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Explosif Outerrains PDF
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PRATIQUES MÉTIER
L’OPPBTP est l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux
publics. Sa mission est de conseiller, former et informer les entreprises de ce
secteur à la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, et
à l’amélioration des conditions de travail. Grâce à son réseau de 320 collaborateurs
répartis dans 18 agences en France, l’OPPBTP accompagne les chefs d’entreprise
dans l’analyse des risques de leur métier, dans la réalisation du document unique, dans
la mise en œuvre de leur plan de formation.
L’OPPBTP propose aux entreprises des services et des formations personnalisés
répondant à leurs besoins. Il met à disposition sur son site www.preventionbtp.fr
diverses publications, outils pratiques, fiches conseils pour aider les entreprises dans
leur gestion de la prévention.
PRÉAMBULE
SÉQUENCE 1
INTRODUCTION 4
SÉQUENCE 2
CHOIX ET CONSÉQUENCES
DE L’UTILISATION
DE L’EXPLOSIF 5
Le choix de l’explosif 5
Les risques spécifiques au creusement
de galeries 5
La surface libre 7
SÉQUENCE 3
L’ABATTAGE PAR EXPLOSIF 8
La section d’un tunnel
et les différentes « mines » 8
Les différents bouchons utilisés 10
Le cycle d’abattage à l’explosif 14
ABRÉVIATIONS 47
1 INTRODUCTION
La présente formation a été conçue pour prendre en compte les difficultés particulières liées aux travaux souterrains.
Elle s’appuie sur le référentiel de l’éducation nationale. Nous traiterons les points suivants :
2
CHOIX ET CONSÉQUENCES
DE L’UTILISATION
DE L’EXPLOSIF*
L’utilisation de la poudre noire dans l’exécution des travaux Le tir à l’explosif en tunnel est réalisé en perforant le rocher à par-
miniers au XVIIe siècle constitue les premiers pas d’une technique tir du front de taille* des trous de mines* dans lesquels sont pla-
qui allait permettre de réaliser des exploits constructifs en matière cées les charges explosives munies de leurs détonateurs. La
de galerie souterraine. disposition des forages et les séquences de tir des charges à
mettre en œuvre font l’objet d’un plan de tir qui détermine à
Les limites des performances de cet explosif et les faibles moyens
l’avance comment la roche doit être abattue.
techniques disponibles pour la foration limitaient grandement, à
l’époque, les résultats obtenus. Il a fallu attendre l’invention de la
LE CHOIX DE L’EXPLOSIF
dynamite et la réalisation des grands tunnels routiers, notamment
celui du mont Cenis, pour que cette méthode soit développée en L’excavation des matériaux dans les travaux souterrains peut se
travaux souterrains. Ce tunnel afficha la transition nette entre des faire soit à l’aide d’engins mécaniques puissants, soit grâce à
rendements de 25 cm par jour à la poudre noire dans le granite et l’utilisation d’explosif.
de 2 mètres par jour à la dynamite.
Quand les terrains ont une dureté assez importante et une cohé-
Cet apport de technicité et les progrès importants concomitants sion suffisante, les explosifs peuvent être employés. Cette
en matière de forage furent à l’origine de la construction de tun- méthode présente l’avantage d’obtenir un meilleur avancement en
nels plus longs et plus grands. Les aménagements hydro-élec- comparaison aux techniques mécaniques.
triques confortèrent l’utilisation croissante de l’explosif tandis que
le secteur minier se développait de manière intensive, concourant L’utilisation des explosifs est soumise à une réglementation stricte
à accroître la consommation de cette matière. pour la sécurité des travailleurs et pour l’environnement du chantier.
Les accidents nombreux liés à l’utilisation des explosifs contri- LES RISQUES SPÉCIFIQUES
buèrent à la mise en place de dispositifs de mise de feu plus sûrs, AU CREUSEMENT DE GALERIES
de produits plus fiables et plus performants et de modes opéra-
toires plus élaborés. 1. Les difficultés géologiques sont les premiers risques que ren-
contrent les opérateurs lors de la construction d’une galerie.
