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Procès-verbal de

l'Assemblée-générale du
clergé de France, tenue à
Paris... en l'année mil sept
cent quatre-vingt-cinq, [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


France. Assemblée générale du clergé. Procès-verbal de
l'Assemblée-générale du clergé de France, tenue à Paris... en
l'année mil sept cent quatre-vingt-cinq, et continuée en l'année
mil sept cent quatre-vingt-six... . M. l'abbé de Périgord, ancien
agent général, secrétaire de l'Assemblée.... 1789.

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PROCÈS
VERBAL
DE L'ASSEMBLÊE
GÉNÉRALE
DU CLERGÉ,
DE L'ANNÉE M.- DC|. LXXXV, ^!fù
C O N T 1 NVÊ E
EN M. DCC. LXXXVI.
PREMIERE PARTIE;
PROCÈS-VERBAL
DE
L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
DU CLERGÉ
DE FR AN C E,
TENUE A PARIS, AU COUVENT DES GRANDS-AUGUSTINS,
EN U ANNÉE MIL SEPT CENT QUATRE-VINGT-CINQ,

ET CONTINUÉE EN VANNÉE MIL SEPT CENT QUATRE-VINGT-SIX.

Monsieur l'Abbé DE PERIGORD, ancien Agent-Général,


Secré^^de l'Assemblée, &í depuis Evêque d'Autun.
[S-té&lkKEMIERE PARTIE.

A PARIS,
De rimprimerie de Gu i LLAUM E D E s P RE z Imprimeur
>
ordinaire du Roi &C du Clergé de France.

M. DCC. LXXXIX.
AVEC PRIVILEGE DU ROI,
PROCÈS-VERBAL
D E
RASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
DU CLERGÉ DE FRANCE,
TENUE A PARIS,
AU COUVENT DES GRANDS-AUGUSTINS,
En Tannée mil sept cent quatre-vingt-cinq.

DU LUNDI, VINGT-TROIS MAI i7%$i


à quatre heures de relevée che^ Monseigneur ïArche-
j
vêque DE NARBONNEJ en son Hôtel, rue Saint-
Dominique Fduxbourg Saint-Germain.
j
'AN mil sept cent quatre vingt - cinq, le 1PREMIERE
-
Lundi, z3 Mai, Messeigneurs les Archevê- SEANCE.'
ques &: Evêques, &: Messieurs les Députés;
du second Ordre, convoqués pour l'Aíîem-
blée Générale du Clergé de France, qui
-
doit se tenir a Paris en la présente annee, se sont rendus
à i'Hôtel de Monseigneur l'Archevêque de Nairbonne.
Messeigneurs & Messieurs étant astis, Monseigneur
l'Archevêque de Narbonne a dit :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
L'usage constant de tenir la première Séance chez le
Procès-verbal de 178J. A
% PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
plus ancien àcs Députés, me procure aujourd'hui Thon-
neur de vous recevoir. Permettez-moi de profiter de cette
occaíîon pour être le premier à former les voeux les plus
fidèles &L les plus sincères pour le succès de l'Assemblée
que nous allons tenir.
Ce Prélat a ajouté, que, pour être mieux instruit des
intentions du Roi} on commenceroit 5 suivant Tusage
&C sous le bon plaisir de l'Assemblée, par la lecture de
la Lettfe du Roi à Messieurs les Agents-Généraux;
pour la convocation de FAssemblée.
Monsieur l'Abbé de Pério-ord a fait lecture de la Lettre
de Sa Majesté ainsi qu'il fuit.
,

LETTRE DU ROI.
DE PAR LE ROI.
TRÈS-CHERS ET BIEN-AMÉS.
Tf Es Assemblées-Générales du Clergé devant se tenir
M À de cinq ans en cinq ans suivant l'usage êG les Contrats
3
que le feu Roi a passés avec notredit Clergé _, pour donner
moyen , à ceux qui le composent j de délibérer de leurs
affaires ; <$€ ces Assemblées ayant toujours produit beau-
coup davantage au bien de notre service oG au bon gouver-
nement de cet Ordre _, nous vous faisons cette Lettre., pour
l
vous dire que nous voulons ÓC entendons que Assemblée-
Générale joit convoquée au vingt - troisième jour du mois
de Mai de tannée prochaine 1785, en notre bonne ville
de Paris âG que., suivant le devoir de vos charges vous
* 5
en doimìe^ avis > de notre part s aux Archevêques de notre
Royaume afin quils aient à convoquer promptement leurs
j
Assemblées Provinciales cG
- , que ceux qui seront députés
pour £ Assemblée-Générale étant avertis piaffent préparer
3 >
DV CLERGÉ DE FRANCE > 2$ MAI 178/; '$<
les Mémoires de ce qu'ils auront à y proposer j SG se ren-
dre en notredite ville de Paris au jour désigné; SG comme
par le compte que vous ave^ rendu du travail dont l'Afi
semblée Générale de 1780 vous a chargés au sujet des
-
emprunts SG des remboursements que les Diocèses ont faits
l
depuis année 1710, tant fur les anciennes rentes,
que
fur les nouvelles dont ils se sont rachetés il paroît qu'il
, .,
y en a encore plusieurs qui font en retardement fur lefdits
remboursements3 nous voulons que vous avertissiez les Sieurs
Archevêques, qu ils aient à déclarer dans leurs Assemblées-
Provinciales que notre intention efl que ceux qui n ont
j >
-point encore acquitté les sommes quds aurçient dû rembour-
ser fur lesdites anciennes SG nouvelles rentes aient à y sa-
*
tisfaire dans les délais prescrits par les Délibérations du.
Clergé SG a vous en envoyer les Pièces Jujlificatives in-,
j
ceffamment. Nous voulons de plus que cette Assemblée ne
fuisse durer que le temps de quatre mois suivant les an-
>
ciens Règlements ; quil n y ait que quatre Députés de cha-
que Province ; savoir, deux du premier Ordre, SG deux
du second sous quelque prétexte que ce puisse être SG que
j j
les Règlements qui ont étéfaits par les précédentes Assem-
blées du Clergé, soient régulièrement observés tant
, en ce
qui concerne les taxes à faire pour chacun des Députés
quà légard de la nomination des Agents par les Provin-j
ces qui font en tour de les nommer : ces de quoi nous vous
chargeons particulièrement de les avertir fi riy faites faute*
j
CAR tel efl notre plaisir. DONNÉ à Versailles, le quinte
Août mil sept cent quatre-vingt-quatre. Signé, LOUIS ;
ÔC plus bas, le Baron DE BRET EU IL.

Et au dos est écrit \ A nos très chers SG bien - amés


-
Conseillers en notre Conseil d Etat les Agents-Généraux
^
du. Clergé de France.
A x
4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

?
Après la lecture de la Lettre du Roi, Monseigneur l'Ar-»
chevêque de Narbonne a dit que , suivant les Régie-»
ments du Clergé, Messeigneurs ë£ Meilleurs les Députés
font dans l'ufage de remettre, dès la première Séance, les
Procurations de leurs Provinces entre les mains de Mes-
sieurs les Agents-Généraux pour les examiner, & en faire
leur rapport j qu'à l'égard de Messieurs les Députés du
second Ordre, les mêmes Règlements exigent qu'ils jus-
tifient par les Lettres d'Ordination ou par des preuves
,
équivalentes, qu'ils font dans les Ordres sacrés. En con-
séquence Messieurs les Agents ont reçu les Procurations
de Messeigneurs &; de Messieurs les Députés, ainsi que
les Lettres d'Ordination de ces derniers.
La Séance a été indiquée à Mercredi prochain, z$\
Mai, à dix heures du matin, aux Grands-Augustins.
&gné, i$i ARTHUR-RICHARD, Archevêque &: PriV
mat de Narbonne, Président.

DU MERCREDI, WNGT-CINQ MAI 1785,


a dix heures du matin, aux Grands-Augufiins.
,,

n.
SÉANCE.
MEsseigneurs les Archevêques &C Evêques, 8í Mes-
sieurs les Députés du second Ordre fe font rendus
aux Grands-Augustins, &C ont entendu une Messe basse
du Saint-Esprit dans la Salle capitulaire de la Maison:
Messeigneurs les Prélats y ont assisté en Roçhet 6í Ca-
mail noir, ô£ Messieurs du second Ordre en Manteau
long de Bonnet quarré.
Après la Messe, Messeigneurs èc Messieurs les Députés
se sont rendus dans la Salle destinée pour les Séances.
MeíTeigneurs les Archevêques y ont pris leurs places dans
des fauteuils selon leur rang. Messieurs les Députés se sont
placés íur des chaises à dos, chacun derrière le Prélat
nommé par la mêmeProvince. Messieurs les Agents, tant
anciens que nouveaux, ont pris place au Bureau fur des
chaises à dos.
nu CLERGÉ DE FRANCE, %$ MAI 178J. y
Monseigneur T Archevêque de Narbonne, après ' ía
Prière du Saint-Esprit, par laquelle on commence toutes
les Séances, a dit, que Messieurs les Agents alloient ren-
dre compte de l'examen qu'ils avoient fait des Procura-
tions de Messeigneurs &c de Messieurs les Députés. Sur
quoi Messieurs les Agents ont dit, qu'eu exécution des
ordres de l'Assemblée, ils avoient examiné les Procura-
tions y qu'elles leur avoient paru dans la forme la plus
régulière ô£ authentique 3 que Messieurs les Députés du
second Ordre avoient justifié des qualités requises ô£ suf-
fisantes dans les usages actuels j que pour mettre Messei-
gneurs &; Messieurs en état de juger de la validité des
Procurations, ils auroient l'honneur cVen faire la lecture,
en ne suivant d'autre rang que celui de la promotion pour
Messeigneurs les Archevêques, &C de l'anciennetédu Sacre
pour Messeigneurs les Evêques, fans que les qualités qui
y font énoncées, puiflent porter préjudice à la dignité des
Sièges, ni aux prétentions respectives des Provinces.
Messieurs les Agents ont commencé la lecture des
Procurations par celle de la Province de Narbonne.

PROCURATIONS.
La Procuration de la Province de Narbonne passée Province de
,
'devant Péridier, Notaire Royal &C Apostolique de Mont- NARBONNE.
pellier , le 3 Janvier 1785, par laquelle Monseigneur
ì'IUustrissime ôC Révérendissime Arthur-Richard Dillon,
Archevêque Ô£ Primat de Narbonne Président-né des
,
Etacs -Généraux de la Province de Languedoc, pominan-
deur de l'Ordre du Saint-Esprit, ÒC Monseigneur l'illus-
trissime ô£ Révérendissime Joseph-François de Malide,
Evêque de Montpellier ont été dépurés pour le pre-
,
mier Ordre 3 ÔC pour le second, Messire Arthur-Roger
Dillon, Prêtre, Vicaire-Général de Langres, Abbé d!U-
zerche, ÔC Titulaire de la Chapcllenie du Purgatoire,
fondée en 1'Eglise Paroissiale de Fabrezan Diocèse de
,
Narbonne, Òí Messire Guillaume-Bakhasar Cousin de
'è pROchs-FERBAL DE L'ASSEMBLÉEGÉXÉRALJS
Grain ville., Chanoine dé la Cathédrale, Vicaire-Général
de Monseigneur TEvêque de Montpellier.

La Procuration de la Province de Toulouse, passée


Province de devant Vidal, Notaire à Toulouse, le 26 Janvier 178/,
TOULOUSE.
par laquelle Monseigneur rillustrissime &í Révérendissime
Etienne-Charles de Loménie de Brienne, Archevêque de
Toulouse, Conseiller du Roi en tous ses Conseils, Com-
mandeur de l'Ordre du Saint - Esprit ôc Monseigneur
,
rillustrissime &C Révérendissime Jean-Antoine de Castel-
lane, Evêque de Lavaur, Conseiller du Roi en tous ses
Conseils, ont été députés pour le premier Ordre j ôc
pour le second, Messire Louis-Etienne de Saint-Farre,
Prêtre Prieur de Saint-Martin-des-Champs, Titulaire de
,
la Chapelle des Cinq-Plaies-de-la-Madeleine fondée dans
TEglife de Sainte-Marie de Montech au, Diocèse de
Montauban, Vicaire - Général de mondit , Seigneur
Ar-
chevêque de Toulouse ; ô£ Messire François-Marcel de
Loménie, Sous-Diacre du Diocèse de Marseille, Titulaire
de la Chapelle de Gorze, dans TEglise de Monpital, au
Diocèse de Toulouse.

La Procuration de la Province de Rheims l paíìee de-


Province de
RHEIMS. vant Noiret £>c le Comte , Notaires Royaux Apostoli-
ques à Rheims , le 11 Avril 1785-, par laquelle Mon-
seigneur l'Excellentissime ô£ Révérendissime Alexandre-
Angélique de Talleyrand-Périgord,Archevêque-Duc de
Rheims, premier Pair de France Légat-né du Saint-
,
Siege, Primat de la Gaule Belgique ê£ Monseigneur
,
rillustrissime &C Révérendissime Louis-André de Grimaldi,
des Princes de Monaco, Evêque-Comte de Noyon
Pair de France, ont été députés pour le premier Ordre ,5
8c pour leTecond, Messire Jean-Baptiste Boursier, Prêtre,
Licencié en Théologie de la Faculté de Paris de la Mai-
son ÒC Société de Sorbone, Chantre ô£ Chanoine de l'E-
glise Métropolitaine de Rheims Vicaire-Général du
Diocèse ô£ Abbé Commendataire, de Varennes j & Mes-
sire Antoine-Félix de Leyris d'Esponchès Prêtre LU
, ,
DU CLERGÉ DE FRANCE", 25 MAI.IJ%$Ì 7
cencié en Théologie Chapelain des Obics en 1'Egliíe
Royale &í Collégiale de, Saint-Frambourg, Vicaire-Géné-
ral du Diocèse de Senlis.

La Procuration de la Province d'Aix passée devant 4\


de Voulx Notaire Royal &£ Apostolique ,
à Aix, le 4 Province
, d'Aix.
Janvier 1785, par laquelle Monseigneur rillustrissime
££ Révérendissime Jean-de-Dieu-Raimond de Boisgelin,
Archevêque d'Aix, Conseiller du Roi en tous ses Con-
seils ÒL Monseigneur rillustrissime ÒC Révérendissime
,
Emmanuel-François de Baustet de Roquefort, Evêque
& Seigneur de Fréjus Coníeiller du Roi en tous ses
Conseils, ont été députés, pour le premier Ordre ; &C pour
le second Messire Gabriel-Melchior de Messey Prêtre,
, ,
Licencié en l'un &C l'autre Droit Vicaire-Général de
,
mondit Seigneur Archevêque d'Aix, Abbé Commenda-
taire de s Abbaye Royale de Saint-Roman, & Recteur de
la Chapelíenie de Sainte - Catherine fondée en l'Eglise
,
Paroissiale de Lançon, Dioceíe d'Aix; 5c Messire Louis
de Clugny, Grand-Custode de l'Eglise, Comte de Lyon,
Vicaire-Général du Dioceíe de Vienne, Titulaire posles-
seur de la Chapelíenie sous le vocable de Saint-Jean-
,
Baptiste *òc Saint-Laurent, en l'Eglise Paroissiale de Mons
tiers Diocèse de Riez.
,
La Procuration de la Province de Vienne, passée de-
Province de
vant Armanet, Notaire à Vienne, le 27 Avril 1785, par Vli:NK£.
laquelle Monseigneur Tlllustrissime ÔC Révérendissime
Jean-Georges le Franc de Pompignan, Archevêque ôC
Comte de Vienne, Primat des Primats des Gaules, Vice-
Gérent du Souverain Pontife dans la Province Viennoise
& dans sept autres Provinces, Conseiller du Roi en tous
ses Conseils, & Monseigneur rillustrissime 6c Révéren-
diííime Marie-Anne-Hyppolite Hay de Bonteville, Evê-
que <k. Prince de Grenoble, Comf3 honoraire deBrioude,
Président-né des Etats du Dauphine, Abbé Commenda-
tairede TAbbaye de Celles., Conseiller du Roi en tous íés
Conseils, ont été députés pour le premier Ordre 3 àí pour
$ PROCES-P'ÈRBJL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
le second, Messire Guillaume de Castellas, Prêtre, Cha-
Boine-Précenteur oC Comte de l'Eglise de Lyon Titu-
,
laire de la Chapelle fondée dans l'Eglise Paroissiale de
Notre-Dame-de-la-Vie, Paroisse de la ville de Vienne,
sous le vocable de Saint-Jean ôí de Saint-Etienne, &C Vi-
caire-Général du Diocèse de Vienne j èí Messire Armand-
Victor de Plan de Sieyes Vicaire-Général du Diocèse
,
d'Embrun Titulaire des Chapelles de Sainte-Madeleine
,
dans l'Eglise de Saint-André-le-Bas à Vienne, &c de Saint-
Nophali dans l'Eglise Paroissiale de Saillans, au Diocèse
de Die.

'G. La Procuration de la Province de Tours, passée devant


Province de
TOURS.
Petit, le jeune, Notaire à Tours, le 20 Avril 1785 par
,
laquelle Monseigneur rillustrissime òc Révérendissime
Joachim -Mamert- François de Conzié, Archevêque de
Tours, Conseiller du Roi en tous ses Conseils, ë£ Mon-
seigneur rillustrissime & Révérendissime Antoine-Joseph
des Laurents, Evêque-Comte de Saint-Malo Conseiller
,
du Roi en tous ses Conseils, ont été députés pour le pre-
mier Ordre j &C pour le second, Messire François de
Bovet, Prêtre, Chapelain de la Chapelle de la Chaume,
Paroisse de Vrigné Diocèse de Tours, Vicaire-Général
,
des Diocèses de Tours òc d'Arras 5. ô£ Messire Jacques-
Julien Mesté de Grandclos, Prêtre, Chanoine-Théologal
de TEglife de Saint-Malo, Vicaire-Général du Diocèse
de Saint-Malo.

"7;
La Procuration de la Province d'Arles, passée devant
Province
cTA»Z£S.
Bertrand, Notaire Royal-Apostolique à Arles, le 1 o Mars
l7%5 par laquelle Monseigneur rillustrissime ô£ Révé-
5
rendissime Jean-Marie Dulau, Primat ô£ Prince, Con-
seiller du Roi en tous ses Conseils, Archevêque d'Arles,
& Monseigneur rillustrissime &C Révérendissime Alexan-
dre de Lascaris des Comtes de Vintimille Evêque de
Toulon, Conseiller du Roi en ses Conseils,, ont été dé-
putés pour le premier Ordre j ÒC pour le second, Messire
Armand de Foucauld, Prêtre du Diocèse de Périgueux,
Licencié
DU CLERGÉ DE FRANCE ; 25 MAI 178;. 9
Licencié en Théologie de la Faculté de Paris, Chanoine
de la sainte Eglise Métropolitaine d'Arles, Vicaire-Géné-
ral du Diocèse d'Arles j &C Messire François-Marie-André-
Joachim de Grimaldi, Prêtre, Chanoine de l'Eglise Ca-
thédrale de Toulon, Licencié en la Faculté de Théologie
de Paris, de la Société Royale de Navarre, Vicaire-Gé-
néral de Rheims.

La Procuration de la Province de Bordeaux passée S;


,
devant Rouan Notaire Apostolique à Bordeaux le 7 Province de
, , BORDHAUX-»
Avril 178j, par laquelle Moníeigneur rillustrissime &c
Révérendissime Jérôme-Marie Champion de Cicé Ar-
,
chevêque de Bordeaux, Primat d'Aquitaine Conseiller
,
du Roi en tous ses Conseils, ÔC Monseigneur l'Illultris-
si me &c Révérendissime François-Joseph-Emmanuel de
Cruílol-d'Usez, Evêque de la Rochelle, Conseiller du
Roi en tous ses Conseils, ont été députés pour le premier
Ordre ; &£ pour le íccond Messire Barthelemi-Philiberc
,
Picon d'Andrezel, Prêtre du Diocèse de Besançon, Li-
cencié en Théologie de la Maison ôc Société Royale de
Navarre, Vicaire-Général de Bordeaux Sí Chapelain de
la Chapelle, d'Andouin dans ledit Diocèse,
5 &c Messire
Jean-Nicolas le Gay, Prêtre Licencié en Théologie de
,
la Faculté de Paris, Archidiacre de Bresluire en l'Eglise
Cathédrale de la Rochelle & Vicaire-Général du Dio-
cèse de la Rochelle. ,

La Procuration de la Province d'Auch, passée en brevet


devant Lagelle, Notaire Royal-Apostolique à Auch, le Province
d'AUCH.
2 Décembre 1784, par laquelle Monseigneur rillustrií-
sime & Révérendissime Louis-Apollinaire de la Tour-du-
Pin-Mo.ntauban Archevêque & Seigneur d'Auch, Pri-
,
mat de la Novempopulanie Conseiller du Roi en ses
Conseils, Conseiller honoraire, au Parlement de Lorraine,
& Monseigneur rillustrissime & Révérendissime Chailes-
Auguste le Quien de la Neufville", Evêque d'Acqs, ont
été députés pour le premier Ordre3 & pour le second,
Messire Charles-Alexandre-Augustin de Grégoire des
Procès-verbal de 1785. B
IO pROCES-FERBAL DE L'ASSÈMBLÉE-GÉNÉRALE
Gardies de Montpeyroux, Prêtre du Diocèse de Rodez
Docteur en Droit Canon , Prieur du Prieuré de Pellegrue,>
fondé en ' l'Eglise Paroissiale de Coutures Diocèse de
Bazas, Chanoine de l'Eglise Cathédrale de, Meaux, Vi-
caire-Général du Diocèse de Bazas ; &C Messire Jean-
Joseph-Eustache Osmond Prêtre.
,

Nomination Et ladite Province étant en tour de nommer un Agent-


d'un AGENT. Général du Clergé, a nommé, par Acte desdits jour ÒC
an, Messire François-Xavier-Marc-Antoine Fézeníac de
Montesquieu Prêtre Licencié en Théologie de l'Uni-
, ,
versite de Paris, Abbé Commendataire de l'Abbaye de
Beaulieu, Vicaire-Général d'Aix, ec" pourvu du Prieuré
de Guiilon, dans le Diocèse de Lectoure.

ÎO.
La Procuration de la Province de Paris, passée de-
Province de
PARIS. vant Dosne, Notaire, le i o Mai 1785, par laquelle Mon-
seigneur rillustrissime ô£ Révérendissime Louis - Sextius
de latente de la Bruyère, Evêque d'Orléans & Monsei-
,
gneur Louis-Francois-Alexandre de Jarente de Sénas d'Or-
geval, Evêque d'Olba, son Coadjuteur, concurremment
avec lui, sous le bon plaisir de l'Aílemblée-Générale du
Clergé ; & Monseigneur rillustrissime & Révérendissi-
me Camille-Louis-Apoìlinaire de Polignac , Evêque de
Meaux, ont été députés pour le premier Ordre ; &C pour
le second Messire Alphonse-Constance de Pontevès, Li-
cencié en , Théologie de la Faculté de Paris, de la Mai-
son ô£ Société Royale de Navarre, Aumônier du Roi,
Chanoine e£ Doyen de l'Eglise Cathédrale de Blois, Vi-
caire-Général du Diocèse de Blois j ô£ Messire Charles-
Constance-Céfar-Joíèph-Loup-MatthieU d'Agoult, Vicai-
re-Général de Pontoise.

1 T.
La Procuration de la Province d'Embrun, passée de-
Province
Q'E.MBRUN, vant Garniet, Notaire Royal Apostolique à Embrun ,
le 1 5 Novembre 1784, par laquelle Monseigneur ril-
.
lustrissime &: Révérendissime François d'Etienne de Saint-
Jean de Prunieres, Evêque de Grasse, e£ Monseigneur
DU CLERGÉ DE FRANCE, 2j MAI 178/: n,
rillustrissime ôc Révérendissime François de Mouchet de
Villedieu, Evêque tk. Seigneur de Digne, ont été dépu-
tés pour le premier Ordre 3 &: pour le second, Messire
Louis-Joseph de Gassendi de Tartonne, Prêtre du Dio-
cèse de Senez, Recteur titulaire de la Chapelle de Saint-
Jean - Baptiste, fondée dans l'Eglise Paroissiale de Tar-
tonne , même Diocèse ; & Messire Alphonse-Hyacinthe-
Joseph de Boisson de la Salle, Prêtre du Diocèse d'Aix,
Recteur titulaire de la Chapelle de la Bienheureuse Vierge
Marie <k. des saints Apôtres Pierre & Paul, fondée dans
la Paroisse de Moriez, même Diocèse de Senez.

La Procuration de la Province de Bourges, passée de-


11.,
vant Poncet, Notaire Royal résidant à Bourges, le 19 Province de
BOURGES.
Avril 1785, par laquelle Monseigneur rillustrissime &c
Révérendiílime Louis-Charles Duplessis d'Argentré, Evê-
que de Limoges, Conseiller du Roi en tous ses Coníeils,
òc Monseigneur l'Ulustrissime ô£ Révérendissime Claude-
Marie de Ruíío, des Comtes de la Rie Evêque òL Sei-
Saint-Flour, ,
gneur de Comte honoraire de Brioude
Conseiller du Roi en tous íes Conseils, ont été députés,
pour le premier Ordre #, &C pour le second, Messire Eu-
trope-Alexis de Chardeboeuf de Pradel, Prêtre du Dio-
ceíe de Poitiers, Vicaire Général drfâpoceíe de Limo-
-
ges , Abbé Commendataire d'Evron, Prévôt du Chapi-
tre Collégial de Saint-Junien, du Diocèse de Limoges ;
& Meílire Claude-Madeleine de la Myre-Mory, Prêtre
du Diocèse de Paris Abbé de Preuilly, Vicaire Géné-
, -
ral du Diocèse de Carcaílonne, Chanoine de l'Eglise
Collégiale de Saint-Etienne de Dun-le-Roi, au Diocèse
de Bourges.

La Procuration de la Province de Sens, passée devant


M*
Cave, Notaire à Sens, le xs Octobre 1784, par laquelle Province de
SBNS.
Moníeigneur ^Illustrissime & Révérendissime Claude-Mat-
thias-Joseph de Barrai, Conseiller du Roi en tous ses
Coníeils, Evêque de Troyes, &: Monseigneur l'Ulustris-
sime &c Révérendissime Pierre de Séguiran, Conseiller
B 2
i% PROCES-FERBAL DE LASSÈMBLÉE-GÉNÉRALÈ
du Roi en tous ses Coníeils, Evêque de Nevers, ontété
députes pour le premier Ordre j & pour le second, Mes-
sire Louis-Claude Lhermitte de Chambertrand Prêtre,
Licencié en Droit Civil & Canon de la Faculté ,de Paris,
Chanoine &c Doyen de l'Eglise Métropolitaine SC Prí-
matiale de Sens, Abbé Commendataire de P Abbaye des
Roches Prieur du Prieuré simple &c régulier de Notre-
Dame de, Segrés ôC Vicaire-Général du Diocèse de
Sens j & Messire ,François-Octave de Barrai, Prêtre au.
Dioceíe de Grenoble, Licencié en Théolopie de la Fa-
culte de Paris, Vicaire-Général & J uge-OrBcial du Dio-
cese de Troyes Chapelain de la Chapelle de Saint-Lau-
,
rent , fondée & deílervie en l'insigne Eglise Royale cC
Collégiale de Saint-Etienne en la ville de Troyes.
-
Nomination Et ladite Province étant en tour de nommer un Ágent-
d'un A o H M T. Général du Ciergé a nommé, par Acte deídits jour QC
,
an, Messire Louis-Matthias de Barrai, Prêtre, Licencié
en Théologie de la Faculté de Paris , Abbé Commenda-
taire de l'Ábbaye du Maz-d'Azil, Grand-Archidiacre
de l'Eglise Métropolitaine &L Primatiale de Sens ôí Vi-
,
caire-Général du Diocèse de Sens.

La Procuration de la Province de Rouen, passée en


Province de Brevet devant le Gingois Notaire Royal à Kouen le
Íloui-N. , ,
13 Décembre 1784, par laquelle Monseigneur Plllustrií-
sime fie Révérendissime François de Narbonne des Vi-
,
comtes cte Narbonne, Jiveque cuivreux, L.oníeiiler ou
Roi en ses Conseils premier Aumônier de Madame Vic-
,
toire de Fiance 8c Monseigneur rillustrissime &C Rêvé-
.
rendissime Pierre-Augustin Godart de Belbeuf, Evêque
d'Avranches, Conseiller du Roi en ses Conseils, ont été
députés pour le premier Ordre; &£ pour le second, Mes
sire Jean Simon Armand de Brunet de Casteipers de
- -
Fanât, Prêtre, Docteur en Théologie de la Maiíon oC
Société de Sorbone, Prieur Commendataire des Prieures
de Saint-Sauveur de Tornac &L de Saint-Jean-de-Saint-
Mont, Ordre de Cluni, Archidiacre du Petit-Caux en
DU CLERGÉ DE FRANCE, I$ MAI 1785. 13
l'Eglise Métropolitaine de Rouen , Vicaire - Général du
Diocèse de Rouen ; d>í Messire François-Jacques de Nar-
bonne , Prêtre, Chanoine &; Archidiacre de PEglife Ca-
thédrale d'Evreux, Vicaire-Général du Diocèse d'Evreux.

La Procuration de la Province d'Albi, paílée devant 15.


Artault, Notaire Royal &c Apostolique cl'Albi, le 11 Province
d'Ai-Bi.
Avril 1785-, par laquelle Monseigneur PIUustrissime &£
Révérendissime Jean-de-la-Croix de Castries, Evêque òc
Comte de Vabres Conseiller du P».oi en tous ses Con-
,
seils Abbé de Foigny, èc Monseigneur PIUustrissime &
,
Révérendissime Seignelay Colbert de Cast le Hill, Evê-
que ôc" Comte de Rodez, Conseiller du Roi en tous ses
Conseils ont été députés pour le premier Ordre 3 & pour
,
le second, Messire Luilier de Rouvenac, Vicaire-Géné-
ral du Diocèse de Cahors Prieur de Montrédon audit
,
Diocèse de Cahors -, &c Messire Jean-Baptiste-Marie de
la Bintinaye, Prieur de Vézins, Diocèse de Rodez.

La Procuration de la Province de Lyon paílée devant \r,.


,
Guyot, Notaire à Lyon, le 2 Mars 1785 par laquelle LYON. de Province
Monseigneur Plilustrisíime &ê Révérendisíime, Céíar-Guil-
laume de la Luzerne, Evêque-Duc de Langres, Pair de
France &C Monseigneur PIUustrissime &C Révérendissi-
,
me Jacques-Joíeph-François de Vogué, Evêque de Dijon
,
ont été députés pour le premier Ordre j ik. pour le se-
cond, Messire Jean-Antoine-François de Mal vin de Mon-
tazet, Abbé de Chézy , Aumônier du Roi, Vicaire-Gé-
néral du Dioceíe de Lyon Chapelain, ou Prébendier de
,
la Chapelle de Sainte-Croix, ou du Crucifix dans la Pa-
roisse de Sainte-Croix de Lyon j &C Messire Nicolas
d'Anstrude, Prieur de Montrotier Diocèse de Lyon,
,
Vicaire-Général du Dioceíe de Chalon-sur-Saône.
La lecture des Procurations étant achevée elles ont
été admises e> les Députés ont été reçus se, réservant
,
toutefois P Assemblée de ^libérer fur la clause portée dans
la Procuration de la Province de Paris.
Moníeigneur P Archevêque de Narbonne a dit : Que
Ï4 pROCES-FERBAL DE L'ASSEMBLÉÈ-GÉNÉRALE
P Assemblée avoit à élire des Présidents j qu'elle étoit en-
tièrement libre à cet égard, tant pour le nombre, que
pour les personnes :, que cette élection se faisoit par Pro-
vinces ; mais que le choix, tel qu'il fût, ne pourroit être
que très-avantageux au Clergé.
La matière mise en délibération, la Province de Nar-
bonne étant en tour d'opiner la première, Monseigneur
PArchevêque de Narbonne a dit, que les voix de fa Pro-
vince n'étoient pas unanimes fur le choix des Présidents;
que pour lui il atiroit nommé pour Présidents Mesieigneurs
les Archevêques de Toulouse de Rheims, d'Aix S>Cde
,
Vienne, de Messeigneurs les Evêques d'Orléans, de Grasse,
de Limoges & de Toulon.
Sur quoi Monseigneur PEvêque de Montpellier a dit;
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET

Vous ne ferez pas surpris de voir en ce moment la


Province de Narbonne íe séparer de ion illustre Cher, c£
les lustrages se réunir sur lui pour lui décerner la prési-
dence de cette auguste Assemblée. Nous ne saisons fans
doute que prévenir les vôtres. L'expérience que vous
avez souvent faite des talents distingués de Monseigneur
PArchevêque de Narbonne, la connoiílance qu'il a de vos
plus grands intérêts, dont il a plus d'une fois développé
les détails, avec tant d'énergie, dans vos Séances j cette
heureuse habitude de traiter les plus importantes arîaires
avec une supériorité qui en aílure le succès j cette noble
franehiíe cette antique loyauté qui fait la baie de son ca-
,
ractère, dont nous admirons journellement les estets dans
Padministration d'une grande Province dont il fait le bon-
heur j tout nous porte à croire que la liberté & Punanimité
de vos suffrages va coníacrcr celui d'une Province qui lui
cil dévouée à tant de titres.
Monseigneur PEvêque de Montpellier a ajouté, que la
Province de Narbonne ctoit aussi d'avis de nommer en mê-
me-temps pour Présidents Messeigneurs les Archevêques
DU CLERGÉ DE FRANCE", ZJ MAI 178/.' ijr
de Toulouse, de Rheims 8c" d'Aix, ôc Messeigneursles Evê-
ques d'Orléans, de Grasse, de Limoges òí de Toulon.
L'Assemblée ayant délibéré par Provinces, a nommé
d'une voix unanime pour Présidents Messeigneurs les Ar-
chevêques de Narbonne, de Toulouse, de Rheims &£
d'Aix, &£ Messeigneurs les Evêques d'Orléans, de Graste,
de Limoges &C de Toulon.
Messeigneurs les Présidents ont ensuite pris leurs places ;
savoir, Monseigneur PArchevêque de Narbonne dans le
milieu de la Salle, &C Mesieigneurs les sept autres Prési-
dents chacun suivant leur dignité c£ ancienneté.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a remercié
l'Assemblée de Phonneur qu'elle venoit de lui faire. Mes-
seigneurs les sept autres Présidents ont aussi fait leurs re-
merciements. Après quoi Monseigneur PArchevêcjue de
Narbonne a dit, qu'il étoit d'usage de recevoir Messieurs
les nouveaux Agents ; que la Province d'Auch avoit nom-
mé Monsieur P Abbé de Montesquiou 3 que celle de Sens
>
avoit nommé Monsieur l'Ábbé de Barrai j qu'encore que
de droit ils n'eussent pas voix délibérative dans les Assem-
blées, cependant la Compagnie pouvoit la leur accorder,
si elle le jugeoit à propos, de la même manière qu'il en
a été uíé par le pasié.
L'Aílemblée a reçu pour Agents-Généraux, Messieurs
les Abbés de Montesquiou ôc de Barrai, &í leur a accordé
voix délibérative dans leurs Provinces.
Moníeigneur PArchevêque de Narbonne a ensuite prié
Monseigneur PArchevêque de Rheims 6í Monseigneur
PEvêque de Troyes de vouloir bien présenter Messieurs ìcs
nouveaux Agents à M. le Garde des Sceaux , pour que
Pentrée aux Conseils &C au Bureau des assures Ecclésiasti-
ques leur fût accordée comme à leurs prédécesseurs.
Messieurs les Abbés de Barrai 8>£ de Montesquiou ont
fait leurs remerciements à PAstemblée de Phonneur qu'elle
leur fiisoit de les recevoir, & du droit de suffrage qu'elle
vouloit bien leur accorder.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne' a ajouté,
qu'il restoit à choisir deux Promoteurs 6í deux Sécrétai-
i6 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
r-es jque l'Assemblée étoit entièrement libre fur ce choix:
délibération prise par Provinces Monsieur PAbbé de
,
Périgord & Monsieur PAbbé Diiion ont été nommés Se-
crétaires, &í Messieurs les Abbés de Boisgelin &: d'Os-
mond ont été nommés Promoteurs. La Compagnie a
accordé à Messieurs les anciens Agents voix délibérative
dans leurs Provinces.
L'Aíleíïiblée étant ainsi formée, tous ceux qui la com-
posent étant debout &C découverts, ëc ayant la main droite
Fur la poitrine, ont prêté le serment dans la forme ordi-
naire. Monsieur PAbbé de Périgord en a fait la lecture
ainsi qu'il fuit.
Nous jurons SG promettons de ri opiner, ni donner no-
tre avis qu'il ne soit suivant nos consciences, à lhonneur
de Dieu SG conservation de (on Eplife (ans nous (ailler:-
aller a la faveur a l'importumté, à ,la crainte, à L in-
,
térêt particulier, m aux autres passions humaines ; que
nous ne révélerons directement, m indirectement \ pour
quelque cause ou considération SG pour quelques person-
9
nes que ce joit, les opinions particulières des délibérations
SG résolutions prises en la Compagnie sinon en tant ou d
sera permis par icelte. ,
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit , que
l'Assemblée s'étant réservée de prendre une délibération
sur la clause insérée dans la Procuration de la Province
de Paris il convenoit d'opiner par Provinces j qu'il
,
croyoit devoir préalablement observer que les Règle-
ments du Clergé , en rejettant les substitutions , n'ont
pas exclu toute admission de Coadjuteur; que les Pro-
cès verbaux au contraire, en offrent plusieurs exem-
-
ples ; que Monseigneur PEvêque d'Orléans mérite à
,
toutes fortes de titres, que PAstcmblée défère au voeu
de fa Province 3 mais qu'avant de délibérer, il est néces-
saire d'entendre Monsieur le Promoteur conformément
aux usages des précédentes Assemblées.
Monseigneur PEvêque d'Orléans o£ Monseigneur le
.
Coadjuteur d'Orléans, ainsi que .Messieurs les Abbés d'À-
goult
DU CLERGÉ DE FRANCE, z $ MAI 17 8;. 17
o-oult & de Pontevès, s'étant retirés, Monsieur PAbbé de
Boisgelin a dit:
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Les Assemblées du Clergé constamment fidèles aux
principes qui les dirigent, ont toujours examiné avec la
plus sévère attention, les pouvoirs de leurs Députés-, ce
font les droits des Provinces qu'elles ont voulu main-
tenir ; il faut que les Provinces soient représentées par
leur propre choix, oè" lès Asiemblées-Générales n'ont fait
de Règlement que pour conserver cette représentation
essentielle dans toute son intégrité.
11 a fallu des Règlements pour proscrire les abus. On
multipíioit indéfiniment le nombre des Députés, on don-
noit aux Députés le droit de transférer leurs pouvoirs à
des Substitués que les Provinces n'avoient point connus.
Les Assemblées-Générales, en fixant le nombre ont
sagement défendu les substitutions personnelles j elles, ont
pensé que la confiance des Provinces devoit être attachée
au mérite reconnu, ôc ne devoit pas íe transmettre à des
personnes étrangères qu'elles n'avoient point honorées de
leur choix.
Les intentions des Assemblées ne se manifestèrent pen-
dant long-temps que par des Délibérations prises dans les
distérentes circonstances. Ces Délibérations étoient diri-
gées par des principes ÔC non par des Règlements.
Les Aslemblées rejettoient, tantôt la nomination des
Députés substituants tantôt les clauses des Provinces
,
qui donnoient le pouvoir de substituerj on n'admettoic
les substitués que dans 1c cas où ils avoient été désignés
par les Provinces. Monseigneur PArchevêque de Bor-
deaux a rappelle ces divers exemples dans le Réquisi-
toire instructif qu'il fit en 1770 pour Padmission de Mon-
seigneur PArchevêque de Rheims alors Coadjuteur, qui
fut admise par l'Assemblée avec , l'empressement qu'info
pirent ses lumières & ses vertus : la juste confiance qui
est due aux connoissances de Monseigneur PArchevêque
Procès-verbal de 178 j. C
ÏS PRGCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de Bordeaux nous dispense de répéter les faits qu'il a
,
consignés dans nos Procès-verbaux j nous n'avons pas be-
soin de donner des preuves, quand son autorité doit y
suppléer cc les rend inutiles.
L'Assemblée de 1715 réduisit en règlement les prin-
cipes qui doivent présider à la convocation de vos As-
semblées &c qui peuvent seuls les rendre légitimes : ils
,
y íont même exprimés avec une sévérité qui íemble aller
plus loin que les intentions des Astemblces précédentes.
L'article 6 du titre des Assemblées - Provinciales porte :
^ Qu'en cas que l'on eût substitué quelques personnes à
33 ceux nommés pour
Députés aux Astembiées-Généra-
53 ìcs,
les substitutions seront rejettées comme nulles. •»
Cet article du Règlement de 1715 paroiíloit exclure
-toute eípsce de substitution. Les Assemblées du Ciergé
avoient cependant admis celles qui étoient désignées par
ìes Provinces même, fk. l'on avoit constamment respecté
les lubstitutions des Coadjuteurs aux Evêques Diocésains:
ce íont des intérêts communs, c'est le lien de la consé-
cration, c'est l'unité d'Episcopat qui attache les Coadju-
teurs à leurs Eglises òc à leurs Provinces.
Le Règlement de 1715 a été expliqué dans son vé-
ritable sens en 1715. Les substitutions de Coadjuteurs dé^
signées par les Provinces, furent autorisées-, de c'est pour-
la même Province, en faveur du même Diocèse, que
l'exempie fut donné 6c la Loi interprétée : PAstemblée
de 1725 admit la députation de M. PEvêque d'Euro^
pée, Coadjuteur d'Orléans.
Monseigneur PEvêque d'Orléans ajoute aux droits de
tous les Evêques , des droits que ses prédécesseurs ne pon-
voient pas réclamer. On Ta vu exercer pendant douze ans
un ministère honorable, qu'il a su rendre également utile à
PËgliíe &c à PEtat j ô£ nous devons à son zèle les avan^
tages dont jouit PEgliíe de France, le maintien constant
de la faine Doctrine, le rétablissement de F union- &£ dé
la concorde ^ nous lui devons les lumières répandues dans
un grand nombre de Diocèses auxquels son lustrage a
donné des Prélats capables de les instruire Ô£ de les gou-
DU CLERGÉ DE FRANCE, ZJ MAI 1785. 19
verner. II a su distinguer les vertus, élever les talents,
mettre dans les grandes places ceux que la Providence
sembloit lui avoir montrés, ô£ qu elle avoit destinés à les
remplir. Une partie des Membres de cette Assemblée doi-
vent à son témoignage le rang qu'ils occupent, 6c nous
avons à le remercier d'avoir hâté le temps où un Prési-
dent distingué par ses grands talents, Sc par ces nobles
qualités qui forment son caractère, devoit marcher à votre
tête, Ô£ concourir au succès de vos travaux.
Monseigneur PEvêque d'Orléans vous présente la no-
mination de sa Province 5 c'est la voix de sa Province
qui lui associe un Prélat , connu par les services qu'il a
rendus au Clergé, ôc" qui a acquis dans la conduite de
vos affaires, les connoistances que son zèle doit rendre
utiles dans le cours de vos Délibérations. Je requiers
Messeigneurs 6\£ Messieurs, qu'il en soit délibéré par,
Provinces.
La matière mise en délibération la Province de Nar-
bonne ayant opiné la première, il, a été unanimement
délibéré d'admettre dans PAstemblée tant en présence,
,
qu'en P ab se n ce de Monseigneur PEvêque d'Orléans, Mon-
seigneur PEvêque d'Olba, Coadjuteur d'Orléans, suivant
son rang 8c" son ancienneté, mais fans qu'il puiste rece-
voir de taxe, òc fans voix délibérative, hors en Pabfence
de mondit Seigneur Evêque d'Orléans.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a charge un
de Messieurs les Agents d'inviter Messeigneurs Ôè Mes-
sieurs les Députés de la Province de Paris à rentrer
,
dans la Salle des Séances.
A leur retour Monseigneur PArchevêque de Nar-
,
bonne a fait part à Monseigneur PEvêque d'Orléans de
la Délibération prise par l'Assemblée ôc de l'empresse-
lequel ,
ment avec toutes les Provinces s'étoient portées à
lui donner une preuve de leur considération de leur
,
reconnoissance & de leur attachement ; & il a ajouté que
PAstemblée avoit en même-temps la satisfaction de don-
ner à Monseigneur le Coadjuteur d'Orléans, un témoi-
gnage public de son estime Sc de son affection. Sur quoi
C z
-%o PROCÈS-VERBAL DE PASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Monseigneur PEvêque d'Orléans &C Monseigneur le Coad-
juteur d'Orléans , ont témoigné à l'Assemblée combien ils
-çtoient sensibles à la grâce qu'elle vouloir bien leur ac-
corder.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne â dit : Que
les Assemblées ont toujours été dans P usage d'inviter à
leurs Séances le Prélat Diocésain, ÔC qu'il se persuadoic
que la Compagnie s'empresseroit de donner à Monsei-
gneur PArchevêque de Paris la même marque de con-
fiance'.& d'attachement. En conséquence il a été déli-
,
béré que Monseigneur PArchevêque de Paris feroit in-
vité à venir prendre place parmi Messeigneurs les Dé-
putés suivant Pusage ordinaire j &C Monseigneur PAr-
,
chevêque d'Aix Mesieigneurs les Evêques de Montpel-
,
lier ëc de Langres, ÒC Messieurs les Abbés d'Agouk, de
la jBintinaye 8c" Dillon, ont été priés de faire part à ce
Prélat de la présente Délibération.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a représenté
que les premiers moments devant être consacrés aux de-
voirs de la Religion &c de la piété, on ne pouvoit trop
tôt fixer le jour de la Messe folemnelle du Saint-Esprit,
pour demandera Dieu ses lumières ôc ion assistance 5 que,
íi la Compagnie Pagréoit, la Cérémonie se feroit Ven-
dredi, zyc jour du mois de Mai, à neuf heures du ma-
tin dans l'Eglise des Augustins j que Mesieigneurs les
,
Prélats y affisteroient en Rocher 6c Camail violet, ôc" Mes
sieurs les Députés du second Ordre en Manteau long 8£
Bonnet quarté, ôc que tous dévoient, selon la coutume,
recevoir la íainte Communion de la main du Prélat ossi-
ciant. L'Aílemblée a prié Monseigneur PArchevêque de
Narbonne d'ossicier; ce qu'il a accepté. En conséquence,
ce Prélat a nommé pour Assistant Monsieur PAbbé de
Saint-Farre 5 pour Diacres d'honneur, Messieurs les A^bbés
de Rouvenac ô£ de Grainvillej pour Diacre de P Evan-
gile, Monsieur PAbbé d'Osmond, & pour Sous-Diacre,.
Monsieur PAbbé d'Efponchez.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit, qu'il
croyoit avoir prévenu les voeux de l'Assemblée, en priant
DU CLERGÉ DE FRANCE, Z$ MAI I78J.' %\
Monseigneur PEvêque de Langres de" faire le Sermon 5
ce qui a été approuvé.
Messieurs les Agents ont été chargés du foin de faire
préparer l'Eglise &£ d'inviter, au nom de la Compa-
,
gnie Messeigneurs les Evêques qui se trouvent à Paris de
,
qui ne font pas de l'Assemblée. 11 a été arrêté que Monsieur
PAbbé de Barrai demanderoit à Monseigneur PArchevêque
de Paris la permission nécessaire, tant pour Monseigneur
PArchevêque de Narbonne Officiant, que pour Monsei-
gneur PEvêque de Langres qui doit faire le Sermon.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit : Qu'il
étoit d'usage qu'un de Messieurs les Agents allât à Ver-
sailles pour savoir le jour 8c" Pheure qu'il plairoit au Roi
ô£ à la Reine de recevoir les hommages de PAstemblée.
Sur quoi il a été arrêté que Monsieur PAbbé de Mon-
tesquiou iroit à Versailles, pour savoir le jour 8c" Pheure
où leurs Majestés voudroient donner audience à la Com-
pagnie j ôc il a été en même-temps chargé de prier M. le
Baron de Breteuil de faire expédier des Lettres d'Etat
pour ceux de Messeigneurs ÒL de Messieurs les Députés
qui pourroient en avoir besoin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a proposé de
suivre Pancienne ô£ pieuse coutume de toutes les Assem-
blées-Générales du Clergé, relativement à l'aumône qui
se prélevé ordinairement en partie sur les taxes de Mes-
seigneurs ôc" de Messieurs les Députés. Sur quoi il a été
arrêté qu'il feroit fait une aumône de 1 0000 livres, dont
une partie feroit prise sur les taxes de quatre jours de
Mesteigneurs ô£ de Messieurs les Députés ô£ le surplus fur
les frais communs de l'Assemblée, ô£ que, M. Bollioud de
Saint-Jullien, Receveur-Général du Clergé, remettra cette
íomme à Monseigneur PArchevêque de Narbonne , qui
en fera la distribution suivant sa prudence, Ôc" de la ma-
nière qu'il le jugera convenable.
La Séance a été indiquée à Vendredi, 27 Mai, à neuf
heures du matin.
Signé i%< ARTHUR-RICHARD, Archevêque êí Pri-
mat de Narbonne Président.
,
ii PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

VU VENDREDI, VINGT-SEPT MAI I78J ,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne Président.


,
ÏIÏ
SÉANCE.
T^/ff Onsieur l'Abbé de Barrai a mis fur le Bureau le
JLT JLLicet de Monseigneur PArchevêque de Paris pour
la célébration de la Messe folemnelle du Saint-Esprit ô£
pour le Sermon.
Messieurs les Agents ont averti que tout étoit prêt pour
ìa célébration de la Messe folemnelle du Saint-Esprit ; Mes
seigneurs les Prélats, qui n'étoient pas de l'Assemblée, font
sortis de la Salle, ôc ont été se placer dans le Sanctuaire
,
du côté de PEvangile, où il y avoit des fauteuils 8c" des
carreaux préparés pour eux.
Ensuite Messeigneurs 8c" Messieurs de l'Assemblée se
sont mis en marche deux à deux, précédés de Messieurs
les Agents, pour se rendre à l'Eglise ; Mesteigneurs les
Prélats, selon leur rang, en Rochet ôc Camail violet, ô£
Messieurs les Députés du second Ordre en Manteau,
long ôc Bonnet quarré, sans distinction entr'eux.
La Compagnie a été reçue à la porte de PEglife qui
donne dans le milieu du Cloître, par le Père Prieur du
Couvent, qui étoit en Chape, accompagné de fa Com-
munauté. Le Père Prieur a présenté Pafperfoir à Monsei-
gneur PArchevêque de Narbonne, lequel, après avoir pris
de Peau-bénite, l'a présenté à celui de Messeigneurs les
Archevêques qui étoit près de lui. Mesteigneurs les Pré-
lats ôc Messieurs les Députés se sont ensuite présenté l'un
à l'autre de Peau-bénite de la même manière. Deux au-
tres Religieux en Chape ont encensé Messeigneurs ôc
Messieurs les Députés.
La Compagnie étant entrée dans le Choeur par la prin-
cipale porte Monseigneur PArchevêque de Narbonne,
,
après avoir fait fa prière au bas de P Autel, est allé au
DU CLERGÉ DE FRANCE, 2.7 MAI 178/. z\
Trône qui lui avoit été préparé dans le Sanctuaire, du
côté de PEpître,pour y prendre ses ornements pontifi-
caux. Messeigneurs les Archevêques ôc Evêques se sont
placés dans les hantes Stalles du Choeur, à droite ôc à
gauche, les plus proches de P Autel > avec des carreaux ô£
des tapis.
Messieurs les Députés du second Ordre ont pris leurs
places ensuite dans les hautes Stalles. Messieurs les Abbés de
Saint-Farre, de Rouvenac de Grainville, d'Ofmond SC
,
d'Efponchez nommés pour Prêtre assistant, Diacres d'hon-
neur, Diacre de PEvangile Ôc Sous-Diacre, ont été s'ha-
biller à la Sacristie.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne revêtu de
,
ses ornements a salué PAutel, Messeigneurs les Prélats
de l'Assemblée, ÔC Messeigneurs les Prélats invités 5 après
quoi Monseigneur PArchevêque de Narbonne a com-
mencé la Messe, qui a été célébrée suivant le Rit romain,
ÔC chantée par les Pères Augustins qui étoient dans la
Tribune.
Après PEvangile le Sous Diacre accompagné du
, - ,
Maître des Cérémonies, a porté le Livre ouvert à baiser
à Monseigneur PArchevêque de Narbonne ensuite à
Messeigneurs les Prélats de l'Assemblée du côté ,
de PE-
pître ôc après à Messeigneurs les Prélats du côté de
,
PEvangile, commençant de chaque côté par le plus an-
cien. Ayant fermé le Livre, il Pa présenté à baiser à
Messieurs les Députés du second Ordre : puis étant rentré
dans le Sanctuaire, ôc ayant rouvert le Livre des Evan-
giles il Pa présenté à baiser à Messeigneurs les Prélats
,
qui n'étoient pas de l'Assemblée : étant retourné à PAutel,
il a présenté le Livre des Evangiles fermé à baiser au
Prêtre assistant, aux Diacres d'honneur, au Diacre de
PEvangile ôc au Sous-Diacre.
Après cette Cérémonie Monseigneur PEvêque de Lan-
,
gres est monté en Chaire. Ce Prélat a pris pour texte ces
paroles tirées de PEccli. chap. 3 : Non efl tibi necesfdrium
ea qua abfiondita sunt videre oculis tuis ; plurima enim
superfenfum hominis oflenfafunt tibi
: « 11 ne vous est pas
a. 4 PRCCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE


nécessaire de voir de y os yeux ce que Dieu vous a caché;
« car il vous a laissé appercevoir beaucoup de choses qui
s?
font au-dessus de Pefprit humain. »
Monseigneur PEvêque de Langres a combattu avec
de O
autant de force
C3__

que
•••
solidité les erreurs de la Philo-
,
sophie moderne en démontrant que la soumission est
,
nécessaire dans la Religion 3 qu'elle n'empêche pas Pusage
de la raison 3 que la soumission est nécessaire sur le dogme
8c sur la morale ôc qu'elle n'empêche point Pusage de
,
la raison, parce que d'une part la Religion recommande
^examen de ses motifs, ôc que de l'autre cet examen con-
duit à la connoistance de la Religion.
Le Sermon fini Monseigneur PArchevêque de Nar-
,
honne a entonné le Credo.
Après Pcncenfement super oblata, le Diacre de PE-
vangile a encensé Monseigneur le Célébrant 5 ôc étant
allé au Choeur, accompagné du Maître des Cérémonies,
il a enceníé de trois traits chacun de Messeigneurs les
Prélats de l'Assemblée, ôc de deux traits feulement Mes-
sieurs les Députés du second Ordre, Ensuite étant re-
tourné à PAutel, il a pareillement encensé de trois traits
chacun de Messeigneurs les Prélats invités, ôc de deux
traits le Prêtre assistant, les Diacres d'honneur, le Diacre
de PEvangile ôc le Sous-Diacre 3 ôc ayant remis l'encen-
soir au Maître des Cérémonies, il en a été encenfé de
même.
A YAgnus Del, Monseigneur PArchevêque de Nar-
bonne a donné le baiser de paix au Prêtre assistant, aux
Diacres d'honneur, au Diacre de PEvangile êc au Sous-
Diacre : après quoi le Prêtre assistant, accompagné du
Maître des Cérémonies, est allé au Choeur, ôc a donné
pareillement le baiser de paix au premier de Messeigneurs
les Prélats ôc ensuite au premier de Messieurs du second
j
Ordre de chaque côté, qui se le sont rendu successive-
ment. Le Prêtre assistant a aussi donné le baiser de paix
au premier de Messeigneurs les Prélats invités, lefe]uels
se le lonc pareillement rendu.
>
Après la Communion de Monseigneur PArchevêque
de"
DU CLERGÉ DE FRANGEl zy MAI IJ%$* 'ZJ,
de Narbonne, le Maître des Cérémonies a porté à chacun
de Messeigneurs les Prélats une Etole, qu'ils ont prise à
leur place, ÔC ils font allés deux à deux à la Commu-
nion : les deux premiers se font mis a genoux à la plus
haute marche de PAutel , les autres ont suivi dans le
même ordre, ôc Monseigneur PArchevêque de Narbonne
leur ayant donné à chacun le baiser de paix, les a com-
muniés fans dire : Ecce Agnus Dei, ni Corpus Domini,
le Diacre tenant le Ciboire.
Ensuite le Diacre de PEvangile, étant du côté de PE-
pître, a dit le Confiteor, ôc Monseigneur le Célébrant a
dit le Mifereatur ôc ÌTndulgentiam; ensuite le Prêtre as-
sistant les Diacres d'honneur, le Diacre de PEvangile
,
ôc le Sous-Diacre, après avoir baisé PAnneau de Mon-
seigneur PArchevêque de Narbonne, ont reçu la sainte
Communion.
Messieurs les Députés du second Ordre sont ensuite
allés deux à deux à PAutel j ils ont baisé PAnneau de
Monseigneur le Célébrant, ôc ils ont reçu la sainte Com-
munion j les Prêtres ôc Diacres seuls ayant l'Etole, qu'ils
ont prise au bas des dégrés du Sanctuaire.
La Messe finie Monseigneur PArchevêque de Nar-
bonne est retourné à, son Trône pour quitter ses ornements
pontificaux. Pendant qu'il faiíoit son action de grâces,
Messeigneurs les Prélats, qui ne font pas de l'Assemblée,
font sortis par la porte du côté droit du Sanctuaire. En-
suite Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Messei-
gneurs ôc Messieurs les Députés font sortis par la même
porte, dans le même ordre qu'ils étoient entrés, ôc font
retournés dans la Salle des Séances où Monseigneur
PArchevêque de Narbonne a été remercié ,
par la Com-
pagnie d'avoir célébré la Messe folemnelle du Saint-Es-
prit. Monseigneur PArchevêqued'Aix a dit, que, suivant
les intentions de la Compagnie, il s'étoit rendu chez Mon-
seigneur PArchevêque de Paris, avec Messeigneurs les
Evêques de Montpellier ôc de Langres, ÔC Messieurs les
Abbés d'Agoult, de la Bintinaye ôc Dillon, pour in-
viter ce Prélat à venir prendre place parmi Mesteigneurs
Procès-verbal de 178j. D
%6 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
les Députés, suivant son ancienneté j que Monseigneur
l'Archevêque de Paris infiniment sensible à cette invi-
,
tation, les avoit priés d'en témoigner à PAííemblée toute
fa rec'oniioissance, en attendant qu'il pût venir la remer-
cier lui-même: de Phonneur qu'elle lui faisoit.
Monsieur PAbbé de Montesquiou , qui avoit été chargé
d'aller à Versailles, pour savoir de M. le Baron de Breteuií
le jour auquel il plairoit au Roi ôc à la Reine de donner
audience à PAstemblée a dit, que Leurs Majestés en
,
avoient fixé le jour à Dimanche prochain ±9 Mai, ôc
,
que le Clergé íeroit reçu avec les honneurs accoutumés.
Monsieur PAbbé de Montesquiou a ajouté que M. le
,
Baron de Breteuií lui avok fait Phonneur de lui dire,
qu'il feroit expédié des Lettres d'Etat pour ceux de Mes-
seigneurs ôc de Messieurs les Députés qui en auroient
besoin.
La Séance a été indiquée à Dimanche , 29 Mai, à
Versailles à midi, ôc à Mardi 3 1, aux Grands-Augus-
,
tins à dix heures.
,
Signé, *J* ÂRTUR-RïCHARD, Archevêque ôc Primat
de Narbonne, Président.

DU DIMANCHE VINGT-NEUF MAI I78J,


à midi, a Versailles.

iv MEsseigneurs &L Messieurs les Députés s'étant rendus


SÉANCE. à Versailles dans la Salle des Ambassadeurs qui avoit
été préparée pour les recevoir, M. le Baron de Breteuií,
Secrétaire d'Etat accompagné de M. de Nantouillet,
,
Maître des Cérémonies, ôc de M. de Watronville, Aide
des Cérémonies font venus avertir l'Assemblée que le
Roi étoit prêt de ,lui donner audience, ôc furie champ elle
a été conduite par ces Messieurs dans Pappartement du
Roi.
Messieurs les Agents marchoient les premiers: Mon-
seigneur PArchevêque de Narbonne, qui deyoit porter
DU CLERGÉ DE FRANCE', Z$ MAI 178/.' 17
la parole, étoit entre Monseigneur PArchevêque de Tou-
louse ôc Monseigneur PArchevêque de Rheims j Messei-
gneurs ôC Messieurs les Députés fuivoient deux à deux :
Messeigneurs les Prélats en Rochet ôc Camail violet,
selon leur rang, ôc Messieurs du second Ordre en Man-
teau long ôc Bonnet quarré , sans distinction entr'eux.
L'Assemblée en arrivant dans la Salle des Gardés, lésa
trouvés en haie fous les armes, ses Officiers à leur tête:
on a ouvert les deux battants des portes, ôc toutes choses
ont été observées suivant Pusage ordinaire.
L'Assemblée étant entrée dans la Chambre du Roi,
Messieurs les Agents ont fait trois profondes révérences
à mesure qu'ils approchoient de Sa Majesté, ôc se sont
ensuite rangés à droite ôc à gauche.
Messeigneurs ôc Messieurs les Députes ont pareillement
salué le Roi. Monseigneur PArchevêque de Narbonne a
harangué Sa Majesté avec cette éloquence noble ÔC franche
qui lui est propre. Après quoi Monseigneur PArchevê-
que de Narbonne a présenté ôc nommé au Roi tous les
Députés.
L'Assemblée étant sortie de Pappartement de Sa Ma-
jesté a été conduite à l'audience de la Reine, par les
,
mêmes personnes dans le même ordre ôc de la même
,
manière qu'à l'audience du Roi. Monseigneur PArche-
vêque de Narbonne a exprimé, avec la même dignité,
les sentiments du Clergé. Ce Prélat a présenté ÔC nommé
à la Reine tous les Députés.
La Compagnie a été reconduite, avec les mêmes hon-
neurs ÔC par les mêmes personnes, dans la Salle où elle
s'étoit assemblée.

de
^
Signé, ARTUR-RICHARD Archevêque
Narbonne, Président. ,
ÔC Primat

D *
2,8 PROCES-FÈRBAL DE ilASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU MARDI, TRENTE-UN MAI"178/,


à dix heures du matin , aux Grands-Augustins.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président,

V. MOnsieur Bollioud de Saint-Jullien, Receveur-Gé-


SÉANCE. néral du Clergé a mis ses comptes fur le Bu*
,
reau, ôc les a affirmés véritables.
Monseigneur PArchevêque de Toulouse a dit que
,
ì'Assemblée avoit à remercier Monseigneur PArchevê-
que de Narbonne de la manière noble ôc touchante donc
il avoit porté ses voeux ôc ses hommages au pied du
Trône, ôc a prié ce Prélat, au nom. de la Compagnie ;
de permettre que ses Harangues fussent insérées dans le
Procès-verbal, dont elle feroit un des plus beaux orne-
ments.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a répondu;
qu'il auroit voulu pouvoir exprimer les sentiments du
Clergé d'une manière digne de PAstemblée, au nom de
laquelle il pa-rloit ; que ce qui doit la combler de satis-
faction c'est la bonté avec laquelle le Roi a aíluré le
Clergé ,de sa protection j ôc que pour lui en donner un
témoignage plus flatteur Sa Majesté avoit daigné re-*-
,
mettre fa réponse écrite de sa propre main. L'Assemblée,
après en avoir ordonné ôc entendu la lecture, a délibéré
de la faire insérer dans le Procès-verbal à la fuite de la
Harangue,
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit : Que
l'Assemblée devoit à-Monseigneur PEvêque de Langres
des remerciements ÔC des éloges du beau ÔC magnifique
Sermon qu'il a prêché le jour de, la Messe folemnelle du
Saint-Esprit j que ce Prélat a joint à un style mâle, noble
òí sensible, la justesse.du raisonnement ôc la solidité des
preuves j que s'il avoit une réputation à établir, ce Dis-
cours auroit suffi pour la lui mériter j qu'il en avoit une
à soutenir ÔC à justifier, ôc qu'il venoit encore d'y ajouter.
DU CLERGÉ DE FRANCE', 31 MAI 1785-; 2.9
Monseigneur PArchevêque de Rheims a die, qu'en exé-
cution des ordres de PAstemblée, Monseigneur PEvêque
de Troyes ôc lui avoient présenté Messieurs les íiouveaux
Agents à M. le Garde des Sceaux, ôc avoient demandé pour
eux l'entrée au Conseil ÔC au Bureau des Affaires Ecclésias-
tiques ; que ce Chef de la Justice leur avoit promis de les
faire jouir d'un droit qui leur étoit acquis à juste titre.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a annoncé, que
MM. les Commissaires du Roi dévoient Venir ce matin.
On a lu le Cérémonial avec lequel ils ont été reçus par
les précédentes Assemblées. Monseigneur PArchevêque
de Narbonne a nommé pour les aller recevoir, Monsei-
gneur PArchevêque de Vienne, Messeigneurs les Evêques
de Vabres, d'Evreux de Montpellier, de Fréjus de
Noyon, de Saint-Malo, de la Rochelle de Langres ,
ôc
, ,
de Lavaur; & Messieurs les Abbés de Castellas, de Rou-
venac, de Narbonne, de Grainville , de Clugny, Bour-
lier, de Bovet, d'Andrezel, de Montazet ôc de Saint-
Fa rre.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit, que
toute Astemblée bien ordonnée doit commencer par dis-
tribuer le travail entre les Membres qui la composent,
que des opinions nouvelles ÔC destructives des droits ôc
des propriétés de l'Eglise rendent nécessaire Pétablisse-
ment des Bureaux, qui s'occuperont particulièrement de
quelques affaires intéressantes pouf le Clergé. En consé-
quence Monseigneur PArchevêque de Narbonne a pro-
posé, suivant Pusage, d'établir des Bureaux dans Pordre,
qui fuit 3 ce qui a été agréé.
SAVOIR:
Pour le Don-gratuit SG les Moyens ", les Frais communs 1
les Comptes des Décimes, des anciennes Rentes des
Rentes de IJOJ, SG des Revenants-bons. ,

Monseigneur PArchevêque de Toulouse^


Monseigneur VArchevêque, 4e Yîenney
3o PRVCES-FBRBAL DE L'ASSÈMBLÉE-GÉNÉRALE
Monseigneur PEvêque de Limoges.
Monseigneur PEvêque de Troies.
Monseigneur PEvêque de Lavaur.
Monseigneur PEvêque d'Acqs.
Monseigneur le Coadjuteur d'Orléans.
Monseigneur PEvêque de Digne.
Monsieur PAbbé de Saint-Farre.
Monsieur PAbbé de Montazet.
Monsieur PAbbé d'Agoult.
[ Monsieur PAbbé de Grimaldi.
Monsieur PAbbé de Narbonne.
Monsieur PAbbé de Clugny de Thénisièy»
Monsieur PAbbé de Bovet.
Monsieur PAbbé de Montpeyroux.
4

Pour les Dîmes.


Monseigneur PArchevêque de Rheims;
Monseigneur PArchevêque de Tours.
Monseigneur PEvêque de Fréjus.
Monseigneur PEvêque de Noyon.
Monseigneur PEvêque de Langres.
Monseigneur PEvêque d'Avranches.
Monseigneur PEvêque de Grenoble.
Monseigneur PEvêque de Rodez.
Monsieur PAbbé Boursier.
Monsieur PAbbé de Panât.
Monsieur PAbbé d'Anstrude.
Monsieur PAbbé de Çhambertrand;
Monsieur PAbbé de Saint-Farre.
Monsieur PAbbé d'Esponchés.
Monsieur PAbbé de Montazet.
Monsieur PAbbé de Pradèl.

Pour le Temporel.
Monseigneur PArchevêque d'Aix.
Monseigneur PEvêque àç Troyes.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 31 MAI 178// '3
Monseigneur PEvêque de Montpellier.
Monseigneur PEvêque de Fréjus.
Monseigneur PEvêque de Dijon.
Monseigneur PEvêque de Grenoble.
Monseigneur PEvêque de Saint-Flou-ry
Monseigneur PEvêque de Nevers.
Monsieur PAbbé de Messey.
Monsieur PAbbé d'Agoult.
Monsieur PAbbé Dillon.
Monsieur PAbbé de Luillier-Rouvenac*
Monsieur PAbbé de la Myre-Mory.
Monsieur PAbbé de Tartonne.
Monsieur PAbbé de Loménie.
Monsieur PAbbé de la Bintinaye.

Pour (a Religion SG la Jurisdiéîion.


Monseigneur PArchevêque d'Arles.
Monseigneur PEvêque de Grasse.
Monseigneur PEvêque de Limoges.
Monseigneur PEvêque de Fréjus.
Monseigneur PEvêque de la Rochelle.
Monseigneur PEvêque de Langres,
Monseigneur PEvêque d'Acqs.
Monseigneur PEvêque de Digne.
Monsieur PAbbé de Castellas.
Monsieur PAbbé de Montazet.
Monsieur PAbbé de Grainville»,
Monsieur PAbbé Boursier.
Monsieur P Abbé de Bovet.
Monsieur PAbbé de Chambertrand.
Monsieur PAbbé de Foucauld.
Monsieur PAbbé d'Osmond.

Pour le Département SG les Portions congrues,


Monseigneur PArchevêque de Bordeaux.
Monseigneur PArchevêque d'Auch.
-fì, PROCÈS-FÈRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Monseigneur PEvêque de Toulon.
Monseigneur PEvêque de Vabres.
Monseigneur PEvêque d'Evreux.
Monseigneur PEvêque de Saint-Malo.
Monseigneur.PEvêque de Rodez.
Monseigneur PEvêque de Nevers.
Monsieur PAbbé de la Bintinaye.
Monsieur PAbbé d'Andrezel.
Monsieur PAbbé de Pontevez.
Monsieur PAbbé de Castellas.
Monsieur PAbbé de Barrai.
Monsieur PAbbé d'Efponchés.
Monsieur PAbbé de Grand-Clos.
Monsieur PAbbé de Sieyes.

Comptes des Rentes au denier vingt.

Monseigneur PArchevêque de Tours»


Monseigneur PEvêque de Toulon.
Monseigneur PEvêque de Vabres.
Monseigneur PEvêque d'Evreux.
Monseigneur PEvêque de Fréjus.
Monseigneur PEvêque de Noyon.
Monseigneur PEvêque de Saint-Malo.
Monseigneur PEvêque de Lavaur.
Monseigneur PEvêque cl'Acqs.
Monseigneur PEvêque de Meaux,
Monsieur PAbbé Dillon.
Monsieur PAbbé de Grainville.
Monsieur PAbbé de Clugny de Thénissey.
Monsieur PAbbé de Messey.
Monsieur PAbbé de Sieyes.
Monsieur PAbbé de Foucauld.
Monsieur PAbbé de Grimaidi.
Monsieur PAbbé le Gay.
Monsieur PAbbé d'Andrezel.
•.
Monsieur PAbbé dé la Salle.

Comptes
DU CLERGÉ DE
FRANCE, JI MAI 1785; $j

Comptes des Rentes du denier vingt-cinq.

Monseigneur PArchevêque d'Auch.


Monseigneur PEvêque de Limoges.
Monseigneur PEvêque de Montpellier.
Monseigneur PEvêque de Langres.
Monseigneur PEvêque d'Avranches.
Monseigneur PEvêque de Dijon.
Monseigneur PEvêque de Saint-Flour.
Monseigneur le Coadjuteur d'Orléans.
Monseigneur PEvêque de Rodez.
Monseigneur PEvêque de Digne.
Monsieur PAbbé de Saint-Farre.
Monsieur PAbbé de Castellas.
Monsieur PAbbé de Bovet.
Monsieur PAbbé de Grand-Clos.
Monsieur PAbbé de Montpeyroux.
Monsieur PAbbé de Pontevez.
Monsieur PAbbé de Tartonne.
Monsieur PAbbé de Pradel.
Monsieur PAbbé de Barrai.
Monsieur PAbbé d'Anstrude.

Pour les Jetons.


Monseigneur PEvêque de Grasse.
Monseigneur PEvêque d'Avranches.
Monsieur PAbbé d'Ofmond, '
Monsieur PAbbé de Luillier-Rouvenac.

Pour les Archives.


Monseigneur PEvêque de Grenoble.
Monseigneur PEvêque de Saint-Flour.
Monsieur PAbbé de Tartonne. w
Monsieur PAbbé de Pradel.

Procès-yerbal de 178/. E
^4 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉN ÉRALE

Pour la Revifion du Procès-verbal


,
Monseigneur PEvêque de Rodez;.
Monseigneur PEvêque de Nevers.
Monsieur PAbbé Defponchés.
Monsieur PAbbé de Loménie.
Pour l'Instruction des Domestiqués.
Monseigneur PEvêque de Nevers.
Monseigneur PEvêque de Digne.
Monsieur PAbbé de Castellas.
Monsieur PAbbé de Bovet.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne sera de tous


les ]3ureaux, lans être assujétti à aucuns.

Messieurs les Agents tant anciens, que nouveaux;


,
Conn aussi de tous les Bureaux.

Messieurs les Agents ont averti que Monseigneur PAr-


chevêque de Paris étoit arrivé. Monseigneur PArchevê-
que de Narbonne a nommé, pour aller le recevoir, Mon-
seigneur PArchevêque d'Auch Mesìeigneurs les Evê-
,
ques de Montpellier ôc de Langres ôc Messieurs les
Abbés d'Agoult, de la Bintinaye ôc, Dillon lesquels
,
ont été au-devant de Monseigneur PArchevêque de Paris
jusqu'à la porte du Vestibule qui donne dans le Cloître.
Ce Prélat étant entré dans la Salle des Séances a pris
,
place entre Monseigneur PArchevêque de Bordeaux ôc
Monseigneur PArchevêque d'Auch suivant 1 ancienneté
,
de sa promotion.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, adressant îa
parole à Monseigneur PArchevêque de Paris, a dit : Nous
connoisions, Monseigneur., votre attachement à tous vos
devoirs, ôc nous nous stations que vous mettrez au rang
des plus essentiels- celui d'éclairer l'Assemblée de vos lu-
mières. Sur quoi Monseigneur PArchevêque de Paris a
répondu : Qu'il étoit infiniment.sensible, aux marques de
DU CLERGÉ DE FRANCEL, 31 MAI 17Î5Í '$/;
confiance ÔC d'attachement que l'Assemblée vouloit bien
lui donner 5 qu'il se feroit un honneur d'assister à ses
Séances aussi souvent que ses affaires pourroient le lui
permettre. Monseigneur PArchevêque de Paris a ensuite
prêté le serment accoutumé, dont lecture a été faite par
Monsieur PAbbé de Périgord, Secrétaire.
L'Assemblée ayant été avertie que MM. les Commis
faires du Roi, étoient arrivés, Messieurs les Agents ont
été les trouver dans la Salle qui avoit été préparée pour
les recevoir, ÔC les ont conduits jusqu'à la porte de l'E-
glise qui communique du Cloître au Sanctuaire, ôc où
Messeigneurs ôc Messieurs les Députés les ont reçus.
Dans la marche, Monseigneur PArchevêque de Vienne
a pris la droite, ôc a passé aux portes devant M. de Mar-
ville, premier Commissaire de Sa Majesté. Immédiate-
ment après suivoit Monseigneur PEvêque de Vabres avec
deux Députés du second Ordre : ÔC chacun de Messei-
gneurs les Evêques ÔC de Messieurs du second Ordre,
ont accompagné de la même manière MM. les Com-
missaires dans la Salle de l'Assemblée qui s'est levée, quand
ils font entrés.
MM. les Commissaires, après avoir salué la Compagnie;
ont pris leurs places dans des fauteuils qui étoient préparés
devant le Bureau. M. le Baron de Breteuií, Ministre ÔC
Secrétaire d'Etat, a remis la Lettre du Roi à Monsieur
PAbbé de Périgord, Secrétaire de l'Assemblée, qui Pa por-
tée à Monseigneur PArchevêque de Narbonne. Ce Prélat
Payant ouverte, la lui a rendue pour ea faire la lecture.

LETTRE DU ROI.
ME s s. d'Etat,
nisire
j'envoie les Sieurs Baron de Breteuií, Mi-
Conseiller en tous mes Conseils ;
Secrétaire dEtat SG de mes commandements, Chevalier
de mes Ordres; de Galonné* Ministre d'Etat, Conseiller,
r$ S PRÚCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉETGÉNÉRALE

en mes Conseils, Contrôleur- Général de mes' Finances*


Commandeur de mes Ordres ; Feydeau de Marville, Con-
seiller ordinaire en mon Conseil d'Etat SG en mon Conseil-
Royal ; de Êoullongne Conseiller ordinaire en mon Conseil
,
d'Etat SG en mon Conseil Royal,* SG Boutin, Conseiller
ordinaire en mon Consed d Etat SG en mon Conseil Royal,
pour vous porteries assurances de ('estime que je fais de votre
Corps : vous ajoutere^ à tout ce qu'ils vous diront en mon
nom, la même créance que vous féries en ma propre Per-
sonne ; SG la Présente n'étant à. autre fin, je prie Dieu qu'il
vous ait , Mess.} en fa sainte Garde. Ecrit a Versailles ,
le z% Mai 1785. Signé, LOUIS. Et plus bas : Le Baron
<DE BRETEUIL. AU dos est écrit : A
Mess les Archevê-
ques , Evêques SG autres Ecclésiastiques députés à l'Assem-
blée-Générale du Cierge de France, convoquée par ma per-
mission en ma bonne ville de Paris.

Après la lecture de la Lettre du Roi, M. de Marville


a dit :
MESSIEURS,
Chargés de vous apporter de nouvelles assurances de
la protection ôc de la bienveillance du Roi,- quels plus
furs garants pourrions-nous vous en donner, que ses ver-
tus ÔC les vôtres, que son dévouement à la Religion, òc
votre attachement à l'Etat?
Sa Majesté sait par quels grands ÔC importants services
le Clergé de son Royaume s'est acquis de justes droits
à Passection des Souverains, à la reconnoissance de la Na-
tion ÔC àá'estime universelle : elle sait avec quelle fermeté
ìi a défendu dans tous les temps nos précieuíes Libertés,
avec quel zèle il a toujours contribué aux besoins de
l'Etat, ôc combien Pinstuence de son saint Ministère, ses
instructions, ses exemples, son exactitude à tous les de-
Du CLERGÉ DE FRANCE", 31 MAI 1785^ 37
voirs ont servi à fortifier les liens de l'obéissance, à con-
sacrer dans le coeur des François , Pamour pour leur Roi
qui y est inné, ôc à entretenir toute Pharmonie politique.
Ces services, ce zèle patriotique, cet esprit de modé^
ration , cette pureté de lumières qui ont rendu l'Eglise
de France si célèbre , ÔC qui se retrouvent en vous,
MESSIEURS, dans tout leur éclat, justifient ÔC affer-
missent les distinctions dont vous jouissez 3 vos droits unis
à Pordre public, participent à fa stabilité, ÔC la sagesse de
vos principes est le soutien de vos prérogatives. •
Cette sagesse, qui guide toutes vos démarches, réglera
les Délibérations de cette auguste Assemblée, ÔC en assure
le succès : il ne faut, pour en être convaincu, que consi-
dérer le mérite des Membres qui la compoíent, ôc du
Prélat qui la préside.
Vous avez, M E S SI EU R S, choisi pour Chef un de
ces hommes rares, qui, avec tous les titres que donne
la naissance auroit pu ne devoir son élévation qu'à ses
,
talents.
Deux Nations avoient le droit de se le disputer j mais
la Religion Pa donné à la France.
Depuis long-temps, à la tête de Padministration d'une
grande Province il a montré autant d'habileté dans les
,
aftaires, que de liant dans Peíprit ôc de loyauté dans le
caractère : doué d'une éloquence naturelle pleine de
,
charmes ôc de nerfs, qui séduit sans prétention, ôc en-
traîne fans violence, il ne l'emploiera que pour réunir
tous les suffrages aux résolutions les plus convenables, les
plus conformes aux vues du Roi, les plus dignes de l'E-
glise Gallicane, les plus capables d'ajouter encore à fa gloire
Ôc à la vénération qu'elle mérite.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne a répondu :


MESSIEURS,'
L'Assemblée reçoit, avec la plus respectueuse sensibilité,
les témoignages de protection ÔC de bienveillance dont le
r3§ PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Roi veut bien Phonorer. Vous venez de lui en donner
les assurances avec des expressions dont les grâces ne peu-
vent être égales qu'à la reconnoissance qu'elles nous inspi-
rent. Qu'il est précieux pour le Clergé de France, d'en-
tendre les personnes honorées de la confiance du Roi, ÔC
choisies pour être auprès de nous ses organes, nous donner
des éloges que nous nous efforcerons toujours de mériter!
Puisse notre auguste Monarque se convaincre de plus
en plus que la Religion n est point le tombeau des ta-
lents ôc que ses maximes bienfaisantes ôc salutaires em-
, ,
belliront toujours loin de les éteindre, toutes les vertus
,
civiles. Qu'au vrai patriote il ait le bonheur de voir réuni
le vrai Chrétien, il aura le spectacle de toutes les vertus
qui peuvent habiter fur la terre.
Mon respect pour l'Assemblée m'empêche vde mêler
ma reconnoissance personnelle à la sienne j mais si j'ai été
assez heureux pour être instruit par des exemples domes-
tiques de ce qu'on doit à son Dieu, ôc de ce qu'on doit
à son Roi, j'en tirerai le précieux avantage de vous con-
vaincre qu'avec de pareilles leçons le coeur est bientôt
naturalisé françois.
MM. les Commissaires du Roi s'étant levés, ont salué
P Assemblée, qui s'est aussi levée, ôc les a salués : ils se sont
retirés dans le même ordre, accompagnés des mêmes Dé-
putés qui étoient allés les recevoir.
La Séance a été indiquée à demain Merciedi, premier
Juin, à dix heures du matin.
Signé* ^ARTHUR-RICHARD, Archevêque ôc Pri-
mat de Narbonne, Président,
DU -CLERGÉ DE FRANCE, '31 MAI 178/. $9

HARANGUE FAITE AU ROI,


le Dimanche z9 Mai 178 j par Monseigneur l'Arche-
,
vêque de Narbonne.

3IRE,
Le Clergé de votre Royaume met au rang de ses plus
précieux avantages celui de porter aux pieds de votre
Trône ses acclamations ôc ses voeux ; ÔC s'il "ose se livrer
à la douce satisfaction d'avoir saisi ôC prévenu toutes les
occasions de donner à VOTRE MAJESTÉ des preuves
de íon ardeur à le servir, ÔC de son emprestement à lui
plaire, c'est pour se retracer à lui-même les obligations
que lui impoíe Phonorable possession dans laquelle il est,
de furpaíler, par la vivacité de son zèle, le mérite de la
plus fidèle obéiílance.
C'est de la munificence des Rois vos augustes Prédé-
cesteurs, ainsi que de la pieuse libéralité des grandes fa-
milles du Royaume, que l'Eglise tient les biens qu'elle
postede. Ils font spécialement consacrés à la décence du
Culte divin, à l'entretien de ses Ministres ôc à la fubsi£
tance des pauvres ; mais ce n'est pas dénaturer cette des-
tination primitive, que de les faire servir dans les néces-
sités de PEtat, à rendre moins pesant le fardeau des char-
ges publiques. Le Clergé de France tient à honneur d'être
un des premiers anneaux de la chaîne nationale 5 ôc nos
coeurs vous répondent que la qualité de Ministres des
Autels ne contrariera jamais les devoirs que nous pres-
crit celle de Sujets ôc de Citoyens.
íl n'y a pas un de nous, SIRE, qui ne soit animé
du plus ardent désir de concourir, par tous les sacrifices
qui seront jugés possibles, au succès des plans d'ordre,
de justice ôc d'économie que votre saffeife a formés au
,
mainrien ôc à Paccroissement de la grandeur de Pin-
,
íluence ôc de la dignité de la Nation, à la fureté des
4-o PROCES-FÊRBJL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
moyens les plus capables de rendre de plus en plus res-
pectable la religieuse fidélité de VOTRE MAJESTÉ à
remplit* ses engagements.
Nous pensons que c'est coopérer aux vues mêmes de
la Providence que de contribuer à étendre le bonheur
dont vous êtes, environné. La naissance du second Fils
qu'elle vient de vous accorder, est une faveur que cha-
cun de vos Sujets a regardée comme un bienfait person-
nel. Ce sio-ne de bénédiction promis à la race du Juste ,
est le gage assuré de la protection divine5 ôc si, dans les
familles particulières, la succession directe est regardée
comme un bonheur , de quels avantages n'est-elle pas
le principe dans la Maison qui donne des héritiers au
,
Trône? Elle attache de plus en plus le Prince à son Etat-,
elle resserre les liens qui unissent les Sujets à leur Maître ;
elle rapproche le Gouvernement monarchique de Con.
vrai modelé dé Pautorité paternelle. C'est de cette ré-
,
ciprocité de sentiments entre le Maître ôc les Sujets, en-
tre le Père ôc les enfants, que naît cette harmonie pré-
cieuse d'affections, germe le plus fécond de la prospé-
rité des Empires.
L'autorité feule, quand elle est dénuée du charme que
lui prête le dévouement des peuples, est presque toujours
sombre ôc austère, ôc la plus absolue ne produira jamais
Pénergie qui résulte de Paffection d'un Roi pour son peu-
ple ôc de Pamour d'un peuple pour son Roi. Quel pré-
face, heureux n'est-ce donc pas pour la France, que de
voir VOTRE MAJESTÉ choisir par préférence potic
modelés, parmi tous les Héros qui, ont illustré votre, Race,
ceux qui ont eu le plus à coeur d'associer leur bonheur à
celui de leurs Sujetsì Ce font les mêmes vertus, SIRE,
que nous admirons en vous, qui nous font prononcée
encore, avec attendrissement ôc enthousiasme, les noms
de. ces Princes révérés, que la froide ÔC impartiale poí-
térité a placés, mais en petit nombre, au rang des Rois
les amis ÔC les pères de leurs peuples : ôc dans quel mo-
ment plus propice pouvons-nous déférer à VOTRE MA-
JESTE ce titre glorieux , que dans celui où votre ame
sensible
DU CLERGÉ DE
FRANCE) $I MAI 1785'." 41
sensible est agitée d'une tendre inquiétude sur le sort de
son peuple, ÔC occupée du soin vraiment paternel, d'op-
poser à la rigueur des faisons les secours consolants de la
.bienfaisance la plus éclairée?
Assez de voix se feront entendre pour célébrer les triom-
phes que VOTRE MAJESTÉ a obtenus pendant la guerre;
la plus heureuse n'en est pas moins un fléau : mais pou-
vons-nous ne pas unir le tribut de notre admiration, à ce-
lui que vous ont décerné tous les peuples policés de la
terre ? L'ordre donné par VOTRE MAJESTÉ à la Marine
Françoise, dans la chaleur de la rivalité la plus vive, d'é-
pargner ôc de respecter le Vaisseau qui portoit des tré-
sors plus précieux que tous les métaux du nouveau Mon-
de vous a mérité d'être proclamé le Gardien ôc le Pro-
,
tecteur de Pinstruction de l'univers. Cette disposition de
votre coeur, qui vous a fait regarder cómme sacré, dans
la main même de vos ennemis, ce dépôt de connoissan-
ccs utiles ne pouvoit pas demeurer isolée ou stérile 5 ô£
c'est au développement de ce sentiment généreux, que
nous serons redevables du nouveau voyage que VOTRE
MAJESTÉ vient d'ordonner ÔC qui en constatant les
découvertes déja faites, doit,, à la gloire
,
de la Nation
Françoise,'les perfectionner ôc les étendre. Dieu vous a
donné de saisir d'un coup d'oeil sûr ôc rapide les détails,
les convenances, les rapports entre elles, des Contrées du
Globe les moins connus. Qu'il fera satisfaisant pour vos
Sujets, de voir tracées de votre main royale, les instruc-
tions qui doivent assurer le succès de cette entreprise !
La Religion applaudira à ces travaux utiles. Elle n'a
rien à redouter des vraies lumières ; ôc les cieux de tous
les Climats annonceront toujours la gloire du Dieu dont
ils font Pouvrage.
En vain une Philosophie orgueilleuse voudroit elle
-
s'arroger le droit exclusif d'enseigner aux hommes , 6£
stlr-tout aux Princes, ce qui leur importe de savoir, pour
asiurer ici-bas leur bonheur. II n'y a rien d'utile dans les
institutions de la sagesse humaine, que la Religion n'ait
devancé ôc surpassé. Les plus grands Rois, comme le
Procès-verbal de 1785. F
'AZ PROCES-FÉRBAL DE L ASSEMBLÉEGÉNÉRÂLÈ
dernier des Citoyens, trouvent dans les Livres saints des
règles ÔC des modelés de conduite. Qu'on nomme un de^
voir, une vertu, une perfection, qui n'y soient, OU con-
seillés ou prescrits j justice,"économie fermeté, pruden-
,
valeur à la activité ôc
,
secret dans lés affai-
ce , guerre ,
res , il n'existe pas une feule nuance dans Tordre;social,
sur laquelle la Religion n'ait répandu Pimpression de sa
grandeur, de ion utilité ôc de sa bienfaisance.
Continuez donc, SIRE à lui donner le premier ÔC le
,
plus utile témoignage de protection que puissent lui ac-
corder les Princes, celui de la pratiquer, \
Ministres de cette Religion sainte, dépositaires de ses
salutaires maximes, nous íerions les plus coupables des
hommes, si nous osions trahir les intérêts sacres qu'elle
nous a confiés. Notre conscience, notre honneur', Pau-
toritc imposante des exemples que nous ont transmis ces
Pontifes vénérables qui ont perpétué d'âge en âge la célé-
,
brité de l'Eglise Gallicane tout ce qui émeut puissamment
,
les hommes nous invite, ÔC nous -excite à nos devoirs.
Le Clergé de votre Royaume, SIRE, ne lès mécon-
noîtra jamais, ôc notre occupation constante fera de con-
vaincre VOTRE MAJESTÉ du prix que nous y attachons
par notre fidélité à^ les remplir.

RÉPONSE DUR O I.
; toujours, avec une nouvelle satisfaction , les
~WE recois
xS témoignages de la fidélité SG de lattachement du Clergé
de mon Royaume.
Je fias afiuré du jele SG de la sagesse avec laquelle les
Archevêques SG les Evêques continueront de contribuer au
bien de mon Etat, en secondantspar leurssoins mon amour
,
SG mon respect pour la Religion, SG mon affection pour,
ses Ministres.
Ils doivent compter fur ma confiance SGfur ma protection.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 31 MAI 1785; 4$

HARANGUE FAITE A LA REINE


par mondit Seigneur, l'Archevêque de Narbonne.

M AD AM E,
Nous venons avec le plus respectueux empressement
vous offrir nos fidèles hommages, ôc saisir dans les regards
favorables de VOTRE MAJESTÉ, des présages flatteurs
de protection ôC de bienveillance.
Nous avons Pavantage de paroître devant elle le coeur
encore ému des accents de la reconnoistance dont vien-
nent de retentir tous nos Temples. C'est alors que notre
ministère nous paroît doux quand nous n'avons qu'à
,
rendre grâce à la miséricorde divine des faveurs qu'elle
répand íur nos augustes Maîtres. La naissance du second
Fils qu'elle vient de vous accorder, multiplie les appuis
autour d'un Trône que vous parez, MADAME, de
Péciat réuni des vertus ôc des grâces. A Pheureux assem-
blage des dons les plus précieux, le Ciel en a ajouté pour
vous un plus précieux encore, celui de n'en faire usage
que pour établir votre premier empire dans tous les coeurs.
Jouistez, MADAME, au gré de nos voeux ÔC de nos
plus ardents désirs, de la douce satisfaction de voir votre
bonheur personnel devenir toujours une félicité publique.

DU MERCREDI, PREMIER JUIN 178/,


à dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne Président.
,
VI
X.yfJLOnsieur PAbbé de Périgord a dit SÉANCE.
:
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
11 est peu de vos Assemblées où l'on ne vous défère
F2.
44 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
des atteintes portées au droit des Décimateurs. Dans tous
les temps Peíprit d'intérêt, si fécond en ressources, ôC si.
redoutable par son activité, a tenté de se soustraire à ce
droit, en éludant les principes qtii le consacrentj ÔC trop
souvent ces prétentions illégitimes ont été protégées par
des Arrêts : mais du moins ces Arrêts isolés , contre les-
quels vous n'avez cesté d'élever votre voix , en taisant
craindre pour Pavenir une nouvelle Jurisprudence, n'a-
voient pas la force de Pétablir irrévocablement: ils me-
nácoient les principes , mais ils ne les renversoient pas ; ou,
s'ils les méconnoiíìoient par rapport à un fruit particulier,
ils en respectoient Pautorité sur tous, les autres. Aujour-
d'hui nous avons à nous plaindre d'un Arrêt qui, íous le
nom de Règlement, introduit la législation la plus éten-
due ÔC la plus dangereuse j qui ébranle presque tous les
principes du Droit Décimal j qui frappe tous les Décima-
teurs d'une grande Province ; qui anéantit tous les monu-
ments íur ieíquels'repofoit une poílession antique ôc ío-
lemnellement reconnue j ôc qui, par le plus étrange ren-
veríement des règles qui président à toute íao;e adminis-
tration, semble avoir dirigé íes coups les plus runestcs lur
la claste des Décimateurs la plus pauvre, la plus malheu-
reuse ôc la plus digne de toute protection. Tel est, Mes-
seigneurs ÔC Messieurs, P Arrêt de Règlement du Parle-
ment de Rouen, du 19 Mai 1784.
Nous allons vous faire connoître l'efprit ôc les disposi-
tions de cet Arrêt, contre leíquels tous les principes s'é-
lèvent.
Suivant le Parlement de Rouen, toutes les dîmes de
Normandie íont, ousolìtes, ou insolites. Les dîmes solites
font les seules qui soient exigibles de droit j elles se bor-
nent aux quatre gros fruits exclusivement,froment,seigle ,
orpe ôc avoine. Toutes les autres dîmes, íans aucune excep-
tion font insolites, ÔC ne peuvent être réclamées par le
,
Décimateur, qu'autant qu'il'établit ion droit íur elles, par
une preuve rigoureuse de quarante ans de poílession con-
sécutive.
Les dîmes insolites, qui comprennent tous les fruits;
5
DU CLERGÉ DÉ FRANCE , i JUIN 1785." 43-
hors ceux qu'on appelle les gros fruits, composent, dans
cet Arrêt, deux clafles. Celles de la première classe font
assujetties à la preuve de possession de dîmer le fruit con-
testé par ôc depuis quarante ans fur le fonds même, fans
aucun égard à Pusage observé sur les héritages voisins:
dans cette classe font compris les bois, prés, genêts., étanps
ôc fous le de prés, le trèfle trémaine, le ,
sainfoin,
nom ou
la luzerne ôc autres prés artificiels. La seconde classe com-
prend toutes les autres productions de la terre : la dîme
de ces productions est soumise à la preuve de possession
quarantenaire, non sur le fruit même contesté, mais fur
le grand nombre des fruits de même espèce cultivés dans
le canton. Pour toutes les dîmes, soit de la première, íoit
de la seconde classe, c'est toujours au Dccimatcur à faire
fa preuve 3 ce n'est dans aucun cas au Décimable à éta-
blir son exemption.
Le Parlement exige, en principe général, que la dîme
n'est point due à raison du fonds, mais à raison du fruit.
On ne peut donc réclamer une dîme, parce qu'un fruit
remplace sur un fonds une production qui étoit décimable :
le Parlement applique ce principe à la Normandie ÔC
proscrit, par ce moyen, toute dîme de substitution.,
Enfin, comme les conversions de culture pourroient
être trop funestes aux Décimateurs le Parlement leur
,
assure, ou plutôt leur fait espérer, à titre d'indemnité,
la dîme sur tout ce qui excédera les deux tiers du terrein
cultivé.
Voilà en substance les principales dispositions de P Ar-
rêt de Règlement. En voici les conséquences.
Si les quatre gros fruits composent exclusivement la
classe des dîmes soldes ou exigibles de droit j íi toute
,
autre production cultivée quoique beaucoup plus éten-
,
due, beaucoup plus importante dans un canton, n'est pas,
par cela même, fujetteà la dîme, il fuit nécessairement,
ou que le Droit Commun n'a jamais assuré au Clergé la
dîme de toutes les productions de la terre, ou que ce droit
a été dans la fuite presque entièrement anéanti.
4'6 pROcès-FERBAL DE ± AsSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Si, pour la dîme de tous les autres fruits fans excep-
tion , on exige, de la part du Décimateur, une preuve de
possession quarantenaire il fuit d'abord que toute dîme
,
de nouveaux fruits est nécessairement proscrite 3 ôc, par
rapport-aux fruits anciens , il fuit que tous les décimables
íont autorisés, íont même encouragés à refuser provisoi-
rement toutes les menues dîmes qu'ils ont payées les an-
nées précédentes 3 ÔC comme la preuve de poílession de-
mandée ne peut s'établir par titre, puisqu'on ne conserve
aucun acte qui' atteste le paiement de la dîme 3 comme
une preuve de poílession non interrompue pendant qua-
rante ans, est très-difficile.à établir par témoins dans un
canton particulier, ÔC qu'elle est même presque impossi-
ble en Normandie:, où le Parlement, contre tout prin-
cipe, récuse le témoignage des propriétaires de la Paroiste,
il fuit rigoureusement que le droit sur aucunes de ces dî-
mes y fuíìent-elles d'un usage immémorial, ne pourra pres-
que jamais être constaté.
Si les herbages artificiels font assujettis à une preuve
de perception quarantenaire fur-le même fonds, il est évi-
dent que cette dîme est entièrement abolie, puisque les
herbages ne sont cultivés qu'un très - petit nombre d'an-
nées íur le même terrein 3 ôC il est essentiel de remarquer
que la dîme des herbages est de la plus grande importance
en Normandie , ÔC qu'elle forme la moitié des dîmes per-
çues dans cette Province.
Si la dîme de substitution n'a pas lieu comme il fera
,
bientôt démontré qu'elle existoit avant .PArrêt il fuie
,
que le Parlement enlevé aux Décimateurs de cette Pro-
vince le moyen le plus important de conserver ôc de ré-
clamer les dîmes.
Enfin, si la dîme d'indemnité n'est ouverte qu'après les
deux tiers, il fuit qu'un grand nombre de Décimateurs
ieront réduits à un tiers de leurs anciens droits 3 ôc en
supposant que le tiers de la Paroisse est chargé de gros
fruits, dont la dîme appartient au principal Décimateur,
le Décimateur pauvre, qui n'avoit droit qu'aux menues
dîmes qu'il percevoit fur les deux tiers, s'en verra enné.-
DU CLERGÉ
DE"FRANCE", I JUIN 178;: 47
rement dépouillé, ÔC sera réduit absolument à rien, sans
pouvoir réclamer aucune indemnité.
Des dispositions, qui conduisent à des conséquences
aussi funestes, ont dû s'appuyer fur des principes bien
étranges. Ces principes, qu'il nous a paru intéressant de
connoître, nous les avons trouvés dans le rapport même
qui paroît avoir déterminé P Arrêt du Parlement de Rouen,
ôc qui nous est parvenu comme motif de cet Arrêt. On
y établit que les dîmes n'appartiennent pas au Clergé par
le Droit Commun5 que le Droit Divin qu'il invoque, est
une chimère5 que les Capitulaires de nos Rois, íur les-
quels il s'appuie, ne présentent pas un titre plus solide,
puisque dans le principe ils ont été Pouvrage de Perreur,
ÔC que, quelque autorité qu'on leur suppose elle a dû
,
nécessairement périr avec les Capitulaires, qui, dit-on,
suivant Montesquieu, disparurent sous la troisième Race 3
que, depuis ce temps-là, la dîme réduite iníensiblement
par différentes Loix, est tombée entièrement sous Pem-
pire de Pusage. Quant au principe de substitution, ce prin-
cipe, dit-on encore, contraire à toutes les Juriipruden-
ces, vicieux en lui-même, injuste envers les décimables,
ne peut se soutenir à la faveur de quelques Arrêts dont
le Clergé de Normandie ne ceste d'abuser.
R est sans doute indispensable, Messeigneurs ôc Mes-
sieurs de montrer la fausseté de toutes ces assertions, de
,
rendre en même-temps au Clergé général [es droits, ôC
au Clergé de Normandie ses privilèges.
Et pour rapprocher ici les vrais principes des disposi-
tions de l'Arrêt, de ses conséquences ôC des motifs qui
Pont dicté, nous établissons, 1 °. que de Droit Commun la
dîme de tous les fruits de la terre appartient au Clergé 5 que
par conséquent on ne peut réduire la dîme exigible de droit
à celle des quatre gros fruits, ÔC demander fur tous les au-
tres la preuve de possession au Décimateur : z°: que, dans
le cas où l'on pourroit demander cette preuve il feroit
souverainement injuste de demander pour les herbages,
la
preuve de cette perception fur le fonds même :3 e. que la
r4$ PROCES-FÌRBJL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRÂLÌ
dîme de substitution est appuyée en Normandie sur des
monuments incontestables, ôc que le Parlement n'a pu la
proscrire*, qu'enfin la dîme d'indemnité qu'il accorde, est
évidemment insuffisante.
•i °. Le
Droit Commun assure au Clergé la dîme sur
tous les fruits de la terre. Pour établir cette vérité, nous
n'avons point recours à une institution divine, comme
on se plaît à nous le redire perpétuellement. Nous avons
soutenu, Mesteigneurs ôc Messieurs, ôc nous ne craignons
point que notre opinion soit démentie par cette Assem-
blée, qu'il n'y a de Droit Divin, en matière de dîme que
,
Poblis;ation des fidèles de pourvoir à la subsistance des
Pasteurs 3 mais que la dîme elle-même quoiqu'accordée
,
par la piété dans les premiers siécles de. l'Eglise, quoique
recommandée par lesPeres, ordonnée même par plusieurs
Conciles particuliers, ôc consacrée par un usage presque
universel, long-temps avant Charlemagne trouve son
,
principal fondement dans les Loix de PEcat. Nous étions
bien loin de vouloir donner à un droit incontestable, Puni-
que appui d'une opinion qu'on pourroit combattre avec
trop d'avantage.
Ce qui établit invinciblement notre droit, Messeigneurs
&C Messieurs, ce sont les Capitulaires: ce íont ces.Loix
anciennes ôc respectables, nées dans les Allemblées mêmes
de la Nation, qui, suivant Baluze, so concilièrent, par
leur haute sageste, les hommages ôc la vénération des Etats
voisins. Dans cette fuite de Loix si connues, si souvent
invoquées, ôc dont il est inutile, fans doute de rappeller
dispositions littérales, ,lit clairement
en ce moment les on
que la dîme est de droit, ôC non pas volontaire 5 qu'elle
s'étend à tous les fruits de la terre fans aucune exception;
que les fonds même consacrés à la Religion, n'en sont pas
affranchis 3 que tout le moftde fans distinction, y est sou-
mis ôc que les réfractaires à la Loi doivent être punis
,
sévèrement.
Voilà nos preuves, voilà nos titres ÔC rien fans doute
,
n'en affoiblira jamais Pautorité. Mais comme cette auto-
rité des Capitulaires a été fortement attaquée dans les mo-
tifs
DU CLERGÉ DE FRANCE, I JUIN 178y. 49
tifs de P Arrêt; nous devons chercher ici à lui rendre toute
fa force.
a prétendu que ces Loix sont Pouvrage de Perreur,
J On
ÔC qu'elles doivent leur naissance à des opinions supersti-
tieuíes: ce reproche , eût-il quelque fondement, laiiíeroit
encore à la Loi íoji autorité. Des Magistrats n'ont pu
ignorer combien il íeroit dangereux de prétendre qu'il est
permis de se soustraire à une Loi , dès qu'on croit avoir
découvert dans le motif.si souvent incertain du Lésrista-
teur, quelques traces des opinions qui regnoient de Ion
temps. Ce principe, s'il étoit adopté, jetteroit Pincertitude
la plus alarmante fur Pautorité de preíque toutes les Loix,
ôc pourroit même renveríer la Loi la plus juste ôc la plus
néceílaire 3 ôc Montesquieu dont Popinion est invoquée
,
avec tant de confiance, défend expreílément les Loix de
Charlemagne contre cette imputation : Les Loix de ce
Prince fur la dîme, nous dit-il, ( El prit des Loix, hv. 1
chap. ÌZ ) étoient (ouvrage de (a nécejjué ; (a Redgionfeu(e5
,
y eut part s òo la superstition rien eut aucune.
Mais on dit que ces Loix ont perdu leur autorité, qu'el-
les disparurent au milieu de la confusion qui couvrit les
remies des lucceíleurs de Charlemagne.
Accordons ici, Messeigneurs ôc Messieurs, qu'en effet
les Capitulaires ne íont plus des Loix. Quand nous ne
verrions en eux que des monuments antiques des mo-
,
numents histoncjues, ces monuments nous attesteroient
toujours que le droit de dîme n'a point été uíurpé dans
le principe 3 qu'il ne tire point la force ôc Ion origine de
Pulage, qu'il a été consacré pendant plus d'un siécle par
k s Loix nationales. 11 feroit donc incontestable, qu'à certe
époque, ce droit existoit dans toute fa vigueur : or un
droit une fois existant, une fois affermi, n'a pas belom de
Pimpreílion continuelle de la Loi pour subsister. Dès qu'il
est prouvé qu'il a été accordé ou confirmé par une auto-
rité légitime ôc toute-puissante, qu'il n'a pas été révoqué,
ôc que le Corps, qui Pa reçu, ne Pa point lais té perdre,
cela seul doit sussire. Les Loix qui en contenoient le titre,
ì
pourroient disparaître, le droit accordé se soutiendroit par
Proces-verbal de 178J. G
"ç-o PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
lui-même *. éiîUûiBot, de quelque autorité que l'on dé-
pouille les Capitulaires, ils prouveront toujours que le
droit de dîmec tous les fruits de la terre appartenoit au
Clergé légitimement 3 qu'il a été reconnu par la Loi, par
le Prince, par la Nation.: ôc voilà k-Drok Commun que
«ous réclamons.
Mais est-íl donc vrai que les Capitulaires, considérés
comme des Loix, ont perdu toute leur autorité 3 que eê
font des Loix mortes, qu'il n'est plus permis d'invoquer?
Nous sommes bien loin de le penser.
C'est un principe éternel, eu matière de Loi, un prin-
cipe consacré par tous les Jurisconsultes, un principe essen-
tiel au maintien du bon ordre que ìa Loi est, de ía nature *
,
perpétuelle, c'est-à-dire, qu'elle subsiste 'toujours., qu'elle
-est toujours vivante tant qu'elle n'est pas expressément ré-
,
voquée ou qu'elle n'est pas tombée en désuétude par une
,
Coutume contraire bien établie.
Par conséquent tant qu'on ne fera pas voir la Loi qui
a révoqué celle des Capitulasses 5 tant qu'on ne montrera
pas hs monuments qui attestent qu'elle est tombée en dé-
suétude par une Coutume contraire ô£ générale, il sera
toujours permis d'en réclamer Pautorité.
Si Montesquieu dit qu'après Pérection des grands Fiefs
on n'entendit plus parier des Capitulaires, c'est que l'aato-
rité royale,' qui en étoit la première source, fut alors pres-
que entièrement anéantie, ôc dut entraîner dans fa chutés
les Loix qui étoknt ion ouvrage : mais ces Loix durent
aussi revivre avec elle 3 ôC, dans k désordre qui donna
naiíìance aux diverses Coutumes, les Loix ne perdirent ne
*
purent perdre que ce qui fut abrogé par des dispositions
contraires. Or parmi ces différentes Coutumes, rédigées
fous Charles VII, les unes ne parlent point de la dîme y
les autres rendent hommage au droit primitif, même dans
les exceptions qu elles autorisent $ pas Une n'annonce qu'elle
soit la íource de ce droit : ks dispositions des Capitulaires
conservent donc, à cet égard, leur première autorité pour
établir le Droit Commun du Ciergé, c'est-à-dire, le droit
de dimer toutes les productions qui ne sont point affraa-
DU CLERGÉ DÉ FRANCE, I JUIN 178J. $i
chies de la dîme, ou par une exception générale, ou par
une exception particulière bien établie.
Aussi dans ces derniers temps les Canonistes, les Ju-
risconsultes les Parlements eux mêmes invoquent les
, - ,
Capitulaires comme des Loix de PEtat 5 ÔC M. Pithou
dont le nom est si respecté dit expressément dans son,
Traité des Libertés de l'Eglise, Gallicane ',' art. 10 : « Que
» les Capitulaires, quoiqu'ils renferment plusieurs Loix
33 ôc
Décrétâtes des Papes, portent fur leur front la mat-
as que
de l'autorité royale, ôc sont réputés pour la Loi du
3>
Royaume ôc observés par le íèul respect de la]ma-
,
33 jesté du Prince. »
Donc les Capitulaires ôc comme monuments histori-
,
ques , ÔC comme Loix, ont une égale force pour établir
le droit que le Clergé réclame.
Allons plus loin. Quand 011 ne pourroit assigner avec
précision Porigine de notre droit 5 quand on ne pourroit
montrer le titre qui lui auroit donné naissance 3 quand
les Capitulaires n'existeroient plus pour lui rendre témoi-
gnao-G, on le retrouverait encore au milieu des traces
que ce droit a laistées : on verroit que, malgré la diver-
sité des Coutumes qui régissent les différentes Provinces
du Royaume par-tout les fruits principaux sont assujet-
,
tis à la dîme. Cette perception invariable ne pouvant être
Pouvrage du hazarel, obligeroit à remonter à une Loi pri-
mitive , qui , par son autorité Peût mise à l'abri de la
,
mobilité de Pusage ôc des atteintes de la cupidité. En con-
sultant les âges qui ont précédé le nôtre on remarque-
,
roit plus d'uniformité dans les principes des Auteurs qui
ont parlé des dîmes, ôc moins de contestations de la part
des décimables 5 ôc là on reconnoîtroit un ancien droit
général qui s'est insensiblement assoibli 3 on verroit que
les anciens Juriiconfultes accordent le droit au Clergé
,
ôc les exemptions au décimable 3 que les Ordonnances de
nos Rois supposent toujours la dîme acquise de droit,
puisqu'elles ne parlent jamais de la prescription qui Pa fait
acquérir, mais seulement de celle qui Pa fait perdre : enfin,
ce qui acheveroit de convaincre qu'il existe un droit pri-
G 2,
$% PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
mitis, supérieur à Pusage, c'est qu'on verroit que certai-
nes dîmes font reconnues par-tout comme imprescripti-
bles. On en concluroit qu'elles n'ont donc pas été établies
par Pusage 3 car si l'uíage avoit eu la force de les établir,
il auroit conservé sans doute la force de les détruire.
Nous ne craignons pas Mesteigneurs ôc Messieurs de
, ,
paroître avoir donné un trop grand développement aux
principes qui établissent ce droit : les nombreuses contes,
rations qui s'élèvent chaque jour fur la dîme, en récla-
ment le maintien 3 ôc nous avons dû prendre occasion de
celle où ils ont été le plus ouvertement méconnus, pour
en ra'ppeller toute l'autorité.
Dira-t-on qu'une Légistation postérieure aux Capitu-
laires a anéanti ce droit, pour Pastervir entièrement à
,
Pusacre? U est vrai que quatre siécles après on apperçoic
des traces de quelques exceptions fondées fur la Coutu-
me , ÔC que les Loix ont laiílé subsister : mais loin que le
droit ait péri par ces exceptions, il a toujours été confir-
mé par elles.
Si Philippe-Auguste, dans une Ordonnance mille fois
objectée, déclare que les dîmes seront perçues comme
elles Pavoient été auparavant : Décima reddanturficut hac-
tenus reddiu funt; il n'a pas voulu, fans doute, íubstituer
à l'autorité du droit, l'autorité de Pusage. On sait qu'il
rendit son Ordonnance à l'occaíion de trois sortes de pro-
ductions qui, dans certains cantons, étoient depuis long-
temps affranchies de la dîme. En disant qu'en général les
dîmes continueroient à être payées comme elles Pavoient
toujours été, c'étoit dire bien clairement qu'il ne préten-
doit rien changer par rapport à la dîme , qu'il laissoit sub-
sister les exceptions là où elles étoient bien établies, ÔC
qu'il maintenoit le droit fur tout le reste.
Si Philippe le Elardi accorde de l'autorité à Pusage en
matière de dîme, il fait naître de cet usage, non le droit
du Décimateur mais P exemption du décimable : Ufus
,
íongisjìmus per quem non proefiantibus jus acquiri potefl,
,
objervetur. « Que l'on maintienne le droit qu'un long usage
93 peut acquérir
à ceux qui ne paient point la dîme. » Ce
DU CLERGÉ, DE FRANCE, I JUIN 1785. s$
droit étoit donc pour les décimables, pour ceux qui ne
payoient pas la dîme jus non proeftantibus ; ôc il est à re-
marquer qu'il ne pouvoit s'acquérir que par un très-long
usage, ufus íongiffimus.
Si POrdonnance de Blois veut que les Procès fur la
dîme soient jugés selon la Coutume POrdonnance de
,
Melun nous apprend qu'il n'est question ici que de la quo-
tité des dîmes 3 ÔC quant à la dîme elle-même, POrdon-
nance de Blois déclare qu'on ne peut alléguer contre elle
d'autre prescription que celle de droit : le droit est donc
toujours pour le Décimateur, ôc Pexemption pour le dé-
cimable mais feulement dans le cas où il Pétablit par
,
prescription.
il n'est donc pas permis de dire que les dîmes sont
tombées sous l'empire de Pusage, ou du moins il importe
de dissiper Péquivoque que présente cette expression. II
est vrai que les dîmes sont soumises à Pusage, en ce sens
que les Loix permettent qu'un usage ancien , un usage
bien établi de ne point payer la dîme de certains fruits
affranchisse ,
en le décimable. Mais après les preuves qui
établiílent le droit du Clergé il est impossible de dire
,
que ce droit soit uniquement fondé fur Pusage, puisque
le Clergé peut toujours présenter un titre primitif, un
titre fondé sur la Loi, ôc qui est antérieur à tout usage.
NOUS avons établi qu'il existe en faveur du Clergé, un
droit ancien, qui lui assure la dîme,de toutes les produc-
tions 3 ÔC que ce droit na point été révoqué par les Loix
subséquentes, quoique ces Loix aient autorisé quelques
exceptions : il fuit de-là que, par-tout où les Loix ou les
anciennes Coutumes n'ont point reconnu d'exemption, le
droit conserve toute sa force 3 que le Décimateur, à l'abri
de ce droit, n'a plus rien à prouver 3 que le Décimable,
qui réclame une exception particulière, est tenu de Péta-
blirj ôc que, par une derniere conséquence, le Parlement
n'a pu réduire à quatre fruits le droit du Clergé, en lui
laissant, fur tous les autres, P obligation de le prouver par
Une posteffion quarantenaire.
z 9. Le Parlement n'a pu s'autoriser d'aucun principe,
54 PROCÈS-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
pour demander une preuve de quarante ans de dîmer fui:
k même fonds les herbages artificiels. íl est vrai que long-
temps avant P Arrêt on regardoit en Normandie la dîme de
quelques productions comme tellementinusitée, qu'on exi-
geoït en effet du Décimateur qui la réclamoit, qu'il établit
la possession où il étoit, de dîmer fur Phéritage meme la pro-
duction contestée 3 mais les Loix ou les Coutumes de cette
Province ont-eu foin de bien marquer ces productions:
ce font les bois, foins ôc genêts, dont il est fait mention
dans POrdonnance de Philippe-Auguste, ÔC dans k Rè-
glement si connu en Normandie, fous le nom de Placités ;
les étangs ôc les pêcheries qui sont nommes dans les Let-
tres-Patentes accordées par Louis Xíl, à la requête des
Etats de Normandie. Voilà les seuls objets soumis à la
rigueur de cette preuve 5 mais il n'est pas question icï
d'herbages artificiels, qui alors n'étoient pas même con-
nus , ÔC aucune espèce d'analogie n a pu les comprendre
dans la même dalle. Tous ces autres objets íont incultes
culture ,
sont
ôc les herbages íont un objet de : ces objets
constamment attaches au même terre in, ÔC peuvent par
conséquent être soumis à une preuve quarantenaire fur
ce terrein 3 mais les herbages artificiels ne íont point per-
manents; ils ne íont cultivés qu'un très-petit nombre d'an-
nées fur le même endroit : le Parlement n'a donc pu les
assujettir à cette preuve qui, à leur égard est rigoureu-
, ,
sement impossible, sa-ns déclarer ouvertement qu'il vou-
loir les affranchir pour toujours de la dîme.
3?. Le Parlement n'a pu proscrire en Normandie la
dîme de substitution. Un principe, qui rentre dans le droit
primitif 3 un principe qui s'est affermi dans une Province
,
de temps immémorial 3 qui depuis six cents ans a été le
fondement des droits, ôc la baie des propriétés du Clergé
de cette Province3 qui, pendant cette longue fuite d'an-
nées, a été réclamé toujours avec succès 3 qu'une Juris-
prudence ancienne, une Jurisprudence non interrompue
jusqu'à nos jours, a consacré par un nombre prodigieux
d'Arrêts, n'a pu être renverié par un Arrêt du Parlement:
c'est un acte législatif, qui évidemment excède les bornes
DU CLERGÉ DE FRANCE, I JUIN 17 8 y- SS
de son pouvoir. Or tel est, Messeigneurs ôc Messieurs, le
principe qui consacre en Normandie la dîme de substitu-
tion , le principe renfermé dans cette maxime i Mutatâ
superficiefundi non mutatur jus decimandi. Cette maxime,1
il est vrai, n'est point reçue pour tout le Clergé de France :
PEdit de 1657, qui Pétablistoit généralement, n'a point
été enregistré 3 mais elle est incontestablement établie en
Normandie. Depuis Pan 1x34, on présente une longue
suite d'Arrêts qui Pont constamment maintenue, ÔC, dans
ces derniers temps, deux Arrêts de Règlement qui la confir-
ment irrévocablement3 l'un de 1749 j l'autre de 1763. Le
premier, rendu à la fuite d'une contestation particulière,
présente, dans ion énoncé, un peu d'embarras 3 mais on y
voit clairement deux choses : la première, c'est que la dîme
est accordée fur certaines piec.es de terre, par la raison,
dit P Arrêt, qu'elles ont été précédemment labourées ; ÔC
voilà le principe de la substitution : la seconde, c'est qu'il
déclare que P Arrêt de Fréviile, rendu un siécle auparavant
>
ne peut faire Loi qu'entre les Parties : or personne n'ignore
en Normandie que cet Arrêt n'a jamais été invoqué que
pour íe soustraire à la Loi de substitution. L'Arrêc de Rè-
glement de 1749 a donc voulu consacrer cette Loi 3 celui
de 1763 furies pépinières, est d'une évidence frappante:
,
« La Cour, toutes les Chambres assemblées, donnant Ré-
33 glement, ordonne que les pépinières ne seront sujettes
33 à dîme, que quand elles seront excrues fur des fonds qui
33 auront
payé dîme par ôc depuis quarante ans. 33 Cet
Arrêt n'a pas besoin d'être discuté. Déclarer que les pé-
pinières font exemptes de dîme par elles-mêmes, ÔC que
cependant elles y deviennent sujettes, lorsqu'elles croissent
fur un terrein décimable depuis quarante ans, c'est évi-
demment consacrer la dîme de substitution.
On a oppoíé très-souvent à cette Loi de substitution ,'
PArrêt célèbre connu en Normandie sous le nom de
Fréviile, rendu ,en 16473 mais cet Arrêt ne préíente cer-
tainement aucune difficulté contre elle. II ordonne que
dans ce canton « les terres labourées depuis quarante ans,
33 quoique changées en herbages feront astujetties à la
,
'$• G PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

53
dîme si mieux n'aiment les Propriétaires laisser en la-
,
53
bour le tiers de toutes leurs terres, ôc payer les choses
33
naturellement déclinables des bestiaux qui pâtureroient
53
fur leurs héritages. 33 On voit d'abord que PArrêt or-
donne que la dîme soit payée à titre de substitution : Les
terres labourées depuis-quarante ans, quoique changées en
kerbacres oseront assujetties a la dîme : voilà le principe gé-
néral; il y déroge ensuite, mais c'est en obligeant ksPro-
priétaires a donner une dïme équivalente : Si mieux ri ai-]
nient les Propriétaires lasser en labour le tiers de toutes leurs,
terres, oG payer les choses naturellement déclinables des
befhaux qui pâtureroient fur leurs hèrita.aes. Ces dernieres
expressions (croient une dérision pour le Décimateur, íî
la dîme du tiers conservée jointe à la dïme sur les bes-
,
tiaux surajoutée, n'avoit repréíenté équivalemment la dî-
me de substitution íur tout le terrein. Au reste le Règlement
de 1749 nous a appris que cet Arrêt de Fréviile ne faiíoit
Loi qu'entre les Parties, ÔC nous a fait connoître par-là
cju'il -tenoit uniquement à des circonstances locales.
Dira-t-on que la Loi de substitution est trop favorable;
au Décimateur? mais elle n'est qu'un retour vers le Droic
Commun 3 mais dans la réalité elle tend bien moins à
augmenter les dîmes, qu'à conserver les anciennes3 mais
enfin on ne da réclame, que parce qu'elle est établie fur
des monuments incontestables.
Si l'on ajoute qu'elle devroit être réciproque pour le
déclinable,- ôc lui asturer Pexemption de la dîme, lors-
qu'un fruit décimable remplace un fruit qui ne Pestpas,
il est aisé de répondre que la Loi de substitution est ad-
mise pour le Décimateur, en vertu d'une ancienne Ju-
risprudence, ÔC que cette Jurisprudence n'en faisant point
l'application au décimable il n'est pas permis de la tour-
,
ner en ía faveur. II en est de la substitution en matière
de dîme, comme de Pindemnité : Pindemnité est toujours
accordée au Décimateur 3 mais on n'a jamais prétendu
qu'elle pût être réclamée par le décimable.
Enfin, si l'on érige en principe qu'en matière de dîme
ce n'est pas le fonds qu'il faut considérer, mais le fruit,
on
DU CLERGÉ DE FRANCE, I JUIN ijtf» S7
On répondra que ce principe est véritable par-tout où la
substitution n'est pas en usage, mais qu'il ne peut être ap-
pliqué à la Normandie.
La dîme de substitution étoit donc bien établie dans
cette Province j ÔC le Parlement n'a pu la proscrire, sans
renverser les titres les plus anciens ôc les plus légitimes.
II est vrai qu'il propose un moyen d'indemnité 3 mais
quel moyen ? D'abord il doit paroître remarquable qu'au-
près avoir détruit la dîme de substitution de sa propre
autorité, il ne propose Pindemnité qu'avec réserve, jus
qu'à ce que par Sa Majesté d en ait été autrement ordon-
né; en forte qu'il ne doute pas de son pouvoir, lorsqu'il
s'agit de nuire aux Décimateurs, ôc qu'il ne commence
à le révoquer en doute, que lorsqu'il est question de ré-
parer une partie des maux qu'il leur fait éprouver 3 mais,
en second heu, qui ne voit combien cette dîme d'indem-
nité, qui ne doit s'ouvrir qu'après que les deux tiers des
terres productives seront couvertes en fruits non décima-
bles, est iníussifante ? Par cette disposition le Parlement
,
s'écarte ouvertement de fa propre Juriíprudence, puisque
P Arrêt de Fréviile lui-même, qu'il semble avoir pris pour
modelé accordoit, outre la dïme du tiers, un dédom-
,
magement pour la dîme qu'il faisoit perdre íur les deux
autres tiers 3 ôc il. s'écarte de la Juriíprudence de tous les
autres Parlements, qui n'ont jamais porté si loin la ri-
gueur, ôc qui, pour prévenir une trop grande réduction
des droits des Curés, fixent ordinairement Pindemnité,
après le quart ou le tiers du terrein converti en fruits non
décimables. M. le Chancelier d'Aguesseau, qui préparoic
une Loi à ce sujet, étoit si éloigné des dilpositions sévè-
res du Parlement de Normandie, qu'il balançoit même
entre le tiers, le quart ôc le cinquième.
Nous venons de vous exposer Messeigneurs ôc Mes-
sieurs, les vices de cet Arrêt qui, nous ont paru les plus
frappants. Vous avez vu qu'il anéantit tous les principes
du droit décimal, en réduisant à quatre fruits le droit du
Clergé íur la dîme, ÔC en imposant, sur tous les autres,
aux Décimateurs la nécessité d'établir leur droit par une
Proces-verbal de- lyXj, H
Î'S PRÓC ES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

preuve de possession que les maximes de fa Jurisprudence


rendent habituellement impossible j qu'il renverse le pri-
vilège le plus solidement établi en Normandie, en supprn
iriant la dîme de substitution, qu'une Luriíprudenéé an-
cienne ôc deux Arrêts de règlement du riîiêmé Parlements
fembloient avoir affermi pour toujours 3 qu'il supprime
entièrement la dîme dies herbages, c'ëst-à-dire, la moitié
des dîmes de Normandie, en exigeant,-contre tout prin-
cipe , pour cette espèce de production, une preuve qui
est démontrée rigoureusement impossible 5 enfin , qu'il
porte la rigueur à l'excès, en n'accordant la dîme d'ïn-
demnité, qu'après, la conversion des deux tiers du terrein
en fruits non décimables.

