de trous de
Limites d’inflammabilité, ou limites d’explosivité : une combus- mine tirés.
tion ne peut s’entretenir ou se propager que si la concentration du Traçage : opération qui consiste à ouvrir des voies en couche.
combustible dans le mélange gazeux se situe entre deux valeurs Ventilation primaire : courant d’air, naturel ou forcé par ventila-
limites : teurs, parcourant les galeries.
- on appelle limite inférieure d’inflammabilité (LIE) ou d’explosivité
Ventilation secondaire : circuit d’aérage d’un chantier par dériva-
d’un mélange, la concentration du combustible en dessous de
tion forcée sur le circuit d’aérage principal.
laquelle la combustion ne peut ni s’entretenir ni se propager ;
Voie : nom donné à tout ouvrage de communication souterraine,
- on appelle limite supérieure d’inflammabilité (LSE) ou d’explosi-
quelle que soit son inclinaison. On dit aussi creusement.
vité d’un mélange, la concentration du combustible en dessus
de laquelle la combustion ne peut ni s’entretenir ni se propager. Voûte : structure consolidée, plus ou moins stable, au-dessus du
vide laissé par l’excavation de la galerie.
Les valeurs des limites s’expriment en % des vapeurs du produit
dans l’air. Zone de broyage : appelée aussi brèche de faille. Elle est formée
par la fracturation locale induite par la friction entre deux compar-
Mines : trous de mine chargés d’explosif c’est-à-dire trous forés
timents de faille en mouvement. Elle est constituée de fragments
en vue d’un tir à l’explosif.
centimétriques anguleux, centimétriques à décimétriques, réunis
Pendage : angle du plan moyen d’une discontinuité géologique
par une purée de roche plus ou moins consolidée selon le cas :
avec l’horizontale.
elle dérive de roches qui se sont brisées sans s’écraser.
Substances explosives : substance, ou mélange de substances
solide ou liquide, qui peuvent elles-mêmes, par réaction chimique,
dégager des gaz ou des flux thermiques dans des conditions
telles qu’il en résulte des dommages aux alentours et destinée à
être utilisée pour les effets de son explosion ou à des fins pyro-
techniques (décret n° 79-846 modifié).

46 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains


ABRÉVIATIONS

AFTES : association française des tunnels et de l’espace souterrain

ADR : arrêté « ADR », relatif au transport des marchandises dangereuses par route

BRH : brise-roche hydraulique

DIRECCTE : direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi

DREAL : direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement

DTOC : dispositif par transmission d'onde de choc

EST : étude de sécurité du travail

ICPE : installation classées pour la protection de l’environnement

IPE : inspection des poudres et explosifs

RGIE : règlement général des industries extractives

TCOC : tubes conducteurs d'onde de choc

UMFE : unité mobile de fabrication d’explosifs

VLEP : valeurs limites d’exposition professionnelle

TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains - OPPBTP ∤ 47


Ont collaboré à cet ouvrage :

CATM (Conseil et assistance en terrassement et minage)


7 bis Impasse des Mimosas 34990 Juvignac
5ÊMGBYr&NBJMTEVDMPTDBUN!POMJOFGS

Université de Franche-Comté
www.univ-fcomte.fr

Conception & réalisation :


Achevé d’imprimer sur les presses de Graphicentre en octobre 2012.
Les secteurs d’activité concernés par les tirs à l’explosif sont variés. Des tirs en
mines et carrières aux tirs en milieu subaquatique ou en souterrain, tous nécessitent
des règles de sécurité précises qui, pour certains, demandent des formations
complémentaires.

Ce document de formation professionnelle, qui tient compte du référentiel de


compétences élaboré par le ministère de l’Éducation nationale, s’adresse aux
préposés au tir ayant suivi la formation de niveau 1 (cf. l’ouvrage de la même
collection Travaux à l’explosif CPT – Généralités) et qui veulent passer le certificat
CPT – Option 1 travaux souterrains.

Le programme de cette formation prend en compte les difficultés particulières


liées aux travaux souterrains, aussi bien du point de vue des techniques que des
indispensables règles de sécurité à respecter.

Réf. : D5 G 01 12
ISBN : 978-2-7354-0440-7
Prix : 12 €
édition et dépôt légal : 1re édition, octobre 2012

25 avenue du Général Leclerc - 92660 Boulogne-Billancourt Cedex


Tél. : 01 46 09 27 00 - www.preventionbtp.fr   

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