De nos jours, le perfectionnement des techniques à l’explosif per-
Parmi elles, on peut noter :
met une adaptabilité aux conditions de site par la nature des
explosifs, par les modes de mise en œuvre et par les perfor- ■ la déformation plastique des terrains rocheux sous fortes
mances des équipements de forage. Les besoins les plus divers contraintes qui provoque des phénomènes d’éclatement bru-
sont couverts : exploitations minières, puits de grande profondeur, tal du front de taille* ou de la voûte* ;
cavernes de stockage d’hydrocarbures. * cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage.
Il est important de noter que, compte tenu de l’utilisation ulté- ration entre la roche devant être minée et la roche laissée en place
rieure de l’ouvrage (par ex. : routes, voies ferroviaires…), les parois après le tir.
3 L’ABATTAGE
PAR EXPLOSIF
LA SECTION D’UN TUNNEL ET Cette configuration nécessite l’utilisation d’une énergie spécifique
LES DIFFÉRENTES « MINES » plus importante dans les travaux souterrains pour évacuer les
matériaux.
La section d’un tunnel Les mines du bouchon
L’abattage se fait par passes ou par volées dont la longueur varie Pour que l’explosion soit efficace, il faut créer, dans un premier
selon le type de roches. Il peut être pleine section ou par sections temps, une surface libre. La première opération du minage
divisées. consiste donc en la création de cette surface libre, ce
sont les forages du bouchon.
* cf. Terminologie des travaux souterrains en fin d’ouvrage. Fig. 4 - Phase du prédécoupage.
V : écartement entre
La différence entre le prédécoupage et le post-découpage réside les trous du
bouchon
également dans la séquence d’amorçage. Le prédécoupage met B : largeur ou
banquette
à feu les mines de contour en premier alors que, pour le post-
Ø : diamètre du trou
découpage, les mines de contour sont mises à feu après les der- de décompression
En tout état de cause, cela ne sert à rien d’optimiser la quantité La séquence de tir consiste à élargir petit à petit les trous vides de
utilisée dans le bouchon : il faut qu’elle soit garante de l’éjection manière à ce que la cavité devienne suffisamment large pour ser-
du bouchon. La consommation des explosifs en tunnel est 4 à 5 vir de surface libre aux mines suivantes. En général, on utilise
fois supérieure à celle réalisée en terrassement. pour ces bouchons des courts retards en tir électrique.
La charge spécifique des trous de forage placés sous le bouchon Il existe, dans la littérature, divers arrangements des trous chargés
(mine de relevage) doit soulever les matériaux vers le vide laissé et non chargés dans un bouchon canadien en fonction de la qua-
par le bouchon et doit donc être élevée, tandis que les trous de lité et de la nature des roches.
TROUS de décompression
MINES d’abattage
Si on veut augmenter la profondeur d’avancement sans modifier Fig. 9 - Cinématique du bouchon à gros trous centraux.
le nombre de forages du bouchon, il faut alors augmenter le dia-
mètre du gros trou.
Ce bouchon tient son nom du fait que les mines forment un V largeur de section dépasse 5 à 6 m.
inversé par rapport au front. Chaque série de forages en « V » Il est à noter que les sections en V sont horizontales quand la fis-
constitue un plan horizontal placé les uns au-dessus des autres. suration majeure de la roche est plutôt verticale et, à l’inverse, les
L’angle entre les forages est voisin de 60°. sections en V sont verticales quand la fissuration est horizontale.
Bien que les trous soient convergents, ils fonctionnent de manière
On utilise, en théorie, des microretards pour ce type de bouchons.
isolée dans un ordre déterminé par les élargissements successifs.