Nous avons déja observé que cet Arrêt nuit sur-tout
aux Décimateurs pauvres 5 ÔC la preuve en est bien sen-
sible : les dîmes des quatre gros fruits, ìes seules dont il
assure le droit, he leur appartiennent pas5 presque toutes
les dîmes vertes, qui étoient leur feule ressource., leur.
sont enlevées par P Arrêt 3 enfin ils peuvent les perdre
,
toutes fans obtenir aucune indemnité : leurs intérêts sont,
donc particulièrementsacrifiés dans cet Arrêt. Si l'on ajoute
maintenant que P Arrêt encourage les conversions de cul-
ture par Pexemption de dîme, ôc que ce sont les grands
propriétaires qui font ces conversions, on ne pourra so
défendre d'une réflexion, qui feule, si elle n'eût échappé
à MM. du Parlement de Rouen, auroit fans doute averti
leur justice ôc leur délicatesse 3 c'est que, parmi les déci-
mables ce font les riches que le nouvel Arrêt favorise 3
,
ôc parmi les Décimateurs, ce sont les pauvres auxquels
il va devenir k plus funeste.
Et dans quel temps cet Arrêt si fatal aux Curés, a-t-il
paru ? Dans le temps où k Clergé général regardoit com-
me le devoir le plus prefiant de ía justice , de s'oecuper
des moyens d'améliorer leur sort, ôc où tous les Ordres
de Citoyens frappés de Pinsossifance de leur dotation
fembloient' unir leurs voeux pour hâter çe changement,
,
dans toute 1 étendue du Royaume.
A peine cet Arrêt eut - il été rendu, qu'il excita un«
DU CLERGÉ DE FRANCE, x JUIN 178^. 59
réclamation presque universelle dans toute la Norman-
die : il répandit Pal arme ôc la consternation parmi tous
les Curés de cette Province 5 il livra leurs Paroisses à Pa-
narchie la plus déplorable j il sema la discorde entre les
Pasteurs ôc les Paroissiens : des dîmes, que la mauvaise
foi même n'avoit jamais osé contester, furent universel-
lement refusées. Dans certains cantons, tous les Curés fe
virent entièrement dépouillés de toute espèce de dîme 5
ôc tel fut Pégarement des esprits au milieu de cette con-
fusion de principes, que l'on se crut en droit de refuser
celles mêmes que PArrêt de règlement avoit sauvées de
la proícription.
Nous ne tardâmes pas à être instruits, ôc de PArrêt,
ôC de ses suites funestes. De toutes parts les Décimateurs
de Normandie nous adreílerent leurs plaintes, nous con-
fièrent leurs malheurs 3 ÔC nous nous emprestames de sol-
liciter pour eux la justice qu'ils réclamoient à tant de
titres.
Nous rappellames, dans le plus grand développement,'
tous les principes qui s'ékvoient contre cet Arrêt, ôc qui
en demandoient hautement la castation. Mais, malgré nos
plus vives instances, Padministration se refusa constam-
ment à adopter ce moyen : nous désirâmes du moins que
les Décimateurs de Normandie fuílent provisoirement ré-
tablis dans leur ancien état, jusqu'au moment où le Roi
daigneroit prononcer définitivement fur le fond de PAr-
rêt ; cette seconde demande n'eut pas un sort plus favo-
rable.
Alors nous crûmes voir que P Administration vouloit
balancer les demandes respectives des deux Parties 3 adou-
cir d'une part le íort des Décimateurs devenu trop ri-
,
goureux par le nouvel Arrêt 3 mais en même temps accor-
der quelque chose aux voeux du Parlement de Normandie;
ôc une Loi nouvelle, sur les dîmes de cette Province pou-
,
voit feule remplir ce double objet. Ce dernier projet nous
ayant paru entièrement arrêté, nous cherchâmes du moins
a Paccorder avec les intérêts essentiels des Décimateurs,
ôc à leur ménager, dans les dispositions de cette Loi, des
H z
€o PROCES-FÈRBAL DE LASSEMBLÉE-GÊNÉRALB
-compensations qui pussent les dédommager de la perte des
droits qu'on paroissoit décider à leur retirer, -ôc c'est à cette
•efpecede négociation que nous étions livrés au moment où
"vous vous étés assemblés* Cet événement, si intéressant pour
'toute l'Eglise Gallicane, doit rendre aux Décimateurs de
Normandie toutes leurs eípérances : ce n'est plus mainte-
nant une nouvelle Loi qu'ils ont droit d'attendre, mais
l'entiere suppression d'un Arrêt dont presque toutes les dis-
positions íont abusives. Les secours qu'ils ne pouvoient
íè permettre de Pinsuffisance de nos moyens, ils les atten-
dent d'une Ail emblée où Pimportance de leur cause trou-
vera des défenseurs dignes d'elle, ÔC où de si grands in-
térêts rencontreront les talents, la force ôc l'autorité dont
-le concours est si nécessaire pour les faire reconnoître ôc
-xeíoecter.
Sur quoi l'Assemblée considérant "toute Pimportance de
cette a flaire, a arrêté qu'il feroit fait une députation à
M. le Garde des Sceaux, pour lui représenter combien la
Juriíprudence que le Parlement de Rouen semble vouloir
introduire, -étoit préjudiciable, par ses effets, aux Déci-
mateurs de la Province de ^Normandie, &C, par ses consé-
quences > aux Décimateurs des autres Provinces. Monsei-
gneur PArchevêque de Rheims, Mesteigneurs les Evêques
d'Avranches &L de Rodez, &C Messieurs les Abbés Bour-
lier, de Montazet ôc de Panât ont été priés de faire con-
noître à M. le Garde des Sceaux les alarmes du Clergé,
&C la nécessité d'obtenir le plus promptement possible, de
la bonté du Roi, pleine justice íur PArrêt du 2. y Mai 1784,
' dontia cassation paroît indispensable, suivant tous les prin-
cipes qui ont été jusqu'à présent ôc constamment recon-
nus, même par le Parlement de Normandie. Monseigneur
PArchevêque de Narbonne a été prié de vouloir bien se
mettre à la tête de la députation.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit, qu'il
est d'usage que tous les dix ans PAstemblée du Clergé as-
siste à la Procession le jour de POctave de la Fête du
Saint-Sacrement3 que pour se conformer ace pieux usage,
il étoit à propos de lire les Procès-verbaux des Aílem-
DU CLERGÉ DE FRANCE, I JUIN iyt$. €t
hiées précédentes : fur quoi il a été arrêté que tous les
Députés assisteroient à la Procession, Messeigneurs les
Prélats en Rochet ôC Camail violet, accompagnés feule-
ment d'un Aumônier en surplis, ôc Messieurs du second
Ordre en Manteau long ÔC Bonnet quarré , ÔC n'étant
suivi d'aucun domestique. La Compagnie a chargé Mes-
sieurs les Agents d'inviter de fa part Messeigneurs les Pré*
lats qui sont à Paris, à s'unir à PAstemblée pour assister
à la Procession pour laquelle Monseigneur PArchevêque
,
de Paris avoit déja, fur la demande de PAstemblée, donné
verbalement, dans la Séance précédente , les permissions
nécessaires. II a aussi été arrêté que Messeigneurs enver-
raient deux de leurs gens de livrée, ôc Messieurs chacun
un, pour porter des flambeaux devant le Saint-Sacre-
ment, lesquels seroient sans écustons.
La Compagnie a prié Monseigneur PArchevêque de
Narbonne d'officier à cette Cérémonie. Ce Prélat a nom-
mé pour Prêtre assistant Monsieur PAbbé de Saint-Farre,
pour Diacres d'honneur Messieurs les Abbés de Castellas
ôc de Sieyes, ôc pour porter le Dais Messieurs les Abbés
de Pradel, d'Osmond, d'Andrezel, d'Anstrude, de Grain-
yilk ôc de Rouvenac.
Monseigneur le Président a prié Messeigneurs ôc Mes-
sieurs les Commistaires d'aller travailler dans leurs Bu-
reaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi 2 Juin, à
,
huit heures du matin.
Signé, >J< ARTUR-RiCHARD Archevêque ôc Primat
,
de Narbonne, Président.
£l pROcks-FSRBAL DE LASSÉMBLÉE-GÉNÉRALÉ

DU JEUDI, DEUX JUIN 17$;;


.à dix heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.1

^\. JsEsíeigneurs 6c Messieurs les Députés se sont rendus


1¥JLà huit heures précises dans la Salle des Séances.
Ils ont ensuite entendu à Pordinaire une Meste basse dans
le Chapitre des Augustins, d'où ils sont retournés dans
la Salle de PAstemblée^
MeíleÌ2;neurs les Prélats étant en Rocher ôC Camail
vie!et, ec Meilleurs du second Ordre en Manteau long
oc Bonnet quarré j Messieurs les Agents ont averti que
tout étoit prêt pour la Procession. Ils ont distribué d'<:s
cierges à la Compagnie, qui s'est miíe en marche, précé-.
déc de Messieurs les anciens ôc nouveaux Agents 5 elle a
joint à la porte du Chapitre, Monseigneur PArchevêque
de Narbonne, qui s'y étoit revêtu de íes ornements pon--*
tiíìcaux. Ce Prélat a marché avec Messieurs du second
Ordre qu'il avoit nommés pour Passister pendant la céré-
monie. Messeigneurs les Prélats, tant ceux qui composent
PAstemblée, que ceux qui avoient été invités, ont suivi
deux à deux, étant tous accompagnés seulement d'un An-
mônier, qui étoit en surplis, à leurs côtés 4 ôC qui portoic
leurs cierges. Messieurs les Députés du second Ordre,
avoient un cierge à la main 3 les Pères Augustins en Chapes
ÔC Chasubles ou Dalmatiques étoient. rangés en haie,
,
depuis k milieu du Choeur, juíqu'à la porte de l'Eglise qui
donne sous k Jubé par où PAstemblée est entrée, ÔC où le
Pcre Prieur cC le Père Sous-Prieur chacun de leur côté
Pattendoicnt aussi en Chapes pour ,-lui présenter de l'eau-,
bijnite ôc Pencenser. La Compagnie s'est rendue dans le
Choeur par ladite porte qui est sous le Jubé. Messeigneurs
ôc Messieurs les Députés se sont placés dans les hautes
stalles. Les Pères Augustins qui étoient au milieu du
Choeur ayant tous un cierge, à la main ont chanté un
,
DU CLERGÉ DE FRANCE * I JUIN I/SJ-.' Ó"|]
veríèt, lequel étant fini, Monseigneur PArchevêque de
Narbonne est deíeendu au bas des degrés de PAutel, Les
Pères. Augustins ont commencé à se mettre en marche::
les gens de livrée de Mesteigneurs ÔC de Messieurs les Dé-
putés marchoient à la tête de la Procession tenant des flam-
beaux. Monseigneur POssiciant, précédé de douze Acoly-
tes portant des flambeaux, de huit Thuriféraires, de huit.
Fleuristes, de ses Aumôniers, dont l'un portoit fa Mitre
ôc l'autre fa Crosse, ÔC de Messieurs les Dépurés nommés
pour porter le Dais , revêtus de Daimatiques , accompa-
gnés du Prêtre assistant, ôc de deux Diacres dhonneur por-
tant le Saint-Sacrement,s'est mis sous le Dais à la grande;
porte extérieure de l'Eglise : ôc la Procession prenant à
droite sur le Quai, elle a passé dans la rue des Grands^
Augustins, dans la rue Christine ôc dans la rue Dauphine 5
<k: revenant par k Quai, elle est rentrée par la grande
porte. Messeigneurs les Prélats ôc Messieurs du íecond
Ordre ont repris leurs places dans les stalles 3 Monseigneur
PArchevêque de Narbonne est allé à PAutel, sur lequel il
a posé le Saint-Sacrement. Les Pères Augustins ont chanté
îe Tantum ergo. Après quoi Monseigneur le Célébrant a
dit POraiíon, ôC a donné la bénédiction du Saint-Sacre-
ment. Ecant descendu au bas de PAutel, après avoir pris
fa Mitre ôc ía Crosse ôc avoir traversé le Choeur, ce Prélat
est sorti par la porte qui donne dans le milieu du Cloître
pour aller quitter ses ornements dans le Chapitre. La Com-
pagnie, qui le fuivoit, a continué fa marche, ôc s'est ren-
due à la Salle des Séances.
Monseigneur PArchevêque de Rheims a dit, que, con-
formément aux ordres de l'Assemblée, il s'étoit rendu avec
Mesteigneurs les Evêques d'Avranches ÔC de Rodez, ôC
Messieurs les Abbés Boursier, de Montazet ÔC de Panât chez
M. le Garde des Sceaux, pour Paffaire des dîmes de Nor-
mandie 3 que ce Chef de la Justice leur avoit témoigné
qu'il fentoit la nécessité de terminer cette affaire avant la
récolte actuelle 3 il a ajouté, que Sa Majesté s'oecupoit de
rendre à ce sujet une Loi qui termineroit toutes ces diffi-
cultés 3 que si cette Loi ne pouvoit pas être portée dans
#4 PROCÈS-FÊRBAL DE LASSEMBLÉE^GÉNÉKALE
ouelques semaines, il proposeroit à Sa Majesté un moyen'
provisoire pour empêcher les mauvais effets que produi-
Toit PArrêt du Parlement de Rouen , relativement à la ré-
colte pendante. Monseigneur PArchevêque de Rheims a
ajouté, que M. le Garde des Sceaux, dans cette première
conférence, avoit paru reconnoître que la dîme de fubsti-
uuion ^étoit de Droit Commun en Normandie. L'Aílem-;
blée a prié Monseigneur PArchevêque de Narbonne, ainsi,
que Messeigneurs ÔC Messieurs de la députation, d'insister
dans la prochaine conférence qu'ils auront avec M* le;
Garde des Sceaux fur cet objet, ÔC plus particulièrement
íur le moyen provisoire annoncé par ce Chef de la Justice.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, 3 Juia
178J à dix heures du matin.
,
Signé, ^
ARTUR-RI.CHARD Archevêque ôc Primat
de Narbonne, Président.
,

DU VENDREDI TROIS JUlNi7%$i


\-.à dix heures du-matin,

-Monseigneur PArchevêque de Narbonne-, Président.

vin MEssieurs les Agents ont fait observer à l'Assemblée


SÉANCE.
que dans le compte rendu par la Gazette de France ,
de l'audience accordée par le Roi au Clergé, on a omis
de faire mention que Messeigneurs ÔC Messieurs les Dé->
putés ont été présentés ôc 'nommés au Roi par Monsei-
gneur PArchevêque de Narbonne , conformément à Pan-
cien usage. Messieurs les Agents ont été chargés de faire
corriger cette inexactitude ôc de veiller à ce que la même,
,
erreur ne se reproduise point dans le compte qui fera ren-
du dans la même Gazette de PAudience de congé.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a fait mettre
sous les yeux de P Assemblée Pextrait des Procès-verbaux
à.es Assemblées Provinciales, en observant toutefois que,
?
fi quelques Provinces le désiroient, il feroit fait lecture
entière
DU CLERGÉ DE FR'ANCÉI,-J 'Juw,tf%$ì £$
entière de leurs Procès-verbaux. La Province de Paris a
témoigné le désir qu'elle àvoit que son procès-verbal fût
lu 3 ce qui a été fait. Ensuite, il a été arrêté que les dif-
férentes demandes des Provinces seroient portées, suivant
la nature des objets, aux différents Bureaux qui ddivenc
en connoître, pour y être examinées par Messeigneurs ÔC
Messieurs les Cûmmìstaires ôc être pris, fur le rapport
,
qui en fera pareux -fait, les délibérations que la Compa-
gnie jugera convenables.
|^ Mesteigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra«
vailkr à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain, 4 Juin 1785? -à.
dix heures du matin.
Signé, ^ARTHUR-RICHARD, Archevêque ôc Pri-
mat de Narbonne, Président.

DU SAMEDI, QUATRE JUIN 178/,


à dix heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs ôc Messieurs les Commissaires pour la ìx


SÉANCE»'
Religion ÔC la Jurisdiction ont pris le Bureau.
Monseigneur PArchevêque d'Arles,, Chef de la Commis:
fion, a dit :
^
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
NOUS ne tarderons pas à fixer vos regards fur la grande
plaie de la génération présente, sur cette multitude Repro-
ductions licencieuses qui dénaturent ÔC corrompent le ca-
* ractere national, brisent tous les liens de la dépendance, ô£
ne traînent a leur fuite qu'un déplorable amas de ruines.
Ministres de celui qui est tout à la fois le souverain Dispen-
sateur de la foi ôc du génie, des lumières ôc des vertus,
oh i combien nous aurions désiré voir les Lettres, marcher
Procès-verbal de ÏJ%J. I
'€& PROCES-VËRBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Toujours de concert avec la Religion , vers le terme de la
félicité publique 3 ôC quel précieux empire n'exerceroit
|Das fur Popinion , Part d'écrire rappelle aux bornes d'une
liberté sage ôc éclairée 1 Mais fans abandonner ces vues gé-
«étales dont Pexecution ne peut être que le résultat d'une
,
discussion approfondie, le zèle de PAstemblée ne sauroit
éclater assez promptement contre une entreprise particu-
lière déja déférée à la vigilance du Gouvernement par la
derniere Assemblée du Clergé, ôc qu'une tolérance plus
longue rendroit peut-être irréformable. Nous parlons des
íEuvres compktes de Voltaire , soit imprimées, soit ma-
nuicrices, Recueil annoncé dans le Prospectus comme
une superbe -édition ôc un monument littéraire. Hélas l
qui d'entre nous, Messeigneurs ÔC Messieurs, n'a pas pleuré
mille fois fur l'abus des talents, à la vue des nombreux
écarts qui font, des Ouvrages de ce fameux Ecrivain,
une des plus dangereuses Ecoles de Pirréligion ôc de la
licence ? II n'est peut-être aucun Pasteur dont la sollici-
tude paternelle ne regrette des âmes íécluites ôc égarées
par la lecture de quelques-unes de ses productions. Nous
n'avons donc pas besoin d'insister en ce moment sur les
pernicieux effets d'une édition qui les réunira toutes. Pleins
de confiance dans le respect du Roi pour la Religion ,
ôc dans le zèle qui Panime en faveur de ses fidèles Su-
jets , nous nous étions toujours flattés que les représenta-
tions de P Assemblée de iy^z feroient accueillies , ôC que,
si P Administration n'enchaînoit pas l'activité des Prestes
étrangères, au moins POuvrage imprimé hors des terres
de la domination francoise, ne franchiroit jamais les bar7
rieres du Royaume. Avec quelle surprise affligeante n'a-
vons-nous pas appris que les trente premiers volumes de
îa Collection projettée, circuloient librement dans'la Ca-
pitale ôc dans les Provinces, que l'on annonçok comme
très-prochaine Pépoque de la distribution des volumes sui-
vants , ôc qu'il étoit très-sérieusement question de réim-
primer les uns ôc les autres, fous la forme la plus (Impie
ÔC la moins dispendieuse, afin de mettre POuvrage à la

- portée de toutes les classes de la société, ôc


même du peu-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 4 JUIN 1783-» 67
pie des villes ÔC des campagnes ? Eh quoi 1 tandis que la
magnifique édition des OEuvres de Voltaire, ÔC Pespece de
monument élevé jusqu'ici, sans aucune improbation des
Puissances à la gloire de cet Auteur enhardissent les
, ,
vues d'une fausse ôc ambitieuse Philosophie, diminuent
ìa juste, horreur qu'inspiroit à nos pères le seul nom de
blasphème, ôc semblent préparer la voie à cette ast:reuse
sécurité, qui laisteroit sans frein une jeunesie ardente ôc
de coupables vieillards fans remords, nous aurions encore
Pamertume de voir de petites éditions des mêmes Ecrits,
délivrées à vil prix ôc universellement répandues, éten-
,
dre ôc grossir les sources de la corruption au milieu de la
multitude, réveiller dans tous les Etats les prétentions de
Pindépendance, ôc priver des consolations íì puissantes
du Christianisme, de nombreuses ôc intéressantes clasies
de Citoyens, condamnés à ne manger chaque jour qu'un
pain arrosé de sueurs ôc de larmes. Ali! c'est ici la cause,
ÔC de la Religion, ôc de la Patrie. II s'agit des plus grands
intérêts qui puillent occuper Phomme. Le devoir de PA-
postolat, le serment prêté entre les mains du Souverain,
le voeu unanime de nos Eglises, le cri personnel de nos
coeurs, tout nous défend un lâche silence , ou des récla-
mations tardives. Hâtons - nous de verser avec la plus
respectueuse confiance, notre douleur ôc nos, alarmes dans
le sein de l'auguste Protecteur de l'Eglise. Supplions très-
humblement Sa Majesté de proscrire la nouvelle Collec-
tion de toutes les OEuvres de Voltaire, avec des qualifi-
cations méritées ôc par un acte émané íokmnelkment
,
du Trône. Insistons fur la prompte expédition des ordres
nécessaires pour arrêter le cours de la partie déja livrée
au public, ôc préserver le Royaume du surplus de cette
édition. Enfin, députons quelques Membres de PAstem-
blée vers M. le Garde des Sceaux, pour conférer avec
lui fur Pobjet de notre demande ôc les moyens d'en as-
surer le succès, comme aussi pour, obtenir de ce Chef de
la Magistrature, que les papiers publics qui paroissent avec
l'aveu exprès ou tacite du Gouvernement, cesient d'an-
noncer lefdites OEuvres complètes, ôc même la fuite des
I 2.
ë% PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉ-NÉRÂLE
Estampes qui doivent être insérées dans ce Recueil.
Permettez-nous de mettre des à préíent sons vos yeux
la Lettre qu'en cette importante occasion PAstemblée pour-
roit avoir Phonneur décrire au Roi, Lettre qui pourroic
être présentée demain Dimanche à Sa Majesté, par Mon-
seigneur PArchevêque de Narbonne, si votre sanction au-
torise ôC confirme Pavis que nous avons pris la liberté de
vous propoíer. Encore une fois ie mal est instant. Tous
les yeux íont ouverts fur les Représentants du Clergé de
France, ôc du premier Corps de la Nation. Prêtres ôc Pon-
tifes Sujets ôc Citoyens nous ne pouvons marquer plus
,
utilement les premiers moments de notre réunion, qu'en
faiíant supprimer un astcmblage d'Ecrits qui blessent eflen-
tiellement ie maintien de Pordre, ÒC les fondements de
la Religion, des moeurs ôc de l'autorité.
Moníeigneur PArchevêque d Arles ayant fini son Rap-
port, ôC lu le projet de Lettre à écrire au Roi par PAs-'
semblée, Pavis de la Commission a été adopté3 ôc en con-
séquence PAstemblée a prié Moníeigneur PArchevêque de
Narbonne de préíenter au Roi la Lettre dont il vient
d'être fait lecture, ôc de faire auprès de Sa Majesté les
instances les plus vives fie les plus reípectueuses, à l'effet
d'obtenir qu'il íoit donné des ordres aussi prompts qu'effi-
caces , pour arrêter le cours des trente premiers volu-
.rnes de sédition des OEuvres de Voltaire, déja livrées au
public, ôc préserver le Royaume du surplus de cette
édition.
XI a de plus été délibéré de nommer Monseigneur PAr-
chevêque d'Arles Mesteigneurs les Evêques de Fréjus ôC
,
de Langres, ôc Meilleurs les Abbés Boursier, de. Montazet
ë-í d'Oímond, pour conférer avec M. le Garde des Sceaux
fur Pobjet de la préíente Délibération ôc les moyens d'en
assurer le íuccès comme aussi pour obtenir de ce Chef
,
de la Magistrature que les papiers publics cessent d'an-
noncer les OEuvres complètes de Voltaire, ÔC la fuite des
Estampes qui doivent être insérées dans ce Recueil. Mon-
íeigneur f Archevêque de Narbonne a remercié, au nom
.de PAstemblée Monseigneur PArchevêque d'Arles ôC
, ,
Du CLERGÉ DE FRANCE, 4 JUIN 178^ 69
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires pour la Reli-
gion ôc la juiiídiction de leur travail.

LETTRE DE L'ASSEMBLÉE
AU R O I.
OIRE, *

En dénonçant a VOTRE MAJESTÉ le projet de recueillir


dans une superbe Edition toutes les OEuvres de Voltaire
*
fou imprimées, soit manuscrites la derniere Assemblée du
,
Clergé crut devoir ce nouvel hommage de fa confiance a
votre amour pour la Religion, SG au ^ele qui ne cessera
de vous animer pour le maintien de lordre, pour le repos
SG le bonheur de vos peuples.
Sans doute nous tenons notre mission du Père des lu-
mières , SG l'un de nos devoirs les plus doux fera toujours
d encourager les talents, SG de mettre les Lettres en honneur.
Mais, SIRE, témoins chaque jour des tristes progrès de
lirréligion, comment les Ministres de l'Eglise auroient-ils
pu dissimuler à son auguste Protecteur les dangereuses in-
fluences dune plume accoutumée a ne connaître, m frein,
m mesure ? Us prévoyaient déja, avec la douleur la plus pro-
fonde que de nombreux écarts, consacrés par la forme im-
,
posante d un monument littéraire, nourriroient de plus en
plus dans une jeunesse inconsidérée, la haine des principes,
loubli de la pudeur SG cette funeste intempérance de rai-
,
sonnements qui ose interroger la majesté des Rois fur le
,
Trône, SG Dieu même dans son Sanctuaire.
Plus VOTRE MAJESTÉ est digne d'entendre la vérité SG
^o PROCÌS-FERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
-de présider à la garde des moeurs plus ses fidèles Sujets
,
-avoient heu d'espérer que le Corps des Pafleurs riéleveroit
point la voix en vain, SG que fi l'entreprise étoit exécutée
par des. Presses étrangères, les barrières de la France repous
seroìent au loin les OEuvres complètes d'un Auteur essentiel-
lement ennemi de toute dépendance SG qui auroit voulu
,
^pouvoir ensevelir dans le même tombeau le Sacerdoce SG la
Royauté.
Cependant, SIR E voici que les trentç premiers volu-
j
mes de lEdition projettêe traversent librement SG sans obs-
tacle la vaste étendue de vos Etats. On annonce comme très-
prochaine la distribution des volumes suivants. Déja même
il efl sérieusement question de réimprimer les uns SG les au-
tres fous une forme plussimple SG jnoìns dispendieuse, afin
de mettre le prix de l'Ouvrage à portée de tous les ordres
de Citoyens, SG même des dernieres cluses de la société.
Ainsi une aveugle multitude iroit puiser des leçons de
libertinage dans cette source corrompue, oG ne tarderoit pas
a fi familiariser avec le langage de l'indépendance. Ainsi
le poison d'une saufle Philosophie se répandant à grands
flots, dans les Villes SG dans les Campagnes, sècheroit
enfin la racine de la foi dans les coeurs du peuple François
consolants
,
malgré les exemples que VOTRE MAJESTÉ donne
fans ctíje a la Nation. Non, SIRE, vous ne permettre?
pas cette calamité. La Religion efl l'ame de íEtat, les moeurs
t
en j ont la force SG le nerf Tout repose à ombre de la puis
sauce suveraine. Ahl suiverz^ les inspirations de votre propre
coeurj de ce coeur vertueux oG sensible, qui a promis défi beaux
jours à la Monarchie, SG nous verrons bientôt proscrire avec
sclemnité un assemblage de productions tendantes à briser Ls
premiers reports de la prospérité des Empires. Bientôt des
ordres religieusement exécutés feront difparoitre du fin du
3
l
Royaume cette pernicieuse Collection, fans que, m avidité,
bu CLERGÉ DE FRANCE, 4 JUIN 1785'» 71
ni l'intrigue éludent la sagesse de ces mesures employées plus
d'une fois avec succès contre des libelles très-repréhenfibles
fans doute, mais dont les excès n intéressaient pas ép-alemenc
,
la cause de Dieu, des Rois SG du peuple. Tel efl, SIRE,
le nouveau gage de protection que l'Eglise Gallicane, pros-
ternée aux pieds de votre Trône, ose attendre en ce jour du
Père de la Patrie SG de l'auguste Héritier du Sceptre SG de
,
la soi de saint Louis*
Nous sommes, avec la plus respectueusesoumission >

SIRE,
DE VOTRE MAJESTÉ,

Paris, U 4 Juin 1735. .


Les très-humbles, très-obéifìânts S£
très-fideles Sujets & serviteurs,
Les Archevêques, Evêques autres Ecclési.iíliques
6c
composant rAísmblée-Généralc du Clergé de France,.

Signé j ^* Ar. Ri. Arch. St Primat de Narbonne,


L'Abbé de PÉIUGORD, ancien Aeent, ?„
L'Abbé DILLON , ^Sccretarres.
, .

Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit, que


lassaire des Eoi ôc Hommage étoit trop importante pour
ne pas fixer , dès les premières Séances, les regards ôc Pat-
tention de l'Assemblée j que, si l'Assemblée Pagréoit, Mon-
seigneur PArchevêque d'Aix alloit préíenter k tableau de
ïétat actuel de cette affaire*
Sur quoi Monseigneur PArchevêque d'Aix, prenant la
parole, a rendu compte des conditions convenues pour ks
conférences à tenir entre les Commissaires du Conseil ôc
des Commissaires du Clergé, qui feroient choiíis ôc nom-
més par l'Assemblée : il a exposé tous les objets du travail
de la Commission des Foi ôC Hommage, les principes fur
lesquels elle avoit cru devoir fonder la défense du Clergé
ôc les conséquences qui en réfukoient, soit pour détruire
y-% PRÔCÈS-FÈR'BAL DE IASSEMBLÉE-GÉNÉRALS
les objections de Pínspecteur du-Domaine, soit pour métr
treks Bénéficiers a l'abri de toute demande ultérieure d'au-
cunes charges ÔC redevances féodales.. Monseigneur PAr-
chevêque d'Aix a en même-temps rendu le témoignage
le plus honorable aux connoissances ÔC aux talents de
M. PAbbé Parent ôc aux services qu'il avoit rendus
,
au Clergé dans le cours de cette affaire intéressante. Après
ce Rapport, Mesteigneurs ôc Messieurs ont remercié
Monseigneur PArchevêque d'Aix du compte qu'il Venoic
de rendre, ôc Monseigneur PArchevêque de Narbonne
auroit été prié de solliciter en faveur de M. PAbbé Pa-
rent les grâces du Roi, si ce Prélat n'eût annoncé des dis-
positions favorables de Monseigneur PEvêque d'Áutun.
Monseigneur PArchevêquede Narbonne a dit ensuite,
que la préíente Asiemblée íe porteroit sans doute, comme
les précédentes, à donner de nouvelles preuves de son
2eJe pour le service du Roi, ôc de son empressement à
offrir des secours à Sa Majesté pour les besoins de PEtat 5
mais qu'avant de se déterminer à cet égard, il étoit néces-
saire de connoître quelles pouvoient être les resiources
actuelles du Clergé. Sur quoi Monseigneur PArchevêque
de Toulouse ayant rendu compte des moyens que le Cler-
gé pouvoit avoir pour subvenir au paiement d'un Don
gratuit, il a été fait différentes réflexions à ce sujet.
Messeio-neurs ôC Messieurs les Commissaires ont été tra-
Tailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 6 Juin ;
à dix heures du matin.
Signé fcj* ARTHUR-RICHARD, Archevêque ôc Pri-
mat de Narbonne , Président.

DU,
DU CLERGÉ DE FRANCE j 6 JUIN 178/: y$

DU LUNDI, SIX JUIN 1785,


à dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.1

MOnseigneur PArchevêque de Narbonne a dit, que í x


SÈANCE-í
pour se conformer aux désirs de l'Assemblée , il
avoit remis au Roi la Lettre concernant la nouvelle édk
tion des OEuvres complètes de Voltaire, ôc qu'il avoit
parlé avec détail à Sa Majesté fur les dangers de laisser
,
répandre ôc circuler dans le Royaume une Collection aussi
pernicieuse pour la Religion pour les moeurs ôc pour
,
l'autorité ; que le Roi l'avoit écouté avec bonté, ÔC avoit
lu la Lettre de l'Assemblée avec intérêt 5 que Sa Majesté
avoit paru frappée fur-tout du projet annoncé de faire
une édition de ces mêmes OEuvres â un prix assez bas ,
pour qu'elle pût être entre les mains de toutes les classes
de Citoyens j qu'Elie avoit promis de témoigner son mé-
contentement fur Pintroduction.des trente premiers volu-
mes dans son Royaume, ôc qu'Elie le chargeoit de don-»
ner à PAstemblée Passurance qu'il feroit pris des mesures
pour interdire l'entrée de ce qui reste à imprimer de cette
édition.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit encore ;
qu'il avoit mis fous les yeux du Roi les alarmes de l'As-
semblée relativement au trouble qu'éprouvent les Déci-
,
mateurs de plusieurs Provinces du Royaume, dans le droit
ÔC la perception des dîmes j quil avoit exposé à Sa Ma*
jesté que PAstemblée, toujours disposée à lui donner des
preuves de zèle , ne délibéreroit pas, fans une forte de
peine, fur le Don gratuit, avant d'être rassuré fur cet
objet important, si elle n'avoit la plus entière confiance
dans la justice de ses supplications ôc dans la bonté
de Sa Majesté j que le Roi lui avoit, répondu de la ma-
nière la plus satisfaisante j qu'en particulier il lui avoit an-
noncé des ordres donnés de fa part, concernant Parfaire
Procès-verbal de 178J, J.
74 PROCES-FERSÂL DE f ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
-des dîmes, ôC qu'il avoit fini par lui dire que l'Assem-
blée pouvoit délibérer fans inquiétude íur Pobjet de ses
demandes. L'Assemblée a remercié -Monseigneur P Arche-
vêque de Narbonne de íes bons ofhces eC de son zèle, Ôc
l'a prié de vouloir bien continuer íes foins pour le main-
tien ôc la défense àics droits du Clergé.
Monseigneur PArchevêque de Rheims a rendu compte
de la Commission dont il avoit etc chargé aunres de
M. le Garde des Sceaux fur Paííaire des dîmes de Nor-
,
mandie avec Messeigneurs les Evêques d'Avranches ÔC
,
de Rodez, ôc Messieurs les Abbés Bourher, de Monta-
**z<cz ôC de Panât, ôc a dit:
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Conformément à votre Délibération nous nous som-
,
mes transportés hier à Vcríailles, pour voir une seconde
fois M. 1e Garde des Sceaux, au íujet de PArrêt de ré~
idcment du Parlement de Normandie fur les dímes. Mon-
seigneur PArchevêoue de Narbonne a bien voulu se ioin-
dre a nous, ainsi que vous l'en aviez prié. 11 a insisté fur
vos demandes avec toute la force que vous attendez de
son caractère, ôc toute la chaleur dont son zèle vous ré-
pond. M. le Garde des Sceaux nous a dit, qu'il avoit eu
Phonneur de présenter au Roi les voeux de l'Assemblée-,
que Sa Majesté Pavoit chargé de faire expédier prompte-
ment un Arrêt du Conseil, revêtu de Lettres-Patentes ,
dont Pobjet feroit, i°. d'annoncer Pintention où est Sa
Majesté de donner incessamment une Déclaration, qui
expliqueroit ses volontés fur la matière des dîmes dans ía
Province de Normandie5 z°. de suspendre Pexécution de
PArrêt de règlement, de manière qu'avant la récolte pro-
chaine, les Décimateurs ôC les déclinables fussent remis
au même état où ils étoient avant PArrêt de reniement.
M. le Garde des Sceaux a ajouté que, dans toutes les
,
occasions où il pourroit prouver au Clergé ía bonne vo-
lonté dont il étoit rempli, il meuroit toute la prompti-
tude ôc la célérité qui dépendroient de lui, ôc qu'il efpéroit
DU CLERGÉ DE FRAN'CÈ, S JUIN tjSji* 7y
que dans le courant de la présente semaine, PArrêt ôC les
Lettres-Patentes qu'il nous promettoit, feroient envoyés
ÔC parvenus au Parlement de Normandie.
Messieurs les Agents ont averti que MM. les Com-
missaires du Roi étoient arrivés. Moníeigneur PArchevê-
que de Narbonne a nommé, pour aller les recevoir, ceux
de Mesteigneurs ôc de Meilleurs qui étoient allés les re-
cevoir la première fois. MM. les Commistaires du Roi
ont été reçus de la même manière que dans la Séance du.
31 Mai, ôc ils ont pris leurs places dans des fauteuils qui.
leur avoient été préparés devant le Bureau. M. le Baron
de Breteuií, Ministre d'Etat, a remis la Lettre du Roi à
Monsieur PAbbé de Périg-ord, Secrétaire de PAstemblée,
qui Pa portée à Monseigneur PArchevêque de Narbon-
ne. Ce Prélat, après l'avoir ouverte, la lui a rendue pour
en faire la lecture.

LETTRE DU ROI.
ME s s. je continue a donner mes ordres aux SieurS
Baron de Breteuií, Ministre d'Etat, Conseiller en
tous mes Conseils, Secrétaire d Etat SG de mes Comman-
dements Chevalier de mes Ordres; de Calonne, Ministre
,
d'Etat, Conseiller en mes Conseils, Contrôleur-Général de
mes Finances, Commandeur de mes Ordres ; Feydeau de
Marville Conseiller ordinaire en mon Conseil d'Etat SG
j
en mon Conseil Royal ; de Roullongne , Conseiller ordinaire
en mon Conseil d'Etat SG en mon Conseil Royal ; SG Bou-
tin , Conseiller ordinaire en mon Conseil d'Etat SG en mon
Conseil Royal, pour vous expliquer l'état de mes assures ;
SG persuadé que vous
me donnere^ en cette occasion, ainsi
qu'en toutes les autres des marques de votre i^ele pour le
,
bien de mon service je vous dirai seulement que je désire
,
que vous ajoutie^ foi a ce qu'ils vous diront de ma part,
7" S PROCES-VERBAL DE As SEMBLÉE-GENÉRALE
L
de même que vous ferie^ à ma propre Personne. Sur ce, je
prie Dieu qu'il vous ait, MESS., en fa sainte parde. Ecrit
a Versailles, le premier Juin 1785. Signé, LOUIS. Et
plus bas : Signé, le Baron DE BRETEUIL.
Au des est écrit : A MESS, les Archevêaues, Evêaues
SG autres Eccléjíafliques députés à l' A semblée-Générale du
'Clergé, convoquée, par ma permission, en ma bonne ville
de Paris.

Après la lecture de la Lettre du Roi, M. de Marville


a dit :
MESSIEURS,
Ce ne font plus les besoins pressants d'une-euerre à
soutenir, qui doivent aujourd'hui exciter votre zelc à
donner des íecours à PEtat. Notre au2;uítc Monarque*moins
jaloux du titre de Conquérant, que de celui de Juíle
,
qui deja lui est décerné par toute PEurope n'avoit pris
,
les armes que pour affranchir les mers, ëc le commerce
dune usurpation tyrannique. II lui a íuíii qu'une marine
formidable, qu'il a créée, pour ainsi dire, en un instant,
ait appris à íes fiers ennemis à respecter le Pavillon Fran-
çois j pressé du désir de soulager un peuple qui Padore,
il a saisi avec joie les premières ouvertures d'une paix éga-
lement íoiide ÔC o-ìorieuse.
o
Mais les maux que la guerre entraîne, ne finissent pas
avec elle : le moment qui la termine , n'est pas encore celui
de Pabondance : les suites de ce fléau pèlent long-temps
aprèslui, íur les nations qui Pont souffert, ôc ce sseíf même
qu'apres que Pincendic est éteint, qu'on découvre Péten-
due des ravages qu'il a caisses.
II a fallu, ÔC il faut encore payer des dettes immeníes.
Le Roi n'a voulu ni en retarder, ni en arrêter.en aucune
,
forte Pacauittement. Sa Majesté fait, ôc fait/voir qu'une
fidélité inviolable à tous íes engagements est pour un
,
DU CLERGÉ DE FRANCE , G JUIN 1785.' 77
orand Emoire, une source féconde de richesses. Par elle
le crédit de PEtat s'est élevé au plus haut degré où il ait
jamais été, ÔC par le crédit íagement ménagé, Padminif-
tration suíiit à tout, sans aucune augmentation de charse
publique. L'étranger voit avec étonnement, qu'avant mê-
me que les plaies cie la guerre soient entièrement fermées,
ÔC tandis que des précautions nécestaires exigent encore
de nouvelles dépeníes, on a pu rapprocher íes époques du
paiement des arrérages j que le numéraire abonde dans tout
le Royaume j que ion active circulation vivifie toutes les
branches du commerce ôc de Pagriculture j que tous les
effets publics acquierrent de jour en jour plus de faveur ;
que le courant s'acquitte avec la plus grande exactitude,
ôc qu'une Caille d'amortifiement íoiidement établie, as-
sure la libération successive des dettes anciennes.
Cette vigueur de constitution, qui en impose au-dehors,
produit au-dedans la tranquillité. Les particuliers n'ont
plus d'alarmes íur leur état, il n'en est plus fur celui de
la choie publique.
Si Pinclémcnce des faisons a produit des maux impré-
vus , si Pannce derniere, un hiver Ions; ôc rip-oureux, suivi
d'inondations preíque générales, si cette année une íéche-
reíle affreuse qui force le Cultivateur de sacrifier ses bes-
tiaux à Pimpuillance de les nourrir, ont cruellement afTlifé*
le Royaume avec quelle attention avec quelle bonté
Sa Majesté ne, s'est-elle pas occupée d'y,
remédier? Vous le
voyez, MESSIEURS, VOUS dont les yeux íont fans cesse
ouverts íur les beíoins des peuples j vous qui consacrez vos
foins ôc vos biens à les alléger, vous voyez le secours ar-
river promptement par-tout où la calamité Pappelle, ôc
vous applaudiíïezàcette sollicitude paternelle, qui s'étend
jusqu'aux moindres détails. Sa Majesté n'a point hésite à
ie priver de la satisfaction de faire des dons, pour avoir
ceue de réparer des malheurs5 Elle a mis des bornes à ses
libéralités pour n'en pas mettre à ía bienfaisance 3 ôc jamais
les retranchements économiques ne lui ont plu davantage,
que quand Elle les.a vus destinés au soulagement de íes
Sujets.
yS PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Quel moment pour son coeur que celui où Elle pourra
diminuer, autant qu'Elie le désire, k fardeau des impo-
sitions ! C'est son voeu k plus cher, c'est Pobjet du plan
qu'Elie s'est formé, ôc toutes ses vues tendent à en accé-
lérer Pexécution. Vous-mêmes, M E S SIE U R S vous êtes
,
apnellés a y coopérer j ôc le Don-gratuit de dix-huit mil-
lions que nous sommes chargés de vous demander, étant
tin des moyens qui conduiícnt au but que Sa Majesté se
propose pour le bien de les peuples, Este attend, avec une
confiance entière, ce nouveau témoignage de votre zeíe
ÔC de votre affection,
Vous savez, M E S S1 E U R S que le terme des Contrats
,
pour -les rentes assignées pour Clergé, est prêt à expirer.
le
Sa Majesté nous a ordonné de vous en demander k re-
nouvellement. Nous ne doutons pas que, sachant com-
bien il est juste, ÔC combien de familles y font intérefiées,
vous n'y procédiez dans la forme ordinaire, ôc suivant
les mêmes clauses ôc conditions qui ont eu lieu précé-
demment.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne a répondu:


MESSIEURS,
L'intérêt de P Etat sera toujours un des premiers inté-
rêts de la Religion : fidèle à cette maxime vraie ôCpré-
cieuse, le Clergé de France a donne des preuves multi-
pliées du patriotismele plus désintéresié ôc le plus généreux.
Soixante ôc deux millions versés dans les cossrcs du Roi
dans le court espace de sept années, font Papologie, ÔC de
la forme, ÔC de Putiiité de ses dons.
Quel est Pordre de Sujets en Europe qui puiste pré-
senter dépareilles ressources à íes Maîtres? ÔC tandis que
les Nations ennemies ont souvent redouté les effets de notre
zèle, nous n'aurons sûrement pas la douleur de voir nos
propres Citoyens n'en pas partager la reconnoissance. Mais
c'est Puíage que le Roi fera de nos dons,,qui peut seul
justifier ôc légitimer k zèle qui nous porte à les lui offrir.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 6 JUIN Ï7§J. 79
Nous applaudissons, avec tous les Sujets du Prince
qui nous gouverne, aux plans d'ordre ÔC d'économie que
fi sagesse a formés. Le génie élevé , le coup d'oeil íur ÔC
prompt du Ministre auquel il en a confié l'exécution, la
facilité, l'aménité, les grâces qu'il fait répandre dans la
discussion des affaires les plus épineuíes, préparent Ôc ga-
rantissent le succès de íes opérations..
Nous nous livrerons donc, avec une respectueuse sé-
curité , à Pimpression qu'a daigné nous inspirer le coeur
juste ôc sensible de notre auguste Monarque j ôc nous al-
lons délibérer, fans inquiétude, fur les demandes qu'il
vous a chargé de nous faire.
MM. les Commistaires
- du Roi etant sortis dans le mê-
me ordre qu'ils étoient entrés , accompagnés de ceux de
Mesteigneurs ôc de Messieurs les Députés qui étoient allés
au-devant d'eux, se sont retirés dans l'appartement pré-
paré pour les recevoir.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit ensui-
te, qu'avant de délibérer sur la demande qui venoit de-
tte faite à PAstemblée par MM. les Commistaires du Roi,
il étoit d'usage d'entendre M. le Promoteur.
Sur quoi Monsieur PAbbé de Boisgelin, Promoteur ;
a dit :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
VOUS avez deux objets à considérer, la nécessité de
subvenir aux besoins de l'Etat, ÔC la situation des affaires
temporelles du Clergé-,
Vous êtes également dévoués, Messeigneurs ôc Mes-
sieurs, à la Religion au Souverain ôc à la Patrie. Vos
Dons, vos Emprunts, accumulés secondent les vues d'un
Roi fidèle à remplir les immenses engagements des Rois
ses prédécesseurs, ôc ceux qu'il contractés lui-même par
a
une guerre utile ôc glorieuse, pour le plus grand bien de
ses peuples ôc pour Pintérêt de
toutes les nations.
Vous avez l'avantage de contribuer au maintien du
créait, de la circulation ôc de Pabondance ; vous faites une
S-O pROCES-VEÌtBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRJLE
dispeníation, -aussi éclairée que généreuse, des biens ecclé^
siastiques,, destinés en .partie au íòulagement des membres
souffrants de la société j vous venez au secours de la so-
ciété elle-même dans íes besoins.
11 est doux, il est consolant pour les Pasteurs des peu-
ples de diminuer le poids des charges publiques, en con-
,
tre-balançant, par des contributions volontaires, celles que
les volontésdu Souverain-imposent au reste âes Citoyens.
Le patrimoine de l'Eglise, ce gage antique de la mu-
nificence des Rois ôC de la pieuíe libéralité des peuples,,
est devenu, dans vos mains, la ressource de PErat, ôc vous
avez acquis des droits inviolables à la protection du Sou-
verain ôC à la reconnoissance publique.
Ces droits respectables devroient être la fauve-garde
la plus sure de tous ceux que vous avez à réclamer, ÔC
qu'on cherche à vous ravir. Mais quand le Clergé épuise
ses forces, quand il consume le présent, ôc qu'il anticipe
fur Pavenir pour k bien de l'Etat, il n'en voit pas moins
ses privilèges attaqués, ses postessions contestées, ôc l'au-
torité souveraine qui les protège, est, en quelque forte,
impuistante contre le cours des entreprises arbitraires ôc
multipliées qui tendent à ies anéantir.
Le Clergé semble être menacé de Pexécution d'un Ju-
gement , contre lequel il n'a cessé de réclamer j ôc il lui
reste à Craindre encore qu'on ne veuille ajouter à la for-
malité dispendieuse de la Foi ôc Hommage, des rede-
vances féodales, dont Pexaction feroit Pimpôt le plus ac-
cablant qui puisse être mis fur les Bénéficiers.
Une multitude de contributionsexigéesde toutes parts,
ôC fous des formes différentes, absorbent une grande par*
tie des revenus ecclésiastiques.
Une nouvelle Jurisprudence avoit produit une révolu-
tion subite dans les possessions ecclésiastiques du midi de
la France. On a réparé du moins'une partie du mal j on
en a prévenu les progrès, par les Lettres-Patentes du 16
Mars 1783, enregistrées au Parlement de Toulouse.
On a réglé le genre de preuves à faire par les Déci-
mateurs ;
DU CLERGÉ DE FRANCE,- 6 JUIN 178^ 8v

mateurs : il reste à rappeller les anciens principes qui sou-


mettent les déclinables* à prouver l'exception.
Les dîmes épuisées dans leur source, sont encore assu-
jetties, dans quelques Provinces, à des charges nouvelles,
dont elles dévoient être affranchies -par les articles z1 ôC
zz de PEdit de 1 69'y • Elles éprouveront une nouvelle di-
minution par l'augmentation des Portions congrues, donc
Pépoque a été prévue par Particle 3 de PEdit du mois de
Mai 1768.
Cette opération, préparée dans les deux dernieres As-
semblées du Clergé, ôc qui fera fans doute consommée
dans le cours de vos Séances, doit diminuer la matière
imposable des Diocèses parce que les nouveaux supplé-
,
ments de Portions congrues seront imposés dans les mains
des Curés ôc des Vicaires, fur un pied beaucoup plus mo-
dique, suivant le nouveau département général, que dans
celles des Décimateurs.
Ces considérations fur la situation actuelle du Clergé,
qu'il est de mon ministère de vous exposer, Messeigneurs ÔC
Messieurs, ne tendent pas à suspendre les effets de votre
zèle pour le bien public j on l'eíïaieroit en vain : elles onc
pour but d'exciter vos efforts pour obtenir du Roi la
puissante protection dont les Eglises ont besoin, ôc sans
laquelle il ne feroit plus en votre pouvoir d'offrir les mê-
mes ressources aux besoins de l'Etat.
X'intérêt que vous prenez à toutes les classes de Con-
tribuables vous suggérera les moyens de fournir le nou-
,
veau Don-gratuit, fans qu'ils soient réduits à Pimpuií-
sance de s'acquitter de leurs charges.
Je requiers, Messeigneurs ÔC Messieurs, que vous dé-
libériez par Provinces, fur la demande que MM. les Com-
mistaires du Roi viennent de faire au nom de Sa Majesté»
Moníeigneur PArchevêque de Narbonne ayant proposé
de délibérer les Provinces ont été appellées : la Province
de Toulouse , étant en tour d'opiner la première Monsei-
,
gneur PArchevêque de Toulouse a dit :
Que la Province
de Toulouse n'écoutant que le zèle qui Panimera toujours
pour le service du Roi, ÔC pleine de confiance dans la
Procès-yerbal de 178J, K,
B-.% PROCES-VERBAL DE PASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
justice de Sa Majesté pour ie succès des différentes récla-
mations que le Ciergé de son Royaume sera forcé de pot-
ier aux pieds du Trône, étoit d'avis d'accorder les dix-
-huit millions qui ont été demandés par MM. les Com-
missaires du Roi j que de plus elle étoit dispoíéeà consen-
tir le renouvellement du Contrat des rentes prétendues
assignées fur le Clergé, fous les clauses ôc protestations de
droit ôc d'usage.
Toutes les Provinces ont été du même avis. En con-
séquence, il a été délibéré d'accorder au Roi la somme de
dix-huit millions, par forme de Don-gratuit, suivant les
moyens dont ía prêtante Afiembiée conviendra, d'après
le Rapport de Messeigneurs ÔC de Messieurs les Com-
missures pour k Don-gratuit, ôc aux conditions qui fe-
ront stipulées dans le Contrat qui íera paílé entre k Roi
ÒL le Clergé ; comme aussi d'annoncer à MM. les Cora-
missaires du Roi, que PAstemblée étoit disposée à renou-
velles le Contrat pour les rentes prétendues assignées fur
le Clergé fous les clauses ÔC protestations de droit ÔC
d'usage. :,
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a prié ceux
de Messeigneurs ôc Messieurs les Députés qui avoient été
recevoir MM. les Commissaires du Roi, d'aller leur faire
part de la Délibération de PAstemblée 3 ce qu'ils ont fait
à l'instant : ôc étant rentrés Monseigneur PArchevêque
,
de Narbonne a dit : Que, si la Compagnie. Pagréoit , il
auroit Phonneur d'écrire au Roi, pour Pinsormer de la
Délibération qu'elle venoit de prendre ôc qu'il charge-
,
l'oit de sa Lettre Monsieur PAbbé de Montesquiou.
Le Procès-verbal a été lu ôc signé.
La Séance a été indiquée à demain, Mardi, 7 Juin 3
a dix heures du matin.
Signé >f< ARTHUR-RICHARD Archevêque ôc Pri-
,
mat de Narbonne, Président.
DU CLERGÉ DÉ FRANcl \ 7 JUIN 1785»' %\

DU MARDI, SEPT JUIN .178^


à dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MOnsieur PAbbé de Montesquiou a dit : Qu'en exé- Xï


cution des ordres de F Assemblée, il s'étoit rendu SÉANCE
s
hier à Versailles 3 que M. le Duc de Fronfac, premier
Gentilhomme de la Chambre en survivance, l'avoit in-
troduit dans le Cabinet du Roi, où il avoit eu Phonneur
de remettre entre les mains de Sa Majesté la Lettre de
Monseigneur PArchevêque de Narbonne j que le Roi,
en lui remettant fa réponse pour ce Prélat, l'avoit chargé
de lui témoigner, ainsi qu'à l'Assemblée, combien il étoit
satisfait des nouvelles marques de zèle que le Clergé ve-
noit de lui donner en cette circonstance.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a remis Ia
Lettre du Roi à Monsieur PAbbé de Périgord pour en
faire la lecture ; il a été délibéré qu'elle feroit insérée dans
le Procès-verbal.

LETTRE DU ROI
MT<D N s. I Archevêque de Narbonne je vois avec plai-
,
sir par le compte que vous me rende^, que le Cler-
,
gé, fans cesse occupé de me donner des marques de son at^~
tachement à ma Personne, profite de toutes les occasions de
m en convaincre, ainsi que du désir dont d efl animé de con-
courir aux avantapes de mon Royaume. D ordre qui règne
dans son Assemblée, SG le concert avec lequel il a délibéré
f
sur la demande que je lui ai ait faire par mes Commissai-
res , en efl le témoignage le plus frappant. Vous pouve\
íassurer de la disposition ou je suis de lui faire ressentir la
K z
§4 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
satisfaction que me cause fa conduite. Votre 7Lele connu
,.
depuis long-temps pour mon service ne me permet pas de
,
douter que vous rìayei^ eu beaucoup de part dans cette Dé-
libération. Je vous en fais autant de gré qu'il niefl agréa-
,
hie, dans cette circonstance, de vous uffurer de la conti-
nuation de mon estime SG dé mon affection particulière. Sur
:ce, je prie Dieu qu'il vous ait , MONS. IArchevêque de
Narbonne, enflasainte garde. Ecrit à Versailles le 7 Juin
,
11785. Signé, LOUIS. Et au.dos est-écrit : A MONS.
iArchevêque de Narbonne.
Monseigneur-PArchevêque de Narbonne a dit ensuite;
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
II n'y a personne parmi vous'qui ne connoiss; les ser-
vices essentiels que M. de Saint-jullien n'a ccííé de ren-
dre au Clergé. II vous a, dans tous les temps donné
,
des preuves de son zèle, Pordre qu'il a établi dans fa comp
tabilité, la connoistance profonde qu'il a de vos affaires,
la bonne réputation qu'il s'est acquise par ses vertus sim-
ples ÔC modestes, vous détermineront fans cloute à lui
passer un nouveau Contrat. II vous supplie, en ce cas, de
lui donner pour Adjoint, dans l'exercice de ses fonctions,
M. de Quiníon, son Neveu, qui annonce les mêmes ver-
tus ÔC les mêmes talents.
Avant que de délibérer M. PAbbé de Boifgelin,
,
Promoteur, a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Le bon ordre qui règne dans votre recette générale,
dont Padministration est confiée à M. de Saint-Jullien
depuis tant d'années fa vigilance dans le recouvrement
,
des impositions, son exactitude à remplir la multiplicité
de vos engagements, les succès de ses travaux, par rap-
port à la conversion des rentes, son attention à veiller
DU CLERGÉ DE FRANCE, y JUIN 1785. 8/
furie crédit du Clergé, afin que les circonstances n'y por-
tent aucune altération, tels íont les titres qui lui ont mé-
rité constamment votre estime ôc votre approbation. Ces
considérations vous engageront fans doute, Messeigneurs
ôc Messieurs, à accueillir favorablement la demande que
M. de Saint-Jullien a Phonneur de vous faire. II désire que
vous daigniez lui donner póur Adjoint ÔC Survivancier,
pendant la durée du Contrat, M. de Quiníon son Neveu.
,
La confiance que vous a inspiré M. de Saint-Jullien, ga-
rantit le zèle ôC la capacité de celui qu'il vous propose.
Je requiers en coníéquence, Mesteigneurs ôC Messieurs,
que vous ayez à délibérer fur cette demande.
Les Provinces ont été appellées j ôC la Province de
Rheims étant en tour d'opiner la première, Monseigneur
PArchevêque de Rheims a dit :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Les services de M. de Saint-Jullien ont engagé l'Assenv
blée de 176J ôc de 177J à donner à son fils d'abord la
survivance ôc ensuite Padjonction qu'il vous demande
aujourd'hui, pour son neveu. L'estime générale dont il con-
tinue de jouir depuis cette époque, détermine aujourd'hui
la Province de Rheims à lui accorder la grâce qu'il sollicite.
L'avis de la Province de Rheims a été adopté par tou-
tes les Provinces j ôc il a été délibéré d'accorder à M. de
Quinfon la,survivance ÔC Padjonction de la Commission
de Receveur-Général du Clergé, pour avoir son effet lors
de la pastation du Contrat à M. de Saint-Jullien.
Les Sieurs Boîlioud de Saint-Jullien ôc de Quinfon ont
été introduits dans la Salle de PAstemblée5 ôc après avoir
pris place fur des chaises à dos devant le Bureau, Mon-
seigneur PArchevêque de Narbonne a pris la parole, ôc
a dit :
L'Assemblée, Monsieur, a délibéré de vous accorder,
comme vous Pavez désiré, la survivance ôC Padjonction
de M. votre Neveu, à la place que vous avez rempli jus-
qu'à présent à la satisfaction du Clergé. Elle a saisi cette
%ú PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
occasion de vous donner une preuve du contentement
qu'elle a de vos longs ôc vertueux services.
M. de Saint-Jullien a dk-c
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Le premier élan de mon ame, lorsque Pobjet de ma
tendresse ôc de mes foins m'étoit enlevé, fut de me retracer
mes obligations ôC celles qu'il eût eu à remplir. Dans le
déchirement de la douleur, la reconnoissance me montra
ce double engagement à acquitter.
Quarante-six ans de services, les suffrages que Vous avez
bien voulu m'accorderdans leur cours, l'espoir certain de
trouver la consolation , en me les conciliant davantage oar
une íuite de travail, qui n'auroit de terme que ma vie,
an ont attaché impérieusement à cette idée.
Quatre ans se sont écoulés depuis : j'ose dire les avoir
marqués par un zèle infatigable.
Je fuivois les mouvements de mon coeur. Accoutumé
à vos bontés, il pressentoit le nouvel éclat avec lequel vous
les manifestez aujourd'hui. Vous ne vous bornez pas a
couronner les efforts de cinquante ans par la continuation
de votre confiance, vous y ajoutez encore la faveur d'as-
socier à mes travaux M. de Quinfon, mon neveu.
Quel tribut de gratitude ne vous devons-nous pas !
Qu'elle est profondément gravée dans notre ame ! Corn-*
bien la mienne a toujours été livrée à ce sentiment 1. Sans
cesse il a pris de nouvelles forces depuis mon début, dans
la carrière que vous avez daigné m'ouvrir.
M. de Sénozan, mon oncle, qui obtint de l'Assemblée
de 17 3 J pour récompense de ses services, que je lui suc-
cédasse y, a guidé mes premiers pas.
,
Cet exemple, plus encore Phabitude de votre bienveil-
lance, m'ont enhardi dans ma proposition pour mon ne-
veu. 11 fe montrera digne de vos bienfaits. Ses moeurs,
son intelligence ôc son activité justifieront Popinion que
j'ose vous en donner.
II ne tardera pas à être formé dans Padministration de
Du CLERGÉ DE FRANCE', 7 JUIN IJ§S* §7
vos affaires ; rnais son émulation n'affoiblira pas la mienne.
Toujours je mettrai autant d'intérêt que de plaisir à éclai*
rer ôc diriger ses opérations.
Je n'ai pas feulement l'eípérance devoir se reproduire
en lui les mêmes principes qui m'ont constamment animé
pour ie bien de votre service j j'ai aussi la certitude, Mes-
íèigneurs ôc Messieurs, qu'il partagera vivement ôc à ja-
mais la reconnoissance ôc le profond respect dont j'ai tou-
jours été pénétré pour le premier ôc le plus illustre Corps
du Royaume.
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra*
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, huit Juin
1785 à dix heures du matin.
,
Signé 9j$ ARTHUR-RICHARD Archevêque Ôc Primat
,
de Narbonne, Président.

DU MERCREDI, HUIT JUIN 1785,


à dix heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président»

MEssieurs les anciens Agents ont commencé la lecture XII


SÉANCE}
du Rapport de leur Agence, ôc furie compte qu'ils
ont rendu des démarches ôc sollicitations par eux faites
auprès de M. le Garde des Sceaux, relativement à Pin-
trusion du Sieur Buissonier, dans la Cure de Monestier-
Clermont, Diocèse de Die, il a été délibéré de prier Mon-
seigneur PArchevêque d'Arles, Messeigneurs les Evêques
de Fréjus ÔC de Langres, ôc Messieurs les Abbés Boursier,
de Montazet ôc d'Ofmond,de remettre fous les yeux de
M. le Garde des Sceaux les circonstances de cette affaire
>
de solliciter avec instance auprès de ce Chef de la Ma-
,
gistrature la cassation de PArrêt ou Ordonnance du Par-
lement de , Grenoble, du 3 1 Août i78x rendu en faveur
du Sieur Buissonier, ôc de demander que, le fonds de cette
S8 PROCES-VERBAL DE I1ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
affaire soit retenue au Conseil des Dépêches ôc jugée
,
avant la íeparation de PAstemblée. L'Astemblée désirant
cn même - temps prévenir de semblables événements ,
a prié Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires pour
la Religion ôc la Jurifdiction, de s'occuper des mesures
générales qui -pourroie-nt être proposées dans cette vue,
èc de lui en rendre compte. Messieurs les Agents ont été
aussi chargés de suivre la demande en intervention, for-
mée par leurs prédécesseurs, ÔC de donner tous leurs foins
à un objet aussi intéressant pour la Jurifdiction Ecclésias-
tique,
Mesteigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra-,
yailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, neuf Juin
,178j\, à dix heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque2CPrimat
de Narbonne., Président.

DU JEUDI, NEUF JUIN J7SJ,


-a dix heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président,

XI lï
SÉANCE.
MOnfeigneur PArchevêque de Narbonne a prié Mon-
seigneur PEvêque de Montpellier ôc Monsieur PAb-
bé Dillon d'aller chez Monsieur PÂbbé de Grain ville, pour
lui témoigner, au nom de PAstemblée , la part qu'elle
prend à son indisposition.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture du
Rapport de leur Agence -, ôc d'après le compte qu'ils ont
rendu des suites de la demande encasiation d'un Arrêt du
Parlement de Toulouse, qui, contre toutes les règles cano-
niques a maintenu le Sieur de Saint-Martin en possession
,
du Prieuré de Montarnaud fur des Provisions de Cour de
Rome, à lui accordées fous la double clause soit par ré-
,
signation soit à cause de mort, l'Assemblée considérant
,
cette
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 JUIN 178/." 8^
cette affaire sous le rapport de Pintérêt que le Clergé-
Général pourroit y prendre, a prié Mesteigneurs ôc Mes
sieurs les Commissaires, pour la Religion ôc la Jurifdiction,
de s'en occuper, ÔC d'en faire leur rapport ie plus promp-
tement qu'il fera possible.
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, dix Juin
178J, à dix heures du matin.
Signé ìfa ARTHUR-RICHARD Archevêque ôc Pri-
,
mat de Narbonne, Président.

DU VENDREDI, DIX JUIN 178/;


a dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président:

MOnseigneur PArchevêque de Narbonne a dit, qu'il XIV


.s'étoit rendu hier chez M. le Garde des Sceaux avec SÈANCRj.
Monseigneur PArchevêque d'Arles, Messeigneurs les Evê-
ques de Fréjus ôc de Langres, ôc Messieurs les Abbés Bour-
sier de Montazet ôc d'Osrnond, pour conférer avec lui sur
,
la nécessité de proscrire la collection complète des OEuvres
de Voltaire, fur Pimportance dont il étoit de donner les
ordres les plus prompts pour arrêter le cours de la partie
déja livrée au public, fur les moyens de préserver le Royau-
me du surplus de cette édition , ÔC enfin fur les dangers de
donner à ces Ouvrages pernicieux trop de publicité, s'ils
étoient annoncés clans les papiers publics : que ce Chef de
la Magistrature leur avoit répondu de la manière la plus
propre à calmer les alarmes du Clergé, en les assurant que
le Roi ne tarderoit pas à manifester son mécontentement
sur Pintroductionde cet Ouvrage dans son Royaume.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a ajouté, qu'à
Pégard de Paffaire pendante au Conseil, sur la demande
en'caflation de PArrêt du Parlement de Grenoble, rendu.
Procès-verbal de 1785. L
*$0 PROCES-VERBAL DE PASSÈMBLÉE-GÉNÉRALB

en faveur du Sieur Buissonnier, Diocèse de Die , M. le


Garde des Sceaux avoit écrit au Premier Président ôc an
Procureur-Général de cette Cour j ôc que s'il n'en rece-
voir pas, dans un court délai , les écìaircistcments qu'il
leur avoit demandés, il feroit rapporter cette affaire au
^Conseil des Dépêches.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a'dit encore,
que M. le Garde des Sceaux ne perdoit pas de vue Parfaire
des Décimateurs de Normandie, ôc l'avoit assuré qu'il
feroit adressé Dimanche prochain au Parlement de Rouen,
un Arrêt du Conseil, revêtu de Lettres-Patentes, qui ré-
tabliroient provisoirement les Décimateurs de Norman-
die dans Pétat où ils étoient avant PArrêt de Règlement
du z $ Mai 1784, en attendant que Sa Majesté fît dé-
finitivement connoître ses volontés par une Loi qu'Elie
se propoíe de donner sur cette matière 5 ôc que sur les ins-
tances par lui faites pour hâter la publication de cette Loi,
M. le Garde des Sceaux lui avoit répondu, qu'elle feroit
donnée avant la séparation de l'Assemblée.
Moníeigneur PEvêque de Montpellier a dit, qu'en exé-
cution des ordres de l'Assemblée, il avoit été avec Mon-
sieur PAbbé Dilìon chez Monsieur PAbbé de Grainville,
qui leur avoit paru très-sensible à Pintérêt qu'elle avoic
bien voulu prendre à son indiíposition.
Le Procès-verbal a été lu ôc signé.
Mcsseip-neurs ÔC Messieurs les Commissaires ont cté tra-
vaillcr à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, 11 Juin
à dix heures du matin. '
,
.
Signé^ ARTI-IUR.-R1CHARD, Archevêque ôc Primat
de Narbonne, Président.
BU CLERGÉ DE FRANCE, I I JUIN 178/^ 9X

DU SAMEDI, ONZE JUIN 178 r,


à dix heures du matin*
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été XV


SÉANCE.
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 13 Juin,
à dix heures du matin.
Signés ARTHUR-RiCHARD,Archevêque ôc Primat
de Narbonne, Président.

DU LUNDI, TREIZE JUIN 178/,


a dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs ÔC Messieurs les Commistaires pour le XVI


SÉANCE.
Don-gratuit ôc les Moyens, ayant pris le Bureau,
Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Chef de la Com-
mission a dit : Que l'Assemblée avoit accordé au Roi,
,
par sa Délibération du 6 de ce mois, un Don-gratuit de
dix-huit imitions de livres.
Qu'elle étoit déja convaincue, que la feule voie qui
fût à employer pour le paiement de ce Don-gratuit, étoit
celle d'un Emprunt, dont Pintérêt, pour entrer dans les
vues du Gouvernement, feroit fixé fur le pied de quatre
ôc demi pour cent.
Que, par conséquent, il ne s'agissoit plus maintenant
que de régler la manière dont feroit fait cet Emprunt,
ôc de pourvoir en même-temps au paiement des arrérages
des rentes auxquelles il donneroit lieu, ainsi qu'au rem-
boursement de ses capitaux.
Que la Commission, avant de s'occuper de cet objet;
L 2,
«1 pROCES-vèRBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALB
-avoit examiné quelle étoit la situation actuelle du Cler-
gé, tant par rapport aux principaux qu'il redevoit encore,
ïòit sur les rentes au denier vingt, soit sur les rentes au
denier vingt-cinq , que par rapport aux impositions qui
se lèvent sur les biens ecclésiastiques.
Qu'elle avoit reconnu que par les dispositions que
,
contient la Délibération du z S Octobre 178 z, la libé-
ration du Clergé , fut ces deux espèces de dettes, devoit
ctre opérée dans Pespace d'environ vingt-quatre ans.
Que cherchant ensuite les moyens d'acquitter les char-
ges qu'occasionneroit le nouvel Emprunt, fans augmen-
ter de beaucoup les impositions que supportent les Con-
tribuables elle avoit remarqué que les dix millions de
,
principaux qui ont déja été convertis en rentes au denier
vingt-cinq, fur les Emprunts de 1780 ÔC 1781 laif-
,
soient libre chaque année une somme décent mille livres.
Que les trois cents mille livres du secours annuel pro-
mis par k Roi en 17$ z, pour n'avoir lieu qu'après le
retour de la paix, dont Pépoque étoit alors incertaine , n'a-
voient pas été comprises, par cette raison, dans la Pro-
gression de la même année.
Qu'il étoit donc possible de reprendre, fur les fonds
affectés à l'extinction des Emprunts de 1780 ôc 1781,-
une somme annuelle de quatre cents dix mille livres, pour
être affectée au paiement de partie des arrérages du nou-
vel Emprunt, fans reculer, que de six mois ou environ,
Pépoque de la libération des deux précédents, qui avoit
été fixée à Pannée 1806.
Que la Commission avoit aussi remarqué que le béné-
fice procuré par les remboursements faits depuis 1782.
fur les quatre anciens Emprunts au denier vingt-cinq,
réunis, permettoit de prendre fur les fonds que l'Assenv-
blée de la même année avoit, affectés à leur libération,
les quatre cents mille livres qui étoient encore, néceíïai-
res pour compléter ceux des arrérages du nouvel Em-
prunt j la libération de ceux au denier vingt-cinq , pou-
vant être opérée avec les fonds qui leur reíìeroknt desti-
nés, après cette reprise, dans un espace de temps pareil
DU CLERGÉ DE FRANCE ~, 13 JUIN ijtf. 9$
à celui que contenoit lâ Progression de \y%z, qui, com-
me il vient d'être observé , étoit d'environ vingt-quatre
ans.
Que la Commission pensoit d'ailleurs, que cette re-
prise ne pòrteroit aucun préjudice au crédit du Clergé
puisque laissant ensuite , comme il est d'usage » augmen-
,
ter le fonds du remboursement de ces anciens Emprunts,
par la diminution progressive de leurs arrérages, Ies Ca-
pitalistes qui, pour la plupart, préféroient les placements
fur le Clergé, non-feulement à cause de sa solidité, mais
encore dans la vue de pouvoir retirer leurs fonds (en quel-
que façon quand ils le désirent) y trouveroient toujours
la même facilité que par le passé, celui destiné à Pamor-
tissement de ces anciens Emprunts, devant redevenir en
fort peu de temps, ( malgré la reprise proposée ) de la
même somme que celle à laquelle il avoit été porté par
la derniere Assemblée. %
Que la Commission avoit cru devoir mettre ce moyen
économique, sous les yeux de l'Assemblée, avec d'autanc
plus de raison, qu'il concilioit, autant que les circonstances
le permettoient, Pordre qu'il convient que le Clergé suive
póur le bien de son administration, avec les ménagements
qu'exige Pétat actuel des Contribuables, dont on n'au-
gmenteroit les charges que de la somme qu'il feroit né-
cessaire d'affecter au remboursement du nouvel Emprunt,
pour en procurer la libération à peu près à la même épo-
que, où les précédents Emprunts se trouveroient entière-
ment remboursés.
Que la Commission s'étoit assurée qu'une nouvelle im4
position annuelle de trois cents mille livres de principal _,,
feroit suffisante pour remplir cet objet, avec d autant plus
de raison que, si l'Assemblée approuve ses vues à cet égard-,
,
elle pourra ordonner qu'au moment où la conversion en
Rentes au denier vingt-cinq, de ce qui reste encore dû de
capitaux au denier vingt, se trouvera entièrement eonsomr
mée, le bénéfice annuel que produira cette opération , sera
distrait des fonds des Emprunts de 1780 ÔC 1782. , pour
être4 ajouté aux trois cents mille livres de la nouvelle im-
fjÇ PROC ES-VERBAL DE PASSEMBLÉE-GÉNÉRALË
position, ÔC accélérer d'autant la libération du nouvel Em-
prunt de dix-huit millions.
Que pour donner encore une plus grande marque de
l'-attention de l'Assemblée, pour les intérêts des Bénéficiers,
cette nouvelle imposition ne commenceroit qu'au ternie
de Saint-Jean -1786 la Commission jugeant que le fonds
,
des arrérages qui feroient à payer pour ce nouvel Em-
prunt, au premier Avril précédent, pouvoit se trouver,
tant dans la remiíè de deux cents soixante-dix mille livres,
promise par Sa Majesté íur le Don-gratuit, que dans une
reprise particulière qui feroit faite audit jour premier Avril
1 7-86, sur ks remboursements définitifs des rentes de 1780
Ôc 178-1,
Que la Commission avoit encore considéré que Piotérêt
de quatre ôC demi pour cent, accordé aux Prêteurs du
nouvel Emprunt, k feroit fans doute regarder comme un
placement avantageux ; qu'il étoit par conséquent à pré-
sumer que la plupart désireroient laisser leurs fonds entre
ks mains du Clergé le plus long-temps possible.
-- Que Pempreílement que k public avoit marqué pour
tous ks précédents Emprunts, íembloit mériter que PAí—
semblée accordât à ses .Rentiers toutes les faveurs qui ne
nuiroient pas à Pordre établi pour -la diminution progrès-:
íìve des dettes du Clergé.
Que c'étoit cette considération qui engageoit la Com-

mission a proposer à l'Assemblée, d'autoriser ion Receveur-
Général à n'employer les trois cents mille livres qu'elle
affecteroit à Pextinction du nouvel Emprunt, qu'au rem-
boursement de ceux des Rentiers de ce même Emprunt,
qui redemanderoient leurs fonds, d'ordonner de plus que,
s'il se trôUvoit quelques époques où il ne fût fait aucunes
demandes, ou qu'elles ne fussent pas suffisantes pour em-
ployer ces trois cents mille livres, il ne feroit néanmoins
áucun remboursement forcé sur ce nouvel Emprunt, mais
qu'il emploieroit k fonds de la nouvelle imposition, ou
ce qui en resteroit, à augmenter ceux des rentes au denier
vingt des Emprunts de 1780 ôc 1781, jusqu'à Pépoque
de leur entiereconversion en rentes au denier vingt-cinq,
DV CLERGÉ DE FRANCE: Ì'J JUIN 1785. 95-
au moment de laquelle il commenceroit à reprendre sur:
les fonds qui resteroient affectés à PEmprunt au denier
vingt-cinq, représentant ceux de 1780 ôc 1782. , tout ce
qui auroit dû être employé sur PEmprunt de 178 s donc
le remboursement se feroit ensuite de la manière, ordi-
naire.
Que cet Emprunt de 1785, étant alors celui dont
Pintérêt íeroit le plus onéreux au Clergé, il paroissoit
néceslaire d'arrêter que Sa Majesté feroit très-humblement
suppliée de vouloir bien en confirmant la présente Dé-
libération, ordonner que ,le Clergé feroit ôc demeureroic
dès-à-présent autorisé à continuer PEmprunt ouvert au de-
nier vingt-cinq, pour la conversion de ceux de 1780 ôC
2782,, jusqu'à concurrence de la somme nécessaire au
remboursement de ce qui feroit encore dû de capitaux sur
PEmprunt de 1785", au moment où ceux des deux pré-
cédents Emprunts feroient entièrement remboursés.
Que pour donner à cette opération la même faveur que
procureroient à celle commencée en 1781, les arrange-
ments que vient de proposer la Commission, PAstemblée
pourroit aussi ordonner que les fonds d'amortissement qui
demeureroient affectés à Pextinction des rentes de PEm-
prunt de 178 1 , représentant ceux de 1780 ÔC 17$z , fe-
roient réduits dans la proportion de cent mille livres, pour
quatre millions de capitaux 3 ôc le surplus, s'il s'en trou-
voit ajouté à ceux des rembouríements définitifs de
,
PEmprunt de 178y.
Que même ces cent mille livres ne feroient employées
fur cet Emprunt de 178 1, qu'autant qu'elles feroient de-
mandées; ôc qu'à défaut de demande, elles feroient por-
tées en remboursements forcés fur les capitaux de PEm-
prunt de 1785 , dont Pintérêt se paieroit encore sur le pied
de quatre ôc demi pour cent pour accélérer d'autant sa
,
conversion en rentes au denier vingt-cinq.
Que pour le surplus, cette opération feroit suivie dans
les formes prescrites par la Délibération du 6 Octobre
,17 8 o.
Qu'indépendamment des avantages réels que la Corn-»
<9& PROCÉS-VÊRBAL DE I!ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
mission voyoit dans cet arrangement, elle compr.oìt encore
celui de laister íubíiíler la forme établie par PAstemblée
de 17^2 tant pour la continuation de PEmprunt au de-
,
nier vingt-cinq, ordonné en 1780, que pour Padmitiil-
tration de la recette générale, le nouvel Emprunt de 1785
devant former un objet absolument distinct ÔC séparé, du-
quel le Receveur-Général rendroit un compte particulier
chaque, année, jusqu'au moment où ía conversion entière
en rentes au denier vingt-cinq, en permetrroit la réunion
a ceux dont f intérêt se paie déja sur ce pied.
Que si ce projet étoit agréable à PÁiìemblée elle ar-
, ,
reteroit, sur le pied de la contribution générale établie par
celle de 1770, un Département contenant la répartition
d'une nouvelle imposition, qui feroit en total de trois cents
trois mille íept cents cinquante livres.
Que cette imposition feroit levée dans la forme ordi-
naire, fur tous les Diocèses du Royaume , à commencer
par le terme de Saint-jean 1786, ôc ieroit employée, à
compter du premier Octobre de la même année ôC à Pa-
venir j savoir, trois cents mille livres au remboursement
des capitaux du nouvel Emprunt de dix-huit millions jus-
qu'à leur entière extinction, ôc trois mille sept cents3 cin-
quante livres au paiement des taxations de trois deniers
pour livre qui feroient accordées, suivant Pusage, aux Re-
ceveurs Diocésains des Décimes, pour les frais du recou-
vrement de cette même imposition.
Que tel étoit le plan que la Commission soumettoit aux
lumières de PAstemblée j ôc que pour mettre Mesteigneurs
,
ÒC Messieurs à portée de délibérer en plus grande connois-
sance de cauíe, il feroit à propos de faire imprimer un
projet de Délibération, suivant Pusage, afin de le distri-
buer à chacun des Membres de la présente Afíemblée.
Sur quoi Monseigneur PArchevêque de Narbonne a
remercié Moníeigneur PArchevêque de Toulouse, de la
précision ôc de la netteté avec lesquelles il avoit proposé
les vues de la Commission ; ÔC il a été ordonné que le pro-
jet de Délibération pour le paiement du Don-gratuit, fe-
roit imprimé, pour être incessamment distribué à chacun
DU CLERGÉ DE FRANCE', 14 JUIN 1785. 97
de Messeigneurs ôc de Messieurs afin de pouvoir Pexami-
,
ner, ôc de faire part de leurs observations à l'Assemblée.
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 14 Juin, à
dix heures du matin.
Signé $fe ARTHUR-RICHARD, Archevêque ôc Pri-
mat de Narbonne, Président.

DU MARDI, QUATORZE JUIN I78J,


à dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MOnseigneur PArchevêque de Narbonne a prié Mon- XVII


seigneur PEvêque de la Rochelle ôc Monsieur PAbbé SÉANCE.:
d'Andrezel, de voir M. PAbbé le Gay, ÔC de lui témoi-
gner la part que l'Assemblée prend à son indisposition.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture du
Rapport de leur Agence.
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredis 1 j Juin,
à dix heures du matin.
Signé >5< ARTHUR-RICHARD Archevêque ôc Pri-
Narbonne ,
mat de Président.
,

DU MERCREDI, QUINZE JUIN 178s,


a dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

~\ y|~Onseigneur PEvêque dela Rochelle a dit : Que, XVIII


„J¥Jlconformément aux intentions de l'Assemblée, il SÉANCE;

setoit rendu avec Monsieur PAbbé d'Andrezel chez


, ,
Procès-verbal de 178j, M
f% PROCES-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNERALE
Monsieur PAbbé le Gay, pour lui marquer la part qu'elle
preuoit à íbn indisposition j que Monsieur PAbbé k Gay
les- avoit priés de témoigner à PAstemblée fa respectueuse
reconnoistance.
Messeigneurs ÔC Messieurs les Commissaires pour la
Religion ôc la Jurifdiction ont pris le Bureau. Mon-
,
seigneur PArchevêque d'Arles, Chef de la Commission,
a dit:
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Monseigneur PEvêque de Montpellier a cru devoir
réclamer les bons ossices de PAstemblée, au sujet d'un
Arrêt du Parlement de Toulouse, qui a maintenu en pof-
session d'un Prieuré de son Dioceíe, le Pourvu en Cour

de Rome, au préjudice du titre de l'Ordinaire. Vous vous
seriez empressés d'accueillir une demande formée fous des
auspices si favorables, s'il nous étoit toujours permis de
suivre k voeu de nos coeurs. Mais supérieure à toutes ks
considérations personnelles, une Astemblée du Clergé ne
connoît que les grands intérêts qui lui font consiés, &C
rejette avec courage les sollicitations de ses propres Mem-
bres, lorsqu'elles font étrangères à la chose publique. Nous
ne ferons que seconder les vues de sagesse ôc d'impartia-
lité qui président à vos Délibérations, en mettant fous
vos yeux les principales circonstances de Pespece jugée au
Parlement de Toulouse, ÔC en rappellant ensuite quel-
ques maximes générales, propres à jetter du jour fur les
rapports de cette affaire particulière avec la cause du
Clergé.
Eeu M. de Bon, Titulaire du Prieuré simple de Mon-
tarnaud Diocèse de Montpellier, paste à Saint-Pons le
, ,
i6 Juin 1781, Procuration pour résigner ce Bénéfice
cotre les mains du Pape, ôc en faveur de M. PAbbé de
Saint-Martin, son neveu. Le Courier, porteur de la Pro-
curation ad refignandum , part de Montpellier le 17 du
même mois, ÔC arrive à Rome le 24 suivant, après le
décès du Résignant, survenu dans Pintervalk du voyage.
DU CLERGÉ DE FRANCE* r5 JUIN 178y» 99
Le Correspondant de M. PAbbé de Saint - Martin , qui
ignoroit cette mort, fait expédier, au profit de cet Ec-
clésiastique des Provisions fur résignation, avec les clau*
,
ses five per obitum aut alto quovis modo, cum derogatione
fpeciali reguU de verifimili notitiâ obitûs. D'autre, part, un
Grand-Vicaire de M. de Montpellier, nomme M. PAbbé
de Saint - Soupplets au Prieuré vacant par le décès de
M. PAbbé de Bon. Chacun des compétiteurs ayant pris
possession de ee Bénéfice la complainte s'engage en la
,
Sénéchaussée de Montpellier; mais bientôt elle est évo-
quée au Parlement de Toulouse, en vertu de Pappel com-
me d'abus que PAbbé de Saint-Soupplets interjette des
Provisions de Cour de Rome. Un Arrêt intervenu le 17
Juin 1782., ÔC contre ks conclusionsdu ministère public,
a déclaré n'y avoir abus dans kfdites Provisions. Cet Ar-
rêt a été cassé pat le Conseil le 17 Octobre 1783, sur la
Requête non communiquée du nommé par POrdinaire.
Le Pourvu en Cour de Rome s'est rendu opposant à ce
dernier Arrêt \ ôc Passaire instruite contradiótoirement,
est sur k point de recevoir une décision.
Toutes les Parties reconnoissent que le prédécès du
Résignant a rendu nulles ôc caduques les Provisions fur
résignation \ que depuis Pépoque de cette mort, arrivée
sept jours avant que ^la date n ait été retenue, il n'a été
expédié à Rome aucun nouveau Courier ; que la signature
du Pape, antérieure de cinq jours au titre de POrdinaire,
contient ces clauses subsidiaires, five per obitum aut alio
quovis modo, cum derogationefpeciali régula de verifimili
notiiiâ obitus ; ÔC que le Parlement de Toulouse a déclaré
n'y avoir abus dans ces clauses déférées à la vigilance des
Magistrats, par PAppellantôC le ministère public. II s'agit
aujourd'hui de savoir si cette Cour a pu donner tant d'é-
tendue à la prévention sans méconnoître les libertés de
,
l'Eglise de France ôc déroger aux3 Ordonnances du
,
Royaume.
M. PAbbé de Saint-Martin défend tout à la fois, ôc ks
Provisions de Cour de Rome, ôc PArrêt qui en a autorisé
Pexécution. Après, avoir observé qu'ayant un juste motif
M i
ÍGO PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
d'envoyer à Rome avant la mort de son oncle, qui s'étoit
démis en fa faveur, il n'est point dans le cas prévu par la
règle de impetranúbus bénéficia viventium, ôc qu'on ne
lui oppose oas, avec plus de fondement, celle de verifi-
mili noááa puisque dans l'intervalle des sept jours écoulés
j
entre le décès du Résignant ôc la date de son expédition,
la nouvelle de cet événement a pu rrapper les oreilles de
Sa Sainteté. CePréventionnaire traîne à fa fuite une mul-
titude de Canonistes ôc de Jurisconsultes favorables à la
validité de la clauíe obituaire, iníérée dans les Provisions
fur résignation. licite même le témoignage du Rédacteur
de vos Mémoires cC quelques anciens Arrêts du Parlement
de Paris, ÔC il produit un Acte de notoriété íouícrit de
plusieurs Avocats au Parlement de Touloule , ôc portant
que c'est la Jurisprudence constante de cette Cour.
De son côté, M. PAbbé de Saint-Souppkts tourne, con-
tre PArrêt, les armes avec lesquelles il avoit attaqué com-
me abusives les Provisions de fa Partie. La dérogation à
la règle de verifimili, est, dit-il, bien constatée par les pro-
pres termes de l'Acte émané de la Cour de Rome. Or le
Pape n'a pas pu dispenser, íans entreprise d'une règle
,
ayant force de Loi dans, le Royaume par sanction du
la
Prince qui en a confié i'éxécution aux Tribunaux. 11 faut
bien distinguer de Pinhabikté prononcée contre les ím~
pétrants, coupables de conríes ambitieuses, la clauíe qui
déclare nulles ks Provisions obtenues. Ce Décret irritant
frappe fur toutes les impétrations faites antérieurement à
la connoisiance de la mort du Titulaire. L'cxccption con-
traire, introduite en faveur de ceux qui envoient à Rome
pour cause de .résignation , est une erreur combattue avec
Vigueur dans tous les temps, par les Auteurs ks plus atta-
chés à nos Libertés j erreur expirante enfin de nos jours
dans les Audiences publiques du Grand-Conseil ÔC du
Parlement de Paris en 17J9 ÔC cn 1765, ÔC qui n'auroic
,
pas dû revivre après la justice éclatante qu'en avoient fait
des Tribunaux si versés dans la connoissance de nos usa-
ges ôc ks profondeurs du Droit canonique.
Nous nous reprocherions, Messeigneurs ôc Messieurs-,
DU CLERGÉ DE FRANCE, IJ JUIN 178J."1 IOI;
d'arrêter plus long-temps vos regards fur ks moyens res-
pectifs des Parties, bien furs que vous puiserez avec en-
core plus de confiance dans les sources de notre Droic
Public, le voeu que vous avez à former. Quelqu'éminente
que soit l'autorité du Chef visible de l'Eglise, sa puissance,
modérée en France par ks Canons, ne s'étendra jamais
jusqu'à intervertir arbitrairement Pexercice du droit des
Ordinaires dans la diíposition des titres ecclésiastiques.
Une expérience de plusieurs siécles avoit éclairé fur ks
inconvénients des longues vacances, non moins funestes
au bien spirituel des peuples , qu'à la dotation temporelle
des Bénéfices, lorsque parut la iage ôc salutaire Loi de la
Dévolution, qui réveille Pattention de tous les Collateurs,
ôc ne punit que la négligence 3 mais au milieu des agita-
tions du treizième siécle on entreprit de faire prévaloir
,
toutes les Provisions du Pape données par anticipation
,
fur les Nominateurs Ecclésiastiques. Les Officiers de la
Cour de Rome s'essayerent d'abord fur les Bénéfices va-
cants in Curiâ. Insensiblement les prétentions s'agrandis-
sent, les actes se multiplient, ôc toutes ks Eglises se voient
avec étonnement soumises à l'empirede la nouvelle disci-
pline.
Telle est Porigine de la prévention rejettée par PEgliíe
Gallicane, assemblée à Bourges fous Charles Vil, intro-
duite à la faveur du Concordat, supprimée de nouveau
par POrdonnance d'Orléans, fur la demande des Etats-
Généraux de la Nation, ôC aujourd'hui bien plus tolérée
qu'admise.
Ainsi s'expriment à l'envi la Magistrature ôc le Clergé,
fur une servitude très-onéreuse, soit aux Collateurs, soit
aux Expectants, ôc peu honorable pour le Souverain Pon«
tife tenu, comme Collateur forcé, de donner toujours le
Bénéfice à la réquisition du plus diligent : La prévention
n'efl pas regardée en France comme favorable ; elle y efl
simplement tolérée, disoient les Agents du Clergé à l'As-
semblée de 173 J, elle efl contraire a lordre établi par le
Concile deJLatran dans la disposition des Bénéfices, SG elle
a eie mtroauitf/depuis ley treizième flecte a la faveur des
ÏOL PRWCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
schismes-..... Les Cours séculières ont toujours été portées
à saisir les occasions d'y mettre des restrictions pour réta-
blir le droit des Ordinaires. Les plus célèbres Canonises ont
soutenu que cette espèce de réserve efl odieuse, SG qu'on doit,
autant qu'il fi peut, étendre le droit des Ordinaires à son
préjudice. Quant à la prévention, lisons-nous dans le Ré-
dacteur de nos Libertés, art. 55 , le Pape n en use que
par souffrance , au moyen du Concordat publié du très-ex-
près commandement du Roi, contre plusieurs Remontrances
de fa Cour, oppositions formées protestations SG appella-
,
tions interjettées; SG depuis encore, les trois Etats du Royau-
me firent plaintes .... pourfaire cesser cette entreprise, qu'on
a par sois tolérée SG dissimulée.... SG fi l'a-t-on restreint
tant qu'on a pu.
Une des plus fortes barrières contre les entreprises de
la prévention, est incontestablement l'exécution des deux
règles de la Chancellerie Romaine, si célèbres sous le nom
de impetrantibus Bénéficia viventium ÔC de verifimili noti-
iia obitûs ; règles qui, en frappant d'une nullité absolue
ôc radicale toutes Provisions de Bénéfices expédiées avant
que la vacance par mort ne íoit connue , n'ont pas eu
feulement pour objet d'enchaîner l'avidité des courses am-
bitieuses mais encore de maintenir les droits si favora-
,
bles des Patrons ôc Collateurs Ecclésiastiques. Ainsi la
validité de Pimpétration ne se mesure pas toujours fur, la
conduite personnelle de l'Im.j&étrant -, ôC loríque le con-
cours des circonstances absout ce dernier de toute inculpa-
tion, on est souvent sondé à poursuivre la nullité des Pro-
visions délivrées à son profit, en réclamant alors l'exécution
des deux règles de Chancellerie comme conservatrices
,
du droit de POrdinaire : Quando junt plures rationes le-
gis, dit à ce sujet Dumoulin , unâ cessante, non cessât
cjje-cius. Nous tenons en France que la règle de verifi-
mili ayant été revêtue de la sanction du Prince ÔC en-
,
registrée dans les Cours íéculieres, le Pape n'a pas Ia fa-
culté d'y déroger, que toute dispense à cet égard feroit
jugée abusive. C'est la doctrine de nos meilleurs Auteurs j
doctrine consignée dans l'artick 43 de nos Libertés Au
DU CLERGÉ DE FRANCE, ÏJ JUIN 178/, 105
moment où la règle de verifimili notitiâ fut publiée en
France, le ministère des Banquiers-Expéditionnaires n'é-
toit point de rigueur j ôc ce n'est que long-temps après y
qu'a été établie la nécessité d'un Registre authentique,
dans lequel feroient énoncés le genre de la vacance, Pheure
du départ du Courier, ÔC le temps de la mort du Béné-
ficier. Delà Pattention des Commentateurs de cette règle
à peser sur les vraisemblances ÔC les probabilités \ suppu-
tations qui paroissent devenues inutiles ôc fans objet, de-
puis que, pour mieux tarir la source des fraudes, le Lé-
gistateur a soumis les impétrations à faire en Cour de
Rome à une police fixe ôc invariable, par les disposi-
,
tions des Edits de Juin 1 Jjo, ôc Mats 1673, combinées
avec celles de la Déclaration du 3 Août 1718, ôc que;
Pobligation de constater par la représentation du Régis
,
tre de PExpéditionnaire, Pavis préalablement donné de
la mort du Bénéficier, a été étendue aux Parties préfen-
tes à Rome, ôc par conséquent au Correspondant du
François qui sollicite l'expédition du Bénéfice vacant. Aux
termes de la Déclaration du 3 Août 1718, il leur est
très - expressément défendu desaire expédier, fur vacance
par mort, aucunes Provisions, à moins qu'il ne paroisse de
l'avis donné aux dites Parties de la vacance desdits Bénéfi-
ces , par le Registre de l'un desdits Banquiers qui en aura
été préalablement chargé ; le tout a peine de nuLlité.
Mais tandis qu'on multiplioit les précautions ôc les Rè-
glements pour resserrer les bornes de la prévention, la
cupidité, toujours inépuisable en resiources, préparoit aux
Collateurs François de nouvelles entraves ôc créoit une
,
seconde clasie de préventionnaires plus odieuse encore
5
que la première. II est de notoriété publique que la plu--
?part des Actes de résignations en faveur, ne sont consentis
que par des Titulaires dangereusement malades. Toutes,
les eípérances du Résignataire s'évanouissoient par le pré-,
décès du Résignant. On imagina de joindre à la Suppli-,
que, pour être pourvu fur résignation, une demande
subsidiaire, tendante à obtenir éventuellement ôc par la
voie de la prévention, le Bénéfice dans le cas de la mort
i©4 PROCÈS-P'ERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
intermédiaire du Résignant, fifone decessent ; ôc comme
la règle de verifimili réíistoit ouvertement à un genre d'im-
pétration si extraordinaire, on fit instance pour obtenir d'en
être dispensé, ôc que la Cour de Rome y dérogeât par une
clause expresse de la signature.
Ainsi s'est introduite cette étrange forme de Provisions
five per restpnationem, fiveper obitum, aut alto quovis modo,
Provisions dans lesquelles tous les genres de vacances sont
cumulés contre le voeu des Conciles. La simple possibilité
de la mort sert de base à une collation obituaire, ôc le
même homme est tout à la fois représenté dans la même
Sunoliquc, ôC comme mort, ÔC comme vivant, puisque
la démission qui est reçue par cet Acte , suppose le Titu-
laire qui se démet entre les mains du Pape, encore exis
tant. Une innovation si révoltante éprouva dans fa nais-
sance de fortes ôC persévérantes contradictions , soit à Ro-
me , soit en France.
Gomez nous a conservé trois Jugements de la Rote, qui
la réprouvèrent hautement sous le Pontificat de Jules II
ôC de Paul III. II est fait mention dans Louet d'un Arrêt
du Parlement de Paris, qui déclara en 1544, y avoir abus
dans cette forme de Provisions. Si cette Cour fut moins
sévère en 1589, temps de trouble ÔC d'obscurcissement,
le même Magistrat écrit que Pavis passa contre le senti-
ment de plusieurs , ôc fait assez entendre que la raison ne
fut -pas alors consultée. M. le Bret, portant la parole au
Parlement de Paris en qualité d'Avocat-Général, le 11
Mars 1613 représente Pusage de ces sortes de Resorits
,
apostoliques, comme un abus établi pour frustrer les Ordi-
naires , ajoutant que ie Pape rìavoit pas pu deviner la mort
du Résignant. On fait avec quelle énergie d'expression Du-
moulin avoit dénoncé à son siécle ce renversement de la v
discipline ecclésiastique : cest le langage de Dumoulin, lan-
gage que P Auteur de vos Mémoires rapporte, en obser-
vant qu'il a été tenu avec fondement. Le même Auteur dit
f
ailleurs, que des raisons solides dévoient, aire rejetter ces
dérogations à la repie DE FE RI SIMILI NOTITIA ôc que Pú-
,
íàg-e reçu à ce sujet est peu conforme aux maximessuivies
dans
DU CLERGÉ DE FRAÈCÈ, IJ JUIN 17%!j\ ÏOJ
<&ww le Royaume par rapport à l'étendue des préventions.
,
Enfin, après une longue tolérance, ks vrais principes
ont repris leur empire. Sur les appels comme d'abus, in-
terjettes de l'exécution de pareils Rescrits au Grand-Con-
seil aux Parlements de Rouen ôc de Paris, il a été prouvé
,
par MM. ks Avocats-Généraux , que Pefprit ÔC la lettre
des règles de Chancellerie, la haine de la prévention,
la faveur des Collateurs ordinaires, tout s'ékvoit contre
une forme de Provisions destructive des Loix de l'Eglise
&C de l'Etat. Des Arrêts rendus avec éclat, en 1732., en
17y 9 ôc en 1765, conformément aux conclusions du mi-
nistère public, ont fixe Popinion fur le vice ôc les irrégu-
larités de l'extension donnée à Pusage, déja si odieux, de la
prévention.
En résumant Papperçu de ces dissérentes recherches, il
en résulte, i°. que le Pape n est point en droit d'imposer
de nouvelles servitudes aux Collateurs François, qu'il n'a
pas même la faculté de déroger aux règles de impetranti-
bus ôC de verifimili, qui sont devenues Loix du Royaume,
z°. que toute efpece de prévention doit être resserrée dans
les bornes les plus étroites, ôc que Pintroduction de la clause
per obitum, dans les signatures fur résignation, loin d'être
avouée par aucune Loi, a été condamnée avec folemnité
par une fuite de décisions anciennes ôc nouvelles j 3 °. que
la Déclaration du 3 Août 1718 article 4, prononce gé-
néralement ôc fans distinction la, nullité des Provisions,
expédiées fur vacance par mort, fans qu'il ait apparu d'un
avis préalable ôc authentique de ladite vacance.
Rapprochons maintenant de ces points fondamentaux
de la Législation françoise, les dispositions de PArrêt du
Parlement de Toulonfe, nous verrons cette Cour autoriíer
une dérogation expresse ôc littérale à la règle de verifimili
notiaâ, maintenir, au préjudice du nommé par POrdinaire,
le Pourvu en Cour de Rome fur résignation, en vertu de
la clause accessoire per obitum, ÔC valider des Provisions
expédiées fur vacance par mort, de laquelle il n'avoit été
donné préalablement aucun avis. Jamais contraventions
plus précises ôc mieux caractérisées. II est vrai que PArrêt
procès-verbal de 17%$., N
ï-o5 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
du Parlement de Toulouse est conforme à ce qu'enseigne
11n grand nombre
d'Auteurs, ôc même à ce que paroissent
-avoir prononcé quelques Jugements rapportés par les an-
ciens Arrêtistes. Mais quelle confiance donner à des Au-
teurs qu'égare un zèle excessif pour ks prétentions ultra-
montaines, ôc qui íont désavouées par les Jurisconsultes
òc les Magistrats les plus faits pour commander à Popi-
-nion ? Quelques décisions isolées, ÔC dont l'espece est peu
connue, doivent-elles balancer k poids des Arrêts con-
traires intervenus dans un temps où la lumière, à cet
,
•cp-ard, est bien plus universellement répandue ? Pourquoi
d'ailleurs multiplier les citations d'ouvrages, &C recueillir
les exemples de la choie jugée quand le Législateur a
,
parlé, cC que Patteinte donnée aux maximes du Royaume
est manifeste, comme si la prescription pouvoit être ja-
mais acquiíe contre k Droit Public ì
M. PAbbé cle Saint-Martin aime à répéter dans ses dé-
fenses, que Monseigneur PEvêque de Montpellier n'a dis
posé du Prieuré de Montarnaud que douze jours après la
vacance , ÔC qu'il s'est écoulé un terme de sept jours entre
la date de PExpédition de Cour de Rome, ÔC la more
du Résignant. La feule induction à tirer de ce rapproche-
ment d'époques, est que M. PEvêque de Montpeijier au-
roit été prévenu valablement, si l'on avoit pris la voie d'un
second Courier. Mais nous demandons des faits positifs,
cC non des possibilités ÔC des présomptions , aujourd'hui
fur-tout que ks envois en Cour de Rome sont assujettis
à des formalités inviolablement observées. Inutilement
encore le Pourvu en Cour de Rome prétend que la signa-
ture dont il est porteur, a été faussement accusée de dé-
roger à la règle de verifimili notinà. Nous ne voulons d'au-
tre preuve cle Paccusation, que la teneur de la signature
elle-même, qui présente, en propres termes, la clause dé-
rogatoire.
Enfin, quelques personnes abandonnant le fonds de
PArrêt du Parlement de Toulouse observent seulement
,
qu'il íeroit bien rigoureux de réformer, par la voie de la
" cassation, un Tribunal qui ne fait que suivre sa propre
Du CLERGÉ DE FRANCE, JJ JUIN 178J. 107
Jurisprudence ; mais le nom de Jurisprudence désigne une
chaîne de décisions précises ôc uniformes fur le même
objet. Or les Mémoires de la Partie intéressée n'articu-
lent aucun Arrêt qui lui soit favorable. On n'en cite pas
un seul dans le prétendu Acte de notoriété délivré par
le Barreau de Toulouse ; ÔC quand de laborieuses recher-
ches feroient découvrir aux Juges quelques traces de dé-
cisions semblables, surprises à la religion de leurs devan-
ciers l'exemple donné par le Grand-Conseil ôc le Parle-
,
ment de Paris dans les mêmes circonstances, méritoit bien
de trouver à Toulouse des imitateurs. Nous avons vu que
les Provisions de l'Impétrant en Cour de Rome, étoient
réellement abusives, ôc même attentatoires à la puissance
du Souverain. Comment laisser subsister un Arrêt qui les
a canonisées? comment priver plus long-temps le Colla-
taire de PEvêque Diocésain d'un droit que réclament
faveur ,
en sa nos Loix ôc nos Maximes ? Déja le Conseil
a préjugé cette affaire par un premier Arrêt de cassation.
Celui qui va débouter M. PAbbé de Saint-Martin d'une
opposition peu réfléchie, sera reçu avec applaudissement
de tous les Magistrats François ôc même de ceux qu'un
,
premier moment de surprise a jette dans Poubii involon-
taire de nos précieuses Libertés.
Par toutes ces considérations réunies, nous estimons,
Messeigneurs ôc Messieurs, que le Clergé peut ÔC même
doit appuyer de íes bons offices M. PAbbé de Saint-
Soupplets, dans Pinstance en cassation pendante au Con-
seil de Sa Majesté. Lorsqu'il aura été statué sur cette cause
particulière, nous nous réservons de mettre sous vos yeux
un plan ôc des mesures propres à prévenir des entrepri-
ses aussi dangereuses, en établissant une police uniforme
fur le fait des préventions. Sans doute il est dans les prin-
cipes d'une administration aussi-bien entendue que celle
du Clergé de France de conserver religieusement les
.
moindres fibres qui unissent le Corps Episcopal à son au-
guste Chef. Héritiers du zèle éclairé de nos pères, com-
me eux, vous saurez concilier tous vos devoirs par d'heu-
reux tempéraments, ÔC maintenir les droits de PEpifcopat,
N'z
ÏOS PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
sans perdre jamais de vue la prééminence du Siège Apos-
tolique. N'est-ce pas du haut de la Chaire de saint Pierre
qu'ont retenti, pour la première fois, dans le Monde chré-
tien , ces belles paroles , que mille voix ont répétées, mais
que ne peuvent méditer assez profondément les dépositai-
res de l'autorité? Namfisua unicuique Episcopo Jurisdic-
tio non fervetur, quid aliud agitur, nifi ut per nos per quos
Ecclefiaflicus cuflodiri debuit ordo, confundatur. j
Le Rapport fini, l'Assemblée a délibéré, conformément
à Pavis de Ia Commission, d'accorder ses bons offices à
M. PAbbé de Saint-Souppkts, ÔC en conséquence a prié
Monseigneur PArchevêque d'Arles, Monseigneur PEvê-
que de Limoges, ôc Messieurs les Abbés de Castellas ôc
de Grimaldy, de vok M. de Marville, Président du Bu-
reau des Affaires Ecclésiastiques ôc M. PAbbé Royer, Rap-
3
porteur , pour leur recommander, au nom du Clergé,
l'affaire pendante au Conseil, sur Poppofition formée par
M. PAbbé de Saint - Martin, à PArrêt du 17 Octobre
1785, cette aftaire étant intéressante pour tous les Patrons
£c Collateurs du Royaume.
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 16 Juin, à
dix heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque ôc Pri-
mat de Narbonne, Président.

DU JEUDI, SEIZE JUIN 178/,


à dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne Président.
,
xix 1k yisEssieurs les Agents ayant distribué le Projet de Dé-
SÉANCE.
X y JLlibération pour le nouvel Emprunt, il a été arrêté
que Messeigneurs ôc Messieurs feroient part de leurs obfer-
DU CLERGÉ DE FRANCE ,17 JUIN 1785. 109
varions, afin de mettre l'Assemblée en état de délibérer
fur ce Projet.
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, 17 Juin,
à dix heures du matin.
Signé ^ ARTHUR- RICHARD Archevêque ôc Pri-
,
mat de Narbonne, Président.

DU VENDREDI, DIX-SEPT JUIN 178/,;


à dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEssieurs les Agents ont continué la lecture du Rap- XX


SÉANCE:
port de leur Agence.
L'Assemblée ayant été avertie par Messieurs les Agents
que le Greffier de PHôtel-de-Ville ^emandoit audience,
PHuissier Pa fait entrer. Le Greffier, après une profonde
salutation, a pris place fur un tabouret au coin du Bureau,
ôc a dit, que MM. de PHôtel-de-Vilk demandoient avec
empressement de rendre leurs respects à l'Assemblée.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne lui a répondu,
que l'Assemblée se feroit un plaisir de recevoir MM. de
PHôtel-de-Vilk, ôc qu'elle leur donneroit audience Lundi
prochain, vingt de ce mois à midi.
Mesteigneursôc Messieurs, les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, 18 Juin,
à dix heures du matin.
&gné$fc ARTHUR-RICHARD Archevêque ôc Primat
de Narbonne, Président. ,
no PROCÈS-VERBAL DE PASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU SAMEDI, DIX-HUIT JUIN I78J5


à dix heures du matin.

-Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.

XXI
SÉANCE.
MOnseigneur PArchevêque d'Arles a dit : Qu'en exé-
cution de la Délibération prise le 15 de ce mois, il
avoit été avec Monseigneur PEvêque de Limoges, ôc Mes-
sieurs ks Abbés de Castellas ôc de Grimaldi, chez M. de
Marville, Président du Bureau des Affaires Ecclésiastiques,
ôc chez M. PAbbé Royer, Rapporteur, ôc leur avoit témoi-
gné Pintérêt que l'Assemblée prenoit à Paffaire de M. PAbbé
de Sairit-Souppkts, affaire estentiellement liée aux Liber-
tés de l'Eglise de France, ôc aux droits des Patrons ôc Coh
lateurs du Royaume 5 que ces Magistrats les avoient reçus
de la manière la plus íatisfaiíante, leur avoient répondu
qu'ils fentoient tout le prix d'une recommandation aussi
respectable, ôc leur a#oient promis de donner la plus grande
attention aux moyens que M. PAbbé de Saint-Soupplets
avoit fait valoir, ôc qui avoient été déja favorablement
accueillis par un premier Arrêt.
Monseigneur PArchevêque de Toulouse a remercié
l'Assemblée Messeigneurs Messieurs de
,
la
au nom de ôc
députation, de la peine ,qu'ils avoient prise, ôc les a priés
de vouloir bien continuer de donner leurs soins à cette
affaire.
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 20 Juin,
à dix heures du matin.
Signé >$i E. C. Arch. de Toulouse, Président;
DU CLERGÉ DE FRANCE', Z O JUIN 178/; m.

DU LUNDI, VINGT JUIN 178;,


à dix heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MOnsieur PAbbé de Grainville a remercié PAssem- XXiï


blée de la part qu'elle avoit bien voulu prendre à SÉANCE,-
son indisposition.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit, que
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires, pour le Dom
gratuit, avoient rendu compte à PAstemblée, dans la Séance
du 13 de ce mois, des moyens qu'ils croyoient les plus coi>
venables pour satisfaire au paiement des dix-huit millions que
k Clergé avoit accordés au Roi par fa Délibération du six ;
que Messeigneurs ôc Messieurs les Députés avoient été
mis a portée par la distribution qui leur a été faite du
,
Projet imprimé de la Délibération, d'en examiner ôC dis-
cuter les distérentes clauses ôc dispositions 3 ôc que l'As-
semblée devoit être en état de prendre un parti définitif à
cet égard.
La matière mise en délibération, l'Assemblée après
,
avoir opiné par Provinces, celle d'Aix étant en tour d'o-
piner la première, a été unanimement de Pavis de la Com-
mission j ôc en conséquence, il a été délibéré ôc arrêté :
i°. Que pour payer le Don-gratuit de dix-huit millions
de livres, accordé au Roi par l'Assemblée, suivant sa Dé-
libération du íix de ce mois, il fera fait, au nom du Clergé,
un Emprunt de pareille somme > dont Pintérêt fera payé
íur le pied de quatre ôc demi pour cent.
z°. Que cet intérêt commencera à courir, en faveur des
Prêteurs, à compter du premier du présent mois de Juin
,
comme désire Sa Majesté, en considération de la remise
le
qu'elle a promis de faire fur le Don-gratuit de la somme
de deux cents soixante-dix mille livres, indépendamment
nx PROCÈS-VERBAL DE LASSEMB-LÉE-GÉNÉRÂLE
de la remise de deux deniers pour livre, qui tient lieu de
partie des frais de recouvrement.
3°. Que le fonds nécessaire au paiement des dix pre-
miers mois d'arrérages de cet Emprunt, qui écherront au
/premier Avril 1786, fera fait, tant par cette remise de
deux cents soixante-dix mille livres , que par la retenue
particulière d'une somme de quatre cents cinq mille livres
que fera le Receveur-Général audit jour premier Avril,
fur le fonds destiné, à cette époque, au remboursement
définitif des rentes de 1780 ôc 178.2.., lesquelles quatre
cents cinq mille livres seront par lui portées en recette, avec
les deux cents soixante-dix mille livres provenues de la
remise du Roi, fur le compte particulier qu'il rendra pour
cette première portion d'arrérages, qui, au moyen de ce,
fera arrêté : partant quitte.
40. Qu'à compter du premier Octobre 1786, ôc à Pa-
venir, le fonds nécesiaire au paiement des arrérages ôc au
remboursement des capitaux de ce nouvel Emprunt, fera
fait, tant par une somme de quatre cents dix mille livres
qui sera reprise annuellement sur le fonds provenant des
impositions du Clergé que l'Assemblée de 1781 a destiné
au remboursement des deux Emprunts au denier vingt,
que par la retenue d'une somme de quatre, cents mille li-
vres, qui aura lieu aussi annuellement, ÔC à compter du
même terme fur le produit de Pimposition destinée, par
l'Assemblée de, 1780, au service des quatre anciens Em-
prunts au denier vingt-cinq réunis j ôc encore par une nou-
velle imposition de trois cents mille livres, pour raison de
laquelle il íera arrêté par la présente Astemblée, íur le
pied de la contribution générale établiç en 1770, un dé-
partement, qui commencera d'être exécuté, à compter du
terme de Saint-Jean 178a, ôc qui sera en total de trois
cents trois mille sept cents cinquante livres, attendu que,
suivant Pusage, il contiendra, outre Pimposition princi-
pale, les taxations de trois deniers pour livre accordés aux
Receveurs Diocésains des Décimes, pour frais de recou-
vrement.
J°. Que jusqu'au moment où ce qui subsiste encore de
rentes
DU CLERGÉ DE FRANCE', io JUIN iy&f* ïì$-
rentes au denier vingt, des Emprunts de 17-80 & 178 z, se •
trouvera remboursé, il ne sera fait, sur le nouvel Emprunt
de dix-huit millions, ordonné par la présente Délibération,
que ks remboursementsqui seront demandés par Ceux des
Prêteurs qui désireront retirer leurs fonds ; PAstemblée
autorisant, pour cet effet, le Receveur-Généralà employer
en remboursementsdéfinitifs, fur les Emprunts de 178 o ôc
178 z, ce qui restera, à chaque époque, des fonds destinés
au nouvel Emprunt, ôc même la totalité , aux termes où.
il ne sera fait aucune demande, sauf à reprendre après
,
l'entier remboursement des Emprunts au denier vingt, ÔC
fur les fonds qui se trouveront alors affectés à celui de
178 1 qui doit les représenter, tout ce qui, fans la pré-
,
sente diíposition auroit été employé sur PEmprunt de
,
178y dont l'extinction s'opérera ensuite de six mois en
,
six mois, ôc de la manière ordinaire.
6°. Que pour accélérer, autant que faire se pourra, Ia
libération du Clergé Sa Majesté fera très-humblement
,
suppliée de vouloir bien, en confirmant la présente Déli-
bération ordonner que le Clergé sera ÔC demeurera dès-
à-orésent, autorisé à continuer PEmprunt ouvert au denier
vingt-cinq, pour la conversion de ceux de 1780 ôCi78i,
jusqu'à concurrence de la íomme nécessaire au rembour-
sement de ce qui pourra encore être dû de capitaux sur
PEmprunt de 1785 à Pépoque où ceux des deux précé-
,
dents Emprunts se trouveront entièrement rembourses.
70. Que pour faciliter encore cette opération, les fonds
d'amortistement alors destinés à l'extinction des rentes de
PEmprunt de 1781 représentant ceux au denier vingt,
,
seront réduits dans la proportion de cent mille livres pour
quatre millions de capitaux j ôC le surplus, s'il s'en trouve,
ajouté à ceux des remboursements définitifs de PEmprunt
de 1785.
8 °. Que ces cent mille livres ne seront même employées
fur cet Emprunt de 1781, qu'autant qu'elles feroient de-
mandées par les Rentiers ', ÔC qu'à défaut de demande,
elles seront portées en remboursements forcés fur les capi-
taux de PEmprunt de 178 j, dont Pintérêt se paiera en-
Procès-verbal de 17 8 j. O
ÏI4 PR-QCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

core sur le pied de quatre ôc demi pour cent, afin d'ac-


célérer d'autant sa conversion en rentes au denier vingt-
cinq.
9°. Et qu'enfin on se conformera, pour cette opéra-
tion , aux formes prescrites par la Délibération du 6 Oc-
tobre 1780, déja confirmée en 1782, ôC que la présente
Assemblée confirme de nouveau pour continuer d'être
,
suivie, comme par le passé dans tout le surplus de ce
,
qu'elle contient.
Et pour l'exécution dudit Emprunt, PAstemblée a nom-
mé Monseigneur PArchevêque de Narbonne , ôc en cas
de mort, ou d'absence dudit Seigneur Archevêque , le
plus ancien Archevêque, ou Evêque Titulaire qui íe trou-
vera à Paris, ôc Messieurs les Agents-Généraux du Ciergé
de France, auxquels elle donne pouvoir ÔC puiílance, tant
conjointement, que séparément, de, pour ôC au nom du-
dit Clergé, prendre ôc emprunter, à constitution de ren-
te, fur le pied de quatre ôc demi pour cent, ladite somme
de dix-huit millions ; passer tous Contrats de constitution,
à ceux qui fourniront ladite somme pardevant Notaires
, >
obliger tous les biens ecclésiastiques du général ÔC des
particuliers dudit Clergé de France solidairement, sans
,
division diícussion, ni fidéjustion, fous les renonciations
,
requises, de payer, en espèces sonnantes, les arrérages des
dites rentes en cette ville de Paris, au Bureau de la Re-
cette générale dudit Ciergé, de six mois en six mois, fans
aucun retardement , ni que lesdites rentes puisient être
cì-après réduites, ni retranchées, pour quelque cause ÔC
fous quelque prétexte que ce íoit, ou puiste être.
A Pégard des sommes principales qui seront emprun-
tées, elles seront remises entre les mains de Messire Fran-
çois-David Bollioud de Saint-Jullien Receveur-Géné-
,
ral du Clergé de France, moyennant laquelle remise, le
Clergé demeurera déchargé desdites sommes envers Sa
Majesté, pour raison desquelles il sera passé tous les Con-
trats de constitution de rentes à ce nécessaires, dans les-
quels ledit Sieur Bollioud de Saint-Jullien interviendra,
ÔC s'obligera au paiement des arrérages des rentes qui se-
DU CLERGÉ DE FRANCE, ÌO JUIN 178/. IIJ
ront constituées, ôc il sera obligé de retirer les quittances
du Trésor-Royal pour lefdits dix-huit millions, tant à fa
décharge, qu'à celle du Clergé, dans lesquelles quittances
il sera fait mention que les deniers seront provenus dudit
Emprunt; desquelles sommes principales qu'il recevra, ôc
des paiements qu'il en fera, il dressera un compte de re-
cette ôc dépense, qui sera arrêté dans la prochaine Assem-
blée du Clergé, un double duquel compte, avec les quit-
tances , sera remis aux Archives du Clergé.
L'imposition de deux millions vingt-cinq mille livres,
assectée aux rentes au denier vingt des Emprunts de trente
ôc de seize millions de 1780 ôc 178 z, celle de cinq mil-
lions trois cents quarante-trois mille neuf cents foixantc-
quinze livres, affectée aux rentes au denier vingt-cinq
des Emprunts de 1755", 1765, 1766 ôC 1775" réunis,
desquelles il a été fait, dans l'Assemblée de 1780, deux
départements, ÔC celle de trois cents trois mille sept cents
cinquante livres, ordonnée par la présente Assemblée, se-
ront levées jusqu'à ce que lefdits Emprunts de 17 JJ, 1765,
1766, Ï77J, 1780, 178Z, ôc celui ordonné par la pré-
sente Délibération, soient entièrement acquittés tant en
,
principaux qu'arrérages, fur tous les Diocèses ôc Pays
,
compris dans ks rôles des Décimes, même fur les Dio-
cèses ôc Pays abonnés avec le Clergé nonobstant tous
Traités, Concordats, Abonnements ôc ,pieds fixés par lef-
dits Abonnements Arrêts du Conseil, Lettres Patentes
, -
données en confirmation d'iceux ôc fur tous les Diocè-
,
ses ôc Pays abonnés, ou non abonnés; fur tous les Béné-
ficiers ôc Communautés Ecclésiastiques, tant séculières
,
que régulières de l'un ôc de l'autre íexe, même de Reli-
gieux ÔC Religieuses Hospitalières qui ont Padministra-
tion de leurs revenus, ôc qui ont d'autres biens que ceux
destinés par fondation à l'entretien des Pauvres, Collèges,
Séminaires, Maisons nouvellement établies, Menses con-
ventuelles soit qu'elles soient composées de fonds, ou
seulement ,payées en pensions d'argent ou autrement ;
,.
Offices claustraux, Dignités dans les Eglises, Chapelles,
Prestimonies; Obits en quelques Eglises, Paroisses ôc Cha-
O z
ïi6 PROCES-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
pelles qu'ils soient fondés; Maladreries non réunies à des
Hôpitaux Fabriques, Confrairies même de Pénitents
,
Fondations rurales, payants ou non , payants tailles, distri-,
butions ôc généralement fur tous les possédants ôc jouis-
,
sants des biens ecclésiastiques, de quelque qualité qu'ils
soient, payants ou non payants décimes ; fur tous les Em-
plois ecclésiastiques, honoraires, pensions même fur les
,
gages des Chantres ÔC autres du Bas-Choeur; comme aussi
fur ks Communautés séculières ôc régulières de l'un ôc
de l'autre sexe, qui, jusqu'à présent, n'ont contribué, ni
aux Décimes, ni aux Dons-gratuits , Subventions ôc au-
tres impositions; £c encore fur ks Chapitres, Prébendes,
Sémi - Prébendes, Communautés ôc Monastères qui ont
été ci-devant imposés aux Décimes, Dons-gratuits, Sub-
ventions ôc autres impositions.
Ne seront néanmoins compris dans lefdits départements,
les Grands-Prieurés ôc Commanderies de POrdre de Mal-
te , en considération des grandes dépenses que les Cheva-
liers ôc Commandeurs sont obligés de faire pour la dé-
fense de la Chrétienté, sans préjudice toutefois de les im-
poser, lorsque le Clergé le jugera à propos, suivant le
Traité fait avec eux.
Les Menses conventuelles ôc tous autres qui ont été,
ou qui seront imposés séparément dans les rôles qui ont
été faits en exécution de la Délibération de l'Assemblée
de 1780, ôc dans ceux qui feront faits en vertu de la
présente feront tenus de payer leurs taxes, fans pouvoir
,
les répéter, ni les faire payer aux Titulaires des BcncfK
ces, comme possédants ôc jouistants du tiers-lot, quand
même ledit tiers-lot ne feroit pas épuisé par l'acquit des
autres charges, ôc sous quelqu'autre prétexte que ce soit,
comme partage de Menses, Concordats, Transactions an-
ciennes ÔC nouvelles, ÔC encore qu'il fût stipulé par Trai-
tés ou Conventions, ou ordonné par Jugements ÔC Ar-
rêts qu'ils jouiront de leurs revenus francs ôc quittes de
,
toutes charges, même des Décimes ordinaires ÔC extraor-
dinaires, ÔC Dons-gratuits, ôc généralement de toutes
impositions qui pourroient être faites pour raison des-
DU CLERGÉ DE FRANCE, Z O JUIN 178 J. 117
dits biens , nonobstant toutes choses à ce contraires.
Toutes personnes qui jouissent, ou jouiront de pensions
fur Bénéfices, continueront de contribuer de trois dixiè-
mes de leurs pensions, tant que les impositions destinées
à la libération des anciens Emprunts au denier vingt-cinq,
de celui de trente millions de 1780, de celui de seize
millions de 1782 ô£ de celui de dix-huit millionsx qui fera
fait pour le présent Don-gratuit, seront levées, ô£ jusqu'à
ce que lesdits Emprunts íoienr entièrement acquittés en
principaux & arrérages, & paieront lesdits trois dixièmes,
nonobstant les clauses apposées dans leurs brevets, signa-
tures òc concordats de création desdites pensions, ô£ en-
core qu'il soit porté ô£ spécifié en iceux, que lesdites pen-
sions seront franches &£ quittes de toutes charges, à l'ex-
ception de ceux qui ont résigné des Cures, après les avoir
desservies pendant quinze ans, ou qui ont réservé une
pension pour vivre à cause d'une notable infirmité, les-
,
quels ne paieront rien fur lesdites pensions, à la décharge
<ìcs Titulaires.
Et d'autant qu'il y a des Bénéfices annexés à d'autres
Bénéfices, ou à des Communautés, lesdites Annexes de-
meureront taxées en leur chef-lieu, même celles qui font
situées dans les Provinces qui ne font pas du Clergé de
France non sujettes aux Décimes, &C qui font fous l'obéis-
fance du Roi, fi ce n'est qu'elles ne soient comprises sépa-
rément dans les rôles des Contribuables des Diocèses oìi
elles font situées, & outre cela, qu'elles y aient été sépa-
rément taxées dans le Département de 177°.
Conformément & au désir des dernieres Délibérations,
Arrêts du Conseil ô£ Lettres-Patentes qui les ont homo-
loguées, tous ô£ chacuns les Bénéficiers, de quelque qua-
lité condition & dignité qu'ils íoient, Communautés,
,
tant séculières, que régulières, de l'un &C de l'autre sexe,
tous les possédants & jouiílants des biens ecclésiastiques,
de quelque qualité qu'ils soient, toutes autres personnes
ci-dessus exprimées, & généralement tous les Contribua-
bles fans exception, paieront leurs taxes suivant les dépar-
,
tements qui ont été faits par l'Assemblée de 1780, de fui-
LÂSSEMBLÉE-GÊNÉRALE
Í i S PROCÈS-VERBAL DE
vant celui qui fera arrêté par la présente Assemblée, S£
encore suivant les rôles qui ont été ou qui seront faits
dans chaque Diocèse , en exécution desdits départe-
ments , fur tous les Bénéfices Ô£ autres revenus sujets à
ladite imposition, par les Archevêques & Evêques , ou
leurs Vicaires-Généraux, Syndics ÒL Députés de chaque
Diocèse, selon la connoiflance qu'ils auront en leur con-
science de la qualité 6c revenus des Bénéfices, ôc autres
,
biens ecclésiastiques, possédés par lesdits Bénéficiers, fans
qu'aucuns de ceux qui seront impoíés, puissent s'en exemp-
ter , fous prétexte de transactions qui auroient fixé la
quote-part des Bénéfices fur un pied Certain par million,
pour les précédentes impositions, ou fous prétexte de pri-
vilège & exemptions à eux accordés par Arrêts, Lettres-
Patentes & Déclarations vérifiées dans les Cours Supé-
rieures ô£ Chambres Ecclésiastiques, 6c même avec le con-
sentement des Syndics & Députés des Diocèses, auxquels
Sa Majesté fera íuppliée de déroger, nonobstant les Arrêts
de vérification ôc enregistrement desdites Lettres ô£ Pri-
vilèges ou Transactions, qui demeureront fans effet ; les-
quels départements, fur les Contribuablesdans chacun Dio-
cèse seront exécutés, nonobstant toutes oppositions, ap-
,
pellations quelconques, ou Règlements déjuges, attendu
la conséquence &C le retardement du paiement qui pourroic
en arriver.
Et s'il se forme quelques contestations au sujet desdits
départements &C du paiement des taxes portées par iceux,
lesdits Contribuables se pourvoiront, en première instan-
ce, aux Bureaux particuliers des Diocèses, qui jugeront
en dernier restort des taxes qui n'excéderont pas trente li-
vres, & pour plus grande somme, par appel aux Bureaux
généraux des Décimes, qui ne pourront juger de Com-
missaires ou par Sabbatines, que conformément à l'Ar-
,
ticle XX de l'Edit de Sa Majesté, du mois de Mars í 673,
la connoiflance desdites contestations interdite à tous au-
tres Juges, même aux Intendants de Justice, Police 8c
Finances dans les Provinces, & Commissaires départis en
icelles 3 &c nul ne pourra se soustraire de la Jurisdiction,
DU CLERGÉ DE FRANCE'* 10 JUIN 1785. 119
tant des Bureaux particuliers des Diocèses, que des Bu-
reaux généraux, fous prétexte d'exemptions & autres pri-
vilèges quelconques, &L fans que les Contribuables puissent
être reçus à se pourvoir contre leurs taxes, ou par appel
des Jugements rendus aux Bureaux Diocésains, pour les
taxes excédantes trente livres, qu'ils n'aient préalablement
payé les termes échus, &C qu'ils n'aient rapporté les quit-
tances des Receveurs Diocésains.
Ne pourront Ceux qui seront imposés, se pourvoir contre
les taxes auxquelles ils auront été compris dans les rôles,
en demander la décharge ou modération aux Bureaux Dio-
césains, qu'ils n'aient au moins payé la moitié de leurs
impositions, &£ donné un état de la valeur de leur revenu
òí des charges de leurs Bénéfices, Communautés, ou Meri-
ses conventuelles, ou capitulaires certifié véritable par
,
celui qui se plaindra de sa taxe, ensemble les pièces justi-
ficatives dudit état, à peine du double de son imposition,
sans que la peine puiíïe être réputée comminatoire, lequel
état ils seront tenus de joindre à leur Requête 5 $C faute
de donner ledit état, par eux certifié véritable, ôc d'y join-
dre les pièces justificatives, demeurera la taxe telle qu'elle
aura été imposée par ledit Bureau Diocésain , 8c en seront
les termes échus par eux payés, fans aucune répétition,
jusqu'à ce qu'ils aient fourni ledit état & les pièces justi-
ficatives, fans quoi la Requête ne pourra être répondue,
ni par le Bureau Diocésain, ni par les Chambres Supé-
rieures.
Et pour qu'il ne soit apporté aucun retardement à l'exc-
cution, tant des départements qui ont été ou qui seront
réglés dans chaque Diocèse, que des Sentences & Juge-
ments des Bureaux Diocésains, ÔC au paiement des taxes,
les Chambres Ecclésiastiques Supérieures ne pourront don-
ner la main-levée des saisies qui pourront erre faites à la
requête des Receveurs des Diocèses, ni donner aucunes
défenses d'exécuter, tant lesdits départements, que lesdits
Jugements, lesquels, attendu la nature des deniers, doi-
vent avoir leur exécution par provision, nonobstant toutes
oppositions ou appellations quelconques, &i fans préjudice
d'iceìies.
ïio PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALË
Sa Majesté fera très-humblement suppliée de faire dé-
fenses aux Chambres Supérieures Ecclésiastiques, en pro-
nonçant fur les appellations des Sentences des Bureaux
Diocélains, de fixer pour toujours, à une certaine somme,
les quotes de ceux qui font sujets aux impositions du Cler-
gé, à peine de nullité des Jugements qui seront rendus par
les Chambres Supérieures Ecclésiastiques, &: que ceux qui
pourroient avoir ci-devant obtenu de pareils Jugements,
ne pourront s'en servir, ni s'en prévaloir.
Paieront tous les Contribuables ci-delîus nommés, les
,
sommes auxquelles ils ont été ou seront imposés en exécu-
tion de la Délibération de f Assemblée de 17 8 o, ë£ en vertu
de la présente, outre òc par-deíìus leur part, des imposi-
tions faites en conséquence des Délibérations des Aflem-
blées, antérieures à celle de 1780,
Tous les Bénéficiers paieront leurs taxes, fans que, pour
raison de ce, le Service Divin en soit diminué, ni qu'il
soit retranché aucune chose de ce qui a accoutumé d'y
être employé, ni aliéné du fonds des Obits &C auti'GS fon-
dations en quelque manière que ce soit.
,
Les taxes raites fur les Archevêchés, Evêchés, Abbayes;
Prieurés & autres Bénéfices régis par les Economes, fe-
ront payées par les Fermiers, Receveurs ô£ Economes det
dits Bénéfices.
Sur lesquelles sommes de deux millions vingt-cinq mille
livres, & de cinq millions trois cents quarante-trois mille
neuf cents íbixante-quinze livres, dont font composés ies
départements ordonnés par l'Assemblée de 17 8 o, &£ de trois
cents trois mille sept cents cinquante livres, que doit con-
tenir celui qui fera arrêté par la présente Assemblée, 8C
qui seront ainsi remises audit Sieur Bollioud de Saint-
Juiìien, Reccveur-Grénéraldu Clerp-é, fera pris le montant
des rentes qui seront constituées fur le pied de quatre ë£
demi pour cent, fur ledit Emprunt de dix-huit millions,
de celles qui subsisteront encore sur celui de trente millions
fait en 1780, íur celui de seize millions fait en 178 x, ou fur
ceiui de 178 1 qui les représentent, cc enfin sur ceux âcs
,
années 1755, 176/, 1766 ô£ 177J3 pour être payé aux
Créanciers
D& CLERGÉ DE FRANCE ^ t-o JUIN I^SJ"-» IIÌÌ
Créanciers à qui lesdites rentes seront dues par chacun
an, de six mois en six mois , à commencer au.premier
Octobre 1786, fans aucun retardement, conformément
aux Contrats qui leur en auront été paíìés 3 & le surplus
desdites impositions annuelles, lesdits arrérages &í les ta-
xations des Receveurs Diocésains prélevés, íéra employé
annuellement au remboursement des capitaux desdits Em-
prunts, dans i'ordre prescrit par la présente Délibération,
les premier Avril 6í premier Octobre de chaque année,
à commencer audit jour premier Octobre 17 8 6
3 au moyen
de quoi les arrérages diminueront à proportion des rem-
boursements qui en auront été faits, laquelle diminution
augmentera aussi le fonds destiné aux remboursements des
principaux pris jusqu'à leur entière extinction.
,
Lesdits remboursements feront faits suivant les états qui
en íeront arrêtés par Monseigneur l'Archevêque de Nar-
bonne ô£ en cas de mort ou d'absence dudit Seigneur
,
Archevêque, par le plus ancien Archevêque, ou Evêque
Titulaire qui se trouvera à Paris ô£ par Messieurs les
Agents-Généraux du Ciergé, en ,avertissant chacun des
Rentiers par Acte signifié aux domiciles qu'ils auront élus
en cette ville de Paris 3 savoir, un mois auparavant, pour
ceux qui y seront demeurants, &£ deux mois auparavant,
pour ceux demeurants dans les Provinces, fans que les
significations puissent, ni doivent être faites ailleurs qu'aux
domiciles qu'ils auront élus en ladite ville de Paris, par
les Contrats de constitution desdites rentes 3 & faute par
lesdits Créanciers de le présenter à la Caifle générale, par
eux ou par Procureurs spécialement fondés , pour rece-
voir leurs remboursements clans le délai marqué par les
significations qui leur auront été ainsi faites desdits aver-
tissements &C sommations, les arrérages de leurs rentes
cesieront, à compter du jour qui leur fera indiqué pour
lesdits remboursements, oC les fonds resteront déposes dans
la Caisse générale, fans que les Rentiers puiilent former
aucune contestation, fous prétexte que lesdits avertifìe-
ments 6c sommations n'auront pas été accompagnés d'os*
fres réelles 6c de deniers à découvert. 6í ce conformé*
Procès-yerbal de 178/» E
\%t PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ment à l'Arrêt du Conseil d'Etat, du 18 Avril 1741.
Pour parvenir au recouvrement des fonds destinés tant,
,
au paiement des arrérages desdites rentes , qu'au rembour-
sement des capitaux, les Bureaux Diocésains continue-
ront de remettre aux Receveurs Diocésains les départe-
ments par eux faits, en conséquence de la Délibération
de l'Assemblée de 1780, dans les termes qui y font pres-
crits ôcceux qu'ils feront en exécution de la présente Dé-
5
libération 3 savoir, pour le terme de Saint-Jean 1786, le
premier Février de la même année 3 pour le terme de Noël,
le premier Octobre 3 ôc pour les termes de Saint-Jean 6C
de Noël clés années suivantes, les premier Février 6c pre-
mier Octobre 3 pour , par leídits Receveurs , en faire lé
recouvrement fur les Contribuables, dans les mois d'Oc-
tobre 6í de Novembre pour le terme de Noël, &C dans
les mois de Février &C Mars pour le terme de Saint-Jean
de chacune année 3 òC les sommes qui en proviendront,
être par eux remises aux lieux ordinaires des Recettes
Provinciales3 savoir, pour le terme de Noël, avant le pre-
mier janvier, &C pour le terme de Saint-Jean, avant lé
premier Juillet, pour être lesdites sommes employées par
le Receveur-Général à payer les arrérages, à commencer
au premier Octobre 1786, 6c à faire le remboursement
des capitaux audit jour, 6c ainsi continuer d'année en an-
née òé de six mois en six mois, jusqu'au parfait rembour-
,
sement desdites rentes au denier vingt, au denier vingt-
,
cinq 6c quatre 6c
à demi pour cent, tant en principaux
qu'arrérages; ë£ faute par les Diocèses 6c Receveurs des
Décimes, de payer exactement, aux termes ci-deíïus mar-
qués, leur part &c portion desdites impositions, ils seront
tenus de payer au Receveur - Général Tintéret au denier
vinet, des sommes dont ils se trouveront en retard, at-
tendu que leídits deniers font destinés 6c doivent être en>
ployés tant au paiement des arrérages qu'au rembour- ;
sement, des capitaux desdits Emprunts, , dont ledit Sieur
Receveur-Général fera tenu de justifier à la prochaine
Assemblée de 1790, lesquels intérêts courront3 savoir,
Cn "emier Février, pour le terrée de Noël, 6í du prs-
DU CLERGÉ DE FRANCE , io JUIN 178/. n£
raier Août, pour le terme de Saint-Jean 6c ce, jusqu'au
,
jour de factuel paiement.
Et moyennant trois deniers pour livre, montant d'une
part à vingt-cinq mille livres, fur la somme de deux mil-
lions de livres, revenant net à la Caifle générale du Cler-
gé de l'imposition de deux millions vingt-cinq mille li-
,
vres , dont est composé le département des rentes au de-
nier vingt, d'autre part, à soixante-cinq mille neuf cents
soixante - quinze livres, fur celle de cinq millions deux
cents soixante-dix-huit mille livres, revenant pareillement
net à la Caifle générale , de l'imposition de cinq millions
trois cents quarante-trois mille neuf cents soixante-quinze
livres, dont est le département des rentes au denier vingt-
cinq , 6c enfin à trois mille sept cents cinquante livres fur
celle de trois cents mille livres, qui reviendra austi net à
la Caisse générale fur l'imposition de trois cents trois
,
mille sept cents cinquante livres, dont il fera arrêté un
département dans la présente Assemblée, lesquels trois de-
niers pour livre font accordés aux Receveurs Diocésains,
tant par la présente Délibération , que par celle de 1780 ,
ÒC qu'ils retiendront par leurs mains pour la recette ac-
tuelle qu'ils feront, ils seront tenus de remettre lesdites
sommes imposées auxdits deux termes de Saint-Jean 6c
de Noël, dans les lieux ordinaires des Recettes Provin-
ciales; lesquels trois deniers pour livre ne seront accor-
dés auxdits Receveurs Diocésains, qu'à raison de la Re-
cette actuelle seulement, ainsi qu'il est dit ci-dessus, fans
que lesdits Receveurs Diocésains puiflent prétendre plus
grande somme, pour quelque cause 6c sous quelque pré-
texte que ce soit, même pour frais de voiture , nonobs-
tant les clauses portées par l'Edit de création de leurs Of-
fices 6c autres titres, auxquels Sa Majesté fera suppliée
de déroger pour ce regard 3 lesquels trois deniers pour li-
vre feront supportés par le Clergé, au moyen de la som-
me de cent cinquante mille livres , accordée par le Roi
pour la remise ordinaire des deux deniers pour livre, 6c
dont Sa Majesté consent que le Clergé fasse la retenue sur
le dernier paiement du présent Don-gratuit.
P z
ïi4 PROCÈS-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
S'il y a des Rentiers qui désirent être payés des arréra-
ges de leurs rentes dans les Provinces, le Receveur-Gé-
néral, pour leur en faciliter le paiement, pourra se char-
ger , par les Contrats, de leur faire payer leídits arréra-
ges par les Receveurs des Décimes, par chacun an , dans
lesdits deux termes 3 & comme les Contrats, dont les ar-
rérages seront payés dans les Provinces, doivent se palier
a Paris, 6C être les Rentiers immatriculés fur les Regis-
tres du Clergé , les arrérages ne feront payés qu'à ceux
qui seront désignés 'ÒC nommés dans les états qui feront
envoyés par le Receveur-Général aux Receveurs des Dé-
cimes, qui seront tenus de payer lesdits arrérages 3 6c en
cas de changement ou mutation , les Propriétaires desdi-
tes rentes seront tenus d'envoyer à Paris , au Bureau de
la Piécette générale du Clergé, les ACtcs suffisants 6c va-
lables, pour autoriser le Clergé à taire ces changements3
6c le paiement des arrérages ne pourra être fait que fur
les extraits desdites immatricules, qui seront délivrés par
ledit Sieur Receveur-Général. A l'éçard du remboursé-
es
ment des caoitaux des rentes au denier vinct, au denier
vino;t-cinq 6c à quatre 6c demi pour cent, au paiement
desquels il est pourvu par la présente Délibération, il ne
pourra être sait qu'à Paris, au Bureau de la Recette gé-
nérale; 6c les saisies &C oppositions qui pourront être fai-
tes à l'avenir fur les arrérages &C capitaux dus auxdits Ren-
tiers se feront au Bureau de ladite Recette générale à
Paris,, 6c non ailleurs, à peine de nullité.
Toutes saisies, significations d'Arrêts, Sentences, Tranf
ports 6c autres actes concernant lesdites rentes, ne seront
valables qu'autant qu'ils auront été paraphés par le Com-
mis préposé par le Receveur-Général , lequel ne pourra
être contraint d'affirmer en personne, en conséquence â^s
assignations qui lui seront données pour raison des som-
mes qu'il devra, en sadite qualité , aux Rentiers saisis,
mais feulement de faire fa déclaration par le ministère du
Procureur qu'il aura constitué, pour répondre fur lesdites
assignations 3 6c ne fera pareillement contraint, ledit Sieur
Receveur-Général de représenter en original les acquits
3
DU CLERGÉ DE FRANCE, ZÒ JUIN 1783-. iz$
des sommes qu'il aura payées, attendu qu'un Comptable
ne doit point abandonner ses acquits, qu'il est obligé de
conserver pour représenter au jugement de ses comptes, 6c
les remettre aux Archives du Clergé.
Nul Diocèse ne pourra pour quelque cause & sous
,
quelque prétexte que ce soit, se séparer de la Caifle gé-
nérale, tant pour raison des impositions qui continueront
d'être levées en conséquence de la Délibération de 1780,
que pour raison de celle ordonnée par la présente Déli-
bération ; 6c seront tous les Diocèses tenus de remettre à
la Caifle générale du Clergé, dans les termes ci-deííus,
leur part des impositions destinées tant au paiement des
,
arrérages desdites rentes, qu'au remboursement des ca-
pitaux.
En cas que dans la fuite il se présente des personnes qui
aient besoin des sommes qu'elles auront prêtées l'Assem-
blée pour faciliter le commerce defdites rentes,, a donné
,
pouvoir à Monseigneur l'Archevêque de Narbonne 6c
absence, Archevêque, ,
en son au plus ancien ou Evêque
Titulaire qui se trouvera à Paris, &C à Meilleurs les Agents-
Généraux du Clergé de France, tant conjointement, que
séparément, en cas d'absence de l'un desdits Sieurs Agents,
de prendre les mêmes sommes à constitution de nouvelles
rentes fur le même pied de quatre & demi pour cent, pour
être employées au rachat des rentes de ceux qui voudront
être remboursés, jusqu'à concurrence d'icelles, aux mêmes
stipulations, clauses, conditions 6c obligations ci-deflus 3
à la charge 6c non autrement, qu'il fera porté par les nou-
veaux contrats de constitution, que l'Emprunt fera fait
pour payer un Créancier du Clergé 3 & que dans les quit-
tances que le Créancier fournira, il fera fait mention que
ce fera des mêmes deniers qui auront été empruntes de
celui à qui on aura passé le nouveau contrat, afin que
celui qui aura prêté pour le remboursement, soit subroge
aux droits 6c hypothèques de celui qui aura été remboursé,
6c qu'il fera les frais dudit contrat.
Et comme Sa Majesté, fur les représentations qui lui
ont été faites par. le Clergé, à l'occasion des biens pat ri-
île PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
moniaux des Ecclésiastiques, a bien voulu abandonner au
profit du Clergé, la retenue des trois vingtièmes, &í des
quatre fols pour livre du premier vingtième fur toutes les
rentes constituées fur le Ciergé jusqu'à présent 3 l'Aflem-
blée voulant marquer aux Créanciers du Clergé, l'atten-
tion qu'ellea pour leurs intérêts, a fait don 6>C remise des-
dits trois vingtièmes, 6c des quatre fols pour livre du pre-
mier vingtième auxdits Créanciers 3 au moyen de quoi tous
les Rentiers, ioit du Clergé général, soit des Diocèses par-
ticuliers continueront d'être payés de leurs rentes, fans
,
que lesdits trois vingtièmes, ni les quatre fols pour livre
du premier vingtième, puissent leur en être retenus pour
quelque cauíe que ce soit.
Et pour l'exccutîon de la présente Délibération > Sa
Majesté sera très-humblement suppliée de Fapprouver 6C
de l'autoriser, 6c de donner pouvoir de palier les contrats
de constitution de rentes íur le pied de quatre 6c demi pour
cent, tant pour le présent Emprunt, que pour ceux qui
pourront être faits à Tavenir, pour rembourser, avec su-
brogation ceux qui désireront fêtre, comme il est dit ci-
,
delTus, même déclarer qu'il ne fera prétendu de la part
,
de Sa Majesté droit d'amortissement,
, aucun nouveaux
acquêts, ou autres tels qu'ils puissent être, contre les Dio-
cèses, Bénéficiers, Communautés ecclésiastiques, séculiè-
res 6c régulières, 6c gens de main-morte, à cause des rentes
qu'ils pourront acquérir de celles qui seront constituées
fur le Clergé, même dans le cas où les rentes constituées
fur le Clergé feroient données, ou léguées pour cauíe. de
fondation ou OEuvres pies 3 à l'esset de quoi Sa Majesté iera
suppliée de déroger à l'article IX de l'Arrêt du Conseil, du
13 Avril 17J 1 , de tous lesquels droits Sa Majesté quittera
8C déchargera dès-à-présent les Diocèses, Bénéficiers,
Communautés Ecclésiastiques, séculières 6í régulières, 5c
o-ens de main-morte.
Sa Majesté fera auíli suppliée d'exempter les rentes consti-
tuées en vertu de ia présente Délibération de toute re-
, ,
tenue des trois vingtièmes, 6c des quatre fols pour livre
du premier vingtième, 6c de permettre que ladite exemp-
DU CLERGÉ DE FRANCE ; ÌÒ JUIN ï^'Sjr. ti^
don soit stipulée dans les contrats qui en seront passés.
Plus d'exempter les Contrats 6c autres actes qui fe-
,
ront paílés par le Clergé général 6c par les Diocèses, con-
cernant ledit Emprunt de dix-huit millions, de tous droits
de contrôle, insinuations 6c autres de cette nature 3 6c ausíi
d'ordonner que, suivant fusage ordinaire 6c pratiqué jus-
qu'à présent dans tous les Diocèses, tous les Avertisse-
ments , Commandements, Assignations, Saisies-Arrêts ,
Exécutions, Quittances, Registres, Procurations, Déli-
bérations 6c toutes les diligences qu'il conviendra faire
pour le recouvrement de toutes les impositions faites jus-
qu'à ce jour sur le Clergé, continueront d'être faites en
papier non timbré, même celle ordonnée par la présente
Délibération, sans être sujettes aux droits de contrôle.
Plus, de permettre d'emprunter ladite somme de dix-
hua radiions ou partie d'icelle, des Etrangers non natu-
ralisés, 6c de3 ceux demeurants hors du Royaume, Pays,
Terres 6c Seigneuries de son obéissance ainsi que s'ils
,
étoient ses propres Sujets, 6c aux Etrangers de dilpofer
des rentes qui leur auront été constituées par ledit Clergé,
ou qu'ils acquerront fur lui, soit entre-vifs, par testament
ou autrement, en quelque forte 6c manière que ce soit 3 6C
erì cas qu'ils n'en aient pas disposé, que leurs héritiers suc-
céderont, encore que leurs légataires, ou héritiers 6c leurs
donataires soient Etrangers 6c non Regmicoles, 6c de re-
noncer au droit d'aubaine 6c autres, 6c à celui de confis-
cation en cas qu'ils fussent Sujets des Princes 6c Etats
,
contre lesquels Sa Majesté pourroit être ci-après en guerre >
&C que lesdites rentes qui auront été ainsi acquises par les
Etrangers, soient exemptes de toutes Lettres de marques
6c de représailles, pour quelque cause 6z. sous quelque pré*
texte que ce soit, 6í qu'elles ne puillent être saisies par
leurs Créanciers, R.egnicoles ou Etrangers.
Dont oc du tout, Sa Majesté aura agréable de faire ex-
pédier fa Déclaration laquelle fera vérifiée 6í regiítrée
,
au Parlement de Paris, 6c par-tout ailleurs où beioin fera.
Et FAstemblée a ordonné à Messieurs les Agents-Géné-
raux du Clergé, d'envoyer incessamment une copie de la,
J l8 PROCES-VERBAL DE LASSËMBLÉ£-GÉNÉRAL£
présente Délibération dans tous les Diocèses, en invitant
Messieurs les Syndics 6í Députés des Bureaux Diocésains
d'enjoindre très-expressément aux Receveurs des Décimes,'
de remettre, avec la plus grande exactitude, les sommes
dont ils auront fait le recouvrement aux lieux ordinaires
des Recettes provinciales, dans les termes fixés par ladite
Délibération, dont il fera fait quarante originaux en par-
chemin signés par Monseigneur l'Archevêque de Nar-
,
bonne, & contre-signes par le Secrétaire de l'Aíìemblée ,
de chacun quatre cents cinquante mille livres, lesquels Ori-
ginaux feront déposés ès mains de Maîtres Bontemps ,
Doyenj Péron, de la Rue, Gibert, l'ainé* Lambot, Da-
lion Duclaz du Frcsnoy, Maupas Maigret, Goulet,
,
Bro,, Boursier, rainé* Paulmier, l'auié* Lhomme, Rouen,
Guespéreau Morin, Monnot, Guilleaume le jeune., Pro-
, ,
vost, Armet, Petit, Choron, Dupré, Girard, Garnier,"
Lecointre, Etienne, Denis, Girardin, Andellc 5 Chaudot,
Decaux., Coupery, Boulard, Moreau, Lair, Gibert, le
jeune Boursier, le jeune 6l Dupont, Notaires au Cháte-
, *
iet de Paris. Sur lesdits Originaux fera fait mention des
contrats, à mesure qu'ils seront passés, avant que les Grosses
puiíient en être délivrées 3 fur lesquelles Gros]es 6c fur
,
r expédition qui en fera fournie audit Sieur Receveur-
Général le Notaire dépositaire de ladite Délibération ,"
,
mettra son certificat de ladite- décharge, que l'Acte de dé-
pôt de ladite Délibération sera mis au bas desdites Expé-
ditions, &C signé par deux Notaires 3 6í lorsque la somme
portée par chaque Délibération sera consommée il sera
,
mis au bas par le Notaire qui en fera dépositaire que
, ,
ladite Délibération est remplie3 6c fera, ladite mention
a
siç?nce par ledit Notaire 6c íon Confrère.
Monsieur i'Abbé de Barrai a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
L'Aíìemblée de 1781 accueillit favorablement les plain*
tes qui lui furent portées, au nom de la Province d'Em-
brun fur un Arrêt intervenu au Parlement d'Aix le 1 o.
,
DU CLERGÉ DE FRANCE3 io JUIN 178JT 12.9
Juin 1782.. Cet Arrêt, avant de faire droit sur l'appel coin-
me d'abus de plusieurs Décrets óG Ordonnances du Jugé
d'Eglise* concernant la demande d'une Succursale à ériger
dans la Paroisse de Pontis, Diocèse d'Embrun ordonne
c^xilsera accédé sur les lieux par le Lieutenant de, la Séné-
chaussée de Digne, pour y dresser procès-verbal de l'état des
lieux ÓC entendre témoinsfur les faits. Un pareil interlo-
y
cutoire parut à l'Assemblée de 1781, une véritable entre-
prise sur les droits de la Jurisdiction Ecclésiastique. Elle
chargea en conséquence Messieurs les Agents de concourir
de toute l'étendue de leurs bons offices, à la réforma-
tion de cet Arrêt, lorsqu'il seroit déféré au Conseil de Sa
Majesté.
Mais la lenteur des Parties intéressées à se pourvoir en
castationj a mis Messieurs vos anciens Agents dans l'im-
poíhbilité de remplir entièrement le voeu de l'Aíìemblée
derniere, 6c de développer, dans la poursuite de cette af-
faire, les talents 6c l'activité dont le Clergé a si souvent
ressenti
•r les heureux estets.
-
Ils ont bien voulu se reposer sur nous du foin de vous
rendre compte des faits relatifs à l'Arrêt du Parlement
d'Aix, 6c nous pensons devoir remonter à leur première
époque, en supprimant les circonstances particulières qui
n'ont pas de rapport avec Tintérêt général du Clergé.
La Paroifle de Pontis, Diocèse d'Embrun, est divisée
en différents Hameaux, qui font tous à une médiocre dis-
tance de l'Eglise Paroissiale, laquelle est située au sommet
d'une montagne qu'on peut regarder comme le centre de
,
la Communauté. D'après un dénombrement fait en 1765-,
par ordre de la Province, on n'y compte que cinquante-
trois familles 6c deux cents cinquante-fept personnes, de
tout âge 6c de tout sexe. La plus grande partie des habi-
tants occupe le revers du nord de la montagne. Quatre
Hameaux, connus fous le nom de la droite de Pontis,
& composés seulement de dix-sept familles, font fur le
revers 6c à l'aspect du midi.
En 1764, les habitants des quatre Hameaux se pour-
vurent pardevant Monseigneur l'Archevêque d'Embrun »
^Procès-verbal de 178^. Q
$-3© PROCES-VERBJL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