L’intervalle entre chaque départ de charge doit être a minima tel
Par contre, la proximité des charges peut induire un effet d’autoal-
que la roche puisse se dilater et être expulsée. La littérature pré-
lumage des trous contigus lors du tir. Il faut donc respecter une
conise un délai minimal de 100 ms entre chaque charge.
distance d’au moins 20 cm entre chaque charge.
0,20 m
forage est un gage
essentiel de bon
fonctionnement du tir
e
et particulièrement du
départ du bouchon.
H2
L
H1
H’
Zf
L1
Zh
L2
LE CYCLE D’ABATTAGE
À L’EXPLOSIF
Le creusement traditionnel à l’explosif reste encore la technique
d’excavation la plus économique dans de nombreuses situations.
Fig. 11 - Exemple de bouchon cylindrique. Il obéit à un cycle spécifique composé de sept phases succes-
sives et répétitives.
La phase de chargement consiste à placer les substances explo- L’évacuation de ces matières dans un lieu confiné nécessite la
sives* dans les forages selon le plan de tir établi par le concepteur mise en place de moyens importants de ventilation, soit par dilu-
en fonction de la position des forages et du tir. Le chargement est tion (ventilation soufflante), soit par aspiration (ventilation aspi-
réalisé par les préposés au tir sous la direction du responsable du rante), soit les deux à la fois, pendant un temps variable en
tir appelé « boutefeu ». Cette phase nécessite une procédure spé- fonction de la quantité produite. Cette quantité va dépendre de la
cifique, dénommée « procédure de tir », qui sera décrite dans la nature et de la quantité de l’explosif, de la nature du rocher, de la
Les explosifs détonants* utilisés en travaux souterrains ont des LES EXPLOSIFS COUCHE,
capacités de brisance* importantes. L’énergie développée sert, COUCHE AMÉLIORÉE
d’une part, à fissurer les roches comprimées (énergie de choc),
ET ROCHER (TERRAINS
d’autre part à ouvrir les fissures, broyer les roches et expulser les
GRISOUTEUX)
blocs disloqués (énergie de gaz).
Diamètre de la charge
Diamètre critique
5 LES ARTIFICES
DE MISE DE FEU
LES DIFFÉRENTES CHAÎNES renseigner et d’adopter des mesures garantissant la sécurité vis-
interdite en travaux souterrains. Les détonateurs BI ne sont pratiquement plus utilisés sauf dans les
exploitations à risque grisouteux, car le risque d’initiation intempes-
APPAREIL DISPOSITIF CHARGE tif est trop important avec les autres types de détonateurs à cause
DE MISE DE FEU D’AMORÇAGE D’EXPLOSIF
des gaz présents dans le terrain.
- Exploseur - Détonateur
classique ordinaire ou
ou séquentiel. microretard, Sécurité totale ou partielle
- Pistolet électrique Dans les travaux souterrains, pour du tir séquentiel (réalisé à l’aide
starter initiateur. ou non électrique.
de détonateurs électriques ou non électriques) au niveau de la
- Détonateur
électronique. séquence d’amorçage, la sécurité doit être totale. La sécurité par-
- Cordeau détonant. tielle n’est pas admise. Cela signifie qu’aucune charge ne peut
- Booster.
être mise à feu sans que toutes les charges aient reçu leur signal
Dans les mines et carrières, les détonateurs de classe 0 (THI), I (HI) de mise à feu.
et II (MI) sont autorisés. Dans cet exemple, la dernière ligne est amorcée à 17 + 17 + 42
soit 76 ms. Le premier trou du bouchon doit partir après l’initiation
LES PARTICULARITÉS des 4 lignes soit après 76 ms. Il démarre avec un numéro V donc
D’UTILISATION à 125 ms. Le tir est en sécurité totale.
EN TRAVAUX SOUTERRAINS
Conséquences d’une détonation
Courants vagabonds dans un conduit
Ils se trouvent, par exemple, dans les galeries : la présence de conduit La configuration particulière des travaux en souterrains fait qu’il y
métallique, de rails, de champs générés par la proximité de moteurs a un effet directionnel des nuisances.