a l'esset 'd'obtenir l'érection d'une Succursale. Ce Prélat


Bomma un Commissaire, pour vérifier le nombre des ha-
bitants des quatre Hameaux, leur distance de l'Eglise Pa-
roissiale la difficulté des chemins, 6c les inconvénients
,
<p'entraine la chute des neiges. L'enquête de commodo ÔG
ìncommodo du 9 Octobre 1765, fut suivie, en 1766,
d'une Ordonnance, qui débouta les habitants des quatre
Hameaux de leur demande, tendante à rétablissement
d'une Succursale.
Ils en interjetterent appel au Pape, 6c l'Ofîîcial d'Aix,
•nommé Commissaire Apostolique, confirma, en 1770,
la première Ordonnance.
Second appel ad Apoficlcs de la part des habitants
des quatre Hameaux. Ils se présentèrent devant i'Oíficial
de Riez nouveau Commiílaire du Pape 3 ÒC sous- pré-
,
texte de nouvelles dégradations des chemins, ainsi que
d'autres inconvénients mentionnés dans leur Requête, ils
demandèrent qu'il fût procédé à une nouvelle enquête de
commodo <5G ìncommodo. L'Ossicial de Riez rendit en
1778 son Ordonnance, par laquelle, après avoir déclaré
n'y avoir lieu à de plus amples vérifications, ni à de nou-
velles enquêtes, il infirme les deux premiers Jugements,
&C ordonne l'érection de la Succursale demandée.
Le Curé, les Consuls 6c la Communauté de Pontis,
interjetterent appel à leur tour, 6c l'Onlcial de Sistcron
fut délégué par le Pape comme troisième Commissaire 6c
Juge de l'appeî. Sans avoir égard à la demande en nou-
velle vérification il infirma le Jugement de FOísicial de
Riez, 6c enjoignit, l'exécution des deux premières Ordon-
nances.
Jusqu'à présent, Messeigneurs 6c Messieurs, vous n'ap-
percevez dans cette fuite de procédures, rien qui donne
atteinte aux principes de la Jurisdiction ecclésiastique 3 e£
quel que soit le mérite du fonds, les formes canoniques
ont été respectées.
Mais en 1781 les habitants des quatre Ham'eaux se
,
pourvurent au Parlement d'Aix, par appel comme d'abus,
fondé fur l'miustice du double refus qu'ils ont eííuyé
3
DU CLERGÉ DE FRANCE* Z O JUIN 1785'.' i\t
tant de la demande d'une nouvelle enquête de commodo
êC ìncommodo que de celle qui avoit pour objet l'éreo
*
tion de la Succursale. C'est sur leur appel qu'est intervenu
l'Arrêt interlocutoire déféré à l'Assemblée de 178z, par
lequel, avant de faire droit sur l'appel comme d'abus, le
Parlement commet le Sénéchal de Digne pour informer
6C dresser Procès- verbal de l'état des lieux, 6c des nou-
veaux faits allégués par les habitants des quatre Ha-
meaux.
Nous avons eu l'honneur de vous observer que le Curé
de Pontis 6c la Communauté, ont différé de se pourvoir
en cassation contre cet interlocutoire. Ce délai, de leur
part, étoit fondé sur l'espoir d'un Arrêt définitif qui leur
íèroit plus favorable. Trompés dans leur attente, ils se
sont pourvus au Conseil contre le premier Arrêt du Par-
lement d'Aix 6c contre un second qui fut rendu le IJ.
,
Janvier 1784. Par ce nouvel Arrêt, le Parlement a mis
l'appellation âC ce dont efl appel au néant ; SC par nouveau
Jugement faisant droit a £ appel comme d'abus émis par
* *
les habitants de la droite de Pontis, envers l'Ordonnance
t
rendue par Officiai de Sifleron le 7 Mai 17 8 1 a dé-
* ,
claré y avoir abus dans ladite Ordonnance ÓC condamné
*
le Curé les Consuls oG la Communauté aux dépens.
*
Pour* faire sentir l'irrégularité de ces Arrêts, nous poud-
rions d'abord insister fur la frivolité des deux moyens d'a-
bus allégués par les habitants des quatre Hameaux. Ils se
fondoient, 1°. sur l'injustice du refus qu'a fait l'Oflicial
de Sisteron, d'ordonner l'érection d'une Succursale 3 mais
ce refus ne pouvoit être injuste de fa part , qu'autant
qu'une enquête juridique de commodo ÔZ ìncommodo * au-
roit constaté la nécessité de la Succursale. Or les habitants
des quatre Hameaux semblent supposer eux-mêmes que
les faits résultants de la première enquête ordonnée en
1765, étoient insuffisants, puisqu'ils alîéguoient de nou-
veaux faits dont ils offroient la preuve, 6c follicitoient
une nouvelle enquête, comme nécessaire au succès de leur
demande. Aussi ont-ils insisté principalement far l'injustice
du refus de cette enquête? mais cette injustice a paru si
Q 1
Ï 31 PROCÈS-VERBAL DE L3ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
peu évidente au Parlement d'Aix , qu'avant de la pronon-
cer par son Arrêt, il a jugé nécessaire d'informer lui-mê-
me sur la vérité des faits allégués par les Appellants com-
me d'abus. Comment n'a-t-il pas vu que l'injustice du
refus d'une enquête nouvelle étoit indépendante de la
,
mérité des faits résultants de cette enquête ? Si la première
ctoit insuffisante, l'Official de Sisteron a commis un abus,
par le simple refus de la seconde que soliicitoient les ha-
bitants des quatre Hameaux : son refus resteroit toujours
infecté du vice de l'abus, même en supposant la fausseté
des faits allégués par ces habitants. II falloit donc, dans
cette supposition, le déclarer abusif, sans entamer une
procédure nouvelle, qui étoit manifestement inutile pour
statuer fur l'appel comme d'abus.
Ainsi le Parlement d'Aix, en ordonnant, par son pre-
mier Arrêt, la procédure pour laquelle il a commis le Sé-
néchal de Digne, n'a pu avoir pour objet d'éclairer fa
religion fur le mérite intrinsèque de l'appel comme d'a-
bus j il a donc voulu prendre connoissance du fonds, de
la substance même des Actes qu'il s'agisìoit uniquement
d'examiner quant à la forme 5 6c delà naît un moyen vic-
torieux de cassation contre F Arrêt de 178Z.
En effet les Magistrats, dont la jurifdiction, dans les
matières, civiles, est bornée par l'étendue de leur territoi-
re, n'ont aucune compétence, aucune autorité , quand il
s'agit d'objets réservés à la puissance ecclésiastique. Ils peu-
vent être Juges de recours, lorsqu'on leur dénonce une
entreprise sur les droits de la puiflance temporelle, ou une
contravention aux Loix du Royaume : ils ne peuvent
dans aucuns cas, être Juges de ressort, puisque leur au-s
torité se trouve limitée par la nature des objets réservés à
la Jurisdiótion de 1'Egliíé. S'ils outre-passent ces limites j
qui servent de base à la distinction des deux puissances,
c'est de leur part une contravention aux Loix civiles 6C
canoniques du Royaume ; c'est un abus de pouvoir d'au-
tant plus dangereux, qu'ils font dépositaires de la puis-
sance coactive du Souverain 3 c'est une entreprise sur les
droits de la puiflance ecclésiastique, que le Législateur s'eíl
DU CLERGÉ DE FRANCE * z o JUIN I 7 8 j. 13 j
toujours empressé de réprimer, par la cassation des Arrêts
qui portoient ce caractère de réprobation.
Faisons l'application de ces principes lumineux, savam-
ment développés dans le Rapport d'Agence de 1775, à
la demande qui avoir pour objet d'établir une Succursale
à Pontis, 6c à l'Arrêt qu'a rendu le Parlement d'Aix le
10 Juin 1782,.
L'ancienne discipline réservoit à l'Evêque le soin d'é-
tablir, sans formalités préalables, des Eglises particulières
dans le voisinage de la Ville Episcopale. Sa volonté seule,
dirigée par les Canons 6c déterminée par le besoin ou futi-
lité des peuples, fixoit le choix du lieu le plus convenable
pour la célébration du Service Divin 6c l'administration
des Sacrements.
Quand l'Eglife fut en paix ces pieux monuments de la
,
foi publique se multiplièrent, 6l acquirent la stabilité qu'é-
xigeoit le maintien du bon ordre : l'accroissement rapide
du nombre des fidèles, fit regarder comme un des objets
les plus importants de la sollicitude des Evêques, le foin
d'ériger des Eglises, òc d'établir des Prêtres pour y rem-
plir les fonctions du ministère pastoral : dès lors on fixa
les limites des Paroifles 6c les territoires furent circons-
,
crits, afin que chacun pût invariablement reconnoître la
voix de Ion Pasteur. 11 fut défendu de consentir à l'érec-
tion d'une nouvelle Eglise, sans en avoir constaté futilité
par des formalités que prescrivent les Canons3 6í le Prince,
en donnant à ces Règlements des Conciles la sanction de
l'autorité impériale, ne fit qu'en aílurer davantage l'exé-
cution.
Mais l'interposition de la puissance temporelle fut le
gage de la protection qu'elle accorda à l'Eglife, 6c non pas
une entreprise sur l'autorité inhérente à sa constitution.
Un Concile tenu à Orléans par ordre de Clovis, atteste
,
que les Basiliques anciennes & nouvelles étoient dans la
dépendance òc fous la main de l'Evêque Diocésain : un
.
Capitulaire de Charles le Chauve, vers le milieu du neu-
vième siécle, témoigne que l'Eglife ne permet pas de chan-
ger, fans de grands motifs, Tordre des Paroifles, établies
-134 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
pour le gouvernement des âmes 3 mais il reconnoît formel-
lement que la discussion de ces motifs, 6c le jugement des
causes canomiaues qui peuvent rendre leur division né-
cessaire appartient privativement aux Evêques 3 c'est en
,
connoissance de cause, mais avec autorité, qu'ils doivent
prononcer : Si necejjltas populi exegent ut plures fiant Ec-
clesu aut flatuantur Altaria, cum ratione ÔG automate hoc
saciant.
Le Chapitre ad audiendam, de Ecclesùs adificandis in-
,
féré dans lesDécrétales, renouvelle les mêmes dispositions3
6c le Concile de Trente, ainsi qu'une foule de Conciles,
Provinciaux tenus dans le sein de la France, ordonnent
Texécution de ce Décret d'Alexandre III, Pontife savant,
éo-alement versé dans le Droit Civil 6c le Droit Cano-
lïiqne.
L'Edit de 169S concernant la Jurifdiction ecclésiasti-
>
que , exprime nettement la volonté du Législateur à cet
égard.3 ïk. l'articîe 4 réserve aux Archevêques 8í Evêques
le pouvoir d'ériger des Cures dans les lieux où ils l'estime-
ront nécessaire, avec les folemnités 6c procédures accou-
tumées.
Ensin ce point de discipline a constamment été reconnu;
6c respecté dans les décisions des Cours Supérieures : il fe-
roit superflu de mettre sous vos yeux les nombreux Arrêts
qui ont prononcé le renvoi pardevant l'Evêque Diocésain,
de toutes les demandes formées pour établir des Cures ou
Succursales, afin d'y être statué par eux, en observant les
formalités requises.
.
Ainsi les règles vénérables de la discipline des premiers
siécles, les Capitulasses de nos Rois, les Canons des Con-
ciles 6c les Loix du Royaume, se réunifient pour réserver
uniquement à l'autorité épiscopale rétablissement des Egli-
íes nouvelles.
Par une conséquence inévitable, c'est aux Evêques feuîs
qu'il appartient de remplir les formalités, 6c de statuer fur
les procédures relatives aux établiflements de ce genre.
L'enquête de commodo ÔG ìncommodo prescrite par les Loix
*
Civiles 6c Canoniques, ne peut donc être ordonnée 6c
DU CLERGÉ DE FRANCE* 10 JUIN 178J. 135
exécutée que par le Juge d'Eglise privativement à touc
autre.
Le Parlementd'Aix, Tribunallaïque, a commis un Juge
laïque pour informer fur la demande d'ériger une Eglise
Succursale dans la Paroifle de Pontis3 il a donc entrepris
fur les droits de la puiflance ecclésiastique.
L'Arrêt de 1782. doit être cassé.
En vain essaieroit-on de justifier cet Arrêt, én allé-
guant que la commission donnée au Sénéchal de Digne
n'avoit pour objet que d'examiner si le refus qu'a fait
l'Ofricial d'ordonner une nouvelle enquête, étoit abusif
ou non.
Nous avons déja fait observer que l'abus ou la lcgiti-
mité du refus, étoient absolument indépendants de la vé-
rité des faits qui pourroient résulter d'une nouvelle enquê-
te : la procédure de 1765 étoit régulière, close ô£ non
reprochée par les appellants comme d'abus 3 elle fuffìfoic
donc pour juger de la nécessité d'une Succursale, à moins
qu'on ne mit en avant de nouveaux faits postérieurs à la
première procédure, 6c assez graves, aflez distingués des
faits anciens pour mériter un second examen.
On dira sans doute que c'étoit fur des faits de cette natu-
re , que les habitants des quatre Hameaux fondoient la de-
mande d'une nouvelle information 3 mais il est inutile d'exa-
miner, quant à présent, la qualité des faits allégués dans
la Requête des habitants. Cet examen appartenoit à l'OfH-
cial de Sisteron. II a dû le faire d'après la comparaison de
la première procédure, avec i'expoíé contenu dans fa Re-
quête. S'il a commis un abus, en refusant l'enquêtedeman-
dée le Parlement n'a pas eu besoin pour juger l'abus, d'au-
, ,
tres moyens que ceux que cet Official avoit pour l'éviter.
Ainsi le Parlement d'Aix devoit peser mûrement la qua-
lité des faits allégués 3 mais son examen ne pouvoit porter
que fur i'exposé contenu dans la Requête des appellants
comme d'abus. S'il se fût borné à remplir ce ministère, ii
auroit vu peut-être que les faits postérieurs s'identifioient
iivec ceux qu'on allégua vainement en 176; : peut-être il.
eût pensé que la dégradation accidentelle d'un chemin
ïj.6 PROCES-F ERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
royal 6c entretenu par la Province, n'étoit qu'un mai pas-
sager, qui ne pouvoit rendre nécessaire un établissement
d-urable, tel que celui d'une Succursale : peut-être auroit-
il conclu qu'un inconvénient quine mettoit point d'obs-
tacle à la culture des terres, au commerce des habitants,
à la poursuite des astaires, au Baptême des enfants, à la
sépulture des morts, ne les empêcheroit pas non plus a as-
sister à Pontis au Service Divin les jours de Dimanches
ô£ Fêtes-; enfin on feroittenté de croire qu'en considérant
la vaste étendue de la plupart des Paroifles de l'Embru-
nois, du Brianconois 6c de la Vallée de Barcelonette, la
chute des torrents 6c des neiges, 6c l'âpreté de ce climat
montagneux, le Parlement d'Aix auroitpu juger par com-
paraison que les habitants de Pontis , plus heureusement
situés 6c moins éloignés de l'Eglife'Paroissiale, n'allé-
suoient rien qui-ne fût évidemment compris dans l'en-
quête de 176J0
Quoi qu'il en soit, -le développement de ces motifs ex-
posés dans la Requête des appellants comme d'abus, pou-
voit servir au Parlement d'Aix à juger s'il y avoit abus
ou non, dans le refus d'une nouvelle enquête 3 .f Arrêt conçu
dans ces termes, renfermé dans ces limites, ne déeideroit
que la cause particulière des habitants de Pontis 3 6c ce
Jugement., quel qu'il fût, intérefleroit peu le Clergé gé-
néral s'il eût été prononcé fans empiéter fur fa Juris-
,
di ction.
Ce qui Tintéresse véritablement, ce qu'il défère avec
confiance -au Législateur, c'est le renversement d'un point
de sa discipline constamment respecté 3 c'est un genre d'en-
treprise que n'avoient pas tenté les Cours Supérieures,
fidèles jusqu'alors à renvoyer aux Juges Ecclésiastiques
la connoifiance des demandes qui ont pour objet réta-
blissement d'une' nouvelle Eglise 3 c'est le désordre 6c la
confusion qui troubleraient fharmonie des deux Puissan-
ces, si chacune d'elles cessoit de se renfermer dans les bornes
indiquées par la nature des choses : Ordo confunditur*
quando sua unicuique Jurisdicîio non servatur.
Aussi n'insistons-nous maintenant que fur l'irrégularité
de
Du CLERGÉ DE FRANCE , z o JUIN 178 j\ \\j
de l'Arrêt, en tant qu'il ordonne une fnformation'qui ri'eít
pas du ressort de la puissance temporelle : cette informa-
tion inutile au Jugement de l'abus, parce qu'elle n'éclâiroit
pas fur la régularité des formes, ne pouvoit concerner que
les Juges d'Eglise chargés de prononcer fur le fonds, 6L
par-là même, l'Arrêt de 1782 est soumis à une cassation,
inévitable.
Mais il est sensible que le vice radical qu'elle imprime
à l'Arrêt de 1781, doit nécessairement se communiquer
à l'Arrêt du 1 j Janvier 1784. Ce dernier a été rendu en
conséquence de l'enquête illégale ordonnée par le premier.
Arrêt 3 6c dès-lors il participe à son irrégularité.
Au reste, rien ne prouve davantage la relation des deux
Arrêts, rien ne fauroit mieux caractériser une entreprise
sur la Jurisdiction de l'Eglife, que les formules judiciaires
dont le Parlement s'est servi avant de prononcer fur l'ap-
pel comme d'abus : la Cour* est-il dit dans l'Arrêt, a.
mis î appellation ÓG ce dont est appel au néant* ÓG par
nouveau Jugement * faisant droit à Ì appel comme d'a-
bus ôcC
*
_Vous le faveZ, Messeigneurs 6c Messieurs, lorsqu'il s'a*
git de prononcer fur un appel comme d'abus, la forme
consacrée par l'article 37 de l'Edit de 1695, est de dire
qu'il n'y a abus ou qud a été mal, nullement ÓG abusive-
,
ment procédé. Toute autre formule de prononciation est
sévèrement interdite aux Tribunaux laïques en matière de
Jurisdiction ecclésiastique, 6l suffit pour donner ouver-
ture à une demande en cassation.
L'écart devient encore plus répréhensible, lorsqu'en ju-
geant l'appel comme d'abus, ils se servent d'expreflions
réservées au jugement de l'appel simple.
En esset, le jugement de l'appel simple, distingué pat
fa nature de celui que l'on qualifie appel comme d'abus,
émane d'un Tribunal supérieur à celui qui a prononcé la
Sentence dont on demande la réformation : les pouvoirs
en vertu desquels agissent les deux Tribunaux, partent
d'une source commune : ils s'exercent fur les mêmes ob-
jets , 6c ils ne diffèrent que par la mesure d'autorité iné-
Procès-verbal de\j%$. R
Ï38 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
gaiement répartie entre ces divers dépositaires 5 c'est ce
qui établit entr'eux la relation de supérieur 6c d'inférieur.
Delà vient que le Tribunal supérieur en reconnoiíiant, à
Taide de la Loi Terreur dans laquelle son inférieur est
tombé, manifeste, la plénitude de sa puiflance, par les for-
mules même de l'Arrêt qu'il prononce. Non content de
corriger ce qu'il y a de vicieux dans la Sentence , il I'a-
néantit, il la détruit tout-à-fait, il la met au néant ; le
mot exprime la chose.
Non-sculement il met la Sentence au néant, mais re-
montant à la lource de Terreur, s'il la trouve dans une
ptocédure défectueuse, au lieu de la corriger, le Supérieur
en tait une autre de sa pleine autorité 3 il s'empare égale-
ment de la forme 6c du fonds, 6c c'est alors qu'il déclare
procéder par nouveau Jugement.
Mais au contraire dans l'appel comme d'abus, les re-
lations du supérieur à Tinférieur n'existent pas, du moins
pour ce qui concerne la substance 6í le fonds des Âctes
ou Sentences dont est appel. Quant à leur forme , elle est:
en ester soumise à Tinipection du Tribunal auquel l'appel
est porté 3 mais ce Tribunal, borné à une simple inspec-
tion , incapable de suppléer aux défauts d'une procédure,
dont Tobjet n'étoit pas de son reilort, n'a que le pouvoir
de déclarer le vice ou Tabus des formalités employées par
le Juge Ecclésiastique. Cette doctrine est celle de tous les
Canonistes 6í de Févret en particulier. Ce Jurisconsulte
,
célèbre, dans son Traité de TAbus, Liv. 1 Chap. z
, ,
n°. 11, établit formellement quon nepeut* en prononçant
fur £ abus mettre l'appel au néant, comme aux appellations
*
jimples. Ainsi dans l'appel comme d'abus, le Parlement
ne peut mettre au néant une procédure vicieuse, comme
dans Tappel simple 3 il est incompétent pour la corriger
ou ía suppléer par un nouveau Jupement ; òc son autorité se
réduit à déclarer s'il y"a contravention aux Ordonnances,
aux Canons, à nos Libertés. En un mot pour íe confor-
mer à Tarticle 37 de TEdit de 1 695, il doit dire qu'il y a,
ou qu'il n'y a pas abus, 6í renvoyer les Parties pardevant
le Supérieur Ecclésiastique, pour être pourvu au fonds.
DU CLERGÉ DE FRANCE* 20 JUIN 178 j. ï 3 5^
Pourquoi donc le Parlement d'Aix, au lieu de con-
sulter ces notions simples 6c justes, s'est-il écarté de Tes-
prit 6C du texte de la Loi, en insérant dans son Arrêt
des clauses prohibées ? Pourquoi s'érige-t-il en Tribunal
supérieur de celui du Commiflaire du Pape, par Tusage
des clauses qui font réservées au style judiciaire lors des
appels simples? Pourquoi enfin le Parlement, conserva-
teur des formes" canoniques, en prononçant fur Tobfer-
vation y ou Tinobfervatìon des formes canoniques, a-t-ii
commencé par leur donner une première atteinte en fubs*
tituant à celles de la Loi, d'autres formes vicieuses, que lui
interdit son incompétence ?
II est donc impossible de se dissimuler que le Parlement
d'Aix, en rendant les deux Arrêts dont se plaignent les
habitants de Pontis, a entrepris fur les droits de la Jurif
diction Episcopale 3 6c ce qui achevé de manifester son

usurpation c'est qu'après avoir déclaré l'abus il a cru
, ,
devoir se dispenser de renvoyer aux Juges Ecclésiastiques
la connoissance du fonds. Delà naît une troisième ouver-
ture à la demande en cassation contre ces deux Arrêts.
L'article 37 de TEdit de 1695, imposoit au Parlement
l'obligation de ce renvoi. II a donc pensé que la demande
formée pour Térection d'une Succursale, n'appartenoit pas
à la Jurisdiction de l'Eglife 5 ou bien nous devons con-
clure qu'il a formé une entreprise volontaire contre cette
Jurisdiction dont la Loi Tétablit le gardien 6c le protec-
,
teur. Dans l'un 6>C l'autre cas, l'autorité du Conseil peut
ôc doit réprimer cette entreprise.
Sur quoi Monseigneur TArchevêque d'Arles, Chef de
la Commission pour la Religion 6c la Jurisdiction, a dit:
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
La Commission s'est occupée de Taffaire dont les détails
viennent d'être mis fous vos yeux d'une manière si satisfai-
sante. NOUS n'avons pas cru devoir examiner s'il y avoit
lieu à Tétablissement de la Succursale demandée dans le
Diocèse d'Embrun, 6c si les Décrets émanés de TOsticia-
R z
Í4-0 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
lité ^d'Embrun 6C des dissérents Commissaires Apostoliques
étoieut exempts d'irrégularités. En supposant la procédure
du Juge d'Eglise injuste, 6c même abusive, les deux Arrêts
surpris à la religion du Parlement de Provence, ne présente-
ïoient oas moins une entreprise singulièrement digne de Tat*
cention du Clergé général, d'après les grands principes fur
l'abus, si bien développés par Monsieur TAbbé de Barrai,
£>C qu'il est inutile de rappeller ici. Quel étoit Tobjet de
la contestation déférée aux Magistrats ? La demande afin
de l'érection d'une Succursale, demande évidemment du
ressort de la puiflance ecclésiastique. Comment une Cour
laïque a-t-elle été saisie de la connoissance de cette affaire ì
Par la voie de l'appel comme d'abus. A quoi se bornoit,
«n cas d'abus, la mistion du Parlement ? A déclarer qu'il
avoit été mal 6c abusivement procédé, en renvoyant de-
vant les Tribunaux Ecclésiastiques pour continuer Tins-
truction. C'est la disposition précise de TEdit de 1695,
article 37, 6c cependant le Juge Royal de Digne a été
commis en vertu d'un premier Arrêt , pour faire lui-
même de l'autorité du Parlement, Tehquête préalable à
,
l'érection contentieuse3 6c, par un second Arrêt, non-seu-
iement il a été dit y avoir abus dans les Ordonnances dont
se plaignoient les Appellants,mais Tappellation 6c ce dont
étoit appel, ont été mis au néant, 6c la Cour a procédé par
nouveau Jugement, fans qu'il apparoifle d'aucun renvoi
devant le Juge d'Eglise. Ainsi confondant l'appel comme
d'abus avec l'appel simple, des Juges séculiers ont, dans
une cause purement ecclésiastique, cumulé tout à la fois
la connoiflance de la forme 6c du fonds du rescindant
,
6c du resciíoire, du Jugement 6c de la chosè jugée 3 con-
traventions dont la reforme intéresse eflentiellement vos
droits 6c votre autorité. Nous vous proposons en consé-
quence de députer quelques Membres de TAflemblée vers
M. Lallemand le Coq, Rapporteur, 6c M. de Marville
Président du Bureau des Affaires Ecclésiastiques, pour re-3
commander à ces deux Magistrats, au nom du Clergé, la
Requête en cassation présentée par les Curé 6c Habitants
de la Paroisse de Pontis, Diocèse d'Embrun.
D'U CLERGÉ DE FRANCE, lò JUIN ÌJ§jì 141'
Monseigneur TArchevêque d'Arles ayant cessé de
par-
ler, Tavis de la Commission a été adopté 5 en conséquence
il a été délibéré d'accorder les bons offices aux Curé
Consuls 6c Communauté de Pontis, 6c de députer à M. dé*
Marville, Président du Bureau des Affaires Ecclésiastiques
*
6C à. M. Lallemand le Coq, Rapporteur de la Requête
eiì
cassation, pour leur faire part de Tintérêt que TAflemblée
prend à cette afíàire. Meíseigneurs les Evêques de Grasse
6C de Digne, 6c Messieurs les Abbés de Foucauld 6c dé
Bovet ont été priés de vouloir bien remplir auprès de ces
deux Magistrats le voeu de TAflemblée*
Messieurs les Agents ayant averti que MM* de THôtei-
de-Ville étoient arrivés 3 examen fait de ce qui s'est pra*.
tiqué dans les précédentes Assemblées en pareille occasion
Messieurs les Agents ont été au-devant d'eux jusqu'à laj
porte du Cloître qui va dans le Sanctuaire* Meíseigneurs
les Evêques d'Evreux 6c de Montpellier, 6c Messieurs les
Abbés de Narbonne 6c de Grainville, nommés pour les
aller recevoir, ont été jusqu'à la porte du Vestibule qui
communique au Cloître, sans toutefois en sortir. Meílei^
gneurs les Evêques d'Evreux 6c de Montpellier ont pris
le pas fur M. le Prévôt des Marchands, 6C Meilleurs les
Abbés de Narbonne 6c de Grainville íuivoient immédia-
tement avant les Echevins. MM. de THôtel-de-Ville étant
entrés, ont pris leurs places devant le Bureau. M* le Pel-
letier de Morfontaine, Prévôt des Marchands dans un
,
fauteuil, les Echevins 6c le Procureur du Roi fur une
chaise à dos, 6c le Greffier fur un tabouret au coin du
Bureau. L'Aíìemblée les a salués fans se lever 3 ôc M. k
Prévôt des Marchands portant la parole, a dit 5
MESSIEURS,
Les hommages que nous avons Thonneui" de voils reii-'
dre aujourd'hui, font moins Tinfpiration du devoir, que
celle d'une juste 6c profonde vénération gravée dans les
coeurs de tous les Citoyens de cette Capitale. Cette Ville,
distinguée de toutes les autres par la protection particu-
5Ê4?- PROCES-VXRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
liere de nos Souverains, placera toujours au premier rang
de Ces plus grands avantages, celui de recevoir 6c possé-
der dans son sein cet heureux concours de lumières 6c de
vertus que vous réunifiez dans cette auguste Assemblée,
Leurs sentiments, MESSIEURS, méritent Taccueil dont
vous \es honorez 3 ils ont leur principe dans un amour
constant pour la Religion 6c pour ses Ministres , dans le
plus inviolable attachement à la Personne sacrée du Roi,
òc dans un zèle toujours animé par Tobjet du bien de
l'Etat.
Ces principes astermis par vos exemples, 6c que les
Membres qui composent votre illustre Corps, ont égale-
ment imprimé dans les coeurs des peuples particulièrement
confiés à vos soins, font les mêmes qui viennent de dé-
terminer , pour le bien du service du Roi, les premières
résolutions de vos sentiments, toujours nobles, toujours
élevés, toujours disposés à accorder aux besoins de TEtat,
meme à les prévenir. Que ne devons-nous pas attendre de
vous, MESSIEURS, réunis dans cette Aflemblée, sous
un Chef d'autant plus digne , par les qualités de Teíprit
6c du coeur, de la place qu'il occupe, que ses talents 6c
ses lumières Tont toujours mis au-deflus de toutes celles
qu'il a plu au Roi de lui confier? Heureux 6c honoré en
mon particulier d'avoir été deux fois son Collègue, 6c
à portée de profiter des leçons d'un Maître qui me seront
toujours cheres 6c présentes !
Qu'il me soit permis en finiflant, MESSIEURS avant de
,
rendre au bien public la liberté des moments que vous em-
ployez si utilement à son avantage, d'isoler ici mon hom-
mage personnel de vénération 6c de respect pour le premier
Corps de TEtat. Je ne fais que vous renouveller ici, MES-
SIEURS , les sentiments dont ma conduite a fait profession
dans les administrations qu'il a plu au Roi de me confier.
Heureux fi j'ai suivi de loin 6c autant que j'ai pu, dans le
régime d'administration qui, m'étoit prescrit, les modelés
qu'ont toujours présentés les pays d'Etats à tout Admi-
nistrateur humain instruit 6c éclairé ! Quel ordre î quelle
,
magnificence économique dans ces travaux toujours
5
DU CLERGÉ DE FRANCE* 10 JUIN 1785". 143
suivis & éclairés par un Corps toujours existant ! quelle
source de secours, d'abondance, de richesses pour les cam-
pagnes , la première , la feule richesse de TEtat ! Oui,
MESSIEURS, ^administration seule des pays d'Etats, les
secours en tous genres qui en émanent, attesteront à ja-
mais que le bonheur des peuples, que la félicité publi-
que tiendront toujours eflenticliement à Tunion 6c à Tac-
cord parfait du Sacerdoce 6c de TEmpire.
Monseigneur TArchevêque de Narbonne a répondu:
MESSIEURS,
L'Assemblée ne peut être qu'infiniment sensible à Tas-
surance que vous lui donnez des sentiments^ de vos Con-
citoyens. Ils acquièrent à ses yeux un nouveau prix par-
,
les qualités recommandables de ceux qui en sont tout à
la fois, 6c les dépositaires, 6c les interprètes.
L'estime 6c la confiance publique dans Texercice des
premières places de la Magistrature-, font le patrimoine
de votre illustre Chef, & il a su ajouter des droits person-
nels à ceux que lui ont transmis ses respectables Aïeux,
fur ce précieux 6c intéressant héritage.
Puissent les succès qu'il a obtenus dans Tart, qui n'au-
•roit jamais dû être difficile de concilier les intérêts du
,
Souverain 6>C des peuples, Taccompagner dans Tadminif-
tration d'une Ville dont les amusements seuls exigent
,
d'être Tobjet de Toccupation la plus sérieuse !
Le Procès-verbal a été lu 6c signé.
Messeigneurs &: Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, zi Juin,
a dix heures du matin.
^
Signé ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.
,
T44 FKOCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU MARDI* VINGT-UN JUIN 1785,


à dix heures du matin.
Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.

XXI îî
SÉANCE.
MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour les
Portions congrues, ont pris le Bureau. D'après leurs
réflexions tk. celles de quelques Membres de TAssemblée,
il a été remis à un autre jour à délibérer fur les objets im-
portants proposés par la Commission.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, z z Juin,
à dix heures du matin.
Signé >S£<ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne-, Président.

DU MERCREDI* VINGT-DEUX JUIN 1785,


à. dix heures du matin.

Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.

XXIV MEssieurs les anciens Agents ont continué la lecture


SEANCE.
du Rapport de leur Agence.
Messeio-neurs 6c Messieurs les Commissaires ont été rra-
vailier à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 27 Juin;
à dix heures du matin»
Signé ifc ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Pri-
Narbonne Président.
,
mat de ,

vu;
DU CLERGÉ DÉ FRANCE > zj JUIN 178/. 14/
•i *
DU LUNDI, VINGT-SÈPT JUIN I78J,
à dix heures du matin.

Monseigneur TArchevêque de Toulouse, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été


XXV
travailler à leurs Bureaux. SÉANCE*
La Séance a été indiquée à demain Mardi ,28 Juin-,
à dix heures du matin.
Signé >5J< E. C. Arch. de Toulouse, Président.

DU MARDI, VINGT-HUIT JUIN 178/,


à dix heures du matin.

Monseigneur TArchevêque de Toulouse, Président.

IL a été fait lecture d'un Mémoire de la Province d'Albi, XXVt


sur Tuniformité d'un Rituel dans l'Eglife de France : il SÉANCE»

a été arrêté que ce Mémoire feroit porté au Bureau de la


Religion 6c de la Jurisdiction pour, sur le rapport de Mes.
seigneurs 6c de Messieurs les Commissaires, être pris telle
délibération qui fera jugée convenable.
Messieurs les Agents ont averti que le Prieur de Sor-
bone attendoit qu'il plût à l'Assemblée de lui donner
audience. Le Prieur introduit est entré revêtu de sa four-
rure, 6c accompagné de deux Bacheliers aussi en fourru-
res. II a pris place devant le Bureau fur un siège à dos. Les
deux Bacheliers font demeurés debout 6c découverts der-
rière le Bureau. Monseigneur TArchevêque de Toulouse
a dit au Prieur de se couvrir, 6c le Prieur a fait un Dis-
cours latin pour supplier l'Assemblée d'honorer de fa pré-
sence Vendredi prochain, Touverture des Sorboniques.
Monseigneur TArchevêque de Toulouse a répondu en
latin, que l'Aíìemblée acceptoit avec plaisir cette invita-
Procès-vcrbal de 178J. S
$4.6 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tion, comme une occasion de donner à la Maison de Sor-
bone une marque de son estime 6c de sa considération :•
après quoi le Prieur 6c les deux Bacheliers se sont retirés j
Sc il a été arrêté que TAilemblée se rendroit en Sorbone
Vendredi prochain, premier Juillet, à dix heures du ma-
tin, Meíleigneurs les Prélats en Rochet 6cCamail violet,
&c Messieurs les Députés du second Ordre en Manteau
long; oC Bonnet quarté.
Mefseisneurs 6>CMeilleurs les Commissaires ont été tr'a-
yailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Jeudi prochain 3 o Juin,
à dix heures du matin. ,

Sipné )J( E. C. Arch. de Toulouse, Président.

DU JEUDI* TRENTE JU1NI7$S,


a dix heures du matin.
Monseigneur TArchevêque de Toulouse Président.
,

xxvn '% ,/fOnseigneur TArchevêque de Toulouse a dit, que


SÉANCE. JL% iLMoníei^neur TArchevêque de Narbonne étoit indis-
posé 3 Giie si l'Aíìemblée Tagréoit, Monseigneur TArche-
,
vêque de Rheims, Monseigneur l'Evêque de Montpellier,
& Messieurs les Abbés de Loménie 6c Dillon iroient té-
moigner à ce Prélat la part qu'elle prend à son indisposi-
tion 6c qu'on remettrpit à Lundi prochain à délibérer
sur le, Rapport de Meíleigneurs & de Messieurs les Com-
mi flaires pour les Portions congrues ; ce qui a été ap-
prouvé.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture du
Rapport de leur Agence.
Meíleigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailier à oleurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, prem"n*
Juillet 1785, à dix heures du matin.
Signé >$i E. C. Arch. de Toulouse, Président.
DU CLERGÉ DE FRANCE* I JUILLET 1785; 147

DU VENDREDI, PREJSdIER JUILLET I78J,


à dix heures du matin.
Monseigneur TArchevêque de Toulouse, Président.

MOnseigneur TArchevêque' de Rheims a dit, que, XXVIÏÍ


conformément aux intentions de l'Assemblée il SÉANCE.
avoit été, avec Monseigneur l'Evêque de Montpellier, 6c
Messieurs les Abbés de" Loménie 6c Dillon, chez Monsei-
gneur TArchevêque de Narbonne ; que ce Prélat, très-sen-
sible à Tintérêt que l'Aíìemblée vouloir bien prendre à son
indisposition, les avoit chargés de lui en faire des remer-
ciements, 6c de lui témoigner le vif désir qu'il a dé se réu-
nir à elle aussi-tôt que sa santé pourra le lui permettre.
A onze, heures, l'Assemblée s'est rendue en.corps en Sor-
bone, pour assister au Discours que le Prieur de Sorbone
est dans Tufage de prononcer pour Touverture des Sorbo-
niques.
La Séance aété indiquée à demain Samedi, z Juillet >
à dix heures du matin.
Signé ï$i E. C. Arch. de Toulouse, Président.

DU SAMEDI* DEUX JUILLET I78J,


à dix heures du matin.

Monseigneur TArchevêque de Toulouse Président.


,
MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires pour la XXIX
SÉANCE.
Religion 6c la Jurisdiction ont pris le Bureau.
,
Monseigneur TArchevêque d'Arles Chef de la Commis-
,
sion a dit : I
,
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
A peine aviez-vous pris la liberté de déposer dans le
S z
14'S PROCES-VERBAL DE fAsSÊMBLÉE'GÉNÉRALÈ
coeur du Roi, avec une noble confiance, vos alarmes fur
les CEuvres complètes de Voltaire imprimées en pays
,
étranger, qu'un Arrêt du Conseil, rendu le 3 Juin der-
nier a supprimé 6c flétri cette Collection pernicieuse ,
,
avec défenses d'introduire dans le Royaume, la partie non
encore livrée au public. Sans doute cet événement, aussi
propre à rassurer la piété des fidèles, qu'à contenir d'au-
dacieux Sectaires, n'est que le signal des grands coups
que va frapper votre auguste Protecteur. Elles difparoî-
tront enfin ces plaies invétérées ô£ profondes qui défigu-
rent la Littérature françoife j 6c un nouveau mouvement
imprimé d'une main ferme au régime de la Librairie, fera
revivre, entre la Religion 6c les Lettres, cette étroite al-
liance si précieuse auXjPeres de l'Eglife, 6c aux Ecrivains
du beau siécle de Louis XIV.
Tel a été le premier cri de notre sollicitude à Touver-
ture de vos Séances, 6c tel fera Tobjet constant de nos ré-
clamations. C'est aussi le point de vue qui a fixé, depuis
trente ans , Tattention persévérante de toutes les Assem-
blées du Clergé, même de celles tenues momentanément,
6c pour des cas extraordinaires. II n'en est aucune qui ne
se soit empressée de porter aux pieds du Trône les plain-
tes les plus touchantes 6c les plus énergiques contre Tin-
vasion des mauvais Livres 6c les progrès d'un fléau si des
tructeur. Si le feu Roi applaudit toujours en Père à ces
instances des Ministres de la Religion, jamais il ne réa-
lisa en Souverain les espérances qu'avoient fait naître ses
consolantes réponses. Delà les immenses 6>C déplorables
ravages de la corruption. II ne s'agit plus, comme autre-
fois d'Ecrits furtifs distribués clandestinement dans les
, ,
grandes Villes 6c lus avec mystère par les classes aisées
,
de la société. Une multitude de productions licencieuses,
couvre ouvertement la face du Royaume, hes leçons de
la nouvelle Philosophie retentissent jusques dans les atte-
liers de Tartifan, 6c fous i'humble toit du cultivateur. On
a la douleur d'entendre des personnes de tout âge, de tout
sexe de toute condition, afficher hautement Toubli des
,
bienséances, la lassitude des principes, Ô£ ce funeste dé-
®u CLERGÉ DE FRANCE > z JUILLET 1785» 149
lire de la pensée qui ne connoît, ni passé ni avenir. Nous
,
avons vu proposer de nos jours à Témulation des concur-
rents , un Cours Elémentaire de Morale, dénué de toute
relation à TEtre suprême, comme si, abstraction faite de
quelques exemples particuliers, il étoit d'autre garant de
îa probité de Thomme, que le dogme d'un Dieu rému-
nérateur 6C vengeur. Enfin, mille voix osent faire reten-
tir à toutes les oreilles, que les peuples seront bientôt af-
franchis de Tenfeignement sacerdotal, 6c que battue de
tous côtés par la tempête, l'Eglife ne fauroit échapper au
naufrage dont elle est menacée. Hommes de peu de foi
pourquoi craignez-vous ? Vous ave^ la parole de celui qui*
commande aux vents ÓG ,à la mer. Oui, la pierre ferme
fur laquelle a été bâtie la Cité sainte, demeurera toujours
immobile 6c ferme au milieu des orages, qui ne cefleront
de s'élever du puits de Tabymej 6c dans aucun temps, il
ne fera donné à la fausse sagesse du siécle, de prévaloir sur
le Sacerdoce de Jésus-Christ, Sacerdoce éternel comme
ion divin Fondateur.
Mais la même stabilité n'a point été promise aux Egli-
ses particulières 5 6c la France accuíéroit le zèle de [es
Pasteurs, si, se séparant encore une fois fans que la li-
cence de parler 6c d'écrire ait été efficacement réprimée,
ils ne portoient à leurs Diocèses affligés que des témoi-
,
gnages stériles d'intérêt 6>Cde sensibilité. Plus le mal crois-
sant chaque année paroît devoir être à son dernier pé-
riode, moins le vrai courage désespère 5 6c un concours
de circonstances favorables, semble même présager que les
temps ne font pas éloignés où les Lettres 6c les sciences,
rappellées à leur vocation primitive, ne feront usage de
Tempire qu'elles exercent fur Topinion, que pour rendre
Thomme meilleur, 6C la société plus florissante. L'irréli-
gion a perdu ses principaux Chefs j ils ont eu le malheur
de laisser une école nombreuse 6c d'ardents prosélytes *,
mais les excès en tous genres dont a été suivie la publi-
cation des nouvelles maximes, ont désisté les yeux préve-
nus d'une foule de citoyens 6c de pères de famille. Ceux
que subjugue encore Tattrak si puissant de Tindépendan-
"Ï jo PROCES-VERBÀL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ce, commencent à se défier de ces prétendues lumières,


qui, semblables à celles d'un incendie, ne laiflent apper-
cevoir que de tristes décombres. Nous vivons fous un
Prince ami des moeurs, 6c doué de ce sens droit qui sai-
sit d'abord le vrai dans les résultats qui lui font présentés.
Sa Majesté a daigné répondre au Mémoire de l'Aíìem-
blée de 1780 fur les abus de la Presse, que toujours at-
tentive poiir réprimer les Auteurs qui oseroient attaquer
la Religion, 6c rendre publics des Ouvrages dangereux
pour les moeurs, Elle recevroit volontiers les plans qui lui
léroient présentés par le Clergé, 6c qu'Elie se porteroit
aussi volontiers à donner des Règlements. Encouragée par
ces heureuses dispositions, l'Aíìemblée de 1782 crut em-
ployer utilement le court espace de ses Séances, en ostrant
au Législateur Thommage d'un projet d'Edit, qui lui parut
propre à rétablir Tordre, sans employer des peines astlic-
tives, ni frapper le champ des beaux Arts d'une odieuse
stérilité j il est vrai que nous tenions la plume en cette
occasion, ainsi que lors des bases posées en l'Assemblée de
.1780, 6c nous ne chercherons point à disìimuler la juste
défiance qu'inspire nécessairement une rédaction sortie de
nos mains. Si quelque chose pouvoit assoibiir cette impref
lion ce seroit le suffrage honorable accordé par l'Aíìem-
,
blée de 1780 aux vues d'après lesquelles ce Règlement a
,
été dressé, Taccueil qu'il a reçu de l'Assemblée de 1781,
6c Tempressement de neuf Aílemblées Provinciales pour
en poursuivre Tautorisation. Mefleigneurs 6c Messieurs les
Commissaires, dont nous ne sommes jamais que Torgane,
6c plus particulièrement en ce moment, ont pensé qu'il
étoit de la gloire, comme de Tintérêt du Ciergé, de donner
suite aux délibérations déjà prises par les Assemblées pré-
cédentes. Permettez-nous de mettre d'abord fous vos yeux
Tenfemble des dispositions du projet de Loi. Nous repren-
drons ensiiite chaque article, l'un après l'autre, en y joi-
gnant des notes sommaires' qui en développeront Tefprk
6c Tobjet. Quelque jugement que vous portiez de notre
travail, la nécessité de donner un Reniement fur le fait
de la Librairie n'échappera point au coup-d'oeil fur 6c
,
DU CLERGÉ DE FRANCE, Z JUILLET 178/. ijr
profond d'une Assemblée qui représente si dignement toute
la majesté de l'Eglife Gallicane.
Monseigneur TArchevêque d'Arles, après avoir fait lec-
ture du projet d'Edit imprimé dans le Procès-verbal de
1782 , foi. 11 z, 8c" s'être étendu fur des détails propres à
justifier les dispositions adoptées par le Clergé) a conti-
nué ainsi :
En présentant au Roi de nouveau ce projet d*Edit,
Tavis de la Commission feroit de placer à côté de chaque
article les observations que vous venez d'entendre, 6c de
mettre ainsi fous les yeux de Sa Majesté Tefprit 6c la lettre
du Règlement proposé. Mais comme il est susceptible de
diicusíion, 6c que d'autres plans pourroient agréer davan*
rage au Législateur, il paroît expédient de demander, au
nom de l'Aíìemblée, à M. le Garde des Sceaux des con-
férences, dans lesquelles, en présence de ce Chef de la Jus-
tice ou de telles autres personnes qu'il jugeroit à propos,
Tafraire de la Librairie leroit traitée à fond par les Com-
missaires du Clergé, de manière qu'il pût intervenir à ce
sujet quelqu'arrangement définitif avant notre séparation.
Enfin le Clergé a toujours éievé la voix contre l'usasre des
permissions tacites dont les inconvénients font palpables
6c les avantages presque nuls. Plus d'une fois aussilil a de-
mandé que Texamen de tout Ecrit quelconque où Ton
parleroit, même indirectement, de Religion 6c de, morale,
fut renvoyé aux Censeurs de Théologie ; précaution d'au-
tant plus indispensable , que la voix publique nous dé-
nonce fans cefle plusieurs Ouvrages de Physique, d'His-
toire ou de Jurisprudence, comme étant souillés du venin
de Tincrédulité. Voici fans doute, Mefleigneurs 6c Mes-
,
sieurs, une occasion favorable de renouvelle!" vos démar-
ches 6c représentations fur l'un 6c l'autre objet. Nous
avons donc Thonneur de vous proposer :
1 °. De présenter au Roi un Mémoire, dans lequel,
après
savoir remercié de Tattention donnée aux plaintes du
Clergé, concernant la Collection complète des OEuvres de
Voltaire,.Sa Majesté feroit très-humblement suppliée de
vouloir bien mettre un frein aux désordres de la Librairie
î jZ P&OCES-VEKBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNERALE

par un Ptéglement général, conforme aux plans proposés


par les Aflemblées de 1780 6>C 17S2., ou par telle autre
Ordonnance que Sa Majesté jugeroir à propos d'arrêter
dans la sagesse de ses conseils.
2.0. D'insérer, dans le Mémoire adressé au Roi, le projet
d'Edit, rédigé par l'Aíìemblée de 1781, d'áprès les bases
posées par celle de 1780 en joignant à chaque article des
,
observations sommaires qui en faflent de plus en plus con-
noître Tesprit 6c les vues.
30. De demander à M. le Garde des Sceaux, au nom
de TAflemblée, des conférences dans lesquelles Taffaire de
la Librairie, en ce qui concerne la Religion 6c les moeurs,
feroit discutée à fonds par Messieurs les Commissaires du
Clergé, en présence de ce Chef de la Justice, ou de telle
autre personne nommée à cet ester, de manière qu'il pût
intervenir sur cette branche d'administration, quelque Rè-
glement définitif avant la cessation des Séances de TAs-,
semblée.
40. D'insister en même-temps auprès de M. de Miro-
mesniì, sur la nécessité de supprimer, ou du moins de res-
treindre, ou de modifier Tu sage des permissions tacites;
comme auííi de renvoyer pardevant des Censeurs nommés
pour la Théologie, l'examen de tout Ouvrage quelconque,
où Ton parleroit, même indirectement, de Religion &: de
la règle des moeurs.
Le Rapport fini TÂssemblée applaudissant aux réfle-
,
xions proposées par Monseigneur TArchevêque d'Arles,
a délibéré :
i°. De présenter au Roi un Mémoire, dans lequel,;
après savoir remercié de Tattcntion donnée aux plaintes
du Clergé, concernant la Collection comnlete des OEuvres
de "Voltaire, Sa Majesté feroit très-humblementsuppliée de
vouloir bien mettre un frein aux désordres de la Librairie
par un Règlement général, conforme aux pians proposés
par les Assemblées de 1780 & 1781, ou par telìe autre
Ordonnance que Sa Majesté jugeroit à propos d'arrêter
dans la fao;esie de ses conseils.
z°. D'insérer dans le Mémoire, adressé au Roi, le projet
d'Edit
'BU CLERGÉ DE FRANCE l % JUILLET 17S/. "155
d'Edit rédigé par l'Assemblée de 1781, d'après les bases
posées par celle de 1780,en joignant à chaque article des
observations sommaires qui en fassent de plus en plus con-
noître Tefprit 6c les vues*
3 Q. De demander à M. le Garde des Sceaux, au nom
de l'Assemblée, des conférences dans lesquelles Taffaire de
la Librairie, en ce qui concerne la Religion 6c les moeurs,
feroit discutée à fond par Meilleurs les Commissaires du
Clergé, en présence de ce Chef de la Justice, ou de telle
autre personne nommée à cet effet, de manière qu'il pûc
intervenir sur cette branche d'administration quelque Rè-
,
glement définitif avant la cessation des Séances de l'Aí-
ìemblée.
40. D'insister en même-temps auprès de M. de Miro-
nefnil, fur la nécessité de supprimer, ou du moins de res-
treindre 6c de modifier Tufage des permissions tacites, com-
me aussi de renvoyer pardevant les Censeurs nommés pour
la Théologie, Texamen de tout Ouvrage quelconque, où.
l'on parleroit, même indirectement, de Religion 6c de la
règle des moeurs.
Messeio-neurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 4 Juillets
à dix heures du matin.
Signé yfe E. C. Arch. de Toulouse, Président.

DU LUNDI, QUATRE JUILLET 178/;


à dix heures du matin.

Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président:

MOnseigneUr TArchevêque de Narbonne a remercié XXX


'SÉANCE*
l'Assemblée de Tintérêtqu'elle avoit bien voulu pren*
dre à son indisposition.
Meíleigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour lç
Procès-verbal de 178/. T,
154 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Temporel ont pris le Bureau. MonseigneurTArchevêque ;
J
d'Aix, Chefde la Commission, a dit:
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
L'Assemblée de 1780 avoit cru devoir mettre sous les
yeux du Roi 6c des Ministres les moyens qu'elle avoit
jugés les plus propres à remplir les vues de l'Eglife 6c de
TEtat, pour la conservation des Bénéfices, 6c pour le repos
des familles des Bénéficiers.
Ses Démîtes furent chargés de présenter à M. le Comte
de Maurepas, à M. le Garde des Sceaux 6c à M. Ameiot
un Mémoire, concernant la réforme des Economats 3 6C
Monseigneur le Cardinal de la Rochefoucauld, Adjoint à
la députation, témoigna que, dans la conférence tenue fur-
ies objets du Mémoire, on étoit entré dans les plus grands
détails, que les représentations avoient été favorablement
accueillies, 6c que le Chef de la Magistrature 6c les Mi-
nistres avoient paru disposés à adopter les arrangements
projettes, 6c proposés par TAflemblée.
M. le Garde des Sceaux écrivit dans ces termes à Mon-
seigneur le Cardinal de la Rochefoucauld :
« Sur ce qui concerne les réparations des
Bénéfices 6C
33
les successions des Bénéficiers, Sa Majesté me charge de,
53 marquer
à Votre Eminence qu'Este prendra en considé-
33 ration
le Mémoire de TAflemblée, &C qu'elle fera con-
33
noître incessamment ses intentions, de manierc à remplir
v les voeux du Ciergé fur les principaux articles qui for-
33 ment
Tobjet de ses demandes. 33
Nous n'avons point encore reçu de réponse, 6c nous ne
devons pas nous en plaindre. Nous demandons des chan-
gements dans une administration intéressante; nous solli-
citons une Loi nouvelle. Un Gouvernement sage n'adopte
point des changements fans examen, 6c les longues réfle-
xions qui préparent la Loi, peuvent seules en aíìurer Texé-
cution.
La régie actuelle des Economats, est dénoncée depuis
lóng-temps par une opinion générale & constante. Ori a
'DU CLERGÉ DE FRANCE, 4 JUILLET 1785 ï re-
pris le plus sensible intérêt au projet de réforme annoncé
par la derniere Assemblée. On n'en a point connu les
moyens ; on ne les a point examinés. La feule annonce
d'une réforme dans la régie des Economats, a paru méri-
répondre .
ter Tatteiition, 6c aux désirs du public.
Mais il est aisé d'accuser les abus : il est difficile d'in-
diquer les remèdes. On s'accorde fur la nécessité d'une ré-
forme. On se partage sur les moyens. On a multiplié les
projets. II a fallu les connoître 6c les comparer pour en ap-
précier les avantages 6C les inconvénients.

II ne s'agit plus aujourd'hui d'annoncer des change-
ments ; il s'agit de les exécuter. Notre tâche est d'applanir
les obstacles qui peuvent prolonger les délais, 6c s'opposer
aux réformes ; c'est un triste avantage que celui d'élever
des plaintes ; c'est un noble privilège que celui de réfor-
mer des abus. Nous pouvons guérir par dégrés, des maux
auxquels une longue habitude semble avoir prêté fa force,
6c qu'un moment ne peut pas détruire. Nous devons subor-
donner notre zèle à ces sages convenances, qui mettent
des bornes au bien qu'on veut faire pour en aflurer le suc-
cès 6c qui préparent celui qu'on;siie fait pas. Les plus
,
louables projets ne s'exécutent pas dans toute leur étendue 5
6c ils n'en font pas moins utiles, quand leur exécution
modifiée par les circonstances, devient plus assurée 6c plus,
durable.
Nous vous proposerons de nommer des Députés, pour
demander à M. le Garde des Sceaux 6c à M. le Baron
de Breteuil, qu'ils veuillent bien communiquer à l'Assem-
blée les intentions de Sa Majesté, 6c poursuivre avec eux
une correspondance nécessaire, qui doit mieux nous faire
connoître, 6c les difficultés à vaincre 6c les moyens
,
utiles.
Nous attendrons leur réponse avec la confiance que
doivent nous inspirer les annonces favorables consignées
dans les Registres de vos Assemblées.
Le Rapport fini, l'Assemblée, adoptant Tavis de la
Commission, a prié Monseigneur TArchevêque d'Aix
,
Monfeign.etu: l'Evêque de Troyes, 6c Messieurs liss Abbés
T %
vy6> PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de Rouvenác 6c de la Myre, de voir M. le Garde' dès
Sceaux 6c M. le Baron de Breteuil, de les engager à cotn-
muniauer à" TAflemblée les intentions du Roi fur Tobjet
des représentations du Clergé, ô£ de suivre avec eux une
correspondance, qui puiîle faire connoître les difficultés
à vaincre 6c les moyens utiles à employer. Monseigneur
,
TArchevêoue de Narbonne a été prié de se joindre à Mes-
seigneurs 6c Messieurs les Députés, pour asiurer le succès
de leurs représentations.
Monseigneur TArchevêoue d'Aix a dit, que la Corh-
mission s'étoit occupée des plaintes de quelques Assem-
blées Provinciales, concernant les aliénations des biens
d'Eglise 3 le rapport en a été fait ainsi qu'il suit.
MESSEÏGNEURS ET MESSIEURS,
NOUS sommes les dépositaires des biens de l'Eglife, 6c
nous devons veiller à leur défense. Les Fondateurs qui
nous transmirent leurs dons à perpétuité, n'ont point mis
de terme à nos obligations3 6c dans tous les temps, on a
compté parmi les aólions dignes de censure , Toubli des
intérêts du corps auquel on appartient. Mais combien ce
devoir devient plus important encore pour notre minis-
tère, quand les biens, dont la conservation fut confiée à
nos foins, font, par leur nature , destinés à acquitter les
droits sacrés de la Religion 6c de Thumanité ?
Plusieurs Provinces réclament en ce moment le secours
de votre zeie, pour mettre les possesiions de l'Eglife à fa-
bri des dangers qui les menacent. ìl feroit inutile d'exci-
ter vos alarmes, si les attaques contre lesquelles nous avons
à les défendre, portoient un caractère visible d'invasion ou
d'injustice : elles font d'autant plus dangereuses, que, s'é-
levant du sein même du Clergé elles íe présentent sou-
,
vent revêtues du motif reípeófable de futilité publique.
Les facilités que les Titulaires trouvent à faire autori-*
fer les aliénations des biens-fonds de leurs Bénéfices, les
abus dont ces opérations font toujours accompagnées, en-
fin ies conséquences funestes qui peuvent en résulter pour
DU CLERGÉ DE FRANCE, 4 JUILLET 178/. IJ7
TEgìise, sont les maux contre lesquels les Provinces atten-
dent de la sagesse de cette Aflembîée un remède efficace.
Les principes de l'Eglife fur les aliénations des biens
ecclésiastiques, ont été les mêmes dans tous les temps, 6c
les Loix n'ont pas plus varié que les principes. La néces-
sité, ou une grande utilité furent les seuls motifs qui
,
pouvoient autoriser les aliénations. Dans les premiers sié-
cles du Christianisme, les Evêques avoient la libre admi-
nistration des biens ecclésiastiques; TEgliieie repoíoit, fans
crainte fur leur sollicitude pour donner aux biens que
,
les fidèles lui avoient cédés la forme la plus convenable
,
pour les rendre plus utiles au service des Autels 6>C au
soulagement des Pauvres. On peut assurer, Mesteigneurs
6c Messieurs, que les aliénations étoient Touvrage de la
plus urgente nécessité, 6c non le simple effet d'une dis-
position libre 6c arbitraire.
L'Eglife cependant crut devoir mettre des bornes au
pouvoir même des Evêques, fur Taliénation des biens ec-
clésiastiques 5 nous en trouvons la preuve dans les règles
sévères du cinquième Concile de Carthage. Les Ordon-
nances des Empereurs, conformes aux Canons des Con-
ciles, ont, de toute antiquité, cherché à mettre les biens-
fonds de TEglife à l'abri des aliénations 6c indiqué la
nécessité 6c la grande utilité, comme les , seuls cas d'ex-
ception favorable.
Les Jurisconsultes marquent une époque plus récente
aux obstacles par lesquels TEglife Gallicane eflaya d'ar-
rêter ces abus. La sagesse de nos prédécesseurs leur avoit
fait sentir que les aliénations pouvoient être quelquefois
utiles à TEglife ; mais ils n'avoient recours à cesjiioyens,
que comme à dès remèdes dangereux,,, qu'une main sage
applique pour rappeller la vie dans un corps qui s'épuise,
6c dont Timprudence ou la légèreté peut faire un usage
funeste.
Telles furent, dans tous les temps, les dispositions des
Loix ecclésiastiques 6c civiles: la nécessité ou futilité de
Taliénation devoit être prouvée ; elle devoit être précédée
d'une information de la part du Supérieur ecclésiastique.
ÌJS PRQCBS-VÊRBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

« Si telle est la nécessité, dit TEmpereur Léon, si les bé-


es
foins ou futilité de TEglife exigent une aliénation de ses
S3
fonds ou de [es revenus, il faut prouver la raison de la
53
nécessité j il faut qu'elle soit discutée dans Tasscmblée des
53
Prêtres j il faut que la vente ou la transaction soit rati-
e3
fiée par leur signature, sinon la vente ou la transaction
53
sera sans force 6C fans effet. 33 Les dispositions des Con-
ciles ne font pas moins sévères. Le Concile de Senlis s'ex-
prime en ces termes ; « II n'est libre à personne d'aliéner
?3
les immeubles de TEglife, ou de les grever d'une hy-
S3
theque spéciale. Nous entendons par aliénation toute
,
33
condition, échange 6c emphytéote perpétuel ; nous or-^
.w
donnons à tout Prêtre de s'abstenir de ces aliénations,
» fous les peines portées par la
Constitution de TEmpe-
53 reur
Léon. 35
Vous n'ignorez pas, Messeigneurs 6c Messieurs, quelles
ont été les réclamations plus récentes du Clergé contre les
aliénations s vos Mémoires en offrent des exemples mul-
tipliés. Ces réclamations ont été soutenues par les efforts
que le Clergé n'a ceflé de faire, pour rentrer dans les fonds
que lui avoient enlevés des aliénations auxquelles une puis
fance supérieure Tavoit obligé.
Les Loix auxquelles les Conciles avoient soumis les alié-
nations, étoient fondées fur ce principe, que les biens ec-
clésiastiques appartiennentà TEglife & non aux Bénéficiers.
«Un Evêque, dit le Concile de Carthage, doit uíèr
33
des biens de TEglife comme d'un dépôt, 6l non comme
?y
d'une propriété. » Une possession de TEgliíe ne peut être
aliénée, sans le consentement du Corps qui la représente:
TEglife assemblée a délégué ses pouvoirs aux Evêques*
comme tuteurs-nés des biens de leur Diocèse, 6í particu-
lièrement intéressés à leur conservation. « II est défendu par
33
les Conciles à tous Abbés, Prêtres 6c autres Ministres^
33 de rien
aliéner, ou obliger de ce qui appartient à TEglife
33 ou au
saint Ministère, fans la permission signée de TE-
33
vêque Diocésain. 33 Le Titulaire d'un Bénéfice n'eíì:
qu'un usufruitier, dont les pouvoirs se bornent, relative-?
ment aux aliénations, à la faculté de représenterJes besoins
DU CLERGÉ DE FRANCE* 4 JUILLET 17% 5 i tS9
de son Bénéfice à celui que le Corps entier des Pasteurs a
choisi pour en connoître.
Tous les Jurisconsultes modernes ont soutenu la né-,
ceílité de Tintervention de TEvêque dans Taliénation des
biens-fonds de TEglife. « Comme les unions, difoitM. Ta-
»
ion en 1664, font, en quelque forte, réputées des alié*
33 nations, on ne peut y procéder fans l'autorité de TEvê*.
33 que.
Et c'est un des articles principaux des Libertés de
33
TEglife Gallicane difoit encore ce célèbre Magistrat,
>
>•>qu'aucun changement ne peut être fait dans les Bénéfices
33 par
l'autorité du Pape, fans que ses Bulles ne contien-
33 nent une délégation in partibus * afin de reconnoître 6C
33 conserver l'autorité des Evêques, 6c qu'il ne se passe rien
33
sans leur agrément. s>
Jusqu'à présent TEglife se conduisoitd'aprèsses propres
principes, dans Taliénation de ses biens3 elle décidoit elle-
même de la nécessité de cette opération elle y procédoit
>
aux conditions qui lui fembloient convenables : la permis-
sion de TEvêque, précédée d'une information de sa part
fur la commodité ou incommodité de Taliénation don-
,
noit aux motifs qui la déterminoient, une authenticité qui
ne laiíloit plus craindre les dangers d'une avidité fraudu-
leuse ou d'une vaine dissipation.
Ces, principes d'administration, Messeigneurs 6c Mes-
sieurs fruit de la sagesse de nos prédécesseurs, font ren-
,
versés par des formes nouvelles. Une Puissance étrangère,
décide feule fur Tavantage des aliénations3 elle autorise les
Bénéficiers à les entreprendre, elle en fixe les conditions5
6c TEglife, non instruite 6c non consultée, est privée d'un
pouvoir qui semble émaner de la destination même de ses
biens, 6c que lui donnent toutes les Loix ecclésiastiques
6c civiles.
Les Pères de TOratoire de Nevers ont vendu, en 1783;
une partie de leur maison sur de simples Lettres-Patentes,
fans enquête de commodo SG ìncommodo de la part de TOr*
dmaire. Le Parlement, à la vérité, ordonna qu'il feroit fait
une information, 6c que les Seigneurs directs qui pour-
roient prétendre quelques droits, feroient entendus. Les
\6& PRGchs^VERBÂL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRAZS
-djoits des Seigneurs font respectés, ceux des Evêques font
•méconnus : dans toute la procédure il n'est nullement ques-
tion de la Jurisdiction épiscopale 3 on la néglige, on Tou-
blie, 6c les Ecclésiastiques qui la bravent, font justifiés par
le silence du Conseil 6c des Cours Souveraines.
Les Religieux de TAbbaye de la Couture 6c feu Mon-
seigneur -TArchevêque d'Embrun, ancien Abbé, ont con-
sommé, d'après les mêmes principes, Taliénation de plu-
sieurs maisons 6c terreins, situés dans la ville du Mans*
Nous avons les mêmes reproches à faire aux Augustins de
Limoges 6C de Saint-Pierre-le-Moutier., Diocèse de Ne-
vers., ainsi qu'aux Cordeliers de Limoges 6c de Ville-Fran-
che, Diocèse de Rodez. Les exemples se multiplient, le
mal s'étend avec rapidité, 6c la Jurisdiction épiscopale sera
bientôt anéantie. L'oubli de ses droits précieux a jette Ta-
larme dans les Provinces 3 6c les Loix, à Tombre desquelles
reposent depuis tant de siécles les possessions de TEglife,
doivent être Tobjet particulier de toute attention. S'il est
une circonstance où TEglife soit autorisée à faire valoir les
droits d'une Jurisdiction consolidée par une si longue jouis»
sance, c'est lorsqu'il s'agit d'assurer aux pauvres le gage de
leur subsistance, à la Religion Tentretien de ses Ministres
6C Texistence de ses Autels.
Quelle triste perspective s'ouvi'iroit devant vous, Mes-
seigneurs 6c Messieurs si dans le même temps où les Loix
,
interdisent à TEglife Tacquisition des biens-fonds, ceux
dont elle est en possession doivent échapper de ses mains
au gré des Titulaires, auxquels elle en a abandonné la jouis
íance ! Quel frein pourra-t-on opposer à Taveugle cupidité,
si. les Evêques font fans pouvoir, 6c les Loix canoniques
lans effet ì Dans quel ordre de la société est-il plus néces-
saire de lier les particuliers par les formalités, que dans
celui même où des possesseurs usufruitiers semblent avoir-
un intérêt personnel contraire à celui de TEglife, 6c ne
peuvent se défendre de leurs propres impressions, que par
leur zèle & leurs vertus?
II est établi en principe que le témoignage de celui qui
.
veut aliéner ne sert de rien , si Tutilité n'est évidemment
prouvée ;
DU CLERGÉ DE FRANCE* 4 JUILLET 178)'. Í6Î
prouvée : Nonflatur assertioni alienantis* militas débetplene
probari. (Barbosà) II est dans Tordre de la justice que tous
ceux qui font intéreflés dans une affaire soient appelles, 6£
entendus avant de là consommer. La voix des Evêques
doit exprimer le voeu de TEglife, qui les a spécialement
chargés de fa défense, c'est pardevant eux que doit se
faire d'abord cette preuve de futilité de Taliénation, puis-
qu'ils font les Juges naturels des besoins des Eglises 3 6c la
faine raison, 6c la justice ramènent squs le joug des Loix
canoniques les Bénéficiers prêts à sacrifier les intérêts de
leur Bénéfice, 6c à violer les devoirs de leur état*
L'aliénation des biens ecclésiastiques n'affecte pas feu-
lement Messeigneurs 6c Messieurs, les intérêts de TEglife :
,
considérée sous des rapports plus étendus, elle intéresse
tous les ordres de la société. Les possessions territoriales de
TEglife font le gage des Prêteurs qui vous ont confié une
partie de leur fortune, 6c chaque aliénation affecte sensi-
blement la fureté des fonds déposés entre vos mains. Si
ces aliénations s'étendoient aflez pour nuire à votre crédit,
avec quelle peine ne vous verriez-vous pas obligés de re-
noncer au plan d'administration que vous avez adopté >
C'est cette administration bien ordonnée, qui vous donne
le privilège d'ostrir souvent de puissants secours à la Pa-
trie, 6c vous adoucissez le poids des charges, en les faisant
supporter plus long-temps à des biens-fonds, dont la per-
pétuité devient la véritable garantie de vos obligations.
Ces aliénations, qui ne doivent être fondées que fur la
nécessité ou fur la plus grande utilité de TEglife, font sou-
vent déterminées par les motifs les plus contraires à Ces
intérêts. Un Bénéficier se plaint de ne pas trouver dans la
succession de son prédécesseur, des fonds suffisants pour
fournir aux réparations nécessaires à son Bénéfice. 11 sent
bien que ses revenus font affectés à cette dépense; il veut
se libérer d'une obligation qui le gêne 3 il impose à TE-
glife un sacrifice qu'il ne veut pas faire lui-même, 6c Ta-
liénation d'une partie de son Domaine supplée à des
,
charges qu'il ne veut pas remplir.
La nature des biens oblige à quelques dépenses pour
,;;,,
-* Procès-verbal de 178J. U
sëz PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
leur entretien -, des rentes en argent offrent au Titulaire
un revenu plus considérable, on n'examine pas fi ce chan-
gement affecte la solidité du Bénéfice , §6 Taliénation des
fonds est décidée.
La négligence 6c Tavidité des Bénéficiers deviendront
cgalement funestes a TEglife > 6c anéantiront son patri-
moine 3 fi vos réclamations, Messeigneurs 6c Messieurs,
n'arrêtent le cours de ces abus. Les Provinces gémissent
déjà de ces infractions multipliées des Loix, 6c vous sa-
vez que les exemples dans tous les genres, deviennent des
régies puissantes pour ceux qui ont assez de crédit pour
les faire valoir. Les réclamations particulières des Evê-
ques ont plus d'une fois été fans ester 3 c'est aux Assem-
blées-Générales qu'il appartient d'opposer une barrière
aux désordres. II faut qtte les Bénéficiers qui seront ten-
tés de se jouer de l'autorité épiscopale, sachent qu'ils doi-
vent compte à leur Corps assemblé, de Texécution de Ces
Loix qu'ils auront violées 6c du maintien de ses intérêts
,
qu'ils auront trahis.
Les mêmes vues pour le bien général de TEglife, doi-
vent aussi vous déterminer, Meíleigneurs 6c Messieurs,
à renouveller vos instances pour obtenir la révocation de
ì'article j de la Déclaration du z6 Mai 1774, portant,
«que les gens de. main-morte qui rentreroient dans les
« fonds donnés à cens 6c rentes perpétuelles, seront tenus
*>
d'en vuider leurs mains dans Tan 6c jour, 6c ne pour-
•» ront: retenir autres 6c
plus grands droits que. ceux aux-
» quels ces fonds étoient assujettis* » 11 est difficile de déV
couvrir les raisons de cette prohibition. Lorsque ces ren-
tes & rédevances ont été créées, elles étoient proportion-
nées à la valeur des fonds & des denrées : cette.double
valeur a changé par les progrès du temps 3 il est nécessaire
qu'une composition nouvelle s'accroisse dans une propor-
tion relative au temps 6c aux circonstances.
ïl existe, Messeigneurs ,& Messieurs, tine autre, eípeçe
<de biens, qui fans être aussi particulièrement/soumise à
,
votre Jurisiiiction, n'en doit pas moins intéresser votre
DU CLERGÉ DE FRANCE* 4 JUILLET 1783-* têy
zèle, par les objets importants auxquels ils font destinés».
L'Edit du Roi concernant la vente des immeubles des
Hôpitaux, 6c donné à Versailles au mois de Janvier 1780*
a, des la même année, excité, de la part du Clergé , des
réclamations, qui se trouvent consignées dans le Procès1*
verbal de ses Assemblées. Nous croyons nécessaire de vous
rappeller en ce moment les principales dispositions de cet
Edit, pour vous en faire mieux sentir les conséquences
dangereuses.
Le Roi s'étant fait rendre compte de la situation des
finances des divers Hôpitaux du Royaume, a vu avec
peine que le plus grand nombre n'avoit pas des revenus
proportionnés à ses besoins 3 ce qui meteoit ces Maisons
dans la nécessité, ou de restreindre ses oeuvres de bienfai-
sance, ou de solliciter fréquemment les secours du Gou-
vernement. Sa Majesté ayant remarqué qu'une partie de
leurs capitaux consistoit en immeubles, forte de biens qui
ne procurent jamais qu'un très-modique revenu, a cru
pouvoir augmenter les ressources applicables au soulage-
ment des pauvres, fans donner atteinte à la fureté de leurs
Capitaux, en autorisant les diverses Administrations d'Hô-
pitaux, à procéder, à mesure d'occasions convenables, à
la vente des immeubles dont ils font en postession.
Le produit de ces ventes doit être, par préférence, ap-
pliqué au remboursement des dettes des Hôpitaux, ou aux;
nouvelles constructions de lieux claustraux, que Sa Ma-
jesté auroit autorisées, 6c le reste placé dans les effets pres-
crits par TEdit de 1749 ou versé dans la caifle générale
,
des Domaines»
Les intérêts doivent être payés tous les trois mois fans
aucune retenue, 6c spécialement affectés fur tous les re-
venus des Domaines : on assure encore le dédommage-
ment 6c Taugmentation progressive que Ton peut espérer
dans la valeur des immeubles en augmentant tous les
,
vingt-cinq ans par un nouveau contrat Tengagement
, ,
pris avec chaque Maison Hospitalière.
La Religion 6c la charité souscrivent avec empresse*
ment, Messeigneurs 6c Messieurs, à des dispositions qui
U %
s 6 4 PROCÈS- VERBAL DE LAS SEMBLÉE-GÉNÉRALE
semblent favorables à Tinrortune 3 6c la raison balances
lorsqu'elle croit devoir en prévenir les suites. .Mais les chan-
gements que cet Edit prépare dans Tadministration 6c la
nature des biens des pauvres, íont trop importants , pour
ne pas attirer la surveillance de votre ministère. On vou-
•droit en vain contester votre compétence dans Texameii
.
-de Tutilité de cet Edit : tout ce qui peut intérester la cha-
rité est; essentiellement lié à vos devoirs 3 6c si nous con-
,
sultons les monuments des siécles chrétiens, nous verrons
toujours les hospices des pauvres élevés à sombre des Au-
tels 6c ceux que le siécle abandonne, venir chercher dans
,
le Sanctuaire des conseils 6c des appuis.
Sans doute, Messeigneurs & Meilleurs, il fera toujours
iiéceílaire 6c utile d'augmenter les ressources applicables
au soulagement des pauvres j mais il ne faut pas aliéner
tous les biens de TEglife, parce qu'ils font tous spéciale-
ment consacrés, à soulager les indigents. Ce n'est pas là ie
cas de néçeíìité qu'avoient prévu les Loix Canoniques ,
dont les Ordonnances du Royaume ont adopté les figes
dispositions*, elles n'ont point indiqué comme une ex cep-*
tion, ce qui forme le plus eílentiel de nos devoirs* la des-
tination primitive &C néceslaire des biens consacrés à Dieu
6c confiés à ses Ministres, ne peut être Tobjet de Ycxcc^
tion. Si quelque épidémie cruelle augmente sensiblement
le nombre des malades, si Thòfpice des pauvres devient
Ja proie des flammes, non-feulement TEglife abandonnera
ses biens au siécle, elle dépouillera même ses Autels, 6c
les Vases consacrés à ses saints Mystères, serviront à mul-
tiplier les secours qu'elle ira déposer dans le sein de Tin-
digence.
Les pauvres.& les malades n'exigeoient point en 1780,
ces secours extraordinaires. Nulle preílante nécessité n'avoit
forcé les Hôpitaux à renoncer à leurs immeubles, clans u o
moment où les poileífions territoriales avoient reçu une
nouvelle augmentation de valeur, 6c pouvoient-offrir à
la charité des secours abondants pour la miíere. íl n étoit
poi.nt.de la sageííe de TAdministration de recourir, au mi-
lieu des prospérités publiques., aux dernieres .ressources que
Du CLERGÉ DE FRANCE* 4 JUILLET 1783*. ì6y
TEglife a constamment réservées pour les temps de ca-
lamité.
Nous n'avons pas besoin, Messeigneurs 6c Messieurs
-,
de rechercher dans les exemples des temps qui nous ont
précédés, des autorités toujours déterminantes pour TE-
glife en appliquant à là cause des pauvres les principes
,
de sagesse les plus communs. II n'est point de Propriétaire
qui ne fente Tavantage de transformer des immeubles d'un
revenu médiocre, dans des rentes qui Tenrichissent. Quelle
est la voix secrète qui Tarrête, qui lui fait craindre des
échanges qui semblent utiles à ía fortune 6c qui laifle
,
subsister dans toute son étendue la valeur des posiessions
territoriales? L'Eglife a compris dans tous les temps que
Timmobilité de ses poílessions étoit le gage le plus assuré
de leur conservation 6c elle a rejette constamment uri
,
fystême d'administration, qui tend à sacrifier des intérêts
durables à des avantages d'un moment.
Ce n'est point trahir la cause des pauvres, que de leur
refuser des secours plus étendus, pour leur assurer des éta-
bliílements plus solides. 11 est des circonstances dans lefc
quelles une sage économie est forcée de contrarier les sen-
timents auxquels il est le plus doux de se livrer. On assoi-
blit le patrimoine des pauvres pour Taccroître \ Tappas d'un
gain présent hazarde les secours destinés aux générations
à venir • 6c Tadministration de la charité, toujours fige 6c
prévoyante à Tombre des Loix de TEglife, adopte les prin-
cipes d'une indiscrète.prodigalité.
L'Edit semble accuser une administration collective 6c
changeante comme insunsisante pour la simple régie de ces
*
mêmes biens, dont on ne craint pas de laisser à fa volonté
ìa destination la plus importante 6c la plus dangereuse. 11
est du moins à désirer qu'on oppose aux aliénations tous
les obstacles qui peuvent provenir d'une autorité légiti-
mement établie, 6c nous devons réclamer le ministere.de
TEpifcopat comme une fauve-garde précieuse à f humanité.
Les Loix du Royaume ont donné aux Evêques des coopé-
rateurs qui veillent avec eux à là dispensation des revenus
des Hôpitaux: f étendue des besoins des pauvres a rendu
5&6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ces secours utiles 6c nécessaires j mais quand il s'agit de
dénaturer des biens consacrés par la piété des fidèles, Ô£
pour la .plupart composés de Bénéfices unis aux Maisons
de Charité :par l'autorité ecclésiastique, il est juste que les
Loix Canoniques reprennent leur vigueur, 6c Tinterven-
tion des Evêques devient indispensable.
NOUS sommes instruits, Meíleigneurs 6c Messieurs, par
des exemples trop souvent renouvelles, à quel point il est
dangereux de lier le fort des Hôpitaux au cours des évé-
nements publics , nos inquiétudes doivent être propor-
tionnées à Timportance de Tobjet qui nous occupe, 6c la
vigilance de TEglife, fur la conservation des biens des pau-
vres, doit être lans bornes, comme la charité qui doit en
diriger Tufage. La Religion ne verra point fans alarme,
lepatrimoine des pauvres passer dans des mains étrangères
à leur administration. Lesbiens-fonds des Hôpitaux jouis-
sent de grands privilèges qui augmentent leur valeur 3 ils
présentent la solidité nécessaire à ces établissements utiles,
6c assurent des resiources immenses dans les temps de cala-
mité. Les effets publics au contraire n'ont aucune de ces
qualités essentielles à des établislements dont la perpétuité
est fondée fur les besoins de Thumanité*. ils n'offrent, fous
des apparences plus séduisantes, qu'un jeu hazardeux, au-
quel il n'est pas permis de risquer le pain des indigents.
Ne craignons pas, Messeigneurs 6c Messieurs, d'étendre
trop loin nos conjectures 6c nos craintes 5 Taliénation des
biens des pauvres exige Texamen le plus approfondi, 6c la
sagesse consiste presque toujours dans fart de prévoir les
abus ou les malheurs. L'aliénation des biens-fonds des Hô-
pitaux lemble annoncer leur destruction 6c ne prépare
,
pas les moyens utiles par lesquels la charité publique pour-
vois suppléer à leur établissement.
NOUS dénonçons à votre sollicitude :
Premièrement, les aliénations des biens ecclésiastiques
comme une source d'abus, funestes'à TEglife, tant qu'on
y procédera fans Tintervention des Evêques.
Secondement, Tarticle j de la Déclaration dx\ z6 Mai
DU CLERGÉ DE FRANCE * 4 JUILLET1785. 167
1774, comme portant une lésion sensible aux intérêts du
Clergé.
Troisièmement, les dispositions de TEdit du mois de
Janvier 1780, fur Taliénation des immeubles des Hôpi-
taux, comme préjudiciables à leurs intérêts 6c à leur con-
servation.
Nous VOUS proposerons :
i°. De demander une Déclaration, qui en confirmant,'
en tant que de besoin, toutes les Loix ci-devant rendues,
au sujet des aliénations, des emprunts 6c remboursements,
contiendroit défense à tous Bénéficiers, Corps ecclésiasti-
ques séculiers 6c réguliers , exempts 6c non exempts , de
faire aucune aliénation d'immeubles, par voie d'échange,
de vente, d'atrentementou de bail emphytéotique, à peine
de nullité, fans qu'au préalable TEvêque Diocésain n'y ait
donné son consentement dans les formes canoniques 6C
civiles.
zQ. De renouvelles vos instances pour obtenir la révo-
cation de Tarticle y de la Déclaration du x6 Mai 1774.
3°. De députer vers M. le Garde des Sceaux 6c M. le
Contrôleur-Général pour les prier de vouloir bien calmer
les inquiétudes &; les alarmes du Clergé, fur les inconvé-
nients que nous croyons inséparables de la vente 6c alié-
nation de la totalité des immeubles des Hôpitaux fans dis-
tinction, 6c sur le silence profond que cet Edit garde sur
la nécessité du consentement exprès de TEvêque Diocésain,
par rapporta toute aliénation particulière des biens 6c im-
meubles des Hôpitaux.
Le Rapport fini, TAssemblée, conformément à Tavis de
la Commission, a délibéré :
i°. De solliciter une Déclaration qui, en confirmant,
en tant que de besoin, toutes les Loix ci-devant rendues
au sujet des aliénations de biens d'Eglise, des emprunts
6c remboursements, contiendroit défense à tous Bénéfi-
ciers, Corps Ecclésiastiques séculiers 6c réguliers, exempts
ô£non exempts,.de faire aucune, aliénation d'immeubles,
par voie d'échange, de vente , d'arrentement ou de bail
emphytéotique, à peine de nullité, fans qu'au préalable
;$-6S PROC ES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
.TEvêque Diocésain n'y ait donné son consentement selon
les formes canoniques 6c civiles.
2.8.. De renouveller les instances dés précédentes Assem-
blées pour obtenir la révocation de Tarticle de la Dé-
j
claration du z 6 Mai i774c» interprétative de TEdit du
mois d'Août 1749.
3^. De prier Monseigneur TArchevêque d'Aix, Mon-
seigneur TEvêque de Troyes 6c Messieurs les Abbés de
,
Houvenac 6c de la Mire-Mory, de voir M. le Garde des
JSceaux 6c M. le Contrôleur-Général, 6c de leur faire con-
-noître les alarmes 6c les inquiétudes du Clergé fur les in-
convénients de la faculté de vendre 6c aliéner la totalité
des immeubles des Hôpitaux fans distinction, 6c fur le
silence profond que TEdit du mois de Janvier 1780 garde,
relativement à la nécessité du consentement exprès de TE-
vêque Diocésain, pour toute aliénation particulière des
biens 6>Cimmeubles de ces établissements.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
j
La Séance a été indiquée à demain Mardi, Juillet, à
idix heures du matin.

Signé Ì-J* ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Pri^


,
•mat de Narbonne,. Président.

DU MARDI, CINQ JUILLET 178 s>


à dix heures du matin.

Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.

XXXI ^k yfTEssieurs les anciens Agents ont continué la lecture


SÉANCE. JLY JLdu Rapport de leur Agence.
Le Procès-verbal a été lu 6c signés
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
^aiiler à leurs Bureaux.
14
DU CLERGÉ DE FRANCE* 6 JUILLET 178J. 169
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 6 Juillet,
à dix heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

r '
.
' ' ' '" 1

DU MERCREDI, SIX> JUILLET I78J;


à dix heures du matin.
Monseigneur TArchevêque de Toulouse, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires pour le xxxit


Temporel ont pris le Bureau. Monseigneur TAr- SÉANCE,
chevêque d'Aix, Chef de la Commission, a dit, que le
Bureau avoit examiné dissérentes assaircs, qu'il croyoic
convenable de mettre fous les yeux de l'Assemblée. En
conséquence il a été d'abord rendu compte, ainsi qu'il suit,
des plaintes du Chapitre d'Auxerre, imposé à la taille pour
raiíbn de ses dîmes.
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Le Chapitre d'Auxerre est Seigneur 6C gros Décima*
teur de la Paroisse de Chichery, dans la Généralité de Pa*
ris.. Ayant voulu, en 1782, faire lever par Ces mains les
dîmes de cette Paroisse, il fut compris dans le rôle des
tailles de 1783, pour une somme de 140 liv. s fols.
Le Chapitre fit assigner, au mois de Juillet de la même
année, les Collecteurs 6c Communauté de Chichery, en
TElection de Tonnerre, où il obtint, le 1 o Janvier 1784,
une Sentence , qui le décharge de la taille à laquelle il
avoit été imposé 3 ordonne que la cote sera rayée * fait
défenses aux Syndic, Collecteurs 6c Habitants de Chi-
chery, de comprendre à Tavenir le Chapitre fur le rôle
des tailles, tant qu'il fera valoir [es dîmes par ses mains
>
en conformant aux règlements ; enjoint
se d'imposer fur
la Communauté la somme de 140 liv. y Cols, qui avoic
Procès-verbal de 178/. Y.
IT70 PROC ES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
•f
été exigée, 6c celle de zj liv. 3 sols 9 den. pour dépens,1
6c accorde au Chapitre main-levée de ces deux fommes.-
Les habitants ont interjette appel de.cette Sentence en
la Cour des Aides de Paris, où Tastaire est au moment
d'être jugée.
Les moyens fur lesquels se fondent les- habitants ren-
,
dent cette assaire encore plus intéressante pour le Clergé.
Oa veut appliquer aux dîmes le dispositif de TEdit de
1667 : on prétend que cette Loi bornant Texemption de
taille pour les Ecclésiastiques 6c autres privilégiés au te-
llement de quatre charrues, on doit suivre la même rè-
gle pour la dîme, 6c qu'elle ne doit être affranchie que
dans la proportion de la valeur de quatre charrues que
permet TEdit de 1667 : on représente que le Chapitre
avoit plus qu'épuisé Tétendue de fon droit d'exemption,
en levant les dîmes fur les Paroisses de Gurgy, Monétau,
-Gravant &C Accolay, 6c qu'on avoit pu légitimement Tirri-
pofer pour la dîme de Chichery.
L'extension qu'on voudroit donner aux dispositions de
TEdit de 1667, par rapport aux dîmes, a été proscrite
par la Déclaration du 1 6 Novembre 172.3 , qui déclare
que, par les Règlements précédents, rendus fur le fait des
tailles, les Ecclésiastiques peuvent faire valoir quatre char-
rues d'un même manoir* outre les dîmes * prés * bois , vi-
gnes , étangs * óGc,
* Page 155. II'paroït par le Rapport d'Agence de 1775, * que
M. Tlntendant de Paris avoit fait rayer une taxe fen>
biable imposée sur les Chapitres de Mantes 6c de Beau-
vais. íl auroic été à désirer qu'il eût refusé son autorisa-
tion à la Communauté de Chichery, pour interjetter ap-
pel de la Sentence obtenue contre elle. Certe autorisation
donne lieu de craindre que les principes réclamés par cette
Communauté, ne s'introduisent dans Tadministration de
la Généralité de Paris.
Nous croyons donc, Messeigneurs 6c Messieurs, que
Tappel interjette par les habitants de Chichery, de la Sen*
tence de TEiecfion'de Tonnerre, du 10 Janvier 1784,
est aussi peu fondé, que les principes qui motivent ceç
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 JUILLET tyt's* ty%
appel, sont contraires à votre exemption -, 6c nous avons
Thonneur de vous proposer d'accorder vos bons offices.au
Chapitre d'Auxerre, 6c de nommer des Députés pour
voir M. de Barentin, Premier Président de la Cour des
Aides 6c M. Clément de Barville, Avocat - Général
chargé, de porter la parole dans cette astaire. ,
Le Rapport fini, Tavis de la Commission a été adopté.'
En conséquence Monseigneur TEvêque de Montpellier
,
6C Monsieur TAbbé d'Agouit, ont été priés de voir M. de
Barentin,, Premier Président de la Gour des Aides 6C
M. Clément de Barville, Avocat-Général, 6c ^'appuyer ,
auprès de ces Magistrats la demande du Chapitre d'Au-
xerre, contre les habitants de Chichery.
II a été dit ensuite :
- *;•
MESSEIGNEURS l
ET MESSIEURS;
Lé Chapitre d'Auxerre adresse ses plaintes à l'Assem-
blée, fur la demande des droits de Courtiers - Jaugéùn >
dont aux termes des Contrats du Clergé, il doit être
,
exempt fur les denrées provenant du cru de ses Bénéfices*
Les Offices de Jauge-urs ÓG de Courtiers, furent 'créés
pour exercer le droit de jauge-courtage. Les Offices ont
été supprimés, les droits font restés : ils font du nombre
de ceux qu'on appelle droits rétablis 6c font actuellement
,
partie de la Ferme des Aides.
Ces droits ont été rétablis par Edit du mois de Mars
1674, à Toccaíîon de la guerre 5 6c le Roi ayant déclaré
dans cet Edit, que tous ses sujets, fans exception, feroient
soumis à ce nouveau droit, on Texigea même des Ecclé-
siastiques. Mais le Clergé, assemblé à Saint-Germain-en-
Laye Tannée suivante 1 675, en demanda la décharge* 6C
le Roi ayant égard à la demande du Clergé , rendit, le
9 Septembre 1 675, un Arrêt, par lequel « il fait défense
M
à ses Fermiers des Aides, d'exiger des Ecclésiastiques
33
de son Royaume aucuns droits, soit anciens ou nou-
as veaux,
même ceux de Courtiers-Jaugeurs, dont Sa Ma-
jesté les décharge pour les vins, vendanges cidres^, 6C
9> ,
Y. *
PROCES'VERBM DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉP.ALE
njz
•53 autres boissons provenant du cru de leurs Bénéfices
>
s?
qu'ils feront transporter dans les Villes 6c lieux de leur

rélîdence 6c qu'ils consommeront ou vendront en gros,
,
» en quelque lieu que ce-foky 6c en cas que, pour ràiA
53
son de,ce,: les Fermiers eust^ntfak des saisies fur lef-
53
dits Ecclésiastiques:, Sa Majesté leur en fak pleine ÔTén*
**>trie^ei;rnáin-levée,^3:; :
-J. t;ì;> •-':.• ;/'.
Les-Préposes des. Aidés prenendlenfque:TEdit de t60,
.. c .
; • '---*

.
cn >*éïabHlfaiK-t/fe5*ifeêìiK.SL\=4rak®>. y a fournis tous" les^sú^
jets.du Rpi:,; ^ínómiíríéiBentilies. Ecclésiastiques , mlemè
jpourles^yjns ô£ autrés/bioiiLeris duerut de leurs Bénéfices^
IL ^st constant y çm\imer nouis Tápprennent vos-Procès-ver-
baux 6c le'Rapporf-deTAgence, de 17 3 o.-.iqu^ les- Ecc-M-
íiastiques n'ont pas plus acquitté ces; droits ^depuis cette
énoque, qu'auparavant. «.R est certain ( est-il dit page
:,, 1 8 o ,du iR'apport d'Agence,de 1730) qu'il fut fà-kqbeh-
ques entreprises contre les Ecclésiastiques à ce sujet, en
„^rrôniïqúen^e^ded'Edit du.:mois d'Avril 696'. Mais fur
1
les plaintes/ qui en'furent portées aufsir-tôtà Sa Majestés
v
.a,.M.&CQÌlci"oleuf-Générai. donna des ordres particuliers j
rìT-em VertUtdesquels le.
Ciergé, n'a pas. été inquiété jufqu'eii
Tannée-172,,Q..:s; ;.
.,,„
Les Assemblées de 1700 1.7o $ 1710" 6c 171 jde^
3:1 , ,
mandèrent en général que le Roi fit jouir les Bénéficiers
<le-Texemption des.droits d'aides pour les vins, cidres '6Z
autres boissons provenant du cru de leurs Bénéfices ,'S$
accordât à cet jeffet une Déclaration qui fût enregistrée
daris toutes les. Cours des Aides * 6c la réponse du Roi;fut
toujours,la même : UOrdonnance ÓG les' Reniements leur
Jontajp.7L favorables cG le Roi veut qu'ils oient exécutés.
*
j
Si. dans cet intervalle le Ciergé eût été soumis à des
droits dont il avoit été exempt jusqu'alors, il ne se feroit
pas.contenté de plaintes vagues & générales fur le fait des
Aides, il auroit. mentionné ces nouveaux droits auxquels
on eût voulu Taslujettir, 6c auroit fait valoir les anciens
titres d'exemption.

L'Arrêt du Conseil du z z Mai 1711, 6c la Déclaration
du 1 y Mai de la même 'année, qui rétablirent les droits
DU CLERGÉ DE FRANCE* 6 JUILLET 178y. 17$
de Courtiers-Jàugeurs ne sont pas contraires aux exemp-
*
tions du Clergé. Ils portent que ces drok&seront perçus en la
vième forme ÓG manière qu'ils l'étoient auparavant : les Ec-
clésiastiques en ont été exemptés de la manière la plus fo-.
lemnelle à Tépoque du premier établissement, 6c, dans le
fait, ilsnelesQut jamais acquittés quelles qu'aient été les
,
dispositions des Loix postérieures. L'Arrêt de 17 z z ne porte
par-là même aucune atteinte aux anciennes exemptions
des Bénéficiera !:
...
C'est cependant cet Arrêt qui semble avoir occasionné
plusieurs fois des recherches contr'eux. Vos Procès-ver-
baux nòus en ont transmis deux exemples ; l'un en 17,2.6,
&; Tature en 1745'.
Le Procès-verbalde TAssemblée de 1716 * 6c le Rapport * Page 6xt
d'Agence de 1730 5; ** nous apprennent que quand ces. ** Page 180;
droits furent rétablis en 171 z, les Fermiers commencèrent à
troubler Texemption des Ecclésiastiques des Diocèses de
Vienne 6c d'Auxerre. Ils n'ofoient pas. même alors contester,
ouvertement Texemption j mais ils la restreignoient, en
disant qu'il ne devoit y avoir d'exempts-que ceux qui fai-
soient valoir leurs vignes parleurs mains. Cette raison fut
combattue dans le Rapport des Agents, 6c elle ne peut pas
affoiblir la cause du Chapitre d'Auxerre, puisqu'il fait va-
loir sa dîme par lui-même.
Les Fermiers prétendoient.encore que les Ecclésiastiques
avoient perdu le privilège de cette exemption, en ne sa-
tisfaisant pas à TOrdonnance de 1 6>o, qui leur enjoint
de faire la déclaration des vignes 6c dîmes qu'ils posledent,
ÒC de la quantité de vin qu'ils en.auront recueilli. Les
Agents prouvèrent que les Bénéficiers de Vienne 6c d'Au-
xerre avoient rempli les formalités prescrites par cette Or-
donnance * 6c le Chapitre d'Auxerre peut prouver aujour-
d'hui qu'il s'est toujours exactement conformé aux dispo-
sitions de, la même Ordonnance.
Ils produifoient enfin vingt-six Certificats des différents
Directeurs des Aides, ô£ trente Arrêts contradictoirement
rendus, pour prouver que les Ecclésiastiques avoient, ou
volontairement, ou forcément acquitté ces droits. Les
Ï 74 PROCÈS-VERBAL DE £ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Agents démontrèrent que ces Arrêts 6c ces Certificats na-
voient pour objet que les vins de provision, 6c non les vins
ou autres boissons provenant du cru des Bénéfices, ôi fur
lesquels seuls portent les exemptions des Bénéficiers.
L/assaire fut jugée très-importante par f Assemblée de-
1716: elle ehargea deux de ses Membres d'en parler à
M. le Contrôleur-Général, qui la fit assurer qu'z/ donneroit
tonte sorte dattention a cette affaire $ 6c il est probable que"
fAssamblée obtint une décision favorable , puisque ces
plaintes n'ont pas été renouvellées jufquen 1745'.
M. de la Roche-Aymon , Archevêque de Toulouse
ïendit compte à TAssemblée de 1745, d'un Arrêt du Con-
,
seil des Finances, contradictoirementrendu;contrele Syn-
dic du Diocèse de Ne vers le 17 Mars 1744, par lequel
les Ecclésiastiques de ce Diocèse avoient été condamnés*
au paiement des droits de Courtiers-Jaugeurs ÓG Inspec-
teurs -aux boisons, pour raison des vins &: boissons prove-
nant du cru de leurs Bénéfices. Cette affaire avoit été
portée, en première instance, devant Tlntendant de la Gé-
néralité de Moulins, qui n'avoit pas cru pouvoir condam-
ner les Ecclésiastiques au paiement de ces droits , 6c avok
renvoyé les Parties au Conseil, M. de la Roche-Aymon
rendant compte de cet Arrêt, exposa, comme nous lavons
déja fait, que, malgré TEdit de 1 696 qui y obligeok les
Ecclésiastiques, ils ne les avoient jamais acquittés. II rap-
porta aussi un Arrêt du Conseil, du 9 Février 171 j,rendu,
contre le Fermier de la Généralité d'Alençon, qui déclare
les Ecclésiastiques exempts des droits de Courtiers-Jaugeurs
pour les vins 6c autres boissons provenant du cru de leurs
Bénéfices.
« L'Assemblée ayant conçu toute Timportance de cette
53
affaire, (ce font les propres expressions du Procès-verbal
HO- de 174j * ) 6c la
*Page 2.40. nécessité indispensable de se pourvoir par

les voies de droit contre cet Arrêt, chargea Messieurs les
55
Agents d'y former opposition, ôc de faire tout ce qui dé-
i>
pendrok de leur ministère pour le faire révoquer. »
Les Rapports dAgence ne nous apprennent point quelles
furent lçs fuites de xette opposition : mais nous sommes
DU CLERGÉ DE FRANCE, & JUILLET 178.^ 17s
bien fondés à croire que des ordres supérieurs ont empêché
l'esset de cet Arrêt comme de celui de 1696, puisque
nous
ne retrouvons plus aucune plainte semblable dans les Pro-
cès-verbaux des Astemblées.
Si les réclamations du Chapitre d'Auxerre font fondées
fur Timmunité dont a toujours joui le Clergé soit en
,
vertu d'Arrêts formels, soit en vertu d'ordres ministériels,
quelle force n'emprunteront-elles pas encore de la te-
neur même des contrats que vous avez passés avec Sa Ma-
jesté ? Tels font les termes de ces contrats, 6c nommément
de celui-du 1 o Décembre 177 j" :* Comme ausji lesdits Ec- * Pagesr 994-
clésiasiques demeureront exempts de traites-foraines nou- 995 9p. u
ri Procès-
*
velles augmentations Douanes de Valence cinq fols pour yerbalde 1775»
chaque muid de vin ÓG* droits d'entrée* NOUVEAUX
*
SUBSIDES
ET AUTRES IMPOSITIONS DE CETTE NATURE pour les bleds,
vins, cidres bières ÓG autres fruits procédant du cru de leurs
*
Bénéfices qu'ils
* pourrontfaire transporterd'une Province à
une autre pour leur usage* ÓG a la charge de bailler décla-
ration de ce qu'ils auront dépouillé ÓG recueilli pour chacune
année, au plus prochain Bureau de ladite Traite.
Quels peuvent être ces nouveaux subsides 6c autres im-
positions de cette nature, si Ton n'y comprend pas ceux
qui forment Tobjet des réclamations du Chapitre dAu-
xerre ì Ils font nouveaux, 6c par rapport au Contrat de
1715, qui contenoit la même clause, puisqu'ils n'ont été
rétablis qu'en 17x2^, 6c par rapport même au Contrat de
1775 , puisque c'est en 1780 qu'on les a exigés pour la
première fois du Chapitre d'Auxerre»
Des immunités rachetées fans cesie par les plus grands
sacrifices, ne feront-elles que des privilèges vains 6c illu-
soires ? Et tandis que pour venir au secours- de TEtat, vous
consultez moins vos facultés que vos sentiments, faudra-
t-il que Tavidité des Fermiers vienne anéantir vos privi-
lèges 6c, au mépris des engagements contractés par le
,
Souverain, imposer arbitrairementdes biens que vous con-
sacrez aux besoins de TEglife 6c de TEtat? Les Bénéfi-
ciers du Pcoyaume, 6c le Chapitre d'Auxerre en particu-
lier, ont conçu de meilleures espérances. Ils ne doutent
ty6 PROCÈS-VERBAL DE I'ASSÉMBLÉE-GÉNÉRALÈ
pas que votre zèle 6c la justice du Souverain, ne les met-
cent bientôt à fabri des vexations qu'ils éprouvent ,6c de
celles qui en feroient naturellement 6c nécessairement la
fuite.
Nous avons Thonneur de vous proposer de nommer
des Députés, pour conférer fur cette affaire avec M. le
Contrôleur-Général, 6c avec M. de Colonia, Maître des
Requêtes dans le département duquel se trouvent les
,
droits d'aides.
Sur quoi l'Assemblée , adoptant Tavis de la Gommîf-
sson, a nommé Monseigneur TArchevêque d'Aix, Mon-
seigneur TEvêque de Troyes, 6c Messieurs les Abbés de
Rouvenac 6c de la Mire-Mory, pour conférer avec M. le
Contrôleur-Général, fur Tassaire du Chapitre d'Auxerre,
contre les Préposés 6t Régisseurs des Aides.
Ensuite la Commission a rendu compte d'une affaire
qui intéresse TAbbaye de Preuilly, 6c dont le Rapport suit»
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
L'Abbé de Preuilly, en Touraine, demande la restitu-
tion d'un droit de centième denier, auquel ii a été taxé
par le Directeur des Domaines de Tours, pour un acte passé
avec Ces Religieux.
11 n'y
a que les actes renfermant un transport de pro-
priété ou d'usufruit, qui donnent ouverture au droit de
centième denier.-. 6c Tacte dont il s'agit, ne contient aucun
transport de propriété, ni d'usufr,uk.
L'Abbaye de Preuilly est un Monastère de TOrdre de
Saint-Benoît, de Tancienne Observance, fondé en ioor
pour sept Religieux 6>Cun Abbé. 11 n'y a jamais eu de par-
tage des biens des deux Menfes. L'Abbé jouissoit seul de
la totalité des biens, de fournissoit aux Religieux le pain,
le vin 6c le bois j le reste de leur subsistance étoit pris fur
des Offices claustraux. La conventualité cessa dans ce Mo-
nastère en 1561, L'Abbé, par des conventions particuliè-
res , fut chargé de donner en nature aux Religieux les
denrées nécessaires à leur subsistance. Cet arrangement
étoit
'ou CLERGÉ DE FRANCE, 6 JUILLET 178/. 177
étoit sujet à beaucoup d'inconvénients : le dernier Titu-
laire proposa aux Religieux d'évaluer en argent les denrées
qu'il leur fournifìok. On fit Tévaluation, 6c cette rede-
vance fut convertie, par un commun accord, en pension
alimentaire, payable en argent : cet accord fut fait pour
neuf ans, par acte pasté le 1 8 Septembre 1765 6c con-
,
trôlé le même jour moyennant neuf livres quinze fols.
Les Parties ont renouvelle le même bail par un acte,
en date du X7 Août 1774, pour les droits duquel il a été
perçu trente-quatre livres quatre fols.
M. T Abbé de Mary, Titulaire actuel, a suivi la même
marche, 6c a renouvelle les traités précédents par un acte
a peu près semblable, passé le z\ Août 1784, avec cette
différence cependant, qu'au lieu de stipuler pour neuf ans,
íes Parties ont stipulé pour toujours. Le contrôle de ce
nouvel acte a été porté au plus fort droit, ôí ona exigé
en outre le centième denier du capital des pensions assi-
gnées aux Religieux \ 6c la réunion de ces deux droits pro-
duit une somme de mille vingt-six livres dix-huit fols.
Cet accord ne donnoit point ouverture au droit de cen-
tième denier : il ne renfermoit point un transport de pro-
priété, ni d'usufruit j 6c les pensions qui y font stipulées,
ne font que Testimation des denrées que TAbbé doit aux
Religieux, 6c la représentation du tiers-lot qui appartient
à ces derniers fur la totalité des biens de TAbbaye.
Monseigneur TArchevêque de Narbonne, dans un Rap-
port consigné dans le Procès-verbal de TAífemblée de 177$,
a exposé les véritables principes fur cette matière. 11 dit, * *Page 144.
en parlant des traités passés entre les Abbés 6c les Religieux :
« Sous quelque point de vue qu'on les envisage, ils ne
» font que déterminatifs de la manière de jouir. La pro-
»>
priété indivisible entre le Chef 6c les Membres, reste
33 toujours la
même. C'est une maxime invariable dans
33 les Tribunaux, que les partages qui
se font entre les
« Abbés Commendataires 6c les Religieux, ne íbnt que
3> des partages
de jouissance des partages de revenus,
,
53 nonobstant lesquels la propriété demeure toujours com-
» mune 6c indivise. C'est pour cela que TAbbé ne peut
Procès-verbal de IJ$Ï* X
178 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
53
aliéner aucun fonds de fa menfe, fans le consentement
« de ses Religieux, ni les Religieux > fans le consentement
33 de leur Abbé. En un mot, que ce
soit TAbbé ou la
?3
Communauté des Religieux qui jouisse, que la jouis-
33
fonce passe de l'un à l'autre, c'est toujours TEglife, c'est
53 toujours
TAbbaye qui est propriétaire, ainsi avant com-
33 me
après le premier partage. Dire que les Religieux ac-
53 quierent
de TAbbé, ou TAbbé des Religieux c'est fup-
,
33
poser qu'une Eglise puiíle se vendre à elle - même ses
33 propres biens ,
les acquérir de nouveau. La propriété
33 n'est donc pas
transférée.
33
Ou leurs accords font des acquisitions réelles 6c per-
33 manentes , 6c
alors ils font proscrits par TEdit de 1749 5
33 ou
ils ne font que des arrangements fur la jouhìance,
33 6c alors toute demande est injuste. 33
Quelqu'évidents que soient ces principes, ils ont été
plusieurs fois contestés 6C vous avez toujours accueilli
,
favorablement les réclamations des Bénéficiers fur cet
objet.
Vos Procès-verbaux nous en ont transmis plusieurs
exemples, dont le plus récent, 6c celui qui a le plus de
ressemblance avec la plainte qu'on vous adresse aujour-
d'hui est rapporté dans le Procès-verbal de l'Assemblée
,
* Page 160. de i78x. *
M. TAbbé Mercier, Titulaire du Prieuré de Gram-
mont, réuni à TArchevêché de Tours, avoit fait cession
de la jouissance de son Prieuré à M. TArchevêque de
Tours, moyennant une pension : le centième denier fur
le capital au denier dix de cette pension avoit été perçu ;
& fur la demande de l'Assemblée, M. le Contrôleur-Gé-
néral a ordonné que le droit fût restitué.
L'intérêt général des Bénéficiers a déterminé la Com-
mission à vous proposer d'accorder vos bons offices à
M. TAbbé de Mory, ê£ de charger Messieurs vos Dé-
putés auprès de M. le Contrôleur-Général, de lui recom-
mander cette affaire, en le priant de vouloir bien pren-
dre les mesures qu'il jugera les plus convenables, pour que
DU CLERGÉ DE FRANCE* 6 JUILLET 178/. 179-
les Bénéficiers ne íbient plus exposes à de pareilles de^
mandes»
;: Le Rapport fìni, l'Assemblée a prié Monseigneur TAi-
chevêque d'Aix Monseigneur TEvêque de Troyes 8£
,
Messieurs les Abbés ,
de Rouvenac 6c de la Myre-Mory,
de voir M. le Contrôleur-Général, 6c de lui recomman-
der Taffaire de TAbbé de Preuilly, relativement au droit
de centième denier qui lui est demandé par les Préposés
du Domaine, en le priant de vouloir bien prendre les
mesures qu'il jugera les plus convenables pour que les
,
Bénéficiers ne soient plus exposés à de pareilles demandes»
La Commission du Temporel a encore rendu compte
d'une autre affaire qui intéresse les Décimateurs de Ba-
gnoles, en ces termes.

MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Monseigneur TEvêque de Vabres rendit compte à l'As-
semblée de 1781, d'une contestation qui s'est élevée em>
tre la Communauté de Brignoles 6c les Décimateurs j elle
tend à les forcer à contribuer aux réparations du clocher,
lorsqu'il se trouve placé sur la Nef.
La prétention de la Communauté de Brignoles devient
celle de toutes les Communautés de Provence : elles font
autorisées par une Ordonnance rendue le 18 Octobre
1783, par Tlntendant de la Province, en faveur de la
Communauté du Muy, Diocèse de Fréjus. Ce Magistrat,
dans une Lettre à Monseigneur TEvêque de fréjus, paroît
fonder son opinion fur une Consultation faite en 1749,
par un Avocat du Parlement d'Aix : nous avons recher-
ché Tufage Constant de la Province, nous avons consulté
les jugements rendus en arbitrage par les Jurisconsultes
les plus éclairés du Parlement d'Aix, 6c nous avons vu
que des prétentions semblables, élevées par quelques Com-
munautés, ont toujours été regardées 6c jugées comme
contraires aux dispositions de TEdit de 169j.
En 1763, la Communauté du Puget voulut exiger du
X %
i8o PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Chapitre de Toulon, Décimateur, qu'il contribuât aux
réparations du clocher de TEglife Paroissiale ; des Arbitres
décidèrent que les réparations étoient à la charge des ha-
bitants parce que le clocher étoit placé fur la Nef.
,
La Communauté de Puminon voulut forcer le Com-
mandeur de Reauville à contribuer aux réparations du
clocher, également situé fur la Nef : les mêmes raisons
dictèrent les mêmes décisions, 6c les réparations furent
laiílées à la chargé des habitants. La même contestation
s'éleva en 1765, entre le Curé-Décimateur de la Paroisse
de Villeneuve-lès-Vence, 6c cette Communauté : elle fut
discutée dans des Mémoires imprimés *. Taffaire fut mise
çn arbitrage j la décision de quatre Avocats fut également
favorable au Curé-Décimateur.
Les Arbitres confirmoient leur décision, par l'autorité
d'un Arrêt du Parlement de Provence, rendu dans une
semblable contestation, entre la Communauté de la Far
6c le Décimateur.
On cite un autre Arrêt du Parlement de Provence, qui
prouve que sa Jurisprudence étoit fondée sur les disposi-
tions de TEdit de 1695. Cet Arrêt fut rendu contre la
Communauté de Joucas*. elle avoit fait placer le Clocher
fur le Choeur d'une nouvelle Paroiíle, qu'elle faifoit cons-
truire pour le mettre à la charge du Commandeur de Jou-
cas. Le Receveur de TOrdre de Malthe, instruit du corn*
mencement d'exécution de ce projet, se pourvut au Par-
lement 6c demanda que le Clocher fût placé sur la Nef,
,
si la Communauté n'aimoit mieux déclarer que le Clocher
feroit à sa charge. L'Arrêt fut conforme aux conclusions 5
6c la Communauté, après avoir pris conseil, ne trouva pas
à propos de se pourvoir contre l'Arrêt.
Tels ont été, Mesteigneurs 6c Messieurs, les principes
constamment suivis par le Parlement de Provence èc par
,
des Jurisconsultes devenus arbitres dans de semblables con-
testations.
L'Edit de 1695 a été enregistré au Parlement de Pro-
vence fans aucune modification j la distinction des répara-
tions du Choeur, à la charge des Décimateurs, 6c des, rc-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 JUILLET 17$ 5. 181
paradons de la Nef à la charge des Communautés, a été
adoptée dans tous ses Jugements.
La Communauté fonde fa demande fur T obligation où.
font les Décimateurs en Provence, de fournir une cloche
pour Tadministrationdes Sacrements. Cette obligation avoit
été remplie en Provence, 6c la distinction établie par TEdit
de 1695 n'en avoit pas été moins fidèlement observée.
,
Les Décimateurs, en fournissant une cloche, 6c en con-
tribuant aux réparations des Clochers placés fur le Choeur,
n'ont jamais contribué aux réparations des Clochers placés
fur la Nef.
Les dispositions expresses de l'Arrêt d'enregistrement de
TEdit de 1768 portant augmentation des portions con-
réservent,
grues, toutes les charges que les Décimateurs
fupportoient, suivant les maximes 6c les usages du pays.
Cet Arrêt, fans doute, a conservé aux Communautés le
droit de faire contribuer le Décimateur à Tentretien 6c aux
réparations d'une cloche qu'il doit fournir *. mais elles font
toujours fans titre 6c fans possession, pour les forcer à con-
tribuer aux réparations des Clochers placés fur Ta Nef. Si
TArrêté du Parlement confirme les droits des Communau-
tés, il protège également ceux des Décimateurs * la récla-
mation des Décimateurs de Provence devient plus inté-
ressante, dans un moment où. Taugmentation des Portions
congrues les condamne à des charges nouvelles qu'ils sem-
blent ne pouvoir pas supporter.
ïl feroit sans doute à désirer qu'on pût mettre les Dé-
cimateurs en Provence , comme en Dauphine, à Tabri de
ces demandes nouvelles, en même-temps qu'il fera pourvu
à T augmentation des Portions congrues. Nous nous bor-
nerons, en ce moment, à vous proposer de renouvelles
la Délibération prise sur cet objet par TAsiemblée de
178z, * 6c de nommer des Députés pour demander à * Page 251;
M. le Garde des Sceaux qu'il veuille bien écrire à
M. le Premier Président 6c à M..le Procureur-Général du
Parlement de Provence, pour leur faire sentir combien,
dans les circonstances présentes, la réclamation des Déci-
s $2, PROCÈS-VERBAL DE X*ASSEMBLÉE*GÉN'ÊRALÈ

jmateurs devient intéressante pour le Clergé, 6c pour les


inviter a y donner toute leur attention.
Sur quoi TAssemblée,conformément à Tavis de la Com-
mission renouvellant la Délibération prise par TAssem-
blée de , 1782., sur la contribution des Décimateurs de
Provence aux réparations du Clocher, lorsqu'il est cons-
truit sur la Nés, a député Monseigneur TArchevêque
d'Aix, Monseigneur TEvêque deTroyes, 6CMessieurs les
Abbés de Rouvenac 6c de la Mire-Mory vers M. le
Garde des Sceaux , pour le prier de vouloir bien écrire
à M. Ie Premier Président & à M. le Procureur-Géné-
ral du Parlement de Provence, à Teffet de leur faire sen-
tir combien, dans ies circonstances présentes, la récla-
mation des Décimateurs devient intéressante pour le Cler-
gé 6c de les inviter à y donner toute leur attention.
,
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été rra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 7 Juillet,
à dix heures du matin.
Signé)j< E. G. Arch. de Toulouse, Président.