électriques, des ondes électromagnétiques émises par les émetteurs
Il faut donc être très vigilant vis-à-vis des premiers tirs de la galerie
radio, radars, téléphones mobiles. Ou alors, les courants vagabonds
qui vont provoquer des projections importantes pouvant aller très
peuvent être créés par des fuites électriques dans le sol…
loin. En cela, il est nécessaire de positionner des protections bien
Aucun détonateur électrique n’est à l’abri de départ intempestif
dimensionnées (grillage, tapis de convoyeur de concassage…).
dû à la foudre ou à des courants vagabonds du chantier parmi les
Il en est de même vis-à-vis de la surpression aérienne qui sera
exemples cités ci-dessus. C’est pourquoi il est important de se
davantage préjudiciable aux riverains se situant dans l’axe du tunnel.
22 ∤ OPPBTP - TRAVAUX À L’EXPLOSIF - CPT 1 - Option travaux souterrains * cf. Abréviations en fin d'ouvrage.
Fig. 14 - Plan de tir séquentiel.
Fig. 18 - Lampe.
Fig. 15 - Bourroir.
6 LE PLAN DE TIR
L’amorçage des charges permet à celles-ci de détoner sur une Le concepteur va donner à chaque trou un ordre d’initiation qui va
surface libre active qui doit avoir un angle d’ouverture le plus s’articuler autour du bouchon.
grand possible. En amorçage classique, il suffit de suivre les numéros d’ordre
La surface de dégagement facilite l’achèvement du processus de définis pour tous les trous. Les trous appartenant à une même
fragmentation individuel de chaque charge. zone sont tirés en même temps, chaque zone dégagée laisse un
espace vide afin que les trous situés derrière puissent se dégager.
L’amorçage classique, ou tir monoligne, simplifie la conception du
En amorçage séquentiel, la procédure est plus longue puisqu’il
plan de tir car l’ensemble des trous de mines est raccordé sur la
faut d’abord déterminer les lignes de tir, puis les retards entre
même ligne. On l’utilise quand les contraintes vibratoires sont
lignes tout en respectant les règles du tir séquentiel (à savoir la
faibles.
sécurité totale).
7 ORGANISATION
D’UN ATELIER DE MINAGE
impose aux préposés au tir et au boutefeu des obligations ■ l’emploi de personnes formées et habilitées ;
strictes. ■ le respect du plan de tir, éventuellement avec ses adaptations ;
Les préposés au tir sont les personnes désignées par le chef ■ le respect de la procédure de tir qui garantit la sécurité des
d’établissement pour manier les explosifs et les artifices de mise de travailleurs et des tiers ;
feu et exécuter le tir. Ils sont placés sous la surveillance et la ■ la surveillance et la mise en œuvre des explosifs selon les
responsabilité directe d’un « boutefeu » qui assure la sécurité du tir. règles de l’art ;
■ la traçabilité des explosifs et de leur usage.
Tous les préposés au tir doivent avoir reçu et posséder une copie
des articles L.2353-12 et L.2353-13 du Code de la défense Prendre connaissance du PP SPS
modifié par la loi n° 2005-1 550 du 12 décembre 2005 – art. 12
Le PP SPS et le plan de prévention sont des documents (établis
JORF 13 décembre 2005, relatif à la conduite à tenir en cas de vol
sous la responsabilité du chef d’établissement) qui formalisent la
des produits explosifs.
gestion des coactivités entre les entreprises intervenantes. Certaines
Assurer la sécurité du tir prescriptions y figurent comme, par exemple, les interférences entre
les intervenants sur le chantier ou celles résultant de la succession
L’unicité de la responsabilité dans la chaîne d’exécution est un de leurs activités quand une intervention laisse subsister, après son
élément important de sécurité qu’il ne faut pas négliger. C’est le achèvement, des risques pour les autres entreprises.