DU JEUDI* SEPT JUILLET i7%sl


à dix heures du matin.
.
Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.

xxxm MOnseigneur TArchevêque de Narbonne a annoncé


SEANCE.
que M. le Garde des Sceaux recevroit aujourd'hui,
à midi, la députation relative aux plaintes du Clergé, fur
les aliénations des biens d'Eglise.
Ce Prélat a ajouté, que M. le Garde des Sceaux Tavoit
prévenu qu'il se tiendroit chez lui Lundi prochain, onze de
ce mois, a Versailles, une conférence fur Taftaire des Foi
6c Hommages avec ceux de Mefleigneurs 6c de Messieurs
les Députés qu'il plakok à l'Assemblée de nommer à cet
esset*
DU CLERGÉ DE FRANCE* 7 JUILLET 1785. 183
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture
du Rapport de leur Agence.
Sur le compte qu'ils ont rendu de Tétat actuel de Tas-
sasse du Chapitre de TEglife de Saint-Malo concernant
,
un droit de fours bannaux, qui lui est contesté depuis
quelques années, TAflemblée a délibéré d'accorder ses bons
offices au Chapitre, 6c a prié Monseigneur TArchevêque
de Tours & Monsieur TAbbé de Bovet, de voir M. de
Marville, Président du Bureau des Assaires Ecclésiasti-
ques, 6c M. de Maustion, Rapporteur, 6c de leur faire
connoître tout Tintérêt que le Clergé prend au succès d'une
demande aussi juste.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, 8 Juil-
let, à dix heures du matin.
Signé Ï$< ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne, Président.

DU VENDREDI, HUIT JUILLET 178;,


à dix heures du matin.

Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.

XV AOnseigneur TArchevêque de Narbonne a dit : xxxiv


SEANCE.
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
En exécution de vos Délibérations des 4 6c y de ce
mois , nous nous sommes rendus, Monseigneur TArche-
vêque d'Aix, Monseigneur TEvêque deTroyes, Messieurs
les Abbés de Rouvenac, de la Myre 6c moi, chez M. le
Garde des Sceaux * nous avons jugé par les réponses de
;
ce Chef de la Magistrature, que Sa Majesté ne paroissoit
pas disposée à adopter toutes les vues qui lui ont été pré-
ï84 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
fenxées jusqu'à présent relativement à la succession des
,
.Bénéficiers, 6c à des moyens plus simples de pourvoir aux
réparations c\es Bénéfices j mais qu'Elie étoit néanmoins
occupée du projet de soulager à cet égard les familles 6c
les successions des Bénéficiers, en simplifiant 6c réduisant
les réparations, ÒC en établissant le meilleur ordre possi-
ble pour Tadministration des Economats 3 que les intentions
du Roi à cet égard, feroicnt inceflammeiit communiquées
à l'Assemblée, pour la mettre à portée de faire ses obser-
vations.
•Quant aux aliénations de biens ecclésiastiques, M. le
Garde des Sceaux a fait espérer qu'il prendroit en consi-
dération le voeu de l'Assemblée, 6c a observé, relative-
ment aux aliénations des immeubles des Hôpitaux, que
TEdit de 17S0 ne portoit aucune disposition coactive,
6c ne contenok qu'une simple faculté, dont il étoit libre
aux Hôpitaux de ne pas user.
Les observations de TAflemblée, relativement à l'arti-
cle 5 de. la Déclaration du x6 Mai 1774, interprétative
de TEdit de 1749 lui ont paru très-pressantes 6c fondées
,
en justice *. il a promis d'y donner la plus grande attention,
6c de rendre fur ce sujet une prompte réponse.
Quant à la demande des Décimateurs de Brignoles,
fur ïa contestation élevée au sujet des réparations du clo-
cher de cette Paroisse , ce Chef de la Magistrature a pro-
mis d'écrire à M. le Premier Président du Parlement de
Provence, 6c de lui recommander de veiller, lors du ju-
gement à rendre dans cette affaire, à la conservation des
principes reçus, 6c de prévenir des innovations préjudi-
ciables aux Décimateurs.
Monseigneur TEvêque de Montpellier a dit, qu'il avoit
été avec "Monsieur TAbbé d'Agoult chez M. le Premier
Président de la Cour des Aides 6c M. TAvocat-Général,
que ces Magistrats les avoient assurés qu'ils donneroient à
Tassasse du Chapitre d'Auxerre toute Tattention dont elle
est susceptible.
Mefleigneurs 6>C Messieurs les Commissaires, pour là
Religion 6c la Jurisdiction, ont pris le Bureau. Monsei-
gneur
DU CLERGÉ DE FRANCE* 8 JUILLET 178^* 1S5
gneur TArchevêque d'Arles, Chef de la Commission, a dit,
que, si TAflemblée Tagréoit, il feroit lecture d'un Mémoire
au Roi, concernant Timprestion 6c la circulation des mau-
vais Livres 3 qu'ensuite il mettrok fous les yeux de l'AC-
semblée des observationsfur chacun des articles du projet
d'Edit, rédigé par l'Assemblée de 178z pour en faire
,
mieux connoître Tefprit 6c les motifs.
Lecture faite du Mémoire 6c des Observations, l'Assem-
blée a remercié Meíleigneurs 6c Messieurs les Commissai-
res de leur travail. II a été arrêté que ce Mémoire 6c le
projet d'Edit, accompagné d'observations, seroient insérés
dans le Procès-verbal. Monseigneur TArchevêque de Nar*
bonne a été prié de présenter le Mémoire au Roi, 6c de
remettre à M. le Garde des Sceaux , tant ledit Mémoire,
que le projet de Lou
Monseigneur TArchevêque d'Arles a annoncé qu'il assoie
être fait lecture d'un Rapport dont Tobjet est de rendre
commune aux Eglises Collégiales du Royaume, la Décla-
ration du premier Décembre 1769, concernant les ancien-
nes unions. Le Rapport a été fait ainsi qu'il fuit.
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
L'Assemblée de 1780, occupée, comme les Assemblées
précédentes, de tous les objets qui peuvent assurer irrévo-
cablement Texistence des établissements utiles 6c nécessai-
res au maintien de Tadministration de Tordre Ecclésiasti-
que, se félicita, avec raison,.de Testet heureux des sollici-
tations suivies 6c constantes du Clergé, pour garantir de
toutes les recherches, ôede Tavidité des Dévolutaires, les
Bénéfices anciennement unis aux Archevêchés, Evêchés,
Eglises Cathédrales, Séminaires, Hôpitaux 6c Collèges,
elle considéra que la Déclaration de 1769, monument de
la sage 6c pacifique législation du feu Roi, pouvoit recevoir
un accroissement également favorable à d'autres établis-
sements ecclésiastiques, 6>Cque des Chapitres, moins pri-
vilégiés fans doute que les établissements ci-desius exposés,
tels que les Eglises Collégiales, pouvoient néanmoins par-
Procès-verbal de 178/. Y
i%6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ticiper aux avantages assurés par la Déclaration du premier
Décembre 1769 6c qu'en alliant, avec un succès digne
,
de Tattention ôc de la confiance des Evêques, les fonctions
du ministère avec les devoirs de la vie canoniale, elles méri-
toieotla protection des deux Puissances. En effet il en est plu-
sieurs, qui renferment une infinité de Sujets chers 6c uti-
les à notre administration : il en est, qui, fondés par les
Souverains, ont des droits particuliers à leur protection,
6c qui étant,comme le patrimoine de la noblesse, ne peu-
vent 6c ne doivent pas même nous être indifférents. Nous
devons croire, Meíleigneurs 6c Messieurs, que fi les Eglises
Collégiales n'ont pas été comprises dans la Déclaration du
premier Décembre 1769 , le voeu du Légistateur les ap-
pelle aux mêmes avantages. Les Déclarations des z y Avril
6c 13 Juillet 1719 comprennent, fur Tobjet qui occupe
avec raison votre sollicitude, les Eglises Collégiales. Anté-
rieurement à la Déclaration de 1769, différentes Eglises
Collégiales avoient obtenu des Arrêts du Conseil pour
arrêter les poursuites dirigées contre elles ; 6t postérieure-
ment à la même Déclaration , un Chapitre Collégial de la
* Rapportc Province de Bretagne a éprouvé en 1771,* la protection
d'Agence de du Roi le maintien des anciennes unions faites à leur
' pour
1775? f- ?3- Eglise. C'est
ce que le Cahier présenté au Roi par l'Assem-
blée de 1780 nous atteste. Nous pouvons donc présumer
par ces diverses expressions de la volonté royale, que Sa
Majesté est dans une heureuse disposition de répondre favo-
rablement à la demande que vous vous porterez à lui
adresser. Sa réponse au Cahier de 1780, sur Tobjet pré-
sent, paroît vous le faire espérer. Le Roi vous a répondu,
qu'il prendroit cet objet en considération, 6c qu'il le feroit
représenter, à cet effet, la Déclaration de 1769. II paroît
que le voeu général du Clergé vous invite à renouveller
vos sollicitations. Le Chapitre de Saint-Aphrodife de la
ville de Beziers, se trouve dans ce moment, exposé à des
poursuites qui méritent votre.attention : la demande de
ce Chapitre, protégée par son Evêque Diocésain 6c par
l'Assemblée de la Province, réuniroit à ces deux titres tour,
ce qui peut déterminer votre intérêt, si vous aviez besoin,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 8 JUILLET 1785. 1S7
pour exciter votre zèle, d'autres motifs que ceux qui vous
font dictés par la sollicitude de toutes vos Eglises. Nous
ne vous répéterons pas les raisons qui furent exposées à
l'Assemblée de 1781, en faveur du Chapitre de Saint-
Aphrodife de Beziers : ceux que vous chargerez de vos
ordres, pour solliciter la grâce, que Ton vous demande, de
venir au secours des Eglises Collégiales, y puiseront leurs
moyens, pour répondre à votre confiance 3 6c tout sem-
ble vous faire espérer que les démarches auxquelles vous
vous déterminerez , ne ièront pas infructueuses.
Nous avons donc pensé qu'il y avoit lieu de renouveì-
ler la demande d'une Déclaration, qui fasse participer les
Eglises Collégiales aux avantages justement départis, par
la Déclaration de 1769, aux Archevêchés, Evêchés,
Eglises Cathédrales, 6cc.
Sur quoi l'Assemblée, adoptant Tavis de la Commis-
sion a délibéré de renouvelles la demande d'une Décla-
,
ration qui, étendant aux Eglises Collégiales les disposi-
,
tions de la Déclaration du premier Décembre 1769 ga-
,
rantisse des recherches 6c de Tavidité des dévolutaires, les
Bénéfices qui leur ont été anciennement unis.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
yailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, 9 Juillet,
à dix heures du matin.
Signé >fa ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne , Président.

Y
ÎS8 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

MÉMOIRE AU ROI,
CONCERNANT les mauvais Livres.

Vous avez bien voulu prendre en considération les


alarmes du Clergé de votre Royaume, fur la Collection
des CEuvres complètes de Voltaire. Daignez aujourd'hui
recevoir avec bonté Thommase de fa respectueuse recoll-
i
rioissance. Sans doute l'Arrêtes qui supprime
^ 6c flétrit une
Collection si pernicieuse ,.n'est dans les vues de notre
,
aug-uíte Protecteur, que le signal d'opcrations bien plus
importantes. Elles diíparoîtront du milieu de nous, les
autres productions licencieuses, qui ne ceíìent d'infecter
la Capitale 6c les Provinces les plus éloignées. On verra
se renouer, entre la Religion 6c les Lettres, cette étroite
6c précieuse alliance, dont le lien a été la force des beaux
siécles de la Monarchie : un mouvement durable, impri-
mé par VOTRE MAJESTÉ au régime de la Librairie, ne
fera servir désormais Tempire de Topinion, qu'à rendre
Thomme meilleur 6c la société plus florissante.
Il y ? rveî-'tc ans, SIRE, que le Clergé de France a
dénoncé loiemnci.ie.ment i'invaíion des mauvais Livres à
la vigilance du Gouvernement. Toutes les Assemblées sui-
vantes ont rer ardé comme leur premier devoir de fixer
les regards du Souverain fur Teífrayante progression d'un.
fléau íi destructeur. Quelle grande 6c mémorable épocue
dans les Annales de votre règne, que la cessation des ra-
vages de cette fauíle Philosophie, si souvent convaincue
d'aíprrcr à une indépendance générale, & d'être autantTen-
nemie du bonheur, que de la vertu! DéjaVOTRE MA-
JESTÉ a tait connoître à TAflemblée de 1780 qu'atten-
,
tive à réprimer les Auteurs qui oscroient attaquer la Re-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 8 JUILLET 178j. 18^
îigion 6c rendre publics des Ouvrages dangereux pour
,
les moeurs, Elle recevroit volontiers les plans oui lui fe-
roient proposés par le Clergé, 6c se porteroit austi volon-
tiers à donner des Règlements. Enhardie par ces difposi-
.tions favorables, TAflemblée de 1781 a pris, SIRE, la
liberté de vous présenter un Projet de Loi, qui lui pa-
roiffoit propre à prévenir les écarts de TImprimerie, fans
employer la terreur des peines afflictives, ni frapper d'une
odieuse stérilité, le champ des beaux Arts. Combien n'en
a-t-il pas dû coûter à la sensibilité du Corps Sacerdotal,
pour se jetter ainsi dans des discussions, des calculs 6>Cdes
détails de procédures bien étrangers à un Ministère de paix
6c de charité ? La main d^es Pasteurs se feroit constamment
refusée à tracer une suite de condamnations, quoique pu-
rement réprimantes 6c toujours mêlées de faveurs 6c d'en-
couragements. Mais il falloit obéir à Tinvitation si hono*
rable de VOTRE MAJESTÉ : il falloit défendre la patrie
contre Tirréligion 6c les mauvaises moeurs j 6c nos coeurs
attendris preiloient le moment où les anciennes disposi-
tions pénales si sévères 6c si. rigoureuses, feroient place
,
à une Législation plus indulgente 6c mieux exécutée.
SïRE, oíerons-nous remettre de nouveau fous YOS
yeux le travail de l'Assemblée de 1781, en joignant à
cl aque article des observations sommaires qui en déve-
loppent Tcsprit 6c les vues? Nous vous supplions de peser
ces apperçus dans la balance de votre sages]e, 6c peut-être
ne les jugerez-vous point indignes de la sanction d'un Mo-
narque qui sait si bien concilier les réformes salutaires avec
Tattachement aux saines maximes. Si néanmoins VOTRE
MAJESTÉ se détermine à suivre d'autres plans, iis seront
reçus avec autant de soumission que de respect, 6c nous
applaudirons les premiers avec transport à un Règlement,
qui, par des formes encore plus douces 6c moins compli-
quées, enchaîneroit également la licence des Prestes mo-
dernes.
Mais il est temps que la voix du Législateur se safìe en-
tendre. A sombre d'une plus longue impunité, de nou-
veaux désordres viendront étendre 6c grossit les íources
Ï'9'O P-ROcfcs-VERBAL DE LASSEMBLÉE"GÉNÉRALE
de la corruption nationale,toutes les barrières seront ren-
versées, 6c:1a foule de vos Sujets restera désarmée 6c sans
défense au milieu des terribles combats livrés par les pas-
sions humaines. Alors, Sí R£, permettez-nous de i'obfer-
Ter avec la sainte 6c généreuse liberté de Tapostolat : ce
n'est point à nous qui n'avons cessé d'éclairer la conscience
des maîtres du monde, que celui par qui les Rois règnent
demandera compte de tant d'excès inconnus à la noble 6£
religieuse simplicité des siécles précédents. Et que n'est pas
en droit d'attendre de VOTRE MAJESTÉ, le suprême Mo-
dérateur des Empires ? Non content de vous appeller à la
plus belle Couronne de Tunivers, 6c d'environner votre
Trône des gages éclatants de fa protection, il a marqué
•chaque, année de votre règne, par une succession d'événe-
ments désirables. Déja vous êtes le plus heureux des Pères »
6c le nom de VOTRE MAJESTÉ chéri 6c révéré dans toute
la France, n'est prononcé qu'avec attendrissement par les
nations étrangères. Ainsi, comblé des bénédictions de TEtre
suprême, vous nc,,souffrirez pas plus long-temps que d'au-
dacieux Ecrivains osent, dans vos Etats, méconnoître fa
parole, insulter son culte, 6c même attaquer Texistence de
votre adorable bienfaiteur. Comment un Prince, ami des
moeurs, ne briferoit-il pas avec indignationles plumes scan-
daleuses occupées à répandre de toutes parts les semences
funestes ,du vice 6c des plus honteux égarements ? Le seul
intérêt de la tranquillité publique, hâteroitla proscription
d'une doctrine tendante ouvertement à soulever le Genre
humain contre toute Puiflance, soit ecclésiastique, soit ci-
vile. Ah! tandis que considérant avec les yeux d'un Père,
les différentes nécessités de TEtat, VOTRE MAJESTÉ as-
sure en Souverain des secours à tous les genres de malheurs
6L d'infortunes, n'y auroit-il que la Religion, gémissante
far les progrès de ia dépravation publique, qui demeure-
roït fins consolation ? Après trente années de supplications
6>C de larmes, aurions-nous la douleur de ne porter encore
une fois à nos Diocèses affligés , que de flatteuses espé-
rances ? Non , SíRE, ces espérances seront réalisées, fous
un Roi qui protège Tordre ci chérit la venu. L'accueil fa-
DU CLERGÉ DE FRANCE* 8 JUILLET 178/. 191
vorable que le premier cri de notre sollicitude a reçu de
VOTRE MAJESTÉ, invite de plus en plus toutes les Eo-lifes
de France à se reposer avec une confiance entière sur la
sagesse 6c futilité des mesures que vous allez prendre, pour
faire cesser efficacement les abus de la Librairie, 6c lier les
travaux de Thomme de Lettres, à Tastermiflement de cette
Religion sainte qui sera toujours le premier bien de vos
peuples, 6c le plus ferme appui de votre autorité.
Signé ^ ARTHUR-RICHARD, Archevêque6c Primat
de Narbonne, Président.
L'Abbé de PÉRIGORD, ancien Agent ô Secrétaire de l'AJJemblée.
L'Abbé DILLON Secrétaire de l'Assemblée.
,
P ROJ ET d'Edit concernant la composition* Iimprejswn* la
vente âG la distribution des Ecrits contraires d la Religion
ÓG aux principes des moeurs.

Une Loi nouvelle, fur le fait de la Librairie, paroît avan-


tageuse, 6c même nécessaire j en réunifiant dans un seul
6c même Edit, adreflé aux Parlements 6c autres Cours
Souveraines, une multitude de dispositions éparfes dans
plusieurs Arrêts du Conseil, 6>C quelques Ordonnances en-
registrées, il en résultera un ordre de police général, uni-
forme 6c permanent : bien des cas non prévus par les an-
ciens Règlements, seront pris en considération, ainsi que
les modifications 6c adoucissements dont on croit la partie
pénale susceptible.

ARTICLE PREMIER.
Renouvelions, de la manière la plus ex-
presse les inhibitions 6c défenses faites à
,
toutes personnes, fans exception, de quelque
état 6c qualité qu'elles puiflent être, de com-
poser imprimer, vendre, ou distribuer au-
,
cuns Livres tendants à attaquer la Religion,
6c les principes des moeurs : 6c néanmoins
te?*- PROGES-VÈRÈAÌ DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ayant égard aux instances 6c représentations
du Clergé de France, dans plusieurs de ses
Assemblées, avons supprimé 6c supprimons
la peine de mort prononcée à ce sujet par les
Ordonnances des Rois,nos .prédécesseurs.
Aux termes des anciennes 6c nouvelles Ordonnances,
-notamment de la Déclaration du 16 Avril 1757,1a peine
de mort a été prononcée contre tous ceux qui feroient con-
vaincus d'avoir composé, imprimés ou distribué des Ecrits
tendants a attaquer la Religion. II ne nous appartient pas
de porter un oeil indiscret sur les actes émanés de la puis-
sance souveraine j mais fidèles au devoir d'un ministère
dont la douceur est Tame, 6>C la charité la première loi,
nous frémissons'en lisant ces dispositions rigoureuses : 6c
les infractions les plus caractérisées seront ensevelies dans
le silence, plutôt que de voir couler le sang de Tincrédule
ou du libertin , qui, malgré leurs écarts , n'en font pas
moins nos frères, 6c même nos enfants dans Tordre du
salut. D'un autre côté, il n'est pas fans exemple qu'un
jeune homme , égaré par la chaleur de Tâge 6c des pallions.,
écrive inconsidérément contre les vérités religieuses. La
crainte de confondre, avec le crime, Touvrage de fesser-
vescence 6c de la légèreté, a pu quelquefois enchaîner Tac-
tivité des plus vertueux Magistrats : en substituant aux
peines anciennes des condamnations moins sévères, mais
plus fidèlement mises à exécution, on auroit la consola-
tion de sauver la Religion 6c la Patrie, sans que Thuma-
nité eût à pleurer fur d'infortunées victimes.
ARTICLE II.
Voulons en conséquence, que, par nos
Cours 6c autres Juges, il soit procédé plus
soigneusement que jamais, dans toute Téten-
due de notre Royaume, à la recherche des
Auteurs Imprimeurs 6c Distributeurs des
,
Écrits contre les moeurs 6c la Religion, mais
toujours en se conformant aux peines 6c
condamnations
DU CLERGÉ DE FRANCE* 8
JUILLET 178J. 19y
condamnations établies ci-après * 6c seront
les Arrêts 6c Jugements qui interviendront,
imprimés, affichés 6c publiés notamment
,
au principal domicile des délinquants.
Tout Imprimé qui blesse la Religion , les moeurs ou
le Gouvernement, présente un vrai corps de délit, digne
de Tanimadversion des Loix. Elles punissent, alors, non
la pensée de Thomme, ni ses opinions, mais bien la ma-
nifestation publique 6c volontaire qui en est faite dans
une forme propre à séduire les Citoyens, 6c à troubler
Tharmonie de Tordre social. Les trois principaux coupa-
bles font, TAuteur qui a composé TOuvrage, TImprimeur
qui en a multiplié les exemplaires, 6c le Libraire ou Col-
porteur qui les a distribués. Plus le débordement des mau-
vais Livres est général, moins il est permis au zèle des
Magistrats de s'endormir *, mais on ne fauroit assez me-
surer la peine sur le délit, 6c le grand art sera toujours
de s'épargner la douleur de punir, en allant au-devant
des contraventions par une vigilance infatigable 6c Theu-
reux emploi des mesures préservatives.
ARTICLE III.
Tout Etranger résidant en France, 6c con-
vaincu d'avoir composé imprimé, ou dé-
,
bité des Ouvrages ou Ecrits de la qualité que
deflus, fera tenu de vuider le Royaume, au
plus tard, dans le délai d'un mois, à comp-
ter de la signification de l'Arrêt qui aura or-
donné fa sortie de nos Etats, avec défenses
de jamais y reparoître à peine de poursui-
,
tes extraordinaires &> de punition exem-
plaire.
Un Etranger qui viole ainsi les droits de Thofpitalité
,
est indigne de les conserver, 6c ne fauroit accuser de ri-
gueur la Loi qui venge Tatteinte donnée, par sa condui-
te , a la tranquillité publique, en le forçant de porter sa
funeste activité dans d'autres climats.
Procès-verbaJ. de 178J. Z
124 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ARTICLE IV.
Et si aucuns de nos sujets étoient reconnus
coupables des mêmes excès, voulons, à Té-
gard des Auteurs 6c Ecrivains, que, pour la
première fois ils soient admonêtés, dans une
,
audience publique par le Juge ordinaire
,
condamnés Nous en
des lieux 6c envers
,
une amende plus ou moins forte relative-
,
xnent à leurs facultés *. qu'en cas de récidi-
ve , nos Juges les déclarent privés irrévoca-
blement de leurs charges 6C emplois, 6c de
plus incapables de posséder aucun Office à
Tavenir ensemble d'être reçus en témoigna-
,
ge, 6c même d'avoir voix active 6c passive
dans les Corps, Compagnies 6c Communau-
tés 3 6c qu'échéant le cas d'une troisième con-
travention , ils soient enfermés 6c détenus
pour toujours dans un Château ou Maison
de Force, en vertu d'une condamnation re-
vêtue des formes ordinaires de la Justice, 6c
ce fans aucune espérance d'élargissement ,
même dans les temps d'amnistie générale 3
demeureront en outre leurs biens, meubles
6c immeubles saisis 6c confisqués au profit
de THôpital le plus voisin des lieux du délit.
On Ta déja remarqué : un premier Ouvrage contre la
Religion, peut échapper à Tardeur 6c à Tindifcrétion de
la jeunesse : chaque composition ultérieure décelé évidem-
ment dans TAuteur des torts plus réfléchis 6c moins excu-
sables. Rien donc de plus avoué par les saines maximes,
que Tordre 6>C la progression établis dans les peines à dé-
cerner. II est constant que des spéculations d'intérêts, ou
Tamour mal-entendu de la gloire, président presque tou-
jours à la publication des Ecrits irréligieux. On a cru de-
voir opposer à ce double penchant, la perspective des
amendes 6c confiscations, 6c le frein si puissant de la honte
DU CLERGÉ DE FRANCE* -8 JUILLET 17^/. ï$$
6c de Thumiliation publique. Que faire d'un Auteur opi-
niâtre, après des récidives multipliées, si on ne le met pas
dans Timpuissauce de nuire en le séparant de la société,
,
comme un homme en démence, ou une personne atta-
quée de la contagion ? Mais fa détention n'est point ordon-
née arbitrairement, ni par voie d'administration : il faut
procéder devant les Juges ordinaires, en ne négligeant,
dans Tinstruction, aucune de ces formes précieuses, dont
Tobfervation est la fauve-garde de la liberté des Citoyens»

ARTICLE V.

Ordonnons que les Imprimeurs, Librai-


res , Colporteurs 6c autres complices de la
publicité des Ecrits irréligieux paieront,
,
pour première
la fois, une amende de mille
livres 5 qu'ils tiendront prison durant trois
mois, 6c ne pourront faire pendant un an,
aucunes fonctions de leur Art 6c Professions
qu'à la seconde contravention, il sera pro-
cédé contr'eux par déchéance d'état, 6c con-
fiscation de biens au profit des pauvres 6c
,
que leurs comptoirs, boutiques 6c maga-
sins seront clos d'autorité de Justice. En-
fin, ,s'ils récidivoient ultérieurement, enjoi-
gnons de les condamner aux travaux pu-
blics, personnellement 6C à perpétuité, dans
la forme que nos Juges détermineront pro-
visoirement nous réservant de faire con-
,
noître plus particulièrement nos intentions
à ce sujet.
Une coupable avidité est le mobile de ceux qui impri-
ment ou répandent des Livres non autorisés du Gouver-
nement. Les peines contenues en cet Article, paroisicnr.
bien analogues au genre de la transgression, 6c doivent
intimider les autres agents de la Librairie que le vil ap-
,
pât du gain entraîneroit fur les pas des premiers. Si Vo-
tre Majesté ne juge pas à propos d'expliquer encore {es
Z z
íf G PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
intentions fur la condamnation aux travaux publics, on-
pourroit, par provision , enfermer les délinquants dans
des Maisons réputées lieux d'ignominie, comme Bicêtre,
òC autres Etablissements semblables.

ARTICLE VI;
N'entendons cependant assujettir les Tri-
bunaux à suivre Tordre 6c la gradation des
peines mentionnées ès Articles précédents,
lorsqu'il écherra de statuer sur un premier
ou second Ouvrage, remarquable par un
excès de licence 3 laissons alors à la prudence
des Juges d'infliger une ou plusieurs des con-
damnations portées par le présent Edit.
Quelque bien vu que soit le plan graduel 6c progressif
introduit dans Tordre des condamnations, il est des excep-
tions aux règles les plus sages. Un Ecrivain qui auroit 1c
malheur de débuter par la prédication de Tathéiíme, ou
par d'horribles blasphèmes contre la perionne adorable de
notre Seigneur Jésus-Christ, ne mériteroit aucune indul-
gence; 6c en pareil cas il a paru convenable de laiíler aux
Tribunaux la liberté de choisir entre les nouvelles peines,
celles qui feroient les plus proportionnées à Tefpece par-
ticulière du délit.
ARTICLE VIL
Seront contraints à tenir prison pendant
deux mois, les Auteurs, Imprimeurs, Li-
braires 6c autres hors d'état d'acquitter les
amendes pécuniaires prononcées contn'eux -,
comme auíli fur le vu des exécutoires de-
cernés par nos Officiers, les Fermiers du Do-
maine pourvoiront à Tentretien 6c subsistan-
ce des Ecrivains condamnés à une détention
perpétuelle 6-C reconnus insolvables.
On a dû prévoir le cas, d'Ecrivains Imprimeurs &au-j
j
DU CLERGÉ DE FRANCE* 8 JUILLET 178J. 197
tres personnes notoirement insolvables. II a fallu rempla-
cer alors les amendes par d'autres peines. Les frais d'em-
prisonnement, circonstances & dépendances retombent né-
nessairement, dans nos usages, fur le Domaine Royal.

ARTICLE VIIL
Nul à Tavenir ne pourra Mercer le mé-
tier de Colporteur de Livres,/trins les Villes
6c dans les Campagnes, s'il ne fait lire Ô£
écrire, 6c s'il n'est muni, à cet effet, d'un<*
Commission, enregistrée gratuitement à la
Justice Royale 6c à la Chambre Syndicale
de Tarrondistement, après toutefois qu'il aura
fait apparoir de ses vie 6c moeurs, 6c catho-
licité.

ARTICLE IX.
Seront inscrits aux mêmes Greffes, égale-
ment fans frais, les noms & demeures de
chaque Colporteur tenu de plus d'informer
le Jug;e de Police de [es chanp-ements de do-
ts
micile, 6c de faire
__ enregistrero de nouveau ía
Commission lorsqu'il s'établira dans une Ju-
risdiction différente 3 le tout sous peine de
confiscation, d'amende 6c même d'empri-
sonnement contre ceux ,qui s'ingéreroient à
colporter des Livres, fans avoir siuisfait aux
précédentes formalités.
Ces deux Articles bien observés, diminueroient sino;u-
liérement le mal dans, les Villes, 6C en tariroient la source
dans les campagnes. 11 est en effet, de notoriété publique
que les Livres pernicieux ne s'y répandent que par ìcs mains
vénales d'une foule de Porte-Balles 6c autres personnes
fans aveu. Plusieurs Arrêts du Conseil ont déja soumis aux
formalités qui font ici prescrites, les distributeurs des Bil-
lets de Loteries, 6c même dans quelques grandes Villes les
rc,$ Pmchs-f ERBAL T>E L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Colporteurs de Livres *. il ne s'agiroit que d'étendre à tout
le Royaume une police si salutaire.

ARTICLE X.

Avant que de procéder à aucunes ventes


de Livres, générales 6c particulières, volon-
taires ou forcées, il en fera dressé un cata-
logue exact, visé 6c paraphé sans frais par le
Juge des lieux, déclarant sujets à saisie 6c
confiscation, les Livres qui ne feroient pas
bien 6c duement inscrits fur ledit état j ce qui
fera de rigueur, même pour les inventaires
après décès, &: les expositions publiques dans
le temps des foires 6c marchés. N'entendons
en excepter que les ventes ordinaires qui se
font chaque jour 6c en détail dans les bouti-
ques des Libraires, ou par les mains des Col-
porteurs.
ARTICLE XI.
Autorisons, en tant que besoin feroit, les
Officiers de Justice à se transporter, sans ré-
quisitions préalables toutes 6c quantes fois
,
ils aviseront bon être dans tous les lieux pri-
,
vilégiés ou non privilégiés, de ventes 6c d'ex-
positions de Livres, pour se faire représenter
les états 6c catalogues, 6C réprimer les mal-
versations des vendeurs, acheteurs 6c prépo-
sés fans néanmoins pouvoir exiger aucuns
,
honoraires, vacations ou épices, si ce n est
dans le cas de contravention, 6c alors à la
charte des contrevenants.
ARTICLE XII.
*
Pareillement nos Procureurs-Généraux;
DU CLERGÉ DE FRANCE* 8 JUILLET 178J. 199
ou leurs Substituts, feront, au moins quatre
fois par chacun an, des visites sévères, non
annoncées, 6c même imprévues, dans les
Imprimeries, dans les boutiques 6c maga-
sins des Libraires Relieurs 6c Colporteurs,
,
ensemble dans les Cabinets publics, ouverts
aux Lecteurs par abonnement, avec pouvoir
6c faculté d'enlever par provision 6c fans
formalité de justice,, les Livres qui leur pa-
roîtroient blesier la Religion, les moeurs ou
le Gouvernement, sauf à y être statué défi-
nitivement par qui il appartiendra.
II est douloureux de voir les Ouvrages les plus capables
de corrompre la foi 6cles moeurs, étalés avec une profu-
sion scandaleuse dans les foires 6c marchés, dans les in-
ventaires âpres décès, dans les autres ventes 6c expositions
volontaires ou forcées, 6c même dans les Cabinets Litté-
raires ouverts depuis quelques années à la curiosité des
Lecteurs pour une légère contribution. C'est pour remé-
dier à des abus si déplorables, qu'en établiilant, Article X,
fous peine de saisie, Tobligation générale de tenir un ca-
talogue en bonne 6C due forme, on a cru devoir, dans
les Articles suivants, confier Tinfpection 6c la surveillance
de cette tenue aux Juges ordinaires, dont les visites exactes
66 fréquentes fermeront insensiblement ces canaux de com-
munication, si favorables au cours des nouvelles maximes.
Si chaque Procureur du Roi étoit obligé d'adreíler tous
les trois mois une efpece de contrôle &C d'état de situa-
tion à M. le Ptocureur-Général du ressort, soumis lui-
même à la nécessité d'un pareil envoi vis-à-vis M. le
,
Garde des Sceaux, une telle correspondance, régulière-
ment observée, tiendroit constamment en haleine TAdmi-
nistration 6c les Tribunaux sur cette importante branche
de la Librairie.

ARTICLE XIII.
Défendons très-expressément à toutes per-
ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
i-oo PROCÈS-VERBAL DE L
sonnes, autres que les Imprimeurs 6c Librai-
res de nos Etats , de faire venir directement
des Livres imprimés en pays étrangers j dé-
fendons auili de laisier entrer dans le Royau-
me aucuns paquets 6>Cballots de Livres, s'ils
ne font adreilés à l'un des entrepôts suivants,
Paris Rouen , Strasbourg , Lille Lyon,
, ,
Marseille, 6cc. 6c si les conducteurs d'iceux
ne remettent fur la frontière une facture, ou
note déclarative du nombre 6c de la qualité
des Ouvrages contenus dans lesdits ballots,
avec soumission de justifier dans un terme
préfix de leurs acquits 6c décharges.

ARTICLE XIV.
Ne pourront les balles, ballots, caisses 6c
paquets de Livres apportés du dehors, être
délivrés à quelques personnes que ce soit,
dans aucun cas, ou fous aucun prétexte, qu'ils
n'aient été préalablement ouverts, vus 6c vi-
sités par le Juge de Police, assisté des Syn-
dics 6c Adjoints des Chambres Syndicales de
Librairie, lesquels en dresseront procès-ver-
bal 6c retiendront pardevers eux tous Li-
,
vres suspects de favoriser Tirréligion, Tanar-
chie, ou la licence des moeurs..

ARTICLE XV.
Et feront les précédentes dispositions, con-
cernant Tentrée des Livres venant de pays
étrangers, inviolablement gardées 6c obser-
vées à peine contre les infracteurs, de con-
, ,
fiscation d'amende d'interdiction d'état,
, ,
d'emprisonnement à temps & à perpétuité,
6c même de condamnations plus grandes
encore, selon Texigence des cas.
En
DU CLERGÉ DE FRANCE, 8 JUILLET 178/. 2.01
Envain Tímprimerie rrançoise se rcnfermeroit dans la
limite des Règlements fi les dangereux fruits des Presses
,
étrangères viennent corrompre 6c pervertir les moeurs
nationales. La plupart des précautions prises dans ces Ar-
ticles pour repousier loin de la France cette monstrueuse
,
espèce de contrebande, ont été calquées fur les dispositions
de différents Arrêts du Conseil intervenus à ce sujet. En
supposant que d'autres lieux aient le privilège de servir
d'entrepôts, il fera facile de les ajouter à la fuite de ceux
mentionnés dans TarticleXîIÍ. Ainsi les Ouvrages condam-
nables imprimés en pays étranger, ne franchiront point
j
les barrières du Royaume, ou seront bientôt découverts
6c arrêtés à la faveur des visites, 6c autres mesures pré-
cédemment établies. Ces entraves posées au-dedans 6c au-
dehors, gêneront, il est vrai, la liberté du commerce, 6C
contrarieront les vues de quelques particuliers j mais de
pareils sacrifices font dus au bien public. En prévenant
Tirruption des mauvais Livres 011 écarte les deux plus
,
grands ennemis du bonheur de Thomme, Tirrcligion 6c la
licence des moeurs. Le íeul intérêt du Fisc a fait adopter
un détail immense de formalités, tout autrement onéreuses
6c assujettissantes. Un des principaux objets du Règle-
ment proposé, est de mettre un frein au désordre de la
Preste, sans être dans la triste nécessité de punir souvent.
II a donc fallu multiplier les ressorts préservatifs, 6c étouf-
fer, en quelque forte, le germe des transgressions fous une
police ferme, éclairée 6c toujours active.

ARTICLE XVI.
Lorsqu'il écherra d'arrêter des Ouvrages
contraires à la Religion aux moeurs 6c à
,
l'autorité, voulons que Tédition entière des-
dits Ouvrages, si faire se peut, soit brûlée
dans la place publique par TExécuteur de la
haute Justice, en vertu d'une Ordonnance,
qui exprimera le nombre des exemplaires qui
auroient été saisis 6c confisqués.
Procès-verbal de 178J. Aa
loz PROCÉS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
L'appareil de cette exécution imprimera dans Tame des
peuples, une juste horreur pour les compositions impies,
obscènes, ou séditieuses : il étoit d'ailleurs important de
prévenir les suites fâcheuses 6c presque inévitables de la
confiscation. Plus d'une fois le subalterne, dépositaire des
exemplaires saisis , s'est permis d'en distribuer à ses parents
6c connoissances, 6c même d'en vendre à des personnes
étrangères. Presque toujours TOuvrage proscrit, après une
disgrâce momentanée, a reparu 6c circulé dans le public.

ARTICLE XVII.
Continueront les Archevêques 6c Evê-
ques de notre Royaume, de pourvoir, cha-
cun dans leur Diocèse, à la suppression des
mauvais Livres par toutes voies dues 6c
,
raisonnables dépendant de leur ministère.
,
Pourront même, le cas échéant requérir
,
l'autorité des Juges des lieux, lesquels feront
tenus en conséquence de faire, sans retarde-
ment, toutes les instructions 6c procédures
nécessaires à peine d'être personnellement
,
garants 6c responsables envers Nous des abus
6c contraventions.
L'infpection fur le cours des mauvais Livres, est du
nombre de ces objets mixtes qui tiennent à la police ci-
vile 6c à Tadministration ecclésiastique. Nous ne deman-
dons point cependant que les visites chez les agents de
la Librairie, 6c autres procédures, se fassent, suivant le
voeu des anciennes Ordonnances, par TOrdinaire des
lieux, assisté du Juge Royal. Nous supplions feulement
le Légistateur de consacrer, par un article exprès de TOr-
donnance, le droit qu'ont les Supérieurs Ecclésiastiques
d'exciter à ce sujet le zèle 6c Tactivité des Tribunaux sé-
culiers : ainsi les deux Puissances veilleront à Tenvi pour
écarter des mains du peuple toutes productions nuisibles
ou dangereuses.
DU CLERGÉ DE FRANCE* 8 JUILLET 178J. 103
ARTICLE XVIII.
Voulons au surplus que Tétat des Lettres
6C des Sciences, tant dans
notre bonne ville
de Paris, que dans les différentes Provin-
ces de notre Royaume , soit remis chaque
année fous nos yeux, aux fins d'encourager
par des gratifications , pensions, titres , pla-
ces , Lettres de Noblesse, 6c autres récom-
penses utiles ou honorifiques, les Ecrivains,
&C même les Imprimeurs distingués qui
joindront la conduite au talent. ,

II est digne de Votre Majesté dé répandre les faveurs


6c les distinctions fur les Ecrivains utiles, 6c principale-
ment fur ces hommes rares, dont les veilles étendent les
conquêtes de Tefprit 6c Tempire de ra raison. La Religion
applaudira toujours aux progrès des lumières* &; psLls fes
titres seront vus au grand jour , plus TEvangile le mon-
trera avec tous les caractères d'un bienfait public, qui en-
traîne 6C force Thommas;e des Nations reconnoissantes.
Loin que le Clergé soit ennemi des Lettres, elles ne fleu-
riront jamais avec plus d'éclat qu'à sombre des Autels. Les
Princes qui les ont le plus constamment protégées, ne font
pas moins célèbres dans les Annales de la Patrie, par leur
attachement inébranlable à la foi de nos pères. En solli-
citant ainsi des condamnations d'une main , 6c de l'autre
des encouragements, nous avons voulu prévenir les écarts
du génie 6c non captiver son estor* réprimer l'abus du
savoir, 6c, non éteindre Témulation des Savants j en un
mot, faire honorer de tous les ordres de Citoyens, le plus
noble des talents, par Texercice d'une généreuse, mais
sage liberté.
ARTICLE XIX.
Les Ordonnances, Règlements 6c Décla-
rations ci-devant intervenus, fur le fait de
la Librairie, continueront d'être exécutés,
Aa z
2.o4 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
suivant leur forme 6c teneur, en tous le Ar-
ticles auxquels il n'auroit point été dérogé
par ces Présentes.
Quoique la nouvelle Loi, combinée avec les Règle-
ments anciens, présente de sages 6c salutaires dispositions
bien propres à couper la racine des maux qui affligent
notre littérature, telles font les bornes de la prévoyance
humaine, qu'on se flatteroit en vain d'empêcher toutes les
contraventions. Ainsi, de loin en loin, quelques Ecrits élu-
deront les foins de Tinfpection la plus vigilante. Mais ces
Ecrits, lus en secret par un petit nombre de Citoyens, ne
causeront que de légers ravages, tandis que dans Tétat
présent, une nuée de Livres pernicieux se portant chaque
jour avec rapidité sur la Capitale 6>C les Provinces , y en-
tretient une efpece de contagion générale qui infecte tout
âge, tout sexe, toute condition.
Stgné+ff. ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Primat
,
de Narbonne, Président.

DU SAMEDI* NEUF JUILLET ï78j,


d dix heures du matin.

Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.

XXXV MEsseigneurs 6c Messieurs les Commistaires, pour le


SÉANCE.
Temporel, ont pris le Bureau. Monseigneur TArche-
vêque d'Aix, Chef de la Commission, a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Le premier Mémoire donné pour la défense du Clergé,
dans Taffaire des Foi 6c Hommage, fut mis fous les yeux
de l'Assemblée de 1780. L'Assemblée de 17 8 z fut instruite,
par le Rapport de Messieurs les Agents, des recherches
nouvelles dont la Commission s'étoit occupée pour prépa-
rer une réponse au Mémoire de Tlnspecteur du Domaine.
DU CLERGÉ DE FRANCE* 9 JUILLET 178 y. 205,
Une seconde réponse de TInspecteur du Domaine a rendu
nécessaire un dernier Mémoire de la part du Clergé.
La Commission a cru devoir ajouter à la défense du Cler-
gé une instruction particulière,dont Tobjet est de fixer Tétat
de la question, de rappeller les principes de Texemption du
Clergé, 6c d'en faire Tapplication à Tétat actuel de Ces pos-
sessions.
Nous avions besoin sans doute d'exposer, avec quelque
précision, une. cause qui n'avoit point encore été connue5
elle étoit annoncée comme la cause du Clergé, elle sem-
bloit étrangère a tous les Citoyens. II semble qu'elle soit
devenue celle d'une grande partie du Royaume. Les prin-
cipes de la défense du Clergé, sont ceux qui veillent aux
droits de la propriété des Seigneurs 6c des Vassaux dans
les pays de Droit Ecrit, 6c dans les Coutumes allodialcs 5
6c le Clergé réclame, pour une partie de Ces possessions,
une franchise primitive qui rappelle Tancien état des biens
en France, 6c les immunités dont jouissoit la Nation en-
tière dans les premiers siécles de la Monarchie*
On n'avoit jamais demandé au Clergé la prestation des
devoirs féodaux, pour les dîmes, pour les biens d'ancienne
dotation pour les tenures en franche aumône pour les
, ,
biens amortis fans réserve 6c sans retenue.
La Déclaration de 1674 n'avoit pour objet que la re-
cherche des biens non amortis 6c n'ordonnoit point la
,
prestation des Foi 6c Hommages.
L'Infpecteur du Domaine reconnoît lui-même que cette
Loi fut donnée pour protéger les biens du Clergé, 6c non
pour les soumettre aux Loix des Eiefs *. il avoue que le
Clergé n'a pas été entendu que la question n'a pas été
,
contraclictoirement jugée.
Ce n'est pas, dit-il, un Jugement, c'est un témoignage
du Droit Public, c'est un principe qui devient la règle des
Jugements. Le principe qui doit diriger les Jugements,
doit être lui-même Tobjet d'un Jugement réfléchi.
La Loi de 1674 est rappellée par les Arrêts de furféanec.
Ces Arrêts ne peuvent pas lui donner une force qu'elle
n'a point par elle-même 5 elle ne peut pas devenir un Ju-
2.o*S PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
gement par les Arrêts qui en suspendent Texécution.
La Déclaration de 17x5 se fonde sur ceile de 1674,
6C n'a point de rapport avec elle. L'une est dans Tordre de
la féodalité, l'autre est dans Tordre de Tadministration,
Le Gouvernement fembloit avoir renoncé lui-même à
des Loix auxquelles il n'avoit jamais donné d'exécution.
L'exécution n'en étoit pas posiible.
La Déclaration de 17 z s n'ordonnoit la prestation de
la Foi 6c Flommage, que pour les Fiefs dépendants des
Bénéfices mouvants 6c relevants immédiatement du Roi.
Le Ciergé ne nie point que les Bénéficiers ne doivent
la Foi 6c Hommage, Aveu 6c Dénombrement pour les
biens mouvants 6c relevants immédiatement du Roi.
Quels font les biens dépendants des Bénéficiers, mou-
vants & relevants immédiatement du Roi? Est-ce au Roi,
est-ce aux Bénéficiers à fournir la preuve des biens dé-
pendants des Bénéfices mouvants 6c relevants immédia-
tement du Roi ? Voilà la question qui reste toute entière,
6c qui n'est point encore jugée.
Les Ecclésiastiques doivent au Roi, ce qu'ils doivent
aux Seigneurs particuliers, les droits féodaux des Fiefs
qu'ils possèdent dans fa mouvance quand ces droits ne
,
font pas éteints.
III refusent aux Seigneurs, ce qu'ils refusent au Roi
,
les droits féodaux, quand ils font éteints.
Les biens de TEglife font des Fiefs, quand TEglife a
reconnu un Seigneur 6c un Suzerain.
Les biens de TEglife font des franc-Aleux nobles, quand
TEglife les possède avec franchise, 6>Cquand elle en a fait
d.es inféodations.
L'Eglife possède la justice dans Tordre de la féodalité
,
quand les justices qui lui appartiennent font des Fiefs, 6>C
quand les droits ou devoirs de ces Fiefs ont été conser-
vés dans les mains de TEo-sife.
L'Eglife possède la justice dans Tordre de la Puiflance
publicfue lans aucune autre dépendance que celle de la
,
souveraineté, quand les justices qui lui appartiennent ne
font pas des Fiefs.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 JUILLET 1785. z07
Le Clergé reconnoît la Loi féodale pour les Fiefs qu'il
possédé, 6c ne la reconnoît pas pour les biens qui ne font
pas des Fiefs.
Si Torigine d'une partie de Ces possessions remonte avant
Tépoque de la féodalité j si ses antiques pofleíîions n'ont
pas été soumises dans la fuite au joug de la féodalité, ses
possessions ne font pas des Fiefs.
Quand TEglife acquiert des héritages frappés de la Loi
féodale elle en conserve les devoirs, si elle n'en a pas été
,
affranchie. Elle en est affranchie si les Fiefs qu'on lui
,
transmet furent convertis en Aïeux, par le titre même de
leur donation s'ils furent donnés à TEglife en franche-
,
aumône, s'ils furent amortis fans réserve 6c sans retenue.
Le Clergé ne présente point un titre général d'exemp-
tion émané de la nature même de Ces fonctions. L'exemp-
tion qu'il réclame n'est point personnelle aux Ecclésiasti-
ques. Elle dérive de la nature des anciennes poíîessions
de TEglife, ou des formules d'exemption usitées 6C con-
nues , 6c non des personnes 6c des fonctions.
Le Clergé réclame le titre des donations 6c transactions
qui lui ont transmis ses biens. Ces transactions volontai-
res , ces donations, font fondées fur les mêmes Loix qui
donnent la sanction aux traités de tous les Citoyens.
L'Eglife avoue même que la donation d'un Fief en fran-
che-aumône ne suffit pas pour affranchir le Fief des droits
,
dus aux Seigneurs supérieurs. Mais on voit par des actes
anciens 6c multipliés, que les donations en franche-au-
mône étoient confirmées par les Seigneurs supérieurs. On
présume ce consentement, quand il n'y a point de réserve
faite par les Seigneurs supérieurs. On le présume de la fa-
veur accordée aux donations en aumône, dans des temps
où la pieuse libéralité des fidèles enrichisioit TEglife, 6C
Taffranchiífoit de toute servitude profane : on le présume,
sur-tout dans les Coutumes allodiales *. 6c cette présomp-
tion attachée à la franche- aumône, a dicté la Jurispru-
dence des Cours qui ont regardé la franche-aumône com-
,
me Texemption de tous les services de Fiefs.
La franche-aumône étoit elle-même, dans les premiers
to8 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

temps de rétablissement des Fiefs, un pur 6c simple amor-


tissement. La franche-aumône des Fiefs étoit confirmée
par tous les Seigneurs supérieurs , &. la donation en au-
mône étoit par-là même amortie*
L'amortissement des Fiefs donnés à TEglife, étoit pu-
rement féodal dans son origine j les devoirs 6c services des
Fiefs en formoient le véritable objet. C'est par la perte de
ces services, que les Fiefs étoient abrégés* 6c c'est à cause
de Tabréçement des Fiefs, qu'il falloit demander aux Sei-
gneurs supérieurs leur consentement, qu'on appelloit alors
amortissement.
Cet amortissement étoit accordé par tous les Seigneurs
supérieurs * il étoit accordé par les Haut-Barons en der-
nier ressort. II fut même accordé, en dernier ressort, par
les trois Seigneurs immédiats. Le Roi ne donnoit point
d'amortifiement, quand il ne fe trouvoit point dans Tordre
des trois Seigneurs immédiats ou quand les biens donnés
,
avoient été amortis par les Haut-Barons.
Les Aïeux furent dans la fuite amortis comme les Fiefs.
Mais les objets de l'amortissement étoient distingués com-
me les Fiefs 6c les Aïeux. Les charges propres aux Fiefs,
6c les charges propres aux Aïeux formoient des objets
différents.
L'amortissement des Aïeux avoit pour objet les droits
de la Puissance publique, ou de la propriété particulière
imposée sur les Aïeux, 6c non payables par le défaut de
commerce des possessions des gens de main - morte, ou
par la faveur généralement accordée aux Eglises.
L'amortissement des Fiefs avoit pour objet Textinction
des services féodaux, soit de ceux auxquels la possession
en main-morte ne donnoit plus ouverture, soit de ceux
dont un usage constant exemptoit les possessions de TE-
glife. Si les Donateurs ou les Seigneurs supérieurs rete-
naient quelque service, on en ftipuloit la retenue, on
exprimoit le droit réservé, la manière de Tacquitter, la
punition du non paiement : on établiíloit une indemnité,
soit annuelle, soit renouvellée à des termes convenus : on
désignoit un homme vivant 6c mourant. Ces formes n'é-
toient
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 JUILLET 178/. 109
toient pas toujours les mêmes 3 elles avoient besoin d'être
énoncées. II falloit bien énoncer celles auxquelles on don-
noit la préférence. Quand 011 ne les stipuloit pas, c'est
qu'elles n'étoient point établies, ou qu'elles n'étoient point
conservées.
Telle est Tidée de l'amortissement que présentent les an-
ciennes 6c nouvelles Ordonnances des Rois, jusqu'à la fin
du dernier siécle.
QuelquesAuteurs, en petit nombre, ont regardé Tamor-
tiílement dans ion origine, comme la permission donnée
par le Souverain aux gens de main-morte, d'acquérir 6c
de posiéder. L'ìnfpecteur du Domaine ne le pense pas. II
pense que TEglife, Ordre reçu dans TEtat, étoit capable
de posiéder. L'Auteur d'un nouveau Mémoire qu'on op-
pose au Clergé, reconnoît que les Eglises pouvoient ac-
quérir des immeubles avant le règne de saint Louis, fans
Tintervention de l'autorité souveraine.
L'amortissement ne fut réduit à la simple faculté de pos-
séder, que par une Déclaration de 1701, 6c une autre
de 172.4, qui ne peuvent pas avoir un effet rétroactif.
Ainsi tous les biens poílédés par TEglife de France avant
1700, font affranchis de tous droits 6>C devoirs de Fief,
soit par la nature de Ces anciennes possessions, soit par le
titre de leurs donations, soit en vertu de leur amortisse-
ment.
11 n'y a d'exceptions à faire que pour les biens amor-
tis dont Tamortiílement contiendroit une réserve expresse
,
des droits féodaux. La preuve fuit Texception 3 le Droit
Commun est connu 3 Texception doit être prouvée.
Quand la Commission des Foi 6>C Hommage établit
Tordre 6c les principes qu'elle devoit suivre dans la dé-
fense de Texemption du Clergé elle croyoit avoir dis-
,
cuté les principes fur lesquels le Domaine pouvoit fonder
fes demandes. Nous avions exposé dans un travail parti-
culier, les sentiments des Feudistes 6c des Jurisconsultes.
Nous avions rappelle les autorités favorables 3 nous avions
combattu, par des recherches plus exactes les autorités
,
contraires. Nous avons vu avec étonnement, que les ré-
Procès^verbal de 1785. B b
2i o PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ponses qu'on nous oppose, ne contredisent pas moins les
principes adoptés par le Domaine, que les principes récla-
més par le Clergé.
La réponse de Tínspecteur du Domaine, est fondée sur
un seul principe.
Les Fiefs font émanés des Justices. Les Fiefs font des
Seigneuries. Les Seigneuries font des Ostices. Ces Offices
font Texercice de la Puissance publique, ajoutée à la pro-
priété privée. Ce qu'on ajoute à la propriété privée est
,
pris dans un autre ordre que celui de la simple propriété,
dans Tordre public. Le Souverain déléguois une partie de
fa puissance 3 il donnoit même le droit de la fubdéiéguer.
Ceux qui Texerçoient, étoient liés par un serment parti-
culier : ils reconnoissoient qu'ils étoient les hommes du
Roi.
Ces Offices étoient appelles honneurs. Le Souverain
donnoit les honneurs 3 il pouvoit les retirer. Les Seigneurs
devinrent plus puiflants, les Rois plus foibles, 6c les hon-
neurs furent héréditaires. Les Offices devinrent un patri-
moine.
Ce patrimoine ne fembloit pas encore, par fa nature,
susceptible d'être dans le commerce : il devint commer-
çable avec le consentement du Seigneur supérieur. On fit
acheter ce consentement. Les Seigneurs eurent le droit,
ou de retenir le Fief, ou de prendre un prélèvement fur
le prix de la vente.
Les Seigneurs ont senti qu'ils avoient quelque chose
de plus qu'une simple propriété privée, qu'ils pofiédoient
une portion de la Puissance publique. Ils en ont délégué
une partie 3 ils ont créé des honneurs 5 ils ont acquis des
vaflaux soumis aux mêmes charges qu'ils avoient contrac-
tées envers le Souverain.
Telle est la nature des inféodations 3 telle est la vérita-
ble idée de Téchelle féodale. Les Seigneurs ne font que
les organes de la Puissance publique 3 6c la propriété di-
recte distinguée de la propriété utile, n'est que la directe
,
Seigneurie.
Ainsi cette maxime : Nulle Terre fans Seigneur, est aussi
Du CLERGÉ DE FRANCE, 9 JUILLET 178J. m
ancienne que la Monarchie. Elle étoit connue avant Té-
tabiissement des Fiefs. Elle est conservée 6c maintenue
dansie régime féodal. Elle a subsisté sans les Fiefs 3 elle
subsiste avec.eux. Elle prête sa force aux maximes féodales
3
elle n'en dérive pas.
Les Ecclésiastiques possèdent des Seigneuries ils
, en
exercent les droits. Ils ne peuvent pas posséder une partie
de la Puissance publique fans délégation, ou fans subroga-
tion, íìs n'ont pas pu, fans délégation, ériger des Justices,
6C créer des Seigneuries.
Le Clergé ne peut rien demander de plus que cette as-
sociation à la Puiflance publique. Si le Clergé l'exerce sur
ies vassaux, il Temprunte. IIfaut qu'il donne sa reconnois
lance qu'elle est empruntée 3 il faut qu'il reconnoisfe que
nulle terre n'est sans Seigneur 3 que toute terre est dans la
Seigneurie de la Puissance publique, 6c la Foi 6c Hom-
mao-e est la sanction de sa reconnoissance.
Tel est le système du Défenseur du Domaine.
11 s'agit de savoir si les Fiefs
ne font point distingués de
la Justice, si la Justice forme Teflence des Fiefs.
Les Fiefs font des terres qui relèvent d'une autre terre,
:
ou dont d'autres terres relèvent. L'échelle féodale est com-
posée de possessions territoriales. Ce font les terres même,
qui, par la fiction féodale, deviennent des Fiefs inférieurs
ou supérieurs.
C'est la supériorité d'une terre fur une autre 3 c'est la
subordination d'une terre à une autre qui forme Téchelle
féodale.
Cette supériorité,.cettesubordination des terres n'a point
de rapport avec la Puiflance publique. Elle n'a de rapport
qu'avec la propriété privée. C'est une relation établie entre
les possessions. C'est un contrat paílé entre les Propriétaires.
La propriété des héritages, distinguée de la jouifìance
utile forme une Seigneurie purement privée, qui nJa rien
5
de la Puissance publique 3 6c c'est cette propriété des héri-
tages retenue, c'est cette jouissance cédée à charge de ser-
vice, qui constitue le Fief.
Le Roi lui-même ne peut être Seigneur dans cet ordre
Bb z
PROCES-VERBAL DE ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
aï z L
de propriété privée, que par les droits des terres qu'il pos-
sède. Ces terres, dans une autre main que la sienne, con-
servent écrasement leur supériorité : ôc les terres fubordon-
nées confervoient autrefois, dans fa main, toute leur dé-
pendance. Si le Roi est Seigneur, dans Tordre de la féoda- .
lité de toutes les terres de son Royaume, il faut qu'il
,
possède des terres dont toutes les autres relèvent.
Ce n'est point de la Couronne, c'est du Domaine pos-
sédé par le Roi que relèvent les Fiefs de fa mouvance.
Les mouvances du Duché de Normandie ne font point
celles du Duché de Bretagne. Chaque mouvance a son
ressort 6C ses limites, 6c la Couronne n'en a point.
L'ínspecteur du Domaine suit les progrès successifs du
mélange de la justice 6c de la Puissance publique, avec la
propriété privée.
II n'y a point encore de Fief, quand la Puissance pu-
blique est unie à la propriété privée. Cette union fubsif-
toit fous la première race : elle iubsistoit quand les Comtés
font devenus héréditaires, 6c il étoit possible encore que
le régime des Fiefs ne fût point introduit dans le Royaume.
Cette Puissance publique ne fut, dans la fuite, tenue
féodalement, que parce que la féodalité devint la loi du
plus grand nombre des possessions. Tout devint Fief, 6C
par une erreur de Topinion publique, il semble que la jus-
tice inféodée ne dépendoit plus du Souverain, que com-
me une terre qui relevé de ion Domaine.
Cette erreur fut réformée par les Loix, quand Tauto-
rtié royale reprit son empire fur les justices des Seigneurs.
Les justices inféodées conservèrent leur rapport dans
Tordre de la législation, en acquérant un nouveau rap-
port dans Tordre de la féodalité.
C'est fous ce premier rapport qu'elles furent soumises
•au serment de fidélité , à l'appel pardevant les Cours
Royales, au jugement du Souverain,
C'est fous le second rapport qu'elles furent soumises à
la Foi 6C Fìommage, qu'elles formèrent le lien du vassal
6c du suzerain qu'elles furent comprises dans Tacte d'in-
,
vestiture 6c dans les aveux 6c dénombrements.
,
Du CLERGÉ DE FRANCE* 9 JUILLET 178/. 213
II faut savoir si les justices qu'une Eglise possède essen-
tiellement dépendantes de la Puiflance publique, ont en-
,
core acquis, par la force d'un contrat particulier, cette
seconde dépendance qui n'appartient qu'à la féodalité.
II en est des justices comme des autres biens, qui peu-
vent être possédées, tantôt en Fiefs, tantôt en ffanc-Aleu.
La Foi 6c Hommacre est la sanction de la Loi des Fiefs
,
6c non de la Loi civile, ou politique du Royaume.
Le Clergé s'en défend pour les justices qu'il possède en
Aleu, comme pour les biens qui ne relèvent point d'un
Fief supérieur.
Les Fiefs fans justice se sont multipliés en France, 6c
ne retiennent rien de la Puiflance publique.
La justice est attachée aux franc-Aïeux nobles, 6c le
franc-Aleu noble ne participe point à la nature des Fiefs.
C'est de cette séparation des Justices 6c des Fiefs 3 c'est
des extensions inégales 6c différentes des Fiefs, ôcdes Jus-
tices attachées aux mêmes possessions, que dérive cette
maxime devenue générale en France que Fieí 6c Justice
,
n'ont rien de commun.
Les Justices, disent les Commentateurs des Coutumes,
ont un territoire limité, 6c les Fiefs s'étendent souvent
dans des lieux éloignés, 6c même en différentes Provinces.
Les Fiefs qui composent le Duché de Touraine dans
,
quelques Provinces qu'ils soient situés, íe gouvernent par
les Us 6c Coutumes du Duché de Touraine 3 mais ils dé-
pendent des Justices des Provinces dans lesquelles ils font
situés.
Nous ne vous rapportons que les résultats des recher-
ches faites par la Commission 6c des Mémoires donnés
,
pour la défense du Clergé 5 nous ne remettons pas
fous vos
yeux les preuves tirées des anciens- monuments3 nous ne
' rappelions point les autorités des Jurisconsultes 3 nous ras-
semblons des définitions connues qui deviennent Texprcí-
,
sion d'une législation constante 3 nous croyons répondre à
Tínspecteur du Domaine par la simple exposition des prin-
cipes fur lesquels il fonde fa demande, 6C de ceux fur les-
quels le Clergé fonde fa défense.
ai4 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
II a paru, depuis quelques jours, un Mémoire imprimé
qui contredit les prétentions du Clergé.
L'Infpecteur du Domaine avoit cherché Torigine des
Fiefs dans la délégation devenue héréditaire des Justices.
Ce nouveau Mémoire attribue Torigine des Fiefs à Théré-
dité des Bénéfices.
Quand les Bénéfices furent convertis en Fiefs , les pof-
festeurs firent des inféodations 3 les Fiefs originaires, 6C
leurs arriere-Fiefs formèrent une hiérarchie féodale, dont
le Roi fut le Chef. Les Fiefs furent reportés par Thom-
mage au Fief de la Couronne dont ils étoient sortis.
11 en résulte que les biens de TEglife qui n'étoient point
des Bénéfices, que ceux même qui provenoient des Bé-
néfices avant qu'ils fuffent devenus des Fiefs ne font
,
point soumis à la Foi 6c Hommage. Ils ne doivent point
être reportés par Thommage au Fief de la Couronne, dont
ils n'étoient point sortis, ou dont ils étoient sortis avant
Tétabliílement de la hiérarchie féodale.
II paroît qu'il n'y a point de Loi générale d'usage
,
constant, de principe uniforme, qu'on oppose au Clergé.
Chacun choisit à son gré, parmi les causes multipliées
qui produisirent le régime féodal, celle qui semble le plus
favorable à Con opinion.
Le Clergé n'a point admis de fystême : il reconnoît éga-
lement toutes les vérités historiques. II n'a point à redou-
ter les recherches 6c les preuves.
L'établiífement des Fiefs ne fut pas Teffet d'une feule
cause.
Les Bénéfices devinrent des Fiefs. Les Justices furent
inféodées. Les Aïeux changèrent de nature. Les posses-
seurs même d'un bien franc 6>Clibre, se soumettoient vo-
lontairement à des charges qui leur devenoient utiles 3 6C
telle fut Torigine de ces Fiefs de reprise, dont les exem-
ples font fi fréquents dans notre Histoire.
Les plus puiílants voulurent acquérir des vassaux. Les
plus foibles des protecteurs.
On épuisa toutes les manières par lesquelles pouvoit
se former le lien réciproque de la protection 6c des services.
DU CLERGÉ DE FRANCE* 9 JUILLET 1785. 2.15
Au milieu de ces changements un seul Corps assez
,
puissant pour se soutenir par lui-même conserva Ces pos-
,
sessions dans leur ancienne allodialité, 6c ne se servit du
nouveau régime des Fiefs, que pour multiplier les forces
6c pour maintenir Ces privilèges.
Les Aïeux se changoient en Fiefs dans les mains des
Citoyens. Les Fiefs se changeoient en Aïeux dans les mains
de TEglife, 6C la possession ecclésiastique fut distinguée par
ía nature, comme par son objet, des pofleíîions des autres
Citoyens.
Qu'importe que les Bénéfices 6c les Justices devenus
héréditaires aient formé des Fiefs 6c des droits seigneu-
,
riaux dépendants du Domaine du Roi.
Les Justices ecclésiastiques restèrent ce qu'elles avoient
été, quand les Fiefs n'étoient pas encore 3 6c Ces ancien-
nes possessions ne partagèrent point le fort de ces Béné-
fices devenus des hérédités féodales.
,
L'Autcur du Mémoire recherche la nature des ancien-
nes possessions des Citoyens.
Les Vassaux du Roi rendoient le service militaire, 6C
faisoient des dons à TEtat à cause de leurs Bénéfices.
Les hommes libres, propriétaires des Aïeux, acquit-
toient les mêmes charges, en raison de Tétendue de leurs
propriétés.
Les Romains 6c les Gaulois acquittoient les tributs 6L
les cens imposés fur leurs terres.
Ces biens devenus biens ecclésiastiques, ne changè-
,
rent point de nature. Les droits réels que TEtat avoit fur
les personnes 6í fur les biens, existent encore aujourd'hui
fous une autre forme, 6c le principe n'en est point anéanti.
Cette discussion est étrangère à la cause du Clero-é.
II s'agit de savoir si les possessions du Clergé doivent
être soumises à la Foi 6>C Hommage.
La Foi 6c Hommage n'étoit point exigée des hommes
libres propriétaires des Aïeux.
,
Elle ne Tétoit point de ceux qui payoient fur leurs ter-
res les tributs 6>Cles cens.
La Foi 6c Hommage, tel qu'on Tentend dans Tordre
Í'I 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
des Fiefs, n'étoit pas rendue par les Vaflaux, même pos-
sesseurs des Bénéfices. Leur serment ne doit point se con-
fondre avec la formule d'investiture établie dans la fuite
pour la possession héréditaire 6c perpétuelle des Fiefs.
Ces Bénéfices enfin étoient à viage, 6c ne pouvoient
point être cédés à TEglife par leurs possesseurs bénéficiai-
res 3 6c les anciennes Chartres nous apprennent avec quel
foin les Rois, qui faifoient des dons de leur Fisc aux Egli-
ses, les affranchifloient de toutes les charges auxquelles
les Bénéfices étoient assujettis.
Nous avons cité ces chartres de donations dont le
,
nombre est infini, non pour réclamer la franchise des pos-
sessions ecclésiastiques dont nous avons produit les titres,
ni pour affranchir celles qui produiroient des titres sem-
blables. Chaque titre est renfermé dans son objet. II n'in-
téresse que le possesseur auquel il appartient 3 6>C si nous
n'avions pas d'autre défense que celle des titres particu-
liers ce feroit aux Bénéficiers à les produire 3 ce feroit
,
aux Bénéficiers à donner la preuve. Ils ne feroient point
a Tabri des poursuites 6c des saisies 3 ils ne pourroient se
défendre que par des procédures, 6c le Clergé n'auroit
rien fait pour eux.
Nous avons voulu faire voir qu'en général, jusqu'aux
temps où les principes de la fiscalité ont fait disparoître
Tancien esprit de notre Gouvernement, il étoit dans To-
pinion publique, dans les moeurs nationales, dans Tin-
tention des Souverains, d'exempter des charges profanes
les biens ecclésiastiques. Les formules d'exemption ont
changé leur objet, 6c leur effet est toujours le même. Les
biens donnés à TEglife furent généralement affranchis des
p publiques o
tributs 6c impositions avant Tétabliflement des
Fiefs. Ils le furent ensuite par le langage uniforme de tou-
tes les donations des devoirs 6c services féodaux. Ils le
furent enfin, par les expressions même des amortissements,
des services 6>C des droits pécuniaires des Fiefs quand
,
les droits pécuniaires furent ajoutés ou substitués aux ser-
vices des Fiefs.
k Nous avons voulu former un titre général d'exemption,
qui
DU CLERGÉ DE FRANCE'^ 9 JUILLET 17Î5." 4117
qui n'est pas énoncé dans un seul titre > qui résulte de tous
les titres, quffcionné la présomption aux Bénéficiers, qui
rejette la preuve à faire fur le Domaine.
II faut produire un titre contr'eux, puisque le titre o-é-
néral est pour eux. La présomption aflure leur repos. On
ne peut, ni les saisir, ni les poursuivre. II faut les attaquer-
un titre à la main , 6L ils font défendus par leur simple
possession»
Le franc-Aleu forme le Droit Commun des possessions
ecclésiastiques.
II se présume dans les Coutumes qui reconnoissent cette
maxime vraiment allodiale : Nul Seigneur sans titre.
II se présume dans les Coutumes féodales, où la pré-
somption de la franche-aumône est admise pour les biens
d'Eglise.
II doit se présumer encore dans toutes les Coutumes
féodales, parce qu'en général les possessions ecclésiastiques
y jouissent, de temps immémorial, de Texemption de tous
les droits 6c devoirs féodaux.
Cette présomption, plus ancienne que celle de la féoda-
lité n'appartientqu'au seul corps toujours subsistant, dont
,
la lojijipue 6c antique possession remonte à la fondation mê-
má(re la Monarchie,
NOUS pouvons emprunter les termes même de Tínfpec-
teur du* Domaine , quand il expose les principes par les-
quels le Clergé prétend justifier la franchise naturelle d'une
partie de Ces biens, 6c Taffranchissement de l'autre.
« Est-il possible , dit-il, de donner à la Loi féodale un
» effet rétroactif, qui enlevé au Clergé la possession paisible
» dans laquelle il étoit,.6c soumette ses héritages à un joug
55 inconnu dans le temps où s'est formé son titre? Non fans
» doute. Si une révolution universelle a répandu ce joug sur
» lá surface de la terre toute entière, s'il n'existe plus un Ci-
*» toyen qui puisse, en remontant à cette époque ancienne,
35 écarter de lui Teffet de cette révolution, le Clergé le peut.
» Le Clergé existait dans ce temps. II existoit tel qu'il existe
3Ì aujourd'hui. II exercoit la même possession.
De-là il réfuh
f> tera que dans cette partie il faut reconnoître
deux Loix
Procès-verbal de 178/. Çc ,
3.i 8 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
-w
différentes; la Loi ancienne, qui fera la Loi du Clergé;
5j
la Loi nouvelle, qui fera, fi Ton veut, la~Loi de tout le.
35
reste de la terre. Dans ce moment il s'est opéré un par-
33 ta se entre ces
deux Loix qui a astigné à chacune son ter-
,
?J ritoire.
Dans les temps qui ont suivi, les limites qui sc'pa-
*» roierir
les deux territoires, ont été changées. Le territoire
33 de la Loi ancienne
étoit le patrimoine du Ciergé ; celui de
?•
la Loi nouvelle étoit le patrimoine des Citoyens.
33
Les événements ont porté dans l'un de ces patrimoines,
-33
différentes portions enlevées à l'autre. Qu'en a-t-il résulté?
73
L'une 6c l'autre Loi devoit fans doute conserver son em-
33 pire 6c
son autorité. Les objets qui font íortis des mains
53
du Clergé, 6c qui íont entrés dans celles des Citoyens,
» ont été tournis àja Loi qui régloit le patrimoine des Ci-
33 coyens.
Ceux qui, enlevés au commerce' 6c à la posìcíhon
?3
des Citoyens, íont passés dans les mains'd-u Clergé, onc
» perdu, par une Loi supérieure, le caractère de la Loi nou-
33
vel'lc, à lâchante d'un dédommagement convenable. C'est
33 cc
qu'on appelle, affranchissement. C'est ainsi que le Cler-
33
gé sans rompre le lien de Tunité qui Tattache au Corps de
,
33
TEtat, croit cependant pouvoir revendiquer une Loi qu'il
33
n'emprunte pas de Tordre spirituel auquel il appáÉltent ;
•55
c'est la Loi temporelle qui la lui a donnée, J? ^^
L'Auteur du Mémoire demande une Loi particulière,
qui prononce en faveur du Clergé une dérogation au
' Droit Commun. Le Clergé présente un Droit Commun
auquel aucune Loi particulière n'a dérogé 3 6l il'présenté
encore des Loix particulières qui ont confirmé le Droit
Commun. II réclame les Loix de Tamortifiement3 il ré-
clame celles qui ont confirmé les privilèges de la frarïtjjpte-
-aumône.
'L'Auteur du Mémoire donne une nouvelle définition
de Tamortifiement, contraire au sentiment de TInspecteur
du Domaine comme à celui du Clergé.
,
L'amortissement n'est, selon lui, qu'une imposition éta-
blie sur les gens de main-morte 3 6c le seul effet de cette
imposition, est de leur assurer la propriété absolue 6c irré-
vocable de "leurs biens.
DU CLERGÉ DE FRANCE* y JUILLET Ì78J. 2.19
Celui qui définit ainsi Tamortiffement, n'a pas lu les
anciennes Ordonnances.
L'Grdonnance de saint Louis confirme le droit d'amor^'
tissement des Seigneurs, 6c n'établit point d'imposition.
Les Seigneurs amortissoient íouvent les biens donnés à
TEglife, fans exiger d'indemnité.
L'amortiílement n'étoit point une imposition du Sou-*
verain, quand le Souverain n'amortissoit pas ies Fiefs dé-
pendants des Haut-Barons, 6c les atriere-Fiefs dépendants
de trois Seigneurs médiats.
L'amortiílement est aujourd'hui distingué de Tindenl-
nité des droits de Fiefs dus au Domaine. II ne Tétoit pas,
quand cette indemnité n'étoit elle-mêmeacquittée que pat
la finance de Tamortissement 3 6c cette finance de Tamor-
tissement est la feule dette acquittée par les gens de main-
morte, dans les Domaines du Roi, juíqu'eii 1700.
L'Auteur du Mémoire, qui semble mal instruit de Tétat
actuel de la cause 6c de la défense du Clergé, suppose que
le Clergé veut substituer le serment de fidélité qu'il prêté
au Roi, à la prestation de la Foi 6c Hommage.
NOUS avouons que le ferment de fidélité n'a rien de
commun avec les devoirs féodaux. Nous ne devons pas
nous défendre de la Foi 6c Hommage par un acte qui lui
est étranger, 6c nous ne pouvons pas regarder le serment
de fidélité comme la preuve 6c la reconnoissance de ces
mêmes devoirs dont nous cherchons à nous défendre.
L'Auteur du Mémoire conclut à demander aux Béné*
ficiers, fans aucun rapport avec les prestations de Foi 6C
Hommage, la déclaration duement vérifiée de'tout le tem-
porel des Bénéfices.
Cette demande'n'appartientpoint au régime féodal. Elle
est fondée fur d'autres principes-. Elle se propose un autre
objet. Elle n'a point de rapport avec les exemptions que
le Clergé réclame, avec la question que le Conseil doit
juger.
II semble, en général, que les Défenseurs du Domaine
pont pas compris le véritable état de la queflion, puis*
Cc x
-&-2.0 PROCES-VÈRBJL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
qu'ils n'ont pas renferiiié leurs discussions dans les limites
«Tune question purement féodale..
Les Commissaires du Ciergé ont cru devoir s'abstenir
<dans les Mémoires produits pour les défenses du Clergés
•de traiter les questions qui pouvoient compromettre Ces
<lroits. Ils ont craint de les compromettre, en usant de
-tous les pouvoirs qui leur étoient confiés.
Les Assemblées de 1740 6c de 1745 avoient donné
cieux objets au travail de leurs Commissaires.
Le premier consistoit dans la recherche 6c la discussion
des titres fur lesquels le Clergé fondoit son exemption.
Le second, quoique subsidiaire, ne leur parut pas moins
important. II consistoit à rechercher les expédients les plus
propres pour remédier aux inconvénients que pouvoit en-
traîner la prestation des Foi 6c Fïommage. L'Assemblée
de 177J proposa les mêmes objets à la Commission du
Clergé.
La Délibération porte ,*que les deux points principaux
fur lesquels se dirigera le travail de la Commission du
Clergé feront :
,
Premièrement, d'établir 6c d'appuyer les titres 6c au-!
torités qui militent en faveur de Texemption.
Secondement, dans k cas où ces titres feroient reconnus
jnfuflisiints, de préparer le projet d'une Loi générale qui
remédie aux inconvénients qui peuvent accompagner la
prestation des devoirs féodaux.
Nous nous sommes occupés du foin de prendre des infor-
.
mations utiles. Nous avons pensé que cette occupation par-
ticulière ne pouvoit pas préjudicier à la défense de la
cause du Clergé, que nous avons suivie dans toute son
étendue 3 notre devoir est de vous les communiquer,quand
elles feront devenues nécessaires 3 notre désir est de les ren-
dre inutiles. ' *
.
II restoit à demander que les conditions proposées par
TAssemblée de 177J 6c adoptées par celle de 178o, fus-
,
sent exécutées, 6c nous croyons devoit les remettre fous
vos yeux.

Telles font ces conditions. *
DU CLERGÉ DE FRANCE , 9 JUILLET 17%$'. ìit
Premièrement, les représentations 6c propositions du
Clergé doivent être examinées par une Commission du
Conseil.
Secondement, les Députés ou Commissaires du Clergé
j--
doivent correspondre avec les Commissaires du Conseil.
Troisièmement, Tavis des Commissaires du Conseil re-
mis à M. le Garde des Sceaux, doit être communiqué à
l'Assemblée.
Quatrièmement, les représentations de TÀíTemblée doi-
vent être entendues , avant que le Jugement définitif foie
prononcé.
Monseigneur TArchevêque de Narbonne a rappelle à
M. le Garde des Sceaux, des propositions auxquelles il
avoit donné son approbation 3 6c cette marche convenue
sera fidèlement observée.
Le- travail considérable qu'exigeoient les Mémoires du
Clergé ôc ceux du Domaine, n'ont pas permis jusqu'ici
d'établir les Conférences entre la Commission du Conseil
£>C celle du Clergé.
II falloit que les Mémoires des deux Parties fussent pro*
íduks 6c répondus, pour donner à ces Conférences leur
véritable objet.
M. le Garde des Sceaux nous annonce une première
Conférence. M. le Garde des Sceaux, M. le Comte de
Vergennes, Chef du Conseil des Finances, M. le Con-
trôleur-Général doivent assister à cette Conférence avec
,
les Commissaires du Conseil.
La Commission d Clergé n'existe plus. La convoca-
tion de votre Assemoíée a marqué le terme de ses pou-
voirs. II nous reste aTvous proposer de nommer des Dé-
putés pour conférer, en qualité de Commissaires du Cler-
gé avec les Commissaires du Conseil.
,
NOUS sommes chargés par la Commission des Foi 6c
Hommage, de faire connoître à TAflemblée les services
rendus à la Cause du Clergé par M. TAbbé Parent 6c par
M. Laget. M. TAbbé Parent a développé dans ses Mé-
moires ce principe du Droit Commun des possessions du
Clergé qui devient le fondement de fa défense, 6c qui
,
TI.%1 PRGCES-VERBIL DE L1ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

semble condamner le Domaine à prouver Texception, II


a considéré ,dans les
différents siécles, la fuite de ces for-
mules différentes, toujours rapprochées par leur objet,
toujours employées pour Taffranchiflement des possessions
de TEglife. II a,préparé ,par des recherches exactes fur les
motifs, les formes 6c les effets de la franche-Aumône.
-M* Lap-et a joint à ces recherches des anciens m o n u*
ments, les autorités des Jurisconsultes. II a rendu plus se n- *
subies les dispositions des nouvelles Loix. II a fait connoî-
tre Tefprit des Coutumes. II a recueilli les Jugements des
Cours Souveraines. II a répondu au Système du Défen-
seur du Domaine, avec cette sagesse 6c cette exactitude
oue lui donne la connoissance habituelle de notre Juris-
prudence 6c de notre législation. Les connoissances réu-
nies de M. TAbbé Parent 6c de M. Laget n'ont laissé rien
à désirer à la Commission, que les témoignages 6c les ré-
compenses dont TAflemblée doit honorer leurs travaux.
Le Rapport fini, TAssemblée, après avoir témoigné à
Monseigneur TArchevêque d'Aix toute la satisfaction qu'el-
le avoit de son travail, a nommé Monseigneur TArchevê-
que d'Aix, Meíleigneurs les Evêques de Troyes 6c de Ne-
vers, 6c Messieurs les Abbés d'Agoult, Messey ÔcDillon,
pour conférer avec MM, les Commissaires du Conseil sur
Tastaire des Foi 6c Hommages.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Mardi prochain,
à dix heures du matin.
n Juillet, «

Signé $fe ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-


mat de Narbonne, Président.
DU CLERGÉ DE FRANCE * n JUILLET 178J. 2.13

DU MARDI* DOUZE JUILLET i7Sy5


à dix heures du matin.
Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.

Î^/|TOnseigneur TArchevêque de Narbonne a rendu xxxvi


vJLcompte de la première Conférence que Messieurs SÉANCE.

les Députés ont eue avec MM. les Commissaires du Con-


seil relativement à Tassai r e des Foi 6c Hommap-e. II
3 a
ajouté que M. le Comte- de Vergennes Chef du Conseil
,
des Fina'nces M. le Contrôleur-Général & M. le Garde
,
des Sceaux, avoient assisté à cette Conférence 3 6c il
a annoncé qu'il y auroit une seconde Conférence Vendredi
prochain, à Paris.
Monsieur TAbbé de Montefquiou a dit ensuite :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Les Lettres-Patentes, confirmatives d'union de Bénéfí»
ces , doivent-elles être assujetties au droit de marc d'or ?
C'est, Meíleigneurs 6c Messieurs, ce que nous venons sou-
mettre à votre examen. A futilité 6c à Timportance de la
question générale, se joint aujourd'hui l'intérêt si naturel
qu'inspire une opération conçue 6c exécutée par la sagesse
de Monseigneur TEvêque de Troyes.
Ce Prélat, par un Décret du IJ Août 1784, a sup-
primé 6c réuni à la Fabrique du Chapitre de Saint-Ur-
bain de Troyes, quatre Prébendes 6c plusieurs Chapelles,
qui n'étoient pas sujettes à résidence. La modicité de ces
Bénéfices 6c les besoins de la Fabrique, ont motivé cette
réunion. Des Lettres-Patentes font venues confirmer cette
opération utile. Mais lorsqu'on a voulu les retirer du Sceau
Je Préposé au droit de marc d'or a demandé la valeur des,
.Bénéfices unis pour fixer le droit qu'il pretendoit : le
Chapitre a.refusé,
cette estimation. Ses plaintes adressées
à Messieurs les anciens Agents ont été justifiées par une
,
iî.4 FLIOCES-VERBAL DE L*ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Lettre qu'ils ont écrite à M. le Contrôleur - Général ils
'•cxpliquoient la Loi qu'on leur oppofoit : le Domaine ne
citoit pas les exemples fur lesquels il vouloit s'appuyer 5
&C cependant les Lettres-Patentes n'ont pas été délivrées.
Jamais peut-être la vérité n'avoit paru plus digne de tous
Les droits. Quel temps, en effet, pour ajouter de nouveaux
obstacles aux unions des Bénéfices 1 Le voeu de la Nation
&C le vôtre en demandant qu'on les rendît plus faciles
-,
«pour adoucir le fort de vos frères malheureux fembloient
,
•ne vous promettre que des coopérateurs *. mais le Fisc in-
sensible parle toujours de Cec besoins, 6c n'en coiinoît pas
d'autres* les idées de bienfaisance 6c d'utilité publique, ne
sauroient le distraire de Texamen rigoureux de Ces droits.
Voyons donc si ceux qu'il réclame aujourd'hui lui font
dus 6c parlons-lui le seul langage qu'il puifle entendre,
,
celui des Loix.
Le droit de.marc d'or, dans ìe principe, n'étoit payé
que par les nouveaux pourvus d'Offices : mais un Edit
de 1770 lui a soumis tout ce que le Prince accorde dans
fa libéralité. L'Article 7 veut même que toutes les Let-
tres-Patentes portant établissement de droits, concessions,1
privilèges, 6c autres'grâces généralement quelconques,
lui soient aslujetties. Ce texte de la Loi, qui motive au-
jourd'hui la demande du Domaine, fut, dès son origine,
pour le Clergé un sujet de trouble 6c de persécution. Le
-Fermier ne vit plus dans Tadministration ecclésiastique,
que des grâces ou des concessions. Les Provisions des Bé«
néfices
• - donnes /
par le Souverain, le don des fruits pen-
dant la vacance des Sièges, les Lettres-Patentes pour les
emprunts des Gens de main-morte, celles qui confirment
les érections ou les unions des Bénéfices, parurent en mê-
me-temps comprises, fous le nom de grâce} dans TEdit de
1770 j CL A y eut des ordres donnés en 1773, pour ne
délivrer aucune de ces Lettres ou Brevets, si Ton ne pro-
duifoit préalablement la quittance du droit de marc d'or.
Voús savez Messeigneurs &; Messieurs, quels Agents
,
veiiíoient alors fur vos intérêts. Tout rentra dans Tordre,
6c un nouvel hommage rendu à vos privilèges, vous
aoprit
DU CLERGÉ DE FRANCE* ÌI JUILLET 1785% ìi£
apprit qu'on avoit voulu s'écarter un moment du respect:
qui leur est du. Le Rapport de cette Agence céiebr-e rap-
pelle les motifs qui affranchirent de cette nouvelle impo-
áition, les Lettres-Patentes confirmatives d'union de Bé-
néfices, d'est que « le vrai titre de Tunion est dans le Dé-
» cret d'u Supérieur Ecclésiastique, 6c non dans les Let-
» tres-Patentes du Prince, requises feulement pour rendree Rapport i á1 À-
exécutoire TAófe émané de l'autorité spirituelle 3 6c il11 • 1 |*'
gencede 1775,
P- W
3j
33
feroit contraire aux règles de faire dépendre le confen-1-
» renient du Souverain à Tunion d'un Bénéfice, du paie-
» ment d'une somme exigible seulement pour la conce£
•»
sion des grâces purement temporelles. «
Ces réflexions, que Messieurs les anciens Agents ont
fait valoir pour le Chapitre de Saint-Urbain n'ont pas eu
le même succès. Le Domaine-, revenant à ,Ces premières
prétentions, 6c encouragé peut-être par quelques exem-
ples qui ont échappé à votre administration générale, n'a
voulu voir dans ces Lettres-Patentesqu'une véritable grâce 5,
& comme TEdit.de 1770 les soumet toutes au droit de
marc d'or, il a voulu absolument Texiger.
Mais une grâce suppose toujours une utilité particu-
lière 6c les unions de Bénéfices ne peuvent jamais avoir
,
pour objet que futilité générale. II faut qu'une procédure
en fixe les avantages 6c les inconvénients. La Loi défend
expressément toutes vues d'utilité personnelle, parce que
le bien public peut seul détruire la volonté du Fondateur
6c le droit sacré de la possession. Les Lettres-Patentes qui
les confirment ne íauroient avoir un autre objet. Le Prince
les accorde, parce qu'il doit faire exécuter ce qui est utile
à TEglife 6c ne contrarie pas le bien de TEtat. Les Let-
tres-Patentes ne font plus alors une faveur, mais un aère
de justice* ce n'est pas le difpenlateur des grâces qui fa-
vorise ou récompense 5 c'est le Souverain qui acquitte une
partie de la dette dont il est toujours chargé, celle du bien
public.
Une grâce peut Ce refuser * elle dépend toujours de la vo*
lonté de celui qui Taccorde, 6c il peut, à son gré, en fixer la
condition ou le prix 3 mais les unions de Bénéfices ne lais
Procès-verbal de ,17-8/* Dd
z%%% PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Cent pas aux Evêques la même liberté : si le bien général
*de leur Diocèse ne les exige pas, ils ne doivent pas, ils ne
peuvent pas les faire j si au contraire elles íont d'une uti-
lité sénérale elles deviennent pour eux un devoir, une
,
première obligation. Le Prince, pour ses Lettres-Patentes,
est soumis à la même loi3 dès que Tintérêt général a parlé,
il doit lui donner la sanction de son autorité. Le bien pu-
blic ne peut être retardé que par la difficulté de le recon-
noître 3 mais dès qu'il est apperçu , le Prince le doit à la
Nation 6c il le doit avec Tabandon 6c la prodigalité du
,
Dieu dont il est alors Timaee.
Ainsi futilité séné-raie des unions de Bénéfices 6í leur
nécessité, les séparent des grâces qui supposent toujours
un avantage particulier 6c la liberté du refus 5 ainsi les
unions de Bénéfices, 6l les Lettres-Patentes qui les con-
firment, ne fauroient être assujetties à un droit que la Loi
n'a voulu être payé que pour les Lettres-Patentes * ponant
établissement de grâces généralement quelconques.
Le Domaine, en paroissant avouer le principe général,
voudroit ne voir ici qu'un avantage particulier. Le Cha-
pitre de Saint-Urbain, dit-il, a demandé la dotation d'une
Fabrique qu'il étoit obligé d'entretenir 3 les Lettres-Pa-
tentes qui confirment cette dotation, ne peuvent profiter
qu'à lui seul. II ne s'agit donc ici que de son avantage par-
ticulier 6c par conséquent d'une véritable grâce qu'il
,
reçoit.
No LIS avouons que cette opération fera utile au Cha-
pitre de Saint-Urbain, puisqu'elle diminuera ses charges3
mais ces vues étroites n'ont pas été celles de la Loi. Mon-
seigneur TEvêque de Troyes a jugé que la décence du
culte public demandoit que cette Fabrique fût dotée, 6c
il. lui a réuni des Bénéfices, dont les revenus lui ont paru
moins utilement employés 3 il n'a dénaturé les fondations
que parce que le bien de Ion Diocèse Texigeoit; c'est une
partie de son administration qu'il a voulu perfectionner.
La Loi lui interdisoit des vues moins générales 3 6c íi le
Chapitre de Saint-Urbain en retire quelques avantages,
c'est que Con intérêt particulier se trouve lié au bien gé-
DU CLERGÉ DE FRANCE'* H JUILLET 178/. 2,17 ;
néral de'j cette administration. En un mot. Monseigneur í
TEvêque de Troyes, en unissant ces Bénéfices à la Fabri* \
que de Saint-Urbain , n'a pas pu faire une grâce particu- j
liere au Chapitre j les Lettres-Patentes confirmatives, ne '.
fauroient donc lui en accorder une. î
Nous ne répondrons pas aux exemples qu'on veut nous
opposer, parce qu'en les supposant vrais, ils ne peuvent
pas établir un droit dont la Loi nous exempte. On concoic
en effet que le désir de terminer une opération embarras-
sée de bien des formes, 6C Tignorance des droits du Fisc,
ont pu décider quelques Bénéficiers à payer celui dont
nous parlons5 mais ce qu'ils ont fait, ne fauroit porter at-
teinte aux privilèges du Clergé. L'ufage même ne peut
pas créer un droit de cette nature. Nous ne devons au
Souverain que ce que la Loi nous demande, 6c le Do-
maine doit peut-être nous savoir gré de donner le nom de
Loi à un Edit qui n'a été enregistré dans aucune Cour,
ÒC qui n'a été publié qu'à Taudience du Grand-Sceau.
Ces réflexions que nous devons à nos prédécesseurs dans
ane carrière qu'ils nous ont rendu difficile, vous paroî-
tront peut-être, Messeigneurs 6c Messieurs, devoir étendre
l'exemption du droit de marc d'or à toutes les Lettres-
Patentes accordées pour des objets d'une utilité générale Î
ainsi les Ecoles de Charité où la Religion forme pour TEtat
d'utiles-Citoyens, ne peuvent, fous aucun rapport, lui être
assujetties ; cependant Monseigneur TArchevêque de Tours
éprouve aujourd'hui cette difficulté, pour cinq Ecoles dont
il a demandé Tétablissement dans fa Ville épiscopale. Les
Lettres-Patentes ont été arrêtées au Sceau par le Préposé
au droit de marc d'or, 6c tous les estorts de Monseigneur:
TArchevêque de Tours n'ont pu obtenir du Domaine
,
qu'une offre de réduire à moitié le droit dont nous par-
lons. On cherche en vain dans la Loi les motifs d'une
prétention fi extraordinaire. A quel droit, en effet, peu-
vent être soumis des Etabliflements, ou Ton exerce au
travail la première jeunesse de ces hommes précieux, dont
le travail continuel est le premier besoin de TEtat, 6c ou
la Religion, en fixant leurs premières idées fur un Dieu
Dd %
-»'-/§ PROCES-VERBAL DE L*ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

pauvre 6c humilié, ennoblit, pour ainsi dire, leur misè-


re , 6c les dispose à pardonner aux riches leur bonheur,
& souvent leur injustice ? La Loi ne les a pas cru étran-
gers à la chose publique. L'Edit de 1749 , qui a rendu si
difficiles tous les Etablissements ecclésiastiques, a distin-
gué les Ecoles de Charité : il les a exemptées de la for-
malité des Lettres-Patentes, 6c ne les a soumises qu'à une
simple homologation dans les Cours Souveraines 3 preuve
incontestable de Tencouragement qu'il a voulu donner à
ces oeuvres de bienfaisance, 6c par conséquent de leur uti-
lité. Monseigneur TArchevêque de Tours pouvoit donc
établir ces Ecoles fans Lettres-Patentes, 6>Cpar conséquent
fans que le Domaineeût même formé la demande du droit
de marc d'or. Mais pourroit-on croire que, parce qu'il a
cherché à les rendre plus solides, en les faisant émaner plus
directement de l'autorité souveraine , elles aient été sou-
mises à un droit qu'on n'eût pas exigé, si leur Etablisse-
ment eût été plus précaire, 6c par conséquent moins uti-
le ? La raison 6c Thonnêteté se refusent à la discussion de
cette prétention bizarre, 6c nous osons croire que le Gou-
vernement verra avec plaisir le Clergé chercher à écarter
les obstacles mis à Tintérêt général, puisque Tintérêt du
peuple ne fauroit en être distingué. Nous ne craignons pas
même que les exemples opposés par le Domaine, puissent
le distraire de ces grandes vues d'administration , parce
qu'un droit usurpé peut bien motiver une restitution, mais
jamais une usurpation nouvelle.
Nous croyons donc, Messeigneurs 6c Messieurs, que
les Lettres-Patentes pour union de Bénéfices, 6c celles tmi
établissent les Ecoles de Charité, tiennent à Tadministra-
tion générale, qu'elles ont toutes pour objet Tordre public ?
6c qu'ainsi on ne peut les soumettre à un droit qui n'af-
fecte que les concessions, les privilèges 6c autres grâces
généralement quelconques.
Sur quoi TAssemblée a prié Monseigneur TArchevê-
que d'Aix , MonseigneurTEvêque de Troyes, 6c Messieurs
les Abbés de Rouvenac 6c de la Myre-Mory, de voir M. le
Contrôleur Général, 6c d'appuyer auprès de lui la de-,
-
DU CLERGÉ DE FRANCE* II JUILLET 1785* 119
mande de Monseigneur TArchevêque de Tours, à Tesfet
d'obtenir Texemption du droit de marc d'or demandé pour
les Lettres - Patentes, portant établissement d'Ecoles gra-
tuites dans la ville de Tours 3 d'insister également auprès
de ce Ministre, pour qu'il ne soit levé aucun droit de
marc d'or, à raison des Lettres-Patentes confirmatives des
Décrets d'unions 3 6c afin de prévenir toutes les difficul-
tés qui s'élèvent journellement à Toccasion de ce droit,
Messieurs les Commissaires ont été priés de faire sentir à
M. le Contrôleur-Général la nécessité d'un règlement.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 1 3 Juil-
let, à dix heures du matin. ^
Signé ^ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri*
mat de Narbonne, Président.

DU MERCREDI, TREIZE JUILLET 178^


à dix heures du matin*
Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.

~]^ /fsOnseigneur TArchevêque de Tours a rendu compte XXXVli


X. JLà TAflemblée d'une astaire intéressante
y pour Mon- SÉANCE.
seigneur TEvêque du Mans au sujet d'un refus de visa.
fait au Sieur Bouvier Prêtre, du Diocèse de Trêves, pré-
tendant droit à la Cure, de Champfleur, Diocèse du Mans 3
&C attendu les différentes circonstances de Taffaire 6c lés
,
particularités qu'elle présente, l'Assemblée a prié Monsei-
gneur TEvêque de Montpellier 6c Monsieur TAbbé de
Grainville, de voir à ce sujet M. le Premier Président 6C
M. T Avocat-Général du Parlement de Paris, 6c de leur
témoigner tout Tintérêt qu'elle prend à la Cause de Mon-
seigneur TEvêque du Mans comme étant liée au bon or-
dre dans tous les Diocèses ,du Royaume, 6c fondée fur
les dispositions les plus positives des Loix.
&5 ° PROCÈS-FERSAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture
du Rapport de leur Agence.
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra-
.
vailler à leurs Bureaux.
La.Séance a été indiquée à demain Jeudi, 14 Juillet,
à dix heures du matin.
Signé
de
^ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Pri-
Narbonne, Président, ,
mat

DU JEUDI* QUATORZE JUILLET I7SJ,


a dix heures du matin.
Monseigneur TArchevêque de Narbonne Président.
,

XXXVIII MOnseigneur TArchevêque de Tours a dit : Que J


SÉANCE.
conformément aux désirs de TAflemblée, il avoit
recommandé à M. de Marville, Président du Bureau des
Affaires Ecclésiastiques, & à M. de Mauflìon, Rappor-
teur , Taffaire du Chapitre de Saint-Malo, concernant le
droit de fours bannaux 3 que ces Magistrats leur avoient
promis d'y donner toute leur attention.
Monseigneur TArchevêque d'Aix a dit ensuite qu'il
,
s'étoit rendu avec Monseigneur TEvêque de Troyes, 6c
Messieurs les Abbés de Rouvenac 6c de la Mire-Mory, chez
M. le Contrôleur-Général3 qu'ils Tavoient entretenu, con-
formément aux intentions de TAflemblée, des diverses af-
faires qui leur avoient été confiées, relativementaux droits
de Courtiers-Jaugeurs démandés au Chapitre d'Auxerre,
au droit de centième denier qui a été exigé pour une tran-
saction faite entre M. TAbbé de Preuilly 6c les Religieux
de ion Abbaye, au droit de marc d'or auquel Ton veut
assujettir les Lettres-Patentes, confirmatives des Décrets
d'unions, 6c celles portant érection d'Ecoles gratuites dans
la ville de Tours, 6c enfin aux poursuites rigoureuses que
font les Préposés du Domaine, tendantes à assujettir les dots
des Religieuses-au droit d'insinuation 3 que ce Ministre
DU CLERGÉ DE FRANCE'* 14 JUILLET 17%$: 2.31
avoit montré les dispositions les plus favorables, 6c leur avoic
promis de faire des réponses plus positives 6>Cpar écrit lors-
qu'il se feroit fait rendre compte de ces différentes affaires ;
que M. le Contrôleur-Général avoit parjiï fur-tout frappé
de la nécessité d'un Règlement général concernant le droit
du marc d'or.
Monseigneur TArchevêque de Narbonne a annoncé, qu'il
se tiendroit demain chez M. de Fourqueux, une seconde
,
conférence sur Taffaire des Foi 6c Hommages 5 qu'elle étoit
fixée à dix heures du matin 3 6c Meíleigneurs 6c Messieurs
les Commissaires, précédemment députés, ont été priés
de s'y rendre.
Monsieur TAbbé de Périfford a dit ;
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
A peine étions-nous entrés dans la carrière de TAgence.,'
que nous apprîmes que Messeigneurs les Evêques d'Arras
6c de Saint-Omer avoient déféré au Conseil un Arrêt du
Parlement de Paris, comme portant atteinte à la partie la
plus sacrée de la Jurisdiction épiscopale, 6c que le Con-
seil venoit d'ordonner la communication de leur Requête»
Sur le motif d'une telle réclamation, nous cherchâmes à
nous pénétrer de la nature de cette affaire, 6c à bien saisir
ses rapports avec les intérêts dont le maintien venoit de
nous être confié. Nous fumes bientôt convaincus que TArrêt
du Parlement de Paris étoit une surprise faite à la religion
de Ces Magistrats puisqu'il tendoit à ébranler l'autorité
,
épiscopale en contrevenant aux Loix. Cette conviction in-
time nous attachant au succès de cette affaire, dut exciter
toute notre activité. Plusieurs fois Tinstance fut fur le point
d'être rapportée au Conseil, 6c toujours quelque incident
nouveau recula ce Rapport 3 mais à chacune de ces épo-
ques, nous marquâmes vivement notre intérêt par nos dé-
marches 6c nous manifestâmes hautement les motifs de-
,
cet intérêt à plusieurs Magistrats du Conseil. Cette raison
feule nous obligeroit en ce moment à vous faire part de
cette affaire. Nous ne vous devons pas seulement un comp-
s,.3 a PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

xe exact de nos démarches 3 nous sommes responsables à vos


yeux des opinions mêmes que nous avons établies dans la
défense de vos intérêts. Pendant tout le cours de notre
Agence il ne nous a pas été permis de croire que ces opi-
,
nions étoient libres, qu'elles nous appartenoient. C'est com-
me vos Aeents que nous les avons manifestées 5 c'est à ce
seul titre qu'elles ont eu droit de se produire. C'est à vous
à juger si elles représentent fidèlement vos propres senti-
ments.
Nous avons soutenu avec confiance, que l'Arrêt du
,
Parlement de Paris, du 3 Février 1778, qui a consirmé
Texemption de deux Abbayes, fans qu'elles aient repré-
senté aucun titre constitutir d'exemption, étoit contraire
au Droit Public du Royaume fur la Jurisdiction épisco-
pale, 6c que par conséquent la demande en cassation mé-
ritoit d'être accueillie. Pour vous mettre à nortée de iutrer
I G
si cette opinion est conforme à vos principes, i.
nou~ devons
vous rapporter, en peu de mots, les faits essentiels qui ap-
partiennent à cette a Maire.
Les deux Abbayes de Saint-Vaast 6c de Saint-Bertin,
formoient, depuis l'époque du Concile de Trente, une es-
pèce de Congrégation avec quatre Abbayes qui íont main-
tenant fous la domination Autrichienne, 6c Ce prétendoient
exemptes de la Jurisdiction épiscopale. En 1768 Tactivité
de cette Congrégation fut suspendue par un ordre de Tlm-
pératrice-Reine : les deux Abbayes redoutant alors, pour
leur privilège, Teífet du nouvel Edit de 1768 qui décla-
,
roit déchu de Texemption tout Monastère qui, n'étant pas
ìous Chapitres généraux, ne s'uniroit pas à quelque Con-
grégation, présentèrent leur Requête à TOrdre de Cluni,
5s c'- :nrent, en 1775 , un Décret d'aggrégation à cet Or-
dre. Ce Décret ayant été., la même année, revêtu de Lettres-
Patentes Messeifj-neurs les Evêques d'Arras 6c de Saint-
,
Orner, dans les Diocèses desquels étoient situées les deux
Abbayes, formèrent opposition à Tenrégistrement de ces
Lettres comme tendantes à soustraire illégalement ces
,
deux Abbayes à leur Jurisdiction 3 mais il intervint Arrêt
du Parlement de Paris, le 3 Février 1778 qui, fans s'ar-
,
rêter
DU CLERGÉ DE. FRANCE , 14 JUILLET 178^ 2.3$
rêter à Topposition formée par lesdits Evêques, ordonna
qu'il feroit passé outre à Tenrégistrement desdites Lettres-
Patentes. C'est contre cet Arrêt que les deux Prélats se
font pourvus en cassation, 6C le Conseil a ordonné, le
Mai 1780, la communication de leur Requête.
u
II nous paroît certain Meíleigneurs 6c Messieurs, que
,
cet Arrêt bleflé essentiellement la Jurisdiction épiscopale.
Cette Jurisdiction, qui prend sa source dans TEvanp-ile,
s'étend indistinctement fur tous les fidèles. Aucune Loi n'a
jamais excepté les Religieux : loin de-là ils font expressé-
ment nommés dans le Concile général de Calcédoine, dans
un grand nombre de Conciles de TEglife Gallicane 6£
dans les Capitulasses de nos Rois. Voilà les fondements
inébranlables du Droit Public, qui assure aux Evêques l'au-
torité fur les Réguliers 3 6c telle est Tévidence de ce droit,
que les Religieux de SaintTVaast 6c de Saint-Bertin ont
été forcés de lui rendre horamso-e.
C'est donc un principe bien Greconnu, que, de Droit
Commun, les Religieux font soumis à la Jurisdiction de
TOrdinaire.
De ce que le Droit Commun accorde cette autorité à.
TEvêque, on a conclu, dans tous les temps, qu'il faut donc
un titre bien formel, bien authentique pour opérer une
exemption légitime 3 6c cette conséquence rigoureusement
,
déduite, est devenue elle-même un principe. Or le Parle-
ment de Paris," en confirmant le Décret d'ao-ré^ation,
G G
en
confirmant par-là Texemption des Religieux, ne s'est ap- J

puyé fur aucun titre, puisqu'il est de fait que le Parlement


n'a point eu d'égard aux conclusions de TÁvocat-Général5
qui demandoit la représentation des titres primitifs. II est
donc prouvé, par ce seul raisonnement, que le Parlement
est contrevenu au Droit Public sur la Jurisdiction épis-
copale.
Mais cette conséquence deviendra bien plus sensible
par la discussion des motifs qui ont déterminé cet Arrêt.
Au défaut de titres, le Parlement n'a donné 6c n'a pu
donner d'autres baies à son Arrêt que deux moyens, dans
lesquels se sont renfermées alternativement toutes les dé*
Procès-verbal de 178/. Ee
3L-?,4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
sensés des Religieux. Le premier c'est que les Abbayes
5
ont joui long-temps de Texemption, 6c qu'une longue pos-
session doit avoir la force d'un titre : le second, c'est qu'elles
íe font réunies en Congrégation, 6c que, dans ce cas, le
Concile "de Trente & les Ordonnances du Royaume, légi-
timent irrévocablement, même les exemptions douteuses.
II importe essentiellement au Ciergé général de mettre
G G
à découvert toute Tillusion tout le danger
».
de ces moyens.
,
Si la oosseflion éouivaut ici à un titre, la Jurisdiction Epií-
copalei. n'est donci- pas imprescriptible : si le Concile 1 de
_

Trente 6c les Loix du Royaume consacrent 6c légitiment


G
les exe motions douteuses,* il existe donc une dérogation
expresie au Droit Commun 3 6c Tune 6c l'autre de ces con-
séquences attaque ouvertement l'autorité épiscopale.
Nous établirions donc, iQ. qu'aucune poíleflion n'a pu
légitimer Texemption des Religieux parce que la Juris-
,
diction Episcopale est imprescriptible.
Si nous cherchons un appui dans le sentiment dies Ju-
risconsultes des Canonistes, nous les trouverons tous d'ac-
,
cords tous invariables fur ce point, que la Jurisdiction
de TEvêque est à Tabri de toute prescription. Si nous in-
voquons l'autorité des Magistrats les plus célèbres, nous
trouvons dans M. Servin, que la Loi ecclésaflique 71 avoue,
ni La prescription, m la possession en matière d!exemption :
car, dit-il, comme le sujet ne prescrit point contre son Sei-
gneur* les Abbés SG Monafleres ne peuvent point s'exemp-
ter de leur Evêque ; dans M. Bignon, que l'autorité efl
imprescriptible par non-ufap'e ou autrement ; dans M. Ta-
Ion, que ce qui appartient a L Evêque de droit divin* ne se
prescrit point m par aucune posession immémoriale ni par
3 *
aucune Coutume* tant ancienne qu'elle puisse être. Qui aja-
'mais vu 3 ajoute-t-ilj un enfant prescrire contre son père *
un íuiet contre son Prince ? Enfin fi nous consultons ces
maximes de droit, ces axiomes irréfragables, dont Tauto-
rite catJtive également, 6c le Jurisconsulte, 6c le Lésifla-
ì
lui-même, O ' littéralement
* G
Quodjure
teur nous y trouvons .
:
communi non. posjidetur* nullâ prdscnptwne acquintur :..
sunt juraqiu nonprascnbunturt utsiibjeciio 6c autres pi in-
*
DU CLERGÉ DE FRANCE * 14 JUILLET 1785'. 133'
cipes qui s'appliquent directement à la Jurisdiction des Evê-
ques, 6c qui tous en démontrent Timprescriptibilité.
Ces autorités puissantes suffiroient sans doute 3 mais elles
acquerront bien plus de force, elles opéreront une con-
viction bien plus intime, si Ton remonte au principe mê-
me , 6c à Torigine de la prescription.
Dans toute société, les biens ne pouvant appartenir au
premier occupant, la propriété a dû s'acquérir d'abord
par des titres , tels que les achats , les échanges , les do-
nations 3 6c il dut paroître alors naturel de penser que les
titres qui les avoient fait acquérir, étoient les seuls moyens
légitimes de les posséder 3 que par conséquent, tout pos-
,
sesseur sans titre étoit un usurpateur : mais on ne tarda
pas à s'appercevoir combien cette conséquence étoit té-
méraire. S'il étoit possible que le possesseur sans titre eût
usurpé, il étoit également possible que le propriétaire par
titre eût abandonné son bien, dans Tintention d'abdiquer
fa propriété 3 qu'il se fût dessaisi de son titre 6c qu'il Teût
,
ensuite recouvré par fraude ou par violence. Entre ces
possibilités contraires, le Législateur, réduit à ne pouvoir
découvrir avec certitude la vérité, mais obligé de veiller
au maintien du bon ordre, d'assurer la tranquillité des fa-
milles 6c de ne point laisser flotter les propriétés incer-
,
taines, dut chercher le principe de fa décision dans la con-
noissance du coeur humain 6c faire sortir sa Loi du mi-
,
lieu des probabilités suivantes. Comme la propriété ne
s'acquiert que dans Tintention de posséder, il est à présu-
mer que celui qui avoit la propriété, 6c qui n'a point pos
sédé pendant long-temps, a eu intention de renoncer à fa
propriété : comme les Loix donnent mille moyens de s'op-
poser à Tusurpation, il ,est à présumer que celui qui, de-
puis long-temps, possède fans trouble, n'a point usurpé t
en un mot, comme il est naturel que celui qui a la pro-
priété, possède, il est aussi naturel de penser que celui qui
possède, a la propriété : de - là naquit la Loi de ìa pres-
cription.
Si Ton applique ces réflexions à la Jurisdiction Epis-
copale on verra combien elles lui font étrangères. Cette
, E e 2,
:» 3 S P ROC ES-VERBAL DE L ASSEMBLEE-GÉNÉRALE
.Jurisdiction n'est pas fondée fur des titres particuliers : elle
-est appuyée fur TEvangile, fur les Loix émanées des deux
Puissances, fur le Droit Commun ; il ne peut donc ici y
avoir lieu à des présomptions contre elle. Dès que la Loi
:parle, elle défend de présumer, ou elle ordonne de présu-
mer en sa faveur.Vainement on diroit qu'un titre d'exemp-
tion est possible j que la possession doit le faire présumer,
6c qu'il n'est pas permis de supposer la mauvaise foi dans
le possesseur. Ce raisonnement perd ici toute fa force. La
possession fait ordinairement préfumer un titre 3 cela est
vrai : mais la Loi, tant qu'elle est en vigueur, doit tou-
jours faire présumer qu'elle n'a reçu aucune atteinte 3 qu'un
titre qui lui est contraire n'existe pas 3 6c ces présomptions
Temuortent nécessairement fur toute autre. Ce principe est
la base du maintien de Tordre public 3 il est le plus ferme
appui des Loix , 6c il a consacré parmi nous la maxime,
<me l'abus ne se couvre par aucun laps de temps : abusas
semper clamât. La feule raison qu'on en donne, c'est que
Tabus est une contravention à la Loi, contre laquelle on
ne prescrit jamais.
Ainsi la Loi, le Droit Commun, défendent l'autorité
épiscopale contre les atteintes de la prescription.
On peut fortifier cette conséquence par de nouveaux
raisonnements.
La prescription dans son principe, suppose que le pro-
priétaire par titre ,a renoncé à son droit : or cette suppo-
sition n'est pas permise, quand il s'agit de la Jurifdictioii
Episcopale, parce que cette jurisdiction n'est pas un bien
libre entre les mains de TEvêque, 6c qu'elle renferme en
iTïême-teniDs un droit ou'il doit conserver à ses successeurs
dans son intégrité 6c un devoit qu'il est tenu de remplir
,
lui-même.
La prescription prend sa source dans la nécessité d'as-
«
surer la tranquillité publique 6c d'aífermir le maintien da
,
bon ordre : or il est évident que le bon ordre n'a jamais
DU demander que des
Religieux fussent affranchis de Tau-
tonte que les Loix ont établie fur eux.
Enfin' la prescription est nécessaire, parce que sans elle
DU CLERGÉ DE FRANCE, 14. JUILLET 178/. 137
souvent on ignoreroit à qui appartiennent les biens:
or
ici il ne peut y avoir de doute puisque la Loi, qui est un
,
titre toujours vivant, toujours visible, montre fans cesse
le véritable propriétaire Ô£ nous oblige de le reconnoître,
Tout concourt donc à, démontrer Timprescriptibilité de
ia Jurisdiction Episcopale.
Le premier moyen sur lequel a pu s'appuyer TArrêt du
Parlement, est donc entièrement illusoire.
II n'est pas moins certain, en second lieu, que le Con-
cile de Trente 6c les Ordonnances du Royaume, n'ont
pas dérogé au Droit Commun, fur la Jurisdiction Epis-
copale, en faveur des Monastères qui s'uniroient en Con-
grégation 3 6c ce second moyen n'a pas plus de fondement
que le premier.
Inutilement cherchcroit-on ici, Messeigneurs 6c MeC-
sieurs à détourner votre intérêt de Parfaire de Messeigneurs
,
les Evêques d'Árras 6c de Saint-Omer, fur le prétexte que
le Concile de Trente n'est pas reçu en France, 6c que le
Parlement a feulement jugé par ion Arrêt, que ce Con-
cile avoit établi une exception, qui doit avoir lieu pour
la Flandre 6c T Artois, où ses Décrets font en vigueur*
Dans ce cas-là même, il ne feroit pas fans doute inutile
de faire voir que cet Arrêt impute injustement à un Con-
cile général, une disposition qui tendroit à énerver les prin-
cipes fur la Jurisdiction Episcopale : mais il est essentiel
de remarquer qu'on ne s'est pas seulement autorisé du Con-
cile de Trente dans cette assaire, mais encore des Loix du
Royaume, de TOrdonnance de Blois, Article 17, de TE-
dit de 1768 Article 63 dont on s'est fait un appui con-
,
tinuel 3 6c auand même ces Loix n'auroient pas été aussi
expressément invoquées, une interprétation vicieuse du
Décret reflueroit nécessairement sur elles. Leurs dispo-
sitions font, à très-peu de chose près, les mêmes que celles
du Concile. L'Orclonnance de Blois a adopté presque lit-
téralement ce Décret : TEdit de 1768 se réfère à TOr-
donnance de Blois 3 celui de 1773 consirmelaLoi de 1768:
toutes ces Loix. font donc enchaînées au Décret du Con-
cile, 6c-s'identifient, en quelque forte, avec lui3 6c corn-
4 38 P'RCCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

me il importe singulièrement au. Clergé général de Fran-


ce , -qu'une Jurisprudence nouvelle n'altère pas le sens de
ces Loix, en les rendant protectrices des exemptions illé-
gitimes il doit-être également important pour lui de dé-
fendre le, Décret du Concile, qui est la source 6c le mo-
delé de ces Loix contre une pareille imputation.
•I! est donc nécessaire de discuter ici ce Décret.
Avant de se livrer à cette discussion, il est impossible
de ne pas voir que le sens qu'on attribue au Concile, est
souverainement improbable. Comment se persuader que
cette sainte 6c savante Assemblée, dont Tobjet étoit de
réformer l'Eglife -de proscrire les abus, de faire revivre
,
les Loix, de rappelles Tantique discipline, ait voulu s'é-
carter aussi ouvertement des Loix les plus pures 6c les plus
^anciennes contredire le voeu persévérant de TEglife,
3
«toujours ennemie des exemptions consacrer, étendre mê-
,
me un abus, contre lequel s'étoient élevés avec force les
plus illustres 6c les plus savants personnages de TEglife 6c
,
que les Conciles généraux de Vienne 6c de Constance
avoient voulu abolir entièrement? Et combien ces raisons
deviennent puissantes, lorsqu'on se pénètre des sentiments
-des Pères de ce Concile, au sujet des exemptions lors-
,
qu'on pense que l'Assemblée des Prélats, convoqués par
Paul III, pour marquer les abus que le Concile dévoie
réformer mit les exeinptions au nombre des plus criants,
,
en les qualifiant.d'abus intolérables 6>C scandaleux pour
toute TEglife Î que les Princes 6c Evêques d'Allemagne
s'écrioient qu'il falloit les révoquer toutes, comme con-
traires au Droit Commun 3 que les Evêques Espagnols
s'exprimoient dans les mêmes termes 6c que les Ambas-
,
sadeurs François n'exceptèrent de cette prescription géné-
rale, que Texemption des Chefs d'Ordre, des Monastères
•qui en dépendoient, 6c de ceux qui rapporteroient des
titres constitutifs de leurs privilèges? Peut-on croire que
dans cette disposition des esprits, les Pères du Concile se
soient montrés favorables aux exemptions, au point de
protéger même celles qui étoient fans titres, celles qui
étoient les plus illégitimes, en donnant le moyen de les lé-
gitimer par une simple agrégation?
DU CLERGÉ DE FRANCE* 14 JUILLET 178$. 2.3^
Mais voici le texte dont on a tant abusé, rendons-lui
son véritable sens.
Monaslena omnia (Chap. 8, Sess. xj) qua gêneralibus
Capitulis aut Episcopis non subfunt* se d sub immediatâ Se*
dis aposohca protecìwne ac direciione régi confueverunt
*
teneantur insrd annum ÓC deindè quolibet tnenmo sese in
congregatwnem redigere. Quòdj'l proedicïa exequi non cura-
verint, Episcopis, in quorum Dioecesibus loca proedicïa sua
sunt, subdantu r.
. ..
Qu'on pesé bien les termes de ce Décret, Ton y verra
deux dispositions tres-distinctes : la Loi imposée à tous les
Monastères, fans distinction, qui avoient coutume d'être
régis par le Saint-Siese de se réunir en Congrég-ation ;
,
G sub G G
1
Monasteria
•--'
omnia * qu& unmediatd Se dis apoftolica pro-
tecìwne ac direciione régi confueverunt* teneantur* óCc.* 6c
la peine de destitution du privilège pour les inobservateurs
de la Loi : Quòd fi proedicía exequi non. curavennt* Epis-
copis subdantur; mais il est impossible d'y découvrir rien
au-delà, 6c d'y trouver que tout privilège, même vicieux,
sera légitimé par le seul fait de Tagréeation.
Si Ton objecte qu'en prononçant la déchéance d'un pri-
vilège dans le cas où Ton ne íe soumettra pas à la con-
dition ,imposée-, c'est dire susiìsamment que, part sa sou-
misiion à la Loi, on sera maintenu dans son privilège 3 011
peut accorder cette conséquence. Oui, sims doute , c'est
dire qu'on conservera le privilège légitime que Ton avoit,
mais non pas que Ton acquerra celui qu'on n'avoit pas 3
c'est dire que le privilep-e restera tel qu'il étoit authen-
,
tique 6c incontestable, s'il Tétoit déja 3 mais incertain , s'il
l'étoit auparavant 3 c'est menacer de Tanéantiílement le-pri-
vileg;e le plus légitime 3 mais ce n'est pas garantir le pri-
vilege vicieux. On peut fortifier ce raisonnement par une
comparaison rip-oureusement exacte. Si un Edit ordonnoit
à tous ceux qui possèdent la Noblesse ou qui se préten-
dent Nobles, de se faire enregistrer ,.sous peine de dé-
chéance, que réstilteroit-ii de cet Edit, en faveur de ceux
qui Tauroient exécuté, 6>C contre ceux qui ne Tauroient
pas exécuté? Celui qui, avec un titre légitime de No-
fi. 4 ô
pRíOcks-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
foìcíìc, -ne se feroit pas fournis à la. Loi, percíroit les pri-
vilèges de la Noblesse. Mais celui qui n'auroit qu'une pos-
session usurpée, une prétention mal fondée seroit-il en-
,
nobli par le seul fait de Tenrégistrement ? Le soutenir, ce
ne feroit pas interpréter le Législateur, mais le remplacer
•&C s'arroger le droit d'ajouter une nouvelle disposition à
•sa Loi.
Ces raisonnements ont plus de force encore, quand on
les applique à TOrdonnance de Blois, 6c aux Edits con-
ifiriiìcttifs de cette Ordonnance : car ici il n'est pas même
'question de postesilon d'exemption, comme dans le Con-
cile 3 il n'est parlé que des Monastères qui prétendent être
exempts* 6c il leur est ordonné de se réunir a quelque
Congrégation de leur Ordre, ( aux termes de TOrdon-
nance de Blois, ) ou de demander* à se réunir à quelques-
xrnes des Congrégations légalement établies ( aux- termes
•de TEdit de 1768 ) fous peine d'être soumis à TEvêque,
II faudroit donc en., conclure, dans le sens donné par le
Parlement au Concile de Trente que nos Loix ont voulu
,
accorder dans ce cas la force d'un titre, même à la pré-
tention la plus chimérique, dénuée de toute postefsion.
II paroît naturel, il est vrai, qu'on jouisie de Texemption,
des qtfune fois on est légalement agrégé à un Monastère
exempt : mais suivant la Loi , la seule prétention à être
•exempt, autoriíe-t-elle à demander cette agrégation con-
tre le voeu de TEvêque, qui est le vrai Supérieur ? auto-
rise-t-elle à s'en prévaloir, malgré fa réclamation persé-
vérante ? Une aussi étrange disposition qui devroit être
,
énoncée dans les termes les plus énergiques, n'est pas mê-
me indiquée. II faudroit, fans doute, qu'il se fût opéré
dans notre Légissation un bouleversement bien extraor-
dinaire puisqu'en 1560, TOrdonnance d'Orléans, loin
>
de consacrer la simple prétention à être exempt avoit
,
même proscrit tous les privilèges particuliers d'exemp-
tion, quelque légitimes qu'ils puílent être, pour ne lais-
ser subsister que les privilèges des Chefs d'Ordre.
Quel étoit donc le but du Concile, en ordonnant à tous
les Monastères qui possédoient Texemption, de se réunir
en,
jOí/ CLERGÉ DE FRANCE", 14 JUILLET 178 J. 141
én Congrégation, s'il n'a pas voulu par-là leur donner à
tous indistinctement le moyen d'assurer leur exemption?
Son dessein n'est pas difficile à pénétrer j il a voulu met-
tre un frein à Tindépendance des Réguliers. La plupart
des Monastères qui étoient exempts, ou qui prétendoient
l'être, n'avoient réellement aucun Supérieur : TEvêque
ne Tétoit point, à cause de Texemption 5 le Pape ne pou-
voit Têtre qu'illusoirement, à cause de la distance 3 Tanar-
chie regnoit donc dans ces Maisons. Pour y remédier, le
Concile auroit pu, 6c peut-être a-t-il voulu anéantir tou-
tes les exemptions 3 mais une aussi grande entreprise eût
essuyé des contradictions trop puissantes. II eût été à sou-
haiter du moins qu'en laissant subsister les exemptions bien
établies, il pût proscrire celles qui étoient vicieuses 3 mais
cette séparation exacte eût entraîné une foule de difficul-
tés 6c de lenteurs : il ne restoit donc qu'à ordonner à tous
ceux qui étoient, ou se croyoient exempts, de se mettre
sous Chapitres généraux,fous peine de perdre, par le seul
fait de la désobéissance, leur privilège réel ou prétendu.
Par ce sage tempérament, on s'assuroit provisoirement
qu'ils feroient tous soumis à une autorité 3 mais on laissoit
toujours aux Evêques le droit de réclamer leur Jurisdic-
tion, si Texemption étoit douteuse 3 comme aussi on lais-
soit aux Religieux la faculté de se défendre, s'ils avoient
un droit réel à Texemption.
Mais supposons en finissant, par une surabondance de
,
droit, que les textes du Concile 6c de TOrdonnance ne
font pas aussi clairs que nous Tavons établi, $£ que nos
preuves se bornent à donner à notre explication, le même
degré de vraisemblance que peut avoir celle qu'a suríposé
le Parlement : tel est Tavantage de la Cause des Evêques,
que, même dans cette supposition très-éloignée de la vé-
rité, le Décret 6c TOrdonnance feroient décisifs contre
les Religieux.
C'est une ma'xime fondamentale, que, lorsqu'une exemp-
tion est contraire au Drpit Commun si les termes qui pa-
,
roissent rétablir font obscurs ils doivent toujours être
,
interprétés en saveur du droit : ainsi le doute seul du sens
Procès-verbal de 178/. F£
^42- PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
•des textes, fur lesquels les Religieux ont établi leur pré-
tention, prouveroit que ces textes leur font contraires 3 ê£
par une espèce de paradoxe apparent, qui est pourtant ri-
goureusement vrai íî le texte qu'invoquent \cs privilé-
5
giés est douteux la conséquence contre leur priviiep-e est
?
certaine.
îl suit de tout ce que nous avons dit , que , ni le Con-
-cile de Trente ni les Ordonnances n'ont voulu confir-
, ,
mer des exemptions vicieuses, dans le cas où elles seroienc
jointes au fait d'une agrégation improuvée par TEvêque
Diocésain, mais seulement remédier, par une disposition
sage aux désordres que des exemptions trop multipliées
,
dévoient nécessairement entraîner.
Le Parlement, par son Arrêt du 3 Février 1778, est
donc contrevenu au Droit Public du Royaume.
' Ce Droit Public, en esset, accorde aux Evêques k Ju-
risdiction spirituelle sur tous les fìdcles de leurs Diocèses
i n d i st i n ct e m e n t.
On ne peut donc, fans contrevenir à ce droit, recon-
noitie une exemption particulière, íî ce n'est dans le cas
où elle est rigoureusement établie.
Celle des Religieux de Saint-Vaast &C de Saint-Bertin ^
me l'a pas été par des titres, puisqu'ils n'en ont pas pro-
duit '-, ni par une ancienne poslestìon, puisque la posteííìoii
n'a aucune force contre le Droit Commun ; ni en vertu
d'un privilège particulier accordé par lesLoix, puisque ce
privilège n'existe pas.
Le Parlement de Paris n'a donc pu, fans blesser le Droit
Public, reconnoître l'exemption de ces Religieux. Mais en
confirmant le Décret d'agrégation de ces Relio-ieux à un
Ordre exempt, il a reconnu &£ confirmé leur exemption:
il est donc, par son Arrêt, contrevenu au Droit Public du
Royaume, & par conséquent Mesteigneurs les Evêques
d'Arras ÔC de Saint-Omer, font autorisés à en espérer la
castation.
Nous avons cru devoir donner quelque étendue à la
discuílion de cet Arrêt, non-seulement parce qu'il attaque
directement la Jurisdiction Episcopale mais aussi parce
5
DU CLERGÉ DE FRANCE* 14 JUILLET 178/* 145
qu'il met en danger des principes qui veillent à la con-
servation de toutes les Loix. Cette double raison nous pa-
roît mériter, Mesteigneurs &C Messieurs, que Vous dai-
gniez recommander particulièrement cette affaire à nos
successeurs.
Sur quoi F Assemblée a. témoigné à Messieurs les an-
ciens Agents, combien elle étoic satisfaite de leur atten-
tion à veiller à tout ce qui pouvoit intéresser la Jurifdic-
tion Episcopale : elle a invité Messieurs les nouveaux Agents
à montrer dans cette affaire le même zèle Ô£ la même vi-
gilance.
Messeigneurs &C Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Samedi prochain 16 Juil-
let, à dix heures du matin. ,

Signéifr ARTHUR-RICHARD Archevêque òc Primat


,
de Narbonne, Président.

T>U SAMEDI, SEIZE JUILLET 178^


à dix heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Toulouse, Président.

MOnseigneur l'Archevêque d'Aix a rendu compte de


la Conférence tenue hier chez M. de Fourqueux, SÉANCE,:

avec MM. les Commissaires du Conseil, sur Tassaire des


Foi &C Hommage.
Messeigneurs &CMessieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à léurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 18 Juil-
let à dix heures du matin.
,
Signé ^ E, C. Arch. de Toulouse, Président.

Ff^
^44 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU LUNDI, DIX-HUIT JUILLET 1785ì


à dix heures du matin.
Monseigneur s Archevêque de Toulouse, Président.

XL MEsseigneurs èc Messieurs les Commissaires pour la


•SÉANCE.
.Religion 6í la Jurifdiólion, ont pris le Bureau.
Monseigneur l'Archevêque d'Arles, Chef de la Commis-
sion a dit :
,
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
NOUS venons déférer à votre sollicitude l'appel inter-
jette au Parlement de Bordeaux d'un Décret de l'Univer-
íìté de la même Ville, qui avoit, condamné plusieurs Pro-
positions extraites d'une Thèse imprimée, concernant la
validité des mariages bénis par i'Evêque Diocésain, la dis-
pense des trois publications de bans, accordée par le Su-
périeur Ecclésiastique, tk. le pouvoir de l'Eghse sor le faic
des empêchements dirimants. Si le seul apperçu de cette
Cause excite & réveille l'intérêt, combien elle vous pa-
roîtra digne de l'attention du Clergé, quand les détails
auront passé rapidement fous vos yeux. La mort du Sieur
Cassera ayant fait vaquer à Bordeaux une Chaire de Pro-
feíìeur en Droit, elle a été mise au Concours dans la for-
me accoutumée. Un des Contendants, le Sieur Graillots
Prêtre òc Avocat, a fait paroître fa Thèse sous les auspi-
ces de MM. les turcs, par une dédicace ainsi conçue :
Nobdifjìmo erudiájjimo, utilijjimo Par.ochorum ordini,/zr-
j
mion Ecclejîa ColunniA^ bene semper de Patna mentoôG me-
renti. Après divers Paragraphes fur le Droit Civil, visi-
blement étrangers à i'objet qui nous occupe vient la par-
,
tie canonique dont nous devons analyser les articles les
,
plus remarquables. On y traite, en propres termes, d'ab-
íurde 6c de ridicule l'opinion d'une multitude de Théolo-
giens, qui enseignent que le Prêtre est le Ministre du Sa-
DU CLERGÉ DE FRANCkl iS JUILLET 178/. 2,4 j
crement de mariage. L'Auteur de la Thèse, qui restreint
la compétence de l'Eglise aux dispositions intérieures des
contractants &: à la production de la grâce sanctifiante,
veut qu'on s'adresse au Magistrat pour les empêchements
dirimants, ô£ prononce généralement ÔC fans distinction,
que l'Eglise ne peut annuller aucuns mariages, qu'en vertu
de la concession du Prince. Selon lui, les mariages célé-
brés dans la Chapelle de l'Evêché ou ailleurs, par le pre-
mier Pasteur ou ion représentant, sans la participation du
Curé, font nuls &C clandestins. Ce n'est qu'en cas de refus
ou de négligence de la part de ce dernier, que le droit
est dévolu à l'Evêque, qui n'est point le Pasteur immé-
diat des fidèles de ion Diocèse. Enfin, le Sieur Graillot
s'élève contre la multiplicité des dispenses de trois bans,
&C dénonce à l'animadversion des Tribunaux, le trafic hon*
îeux qu'il prétend se faire dans les Secrétariats, de ces for"
tes d'Actes réprouvés par les-Ordonnances, &C préparant
la voie à la clandestinité.
A peine les exemplaires de cette Thèse étoient-ils dis-
tribués, que la ville de Bordeaux retentit de plaintes. Té-
moin de cette sensation, le Recteur de l'Univeríìté-assem-
ble sa Compagnie : on délibère d'arrêter provisoirement
la Thèse, qui devoir se soutenir les n & 22 Juin de l'aii-
née derniere, ô£ d'en faire examiner les positions par qua*.
tre Commissaires, deux de la Faculté de Théologie , ôc
deux de la Faculté de Droit. Sur le compte que ces qua-
tre Commissaires rendent à l'Uoiversitc, de nouveau con-
voquée à cet effet, il intervient, le 2s Juin un Décret,
,
portant condamnation des Propositions suivantes.

PROPOSITIO PRIMA ex §. I & IV.


Déterminent ergò Ecclejioe Miniflri difpojitiones anima 1
corporis etiam., ji velis ad hoc Sacramentum ( Matnmo-
3
mum ) digne Jufapiendum in ordine ad spintualem. vitam
requïjitas ; nec plus ultra quidquid ad gratis Janclifi*
....
çamis producïionemnon attinet, à Magiftratu requiras, ncn
autem à Ponúfice.
&$$ PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

PROPOSITIO SECUNDA ex §. XIL


Quid autemsentiendum de Matrimoniis in Oratorio Epis
<copi aut alibi ab ipso vel ab ejus Vicario gênerah, Parocho
.raùonabiliter invito celebratis ? Ilhs ÓC jimdibus tanquam
,
in invidianij <ontemptum ÓG fraudem Regni Legum, Eccle*
fia Décrétarum, Jurisdicíwms Parochorum ordinarioefactis,
.clandeflinitatis notam afpergere iliaque cum Conalio Tri^
>
dentino irrita declamre non dubitarem.

PROPOSITIO TERTIA ex §. XIIL


f
Mon qui jamjam ère in iis regiombus invaluit, Pàro*
-xhis ratwnabiiiter invitis ÓC us abjentibus Matnmonia ce-
_,
lebrandi, huic affims açcedit abujus super tnnâ Bannorum
,
Jìmulpromulgatione^conU2.Qoncûii mentem, ÓC expressa
Pnncipis placua, disjcnsaaonum plus aquo communium.
Priore conjummatur,pojlenore vero clandejiuutaspì'oeparatur.
PROPOSITIO QUARTA ex eodem §.
Episcopales OEconomi âC Scriboe quibus ordinarib difpen-
Jandi-munuscommittitur, cum omni emente ut norunt om-
j
nes , libenter dispensant ficque turpis quaflâs nota/n incur-\
3
rentes > cum rcgias Conflitutiones japienájjimas , tìnn Ec-
cìesa Décréta Spiritus saacíi afflatu contra clandestinita-
um cmissa eludunt ; quod quidem regia ÔC Magiflratuum
aìiimad\>erswne dipnum est.

PROPOSITIO QUINTA ex §. XIV.


Si autem noht aut negligens fit Parochus, tune tantùm ad
ecd'ejiafiicum Supenorem fieri potefl dévolution

Ces cinq Propositions comparées cntr'ellcs &C avec le


corps entier de la Thèse , ont été condamnées comme refc
pectivement rauíìes contraires à la doctrine du Concile
y
DU CLERGÉ DE FRANCE* 18 JUILLET 178^. 2,47
de Trente de du Clergé de France; comme ayant été plu-
sieurs fois proscrites par les Facultés de Théologie de Pa-
ris êc de Nantes j comme étant pernicieuses, diffamatoi-
res, destructives des droits épiscopaux ô£ de la hiérarchie
ecclésiastique : toutes ces notes íont motivées avec astez
d'étendue dans le préambule de la Censure sur l'autorifé
du Concile de Trente, Session 24, Canon 4 ô£ Chap. 1,
de Reformatwne ; sur la chaîne non interrompue de la tra-
dition & sur le double rapport sous lequel la société con-
,
jugale doit être envisagée 3 sur la décision de l'Assemblée
du Clergé de I6JJJ sur les Censures portées par la Fa-
culté de Théologie de Paris en 1664 ôC 1735; fur les
Ordonnances de nos Rois èí fur la Jurisprudence des Ar-
rêts. A i'égard du fait imputé aux Evêques de dispenser
trop fréquemment de îa publication des trois bans les Par-
ties contractantes, i'Université remarque que l'Auteur se
trompe, que notamment la pratique du.Diocèse de Bor-
deaux est astez connue, &£ qu'on n'y accorde de sembla-
bles dispenses que très-rarement, &: pour quelque cause
grave <$£ urgente. L'Université ajoute, que les sarcasmes
lancés fans fondement à ce sujet contre les Préposés des
Evêques, ne font aucunement toîérables, &C doivent être
absolument désapprouvés. Cette Censure avoit été précé-
dée de la réclamation des Curés de Bordeaux, qui s'em-
preílerent de désavouer une Thèse dont on avoit voulu
leur faire hommage. Lhérdticité qui se montre dans cette
dédicace disent les Curés,-écrivant à Monseigneur l'Ar-
9
chevêque de Bordeaux, nous fait une loi de faire éclater
toute notre indignation.... Il s'agit.... de défendre les droits
les plus reconnus SG les plus imprescriptibles SG de ven-
_,
ger la Junsdicîion Episcopale jscandaleusement attaquée dans
son essence ÓC calomnieusement outragée daiû son exercice.
Au milieu tde ces signes de l'improbation publique, la con-
duite du Sieur Graillot ne présente qu'incertitude 5i va-
riation. II souscrit d'une main au Décret de I'Université
de Bordeaux ô£ proteste de l'autre, le même jour, par-
,
devant Notaire, contre cet Acte d'adhésion. Tantôt il o sire
de s'en rapporter à la décision de Monseigneur l'Archevê-
&x\-% PROCÈS-FERSAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
que de Bordeaux*, tantôt il prend la voie de l'appel comme
d abus, S'étant enfin déterminé à suivre l'affaire au Par-
lement, il a. publié une Consultation, signée de lept Avo-
cats <le Bordeaux, &C dans laquelle TUniversité est accu-
sée d'avoir contrevenu à nos*Libertés : i°( en soutenant
que le Prince seul n'a pas le droit exclusif de régler les
•effets civils du mariage &C que l'Egliíe a la faculté de
,
mettre des empêchements dirimants 5 z°. en affirmant que
les dispenses des trois publications de bans, ne font pas
contraires aux Loix du Royaume, & que les Evêques peu-
vent les rendre aussi communes qu'ils le jugent à propos ;
3°. en érigeant en principe, que le Supérieur Ecclésias-
tique comme premier Pasteur des Paroisses de son Dio-
,
ceíe, peut s'immiscer, en première instance, dans l'exer-
cice des fonctions curiales j que les Pasteurs du second Or-
dre ne sont que de simples Commis, &í des Agents subal-
ternes dans la diípeniation des Sacrements, ÒL qu'un ma-
riage -célébré par l'Evêque, nonobstant l'opposition du
Curé, n'est point infecté du vice de la clandestinité. On
traite dans la Consultation la poílession de l'Eglise en ma-
tière d'empêchements dirimants, d'abus 6c d'uíurpation 5
on déclame contre le Concile de Trente & les Asiemblées
du Clergé j on s'efforce d'assimiler la Jurisdiction de l'E-
vêque, íur les Paroisses de son Diocèse > à celle du Métro-*
politain íur les Evêchés fustragants. Les Avocats insil-
tent singulièrement fur le Réquisitoire de M. l'Avocat-'
General Talon en 1677, à lo'ccasion de la Tliefe soute-
nue en Sorbone par Jacques Lhuillier, & fur la fameuse
Consultation qui a paru, dans ces derniers temps, en fa-
veur des Curés de Séez. En rapprochant de cette Consul-
tation la Censure, on est surpris que ces Avocats aient
hazardé troisimputations, évidemment fauíìes contre TU-
>
niversi:é de Bordeaux. Bien éloignée de contester au Prince
le droit exclusif de réojer les esters civils du mariacre, d'at*
tribuer aux Supérieurs Ecclésiastiques la faculté indéfinie
&í arbitraire de dispenser de la proclamation des trois bans,
& de réduire les Curés à la fonction de simples Commis
des Evêques} TUniversité ne parle dans son Décret, ni
du
DU CLERGÉ DE FRANCE> 18 JUILLET IJSJ.
2,49
du Prince ni des effets civils du mariage. Contente d'assu-
, à l'Eglise le droit d'apposer des empêche-
rer en général
ments dirimants, fans même s'expliquer fur l'origine &c
la nature de ce pouvoir, elle suppose par-tout que la dis-
pense de trois bans ne doit être accordée que pour c\cs
causes graves &c urgentes, òv elle finit par se déclarer hau-
tement pour l'institution divine des Curés. íl .est temps de
voir si les défenseurs du Sieur Graillot font plus heureux
dans les points de droit. L'Eglise a-t-elle le pouvoir d'é-
tablir des empêchements dirimants? Y a-t-il abus dans
toute dispense de la publication des trois bans ? Un Evê-
que est-il autorisé à marier valablement ses Diocésiiins,
fans la participation du Curé des Parties ? Telles font les
principales questions que fait naître la discussion présente
>
&C d'abord il faut convenir que le mariage est tout à la
fois un contrat naturel, un contrat civil &C un contrat ec-
clésiastique qui lie riiomme, le Citoyen & le Chrétien.
Cette fuite de Canons &C d'Ordonnances fur le mariase
qui font partie de notre Droit Public, annonce aílez que»
c'est ici une matière mixte, fur laquelle chacune des deux
Puiíìances peut faire des Loix pour les intérêts qui lui font
confiés. Le Clergé de France a toujours reconnu dans ses
Souverains le droit d'apposer des empêchementsdirimants,
d>Cdes conditions irritantes aux mariages de leurs sujets ;
droit dont les Chefs de la Société jouiíloient avant réta-
blissement du Christianisme, òc qui n'a souffert aucune
altération, lorsque le mariage* a été élevé à la dignité de
Sacrement. Tant s'en faut, disoit l'Aílemblée de» 1 6 3 5, par
l'organe de M. de Fenouillet, Evêque de Montpellier
*
tant s'en fout que la Loi de grâce ait diminué les pouvoirs
ÓG l'autorité des Souverains -qu'au
, contraire elle les a éle^
yés a un plus haut point de puissance ÔG de dignité : tant
s'en faut que la Loi de grâce ait déchargé les sujets de
Iobéissance qu'ils doivent à leur Prince souverain qiiau con«
resserré
j
traire elle a cette .obéissance par des liens SG des
étreintes plusfortes ; dou s'enfuit continue TAísemblée
3 a
(pue les Princes Chrétiens souverains ont plus de puissance
pG d'autorité délablir des empêchements dissolvants aux ma~.
Procès-verbal de 178^-, ',.' G g
zfo PRQCÈS-FÊRRÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
riages, mie les Princes souverains SG Païens , SG les sujets
Chrétiensfont plus obligés aux Loix de leurs Souverains qui
regardent les mariages.., xpue les sujets Païens, Si les Mi-
nistres de la Relision aiment à rendre ainsi un hommatrc
foiemnel aux droits du trône les privilèges du Sanc-
,
tuaire ont été reconnus en mille occasions différentes par
nos Rois &; les -principaux dépositaires --de leur autorité,
'ïci on les voit recourir eux-mêmes à l'Eglise pour réta-
blissement ou l'intcrprétation des empêchements dirimants ;
là ils motivent les Ordonnances civiles fur les Loix Ca-
noniques y par-tout les règles émanées de l'Egliíe, les pei-
nes décernées par les Conciles, font représentées comme
des folemnités essentielles, cl des dispositions qui doivent
«tre exactement observées. C'est ainsi que Charles IX fit
^solliciter, :par ses Ambassadeurs-, les Pères du Concile de
Trente, de mettre au rang des empêchements dirimants,
le rapt &£ la clandestinité, ô£ que Louis XIÍI demanda
une décision en forme à l'Aílemblée de 1635, fur la va-
lidité des mariages des Princes du Sang, contractés fans
le consentement du Roi. Henri III, par FÊdit du mois
de Septembre 1577, déclare soumettre les mariages des
Protestants à l'obíervation des Loix de l'Eglise ès dég-rés
,
de confanguinité oL d'afBnité. Aux termes de la Déclara-
tion donnée par Henri IV au mois de Décembre 1 606,
tous les mariao-es qui n auront été célébrés en ÏEaliÇe avec
la forme SG solemnité requises doivent être déclarés nuls
j
SG non valablement contractés comme étant cette peine
j
inàicíe parles Conciles. Déclarons conformément aux saints
j
'Uecrets OÍJ Ccnjaiutions canoniquesj Les mariages faus avec
ceux qui ont enlevé des veuves., fils ou filles., non valable-
'ment contractés ; c'est la disposition littérale de la Décla-
ration du 19 Décembre 1639, Article 3. Mais écoutons
Louis XIV, lors de l'Edit du mois de Mai 1 697. Les saints
'Canons ayant prescrit, comme une solemnité essentielle ail
Sacrement du mariage la présence du propre Prêtre de ceux
,
qui contractent les Rois nos prédécesseurs ont autorisés pas
j
plusieurs Ordonnances l'exécution d'un Règlement fi sage,
j
IVí'ais comme nous voyons avec beaucoup de déplaisir que la
DU CLERGÉ DE FRANCE ; Ï8 JUILLET I 78 j. ijr
justice de ces Loix SG le respect qui efl du aux deux Puis-
>
sances qui les ont faites, nord pas été capables d'arrêter les
pajìions.
.... Voulons SG nous plaît que les dispositions
des saints Canons SG Les Ordonnances des Rois nos pré-
_,
déce fleurs concernant la célébration des mariaoes
j . » . . »
soient.s.'
exactement observés ; SG en exécution diceuxi cy
désen-*.
dons.
.... Le même esprit a dicté la Déclaration du 151
Juin de cette année 1697, portant, « qu'il sera procédé
33 à
la réhabilitation des mariages célébrés pardevant des

Prêtres autres que les propres Curés des contractants
>
•>>
suivant les formes prescrites par les saints Canons SG nos
a?
Ordonnances, » Voici, fans doute, des aveux bien pré-
cieux dans la bouche des Princes séculiers. Une Lettre
écrite le 3 Septembre 171 z par M. le Chancelier Pont-
,
chartrain à M. le Premier Président du Parlement de Be-
sançon répandra de plus en plus la lumière fur les for-
,
mes du concours de la Puissance civile ôc de la Puissance
ecclésiastique, dans cet Acte important de la société. Com-
me le mariage j disoit M. le Chancelier, efl en même-temps
un Contrat civil SG un Sacrement, il efl également fournis
aux deux Puissances _, par rapport à la validité du lien : le
Contrat dépend absolument de La Puissance séculière ; Le Sa-
crement dépend uniquement de la Puissance ecclésiastique f
SG comme il n'y a point de mariage valable parmi nous
s'il n est élevé a La dignité de Sacrement* SG que réciproque^,
ment d n y a point de Sacrement ou d rìy a point de Con-,
trat SG de consentement légitime , il efl évident que l'Eglise
SG ÏEtat exercent également leur autorité sur le mariage ì
considéré en meme-temps comme Contrat SG comme Sacre-
ment. Le pouvoir du Prince efl direct fur le Contrat, SG
indirect fur le Sacrement ; direct fur le Contrat parce que
*
le Prince seul peut en régler la nature SG les conditions ; in-*
direct fur L'administration du Sacrement, parce que le Con-
trat étant la matière du Sacrement., fi le Contrat efl nul j le
Sacrement n'a plus de matière à laquelle on puisse L'applL^
quer. Le pouvoir de l'Eglise efl> de sa nature j uniquement
renfermé dans ce qui regarde Le Sacrement ; mais les Prin-
f
ces Chrétiens ne souffrent pas , comme ai dit* que leurs
Gs 2.
SJï. PROCES-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
sujets Catholiques contractent aucun mariage qui ne soit re-
vêtu de la dignité de Sacrement, Il s'en suit de~là aue de même
aue la nullité du Contrat empêche que le Sacrement nejoit
conférés aussi le défaut des conditions prescrites par l'Eglise
pour recevoir le Sacrement, empêche que le Contrat ne soit
accompli, Ce sont les principes reçus en France ajoute
. .. j
ce Chef de la Justice // efl
n pas vrai que le Concile
de Trente renferme aucune décision contraire au droit des
Souverains fur le mariage..., On se contenta de décider que
l'Eglise avoit le pouvoir d'étàblir des empêchements diri-
f
mants *fans lui attribuer aucun pouvoir exclus a cet égard y
SG on retrancha du Chapitre 9 de la Reformations la clause
par laquelle on y avoit d'abord compris les Rois SG Les
Princes. Ainsi on peut dire que Le silence du Concile dans
toutes les circonstances, efl une espèce d'approbation cG de
reconnoijsonce formelle du droit SG par conséquent que ce
>
t
rìefl point entrer dans £ esprit de ce Concile que de oppo-
ser ici aux Ordonnances du Royaume. Un _,des Plaidoyers
qu'on invoque le plus souvent pour resserrer sur cet ob-
jet les bornes de la Jurisdiction ecclésiastique, c'est celui
de feu M. de la Chalotais, portant la parole, en qualité
d'Avocat-Général, dans une célèbre astaire jugée au Par-
lement de Rennes .le n Juillet 17405 ÒC cependant
M. de la Chalotais y, déclare en propres termes, que l'E-
glise a droit incontestablementsur tout ce qu'il y a de reli-
gieux dans le mariage ; quelle 'a droit de faire des empê-
chements dirimants de tout ce qui efl contraire au droit na-
turel SG au droit divin ; qu'elle a fait quelquefois SG quelle
peut encore foire d'autres Loix à l'égard du mariage , par
la concession de la société ou du Prince. Après des témoi-
gnages d'autant plus décisifs, qu'ils font au-dessus de tout
soupçon de partialité, comment un Prêtre a-t-il osé res-
treindre la compétence de l'Eglise aux dispositions recui-
ses, pour participer à la grâce du Sacrement, & renvoyer
devant le Magistrat seul pour tout empêchement diri-
mant? Comment les Avocats, consultés par le Sieur Grail-
lot j n'ont-iis- pas craint d'invectiver avec amertume con-
tre le Concile de Trente, &£ de traiter d'abus &í d'usur-
DU CLERGÉ DE FRANCE j' 18 JUILLET 17S/. 2.5-3
pation la pratique constante de l'Eglise, sur le fait des em-
pêchements dirimants ? Ils cherchent à se prévaloir de
quelques termes échappés en 1677 à M. Talon dans la
chaleur de la Plaidoierie, lors de la discussion de ,la Thèse
du Sieur Lhuillier, Docteur de la Faculté de Paris. En
lisant le Réquisitoire de cet illustre Avocat-Général, on
voit que, tout occupé de combattre une proposition qui
lui paroistoit donner trop à l'Eglise, & pas aíìez aux Prin-
ces léculiers, il crut fa mission remplie, quand le Syndic
de la Faculté & le Soutenant eurent déclaré n avoir point
eu d'autre doctrine que celle que les Conciles généraux leur
avoient enseignée touchant La matière du mariage j sans pré-
tendre déroger à lautorité qu'ils reconnoijjent appartenir aux
Princes séculiers de déclarer les mariages non valablement
?
contractés lorsqu'ils ont été faits au préjudice des Loix ci-
viles. Tant j
M. Talon étoit éloigné de donner dans l'ex-
trémité opposée que canonisent aujourd'hui les Avocats de
Bordeaux. Rien au reste de plus propre à nous éclairer fur
le voeu du Parlement de Paris en cette occasion, que le
discours tenu, au nom de la Compagnie, aux Docteurs,
par M. le Premier Président de Lamoignon. Comme le
mariage, dit ce grand Magistrat, se rapporte a ïEglise
en tant que Sacrement, il dépend aussi du Prince séculier en.
tant qu'il efl Contrat ; de sorte que si l'Eglise peut foire des
conditions irritantes à L'égard du Sacrement le Prince a
aussi le pouvoir à ï égard du Contrat.
_,
. . .
La saine SG vé-
ritable doctrine notant rien a ï Eglise de ce qui Lui appar-
tient , conserve aussi aux ROIS ce que Dieu seul leur a donné*
Or, c'est cette faine &£ véritable doctrine si justement re-
commandée par M- de Lamoignon, qui a présidé au Dé-
cret de l'Université de Bordeaux. Sans toucher à l'auto-
rité que les Princes temporels ont toujours exercée far le
mariap-e, cette Université s'est bornée à réclamer en fa-
veur de l'Esdise des droits fondés fur la discipline univer-
selle de tous les siécles, ÔC reconnus par les Souverains
eux-mêmes de la manière la plus expresse Ô£ la plus au-
thentique.
Venons maintenant, Messeigneurs &: Messieurs aux
,
*aj4 PROCES-VERBAL'BE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
publications de bans. Quoique l'Eglise òí l'Etat soient éga-
lement intéressés à i'observation de cette formalité , on
n'apperçoit aucun vestige de son établissement , ni dans
les anciennes Loix Impériales, ni dans les Capitulaires de
nos Rois. II paroît que les Evêques de France ont été les
premiers à introduire l'usage d'annoncer ainsi publique-
ment les futurs mariages. Une police si salutaire a été éten-
due insensiblement à toutes les Eglises, d'abord par le qua-
trième Concile général de Latran, ensuite par le Concile
de Trente. Ce dernier Concile s'en repose sur la prudence
des Evêques pour la dispense de ces sortes de publications.
Plus elles font d'une utilité manifeste pour faire décou-
vrir les empêchements dirimants, &C instruire du projet
de mariage toutes les Parties intéreílées, plus doit-on être
-attentif Ô£ réservé dans la concession de pareilles dispen-
ses. La célèbre Assemblée de Melun tenue en 1579, 1e
dernier Concile Provincial de Bordeaux, òí les dissérents
Rituels des Diocèses, s'expriment à ce sujet avec autant
de force que -de lumières. A prendre à la lettre l'Árti-
cle 40 de l'Ordonnance de Blois ÔC l'Article 7 du Rè-
,
glement dressé pat* F Assemblée du Clergé en 1 606 il ne
,
ícroit jamais permis d'exempter les Parties contractantes
de toutes les proclamations de bans. Mais l'expérienceayant
fait connoîtr-e que cette dispense étoit nécessaire dans quel-
ques cas rares &£ extraordinaires , notamment lors de la
bénédiction nuptiale donnée à des personnes qui vivent
ensemble depuis longues années, &: pastent pour être unies
par le lien du Sacrement, òn s'est bientôt relâché de la
iévérké de ces dispositions. Dès Tannée 1631, le savant
M. Bignon Avocat - Général annonçoit comme une
, ,
maxime indubitable, que le défaut de publication de bans
n'étoit considérable, que quand il s'agissoit de crime de
rapt, ou du mariage des mineurs. Encore, est-il dit dans
vos Mémoires, que les Juges ne s'arrêtent point à cette
omission, lorsque les mineurs n'ont contracté que du con-
sentement des pères &c mères, tuteurs ou curateurs. Nos
Livres font remplis d'Arrêts, qui ont déclaré n'y avoir
abus dans des mariages célébrés avec la dispense des trois
'DU CLERGÉ DE FRANCE , ìS JUILLET 178/. 2,3-y
bans-, &C cette interprétation, que la Jurisprudence de tous
les Tribunaux du Royaume a donnée à l'Ordonnance de
Blois, est avouée, par le Légissateur lui-même, dans le
préambule de la Déclaration du 1 2 Février 1 692 & les
,
Arrêts du Conseil des 1 6 Décembre 1 698 & 19 Septerobre
1705, qui ont affranchi de la Loi de rinsinuation , ies
Lettres de dispense d<zs trois bans, expédiées par les Su^-
périeurs Ecclésiastiques. Rien donc ne peut excuser le té-
méraire Auteur de la Thèse, qui condamne sans distinc-
tion ces sortes d'Actes, comme étant réprouvés par les
Ordonnances du Royaume, & préparant la voie à la clan-
destinité. Nous n'arrêterons pas long-temps vos regards
Messeigneurs ô£ Messieurs, fur le fait que le Sieur Graillot,
impute injustement aux Evêques, de prodiguer avec ex-
ces les dispenses des trois bans. II est de notoriété publi-
que qu'en Guienne , comme dans les autres parties du
Royaume, on use, à cet égard, de la plus rigoureuse cir-
-
conípection. Le témoignage honorable que l'Université de
Bordeaux a rendu hautement à la pratique du Diocèse de
Bordeaux, la venge astez des inculpations calomnieuses
du Sieur Graillot.
II ne reste plus Messeigneurs &I Messieurs, qu'à dis-
,
cuter le troisième chef annoncé dans la Thèse, & déve-
loppé dans la Consultation. Dans ce système, l'Evêque
n'est point le Pasteur immédiat des fidèles de son Diocèse»
Le pouvoir qu'il exerce sur eux, est à l'instar de celui qui
appartient au Métropolitain sur les Diocèses de fa Pro-
vince. Ce n'est qu'en cas de refus, ou de négligence de
la part du Curé, que le droit passe par dévolution au pre-
mier Pasteur. Tout autre mariage célébré par l'Evêque
fans le concours du Curé, est clandestin &C frappé de nul-
lité. II seroit bien difficile de concilier de pareilles ma-
ximes avec le témoignage des Ecritures & le cri de la
tradition. N'est-ce donc pas aux successeurs des Apôtres
qu'a été confié spécialement &C primordialement la charge
des âmes ? Quel rapport entre l'autorité métropolitaine
,
qui esc, tout au plus, d'institution apostolique , ne s'exerce
que dans les cas de droit, Ô£ ne fut jamais comptée entre.
%:y6 pROchs-VÈRBAL DE L ÂSSEMBLÉE-GÉNERALË
les Jurisdictions ordinaires proprement dites, òc la mission
de l'Evêque Diocésain émanée de Dieu même , embras-
sant toute Péconomie du Ministère ecclésiastique, ô£ dans
tous les temps connue &C respectée íous le nom de Junfoic-
don ordinaire des lieux! Chaque Diocèse ne forme qu'une
•seule 6c même famille, dont P Evêque est le père 8£ Pad-
îïîinistrateur. ïl cesseroit de Pêtre, si quelque pouvoir in-
termédiaire enchaînoit son activité Iur les diverses portions
du troupeau. Où est le Chrétien qui, ayant reçu la bé-
nédiction nuptiale des mains de Ion Evêque, doute s'il a
été marié par son propre Pasteur ì Sans doute il est juste
&C convenable de laisser Pexercice ordinaire de ces sortes
de fonctions aux Curés, mieux instruits des localités, ê£
qui ne peuvent trop recevoir aux yeux des peuples des
marqués de confiance de leurs Supérieurs ; mais un ma-
riage que célèbre, en quelque circonstance que ce soit,'
l'Evêque Diocésain des Parties, ne fera jamais nul par
défaut de pouvoir. Sans doute un Evêque n'est pas le Ti-
tulaire de toutes les Cures de fa dépendance 5 mais il a
reçu du Ciel une Jurifdiótion ordinaire ô£ immédiate fur
le Clergé & les Fidèles de chaque Paroisse. Ainsi s'expri-
me, dans ses Censures de 1664 8c de 1772, la célèbre
Faculté de Paris, si zélée d'ailleurs pour défendre tous les
titres d'honneur des Curés j &C ce n'est pas seulement com-
me Ministre des Sacrements de l'Ordre ô£ de la Confir-
mation que l'Evêque est qualifié de Pasteur immédiat-
,
Une proposition qui lui rcfuíoit l'usage actuel & direct
des fonctions curiales, a été flétrie en 173 j par la Faculté
de Paris, comme destructive du Ministère épiscopal, &C
contraire à la parole de Dieu. Suivant la Déclaration de
l'Assemblée du Clergé de 1655, Les Evêques peuvent prê-
cher administrer les Sacrements, même de Pénitence, SG
j
célébrer les mariages dans toutes les Paroisses SG Eglises de
leurs Diocèses soit par eux- mimes soit par ceux
s3 _, . . . . .
qu'ils commettront pour ces fonctions fans le consentement
des Curés j
lorsqu'ils le jugeront raisonnable SG utile au
..,.
salut des âmes comme ayant plus d autorité SG de puis
3
fonce dans Les Paroisses, que les Curés eux-mêmes ^ SG de*.
vant
DU CLERGÉ DE FRANCE \ 18 JUILLET 17$ 5. 2.J7
yant répondre à Dieu de toutes les âmes de leurs Diocèses.
Le Procès-verbal de la même Assemblée nous apprend,
qu'un Auteur anonyme ayant avancé des propositions voi-
sines de celles que nous combattons dans PAppellant &£
ses Conseils, les Curés de Paris se hâtèrent de déclarer à
ï
l'Assemblée, n avoir jamais entendu que ce que anonyme
f
avoit dit appartenir au seul Curé quant a administration
ï
du Sacrement....se pût SG dût 3entendre a exclusion
....
des Evêques, dont l'institution de Jésus-Chrifi Leur donnoit
le droit divin fur les Curés SG fur Les Paroissiens SG une
3
pleine SG entière autorité. En effet, pour nous borner à
l'espece particulière de la contestation, il est constant que
dans les premiers âges du Christianisme les Evêques
étoient en possession de célébrer les mariages, de leurs Dio-
césains. Les siécles postérieurs ont amené une discipline
différente justifiée par la distance des lieux &í Paccroif-
íement du, nombre des fidèles : mais fans porter atteinte
aux droits essentiels & imprescriptibles du principal Pas-
teur, toujours il a conservé la faculté de marier valable-
ment les Parties contractantes de son Diocèse, &£ il a fait
usage de ce pouvoir plus ou.moins souvent, sans blesser
la Jurifdiction ordinaire des Curés, puisque l'Evêque a
lui-même une Jurifdiction ordinaire, supérieure à celle
des Pasteurs du second Ordre. Quelque favorable que
soit aux Curés le Concile de Trente, il y a dans la fuite
du Décret une clause omise par le Rédacteur de la Thèse,
ô£ qui attribue à l'Evêque le droit de députer un autre
Prêtre que le Curé pour célébrer validement un maria-
ge. L'Evêque peut donc, à plus forte raison , le célébrer
validement lui-même sans le consentement du Curé. Une
Déclaration du 2j Juin 1697 p01*teJ que/z cas de maria-
ges célébrés par d'autres Prêtres que le Curé des Parties 9
Les Tribunaux Les renverront pardevant les Archevêques SG
Evêques pour être procédé à la réhabilitation defdits ma-
j
riages ,- & l'on ne connoît aucune Ordonnance qui ait
rappelle la nécessité de la présence ou de la permission du
propre Pasteur, sans consacrer Palternative de l'Evêque
ou du Curé. Tel est le voeu formel du Règlement de
Procès-verbal de 178/, Hh
sj'8 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
la Chambre Ecclésiastique des derniers Etats , tenus en
1614, du troisième Article de POrdonnance de 1629,.
Sç de P Article premier de la Déclaration du 2 6 Novem-
bre 1 63 9 ^, de PEdit de Mars 1 697, ô£ du préambule de
Ja Déclaration du 22 Novembre 1730 j preuve convain-
cante que l'un &: l'autre font réputés, aux yeux de la Loi,
ies dispensateurs ordinaires de ce Sacrement. Si le Curé
-pu le Vicaire assistent communément aux mariages bénits
par le Supérieur Ecclésiastique, indépendammentde toute
autre cooiideration, l'obligation d'inscrire le mariage sur
le Registre de la Paroisse, explique sufíisamment la pré-
sence de PEcclésiastique dépositaire du Registre.
En vain les Avocats de PAppellaut, après avoir rassem-
blé toutes leurs forces pour défendre cette partie de la
Thèse, voudroient persuader qu'elle n'a été proposée par
.3'Auteur qu'en forme de doute. II sunit de jetter les yeux
fur les positions douzième ê£ quatorzième, pour recon-
noître que c'est très-aflirmativement que le Sieur Grail-
lot imprime la note de clandestinité aux mariages célé-
brés par l'Evêque & qu'il ferme à celui-ci toute autre
5
voie que celle de la dévolution. De tels excès mettent à
découvert le venin de la qualification donnée à POrdre
des Curés dans Pintitulé de la Thèse, à'être la plus ferme
colonne de l'Eglise. Quelque jaloux que nous soyons de
faire 'honorer òc d'honorer nous-mêmes des coopérateurs
aussi chers qu'utiles, il ne nous est pas permis de dissimu-
ler une assertion qui, prise dans un certain sens, renverse
les fondements de POrdre hiérarchique établi par Jésus-
Christ même, S£ contredit la promesse d'indéfectibilité si
ioìemneilement faite au Corps Episcopal dans la personne
òcs Apôtres. L'énergie d'expression avec laquelle cette dé-
dicace a été rejettée par les Curés de Bordeaux, ne leur
est pas moins glorieuse, qu'elle a dû paroître consolante
Jà. Monseigneur PArchevêque de Bordeaux bien digne
•<de recevoir un pareil hommage.
,
Ainsi de quelque manière qti'on envisage la Thèse du
,
.Sieur Graillot, elle est visiblement marquée au coin de
â'erreur H de la témérité. La Consultation imprimée en
DU CLERGÉ DE FRANCE , Î8 JUILLET 17SJ." 25^
sa faveur, présente des maximes encore moins excusables?
&: loin que nos Libertés aient été violées par PUniversité
de Bordeaux, son Décret respire en général cette sagesse
Sucette réserve, qui sait mettre à Pécart les points con-
troverses, pour ne s'appuyer que fur des bases sures &C
connues. D'un autre côté, la voix publique nous repré-
sente les Magistrats saisis de la connoissance de cette af-
faire, comme pénétrés de reípect pour la Religion & de
l'amour du bien. Quels puissants motifs pour se promettre
un jugement favorable ! Mais au milieu de Pespece de con-
juration universelle, formée de nos jours pour dépouiller
l'Eglise de sa Jurifdiction, ô£ PEpiícopat de ses préroga-
tives il est difficile de se défendre d'une certaine inquié-
tude., Mille plaies saignantes encore nous avertissent que
ces sortes de combats judiciaires fur les limites des deux
Puissances & les droits respectifs du premier ôc du se-
cond Ordre, du Clergé, laissent presque toujours des tra-
ces affligeantes &: désastreuses. Notre auguste Monarque
regarde la paix au - dedans &: au - dehors du Royaume
fruits plus précieux d'un ,
comme un des les bon gouver-
nement. Allons donc avec confiance vers M. le Garde des
Sceaux ; mettons fous les yeux du Chef de la Magistra-
ture, avec la Thèse condamnée, le Décret de PUniver-
sité de Bordeaux fi£ la Consultation publiée en faveur de
PAppellant. II y ,a lieu d'espérer qu'à la vue des grandes
6c importantes questions qui vont être discutées contra-
dictoirement dans une audience publique, Padministration
prendra des mesures efficaces contre les progrès ££ les ra-
vages de cette dangereuse étincelle. C'est ainsi que l'union
des deux Puissances a toujours été le lien d'une concorde
générale, 8c. le fondement le plus solide de la tranquillité
des Empires.
Le Rapport fini, Pavis de la Commission a été adopté.
En conséquence Monseigneur PArchevêque d'Arles
Messeigneurs les ,Evêques de Grasse & de Limoges, 6c,
Messieurs les Abbés .de Grimaidi de Grainvilie &C de
Bovet, ont été priés de voir M. le ,Garde des Sceaux, de
mettre fous ses yeux la Thèse du Sieur Graillot, le Dé-
Hh 2
ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ZL o O F'ROCÈS-VERBAL DE L
cret de PUniversice de Bordeaux, & la Consultation des
.Avocats de cette Ville, íur Pappel comme d'abus dudic
.Sieur Graillot, 8c d'engager ce Chef de la Magistrature
à porter son attention sur les suites de cette affaire.
Messeigneurs 8c Messieurs les Commissaires ont été-tra-
vailier à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 19 Juillet,
:à dix heures du matin.
Signé ^ E. C. Arch. de Toulouse, Président.

rwm 7 ^cvJM^tfMsrg-vgTsiCTfszaj^jMiie^LJJU^ia^

'DU MARDI, DIX-NEUF. JUILLET 1785,


à dix Lieures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.'

Tk /jTOnseigneur l'Evêque de Montpellier a dit : Qu'il


•SÉANCE.
JLA jLavoit été,,
avec M. P Abbé de Grainville, au n o in-
de PAílcmblée, chez M. le Premier Président oc chez
M. P Avocat-Général du Parlement de Paris, relativement
,à Parfaire du refus de visa fait au Sieur Bouvier, Prêtre
du Diocèse de Trêves } prétendant droit à la Cure de
Champsteur, Diocèse du Mans 5 que ces Magistrats leur
avoient promis de donner la plus grande attention à l'exa-
m en de cette affaire.
Messeigneurs Ê£ Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailier à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 20 Juil-
let à dix heures du matin. .
,
Signés E. Ç. Arch. de Toulouse, Président.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 20 JUILLET 1785-. 26Ï!

ÇU MERCREDI, VINGT JUILLET I78J;


<2 dix liewes du matin.

Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.

T& yfsOnseigneur l'Evêque de Troyes, en Pabsence de XLìï


XVJt-Monseigneur PArchevêque d'Aix, dit Qu'il s'é- SÉANCE;
a :
toit rendu hier, avec ce Prélat &£ Messieurs les Abbés de
Rouvenac c£ de la Mire-Mory, chez M. le Baron de Bre-
teuil, relativement aux changements que le Clergé désire
obtenir dans Padministration des Economats 3 que ce Mi-
nistre leur avoit paru être dans des dispositions favorables
à ce sujet 3 qu'il avoit assuré Messieurs les Commissaires
que le Roi feroit incessamment connoître ses volontés fur
cet objet des représentations du Clergé.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture
du Rapport de leur Agence.
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été tra-i
yailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 21 Juillet;
à dix heures du matin.
Signé ^< E. C. Arch. de Toulouse, Président;

DU JEUDI, VINGT-UN JUILLET i7%s;


a dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.

MOnseigneur PArchevêque d'Aix a annonce a P As- XLÏII


SÉANCE.
semblée que l'Instance pendante en la Cour des
,
Aides entre le Chapitre d'Auxerre &: les habitants de
,
Chichery, venoit d'être jugée, que la Sentence de PElec-
tion de Tonnerre du 10 janvier 1784, avoit été confir-
,
mée, Ô£ que le Chapitre avoit été déchargé du paiement
T&S2. PROC£S-VERE>AL DE L'ASS EMBLÉE-GÉNÉRALE
avoit été imposé, à raison des dî-
ÁZ la taille à laquelle il
mes qu'il fait valoir par ses mains.
.Monseigneur PArchevêque d'Aix a dit ensuite;
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
ISÍOUS vous avons rapporté en général le résultat de la
"Conférence-de vos Députés avec M. le Garde des Sceaux,
fur les réformes utiles à faire soit par rapport aux répara-
,
tions des Bénéfices, soit par rapport aux successions des
Bénéficiers. M. le Garde des Sceauxiious avoit donné une
réponse satisfaisante : il nous avoit annoncé les intentions
favorables de Sa Majesté ; mais il ne nous en avoit pas
expliqué en détail les objets ô£ les motifs. M. le Garde
d.es Sceaux a adressé à MonseigneurPArchevêque de Nar-
bonne une Lettre, par laquelle il fait connoître les inten-
tions du Roi. Monseigneur PArchevêque de Narboniie
ÏIOUS Pa
remise pour la communiquer à PAssemblée. li
,
'p'aroît que la Lettre de M. le Garde des Sceaux distingue,,
parmi les vues proposées par PAssemblée de 1780, celles
que le Roi approuve &C qu'il autorise, celles dont il croie
devoir différer l'exécution, &: celles auxquelles il ne croit
pas devoir donner de fuite, L'Assemblée de 1780 avoit;
proposé :
1 °. Les
réformes à faire dans la régie des Economats5
20. Un plan d'administration pour y suppléer.
: ~L<zs réformes proposées avoient pour objet :
i°. La suppression du Séquestre des Economats;
2°. La diminution des réparations à faire, soit par la
xédnction des objets à réparer, soit par les transactions à
-passer entre les Evêques &L les Chapitres, les Abbés & les
Religieux soit par Parrentement des objets des répara-
,
tions q# íbnt les plus onéreux ;
3°. La diminution des frais & des formalités concer-
nant les successions des Bénéficiers, soit par rapport à la
garde &' au dépôt des effets des Bénéficiers décédés, foie
par rapport à la vente des meubles, soit par rapport à la
confection des réparations.
DU CLERGÉ DE FRANCE 3 21 JUILLET 1785. z6y
II paroît que Sa Majesté est dans Pintention d'admettre
les vues proposéesdans cette partie par PAssemblée de 17 8 o.
Elle n'en excepte que la suppression du Séquestre, qu'Elie
11e prononce pas dans ce moment ; Sc nous voyons avec
satisfaction qu'on détruit tous les abus dont le Séquestre
n'est pas la cause, afin qu'il soit bien démontré que le Sé-
questre par lui-même, est Punique cause de tous les abus
<jui restent»
Le silence de M. le Garde des Sceaux nous donne lieu
rde comprendre que Sa Majesté n'est pas dans Pintention
xl'établir le plan d'administration proposé par PAssemblée .
de 1780. NOUS savons que ce plan aurait éprouvé des
oppositions, qui auraient retardé la réforme utile désirée
par le Clergé 3 &C Sà Majesté, en approuvant la plus grande
partie des vues de PAssemblée de 1780 a pris foin d'é-
,
carter les obstacles qui peuvent en arrêter Pexécution.
Monseigneur PArchevêque d'Ajx ayant cessé de parler ;
lecture faite de la Lettre de M. le Garde des Sceaux, ii
a été arrêté qu'elle ferait insérée dans le Procès-verbal,
que Messieurs les* Commissaires du Bureau du Temporel
s'occuperoient de cet objet, 8c qu'ils proposeraient inces-
samment leurs réflexions à PAssemblée, pour, fur leur rap-
port , être pris telle délibération qu'il appartiendra.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture du
Happort de leur Agence.
Messeigneurs ÒL Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi ,22 Juil-^
let3 à dix heures du matin.

Signé ^ E. C. Arch. de Toulouse, Président,


3.T&4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

LETTRE
2De M. le Garde des Sceaux à Monseigneur PArchevêque
DE NARBONNE.
A Versailles.., le 10 Juillet 17S5.

MONSIEUR,
Je riai pas éperdu de vue les Mémoires SG Instances des
^Assemblées de 1780 SG de 17 8 2 au sujet des réparations
,
des Bénéfices SG des successions des Bénéficiers ; SGfile Roi*
en adoptant les vues de ces deux Assemblées .., avoit cru de-
voir admettre tous les moyens quelles Lui avoient indiqués ì
je naurOis pas''attendu le retour d'une nouvelle., pour pro-
poser à Sa Majesté une Loi sur cet important objet.
Sa Majesté pense qu'il convient, comme l'a désré As- ï
semblée de 1780, de diminuer les réparations dontfont char-
gés Les Bénéficiers ; SG ce premier point aura de très-gran-
des conséquences pour L'affranchise ment des successions, puis
que L'expérience apprend qu'elles font communément appau-,
vries SG surchargées par des réparations inutiles SG que
_,
['intérêt des Bénéfices comme celui des successions invite
j j
a> abroger.
Sa Majesté, dans le même esprit, efl disposée a autori-
ser SG à rendre faciles les arrangements qui peuvent être
pris entre les Evêques SG les Chapitres entre les Abbés SG

les Religieux, même ceux.qui peuvent avoir Lieu pour don-
à j
ner j'ente certains biens qui„ comme Les moulins,font, pour
.un usufruitier;, d'une gestion SG d'un entretien difficiles SG
.ruineux ; SG la facilité que Sa Majesté donnera à ces arran-
gements y fera encore un grandsoulagement pour les succes-
sions ;
DU CLERGÉ DE FRANCE J 21 JUILLET 1785. z6$
fions, communément ruinées par les réparations qui en font
L'objet.
Sa Majesté est ausji disposée à empêcher les abus qui ont
pu se gltsser dans la régie des successions des Bénéficiers*
dans la vente des meubles <5G effets SG dans la garde de
j
leur produit. Son intention efl même de diminuer la dufée
du Séquestre SG de donner aux héritiers les moyens de
,
s'en- affranchir, en fournissant bonne SG suffisante caution ;
SG le Clergé peut aisément concevoir les avantages qui ré-
sulteront de ces dispositions puisque la longueur du Sé-
,
questre les frais qu'il entraîne SG la difficulté de ìe faire
,
ceffer, font le principal objet de ses réclamations.
Mais Sa Majesté croit devoir s'en tenir au moins pour
j
le moment à ces différents moyens., SG Elle efl persuadée
j
qu'ils suffiront, pour rendre aux successions des Bénéficiers
toute la liberté dont elles font susceptibles, SG concilier le
repos des familles avec la fureté des réparations.
La confiance de Sa Majesté dans les lumières de l'As-
semblée ía engagée à m'ordonner de lui faire part ainsi en
j
détail de ses dispositions. Elle recevra avecsatisfaction les ren-
seignements SG éclaircissements ultérieurs que le Clergé croira,'
ensuivant les mêmes vues., devoir me remettre. Je nïempres-
serai d'en rendre compte à Sa Majesté., SG de mettre la der-
niere main a une Loi quElle regarde comme très - intéres-
sante SG quElle sait n'être pas moins désirée par toutes les
,
familles de son Royaume que par le Clergé même.
*
Je fuis j SGc. Signé j DE MlKOMÉNIL.

Procès-verbal de 178J.
%&6 PROCES-FERBAL DE L As SEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU VENDREDI, VINGT-DEUX JUILLET I78J,


a dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.

XLIV "^ .^"Onseigneur PArchevêque de Toulouse a dit : Que


SìiAI'ïCE. X% JLMonseigneur PArchevêque de Narbonne lui avoit
remis une Lettre de M. le Contrôleur-Général, à laquelle
étoient joints deux Mémoires fur Pinítabiliré des baux des
Bénéfices, &£ que si PAssemblée Pagréoit , il en ferait
,
fait lecture.
Sur quoi lecture faite de la Lettre & des deux Mémoi-
res, il a été arrêté que la Lettre c£ les Mémoires seront
remis à Messeigneurs ôc Meilleurs les Commissaires pour
le Temporel, pour fur le rapport qui en fera par eux
,
fait à PAssemblée, être pris une délibération à ce sujet.
Messieurs les anciens A sents ont continué la lecture du
Rapport de leur Agence.
Messeigneurs 8£ Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, 23 Juillet,
à dix heures du 'matin.
Signé ^ E. C. Arhev. de Toulouse, Président.
DU SAMEDI, VINGT-TROIS JUILLET 178 j,
à dix heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.

XLV MOnseigneur PArchevêque de Toulouse a dit : Que


SÉANCE; le Syndic de la Faculté de Théologie avoit eu 1 hon-
neur d'écrire à Monseigneur PArchevêque de Narbonne,
pour le prévenir que , conformément aux vues de PAs-
semblée la Faculté de Théologie avoit nommé des Corn-
,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 23 JUILLET 1785. 267
missaires pour conférer avec ceux de Messeigneurs &£ Mes-
sieurs les Députés qui feraient nommés à cet effet, fur
les moyens de perfectionner les études ecclésiastiques. Sur
quoi PAssemblée a prié Monseigneur PArchevêque de
Rheims, Monseigneur l'Evêque de Langres, £c Messieurs
les Abbés Boursier &L d'Esponchez, de vouloir bien assis-
ter à la Conférence qui doit se tenir Jeudi prochain, 28
de ce mois chez Monseigneur PArchevêque de Toulouse.
,
Monseigneur PArchevêque de Vienne ôç Monseigneur
PArchevêque de Paris, ont été priés de vouloir bien s'y
trouver.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture du
Rapport de leur Agence.
Messeigneurs òc Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 25 Juillet,
à 1 o heures du matin.
Signé »J< E. C. Arch. de Toulouse, Président.

DU LUNDI, VINGT-CINQ JUILLET 178/,


à dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.
MEsseigneurs ô£ Messieurs les Commissaires, pour la XLVI
SÉANCE.
Religion &C la Jurifdiction ont pris le Bureau.
,
Monseigneur PArchevêque d'Arles, Chef de la Commis-
sion a dit :
,
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Un Arrêt rendu par le Parlement de Paris à la réqui-
sition de M. le Procureur-Général, autorise les Officiers
du Bailliage de Troyes à se faire représenter les registres
des cinq cents Paroisses de leur district, & à se transpor-
ter sur les lieux pour entendre les Parties intéressées &C
la Communauté d'habitants, fur les défectuosités qui s'y
feront trouvées, le tout aux frais des Curés ou de leurs
Ii 2
i6S PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
héritiers, ô£ ílibsidiairement des Fabriques. Les inconvé-
nients fans nombre qu'entraîne cette forme de procéder,
ont excité les plaintes de MM. vos anciens Agents 8c la
réclamation de PAssemblée Provinciale de Sens. M. l'Abbé
de Banal en a rendu compte à la Commission d'une
manière si détaillée &C si instructive > que nous ne croyons
pas pouvoir mieux répondre à Phonneur de votre con-
stance qu'en vous suppliant d'entendre son Rapport à
,
ce sujet.
Sur quoi M. l'Abbé de Barrai a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
C'est toujours avec la plus vive constance que les Pa£
teurs du second Ordre réclament le secours des Assemblées
du Clergé : ils y retrouvent les Pontifes des peuples confiés
à leur sollicitude, les chefs ë£ conducteurs destinés à leur
tracer la route pénible du ministère 3 6£ s'ils avoient eu le
malheur de s'égarer, c'est encore dans le fem des premiers
Pasteurs qu'ils aimeraient à déposer le repentir ôc l'aveu
de leurs fautes.
Un Arrêt du Parlement de Paris, concernant la réfor-
me générale des registres de Baptêmes , Mariages ô£ Sé-
pultures dans le ressort du Bailliage de Troyes, a causé
les plus vives alarmes parmi les Curés de deux vastes Dio-
cèses : PAssemblée Provinciale de Sens a chargé ses Dé-
putés de vous faire connoître les inconvénients qu'entraî-
neroit Pexécution des clauses rigoureuses de cet Arrêt j elle
a désiré que, fans attendre le commencement de vos Séan-
ces , Mi'vî. vos Agents vinssent au secours des Curés pour-
suivis par les Officiers du Bailliage de Troyes $L si le
>
zèle de nos prédécesseurs n'eût pas éprouvé des obstacles
invincibles, le voeu de la Province de Sens seroit main-
tenant accompli.
Pour nous, Messeigneurs ÔC Messieurs, que les liens
d'une immortelle reconnoissance attachent à cette Mé-
tropole nous nous estimons heureux de consacrer notre
,
foible voix à ia défense de vos coopérateurs dans lesDio-
DU CLERGÉ DE FRANCE, I$ JUILLET 1785. 269
ceses de Sens & de Troyes : long-temps associés a leurs
travaux, c'est en les .quittant que nous avons eu le spec-
tacle de leur détresse j notre voeu le plus ardent seroit
de vous intéresser à leur sort.
L'Arrêt du Parlement de Paris, en date do 14 Juillet
1784, enjoint aux Curés des Paroisses situées dans le res-
sort du Bailliage de Troyes, de faire Papport au Greffe
de tous les Registres dont ils font dépositaires pour y
être dressé Procès-verbal des défectuosités qui se, rencon-
trent dans lefdits Registres , ainsi que dans les doubles
minutes déposées au Greffe du Bailliage, en vertu de la
Déclaration de 1736 : il ordonne que le Lieutenant-Gé-
néral íe transportera successivement dans les Paroisses du
ressort dont les Registres auroient été trouvés défec-
,
tueux 3 qu'il fera convoqué une assemblée de chaque Pa-
roisse pour en interroger tous les habitants, fur la con-
3
noissance qu'ils ont des Actes cotés comme défectueux ;
que leurs déclarations fur les dates, ou signatures omi-
ses ou autres imperfections, seront reçues &£ consignées
,
dans un second Procès-verbal j que ce second Procès-ver-
bal fera signé par les Parties intéressées, parents ou al-
liés, parrains ou marraines j qu'enfin au jour indiqué par
le Lieutenant-Général, il fera tenu une nouvelle assem-
blée, composée des parents ou alliés, parrains ou marrai-
nes dénommés dans Íe second Procès-verbal, pour avouer
ou désavouer leur dire , ÔC donner leurs déclarations,
dont Sc du tout íera dressé un troisième Procès-verbal
,
signé comme le second.
L'Arrêt ordonne encore que des deux derniers Procès-
verbaux , deux expéditions seront faites & jointes aux
Registres de la Paroisse l'une desquelles fera déposée au
,
Greffe du Bailliage l'autre remise au Curé, pour être
,
délivré expédition des Actes aux Parties intéressées.
Enfin la derniere clause de P Arrêt du Parlement ,
,
concerne le paiement des frais de la procédure de réfor-
me : ils seront payés ôC supportés par les Curés actuels,
pour les défectuosités qui font de leur fait ; pour celles
qui leur font antérieures, par les anciens Curés, s'ils exif-
270 PROCÈS-FERSAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tent encore , ou par leurs héritiers 8c représentants j ô£
au défaut de solvabilité de tous , par les Fabriques des
Paroisses qu'ils ont gouvernées.
Les disoositions de cet Arrêt furent discutées dans un
Mémoire que sit dresser PAssemblée-Provinciale de Sens.
On y prouve d'abord que la réforme générale de toutes
les imperfections contenues dans les doubles Registres de-
puis 1736, n'étoit pas nécessaire pour la tranquillité pu-
blique puiíque le plus grand nombre de ces défectuosi-
,
tés ne pouvoit nuire au repos des familles 5 qu'ainsi, mal-
gré la généralité des termes de P Arrêt, la réforme pres-
crite ne devoit frapper que sur les imperfections qui al-
téroicnt la substance des Actes &: leurs formes essentielles.
Secondement, que la méthode suivie par le Bailliage
pour corriger les Registres défectueux , étoit sujette à une
foule d'inconvénients j qu'en multipliant à l'excès les pro-
cédures, elle n'avoit pas Pavantage de produire une ré-
forme utile j que celle qui pouvoit en résulter, ne feroit
que répandre de nouveaux nuages fur Pétat des citoyens,
Ô£ deviendroit dans Pavenir une source féconde de Pro-
cès interminables.
Troisièmement, que les frais énormes occasionnés par
la correction universelle des Registres entraîneraient
la ruine des Curés, de leurs héritiers ôc, des Fabriques
de Paroisses j que les Loix du Royaume ô£ Péquité na-
turelle ne permettoiént pas de faire supporter indistinc-
tement , par les représentants des Curés morts, les frais
de la réforme, ôc que dans aucun cas, les Fabriques de
Paroisse ne dévoient être condamnées à les payer.
Enfin, diverses réflexions éparfes dans le Mémoire
,
prouvent suffisamment que la plupart des Curés situés
dans le ressort du Bailliage de Troyes, n'ont jamais pu
mériter la rigueur exercée contre eux.
Ce Mémoire en forme de Requête, a été remis à
M. le Garde des , Sceaux par Messieurs vos Agents 5 mais
leurs vives instances n'ont pas suffi pour obtenir la plus
légerc modification aux clauses de P Arrêt du Parlement,
ni le moindre délai dans son exécution,
DU CLERGÉ DE FRANCE j, z$ JUILLET 1785. 271
La réponse du Chef de la Magistrature à Messieurs les
Agents annonce les motifs de la réforme ordonnée par
,
P Arrêt du 14 Juillet 1784. On a reconnu par I examen,
est-il dit dans fa Lettre du 11 Février 1785 que sur les
,
doubles des registres déposés au Greffe il y avoit des actes
j
qui. n étoient pas signés , ou qui nétoient pas signés de toutes
les parties intéressées dans ces actes ; d!autres actes qui rìé~
toient pas inscrits suivant les renseignements donnés par les
parties intéressées ; d'autres actes portés fur des feuilles vo-
lantes ; des actes qui nétoientpas inscrits à Leur vraie date,
SG enfin des doubles de regiflres qui rìavoient pas été cotés,
ni paraphés par le premier Officier du Siège.
Après cet exposé des motifs de P Arrêt du Parlement,
M. le Garde des Sceaux prouve qu'il a fallu préparer la
réforme par une confrontation des registres conservés au
Greffe du Bailliage avec la double minute dont chaque
,
Curé íe trouve dépositaire : l'uniformité de ces registres
est en effet de la plus grande importance, depuis que les
deux exemplaires de chaque registre font devenus égale-
ment minutes &C originaux.
La Lettre de M. le Garde des Sceaux rappelle ensuite
les dispositions des articles 3 4, $ 7, 9 èc 10 de la Dé-
, ,
claration de 1736, qui règlent la forme des registres, celle
des actes, le nombre & la qualité des témoins, leur signa-
ture fur les doubles registres, &C la formule indiquée par-
la Loi pour suppléer cette signature lorsqu'ils ne peuvent
la donner.
Lorsque les Curés, en rédigeant les actes, ont négligé
de remplir les formalités pïeÇcïkcspour les rendre valables,
on ne peut les réformer qu'en recevant publiquement de-
vant le Juge les déclarations des Paroissiens, &£ il feroit
imprudent de se borner à recevoir celles des parties inté-
ressées.
De-là M. le Garde des Sceaux conclut la nécessité d'as
sembler la Paroisse pardevant le Juge, de rédiger dans
un Procès-verbal les déclarations des habitants, &c d'en
dresser un second pour le récolement indispensable de ces
premières déclarations j après quoi il ne peut rester aucun
zyz PB-OCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
doute sur la validité des actes qui remplacent ou corrigent
les actes omis ou défectueux.
Dans le premier Mémoire on reprochoit aux Officiers
du Bailliage de Troyes que pour la rédaction du Procès-
verbal dans lequel font inscrites les déclarations des Pa-
,
roissiens, le Greffier se contentoit de prendre des notes,-
d'après lesquelles- le Juge rédigeoit son verbal en Pab-
sence du Curé oc des habitants. La Lettre en réponse
justifie cette forme de procéder, qu'elle annonce comme
aussi légale, plus prompte &í moins coûteuse.
Le premier Mémoire tend à prouver que fi les Curés
ne se sont pas conformés aux dispositions de la Loi de
1736, leur faute néanmoins n'a pu avoir des suites vrai-
ment préjudiciables pour le public, que par la négligence
des Officiers du Bailliage à examiner éc réformer leurs
registres, à mesure qu'ils en ont reçu le dépôt, c'est-a-dire,
année par année. La Lettre en réponse rejette toute la
faute sur les Curés, &C annonce qu'à Pépoque de l'apport
des registres au G reste, la feule fonction du Juge est de
barrer des blancs, s'il s'en trouve. M. le Garde des Sceaux
ajoute, qu'il est impossible d'exiger des Juges la vérifica-
tion annuelle de cinq cents registres j & de ce que Parti-
cle 39 de la Déclaration de 1736 condamne les Curés à
payer les frais de réforme avec dix livres d'aumône , il
en conclut que dans le cas présent, eux seuls font cou-
pables.
Enfin la Lettre de M. le Garde des Sceaux justifie, par
divers détails, la répartition des frais, ordonnée par PArrêt
du 14 Juillet 1784, & finit par annoncer que, loin de
suípendre Pexécution de cet Arrêt, on doit au contraire
lui procurer sa pleine &C entière exécution le plus promp-
tement qu'il fera possible.
Ainsi se sont évanouies les espérances qu'avoient con-
çues les Curés des Diocèses de Sens ê£ de Troyes de voir
adoucir la rigueur de leur fort : votre puissante médiation
peut feule , Messeigneurs 6£ Messieurs, leur rendre la con-
fiance qu ils ont perdue : si vous ne daignez leur tendre
une main fecourable, des procédures dispendieuses con-
sumeront
Du CLERGÉ DE FRANCE , z 5 JUILLET 1785-. 273
fumeront dans peu le modique patrimoine de leurs Eglises j
& pour comble de maux, ces opérations sévères consa-^
crées par le motif de futilité publique, ne leur laisseront,
ni ressources, ni consolateurs.
Dépositaires &c Rédacteurs des actes qui constatent
Pexistence légale ë£ religieuse des Citoyens, leur devoir
étoit fans doute de suivre les formalités íàgement pres-
crites par la Déclaration de 1736 pour la tenue des re-
,
gistres de Baptêmes, Mariages 6c Sépultures j ô£ Pimpor-
tance du ministère civil que leur a confié le Légistateur,
n'a fait que rendre plus pressante Pobligation de s'y con-
former. Nous ne chercherons donc pas à atténuer la faute
griève du petit nombre de Curés dont la négligence á
pu compromettre ces intérêts chers ô£ précieux.
Mais ce qui a causé tout à la fois la douleur & la ré-
clamation de vos Coopérateurs, c'est que la réforme gé-
nérale des registres de toutes les Paroisses situées dans le
ressort du Bailliage de Troyes, ordonnée par un Arrêt,
suppose de leur part une prévarication universelle.
S'ils font réellement coupables d'un délit aussi grave
envers la Religion &C la patrie, par quelle fatalité le silence
des surveillants, que la Loi donne aux Curés dans Pexer-
cice de leurs fonctions civiles, a-t-il entretenu, pendant plus
de quarante ans, la sécurité dans laquelle ils vivoient à cet
égard ? Néanmoins ne craignez pas, Messeigneurs &C Mes-
sieurs de nous voir tenter l'apologie des Curés, en accu-
,
sant les Magistrats dépositaires de Pautorité &í de la con-
fiance du Souverain. Mais pour disculper les uns 8>C les
autres, nous aimons à penser que les abus ne font, ni aussi
universels, ni aussi criants que les a représentés le Dénon-
ciateur des Curés j èc la longue tolérance des Officiers
du Bailliage doit vous garantir Pinnocence du grand
,
nombre de vos Coopérateurs; car il parait impossible de
se dissimuler Pobligation où sont ces Magistrats de veiller
annuellement à Pexactitude des registres &C à leur réfor-
me, lorsqu'ils font défectueux.
Pour le prouver, il suffit de rassembler, sous un même
Procès-verbal de 178 j. Jj
2.74 PROCÈS-VERBAL-DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
point de vue, quelques observations fur l'éfprit ôí la
lettre de la Déclaration de 17 3 6.
La nécessité de constater Pétat des hommes d'une ma-
niéré authentique, a, de tout temps, fixé Pattention des
Lcgiílateurs : Pintérêt commun exige, en effet, que la
société entière soit avertie des modifications naturelles
,
civiles òc religieuses, que subissent les membres qui la
composent. Mais ces modifications diverses qui caracté-
risent chaque individu lui font imprimées dans un ins-
,
tant précis, en présence d'un petit nombre de témoins,
& .par un fait passager qui ne laisse aucun vestige j il a
donc fallu, pour ainsi dire sixer cet instant fugitif, re-
,
tracer aux yeux de tous un fait iíolé, §C en éterniser la
mémoire.
Tel est aussi le but que s'est toujours proposé le Lé-
gislateur, ôc qu'on apperçoit > d'une manière plus sensi-
ble dans la Loi de .1736.
,
De-là ces formes simples ÒC -faciles , dont Penfemble
donne aux actes une authenticité hors de toute atteinte.
De-là l'injonction des doubles registres ôc d'un double
dépôt, qui laissent une ressource certaine contre les évé-
nements destructeurs, e£ garantissent de la crainte des
falsifications.
De-là ce détail minutieux en apparence dans lequel
,
entre 4a loi fur le nombre, les qualités le domicile ÔC
,
la signature des témoins.
De-là le choix des Ministres de la Religion, pour cer-
tifier, rédiger & conserver les actes fur lesquels reposent
Pordre social & la sécurité publique.
De-là cette hiérarchie de pouvoirs qui se correspon-
dent ôc se réunissent pour assurer au Monarque qu'on a
rempli toutes les formalités prescrites par fa Loi, ô£ que
Pétat du plus petit de ses sujets, n'est pas appuyé fur des
actes moins authentiques que celui des grands de son
Royaume.
Fixons un moment nos regards fur la gradation sage-
ment combinée de ces pouvoirs , qui tous n'ont qu'un seul
objet, la régularité des registres.
DU CLERGÉ DÉ FRANCE, Z$ JUILLET 1785. 275
Le Curé, seul Rédacteur des actes, &C Ministre subor-
donné de la Loi, forme, avec les témoins, le premier
anneau de la chaîne, qui remonte jusqu'au Législateur.
L'acte une fois rédigé 8c signé fur un double registre, le
Curé ne peut plus varier 5 il usurperait la fonction du
Juge, s'il entreprenoic la moindre réforme.
Mais à l'expiration de chaque année, la Loi lui pres-
crit de faire le dépôt d'une des deux minutes de son re-
gistre au Greffe de la Jurifdiction royale : c'est là qu'en
,
présence du Juge au désir de la Déclaration de 1736,
.,
article 1 8 commence un premier examen de Pétat où se
,
trouve le registre déposé.
Ce premier examen ne tombe, à la vérité, que fur la
forme extérieure des registres, 6c le Juge se borne à barrer
les vuides ou lacunes qui pourraient s'y rencontrer : ainsi
il n'a pu facilement apperccvoir alors que les défectuosi-
tés rélultantes du défaut de signatures, de Pinscription
des actes fur des feuilles volantes ou de ce que les re-
,
gistres n'ont pas été cotés 6C parafés par le Juge Royal.
.
Mais bientôt après PHomme public, le Tuteur des peu-
ples pour se conformer aux articles 38 6c 39 de la
,
Déclaration de 1736, doit faire un second examen, afin
de s'assurer que les formes prescrites par la Déclaration,
ont été fidèlement obíervées.
En effet, Particle 3 8 enjoint au Procureur du Roi d'en-
voyer à M. Le Procureur-Général j tous les ans dans Le mois
de Mars au plus tard> un état en papier commun, certifié
du Greffier de ceux qui auront satisfait aux dispositions
>
contenues dans la Déclaration, ÓC de ceux qui n'y auront
pas satisfait. Ainsi cet état doit comprendre non-feule-
ment ceux qui ont ou n'ont pas satisfait à Pobligation
de déposer les registres au Greffe comme le prétendent
,
les Officiers du Bailliage de Troyes mais encore ceux
,
qui ont ou n'ont pas satisfait à la généralité des disposi-
tions de la Déclaration de 1736: Particle 38 n'en excepte
aucune, 6c il n'est pas permis d'en restreindre le sens. Le
Procureur du Roi est donc tenu d'examiner chaque année
si, dans les registres déposés au Greffe, il y en a qui ne
Jj z
%y6 PROCES-FÈRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
sont pas signés} ou qui ne le font pas de toutes les parties
intéressées ; fi quelques actes font portés fur des feuilles vo-
lantes ; fi d autres ne font pas inscrits à leur vraie date, ÓS
enfin fi Les registres n'ont pas été cotés, ni parafés par le
premier Officier du Siège; c'est-à-dire, qu'il doit s'assurer,
par un examen répété tous les ans, que les registres ne
contiennent aucun des défauts reprochés à ceux des Pa-
roisses du Bailliage de Troyes suivant la Lettre de M. le
,
Garde des Sceaux.
L'article 3 9 est encore plus formel , s'il est possible : il
serviroit à fixer le sens de l'article 3 8 si ce dernier avoit
,
la moindre obscurité : l'un ô£ l'autre ont ensemble un
rapport immédiat, non-seulement par leur rapprochement
matériel dans le corps de la Déclaration, mais encore par
Pidentité de leur objet 5 ce que l'article 38 avoit énoncé
d'une manière générale fous le nom cle contravention
,
aux dispositions de la Loi, Particle 39 le particularise5 il
articule en détail les différentes espèces de contraventions,
comprises auparavant dans un terme générique qui les
engloboit toutes : 6c c'est de toutes ces contraventions que
la réforme est ordonnée, lorsqu'on a reconnu qu'elle étoit
nécessaire. Ainsi Particle 3 8 indique un moyen légal de
reconnoître les imperfections des registres 5 Particle 39
veut qu'elles soient corrigées fans délai j enfin l'article
40, pour faciliter la réforme, dispense des droits de con-
trôle les actes qui y font relatifs : ces dispositions diverses
se lient naturellement entr'elles 5 elles forment un fystême
íuivi, qui a pour objet la perfection des actes de Baptê-
mes, Mariages & Sépultures j 6c cet ensemble prouve sans
équivoque Pobligation où font les Juges de veiller an-
nuellement à la régularité des registres.
Mais, dira-t-on , comment exiger que le Substitut de
M. le Procureur-Général vérifie cinq cents doubles de regis-
tres qui font apportés chaque année au Greffe du Bailliage ?
Cette difficulté prouverait tout au plus que la vigilance
continuelle des Magistrats embrasse une infinité de détails
pénibles qui importent au bien public. Quant à Pobli-
gation particulière de vérifier annuellement les registres
DU CLERGÉ DE FRANCE, 25 JUILLET 1785. 277
des Paroisses, elle est imposée aux Officiers du Bailliage
par la Déclaration même qui leur donne le droit d'en
corriger les imperfections. Et ce n'est pas fans raison que
la Loi prescrit une vérification annuelle. Le Légistateur a
dû prévoir, il a réellement prévu que les défectuosités, fa-
ciles à réparer dans Porigine, deviendroient, par le laps du
temps, plus nuisibles ôc presque irrégarables.
Au surplus, ce n'est pas une obligation nouvelle que
la Déclaration de 1736 impose aux Officiers du Baillia-
ge. L'article 11, titre 20 de POrdonnance de 1667, fait
une injonction expresse de colLationner la grosse à la mi-
nute y le tout sans frais, lorsque les registres feront appor-
tés annuellement au Greffe du Juge Royal. D'après un
texte aussi formel, on ne demandera plus, íans doute,
comment il est possible d'exiger que le Substitut de M. le
Procureur-Général vérifie cinq cents doubles de registres qui
font apportés chaque année au Greffe du Bailliage ; car la
collation de la grosse à la minute est une opération plus
pénible &C plus compliquée que 1a vérification d'une sim-
ple minute. On ne niera plus que la vérification des re-
gistres ne soit un devoir annuel des Juges Royaux, puis-
que POrdonnance de 1667 leur enjoignoit de faire cette
vérification sur la grosse &C la minute, ô£ que POrdon-
nance se trouve confirmée par la Déclaration de 1736,
pour toutes les dispositions auxquelles la derniere ne dé-
roge pas. Non-seulement elle n'y déroge pas pour la vé-
rification des registres, mais elle contient, à cet égard,
une rénovation expresse par Pin jonction qui y est faite,
d'envoyer à M. le Procureur-Général un état de ceux qui
ont ou qui n'ont pas satisfait aux dispositions de la Dé-
claration de 17 3 6 j ce qui emporte la nécessité de vérifier
Pexactitude ou la négligence des Curés préposés à la ré-
daction des actes.
Au reste iì est à présumer que l'on a exagéré à M. le
Garde des Sceaux la longueur ÒC Pembarras des vérifica-
tions : on a vu que la plupart des irrégularités reprochées
aux registres du Bailliage de Troyes, font de nature à être
apperçues au premier coup-d'oeil. En parcourant les seuil-
zj% PROCES-FERBAL DE LSASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
îets des registres il est aisé, par exemple, de remarquer
,
le défaut de cote ou de parafe, comme celui de signa-
ture ou de date : plus facilement encore pourra-t-on ap~
percevoir les feuilles volantes insérées dans les registres,
& ii serait bien extraordinaire que le Juge chargé de
barrer les blancs, en eût laissé subsister un seul au mé-
pris de ia Loi, dont il ne saurait prétexter Pignorance.
Ainsi parmi les cinq espèces d'irrégularités mentionnées
dans la Lettré'de M. le Garde des Sceaux, la feule qui
pourroit échapper aux premières recherches des Juges vé-
rificateurs seroit celle qui résulterait de la rédaction des
,
actes contraires aux renseignements donnés par les Parties
intéressées. Mais, i°. cette espèce d'irrégularité est infi-
niment rare, & n'a pu motiver une rérorme générale : en
second lieu, elle exige, pour être connue, une dénoncia-
tion formelle des Parties intéressées, enfin c'est vainement
que la Partie plaignante voudroit faire entendre fa. voix
après un laps de temps considérable ; elle a dû se pourvoir
au momeat même du délit j bc si l'on ne snppoíe des cir-
constances tout-à-fait extraordinaires, son silence, dans
cet instant décisif, la rend non-recevabie à intenter une
action contre le Curé rédacteur.
D'après ces observations, s'il étoit possible de conserver
encore des doutes fur Pobligation où font les Juges de
vcriher annuellement les registres une simple réflexion
,
devrait suffire pour les lever : la vérification des registres,
par les Juges Royaux, est certainement une précaution de
plus pour s'assurer de leur exactitude. Or, maintenant si
l'on considère la marche graduelle des Loix anciennes stir la
tenue des registres, on verra que les Loix postérieures
cumulent, à Penvi l'une de l'autre, les précautions omises
par les précédentes, fans retrancher autre chose que les
abus. Les Ordonnances de Blois, de Villers- Coteretz,
celle de 1667 &C la Déclaration de 1736, semblent dic-
tées par n n m'ëme esprit : elles ont un voeu commun -,
elles tendent à un même but, vers lequel on les voit s'a-
vancer pas à pas 3 òc ce but n'est autre que la perfection
des registres. Comment donc supposer que la derniere 6í
DÛ CLERGÉ DE FRANCE * z$ JUILLET 178;'. 279
k plus sage de toutes, a dispensé les Juges d'une surveil-
lance active, que les Loix antérieures avoient jugée né-
cessaire, pour garantir la perfection de ces mêmes regis-
tres? Bien loin de-là, cette chimérique supposition est ab-
solument détruite par le préambule de la Déclaration clu
12 Mai 178?.. On y íit : Que dans Le dessein de versec-
tionner l'établissement des registres le jeu Roi fit publi-e.r la
Déclaration de 1736, par laquelle3 en rassemblant les sages
j
précautions des Loix précédentes, il a expliqué ses volontés
de la mamere La plus capable de ne Laisser aucun prétexte
ï
pour s'écarter de l'esprit SG de objet des anciennes Loix.
C'en est astez, sans doute, pour convaincre de Pobli-
gation que les Officiers du Bailliage ont contractée de
veiller annuellement à la fidélité des registres, dont la Loi
les a rendus dépositaires. Mais poursuivons l'examen de
la Déclaration de. 173 6, 6c nous verrons que la sollici-
tude de la Loi s'étend également fur les registres dépoíés
au PresiSytere de chaque Paroisse : ce font encore les Ma-
gistrats que la Loi charge, à certaines époques, de veiller
à leur réforme, lorsqu'elle est nécessaire. A la mort, ou
à la translation de chaque Curé, commence un troisième
examen , qui tombe indistinctement sur tous les registres
restés entre les mains : c'est le ministère public qui doit
.requérir cet examen, pour obéir à l'article 21 de la Dé-
claration de 173 6 j 6v fur fa réquisition le Juge du Sei-
,
gneur haut-justicier dresse un Procès-verbal des défauts
.qui pourront s'y rencontrer. Or, à quoi bon ce nouveau
Procès-verbal ? Pourquoi cette réquisition du Procureur
du Roi, si ce n'est afin qu'on puisse corriger les défauts
des registres, pendant que les témoins des acïes défectueux
subsistent encore?
Tout conspire donc à prouver la volonté immuable
du Législateur : il a voulu que les actes fustent en forme
probante j 6c c'est aux Curés Rédacteurs qu'il a enjoint
,
Pobseryation des formalités légales, par lesquelles ses vues,
à cet égard, font remplies : il a voulu que les registres
fussent à l'abri des événements destructeurs 5 &c c'est tout
ensemble aux Magistrats 6c aux Curés dépositaires, qu'il
2.-8© PROCÈS-VERSAL DE ^ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

a prescrit Pobservation des formes conservatoires : enfin,


il a voulu que les registres défectueux fussent réfor-
més, 6c c'est aux Magistrats Çe\n\s qu'il lui a plu de se
confier pour la .promptitude 6c Pexécution de la réforme.
Des précautions si sages 6c si multipliées dévoient, ce
semble suffire pour assurer Pexécution des volontés du
>
Législateur. Comment arrive-t-il donc qu'on dénonce au
Parlement une prévarication générale, pendant plus de
quarante ans, dans toute Pétendue du Bailliage de Troyes ?
Comment n'a-t-on pas vu qu'une accusation pareille com-
promettoit également la tranquillité des peuples, Phon-
neur des Curés 6c celui des Juges préposés à la réforme ?
Nous le disons avec confiance ; puisque les Curés font
soumis à la censure de surveillants nombreux toujours
,
armés de Pautorité de la Loi, on seroit en droit de con-
clure que leurs fautes font dignes d'indulgence : mais quoi-
que tout les autorise à la réclamer, nous nous bornerons
à répéter que les abus ne font, ni aussi universels, ni aussi
criants que les a représentés le dénonciateur des Curés -,
que la plupart des contraventions qui ont excité son zèle,
sont beaucoup plus contraires à l'expression littérale de la
Loi, qu'à son véritable esprit ; que le grand nombre des
imperfections qu'on s'occupe à réformer, ne peut nuire,
ni à la validité des actes ni à la tranquillité des citoyens-,
,
qu'enfin diverses circonstances, que le Législateur n'a pu
prévoir, forment souvent un obstacle invincible à Pob-
servation de certaines formalités prescrites par la Décla-
ration de 1736.
C'est ce qui résulte des interrogatoires que font subir
les Ossìciers du Bailliage de Troyes dans les assemblées
publiques des Paroisses.
Ainsi dans un acte de Baptême, signé du Curé 6c du
parrain de Pensant, mais non de la marraine, si le Ré-
dacteur a omis d'insérer que la marraine a déclaré ne
savoir signer, conformément à l'article 4 de la Déclara-
tion de 1736, Pacte est regardé comme sujet à la réfor-
me. On ne songe pas que les parrains 6c marraines ne
font pas des témoins nécessaires de Pacte de Baptême,
puisque
DU CLERGÉ DE FRANCE3 z s JUILLET 178J. zSí
puisque souvent ils font incapables de donner un témoi-
gnage légal j Pusage en effet semble autoriser à recevoir
des enfants mineurs pour parrains 6c marraines ; la Loi
ne le défend pas, 6c la rigueur des Canons exige feule-
ment qu'ils aient atteint Page de puberté. Malprré ces
considérations, on interroge les habitants pour savoir si
une marraine, morte depuis vingt .ans, savoit ou ne savoir,
pas signer, 6c Pacte est corrigé eu conséquence de leurs
dépositions vagues 6c incertaines.
L'article j ordonne de dresser Pacte d'ondoiement d'un
enfant baptisé à la maison pour cause de nécessité j 6c
Particle 6 enjoint de dresser un nouvel acte, lorsque les
cérémonies du Baptême lui seront suppléées. Si le Curé
n'apprend la naissance 6c l'ondoiement de Pensant que
clans le moment où on Pinvite à suppléer les cérémonies
du Baptême, il ne dresse communément qu'un seul acte
où tout est relaté : il est évident que par-là Pintention de
la Loi est remplie, autant que Pont permis les circonstan-
ces : n'importe, la Loi exige littéralement deux actes sé-
parés 5 il n'y en a qu'un seul 3 donc il est sujet à la ré-
forme.
L'article 7 veut que l'on inícrive dans les actes de cé-
lébration de mariage, Page des contractants5 mais il n'exige
pas qu'on fixe la date précise du jour de leur naissance*
Le but principal du Législateur a été de s'assurer de la
liberté des contractants, 6c de Pobligation où ils font de
requérir, ou même d'obtenir le consentement de leurs-
parents : on satisfait à l'efprit de la Loi , en énonçant
qu'ils font majeurs ou mineurs, fur-tout lorsque les pères
6c mères consentent au mariage : il est même des cir-
constances où le Curé passeroit justement pour indiscret
s'il questionnoit, fur leur âge, les nouveaux mariés. Ces
observations, fortifiées par Pusage reconnu des grandes
Paroisses de Paris, fous les yeux même du Parlement,
n'ont fait aucune impression fur les Officiers-Réforma-
teurs : Pacte qui n'énonce que la qualité de majeur ou de
mineur, n'est pas conforme littéralement à Particle 7 de
la Déclaration de 1736; il faut qu'il soit réformé.
Procès-verbal de 178 j. K. k
% %2 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Lorsque dans un Hameau, éloigné de l'Eglise Parois-
siale un enfant meurt peu de temps après fa naissance, les
,
parents font transporter sur le champ le corps à l'Eglise 5
on avertit le Curé, 6c presque toujours fans attendre le
moment de la sépulture, le père retourne à Ces travaux
que le besoin ne lui permet pas d'interrompre pour vaquer
à fa douleur : Ie Fossoyeur íeui íe préíente pour Penter-
rement, & il faut bien que le Curé, qui n'a pas une
puissance coactive se contente d'un témoin, lorsqu'il lui
,
est impossible d'en trouver deux. L'article 1 o n'a pas prévu
cette impossibilité commune dans les campagnes j il exige
î.a signature de deux témoins, 6c le Bailliage déclare Pacte
de sépulture sujet à la réforme, sans songer íeulement qu'il
est devenu irréformable j car il est manifestement inutile
de chercher aujourd'hui deux témoins d'une sépulture,
qui, par le fait, n'en a eu qu'un seul.
Dans les Paroisses nombreuses, il y a souvent dans un
jour plusieurs Baptêmes, Mariages ou Sépultures : ie Curé,
rédacteur des actes, énonce en tête du premier la date pré-
ciíe, 6c se contente de commencer ceux qui suivent, par
ces mots : Les mêmes jour ÓC an que dessus. Un acte lem-
blable, disent les Officiers-Réformateurs, est un acte fans
date ; il doit en avoir une au désir de la Loi, 6c consé-
quemment il faut le réformer.
Par cette énumération, qu'il seroit facile de rendre plus
Complète on apperçoit Pinutilité d'une grande partie du
,
travail auquel se sont dévoués les Officiers du Bailliage de
Troyes. Parmi le grand nombre de Prêtres qui ont gou-
verné depuis cinquante ans, les cinq cents Cures dont le
,
ressort du Bailliage est composé, il en est malheureuse-
ment qui ont à se reprocher des négligences plus coupa-
bles ', il est même à présumer que les défectuosités les plus
essentielles font les premières dont les Réformateurs ont
entrepris la correction : mais on a dû Pobíerverj ce n'est
pas fur la réforme des imperfections de ce genre que porte
la réclamation des Curés -, ils se plaignent de ce que PArrêt
du 14 Juillet 1781 prescrit une réforme générale de tou-
tes les imperfections quelconques des registres de toutes
DU CLERGÉ DE FRANCE , ij JUILLET 1785*. 183
les Paroisses du ressort, fans distinguer entre les défectuo-
sités essentielles, 6c celles qui ne nuisent; ni à Pétat des
citoyens, ni à la tranquillité des familles.
Cette distinction nécessaire, en simplifiant la réforme,
n'auroit présenté que des vues d'utilité publique, fur-tout
si on Peut opérée par des moyens faciles, équitables 6c
peu dispendieux : malheureusement le choix de ceux
qu'on a adoptés, n'annonce qu'une opération ruineuse 6c
interminable.
Telle est, en effet, la marche suivie par les Officiers du
Bailliage : leur première opération consiste à dresser procès-
verbal des défectuosités qui se trouvent dans chaque registre.
Pour y parvenir, il fautnon-íeulement compulser tous ceux
qui font consignés au Greffe en vertu de la Déclaration
de 1736, mais les Curés font encore contraints de re-
mettre la double minute dont ils font dépositaires, asin
qu'on puisse les confronter ensemble, 6C vérifier les imper-
fections des uns 6>Cdes autres. Ainsi ce procès-verbal, qui
n'est qu'un simple préliminaire, doit comprendre les dou-
bles registres de chaque année à réformer depuis la Dé-
claration de 173 6, c'est-à-dire depuis quarante-huit ans.
,
Or les Paroisses situées dans Pétendue du ressort du Bail-
liage de Troyes, íbnt au nombre de cinq cents j 6c il est
bien difficile de supposer qu'il y ait une seule Paraisse dont
les registres, depuis 48 ans soient absolument exempts
,
d'imperfections, plus ou moins considérables. Voilà donc
deux fois cinq cents Procès-verbaux exécutés fur quaran-
te-huit registres -de Baptêmes, Mariages 6c Sépultures,
par les seuls Officiers du Bailliage de Troyes 3 6c cette
surabondance d'écritures n'a pour cause que la généralité
d'une réforme qui ne devoir tomber que sur les défectuo-
sités importantes j 6c Pimpossibilité de vérifier prompte-
ment un aussi grand nombre de registres, présentera long-
temps un motif toujours subsistant de recherches alarman-
tes pour les Curés , leurs héritiers 6C les Fabriques des
Paroisses.
Après la rédaction du Procès-verbal préparatoire des-
,
tiné uniquement à coter les imperfections des registres,
Kk z
2.84 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
le Lieutenant-Généraldu Bailliage doit se transporter suc-
cessivement dans les cinq cents Paroisses du ressort. L'as-
semblée-générale juridiquement convoquée, il faut qu'il
interroge les habitants de tout âge 6c de tout sexe, fur la
connoiííance qu'ils ont des actes cotés, comme défectueux
dans le Procès-verbal : il n'en est pas un seul qui ne doive
être admis à répondre suivant sa qualité de témoin ocu-
laire ou auriculaire suivant ie degré de connoiííance di-
,
recte ou indirecte qu'il a de Pobjet sur lequ?l on inter-
roge Puniveríalité.
Ainsi chacun dit ce qu'il sait ou ce qu'il croit savoir :
on rappelle avec incertitude des objets, dont il ne peut
rester qu'un souvenir foible 6c confus : le vieillard recher-
che péniblement dans fa mémoire , des traces légères que
le temps a tout-à-fait effacées 3 chacun s'empresse ÔC veut
jouer un rôle dans une scène aussi intéressante pour la Pa-
roisse : on dit 3 on contredit 5 on allègue des témoins ab-
sents ou morts 3 on cite des dates 6c des faits 3 6c c'est
d'après toutes ces incertitudes, que le Lieutenant-Géné-
ral dresse un second Procès-verbal : car il est essentiel de
Pobserver 3 c'est à la rédaction de simples procès-verbaux
que font bornées íes fonctions : il ne juge pas 3 il écoute 3
il écrit, 6c la réforme est censée faite.
II est vrai que ce second Procès-verbal doit être bien-
tôt suivi d'un troisième également ordonné par P Arrêt.
Pour cet effet, le Lieutenant-Général convoque une nou-
velle assemblée des parens alliés 6c témoins dénommés
,
dans le second Proces-vsrbal 3 6c comme il a fallu rece-
voir la déclaration de tous ceux 6C celles qui ont eu con-
noiííance des actes anciens ou nouveaux, il est évident
que la seconde assemblée doit être à-peu-près aussi nom-
breuse que la première. Lorsqu'elle est formée, P Arrêt en-
joint de faire, en sa préíence, une nouvelle lecture des
déclarations ci-<lessus mentionnées, à l'effet par les pa-
,
rents , alliés 6c témoins d'avouer ou désavouer leur dire,
,
ajouter ou retrancher ce qu'ils jugeront à propos 3 6c de
ces aveux ou désaveux, résulte un troisième Procès-ver-
bal qui consomme Pouvrage de la réforme.
DU CLERGÉ DE FRANCE, ij JUILLET 178J. 285
L'Arrêt ordonne encore que des deux derniers Procès-
verbaux , deux expéditions seront faites pour être jointes
aux recristres de la Paroisse, l'une desquelles fera remise
au Curé, l'autre déposée au Greffe , afin que les Parties
intéressées puissent recourir à l'un ou à l'autre, conformé-
ment à la Déclaration de 1736. Mais comment le Gref-
fier ou le Curé, commis à la délivrance des actes, pour-
ront-ils démêler ce qu'il importe de savoir, à travers d'in-
nombrables variantes ? Quels actes rédigeront-ils, d'après
ces volumineux Procès-verbaux ? La faculté de peser les
témoignages 6c de porter un jugement fur leur valeur
,
respective, n'a pas été accordée aux Officiers du Baillia-
ge , chargés de les recueillir dans leurs Procès-verbaux.
Un simple Curé, un Grenier, uíurperont-iis un pouvoir
plus étendu ? Non, fans doute3 6c de-là quelle source in-
tarissable de contestations pour l'avenir? que de difficultés
toujours renaissantes, qu'on ne pourra résoudre qu'après
de longues contestations ?
Car enfin la méthode choiíie pour la réforme peut avoir
son utilité, lorsque le vice particulier d'un acte de Baptê-
me, Mariage ou Sépulture occasionne une contestation
entre des héritiers ou autres parties intéressées 3 alors si la
déposition des témoins, consignée dans un procès-verbal,
renferme des contradictions, le Parlement peut les ajour-
ner pour être confrontés , 6c son Arrêt leveroit sur le
champ toutes les incertitudes qui résulteraient du procès-
verbal. Mais cette même méthode est insuffisante 6c dan-
gereuse quand il s'agit d'une réforme générale qui re-
,
monte près de cinquante ans dans toute P étendue d'un
à
Bailliage immense. Peut-on se dissimuler que des procès-
verbaux, rédigés à la hâte, 6c compliqués, tant par la va-
riété des témoignages que par la multitude 6c Pancien-
,
neté des actes, renfermeront nécessairement, s'ils font fi-
dèles une foule de dépositions vagues 6c souvent contra-
,
dictoires ? Or qui lèvera ces contradictions ì qui fixera ces
incertitudes ? Dira-t-on que les Parties intéressées se pour-
voiront en la Cour pour être statué ce qu'il appartiendra?
Mais quand uferont-elles de cette ressource, qui est vrai-
7>t6 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ment Punique? Lorsque des intérêts pressants les forceront
à recourir au dépôt des aòtes 3 lorsqu'un avide Collatéral
contestera le .droit qu'ils ont à un héritage qui leur est
dévolu 3 lorsqu'on élèvera des doutes inquiétants íur leur
état 6c leurs propriétés. A cette époque , qu'on peut sup-
poser assez éloignée pour que ícs témoins des actes ne
subsistent plus, on sentira Pimpoíiibilité d'asseoir un juge-
ment fur des registres dont la réforme na pu qu'être ébau-
chée par le procès-verbal : en les relisant on y retrouvera
de nouveaux iujets d'incertitude, 6c contre Pintention du
Paiement, ils deviendront le foyer éternel des discordes
futures. N'eût-il pas mieux ""valu laisser les registres dans
leur état d'imperfection, que d'altérer le repos des familles
par une réforme incomplète , 6c incapable de les tran-
quilliser?
Enfin la derniere disposition de P Arrêt concerne le paie-
ment des frais de la procédure de réforme 3 c'est au nom
des Loix qui assurent la fortune 6c la propriété des citoyens
que le Clergé réclame en ce moment. Quel trouble,
quelle confusion dans les familles des Diocèses de Sens
6c de Troyes ? En est-il beaucoup dans nos Villes 6c nos
Campagnes, qui n'ait pas recueilli quelque portion d'hé-
ritage des Curés décédés depuis 1736? Ces héritages ont
été partagés entre les plus proches parents du Curé testa-
teur 3 ils font maintenant subdivisés, fondus 6c incorporés
dans le patrimoine des familles 3 elles en jouissent fous la
fauve-garde de la foi publique, à P abri d'une longue pres-
cription, 6c néanmoins aux termes de P Arrêt toutes font
9
responsables des fautes plus ou moins graves commises
,
dans la rédaction des actes de Baptêmes Mariages 6c
Sépultures. ,
L'équité permettoit, fans doute de faire supporter à
,
la succession les frais du procès-verbal, qui constate Pétat
des registres dont un Curé se trouve dépositaire en mou-
rant : elle vouloit que les erreurs ou omissions dont celui-
ci s'étoit rendu coupable pendant fa gestion fussent ré-
,
parées à ses dépens 3 mais ce que l'équité preferivoit par-
dessus tout, cétoit une réforme facile 6c prompte, tant
DU CLERGÉ DE FRANCE J Z$ JUILLET 1785. 287
pour ne pas laisser amoindrir 6c détériorer les preuves
testimoniales des actes susceptibles de réforme qu'afin
,
de n'opposer aucun obstacle à la jouissance légitime des
héritiers.
Ces principes, simples ajustes que dictoit la raison
,
sont en estet littéralement le voeu de la Loi : les articles
zi 6C 22 de la Déclaration de 1736, enjoignent aux
Juges Locaux de dresser, aux frais de la succession, un
procès-verbal de Pétat des registres à Pépoque de la mort
de chaque Curé ou Desservant : cette injonction n'a pour
but aue de constater légalement les défectuosités dans un
moment ou il est fciciîe de les réparer 3 6c de peur que la
Loi ne fut éludée par la néo-sio-ence des Juges Seio-neu-
riaux, l'article 21 charge le Procureur du Roi de la ju-
ridiction royale de requérir leur ministère pour cette
fonction essentielle.
Mais nous avons vu, Messeigneurs 6c Messieurs, que
ces dispositions sages feraient illusoires & indignes du Lé-
giflateur, si fa prévoyance se fût bornée à constater Pim-
perfection des registres fans y remédier. Vous avez observé
la liaison sensible de l'article 21 de la Déclaration avec
les articles 39 6c 40, qui prescrivent la réforme lors-
qu'elle est devenue nécessaire. C'est au même but que se
rapporte évidemment Particle 3 8, qui fait un devoir aux
Procureurs du Roi des Sièges inférieurs, d'envoyer an-
nuellement à M. le Procureur-Général un état de ceux
qui n'ont pas satisfait aux dispositions quelconques de la
Déclaration de 1736.
Puifqu'aux termes de la Loi, la réforme a dû s'exécu-
ter chaque année, 6c principalement à la mort des Curés
ou Desservants, comment se peut-il qu'après trente 6c qua-
rante ans, leurs familles soient inquiétées par des répéti-
tions immenses 6c imprévues? C'étoit avec justice que,
dans Porigine, on auroit fait supporter aux héritages les
frais occasionnés par la faute des Curés testateurs. Mais
après une possession longue òí paisible, les héritiers doi-
vent-ils répondre des suites de la négligence des Officiers
de Justice préposés à la réforme ? N'cst-il pas clair qu'elle
Î.1;S PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
est devenue plus difficile 6c plus dispendieuse par les dé-
lais? A Pépoque de la mort d'un Curé, presque tous les
témoins des actes qu'il a passés, subsistent encore3 ils peu-
vent suppléer, en un instant 6c sans frais, une signature
omise que vingt témoignages remplaceront à peine au
bout de, vingt ans. On doit raisonner de même des au-
tres défectuosités qui rendraient les registres vicieux 3 6c
il est facile d'en conclure qu'on ne peut, fans injustice,
faire payer aux héritiers la íurabondance des hais actuels
de la réforme.
Une considération non moins frappante, c'est que tel
héritier qui jouit à présent d'une fortune aisée , n'a peut-
être recueilli que la-plus mince portion de Phéritage d'un
Curé mort anciennement. Si ses cohéritiers ont dissipé
leur patrimoine 6c les deniers de la succession le premier
,
íera-t-il obligé de payer íeul tous les frais de la procédure
de reforme ? II seroit absurde de le supposer 3 cC néanmoins
la solidarité des cohéritiers, est une conséquence inévita-
ble de la clause de P Arrêt qui les assujettit aux frais occa-
sionnés par la réforme.
Enfin, au moment de la mort d'un Curé tous ses pa-
,
rents auraient eu'la liberté de répudier une succession qui
pouvoit devenir onéreuse, fi Pexécution des articles 21
,
3 8 6c 39 de la Déclaration, eût laissé entrevoir la né-
cessité d'une correction dispendieuse.
Tranquillisés justement par le silence des Exécuteurs
de la Loi, ils ont accepté3 6c la longueur, la bonne foi
de leur possession, forment en leur faveur une prescrip-
tion légale, que rien ne peut ébranler.
Au défaut de solvabilité de la part des Curés 6c de leurs
héritiers PArrêt du Parlement ordonne le recours fur les
,
Fabriques. Mais ce recours lui-même est-il autorisé par les
Loix du Royaume? 6c le respect dû à la propriété, per-
met-ií de l'exercer ? Les revenus des Fabriques font uni-
quement destinés aux dépenses nécessaires pour le Service
divin 3 telle est la volonté des Fondateurs. Les règles de
' PE'gíisc 6c les Ordonnances de nos Rois, défendent tout
emploi qui ne seroit pas conforme à cette destination
primitive.
DU CLERGÉ DE FRANCE J z 5 JUILLET 1785-. 289
primitive. Sur quoi donc est fondée la Jurisprudence qui
assujettit les Fabriques au paiement des frais de réforme?
Qu'a de commun la prévarication dans l'exercice d'une
fonction civile, avec les ornements du Culte 6c la dé-
cence du Service divin ? Les Fabriques sont-elles char-
gées de veiller à Pexécution de la Déclaration de 1736 ?
Les Marguilliers ont-ils droit de demander aux Curés la
communication des registres afin de s'assurer de leur
,
exactitude 6c de leur régularité ? Non, fans doute, 6c
cette prétention de leur part seroit regardée comme
une entreprise insolite 6c ridicule. L'inspection des re-
gistres est confiée par la Loi aux Tribunaux laïques, &
principalement au Procureur du Roi. Si ce Magistrat a
rempli son office, les registres font réguliers : s'il ne l'a
pas fait, les Fabriques ne font pas coupables de fa négli-
gence 3 elles n'ont avec lui d'autre rapport que d'être fous
fa garde 6c protection, 6c- jamais on n'a rendu le pupille
responsable des fautes de son tuteur.
Puisque la destination naturelle des biens légués aux
Fabriques répugne à la nouvelle charge qui leur est im-
posée peut-on penser que les Loix du Royaume ont été
,
la base de cette Jurisprudence ? II n'en est pas une feule
qui fournisse même un prétexte à Pinnovation dont se
plaignent les Fabriques 3 les Edits les Ordonnances se
,
taisent également sur cet objet, 6c c'est vainement qu'on
voudrait en chercher Porig-ine dans la Déclaration de
1736. L'article 22 ordonne bien de recourir aux Fabri-
ques pour le paiement des frais du procès-verbal que le
Juge dressera à la mort de chaque Curé ou Desservant 3
mais ces frais modiques, pour un acte conservatoire,
bornés au paiement d'une feule vacation suivant la taxe
de POrdonnance, n'ont aucun rapport avec les frais d'une Article 23.
réforme générale de tous les registres 3 ils ne peuvent, .

dans aucun cas, devenir onéreux aux Fabriques ou aux


héritiers, 6c jamais, ni les uns ni les autres n'ont eu la
,
pensée de s'y soustraire.
Dans le fait, il est.impossible de calculer les frais énor-
mes qu'entraînera la réforme générale : la feule expédi-
Procès-verbal de 1785. Ll
290 PROCÈS-VERBAL DE L3ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tion des rôles de procès-verbaux, faite à double pour être
jointe aux registres du Greste 6c à ceux des cinq cents
Paroisses du ressort, forme une dépense exorbitante. Mais
le transport des Officiers du Bailliage qui visiteront suc-
cessivement deux fois chaque Paroisse, achevé de conster-
ner les Curés condamnés à en payer les frais.
Le Bailliage de Troyes, dont on assure que Pactivité
s'est rallentie depuis le commencement de vos Séances,
formoit Pan née derniere deux divisions principales, qui
travailloient en même-temps à la réforme : chacune étoit
composée d'un Officier principal du Siège , du Procu-
reur du Roi ou d'un de ses Substituts , d'un Greffier 6c
d'un Huissier. Leurs honoraires se règlent à tant par jour
ou par vacations : la première méthode seroit la moins
dispendieuse si on observoit la taxe portée par les Règle-
,
ments 3 mais il faut remarquer que cette taxe n'a lieu
communément que pour les frais supportés par le Do-
maine de Sa Majesté. Lorsque le transport des Officiers
du Bailliage se fait aux dépens des particuliers, Pusage a
voulu que le Lieutenant-Général ou le principal Officier
reçût au moins vingt livres par jour, le Procureur du Roi
6c le Grenier, chacun les deux tiers de la première somme,
6c PHuissier la moitié. Ce calcul additionnel, il faut en
convenir, devient effrayant pour les Curés , leurs héri-
tiers 6c les Marguilliers des Paroisses, fur-tout en y joi-
gnant la liste nombreuse des procès-verbaux 6c le papier
timbré.
Dilons-le donc enfin, disons-le pour eux : fila réforme
prescrite par P Arrêt du 14 Juillet 1782 ne tomboit que sur
les omissions pernicieuses au public 3 fi fa généralité 6c le
choix des moyens ne préfageoient pas une ruine certaine
pour les Fabriques, les Curés 6c leurs représentants 3 si les
Officiers-Réformateurs ne Peussent pas imprudemment
annoncée comme une opération rigoureuse 3 fi cette affec-
tation de sévérité n'eût pas flétri, dans Popinion des peu-
pies, le ministère des Pasteurs, en supposant une préva-
.
rication universelle de leur part, jamais la Province de
Sens n'eûc fait entendre d'aussi justes réclamations.
DU CLERGÉ DE FRANCE* Z S JUILLET 178J. 291
Vous seuls Messeigneurs 6c Messieurs pouvez faire
, ,
valoir ces considérations frappantes auprès des dépositaires
de Pautorité du Prince. L'heureufe harmonie qui règle les
mouvements communs des deux Puissances pour le bien de
l'Eglise 6c de l'Etat, présage le succès de votre réclama-
tion 3 vous íaurez concilier le voeu sincère 6c vraiment
sacerdotal d'une réforme utile aux Citoyens, avec Pexpref-
sion des vives inquiétudes que vous fait éprouver la dé-
tresse de vos Goopérateurs.
En sollicitant des modifications aux clauses rigoureuses
de P Arrêt du 14 Juillet 1784, vous penserez aussi que le
choix des moyens pour la réformation des registres, n'est
point un objet étranger à votre ministère : le feu Roi
daigna reconnoître, dans le préambule de la Déclaration
de 1736, que Pusage de tenir deux registres, également
minutes 6c originaux, étoit le fruit du zèle 6c de la pru-
dence des Evêques avant qu'il eût été consacré par la Loi,
Une Ordonnance Ecclésiastique enjoignit, en 1645, aux Rituel ] de Pa-
Curés de faire souscrire les actes de Mariage par les nou- ris , par
Gondy
G
M. de
mariés les témoins sage disposition suc , en
veaux 6c 3 6c cette 1645.
*
encore une de celles qu'adopta le Législateur, article io,
titre 20 de POrdonnance de 1 667. D'autres louables Cou-
tumes se sont successivement introduites, 6c il n'est pas
douteux que les peuples n'en soient redevables en partie,
aux lumières & à la sollicitude du Clergé de France. En
proposant aujourd'hui, Messeigneurs 6c Messieurs, des
vues sages pour la réforme des abus, vous ferez revivre
la mémoire de vos prédécesseurs 3 vous obtiendrez les mê-
mes succès, 6c vous jouirez de la gloire consolante d'avoir
utilement servi vos Coopérateurs, la Religion 6c la Patrie.
Monseigneur PArchevêque d'Arles reprenant la pa-
,
role a dit i
y
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
II seroit difficile d'ajouter de nouveaux traits au tableau
frappant qui vient d'être mis fous vos yeux. Comment
verrions-nous avec indifférence plusieurs de nos Coopé-
LU
ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
2.9 ~ PROCÈS-VERBAL DE L
rateurs devenir ainsi les victimes des rigoureuses dispo-
sitions de P Arrêt du Parlement de Paris? Sans doute tous
les intérêts particuliers disparaissent devant Pintérêt com-
mun, îl importe essentiellement à Pordre public que les
Curés observent, avec Pexactitude la plus scrupuleuse,
les formes si sagement prescrites , soit pour ìa tenue des
registres, soit pour la rédaction des actes , 6c le Clergé
partagera toujours, à cet égard, le zèle de la magistrature.
Mais pourquoi donner à cette affaire un éclat humiliant
pour les Ministres de la Religion , 6c jetter en même-
temps Palarme dans l'univerfalité des Paroisses ? Pourquoi
laisser aux Juges inférieurs un pouvoir arbitraire 6c illimité
de multiplier les procédures, faute d'en avoir fixé l'objet
6c le terme ? Ne suffifoit-il pas de prendre en considéra-
tion les défectuosités qui vicient la substance de Pacte, 6c
influent sur sa validité ? Au-delà de trente ans le plus grand
nombre des. témoins 6c autres parties n'est plus, 6c ceux
qui existent encore, exposent rarement avec précision
les faits anciens fur lesquels leur déposition est requise;
6C combien d'événements intermédiaires rendent vaines
6c infructueuses les recherches ultérieures pour lesquelles
on peut bien s'en reposer sur Pattention des Parties inté-
ressées ? Pourquoi encore ne pas charger des procès-ver-
baux préparatoires le Juge des lieux, à la place des Offi-
ciers du Bailliage, qui, venant de plus loin 6c recevant
des honoraires plus considérables, occasionnent évidem-
ment une surcharge de dépense à la classe des Bénéficiers
la plus indigente en général, quoiqu'une des plus précieu-
ses aux yeux de la Religion 6c de la Patrie? La compé-
tence du Juge Local est écrite dans la Déclaration du mois
d'Avril 1736, qui Pautorise article 21 à dresser procès-
, ,
verbal, lors du décès des Curés, de Pétat des registres 6C
des défauts qui s'y rencontreront. Enfin pourquoi sou-
mettre les héritiers des Curés décédés à d'odieuses 6c em-
barrassantes répétitions ? Pourquoi fur-tout intervertir la
destination fi sainte 6C si privilégiée des deniers des Fa-
briques en ordonnant qu'en cas d'insolvabilité de la part
,
du Rédacteur desactes ou de ses représentants elles se-
,
DU CLERGÉ DE FRANCE ., 25 JUILLET 1785. 293
ront tenues d'acquitter des frais qui excéderont souvent
le revenu annuel de ces Etablissements, 6c même quel-
quefois en absorberont les fonds dotaux ? Les Curés dont
,
la conduite est si justement accusée, sont-ils donc les seuls
coupables ? Si le Magistrat avoit été fidèle à inspecter ré-
gulièrement chaque année les registres déposés au Greffe
de la Justice royale3 fi, à la mort de chaque Curé, Pétat
6ù les défauts des registres, dont le défunt étoit en pos-
session avoient été constatés aux termes de la Loi, que
,
de manquements prévenus ou réparés dans un temps utile ?
Ils n'exciteraient pas aujourd'hui la vigilance du Parlement :
déja M. le Garde des Sceaux a été saisi de la connois-
sance de cette discussion par le ministère de Messieurs
,
les anciens Agents 3 6c nous ne devons pas vous dissimu-
ler que fa réponse n'a pas été favorable. Mais de nou-
velles instances présentées au nom de PAssemblée, 6c qui
se borneront à demander des adoucissements 6c des mo-
difications ne paraissent pas de. nature à pouvoir être re-
,
jettées. II est digne de vous, Messeigneurs 6c Messieurs
d'obtenir du Parlement de Paris, par Pentremise 6c les
,
bons offices de M. le Garde des Sceaux, un second Arrêt,
en interprétation du premier, 6c qui, sans interrompre le
cours des procédures nécessaires, en diminue le nombre,
les frais 6c les lenteurs 6c décharge les Fabriques, 6C
même les successions, de, toute garantie. On pourroit in-
sister principalement fur les précautions suivantes.
i°. Ne permettre aux Juges inférieurs d'ordonner d'of-
fice l'apport des registres 6c la voie des enquêtes, que dans
les seuls cas de défectuosités essentielles, tendantes à com-
promettre Pétat ou Phonneur des citoyens 3 6c ces cas se-
ront spécifiés en détail dans le nouvel Arrêt du Parlement
de Paris.
2°. Toutes les recherches 6c vérifications ne pourront
s'étendre au-delà des trente dernieres années, fans préju-
dice des poursuites ultérieures, qui continueront d'être
faites à la diligence des Parties intéressées.
3Q. Seront tenus les Officiers du Bailliage de Troyes,
de procéder gratuitement 6c fans frais à la visite des re-
x-^4 PROCÈS-VERBALDE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
gistres conservés au Greffe de leur Juriidiction, comme
aulii à la collation d'iceux, avec les registres apportés des
maisons curiales.
4°. A Pégard des Procès-verbaux d'enquête, de réco-
lemcnt 6c autres actes préparatoires, ils seront faits dans
chaque Paroisse de Pautorité du Juge des lieux même
,
du Seigneur haut-Justicier, lequel Juge fera commis à cet
effet par le Parlement, qui déterminera la durée des va-
cations, & réglera la taxe des Officiers de Justice à un
prix très-modéré, 6c jamais au-destusde la fixation de POr-
donnance.
le Curé contrevenant est décédé, ou qu'il soit
j °. Siinsolvable,
reconnu le Roi sera très-humblement supplié
de permettre que les frais d'une réforme si intéressante
pour la tranquillité des familles, soient supportés par le
Domaine.
Le Rapport fini, PAssemblée, adoptant l'avis de la
Commission, a prié Monseigneur PArchevêque d'Arles,
Messeigneurs les Evêques de Grasse 6c de Limoges 6c
Messieurs les Abbés de Grimaldi, de Grainville 6c de ,Bo-
vet, de voir M. le Garde des Sceaux, de lui faire connoî-
tre le voeu de PAssemblée, relativement à P Arrêt rendu
par le Parlement de Paris, le 14 Juillet 1784, pour le
ressort du Bailliage de Troyes, ôc d'obtenir de cette Cour,
par l'entremife 6c les bons offices de ce Chef de la Ma-
gistrature, un second Arrêt interprétatif, qui, conformé-
ment aux vues proposées par la Commission , adoucisse
6c modifie les diípositions rigoureuses du premier Arrêt,
en ce qui concerne la réforme des registres de Baptêmes,
Mariages &. Sépultures.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 26 Juillet,
à dix heures du matin.
Signé^ E. C. Arch. de Toulouse, Président.
DU CLERGÉ DE FRANCE, Z6 JUILLET 1785. 29j

DU MARDI, VINGT-SIX JUILLET I78J,


à dix lieures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été XLVìI


travailler à leurs Bureaux. s;ÉANCE.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 27 Juil-
let à dix heures du matin.
,
Signé jjji E. C Arch. de Toulouse, Président.

DU MERCREDI, VINGT-SEPT JUILLET I78J,


à dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été XLVIH


SÉANCE.
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 28 Juillet,
à dix heures du matin.
Signé ïfe E. C. Arch. de Toulouse Président.
,

DU JEUDI, VINGT-HUIT JUILLET I78J,


à dix lieures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour le


XL1X
Temporel, ont pris le Bureau. MonseigneurPArche- SÉANCE.
vêque d'Aix, Chef de la Commission, a dit :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
VOUS pouvez rendre un service intéressant à Monsei-
%c}6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

gneur l'Evêque de Saint-Paul pour un des droits les plus


honorables qui puissent être attachés à un Siège Episcopal.
11 ne s'agit pas fans doute d'un objet qui intéresse en
générai le Clergé 3 mais il est de Pintérêt du Clergé que
les Evêques soient maintenus dans tous les droits 6c pré-
éminences qui appartiennent à leur Siège. Les Arrêts du
Parlement de la Province se réunissent avec les titres que
présente Monseigneur l'Evêque de Saint-Paul 3 6c c'est
contre un Arrêt qui les confirme que s'élève la partie qui
les attaque : 6c les vertus de Monseigneur l'Evêque de
Saint-Paul, 6c les services qu'il a rendus à l'Eglise, 6c
son âge avancé qui semble augmenter notre vénération
pont ses vertus, rendront fa cause plus respectable 6c plus
digne de votre attention. Un des Membres de la Com-
mission nous a exposé, avec beaucoup d'ordre 6c de pré-
cision, les objets 6c les progrès de cette contestation 5 nous
vous prions de permettre qu'il vous rende lui-même compte
de son travail.
Sur quoi le Rapport de Paffaire a été fait ainsi qu'il suit.
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
La Province d'Arles a chargé ses Députés de solliciter
les bons offices de PAssemblée en faveur de Monseigneur
l'Evêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, pour la conserva-
tion d'un droit précieux à son Siège dont ses prédécesseurs
ont joui pendant près de quatre siécles, 6c qu'on lui con-
teste depuis douze ans.
Déodat de Létang Evêque de Saint-Paul, fatigué des
s
guerres qu'il avoit à soutenir, 6c désirant de se donner un
appui 6c un secours qui assurât fa tranquillité 6>C le bon-
heur de ses vassaux, fit, en Pannée 1408 un traité de Pa-
,
riage avec le Roi Charles YI, en fa qualité de Dauphin,
par lequel l'Evêque de Saint-Paul céda à ce Prince la
moitié de tous ses droits fur le pays Tricastin, dont il étoit
Souverain par la concession des Empereurs Charlemagne,
Louis le Débonnaire 6c Lothaire.
Depuis 6c en vertu de cePariage, la Justice du Comté
de
Du CLERGÉ DE FRANCE, i8 JUILLET 178 J\ 297
de Saint-Paul appartient en commun 6c indivisément au
Roi 6c à l'Evêque, 6c s'exerce au nom des deux co-Sei-
gneurs par des Officiers que chacun d'eux commec alter-
nativement de deux en deux ans 3 c'est pourquoi le temps
de Pexercice de ces Officiers s'appelle Bienne ; il n'y a
qu'un seul 6c mêirie Tribunal, qu'un sceau commun aux
armes des deux Seigneurs 3 les proclamations se font en
termes généraux, en forte qu'il est vrai de dire que le
Juge ou Bailli nommé par le Roi, n'administre pas moins
au nom de l'Evêque, pendant son bienne, qu'à celui du
Roi 3 comme aussi le Bailli nommé par l'Evêque admi-
nistre autant, pendant son bienne, au nom du Roi qu'à
celui de l'Evêque 3 chacun d'eux est en même-tcmps Of-
ficier du Roi 6c de PEvêque, quoique nommé par l'un ou
par l'autre 3 alternativement dépositaires d'un íèui 6c mê-
me pouvoir qui appartient indivisément aux deux Sei-
gneurs, ils exercent chacun à leur tour ce pouvoir tout
entier 6c indivisément.
C'est ainsi que le Pariage de 1408 a été exécuté jus-
qu'en 177 3. A cette époque le Sieur Audifret, Bailli, nom-
mé par le Roi, éleva des prétentions contraires à Pégalité
établie par ce traité entre les deux Baillis : il prétendit
qu'en qualité de Juge Royal, il devoit connoître, privati-
vementà son Collègue, de certaines matières, notamment
des cas appelles Royaux) qu'il avoit le droit de siéger aux
Assemblées de PHôtel-de-Ville, de présider au Bureau de
l'Hppital cn Pabsence de Monseigneur l'Evêque, 6c de pren-
dre le premier rang dans les cérémonies publiques 6c re-
ligieuses, à Pexclusion 6c pendant les Biennes du Bailli
Episcopal.
Le Parlement de Grenoble, après neuf ans d'instruc-
tion proscrivit les prétentions du Sieur Audifret par Arrêt
du 6, Septembre 1782., 6c ordonna que le Pariage seroit
exécuté comme il Pavoit toujours été depuis 1408.
Le Sieur Audifret s'est pourvu en cassation par une Re-
quête au Conseil de Sa Majesté qui en a ordonné la
,
communication à Monseigneur l'Evêque de Saint-Paul,
par Arrêt du 13 Mars 1784, 6c à laquelle ce Prélat
Procès-verbal de 178 jr. Mm
2.98 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
a répondu dans le mois <ìe Janvier de cette année.
Ce Bailli allègue différents moyens de cassation qu'il
est aiíe de détruire, en le ramenant au titre constitutif de
la Justice de Saint-Paul. Son premier & principal grief est
que le Parlement a contrevenu aux Ordonnances géné-
rales du Royaume i°. en mettant les Parties hors de
,
Goût fur le véritable état de la question, qui est, selon
lui, la connoissance des cas royaux j z?, en lui refusant
le droit exclusifde connoître de ces mêmes cas, 6C en Pac-
cordant implicitement au Bailli Episcopal, que la Cour
maintient dans Pusage de connoître de toutes les causes
ôc matières-,-tarit civiles, que criminelles, fans exception,
ni distinction pendant son bienne 3 mais ce moyen de cas
sation est sans aucun fondement : quelle étoit en effet la
question à juger par le Parlement de Grenoble ? N'était-
ce pas de décider fi le pariage de 1408 établissoit Une par-
faite égalité entré les deux Baillis dâns la Justice indivise
6c commune de Saint-Paul, 6c non si le Bailli du Roi
devoit connoître des cas royaux, exclusivement au Bailli
Episcopal? Monseigneur l'Evêque de Saint-Paul deman-
doit Pexécution du pariage, qui établit eette égalité en-
tière entre les deux Juges de ce Bailliage* Le Parlement
a jugé, conformément à ses conclusions, fans parler des
cas royaux, fur la connoissance desquels ce Tribunal a
jugé inutile de prononcer, 6c avec juste raison. En sup-
posant en effet que cette connoissance des cas royaux
,
eût appartenu à ,un autre Siège Royal voisin avant la
contestation mue entre Monseigneur PEvêque de Saint-
Paul 6c le Sieur Audifret, le Parlement de Grenoble
n'eût pas jugé différemment qu'il l'a fait par son Arrêt du
6 Septembre 1781 ; la question des cas royaux nétoic
donc pas la véritable &; Pessentielle à juger*
Le Parlement de Grenoble ayant xecônnu que le pa-
riage de 1408 devoit être exécuté, 6C que ce traité éta-
blissoit unê égalité entière entre les deux Baillis, a dû ac-
corder au Bailli nommé par PEvêque, les mêmes droits
qu'au Bailli nommé par le Roi, 6c par conséquent le main-
tenir dans le droit qui lui.est donné par le pariage, de
DU CLERGÉ DE FRANCE', Z% JUILLET 178/. 299
connoître de toutes les causes civiles 6c criminelles, fans
exception, pendant son bienne. Si ce pouvoir donné par
le pariage au Siège de Saint-Paul, s'étend aux cas royaux,
le Bailli Episcopal doit en jouir à son tour 5 si, au con-
traire, ces cas doivent être exceptés, les deux Baillis doi-
vent être exclus également de ce privilège, parce qu'ils
exercent en commun 6c indivisément, la même Justice,
6c qu'il seroit absurde de prétendre que le Bailliage de
Saint-Paul n'eût pas le privilège des cas royaux, 6c qu'une
partie des Officiers de ce même Tribunal jouît de cette
prérogative, qui n'appartiendrait pas au Siège.
Au reste, quoique en général ce droit n'appartienne pas
aux Justices seigneuriales particulières, 6c qu'il soit ex-
cepté dans les concessions que fait le Roi, il peut cepen-
dant être réservé dans les traités où le Roi reçoit tout fans
rien donner, comme dans le pariage de 1408. Or, avant
ce traité, le Juge de Saint-Paul avoit le droit de connoî-
rre des cas royaux, puisque PEvêque étoit souverain :
Phonneur d'être associé à Sa Majesté, n'a pas pu lui faire
perdre un de ses plus beaux droits. Quand on accorde-
rait donc au Sieur Audifret que le Parlement de Greno-
ble eût attribué implicitement au Siège seigneurial de
Saint-Paul cette prérogative, dont il a d'ailleurs joui jus-
qu'à présent, cette Cour n'eût point contrevenu aux Or-
donnances générales, qui admettent les titres particuliers,
6c fur-tout les pariages que nos Rois ont constamment
respectés, 6c dont Louis XIII ordonna de nouveau la juste
exécution par l'article 1 o de son Edit de 1 61 o.
,
C'est toujours en supposant la supériorité du Bailli du
Roi sur celui de l'Evêque, que le Sieur Audifret prétend
encore que le Parlement a contrevenu aux Ordonnances,
en accordant au Bailli de PEvêque , pendant son bienne,
les mêmes droits qu'à celui du Roi dans les Assemblées
de l'Hôteb de-Ville, du Bureau de PHopitai, 6c aux cé-
rémonies publiques 6c religieuses. Pour répondre à ces
moyens de cassation, il suffit de rappeller au Sieur Audi-
fret qu'il n'est point vraiment Juge royal, mais Juge nom-
mé par le Roi de la cour commune 6c pariagere de Saint-
M mz
PROCÈS-VÈRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
3 o-o
Paul3 qu'ilest autaiit Officier de PEvêque que du Roi,
ôc <jue toutes sés fonctions cessent à la fin de son bienne.
Enfin ce Bailli voudroit pefluadet au Conseil du Roi
,
•que P Arrêt de 1782. porte préjudice aux finances de Sa
Majesté. II suppose que depuis 1408 les droits doma-
,
niaux ont été perçus, pendant les biennes épiscopaux, pour
les actes de justice concernant les cas royaux, comme étant
faits par les Officiers du Roi, 6í que cette perception ne
se fera plus pendant Pexerciee épiscopal. Monseigneur
PEvêque de Saint-Paul a prouvé au Procès que ses Of-
ficiers a voient- toujours connu des cas royaux pendant
leurs biennes j cme le Procureur du Roi n'avoit rendu
compte de la perception de ces droits, que pour les bien-
nes royaux seulement, 6c que par conséquent ces droits,
pendant les biennes épiscopaux, n'étoient pas perçus au
profit du Roi avant P Arrêt de 1782 comme le prétend
,
le Sieur Audifret.
Ce Prélat observe d'ailleurs que ces droits font presque
nuls, dans une Jurifdiction composée feulement de trois
ou quatre mille habitants, où, par cette raison, il doit
se présenter rarement des cas royaux 3 que ces procédures
se font le plus souvent contre des misérables dénués de
toute propriété j qu'une feule de ces procédures absorbe
le produit de ces droits pour plusieurs années, 6c que cé
Prélat a été lui-même souvent obligé de fournir aux frais
des affaires criminelles. II est donc bien évident que PAr-
rêt de 178a ne peut nuire aucunement aux finances de
Sa Majesté. Aussi les Receveurs des Domaines, bien per-
suadés qu'il-ne devoit opérer aucune diminution dans les
revenus du Roi, ont-ils constamment résisté aux vives solli-
citations qui leur ont été faites d'en demander la cassation.
Voilà, Messeigneurs 6C Messieurs, les principales rai-
sons qui établissent incontestablement le droit de Monsei-
gneur l'Evêque de Saint - Paul, 6c détruisent les préten-
tions du Sieur Audifret : elles ont porté le Bureau à dé-
férer à la demande de la Province d'Arles 6c de Monsei-
gneur PEvêque de Saint-Paul. Nous avons donc Phon-
neur de vous proposer de charger Messieurs les Agents
DU CLERGÉ DE FRANCE, 28 JUILLET 178/. 301
d'aider de leurs bons offices Monseigneur PEvêque de Saint-
Paul -Trois - Châteaux, 6c de faire toutes les démarches
qu'ils jugeront convenables pour empêcher la cassation de
P Arrêt du Parlement de Grenoble, rendu en faveur de ce
respeótable Prélat.
.
Le Rapport fini, PAssemblée, conformément à Pavis de
la Commission, a chargé Messieurs les Agents d'aider dé
leurs bons offices Monseigneur PEvêque de Saint-Paul-
Trois-Châteaux, 6c de faire toutes les démarches qu'ils
croiront convenables pour empêcher la cassation de PArrêt
du Parlement de Grenoble, rendu le G Septembre 1782,
6c confirmatif des droits de PEvêchê de Saint-Paul.
Monseigneur PArchevêque d'Aix a repris la parole, 6c
a dit :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Nous avons à réclamer le privilège des Ecclésiastiques,
en vertu duquel les domestiques occupés du service de
leurs maîtres, doivent être exempts du tirage de la Mi-
lice. On ne détruit pas ce privilège, mais on interprète
POrdonnancej & vous verrez que Pinterprétation qu'on
lui donne, en détruit Pesset. Les plaintes du Clergé se
sont renouvellées, depuis quinze ou vingt ans, dans^outes
les Assemblées. Les réponses du Gouvernement ont été
contraires à nos demandes , 6C les Préposés au tirage de
la Milice, encouragés fans doute par ces réponses qui leur
font connues, ont multiplié leurs poursuites. Cette discus-
sion excite les plaintes d'un grand nombre de Curés, 6C
ce font les plus indigents qui n'ont qu'un domestique ;
vous pouvez rendre un service important aux Pasteurs
les plus dignes de votre attention. Mais avant, permettez
qu'il vous soit rendu compte d'un travail fait à' te sujet.
En conséquence le Rapport a été fait ainsi qu'il suit.
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Les Ordonnances pour le tirage de la Milice, ont tou-
L3ASSEMBLÉE~GÉNÉRALE
502. PROCÈS-VERBAL DE
jours confirmé Pexemption dont jouissent les domestiques
des Ecclésiastiques. Les Assemblées de 177J 6c de 1780
portèrent leurs plaintes au Ministre fur les Ordonnances
de quelques Commissaires départis dans les Provinces,
qui condamnoient les domestiques des Curés au tirage
de là Milice 3 fa .réponse fut favorable à vos privilèges.
Les Intendants des Généralités de Paris &C de Bordeaux y
ont assujetti le domestique du Curé de Bouron, Diocèse
de Sens 6c celui du Curé de Fieux, Diocèse de Condom.
,
Messieurs les Agents-Généraux ont agi auprès du Ministre
pour faire réformer ces Ordonnances : les réponses qu'ils
ont reçues n'annoncent pas des dispositions favorables.
L'Article de POrdonnance concernant les Régiments
,
Provinciaux, qui paraît avoir servi de prétexte à cette
nouvelle entreprise, exprime clairement Pexemption en
faveur des domestiques des Ecclésiastiques.
« Les domestiques 6c valets à gages des Ecclésiastiques,
» des Nobles seront exempts , pourvu qu'ils n'excèdent
» pas le nombre des valets que leurs maîtres avoient trois
» mois avant la publication de la présente Ordonnance,
» qu'ils demeurent chez leurs maîtres, 6c qu'ils ne fassent
» autre chose que leur fervice personnel. »
C'est sur ces derniers mots que ces deux Intendants fé
fondent, pour assujettir les domestiques de ces deux Curés
au tirage de la Milice. Ces Magistrats, par une interpré-
tation forcée de la Loi, établissent une distinction entre le
service intérieur de la chambre 6c les ouvrages extérieurs
auxquels-les Curés emploient leurs domestiques; 6c res-
treignant Pexemption du mot service personnel dans le sens
étroit du service intérieur, ils excluent tout autre service
de Pexemption du tirage, comme si le service personnel
d'un Curé, ne consistoit pas autant à lever fa dîme, à
battre ses grains en grange, à cultiver, le jardin du Pres-
bytère, qu'à faire le service intérieur. II est de votre jus-
tice, Messeigneurs 6c Messieurs de défendre les Mi-
nistres de l'Eglise cqntre Patteinte, donnée à vos privilèges.
L'Article premier du titre 5 de cette Ordonnance, réserve
de prononcer sur les contestations qui pourraient s'élever :
DU CLERGÉ DE FRANCE., 28 JUILLET 1785. 303
vous êtes fondés à demander une interprétation qui con-
firme, fans obscurité, Pexemption dont les domestiques
des Ecclésiastiques ont toujours joui, fans aucune 4istincr
tion entre le service personnel intérieur $í le service per-
sonnel extérieur.
Sur quoi PAssemblée adoptant lavis de la. Commission,
a prié Monseigneur PArchevêqued'Aix 6c Monsieur l'Abbé
de Messey de voir M. le Maréchal de Ségur, &T de de-
mander à ce Ministre Pinterprétation favorable du mot
service personnel, inséré dans PArticle 37, titre 5 de POr-
donnance du premier Décembre 1774, concernant la levée
des Régiments Provinciaux.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, z9 Juillet,
à dix heures du matin.
Signé ^ E. C. Arhev. de Toulouse, Président.
DU VENDREDI, VINGT-NEUF JUILLET 178J,
à dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été


travailler à leurs Bureaux. ^ L
SÉANCE.

La Séance a été indiquée à demain Samedi, 3 o Juilîet,


à; dix heures du matin.
<
Signé $fa E. C. Arch, de Toulouse Président,
?
5 o4
PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU SAMEDI, TRENTE JUILLET I78J,


à dix heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

LI MOnfeigneur PArchevêque de Narbonne a remercié


SÉANCE.
PAssemblée de la part qu'elle a bien voulu prendre à
son indisposition.
Monseigneur PEvêque de Montpellier a annoncé que
le Parlement de Paris avoit rendu hier matin un Arrêt,'
par lequel il avoit déclaré n'y avoir abus dans le refus de
Visa fait par Monseigneur l'Evêque du Mans au Sieur
Bouvier, Prêtre du Diocèse de Trêves, prétendant droit
à la Cure de Champsteur, Diocèse du Mans. Monseigneur
PEvêque de Montpellier a fait, au nom de Monseigneur
PEvêque du Mans, à PAssemblée des remerciements de
,
Pintérêt qu'elle a bien voulu prendre à cette assaire.
Le Procès-verbal a été lu 6c signé.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain premier
j
Août, à i o heures du matin.
Signé ^^ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Pri-
,
mat de Narbonne Président.
,

DU LUNDI, PREMIER AOUT i78/,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, .Président.

LI1 MOnfeigneur PArchevêque de Narbonne a dit : Qu'il


SÉANCE.
avoit présenté au Roi le Mémoire de PAssemblée
concernant les mauvais Livres 5 que Sa Majesté avoit écouté
avec
Du CLERGÉ DE FRANCE * z AQUT 17 8 j. ^ej
avec intérêt les représentations qu'il avoit eu Phonneur de
lui faire à ce sujet. «
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour le
Département 6c les Portions congrues, ont pris le Bu-
reau. Monseigneur PArchevêque de Bordeaux, Chef de la
Commission a fait le Rapport des moyens proposés par la
Commission, pour améliorer le fort des Curés congruistes
,
6c des Vicaires. Les réflexions que Messeigneurs 6c Mes-
sieurs ont faites fur cette importante matière, ayant absorbé
le temps de la Séance, la Délibération a été remise à de-
main Mardi, x Août, à neuf heures du matin.
&gné- $fe ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne, Président.