rôle principal du boutefeu, seul responsable aux yeux de la loi de
En matière d’explosifs, peuvent figurer notamment : des
la sécurité du tir. Des obligations de résultat pèsent sur le chef
prescriptions relatives à la position des dépôts d’explosifs ou des
d’établissement en matière de sécurité générale du chantier mais
zones d’entreposage temporaire des explosifs, au transport des
le boutefeu doit prendre toutes les mesures nécessaires, y
explosifs sur le site et aux consignes que doivent respecter les
compris s’opposer à ses hiérarchies si besoin, afin d’assurer la
autres intervenants sur le site, des conditions de balisage et
sécurité depuis l’arrivée des explosifs sur le pas de tir jusqu’à la
d’avertissement des périodes de tir, que ce soit vis-à-vis des
libération de la zone de sécurité du tir.
opérateurs d’autres entreprises que vis-à-vis des tiers.
des produits explosifs ■ une formation spécifique au minage avec une option travaux
souterrains. Cette formation lui permet d’obtenir le certificat
Tout produit, dès lors qu’il contient des produits explosifs, doit
de préposé au tir et l’option travaux souterrains ;
être autorisé à l’emploi. La certification CE donne, en principe,
l’autorisation d’utiliser les explosifs dans les conditions d’emploi ■ un maintien des connaissances d’une périodicité minimale de
Cependant, certains produits, qui ne sont pas soumis à la Chaque personne assurant la garde des explosifs doit également
certification CE, doivent être agréés par l’INERIS à l’emploi. avoir reçu une formation à son poste de travail.
Le boutefeu vérifie que les produits qu’il met en œuvre sont Habilitation
autorisés.
Chaque préposé au tir est habilité à l’emploi des explosifs par la
Vérifier la conformité préfecture de son domicile.
du matériel connexe
Chaque préposé au tir, et toute personne ayant la garde des
Le matériel connexe est le matériel qui est nécessaire à la mise en explosifs ou ayant connaissance du mouvement des explosifs, est
œuvre mais qui n’entre pas dans la chaîne pyrotechnique ; on y habilitée « à la garde des explosifs » par la préfecture de son
trouve les bourroirs, les centreurs, les tubes de gainage des domicile.
forages…
Ces habilitations sont distinctes et doivent en permanence être
Ces matériels doivent être agréés par l’INERIS. détenues par les personnes concernées. Elles doivent être
Le boutefeu vérifie que les produits qu’il met en œuvre sont présentées sur demande aux autorités.
agréés.
Dans les carrières, le permis de tir peut être établi pour trois ans. éléments d’adaptation du plan de tir qui ont été nécessaires
(modification des paramètres de tir).
■ la conception, la construction, l’agrément et la signalisation Le chef d’établissement doit conserver ce registre ainsi que les
des véhicules ; bons de livraison associés durant 10 ans.
■ les modalités de chargement, de circulation et de
stationnement ; Préparation des charges
■ les dérogations accordées pour les petites quantités ; Les charges doivent être préparées en application du plan de tir
■ si les quantités transportées sont inférieures à 100 kg théorique en tenant compte d’éventuelles adaptations ou
d’explosifs et 1 000 détonateurs et si le trajet n’excède pas corrections apportées par le boutefeu.
200 km, le préfet peut autoriser par dérogation le transport
En aucun cas, les cartouches ne peuvent être coupées car cette
simultané des détonateurs et des explosifs dans un même
action modifie l’encartouchage et le confinement de l’explosif.
véhicule.
Ceci a deux conséquences pénalisables :
Les transports à l’intérieur d’un site clos (chantier, carrières…) ■ modification probable du fonctionnement de l’explosif ;
n’échappent plus à ces règles ; les véhicules utilisés doivent donc
■ modification de la structure de la cartouche approuvée par
être conformes aux règles européennes pour être autorisés à
l’administration.
transporter ces matières dangereuses.
L’utilisation de pré-charges facilite la mise en œuvre en diminuant
le travail de manutention mais génère des contraintes telles que :
LIVRAISON ET CONSOMMATION
■ nécessité de disposer d’un atelier de pré-charges conforme ;
DES EXPLOSIFS
■ nécessité de lieux de stockage conformes ;
Livraison des explosifs ■ nécessité d’un niveau de qualité de la foration important.
La livraison des explosifs est une opération qui consiste à Des moyens d’accès aux différentes zones de chargement sont
transmettre la garde d’une cargaison à son destinataire. Cette prévus et sont compatibles avec l’utilisation des explosifs (poids
action doit être consignée par l’intermédiaire d’un bon de livraison des charges à placer, longueur des pré-charges, risque de chute
après que le boutefeu a vérifié l’état des produits, leur date de des charges depuis la plate-forme de travail…).
péremption et la quantité livrée.
Il est rappelé que seuls les explosifs détonants sont autorisés Il est précisé dans la réglementation que les produits explosifs
dans les travaux souterrains (et dans le BTP). Tous les produits à suspects ou qui ont été récupérés après un tir dans les déblais ne
base de poudre ou les générateurs de gaz ne sont pas autorisés doivent pas être réutilisés, mais détruits.
pour la fragmentation des roches.
Cette destruction peut être opérée en préparant une cartouche
Surveillance des explosifs amorce et en ligaturant autour les produits à détruire par petite
quantité (< 500 g). On procède ensuite en surface à la mise à feu
À la suite d’un raté de tir, si pour des raisons techniques le tir n’a
après avoir pris les précautions d’usage (gardiennage du
pu être repris, ou dans le cas d’un chargement interrompu du fait
périmètre dangereux).
de conditions climatiques ou de conditions techniques
exceptionnelles, les explosifs ne doivent pas être laissés à
l’abandon. Une surveillance permanente doit être mise en place
jusqu’à la reprise du tir.
■ la mise en sécurité des personnels travaillant sur d’autres ate- Des plates-formes élévatrices peuvent être utilisées dans les gale-
liers en aval du front (aux distances prévues par l’évaluation ries ; on appliquera alors les règles de sécurité liées au travail en
des risques) ; hauteur.
■ la mise en place des garde-issues (intertube) ; La mise en œuvre des explosifs doit se faire conformément au
■ le signal annonçant le tir et la vérification que toutes les per- plan de tir qui a été remis.
sonnes sont à l’abri ;
Préparation du chargement
■ la réalisation du tir ;
■ l’attente du délai lié à la ventilation de la galerie du fait de la Il est interdit de débuter les opérations de chargement des explo-
concentration des gaz (VLEP*) ; sifs avant que la foreuse ou le jumbo et tous les matériels non
■ la reconnaissance du chantier et du bon fonctionnement du tir ; indispensables soient évacués de la zone de tir.
■ le retour autorisé par un signal sonore conventionnel ; Si des véhicules sur piste doivent être utilisés pour la mise en
■ la purge ; œuvre des explosifs, leurs masses métalliques doivent être mises
à la terre.
■ le marinage.
Le boutefeu doit prendre toutes les mesures nécessaires afin
Lors du redémarrage des opérations de déblaiement des maté-
d’éviter l’accès à la zone de chargement à toute personne ne fai-
riaux, il peut être nécessaire de prévoir un équipement individuel
sant pas partie de l’équipe de minage.
respiratoire pour les personnes qui interviennent dans cette zone
parce que les gaz les plus lourds peuvent être emprisonnés dans Le boutefeu doit s’assurer qu’il peut réaliser les opérations de
Pour les détonateurs pyrotechniques, il est possible d’utiliser effet. La quantité d’explosif stockée correspond à la livraison du
simultanément des retards ordinaires et des courts retards à jour, jusqu’à une volée d’avance, mais doit rester inférieure à la
condition que les détonateurs aient la même tête d’allumage consommation de 24 heures.