DU MARDI, DEUX AOUT I78J,


à neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6C Messieurs les Commissaires, pour lé L1ÍI


SÉANCE»
Département 6c les Portions congrues, ont pris le
Bureau il a été fait de nouvelles réflexions fur les dissé-
y
rents articles proposés par la Commission.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 3 Août
à neuf heures du matin.
Signé>fr ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

DU MERCREDI, TROIS AOUT 1785,


à neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président*

JLVAOnseigneur PArchevêque de Narbonne a dit; LÍV


J'ai reçu, Messeigneurs 6c Messieurs, les réponses de SÉANCE,
Procès-verbal de \j%$. Nn
^oG PROCÈS-VERBAL DE LASSÉMBLÊE-GÉNÉRALE
M. -le Contrôleur-Général, relativement aux divers objets
fur lesquels ce Ministre avoit reçu vos Mémoires. Je ne
veux point prévenir ie jugement de PAssemblée ; mais il
mVnaru Qu'elles étoient dictées dans des dispositions fa-
i PAbbeì de Perigord
vorables. Monsieur va avoir Phon-
t-
JL
K I

neur de vous en faire la lecture. Lecture faite des réponses


du Ministre aux différentes demandes de PAssemblée, il a
été arrêté que la Lettre seroit remise au-Bureau du Tem-
porel, pour, sur le rapport qui en sera fait par la Com-
mission, être pris telle Délibération qu'il conviendra.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires pour le
,
Département 6c les Portions congrues, ont pris Bureau.
le
Monseigneur PArchevêque de Bordeaux, Chef de îa Com-
mission a dit : •
,
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
II n'est peut-être pas de plus digne emploi des pou-
voirs oui vous font confiés, que celui d'afíurer îa subsis-
tance de nos Coopérateurs dans ie saint Ministère : telle
écoit la fonction des Evêques dans les premiers siécles de
PEglise, 6c nous admirons le zeie des Conciles, fans nom-
bre, qui se sont, tant de fois, occupés de pourvoir à cet
objet intéressant. C'est à ce zèle toujours soutenu que
,
nous sommes redevables de ces beaux 6c sages règlements,
qui pour conserver les droits des Pasteurs du second
,
Ordre, ont opposé, sans cesse , une digue salutaire aux in-
vasions de Pintérêt, 6c aux progrès destructeurs de Pou-
bíi des principes.
Ces Reniements ont mérité la confiance de tous les
Princes religieux, qui se sont empressés d'y applaudir 6c
d'en provoquer Pexécution.
C'est en suivant Pexemple de ses augustes ancêtres, que
JL -1

le feu Roi voulut bien recevoir de PAíîemblée de 176 j3


le projet de PEdit qui a sixé le dernier état des Portions
conprues.
La confiance que vous témoigne pareillement notre au-
guste Monarque, nous rappelle Pinstructíon donnée par
DU CLERGÉ DE FRANCE* 3 AOUT 178^. 307
Charles IX à ses Ambassadeurs au Concile de Trente-Î
c'est dans cette instruction rédigée par Pillustre Chance-
lier de PHôpital, que nous, lisons cette demande remar-
quable faite aux Pères du saint Concile : Curet Episcopus
ut Plebanus habeat unde vitam congrue traducat j ÓC hof
pvtalitem proebeat ; demande dont le saint Concile recon-
nut si bien toute la justice , qu'il crut devoir en consacrer
Pobjet, en recommandant particulièrement aux Evêques
de s'en occuper*
Tel étoit donc dès-lors le voeu de PEçlifè 6c du Prin-
ce, 6C tel est aujourd'hui, Messeigneurs 6c Messieurs, Pob*
jet important de vos délibérations. Si nous ne connoif-
sions l'unanimité de vos sentiments en faveur de nos Co-
opérateurs, nous n'oublierions rien pour défendre une si
belle Cause. Nous oserions emprunter de vos détracteurs
même les considérations les plus capables de vous émou-
voir j mais qu'est-il besoin de vous rappeller à Pintérêt
qu'inspirent les Pasteurs du second Ordre? Leurs droits
lont gravés dans vos coeurs en caractères ineffaçables. Oui
mieux que vous connoît leurs besoins? qui plus que vous
désire de les soulager ?
Dépositaires 6c arbitres de ces intérêts, ainsi que de tous
ceux de POrdre Ecclésiastique, vous devez vous défendre
des mouvements de votre íensibilité, 6c apprécier, avec
impartialité, les plaintes, les murmures 6c les jugements
divers, enfantés, tantôt par un zèle aveugle pour les Cu-
rés 6C tantôt par d'injustes préventions contre les Déci-
,
mateurs. Des demandes exagérées, des déclamations in-
discrètes ne peuvent altérer à vos yeux les titres, ni des
,
uns, ni des autres : vous ne suivrez que vos principes >
6c si l'on a tenté d'égarer Popinion publique, vous saurez
la fixer par la sagesse de vos Délibérations.
Les droits des Curés ne font pas seulement fondés fur
les Loix Ecclésiastiques 6c Civiles : ils le font encore fur
la nature même des choses, 6c fur la justice la plus rigou-
reuse. II est nécessaire que le Ministre établi dans une Pa-
roisse y trouve les moyens d'une honnête subsistance
, ,
non comme un salaire dû à ses fonctions, que Pintérêt ne
Nn z
;o8 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
peut, ni ne doit apprécier, mais comme une condition
indispensable sans laquelle les peuples seraient dépourvus
,
de Pasteurs. Les Curés ont des droits imprescriptibles fur
les offrandes des sideles ; les dîmes font le gage antique
6c légal de la Portion congrue, elles doivent y satisfaire
•jusqu'à'leur épuisement : ce n est pas tout encore j le voeu
de la Religion, comme celui de Phumanité, est qu'un
Curé soit affranchi des inquiétudes, ainsi que des foins
pénibles 6c humiliants du besoin, qu'il puisse même ré-
pandre des aumônes,6c soulager des misères dont son mi-
nistère le rend le témoin 6c le consolateur.
Tels font lês principes que nous développerions aux
Décimateurs qui feraient tentés de les méconnoître j mais
nous'dirions aux Curés qui voudraient étendre, au-delà
des justes bornes les conséquences de ces principes ;
,
« Vous n'êtes pas les íeuls Ministres nécessaires à POrdre
» Hiérarchique, 6c les dons des fidèles font applicables
53 aux uns comme aux autres.
La dîme est la principale
5j dotation
de l'Eglise j 6c cette sage mère en avoit, dès
-53 les premiers
siécles, partagé les produits- en quatre parts,
33
dont une feule étoit réservée pour la subsistance du Curé
» chargé du service j les autres étoient consacrés aux pau-
33 vres, a.
la Fabrique 6c à PEvêque. Pouvez-vous regar-
» der comme Ministres inutiles dans PEglife tant de Foe-
33 tres
fecominandables, que leurs talents 6c leur zèle dé-
33 vouent
à des travaux nécessaires au maintien de la Reli-
" 33 gioii 6C du culte ? Comment, fans eux fleurirait la
séroient formés ,
*> Liturgie ? comment les Clercs qui font
s;
Pespérance du Sanctuaire? Ne faut-il pas dans PEgliíè
33
des Ecrivains pour défendre la cause de Dieu, des Théo-
» logiens pour maintenir la pureté du dogme , des Mo-
33
raiistes pour éclairer les consciences des Pasteurs ainsi
33 que
des peuplés, des Prédicateurs savants dans Part d'in-
33
cuíquer les vérités évangéliques dans Pesprit des sideles,
33
des hommes distingués dans le grand art du gouverne-
33 ment pour partager avec les Evêques le fardeau de leurs
33
sollicitudes ì Vous conviendroit-il d'élever votre voix
33 contre
Papplication d'une portion des biens ecclésiasti-
DU CLERGÉ DE FRANCE, yAouT 178/. 309
33 ques au soutien
des Hôpitaux 6>Cà 1 éducation publique ?
33 6c
diíputeriez-vous aux Monastères que l'Eglise a reçus
« dans son sein, les dons qu'une piété religieuse a jadis
33
offerts à la. ferveur évangélique, 6c dont la Religion 6c
» la Patrie ont consacré îa destination? Non, sans doute 5
33 6C vous
applaudistez comme nous à la dispensation des
33
richesses confiées à l'Eglise, lorsqu'elles font employées
33
suivant son esprit j 6c à notre tour nous gémirons avec
53 vous, nous
élèverons notre voix contre tous les abus
33 qui
se glissent dans la Cité íàinte, contre tout ce qui

s'écarte de Pordre 6c de Péconomie admirable qui conf-
33 tituent
Peníemble du Ministère ecclésiastique. Mais pour
33 ne parler que des dîmes qui font, suivant le langage des
» Loix, votre feule hypothèque, pouvons-nous nous disti-
33 muler que leur produit n'est plus le même qu'autrefois j
33 qu'on en a restreint la quotité j qu'on a réduit les es-
33 peces de
fruits fur lesquelles elles peuvent être perçues 5
33 qu'en beaucoup de Paroisses elles font notoirement in-
33
suffisantes 5 qu'un grand nombre de Curés demeure dans
33 Pindigence, en jouissant néanmoins de toute la dîme
33 de leurs
Paroisses 5 qu'en accroissant la valeur de la Por-
» tion congrue, on forcera des abandons des dîmes qui
33 ruineront souvint un Déçimateur intéressant, 6c lais-
33 feront le Pasteur dépourvu des moyens de subsistance
33 que notre
zèle veut leur procurer j qu'une Loi générale,
33
où nous n'écouterions que la faveur qui vous est due,
33
exposerait, dans plusieurs Provinces, à une ruine cer-
3> taine, les
Bénéfices vles plus importants les Etablisse-
,
33 ments les plus précieux ? Ah ! croyez qu'il en coute beau-
33 coup
à nos coeurs de ne pas nous livrer fans mesure à
33
Pintérêt que vous inspirez, 6c gardez-vous des traits
33 empoisonnés d'une critique insidieuse, qui ne flatte vos
» besoins 6c n'exagère vos droits que pour troubler la paix
33 du Sanctuaire 6C pour nous porter des coups plus fen-
?3
sibleS. 33
Tel est le langage que nous tiendrions aux Curés que
d'injustes préventions aveugleraient fur tout autre intérêt
<me le leur.
5so
PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
C'est ainsi que nous nous sommes présenté, tour a tour
j
-les différents intérêts qui partagent votre sollicitude. II est,
sans doute. un sage milieu entre tant de considérations
diverses, qui se combattent sans íe détruire.- Nous avons
pensé, Messeigneurs &-Messieurs,,que notre tâche étoit
de les concilier, 6c nous nous tommes livrés avec ardeur
à d'espoir dy réussir.
-îï faut améliorer le soit-des Curés : tel est le voeu général
6c la conséquence-néceflaire de PEdit du mois de Mai
1768 , puisque la somme de cinq cents livres ne repré-
sente plus aujourd'hui la valeur de-vingt-cinq fetiers de
bled, mesure de Paris.
Mais indépendamment des Curés qui n'ont que la Por-
tion congrue pour tout moyen de subsister, il en est en-
core un grand nombre qui n'ont d'autre rëfíource qu'une
dîme abandonnée & tout-à-fait infufliíante. Le voeu de
soulager leur détresse a été formé depuis long-temps dans
vos Assemblées ; leur situation n'est-pas moins touchante.
C'est la Religion, c'est Phumanité qui réclament votre
appui. Nous avons cru devoir rechercher également les
moyens les plus capables de subvenir aux besoins des uns
6c des autres j nous nous sommes occupés de la dotation
des Fabriques, dont les revenus font nuls ou insuffisants;
ensin nous nous sommes flattés que ces mêmes moyens
pourraient aussi nous aider à remplir deux grands 6c im-
portants objets de notre ministère : l'un est de faciliter
Péducation des Clercs ; l'autre est de préserver de Pindi-
gence les Ministres que Page ou les infirmités contraignent
à la retraite. C'est alors, Messeigneurs 6c Messieurs, que
vous aurez embrassé tous les objets qui intéressent le ser-
vice des Paroisses ', c'est ainsi que vous ajouterez un de-
gré de perfection remarquable à cette belle institution,
si honorable pour l'Eglise, si précieuse pour la société,
qui sixe les Pasteurs auprès des peuples, 6c ne permet pas
à ceux-ci de se dérober un seul instant à Pactivité bien-
faisante d'une Religion tutélài-re.
Nous vous préíentons Pensemble des objets divers que
nous nous sommes proposés, parce qu'ils nous paraissent
Du CLERGÉ DE FRANCE 3 z AOÛT 178y. ytt
étroitement liés entr'eux, 6c que nous nous conformerons
ainsi au voeu des précédentes Assemblées.
Mais nous no pouvons nous dissimuler en mênie-ierons
les difficultés que nous avons à vaincre.
'ï*? Vous connoissez Piníuâiíance des dîmes dans plusieurs
Provinces ; Paccroisscmenc des Portions congrues donnera
lieu fans doute, à de nouveaux abandons, 6c il n'est point
,
de Diocèse où. l'on ne trouve de ces Curés infortunés dont
nous parlions tout à f heure. D'un autre côté, nous ne
pouvons voir avec indifférence Pépuifement des Décima-
teurs, fur-tout de ceux dont la conservation est plus né-
cessaire. II est, vous le savez, des Eglises Cathédrales
,
des Séminaires des Evêchés même, dont le principal re-
,
venu est en dîmes, &C dont la dotation doit être respectée:
Pintérêt des peuples ne Pexige pas moins que celui de
l'Eglise 3 6c la justice qui réclame un traitement convena-
ble en faveur des Curés, le réclame également pour les
Bénéfices 6c pour les Etabliílements les plus privilégiés.
Ces difficultés Meíleig;neurs 6c Meilleurs, vous íont
,
trop connues, pour qu'il soit besoin de vous les dévelop-
per ; nous les avons toujours eues présentes à notre es-
prit, non pour nous détourner du projet d'améliorer le
íort des Curés , mais pour n'omettre aucun des tempéra-
ments que les circonstances rendent indispensables.
Nous commencerons par vous entretenir des moyens
d'assurer la subsistance des Curés, qui n'ont de recours à
exercer fur aucun Décimateur, 6c de ceux qu'il seroit con-
venable d'appliquer au soulagement des besoins divers du
Ministère ecclésiastique dont nous venons de tracer le
,
tableau.
Nous traiterons ensuite de Pévaluation qu'il convient
de donner à la Portion congrue, 6c de la manière dont
elle doit être acquittée.
Le soin de doter les Curés qui font réduits à la jouis-
sance d'une dîme abandonnée &C iníufh'íante, de dédom-
mager des Décimateurs indigents 6c tuiles, de doter les
Fabriques dénuées de revenus, de procurer des reíîources
aux anciens Curés, 6c des moyens d'éducation aux jeunes
Ï
I ï Z PROVÈS-FERBAL DE ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Clercs, dépend de localités qui varient d'un Diocèse à
l'autre, 6c qui ne peuvent, par conséquent, être embras-
sées par des dispositions générales 6c communes.
C'est dans cette vue cpe les deux dernieres Assemblées
ont préparé les voies à des règlements particuliers -pour
chaque Diocèse. C'est sur la foi de ces Assemblées que
,
beaucoup de Diocèses ont déja formé leurs projets, dans
lesquels ils ont compris quelquefois, 6c la dotation des
Cures à Portion congrue, 6C les Cures indigentes, $£ les
objets accessoires dont nous venons de parler.
Nous nous réservons, si vous Papprouvez, Messeigneurs
6c Meilleurs, de vous rendre un compte particulier de ceux
d'entre eux qui nous paraîtront -plus dignes de votre ap-
pui auprès de Sa Majesté3 vous y verrez, avec satisfac-
tion , les parties intéreílces concourantes au même but, les
moyens d'administration appelles avec succès au secours
de la Loi, 6c les voies préparées à un nouvel ordre dans
lequel on distinguerait moins la clafìe affligeante des Curés
réduits à la simple Portion congrue. Vous applaudirez aux
íages tempéraments proposés en faveur d'établissements
utiles 6c dignes de tout votre intérêt, 6c vous trouverez
aussi légitime que néceílaire le sacrifice d'établissements
dégénérés, 6c de Bénéfices moins privilégiés à Pintérêt pré-
dominant de la Religion 6c du service.
Quelle consolation pour nous Messeigneurs 6C Mes-
,
sieurs de pouvoir aider nos Confrères dans le noble projet
,
de subvenir aux besoins divers de POrdre Ecclésiastique,
<Pencourager les travaux utiles,6C de donner, en quelque
íorte une vie nouvelle au Ministère en ménageant des
, ,
reílourccs à la jeunesse qu'il faut instruire 6c former à
,
l'âge viril qui doit porter le poids du jour, à la vieillesse
enfin qui, après avoir utilement servi la Religion 6c la
s
Patrie, réclame, à si juste titre, une honnête subsistance!
Des oeuvres aussi dignes du zèle épiscopal ne peuvent, sans
doute., être réalisées que par la protection efficace de Sa
Majesté. Telles font même les difficultés qui s'opposent aux
vues les plus intéressantes, que nous ne pouvons proposer
a nos Confrères d'en tenter Pexécution qu'autant que nous
serons
DU- CLERGÉ DE FRANCE, j AOÛT iy%s- 3*3
serons assurés de la protection du Roi. N'hésitons donc pas
à déposer nos voeux dans son coeur paternel, 6c à lui faire
connoître, dans cette occasion importante, toute la con-
fiance que nous inspire son zèle pour la Religion, 6c son
amour pour ses peuples.
Nous estimons que pour faciliter les opérations locales
dont nous venons de parler, il est indispensable de lever
les obstacles qui jusqu'à présent se sont opposés à Pexécu-
tion des Délibérations des dernieres Assemblées , 6ç des
dispositions consacrées depuis long-temps par les Loix du
Royaume, par les Etats-Généraux, par les Conciles.
C'est en vain qu'une Loi nouvelle enjoindrait aux Evê-
ques de procéder à la dotation des Curés réduits à des
dîmes abandonnées, mais insuffisantes, par des unions de
Bénéfices-Cures ou non Cures, comme l'a voulu POrdon-
nance de Blois, s'il ne plaît au Roi de rendre , fur votre
demande, les suppressions plus faciles, lorsqu'elles ont pour
objet Pévidente utilité de PEglise, ainsi que le prescrivent
les saints Canons. Les marques de bonté 6C de confiance
que vous avez déja reçues de Sa Majesté, nous font pré-
fumer qu'elle accueillera favorablement des demandes
dictées par le zèle le plus pur 6c formées par le repré-
,
sentant de tous les Ordres du Clergé, de toutes les classes
des Bénéficiers, enfin de toutes les Parties intéressées.
Nous n'insisterons point fur le retranchement de .quel-
ques formalités particulières dans les procédures de sup-
pression 6c d'union j il suffira d'en écarter Pinfluence de
Pintérêt personnel, qui doit disparaître devant Pintérêt
public.
C'est dans cette vue que nous croyons convenable de
demander que les consentements des Patrons ou Collateurs
ecclésiastiques, même réguliers, ne soient pas réputés né-
cessaires j les vues d'utilité évidente réunies au voeu com-
mun de tout le Clergé de France, font plus que suffisan-
tes pour justifier cette disposition, qui n'est même pas
nouvelle pour les Bénéfices séculiers. Notre proposition,
en effet * se borne à solliciter la dérogation à Particle 18
de PEdit de i 606, qui a conservé, pour les Bénéfices ré-
Procès-verbal de 1785. Qo
^Ï4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
guliers seulement, la nécessité du consentement des Pa-
trons.
Nous crayons pareillement que les consentements des
Communautés d'habitants ne doivent pas être exigés com-
me une des conditions nécessaires pour la suppression des
Conforces, corps de Bénéficiers, Obiteries, ou autres ob-
jets dépendants du Patronage de ces Corps ou Commu-
nautés lorsque les objets supprimés seront affectés à Pavan-
,
tage des Paroisses où ils font établis.
Ces Conforces ou corps de Bénéficiers, ou Obiteries,
n'ont été établis que pour le service des Paroisses, 6c c'est
à ce service que nous Voulons les consacrer.
Les Communautés d'Habitants font fous la tutele de lá
Loi, 6c il appartient, fans doute, au Légulateur de régler
leur pouvoir, 6C de diriger leur influence pour leur plus
grande utilité.
La réduction des petites Cures dans les Villes entre si
naturellement dans vos vues, que nous avons cru devoir
Pindiquer, en proposant en même-temps une déposition
impérative, 6C capable de lever les obstacles^qu'elle a ren-
contrés jusqu'ici.
Enfin vous pouvez proposer au Roi d'interdire toute
disposition nouvelle des Bénéfices dont il aura plu à Sa
Majesté, íur lá demande des Evêques, d'autoriser la sup-
pression. Nous ne voyons pas de moyen plus efficace de
prévenir les longueurs 6c d'arrêter les oppositions. Cette
précaution n'est point fans exemple, 6c jamais, fans doute,
elle ne fut plus nécessaire. IPn'en faut pas moins pour ma-
nifester à tous les yeux Pintention que nòus devons fup-
"poser à Sa Majesté de seconder nos efforts.
Aufll regardons-nous comme la première démarche à
faire, celle de vous assurer des intentions du Roi j car
s'il ne croyoit pas dans fa sagesse, pouvoir vous accorder
,
les facilités dont nous venons de parler, elles nous parais-
sent tellement indispensables, que nous nous verrions alors,
"avecf douleur réduits à ne former, comme autrefois, que
,
dès "voeux stériles 6c impuissants j 6c nous n'aurions acquis
une plus profonde connoissance de nos besoins, que pour
DU CLERGÉ DE FRANCE , yAouT 17'Sj. 515
déplorer, avec plus d'amertume, Pimpoílibilité où nous
serions d'y satisfaire.
Mais si vos vues obtiennent l'approbation du Roi, vous
jugerez peut-être convenable de rédiger une Instruction
propre à éclairer nos Confrères fur les principes de justice
& de sagesse concertés avec le Gouvernement, 6>Cà main-
tenir entre nous cette uniformité de conduite qui nous a
toujours été si précieuse.
Cet intérêt est, pour ainsi dire, commun à tous nos
Diocèses, à ceux même où les dispositions d'une Loi gé-
nérale procureraient à tous les Curés à Portion congrue
une dotation convenable : il en est, en eftet, bien peu où
la dîme suffise par-tout au besoin du service 6c où l'on
,
ne désire pas avec ardeur les nombreux avantages que pré-
sentent les arrangements particuliers : ils méritent donc,
à cet égard, votre protection ; ils doivent donc être .ren-
dus faciles par des dispositions générales qui puisient sou-
tenir notre zèle 6c nous garantir le concours de l'autorité
royale j car s'ils peuvent être appelles par-tout avec succès
au secours d'une Loi commune, nous ne pensons pas qu'ils
doivent, ni qu'ils puissent Pexclure j 6c nous la regardons
comme néceílaire pour régler le fort des Curés à Portion
congrue.
La diversité des besoins n'a jamais déterminé à l'aban-
don d'une règle uniforme j 6c si l'on s'en est écarté dans
le siécle dernier, on a bientôt senti la nécessité d'y reve-
nir promptement. La recherche d'une plus grande perfec-
tion exposerait à des difficultés que votre sageíìe vous
fait prévoir : d'un côté les Curés attendent de vous leur
subsistance 6c vous ne, pouvez trop tôt y pourvoir 6C
, -,
de l'autre les Décimateurs, en se soumettant à la presta-
tion qui leur sera imposée, ont droit à une Législation qui
ne trouble pas leur tranquillité.
Mais vous ne pouvez remplir ces objets distérents, que
par une Loi uniforme j 6c la marche que vous avez à sui-
vie, est tracée par une Légistation qui, depuis plus de
deux siécles, marche constamment fur la même ligne.
"
Z
, ' f
Si nous admettons la possibilité de modifier dans des
"Ò'O
3 i 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
cas particuliers, les obligations des Décimateurs, ces ex-
ceptions doivent être la fuite de convenances locales, dont
Putiiité ne puiíle être contestée ; elles doivent être l'expres-
sion du voeu commun des Parties intéreflées 5 6c s'il en
résulte, en certains cas, des titres particuliers que les Cu-
rés pourront faire valoir contre les Décimateurs leurs
,
prétentions seront limitées par ces titres même, 6c ne pour-
ront être étendues au-delà , semblables à ces transactions
privées qui n'altèrent pas Puniformité de la Loi commune.
Telles font, Messeigneurs 6c Messieurs les vues que
,
nous ont suggérées le désir de coopérer 6c de répondre
à celles qui vous animent pour le bien de la Religion 6C
des Peuples : nous vous les proposons avec d'autant plus
ûe confiance, qu'elles font conformes au langage que PE-
gliíe a tenu dans tous les temps. Consultons le beau mo-
nument du Concile de Trente, 6c nous y verrons qu'il
prescrit les unions des Bénéfices pour assurer aux Pa-
,
roisses 6c à leurs Pasteurs, un revenu qui puisse répondre
6c íustire à leurs obligations, ut debitis queant oneribus fa-
tistacere ; nous y verrons qu'il recommande pareillement
aux Conciles Provinciaux de pourvoir à la dotation des
Evêchés 6c des Cathédrales par des unions, 6c que ce n'est
qu'au défaut de Bénéfices qui en soient susceptibles, qu'il
veut qu'on ait recours à des contributions fur les peuples j
ÒC nous nous permettrons de remarquer avec une satisfac-
tion dont vous ne vous défendrez pas vous-mêmes, qu'ici
l'avantage de la Religion 6c celui des Fidèles, la disci-
pline ecclésiastique 6c Pintérêt de la société vos princi-
,
6c
pes votre bienfaisance, se prêtent un mutuel appui, pour
assurer à l'Eglise 6c à PEtat, le fruit qu'ils attendent au-
jourd'hui de vos religieux travaux.
Nous allons maintenant examiner, Messeigneurs 6c Mes-
sieurs, de quelle manière doit être acquittée la Portion
congrue, 6c comment on doit en faire Pévaluation.
Le paiement en bled présente trop d'inconvénients pour
réunir beaucoup de sustrages : on a objecté, contre cette
méthode, qu'il étoit beaucoup de Paroisses, 6c même des
Diocèses entiers, où l'on ne recueille pas de froment j qu'il
DU CLERGÉ DE FRANCE , 3 AOÛT 178c. 317
seroit injuste d'assujettir les Décimateurs à faire venir de
loin une denrée que le Curé ne consomme pas lui-même 5
que la co-équation des mesures 6c le choix du bled fe-
raient une source de contestations interminables ; nous
ajouterons a ces observations, que le paiement en denrées
seroit trop préjudiciable aux Curés que nous voudrions
favoriser. Nous n'entendons pas seulement parler de la
nécessité où ils feraient de trafiquer de leurs denrées dans
des contrées où souvent. elle est peu commerçable, pour
se procurer les choses les plus nécefiaires à la vie ; mais
vous ferez surpris d'apprendre, Messeigneurs 6c Meilleurs,
que le prix commun de vingt-cinq setiers de bled depuis
dix années, est intérieur dans plusieurs Provinces à la
,
somme de cinq cents livres. C'est ce qui résulte des états
que nous avons cru devoir demander à M. le Contrôleur-
Général pour nous guider, dans notre travail ', vous voyez
par-là, Meíleigneurs 6c Messieurs, combien nos intentions
íeroient trompées, en déférant aux apparences d'une pré-
cision plus rigoureuse.
Si nous considérons la portion congrue dans son prin-
cipe nous y reconnoissons une pension alimentaire paya-
, ,
ble d'avance au Curé par le Décimateur. Ce paiement ne
doit être sujet à aucun délai, non plus qu'à aucune réduc-
tion : il intéresse trop estentiellement la subsistance du Curé
6c le íervice des Paroisses -, la prestation en nature ne rem-
plirait ni l'un, ni l'autre objet. 11 seroit injuste d'obliger
,
les Décimateurs à fournir des denrées avant le temps des
récoltes 3 6c d'un autre côté le prix des grains est exposé à
trop de variations pour pouvoir offrir un résultat unifor-
me : il se rencontrerait des années, fans doute, où la pres-
tation en nature seroit d'une plus forte valeur 5 mais il ne
resterait aucune ressource aux Curés dans les temps où la
valeur des crains éprouverait une révolution opposée.
Ici Paifance d'une année ne peut refluer fur la suivante :
la portion congrue doit suffire à la subsistance journalière
du Curé -, 6c ce seroit choquer toute justice, que d'opposer
a des besoins présents le dédommagement de jouissances,
paflées ou futures, 6c partant incertaines.
JI8 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Nous présumons que cette opinion est fondée fur son
analogie avec Pusage commun d'estimer les rentes en den-
rées 6c non en argents mais cet uiage a pour objet uni-
que de représenter fidèlement le fonds dont on cède la
jouissance : on íe soumet respectivement aux variations
dont les valeurs des denrées font íuíceptibles j elles affectent
îe Débiteur de la rente comme celui qui la stipule en fa
saveur. Mais s'il sWiíìoit de transiger íur la subsistance
même d'une des parties, pourroit-on prudemment ia laisser
au hasard de variations 6c d'accidents divers qui peuvent
avilir la denrée, soit par l'effet des caisses générales, soit
après qu'on en aura fait la prestation?
Au défaut de paiement en nature, on a proposé d'esti-
mer la portion congrue en argent íur le prix local de la
denrée. On éviterait ainíi une partie des inconvénients que
nous venons-d'exposer 5 mais on íeroit toujours astujetti à
plusieurs d'entr'eux. Cette méthode entraîne les mêmes
difficultés pour la co-équation des meíures, 6c pour le
choix du bled qui servirait de base à.Pçvaluation. Cepen-,
dant nous ne croirions pas que ces difficultés fussent in-
vincibles, si des raisons d'un ordre supérieur ne concou-
raient à nous détourner de Pévaluation locale.
Les Curés des Provinces, où le bled est plus cher, ont
saisi cette idée avec ardeur : elle leur préíentoit une au-
gmentation importante dans leur traitement, 6c ils ont
cru pouvoir s'appuyer du texte même de PEdit de 1768.
L'Áílemblée de 1780, touchée des mêmes sentiments
qui vous animent, s'est montrée disposée à accueillir cette
méthode, en se bornant néanmoins à consulter les pre-
miers Pasteurs, 6c vous laissant le foin de prendre une dé-
termination définitive.
Mais les Curés de la majeure partie du Royaume, font
bien éloignés de partager la même opinion 3 ses effets leur
leroient trop préjudiciables : ils connoissent la valeur des
denrées-, ils savent que la valeur locale de vingt-cinq fetiers
de grains, mesure de Paris, ne les seroit souvent jouir que
d'un revenu à peu près égal à la portion congrue actuelle
6c souvent inférieure. Est-il juste, diroient-ils, d'adopter
DU CLERGÉ DE FRANCE ^ 3 AOUT 17^. 313
une méthode qui n'est avantageuse aux Curés, que dans
deux ou trois Provinces, 6c qui nous laisserait dans l'in-
digence, nous qui occupons des résidences plus dispen-
dieuses j nous, qui, plus voisins de la Capitale, victimes de
son opulence 6>Cde son luxe, ne pouvons subsister avec la
même dotation qui suffirait abondamment dans les Pro-
vinces éloignées ?
II n'est pas douteux en effet, Messeigneurs 6c Mes-
,
sieurs, que Pévaluation locale ne remplirait point vos vues
en faveur du plus grand nombre des Curés ; 6c le con-
sentement des autres pourrait n'être que momentané : une
diminution subite dans le prix des grains ( 6>Cles exemples
de ces révolutions ne font pas rares ) réduirait leur revenu,
fans.diminuer en proportion le prix des autres denrées, 6C
leurs cris vous annonceraient bientôt leur détresse.
II résulte de Pétat du prix des grains depuis dix années,
que nous nous sommes procurés , que fur trente-deux Pro-
vinces il y en a neuf où le prix moyen de vingt-cinq
,
fetiers de bled, mesure de Paris, ne s'élève pas à la som-
me de cinq cents livres ; quinze, où le prix se balance
entre cinq 6c six cents livres; cinq, où il monte entre six
6c feptcents livres j 6c une feule où il excède huit cents livres.
Cette méthode ne satisferait donc qu'un très-petit nom-
bre de Provinces, 6c d'une manière incertaine: elle seroit
injuste, en ce qu'elle accorderait au-delà du besoin dans
certains lieux, 6c refuserait une dotation indispensable dans
les contrées où les moyens de subsistance font incontesta-
blement plus dispendieux, tels que font les environs de
la Capitale. Son effet seroit donc vraisemblablement de
transporter dans le coeur de la France la fermentation, qui
a affligé les Provinces du Midi.
C'est en vain qu'à des faits positifs on opposerait une
théorie fondée fur des autorités imposantes : inutilement
diroit-on que le prix de toutes les denrées de première né-
cessité se balance constamment avec celui des bleds; il est
constant, fans doute, que si le prix des grains acquiert
un exhaussement générai 6c permanent, cet exhaussemenc
doit influer fur la valeur des autres denrées ; 6c tel est le
jio PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
sens de la maxifne que nous venons de citer ; mais doit-
on en -conclure que la valeur des deniées doit être plus
forte par-tout où le bled est plus cher ì Cette conclusion
ferait démentie par l'expérience, dont nous íòmmes tous
témoins. Personne n'ignore, par exemple, que la subsif-
tance de Phomme est plus coûteuse dans le coeur du Royau-
me que dans le midi de la France, quoique la valeur du
bled soit plus forte dans les Provinces du midi qu'en Cham-
pagne, en Bourgogne 6c aux environs de Paris. II n'est
point de notre objet d'assigner les causes de ces différences:
nous nous permettrons seulement d'observer que la pro-
portion qui s'établit naturellement entre les valeurs des
différentes denrées, est souvent troublée par des circons-
tances locales ou par des règlements particuliers ; 6c qu'on
ne pourroit prendre cette proportion pour règle absolue,
qu'après Pavoir dépouillée de 'touc ce qui pourroit en al-
térer Pexactitude.
Nous ne pouvons adopter non plus Popinion qui tend
à fixer la portion congrue d'après la valeur du marc d'ar-
gent. Cette méthode est, fans doute, la moins sujette à des
variations; mais elle ne remplirait pas votre objet. La va-
leur du marc d'argent doit se balancer, sans doute, avec
toutes les autres valeurs, en ce sens que l'argent est le signe
de toutes les valeurs ; mais combien de temps ne faut-il pas
pour que cette proportion s'établisse ? Le prix du marc
d'argent a presque toujours été le même depuis 17x6; il
s'est, depuis cette époque constamment soutenu entre
,
cinquante 6c cinquante-quatre livres ;-a-.t-il donc suivi la
progreíìion du orix des denrées ? Et conviendroit-il d'ex-
poser la subsistance de nos Curés aux lenteurs 6c aux in-
certitudes d une pareille combinaison?
D'ailleurs la valeur du marc d'argent qui reçoit, avec
le temps, une impression nécessaire des changements qui
surviennent 6c s'établiíïent dans le prix des denrées, dont
l'argent est le signe, agit à son tour fur la valeur de ces
mêmes denrées à raison de Paccroissement du numéraire.
Cet accroissement, ou cette diminution du numéraire pro-
vient 4e causes diverses, permanentes ou passagères, pu-
bliques
DU CLERGÉ DE FRANCE ,' 3 Ao UT 1783-* 311
bliques ou cachées, dont il faudrait avoir vérifié Pexistence
6c calculé les effets ; encore ne parviendroit-on qu'à des
résultats douteux, 6c qui seraient pour nous des guides
infidèles.
Bôrnons-nous donc à la sagesse du Législateur, qui, coiv
sidérant les compensations qui s'établissent, soit entre les
différents lieux, soit entre les denrées diverses, 6c pesant
toutes choses dans leur ensemble, a cru devoir détermi-
ner une évaluation fixe 6c commune pour toutes les Pro-
vinces. S'il a prévu la nécessité de la changer, c'est en
annonçant qu'elle seroit la suite d'une augmentation con-
sidérable dans la valeur des grains. Nous rechercherions
en vain une règle plus sure; 6c nous pouvons nous livrer
à celle-là avec d'autant plus de confiance, oue fi elle ne
remplit pas tous nos voeux, il vous fera possible d'y sup-
pléer par les arrangements particuliers dont nous avons eu
f honneur de vous entretenir.
Nous sommes donc forcés d'avouer que ce seroit une
recherche vaine, que celle d'une combinaison astez heu-
reuse pour échapper aux variations successives de la va-
leur des denrées.
La nature même des choses se refuse à ce voeu, 6c ne
nous offre rien de plus sûr 6c de plus équitable que Pap-
préciation en argent.
Mais à quelle somme d'argent convient-il aujourd'hui
d'élever la Portion congrue ? Ici nous appercevons une
variété d'opinions résultant des variétés locales. Dans les
Provinces où les denrées font à vil prix, où les Curés réu-
nissent à leur Portion congrue un caíuel 6c des fonda-
tions qui leur donnent de Paifance, les avis inclinent à
Paugmentation la plus modérée : mais la cherté des den-
rées dans d'autres Provinces, fur-tout lorsqu'elle se trouve
réunie à la privation des ressources du casuel 6c des fon-
dations fait désirer une plus forte évaluation.
II est, impossible à une Loi générale 6c commune, de
pourvoir, d'une manière également suffisante , à des be-
soins soumis à tant de variations.
Les arrangements particuliers dont nous avons parle,
Procès-verbal de iy$j. Pp
^zz PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GENÊRALE

peuvent seuls établir par-tout une proportion plus parfaite;


eux seuls peuvent prévenir le danger d'une dotation insuf-
fisante ,'ou d'une prestation excessive.
Mais ies arrangements qui tendent à un ordre meilleur,
ne doivent pas être commandés; c'est a la prudence & au
zèle de nos Confrères, qu'il faut réserver de proposer à
Sa Majesté ceux que peuvent exiger ou permettre les lo-
calités dont ils font les témoins.
En méditant íur la nouvelle évaluation qu'il convient
de donner à la Portion congrue, nous avons cru devoir
approfondir d'abord quelle est la valeur actuelle 6>Ccom-
mune clans la Généralité des Provinces du Royaume, de
la quantité de grains déterminée par PEdit de 1768
base Portion ,
comme de ia congrue.
Cette valeur, supputée d'après les dix dernieres années,
ne seroit que de 564 livres. Mais nous devons observer
que le retour de la paix a fait croître la valeur des grains,
ainsi que de toutes les choses néceílaires, utiles, 6c même
simplement agréables à la vie, que le prix s'en est élevé
depuis deux ans, 6c que dans Pannée derniere, la valeur
commune de 2. s setiers de grains, mesure de Paris, a été
de 611 livres 18 fols.
Ce prix s'est encore un peu accru dans le cours de la
présente année : il convient donc d'adopter une évalua-
tion qui réponde au prix actuel, 6c même aux accrois-
sements que l'expérience doit nous faire prévoir : les avis
des Diocèses qui se sont expliqués fur cette question, in-
clinent plus généralement pour une somme supérieure à la
somme de 600 livres. Nous observerons encore que PAs-
semblée de 176J, en consentant Pévaluation de joo li-
vres , excéda un peu le prix commun qu'on pouvoir alors
attribuer à la quantité de z$ setiers de bled. Nous, croyons
donc Messeigneurs & Meilleurs que vos sentiments,
, ,
comme vos principes, peuvent .vous conduire à décider
que la Portion congrue des Curés fera portée à 700 livres,
ôc,celle des Vicaires à 350 livres. Vous excéderez, fans
doute, la valeur actuelle de 25 setiers de grains mesure
de Paris; mais vous n'en ferez pas moins fidèles à la Loi
DU CLERGÉ DE FRANCE, 3 AOUT 178y* 323
de 1768 qui a seulement déterminé que dans le cas où
,
la valeur des grains auroit acquis un accroissement con-
sidérable il seroit procédé à une nouvelle évaluation.
,
Par cette disposition, le Législateur a conservé dans ses
mains une faculté qui ne peut être confiée à aucun autre
pouvoir. S'il a cru devoir annoncer qu'il prendrait pour
base le prix des grains, c'est qu'il savoir que la denrée la
plus nécessaire à la vie de Phomme, ne'pouvoir, acquérir
un accroistement de valeur considérable 6c permanent ,
sans qu'il devînt juste d'augmenter, dans la même propor-
tion, la pension néceflaire à la subsistance des Curés ; 6c
s'il a déterminé d'avance Ia quantité de grains qui doit
servir de base aux évaluations nouvelles, son intention
n'a pu être qu'on s'y astreignît littéralement. La recher-
che d'une précision rigoureuse entraînerait des variations
trop fréquentes ; 6c il convient également à la sagesse du
Légulateur 6c à Pavantage de toutes les Parties intéres-
{ces que la règle qui obtiendra votre suffrage ne soit
, ,
pas exposée à subir des changements trop prochains.
Nous ne nous dissimulons pas néanmoins que cette
nouvelle évaluation, rapprochée de l'augmentation ordon-
née par PEdit de 1768, aura des fuites funestes dans un
grand nombre de Diocèses : il en est où, à raison des cir-
constances particulières, elle excédera les besoins des Cu-
rés ; il en est où les dîmes, déja très-médiocres, ne pour-
ront fuftire au paiement des Curés 6c des Vicaires; il en
est où les Etabhslements les plus utiles, les Bénéfices les
plus précieux, éprouveront un surcroît de charges capa-
bles de causer leur ruine.
NOUS aurions désiré, 6c nous ne craignons pas de dire
que la justice demanderait que les indemnités des Déci-
mateurs utiles 6c nécessiteux, concourussent avec la nou-
velle charge. Mais si les circonstances ne rendent pas ce
concours entièrement possible, nous avons cru du moins
devoir demander que la même Loi qui augmentera les
Portions congrues, détermine en même-temps les moyens
d'indemniser les Décimateurs utiles, & assure aux Eve-
ques toutes les facilités convenables : ce ne p eut être,
Pp z
a 2A.
PROCÈS-VERBAL DE L AsSEMBLÉE-GÉNÉ.R.ALE

comme nous Pavons dit, que par des suppressions ôc des


unions qu'on remplira cet objet intéressant. Le bénéfice
de ces suppressions &C de ces unions ne peut promettre,
il est vrai, que des jouisiances plus cu moins éloignées; cC
cet inconvénient est inévitable. Cependant nous prévoyons
d'avance qu'il pourra se trouver des Diocèses où les cir-
constances fourniront à notre zèle des moyens d'accélérer
les effets des décrets de suppression 6c d'union fans por-
,
ter atteinte aux droits des Bénéficiers actuels. Mais cet
avantage devant être, le fruit de circonstances particuîie-
res &c locales, nous ne croyons pas qu'il soit possible de
vous en occuoer d'une manière sénéraie 6c commune à
tout le Clergé. C'est encore pour cet objet important, que
les arrangements particuliers viendront au secours de ia
Loi générale : il est, par exemple, tel Diocèse où les be-
soins d'un Déeimateur utile ne permettront pas d'exiger de
lui de nouvelles prestations en faveur des Curés à moins
,
de faire concourir en mêrnc-temps les moyens d'y subvenir.
Si vous adoptez nos vues notre premier soin fera de
,
vous rendre un compte particulier des Diocèses où Pau-
s;mentation nouvelle des Portions congrues causera'des
révolutions plus alarmantes 6c particulièrement de ceux
,
qui sont les plus dénués des moyens que nous indiquons,
pour aider les Décimateurs dont Pindigence 6c Putilité
sollicitent également votre attention bienfaisante. Jusques-
là, nous osons le dire votre ouvrage seroit imparfait, 6C
,
ne répondrait pas au zèle qui vous anime pour les intérêts
divers dont vous êtes les dépositaires.
Nous avons rédigé un projet de Délibération pour ré-
pandre un plus grand jour fur les questions qui vous oc-
cupent , 6c pour vous rendre plus sensible le plan qui
nous paraît ie plus accommodé aux circonstances actuelles,,
le plus honorable ainsi que le plus avantageux au Mi-
,
nistère ecclésiastique ie plus utile pour les .Curés 6ù ie
,
moins onéreux aux Décimateurs. Si vous Pagréez, vous
penserez en même-temps qu'il convient de vous borner,
dans ce moment, à le présenter, au Roi, avec un Mémoire
qui en développera les motifs. ;
DU CLERGÉ DE FRANCE , 3 AOUT 17 S j. 32s
Les deux premiers articles du projet de Délibération
Phonneur de sous ,
que nous avons mettre vos yeux, ex-
priment la nouvelle évaluation des Portions congrues des
Curés 6C des Vicaires, 6c déterminent la charge des Dé-
cimateurs conformément aux principes établis dans PEdit
de 1768.
On propose, par le troisième article, de fixer une Ju-
risprudence uniforme sur le paiement des Vicaires dans
les Paroistes dont les Curés n'ont pas opté pour eux-mê-
mes la portion congrue. Nous avons cru devoir mainte-
nir, à leur égard, le principe que le Vicaire ne peut exercer
aucune action contre le Décimateur , qu'après que son
Curé s'est lui-même réduit à la portion congrue, 6c nous
avons regardé comme intéreílant de Pétablir, tant pour ar-
rêter les contestations qui se sont élevées à ce sujet dans
différentes Provinces, que pour prévenir celles dont on est
menacé; si d'un côté vous ne craignez pas d'aggraver les
charges des Décimateurs, pour aflurer la subsistance des
Curés 6c des Vicaires, la justice 6c la raison demandent
que cette prestation nouvelle ne soit exigée que dans les
lieux où elle est nécessaire, 6c non dans les Paroisies où
le Curé .jouit de fonds suffisants pour l'acquit du service.
II n'en est pas de même des Curés qui, en vertu d'op-
tions faites par leurs prédécesseurs en coníéquence de PEdit
de 1686, sont en possession de faire payer leurs Vicaires
par les Décimateurs, quoiqu'ils n'aient pas renouvelle leur
option en 1768 ; votre intention n'est pas de les dépouiller
d'une pofleísion qui leur est acquise 6c nous avons cru
,
luffisantde déterminer que Pusage actuel servirait de règle
pour Pavenir.
Le quatrième article assigne Pépoque où la portion con-
grue nouvelle commencera d'être exigible. C'est une pré-
caution de sagesse propre à prévenir des contestations entre
les Décimateurs 6c les Curés. Nous aurions désiré, fans
doute que Paugmentation des congrues concourût avec le
,
dédommagement des Décimateurs indigents 6c utiles;
mais nous ne pourrions espérer que les opérations tendan-
tes à cette indemnité, pussent se faire avec une égale cé-
526 PROCÈS-VERBAL DE L?AS S EMBLÉE-GÊNÉRÂLE
lévite dans tous les Diocèses. Ces opérations entraînent
des délais nécessaires ; elles dépendent de localités qui ne
nous font pas connues. II est des Diocèses où les moyens
d'indemnité feront infuísiíants, où vous ne pourrez en trou-
ver qu'en créant des ressources nouvelles, ou en recourant
à la bonté du Roi ; mais les besoins des Curés sont connus,
leur état est constaté, leur hypothèque fur la dîme est as-
surée par la Loi, 6c nous n'avons pas cru qu'il convînt à
vos principes de différer une décision qui fixera leur sort,
6c de retarder leur jouisiance.
Le cinquième article renouvelle la disposition de PEdit
de 1 671 qui interdit toute réserve de pension sur les Cu-
,
res, lorsqu'il ne resteroit pas au nouveau Titulaire un re-
venu suffisant après la pension prélevée. La portion con-
grue est l'évaluation du revenu que la Loi a jugé être
nécessaire à tous les Curés : il est donc juste d'affranchir
de toute réserve de pension la nouvelle portion congrue;
6C nour aílurer Pexécution de cette Loi, que des intérêts
privés parviennent quelquefois à éluder, nous proposons
de faire prononcer par la Loi Ia nullité des actes de résigna-
tion ou de permutation qui y feraient contraires.
Le sixième article regarde les arrangements particuliers
qui ont déja été, ou qui feraient autorisés par Sa Majesté.
C'est une simple réserve, qui, sans imposer aucune obli-
gation aux Evêques, promet la protection du Roi aux
Règlements locaux que les Evêques croiront devoir pro-
poíer;
Le septième article a pour objet la dotation des Cures
réduites à la jouissance d'une dîme infuffiíante, par voie
d'union 6í de suppression de Bénéfice. Cet article est con-
forme à Particle 16 de PEdit du mois de Mai 1768.
Le huitième article expose les autres objets auxquels
pourront être appliqués les produits des suppressions. Ces
objets font Pamélioration du fort des Curés à portion con-
grue, lorsque les circonstances paraîtront Pexiger,la do-
tation des Fabriques des Paroiíles, Pindemnité des Déci-
mateurs utiles 6c indigents , Péducation des Clercs 6c la
retraite des anciens Curés 6c Vicaires.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 3 AOUT 178s. 32.7
Le neuvième article assigne, comme un moyen de rem-
plir les vues proposées, les suppressions de Vicariats, ou
desservices devenus inutiles, quoique fondés par titres ou
en vertu d'anciens usages, comme il s'en trouve principa-
lement en Provence : ii désigne aussi, pour le même objet,
les réunions des petites Cures, lorsque les circonstances le
permettront ; enfin il renferme une disposition que nous
avons cru nécessaire pour les Cures de Ville : dans le fait
eiles n'ont jamais été confondues avec les Cures de la
campagne, quoique les Loix relatives aux portions con-
grues n'en fassent aucune distinction.
Le casuei nul, ou presque indifférent dans les cam-
pagnes, a pu y être compté pour rien : il n'en est pas de mê-
me dans les Villes ; mais cette question présente preíque
autant d'exceptions que d'espèces, 6c il ne paroît pas pos-
sible d'établir des principes uniformes dans cette matière :
cependant nous gémissons tous les jours des contestations
qui s'élèvent entre des Curés de Villes 6c les Décimateurs,
ou Curés primitifs. II nous a donc paru convenable de
raire régler dans chaque Diocèse le fort des Curés de Ville
comme celui des Curés indigents; ce fera un soulagement
équitable pour les Décimateurs qui ne perçoivent pas de
fruits décimaux dans les Villes : nous n'avons pas cru moins
intéreíîant de procurer la réduction des petites Paroisses
de Villes. L'expérience nous apprend qu'elles sont presque
toujours plus'mal servies: elles occupent des Ministres qui
f croient pi us nécessaires ailleurs elles absorbent inutile-
;
ment les siicultés des Décimateurs; leur multiplicité est
même onéreuse aux peuples. Cette réduction est désirée,
depuis long-temps, par les personnes amies de la Religion
6c du bon ordre 6c les Evêques n'attendent, pour y pro-
,
céder, que les facilités que nous sollicitons aujourd'hui.
Le dixième article autorise les Evêques à proposer au
Roi les suppressions les plus convenables 6c leur emploi.
Nous avons cru devoir indiquer le terme d'une année,
pour que tout tendît à accélérer Pesset de vos vues bien-
faisantes, 6c afin qu'on ne pût pas vous imputer de vou-
loir étendre les facilités que vous demandez, au-delà des
3 4.8
PROCÈS-VERBAL DE LASSÈMBLÉE-GÉNÉRALÇ
bornes dans lesquelles vous voulez vous-mêmes les cir-
confcr re.
Le onzième article assure aux Evêques îa faculté de dé-
signer parmi les Bénéfices à supprimer, quelques-uns de
ceux qui sont à collation royale, au défaut de Bénéfices dé-
pendants du Patronage ecclésiastique. Les sentiments reli-
gieux du Roi, 6c les réponses faites aux sollicitations des
dernieres Assemblées., nous inspirent la plus grande con-
fiance.
Le but du douzième article est de déroger à Particle 18
de PEdit de 1606 , en ce qui concerne la nécessité du con-
sentement des Patrons pour la suppression des Bénéfices
réguliers.
L'objet du treizième article est d'autoriser les suppres-
sions des Bénéfices, Conforces 6c Obiteries dépendants du
Patronage de Communautés d'habitants, nonobstant le
refus de leur contentement auxdites suppressions ; mais
nous avons cru qu'il étoit juste de limiter cette faculté
aux suppressions, dont le bénéfice devoit tourner à l'avan-
tage des mêmes Communautés, c'est-à-dire, au service
des Paroisses 6c à la dotation des Fabriques.
Le quatorzième article prononce la défense de résigner
ou permuter, même en cas de vacance, de nommer ou
impétrer aucun des Bénéfices dont Sa Majesté aura auto-
risé la suppression ; mais, attendu que Papplicauon doit en
être prononcée par un Décret épiscopal, nous avons cru
devoir ajouter à cette disposition, que les biens 6c reve-
nus provenaut desdites suppressions, ne pourront recevoir
leur application qu'en vertu des Décrets des Evêques,
revêtus de Lettres-Patentes enregistrées. Les biens de ces
Bénéfices pourront être, en attendant, administrés par les
Receveurs Diocésains fous f inspection de l'Evêque, 6C
,
Pimpostibilitéde pouvoir en appliquer les revenus, fera une
raison de plus pour accélérer des Décrets qui ne peuvent
être mis trop tôt à exécution.
Le quinzième 6c dernier article se borne à maintenir 6C
à. confirmer toutes les dispositions de PEdit du mois de
Mai 1768 dans tous les points auxquels il ne seroit rien
,
statué
DU CLERGÉ DE FRANCE;,,3 AOUT 1785. 3 z?
statué de contraire par la nouvelle Déclaration. Cet Edit
renferme dix-neufarticles, qui tendent à établir des rco-les
&
pour tout ce qui concerne la dette 6c
1 1 o le
I
paiement des

portions congrues, les obligations des Décimateurs des


Curés primitifs des Possesseurs de dîmes inféodées,, des
Propriétaires qui, jouissent de biens fonds exempts de payer
la dîme ; il en résulte une Jurisprudence qui nous a paru
également précieuse 6c nécessaire à conserver.
D'après cet expoíé, Messeigneurs 6c Messieurs, nous
avons Phonneur de.vous proposer de supplier Sa Majesté
de vouloir bien agréer 6c autoriser, en la forme la plus
convenable les articles suivants.
i°. Que ,la portion congrue des Curés 6c Vicaires per-
pétuels, tant ceux qui íont établis à présent, que ceux qui
pourraient Pêtre à Pavenir, sera 6c demeurera fixée à la
somme de sept cents livres.
z°. Que la portion congrue des Vicaires, tant ceux qui
font établis à présent, que ceux qui pourraient ì'être à
Pavenir par les Archevêques 6c Evêques Diocésains, fera
6c demeurera fixée à la somme de trois cents cinquante livres.
30. Que les Décimateurs, autres que les Curés, feront
6c demeureront tenus des portions congrues des Vicaires
dans toutes les Paroisses où ils sont dans Pusage actuel de
les acquitter quand bien même les Curés desdites Pa-
,
roisses ne se réduiraient pas eux-mêmes à la portion con-
grue; 6c qu'à Pégard des Paroisses où les Curés sont dans
Pusage de payer leurs Vicaires, 6c de celles où il en fera
établi de nouveaux dans les formes prescrites par les Or-
donnances les Curés ne pourront s'en décharger fur les
,
Décimateurs qu'en optant pour eux-mêmes ladite portion
congrue.
4°. Que la nouvelle évaluation des portions congrues
aura son effet, à compter du premier jour du mois de
Janvier qui suivra l'enrégistrement de la Déclaration.
5°. Que, conformément aux dispositions de PEdit du
mois de Juin 1671 les Curés ne pourront résigner, ni
,
permuter, ni consentir aucun traité tanstatif de leur Bé-
néfice avec réserve de pension à moins qu'il ne reste
, ,
Procès-verbal de ij$j. Qq
3 3o
PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

au nouveau Titulaire, le montant net de la nouvelle por-


tion congrue, après ladite pension acquittée, non com-
pris le cafuel 6c les fondations, à peine de nullité desdites
permutations, résignations ou autres actes.
6e>. Que Sa Majesté n'entend néanmoins préjudicier
aux arrangements particuliers qu'Elie auroit cru ou croi-
rait devoir autoriser pour aucuns Diocèses, 6c qui pour-
voiraient d'autre 6c suffisante manière à la subsistance 6c
à Phonnête entretien des Curés 6c Vicaires.
7°. Qu'il fera incessamment procédé, par voie d'union
de Bénésices-Cures, ou non Cures, ou biens ecclésiastiques,
à la dotation des Curés 6c Vicaires à qui Pabandon total
des dîmes n'assure pas un revenu équivalent à la portion
congrue, 6c notamment à la dotation des Cures de Ville.
8°. Qu'il fera également procédé par voie d'union de
Bénéfices, ou biens ecclésiastiques, íoit pour améliorer
Pétat des Cures, lorsque des circonstances locales exigeront
qu'on en augmente la dotation, soit pour suppléer à Pin-
sufíìsance des Fabriques, soit pour dédommager les éta-
blissements les plus précieux, quel'accroiflement des por-
tion* congrues expose à une indigence alarmante, íoit en-
fin pour assurer des moyens d'éducation aux jeunes Clercs,
6c de retraite aux anciens Curés 6c Vicaires.
9°. Qu'il fera.pareillement procédé à la réduction ou
suppression des Vicariats ou Desservices devenus inutiles,
comme aussi aux suppressions, translations 6c unions de
Cures qui seront jugées convenables, 6c notamment dans
les Villes ou Bourgs, où il s'en trouve plusieurs ; en forte
qu'il reste, au moins deux mille Paroissiens de tout âge,
dans toutes celles qui seront conservées dans lefdites Villes
ou Bourgs , nonobstant toutes oppositions des Seigneurs,
des Communautés d'Habitants, des Paroissiens ou des Pa-
trons, autres toutefois que les Patrons laïques.
io°. Que les Archevêques 6c Evêques seront autorisés
à adresser à Sa Majesté, dans le cours de la prochaine an-
née, les états des Bénéfices ou biens ecclésiastiques, dont
ils jugeront que la destination peut être changée, ensemble
Pétat des destinations nouvelles qu'ils estimeraient plus con-
DU CLERGÉ DE FRANCE , 3 AOUT 1785.
331
venables de leur donner, à Peffet de remplir les objets ci-
dessus mentionnés.
II°. Que, fous le bon plaisir de Sa Majesté, les Ar-
chevêques 6c Evêques pourront désigner parmi les Béné-
fices a supprimer, quelques -uns de ceux qui dépendent
de la collation royale, dans les Diocèses où le Patronage
ecclésiastique ne présente pas de ressources suffisantes.
iz°. Qu'en dérogeant à Particle 1 8 de PEdit de 1606,
les consentements des Patrons 6c Côllateurs Ecclésiasti-
ques, même Réguliers, ne pourront être réputés néces-
saires ni leur refus empêcher ou retarder Peffet des sup-
,
pressions 6c unions que Sa Majesté auroit autorisées à
Peffet de remplir les objets ci-dessus mentionnés. ,
13 e. Que les consentements d'habitants qui auroient
quelque droit de Patronage, ne seront pareillement répu-
tés nécessaires à 1 égard des suppressions de Bénéfices, Con-
forces, Fraternités, ou Obiteries dépendants desdites Com-
munautés ; lesquelles suppressions il auroit plu à Sa Ma-
jesté d'autoriser, soit pour améliorer le fort des Curés 6c
des Vicaires, soit pour suppléer à Pinsuffisance des Fabri-
ques defdites Paroisses.
14e. Que les Bénéfices dont Sa Majesté aura approuvé
que la destination soit changée pour remplir les objets ci-
dessus mentionnés, ne pourront être résignés, ni
permu-
tés ni même, en cas de vacance, conférés ou impétrés
,
íàns néanmoins que les biens en provenant, ou les reve-,
nus d'iceux, puissent tourner au profit des oeuvres aux-
quelles ils feront destinés, qu'en vertu des Décrets des Evê-
ques Diocésains, revêtus de Lettres-Patentes enregistrées.
15*. Qu'au surplus toutes les dispositions de PEdit
du mois de Mai 1768 , en tout ce qui n'y seroit pas dé-
,
rogé par les précédents articles, seront maintenues dans la
nouvelle Déclaration.
Le Rapport fini, Monsieur l'Abbé de Boisgelin, Pro-
moteur, a pris la parole, &; a dit:
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Vous considérez comme un des principaux objets de
.Q q z
53^ PROCÉS-VËRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
vos Délibérations, les moyens de subvenir aux besoins.
des Pasteurs du second Ordre, pour les mettre en état de
remplir avec décence les fonctions importantes qui leur
font confiées.
La discussion que chacun de vous Messeigneurs 6c
,
Messieurs, a faite de cette matière, y a porté la lumière ;
elle vous en a fait sentir en même-temps toutes les dif-
ficultés.
II est de notre ministère de vous exposer les questions
6c les doutes que votre Délibération doit résoudre.
On demande, en premier lieu, si c'est pourvoir.suffi-
samment à la subsistance convenable des Curés portion-
mires j que de leur assigner la valeur annuelle de z y se-
tiers de bled-froment mesure de Paris.
,
L'Assemblée de 1765, qui a tracé le plan de PEdit de
1768, s'est déterminée à cette fixation, en suivant l'ana-
logie des augmentations de la Portion congrue, successi-
vement ordonnées par nos Rois, 6c en ayant égard à Pa-
bandon des Novales : PAssemblée de 1780 a penlé que
les Cures pouvoient avoir, selon les différents lieux, des
besoins qui excéderaient la fixation assignée par PEdit de
1768; c'est pourquoi elle s'est occupée de Paméiioration
ultérieure de leur fort, par voie d'union de Bénéfices
simples.
En second lieu la sixation de la Portion congrue doit-
,
elle être déterminée par une Loi générale, comme elle Pa
été en 1768 ?
II ne paraît pas qu'on puisse adapter avec justice un seul
6c même principe à la multiplicité 6c à l'oppositiòn des
cas particuliers. En comparant la situation relative des
Cures, l'abondance, plus ou moins grande, de certaines
Provinces, la pauvreté de plusieurs Diocèses, la destina-
tion d'un grand nombre de Bénéficiers-Décimateurs, on
découvre des rapports aussi utiles à ménager, que diffici-
les à concilier entr'eux.
Ensin on demande si la Loi fixera à une somme uni-
forme en, argent, da valeur de la quantité de setiers de
bled assignée pour la Portion congrue.
Dû CLERGÉ DE FRANCE J 3 AOUT 17SJ. 333
ïl est reconnu que la valeur des grains varie suivant Ia
situation des lieux, selon le cours du Commerce; 6c on
ne peut pas s'attendre qu'elle soit par-tout dans la même
proportion avec le prix des choies nécessaires à la vie.
Ainsi, dans le cas où la Loi fixerait une somme uni-
forme pour tout le Royaume, elle ne donnerait pas, en
effet, ce qu'elle auroit promis : son exécution contraire
à Pintention du Légistateur, causerait un préjudice ,
inévi-
table tantôt aux Décimateurs, 6c tantôt aux Curés.
La, détermination que vous prendrez fur ces différents
points, Messeigneurs6c Messieurs, préparera celle du Gou-
vernement ; elle fera le gage de la concorde qui doit régner
dans tous les Ordres de l'Eglise.
Je requiers en conséquence que vous ayez à délibérer,
par Provinces , fur l'augmentation de la portion congrue
qu'exige le prix actuel des denrées.
La matière mise en délibération, les Provinces ont été
appeliées. Celle de Vienne étant en tour d'opiner la pre-
mière PAssemblée a délibéré 6c arrêté de supplier Sa Ma-
,
jesté de vouloir bien agréer 6c autoriser, en la forme la
plus convenable les Articles suivants.
,
1 °. Que la portion congrue des Curés 6c Vicaires per-
pétuels tant ceux qui sont établis à présent, que ceux qui
,
pourront Pêtre à Pavenir, sera 6c demeurera fixée à la som-
me de sept cents livres.
i°. Que la portion congrue des Vicaires , tant ceux
qui font établis à présent, que ceux qui pourront Pêtre à
l'avenir par les Archevêques 6c Evêques Diocésains, fera
6c demeurera fixée à la somme de trois cents cinquante livres.
' 30. Que les Décimateurs, autres que les Curés, seront
6c demeureront tenus des Portions congrues des Vicaires
dans toutes les Paroisses où ils sont dans Pusage actuel de
les acquitter, quand bien même les Curés desdites Pa-
roisses ne se réduiraient pas eux-mêmes à la portion con-
grue , 6c qu'à Pégard des Paroisses où les Curés sont en
usage de payer leurs Vicaires, 6>Cde. celles où il en fera éta-
bli de nouveaux dans les formes prescrites par les Ordon-
nances , les Curés ne pourront s'en décharger fur les Dé-
3 34
PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
cimateurs, qu'en optant pour eux-mêmes ladite portion
congrue.
4°. Que la nouvelle évaluation des portions congrues
aura son effet, à compter du premier jour du mois de
Janvier qui suivra Penrégistremenc de îa Déclaration, sans
néanmoins qu'elle puisse avoir ion exécution avant le pre*
mier Janvier 17$7»
5^. Que, conformément, aux dispositions de PEdit du
mois de Juin 1671 , les Curés ne pourront résigner,
ni permuter, ni consentir aucun traité transtatif de leur
Bénéfice, avec réserve de pension, à moins qu'il ne
reste au nouveau Titulaire le montant net de la nouvelle
portion congrue après ladite pension acquittée, non com-
pris le caíuel & les fondations, à peine de nullité desdites
permutations , résignations ou autres actes.
6°. Que Sa Majesté n'entend néanmoins préjudicier
aux arrangements particuliers qu'elle auroit cru, ou croi-
rait devoir autoriser pour aucuns Diocèses, 6c qui pour-
voiraient d'autre 6c suffisante manière, à la subsistance 6c
à f honnête entretien des Curés 6c Vicaires.
70. Qu'il fera incessamment procédé, par voie d'union
de Bénéfices-Cures, ou non Cures, ou autres biens ecclé-
siastiques à la dotation des Curés 6c Vicaires, à qui l'aban-
,
don.total des dîmes n'assure pas un revenu équivalent à la
portion congrue, 6c notamment à la dotation des Cures
de Villes
8°. Qu'il fera pareillement procédé par voie d'union
de Bénéfices, ou biens ecclésiastiques, soit pour améliorer
Pétat des Cures, lorsque les circonstances locales exigeront
jqu'on en augmente la dotation, soit pour suppléer à Pin-
íuffisance des Fabriques, soit pour dédommager les Eta-
blissements les plus précieux que l'accroissement des por-
tions congrues expose à une indigence alarmante, soit enfin
pour assurer des ressources aux anciens Curés 6c Vicaires
que Page, ou les infirmités contraignent à la retraite.
90. Qu'il fera pareillement procédé à la réduction ou
suppression dies Vicariats ou desservices devenus inutiles,
comme aussi aux suppressions, transtations 6c unions des
DU CLERGÉ DE FRANCE3 3 AOUT 17SJ. 3 35
Cures qui seront jugées convenables, 6c notamment dans les
Villes ou Bourgs, où il s'en trouve plusieurs; en forte qu'il
reste au moins deux mille Paroissiens de tout áVe dans tou-
tes celles qui feront conservées dans lefdites Villes ou
Bourgs, nonobstant toutes oppositions des Seigneurs, des
Communautés d'Habitants, des Paroissiens ou des Patrons,
autres,toutefois que les Patrons laïques.
1 o°.
Que les Archevêques 6c Evêques feront autorisés
à adresser à Sa Majesté, dans le cours de la prochaine an-
née, les états des Bénéfices ou biens ecclésiastiques, dont
ils jugeront que la destination peut être changée, ensem-
ble Pétat des destinations nouvelles qu'ils estimeront plus
convenables de leur donner, à Peffet de remplir les objets
ci-destus mentionnés.
nQ, Que , fous le bon plaisir de Sa Majesté, les Arche-
vêques 6c Evêques pourront désigner, parmi les Bénéfices
à supprimer, quelques-uns de ceux qui dépendent de la
collation Royale dans les Diocèses où le patronaee ecclé-
siastique ne présente pas des ressources suffisantes.
izQ. Qu'en dérogeant à Particle 1.8 de PEdit de 1606,
les consentementsdes Patrons 6c Collateurs Ecclésiastiques,
même réguliers, ne pourront être réputés nécessaires, ni
leur refus empêcher ou retarder Peffet des suppressions 6c
unions que Sa Majesté auroit spécialement autorisées, à
Peffet de remplir les objets ci-dessus mentionnés.
130. Que les consentements d'habitants, qui auroient
quelque droit de patronage, ne seront pareillement répu-
tés nécessaires à Pégard des suppressions de Bénéfices, Con-
forces, Fraternités ou Obiteries dépendants desdites Com-
munautés, lesquelles suppressions il auroit plu à Sa Ma-
jesté d'autoriser, soit pour améliorer le sort des Curés 6c
des Vicaires soit pour suppléer à Pinsuffisance des Fabri-
,
ques desdites Paroisses.
140. Que les Bénéfices dont Sa Majesté aura approuvé
que la destination soit changée, pour remplir les objets ci-
dessus mentionnés, ne pourront être résignés, ni permu**
tés, ni même, en cas de vacance, conférés ou impétres",
fans néanmoins que les biens en provenant, ou les rêve-
3 36
PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

nus d'iceux, puissent tourner au profit des oeuvres aux-


quelles ils seront destinés, qu'en vertu des Décrets des
Evêques Diocésains revêtus de Lettres-Patentes enre-
,
gistrées.
150. Qu'au surplus toutes les dispositions de PEdit du
mois de Mai 1768 ', en tout ce qui n'y seroit pas dérogé
pat les précédents articles, feront maintenues dans la nou-
velle Déclaration.
'L'Assemblée a remercié Monseigneur PArchevêque de
Bordeaux ainsi que Messeigneurs 6c Messieurs les Com-
,
missaires, de leur travail.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 4 Août, à
«eus heures du matin.
Signé ^ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne , Président.

DU JEUDI, QUATRE AOUT I78J,


a neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne Président.
?

LV MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires pour la


SÉANCE.
Religion 6c la Jurifdiction, ont pris le Bureau.
Monseigneur PArchevêque d'Arles, Chef de la Commis-
sion a dit :
j
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
VOUS çonnoissez la position malheureuse de la Paroisse
de Monestier-Clermont, Diocèse de Die. II y a près de
trois ans que le simple porteur d'une Procuration ad re-
fignandumt exerce dans cette Paroisse, comme Pasteur en
titre, toutes les fonctions du saint ministère, en vertu feu-
lement des pouvoirs 6c de l'autorifation des Juges sécu-
liers virtute commijjionis nobis à fupremâ Curiâ Parla-
,
menti Gratianopolis conceffa. Tels sont les propres termes
des
DU CLERGÉ DE FRANCE, 4 AOUT 178J. 337
des Provisions de cette Cure, délivrées au Sieur Buisso-
nier, par le Sieur Ménilgrand, Chanoine 6c Chantre de
l'Eglise de Grenoble. Quel autre titre, en effet, auroit in-
voqué ce Mandataire ,-visiblement étranger à POrdre hié-
rarchique 6c ne jouissant d'aucune Jurifdiction, ni ordinai-
,
re , ni déléguée ? Toujours fidèles à veiller fur les âmes con-
fiées à votre sollicitude, à peine étiez-vous assemblés, que
vous avez repris, fur cet important objet, les errements de
la derniere Assemblée de ij^z 6c qu'il a été fait une dé-
,
putation à M. le Garde des Sceaux, pour hâter le juge-
ment de la Requête présentée, au nom du Clergé, par
vos Agents, contre POrdonnance du Parlement de Gre-
noble. Entreprise d'autorité contraventions aux Loix de
,
l'Eglise 6c de l'Etat, les ouvertures de cassation naissent
en foule : elles ont été exposées dans le rapport de Mes
sieurs les anciens Agents avec tant de lumières 6c d'éner-
gie que vous nous dispenserez de les mettre de nouveau
fous, vos yeux, II est manifeste que de pareilles institu-
tions dans les Bénéfices à charge d'ames, ne. pourraient
s'étendre 6c s'accréditer, fans rompre les anneaux de cette
chaîne immense qui liée au berceau de l'Eglise par la
,
succession de ses Ministres, embrasse tous les Dépositai-
res de la Mission divine 6c surnaturelle que Jésus - Christ
a reçue du Père céleste, ôc.que les Apôtres ont reçue de
Jésus-Christ.
Quelqu'irréguliere que parût POrdonnance dénoncée
au Légistateur , comme les circonstances n'avoient pas
permis d'accompagner la Requête en cassation d'une copie
de cette Ordonnance, expédiée en forme de Brevet fur
la Supplique de la Partie, 6c restée entre ses mains de-
puis cette époque, orì a regardé comme un préliminaire
indispensable, d'ordonner le communiqué au Sieur Buis-
sonier, dont la réponse n'a été signifiée que depuis Pou-
verture de vos Séances. II a joint à fa production, non-
feulement POrdonnance du 30 Août 1781 qui a com-
,
mis le Sieur Ménilgrand pour faire titre de la Cure de
Monestier-Clermont, mais encore les Ordonnances des 18
Mai, n Août 178 1 9. 6c z o Août 1782. lesquelles
,
Procès-verbal de 178/, R ,r
3 38
PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
avoient permis au Suppliant de se retirer, à cet effet, par-
devant Monseigneur PArchevêque de Vienne, le Prélat
Suffragant le plus ancien en Sacre de cette Métropole,
6c Messieurs les Abbés de Rocheblave 6c de Tartonne, l'un
6c l'autre Conseillers-Clercs au Parlement de Grenoble.
On n'apperçoit aucune trace de renvoi devant le Pape 6c
les Délégués du Saint-Siège. II paraît que les différents
appels comme d'abus que l'Impétrant a cru devoir inter»
jetter, ont été simplement relevés par les Ordonnances
fufdatées, fans que le Parlement ait jugé l'abus. N'em-
pêchons est-il dit dans les conclusions du Ministère pu-
,
blic qu'il soit donné acle de £ appel comme d'abus du refus
,
du Sieur Archevêque de Vienne., du 3 o Mai dernier fur
fera ains il j
appartiendra.
lequel il procédé ÓC avec qui
L'Ordonnance du Parlement, qui fuit immédiatement ces
conclusions s'exprime ainsi : Acte de l'appel comme d'abus
,
interjette par le suppliant de l'Ordonnance de lArchevêque
de Vienne dont s'agit, fur lequel il fera procédé ains <3G avec
qui il appartiendra SG à ces fins, Lettres ; (5£ cependant
j pardevant L'Evêque de la Province
le suppliant se retirera
de Vienne., le plus ancien en Sacre., pour en obtenir Les Pro-
visions de la Cure dont s'agit. On retrouve littéralement la
même disposition dans les Ordonnances qui ont reçu le
Sieur Buiífonier appellant des refus de Monseigneur l'E-
vêque de Die 6C de Monseigneur l'Evêque de Valence.
II est temps de jetter un coup-d'oeil fur la défense de cet
Appellant. Elle commence par une analyse très-étendue
des réponses de Monseigneur l'Evêque de Die, de Mon-
seigneur PArchevêque de Vienne 6c de Monseigneur l'E-
vêque de Valence, discussion prématurée & sans objet.
Ce fera aux Juges qui demeureront saisis de la connoissance
du fonds de Paffaire, après le succès de la demande en
cassation, à peser dans une juste balance ces diverses ré-
ponses. Quand 011 les supposeroit injustes, 6c même abu-
sives le Clergé ne seroit pas moins fondé à reclamer -con-
,
tre Pinterversion de POrdre Hiérarchique^-par de seul fait
de la puissance temporelle. Enfin ce qui écarte entièrement
les longues 6c vaines déclamations du Sieur Buissonier,
DU CLERGÉ DE FRANCE* 4 AOUT 178 J. 339
c'est que Pabus n'est pas encore jugé. Si Pintention du Par-
lement avoit été de prononcer définitivement fur ses ap-
pellations , il falloit y faire droit dans une audience publi-
que , contradictoireinent avec les Parties intéressées, 6c
singulièrement avec M. le Procureur-Général j il falloit
se servir des formules de prononciation nettes 6c tranchan-
tes , si impérativement consacrées par l'article 3 7 de PEdit
du mois d'Avril 1695 6c l'on ne voit que de simples Or-
,
donnances provisoires, rendues fur la Requête de la Par-
tie 6c avec réserve expressé de procéder ultérieurement
,
avec qui 6c de la manière qu'il appartiendra. Ainsi la
question de Pabus est restée entière, 6c ne peut servir de
baie à cette multitude de renvois si légèrement prodigués,
au préjudice des droits sacrés de l'autorité spirituelle.
Subjugué par la force 6c Pévidence des titres dévelop-
pés dans la Requête du Clergé, le Sieur Buissonier n'oie
pas méconnoître, dans la theíe générale, la nécessité de la
mission épiscopale pour la conduite des âmes 6c le gou-
vernement des Paroisses 3 mais il piétend être dans des
circonstances privilégiées 6c ofirir un cas particulier
,
d'exception. Après avoir cherché à se prévaloir de PArrêt
de soit communiqué comme s'il netoit pas notoire que le
j
défaut de représentation de la piece déférée à Panimadver-
sion du Conseil, avoit été le principe déterminant de cette
formalité, cet Ecclésiastique assimile la commission donnée
au Sieur Ménilgrand aux Ordonnances précédemment
rendues dans le cours de la même Instance, 6c présente
le silence du Clergé sur les premiers renvois, comme un
aveu de leur régularité. Combien nous sommes éloig-nés
d'un pareil aveu ! Toutes ces procédures ne sauraient échap-
per au reproche d'incompétence , si l'on n'en excepte le
renvoi devant Monseigneur PArchevêque de Vienne, qui,
comme Métropolitain , avoit qualité pour suppléer Mon-
seigneur PEvêque de Die dans les cas de droit. Quel-
qu'utiles 6c distinguées que soient les fonctions des Con-
seillers-Clercs dans les Parlements, fur-tout lorsqu'on fait
comme à Grenoble, allier les vertus du sacerdoce avec
celles de la magistrature ce n'est point eux que Dieu a
,
Rr z
34° PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
choisis pour donner en cette qualité le regimen ammarum.
Monseigneur l'Evêque de Valence lui-même étoit sans
pouvoir fur le fait des Provisions demandées, soit qu'on
considère fa Jurifdiction ordinaire resserrée incontestable-
ment par les Loix 6c les Canons dans les limites de son
Diocèse, soit qu'on envisage Pétonnante mission du Par-
lement mission radicalement nulle s'agissant d'une ma-
, ,
tière purement spirituelle. Si notre action n'a été dirigée
que contre la derniere Ordonnance, portant autorisation
en faveur du Sieur Ménilgrand, c'est qu'au moins cet acte
avoit été vise dans les Provisions de la Cure, données en
forme authentique par ce Chanoine de Grenoble, au lieu
que les Ordonnances précédentes n'étoieiit connues que
par des oui-dire, souvent fautifs , 6c jamais assez furs pour
motiver une plainte portée au pied du Trône, sous le nom
imposant de l'Eglise de France. Aujourd'hui que cette
fuite de Jugements a été signifiée en quelque sorte, à
,
PAssemblée dans la personne des Agents, il est de notre
devoir d'en poursuivre également la réformation. Mais,
reprend le Sieur Buissonier, après avoir épuisé tous les dé-
grés de la hiérarchie, il faut bien, dans la main des Tri-
bunaux, un frein, salutaire contre les refus concertés 6C
vexatoires des Supérieurs Ecclésiastiques. Nous étions char-
gés de la gestion de vos affaires, Monseigneur PEvêque de
Dijon 6c moi, quand le même langage se fit entendre en
faveur du Sieur Désalais, résignataire de la Cure de Cha-
lais, Diocèse de Poitiers, 6c pourvu de cette Cure par
M. l'Abbé Boucher, en exécution d'un Arrêt du Parlement
de Paris fur les refus consécutifs de Monseigneur PEvê-
que de Poitiers , de Monseigneur PArchevêque de Bor-
deaux 6c du Souverain Pontife. Nous opposâmes à ce dan-
gereux subterfuge les Loix générales du Royaume , qui
prescrivent la nécessité du renvoi au Supérieur hiérarchie
que d'une manière générale , absolue 6c sans distinction
quelconque, Pin jonction particulière faite par le Législa-
teur au Parlement de Grenoble, le 7 Décembre 1677,
de renvoyer devant le Supérieur du Prélat refusant, enfin
Particle 9 de PEdit du mois d'Avril 169J, qui, traçant
DU CLERGÉ DE FRANCE J 4, AOUT 1785. 341
la route à suivre en cas de refus mal-fondés, autorise alors
les Cours à maintenir les prétendants droit dans la pleine
possession du temporel 6c la jouissance des fruits, mais
en
faisant toujours dépendre les fonctions spirituelles de Pob-
tention du Visa par PEvêque, ou par les Supérieurs dans
la Hiérarchie. Si, dans des circonstances bien plus rares
que n'affectent de le publier les calomniateurs de PEpis-
copat, il est quelques victimes d'un concours de refus peu
réguliers, c'est un inconvénient très-réel, mais inséparable
de toute administration confiée à des hommes. Les mêmes
surprises se font renouvellées plus d'une fois dans Pordre
civil, 5c" pour des objets qui intéressent singulièrement la
fortune, la vie 6c Phonneur des citoyens. D'ailleurs la
voie de l'appei comme d'abus est ouverte à la partie lésée.
Elle peut obtenir des Juges laïques la régie 6c perception
des revenus, faculté dont Pexercice conserve à chacune
des deux Puissances les droits respectifs. Si même les actes
arbitraires venoient à se multiplier dans Pexpédition des
Lettres de Visa, contre le voeu formel des saints Décrets,
ce serait au Roi à prendre , en qualité de protecteur des
Canons, les mesures que fa haute sagesse lui inspirerait
pour en rappeller Pexécution, singulièrement par la tenue
régulière des Conciles Provinciaux ; mais des Magistrats
ne seront jamais en droit de s'asseoir dans nos Chaires, 6c
d'accorder valablement la charge des âmes par eux-mêmes
ou par leurs représentants. En fait de Jurifdictions d'une
nature si essentiellement différente, il n'est point de con-
sidération qui supplée au défaut de pouvoir, 6c Phomme
tenterait en vain de remuer la borne que Dieu lui-même
a posée entre le Trône 6c P Autel.
Cette réponse, puisée dans le sein des Loix 6c des prin-
cipes, fut accueillie favorablement j 6c par Arrêt du 14
Août 1771 le Conseil cassa celui du Parlement de Paris,
,
avec défenses au porteur de la Procuration ad refignandum,
de faire usage des prétendues Provisions données par le
Mandataire du Parlement de Paris. Mais pourquoi tant
insister à cet égard? La condamnation du Sieur Buissonier
est écrite dans fa propre réponse. II y suppose qu'un pou-
342- PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
voir si extraordinaire n'appartient aux Magistrats qu'après
avoir parcouru tous les dégrés de la Hiérarchie, 6c lors-
que les réponses des Prélats refusants ont été déclarées abu-
sives. Or, dans f espèce présente, il n'est pas même Venu
en pensée de recourir aux Commissaires du Pape -, aucun
Jugement n'a prononcé, y avoir abus dans les réponses
émanées des Supérieurs Ecclésiastiques •-, 6í Poubli des rè-
gles a été porté à cet excès, que c'est fur la seule Requête
de la Partie que préalablement ôc par provision, toute Péco-
nomie de POrdre hiérarchique a été confondue, 6c que des
Prêtres, fans Jurifdiction, ont été érigés par un Tribunal
laïque en réformateurs des Prélats de la Province de Vien-
ne , dans Pacte le plus intimement inhérent au ministère des
clefs, dans Pinstitution autorifable d'un Bénéfice à charge
d'ames, 6c la concession des pouvoirs nécessaires pour prê-
cher 6c pour confesser. Voici certainement un point de
vue bien diane de fixer les regards du Légistateur : il ne
laisse aucun prétexte aux vaines subtilités hasardées par
quelquesJurisconsultes modernes, pour donner aux Fidèles,
des Pasteurs qui ne soient point avoués par l'Eglise ; nou-
velle raison de faire incessamment présenter au Conseil des
Dépêches une ampliation de Requête.
Si quelque considération pouvoit enchaîner f activité de
notre zèle, ce seroit la crainte de retarder encore, par
cette démarche, le Jugement d'une assaire dont Pinstruc-
tion.na été que trop prolongéej mais la communication
de la seconde Requête n'est point obligatoire & de rigueur.
II s'agit ici d'un point de droit public, indépendant de
tout fait personnel. Les Ordonnances attaquées font re-
connues par la partie qui les a produites elle-même. Nous
les combattons avec les moyens employés déja contre POr-
donnance portant renvoi devant le Sieur Ménilgrand,
,
moyens fur lesquels le Sieur Buissonier vient d'être en-
tendu. A Pégard de la forme de procéder reprochée au
Parlement de Grenoble, le seul vu des Ordonnances de
cette Cour, atteste la vérité de Pinculpation j enfin les exem-
ples de cassations, intervenues au pied de la Requête, ne
sont pas rares, même au Conseil des Parties'.comment
DU CLERGÉ DE FRANCE } 4 AOUT 1785. 34^
élever des doutes fur Pexercice de ce droit par la personne
même du Législateur? Tout nous flatte de la douce espé-
rance que ce que Sa Majesté peut faire, elle le fera en
faveur de l'Eglise Gallicane assemblée, 6c dans une ma-
tière qui tient essentiellement à Papostolicíté des fonctions
pastorales 6c au repos des consciences. Mais jaloux de fixer
les incertitudes en vous invitant à vous pourvoir en cassa-
tion par le ministère de vos Agents contre les Ordon-
, ,
nances des 11 Août 1781,9 ÔC 20 Août 17Hz nous dé-
,
sirerions que PAssemblée députât vers M. le Garde des
Sceaux pour lui faire part de Pétat de la cause, de la pré-
sente Délibération 6c de la ferme confiante où est le
Clergé que la bonté, paternelle du Roi, fa justice 6c ía re-
ligion ne lui permettront pas de laisser subsister plus long-
temps dans une Paroisse ou les Protestants abondent, le
scandale d'une intrusion non moins destructive dés
,
règles canoniques 6c civiles que funeste au salut des
,
peuples.
Le Rapport fini, PAssemblée applaudissant aux réfle-
,
xions sages 6c judicieuses /présentées,par Monseigneur PAr-
chevêque d'Arles, a adopté P avis de la Commission : en
conséquence, il a été délibéré que Messieurs les Agents pré-
senteront au Conseil des Dépêches.sine nouvelle Requête
,
par laquelle, ajoutant aux conclusions ci-devant prises-, ils
demanderont la cassation des Ordonnances rendues par le
Parlement de Grenoble èn faveur du Sieur Buissonier,
les 11 Août 1781,9 6c 2.0 Août 1781. Monseigneur
PArchevêque d'Arles, Messeigneurs les Evêques de Grasse
6c de Limoges, 6c Messieurs les Abbés de Grimaldy, de
Grainville 6c de Bovet, ont été priés de voir M. le Garde
des Sceaux, de hji faire part de Pétat de cette affaire, de
la présente Délibération 6c de la ferme confiance où est
,
le Clergé que la justice du Roi 6c son amour pour la Re-
ligion, ne lui. permettront pas de laisser subsister le scan-
dale d'une intrusion, non moins destructive dès règles
canoniques 6c civiles, que funeste au salut des"arnes.
Messeigneurs6> Messieurs lés Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
344 PROCÈS-VERBAL DE L1ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, 5 Août
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RiCHARD, Archevêque 6C Primat
de Narbonne, Président.

DU VENDREDI, CINQ AOUT 178 j,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

LVI .L JLOnseigneur PArchevêque de Narbonne a dit


SEANCE; T :
Conformément à vos désirs, Messeigneurs ôc Messieurs ;
nous avons eu, [ Monseigneur PArchevêque d'Arles, Mes-
seigneurs les Evêques de Grasse 6c de Limoges, Messieurs
les Abbés de Grimaldy, de Grainville, de Bovet 6c moi,]
Phonneur de voir hier M. le Garde des Sceaux 6c de
,
l'entretenir des divers objets fur lesquels vous avez désiré
de conférer avec ce Chef de la Magistrature.
M. le Garde des Sceaux nous a-dit n'avoir point en-
core reçu du Roi le Mémoire que PAssemblée a eu Phon-
neur d'adresser à Sa Majesté concernant ses mauvais Li-
vres. II nous a promis de nous faire savoir la réponse du
Roi aussi-tôt qu'il en seroit instruit.
NOUS avons représenté à M. le Garde des Sceaux com-
bien il seroit nécessaire d'étendre aux Eglises Collégiales
les dispositions de la Déclaration du premier Décembre
1769Ì concernant les anciennes unions, afin de garantit
ces Etablissements utiles de l'avidité des Dévolutaires. Ce
Chef de la Justice a désiré que PAssemblée lui remît un
Mémoire fur cet objet.
Nous avons remis entre les mains de M. le Garde des
Sceaux toutes les pièces relatives à Paffaire qui s'est éle-
vée dans le Diocèse de Bordeaux, au sujet de la Thèse
du Sieur Graillot y 6C nous avons lieu d'espérer que les
entreprises de cet Ecclésiastique seront arrêtées, comme
elles doivent Pêtre.
Nous
j
Dû CLERGÌ DE FRANCE3 AOÚT 178)'. 54]
Nous avons ensuite entretenu M. le Garde des Sceaux
de Paffaire du Sieur Buissonier , Prêtre du Diocèse de
Die : nous avons fortement représenté combien il étoit
douloureux pour le Clergé) devoir un Ecclésiastiqueexer-
cer fans mission les fonctions curiales. Ce premier Ma-
gistrat nous a paru reconnoître toute Pimportance de cette
affaire.
Nous ne Pavons pas trouvé moins favorablement dis-
posé relativement à Pexécution de P Arrêt du Parlement
de Paris, du 14 Juillet 1784, dans le ressort du Bailliage
de Troyes dont il avoit déja connoissance. II a senti
, j
comme nous, Pinutilité de réparer, dans les registres de
Baptêmes, Mariages 6c Sépultures, des imperfections dont
personne ne se plaint, 6c combien il seroit fâcheux de faire
supporter à la succession des Curés 6c à de pauvres Fabri-
ques , les frais immenses que de telles opérations doivent
nécessairement entraîner.
M. le Garde des Sceaux a écouté, avec la même at^-
tention, les représentations que nous lui avons faites au
nom de PAssemblée, à Peffet d'obtenir la révocation de
Particle j de la Déclaration du z 6 Mai 1774 : il a pro-
mis de s'occuper incessamment de cet objet, 6c nous a
donné des espérances fur le succès des réclamations du
Clergé à cet égard.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires pour les
dîmes, ont pris le Bureau. Monseigneur PArchevêque de
Rheims Chef de la Commission a dit :
, ,
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Vous savez quel effet a produit, dans la Province de
Normandie, P Arrêt du Parlement de Rouen, du z s Mai
1784 : les Décimateurs croient le droit décimal anéanti j
les décimables espèrent que leurs obligations en ce genre,
n'auront plus d'autre Loi que leur propre volonté. Tous
ceux qui ont examiné cet Arrêt avec une attention plus
froide, n'ont pu s'empêcher de reconnoître qu'il contra-
rioit les anciens principes qu'il introduisait des chan'ge-
Procks-verbal de 178J. , Ss
$4-6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ments arbitraires , qu'il prefcrivoit des règles jusqu'alors


inconnues.
Dans un de ces Rapports dont nous remarquerions si
volontiers tout le mérite, si nous n'étions retenus par le
plaisir même 6c le tendre intérêt que nous avons à les
trouver dignes d'éloge, Messieurs vos Agents se sont em-
pressés, dès le commencement de vos Séances, de mettre
fous vos yeux un tableau fidèle de la révolution nécessaire
6c rapide que devoit opérer la nouvelle Loi. Convaincus
du danger trop réel dont étoit menacée une de vos pro-
priétés les plus anciennes 6c les plus sacrées, vous en avez
arrêté les íuites par Pactivité de vos démarches : l'avan-
tage que vous avez obtenu, doit vous être garant d'un
succès plus complet j 6c vous le hâterez, fans doute, en
renouvellant vos sollicitations 6c vos instances.
Pour les justifier nous avons cru devoir traiter en dé-
tail tous les objets ,qui ont un rapport direct avec cette
question importante. Après vous avoir fait la lecture de
PArrêt de règlement, des Lettres-Patentes qui en suspen-
dent Pexécution pendant le cours de cette année, 6c de
PArrêt d'enregistrement de ces Lettres-Patentes, nous au-
rons Phonneur de vous développer le système que présen-
tent les dix articles du règlement, nous vous ferons voir
les suites 6c les conséquences de ce système j nous en pro-
poserons les motifs, 6c nous les discuterons ; cet examen
nous donnera Phistoire du régime décimal en Normandie
pendant Pefpace de cinq siécles entiers, 6c nous montre-
rons que ce régime s'est soutenu constamment jusqu'à
Pépoque du règlement qui tend ouvertement à le dé-
truire.
La discussion de tous ces points nous a forcé de donner
quelque étendue à ce Rapport : mais il ne s'agit pas ici
du Procès d'un particulier ; nous avons à défendre les in-
térêts d'une des plus grandes Provinces du Royaume 6c
du Clergé 3 6c pour soutenir votre attention en leur fa-
veur , nous avons pensé que la prolixité nous nuirait en-
core moins que Pobscurité, nous aurions craint d'ailleurs
de trahir les espérances des Décimateurs de Normandie,
DU CLERGÉ DE FRANCE, j AOUT 1785. 347
si nous avions négligé quelqu'une des raisons qui nous
ont paru leur inspirer plus de confiance.
Le système du Parlement de Normandie est facile à Exposition E du.
[^ du Par-
saisir3 sa marche est vive 6c imprévue, mais elle n'est pas système
déguisée. Voici, Messeigneurs 6c Messieurs, le précis de lement.
ce íystême dans ses principes 6c ses conséquences.
Le règlement ne distingue que deux sortes de dunes,
les dîmes folites 6c les dîmes insolites : les autres divisions
des dîmes en dîmes grostes, dîmes menues, dîmes vertes,
n'ont de rapport qu'aux contestations 6c aux droits res-
pectifs des Décimateurs : ces divisions sont étrangères au
droit décimal. Pour connoître ce droit en lui-même, pour
juger de fa nature, il doit suffire, dit-on d'adopter la
,
seule 6c unique division consacrée par le règlement.
Les dîmes folites sont celles du bled-froment, du seigle,
de Porge 6c de l'avoine 3 ces quatre productions forment
seules 6c exclusivement la classe des dîmes folites.
Les dîmes folites sont dues de Droit Commun 3 elles
font imprescriptibles.
Toutes les autres productions quelconques forment la
classe des dîmes insolites.
Toute dîme insolite, quelle qu'elle soit, offre, dans fa
seule dénomination un vice radical, un titre de proscrip-
,
tion 5 de droit, elle n'est point due.
Une dîme que l'on ne doit pas, ne peut être perçue que
par une sorte d'usurpation du Décimateur , ou par une
espèce de concession libre 6c volontaire du Décimable.
L'usurpation ne se couvre, la concession ne se présume
que par la prescription.
La prescription n'est consommée que par la possession
quarantenaire.
Vous voyez, Messeigneurs 6c Messieurs, la fatale, mais
inévitable conséquence de ces principes : nul Décimateur
ne pourra exiger la dîme de quelque production que ce
soit, distinguée des quatre gros fruits, à moins qu'il ne
prouve qu'il en a prescrit le droit par une possession qua-
Tantenaire.
La preuve de la prescription ou de la possession quaran-
S s z
348 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tenaire, de percevoir la dîme de telle production, peut être
fournie ou demandée de trois manières différentes.
Je somme un tel particulier de me payer la dîme du
sarrasin, par exemple, ou bled noir qu'il cultive aujour-
d'hui dans tel champ spécialement désigné3 il me la refuse,
jusqu'à ce que j'aie justifié d'une possession quarantenaire
en ma faveur : je peux donc être forcé de prouver : Ou
que depuis quarante ans j'ai perçu la dîme de toutes les
productions excrues fur le terrein particulier qui produit
aujourd'hui le sarrasin, dont je réclame la dîme. [ Ceete
possession est celle que le Règlement appelle pojsejsion sur
le fonds.] Ou je dirai : depuis quarante ans ce champ a pro-
duit du sarrasin , comme il en produit encore aujourd'hui,
6c pendant tout cet espace de temps j'ai perçu la dîme du
bled noir excru fur ce terrein. [Cette possession, suivant
le Règlement, est la pojsejsion jur la chose ou sur le fruit
pour lequel il y a procès.] Ou bien enfin je serai con-
damné à faire voir que depuis quarante ans je perçois la
dîme fur la plus grande partie des sarrasins cultivés dans
le canton ou dans la Paroisse. [ Et c'est là la possession que
le Règlement désigne, sous le nom de possession sur le plus
grand nombre des productions de l'espèce pour laquelle il y
d procès. ]
Nous venons de vous dire Messeigneurs 6c Messieurs,
,
que, suivantle Règlement, le Décimateur étoit obligé de
faire la preuve de la possession quarantenaire pour toute
espèce de dîme insolite quelle qu'elle soit 3 nous vous avons
fait remarquer que cette preuve pouvoit se faire de trois
manières différentes. Quelle est celle de ces trois manières
de preuves à laquelle le Règlement assujettit le Déci-
mateur ?
Le Décimateur ne sera plus admis à faire la première
efpece de preuve la preuve de la possession sur le fonds ;
,
c'est-à-dire 6c suivant l'exemple dont nous nous sommes
,
déja servi, que pour percevoir la dîme du sarrasin provenu
aujourd'hui sur tel champ désigné, il ne me suffira plus
de prouver que depuis quarante ans j'ai perçu la dîme de
toutes les productions excrues fur ce terrein.
DU CLERGÉ DE FRANCE> s AOUT 178;. 349
Vous appercevez facilement, Messeigneurs 6c Messieurs,
que ce seul article anéantit totalement la dîme de subro-
gation ou de substitution, puisque le droit de subrogation
ou de substitution , relativement à la dîme , n'est autre
chose que le droit de lever la dîme sur un fruit quelcon-
que , cultivé dans tel champ, par la seule raison que depuis
quarante ans toutes les productions excrues fur ce même
terrein ont été sujettes à la dîme.
II ne reste donc plus que deux sortes de preuves de la
possession quarantenaire auxquelles on puisse contraindre
le Décimateur j à savoir, la preuve de la possession qua-
rantenaire fur la chose ou le fruit„ pour lequel il y aura
procès, 6c la preuve de la possession quarantenairesur Le
plus grand nombre de l'efpece de fruit pour lequel il y aura
procès.
Le Décimateur est condamné à faire l'une ou l'autre de
ces deux sortes de preuves, mais chacune d'elles dans des
occasions différentes.
Le Règlement partage en deux grandes classes toutes
les productions dont il prétend que la dîme est insolite.
La première classe, outre les étangs 6c pêcheries, com-
prend toutes ces productions, toutes ces plantes que les
Naturalistes appellent plantes vivaces : ce font celles qui se
régénèrent ou le perpétuent d'elles-mêmes 6c fans culture 5
on peut les distinguer fous le nom de productions perma-
nentes.
La seconde classe des productions dont la dîme est in-
solite renferme toutes les espèces de fruits qui se récol-
,
tent annuellement, 6c qui se reproduisent chaque année
par une nouvelle culture : tels sont le lin , le chanvre ,
les diverses espèces de légumes, en un mot, les produc-
tions que la nature n'accorde qu'à une culture jucceffive
ÓC variable.
Pour percevoir la dîme des productions de la première
classe des productions permanentes le Décimateur sera
obligé d'administrer la preuve de la., possession quarante-
naire fur la chose, ou la production pour laquelle il y aura
procès. Ainsi lorsque le Décimateur voudra exercer le
£j© PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉES-GÉNÉRALE
xkoit décimal sur tel pré, il ne lui suffira pas de prouver
que depuis quarante ans il perçoit la dîme furie plus grand
nombre des prés de fa dïmerie; il faudra qu'il prouve
que depuis quarante ans il perçoit la dîme fur la produc-
tion de tel pré.
La derniere forte de preuve de possession quarantenaire
est réservée pour les productions qui forment la seconde
classe des dîmes insolites, pour les productions d'une cul-
ture successive cX> variable ; c'est-à-dire, que pour obliger
tel Cultivateur à payer la dîme du chanvre cultivé dans
son champ je dois lui prouver que depuis quarante ans
j
je perçois la dîme fur la plus grande partie des chanvres
excrus 6>C cultivés dans le canton 6c Iur la Paroisse.
Ainsi Messeigneurs 6c Messieurs, toute dîme excepté
, ,
celle des quatre gros fruits, est insolite : toute dîme inso-
lite n'est point due 3 toute dîme qui n'est point due en
droit, ne peut être exigée qu'en vertu de la possession qua-
rantenaire : la possession quarantenaire de percevoir la dî-
me sur tel fonds, ne sera admise dans aucun cas 5 la pos-
session quarantenaire de percevoir la dîme sur tel fruit,
nommémentexcru en tel lieu désigné, est nécessaire pour
les dîmes insolites de la première classe 5 la possession qua-
rantenaire de percevoir la .dîme sur le plus grand nombre
de l'efpece de production en litige, sera requise pour tou-
tes les dîmes insolites de la seconde classe. Tel est, en deux
mots , le plan de la nouvelle Loi. Pour que vous pussiez
plus facilement en saisir Pensemble, nous avons cru devoir
vous montrer chacun des anneaux par lesquels les consé-
quences sont liées entr'elles, 6c sont enchaînées au prin-
cipe général.
Suites & con-
on-
Cet exposé est à peu près textuellement dans PArrêt
p"r de 1784: les suites funestes, dont il menace les Décima-
séquences du
syíiême du Par-
lement. teurs de Normandie, sont moins développées3 mais le voile
qui les couvre est bien léger. Les Parties intéressées Pont
soulevé aisément > 6c les craintes des Décimateurs, les
espérances des Décimables ont excité, dans toute la Pro-
vince, la plus grande fermentation.
La fuite vraiment effrayante de PArrêt de Règlement,
DU CLERGÉ DE FRANCE J J AOUT 1785. 33-1
c'est de fournir aux Décimables des occasions multipliées
<ie dépouiller par-tout les Décimateurs : pour trouver
ces
occasions, il ne faut aller les chercher, ni dans des temos
très-éloignés, ni dans des hypothèses chimériques ou in-
vraisemblables.
i°. Le renversement du principe de la substitution doit
sixer d'abord Pattention de tous les Cultivateurs. La voix
de Pintérêt, si persuasive pour les habitants de la campagne,
les avertira de cultiver en fruits non décimables les fonds
qui, jusqu'à présent, auront rapporté des fruits décimables.
Cette conversion supprime toutes les dîmes des quatre gros
fruits, 6c dès-lors pius de dîmes folites.
z°. Un fonds prélente aujourd'hui telle production per-
manente , dont la dîme est prouvée appartenir au Déci-
mateur, parce que depuis quarante ans il exerce le droit
décimal fur cette production excrue dans tel fonds parti-
culier : [ cette dîme insolite est de la première classe ]
comment le Décimable pourra-t-il se débarrasser de cette
redevance qui lui pesé ? A cette production il en substi-
tuera une autre de dîme insolite de la première classe 3 le
bois sera remplacé par une prairie 3 le pré sera planté en
bois3 à Posier il lui fera facile de faire succéder le saule,
au saule le genêt, au genêt le jonc marin, ainsi des autres
plantes ligneuses 6c vivaces. Dans ce cas, à quel titre le Dé-
cimateur pourroit-il prétendre la dîme? Sur les productions
dont la dîme est dîme insolite de la première classe, le
droit de dîme peut être prescrit, non plus par la posses-
sion quarantenaire fur le fonds, non par la possession qua-
rantenaire fur le plus grand nombre des productions de la
même efpece, mais par la possession quarantenaire de la
dîme de telle production, spécifiquement excrue sur tel
terrein : la production est changée, il est évident que lu
derniere, par sa nouveauté même, échappe essentiellement
à la possession quarantenaire3 par conséquent plus de dîme
insolite de la premiei'e classe.
Dans Pexemple que nous avons Phonneur de vous pro-
poser ici, nous n'avons pas le mérite de Pinventionj Phy-
pothese a vraiment été réduite en fait, 6c la contestation
3JI PROCÈS-VERBAL DE L'ASS.EMBLEE-GÉNÉRALE

a été portée au Parlement de Normandie depuis la publi-


cation de son Arrêt de Règlement.
Un terrein planté en bois blanc, étoit assujetti au droit
décimal depuis plus de quarante ans : on sema des glands
fur ce terrein 5 Pestai réussit, 6c le propriétaire a fait arra-
cher le bois blanc qui retardoit Pessbr du chêne : le bois
en chêne est à fa première coupe 3 le Curé en demande la
dîme, parce qu'il la percevoit fur le bois excru fur ce
terrein, 6>C que le chêne est du bois 3 le Propriétaire re-
fuse la dîme,, 6c motive son refus íur la nouvelle Loi. II
dit : la dîme de tout bois est dîme insolite de la première
classe : pour la dîme insolite de la première classe, il ne suffit
pas de prouver la possession quarantenaire fur le fonds 3 il
faut prouver la possession quarantenaire fur l'efpece de
production pour laquelle il y a procès. Ici Pobjet en litige
est le chêne, 6c le chêne est spécifiquement distingué du
bois blanc.
30. Le Règlement exige qu'on ne puisse percevoir la
dîme fur les productions ou fruits qui composent la se-
conde classe des dîmes insolites, qu'en justifiant de la pos-
session quarantenaire sur le plus grand nombre de l'efpece
de fruits pour laquelle il y aura procès. Le Cultivateur
coupera la racine de toute contestation 3 à l'efpece de fruit
dont la dîme sera justifiée par la possession quarantenaire
fur le plus grand nombre, il substituera, ou une espèce de
fruit d'une dîme insolite de la première classe ou bien
,
une espèce de production, dont la dîme est insolite de la
leconde classe, 6c fur laquelle le droit décimal ne pourra
point s'établir par la possession quarantenaire, fur le plus
grand nombre des fruits ou productions de cette efpece;
'&C ce calcul, à la portée du plus simple habirant des champs,
fera disparaître toute dîme insolite de la seconde classe.
Qu'on ne dise pas que'Pintérêt éclairé des Cultiva-
teurs s'opposera naturellement à toutes ces interversions
de culture.
Sans doute Pintérêt d'un Cultivateur pourra le détour-
ner de s'attacher long-temps à toutes ces variations 3 mais
son intérêt bien entendu lui suggérera ces combinaisons
frauduleuses
Du CLERGÉ DE FRANCE, $ AOUT 178J. $p
frauduleuses pendant trois ou quatre ans3 ce court espace
de temps suffira pour interrompre la possession quarante-
naire : 6c lorsque le Décimateur aura perdu ce fil, qui seul
pouvoit le guider dans le labyrinthe des difficultés susci-
tées par les Décimables, rien n'empêchera le Cultivateur
de reprendre avec sécurité la culture la plus favorable à
ses spéculations économique*.
Mais ce qui alarme fur-tout les Décimateurs, c'est fat-
tention ou peut-être Pinadvertence qui a fait ranger dans
,
la première classe des dîmes insolites, toutes les prairies
artificielles : ce seul mot doit hâter, plus que tout le reste,
la ruine des Décimateurs, 6c particulièrement des Déci-
mateurs de la Basse-Normandie*
Dans la majeure partie de cette Province, le voisinage
de la mer, le nombre des rivières, Ia nature du fol, la fa-
cilité de l'exploitation la modicité des frais de culture,
,
tout invite à convertir les terres en herbages 3 les herbages
artificiels étant placés parmi les dîmes insolites de la pre-
mière classe, ils ne peuvent être soumis au droit décimal,
ni par la possession quarantenaire fur le fonds, ni par la
possession quarantenaire fur le plus grand nombre des fruits
de la même efpece; ils ne peuvent Pêtre que par la pos-
session quarantenaire fur telle espèce excrue en tel heu,
possession physiquement impossible, 6c parce que dans la
plupart des cantons Pusage des prairies artificielles ne re-
monte pas à trente ans, 6c parce que ces espèces de pro-
ductions n'ont qu'une existence très-courte 3 elles languis-
sent 6c dépérissent au bout de quelques années, 6c l'on
ne peut les régénérer qu'après avoir confié à la terre, qui.
s'est épuisée à les nourrir, des productions tout-à-fait
disparates.
Après que l'on aura supprimé les dîmes folites, les dî-
mes insolites de la première classe , les dîmes insolites de
la seconde classe comment pourvoir à cette subsistance
,
que les Loix divines 6c humaines ont dû 6c voulu procu-
rer au Pasteur des âmes, au Ministre des Autels? Le Par-
lement de Normandie n'ose le décider 3 il auroit craint
d'excéder ses pouvoirs, s'il avoit prononcé de fa propre
Procès-verbal de 1785. Tt
3|4 PROCES-VERBAL DE L AsSEMBLÉE-GÉNÉRALE
autorité sur un objet aussi important : cependant il fait
entrevoir de loin une foible ressource pour les Décima-
teurs, 6c il Veut bien la leur ménager fous le hon plaisir
du Roi : c'est la disposition de l'article 9. Dans le cas où.
l'on cultivera en fruits décimables plus de deux tiers des
terres productives d'une Paroisse , alors le Décimateur
pourra prétendre 6c exiger, à titre d'indemnité, la dîme,
non de ces deux tiers, mais de l'excédent de ces deux tiers.
Le Règlement a voulu s'expliquer ici avec une clarté qui
prévînt 6C levât toute efpece d'équivoque : en sorte, dit-
il, que « dans chaque Paroisse il ne pourra avoir lieu à la
3j
demande de la dîme des productions non décimables, à
35 titre d'indemnité, que lorsque la quantité des terres en
33
productions non décimables , commencera à excéder les
33
deux tiers des terres productives de ladite Paraisse 3 6c
3j
le droit décimal ne pourra s'exercer que fur les produc-
33 tions
des terres dernieres converties en fruits non déci-
33
mables. s>
Pour constater que les conversions en fruits non déci-
mables excédent les deux tiers des terres d'une Paroisse,
il faut arpenter tous les fonds 3 il faut en dresser Procès-^
Verbal contradictoirement avec les Parties intéressées 3 il
faut discuter avec les Décimables si dans les terres vai-
,
nes 6c vagues, on doit, ou l'on ne doit pas, comprendre
les terres qui ne produisent pas, mais qui pourraient pro-
duire 3 il faut payer les frais de ces longues opérations.
Lorsque les Décimateurs auront surmonté toutes ces
difficultés, quel sera le prix de leurs peines 6c de leurs
dépenses? II peut arriver que le Curé n'en retire abso-
lument aucun. Dans les Paroisses où le revenu des Curés
consiste uniquement en menues dîmes, où le gros Déci-
mateur perçoit la dîme du froment 6c des autres dîmes
folites, le Curé ne pourra point récolter la dîme fur les
deux tiers convertis en productions non décimables 3 il ne
pourra point récolter la dîme fur le tiers qui fiait le partage
du gras Décimateur 3 il ne pourra exercer le droit déci-
mal, que fur la partie du tiers dont les habitants prive-
ront le gros* Décimateur par une nouvelle culture, c'est-
DU CLERGÉ DE FRANCE, $ AOUT 178s. 3 jj-
à-dire, qu'il ne restera presque rien au Curé. Dans îa sup-
position même où le tiers excédant sera totalement con-
verti en menues dîmes, qu'en résultera-t-il ? que le gros
Décimateur fera entièrement dépouillé, &que la dîme du
Curé sera réduite du dixième au trentième puisque la
dîme rigoureuse sur le tiers d'un terrein, n'est, plus que le
trentième de la dîme fur le terrein entier.
Jusqu'ici nous vous avons exposé les inconvénients les
plus frappants de PArrêt de 1784. Pour les découvrir,
nous n'avons pas eu beíoin de nous livrer à des conjec-
tures 3 ils tiennent à la substance même du Règlement 3
ils sont consignés dans les dispositions de ses principaux
articles.
Nous avons cherché à démêler les motifs qui ont pu
déterminer le Parlement à rendre contre les Décimateurs
un Jugement aussi sévère.
Dans la Province de Normandie on distingue fur-tout Motifs du fys
deux époques importantes, relativement au droit déci- 'tî*me du Parle-
mal : la première est Pannée 1 2-oj-, à laquelle se rapporte ment.
Penquête des Barons3 la seconde est Pannée 1 666, où plu-
sieurs articles furent ajoutés à la Coutume, sous le nom
de placités.
Aussi-tôt que Philippe-Auguste eut réuni à la France Premier motif*
la Province de Normandie, séparée depuis si long-temps L'Enquête des
de la Couronne ce Prince, en Administrateur prudent, Barons & l'Or-
, donnance de
s'empressa de connoître plus particulièrement les Loix Philippe - Au-
les Usages, les Coutumes qui avoient régi ses nouveaux,
guste.

sujets, lorsqu'ils étoient sous la domination des Rois d'An-


gleterre. Vingt-deux Barons, pour se conformer aux in-
tentions du Monarque s'assemblèrent à Rouen au mois
de Novembre 120J 3 ils, dressèrent un état de 1 z articles,
dont la plupart concernent les droits du Clergé. Le pre-
mier article s'exprime ainsi au sujet des dîmes : Diximus
per Sacramentum qubd non vidimus _, tempore Henrici SG Ri-
chardi quondam Anglioe Regum* qubd aliquis redderet déci-
mas de foenis, aut de geneflis, aut de bojcis ubi prius non
fuerint decimau.
Quatorze ans après cette enquête des Barons Philippe-
,
Tt z
55 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Auguste y répondit, dit-on, en ces termes : De decimis
ita flaiutum efl quod décima reddanturficut hactenus reddi-
toe funt j ÓC fie debent reddi.
Ou aime à voir dans ces deux textes le fondement de
la nouvelle Loi fur les dîmes : les Barons attestent qu'en
11 o j 6c sous les deux derniers Rois Anglois, on ne payoit
point la dîme des foins, des genêts 6c des bois, à moins
que ces productions n'eussent été auparavant assujetties à
la dîme : certains fruits, dès ce temps, étoient donc exemp-
tés de la dîme par la Coutume 3 tous les fruits n'étoient
pas alors sujets à la dîme de droit commun 3 ce droit étoit
restreint par Tissage 3 la possession étoit le seul titre que les
Décimateurs puisent valablement alléguer,6c la seule pos-
session légale est, en ce genre, la possession quarantenaire.
Philippe-Auguste consacre ces règles par le lceau de
l'autorité souveraine : que Les dîmes continuent de se payer
suivant la coutume ÓC comme elles l'ont étéjusqu à présent ;
jóC j
c efl ainsi non autrement ,qu elles doivent être payées.
En 15 11, les étangs 6c les pêcheries étoient délivrées
de la servitude décimale, comme les foins, les genêts 6c
les bois. Cette exemption est une fuite manifeste des Let-
tres-Parentes de Louis XII, par lesquelles il est défendu
aux Juges d'Eglise de connoître des matières décimales,
relativement à tous ces objets : la possession n'est pas du
ressort des Juges Ecclésiastiques 3 la possession seule pou-
Voit donc acquérir aux Décimateurs la dîme de ces pro-
ductions.
De-là s'est établie 6c sixée en Normandie la division des
dîmes en dîmes folites 6c dîmes insolites.
Deuxième mo-mo* Les articles placités, rédigés par le Parlement en 1666,
tif.
ides d'après les ordres de Louis XÍV, 6c faisant supplément à
Les articles
§cs la Coutume, ont jette, dit-on, un grand jour fur cette
placités rédigés
en 1É6Í.
matière : les seuls articles 117 6c 118, parlent des dîmes.
Ils font conçus en ces termes : Article 117, « on pref-
5> crit par quarante ans les biens domaniaux des Ecelé-
» siastiques, aussi-bien que'ceux des Laïques, à la réserve
35
des dîmes folites, desquelles on peut seulement prescrire
'j la quotité. »
DU CLERGÉ DE FRANCE, j AOUT 1785. 357
Article 118, « ô£ au regard des dîmes des bois, prés
ÔG autres dîmes insolites elles peuvent se prescrire
>3 > par
6>Cfont jugées par la possession fur la chose
a? quarante ans,
33 pour
laquelle il y a Procès, 6c non par la possession fur
33
le plus grand nombre des héritages de la Paroisse. 33
D'après ces deux articles, on ne doit reconnoître en
Normandie que les dîmes folites 6c les dîmes insolites. Les
dîmes folites selon l'article 117, sont imprescriptibles
,
quant à la substance 3 les seuls quatre gros fruits, bled
seigle, orge 6c avoine, sont imprescriptibles quant à la,
substance 3 ils forment donc seuls les dîmes folites. Selon
l'article 11 8 la dîme de tous les autres fruits est prescrip-
,
tible quant à la substance 3 la dîme de tous ces fruits est
donc insolite, 6c le Clergé ne peut la réclamer qu'en jus-
tifiant de sa bonne 6c valable possession.
Que dit de plus l'Arrêt de Règlement de 1784 ? II ne
fait que développer ces maximes 3 il.ne propose donc pas
une nouvelle Loi 3 il respecte les Loix antérieures 3 il main-
tient les règles antiques en les interprétant 5 en les expli-
quant, il les confirme.
Nous avons cru qu'il étoit de notre devoir de vous rap-
porter ces motifs de l'Arrêt fans les assoiblir, 6c de les
examiner fans partialité. Après avoir rendu un hommage
sincère à la pureté des intentions des Magistrats de Nor-
mandie nous ne craindrons pas de dire que nous n'avons
,
pas été également convaincus de la force de leurs raisons.
Et d'abord nous avons eu peu de peine à nous persua- Examen de
der que l'on donnoit à l'Enquête des Barons bien plus l'Enquête des
Ba
Barons.
d'importance qu'elle ne doit en avoir.
II se présente une difficulté qui doit beaucoup diminuer
le crédit que cet article de l'Enquête n'a usurpé que de-
puis peu d'années dans la Province de Normandie 3 cette
difficulté, c'est que les Compilateurs les plus habiles ne
s'accordent nullement fur la manière de lire le texte même
de cet article.
Deux Registres de Philippe-Auguste „
manuscrits, l'un
,
numéroté 8408 l'autre numéroté 9851, que nous avons
,
consultés nous-mêmes à la Bibliothèque du Roi, préscn-
|-j<8 PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALR

tent le texte en ces termes : Non vidimus qubd aliquis red


deret décimas-... mji prius fuerint eleemojînata. Cette le-
.
c^on a été adoptée.dans les Preuves des
Libertés de FEglise
Gallicane, chapitre 35.
Dom Bestin, Bénédictin de la Congrégation de Saint-
Maur., dans fa Collection des Conciles de la Province de
Normandie,rapporte cette Enquête, 6>Cremplace ces mots :
Nifi prius fuerint eleemofinatoej par ceux-ci : Ubi prius non
fuerint deamatoe. II appuie son texte fur l'autorité d'un ma-
nuscrit de M. Bigot.
Duchesne, dans fa Collection des Historiens de Nor-
mandie fur l'article d'Odéric Vital, rapporte ce passage
,
bien différemment : Non vidimus qubd aliquis redderet dé-
cimas de feras aut de genefiis aut de sofas ubi prius
fuerint demosmau. j Ces , ,
leçons présentent autant de diver-
sité dans le sens que dans les mots. Le savant Ducange se
tourmente beaucoup pour expliquer le texte de Duchesne:
Fénoe font les marchandises foraines 3 sofa, sont des ter-
j
res incultes. Pour le demosmau il penie qu'il y a une er-
,
reur de Copiste, 6c qu'on doit lire : Domus diruu. Ainsi,
d'après Ducange, les Barons diraient qu'on ne percevoir
point la dîme fur les marchandises vendues dans les Foi-
res, fur les genêts 6c fur les terres auparavant rendues in-
cultes par la ruine des habitations des Colons : il y a, ce
nous semble, bien loin de-là aux dîmes folites, aux dîmes
insolites de la première classe, 6c insolites de la seconde
classe.
Si les Barons ont voulu dire, nifi prius fuerint eleemofi-
nate, peut-être n'est-il question que de la restitution des
dîmes, retenues par les Seigneurs laïques, fur-tout dans ce
genre de production qui dévoient être plus naturellement
de leur domaine. II est constant que les monuments histo-
riques du douzième 6c du treizième siécles nous appren-
nent qu'à cette époque les Seigneurs laïques s'étoient em-
parés d'une très-grande partie des dîmes ecclésiastiques3
ìes Curés, les Evêques, les Papes eux-mêmes avoient con-
tribué a les faire passer dans leurs mains pour se ménager
: .cction, 6c quelquefois par des motifs moins purs.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 5 AOUT 178/. %$$
L'Eglise, dans plusieurs Conciles-, crut devoir faire les plus
grands efforts pour rentrer dans ses biens, 6C pour obliger
íes usurpateurs à les restituer aux véritables propriétaires.
Le second Concile général de Latran, tenu vers le milieu
du douzième siécle, défend aux laïques de retenir les dî-
mes, 6c les avertit que quand même ils les posséderaient
par les concessions des Evêques, ils commettent un sacri-
lège, 6c sont en danger de leur salut, s'ils ne les fendent
aux Eglises auxquelles elles appartiennent. Saint Louis,
successeur prefqu'immédiat de Philippe-Auguste, puisque
Louis VIII ne régna que trois ans, saint Louis déploya,
en izi8, toute son autorité pour rétablir les Ecclésiasti-
ques dans leurs droits. « Nous voulons, dit-il, 6c ordon-
»» nons que les dîmes dont l'Eglise a été dépouillée pendant
as
long-temps, lui soient rendues, 6c nous défendons aux
33
laïques de les retenir. 33 Décima quibus fuit Ecclefia longo
tempore per malitiam inhabitanùum defraudata., flatuimus
ÓG ordinamus qubd reflituantur Ecclefiis, ÓG amplius laid

non detineant,Jed eas Ecclefiis libéré haberepermutant.Cette


Ordonnance est rapportée dans le Recueil du Louvre, tome
premier, page 50. Le Canon du Concile général 6c l'Or-
donnance du Souverain, nous prouvent combien ces usur-
pations étoient fréquentes, 6c difficiles à réprimer puis-
,
qu'elles luttoient, 6c se souienoientcontre les forcesréunies
des deux Puissances. Après la conquête de la Normandie,
le Clergé employa fans doute ses prières 6c son crédit pour
recouvrer ses possessions 3 les Barons répondent qu'ils ne
doivent rendre les dîmes que lorsqu'il est prouvé qu'elles
appartenoient auparavant à TEgliíe 3 ils vouloient, avec
raison, conserver leurs dîmes domaniales, qui étoient com-
munes alors, 6c que nous retrouvons encore aujourd'hui
dans plusieurs endroits du Royaume sous le nom de
Champarts.
Cette explication est confirmée, 6c par le mot eleemo-
fin.au, par lequel on désignoit dans ces temps tous les biens
du Domaine de l'Eglise, eleemofina, bona eleemofinata
6c par le mot reddere. Dans une infinité de Décrets de>
l'Eglise 6c d'Ordonnances de nos Rois, au sujet de la prés
$6o PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tation des dîmes, on ne se sert jamais que des expressions ;
solvere, persolvere proeflare donare offerre. Nous ne
, , ,,
voyons motle reddere, joint à celui de décimas, que dans
le seul Canon 10 du Concile de Latran, où il s'agit visi-
blement de la restitution des dîmes usurpées par des laï-
ques : décimas ... à laids pojjîden...prohibemus3fivè enim
ab Epifiopis vel Regibus vel quibujlibet perfpnis eas accepe-
rint: nifiEcclefu reddiderint sciant se sacrilegii crimen com-
j
mittere.
Cette restitution des dîmes usurpées par les laïques, n'a
certainement aucun rapport avec la nature de la redevance
décimale, 6c la manière de l'acquitter.
Enfin si l'on adopte le texte qui paroît le plus accrédité
en Normandie 3 si les Barons attestent qu'on ne payoit pas
les dîmes, ubi priìis non fuerint deamau nous deman-
,
dons d'abord ce que c'est que des dîmes dîmées ou non
dîmées, décima non decimau; ou, si l'on veut, en mépri-
sant les règles grammaticales les plus connues, que les
mots non decimau, fe rapportent \foenis, geneflis ÓG bof-
cis nous demandons encore si l'enquête ne prouve pas
j
le contraire de ce que l'on voudroit en conclure. On de-
mande aux Barons quel est l'ufage de la Normandie pour
la prestation de la dîme.. Ils assurent, avec serment, que
pour les foins, genêts 6c bois, feulement , ceux-là ne
payoient point la dîme, qui étoient dans la possession de
ne point la payer. N'est-ce pas convenir qu'ils payoient
généralement la dîme de tous les autres fruits 5 qu'ils ne
prétendoient élever fur ce point aucun doute 3 qu'on la
payoit même ordinairement fur les foins, genêts elbois5
que cependant fur ces trois espèces de fruits il y avoit
quelquefoisdes exceptions» mais que ces exceptions étoient
restreintes aux terres 6c aux particuliers qui s'étoient li-
bérés de cette redevance, par le non-usage, par la pos-
session de ne point fournir les dîmes de cette efpece, ubi
prius non fuerint decimau ? N'est-ce pas reconnoître que,
même pour ces productions, le Droit Commun étoit en
faveur du Clergé 3 que raffranchissement ne pouvoit s'ac-
quérir que par un usage contraire 3 que la preuve de cet
usage
DU CLER.GÉ DE FRANCE, J AOUT I78J. 361
usage étoit à la charge des Propriétaires, 6c non pas des
Décimateurs, suivant la règle de droit 3 que tout deman-
deur en exception est obligé de rétablir, ubi prius non fue-
ì
rint decimau De ces trois variantes, de ces trois explica-
tions, quelle est la plus fidèle ? C'est un problême que nous
laissons à résoudre aux Commentateurs 6C aux Grammai-
riens : nous avons peu d'intérêt à favoriser les conjectures
des uns plus que celles des autres 3 mais nous observerons
qu'on ne peutgueres former que des conjectures fur ce texte,
dont la construction est louche, dont le sens est obscur,
dont la lettre même est fort embarrassée 3 6c nous croyons
qu'aux yeux d'un Tribunal équitable, d'une Cour Souve-
raine, une piece aussi informe ne peut point servir de base
pour trancher sur un des points de droit les plus impor-
tants d'une des plus grandes Provinces du Royaume.
En vain voudroit-on donner quelque poids à l'enquête Examen ] de
des Barons par la réponse de Philippe-Auguste, « qu'on l'Ordonnance J
^t Philippe-
de
33 paie
la dîme comme on l'a payée jusqu'à présent 3 car Auguste.
Aus