(même fabricant, même type) et que la durée de tir des courts Les personnes préparant les pré-charges doivent avoir suivi une
retards soit nettement inférieure à celle du premier retard utilisé. formation spécifique à leur poste de travail. Elles doivent être titu-
laires du certificat de préposé au tir puisqu’ils manipulent des
Ex. : le dernier détonateur court-retard du bouchon est un numéro
explosifs.
18 (450 ms) si le premier retard est un numéro 1 (500 ms) un écart
de temps entre les deux est satisfaisant. La totalité de la charge d’un trou type est reconstituée et insérée
dans un tube en matière plastique. Les différentes pré-charges
Chargement conventionnel sont différenciées par un code couleur afin de faciliter le travail
des opérateurs à front.
La cartouche amorce est réalisée au dernier moment. Elle est
1re charge fixée sur tube avec ruban adhésif
poussée à l’aide d’un bourroir en bois jusqu’au fond du trou, les
tiges du détonateur (électrique ou non électrique) étant mainte-
Charge bouchon : 7 cartouches 25/250 Lg 2 100 mm, jaune
nues tendues.
Les cartouches suivantes sont poussées une à une, de manière à Charge dégraissage : 7 cartouches 35/250 Lg 1 350 mm, bleue
L’utilisation de pré-charges sur les chantiers présente des avan- Pour éviter les arrachements en cours de tir, l’usage d’obturateurs
tages vis-à-vis de la qualité du chargement et de la productivité. à ailettes est presque systématique.
Le bourrage est obligatoire dans les travaux souterrains à risque ■ s’assurer que tous les personnels ont été évacués de la zone
totalité du trou (bourres de papier, bourres d’argile) ou par un dis- du personnel concerné, déterminé par le dossier de prescrip-
Tous les trous d’un même front doivent être chargés et mis à feu À la fin du délai d’attente, le boutefeu, assisté d’un aide posté
en une seule volée. quelques mètres derrière lui, doit procéder à la reconnaissance du
chantier.
voir et être vu !
La toxicité des gaz
L’éclairage est en général double : un éclairage pour le travail et un
Gaz provenant des engins
éclairage de secours pour garantir l’éclairage en cas de panne de
Les gaz émis par les engins à moteur thermique (CO, CO2, NO,
l’éclairage principal.
NO2, SO2) peuvent être responsables de malaises si la ventilation
Il est recommandé de disposer d’une lampe frontale sur le casque
n’est pas suffisante.
ou d’un système d’éclairage portatif pour mieux se signaler en cas
de problème. Le port de vêtements à haute visibilité de niveau 2 Les engins travaillant à front pendant plusieurs heures disposent
s’impose. d’une double motorisation (électrique pour le travail effectif et
thermique pour les déplacements).
Le bruit La mise en place pour les moteurs thermiques de bacs de barbo-
Le travail dans un milieu confiné augmente le niveau de bruit tage (les gaz sont piégés dans un bac rempli d’eau) ou d’oxycata-
ambiant du chantier. Les bruits émanent particulièrement de l’air lyseurs (destruction des fumées par combustion) en sortie de pot
ventilé, des vibrations des supports des canars de ventilation, de d’échappement, ou encore l’utilisation de carburants verts sont
l’utilisation d’engins bruyants, de la superposition des ateliers de des mesures de prévention visant à diminuer la quantité de pol-
travail qui sont tous bruyants à eux seuls. Le chef d’établissement luants produite.
doit étudier les niveaux de bruit produits et mettre en place des
Gaz provenant des tirs
mesures visant à éviter, limiter ou réduire le bruit auquel les travail-
leurs sont exposés. Les fumées de tir dues à la détonation des explosifs sont impor-
tantes (environ 800 l/kg). Ces fumées contiennent, entre autres,
Au-delà des mesures techniques et organisationnelles qui doivent
des gaz toxiques comme le CO (monoxyde de carbone) et des
être mises en œuvre, les préposés au tir portent les protections
oxydes d’azote (NO et NO2). Ces gaz peuvent provoquer des
auditives qui leur sont attribuées (bouchons anti-bruit, bouchons
malaises graves et être mortels.
moulés, casque anti-bruit…).
L’aérage* dans les travaux souterrains est obligatoire1. Il se fait en fonction des conditions d’aérage, du résultat des mesures et des
Les inconvénients sont : Ce système est plus coûteux mais permet de remplir les trois
■ obligation d’attendre l’évacuation totale des gaz dans la gale- fonctions de l’aspiration, à savoir :
Fig. 25 - Ventilation soufflante en TP. Dans le cas de l’utilisation des émulsions, une procédure spéci-
fique est à prévoir. La recommandation de l’AFTES* sur les UMFE*
Ventilation aspirante donne les éléments conceptuels de cette procédure.
Un tube aspire l’air vicié au front de taille. On a alors un air sain en
aval du front de la galerie.
Aérage : terme utilisé dans le BTP pour désigner le système, par- Décousu : zone de terrain située près du front de taille non soutenue.
fois complexe, de ventilation. Diaclase : fente dans une roche sans que les parties disjointes
Ancrage : accrochage dans la roche d’un dispositif de soutène- s’éloignent l’une de l’autre (ne pas confondre avec la faille). Il n’y a ni
ment (boulons à ancrage ponctuel ou réparti, ou dalle de béton) ou déplacement (pas de rejet), ni remplissage. Ce type de fracture est
d’une suspension destiné à résister à des contraintes de traction. souvent orienté perpendiculairement aux limites de stratification.
Ancrage actif : ancrage soumis à une précontrainte qui mobilise Explosif : substance ou mélange de substances susceptibles de
le sol en permanence (tirants d’ancrage). produire en un temps très court une grande quantité de gaz à
Ancrage passif : ancrage qui ne mobilise le sol que lorsqu’il est pression élevée, utilisée pour briser les matériaux.
soumis à un effort de traction ou de compression ; les efforts dans On distingue :
l’ancrage varient comme les efforts extérieurs (boulons, clous). ■ pour l’emploi :
Bouchon : groupe de mines destiné à libérer, dans le premier - les explosifs d’amorçage, placés en début de chaîne pyro-
temps d’un tir en galerie, le volume nécessaire à l’expansion de la technique,
- les explosifs de relais,
roche à abattre.
- les explosifs de chargement ;
Brisance d’un explosif : aptitude d’un explosif ou d’une compo-
■ du point de vue de la sensibilité :
sition explosive à fragmenter plus ou moins, à masse égale, un
- les explosifs primaires,
confinement donné. En 1962, SUTTERLIN a donné la définition - les explosifs secondaires ;
suivante :
■ du point de vue de l’état physique :
Ǘ = ȡ0 D2
- les explosifs solides,
où ȡ0 est la densité de chargement de l’explosif, D est la vitesse - les explosifs liquides,
de détonation, Ǘ est la brisance. - les explosifs en bouillie,
- les explosifs gazeux ;
Couche : épaisseur de terrain située le plus souvent dans des
■ du point de vue de la composition :
roches sédimentaires.
- les corps purs,
Coup de mine : tir de charges explosives contenues dans un trou - les mélanges (compositions explosives).
de mine.
Explosif détonant : substance dans laquelle la combustion se
2. Les définitions sont issues des documents suivants : propage à une vitesse supérieure à 1 000 m/s.
- dictionnaire de pyrotechnie (GTPS / AFP : Association française de pyrotechnie) ;
- dictionnaire thématique des mines et carrières (SIM : Société de l’industrie
minérale) ;
- glossaire géologique geo-alp ;
- réglementation.
ADR : arrêté « ADR », relatif au transport des marchandises dangereuses par route
Université de Franche-Comté
www.univ-fcomte.fr
Réf. : D5 G 01 12
ISBN : 978-2-7354-0440-7
Prix : 12 €
édition et dépôt légal : 1re édition, octobre 2012