33 c'est
ainsi qu'on doit la payer : Deama reddantur ficut
33
hacîenus reddiufunt SG fie debent reddi. 33
3
II est indispensable de vous faire connoître cette préten-
due Ordonnance de Philippe-Auguste, invoquée 6c citée
par le Parlement à la tête de son Arrêt de Règlement, 6>C
qu'il rapporte à Tannée 1119.
Cette Ordonnance n'a point de titre, n'a point de date :
elle garde un profond silence fur le nom de celui de nos
Rois qui a pu la rendre : en parlant une seule fois du Sou-
verain elle se sert de l'expression la plus vague : In hoc
,
concordati funt Rex SG Barones. Quel est ce Roi ì Elle n'en
dit absolument rien.
Qui sont ces Barons ì sont-ce des Barons Normands ? des
Barons d'une autre Province ? des Barons de tout le Royau-
me? L'Ordonnance ne nous en instruit pas 3 les matières
qui font le sujet de l'Ordonnance, n'éclaircissent pas ces
doutes: elles pouvoient intéresser toute autre Province,
autant que la Normandie , 6c tout le Royaume, autant
qu'une Province particulière. II est question de la Jurifdic-
tion de rEglisc fur les laïques 6c les criminels 3 6c cette Ju~
Procès-verbal de 17 8 5. U u
362 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
risdiction étoit la même dans toute la France. Ce qui prou-
verait qu'il ne s'agit pas ici de la Normandie, c'est qu'on
parle des Archevêques au pluriel : Episcopi SG Archiepis-
copi; 6c l'on fait qu'il n'y avoit qu'un Archevêque en Nor-
mandie.
Quel que soit le Monarque, auteur de cette Ordonnan-
ce , il ne pouvoit, lorsqu'il la rendit, avoir en vue l'Enquête
aux Barons 3 les articles de l'Ordonnance 6c ceux de l'En-
quête sont très-différents 3 il suffit de les lire pour s'en
convaincre.
Les Compilateurs qui nous ont conservé cette Ordon-
nance , avouent bien eux-mêmes qu'ils ne lui trouvoient
aucun rapport avec l'Enquête aux Barons. Dom Luc d'A-
chery, dans son Spicilege, tome 6, la rapporte à l'année
13293 c'est mettre la décision 114 ans après l'Enquête.
Dom Bessin, page 101, la croit de 12043 c'est faire ré-
pondre le Roi un an avant la demande. Les Editeurs des
Ordonnancesdu Louvre ont été plus circonspects : ils n'ont
osé assigner aucune date à cette Ordonnance 3 ils l'ont pla-
cée au hasard, ou d'après des conjectures dont ils ne rendent
pas compte à la fuite des Ordonnances de Philippe-Au-
guste : 6c comme la derniere Ordonnance de ce Prince est
de 1219 c'est fans doute par cette raison que le Parlement
,
de Rouen adopte cette date3 mais ce choix, comme on le
voit, est purement arbitraire y6c ne peut" être justifié par
aucune règle de critique.
D'ailleurs n'est-ce pas encore très-gratuitement que le
Parlement donne à cette décifion le nom d'Ordonnance ?
En a-t-elle les véritables caractères ? Les Editeurs des Or-
donnances du Louvre ont remarqué que l'on pouvoit en
douter 3 6c c'est bien ici le cas d'appliquer l'Avertissement
qu'ils donnent à la tête de la Table Chronologique des
neuf premiers volumes de leur Recueil 3 qu'z/ y a peut-être
dans cette Collection des morceaux qu'on auroit pu ne pas
admettre en qualité d'Ordonnance.
Mais que signifie cette décision ? Dom Bessin la rapporte
en ces termes : Tertium Capitulum de decimis ita flatutum
efl qubd décima reddantur fiait hactenus reddita sunt, SG
DU CLERGÉ DE FRANCE ., J AOUT 17SJ. 363
ficut debent reddi. En l'attribuant à Philippe-Auguste, ou
à quelqu'autre de nos Rois du douzième siécle, les Loix
multipliées à cette époque pour faire rendre au Clergé les
dîmes usurpées, le mot reddere inusité jusqu'alors pour
,
le paiement des dîmes, nous portent à croire que le Mo-
narque ne fait ici que renouveller les ordres émanés à ce
sujet de l'autorité ecclésiastique 6c de l'autorité civile.
Si l'on veut que la Loi porte uniquement sur le paie-
ment de la dîme, elle ne change rien au droit établi, elle
ne fait que le confirmer : en supposant qu'alors le droit dé-
cimal s'étendît fur tous les fruits fans exception, l'Auteur
de l'Ordonnance ou Décision auroit pu 6c du dire : Déci-
ma solvantur, ficut hacïenùs foluu fiait, SG ficut debent
solvi.
La religion des Magistrats de Normandie a donc été
visiblement surprise, lorsqu'ils se lont portés à ordonner
l'exécution de cet article, comme celle d'une Loi formel-
lement opposée à la perception des dîmes nouvelles.
II résulte de cette discussion, que les monuments du trei-
zième siécle qu'on nous a opposés, ne prouvent nullement
qu'à cette époque tous les fruits n'étoient pas de droit assu-
jettis à la dîme, 6c qu'il en existoit fur lesquels le Déci-
mateur ne pouvoit exercer le droit décimal, qu'en vertu
de la prescription 6>Cde la posteísion quarantenaire.
Cette assertion ne se trouve, ni annoncée, ni indiquée
dans la prétendue Ordonnance de Philippe-Auguste 3 6>C
l'Enquête des Barons ne présente pas cette idée même en
,
adoptant, pour cette Enquête, la leçon 6c le sens le plus
favorable aux anti-Décimateurs.
Le Droit Commun de ce siécle est bien formellement Etendue du
attesté par deux Conciles de toute la Province de Norman- ]droit décimal à
die, tenus sous le règne de Philippe-Auguste 3 l'un quinze lY-poque
l'Enquête
]
de
des
ans avant, 6c l'autre dix-huit ans après l'Enquête aux Ba- Barons.
rons : Admoneanturfidèles , dit le Concile de 1-189, ut
de grano vino sructibus arborum foetibus ammalium
j ,
cannabo lanâ, cafeis SG de omnibus qua per,
_,
foeno lino,
j j
annum renovantur décimas intègre perfolvant.
L'autre Concile est de Tannée 1 2 2 3 : Décima quoque,
Uu 2
3 64 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
disent les Pères de ce Concile, per diflricîwnem ecclefiafii-
camsolvantur.... SG solutionem compartorum pracedatso-
Lutio dedmarum, vel saltèm qui comparta percipiunt., ea de-
cimare cogantur. Or tout le monde fait avec quelle vigi-
lance 6c quelle étendue les Seigneurs laïques ont toujours
exercé leur droit de champart 3 6c quant aux deux Con-
ciles Provinciaux si l'on ne vouloir pas reconnoître leur
,
autorité, comme vengeurs du droit décimal, on ne peut au
moins les récuser, comme témoins fidèles 6c respectables
de l'usase de leur siécle,
Commence-ì- NOUS devons cependant convenir que des-lors, íoit par
ment des res- la désobéissance des Décimables, soit
trictions du par la négligence ou
l- l'indulgence des Décimateurs, il
droit décimal.
y eut ceitains fruits moins
importants dont la dîme ne fut pas payée avec grande
exactitude 3 nous avouons fur-tout que dans ces siécles où
tant de causes malheureuses faisoient languir l'agriculture
6c le commerce les foins étant le plus souvent consom-
més en fourrage,, les bois étant rarement exploités par des
coupes réglées 6c des ventes très-utiles, quelques particu-
liers purent facilement acquérir l'habitude 6c la posteslìon
de ne point payer la dîme de ces objets. Le nombre des
exempts s'accrut 3 6c lorsque les Décimateurs se furent vus
si souvent repoussés par la prescription, ils s'accoutumèrent
à ne jouir de leurs droits, fur ces productions, qu'en vertu
du même titre qu'ils opposèrent à leur tour. Les contes-
tations, qui s'élevoient pour ces sortes de dîmes, présen--
toient donc aíìez généralement la question du posiestoire;
6c pour cette raison, Louis XII en attribua la connois-
sance à ses Juges. Les Tribunaux laïques ne manquèrent
pas d'ériger en maxime que les bois, prés 6c étangs, étoient
des dîmes insolites de droit, &: que les Décimateurs ne
pouvoient en jouir, qu'en justifiant d'une bonne 6>C vala-
ble possession fur le fonds même pour lequel il y aVdit li-
tige. Ce principe ne s'établit cependant pas fans contesta-
tion. Godefroy, qui vivoit dans des temps Voisins du Rè-
glement de 1 666, assure qu'on payoit là dîmè de 'Ces trois
productions, SG que fur-tout póùr les boïS taillis> tout le
monde étoit d accord ,ce sont ses termes, qu'il en étoit du
*
DU CLERGÉ DE FRANCE, J 1785. 365
AOUT
dîme lorsqu'ils sont coupés. Mais le fystême contraire a pré-
valu, 6c cette Jurisprudence paroît constante au Parlement
de Normandie.*
Quoi qu'il en soit de Torigine 6C de la cause de l'usage Origine
1 de la
particulier à cette Province, les Décimateurs s'appercurent svabítitution.
bientôt qu'il pouvoit, par ses fuites, leur devenir encore plus
funeste. La dîme des trois productions permanentes étant
communément regardée comme insolite, les Décimables,
pour étendre leur exemption , convertirent en bois 6>Cen
prés les terres sujettes à dîmes, 6c voulurent proroger leur
libération par la nature des productions substituées. Les Dé-
cimateurs remontrèrent que cette prétention tendoit visi-
blement à les dépouiller du droit décimal, 6c des seuls
moyens de subsistance qu'il leur procurait. Des réclama-
tions austi justes, furent favorablement accueillies. Le prin-
cipe, que les dîmes des trois productions étoient insolites,
fut balancé par un autre principe restrictif : c'est que de
droit les trois productions redeviendraient sujettes à la dî-
me , lorsqu'elles remplaceraient des fruits auparavant dé-
cimables, Ce principe tutélaire fut consacré par les Déci-
mateurs sous le nom de substitution. De-là naquit cette
espèce d'axiome que, mutatâ superficie soli, non mutatur
jus deamandi.
Des le douzième siécle on voit cette maxime servir de Confirmation
règle aux contestations de ce genre 3 6c les Défenseurs du de la íubílim-
tion l'c-
Clergé montrent, par une foule d'Arrêts, qu'elle a été poqneavant des pla-
cités.
constamment respectée.
Dans le Dictionnaire du Droit Normand, tome pre-
mier, page 22 6c 500 011 rapporte un Arrêt rendu à l'E-
,
chiquier de Pâques de Tannée 1234.
Cet Arrêt adjuge au Curé la dîme d'une piece de terre,
précédemment cultivée en fruits décimables, 6c nouvelle-
ment convertie, en pré.
Un Arrêt du Parlement de Rouen, du 13 Février 1517,
»
condamne un nommé le Faucq envers les Religieux du
Pleísis-Grimoult, au paiement de la dîme d'un herbage,
»
auparavant labouré. Cet Arrêt fe trouve dans le Traité
des dîmes de Forget, seconde partie, question 44.
$66 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Cet Auteur rapporte un autre Arrêt du 24 Juillet 1520.
Un nommé Hunot avoit fait un étang dans une piece de
terre labourable 6c décimable. Les mêmes Religieux du
Plestìs-Grimoult demandèrent la dîme dti poisson 3 Hunot
la refusa, la prétendant insolite. La Cour, par son Arrêt,
maintint les Décimateurs dans la poffejjion de dîmer Le pois
son fur ce fonds.
En 1 620 le Curé de Versainville demanda la dîme du
sainfoin sur des terres auparavant labourables 3 le Seigneur
du lieu la refusa : les Parties furent réglées à écrire 6>Cà
produire, 6c fur l'appel du Curé, la Cour lui accorda la
dîme.
Le 1 s Janvier 162.7 la Cour, en l'Audience de la Grand*
Chambre prononça de la même manière fur une contes-
,
tation semblable entre le Curé d'Urigny 6c le nommé
Coifferet.
Basnage, qui rapporte ces deux derniers Arrêts fur l'ar-
ticle 3 de la Coutume de Normandie, en cite un autre de
la même efpece, rendu le 16 Juin 1629, contre des par-
ticuliers de la Paroisse de Picauville.
Dans le Règlement donné par le Parlement de Nor-
mandie, en 1749 on vise trois Arrêts conformes au prin-
j
cipe de substitution : l'un rendu en faveur du Curé d'Argy,
le 14 Juillet 163 6 3 le second, du 28 Juillet 1643, au profit
du Curé de Saint-Côme-du-Mont en Cotantin 3 le troisiè-
me est du 22 Février 1647, &• ^ut renai1 en faveur du
Curé de Saint-Pierre-du-Mont. Dans cet Arrêt il se trouve
une circonstance remarquable 3 c'est que la Cour accorda
acte au Débiteur de la dîme de ce qiid ne contefloit pas le
Droit Commun ; savoir que La dîmefut due fur les herbages
*
qui avoient été labourés, SG qui avoient été changés de cul-
ture depuis quarante ans.
En 1664 le Parlement de Paris jugea une contestation
de cette efpece, élevée entre la Demoiselle Bunache 6c le
Curé de la Paroisse de Saint-Just, Paroisse enclavée dans
la Normandie. Le Parlement de Paris suivit les principes
dominants du Parlement de Normandie. La Demoiselle
Bunache fut condamnée à payer la dîme des bois taillis
DU CLERGÉ DE FRANCE, J AOVT 1785. 367
excrus fur des terres labourables. Basnage, qui rend compte
de cet Arrêt à l'article déja cite de son Commentaire,
observe que, sur cette matière, le Parlement de Paris don-
na un Arrêt conforme aux maximes de la Province de Nor-
mandie.
Nous voici parvenus à la seconde époque dont nous avons Etendue du
eu l'honneur de vous parler, au temps où furent rédigés droit jí décimal a
l'époquc des
les articles placités de 1666. placités.
p
S'il étoit établi dès-lors que les dîmes des trois produc-
tions permanentes formoient une classe particulière dé'.,
dîmes, une dîme insolite que les Décimateurs n'exigeoient
qu'en vertu d'une possession quarantenaire, dès-lors auíll
iì étoit bien reconnu que ces productions rentroient fous
le joug du droit décimal dès qu'elles s'emparoient d'un
terrein ci-devant labouré ,ô£ cultivé en fruits décimabîes 5
òC c'étoient là, comme Basnage le disoit, les maximes du
Parlement de Normandie.
Mais à cette époque, &C dans les íiecles antérieurs, exis-
toit-ii des fruits d'une régénération annuelle, des fruits d'une
culture variable qui fussent soumis au régime des trois pro-
ductions permanentes, de manière qu'on ne pût en exiger
la dîme qu'en prouvant, de la part du Décimateur; la posses-
sion quarantenaire ì Le dire, ce seroit avouer une erreur des
tuée de tout fondement, Ô£ contraire'à la Jurisprudence
la plus constante. Alors, fans doute, comme aujourd'hui,
Tindissérence de quelques Décimateurs, regardant certains
fruits comme peu considérables, a pu donner lieu à la non-
prestation de la dîme de ces fruits y mais cette non-presta-
tion n'opéroit la libération des Décimabîes que dans le
cas où ils la prouvoient par une possession quarantenaire.
Cette preuve étoit à la charge feule des prétendants à Tex-
ception 3 elle devoit être faite non fur un héritage particu-
lier, mais fur le plus grand nombre des héritages produc-
tifs de cette espèce de fruit.
NOUS n'entasserons pas ici des raisonnements superflus,
nous nous contenterons de vous citer Baíìiage, contem-
porain de cette époque, ô£ témoin oculaire de l'ufage alors
généralement établi fur cette ' matière. 11 nous apprend
368 PROCÈS-VERBAL DE L7ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
que les habitants du village de Sigy ne furent déchargés
de la dîme des pommes & des poires, dîme solite d'ailleurs,
qu en justifiant leur poffeffîon de ne point en payer la dîme >
qu'en Tannée 1666, le même principe libéra les habitants
du lieu, dit les Obeaux; que la dîme étoit due des arbres
fruitiers, des légumes & des autres grains croissant dans
les clos mêmes ôc les jardins, à l'exception des potagers ;
que dans une cause où il plaidoit lui-même, la dîme des
choux ôC des panais qui avoient été semés à la campagne,
fut adjugée au Décimateur.
II doit demeurer pour constant que, dans le ressort du
Parlement de Noiùnandie, à l'époque des Placités, 1 °. tous
les fruits de culture variable étoient généralement sujets
à la dîme; i°. qu'on ne pouvoit se libérer de cette rede-
vance , à l'égardde certains menus fruits, que par une pos-
session quarantenaire de non-prestation ; postestion qui de-
voit être prouvée par les Décimabîes, &í fur le plus grand
nombre des héritages ; 30. que les trois productions per-
manentes , prés, bois 8c étangs étoient regardées, par un
abus déja trop ancien, comme fruits dont la dîme étoic
insolite, ê£ ne pouvoit se percevoir par le Décimateur,
qu'en prouvant sa possession quarantenaire, non sur le plus
grand nombre des héritages, mais fur les fonds mêmes;
40. que, par un juste dédommagement, ces trois produc-
tions redevenoient décimabîes, dès qu'elles étoient trans-
férées fur des terres ci-devant en culture*
II nous reste à examiner ll les articles 117 &C 118 des
Placités de 1666, ont apporté quelque changement à ces
maximes; il est nécessaire de vous rappeller ces deux ar-
ticles.
Article 117. « On prescrit par quarante ans les biens
Examen en des
jplacités.
» domaniaux des Ecclésiastiques, aussi-bien que ceux des
33
Laïques, à la réserve des dîmes solites, desquelles seu-
y>
lement on peut prescrire la quotité, J?
Article 118. « Et à l'égard des bois, prés ÔC autres dî-
v mes insolites, elles peuvent se prescrire par quarante ans,
M ô£
feront réglées par la possession fur la chose pour la-
?>
quelle il y aura Procès, & non par la possession fur le
sj
plus
DU CLERGÉ DE FRANCE J $ AOVT 369 178/.
s?
plus grand nombre des autres héritages de la même
» Paroisse. 33
Voici les raisonnements que les adversaires des Déci-
mateurs proposent d'après ces deux articles.
i°. Les placités renferment toutes les dîmes en deux Objections c
classes ; les dîmes solites ÔC les dîmes insolites : on ne doitcont
:ontre les Dé-
.

rimateurs ti-
donc reconnoitre en Normandie que ces deux espèces de rées ,
rées des dispo-
sitions des P lai
dîmes. cité,
:ités.
zQ. La Jurisprudence n'admet pour imprescriptibles,
quant à la substance, que les quatre gros fruits. Par l'ar-
ticle 117, les seules dîmes solites font imprescriptibles : les
quatre gros fruits composent donc seuls la classe des dî-
mes solites, & tous les autres fruits dont ta dîme est pres-
criptible quant à la substance, composent la classe des
,
dîmes insolites.
3Q. Quel est le régime de toutes ces dîmes insolites?
On le comprendra, si l'on veut faire attention au vérita-
ble sens de l'article 118: c*est que toutes ces dîmes ne peu-
vent être exigées par le Décimateur, qu'autant qu'il fera
en état de prouver fa pofleísion quarantenaire de la percep-
tion de ces dîmes.
Suivant l'article 118, toutes les dîmes insolites peuvent
se prescrire par quarante ans. Que veut dire ici le mot
prescrire? Ce mot, comme on le fait, a deux acceptions
différentes : tantôt il signifie acquérir par prescription ; tan-
tôt il signifie se libérer par prescription : il est employé
dans ces deux acceptions à l'article 117. On ne peut pres-
crire les dîmes solites, parce qu'un laïque ne peut les ac-
quérir. On peut prescrire la quotité des dîmes solites, parce
que le Décimable peut se libérer d'une quote plus forte,
pour en payer une moins considérable. Dans l'article 118,
le mot prescriredoit nécessairement s'entendre de la pres-
cription du Décimateur pour acquérir. En effet, le mot
prescrire est joint aux dîmes insolites des bois ô£ des prés:
ces dîmes étant insolites de droit, le Décimable n'a pas
besoin de les prescrire pour s'en libérer. II les refuse comme
indues ôí fans prescription : c'est donc au seul Décimateur
qu'il appartient de les prescrire pour les acquérir : toutes
Procès-verbal de \j%$. Vv
37° PROCES-FERBJL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
les dîmes insolites ne peuvent donc être perçues par le Dé-
cimateur , à moins qu'il ne les ait prescrites, 6c qu'il ne
prouve , à cet égard, fa possession quarantenaire.
4°. Le même article 118 porte : « Que les dîmes in-
33
solites doivent se régler par la chose : la chose est le fruit,
33 ô£ non
le fonds; le fruit non décimable peut donc être
33
introduit fur un fonds ci-devant décimable , fans être
» pour cela soumis à la dîme : la dîme de substitution est
33
donc abolie. »
Ces observations prouvent, dit-on, ou bien que le ré-
gime auquel nous avons prétendu que les dîmes avoient
été assujetties avant l'époque des placités, n'avoitpas eu réel-
lement lieu, ou que les placités l'ont totalement changé.
Comme ces raisonnements comprennent sommairement
les dispositions des dix articles du Règlement, il est indis-
pensable de les discuter 6>C de faire voir ce qu'ils ont de
,
captieux ÒC d'équivoque.
Réponse àa la
i°. L'intention des Rédacteurs des Placités, nétoic
ìh' pojnt de classer les dîmes fous des divisions exactes : ils
première ob-
jection.
vouloient déterminer quelles étoient celles qui dévoient
plier fous la Loi de la prescription ; quelles étoient celles
qui pouvoient lui résister : ils disent que les quatre gros
fruits seulement sont imprescriptibles ; ils en concluent que
toutes les autres dîmes font prescriptibles quant à la subs-
tance , 6c leur objet est rempli. II est fort égal, du reste ,
que ces autres dîmes soient appellées solites ou insolites,
pourvu qu'elles soient déclarées 6c reconnues prescripti-
bles ; leur nom est indifférent.
II ne feroit, ni de l'équité, ni de la dignité du Clergé,
ni de la gravité d'une Cour souveraine , de faire dépendre
d'aussi grands intérêts de quelques équivoques frivoles :
les choses ne font pas asservies aux mots. Si, outre les dî-
mes des gros fruits ÔC les dîmes insolites de droit, nous
trouvons très-distinctement une autre espèce de dîme, les
dîmes des fruits de culture variable il feroit injuste de
,
vouloir les méconnoître, parce que la disette ou l'obscu-
rité du langage, ne permettroit pas de les appeller solites
ou insolites. Le Parlement a été si persuadé qu'il ne falloic
DU CLERGÉ DE FRANCE, $ AOUT 178/. 371
pas s'en tenir scrupuleusement à lá division des Placités 9
qu'il a lui-même reconnu cette troisième espèce de dîme si
il est vrai qu'il les range parmi les dîmes insolites, 6c qu'il
lui plaît de les nommer dîmes insolites de la seconde classe ;
mais cet ordre 6c ces noms font purement arbitraires» En
appellant ces dîmes des dîmes solites prescriptibles, la
Cour auroit tout autant respecté les Placités.
Nous osons ajouter qu elle fe feroit encore moins éloi-
gnée de la clarté 6c de la précision qu'exige cette matière,
si ces dîmes ne pouvoient être placées parmi les dîmes so-
lites à cause de leur prescriptibilité : il répugne encore plus,
qu'étant appellées par le Parlement lui-même dîmes d'usa-
ge , elles soient réputées dîmes insolites. La dénomination
feule s'y oppose.
Mais ce qui s'oppose sur-tout à leur donner place parmi
les dîmes insolites, c'est la différence absolue de leur régi-
me. L'article 11 8 des Placités a voulu que les dîmes in-
solites dont il fait mention, fussent réglées par/« possession
fur la chose, sans égard à la pojjejjîon fur le plus grand
nombre des autres héritages. Or, les dîmes d'usages se rè-
glent toujours, selon l'article 6 de la nouvelle Loi, parla
possession fur le plus grand nombre : elles ne peuvent donc
faire partie des dîmes insolites de l'article 118 des Placi-
tés ; elles doivent donc appartenir à la classe des dîmes
solites, ou former une classe particulière.
Cette conséquence est évidente 6c conforme au langage
ordinaire. Jusqu'à présent tous les Auteurs se sont réunis
à dire, 6c les Arrêts même Tont souvent jugé, que, dès
qu'un fruit, de quelque nature qu'il soit, devient la pro-
duction dominantèâU'une Paroisse, la dîme en est réputée
sòlite; cet usage général de la percevoir, en caractérise l'e£
pece , 6c l'appelle dans la classe des dîmes solites. Certai-
nement une dîme usitée dans une Paroisse fur le plus grand
nombre; une dîme levée fur un fruit qui est une des prin-
cipales récoltes ne peut être regardée comme insolite.
,
Ainsi le Parlement de Normandie a souvent jugé que la
dtfíië du sarrasin ou bled noir, étoit due de droit comme
gros fruit ÔC dîme solite. Basnage rapporte trois Arrêts
Vv *
372. PRGCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
des années 1611 1619 6c 1638 , qui Vont ainsi décidé,
s
.parce que , ajoute cet Auteur, le sarrasin sert à la nour-
riture de l'homme.
On doit donc comprendre les dîmes d'usage dans la
classe des dîmes solites, non, à la vérité dans la claíîe des
,
dîmes généralement solites * mais dans la classe des dîmes
solites Localement; solites, comme faisant une des princi-
pales cultures d'une Paroisse ; solites, comme les dîmes des
vins font solites en Bourgogne 6c en Champagne, quoi-
solites de la
que ces dernieres ne soient pas généralement
manière dont le font les quatre gros fruits, lesquels for-
ment la principale culture de tout le Royaume.
Réponse àLla
la i°. Prétendre, comme on l'indique dans la seconde ob-
ec" servation, que les dîmes d'usage étant prescriptibles, elles
íecoude objec-
tion,
ne peuvent être clastées parmi les dîmes solites qui font
imprescriptibles, ce feroit équivoquer fur les mots ; 6c ce
que nous venons de dire, doit lever cette équivoque : de
ce qu'une dîme qui est d'usage sur telle Paroisse, dont le
fruit en sait la principale culture, qui est payée par le plus
grand nombre; de ce qu'une telle dîme peut , dans une
autre Paroisse, avoir été prescrite par la non-prestation
quarantenairedu plus grand nombre, il s'enfuit bien qu'elle
n'est pas folite généralement ; mais elle est folite locale-
ment ; 6c encore une fois, il est impossible qu'étant d'u-
sage sur tel lieu, elle y soit insolite : ces deux idées se heur-
tent & se repoussent mutuellement.
On pourroit même dire que cette dîme localement so-
lite, jouit, pendant tout le temps qu'elle reste dîme d'u-
.
sage d'une espèce d'imprescriptibilité locale : elle se règle
,
par le plus grand nombre : un ou deux Cultivateurs qui
ne l'auroient pas payée pendant un laps de temps consi-
dérable ne feroient point reçus à opposer la possession iso-
,
lée de ne point payer. En jugement on n'auroit aucun
,
égard à leur postession, parce qu'en fait de dîme d'usage,
le plus grand nombre assujettit le plus petit ; 6c c'est la dis-
position même du nouvel Arrêt de Règlement.
Tout invite donc à dire que les dîmes d'usage sont âes
dîmes solites. Nous y sommes autorisés par la nature de
DU CIERGÉ DE FRANCE > $ AOUT 1785. 37^
la chosè 6C par l'analogie des mots : nous avons insisté fur
cette analogie, parce que dès qu'une dîme est folite, le
Décimateur qui la réclame n'a aucune preuve de posses-
sion à faire sinon pour la quotité, si elle étoit contestée;
,
nous avons insisté fur cette analogie, parce qu'on ne s'obs-
tine à mettre les dîmes d'usage au nombre des dïmes in-
solites, que pour imposer aux Décimateurs l'obligation de
prouver la possession quarantenaire fur le plus grand nom-
bre des Cultivateurs pour percevoir la dîme d'usage ; 6c
c'est l'objet de la troisième observation que nous opposent
les défenseurs du nouvel Arrêt.
3 °. Le raisonnement dont cette observation est appuyée, Réponse
J à 1A
n'a, comme les précédents, rien de spécieux que par une |[°, rroiíieme objec-
tion.
nouvelle équivoque.
On dit : la possession dont paiie l'article 118 est une
,
poslession dont la preuve doit être faite par les Décima-
teurs , puisque c'est la posiession sur des bois 6c prés. Ce
genre de possession est étendu, par l'article même , aux
dîmes d'usage, puisqu'après les mots bois ÓC prés l'arti-
cle en ajoutant, ÓC autres dîmes insolites, englobe> toutes
les dîmes qui ne font pas celles des quatre gros fruits.
Nous répondons que ces inductions trop subtiles, font
étrangères au texte même de l'article 118. Ces mots, au-
tres dîmes, n'ont de rapport qu'aux autres espèces de dî-
mes des productions permanentes, telles que les forêts, ge-
nêts, pâturages étangs 6c pêcheries qui compofoient la
claste des dîmes ,insolites de droit. L'article 11 8 veut que
la pofleísion des dîmes de cette clasle, soit réglée sur le
fonds, 6c non fur le plus grand nombre; 6C par cela seul,
il exclut la dîme d'usage, puisque l'Arrêt de Règlement
lui-même ordonne que la dîme d'usage soit réglée par le
.
fruit ÓC par la pojsejjlon sur le plus grand nombre.
En effet, exiger du Décimateur la preuve d'une posses
sion quarantenaire sur le plus grand nombre à regard de
toutes les espèces de dîmes d'usagé, ce feroit vouloir les
anéantir, en lui imposant une obligation injuste 6c im-
possible.
Elle feroit injuste, parce qu'une dîme d'usage 6c locale,
374 PROCES-VËRBÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
est autant acquise 'de Droit Commun dans la Paroisse où
elle est usitée, quel'est celle du bled dans tout le Royaume.
Pourquoi celle-ci est-elle en général de Droit Commun ì
C'est que le bled est généralement réputé faire une des
principales récoltes, 6c que, par cette considération la dî-
,
me en est toujours regardée comme folite. Mais si dans une
Paroisse, la culture d'un fruit quclcoaque est assêft étendue
pour composer, sur cette Paroisse, une des principales ré-
coltes ; si la dîme en a été perçue à l'égard du plus grand
nombre, depuis qu'il est cultivé ; en un mot si cette dîme
est d'usage dans tel dîmaire, alors elle est, pour cet endroit,
ce que la dîme du bled est pour tout le Royaume; elle est,
pour cet endroit? dîme folite; elle doit participer au'carac-
tère ordinaire des dîmes solites, pour lesquelles le Décima-
teur n'a aucune preuve à faire. Ici le Décimateur invoque
pour lui le Droit Commun ; ce droit fait son titre, jusqu'à
ce qu'il soit détruit par une possession contraire du plus
grand nombre des Décimabîes : le Décimable est deman-
deur en exception, lui seul est tenu de prouver. Pourquoi
exigeroit-on du Décimateur une preuve, absolument inusi-
tée 6c très-dispendieuse ?
Nous ajoutons que le plus souvent, cette preuve de pos-
session quarantenaire sur le plus, grand nombre, íèroit
impossible. ,
Les fruits assujettis aux dîmes d'usage,. ne font pas se-
més tous des ans fur le même fonds; le Cultivateur varie,
il laisse quelquefois écouler dix années sains ensemencer la
même espèce de fruit sur le même terrein ; dans ces chan-
gements successifs 6c multipliés, comment:, après- uo laps
de temps auísi long,, discerner les fonds qui ont produit
la même espèce de fruit? Ou trouver des hommes qui
aient àssez vécu, dont la mémoire soit assez sure St assez
fidèle pour débrouiller ces mélanges confus;, ÒC rendre
horaniage à la vérité ? La preuve de quarante ans-, fur le
plus grand nombre, feroit; donc évidemment impossible.
Vouloir y assujettir le Décimateur pour ce genre de cul-
ture-, c'est dire, en d'autres termes, que cette dîme* ne
lui est: pas due y qu'on veut le deílàisir de eêifô qu^il possède,
DU CLERGÉ DE FRANCE , s AOUT 178/. 375
de l'empêcher, en élevant contre lui une barrière insur-
montable, d'en acquérir jamais de pareilles.
La raison fondamentale du droit des Décimateurs fur .]Erendue du
, , décimal
les fruits de culture variable, c'est que tous les fruits font droic
dePi les Pla-
depnis
sujets à la dîme; c'est qu'il n y a aucun motif d'en exemp-cl:éi ci:és.

ter telle espèce de fruit, plutôt que telle autre espèce ; c'est
que tous ces fruits font destinés à la subsistance des Cultiva-
teurs 6cdes Ministres des Autels. Le bled est généralement
sujet à la dîme, parce qu'il fournit généralement 6c principa-
lement à la'subsistance des hommes. Un autre fruit cultivé
dans telle Paroisse fournit de même à la subsistance des
,
habitants, soit par une consommation réelle, soit parce qu'il
procure, par des ventes 6c des échanges, tout ce qui est
nécessaire à la consommation : ce fruit est donc de droit
aussi décimable que le bled 6c les autres gros fruits; c'est
de lui seul que les Colons tirent indirectement ou immé-
diatement leur subsistance, comme ailleurs les habitants
la trouvent dans la consommation 6c les échanges des qua-
tre gros fruits ; comme, dans les pays vignobles, les Cul-
tivateurs se la procurent par la consommation 6c réchange
de leurs vins.
Ainsi quand le fruit dont la dîme est demandée, n'est
pas dans une des espèces déclarées insolites par l'article 118
des placités, c'est-à-dire, dans une des espèces des produc-
tions permanentes; ou bien lorsque le Décimable n'a point
de prescription légale à opposer, la dîme doit en être ré-
putée folite, 6c comme telle, fondée sur le Droit Commun.
C'est ce que le Parlement de Normandie a jugé avant
son dernier Règlement de 1784, autant de fois que la
question s'est présentée. Nous nous contenterons de citer
quelques Arrêts postérieurs à l'époque des placités.
Le trèfle avoit été nouvellement cultivé dans la Paroisie
de Tourville ; le Curé demanda la dîme de cette nouvelle
récolte; les habitants la refusèrent, prétendant que c'étoit
une dîme insolite, qui exigeoit la possession quarantenaire
de la part du Curé : le Parlement, par Arrêt du 2.3 Août
17x9, sans avoir égard à ce soutien, ordonna le paiement
de la dîme.
-
jj6 PROCÈS-VERBAL DE L
ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
En 17J4 le Curé de Saoule réclamoit la dîme des trèfles
ou trémaines, nouvellement cultivés dans la Paroisse; le
Bailliage de Coutances l'en avoit débouté faute par lui
,
d'articuler des faits de possession sur le plus grand nombre
des Paroissiens : la Cour, en réformant la Sentence, con-
damna les Paroissiens à en payer la dîme.
En 17 67 le Curé de Saint-Pierre d'Arthenay deman-
doit la dîme du trèfle, que Ton récoltoit depuis trente ans
dans fa Paroisse ; il offrit de prouver que, depuis cette
époque, il en jouissoit : le Parlement, par son Arrêt du
11 Février, le dispensa de cette preuve, 6c lui adjugea
la dîme.
En 1770 les habitants de Tessy refusèrent aux Déci-
mateurs la dîme des trèfles nouvellement récoltés dans la
Paroisse ; 6c,ce qui est remarquable, ils conclurent fur i'ap-
pel à ce qu'il plût à la Cour les garder, 6c maintenir dans
la coutume 6c l'usage de ne pouvoir jamais être assujettis
au paiement d'aucune nouvelle dîme, que préalablement
les Décimateurs n'eussent fait apparoir de leur droit, ou
de fa possession paisible de quarante années de perception,
aux termes, difoient-ils, des Ordonnances 6c des Règle-
ments de la Cour. Le Parlement, par son Arrêt du $ Août,
rejetta leurs conclusions, Ôcles condamna à payer la dîme.
Quel étoit le motif d'une Jurisprudence aussi unifor-
me ? C'est que la dîme des trèfles n'étoit point dans la
claíle des dîmes insolites, des dîmes de productions per-
manentes ; c'est que les trèfles étant nouvellement intro-
duits dans les Paroisses, les habitants, qui contestoient la
dîme, n'opposoient, 6c ne pouvoient opposer aux Déci-
mateurs une libération acquise par la possession légale, par
la possession quarantenaire. Voilà pourquoi cette dîme a
été regardée, avec raison, comme une dîme ordinaire, com-
me une dîme fondée sur l'assujettissementcommun de tous
les fruits, lorsqu'on ne peut les affranchir par la prescrip-
tion ou possession de droit, comme il est réglé par l'arti-
cle j o de l'Ordonnance de Blois.
Ainsi lorsque le Règlement de 1784 restreint la dîme
folite à celle des quatre gros fruits, lorsqu'il oblige les Dé-
cimateurs 3
DU CLERGÉ DE FRANCE^ J AOUT 1785. 377
cimateurs, en cas de contestation, à établir pour les autres
espèces de fruits une perception de quarante ans fur le plus
grand nombre ; cetce Loi renverse l'ancienne Jurispru-
dence, 6c veut introduire des principes jusqu'alors incon-
nus dans la Province de Normandie.
40. Une autre innovation également sensible, 6c peut- Réponse
^ R
être plus importante, est celle qui est consacrée par l'ar- quatrième ob-.
ticle 8 de l'Arrêt de 1784, relativement à la dîme de
jection.
à la

substitution ; c'est la derniere observation qui nous reste à


examiner.
Cette innovation, d'une si grande conséquence pour
toute la Province de Normandie, tire encore uniquement
sa source de l'interprétation inexacte d'un seul mot de
l'article 118 des placités.
Nous serions inquiets d'être perpétuellement en oppo-
sition avec le Parlement de Normandie, fur le véritable
sens d'un Règlement fait par cette Cour en 1 666, si nous
n'avions été rassurés, en justifiant la fidélité de notre com-
mentaire par l'autorité même du Parlement, depuis l'épo-
que des placités jusqu'à celle de l'Arrêt de 1784.
Après avoir distingué les dîmes des prés, bois 6c autres
dîmes insolites fur les productions permanentes l'article
,
118 ajoute, « 6c seront réglés par la possession fur la chose
53 pour laquelle il y aura
procès, 6c non par la possession
" sur le plus grand nombre des autres héritages de la même
« Paroisse. "
Comment entendre ces mots, sur la chose F Suivant les
Décimateurs ces mots veulent dire, sur le fonds. Et voici
,
en conséquence comment ils ont raisonné.
Puisque les dîmes insolites doivent se régler par la pos-
session sur le fonds, lorsqu'une espèce de production per-
manente, telle que le bois, fera plantée dans une terre au-
paravant décimable, le bois, quoique dîme insolite, devien-
dra sujet à la dîme, à raison du fonds qu'il occupera, 6c
à titre de substitution.
Le Parlement, dans le nouvel Arrêt, veut que la pos-
session sur la chose, soit la possessionfur le fruit pour lequel
il y aura procès, 6c les Décimabîes pourront dire alors :
Procès-verbal de 17 8 j. Xx
37$ PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Les dîmes insolites doivent se régler par la possession sur
le fruit litigieux, sans avoir égard au fonds ; ainsi le bois
planté fur une terre ci-devant décimable, étant, de droit,
non-décimable, ne doit point la dîme, 6c fa substitution à
un fruit décimable, ne peut le grever de cette nouvelle
redevance.
Nous soutenons que la première interprétation est la feule
conforme au texte de l'article 11 8, 6c que ce texte n'est
pas susceptible du sens que lui prête TArrêt de Règlement.
La manière dont l'article du placité a été exécuté depuis
fa publication, l'interprétation que le Parlement en a don-
née par la Jurisprudence de ses Arrêts, le sentiment des
Auteurs Normands, qui ont écrit peu d'années après les
placités, doivent fixer le sens dans lequel l'article 118
doit être entendu.
Remarquons d'abord que l'article s'explique lui-même:
ces mots qui le terminent, ÓG non pas la pojsejfîon sur les
autres héritages, supposent néceflairement qu'il a précé-
demment fait mention d'un héritage. Tel est donc le sens
naturel du placité : « Et seront les dîmes réglées par la pos-
3>
session de l'héritage pour lequel il y aura procès, 6c non
33 par
la possession sur le plus grand nombre des autres
»>
héritages, »
Le Parlement lui-même a fixe expressément cette in-
terprétation par son Arrêt de Règlement du i 6 Juillet
1749. Cet Arrêt adjugea au Curé d'Epiney-Tusson la dî-
me de deux pièces de terre, précédemment labourées, 6c
mises en nature d'herbages depuis quarante ans. La Cour
ordonna de plus que conformément à l'article 50 de l'Or-
,
donnance de Blois, à l'article 28 de celle de Melon, 6C
aux termes de l'article 118 du Règlement de la Cour de
1666, l'usage observé fur chaque jonds, dans chaque Pa-
roisse feroit suivi.
,
Le sens naturel 6c littéral de l'article 1 18 est donc que
,
c'est la possession fur le fonds qui doit faire la règle des
dîmes insolites, 6c que la possession fur le fruit substitué,
n'est pas nécessaire pour en réclamer la dîme,
Confirmation
mation Par-là s'est conservée dans la Province de Normandie,
du droit
ir de
fie ,
DU CLERGÉ DE FRANCE , 5 AVUT 17$$. 379
.
la maxime qui veut, que le changement de culture des substitution
fubstim de*
,
terres décimabîes ne puisse nuire aux droits des Décima- pais le Placi-
££" les
tés.
teurs : c'est le fondemenc 6c le principe de la dîme de substi-
tution; principe qui a été maintenu, 6c par le Parlement,
6C par le Conseil du Roi, toutes les fois qu'il
a été attaqué.
Les Défenseurs de la substitution nous produisent
une
multitude d'Arrêts rendus fur cette matière, depuis les pla-
cités jusqu'à nos jours.
Dans Tannée 1666 le Sieur Haly de la Cour-Livet,
,
ayant converti des terres labourables en prairies, 6c le Curé
lui en ayant demandé la dîme, elle fut adjugée au Curé
de toutes les terres mises en labour depuis quarante
ans.
Le 9 Juillet 1675, Noël de Launay, de la Paroisse
d'Aubry-lès-Pantous, fut condamné à payer la dîme du
sainfoin, excru fur des terres changées de culture, quoi-
que le Propriétaire opposât qu'il labouroit plus que le tiers
de ses terres : cet Arrêt 6c le précédent font rapportés par
Basnage, sur l'article 3 de la Coutume.
Par deux Arrêts du Conseil, du 10 Août 1681 6c 19
Octobre 1690, rapportés dans les anciens Mémoires du
Clergé, partie 3 titre premier, il fut ordonné que dans la
,
Province de Normandie les dîmes seroient payées de tous
les fruits, quoique les terres aient changé de culture.
Les habitants de Livry avoient semé des joncs marins
fur des terres décimabîes; lors de la récolte, demande en
dîme de la part du Curé ; refus des habitants ; Arrêt de la
Cour en faveur du Curé, le 14 Juillet 1735.
Semblable Arrêt, en 1745 pour la dîme des joncs ma-
,
rins. Ces deux Arrêts font cités par M. de Cheuilly fur
Pefnelle.
Feu M. le Maréchal de Broglie avoit fait convertir &:
planter en bois un terrein considérable, qui avoit été la-
bouré auparavant; le Chapitre de Lisieux en demanda la
dîme qui fut perçue à la première coupe, 6c refusée à la
seconde : après beaucoup de poursuites en Règlement de
Juges, la cause fut portée au Grand-Conseil : ce Tribunal,
avant de prononcer, voulut connoître la Jurisprudence du
Parlement de Normandie ;,on lui présenta un acte de no-
Xx x
PROCÈS-VERBAL DE ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
•3"8.o L
toriéré, donné par douze célèbres Avocats de Rouen ; ils
attestèrent « que c'étoit une maxime constante en Norman-
55
die que le changement de culture des terres ne fait pas
,
» perdre le droit du Décimateur. » Le Chapitre deLisieux,
par Arrêt du 27 Août 17J4, fut maintenu dans la pos-
session 6c jouissance de la dîme des bois dont il s'agissoit.
Par Arrêt du Parlement de Rouen, du 16 Juillet 1758,
le nommé Favron de la Paroisse de Quatre-Faveris, fut
condamné à payer , la dîme de deux acres 6c trois vergées
de terres labourables converties en pâturages.
Un particulier, de la Paroisse de Mesnil-Germain, avoit
réuni sept vergées de terres labourables à son ancienne
cour pour augmenter ses pâturages : la dîme en fut accor-
dée au Décimateur par Arrêt du premier Août 177J.
Le 1 3 Mars 1777, la Cour jugea, dans la même espèce
6c suivant les mêmes principes, contre le Sieur d'Arbois,
de la Paroisse de Notre-Dame de Fresney.
Dans tous ces Jugements, 6c plusieurs autres rapportés
par M. Houart, au mot dîmes, section première du Dic-
tionnaire du Droit Normand le Parlement a prononcé
,
que les dîmes insolites les dîmes des productions perma-
>
nentes se régloient fur le fonds qu'une terre ci-devant dé-
cimable, astujettisloit, par cela, même, au droit décimal
toute production permanente , substituée à la précédente
culture ; en un mot, il a consacré la dîme de substitution.
On doit sur-tout remarquer dans cette question, trois
Arrêts de Règlement; l'un de 1666, l'autre de 1749, le
troisième de 1763. Le premier 6>C le dernier ont décidé
que les pépinières d'arbres à fruit font sujettes à la dîme,
lorsqu'elles font établies fur des fonds décimabîes, mais
feulement pour ce qui fera vendu hors de la Paroisse. Le
Règlement de 1749 fut rendu avec la plus grande solem-
nité ; toutes les Chambres furent assemblées; le ministère
public donna ses conclusions; il fut envoyé à tous les
Sièges du restort pour y être lu, publié &C afsicbé. Qu'a
décidé ce Règlement ? « LaCoUr,dit l'Annotateur de Pes
95 nelle, a adopté, par cet Arrêt, la maxime générale que
« les terres labourables,convertiesen herbages depuis qua-
DU CLERGÉ DE FRANCE, J AOUT 1785. 381
55 rante ans,
font décimabîes, quoique le Propriétaire la-
53
boure plus du tiers de íès héritages. 53
Ces Arrêts rendus, les uns fur des contestations parti-
culières, les autres comme des Règlements généraux pour
tout le ressort, ont sixé, par une Jurisprudence constante,
le sens de l'article 1 1 8 des placités. Les dîmes insolites doi-
vent se régler par la possession sur la chose, c'est-à-dire,
par la poílestion fur le fonds : un fonds décimable assujettit'
à la redevance décimable, même les-productions perma-
nentes qu'il reçoit; la dîme de ces productions est due à
titre d'indemnité & en vertu de la substitution.
Tous les Auteurs, tous les Jurisconsultes de la Province
n'ont pas entendu autrement l'article 11 8. Forget, Basna-
ge, Routier, Pesnelle, Raupnel, tous les autres Commen-
tateurs de la Coutume reo-ardent
o comme une maxime cer-
taine, que les terres labourables converties en herbages,
prairies, bois 6c autres productions semblables font sujettes
à la dîme.
Le texte de Routier, Pratique bénéficiale, chapitre 8,
est remarquable par fa précision 6c fa netteté : « Quand une
5?
fois le fonds a été labouré, dit cet Auteur, 6c qu'il a
53
porté des fruits sujets, à la dîme, la dîme alors devient
53 une charge
du fonds, ôc non des fruits, de manière que
33 tous
les fruits, de quelque nature 6c qualité qu'ils soient,
33 qui y
sont ensemencés 6c cultivés par après, demeure-
33 ront
sujets au droit de dîme fans avoir égard à la na-
,
33 ture des fruits, mais seulement du fonds, lequel étant
33 une
fois assecté au droit de dîme, y demeure toujours
33
assecté, fans que le changement de fa surface puisse faire
5j aucun changement au droit du
Curé, ni des autres Dé-
55 cimateurs. » Ainsi s'exprime Routier ; 6c l'on ne peut
pré-
senter, avec plus d'exactitude, le résultat des Loix, des Rè-
glements 6c des Arrêts qui ont formé cette Jurisprudence.
L'Acte de notoriété de 1754, visé par M. le Bailli-Mé-
nager, alors Avocat-Général,rend un témoignage authen-
tique à cette Jurisprudence du Parlement. " C'essuiìe ma-
35 xime constante en Normandie , disent les Avocats ; que
?5.le.changement de culture des terres, ne fait pas perdre
3$i PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
possession qu'il avoit sur
» le droit du Décimateur ; que la
33 les anciens
fruits., est continuée fur le même fonds, quoi-
33 que
la surface en ait été changée, 6c qu'on lui ait fait
33
produire du bois, 6c du foin dont la dîme est insolite;
33 que
la dîme de ces nouveaux fruits est due comme dî-
33 me
de substitution ou subrogation. L'article 118 des

placités, n'a donc apporté aucune altération au principe de
la substitution.
Le même article n'a rien changé aux maximes antiques
fur les dîmes d'usage; il n'a pas empêché que le Décima-
teur pût les percevoir de droit commun ; que pour la subs
tance & pour la quotité de ces dîmes, le plus grand nom-
bre des décimabîes assujettit le plus petit nombre ; que les
Cultivateurs ne puslent s'exempter de payer ces dîmes que
par la possession quarantenaire de la non-prestation pour
le plus grand nombre; il a voulu enfin que les dîmes lo-
cales fuílent réglées par un régime absolument différent
de celui des dîmes insolites, 6c qu'elles cn fuslent entière-
ment distinguées, fous quelque dénomination qu'on jugeât
à propos de les désigner.
II fuit de ces réflexions, qu'à la seconde époque, citée
en faveur de l'Arrêt de Règlement de 1784, les droits des
Décimateurs n'ont pas été moins ménagés qu'à Tépoque
du treizième siécle ; que les placités n'ont porté aucune
atteinte aux véritables principes de la matière décimale,
6ù qu'ils ont plutôt contribué à les maintenir, en servant
de base à ces nombreuses décisions qui avoient protégé
jusqu'à présent la posiestion légitime des Décimateurs.
ion.
Récapitulation. Cette possession, si respectable par futilité de son ob-
jet , par la longueur de sa durée ,par Tautorité des Loix
qui l'ont établie, nous paroît ouvertement attaquée par le
nouvel Arrêt. Nous avons eu riionneur de vous faire voir
combien les principes du nouveau système étoient ef-
frayants, combien íes conséquences étoient: funestes. En
discutant les motifs qui paroissent avoir déterminé l'Arrêt
que le Parlement lui-même invoque, dès le premier arti-
cle du Règlement, nous avons montré que l'Enquête aux
Barons,. (.'Ordonnance prétendue de Philippe -Auguste,
DU CLERGÉ DE FRANCE, $ AOUT IJ%S. 383
ìes articles 117 6c 118 des Placités, fournissoient plutôt
des armes pour combattre la nouvelle Loi que des pré-
la justifier. ,
textes pour
II ne vous reste plus qu'à renouveller vos vives instan-
ces 6c vos pressantes sollicitations auprès de Sa Majesté,
pour qu'Elie daigne rétablir Tordre, 6c rappeller son Par-
lement de Normandie aux saines maximes dont cette Cour
n'a pu s'écarter qu'en oubliant les Ordonnances du Royau-
me , les Loix particulières de la Province de Normandie,
6C ses propres Règlements.
S'il est une matière où l'autorité de la possession doive
être invoquée avec avantage, c'est principalement la ma-
tière décimale. Aujourd'hui 6c depuis long-temps, l'ufage
6c la coutume approuvés des lieux règlent le droit 6c re-
tendue de la perception.
Les dîmes, disoit Charles le Chauve, doivent se payer
sur tout ce qu'on récolte, sur le vin, sur le foin, sur les
animaux, ainsi qu'il a été dusage jusqu'à ce jour : De omni
collaborato de vino SGdefoeno plemter âC fidélitér ab om-
,
nibus persolvantur sicut haclenùs confuetudo fuit.
3
Les Conciles, les Loix de nos Souverains ont souvent
proposé cette règle : Décima folvantur quoe debentur per loci
confuetudinem approbatam ; c'étoit le langage d'un Concile
général 6c de Philippe troisième.
L'article $0 de l'Ordonnance de Blois, 6c l'article 19 de
l'Edit de Melun, veulent que les dîmes se lèvent suivant
la Coutume des lieux ÓQ à la quote accoutumée en iceux.
*
Lorsqu'il s'élève des doutes fur la prestation de la dîme,
lorsqu'on est embarrassé pour l'application des principes,
on doit se guider sur la Coutume des lieux. L'ancien usage
de percevoir, lorsqu'il est constant, doit être maintenu
dans tous les cas; il doit régler la nature 6c la manière des
perceptions.
D'après ce principe, quelle est la Coutume actuelle-
ment observée en Normandie, 6c jusqu'à l'époque du der-
nier Arrêt, pour la perception du droit décimal ?
Depuis long temps on distingue dans cette Province Étendue du
-
trois efpecesde dîmes : les dîmes généralement solites, les droit décimal à
l'époquedu det*
3 84 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ïik-v Arrêt de dîmes généralement insolites 6c les dîmes d'usage ou lo-
Reniement de ,
cales, ou solites localement.
Les dîmes généralement solites, font celles des quatre
çros fruits : ces dîmes font généralement imprescriptibles;
elles font tellement affectées à l'Eglise que l'exemption
, possession
ne peut en être acquise, même par une immé-
moriale 6c partant, le Décimateur peut les réclamer.
,
Les dîmes généralement insolites, font celles que la Cou-
.
tume particulière de Normandie paroît avoir regardées
comme non exigibles de droit : telles font les dîmes des
genêts, des étangs 6c pêcheries, des bois taillis, des prés
naturels, des pâturages 6c autres espèces de productions
permanentes. Comment, malgré le Droit Commun qui
soumettoit à la dîme toutes les productions de la terre
,
celles-ci sont-elles devenues non - décimabîes ? 11 est vrai-
semblable que cet usage tire son origine, ou de l'inadver-
tance des Décimateurs, lesquels en offrant toujours de
fournir la preuve de leur possession sur ces sortes de dîmes,
ont donné lieu de penser qu'ils n'y auroient aucun droit
fans le secours de cette possession ; ou de l'influence des
Juges laïques, auxquels fut renvoyée la connoissance des
possessions de ces dîmes ; ou de l'opinion assez générale que
f
ces productions n'entrent pas dans la classe des fruits , ru-
gum óCfruciuumj 6c que, hors de cette classe, le droit
décimal n'a plus d'empire. Quoi qu'il en soit, il paroît éta-
bli en Normandie que, de droit, la dîme de ces produc-
tions n'est point due, 6c que les Décimateurs ne peuvent
y prétendre, que par la possession quarantenaire fur la chose
&C sur le fonds.
La troisième efpece de dîme, font les dîmes d'usage, les
dîmes locales, pu solites localement. Cette classe de dîmes
comprend les pommes, poires, sarrasins, lins chanvres,
colsas, rabettes, légumes, trèfles, sainfoin, 6c ,autres prai-
ries artificielles; elle renferme, en un mot, toutes les pro-
ductions de culture variable. Dans le cours de ce Rapport,
6c fur-tout dans notre réponse à la quatrième observation
sur les Placités, nous avons prouvé que cette dîme étoit
due de Droit Commun. Lorsque le plus grand nombre des
Cultivateurs
DU CLERGÉ DE FRANCE> j AOUT 1785. 38$
Cultivateurs d'une eípece de ces fruits en a payé la dîme,
elle est imprescriptible pour un particulier 6c il ne pour-
,
roit s'en libérer, même par une postession quarantenaire
de non-prestation ; mais elle est prescriptible en elle-même :
6c si cette espèce de fruits avoit été cultivée pendant qua-
rante ans dans un canton, fans que le plus grand nombre
des Cultivateurs en eût payé la dîme, cette possession prou-
vée de leur part, autoriferoit&justifieroit leur refus : c'est
dans ce sens que ces sortes de dîmes font appellées dîmes
locales ou dîmes d'usage : on ne peut les prétendre contre
la Coutume; mais il faut, pour s'exempter de cette dîme,
prouver cette Coutume; 6c il faut encore, pour la prou-
ver , que ce fruit ait été cultivé fans prestation de dîme :
car il y auroit une contradiction choquante à soutenir qu'il
s'est établi une possession, un usage, une coutume, par la
non-prestation de la dîme d'un fruit qui n'a point été re-
cueilli.
Sur les dîmes généralement solites, 6c fur les dîmes so-
lites localement ou dîmes d'usage les principes de la
, ,
Normandie lui font communs avec la plupart des autres
parties du Royaume ; mais comme cette Province s'est for-
mée une Loi particulière fur les dîmes généralement inso-
lites il a été raisonnable d'y établir une- compensation
,
pour borner les pertes des Décimateurs, 6c c'est cette rè-
gle d'équité qui, jusqu'à présent, avoit maintenu en Nor-
mandie la Loi de la substitution. La Coutume a donné à cette
Loi quelques exceptions ; ainsi parmi les productions substi-
tuées on a soustrait à la dîme le bois pour la consomma-
,
tion du Propriétaire les terres converties en pâturages
,
pour la nourriture des bestiaux qui servent à l'exploitation,
les pépinières dont les arbres font transplantés dans l'étendue
du dímaire où ils font excrus. Ces restrictions 6í quelques
autres semblables, font fans doute abusives dans leur origi-
ne, 6c peuvent être très-préjudiciables aux Décimateurs;
mais le temps a presque légitimé ces abus, 6c il feroit dif-
ficile de les reformer.
Tel est le tableau de tout le régime décimal dans la Pro-
vince de Normandie : si on l'examine dans son principe,
Procès-verbal de 178J. Y y
3&6 PROCES-FE'RBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRÂLE
il prend sa source, pour le Droit Commun, dans les dé-
ci lions canoniques dans les Capitulaires -de nos Rois, dans
,
les Ordonnances du Royaume; si on le fuit dans son exé-
cution, on voit qu'il a été maintenu par une Jurisprudence
constante 6c uniforme,; si on le considère du côté de l'au-
thenticité, on le trouve confirmé par des monuments an-
ciens 6c attesté par tous les Auteurs de la Province ; en
,
un mot, il dépose-de l'usage, de cette Coutume des lieux,
qui doit régler le droit de dîme, ôc la manière de l'exercer.
Cet usage, cette coutume doivent donc être observés ;
c'est le voeu des Ordonnances, le Clergé n'en forme point
d'autre; il ne souhaite pas que le Décimateur ait plus que
Concluíìon. ne lui aflurent les Ordonnances , qu'il augmente ses droits
à volonté, qu'il gêne les progrès de l'agriculture ; mais il
sollicitera avec instance, il espérera avec confiance de la
justice de Sa Majesté, la conservation de ses propriétés,
^l'observation des Loix antiques la subsistance, le repos 6c
,
' la tranquillité des Pasteurs : il la suppliera d'ordonner que
le Décimable ne diminue pas ses obligations ; qu'il ne les
remplisse pas arbitrairement ; qu'il ne pratique pas des
fraudes, fous prétexte d'exercer son industrie ; qu'il soit
restreint dans les exceptions acquises, 6c qu'on ne lui per-
mette d'alléguer d'autre prescription que celle de droit.
Pour fixer votre Délibération 6c vos démarches, la
Commission est d'avis que vous envoyiez fans délai une
nouvelle députation à M. le Garde des Sceaux à l'effet
,
d'obtenir de la justice de Sa Majesté de maintenir les Dé-
cimateurs de fa Province de Normandie dans la jouistance
des droits que leur a enlevés l'Arrêt de Règlement du 1$
Mai 1784, ôcd'aflurer l'exécution des Loix anciennes, 6c
de la Jurisprudence constante qui ont été jusqu'à ce jour
en vigueur au sujet des dîmes dans cette Province.
Le Rapport fini, l'Assemblée, après avoir applaudi au
travail de Monseigneur l'Archevêque de Rheims 6c de
,
Mesteigneurs 6c Messieurs les Commissaires, a prié Mon-
seigneur l'Archevêque de Rheims, Monseigneur l'Arche-
vêque de Tours 6c Messieurs les Abbés de Panât 6C
Boursier de voir M. le Garde des Sceaux, à l'effet d'obte-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 AOUT 1785. 387
nk de la justice du Roi que les Décimateurs de la Pro-
vince de Normandie soient maintenus dans la jouissance
des droits que leur a enlevés l'Arrêt de Règlement du zj
Mai 1784, 6c qu'il plaise à Sa Majesté d'assurer l'exécu-
tion des Loix anciennes, 6c de la Jurisprudence constante
qui ont été jusqu'à ce jour en vigueur au sujet des dîmes
de cette Province.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, 6 Août,
à neuf heures du matin.

&gné $fe ARTHUR-RICHARD, Archevêque & Pri-


mat de Narbonne, Président.

DU SAMEDI, SIX AOUT I78J,


à neuf heures du matin.

Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été LV1I


travailler à leurs Bureaux. SÉANCE,

La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 8 de ce


mois, à. neuf heures du matin.
Signé >J< ARTHUR-RiCHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne , Président.

Yy x
588 PROCÈS-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DÛ LÙNDI, HUIT AOUT I78J,


à neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

LVIÎÏ MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires , pour les


SÉANCE, .dîmes, ont pris le Bureau. Monseigneur l'Archevê-
que de Rheims, Chef de la Commission, a dit :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Les Assemblées de 1775 6c de 1780 ont accordé leurs
bons offices au Clergé de Flandre, à l'esset d'obtenir la ré-
vocation des Lettres-Patentes expédiées le 1.3 Avril 1773,
qui imposent aux Décimateurs de cette Province l'obliga-
tion de fournir entièrement aux réparations des Presby-
tères , ainsi que des Eglises Paroissiales ; des décisions pos-
térieures ont néanmoins maintenuTexécution de cette Loi,
j
6c de nouvelles Lettres-Patentes, données le Septembre
1784, en ont étendu les dispositions aux Châtellenies de
Bourbourg, Dunkerque 6c Gravelines dans le ressort du
,
Parlement de Paris. C'est ainsi que l'on répand de proche
en proche le système qui met au nombre des charges essen-
tiellement inhérentes aux dîmes la totalité des répara-
,
tions des Eglises 6c des Presbytères.
Monseigneur l'Archevêque de Tours, qui sJest instruit
particulièrement des Loix 6c Usages de la Flandre, fur cet
objet, pendant qu'il étoit Evêque de Saint-Omer, a bien
voulu se charger de vous rendre compte de cette affaire:
vous reconnoîtrez facilement, par le rapport qu'il vous en
fera, combien elle est importante pour tout le Clergé du
Royaume.
Sur quoi Monseigneur l'Archevêque de Tours prenant
la parole, a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Des Lettres-Patentes expédiées en 1773 6c 1784, im-
DU CLERGÉ DE FRANCE 4 8 AOUT 178). 3Ë9
posent aux Décimateurs de la Flandre maritime, 6c à ceux
des Châtellenies de Dunkerque, Bourbourg 6c Graveli-
nes, l'obligation d'entretenir, réparer 6c reconstruire en-
tièrement les Eglises Paroissiales 6c les Presbytères.
Ces Loix ne font pas seulement appuyées fur de pré-
tendus usages locaux ; on y énonce que leurs dispositions
font conformes aux anciens Canons de tEglise, 6c on ajoute
que la charge, imposée aux Décimateurs par ces Lettres-
Patentes, ejl inhérente à la possession des dîmes.
Messieurs les Agents du Clergé, justement alarmés de
ces principes , appuyèrent, dès l'origine, les représenta-
tions des Décimateurs de la Flandre maritime; 6c les As-
semblées de 1775 6c de 1780 leur accordèrent leurs bons
ofsices, d'après le rapport fait à la première de ces Assem-
blées par Monseigneur l'Archevêque d'Aix, Rapport dans
lequel ce Prélat établit, avec autant de force que de pré-
cision, « que la Loi nouvelle contredit les anciens Canons
33
qu'elle réclame, 6c que ses principes ne font pas moins
33
contraires aux intérêts du Clergé de France, que son
33
dispositif est préjudiciable aux Décimateurs de la Flan-
as
dre maritime. 33
Nous nous bornerions Messeigneurs 6c Meflleurs à
, ,
vous faire la lecture de cet excellent travail, 6c vous éprou-
veriez fans doute la même impression qu'il produisit sur
les Membres de TAssemblée de 1775 si les faits postérieurs,
,
6c une Loi récente, n'avoient justifié les craintes du Cler-
gé 6c ne nous mettoient dans la nécessité de vous retracer
,
sommairement l'origine 6c les progrès de cette affaire
,
l'une des plus intéressantes fur lesquelles vous aurez à
délibérer.
L'Edit de 1 69 j quoiqu'enrégistré d'abord au Parlement
,
de Flandre, donna lieu à des réclamations de la part des
Etats & Tribunaux de cette Province. La contestation qui
s'éleva entre ces Corps 6c les Evêques Diocésains, n'a éré
terminée qu'en 1754, par une Déclaration qui ordonne,
relativement à l'entretien des Eglises 6c des Presbytères,
que « les contestations nées 6c à naître fur ces objets, con-
3* tinueront d'être jugées, suivant les Loix 6c Règlements
ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
35>P PROCES-FÉRBAL DE L
w
particuliers de ladite Province, 6c les usages observés
u? en
icelle. 33
Les Loix de la Flandre, touchant les Eglises Parois-
siales sont deux Ordonnances ou Placards donnés en 1 611
,
&: 1613 par les Archiducs Albert 6c Isabelle, Gouver-
neurs des Pays-Bas pour le Roi d'Espagne. Ils ordonnèrent
provisoirement que pour rétablir les Eglises ruinées par les
guerres de Religion, on épuiferoit d'abord les deniers de
Fabriques ; qu'en cas d'insuffisance, les Décimateurs four-
niroient deux années du produit des dîmes, payables en six
ans, 6c que le surplus de la dépense retomberoit sur les ha-
bitants. Une Ordonnance que le Comte de Monterey,
Gouverneur des Pays-Bas Autrichiens, donna en i6yz y
assujettit les maisons pastorales aux règles établies par le
Placard de 1 613 touchant les Eglises : 6C toutes ces Loix
,
maintinrent les Concordats passés entre les Décimateurs 6C
les habitants de diverses Paroisses.
La discipline observée en Flandre se réduisoit donc, jus-
qu'en 1773, à ces deux points : on se conformoit, dans
chaque Paroisse, aux usages 6c concordats particuliers , 6C
on tenoit pour maxime que celui qui a bâti, bâtira. Au
défaut de Coutume ou de Transaction, 6c en cas d'infuflì-
sance de la Fabrique, les Décimateurs fournissoient, fans
distinction de Choeur 6c de Nef, deux années du produit
de leurs dîmes, 6c le surplus étoit à la charge des Paroissiens.
Telle étoit la législation, pour le maintien de laquelle
les Etats de Flandre avoient plaidé près de soixante ans, 6c
qu'ils avoient fait confirmer par la Déclaration de 1754.
Cette question n'avoit jamais été, ni agitée, ni jugée
définitivement dans la Flandre Autrichienne : les Placards
de 1611 6c 1613 n'y étoient encore que des Loix provi-
soires ; 6c en conséquence Tlmpératrice-Reine par une
Ordonnance du xj Septembre 1769 assujettit ,les posses-
,
seurs des dîmes à toutes les réparations, tant des Eglises,
que des Presbytères.
Les Administrateurs de la Flandre maritime, en dissi-
mulant au Gouvernement la décision rendue contradictoi-
ment en 1754,sollicitèrent une nouvelle Loi conforme à
DU CLERGÉ DE FRANCE J 8 A o UT 178^. $$t
celle de rimpératrice-Reine : de~là les Lettres-Patentes ex-
pédiées le 13 Avril 1773.
Les Décimateurs de la même Province obtinrent peu
après un sursis : l'Aíìemblée de 1775 dans fa Séance du
,
19 Novembre, pria Messeigneurs les Archevêques de Nar-
bonne 6c d'Aix, 6c Messieurs les Abbés de Bonteville 6C
de la Gaude de voir incessamment M. le Contrôleur-Gé-
néral 6c de faire auprès de lui les plus vives instances
,
pour obtenir la révocation de ces Lettres-Patentes. Le 12.
Décembre suivant Monseigneur l'Archevêque de Narbon-
ne déclara à l'Assembìée, que " le Ministre des Finances
33
avoit paru disposé à rétablir dans la Flandre l'exécution
33
des anciennes Ordonnances, relativement à la contribu-
tion des Décimateurs, aux réparations des Eglises.
33
Cependant, le 27 du même mois, il intervint au Con- „
seil des Dépêches, un Arrêt qui déboute les Décimateurs
d leurs demandes 6c représentations ordonne que les
,
Lettres-Patentes du 1 3 Avril 1773 seront exécutées sui-
vant leur forme 6c teneur : 6c par un Arrêté particulier,
il fut résolu, le même jour, de les étendre à la Flandre
Wallone, au Haynaut 6c au Cambresis.
Nouvelles représentations du Clergé de Flandre qui de-
,
manda que l'aftaire fût examinée au Conseil des Dépêches;
il l'obtint; mais il fut résolu verbalement, dans ce Conseil, de
Laister exécuter les Lettres-Patentes dans la Flandre mariti-
me , 6C de surseoir seulement à leur extension aux autres Pro-
vinces, jusqu'à ce qu'on eût, sur ce point, lavis du Parlement
de Douai, qui se borna à exposer les raisons pour 6c contre.
Malgré ces décisions réitérées, les Décimateurs de la Flan-
dre auisi convaincus de la justice du Roi que de la soli-
,
dité de leurs moyens, ont renouvelle leurs instances ; ils
ont demandé des Magistrats pour Juges ; 6c Sa Majesté,
par un Arrêt rendu en son Conseil le 1 6 Octobre 1776,
a nommé une commission de Conseillers d'Etat, à l'effet
de lui en rendre compte ; 6c néanmoins en rédigeant
cet Arrêt , on a encore répandu dans le dispositif des
nuages fur l'objet dont MM. les Commissaires dévoient
s'occuper.
ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE]
392- PROCES-FERBAL DE L
M. le Garde des Sceaux avoit écrit, le 14 Septembre
précédent, à Monseigneur l'Evêque de Saint-Orner en
ces termes : £C J'ai conféré avec M. de Clugny fur les re- *
des Décimateurs de la Flandre maritime
„ présentations
6c Wallone du Haynaut 6c du Cambresis : il fera nom-
a, ,
me des Commissaires 6C un Rapporteur pour en rendre
„ Roi. Le préambule de l'Arrêt du 1 6 Octo-
3, compte au „
bre annonce également que " les Décimateurs renouvel-
lent leurs représentations, tant fur texécution des Lettres-
„ Patentes dans la Flandre mariáme^ fur leur exten-
.,, que
sion. Sur quoi le Roi ajoute " qu'il est de fa justice 6c
.,, „
fa sagesse de confier à des Membres choisis de son
de
3J
Conseil, i'examen d'un point de légistation aussi irapor-
„ Mais dans lé dispositif les pouvoirs des Com-
s, tant. „ íònt bornés à examiner les titres Mémoires,
missaires " Ôt
relatifs à l'extension des Lettres-Patentes du 1 3 Avril
„ la Flandre Wallone ou Haynaut ÓC au Cam-
3> 1773, a
brefs pour, fur le compte qui en fera rendu au Con-
„ seil desj
Dépêches par lesdits Commissaires, être par Sa
„ Majesté statué qu'il appartiendra.
„ Cette omission,ce suppoíoit

question irrévocable-
qui la
ment jugée contre les Décimateurs de la Flandre mariti-
me , 6c qui assuroit par-là même l'extension des Lettres-
Patentes à la Flandre Wallone qui n'eut jamais de Loix
,
différentes, a été réparée presque aussi-tôt ; 6c M. le Garde
des Sceaux a ordonné aux Chefs-Collèges de la Flandre
maritime de venir de nouveau se défendre.
On a, il est vrai, opposé aux Décimateurs de cette
partie de la Flandre, une fin de non-recevoir, résultante
de sArrêt contradictoirementrendu le 1 ^ Décembre 1775,
de la Décision verbale du Conseil des Dépêches, 6c même
de l'Arrêt du 16 Octobre 1776.
Mais ils ont répondu, que la Lettre de M. le Garde des
Sceaux 6c le préambule de ce dernier Arrêt, démontrent
également que l'omiision, contenue dans le dispositif, n'est
qu'une erreur de copiste ; que l'intention du Roi a donc
été d'écarter toute fin de non-recevoir ; qu'il n'en existe
point en présence du Souverain su r-tout en matière de
,
législation,
Du CLERGÉ DE FRANCE., 8 AOUT 178$. y§\
législation, parce que l'autorité qui a fait la Loi, peut 6C
doit l'abroger, même de son propre mouvement, dès
qu'elle en découvre l'injustice ou les inconvénients. Les Dé-
cimateurs de la Flandre maritime ont d'ailleurs rapporté
plus de quarante nouvelles pièces, qu'ils avoient omis de
rechercher 6c de produire, 6c qui établissent avec évidence
qu'avant les Placards de 1611 6c 1613, ils n'étoient point
chargés de la totalité des réparations dont il s'agit. L'asser-
tion contraire, ont-ils ajouté, est la base des Lettres-Pa-
tentes de 1773 : les pièces nouvellement rapportées font
donc décisives ; F Eglise n'a donc pas été défendue vala-
blement r or, aux termes de l'article 3 j du titre 3 j de l'Or-
donnance de 1667, les Ecclésiafliques les Communautés
j
ÓC les mineurs doivent être reçus à se pourvoir par Requête
civile s'ils n ont été valablement défendus. Ces pièces íufsi-
,
roient donc pour faire rétracter l'Arrêt du z 7 Décembre
1776 & la Décision du Conseil des Dépêches, quand mê-
me la nature de la contestation n'écarteroit pas par elle-
même toute fin de non-recevoir.
Aussi la question a-t-elle été agitée 6c instruite dans tou-
te son intégrité devant MM. les Commissaires. On a pro-
posé des projets de conciliation, auxquels on n'a donné au-
cune fuite.
Les Décimateurs de la Flandre attendoient avec con-
fiance une décision, lorsqu'ils ont appris que leurs adver-
saires avoient obtenu le 5 Septembre 1784, de nouvelles
Lettres-Patentes, qui imposent les mêmes charges aux Dé-
cimateurs des Châtellenies de Dunkerque, Bourbourg $C
Gravelines ; qu'elles étoient adressées au Parlement de Pa-
ris dans le ressort duquel font situées les Châtellenies qui
,
en font l'objet; 6c qu'elles y avoient été enregistrées le 10
Décembre 1784, à l'insu des Décimateurs.
Cette Loi inattendue réunit tous les caractères de la sur-
prise la plus manifeste. Les Etats de Flandre en la sollici-
tant , ont laisse ignorer au Gouvernement que ce point de
législation étoit l'objet d'une instance contradictoire, dans
laquelle les Décimateurs avoient fourni plusieurs Mémoi-
res 6c produit un grand nombre de titres, 6c qu'une Com-
Procès-verbal de 17 8 j. Zz
394 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
mission de Magistrats étoit chargée de les examiner. Aussi
le Conseil des Dépêches, persuadé que les Lettres-Patentes
de 1773 n'éprouvoient aucune contradiction, n'a-t-il en-
tendu ni M. le Rapporteur, ni MM. les Commissaires ;
,
6c c'est ainsi que la question restant indécise par rapport
à de grandes Provinces, la nouvelle législation a été éta-
blie dans un très-petit canton. C'est ainsi que les Adver-
saires du Clergé font parvenus à faire adresser au Parle-
ment de Paris une Loi qui met au rang des charges eslen-
tiellement inhérentes à la possession des dîmes, l'entiere
réparation 6c reconstruction des Eglises 6c des Presbytères.
Nous n'insisterons point, Mesleigneurs 6c Messieurs, fur
les conséquences de cette extension ; elles font trop frap-
pantes pour ne pas être senties ; il nous suffira de joindre au
tableau des faits que nous venons d'exposer un précis des
,
moyens opposés par les Décimateurs de la Flandre aux
Lettres-Patentes de 1773 moyens qui combattent étale-
,
ment celles de 1784, dans lesquelles le préambule 6c le
dispositif des premières ont été littéralement copiés.
Toute la contestation se réduit à l'examen de cette pro-
position, par laquelle les deux Loix commencent égale-
ment : " Le Droit Public observé jusqu'au dix-septieme
siécle, dans notre Province de Flandre, conforme en ce
,,
„ point aux anciens Canons de l'Eglife , imposoit aux seuls
possesleurs des dîmes ecclésiastiques, l'obligation de ré-

entretenir 6c reconstruire les Eglises Paroifliales
„ parer, Presbytères du plat pays.
„ 6cLeslesEtats „
de Flandre n'ont rapporté aucune preuve de
cette assertion en ce qui concerne les Presbytères : ils nè
citent aucun monument du Droit Belgique antérieur au
dix-septieme siécle, moins encore des constitutions ca-
noniques; 6c comment auroient-ils pu en alléguer, lors-
que le savant Van-Espen, cet Auteur si versé dans les an-
tiquités de la Flandre 6c de toute l'Eglife, affirme qu'il
n'est parlé des maisons pastorales, ni dans les Loix civiles,
ni dans les saints Décrets : De domo paftvrali ml in jure
cautum reperio. II ajoute que TOrdonnance rendue en
1671 parle Comte de Monterey, Gouverneur des Pays-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 8 AOUT 1785. 39$
Bas Autrichiens, Ordonnance qui assujettit les Presbytè-
res aux règles établies pour les Eglises, est le premier Rè-
glement qui en ait déchargé les Paroissiens : Juxtà hoc edi-
tum Parochiani eximi videntur ab onere extruendi domum
pafloralem. Et en effet Zipceus 6c Paul Christin, Juriscon-
sultes Flamands, qui écrivoient avant 1672 attestent que
,
de leur temps les Presbytères étoient à la charge des habi-
tants : Domum autem pajloralem etiàm incoU conftruere
tenentur. Et à l'appui de cette assertion, ils citent le Con-
cile de Cambrai, tenu en 1587, qui enjoint aux Curés
de s'adresser à leurs Paroissiens, 6c non aux Décimateurs
pour leur logement : ProvideatPaflor cumsuis Parochiams,
ut aliqua domus ipfi adificetur : ils invoquent également le
Concordat passé en 15 45, entre le Clergé 6c les Etats du
Haynaut : Concordata Hannoni& déclarant qubd domus Paf
toralis fpeclat ad Parochianos ficut est juris. De ces auto-
rités il résulte manifestement3 que l'exposé sur lequel les
Lettres-Patentes de 1773 6cde 1784 ont été surprises, est
infidèle, en ce qui concerne les Presbytères.
Cet exposé n'est pas moins inexact par rapport aux
Eglises Paroissiales. Les Etats de Flandre font remontés
dans leurs mémoires aux premiers siécles de la Religion,
à ces temps où tous les biens de l'Eglife étant régis
en
commun par les Evêques, le quart de leur revenu étoit
employé aux réparations ; mais ils ont dissimulé qu'alors
les aumônes journalières des fidèles formoient presqu'en-
tiérement le patrimoine de l'Eglife; c'étoit donc le peuple
qui, dans la réalité, fournissoit à l'entretien des édifices
consacrés à Dieu.
D'ailleurs la dîme, dans son état primitif, coiruprenoit
exactement la dixième partie des grains de toute espèce,
des. animaux ôí des fruits de l'industrie; elle ne se perçoit
actuellement en Flandre qu'à raison de sept ou huit gerbes
fur cent ; celle des animaux 6c de plusieurs espèces de
grains est regardée comme insolite, 6c la dîme d'industrie
est absolument tombée en désuétude. Or n'est-il pas évi-
dent que pour invoquer avec succès contre le Clergé, les
Canons des premiers siécles, par rapport aux charges, il
Zz z
396 PROCÈS-FERSAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
faudroit lui restituer la dîme dans toute son intégrité ?
Enfin les monuments historiques attestent, qu'antérieu-
rement même à cette détérioration des dîmes, 6c lors du
partage des biens-fonds de chaque Diocèse , un quart de
ces biens fut abandonné aux Fabriques des Eglises pour
fournir à leurs réparations ; le Clergé a donc acquitté fa
dette ; il faudroit donc, pour l'aflujettir à la payer de nou-
veau , prouver qu'il est rentré en possession des biens par
lui délaissés.
L'impossibilité de faire cette preuve 6c la conséquence
qui en résulte, sont évidentes, lorsque l'on compare les
Capitulasses donnés par Charles le Chauve 6c Lothaire,
avec les Loix antérieures. On nommoit simplement Eglises
les grandes Basiliques, telles que les Cathédrales ; 6c le
Clergé continua à en être chargé, parce qu'il en régissoit
la Fabrique ; mais il n'en est pas de même des Eglises Pa-
roissiales, que l'on appelloit Ecclefioe baptismales ou plèbes :
>
les Paroissiens en étoient tenus 6c ìes Loix chargeoient
,
uniquement les Ministres de l'Eglife du foin de les y Con-
traindre : Ut Ecclejîas baptismales quas plèbes appellant,
>
secundùm antiquam conjuetudinem_, Ecclejw silii instaurent:
ce font les termes du Capitulaire, donné à Pontghuion
par Charles le Chauve en l'année 879. Celui que Lothaire
publia à Olumna peu de temps après, est encore plus
,
formel : UtsnguU plèbes, secundùm antiquam consuetudi-
nem j fiant reslaurata, qubdfi fila ejusdem Ecclefia eas ref-
taurare noluerint, à Minifiris Ecclefia difiinguantur3 ut vo-
lentes nolentefque nojlram observent proscriptionem.
Aussi lorfqu'Alexandre III, dans le douzième siécle,
déclara que les Ecclésiastiques dévoient contribuer à la ré-
fection des Eglises ce ne fut qu'à raison de leur superflu
,
6c pour le bon exemple : Cogi debent, dit ce Pontife, ce
bonis quoe funt ipfius Ecclefia, si EIS suPERSINT, conserre
>
UT EORUM-EXEMPLO CUETERI INFITENTUR.
Gauthier, Archevêque d'York, fixa en Tannée 1148,
cette contribution aux réparations du Choeur, lesiiabitants
restant chargés de la Nef: telle fut l'origine de la distinc-
tion qui, adoptée en r 3 3 j par un Concile de Rouen s'est
>
DU CLERGÉ DE'FRANCE > 8 AOUT 1785. 397
répandue dans toute l'Eglife Gallicane, 6c a été cimentée
par l'Edit de 169J.
Les Etats de Flandre soutiennent que cette discipline n'a
été admise dans leur Province, ni avant, ni depuis le Con-
cile de Trente 6c ils ne cessent d'invoquer le chapitre sep-
,
tième de la session vingt-unieme de ce Concile, qui or-
donna aux Evêques de pourvoir à ce que les Eglises Pa-
roissiales fustent rétablies des deniers des Fabriques. En
cas d'insuffisance, les Evêques dévoient y contraindre les
Patrons 6c tous ceux qui jouissoient de quelque bien pro-
venant de ces Eglises , 6c à leur défaut les Paroissiens :
Exfruclibus ÓC proventibus quibufcumque ad eafdem Eccle-
fias quomodocumque peránentibus ; qui fi non fuennt fijfi-
cientes, omnes Patronos c% altos quifruclus ex dicíis Eccle-
fiis provenientes percipiunt aut in eorum defeclum Paro-
>
chianos, ad proedicia cogant.
Mais en réfléchissant fur ce Décret, on ne peut se per-
suader que le Concile ait voulu imposer au Clergé des
charges dont la discipline particulière de chaque contrée
le dispensoit. Lorsque des Paroissiens demandent une im-
position pour réparer leur Eglise on n'en conclut pas qu'ils
,
font tenus de la totalité de cet édifice, on fous-entend tou-
jours ces mots : pour la portion dont ils iont chargés par
les Loix ou l'ufage. Et telle est aussi la limitation que l'on
doit suppléer dans le décret du Concile : l'Evêque con-
traindra les Patrons 6c autres qui perçoivent des revenus
provenant d'une Eglise, à y faire les réparations dont ils
peuvent être tenus , 6c à leur défaut les Paroissiens.
Cette interprétation est si naturelle, si légitime, que
les Magistrats de la Flandre ne soupçonnèrent même pas
que l'on pût en imaginer une autre. Consultés fur la ré-
ception du Concile, ils auroient, fans doute, été d'avis
.d'adopter, fans restriction, le chapitre septième de la ses-
sion vingt-unieme, s'ils l'avoient regardé comme favora-
ble au peuple; s'ils avoient cru qu'il dispensât les habitants
de toute contribution ; mais ils n'y virent point cette dé-
.charge 1 6c en conséquence ils proposèrent, ainsi queTU-
niversité de Louvain, de maintenir les anciennes Coutu-
598 PROCES-FERBJL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
mes : Senatus BrabantU, dit Paul Christin, Chancelier du
Brabant, Conciliani provinciales Arthefw3 Academìa c%
Magiflratus maxime confpicui consentiemer notant in
>
reparationibus Ecclefiarum servanda esse edicla 0%'confie*
j de
tudines. En conséquence ces réponses, TArchidu-
chesse, dans ses Lettres-Patentes pour la réception du Con-
cile ordonna que ce feroit fans préjudice des hauteurs^
,
droits ÓG prééminences de Sa Majeflé, ses vassaux ÓC su-
jets. Ainsi quelque sens que l'on attribue au chapitre 7
de la session vingt-unieme, il n'a pu préjudiciel" aux droits
des Ecclésiastiques ; 6c la distinction entre le Choeur 6c
la Nef, a été observée dans les Provinces Belgiques de-
puis, comme avant Tannée ijój".
Comment pourroit-on douter qu'elle n'y fût en vi-
gueur antérieurement à cette époque ì Charles-Quint ôc
Philippe II, par des Ordonnances rendues en 15 35 6c
1551, autorisèrent expressément les Conciles Provinciaux
à permettre au peuple des levées de deniers pour les répa-
rations de leurs Eglises. Lavis du Conseil d'Artois fur la
réception du Concile, porte, que, " suivant une coutume
invétérée, le Choeur des Eglises doit être réédifié par
„ les Collateurs qui perçoivent la dîme &
„ , que du côté
des Paroissiens, il n'y a aucun Procès mu pour la réé-
,, dification des Nefs. L'ancienne Coutume Charte
„du Haynaut „ ou
en a une disposition expresse.
Le Conseil d'Artois insista pour la conservation de Tu-
sage qu'il venoit d'attester. Les Conciles Provinciaux dans
,
leiquels celui de Trente fut publié, s'exprimèrent de même :
Quoad Ecclefiarum reparatwnem fervetur loci consuetudo.
,
Ce voeu unanime du Sacerdoce 6c de la Magistrature, fut
accompli. Les Statuts Synodaux, publiés à la fin du sei-
zième siécle dans les Diocèses de Tournai 6c d'Arras, qui
comprennent une partie considérable de la Flandre pro-
prement dite, déclarent formellement que les réparations
de la Nef font à la charge des habitants. La nouvelle Cou-
tume du Haynaut, homologuée en 1619, y est confor-
me. " Tous Paroissiens, y est-il dit, seront tenus:de con-
5,
tribuer aux réédifications de la Nef, Clocher, Clôture
DU CLERGÉ DE FRANCE, 8 AOUT 1785. 399
6c Muraille du Cimetière de leur Eglise Paroissiale.
„Ensin, les Décimateurs produit plus de Let-

ont quarante
tres d'octroi, par lesquelles les Souverains du Comte de
Flandre ont permis aux habitants de diverses Paroisses
,
des levées de deniers pour les réparations de leurs Eglises.
Ces Lettres, postérieures au Concile de Trente, 6c anté-
rieures aux Ordonnances de 1 611 6C de 1 613, se réu-
nissent, avec les Loix citées, pour démontrer que le Con-
cile de Trente n'a point altéré dans ces Provinces Tusage
reçu, 6c que cet usage laissoit à la charge des Paroissiens
la Nef de leurs Eglises : Consuetudo qualis servanda est
difoit Zipoeus, ad populum tranfiulit. ,
navis reparationem
Pendant les guerres civiles qui désolèrent la Flandre à
la fin du seizième siécle, toutes les Eglises furent renver-
sées par les Calvinistes, 6c leur rétablissement occasionna
des contestations multipliées; effet inévitable de Ténormité
de cette charge 6c de la diversité des Coutumes locales.
Dans une partie du Brabant, distraite du Diocèse de
Liège, les Décimateurs dévoient réparer la Nef, 6C les
Paroissiens le Choeur. La Coutume du Haynaut n'obli-
geoit à la réfection du Choeur que les Patrons des Cures;
d'autres y assujettissoient tous les posseíleurs des dîmes.
Dan>s certaines contrées, les Décimateurs inféodés dé-
voient contribuer : ils foutenoient ailleurs qu'ils n'y étoient
pas sujets ; enfin, les uns 6c les autres prétendoient qu'ils
n'étoient tenus, même du Choeur, que pour les cas ordi-
naires 6c qu'on ne pouvoit les assujettir à réédifier ceux
,
des Eglises détruites pendant les guerres, par le fait des
habitants, ou pour leur avoir servi de retraite ; 6c le grand
Conseil de Malines prononça en leur faveur : Cenfiat Se-
natus, dit Paul Christin, eos,pro parte sua consuetâ, non te-
neri, nec ad casus insolitos , cumtalijacîura SG ajsumptwne
decimarum, obligari. Ces faits, attestés par les Jurisconsultes
contemporains, démontrent avec évidence que, même
dans ces temps de trouble 6c de calamité jamais les ha-
,
bitants ne pensèrent à rejetter sur les Décimateurs rentier
rétablissement des Eglises.
Le Concile de Malines, tenu en 1607, prit en consi-
.400 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
dération, non une contestation qui n'existoit point, mais
celles qui divisoient réellement les Décimateurs entr'eux:
il pensa que le moyen le plus convenable, fur-tout dans
la circonstance, feroit d'assujettir indistinctement toutes
les dîmes à contribuer aux réparations que devoir suppor-
ter le Clergé, 6c il nomma des députés pour en conrérer
avec les Archiducs : Visum fuit Synodo.... ex commums
juris difpositwne, persacrum ConcdiumTridentinum, inno-
vait , certam super hâc re ineundam esse rationem, postquàm
super hac re cum suis Celfitudimbus matunìis acium suent.
Les Etats de Flandre, après avoir affirmé que ce Concile
demanda que les obligations des Décimateurs fussent mo-
dérées, soutiennent qu'en proposant de rétablir le Droit
Commun, renouvelle par le Concile de Trente, il recon-
nut que le Clergé devoir tout reconstruire ; comme si Ton
pouvoit solliciter en même-temps Taugmentation ôila.di-
minution de la même charge, comme s'il étoit permis de
penser que les Archiducs ont allégé le fardeau des Ecclé-
siastiques, malgré eux.
Le Concile de Malines demanda qu'on prît pour règle
celui de Trente, non pour imposer au Clergé toutes les
réparations, puisque même les Tribunaux de la Flandre
ne donnèrent jamais cette signification au chapitre sept de
la session vingt-une ; mais parce qu'il obligeoit tous les
Décimateurs à contribuer aux charges dont le Clergé pou-
voit être tenu.
C'est ce que les Archiducs accordèrent dans les Placards
de 1 611 6c 1 61 3 : On aura recours y est-il dit, aux dî-
,
mes ecclésiastiques de quelle nature ou qualité qu ellessoient
féodales ou autres., j possédées bien
j
par main-mortes ou par
gens laïques, quand elles se vérifieront acquises depuis le
premier Concile de Latran. Telle fut la disposition sollici-
tée par le Concile de Malines, dont le Décret démontre
qu'on n'y proposa même point la contribution de deux
années de revenu, payables en six ans.
Aussi, dès Tinstant où Ton eut remédié aux ravages
causés par la guerre, les Décimateurs s'empresserent-ils de
demander le rétabliflement du droit antérieur, cc suivant
lequel,

DU CLERGÉ DE FRANCE , 8 AOUT 1785. 401
lequel, eíì>il dit, dans des Lettres-Patentesaccordées pa r les
y,
Archiducs à T Abbaye de Sz. Winock en 1614, ils étoient
,,
obligés au redreflement des Choeurs, selon le pied oh*
„ serve, regard par toute ladite Province. Les
en ce
„Chapitres de Bruges 6c, de Saint-Omer obtinrent de,,sem-
blables Lettres-Patentes en 1610 & 16185 &; ce fut le
Conseil Provincial de Flandre, qui, malgré ces décisions
réitérées, émanées de Tautorité souveraine, arrêta, en 1666,
d'appliquer le Placard de 1 6 1 3 à tous les cas, 6c d'en pro-
roger Texécution. A qui persuadera-t-on que le Clergé
eût demandé la révocation de cette Loi provisoire, si elle
lui avoit été favorable, 6c que les Magistrats se, fussent
obstinés à la maintenir ?
Si cet enchaînement de faits également décisifs, avoit
été mis fous les yeux de rimpératrice-Reine, elle n'aurok
jamais rendu [on Ordonnance de 1769 ; elle s'en feroit
abstenue avec plus de foin encore, si la question avoit été
contradictoirement jugée dans son Conseil, quinze ans au-
paravant , & si les Placards provisoires de 1 6 1 1 6i de 1 6 1 3
avoient été rendus définitifs par une Loi solemncìle. Tel
étoit, ainsi que nous l'avonsdéja obíervé, Tctat de la Flan-
dre Françoise lorsque les Lettres-Patentes de 1773 ont été
expédiées. On, a dissimulé au feu Roi la Déclaration de
1754, qui maintenoit les usages que Ton v'ouloit faire
abroger, 6c qui permettoit d'autant moins d'impoíer de
nouvelles charges au Clergé, que c'étoit fur les vives ins-
tances de ses Adversaires que cette Loi avoit été rendue.
L'aucorité dont elle étoit émanée, avoit fans doute le
droit de la révoquer ainsi que les Placards de 1 6 11 6c
,
de 1613 ; mais ce ne pouvoit être que pour rétablir en
Flandre les Règlements 6c Usages qui la régis]oient jus-
qu'alors; 6c nous croyons avoir démontré que ces Règle-
ments 6c Usages bornoient Tobligauon des Décimateurs
à Tentretien du Choeur des Eglises Paroissiales, 6c que les
Nefs, ainsi que les Presbytères, étoient à la charge des Ha-
bitants.
La justice que le Souverain doit à tous les ordres de ses
Sujets, ne lui permettoit donc d'anéantir la Loi de 17545
Procès-verbal de 1785. A a a
4oi PROCES-FERBALDE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALÈ
6í les Ordonnances de 1611 òC de i 613 , que pour faire
revivre en Flandre le Droit Commun du Royaume : 6c
ce n'étoit point d'une nation voisine, qui a ses maximes
bC ses principes, que Téquité, 6C même une faine politique
permettoient d'adopter la légisiation.
Le Clergé de Flandre n'ayant demandé les bons offices
des Assemblées de 1775 6c de 1780 qu'à la fin de leurs
Séances, elles n'ont pu donner aucune fuite à leurs pre-
mières représentations; aussi ces représentations n'ont-elles
pas eu le succès que Ton d/rvoit en espérer : elles ont au
contraire été suivies de plusieurs Décisions 6c d'une Loi
nouvelle, qui n'ont fait que raffermir le mal 6c le propa-
ger. Ce motif nous a déterminé, Mesteigneurs 6c Messieurs,
à accélérer le rapport de cette contestation, qui, malgré
les efforts réitérés des Adversaires du Clergé de Flandre,
est encore pendante 6c indécise.
Dans ces circonstances nous ne craignons pas, Mestei-
gneurs 6c Messieurs, de vous proposer d'accorder vos bons
offices au Décimateur de la Flandre, 6c de renouveller les
instances précédentes faites auprès du Roi, afin qu'il plaise
à Sa Majesté retirer ses Lettres-Patentes des 1 3 Avril 1773
ÔC 5 Septembre 1784, dont les principes tendent à con-
tredire le Droit Public du Royaume, fondé fur les anciens
Canons de TEglise ; Lettres-Patentes, qui d'ailleurs paroif-
sent contraires à Tancien Droit Public de la- Flandre, que
Sa Majesté même se proposoit de rétablir en cette Province.
Le Rapport fini, i'avis de la Commission a été adopté
par TAllemblée ; en conséquence Monseigneur l'Archevê-
que de Rheirïis, Monseigneur l'Archevêque de Tours, 6c
Messieurs les Abbés de Panât & Boursier ont été priés de
voir M. le Garde des Sceaux, 6c de renouveller auprès de
lui les instances précédemment faites en faveur des Décima-
teurs de Flandre , à Teffet d'obtenir qu'il plaise à Sa Ma-
jesté retirer les Lettres-Patentes des 13 Avril 1773 6c 5
Septembre 1784, dont les principes tendent à contredire
le Droit Public du Royaume, fondé fur les anciens Ca-
nons de TEglise ; Lettres-Patentes qui d'ailleurs paroissent
contraires à Tancien Droit Public de la Flandre, que Sa
DU CLERGÉ DE FRANCE, 8 AOUT 1785. 403
Majesté même se proposoit de rétablir en cette Province.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires pour le Dé-
partement 6c les Portions congrues, ont pris le Bureau.
Monseigneurl'Archevêque de Bordeaux, Chef de la Com-
mission a dit :
,
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
VOUS avez pris, le 3 de ce mois, une Délibération re-
lativement à Taugmentation des Portions congrues, 6c vous
vous êtes déterminés à la présenter au Roi, avec des éclair-
ciíiements qui doivent en expliquer 6c justifier les articles.
Nous allons avoir Thonneur de vous faire la lecture du tra-
vail du Bureau à cet éo-ard.
Ensuite Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux a lu à
T Assemblée le Mémoire au Roi, contenant des observa-
tions fur chacun des articles de la Délibération.
Sur quoi TAssemblée,après avoir remercié Messeigneurs
ÒC Meflieurs les Commissaires de leur travail a délibéré
,
que ledit Mémoire 6c les Observations seroient présentés
à Sa Majesté, 6c insérés dans le Procès-verbal : de plus
,
il a été arrêté que, vu la nécessité indispensable de ne con-
sommer les opérations relatives à cet important objet qu'en
très-grande connoissance de cause, 6c après avoir pris des
Diocèses les éclaircillementspréalables qu'exige une affaire
de cette nature, Sa Majesté fera suppliée de permettre que
TAssemblée proroge ses Séances à Tannée prochaine.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 9 Août,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

Aaa z
404 PROCES-FERBAL DE L*ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

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MÉMOIRE AU ROI.
Ol RE,
C'est avec une confiance entière que le Clergé de votre
Royaume sollicite aujourd'hui la protection de VOTRE
MAJESTÉ. NOUS la réclamons, pour nous aider à subve-
nir aux besoins les plus importants du ministère ecclésias
tique, 6c pour assurer à tous les Pasteurs du second Or-
dre une subsistance convenable.
Notre premier objet a été de déterminer Tévaluation
qu'il convient de donner à la Portion congrue : il nous a
paru que Tavantage de toutes les Parties intéressées , 6c la
marche constante de la Lép-iflation exiçeoient une éva-
luation commune 6c uniforme. Mais, nous avons cru de-
voir proposer les précautions les plus capables de prévenir
les inconvénients qui en font inséparables.
L'évaluation nouvelle que nous proposons, fondée fur
les principes établis dans TEdit du mois de Mai 1768, a
été, dans tous les cas douteux, déterminée par la faveur
que méritent les Curés,'& par le désir qui nous anime
d'éloigner pour long-temps des variations nouvelles.
II est juste, fans doute, comme Tavoit prescrit TEdit
de 1768, que les Curés dépendants de TOrdre de Mal-
te , jouissent des mêmes avantages ; leurs besoins font les
mêmes ; leur condition ne doit pas être différente. Com-
ment íe peut-il qu'une Loi particulière ait dérogé à leur
égard à un Edit folemnel ? Nous ne connoiíions aucun
motif suffisant pour légitimer une pareille exception, lors-
que la dîme , ou Texemption de dîme, offre un revenu
suffisant pour pourvoir à la dotation des Pasteurs.
Apres avoir asiuré la.subsistance des Curés à Portion
congrue 6c de leurs Vicaires, nous avons porté nos regards
fur cette classe de Curés infortunés, qui n'ont, pour sub-
sister, qu'une dîme insuffisante, 6c dont le produit est bien
DU CLERGÉ DE FRANCE , 8 AOUT 178^. 405
souvent inférieur à la Portion congrue. Les saints Conci-
les 6c les Ordonnances du Royaume, ont excité plusieurs
fois en leur faveur le zèle des Evêques. La Jurisprudence
indique le recours fur les habitants, comme un moyen lé-
gitime de venir au secours de ces Curés. Le Concile de
Trente avoit prescrit en même-temps 6c par préférence,
,
les unions de Bénéfices : cette vue a été adoptée par TOr-
donnance de Blois, 6c plus récemment, par TEdit de 1768;
nous la préférons fans doute. Mais en la proposant à VO-
TRE MAJESTÉ, nous croyons devoir en même-temps lui
proposer les moyens nécessaires pour en faciliter Texé-
cution.
Notre sollicitude s'est étendue plus loin ; 6c nous avons
pensé que, fous les auspices de VOTRE MAJESTÉ, nous
pourrions remplir le voeu de la Religion 6c de Thuma-
nité, en assurant la subsistance des Pasteurs, qui, après avoir
vieilli dans les fonctions du saint Ministère sont con-
,
traints de les abandonner.
Nos vues se sont même étendues fur les Fabriques des
Paroisses, afin que leur dotation puiste répondre aux be-
soins du culte 6c du service des Autels ; enfin nous n'avons
pu nous dissimuler Timpossibilité où font plusieurs Déci-
mateurs intéressants d'acquitter la nouvelle évaluation de
la Portion congrue. Nous ne devons pas laisser ignorer à
VOTRE MAJESTÉ qu'il est des Diocèses, 6c même des
Provinces entières où la dîme ne se perçoit que sur un petit
nombre de fruits, où elle est réduite à la trentième qua-
,
rantième ÔC quelquefois même à la cinquantième gerbe,
,
où elle est assujettie à diverses prestations locales, où les
Bénéfices 6c les Etablissements les plus importants font déja
dans une indigence alarmante, où des Chanoines d'Eglises
Cathédrales n'ont pour subsister qu'un revenu inférieur à
la Portion congrue de cinq cents livres : il est juste, fans
doute il est nécessaire de soutenir les Etablislements 6c
,
les Bénéfices les plus Utiles. De ce nombre font principa-
lement les Evêchés, les Eglises Cathédrales 6c quelques
Collégiales distinguées, les Séminaires, les Collèges, les
Hôpitaux, les Monastères de Filles, ceux fur-tout où le
4-o S PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
sexe reçoit dans son enfance une éducation chrétienne, ô£
trouve dans un âge plus avancé un asyle assuré contre les
dangers du monde 6c\es orages des passions. La religion 6c
la justice de VOTRE MAJESTÉ ne nous permettent pas de
penser qu'Elie se refuse au voeu de soutenir des Etabliste-
ments aussi précieux. Nous sommes prêts à y consacrer
les Bénéfices qui dépendent de notre nomination; daignez,
SIRE, approuver ies mesures que nous avons Thonneur
de vous proposer, 6c sans lesquelles Tamélioration du fort
des Curés deviendrait le principe 6c Tépoque de la destruc-
tion 6c de la ruine des Etablissements les plus dignes de
votre protection. Vous ne le permettrez pas, SIRE, 6c
c'est dans la juste confiance où nous sommes que nos de-
mandes seront accueillies de VOTRE MAJESTÉ, que nous
nous sommes cru' permis d'adopter une évaluation de la
Portion congrue aussi onéreuse à tous les Décimateurs.
Ces demandes ne font pas moins fondées fur Tintérêt
des peuples : la Patrie s'unit à la Religion pour solliciter, par
notre voix, la subsistance des Pasteurs, 6c la conservation
des Etablissements consacrés aux besoins de la société.
Appuyés fur des titres aussi puissants, nous ne devons
pas craindre de voir s'évanouir nos espérances, 6c que nos
sacrifices n'aient été que Texpression stérile- du zèle qui
nous anime pour la félicité publique. Nous avons Thon-
neur de mettre fous les yeux de VOTRE MAJESTÉ la
Délibération que nous avons prise en la soumettant à
,
votre haute sagesse; 6c nous attendons de VOTRE MA-
JESTÉ une décision qui comblera de consolation 6>C de
joie tout TOrdre Ecclésiastique, qui deviendra pour TE-
glise entière un gage non équivoque de votre protection
6c de votre bienveillance, 6c qui sera regardée comme
un nouveau bienfait pour les peuples dont vous êtes le
Souverain 6c le père.
Signé >J< ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne , Président.
L'Abbé de Périgord ancien Agent âC Secrétaire de
í Assemblée. ,
L'Abbé Dillon, Secrétaire de l'Assemblée.
DÛ CLERGÉ DE FRANCE J 8 AOUT 178^. 407
MÉMOIRE ampliatifsur la Délibération du 3 Août 178 j-^
concernant les Portions congrues.
JL'AsSEMBLÉÈ délibéré de supplier Sa Majesté de
à vou-
loir bien agréer 6c autoriser, en la forme la plus conve^-
nable, les Articles suivants.

ARTICLE PREMIER,
Que lá Portion congrue des Curés 6c Vicai-
res perpétuels, tant ceux qui font établis à pré-
sent que ceux qui pourront i'être à Tavenir,
,
sera 6c demeurera fixée à la somme de 700 livres*
On propose, dans cet Article, de fixer la Portion con-
grue des Curés à là somme de 700 livres. L'Edit du mois
dé Mai 1768 avoit déterminé qu'il ne feroit procédé à
,
Une nouvelle évaluation, que lorsque la valeur des grains
auroit acquis un accroissement considérable j en forte que
la Portion congrue représentât toujours la valeur de vingt-
cinq fetiers de bled, mesure de Paris. Si TAssemblée n'avoit
eu égard qu'à la valeur des grains dâns les différentes Pro-
vinces du Royaume depuis dix années elle n'auroit pu
,
porter cette évaluation qu'à environ six cents livres ; mais
elle a considéré que depuis deux ans la valeur des grains
n'a ceflé de s'élever; que Tannée derniere il falloit déja plus
de six cents livres pour se procurer vingt-cinq fetiers de
grains, 6c qu'il convient d'adopter Tévaluation la plus fa-
vorable, 6C suffisante pouf remplir pendant long-temps le
voeu de la Loi.
ARTICLE II.
Que la Portion congrue des Vicaires, tant
ceux qui font établis à présent, que ceux qui
pourront Têtre à Tavenir par les Archevêques 6c
Evêques Diocésains, sera Sc demeurera sixée à
la somme de trois cents cinquante livres.
Cet Article porte la Portion congrue des Vicaires à la
PROCES-FERBAL DE ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
4 oB L
moitié de celle des Curés : c'étoit ainsi que Tavoit déter-
miné la Déclaration de 1686. L'Edit du mois de Mai 1768
ne les avoit pas traités si favorablement ; mais une Loi pos-
térieure sollicitée par TAssemblée de 177J , a statué qu'ils
,
auroient deux cents cinquante livres, c'est-à-dire, moitié
de la Portion congrue des Curés.

ARTICLE III.
Que les Décimateurs, autres que les Curés,
seront 6c demeureront tenus des Portions con-
grues des Vicaires dans toutes les Paroisses où
ils font dans Tusaçre actuel de les acquitter, quand
bien même les Curés desdites Paroisses ne se ré'
duiroient pas eux-mêmes à la Portion congrue ;
ÒC qu'à Tégard des Paroiílesoù lesvCurés íont en
usage de payer leurs Vicaires, 6c de celles où il
en fera établi de nouveaux, dans les formes pres-
crites par les Ordonnances, les Curés ne pour-
ront s'en décharger fur les Décimateurs, qu'en
optant pour eux-mêmes ladite Portion congrue.
Cet Article a été dicté par Tamour de la paix, 6c par
le désir de tarir la source des contestations qui s'élèvent
journellement entre les Curés"~c£ les Décimateurs. Ce n'est
que depuis 1686, 6C fur-tout depuis 1714, que les Loix
ont distingué la Portion congrue des Vicaires de celle des
Cures; mais il a toujours été maintenu en principe que les
Curés ne peuvent se libérer du paiement de leurs Vicaires,
qu'en optant pour eux-mêmes la Portion congrue. Ceux
qui ne font pas Toption, font censés jouir d'une dotation
suffisante pour eux ôí pour leurs Vicaires : mais parmi les
Curés qui n'opteront pas la nouvelle Portion congrue, 011
doit distinguer ceux dont les prédécesseurs avoient opté
en conséquence de la Loi de 1686 , 6c de la faculté qui,
peu de temps après %fut accordée aux Décimateurs de for-
cer les Curés de garder, en déduction de la Portion con-
grue, les fonds dont ils jouissoient, faculté qui n'a pas été
maintenue par TEdit du mois de Mai 1768. II existe aussi
des
DU CLERGÉ DE FRANCE > 8 AOUT 1785. 409
des Curés qui, fans avoir fait l'option, ont passé différen-
tes Transactions ou Concordais avec les Décimateurs, 6c
par lesquels ceux-ci se sont engagés au paiement des Vi-
caires, en tout ou en partie. Le voeu de TAssemblée a été
de n'altérer en rien les jouissances des Curés qui n'opteront
pas la nouvelle Portion congrue ; 6c elle a regardé com-
me le moyen le plus convenable, celui de prendre Tusage
actuel pour règle de Tavenir, en conservant toutefois aux
Curés, qui s'en trouveraientgrevés, la liberté de réclamer
la nouvelle Portion congrue.

ARTICLE IV.
Que la nouvelle évaluation des Portions con-
grues aura son esset, à compter du premier jour
du mois de Janvier qui suivra Tenrégistre-
ment de la Déclaration, sans néanmoins qu'elle
puisse avoir son'exécution avant le premier Jan-
vier 1787.
II est juste de déterminer une époque précise où la nou-
velle évaluation commencera d'avoir son esset. L'Assem-
blée croit également juste 6c nécessaire de faire concourir
avec cette époque , Tassurance des dédommagements qu'il
convient d'attribuer aux Décimateurs utiles. Le temps
proposé est nècestaire pour constater les besoins de ces Dé-
cimateurs, pour indiquer à Sa Majesté les ressources que
présentent les Diocèses, & pour que Sa Majesté ait pu faire
connoître légalement ses intentions.

ARTICLE V.

Que, conformément aux dispositionsde TEdit


du mois de Juin 1671, les Curés ne pourront
résigner, ni permuter, ni consentir aucun traité
translatif de leurs Bénéfices, avec réserve de
pension, à moins qu'il ne reste au nouveau Ti-
tulaire Je mcfltant de la nouvelle Portion con-
grue, après ladite pension acquittée, non com-
Procès-verbal de 178/. '' Bbb
4* d PROCES^FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
pris le cafuel 6c les fondations, à peine de.nul-
lité desdites permutations, résignations ou au-
tres actes.
Cet article est, pour ainsi dire, le renouvellement des
dispositions de la Déclaration de i 671 : on ne peut regar-
der comme nécessaire pour un Curé la Portion congrue
de 700 livres, fans interdire au résignant le droit de réser-
ver des pensions, qui ne laissent pas aux Titulaires nou-
veaux la jouissance entière de la Portion congrue : nous
croyons même, pour mieux remplir Tefprit d'une Loi si
équitable, que la nouvelle Déclaration doit prononcer la
nullité des actes de résignation, ou permutation, paílés en
contravention de cette règle.
ARTICLE VI.
Que Sa Majesté n'entend néanmoins préju-
diciel' aux arrangements particuliers qu'Elie au-
roit cru, ou croirait devoir autoriser pour au-
cuns Diocèses, 6c qui pourvoiraient d'autre &C
suffisante manière à la subsistance 6c à Thonnête
entretien des Curés 6c Vicaires.
On ne peut se dissimuler les inconvénients d'une éva-
luation générale 6c commune en ce qu'elle ne peut cor-
,
respondre à la diversité des besoins que les circonstances
locales varient à Tinsini. On ne peut.donc qu'applaudir
aux arrangements particuliers concertés dans les Diocèses
mêmes, 6c appropriés aux localités : ils peuvent atteindre
par-tout au degré de perfection qui échappe nécessairement
à la Loi générale ; ils peuvent assurer à tous les Curés la
dotation la plus convenable, 6c admettre en même-temps
les justes tempéraments qu'exigent les intérêts des Déci-
mateurs : mais jl est un grand nombre de Diocèses où
Tuniformité des circonstances ramené nécessairement à
Tuniformité d'une Loi commune; 6c TAssemblée a consi-
déré que les arrangements particuliers pourraient venir
utilement au secours de la Loi commune, mais non la sup-
pléer tout-à-fait; qu'elle étoit spécialement nécessaire pour
DU CLERGÉ DE FRANCE , 8 AOUT 178/. 411
Tintérêt des Curés, dont il ne falloit pas laisser le fort in-
certain, 6c qu'ensin elle avoit été constamment le voeu de
la Légistation depuis deux siécles. Ces arrangements par-
ticuliers doivent donc être autorisés 6c non commandés.
Sa Majesté en a déja bien voulu autoriser un pour le Dio-
cèse de Toulouse 6c TAssemblée réclamera ia même fa-
,
veur pour quelques autres Diocèses.
ARTICLE VIL.
Qu'il fera incessamment procédé, par voie
d'unions de Bénéfices-Cures ou non-Cures ou
biens ecclésiastiques, ,à ,
autres la dotation des
Curés 6c Vicaires, à qui Tabandon total des
dîmes n'assure pas un revenu équivalent à la
Portion congrue 6c notamment à la dotation
,
des Cures de Villes.
Après avoir pourvu à dévaluation de la Portion
con^
grue, il est juste de porter ses regards fur cette claste in-
digente de Curés, qui n'ont pour tout revenu qu'une dîme
insuffisante 6c dont le produit n'équivaut pas à la con-
,
grue ; cet article renouvelle à leur égard une disposition
de TEdit du mois de Mai 1768 : il assigne pour moyen
de venir à leur secours, Tunion de Bénéfices-Cures, ou
non-Cures, comme Tavoit prescrit TEdit de 1768 ; mais
cette disposition n'avoit pas eu son effet, à cause des dif-
ficultés inséparables des procédures d'union 6c de íuppres
sion. L'Assemblée espère que Sa Majesté voudra bien le-
ver ces obstacles. Sans cette précaution, le renouvellement
des Loix anciennes ne feroit qu'une disposition inutile, 6C
peu digne de la sagesse de Sa Majesté.
A R TIC L E VIII.
Qu'il sera pareillement procédé par voie d'u-
nion de Bénéfices, ou biens ecclésiastiques:, soit
pour améliorer l'état des Cures., lorsque des cir-
constances locales exigeront qu'on en; augmente
Bbb z
412. PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
la dotation, soit pour suppléer à Tinsufsisance
úcs Fabriques, soit pour dédommager les Eta-
blissements les plus précieux que Taccroisse-
,
ixient des Portions congrues expose à une indi-
gence alarmante, soit enfin pour assurer des res-
sources aux anciens Curés 6c Vicaires que Tâge
ou les infirmités contraignent à la retraite.
Cet article contient Texposition des différents objets,
en faveur desquels TAssemblée réclame la protection de Sa
Majesté ; ces objets font tous essentiellement liés au ser-
vice des Paroisses, au bien de la Religion, à Tavantage
des Peuples : ils comprennent les besoins les plus impor-
tants du Ministère Ecclésiastique.
ARTICLE IX.
Qu'il fera pareillement procédé à la réduc-
tion ou suppression des Vicariats ou DeíTervi-
ces devenus inutiles, comme aussi aux fuppres-
sions, transtations 6c unions des Cures, qui fe<-
ront jugées convenables, 6c notamment dans les
Villes ou Bourgs où il s'en trouve plusieurs ; en
forte qu'il reste au moins deux mille Parois-
siens de tout âge dans toutes celles qui seront
conservées. dans lesdites Villes ou Bourgs,
.
nonobstant toutes oppositions des Seigneurs
des Communautés d'habitants des Paroissiens,
,
ou des Patrons, autres, toutefois, que les Pa-
trons laïques.
Les anciens Canons 6c les Ordonnances du Royaume,
ont recommandé la réunion des Cures entr'eîles, lorsque
les circonstances n'exigent pas qu'elles soient conservées ;
ces réunions seront souvent un moyen de dotation conve-
nable : les petites Cures absorbent des revenus 6c des Mi-
nistres qui souvent pourraient être plus utilement employés
ailleurs ; c'est fur-tout dans les Villes que cet abus est plus
sensible J mais inutilement ie voeu des premiers Pasteurs
s'est constamment réuni à celui des Ordonnances Ecclé-
DU CLERGÉ DE FRANCE * 8 AOUT 178J. 41$
siastiques 6c Civiles. Les. Patrons, les Seigneurs, ouïes
Communautés d'habitants., ont opposé des obstacles insur-
montables au zèle des Evêques. L'autorité de Sa Majesté
peut feule triompher de ces difficultés.
A R TI CLE X.
Que les Archevêques ÔC.Evêques seront au-
torisés à adresser à Sa Majesté, dans le cours de
la prochaine année, les états des Bénéfices ou
biens ecclésiastiques dont ils jugeront que la
destination peut être chapgée, ensemble Tétat
des destinations nouvelles qu'ils estimeront plus
convenables de leur donner, à Teffet de remplir
les objets ci-dessus mentionnés.
Le premier foin des Evêques doit être de rendre compte
à Sa Majesté des besoins de leurs Diocèses, ainsi
que des
diflérentes suppressions qu'ils croiront pouvoir lui propo-
ser; Sa Majesté déterminera ensuite, dans sa sagesse les
,
objets qu'il lui conviendra de ne pas admettre ou d'auto-
riser : T Asiembléecroit prévenir les intentions de SaMajesté,
en prescrivant à Tenvoi de ces états un terme peu éloigné.

ARTICLE XI.
Que, fous le bon plaisir de Sa Majesté, les
Archevêques 6c Evêques pourront désigner par-
mi les Bénéfices à supprimer, quelques-uns d&
ceux qui dépendent de la collation Royale dans
les Diocèses où le patronage Ecclésiastique ne
présente pas de ressources suffisantes.
L'Assemblée du Clergé renferme ou représente tous les
Patrons Ecclésiastiques. Elle offre pour euX tous les sacri-
fices que les circonstances pourront exiger : elle souscrit
sans peine à la perte de ses droits, pour remplir des desti-
nations aussi respectables; mais dans les Diocèses où le
patronage Ecclésiastique ne présentera pas de ressources suf-
fisantes, faudra-t-il laisser dans la langueur 6c dans Tindi-
PROCES-FERBAL DE ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
414 L

gence les Ministres les plus nécessaires ? Non fans doute,


6C TAssemblée espère que Sa Majesté perniettra dans ce
cas aux Evêques de son Royaume, de lui désigner quelques-
uns des Bénéfices dépendants de la collation royale.
ARTICLE XII.
Qu'en dérogeant à TArticle 18 de TEdit de
160.6, les consentements des Patrons oC Coila-
teurs Ecclésiastiques, même réguliers, ne pour-
ront être réputés nécessaires, ni leur refus em-
pêcher ou retarder Teffet des suppressions oC
unions que.Sa Majesté auroit spécialement au-
torisés, à Tesset de remplir les objets ci-deííus
mentionnés.
L'Edit de 1606 avoit statué qu'on ne pourrait à Tave-
nir supprimer des Bénéfices réguliers, fans le consentement
des Patrons. L'objet de cette disposition étoit de conserver
des Bénéfices qui pouvoient, d'un moment à l'autre, re-
cevoir une conventualité. C'est à cette époque, que la plus
grande partie des Ordres 6c des Congrégations religieuses
ont pris la forme qu'elles ont aujourd'hui. II s'est établi
des Conventualités dans toutes les maij$>ns qui en ont été
susceptibles. Les Bénéfices réguliers qui ne font pas garnis
de Conventuels ne font, depuis long-temps, que des Bé-
néfices simples; ,ils font presque tous dépendants du patro-
nage des Abbés Gommendataires,6c il n'y a aucune raison
de conserver à leur égard les dispositions de TArticle 1 8
de TEdit de 1606.

ARTICLE XIII.
Que les consentements d'habitants qui au-
roient quelque droit de patronage ne seront
,
pareillement réputés nécessaires à l*égard des sup-
pressions de Bénéfices Conforces, Fraternités
,
ou Obiteries dépendants defdites Communau-
tés, lesquelles suppressions il auroit plu à Sa
DU CLERGÉ DE FRANCE 8 AOUT
,
178/. 41 $
Majesté d'autoriser, soit pour améliorer le sort
des Curés 6c des Vicaires, soit pour suppléer à
Tmsufsiíance des Fabriques desdites Paroisses,
îl existe dans plusieurs Diocèses, fur-tout dans ceux où
le Clergé étoit autrefois plus nombreux, divers Etablisse-
ments attachés au service des Paroisses, fous les noms de
Consorces, Fraternités, Obiteries, ou Corps de Bénéfi-
ciers; ces Etablissements, presque toujours mal dotés, ab-
sorbent des Ministres qui pourraient être utilement placés
dans d'autres postes ; ils font presque roujours en procès
avec les Curés 6c Vicaires. Les Prêtres, qui les remplissent,
y font, pour ainsi dire, voués à une oisiveté dangereuse :
ces Etablissements peuvent donc être, fans inconvénient,
sacrifiés à de plus grands intérêts; mais comme ils ont été
fondés pour Tavantage des Paroisies il convient d'en ap-
,
pliquer les fruits au service de ces mêmes Paroiíìes; c'est
à la faveur de cette précaution qu'on ne craint pas de
,
proposer d'affranchir ces suppressions de la nécessité du
consentement des Communautés d'FIabitants : ces Com-
munautés font fous la tutele de la Loi, 6c il appartient au
Légistateu'r de déterminer la mesure de leur influence.

ARTICLE XIV.
Que les Bénéfices dont Sa Majesté aura ap-
prouvé que la destination soit changée pour rem-
plir les objets ci-desius mentionnés, ne pourront
être résignés, ni permutés, ni même, en cas de
vacance, conférés ou impétrés , fans néanmoins
que les biens en provenants , ou les revenus
d'iceux puissent tourner au profit des oeuvres
auxquelles ils seront destinés, qu'en vertu des
Décrets des Evêques Diocésains revêtus de
,
Lettres-Patentes enregistrées.
Le but de cet Article est d'obtenir de Sa Majesté qu'Elie
détermine, pour chaque Diocèse les Bénéfices ou biens
,
ecclésiastiques, dont Elle permettra Tapplication aux ob-
jets ci-deflus indiqués, 6c qu'en même-temps Elle assure
4i 6 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Texécution des dispositions qu'Elie aura adoptées. La pré-
caution que propose TAílemblée d'interdire toute dispo-
sition nouvelle des Bénéfices dont 5a Majesté aura permis
la suppression ne doit sans doute être adoptée qu'en fa-
,
veur d'une destination aussi privilégiée. L'Assemblée, qui
représente toutes les parties intcreíìées, ne craint pas de la
solliciter. C'est le seul moyen d'écarter les obstacles qu'op-
poserait Tintérêt particulier à Futilité commune : il n'est
pas fans exemple ; on Ta plusieurs fois adopté dans ces
derniers temps, 6c jamais, fans doute, il ne fut commandé
par des circonstances plus légitimes.
ARTICLE XV.
Qu'au surplus toutes les dispositions de TEdit
du mois de Mai 1768 en tout ce qui n'y feroit
,
pas dérogé par les précédents Articles , seront
maintenues dans la nouvelle Déclaration.
Les précédents Articles ont tous pour objet d'ajouter à
Texécution de TEdit de 1768, les dispositions qu'exigent
les circonstances actuelles, 6c d'adopter les moyens les plus
propres à subvenir aux inconvénients inséparables d'une
Loi générale ; mais il convient en même-temps de confir-
mer les dispositions de TEdit de 1768 , qui a établi une
Jurisprudence uniforme sur le fait des Portions congrues,
6c qui a déterminé les droits respectifs de ceux qui
les reçoivent, 6c de ceux qui font chargés de les ac-
quitter.

DU
DU CLERGÉ DE
FRANCE, 9 AOUT 178 J. 417

DU MARDI, NEUF AOUT 178 j,


à neuf heures du matin.

Monseigneur l'Archevêque de Narboune, Président.

1k M Onseisneur l'Archevêque de Narbonue a prié Moi> LIX


J_ JLseigneur TEveque de Fréjus ^Monsieur TAbbé de SÉANCE.
Messey de témoigner, au nom de TAssemblée, à Monsei-
gneur l'Archevêque d'Aix la part qu'elle prend à són in-
disposition.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne a pareillement
prié Monseigneur TEvêque de Nevers 6c Monsieur TAbbé
de Barrai de voir Monseigneur TEvêque de Troyes, 6>Cde
lui témoigner combien TAssemblée s'intéresse au rétablis-
sement de sa santé.
Messeigneurs òc Messieursles Commissaires, pour la Re-
ligion 6c la Jurifdiction ont pris le Bureau. Monseigneur
,
l'Archevêque d'Arles, Chef de la Commission a dit :
,
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
En vous rendant compte de TArrêt du Parlement de
Toulouse qui a maintenu dans la possession du Prieuré de
,
Montarnaud, Diocèse de Montpellier, le porteur de Pro-
visions de Cour de Rome, au préjudice du nommé par
Monseigneur TEvêque, Collateur ordinaire de ce Béné-
fice nous annonçâmes des vues ultérieures à mettre fous
,
les yeux de TAssemblée, quand Tinstance en castation au-
roit été jugée définitivement. L'espece de la cause 6c les
moyens respectifs des Parties, font présents à votre mé-
moire. 11 suffira d'observer que le Conseil avoit à prononcer
sur la validité de la clause etiam per obitum, apposée aux
actes fur résignations en faveur ; clause qui, dans le systè-
me du Parlement de Toulouse, opère au profit du Ré-
signataire Teffet de là prévention, lorsque la résignation
est admise en Cour de Rome, après la mort du démet-
Procès-verbal de 178 j. Ccc
41 8 PROCfcs-FÈRBÂL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tant, mais avant le titre de TOrdinaire. Chargés par vos
ordres d'exarriiner cette importante question, nous crûmes
devoir remonter à l'origine du droit qu'a le Pape de pré-
venir les Patrons 6C Coïlateurs Ecclésiastiques dans la dis-
position des Bénéfices. Après avoir suivi la filiation des
Règlements, émanés à ce sujet des deux Puissances, il ne
nous fut pas difficile d'établir que la prévention éven-
tuelle, défendue par le Parlement, non-feulement ne por-
toit fur aucune Loi, mais qu'elle contredisoit ouverte-
ment les règles de verifimili notitiâ obitûs SQ de impetran-
ûbus Bénéficia viventium TArticle 4 de la Déclaration du
Août 1718, 6c la
,
Jurisprudence des Tribunaux les-plus
3
instruits de nos usages. Insistant ensuite sur Tindécence de
donner pour base à une collation obituaire, la simple pos-
sibilité du décès, 6c de représenter tout à la fois le même
homme vivant 6c mort, dans la même supplique 6c dans
les mêmes provisions, nous prévimes que le Législateur
alloit faire justice de Tatteinte portée aux Loix du Royau-
me. Nos espérances n'oht point été trompées. Le rapport
de cette affaire a fourni à M. TAbbé Royer, Maître des
Requêtes, une nouvelle occasion de faire éclater ses lu-
mières fa sagacité 6C son attachement aux saines maximes:
,
6C dans un Conseil très-nombreux, tenu le 4 Juillet der-
nier, toutes les voix íe font réunies pour reconnoître 6C
proscrire les irrégularités de TArrêt du Parlement de Tou-
louse.
Voici, sans doute, un grand pas aux yeux de quiconque
connoît la rigueur 6c Tintolérance des principes reçus fur
le fait des cassations. Ce Jugement est destiné à faire épo-
que i & mérite d'être recueilli parmi les monuments du
Clergé. Mais remplira-t-iì, danstòûte son étendue, le
voeu
de TAssemblée Provinciale de Toulouse, pour Tanéantifse-
ment de cette espèce de prescription qu'on prétend être
acquise au sentiment contraire ì Dans le ressort de quel-
ques Parlements, 6c notamment à Toulouse > n'y a-t-il pas,
à cet égard, des inquiétudes que laisse subsister
un simple
Atrêt du Conseil, qui n'a point été rendu en forme de
Règlement, 6c dont les dispositions ne peuvent être uni-
DU CLERGÉ DE FRANCE', 9
Aoux 178/. 419
versellement répandues ? Tant que les Banquiers-Expédi-
tionnaires ne feront liés par aucunes défenses, intéressés à
multiplier les_envois en Cour de Rome, ils continueront
de faire inférer la clause obituaire dans les Suppliques fur
résignation ; les porteurs de Provisions, avec cette clause
subsidiaire, écarteront Tinduction qu'on voudrait tirer du
nouvel Arrêt, en prétendant qu'il est fondé sur des cir-
constances particulières; &C les Cours, accoutumées à ne
connoitre la-volonté du Souverain que lorsqu'elle se ma-
nifeste par la voie de Lettres-Patentes jugeront toujours
d'après Topinion dominante dans lé , Ressort. Personne
n'ignore Tempire des préventions que le temps a consa-
crées même au í^ein des corps les plus éclairés. Malgré le
,
premier Arrêt de cassation obtenu par M. TAbbé de Saint/
Soupplets, Arrêt qui préjugeoit le fort de Topposition for-
mée par son compétiteur M. TAbbé dé Saint-Martin, il
est intervenir au Parlement de Toulouse, le 3 o Mai de cette
année, un autre Arrêt entièrement dicté par les mêmes
principes qui avoient provoqué Tanimadversiondu Con-
seil. De la diversité de Jurisprudence entre les Tribunaux,
6c du conflit entre les anciennes 6c les nouvelles autorités,
naîtront des contestations plus fréquentes, plus vives 6c
plus dispendieuses qui troubleront la paix du Sanctuaire, 6c
n'ajouteront pas à Tédification publique. II est vrai que les
Pourvus par les Collateurs ordinaires qui viendront à suc*
comber, auront la ressource de se pourvoir au Conseil, en
suivant la route tracée par M. TAbbé de Saint-Soupplets.
Mais toutes les Parties ne feront pas instruites du succès
de ce demandeur en cassation ; 6c la lumière ne se répandra
d'une extrémité du Royaume à l'autre que lentement, à
grands frais, 6c par la voie de tristes 6í laborieuses procé-
dures. II est constant que Tafraiie de M. TAbbé de Saint-
Soupplets discutée au Conseil en présence de M. le Garde
,
des Sceaux, a fait naître les dispositions les plus favora-
bles. Nos Commettants n'accuseroient-ils pas, avec raison ,
notre vigilance , si nous laissions échapper cet heureux mo-
ment, fans solliciter une Ordonnance, adressée à toutes les
Cours Souveraines, qui retipuvellarit, en tant que besoin
Ccc 1
PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
42:0
feroit, Texécution des règles de verifìmili notitiâ obitûs ÔÇ
de impetrantibus Bénéficia viventium j déclare nulle 6C fans
effet toute Provision de Cour de Rome, expédiée fur va-
cance par mort, pour quelque cause que ce soit, à moins
qu'il ne soit justifié de Tavis donné préalablement de ladite
vacance par mort? il feroit fait inhibitions 6c défenses aux
Banquiers-Expéditionnaires de comprendre dans les Sup-
pliques fur résignations en faveur, la clause subsidiaire per
obitum, avec injonction aux Cours 6C autres Juges de n'a-
voir aucun égard à ladite clause, en prononçant sur le pos-
seííoire 6c la maintenue des Bénéfices.
Sans doute, toute administration sage 6c prévoyante
n'use qu'avec la plus grande économie du pouvoir de faire
des Loix. La multitude des Règlements les obscurcit, les
énerve , 6c prépare à leur inexécution. Mais quel usage
mieux vu & plus utile de Tautorité légistative, que de fixer
les variations de la Jurisprudence sur un point intéressant
de nos Libertés ? Loin de nous Tidée que cette démarche
afflige le Souverain Pontife. Nos pères nous ont appris à
soutenir nos Libertés fans manquer au respect.... Sainte
Eglise Romaine mère des Eglises âC de tous les Fidèlesà
j
Epouse choisie de Dieu pour unir tes enfants dans la mêmç
foi ÓC dans la même charité, nous tiendrons toujours à ton
unité par le fonds de nos entrailles. Tel étoit le langage de
M. Bossuet à Touverture d'une célèbre Assemblée qui
,
comptera toujours parmi les titres de fa gloire celle d'avoir
eu ce grand homme pour interprète. Ces sentiments héré-
ditaires dans le Clergé de France, acquièrent chaque jour
plus d'énergie au milieu des attaques livrées de toutes parts
au Siège Apostolique. Plus une génération inquiète 6c en-
treprenante s'efforce de détacher le monde Chrétien da
Vicaire de Jéíus-Christ, plus sommes-nous appelles à re£
serrer ces liens précieux, par notre enseignement 6c par
nos exemples. L'Episcopat est un; 6c lorsque la violence
des orages menace le Chef de ce Corps auguste, tous les
Membres font en danger, disoient dès le commencement
de la Monarchie Françoise, les Evêques assemblés en Con-
cile. Mais en quoi Tautorité pontificale feroit-elle blessée
DU CLERGÉ DE FRANCE J 9 AOUT 1785; 4x1
par la publication de la nouvelle Loi ? Si les Officiers de
la Cour de Rome ont eu la facilité de céder aux instances
de Résignataires, 6c d'ajouter aux Provisions fur résigna-
tions la clause obituaire, il n'existe aucun Décret qui au-
torise 6c confirme cette innovation. Elle fut au contraire
repoussée vigoureusement dans fa naissance par le Tribunal
de la Rote, fous les yeux du Saint-Pere : 6c encore aujour-
d'hui c'est des règles de la Chancellerie Romaine, que nous
empruntons pour la combattre, les armes les plus puissantes
6c les plus victorieuses. Au reste Topinion de la France,
fur le vice de pareille énonciation, n'est plus un problême,
après les Arrêts rendus avec tant de solemnité par le Grand-
Conseil 6c le Parlement de Paris, 6c après celui que vient
de consacrer le suffrage unanime du Conseil de Sa Majesté :
en priant le Légiflateur d'étendre , par une Ordonnance
générale, la Jurisprudence des Parlements de Rouen 6c de
Paris au ressort des autres Cours souveraines, notre inten-
tion est de tarir une íource féconde de procès, 6c d'épar-
gner bien des déclamations à la licence du Barreau mo-
derne points de vue bien propres à intéresser le coeur
,
paternel de Sa Sainteté, 6c qui tourneront à Tavantagc du
Saint Siège. On a pu remarquer que la Déclaration pro-
posée auroit pour base les règles si connues de la Chancel-
cellerie Romaine, de verisimili noùtià obitûs ÓC de impe-
trantibus Bénéficia viventium. C'est un hommage public,
rendu par la Puissance temporelle au zèle pur 6c éclairé
des Papes, qui ont été les premiers à contenir, par d'utiles
entraves, les entreprises des Préventionnaires. Enfin à Tin-
térêt des Patrons 6c Collateurs Ecclésiastiques, se joint la
cause des peuples qui n'auront pas la douleur de voir des
Sujets vicieux s'emparer du gouvernement des Paroifles,
en cumulant la voie de la prévention avec celle de la ré-
signation surprise à des mourants. Ainsi, Messeigneurs 6C
Messieurs, tout invite à presser auprès de M. le Garde
des Sceaux Texpédition 6c Tenvoi d'une Déclaration, non
moins salutaire dans ses effets, qu'équitable dans son prin-
cipe 6c régulière dans ses dispositions.
Le Rapport fini, il a été délibéré, conformément à Tavis
42.1 PROCES-FERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de la Commission de solliciter une Déclaration qui re-
,
nouveiiant, en tant que besoin sera, Texécution des règles
de verijimili notitiâ obitûs c% de impetrantibus Bénéficia
vive'/itium déclare nulle &.fans effet toute date de
j
Cour de Rome expédiée fur vacance par mort pour quel-
>
que cause que ce soit, à moins qu'il ne soit justifié de
l'avis donné préalablement de ladite vacance par mort,
avec défenses aux Banquiers-Expéditionnaires de compren-
dre dans les Suppliques fur résignations en faveur, la clause
subsidiaire per obitum, 6c injonction aux Cours 6c autres
Juges de n'avoir aucun égard à ladite clause, en pronon-
çant sur le possessoire 6c la maintenue des Bénéfices. Mon-
seigneur l'Archevêque d'Arles, Monseigneur TEvêque de
Langres, 6c Mestieurs les Abbés de Grain-ville 6c de Gri-
maldi ont été priqs de voir M. le Garde des Sceaux, 6c
de presser auprès de lui Te-xpédition 6c Tenvoi de cette
Déclaration dans les Cours souveraines du Royaume.
Monseigneur l'Archevêque d'Arles a dit ensuite:
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
VOUS venez de prendre des mesures efficaces contre Tabus
que faifoit du Droit de prévention Tavidité de quelques
Résignataires,n'éleverons-nous pas la voix à Toccasion de
ce Droit en lui-même ? Tandis qu'il est défendu, par toutes
les Loix canoniques, de s'ingérer, de son propre choix,
dans la possession du moindre Bénéfice, 6c que durant les
beaux jours du Christianisme la nomination des places les
plus importantes n'excitoit de combats que pour vaincre
îa résistance de la vertu modeste 6c désintéressée, d'au-
dacieux Impétrants, qui n'ont d'autres titres que des dates
retenues par eux en Cour de Rome , forcent aujourd'hui
les barrières du Sanctuaire. L'administration des biens d'E-
glise la conduite même des âmes deviennent, dans les
,
Tribunaux, le prix ÒC Tcncouragement de TEcclésiastique
qui a fait le plus de diligence. Quelque relâché que soit
le monde sur les principes de la vocation au saint Minis-
tère , il dévoue hautement au mépris public cette espèce
DU CLERGÉ DE FRANCE J 9 AOUT 1785. 413
d'hommes dont la profession est de fondre fur la dépouille
des Bénéficiers avec une coupable rapacité. Et quel spec-
tacle plus propre à flétrir aux yeux des peuples la dignité
des Ministres de la Religion, que cette multitude de cour-
ses ambitieuses 6c intéressées ? Sans doute les Prévention-
naires n'ont été originairement tolérés que dans la vue de
réveiller Tactivité des Collateurs 6c de mettre un frein
désordres ,
aux des longues vacances. Sans examiner si la
dévolution autorisée par les Conciles, ne suffisait pas à cet
effet, il auroit fallu punir la négligence du Nominateur
en demeure, 6c non récompenser la cupidité de Tlmpé-
trant. Lorsque le Titulaire d'un Bénéfice meurt loin du
Diocèse ou réside le Patron ou le Collateur, quelqu'atten-
tion qu'ils apportent, comment n'être pas prévenu à la
faveur d'un envoi extraordinaire en Cour de Rome ? Tout
récemment M. TAbbé du Cluzel, Doyen de TEglise Mé-
tropolitaine de Tours, étant décédé à Montpellier, cette
première dignité fut aussi-tôt impétrée ; ÔC l'un des Cha-
pitres les plus distingués du Royaume a craint de voir à
fa tête un inconnu, qui avoit demandé 6c obtenu des Pro-
visions de Cour de Rome, quelques jours avant Télection
faite par la Compagnie. Que de mystères d'iniquité pa-
roîtroient au grand jour s'il étoit permis de fouiller dans
>
les registres des Banquiers-Expéditionnaires?
Mais c'est dans les quatre Provinces Ecclésiastiques, de-
pendantes de la Vice-Légation d'Avignon, que les plaies
faites à la pureté des règles font encore plus sensibles. La
proximité d'Avignon, la facilité de fe transporter, à peu
de frais, en cette Ville, quelquefois plus voisine du lieu de
k mort du Bénéficier que celle où est établi le Siège de
TEvêque Diocésain, tout y multiplie les courses extraor-
dinaires &C tend à frustrer de ses droits le Collateur le plus
, plus vigilant. Aussi-tôt
actif 6c le qu'un Curé est dans un
état dangereux, d'avides Ecclésiastiques épient avec in-
quiétude les progrès de la maladie 6c Tinstant du décès,
pour faire courir, ou courir eux-mêmes ce Bénéfice à
charge d'ames. A peine un Chanoine a rendu le dernier
soupir, que justementjaloux d'écarter les Préventionnaires,
42-4 PROCES^-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ses Confrères s'assemblent à la hâte pour lui donner un
successeur, contre le voeu des Canons 6C de Thonnêteté
publique, qui ne permettent pas de disposer d'un titre ecclé-
siastique avant Tinhumation du dernier Titulaire. Et com-
bien de fois, dans les campagnes, la mort des Bénéficiers
n'a-t-elle pas été cachée frauduleusement pendant quelques
heures, afin de favoriser le succès de Timpéfration, & de
lier les mains à TOrdinaire ?
Un droit dont les estets font fi pernicieux, pesé d'autant
plus aux Evêques de Provence 6c de Dauphine que ce
,
joug n'a pas toujours été porté par leurs .prédécefíeurs
s
même depuis Tétabliilement de la prévention. On a pensé
long-temps en France que la faculté de prévenir, réservée
à la personne du Pape ne pouvoit être transmise à.ses Lé-
,
gats. M. Pithou en a fait -un.article de nos Libertés. Si le
crédit prépondérant du Cardinal d'Amboife 6c du Chance-
lier Duprat, revêtus successivement de la Légation de Fran-
ce, forcèrent les règles à plier en ces circonstances, TAuteur
de vos Mémoires regrette que les Collateurs ordinaires
n'aient pas lutté, avec Ta même persévérance que les Uni-
versités, contre les prétentions élevées par les représentants
du souverain Pontife. Quoi qu'il en soit, les Bulles de
légation, vérifiées^ aux Parlements d'Aix 6c de Grenoble,
attribuent au Vice-Légat d'Avignon ce pouvoir. II a été
clairement reconnu en faveur du Pape par un texte du
Concordat. Quelqu'odieux que puiste paraître Texercice
de la prévention bien éloignés de vouloir dépouiller le
Chef de TEglise , de la moindre de ses prérogatives 6C
fidèles à donner Texemple de respecter Tombre même, de
la propriété, nous ne demandons point Tabolition de ce
droit ; mais il est de sages modifications 6c des tempéra-
ments heureux , propres à concilier tous les intérêts. En
conservant au Saint-Siège le droit de prévenir les Patrons
6c Collateurs dans la nomination des Bénéfices, ce droit
pourroit ne s'ouvrir qu'à Texpiration du temps néceíìaire,
pour que les Collateurs fustent présumés instruits de la va-
cance. Toute date retenue en Cour de Rome par la voie
de la prévention dans les trente jours francs qui suivroient
Tenterrement
DU CLERGÉ DE FRANCE J 9 AOUT 1785-. 425
Ténterrement du dernier Titulaire serait déclarée
, non
avenue 6c sans effet. II s'agiroit, en un mot, d'accorder à
tous les Patrons 6CCollateurs Ecclésiastiques, pendant un
-mois, la même faveur 6c la même liberté dont jouissent,
pendant six mois, les Cardinaux 6c autres privilégiés. Ainsi
la vigilance des Ordinaires continuerait d'être excitée par
la crainte de la prévention, ÔC des vacances trop prolon-
gées ne nuiraient point au bien spirituel des peuples mais
;
on n'auroit plus à gémir fur le scandale des courses extraor-
dinaires 6c toutes les scènes affligeantes qui, dans quel-
,
ques Provinces, accompagnent 6c suivent les derniers mo-
ments des Bénéficiers, disparaîtraient à jamais du milieu
de TEglise de France. Une opération si consolante est bien
digne du religieux Pontife assis aujourd'hui fur la Chaire
de saint Pierre, 6c vous vous seriez empressés de lui adres-
ser de touchantes 6c respectueuses supplications,
avec toute
la confiance qu'inspirent les vues de paix, de modération
6c de bienfaisance qui président au gouvernement de TE-
glise universelle; mais nous nous ferons toujours une juste
délicatesse de ne pas traiter avec la Cour de Rome, fans le
consentement exprès du Roi : 6c ce consentement est d'au-
tant plus nécessaire, que le Pape étant Collateur forcé,
suivant nos usages, quand il adopterait les restrictions pro-
posées, cette grâce deviendroit illusoire, sans le concours
de Tautorité du Prince. II devient donc indispensable de
conférer, avant tout, avec M. le Garde des Sceaux qui a
la partie de la légistation. Si notre plan conciliatoire est
agréé du Chef de la Justice, nous aurons Thonneur de
voir M. le Comte de Vergennes, ayant le département
des Affaires Etrangères, 6c de concert avec les Ministres,
nous prendrons alors la liberté d'écrire à Sa Sainteté au
nom de TEglise Gallicane. II est facile de prévoir qu'une
négociation de ce genre ne sera point terminée avant la
fin de nos Séances; 6c vous me pouvez mieux en assurer
la réussite, qu'en priant Monseigneur l'Archevêque de
Narbonne de vouloir bien, après votre séparation, conti-
nuer à y donner ses foins conjointement avec Messieurs
les Agents. Enfin si nos vues se réalisent, il faudra déroger
Procès-verbal de 1785. Ddd
4i 6 PROCES'FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
au Concordat par une Bulle, Induit ou Rescrit, revêtus
de Lettres-Parentes vérifiées dans tous les Parlements du
j
Royaume. Rien de plus juste que de faire supporter par
le Clergé-Général les frais de poursuite d'obtention 6c
,
d'enregistrement, puisque tous les Diocèses participeront
aux fruits de cet heureux changement de discipline. Telle
est, Messeigneurs 6c Messieurs, la progression des diffé-
rentes démarches que peut amener la conduite 6c le dé-
veloppement de cette affaire ; mais une Délibération qui
embrasserait dès-à-présent la totalité de ces objets, feroit
évidemment prématurée; 6c nous n'avons à voter aujour-
d'hui que fur la proposition d'une conférence préliminaire
avec M. le Garde des Sceaux.
Sur ce Rapport, TAssemblée adoptant Tavis de la Com-
mission 6c considérant combien il feroit important pour
Tintérêt, de TEglise 6>Cdes peuples, ainsi que pour celui des
Patrons 6c Collateurs Ecclésiastiques, que par le concours
des deux Puissances, il fût ordonné que toute date rete-
nue e.n. Cour de Rome avant Texpiration des trente jours
francs qui,suivraient Tenterrement du dernier Titulaire,
feroit déclarée de nul effet, a prié Monseigneur l'Arche-
vêque d'Arles, Monseigneur TEvêque de Langres, 6c Mes-
sieurs les Abbés de Grainville 6c de Grimaldi de voir M. le
Garde des Sceaux, 6C de lui faire connoître le voeu de
TAssemblée à ce sujet.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, i o Août,
à neuf heures du matin.
&gné ^ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne, Président.
DU CLERGÉ DE FRANCE, IO AOUT 178J. 417

DU MERCREDI, DIX AOUT 178;,


à neuf heures du matin.

Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

MOnseigneur TEvêque de Fréjus a dit : Que confor- LX


,
mément aux ordres de TAssemblée, il avoit eu Thon- SÉANCE.

neur de voir, avec Monsieur TAbbe de Messey, Monsei-


gneur l'Archevêque d'Aix ; que ce Prélat leur en avoit té-
moigné sa reconnoissance 6c le désir qu'il avoit que sa
,
santé le mît bientôt à portée de faire ses remerciements à
TAssemblée.
Monseigneur TEvêque de Nevers a dit : qu'il avoit eu
Thonneur, avec Monsieur TAbbé de Barrai, de voir Mon-
seigneur TEvêque de Troyes ; que ce Prélat avoit été
fort sensible aux témoignages d'intérêt que TAssemblée
vouloit bien lui donner à Toccasion de son indisposition.
Messeigneurs ôc Messieurs les Commissaires ont été
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 11 Août,
à neuf heures du matin.
Signé >3£íARTHUR-RlCHARD, Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

DU JEUDI, ONZE AOUT I7SJ,


a neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

MOnsieur TAbbé de Barrai a rendu compte à TAs- LXI


SEANCE.
semblée d'une contestation entre les Décimateurs
ôfles habitants de la Paroisse de Savigny-sur-Braye, con-
cernant les pailles de la dîme que les habitants veulent
s'approprier à vil prix. Sur quoi TAssemblée a délibéré
D dd x
42.8 PROCES-FERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
d'accorder ses bons offices aux Religieux de Vendôme
6C de Saint-Calès, Décimateurs de Savigny, 6c a chargé
Messieurs les Agents de témoigner à M. TAbbé Tandeau
de Marfac, Rapporteur, Tintérêt qu'elle prend au succès
de cette affaire, qui intéresse tous les Décimateurs.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture du
Rapport de leur Agence.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, i 2, Août,
à neuf heures du matin.
Signé ìfe ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne, Président.

DU VENDREDI, DOUZE AOUT I78J,


à neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

LXII L'Assemblée a été avertie que le Greffier de THôtel-


SÉANCE.
de-Ville de Paris demandoit audience. L'Huissier Ta
introduit dans la Salle de TAssemblée. Le Greffier étant
assis fur un tabouret au coin du Bureau a supplié Mes-
,
seigneurs 6c Messieurs de vouloir bien indiquer le jour
qu'ils donneraient audience à MM. de THôtel- de -Ville.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne lui a répondu
,
que TAssemblée donnerait audience à MM. de THôtel-
de-Ville Mercredi prochain, 17 de ce mois, à 1 1 heures
du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne a dit ensuite :
NOUS nous sommes rendus, Messeigneurs 6c Messieurs,
conformément à vos ordres, chez M. le Garde des Sceaux,
avec Messieurs les Députés que vous avez chargés de con-
férer avec ce Chef de la Magistrature, fur plusieurs des
affaires qui vous occupent.
Nous Tavons entretenu de Taffaire du Sieur Buissonier,
Du CLERGÉ DE FRANCE, 12. AOUT 1785. 419
relativement à la Cure de Monestier-Clermont, Diocèse
de Die ; des mesures à prendre pour défendre aux Ban-
quiers-Expéditionnaires d'insérer, dans les Actes de rési-
gnations en faveur, la clause per obitum, 6C pour empê-
cher les principaux abus de la prévention ; de Taffaire qui
intéresse les Décimateurs de Flandre, ainsi que des re-
cherches qui se font dans le Diocèse de Troyes, relative-*
ment aux Registres de Baptêmes , Mariages 6c Sépultu-
res : il nous a montré, fur ces différents objets, des dis-
positions favorables ; 6c quant à Taffaire du Sieur Buis-
sonier en particulier, il a ajouté qu'il étoit nécessaire que
Messieurs les Agents lui présentassent, avant tout, une
nouvelle Requête.
NOUS avons principalement insisté fur Taffaire des dînies
de la Province de Normandie. Ce Magistrat nous a paru
en être fort occupé, 6c nous a dit que plusieurs de MM. les
Conseillers d'Etat étoient déja chargés d'examiner les re-
présentations du Clergé ; qu'il avoit cru devoir leur asso-
cier quelques Magistrats du Parlement de Rouen afin
,
d'avoir de plus grands éclaircissements fur les principes
reçus en cette Province par rapport aux dîmes, 6c que,
dans les conférences qui se tiendraient sur cette affaire
prendrait considération le Mémoire de TAssemblée ,
on en
que nous avons eu Thonneur de lui présenter.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture du
Rapport de leur Agence.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Mardi prochain, 16 de cc
mois, à neuf heures du matin.
Signé $fe ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Pri-
,
mat de Narbonne, Président.
43 o PKOCES-FËRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU MARDI, SEIZE AOUT 178j,


à neuf heures du matin.

Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

LXIll _L* ÂOnseigneur l'Archevêque de Narbonne a dit:


SEANCE.
En exécution de vos ordres, Messeigneurs 6c Messieurs,
je me fuis rendu Dimanche à Versailles, 6c j'ai eu Thon-
neur de remettre au Roi le Mémoire que vous avez dé-
libéré de lui présenter, ainsi que la Délibération du trois
de ce mois, relative à Taugmentation des Portions con-
grues, avec les éclaircissements qui en expliquent 6c justi-
fient les articles. J'ai représenté à Sa Majesté qu'un des
moyens les plus furs d'asiurer les avantages qui doivent
résulter de cette Délibération, feroit de mettre TAssem-
blée à portée de recevoir, des différents Diocèses, les Mé-
moires 6c éclaircissements qui deviennent aujourd'hui né-
cessaires pour procurer aux Curés des dotations sussìsantes
6c convenables, 6C aux Décimateurs indigents les indem-
nités qu'ils font dans le cas de prétendre, fur les moyens
qu'ils peuvent offrir pour remplir le voeu du Clergé. Le
Roi a accueilli ces vues avec bonté, 6>Cm'a autorisé à vous
annoncer son agrément pour la prorogation de TAssem-
blée à Tannée prochaine.
Monseigneur l'Archevêque d'Aix a remercié Messei-
gneurs 6c Messieurs les Députés de Tintérêt qu'ils ont bien
voulu prendre à son indisposition.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture du
Rapport de leur Agence.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 17 Août,
à neuf heures du matin.
Signé ffi ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président. ,
DU CLERGÉ DE FRANCE J 17 AOÛT 1785. 431

DU MERCREDI, DIX-SEPT AOUT 1785,


à neuf heures du mdtin.

Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour la LX1V


Religion 6c la Jurifdiction, ont pris le Bureau. Mon- SÉANCE.

seigneur l'Archevêque d'Arles, Chef de la Commission, a


dit : Qu'il alloit être rendu compte d'une affaire très-inté-
ressante pour le Clergé, dont le Rapport a été fait ainsi
qu'il fuit.
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
L'Eglife de Québec demande votre protection 6C votre
médiation auprès du Roi, pour la faire jouir de TAbbaye
de Maubec qui lui a été unie.
L'Evêque 6c le Chapitre réclament, soit à titre de jus-
tice , soit à titre de bienfait, les revenus d'une Abbaye
dont ils ont joui depuis 1674, jusqu'en 1766.
Cette réclamation offre à votre sollicitude un objet
digne de votre zèle. C'est de procurer à un Evêque 6c à
son Chapitre des moyens de subsister dans un pays où Ton
a porté le flambeau de la Eoi, 6c où il brille encore dans
toute fa pureté. Mais cette réclamation décelé un abus
qu'aucune considération ne vous permettra de dissimuler;
un abus qui fut, dans des siécles de troubles 6c de ténèbres, -
un des plus cruels fléaux de TEglise : c'est la libre disposi-
tion des fruits de TAbbaye de Maubec, qui a été accor-
dée par un acte simple d'administration, par un Arrêt du
Conseil, à un Chevalier de Malthe qui continue d'en
,
jouir, quoiqu'il ait renoncé, en embrassant Tétat du ma-
riage, à tous les privilèges attachés à TOrdre de Malthe,
& à la Cléricature.
L'Eglife de Québec eût-elle perdu, en passant fous une
domination étrangère, tous les droits qu'elle pouvoit avoir
432, PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

aux revenus de TAbbaye de Maubec, vous ne verriez pas


d'un oeil indifférent Tapplication qui en a été faite; vous
ferez justement alarmés des fuites funestes qu'entraînerait
cette surprise faite à la religion du Roi.
VOUS apprécierez Messeigneurs 6c Messieurs, la de-
,
mande de TEglise de Québec par les titres qu'elle invo-
que , 6c que nous allons mettre fous vos yeux, 6c vous ju-
gerez de Tapplication abusive qui a été faite des revenus
de TAbbaye de Maubec, par son opposition avec toutes
les Loix, soit Civiles, soit Ecclésiastiques du Royaume.
Louis XIV ayant acquis le Canada , voulut y établir la
Religion Catholique fur une base solide. II fit ériger à
Québec, Capitale de cette Colonie , un Siège Episcopal
ci un Chapitre Cathédral. La Bulle d'érection, donnée par
le Pape Clément X, est du premier Octobre i 674.
Cette Bulle donne.pouvoir au futur Evêque d'ériger un
Chapitre Cathédral, qui sera formé sur le modelé des au-
tres Chapitres du Royaume : TEvêque en est créé le pre-
mier Chanoine : le Prélat de cette Eglise doit jouir de tous
les droits, honneurs, prérogatives, prééminences 6c J u ris-
diction dont jouissent tous les autres Evêques; le Chapitre
de fa Cathédrale doit lui être soumis immédiatement ; fa
personne 6c son Eglise doivent Têtre aussi immédiatement
au Saint-Siège. La même Bulle supprime le titre d'Eglise
Paroissiale qui existoit à Québec, sous Tinvocation de la
sainte Vierge 6c de Saint-Louis, 6c veut que les fonctions
curiales soient exercées par les Dignitaires $C les Chanoines
du Chapitre.
François de Laval-Montmorency, premier Evêque de
Québec, érigea, en vertu de ladite Bulle, parJDécret du
6 Novembre 1684, un Chapitre, qu'il chargea des fonc-
tions curiales ; mais ce Chapitre s'apperçut bientôt que les
fonctions canoniales étoient incompatibles avec les sollici-
tudes 6c Texercice du ministère dans une Eglise Cathé-
drale peu nombreuse; il demanda à être déchargé du ser-
vice de la Cure ; elle fut réunie, par M. de Laval, au Sé-
minaire qui existoit à Québec, sous la direction de MM. des
Missions
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 AOUT 1783-. 431
Missions Etrangères. Le Décret de réunion est du 14 No-
vembre 1684.
Clément X unit, fur la demande de Louis XIV, par la
même Bulle d'érection au Siège Episcopal de Québec, la
Meuse Abbatiale de TAbbaye de Maubec, Ordre de Saint-
Benoît Diocèse de Bourges. La Mense Conventuelle
,
de ladite Abbaye avoit été désignée par le Roi dans fa
Supplique, pour former la dotation du Chapitre ; mais cette
union n'eut pas lieu à cette époque, puisqu'on lit dans
ladite Bulle la clause suivante : Salvis Mensâ coiiventuali
y
ac omni jurisdiclione fpinmali intra septa dicii Monafierày
SC junbus ddecîis filus P non SC Monachis concefiis.
II est remarquable Messeigneurs 6C Messieurs, que cette
,
Bulle d'union est fans adresse, 6c ne porte aucune nomi-
nation de Commissaire ; on ne produit aucun acte de Tin-
formation de la commodité ou incommodité, nécessité ou
utilité : quoi qu'il en soit, la Bulle fut confirmée par Let-
tres-Patentes en i68x, 6c ces Lettres furent enregistrées.
Les revenus de la Mense Abbatiale de Maubec n'étant
pas suffisants pour doter un Siège Episcopal 6c un Chapi-
tre 3 le Roi y ajouta ceux de TAbbaye de TEstrée, Ordre
de Cîteaux, Diocèse d'Evreux, 6c de Bennevent, Ordre de
Saint-Augustin, Diocèse de Limoges.
Par Concordat, passé le 1 6 Avril 1697, entre M. TE-
vêque de Québec, d'une part, 6>Cles fondés de procuration
des Doyen, Chanoines 6c Chapitre de TEglise Cathédrale,
il fut fait partage de ces trois Abbayes.
Le Roi, fur les représentations de M. de Saint-Vallier,
Evêque de Québec, ayant fait examiner dans son Conseil
la Bulle d'érection de cetEvêché ; le Décret d'érection du '
Chapitre par M. de Laval, en 1 684; la Requête du Cha-
pitre en date du 14 Novembre de la même anilée ; lé
Décret ,
du même jour par lequel ce Prélat unit la Curé
,
au Séminaire des Missions-Etrangères, 6c TActe de con-
cordat ou de partage, du 1 6 Avril 1 697, confirma 6c ap-
prouva les susdits Actes, pour être exécutés selon leur for-
me 6c teneur.
Quelques contestations qui s'élevèrent entre M. TEvê-
Procès-verbal de 178 5. Eee
434 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
que de Québec 6c le Chapitre de son Eglise Cathédrale,
éc encore entre ces Parties 6c les Religieuses de la Co-
lombe auxquelles on accorda les lieux claustraux de TAb-
,
baye de Lestrée, donnèrent lieu à un Arrêt du Conseil,
rendu le premier Octobre 171 2, qui, entre autres dispo-
sitions ordonne que fur la Bulle du premier Octobre 1 674,
,
portant érection de TEvêché 6c du Chapitre de Québec,
fur le Décret de François de Laval, du 6 Novembre 1684,
portant établissement du Chapitre, il feroit incessamment
obtenu des Lettres-Patentes, pour, icelles enregistrées où
il appartiendrait, être ladite Bulle ledit Décret 6c les
,
Lettres-Patentes exécutées selon leur forme 6c teneur : par
le même Arrêt, le Roi confirmant, interprétant 6c cor-
rigeant, en tant que de besoin, tous les dons faits des Ab-
bayes de Maubec, de TEstrée 6c de Bennevent, ordonne
que TEvêque 6c le Chapitre de Québec continueront de
jouir de tous les revenus desdites Abbayes.
Sur les nouvelles représentations qui furent faites à
Louis XIV par TEvêque 6>C le Chapitre de Québec, fur
Tinsufsisance de leur dotation, le Roi consentit, par son
Brevet du 14 Décembre 1701 à Tunion de la Mense
,
conventuelle 6c des Offices claustraux de TAbbaye de
Maubec, audit Evêché 6c au Chapitre, 6>C donna, à cet
effet, ses Lettres-Patentes le ij Novembre 1713; elles
furent enregistrées le 3 Juillet 1714.
Le partage fait le z o Octobre 171 3, entre TEvêque ÔÇ
le Chapitre de Québec par les Commissaires du Roi
, ,
assura au Chapitre la jouissance de la totalité du revenu de
TAbbaye de Maubec, 6c à TEvêque celle des revenus des
Abbayes de Bennevent 6c de TEstrée. Ces deux Abbayes
furent abandonnées par M. TEvêque de Québec, moyen-
nant une pension de 9000 livres fur les Economats : elle
fut supprimée en 1760 à la mort de M. de Pontbriant.
Le Chapitre de Québec a joui de TAbbaye de Maubec
jusqu'en 1766 époque à laquelle il a plu au Roi de la
,
mettre en Economat. Ce fut presque dans le même temps
que TAbbé de la Corne, Doyen du Chapitre de Québec,
obtint, par un Arrêt du Conseil, la jouissance pendant sa
Du CLERGÉ DE FRANCE, 17 AOUT 1785» 43 y
vie de tous les biens, fruits 6c revenus de ladite Abbaye >
des Prieurés d'Elve 6c de Chazelle, 6c de la Chapelle de
Vauroyer, ainsi que des arrérages des deux Contrats fur
THôtel-de-Ville de Paris, produisant 1181 livres 13 fols
de rente.
L'Abbé de la Corne a joui paisiblement jusqu'à sa mort*
En 1780, Sa Majesté, par Arrêt de son Conseil, dun
Janvier a accordé à M. le Chevalier d'Escars la jouis-
,
sance pendant sa vie de tous les biens, fruits 6c revenus
de la même Abbaye de Maubec. Les privilèges de TOrdre
de Malthe 6c ceux de la Cléricature, pouvoient colorer
cette faveur du Prince. Mais M. le Chevalier d'Escars ayant
contracté mariage le j Mai 1783, a continué de jouir de
ladite Abbaye ; fa jouissance a même été confirmée de-
puis son mariage, par un Arrêt du Conseil, en date du 29
Mai même année, qui enjoint aux Payeurs des Rentes de
THôtel- de -Ville de Paris, de lui payer les arrérages de
celles qui appartenoient au Chapitre de Québec, oc" dont
TAbbé de la Corne ne Tavoit pas dépouillé.
L'Eglife de Québec, Messeigneurs 6c Messieurs, récla-
me, soit à titre de justice, soit à titre de bienfait, les re-
venus de TAbbaye de Maubec. A titre de justice, TEvê-
que 6c le Chapitre disent : La cession du Canada , faite
aux Anglois par Tavant dernier traité de paix , a-t-elle pu
nous priver des fruits d'une union faite par le souverain
Pontife à la Requête du Roi, d'une union confirmée par
plusieurs Lettres-Patentes, par des Arrêts du Conseil, en-
fin par une possession de près d'un siécle ? Les Eglises font-
elles moins propriétaires des fonds qui leur ont été don-
nés pour dotation, que des particuliers qui jouissent en
vertu d'autres titres? Ceux-ci, en passant fous une domi-
nation étrangère, conservent leur Domaine, lorsqu'on n'a
aucun tort à leur imputer, pourquoi les Eglises en feraient-
elles privées, lorsqu'on n'a aucun reproche à leur faire ?
N'est-ce pas une règle toujours suivie par les Princes
Chrétiens, que lorsqu'une Province passe, par le droit de
la guerre d'une domination sous une autre les Eglises
, ,
6c les particuliers qui n'ont pas démérité de Tune, ni de
E ee z
43 & PROCES-VERBÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
l'autre des Puissances belligérantes, conservent leurs droits,
privilèges prérogatives 6c possessions ì C'est une des con-
,
ditions des capitulations 6c des traités de paix. Aussi voyons-
nous des Eglises, soumises à une domination étrangère,
posséder dans ce Royaume des fonds dont on les laisse
jouir tranquillement en temps de paix : c'est par le même
principe que plusieurs Eglises du Royaume possèdent aussi
des fonds dans des Pays étrangers.
Une dotation peut être anéantie dans certains cas pré-
vus , ou par le Légistateur qui Ta sollicitée 6c consacrée,
ou par les bienfaiteurs qui ont fourni des fonds pour cette
dotation. Louis XIV auroit pu stipuler que, dans le cas
où le Canada passerait fous une domination étrangère
,
TAbbaye de Maubec rentreroit dans sorretat primitif. La
Bulle d'union, les Lettres-Patentes confirmatives de cette
Bulle, TArrêt d'enregistrement de ces Lettres - Patentes,
enfin ïes Arrêts du Conseil, 6c Lettres-Patentes confirma-
tives des traités de partage faits entre TEvêque de Québec
6c son Chapitre ne contiennent aucune clause de rever-
,
sion. Louis XIV n'a pas usé de cette faculté ; il a donné
purement 6c simplement, sans aucune réserve, à TEglise
de Québec, TAbbaye de Maubec, pour les revenus en être
perçus à perpétuité par TEvêque 6c le Chapitre.
Cette union n'a pas pu cesser, parce que les causes qui
Tont déterminée, n'existoient plus.
Louis XIV sollicita Térection d'un Siège Episcopal 6c
d'un Chapitre Cathédral à Québec : il.les dota par des
unions pour établir la Religion, la propager 6c la con-
,
server dans le Canada.
Ces motifs subsistent, la foi sJy est conservée dans toute
fa pureté. La Religion Catholique a pénétré dans des fo-
rêts habitées par des sauvages, qui n'étoient connus que
par leur férocité. Des Hordes très-nombreufesla professent
encore, 6c font restées très-attachées à ses pratiques 6c à (es
dogmes. Enfin TEvêque 6c le Chapitre de Québec disent :
L'unionde TAbbaye de Maubec à notre Eglise n'a pas été
,
révoquée par les Puissances qui Tont prononcée 6c consa-
crée ; elle subsiste donc encore par le droit : Eodem modo dis
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 AOUT 17%S' 43?
solvuntur resquo colligatoefunt ; elle a subsisté par le fait jus-
qu'en 1780. Puisque les revenus de cette Abbaye ont été
perçus parie Chef du Chapitre, nous sommes donc encore
autorisés à réclamer les revenus de ladite Abbaye comme
une propriété qui n'a pu nous être ôtée par la cession du
Canada aux Anglois. Mais ce changement de domination
eût-il du nous priver de droit des fonds affectés par Louis
XIV, pour la dotation du Siège Episcopal 6c du Chapitre,
ne pourrions-nous pas les réclamer à titre de bienfait ?
Louis XVI, ce Monarque religieux, dont la main tuté-
laire 6c bienfaisante rastermit aurant la foi dans les Etats,
qu'il étend son empire dans les contrées les plus éloignées,
pourroit-il appercevoir d'un ceiì indifférent les besoins de
TEglise du Canada, d'une Eglise qui dut son origine 6c
.
ses progrès au zèle 6c à la munificence d'un Prince dont
le règne fera dans Thistoire de la Religion une époque
aussi mémorable que dans les annales de TEmpire,
Fran-
çois ? Exilés dans une terre qui nous est devenue comme
étrangère, en gémissant fur la perte de notre patrie, fe-
rons-nous condamnés à déplorer la perte de la Religion
sainte qu'elle nous donna? Nous ne pouvons pas espérer
des secours d'une Puistance intéressée à étendre son propre
culte 6c à ramener tous les habitants de cette vaste con*
,
trée à fa croyance ; livrerons-nous à la politique du Gou-
vernement Anglois, 6c aux principes de fa Religion, les
peuples qui nous avoient été confiés ? Bientôt le schisme
arrachera encore du sein de TEglise Romaine cette partie
précieuse de son empire; bientôt ces liens qui auroient at-
taché les générations futures à la patrie qui leur donna des
aïeux, se rompront avec les principes qui les avoient for-
més ; bientôt enfin ces peuples errant dans les déserts ou
perdus dans Tobfcurité des forêts, seront encore livrés à
tous les préjugés d'une éducation isolée 6c sauvage. Le
flambeau de la foi, dont ils ont été éclairés, s'éteindra, 6c
ces malheureuses victimes, d'un genre de vie qui laisse
aux passions toute la licence de la brutalité, retomberont
dans Tidolatrie d'où nous les avons tirés.
Ces malheurs, que nous annonçons, ne font pas exa-
438 PROCES-FÈRBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
gérés ; il n'y a pas de culte fans Ministres, 6c il n'y a pas
de Ministres fans quelques secours pour les faire subsister.
Jamais TEglise du Canada n'eut un besoin plus pressant
des ressources qu'elle trouva dans la bienfaisance des Rois
de France avant qu'elle passât fous une domination étran-
,
gère. Tirée du sein de TEglise de France, ne peut-elle pas
se flatter de fixer encore les regards d'un Prince dont le
zèle, pour la propagation de la foi, soutient les établisse-
ments formés dans des régions éloignées?
Voilà, Messeigneurs 6c Messieurs, les différents titres
que TEvêque 6c le Chapitre de Québec invoquent, pour
faire valoir leurs prétentions fur les revenus de TAbbaye
de Maubec.
II n'est pas question de prononcer aujourd'hui fur le ti-
tre primitif d'une réunion dont la procédure n'est point
attaquée, 6c ne nous est pas d'ailleurs assez connue; obser-
vons feulement que si le Droit Public du Royaume pros-
crit avec raison les unions en forme gracieuse, celles qui
avoient été faites anciennement au profit des Cathédrales,
6c autres établissements utiles, ont été déclarées exemptes,
dans ces dernieres années, de la rigueur de recherches par
la sagesse du Légistateur. Nous n'entreprendrons pas non
plus d'examiner fi Tunion de biens situés en France doit
continuer à sortir son effet, quoique TEglise dotée ait passé
sous une domination étrangère.
L'Eglife de Québec nous inspire plus d'intérêt, lors-
qu'elle sollicite des bienfaits que lorsqu'elle veut faire
valoir des droits. Les malheurs, dont elle est menacée, par
les privations des secours qu'elle recevoit de la piété de
nos Rois, retomberaient fur la Religion. Les habitants du
Canada ont des droits fur nous : c'est la France qui peu-
pla ces vastes contrées ; c'est TEglise de France qui y con-
serve encore le dépôt de la foi par ses Ministres. Pressés
d'un côté par la rigueur de leur situation, de l'autre par ce
zèle qui les attache aux fidèles dont le salut leur est si cher,
ils viennent avec confiance implorer la bienfaisance du
meilleur des Rois. Votre sollicitude s'étend à tous les be-
soins de la Religion. Vous ferez touchés des justes alarmes
nu CLERGÉ DE FRANCE, 17 AOUT 1785. 43 £
de TEglise de Québec; 6c si vous ne revendiquez pas, en
fa saveur, des droits que la rigueur des Loix ne recon-
noîtroit pas, vous solliciterez des bienfaits que la Religion
6c la piété du Roi vous promettent.
Nous avons eu Thonneur de vous dire, Messeigneurs 6C
Messieurs que la demande faite par TEvêque 6c le Cha-
,
pitre de Québec, vous dénonçoit un abus fur lequel vous
croirez devoir éclairer la religion du Roi ; c'est Tadminis-
tration 6c la jouissance des fruits 6c revenus de TAbbaye
de Maubec, données en 1780 par un Arrêt du Conseil, à
3
M. le Chevalier d'Escars, 6c confirmées par un autre Arrêt
du Conseil, de 1783 après son mariage.
,
L'Histoire de TEglise de France, celle de notre Monar-
chie nous rappellent des temps malheureux où les Princes
j
6c les grands Seigneurs se mettoient en poílession des biens
de TEglise ; la force ou Tadresie, quelques titres spécieux
6C colorés couvraient leurs usurpations. Les offrandes des
fidèles, le patrimoine des pauvres devenoienr la proie de
la cupidité 6c de la violence. Mais cette plaie cruelle ne
déchira le sein de TEglise que dans des moments de trou-
ble 6c de bouleversement, que sous des règnes foibles, ou
agités par des fecoustes qui ébranloient Tempire des Loix.
L'Eglife de France pourroit-elle encore redouter ces fiéaux
destructeurs fous un Prince qui ne veut régner que par
la justice, fous un Prince qui couvrit toujours de son égide
tutélaire vos propriétés ô£ vos possessions ? Pourroit-elle
craindre ce fléau de la part d'une Noblesse que des prin-
cipes d'honneur distinguèrent toujours, 6c dont la délica-
tesse dépouillée de ces préjugés que Tignorance 6c les trou-
bles consacrèrent dans des siécles d'erreur ££ de désordre
refuserait des dons qui furent toujours Tapanage des Mi-,
nistres de la Religion ? Non, Messeigneurs 6c Messieurs
,
M. le Chevalier d'Escars n'a pas cru solliciter des jouis-
sances incompatibles avec Tétat séculier, puisqu'il les re-
tient depuis que le mariage lui a fait perdre les privilèges
de la Cléricature. II a regardé 6>Cregarde encore TAbbaye
de Maubec comme un bien libre entre les mains du Roi,
depuis qu'il a plu à Sa Majesté de suspendre Teffet de
44O PROCÉS-FERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Tunion faite à TEglise de Québec ; c'est le seul prétexte
qui ait pu colorer sa demande 6c déterminer les Arrêts,
en vertu desquels il jouit encore des revenus 6c des dé-
pendances de TAbbaye de Maubec.
Les considérations, Messeigneurs 6c Messieurs, que nous
allons mettre fous vos yeux, feront disparaître ce prétexte.
Ou Tunion de TAbbaye de Maubec au Siège Episcopal
6c au Chapitre de Québec est valide ou elle a été radi-
,
calement nulle dès le principe parce qu'elle a été faite
fans les solemnités requises par ,toutes les Loix civiles 6C
canoniques du Royaume, 6c TEglise de Québec, ainsi que
TAbbé de la Corne, n'en ont joui qu'en vertu d'un titre
coloré, 6c comme d'un bienfait qu'ils dévoient à la pure
libéralité de nos Rois. Dans Tune 6c dans l'autre hypo-
thèse le patrimoine de TAbbaye de Maubec feroit tou-
,
jours celui de TEglise, 6c on ne pourroit pas le détourner
à des usages profanes, lans troubler Tordre des propriétés.
Si Tunion de TAbbaye de Maubec fut valide dans le
^principe, quelle est la cause qui a opéré sa dissolution ì 6c
quel est Testet de cette distolution ? Si on nous dit qu'une
union devient caduque toutes les fois que la réserve sous
laquelle elle a été faite a lieu ; si on prétend que Louis
XIV ne put doter TEglise de Québec que pour le temps
qu'elle resterait fous la domination des Rois de France ;
que cette réserve, quoiqu'elle n'ait pas été exprimée dans
la Requête qui a déterminé la Bulle d'union est consa-
>
crée par le Droit des gens , par nos maximes politiques,
qui ne permettent pas qu'on faste paílcr dans un Royaume
étranger les revenus des biens situés en France. En admet-
tant le principe, fans prononcer fur Tapplication qu'on en
fait, nous dirons que cette réserve qu'on fait valoir, suffit
pour dissoudre Tunion de TAbbaye de Maubec ; alors cette
même réserve n'a fait que suspendre Tancien état de cette
Abbaye. L'union n'avoit été que conditionnelle dans le
principe; elle se résout d'elle-même, dès que la condition
a lieu ; le titre de TAbbaye de Maubec n'a été éteint 6C
supprimé que pour un temps déterminé, pour tout le temps
que TEglise de Québec resterait sous la protection immé-
diate
DU CLERGÉ DE FRANCE J 17 Août 178/. 441
diate 6c -la domination des Rois de France. Elle est fous
une domination étrangère; elle a perdu, dit-on, tous les
droits qu'elle avoit à une dotation dont les fonds font si-
tués en France. L'Abbaye de Maubec n'attend donc qu'un
Titulaire ; elle avoit été unie fur une simple Requête, pré-
sentée au nom du Roi, sur une Bulle in forma gratiosâ. Le
Brevet par lequel Sa Majesté nommerait à cette Abbaye,
les Bulles données fur ce Brevet par le Souverain Pontife,
rendront TAbbaye de Maubec à ion premier état. La défu*
nion fera prononcée équivalemment par les deux Puistan*
ces qui Tont déterminée. II n'y a pas de formalités à obser-
ver pour une désunion, lorsqu'elles ont été négligées pour
Tunion. '
Si Tunion n'a jamais été valide, si l'Eglife de Québec
6c TAbbé de la Corne n'orit joui des revenus de TAbbaye
de Maubec que comme d'un bienfait qu'ils tenoient de la
libéralité des Rois de France, le titre de TAbbaye de Mau-
bec n'a pas cessé d'exister. Ainsi de quelque manière 6C
fous quelque rapport qu'on envisage les choses, le patri-
moine de TAbbaye de Maubec a toujours été, 6C doit être
encore celui de TEglise : sa destination est marquée , nul
intérêt arbitraire ne peut la changer. II est de principe in-
contestable que les biens d'Eglise ne doivent pas être ap-
pliqués à des usages profanes. Les pieuses intentions des
Fondateurs reposent à Tombre des Loix civiles 6c canoni-
ques : toujours elles ont été respectées par les deux Puis-
sances»
M. le Chevalier d'Escars pouvoit, en 1780, être pourvu
d'un Bénéfice, puisqu'il étoit tonsuré; mais Un Arrêt du
Conseil ne fut jamais un titre suffisant pour posséder un
Bénéfice* Le Concordat, titre 3 de Regia ad proelaturas
,
nominationefaciehdâ, fixe la manière dont les prélatures doi-
vent être accordées. Toutes les Ordonnances de nos Rois,
postérieures au Concordat, font rédigées dans le même
esprit; TEdit de Charles IX, du 16 Avril 1571 ; TOrdon-
nance de Blois, de 1579; TEdit de Melun* du mois de
Mars 15 80 ; celui du mois de Décembre 1606; la Décla-
ration du 4 Juin 1619 ; enfin la Déclaration du zs Dé-
Procès-verbal de 1785. Fff
44^ PROCÉS-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
cembre 171-1 &-celle du 4 Mars 171 j, veulent que ceux
,
qui seront nommés fur les Brevets du Roi aux Bénéfices
consistoriaux, se pourvoient en Cour de Rome pour obte-
nir les Bulles ou Provisions nécessaires. Toutes ces Loix
regardent comme injustes détenteurs, comme rebelles aux
Loix de TEglise 6c du Royaume tous ceux qui restent en
possession, fur de simples Brevets du Roi, desdits Béné-
fices fans prendre des Provisions en Cour de Rome. Nos
Loix, ont toujours réprouvé ces administrations temporel-
les ; elles font contraires à Tefprit de TEglise 6c aux Décrets
des Conciles. M. le Chevalier d'Escars n'a donc pas pu
être mis en jouissance des fruits & revenus de TAbbaye de
Maubec par un Arrêt du Conseil, même dans un temps
où il étoit capable de posséder en titre, des Bénéfices. La
faveur accordée à TAbbé de la Corne, par la même voie,
en 1766, n'auroit pas été plus conforme aux règles, si la
qualité de Doyen du Chapitre de Québec n'avoit pas dû
faire présumer qu'il régissoit TAbbaye de Maubec pour
son Chapitre, 6c qu'il lui saisoit passer une partie des re-
venus. Mais la jouissance de la totalité desdits revenus,
accordée à M. le Chevalier d'Escars eu 1780, déja vi-
cieuse par Tacte d'autorité qui Ta consacrée, devient into-
lérable depuis son mariage.
II y a deux sortes de Chrétiens, dit le Canon, duosunt
gênera*, 1 z, question première; les uns font appelles Clercs,
6C font voués au service des Autels ; les autres font appel-
lés Laïques : ceux-là ont en partage les dîmes ecclésiasti-
ques , les offrandes, les pieuses libéralités des fidèles 6c les
Bénéfices ; ceux-ci ont la liberté de se marier de vivre
,
dans le siécle, de profiter de toutes les ressources qu'il offre
aux différentes conditions profanes. Les Loix ont élevé
une digue qui sépare les biens appartenants à TEglise, de
ceux qui appartiennent aux Laïques. La franchir, c'est por-
ter le trouble & le désordre dans TEglise 6c dans TEtat;
c'est méconnoître la Loi sacrée 6c fondamentale de la pro-
priété, Loi sur laquelle repose la base de tout Tédisice
politique.
Tstnti-r i«c propriétés se tiennent: en attaquer une, c'est
DU CLERGÉ DE FRANCE S 17 AOÛT 17$$-. 443
alarmer les autres, 6c la propriété publique n'est que ìe ré-
sultat de toutes les propriétés particulières; Aussi voyohs-
nous nos plus grands Princes toujours occupés de sous-
traire les biens ecclésiastiques à Tayarice 6c à la cupidité*
Hugues-Capet difoit, en mourant, à Robert : «Ol mon
53
fils, je vous conjure, par la Trinité sainte 6c individue 5
?J
de ne jamais acquiescer aux conseils des flatteurs 6c de
j
s? ne pas vous
laisser gagner par les dons ôí les présents
53
empoisonnés qu'ils pourraient vous faire dans le dessein
,
33 de vous amener
à leurs vues intéreflées &c frauduleuses
» fur les Abbayes que je vous confie à perpétuité. 73
Si nous ne craignions, Messeigneurs 6c Messieurs, d'a-^
buser de votre attention, nous accumulerions une infinité
de monuments tirés du droit positif3 qui attesteraient la
vigilance soutenue de nos Rois pour conserver à TEglise
ses propriétés. Les Edits, les Ordonnances 6c les Décla-
rations que nous avons cités, portent directement fur les
Laïques, qui, par surprise fáite à la religion du Roi, par
violence ou par ruse, s'étoient emparés des biens de TEgli-
se. Charles IX, Henri III3 Henri IV Louis XIII 6c Louis
j
XIV, en renouvellant les anciens Règlements, excluent
des Bénéfices tous les Laïques 6c les Ecclésiastiques qui
n'àuroient pas les qualités reqúiles par les saints Caiìóns
6c les Décrets des Conciles. C'est d'après Ces maximes *
qui tiennent au Droit Public du Royaume , que les Cours
Souveraines ont toujours jugé que les Ecclésiastiques qui
passoient dans le siécle 6c se marioient, étoient déchus, de
plein droit, de tous les privilèges attachés à la cléricature
6c des Bénéfices qu'ils possédoient. Le Grand-Conseil,•
par Arrêt du 24 Octobre 1671^ maintint le Sieur Gar-
nier pourvu par dévòlut de TAbbaye de Notre-Dame dé
Trizai, Ordre de Cîteaux, contre le Marquis de Château-'
Briand, qui prétendoit en jouir après son mariage*
Le Conseil d'Etats par un Arrêt rendu le 2.3 Février
1673 , priva, au profit de M. de Séronni, Evêque cle
Mende, un Clerc, qui jouissoit d'une pension sur son Evê-
ché, 6c qui s'étoit marié. Si un Ecclésiastique, qui, après
avoir été nommé par une Université pour être pourvu de»
' V Fff %
444 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Bénéfices qui viendront à vaquer dans les mois affectés
aux Gradués , vient à se marier, il perd tellement le pri-
vilège de ses grades qu'âpres le décès de fa femme, il nc
,
peut pas se servir de nomination : ainsi jugé par un Arrêt
sa
du 13 Août 1-671, consigné dans le Journal des Au-
diences.
C'est donc une maxime constante dans le Royaume,
une maxime autorisée par toutes les Loix Civiles 6c Ec-
clésiastiques, qu'un homme marié ne peut conserver, ni
Bénéfices, ni pensions, ni expectatives. Vouloir les rete-
nir , ce feroit violer la discipline de TEglise, mépriser les
Ordonnances Royaux 6c la Jurisprudence des Cours fou*
ve rai nes.
Si on nous objectoit que les Clercs ont pu, quoique
mariés pofféder des Bénéfices jusqu'au temps d'Alexan-
,
dre III, qui fit, pour les dépouiller, la Décrétale Si qui
de Clencis cong.
Nous répondrons que cette Décrétale n'a pas introduit
un droit nouveau ; elle a été faite pour corriger un abus
qui commençoit à prévaloir en Angleterre.
Cinquante ans avant Alexandre ÌII, Yves de Chartres
consulté par Galon, Evêque de Paris, pour savoir si un,
Clerc de son Eglise Cathédrale pouvoit, après avoir con-
tracté mariage percevoir les distributions affectées au
,
service du Choeur répondit que non, parce que ces dis-
,
tributions ne lui avoient été accordées qu'à la charge
,
qu'il vivroit dans la continence, pour obtenir, par la pu-
reté de fa vie, le pardon des fautes que les bienfaiteurs
de TEglise avoient commises.
Ad hoc quippè fidelium oblationes in stipendia Clerico-
rum deputatAsuM, ut continenter vivant, âC benefacîorum
suorum piccata saiichtatis intercejfwne detergere fussiciant
quatenùs ht> de quorum eleemojims vivunt hoc eorum me-y
>
nas ajjequantur quod fuis mentis asfequi non merentur.
II résulte, Mesteigneurs 6c Messieurs, des règles que
nous venons d'exposer :
i°. Que M. le Chevalier d'Escars n'aurait pu jouir de,
TAbbaye de Maubec, en fa qualité de Clerc 6c de Çsie-;
DU CLERGÉ DE FRANCE 3 17 Aovt 1785. 445-
vaìier de Malthe qu'en vertu d'un Brevet du Roi, 6c des
,
Bulles de provisions qu'il auroit obtenues du Pape;.
z°. Que le droit qu'il auroit acquis par ces titres, se
feroit nécessairement éteint par son mariage» Si M. le
Baron d'Escars prétendoit n'être que simple Econome, 6c
n'avoir été mis qu'au lieu 6c place de M. Marchai de
Sainfcey, nous observerions qu'un Econome est tenu de
rendre compte, 6c ne jouit pas en son nom» M. d'Escars
ne rend compte à personne ; il jouit en son nom aux ter-
mes de TArrêt» Un simple Econome n'a qu'une adminis-
tration révocable à volonté. M. d'Escars a la jouiílance de
TAbbaye de Maubec pendant fa vie ; enfin, les Bénéfices
coníistoriaux mis en économat, ont une destination mar-
quée par la Loi ; c'est le soulagement des Nouveaux-Coiv
vertis, les réparations des Bénéfices, ou un emploi qui
tourne toujours au profit 6c à Tavantage de l'Eglife»
Nous n'appercevons donc aucun rapport sous lequel la
faveur accordée par le Roi à M. le Baron d'Escars puifle
^
être tolérée. Nous le répétons, Messeigneurs 6c Messieurs,
la religion de Sa Majesté a été surprise; M. d'Escars s'est
laisté séduire par quelques prétextes qui lui ont caché le
vice de fa possession ; fa délicatesse ne lui permettra pas de
la retenir, dès qu'il ne pourra plus so dissimuler qu'il pos-
sède 6c qu'il retient le patrimoine de TEglise» Le Monar-
que qui nous gouverne avec tant de sagesse , cédera à vos
justes représentations : il fera frappé des conséquences 6c
des suites funestes que pe*ut avoir la grâce accordée à M. le
Baron d'Escars, 6>C il trouvera dans fa bienfaisance des
moyens de. le dédommager du sacrifice qu'il fera de TAbj
baye de Maubec.
Dans ces circonstances , nous avons Thonneur, Mes-
seigneurs 6c Messieurs, de vous proposer, iQ. de présen-
ter au Roi un Mémoire , par lequel Sa Majesté sera suppliée
de retirer les deux Arrêts du Conseil, des zz Janvier 1780
6C z9 Mai 1783, concernant Tadministrationde TAbbaye
de Maubec, donnée à M. le Baron d'Escars, en insistant
dans le Mémoire fur Tincapaeité des Laïques à pôííeder
ks biens d'Eglise 6c le danger de ce premier exemple.
,
44*3 PROCES-FERBAL DE L ASSËMBLÉE-GÉNÉRALË
z°. De mettre sous les yeux des Ministres du Roi la
triste situation de TEglise Cathédrale de Québec, à Teffet
d'obtenir de Sa Majesté quelques secours en faveur de
cette Eglise, fondée par le Roi Louis XIV*, 6c dont la
conservation est si intéressante pour le maintien de la Catho-
licité dans le Canada»
Le Rapport fini, TAssemblée, conformément à Tavis de
la Commission, a délibéré, i °. de présenter au Roi un Mé-
moire par lequel Sa Majesté sera suppliée de retirer les
,
deux Arrêts du Conseil, des n Janvier 1780 & 19 Mai
1783 concernant Tadministration de TAbbaye de Mau-
,
bec donnée à M. le Baron d'Escars en insistant dans le
, 3
Mémoire fur Tincapacité des Laïques à posséder les biens
d'Eglise, 6c sur le danger de ce premier exemple.
z°. De mettre sous les yeux des Ministres du Roi la
triste situation de TEglise Cathédrale de Québec /à Teffet
d'obtenir de Sa Majesté quelques secours en faveur de. cette
Eglise, fondée par le Roi Louis XIV, 6c dont la conser-
vation est si intéressante pour le maintien de la Catholicité
dans le Canada.
Messieurs les Agents ont averti que MM. de THôtel-
de-Ville étoient arrivés. Monseigneur l'Archevêque de
Narbonne a nommé, pour aller les recevoir, Messeigneurs
les Evêques d'Evreux 6c de Montpellier, 6c Messieurs les
Abbés de Narbonne 6c de Grainville, qui étoient allés au-
devant d'eux la première fois. Ils ont été reçus 6c con-
duits en la manière ordinaire ; 6c s'étant assis, M. le Prévôt
des Marchands a dit :
MESSIEURS,
Cet hommage du Bureau de la Ville n'est pas seulement
consacré par Tusage, ni prescrit par de simples égards; il
a pour objet de consommer le renouvellement d'un ancien
engagement qui sera toujours infiniment précieux pour
nous.
Le contrat qui donne Texistence à cet engagement, est
le témoignage flatteuc d'une confiance réciproque j'ose
,
DU CLERGÉ DE FRANCE , 17 AOUT 1785. 447
même dire que nous le regardons, en quelque sorte, com-
me un ligne d'alliance entre les deux Corps; 6c considéré
fous ce rapport, je ne crains point d'attester, au nom de
celui que je préside, que nous avons tous le désir le plus
ardent de le voir se perpétuer.
Permettez Messieurs, que j'ajoute à cette assurance
,
celle du dévouement absolu qui en est le principe, 6c que
toutes les occasions d'en renouveller Thommage respec-
tueux seront saisies avec un empressement qui ne vous per-
mettra jamais de douter de notre vénération, 6c de tous
les sentiments dont nous sommes pénétrés pour vous. Souf-
frez, Messieurs, quand je ne fuis que Torgane des senti-
ments de la Ville de Paris, qu'ils me soient personnels. Je
ne trouverai jamais assez d'occasions de vous le répéter.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne a répondu :
MESSIEURS,
L'intérêt d'un grand nombre de familles de cette Ville
immense est bien propre à perpétuer la faveur des dispo-
sitions qu'elles ont toujours éprouvées de notre part.
Vous n'ignorez pas les exceptions fondées que nous au-
rions à. opposer à la continuation des rentes prétendues
assignées fur le Clergé ; mais si elles ne sont pas une fuite
rigoureuse de nos engagements elles sont devenues, de-
,
puis long-temps dette avouée
, une par nos coeurs.
Vous pouvez donc assurer vos concitoyens qu'ils trou-
veront toujours dans notre zèle, pour le soulagement de
TEtat, le gage assuré de la tranquillité 6c de la stabilité de
leurs fortunes.
MM. de í'Hôtel-de-Ville se sont levés, 6C ont été re-
conduits par les mêmes personnes 6c de la même manière
qu'ils avoient été reçus.
Ensuite, la matière mise en délibération Monsieur TAb-
j
bé de Boisgelin, Promoteur, ayant été entendu, les Pro-
vinces ont été appellées ; celle de Tours étant en tour
d'opiner la première, Monseigneur l'Archevêque de Tours
a dit : Que fa Province, par les mêmes motifs qui ont qn-
44^ PROCES-FERBAL DE L3ASSEMBLÉE-GÉNÉRALÊ
gagé les précédentes Assemblées à acquitter les rentes dé
THôtel-de-Ville de Paris prétendues assignées fur le Cler-
,
gé étoit d'avis que le Contrat fût renouvelle avec les
,
clauses 6c protestations d'usage. Cet avis a été adopté par
toutes les Provinces; en conséquence il a été délibéré que
le Contrat pour le paiement des rentes de THôtel-de-Ville,
prétendues assignées fur le Clergé, feroit renouvelle pour
dix ans, sous les clauses réserves 6c protestations conte-
,
nues dans les précédents contrats.
Le Procès-verbal a été lu 6c signé.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à.demain, Jeudi, 18 Août,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

DU JEUDI, DIX-HUIT AOUT 178s,


à neufheures du matin..
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

LXV
SÉANCE.
ÎE
_j6c
projet du Contrat qui doit être passé entre le Roi
le Clergé pour.le paiement du Don-gratuit, 6c le
projet de celui qui doit être renouvelle avec Sa Majesté
pour le paiement des rentes prétendues assignées fur le
Clergé, ont été lus par Me Maigret, Notaire, 6c ils ont
été l'un 6c l'autre approuvés, comme étant conformes aux
Contrats passés ci-devant pour le même objet.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, 19 Août,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD,Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.
DU
DU CLERGÉ DE FRANCE * 19 AOUT 1785. 449
nâf^ïsa^ârasîûattg^ '

DU VENDREDI, DIX-NEUF AOUTi7%5i


à neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

1k /COnsieur TAbbé de Barrai a dit : Qu'une assaire pen- LXVÏ


SÉANCE-
Y
JLdante au Parlement de Paris entre le Curé de la Pa-
__
roisse deMarolles, Province du Maine, 6c deux de ses Pa-
roissiens, au rapport de M. Titon, concernant la fixation
du prix de la paille des dîmes alloit être incessamment ju-
gée; que T Arrêt qui interviendrait, influerait indubitable-
ment lur le jugement de la contestation des Décimateurs
6c habitants de Savigni, dont il a été rendu compte dans
la Séance du 11 Août ; que sous ce rapport Tarifaire du
Curé de Marolles paroissoit mériter Tattention de TAssem-
blée : fur quoi Monseigneur TEvêque de Nevers 6>CMon-
sieur TAbbé de la Mire-Mory ont été priés de voir M. Ti-
ton, Rapporteur, 6c de leur témoigner, au nom de YAC-
semblée, tout Tintérêt que le Clergé prend à la cause du
Curé de Marolles.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture
du Rapport de leur Agence.
Messeismeurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, z o Août,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD , Archevêque &c Primat
de Narbonne, Président.

Procès-verbal de 17% s &gS


-
4Jo PROCUS-FERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU SAMEDI, VINGT AOUT I78J5


à neuf heures du matin.

Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

LXVII MOnseigneur TEvêque de Nevers a dit : Qu'il s'étoit


SÉANCE.
rendu avec M. TAbbé de la Mire - Mory, chez
,
M.-Titon, Rapporteur de Tafraire du Curé de Marolles,
concernant les pailles de la dîme ; que ce Magistrat leur
avoit paru instruit de tous les détails de cette assaire, 6c
leur avoit promis d'y donner son attention.
Messeigneurs 8c Messieurs les Commiflaires pour la Re-
ligion S£Ía Jurifdidtion, ont pris le Bureau. Monseigneur
l'Archevêque d'Arles, Chef de la Commission a dit : Que
,
la Commission s'étoit occupée d'un projet de Lettre au
Pape, concernant la prévention, rédigée par Monseigneur
TEvêque de Langres ; que, si TAssemblée Tagréoit, il en
feroit fait lecture. Sur quoi lecture faite de cette Lettre,
elle a été approuvée 6c il a été délibéré qu'elle feroit
,
signée de tous les Membres de TAssemblée.
Après quoi il a été fait le Rapport qui fuit.
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Nous allons avoir Thonneur de vous entretenir d'une
matière CJUÌ a déja excité plus d'une.fois vos réclamations
6c celles de Messieurs vos Agents-Généraux, mais qui mé-
rite de fixer encore aujourd'hui votre attention, non-feu-
lement à cause de son importance, mais encore à cause
des surcharges auxquelles elle expose tous les jours les Bé-
néficiers contre le voeu même du Légistateur.
Vous vous rappeliez, Messeigneurs 6c Messieurs, que
le 2.6 Février 1768, le Parlement de Paris a rendu un
Arrêt, par lequel il fait défenses de mettre à exécution
« aucunes Bulles, Brefs , Rescrits , Décrets , Mandats ,
3Î Provisions, ou autres Expéditions de Cour de Rome ,
DU CLERGÉ DE FRANCE > io Aouf 1785. 451
5i
même ne concernant que les particuliers, à Texception
5}
néanmoins des Brefs de Pénitencerie, pour le for inté-
3j rieur
seulement, sans avoir été présentés en la Cour, vus
53 6c
visités par icelle, à peine de nullité desdites Expédi-
33 tions, 6c
de ce qui s'en feroit ensuivi. »
A peine cet Arrêt eut-il été rendu, que Messieurs vos
Agents-Généraux se sont empressés d'élever la voix con-
tre une servitude nouvelle, onéreuse Ô£ sans motif.
Leurs représentations ont été appuyées par TAssemblée-
Générale de 1770; 6c le feu Roi, par des Lettres-Paten-
tes du 18 Janvier 177%, sursit à Texécution de TArrêt du
Parlement de Paris ; mais cette surséance n'a pas été lon-
gue; elle n'a duré que jusqu'au 8 Mars de la même année.
A cette derniere époque, le feu Roi a donné une Déclara-
tion, dont il est nécessaire de bien saisir les dispositions.
i°. II a ordonné qu'aucunes Bulles, Brefs, Refcrits ,
Constitutions, Décrets 6C autres Expéditions de Cour de
Rome, ne pourraient être publiés ou exécutés dans ses
Etats, fans être revêtus de Lettres - Patentes enregistrées
dans les Cours.
z °. En ce qui touche les Provisions de Bénéfice 6c au-
tres Expéditions concernant les particuliers, il a ordonné
qu'elles ne pourraient être exécutées fans avoir été vues
6c visitées par les Cours ; mais il a voulu que cet examen
se fìt sans frais, à Texception de ceux du Greffe, qu'il a
fixés à quatre livres seulement.
30. II a excepté de la visite, non-seulement les Bulles,
Brefs ou Induits concernant le for intérieur mais encore
,
les Dispenses de mariage.
L'Assemblée du Clergé de 1775, dans le Cahier qu'elle
a présenté au Roi, a observé, i 9. que quelque généra-
les que fussent les défenses d'exécuter aucunes Bulles 6c
Constitutions avant qu'elles eussent été revêtues de Tauto-
risation du Prince, Tintention du feu Roi n'avoit pu être,
sans doute, de faire./iépendre de la formalité des Lettres-
Patentes la sourUMon due par les fidèles aux Bulles do-
,
gmatiques aussi-tôt que les premiers Pasteurs les ont ac-
,
ceptées parce que ce feroit mettre à Tenseignement de la
,
G§g x
45 i PROCES-FERBAL DE L'ASSÈMBLÉE-GÉNÉRALÈ
Foi de nouvelles entraves, également réprouvées par la
justice 6c par la piété du Souverain.
zQ. Elle a applaudi à Texception relative aux dispenses
de mariage ; mais elle a ajouté que les Provisions de Bé-
néfice les Brefs portant dispense d'irrégularité, 6c autres
,
exceptions ordinaires, ne méritoient pas moins de faveur;
qu'il étoit constant qu'on suivoit, pour les rédactions de
ces Actes, des modelés anciens, connus 6c uniformes ; que
tous les Arrêts antérieurs à celui du 26 Février 1768,
avoient dispensé ces fortes de Refcrits de la vérification
préalable des Magistrats ; que c'étoit la disposition précise
6c littérale des Arrêts de règlement de 1647, 170 j, 171 6,
1735 6c de 1764; que Tamour de Sa Majesté pour ses
peuples étoit, pour TAssemblée, un fur garant qu'elle ne
balancerait pas à faire revivre Tancienne police du Royau-
me ; police si propre à maintenir inviolablement le précieux
dépôt de nos libertés, fans surcharger les citoyens de for-
malités inutiles, gênantes 6c dispendieuses,
Le Roi n'a pas alors cru devoir accueillir ces justes re-
présentations. Mais Monseigneur le Cardinal de la Roche-
foucault, conformément aux désirs de TAssemblée de 17 8 o,
ayant été chez M. le Garde des Sceaux, accompagné de
Messieurs les Commissaires, 6c ayant eu une conférence
avec ce Chef de la Magistrature, notamment fur le Visa
des Refcrits de Cour de Rome, ce Magistrat leur a pro-
mis d'examiner, avec la plus grande attention, les Mé-
moires qui lui feraient remis fur cet objet.
D'après cette assurance nous avons Thonneur, Messei-
,
gneurs 6c Messieurs, de vous proposer de renouveller au-
près du Roi 6c de M. le Garde des Sceaux, vos instances
pour faire révoquer la Déclaration du 8 Mars 1772-, soit
en entier, soit au moins pour ce qui concerne Thomolo-
gation des Provisions de Bénéfices, 6C des autres Refcrits
qui ne touchent que les particuliers.
Les motifs développés dans les Mémoires dressés à ce
sujet par TAssemblée de 1770, 6c parlJífefsieurs les Agents-
Généraux en 1768 6c 177Z joints aux dispositions
,
que le Chef de la Magistrature a montrées en 1780, font
DU CLERGÉ DE FRANCE, 10 AOUT s785. 453
espérer que vos démarches auront un heureux succès.
Si cependant nos espérances étoient encore trompées
. ,
6C que le Roi jugeât à propos de maintenir Texécution de
la Déclaration de 1771, même pour les Refcrits particu-
liers nous devons dès-à-préfent, arrêter nos regards fur
, ,
un objet qui en est digne, 6c dont le succès ne peut pas
être douteux, puisqu'il est fondé sur le texte même de cette
Loi. La Province de Vienne a spécialement chargé Mes-
sieurs ses Députés de vous prier d'en solliciter Texécution.
VOUS VOUS rappeliez, Messeigneurs 6c Messieurs,
que
le Légistateur, en même-temps qu'il a assujetti, par la Dé-
claration de IJJZ les Provisions de Bénéfices 6c autres
Expéditions concernant ,
les particuliers à être vues 6c vi-
sitées par les Cours de Parlement, a ordonné que cette
vérification se feroit sans frais : il n'en a excepté que ceux
de Greffe, qu'il a fixés à quatre livres feulement. Le Souve-
rain n'a pas voulu que les précautions qu'il croyoit devoir
prendre contre les clauses contraires à nos maximes, qui
pourroient se rencontrer dans les Refcrits de Cour de
Rome, pussent servir de prétexte pour imposer à ses su-
jets une surtaxe onéreuse 6c sans objet. Cependant, Mes-
seigneurs 6c Mestieurs, nous sommes forcés de vous dire
que plusieurs Cours souveraines, qui ont rendu des Ar-
rêts conformes à celui de Paris de 1768, s'écartent plus
ou moins d'une disposition aussi sage 6c aussi juste, no-
tamment le Parlement de Grenoble. Dans ce Tribunal,
le tarif des épices pour la vérification des Provisions de
Cour de Rome d'un Bénéfice non-Cure, est le tiers d'une
année de revenu de ce Bénéfice. Aux épices, il faut ajou-
ter ce qui revient aux Gens du Roi pour leurs conclu-
sions, les sols pour livre, les droits de Greffe, 6cc., ce
qui double à-peu-près les épices : ainsi, pour un Bénéfice
de 900 livres de revenu, il y a cent écus pour les épices,
vingt écus pour les conclusions du Parquet, 6c un écu
d'épices par vingt écus pour le droit du Rapporteur, à
cause du vu des pièces. Cent écus d'épices en emportent
donc toujours cent vingt-cinq'; 6C comme les écus de Pa-
lais valent trois livres six sols, on taxe toujours les épices
454 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
par écus, 6c jamais par livres ; en sorte que dans Thypothese
qui nous occupe, cent vingt-cinq écus valent quatre cents
douze livres dix sols. Si on ajoute à cette somme les droits
du Roi ôc les frais de Greffe, TArrêt d'annexé pour un
Bénéfice de neuf cents livres coute à Grenoble environ
,
six cents livres.
Les signatures pour les pensions réservées fur les Béné-
fices résignés, font taxées à grenoble dans la même pro-
portion. Nous nous contenterons de vous rapporter deux
exemples. En 1778 un Curé résigna son Bénéfice à cause
de son grand âge 6c de ses infirmités ; il íe réserva une pen-
sion de trois cents livres, le seul bien qu'il eût pour sub-
sister. Les épices n'en furent pas moins portées à trente-
trois écus 6c un tiers, les frais d'homologation montèrent
ensemble à cent quatre-vingt-une livre quatorze sols trois
deniers. En 1784 le Sieur Gazet, Curé de Vénilsieux,
Diocèse de Vienne, a résigné sa Cure au Sieur Beaulieu,
6c s'est réservé une pension de deux cents cinquante livres;
les frais d'homologation ont monté à cent cinquante-une
livre quatorze sols six deniers.
II est vrai qu'à Tégard des Provisions de Cures fur ré-
signation, les épices font plus modérées. On ne considère
point alors le revenu ; les épices sont taxées quatre écus
,
6c les frais ne sont ordinairement que de trente-trois livres;
mais cette somme est toujours bien supérieure à celle fixée
par la Déclaration de 177Z.
II est inutile d'insister sur des contraventions aussi frap-
pantes 6c fur la nécessité d'y remédier : nous croyons
donc que si le Roi juge à propos de maintenir la néces-
sité de faire homologuer les Provisions de Bénéfice 6c les
autres Refcrits particuliers, vous devez solliciter de la jus-
tice de Sa Majesté les ordres les plus précis pour que cette
homologation se fasse sans frais, à Texception de ceux de
Greffe, conformément à la Déclaration de ijyz. ;r*
II y a un autre objet, Messeigneurs 6c Messieurs, dont
nous croyons devoir dire un mot en finissant; ce sont les
frais qu'entraîne Tenrégistrcment des Lettres-Patentes, con-
firmatives des Décrets d'union :sil paraît que rien n'est plus
DU CLERGÉ DE FRANCE, 20 AOUT 1785. 455
arbitraire que la taxe de ces frais dans les différents Tri-
bunaux. A Rouen on n'a point égard à la valeur des Bé-
néfices unis. La quotité des frais varie, suivant aue le lieu
où les Commistaires se transportent est plus ou moins
,
éloigné. Aussi Thomologation du Décret portant suppres-
sion de la Maison des Céiestins de Rouen, n'a couté qu'en-
viron cinq cents livres, quoique le revenu fût au moins
de douze mille livres. A Grenoble, au contraire, on taxe
en pareil cas, pour les épices, le tiers du revenu des Bé-
néfices unis ou supprimés 6c Ton fuit, pour le reste, la pro-
,
gression dont nous avons déja eu Thonneur de vous parler,
nour les conclusions du ministère public, les droits parti-
culiers du Rapporteur, les frais de Greffe 6cc. en sorte
,
que les frais d'homolop;ation du Décret d'union des biens
de TOrdre de Saint-Rus, situés dans le Diocèse de Vienne,
ont couté cinq mille deuxcents livres, quoique le revenu
ne fût pas au-destus de neuf mille livres. Une différence
aussi énorme dans le résultat 6c les frais de deux opérations
semblables nous paraît mériter toute votre attention :
,
vous jugerez fans doute à propos d'en renvoyer la con-
noissance devant la Commission, chargée des mesures à
prendre pour faciliter les procédures d'unions.
Le Rapportfini, TAssemblée a délibéré de renouveller
auprès de M. le Garde des Sceaux les représentations faites
par les Assemblées de 1775 6c de 178 o , au sujet des Règle-
ments qui obligent de faire homologuer les Bulles, Brefs
6c Refcrits de Cour de Rome, 6c cependant d'enrager
le Chef de la Justice à prendre provisoirement des meí ures,
pour empêcher que dans le Parlement de Grenoble on ne
soumette les Bénéficiers à des contributions arbitraires 6c
excessives pour Tenrégistrement des Provisions de Béné-
fices : 6c quant à ce qui concerne les Décrets d'unions,
Messieurs les Commistaires, pour le Département 6c les
Portions congrues, ont été priés de s'occuper des moyens
de faire modérer les frais d'homologation dans les disté-
rentes Cours Souveraines.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne a dit , que
Monseigneur TEvêque de Troyes venoit de perdre M. le
45 6 PROCES-FERBâL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Président de Montferrat, son frère, 6c en conséquence il a
prié Monseigneur TEvêque de Nevers 6í Monsieur TAbbé
de Charnbertrand de vouloir bien aller chez Monseigneur
TEvêque. de Troyes, pour témoigner à ce Prélat la part que
TAíìeinblée prend à son affliction.
Messeieneurs 6c Messieurs les Commissaire* ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, zi Août,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne , Président.

LETTRE
DE L'ASSEMBLÉE- AU PAPE.
BEATISSIME PATER,
A Ntiquijfimum illud est sancía Romanoe Ecclefioe qua
3
<ZJL Matre SC Magifira omnes Chnfiiani orbis Ecclefu glo-
riantur fuccrescentes ufque, in Chrifii agro, vitwrumfurcu-
j
lossedulâ manu resecare. Acfi umquàm ab apostolica auctori-
tate j unde omnia in nos femper bona defluxerunt, optata ac
prorsus necessaria morum emendatioms loetijjimafpesaffulfit,
nujic affulget maxime, cíun in Sede Pétri illuni veneramur
collocatum Chrifii Vicanum, quem pietas in dolendis., pru-
dentia in p rìiv entendis ^elus in comgendis excejsibus pr&-
j j
fentis avi decus faciunt,.exemplarfutun. Luget dudùm Ec-
clefia Gallicana* illo deformata* quem hodiè SANCTITATI
V ESTR JE supplex denuntiat, abusu. Exitialem âG relipiosis-
jìmoe summorum Pontificum menti prorsùs repugnantemBe-
neficiorum cupiditdtem, ipsum in Sanciuarium invexitpraven-
uoms ujus. Mmifiros Dei vivi non pudetj manus ad augus-
tisjima muni a confieratwne dicatas avide in Templi thefauros
injiee re.,
DU CLERGÉ DE FRANCE, IO AOUT 1785. 457
injicere, extremos Beneficiatorum fingultus aucupari, inhiare
vacationibus, difiantias metiri, dies computare., quoeftuofam-
que fibi indufinam turpijjimè fingere. Nova artis apud nos
inducitur profesfîo populi fidelis fcandalum* Ordinìs Eccle-
>
fiafiici dedecus : pretiofa Ecclefioe Bénéficia,, ipfaque nonnum-r-.
quam formidanda animarum cura,in pradam fubeunt homi-
nibus ifiis quibus est pro titulo celentas pro meritis râpa-
j ,
citas. Hinc multorum mors celata j immature ante exfe-
quias nominatwnes , multiplia dolo fraudata sepiàs Patro-
norum ddigentia, innumeraque alia fcandala, in illis pmfer-
tim regiombus fiaturientia 9 qu& ad Avemonem propius
vergentes , breviorem moram} facilwremque anfam proeven-
tionibus proebent. Exceffus tam multos, adebque Sancíioribus
canonicis j pubhcoe honefiati,fidelium oedificationi3 ecclefiaflicoe-
dignitati adverfantes nofiri est ojficii ad SJNCTITATEM
j
VESTRAM déferre : emendare verb illius est providentU quoe,
_,
altâ de Cathedra Pétri univers Rei Christian* invigilans,
dissipât omne malum intuitu suo. Jamdudum multiplia
Edicîo nefarios ambitus comprejjlt Sedes Apostolica, éminent
imprimis ubique célébrât^ Leges, tum de verisimili notitiâ
obitûs, tum de impetrantibus Bénéficia viventium fancitoe.
Abusus eradicabit arctijjlmoque fr&no avidijjlmorum homi-

num cupiditatem coercebit SANCTITAS VESTRA* egregia de-t
cesforum suorum exempta superans fi termino conflituto
j ,:
quem anteire non valeat recursus ad Romanam Curiam, Ref
cripto generali dignetur declarare irritants nullam, nulliufque
mornenti fore quamlibet praventionem ante trigefimam diem
ab exequiis habitam. Gaudent dudùm Eminentiflìmi Cardi-
nales communi privilegio : fruuntur ÓC nonnullí Patroni Jpe-
cialibus Indultis, ut Bénéficia praventioni non subjaceant, nifi
fix menjibus a vacàtione'expleùs. Brevioris interyalli favo-
remj perutilem univers Ecclefia Gallicana futurum' j talibus
fulti exemplis tamis freti momentis, ejfiagitamus. Annuat
j
Procès-verbalde 1785. H.h.h
458 PROCES-FERRAL DE L9ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
SANCTITJS VESTRA vctis nòfirìs ; nec noflris tantàm, sed
quciquót sunt homuïuni religiosorumj ad majus Ecclefioe bo-
num svleiidotemque adspirantium, Ecclefiaftici Ordinis pu-
ntatem, decusque exoptantium. Annuatj pro continua Eccle~
fia Gallicane ergà sancîam Sedem reverentiâ. êC devotione .
pro fingularì Romanâ Ecclefia erga nos benevolentiâ SC di-
íeclìone.; pro fpeciaU* quofiagrat SANCTITAS VESTRA, \elo
discvDÍiiïoe. Ascenclàt mandaté sancta, 6c renovare, SC è
Sanctuario per manus auguflisjimas emundato afcendent de-*
vota supplicationes ad Deum optimum maximum, ut longis
fimos, felicisjlmosque annôs disciplina sancta Restauratori,
Eccle[loeque piisfimo Patri itnpertiatur providus, Hoec adpre-
cantur eoiuihub,
BEATïSSÏME PATER,
S ANCtIT AT I S VESTRJE,
-

J,utctUPcìr{sìomm3die ObsequenníTmit ac devotissimi Filii Arcliiepìscopí;


zz menjis- Au^ujli £piscopi aliiqne Ëcçlesiastici Virí in Comitiis
,
1785. • •_ :J.; : genetalibus Cleii Gallicani congregati.
...iv i'v:'\r^..
* :..'• r.-j;-:.; " '
$fe Arthtitus Richard us. Archiepisc. ôí Primas Narbonensis.
.. ;N .

•J* E. C. Archiepifcopus Tolosanus.


'\~ Alex. Ahg. Archiepifcopus Dux Remensis.
*f J. R.'Àfch'ièpifcôpus Aquensis.
-
j^. íoraihes'GéófgV'Archiepifcopus'Viennensis.
'•f* Franco AréhtfepsoòpusTuronensis.
^ ;}.. Mi,•Atehiepsseopus Arelacensis.
*Jy' Hier.-Mar,-. Archiepifcopus Bu.rdigaîensis*
'f. Lud.-ApolJ. ,Archi;episcopus Aufcitanus, ,
.
•f Franc. Episcopus JÏÏraftnsisv
*j- Lu d. Cár. Episcopus. Lemòyicènsis,:
>f Eh Episcopus Tolphpniis.,' ',
^ Fr:Episobpusï^ -. ^-.-... •.-..•.-
^v Jv EpîsoòpusVVábTenfîs. ';-- ~'.L.\ :.:....:;.. ._-.;,v.. : .,
•J- Jof. Franc. Episcopus Montispeffulanus^>*í:!•'*; -H
DU CLERGÉ DÉ FRANCE, 2-0 AOUT 1785. 459
•j- Em. Fr. Episcopus 6c Dom, Forojuliensis.
•f Lud. Episcopus Com. Noviomensis.
•J* Antonius Jof. Episcopus Macioviensis.
f Francifcus Josephus Emmanuel Episcopus Rupellensis.
•j- C G. Episcopus Dux Lingonensis.
•j* J. A. Episcopus Vaurensis.
j- Car. Aug. Episcopus Aquensis.
-f P. Aug. Episcopus Abrincensis.
•j* Jacobus Josephus Francifcus Episcopus Divionensis.
•j- Hyppolitus Episcopus Princeps Gratianopolitanus.
•f C. M. Episcopus Sanflorensis.
•J* LudovicusEp.OibanensisEccl.AurelianensisCoadjutor.
•f S. Episcopus Ruthenensis.
•j* Petrus Episcopus Nivernensis.
•}• Francifcus Episcopus Diniensis.
De Saint-Farre, Vicarius generalis Tolosanus.
De Panât, Vicarius generalis Rothomagensis.
Messey, Vicarius generalis Aquensis.
De Grainville, Vicarius generalis Monfpeliensis.
Le Gay, Vicarius generalis Rupellensis.
De Narbonne, Vicarius generalis Ebroicensis.
De Caftellas, Vicarius generalis Viennensis.
Luillier Rouvenac, Vicarius generalis Cadurcensis*
De Montpeyroux Vicarius generalis Vafatensis.
,
De Tartonne, Vicarius generalis Diensis.
Mené de Grand-Clos, Vicarius generalis Macioviensis.
D'Andrezel, Vicarius Generalis Burdigalensis.
Clugny, Vicarius generalis Viennensis.
De Barrai, Vicarius generalis Trecensis.
De Pradel, Vicarius generalis Lemovicensis.
De Foucauld, Vicarius generalis Arelatensis.
D'Agoult, Vicarius generalis Pontifarensis.
De Grimaldi, Vicarius generalis Remensis.
De Sieyes, Vicarius generalis Ebredunensis.
De la Salle, Vicarius generalis Venciensis. *
De la Mire-Mory, Vicarius generalis Carcassonensis.
D'Anflrude Vicarius generalis Lingonensis.
,
D'Efponchez, Vicarius generalis Sylvanectensis.
Hhh z
j±6o PROCÉS-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De la Bintinaye, Vicarius generalis Parisiensis.
Boursier, Vicarius generalis Remensis.
De Lomenie, Subdiaconus Massiliensis.
L'Hermite de Chambertrand,V icarius gêner. Senonensis.
De Montazet, Vicarius generalis Lugdunensis.
De Boifgelin, antiquus Cleri Gallicani Procurator 6C
Promotor.
D'Ofmond Promotor.
De Montefquiou, Cleri Gallicani Procurator.
De Barrai, Cleri Gallicani Procurator.
De Talleyrand Perigord, antiquus Cleri Gallicani Pro-
curator, à Secretis.
Dillon, à Secretis.

DU LUNDI, VINGT-DEUX AOUT 1785,


à neuf heures du matin.
.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

LXVIII MOnseigneur TEvêque de Nevers a dit : Que, con-


SEANCE. formément aux intentions de TAssemblée il avoit
été avec Monsieur TAbbé de Chambertrand chez, Monsei-
gneur TEvêque de Troyes, pour Tassurer de la part que
TAssemblée prend à la perte qu'il a faite de M. son frère 5
que Monseigneur TEvêque de Troyes avoit paru fort sen-
sible à Tattention de TAssemblée.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 13 Août,
à neuf heures du matin.
ìfa Signé ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Ptimat
,
de Narbonne, Président.
DU CLERGÉ DE FRANCE, ±$ AOUT 1785. 4et

DU MARDI, VINGT-TROIS AOUT 1785,


à neuf heures du matin*

Monseigneur l'Archevêque de Narbonne Président*


>

MOnseigneur l'Archevêque de Narbonne a dit : Que Lxíx


les Religieux Augustins devant célébrer, Dimanche SÈANGE,
prochain, la Fête de saint Augustin, il étoit convenable que
TAstemblée assistât à la Messe solemnelle qui serait célébrée
Dimanche prochain, 2 8 de ce mois, 6c que, si TAssemblée
le trouvoit bon, il prierait Monseigneur l'Archevêque de
Vienne d'y officier ; ce qui a été agréé : en conséquence il
a nommé, pour Prêtre assistant, Monsieur TAbbé de Pradel 3
pour Diacres d'honneur, Messieurs les Abbés de Foucauld
6c de Sieyes; pour Diacres d'Office, Monsieur TAbbé de
Chambertrand, 6c pour Sous - Diacre M. TAbbé de la
Salle. Messieurs les Agents ont été chargés d'aller deman-
der à Monseigneur l'Archevêque de Paris la permission
nécestaire pour célébrer la Meíle pontificale, de faire tout
préparer pour cette Cérémonie, 6c d'y inviter ceux de
Messeigneurs les Prélats qui se trouvent à Paris, 6c qui ne
font pas de TAstemblée.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour la Re--
ligion 6c la Jurisdiction, ont pris le Bureau* Monseigneur
l'Archevêqued'Arles, Chef de la Commission, a dit : Qu'il
avoit dresté, conformément à la Délibération du 17 dé
ce mois, un Mémoire pour être présenté au Roi, à Teffet
de réclamer contre les deux Arrêts du Conseil, des 11 Jaiv
vier 1780 6c z$ Mai 1783 concernant TAbbaye de Mau^
,
bec, dont M. le Baron d'Escars est resté en possession 6>C
-,
que, si TAssemblée le jugeoit à propos, il en feroit fait lec-
ture. Sur quoi, lecture faite du Mémoire, il a été approuvé :.
TAssemblée a ordonné qu'il feroit inséré dans le Procès^
verbal, 6c a prié Monseigneur l'Archevêque de Narbonne
de le présenter à Sa Majesté,
4&Z PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 24 Août,
à neuf heures du matin.
Signé $fa ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6C Primat
de Narbonne, Président. h

» . - - .

MÉMOIRE AU ROI.
SIRE,
Le Clergé de France aimera toujours à publier haute-
ment qu'il doit une grande partie de ses biens temporels
à la munificence de vos augustes Prédécesseurs j ÔC que,
formé sous les auspices du Souverain, le.patrimoine entier de
TEglise ne se conserve qu'à Tombre de la même autorité. S'il
est doux à notre reconnoissance de célébrer cette heureuse
époque, où le zèle du Prince 6c de ses Sujets multiplioit
à Tenvi les fondations utiles, la Religion 6c Thonneur atten-
dent, de notre courage, que les intentions des Fondateurs
seront respectées, 6c qu'un si précieux héritage ne passera
jamais dans des mains étrangères. Tel est, SIRE, le prin-
cipe de la confiance respectueuse avec laquelle nous pré-
lions la liberté d'appeller à la justice de VOTRE MAJESTÉ
die Tabus qu'on voudrait faire de fa bienfaisance.
Lorsque M. d'Escars obtint, en 17 8 o, TAbbaye de Mau-
bec Diocèse de Bourges, fa qualité de Clerc tonsuré, jointe
,
à Tétat de Chevalier de Malthe, ns permettoit pas de le re-
garder comme essentiellementincapable de posséder un Bé-
néfice ecclésiastique. Nous dumes alors présumer queTacte
de nomination avoit été expédié dans la forme accoutu-
mée. Mais en contractant mariage au mois de Mai 1783,
il a renoncé aux privilèges de la cléricature; 6c cependant
il continue de percevoir les revenus de TAbbaye. Forcés
de-rechercher les titres d'une possession si étonnante, nous
DU CLERGÉ DE FRANCE, z y Août 1785» 463
avons découvert un Arrêt du Conseil du u
Janvier 1781,
qui, sur la présentation de Monseigneur Comte d'Artois,
accorde à M. d'Escars la jouissance,sa vie durant, de TÀb*
baye de Maubec. C'est à regret que nous élevons la voix :
les qualités personnelles de M. le Baron d'Escars, tui •nom
cher à TEgliíè òc à TEtat, tout intéresse singulièrement en
fa faveur Î mais les égards ont un terme, quand la Loi se
fait entendre. Daignez, SIRE, prêter Toreille à ses dis-
positions 6c VOTRE MAJESTÉ prononcera elle-même si
,
un simple Arrêt du Conseil suffisoit pour tenir TAbbaye
de Maubec, 6>C si cette prélature peut aujourd'hui reposer
sur la tête d'une personne Laïque, engagée dans la profes-
sion des armes 6c dans les liens du mariage.
Quoique le temporel des Bénéfices ecclésiastiques de-
meure toujours sous la main protectrice de VOTRE MA-
JESTÉ en autorisant Tossrande 6c la consécration qui en
,
a été faite, Tintention des Rois vos Prédécesseurs a été de
lier irrévocablement la jouissance des revenus à la conces-
sion du titre. Uné Abbaye vacante n'est remplie que par
le concours de la nomination royale 6c des Provisions du
Saint-Siège. Le Souverain, subrogé aux droits des Elec-
teurs par le Concordat, présente ail Pape un-sujet de la
qualité prescrite par les Ordonnances. Ce recours au Su-
périeur Ecclésiastique est tellement obligatoire, que lé por-
teur du Brevet Royal, qui néglige de s'y adresser dans un
temps déterminé , n'est plus recevable à faire usage de fa
Ab-
nomination. Déclarons qu avenant vacation d^s
bayes, Prieurés
....
étant à notre nomination, nous n en-*
....
tendons nommer ^finon personnes d'âge suffisance ÓQ
qualités requises les saints ,
Décrets
....
Constitutions
autres par, ,
canoniques ÓG Concordats
..... Ordonnons que ceux que '
nous y nommerotís, seront tenus dedans neufmois après la
délivrance de nos Lettres de nomination obtenir Bulles
.....
faire apparoir de diligences valables
ÓG Provisions
.-. . . . ou
f
ÓC suffisantes SC à faute de ce aire demeureront déchus
; j
de leur drok de nomination. Ainsi s^exprime ì'Ordonnance
de Blois, art. 1 ':5 5. Une décision si impérative^ a été re-
tiquvelléé eh diíreretìtes occasions > & -notamment par
'4 64 P^OCES-FERBAL DE L AÌSÈMBLÉE-GÉNÉRALE
TArticle premier de TEdit de Décembre 1606, 6c la Dé-
claration du 17 Octobre 17 z 6.
SIRE, la volonté du Législateur n'a point été suivie
relativement à TAbbaye de Maubec. Point de Provisions
du Pape, point de diligences faites en Cour de Rome. II
n'est même intervenu aucun acte de présentation au sou-
verain Pontife. Un Arrêt du Conseil est Tunique titre des
droits qu'exerce M. ie Baron d'Escars, titre qui, en assi-
milant à des grâces purement temporelles la disposition
des Abbayes, deviendrait aussi funeste par ses conséquen-
ces , qu'il est destructif des principes, 6c contraire aux en-
gagements que les augustes Prédécesseurs de VOTRE MA-
JESTÉ ont bien voulu prendre avec le Saint-Siège par le
Concordat, 6c avec TEglise de France par TOrdonnance
de BloiS} TEdit de 1606 6c une multitude de Loix posté-
rieures. II paroît que cet Arrêt a été calqué fur un Arrêt
rendu le z6 Janvier 1766, 6c qui accordoit, dans les mê-
mes termes, la jouissance de TAbbaye de Maubec à M. de
la Corne, Doyen de TEglise de Québec, 6C Vicaire-Gé-
néral du Diocèse.
SIRE, ce dernier Arrêt ixest point venu dans le temps
a la connoissance des Assemblées du Clergé. Elles en ont
d autant moins soupçonné Texistence, que M. de la Corne
réunistoit toutes les qualités nécessaires pour posséder ca-
noniquement une Abbaye. On prétend que cette forme
insolite n'a eu lieu qu'à raison des difficultés élevées alors
fur Tadministration de TAbbaye de Maubec. Cet établiOe-
ment avoit été uni sous Louis XIV à TEglise de Québec.
Mais Tesset de Tunion étoit contesté depuis que le Canada
avoit passé sous la domination Ángloise. En accordant pro-
visoirement au Doyen du Chapitre de Québec la jouis-
sance des revenus de ladite Abbaye, le Chapitre, ajoute-
t-on , soussroit moins de préjudice que si les deniers en
eussent été versés dans la Caisse d'un Econome-Séquestre.
Quoi qu'il en soit de ces faits, les suites de la grâce faite
a cet Ecclésiastique, 6c Tinduction qu'on voudrait en tirer,
annoncent de plus en plus qu'il est des règles fondamen-
tales qui ne font susceptibles d'aucune exception, 6c que
les
DU CLERGÉ DE FRANCES Z3 'AOUT 178J. 46s
les intentions les plus pures ne légitiment point une opé-
ration vicieuse dans fa source. Aujourd'hui que TArrct du
Conseil, du 16 Janvier 1766, est connu du Clergé, si
M. TAbbé de la Corne vivoit encore, nous ne balancerions
pas d'attaquer fur fa tête une possession si illégale des biens
6c revenus de TAbbaye de Maubec 3 possession bien moins
régulière encore dans la main de M. le Baron d'Escars, de-
venu par la célébration de son mariage, tout-a-fait étranger
à TOrdre Ecclésiastique. La maxime qui exclut les Laïques
de la poíleliion des Bénéfices, fondée fur la nature des biens
d'Eglise 6c sur tous les monuments de la tradition, tient à
nos Libertés, 6c fait partie de privilèges canoniques dont la
conservation a été promise si solemnellement par VOTRE
MAJESTÉ le jour de son Sacre. Plus le Clergé s'est mon-
tré constamment jaloux de bien mériter de la Patrie dans
Texercice de ses fonctions, toujours dirigées vers le bon-
heur 6c la sanctification des peuples, plus il étoit de la
justice 6c de la prévoyance de TAdministration d'asturer
.
aux Ministres des Autels une dotation distincte 6c perma-
nente. De-là cette ligne de démarcation, si sagement posée
entre Théritage du Sanctuaire 6c les fonds profanes, de-là
encore ces maximes de notre Droit Public, qui déclarant
le Domaine de TEglise consacré au Service divin hors du
commerce des hommes, interdisent la faculté de Taliéner,
en affectent exclusivement le produit à des oeuvres de re-
ligion 8c de charité, 6c n'appellent en partage des disté-
rentes portions de biens, connues sous le nom de Bénéfices,
que les Clercs 6c autres dispensateurs des choses saintes. A
ces autorités générales se joint le voeu particulier des Do-
nateurs. Vouloir déroger à des Contrats acceptés par TE-
glise, 6c déclarés exécutoires par la.Puissance temporelle,
ce serait blesser les droits imprescriptibles de la propriété.
Un Corps Ecclésiastique acquiert par la même voie, pos-
sède au même titre, 6c n'est pas moins vrai propriétaire que
les autres membres de TEtat j la destination de ses biens
les rend même plus privilégiés. Permettez-nous, SIRE,
d'arrêter un moment les regards de VOTRE MAJESTÉ
fur les représentations que TEglise de France afiemblée
Procès-verbal de 178/. Xi ì
JL66 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
faisoit à ce sujet en 1599, avec les lumières 6c Ténergie
du langage antique. Vintention de ceux qui ont fondé ÓG.
doté les Eglises ÓG Monastères, ÓG donné de leurs biens
pour I établissement.... ÓG augmentation du Service divin >
personnes ÓG lieux destinés a iceluij ÓG pour prier pour le
salut de leurs ameSj parents ÓG amis, n a point été que ce qu'ils
donnoient fut ci-après employé en autres usages, mais qu'il
demeure, tant en propriété qu'en usage., CL ïEglise ÓG Per-
sonnes Ecclésiastiques : contre laquelle destination bailler la
jouissance desdits biens à Personnes Laïques c'est faire
....
injure aux défunts * ÓG violer la volonté des
j
Testateurs la-
*
quelle quand elle n est mauvaise., par toutes Nations,
,
Pays ÓG Cités., ÓG par toutes les Loix > a été réputée ....
sainte ÓG inviolable^ La Loi divine continue TAssemblée du
j
ï
Clergé, ordonne que ceux-là doivent vivre de Autel quiser-
ï
vent a Autel, de laquelle se peut inférer que ceux qui n'y
servent ÓG ne sont appelles pour y servir, ne doivent vivre
l
ni jouir des biens destinés ÓG donnés peur le service de Autel.
>

SIRE, ce nJest point ici une de ces prétentions de corps


que la sagesse du Gouvernement abandonne au combat 6c
à la liberté des opinions. Nous savons s'écrièrent de con-
>
cert le peuple 6c les Seigneurs dans une Assemblée-Géné-
rale tenue par Charîemagne en 803, nous savons que les
,
biens d'Eglise ont été voués au Seigneur par une consécration
spéciale,, ÓG qu'on nesauroit les ravir fans profanation aux
Etablissements qui en font dépositaires. Et certes disoit au
Parlement de Paris, dans des temps plus modernes en
,
1568, M. TAvocat-Général Dumefnil, l'on pourroitfe, re-
mettre devant les yeux j quès Etats des anciennes Monar~
chies, ÓG pareillement celle de France avoit été toujours
9
tenu pour règle ÓC maxime générale, que les biens consacrés
à l'Eglife meubles ÓG immeubles., doivent être réputés in-
j
violables hors du commerce ÓG usage des hommes. Mais rien
n'est plus propre à éclairer fur les vrais caractères du pa-
trimoine ecclésiastique, que la conduite de nos Rois à Toc-
casion de la régale temporelle. Attentifs à ne point con-
fondre avec les autres parties de leurs revenus, les fruits
,
des Prélatures vacantes, ils sont en possession de les em-
DU CLERGÉ DE FRANCE J 7.3 AOUT 178 j. 46-7
ployer en oeuvres de piété , 6c Louis XIÍÍ ne craignit pas
d'annoncer en termes exprès par une Loi publique, par ies
Lettres-Patentes du mois de Décembre 1641 au'il esti-
,
moit y être obligé. Enfin, les Déclarations des 27 Octo-
bre 171 1, 6c 8 Octobre 17 z 6 , nous représentent les biens
d'Eglise comme étant consacrés au Culte divin à Tentre-
,
tien des Ministres de la Religion , 6c à la nourriture 6c
soulagement des Pauvres. Voilà, SIRE, les biens dont
M. le Baron d'Escars conserve personnellement la jouissan-
ce. II est constant que la Jurisprudence universelle des Tri-
bunaux, déclare vacants 6c impétrables les Bénéfices de
tout Ecclésiastique qui se marie 3 Jurisprudence établie, 6c
sur ce qu'il faut être Membre du Clergé pour en exercer
les charges, 6c fur ce que Tétat du mariage est incompa-
tible avec celui de la Cléricature. Le respect du si juste-
ment à la nomination royale, écarte, dans Tespece présen-
te , la voie de Timpétration : mais les dîmes 6C les hérita-
ges qui composent la dotation de TAbbaye de Maubec,
ne sont pas d'une nature différente. Les mêmes Loix en
règlent Tadministration 6c nous liions dans le coeur sen-
,
sible 6c religieux de VOTRE MAJESTÉ, qu'Elie ne per-
mettra jamais Tufage arbitraire d'un dépôt mis spéciale-
ment fous la garde du Trône.
On dira peut-être, SIRE, que, fans prétendre à TAb-
baye de Maubec, M. le Baron d'Escars demande seule-
ment Texécution d'un Arrêt qui l'établit Econome, Ré-
gisseur 6c Préposé de cette Abbaye vacante. Sans doute
son désistement auroit prévenu nos représentations, s'il h'a-
voit que de pareils droits à exercer. Mais, SIRE, ce pré-
cieux amour du vrai que VOTRE MAJESTÉ a fait éclater
dès ses plus tendres années, s'empreílera de rejetter une
subtilité désavouée par la notoriété publique, par la qua-
lification d'Abbé de Maubec, donnée pendant les premiè-
res années à M. d'Escars dans des états imprimés, 6c par
la teneur même de TArrêt du Conseil dont on cherche à
se prévaloir. En effet, quel rapport peut avoir la régie mo-
mentanée, comptable 6c amovible des Commis de TEcono-
mat avec la jouissance de tous les biens, fruits 6c revenus
Iii z
468 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de TAbbaye de Maubec, accordée à un Chevalier de Malthe
la vie durant, avec pouvoir de passer les baux en son nom,
& d'administrer en bon père de famille? Ce sont les termes
de TArrêt du Conseil, du 21 Janvier 1780. Tout y décelé
manifestement un véritable usufruit 6c non une simple
comptabilisé. Nous ne dissimulerons pas à VOTRE MA-
JESTÉ que les annales de la Monarchie présentent de loin
en loin des Abbayes ainsi livrées à la main laïque. Mais
ces entreprises, nées dans des temps de trouble 6c d'indé-
pendance, toujours combattues par TEglise Gallicane avec
une vigueur sacerdotale, n'ont servi qu'à multiplier les ti-
tres 6c les monuments en faveur des faines maximes. Si
Charles-Martel distribue plusieurs Abbayes 6c Monastères
aux Officiers de son armée, ^irrégularité de cette spolia-
tion est reconnue sous les règnes suivants. .Dans plusieurs
Assemblées nationales on prend des mesures pour la rentrée
des fonds aliénés. A peine Hugues-Capet étoit monté fur
le Trône qu'il invite les grands Vassaux de la Couronne à
,
restituer à TEglise les Abbayes accumulées fur leurs têtes,
6c joint Texemple à la leçon. Au milieu des orages qui dé-
solèrent la fin du seizième siécle, on voit renaître les mêmes
désordres j mais la source en disparaît avec les beaux jours
du règne de Henri IV ; 6c depuis cette époque, nous ne
découvrons aucun vestige de prétention semblable à celle
quis'éleve aujourd'hui, 6C qu'on voudroit en vain couvrir
d'un nom auguste. Jamais Tintention de VOTRE MAJESTÉ
n'a été de disposer d'une Abbaye en faveur de personne
mariée. M. d'Escars ne Tétoit pas encore, quand intervint
TArrêt du iz Janvier 1780. L'Arrêt rendu en finance, le
z 9 Mai 1783, trois semaines après la célébration de son ma-
riage n'a eu pour objet que de liquider une partie de rente
,
fur THôtel-de-Ville, contentieuse entre TAbbaye de Mau-
bec 6C le Chapitre de Québec, en Canada -, M. d'Escars n'y
est jamais dénommé qu'avec la qualité de Chevalier de
Malthe : preuve sensible que son nouvel état n'a point été
pris alors en considération. Ainsi VOTRE MAJESTÉ ayant
égard à ce changement, incompatible avec la possession
d'un Bénéfice, peut aujourd'hui retirer TAbbaye de Maubec
DU CLERGÉ DE FRANCE* 2.3 AOUT 178;. 469
des mains de M. le Baron d'Escars, fans abandonner ses
démarches précédentes ni se repentir de ses premiers dons.
,
SIRE, toute la France a Toeil ouvert fur le succès de
notre dénonciation. Tolérer un exemple si dangereux,
ce feroit réveiller de routes parts les espérances de la cu-
pidité 5 ce feroit ouvrir une voie nouvelle à Tinvasion des
biens d'Eglise, 6c dans quelles circonstances ? Lorsque ces
biens dépérissent chaque jour au milieu des tristes progrès
de la fraude 6cde la licence, lorsque Tamélioration si juste-
ment consentie en faveur de Tune des plus précieuses por-
tions de nos coopérateurs menacerait d'une ruine pro-
chaine une foule d'établissements utiles fans la protection
,
bienfaisante du Gouvernement. Pleins de la plus juste con-
fiance dans la bonté paternelle 6c la sage administration de
VOTRE MAJESTÉ, oserons-nous ajouter que des assu-
rances pour Tavenir ne tariraient pas la source de nos alar-
mes , 6c qu'elles se perpétueront aussi long-temps que TAb-
baye de Maubec fera tenue 6c possédée par un Laïque?
Seroit-ii possible que des avantages particuliers 6C peu con-
sidérables, balançassent les grands intérêts de la Religion
6c de la Patrie? Loin d'ici tout retour fur nous-mêmes.
Quand les grâces éclatantes de VOTRE MAJESTÉ ne ren-
draient pas la plupart d'entre nous supérieurs aux consi-
dérations personnelles, accoutumés à élever plus haut nos
pensées, c'est bien moins dans Tor du Sanctuaire que dans
les lumières, les vertus 6c Tunion de ses Ministres que nous
placerons toujours les richesses 6c la force du Clergé. Mais
les dons offerts à TAutel nourrissent la piété des fidèles par
la solemnité du culte divin étendent 6c perpétuent les
,
sources de Tinstruction évangélique, assurent des ressources
aux besoins de Thumanité souffrante. Ses fondations ont
été revêtues de la sanction de TEglise. La nation recevra
de nous Texemple de la fidélité la plus scrupuleuse à rem-
plir les engagements que nos pères ont contractés.
Ah! SIRE, fi les bienfaiteurs de TAbbaye de Maubec
se montraient tout-à-coup
au milieu de nous , combien leur
affliction feroit amere 6c profonde, en voyant les fruits de
leurs pieuses largesses former entre les mains de M. le Ba-
47° PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ron d'Escars un bien profane, une pure temporalité! Quel


compte rigoureux nous aurions à rendre au souverain Juge,
fi cette révolution étoit ensevelie dans le silence, ou que
notre voix n'eût retenti que foiblement aux pieds du Trône I
Mais Tespoir succède bientôt à Tinquiétude sous un Prince
qui, loin de favoriser le renversement des bornes ancien-
nes , a toujours regardé Tamour de Tordre 6c le respect pour
les propriétés comme les fondements du grand art de re-
p-ner. Toutes nos Eglises
bénissent d'avance le jour heu-
reux où VOTRE MAJESTÉ les rassurera contre le danger
d'un premier exemple, en ordonnant le rapport des Arrêts
du Conseil, des z G Janvier 1766, xi Janvier 1780 6c 29
Mai 1783. Aime, disoit saint Louis mourant à Tauguste
héritier de fa Couronne, aune tous les gens d Eglise ÓG de
Religion ÓG prends garde qu'on ne tollijjè leurs revenus,
j
dons óG aumônes que les anciens ÓG devanciers leur ont laissés
ÓG donnés.
SIRE, si le langage de ce héros Chrétien a vieilli, il
exprime de généreux sentiments dignes de vivre à jamais
dans le coeurdeVOTRE MAJESTÉ. Les supplications que
nous prenons la liberté de lui adresser, ne feront pas ac-
cueillies avec moins de bonté que le furent du Roi Henri
IV celles de nos Prédécesseurs; 6c, comme eux, nous au-
rons la consolation d'entendre de la bouche du meilleur
des Maîtres, que la Religion 6c la justice sont les plus fer-
mes colonnes de TEtat politique.
&gné >$< ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne, Président.
L'Abbé de Périgerd ancien Agent ÓG Secrétaire de
,
ï Assemblée.
L'Abbé Dillon, Secrétaire de lAssemblée.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 14 AOUT 1785. 471

DU MERCREDI, VINGT-QUATRE AOUT 178j,


à neuf heures du matin.

Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour la LXX


Religion 6c la Jurisdiction, ont pris le Bureau. Mon- sSEANCE,
seigneur l'Archevêque d'Arles, Chef de la Commission, a
dit : Que Monseigneur l'Archevêque de Paris, affligé du
scandale que donne dans la ville de Paris la continuation
des travaux publics les jours de Dimanches 6c de Fêtes,
réclamoit les bons offices de TAssemblée fur cet objet im-
portant j que la Commission s'étoit occupée des plaintes
consignées, à cet égard, dans le Procès-verbal de TAssem-
blée Provinciale de Paris. Le rapport en a été fait ainsi
qu'il fuit.
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Les plaintes portées par TAssemblée Provinciale de Paris
fur la transgression publique du précepte de TEglise concer-
Fêtes Dimanches ,déja
nant la sanctification des & ont fait
souvent l'objet de vos démarches 6C de vos, réclamations
auprès des dépositairesde Tautorité 5 presque tous vos Pro-
cès-verbaux Tattestent, 6c notamment celui de la derniere
Assemblée de i-y^z dans laquelle il fut fait, à ce sujet, un
,
Rapport par Monseigneur l'Archevêque d'Arles, d'après
lequel TAssemblée arrêta de faire une députation à M. Ame-
lot, Secrétaire d'Etat, ayant alors Paris dans son départe-
ment , ôc à.M. le Noir, Lieutenant-Général de Police, poul-
ies prier de donner de nouveaux ordres, à Teffet d'arrêter
6c prévenir dans la fuite ces sortes de contraventions. Mes-
sieurs les Députés furent chargés d'insister particulière-
ment sur les espérances bien fondées que le Clergé avoit
conçues de ne plus avoir de plaintes à former fur un point
aussi intéressant, d'après les différents Mandements que le
47 % PROCÈS-VERBAL DE JLASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
plus grand nombre des Evêques de France avoient donné
dans leurs Diocèses pour le règlement 6c la réduction des
Fêtes, eu égard aux besoins des peuples 6>C aux travaux de
la campagne, 6c d'après le Mandement de feu Monseigneur
de Beaumont, Archevêque de Paris, 6c les Lettres-Paten-
tes du R.oi consirmatives d'icelui, lesquelles enjoignent en
termes exprès, détenir la main « à ce que les Ordonnances
« &C Règlements concernant Tobfervation des Fêtes 6c
33
Dimanches, soient exécutés j qu'en conséquence, hors le
» cas d'une nécessité publique 6c urgente, tout travail cesse
« èsdits jours, même dans nos Châteaux, Maisons Royales
33 6c autres
lieux privilégiés. J3 Ces représentations furent
accueillies très-favorablement, 6c M. Amelot, 6c M. le Noir
donnèrent assurance à Messieurs vos Députés qu'avant la
séparation de TAssemblée, il paraîtrait une Ordonnance de
Police entièrement conforme aux voeux du Clergé, 6c que
cependant il feroit donné des ordres provisoires aux Com-
missaires de Quartier, 6c autres Agents òc Préposés à la po-
lice de Paris, de tenir la main à Tobfervation de Tancienne
discipline : effectivement peu de temps après il fut rendu,
fur le Réquisitoire du Procureur du Roi, une Ordonnance
de Police, en date du 18 Novembre 1781, composée de
sept articles, qui renferment toutes les dispositions qu'on
pourroit désirer, laquelle dite Ordonnance a été duement
lue, publiée 6c affichée 6c est transcrite tout au long à
la suite du Procès-verbal, de TAssemblée de 178x5 au rang
des Pìcces Justificatives. Malgré tous ces soins 6c toutes ces
démarches, le concours de Tautorité civile 6c ecclésiasti-
que , les dispositions des Loix anciennes 6>C nouvelles , les
plus claires 6c. les plus précises, nous avons la douleur de
voir tous les jours de nouvelles 6c publiques infractions du
précepte de TEglise sur la sanctification des Fêtes 6c Di-
manches. On voiture des matériaux, on taille la pierre fur
îes chemins 6c les places publiques, 6c dans un grand nom-
bre d'atteliers on travaille indifféremment tous les jours de
Fêtes 6c Dimanches j d'où il résulte, outre le scandale,
que les ouvriers sc dispensent d'assister aux Offices divins,
6c sont absolument privés de tous les moyens de sanctifi-
cation
,
DU CLERGÉ DE FRANCE J 24 AOUT 1785. 473
cation, d'instruction 6c d'édification publique. Monseigneur
l'Archevêque de Paris, avec qui nous en avons conféré 6c
qui est singulièrement touché de ces abus, nous a dit avoir
présenté directement au Roi un Mémoire sur cette matière,
6c qu'il désirerait beaucoup que TAssemblée fît de nou-
veaux efforts pour assurer Texécution des Loix fur un point
aussi important. II pense que le Clergé-Général pourrait
représenter à Sa Majesté, dans la forme qu'il jugera la plus
convenable, Tinexécution des Loix, le danger de voir af-
foiblir tous les jours de plus en plus, jusques dans le peu-
ple les sentiments de piété 6c de religion qui sont parti-
,
culièrement soutenus, par le culte extérieur j qu'en se livrant
à ses travaux journaliers, le peuple n'assiste point aux saints
Offices, aux Instructions, perd de vue insensiblement tous
ses devoirs, 6t tombe malheureusement dans Tignorance,
& jusques dans Tindifférence fur le point si essentiel de la
Religion 5 que pour réparer 6c prévenir un si grand mal, le
Clergé le supplie de donner de nouveaux ordres à tous les
Officiers préposés, soit à la police de la ville de Paris, soit
dans toute Tétendue du Royaume, pour veiller à Texécu-
tion des Loix civiles 6c ecclésiastiques fur la sanctification
des Fêtes 6c Dimanches-, en conséquence nous avons Thon-
neur de vous proposer de joindre les instances du Clergé-
Général à celles de Monseigneur l'Archevêque de Paris.,
6í de prier Monseigneur l'Archevêque de Narbonne d'en
parler au Roi dans la première audience que Sa Majesté
VQudra bien lui accorder.
Le Rapport fini, TAssemblée, conformément à Tavis de
la Commission, a délibéré de joindre ses instances à celles
de Monseigneur l'Archevêque de Paris, concernant la sanc-
tification des Dimanches 6c Fêtes, 6c a prié Monseigneur
l'Archevêque de Narbonne de faire des représentations au
Roi fur cet objet, dans la première audience que Sa Ma-
jesté voudra bien lui accorder.
Monseigneur le Coadjuteur d'Orléans a dit, que Mon-
seigneur TEvêque d'Orléans réclamoit les bons offices de
TAssemblée, relativement à une Instance pendante au Par-
lement de Paris au rapport de M. TAbbé Tandeau de
,
Procès-verbal de 178 j. J j j
474 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Marsac sur Tappëì comme d'abus d'un refus de Visa, fak
,
pour cause d'incapacicé au Sr. de Luzarche prétendantdroic
,
à la Cure de Saint-Laurent-des-Orgeries; que les circons-
tances de cette affaire préfentoient les motifs les plus justes
d'appuyer la demande de Monseigneur TEvêque d'Orléans r
fur quoi Monseigneur l'Archevêque de Narbonne a prié
Monseigneur TEvêque de Langrcs 6c Monsieur TAbbé de
Grainville de voir M. TAbbé Tandeau de Marsac,, 6c de
lui témoigner Tintérêt que TAssemblée prend au succès de
cette Instance.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne a aussi prié
Monseigneur TEvêque de la Rochelle 6c Monsieur TAbbé
le Gay de témoigner, au nom de TAssemblée, à Monsieur
TAbbé d'Andrezel, la part quelle prend à la pêne qu'il
vient de faire de Madame sa mère.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Dimanche prochain, z 8 Août,
à neuf heures du matin.
Signé >3J< ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
mat de Narbonne, Président.

DU DIMANCHE, VINGT-HUIT AOUT i72S,


a neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Rheims, Président.
--

MEssieurs les Agents ont mis fur le Bureau le licet de


LXXI Monseigneur l'Archevêque de Paris pour la Messe
SÉANCE. solemnelle de saint Augustin.
Monseigneur l'Archevêque de Vienne, qui avoit été prié
d'officier à cette Messe, est allé avec ceux de Messieurs du
second Ordre, qui étoient nommés pour l'afliífer, s'habiller
au Trône qui lui étoit préparé dans le Sanctuaire du côté
de TEpître.
Messieurs les Agents ont averti que tout étoit prêt pour
la Grand'Messe. Messeigneurs les Prélats députes ôc ceux
DU-CLERGÉ DE FRANCE* z8 AOUT 1785. 475-
qui n'étoient pas de TAssemblée, tous en Rochet de den-
telles 6c Camail violet, 6c Messieurs du second Ordre en
Manteau long 6c Bonnet quarté, se sont mis en marche
deux à deux, 6c sont entrés dans TEglise par la porte du
Cloître qui est fous le Jubé. Messeigneurs 6C Messieurs ont
été reçus par la Communauté des Pères Augustins, qui étoit
rangée en haie le long du Cloître. Le Prieur 6c le Sous-
Prieur ont présenté de Teau-bénite à chacun de Messei-
gneurs 6c de Messieurs, qui, en entrant dans le Choeur,
ont fait une inclination à TAutel, le Saint-Sacrement n'es-
tant pas exposé, 6c se sont placés dans les hautes chaises
du Choeur. Les Augustins se sont mis autour de T Aigle*
Quatre Religieux, étant en chape, ont commencé à chaiv
ter ÌTntroït. Monseigneur l'Archevêque de Vienne, revêtu
de ses habits pontificaux, est allé au-bas de T Autel, où après
5
avoir salué TAssemblée, il a commencé la Messe. Après
TEvangile, Monsieur TAbbé de Boulogne est monté en
Chaire, 6c a fait le Panégyrique de saint Augustin* En
commençant son Sermon, il a demandé la bénédiction à
Monseigneur l'Archevêque de Vienne 3 6c en le finissant, il
n'a point donné la Bénédiction. Monseigneur le Célébrant
a entonné le Credo j pendant lequel le Sous-Diacre a porté
le Livre des Evangiles à baiser en la manière accoutumée*
L'encensement super oblata fini, le Diacre de TEvangile,
après avoir encensé Monseigneur le Célébrant, est allé au
Choeur, accompagné du Maître des Cérémonies, 6>Ca en-
censé Messeigneurs les Prélats chacun de trois traits, 6c Mes
sieurs du second Ordre, chacun de deux traits. Ensuite étant
retourné à T Autel, il a pareillement encensé de deux traits le
Prêtre assistant, les Diacres d'honneur 6c le Sous-Diacre 3 6c
ayant remis TEncenfoir au Maître des Cérémonies , il en a
été encensé de même. A YAgnus Dei':, Monseigneur le Célé-
brant a donné le baiser de Paix au Prêtre assistant, qui, après
Tavoir donné aux Diacres d'honneur, au Diacre de TEvan-
gile & au Sous-Diacre, est allé au Choeur, accompagné du
Maître des Cérémonies, a donné pareillement le basset de
Paix au premier de Messeigneurs les Prélats 6c de Messieurs
les Députés du second Ordre de chaque côté. Monsei-
Jjj z
476 PROCÏS-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
s^neur le Célébrant a donné la Communion a plusieurs
Religieux Augustins, qui sont venus à TAutel deux à deux.
La Messe finie, Monseigneur le Célébrant, après avoir sa-
lué TAssemblée au-bas de TAutel, est retourné au Trône
pour quitter ses ornements pontificaux. Messeigneurs 6c
Messieurs font sortis de TEglise par la grande porte du
Choeur dans le même ordre qu'ils étoient venus, 6c sont
retournés dans la Salle des Séances.
La Séance a été indiquée à Mardi prochain, 3 o Août
à. neuf heures du matin.

Signéjfa Al. A. Archevêque-Duc de Rheims, Président;

DU MARDI, TRENTE AOUT I7SJ,


à neuf heures du matin.

Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président*

LXXII Hk. /fTOnseianeur l'Archevêque de Narbonne a dit : Qu'il


SÉANCE.
_Lv JLavoit eu Thoniieur de remettre au Roi le Mémoire
de TAssemblée, concernant TAbbaye de Maubec, possédée
par M. le Baron d'Escars 3 que Sa Majesté , touchée des
représentations du Clergé à cet égard, avoit promis de s'en
faire rendre compte dans son Conseil.
Qu'il avoit aussi remis à M. le Baron de Breteuil la Re-
quête de Messieurs les Agents fur Tassaire du Sieur Buis-
sonnier 6c qu'il en avoit prévenu M. le Garde des Sceaux,
,
en insistant, au nom de TAssemblée , fur la nécessité de
faire cesser, par un prompt Jugement, le scandale qui se
perpétue dans la Paroisse du Monestier-Clermont, Diocèse
de Die 3 que M. le Garde des Sceaux & M. le Baron de
Breteuil avoient promis de s'occuper incessamment de cette
assaire.
Qu'à Tégard de la Lettre de TAssemblée au Pape, con*
cernant la prévention, M. le Comte de Vergennes, Mi-
nistre des Affaires Etrangères, s'étoit chargé de la faire
parvenir à Sa Sainteté,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 30 AOUT 1785.- 477
M. TAbbé d'Andre.zel a fait ses remerciements à TAssem-
blée de la part qu'elle a bien voulu prendre à la perte qu'il
vient de faire.
Monseigneur TEvêque de Troyes à pareillement remer-
cie TAstemblée de Tintérêt qu'elle a pris à son indisposition.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 31 Août,
à neuf heures du matin.
Signé )^Í ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Primat
,
de Narbonne, Président*

DU MERCREDI, TRENTE-UN AOUT 1785,


à neuf heures du matin*
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

"^ JsOnseigneur l'Archevêque de Narbonne à dit : Qu'il LXXHT


x¥ ÏLavoit reçu une Lettre de M. le Garde des Sceaux, Si:ÁI\Ciì.
à laquelle étoit jointe la Réponse du Roi au Mémoire de
TAssemblée sur les mauvais Livres 3 6c que si TAssemblée
Tagréoit, il en feroit fait lecture. Sur quoi lecture faite de
la réponse de Sa Majesté, il a été arrêté qu'elle sérùit in-
sérée dans le Procès-verbal.

REPONSE DU ROI,
Au Mémoire de TAssemblée, concernant les mauvaisLivres*

J^Ai examiné avec attention le nouveauMémoire du Clergé\


concernant les mauvais Livrés.
f
Je me fuis ait représenter les Règlements fur cette ma--
tiere ^ ÓG j'ai reconnu qu ils font suffisants pour, empêcher les
abus. Je les fais exécuter avec le plus grand foin, ÓG j'y
donnerai toujours la plus grande attention.
47$ PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
La Séance a été indiquée à demain jeudi, premier
Septembre,. à neuf heures du matin.
ty™ ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Pri-
$fc
mat de Narbonne, Président.

DU JEUDI, PREMIER SEPTEMBRE 1785,


à neuf heures du matin.

Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

LXXIV MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour le


SliANCE. Temporel, ont pris le Bureau. Monseigneur l'Ar-
chevêque d'Aix Chef de la Commission, a dit :
,
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Sa Majesté veut bien communiquerà TAssemblée ses in-
tentions fur un objet intéressant pour le Clergé, 6c pour tou-
tes les familles du Royaume. Elle se propose de pourvoir
à Tentretien des Bénéfices 6c à la fureté des successions des
Bénéficiers.
Elle veut pourvoir à Tentretien des Bénéfices par là con-
fection des réparations utiles 6c nécessaires, par le retran-
chement de celles qui sont inutiles ou superflues, 6c par
la faveur qu'Elie est disposée à donner, soit aux transac-
tions des Titulaires, 6c des Corps 6c Communautés Ecclé-
siastiques pour la partie des réparations qui sont à leur
,
charge commune soit aux arrentements des biens dont
,
Tentretien est plus onéreux. Elle veut pourvoir à la fureté
des successions des Bénéficiers en diminuant la durée du
,
séquestre 6c les frais qu'il entraîne, en autorisant les héri-
tiers à s'en affranchir par Tossre d'une bonne 6c suffisante
caution, en proscrivant les abus qui se sont introduits dans
la vente des meubles 6c effets, 6c dans la garde des deniers
appartenants aux successions des Bénéficiers.
Les inconvénients qui subsistent dans Tétat actuel, font
BU CLERGÉ DE FRANCE, t SEPTEMBRE 178 $. 479
^.
connus. Nous rappellerons ceux qui doivent cesser ou di-
minuer par Teffet de la Loi qu'on nous annonce.
L'Econome-Sequestrea des droits fur les deniers séques-
trés de la succestion des Bénéficiers j on lui accorde une
remise sur la vaisselle 6L Targenterie 6c sur le produit des
,
effets vendus. Ces droits font perdus pour les successions
des Bénéficiers, 6c pour les réparations des Bénéfices.
Les Séquestres ne devraient être établis qu'à la réquisi-
tion d'une ou plusieurs Parties intéressées, pour Tintérêt
même des successions ou des hypothèques. La Régie des
Economats nous offre le seul exemple d'un Séquestre érigé
comme un Etablissement perpétuel, indépendant des cir-
constances 6c de la nécessité.
L'Eglife possède des biens dans tous les Etats de TEu-
rope. II y a dans tous les Bénéfices, des Eglises, des Mai-
sons des Fermes à réparer : il n'y a d'Economats qu'en
,
France, 6c leur Régie, même en France, ne. s'étend point
fur les Bénéfices qui ne font point à la nomination royale.
Chaque Titulaire acquitte les charges attachées a son Bé-
néfice : il a Tintérêt d'entretenir les Fermes qui lui donnent
ses revenus la maison qu'il habite, TEglise que Ion Su-
,
périeur Ecclésiastique visite, ôc dont les habitants des lieux
ont le droit d'exiger les réparations. Les Eglises, les Fer-1
mes, les Maisons ie conservent, 6c les devoirs du Titu-
laire sont remplis 3 ses devoirs sonr remplis, ci fa succes-
sion n'est pas absorbée par ses charges. 11 n'y a point de Sé-
questre qui ravisse une partie de ion bien à ses héritiers 3
il n'y a point de longues formalités à suivre qui laissent les
réparations s'accroître, 6c les dépenses avec elles.
On a senti le besoin de désintéresser TEconome sur la
prolongation du Séquestre 3 on a proportionné les droits à
la valeur du dépôt, 6c non à fa durée. La Loi manifeste
fa défiance 6c ne la rend pas utile3 elle prévoir les abus,
,
6c ne les prévient pas. La longue détention des deniers dé-
posés n'en est pas moins avantageuse dans le centre de cette
,
circulation d'espèces 6c de papiers qui ne se repose jamais,
6c nous avons vu des successions retenues aux Economats-
pendant Tefpace de cinquante ou soixante ans. Deux gé-
4$ o PROCES-IVERBAL DE L1'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
aérations fe sont lassées dans les poursuites d'une liquida-»
tion qu'elles n'ont pas obtenue.
Aucune Loi n'avoit transmis le pouvoir aux Economes
de provoquer la vente des effets des successions. Elle ne
devrait être provoquée que par la demande-volontaire des
héritiers, 6c la vente forcée ne devroit avoir lieu que par
ordonnance du Juge, à la réquisition du nouveau Titu-
laire,.pour l'acquit des réparations. L'intérêt de TEconome
supplée à la Loi 3 il requiert la, vente pour accroître le dé-
pôt. L'inventaire 6c la vente se font toujours à grands
frais, 6c consomment une partie de la valeur des succes-
sions. Un Bénéficier meurt insolvable, parce que fa suc-
cession suffisante par elle-même peut réparer ses Bénéfi-
,
ces 3 6C pour acquitter ses dettes, ne peut plus y suffire,
après le prélèvement des droits &c des frais accumulés de
la Réçie des Economats.
L'Econome ne peut point ordonner les réparations : il
ne veille point à leur confection 3 il ne contracte aucune
obligation utile aux Bénéfices : un Arrêt du Conseil ne lui
permet de pourvoir qu'aux réparations urgentes. Les ré-
parations s'augmentent par les délais, ôé la gestion des Eco-
nomats n'est pas moins nuisible pour Tentretien des Béné-
fices qu'elle est onéreuse pour les successions des Béné-
,
ficiers.
Les réparations sont arbitraires 3 on n'en a déterminé les
objets par aucune Loi fixe 6c certaine. L'incertitude en-
gendre les difficultés 6c multiplie les discussions^ les nou-
veaux Titulaires peuvent vexer les successions de leurs pré-
décesseurs par des demandes illimitées 3 6c les Loix n'ont
point appris aux Juges quelles sont les bornes des obliga-
tions ,6c quelles doivent être celles des demandes.
Les Bénéficiers eux-mêmes veillent avec moins de zèle
aux réparations de leurs Bénéfices, parce qu'ils ne gagnent
lien par leur vigilance 6c par leur exactitude. Leur suc-
cession ^n est pas moins exposée aux mêmes poursuites
6c aux mêmes vexations, 6c les familles semblent forcées
de recourir à des précautions frauduleuses pour mettre
,
leur
DU CLERGÉ DE FRANCE > i SEPTEMBRE 1785-. 481
leur patrimoine même à Tabri des pertes qu'entraîne la suc-
cession d'un Bénéficier.
II faudrait, lans doute, détruire le Séquestre pour en ré-
,
former les abus 3 il faut du moins lui donner un terme.
On ne peut lui donner un terme, que par les mêmes Loix
qui doivent pourvoir aux réparations. Les réparations doi-
vent être remplies avant que les successions soient libres.
La décharge des successions des Bénéficiers, doit être la
fuite des bonnes Loix fur les réparations des Bénéfices, 6C
ne doit pas en être l'objet.
Quelles sont les réparations nécessaires 6c les réparations
superflues ? quels sont les moyens de pourvoir à celles qui
font les plus onéreuses, fans nuire à la fureté des possessions
ecclésiastiques? quels sont les arrangements à prendre entre
les Titulaires 6c les Corps 6c Communautés séculières 6c
régulières, pour remplir des charges communes ? quelles
font les formes plus simples qui doivent abréger la durée,
6c diminuer les frais du Séquestre, en maintenant Thypo-
theque affectée aux réparations?
Telles font les questions intéressantes fur lesquelles Sa
Majesté demande des éclaircissements.
Les Bénéficiers sont tenus, à plusieurs titres dissérents,
de Tentretien 6>C des réparations des biens dépendants de
leurs Bénéfices.
Ils doivent entretenir 6c réparer, comme Titulaires, les
maisons d'habitation, 6c les bâtiments nécessaires à Tex-
ploitation des biens 3 comme Décimateurs, les Choeurs 6c
Cancels des Eglises Paroissiales 3 comme Administrateurs
du tiers - lot dans les Bénéfices en commende, les Eglises
conventuelles 6c les Lieux claustraux 6c réguliers.
Les réparations des Eglises Cathédrales 6c Collégiales,
des Choeurs des Eglises Paroissiales, 6c des Eglises ou Lieux
claustraux des Communautés séculières ou régulières 3 celles
des maisons principales d'habitation dans les Bénéfices qui
exigent résidence 3 celles des bâtiments nécessaires pour Tex-
ploitation des biens, sont des charges inhérentes à la pos-
session des Bénéfices : elles sont nécessaires pour Texercice
du Service divin, pour Taccomplissement des fondations,
Procès-verbal de 178/. Kkk
4$ 2. PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

pour Tadministration des Diocèses, 6c pour la conserva-


tion des Bénéfices.
II feroit, fans doute, à désirer que les Archevêques 6c
Evêques fussent autorisés, 6c même tenus d'établir des Fa-
briques chargées de Tentretien 6c des réparations des Egli-
ses Cathédrales Collégiales 6c Paroissiales.
,
II feroit à désirer que les Titulaires en commende 6c les
Communautés de Religieux, fussent également tenus, dans
les partages judiciaires qu'ils feraient à Tavenir, de distraire
une partie des biens qui n'excéderait pas le tiers-lot au pro-
fit de la Mense conventuelle, en chargeants à perpétuité
,
la Mense conventuelle de Tentretien 6c des réparations des
Lieux claustraux 6c des Eglises des Monastères.
Ces arrangements, convenables à la situation respective
ûes Titulaires 6C des Communautés, assureraient pour ja-
mais la conservation des édifices, 6>Claisseraient moins d'ob-
jets , 6c des objets moins considérables à la négligence des
Bénéficiers.
On n'auroit pas à craindre que les réparations fussent
négligées, quand toutes les Parties n'auraient plus à s'im-
poser de contribution nouvelle 6c quand elles feraient
,
réunies par un intérêt commun pour veiller fur un état de
bon entretien qui préviendrait les dégradations.
Nous proposons ces moyens économiques comme con-
formes à Tefprit 6c aux anciennes Loix de TEglise, utiles
à la bonne administration des Bénéfices, 6C favorables aux
vrais intérêts des Bénéficiers. Nous pensons qu'ils doivent
être autorisés 6c provoqués par la Loi. La Loi doit rendre
obligatoires à perpétuité les transactions qui se feront entre
les Parties intéressées pour les réparations des Eglises Ca-
thédrales, Collégiales, Paroissiales, Conventuelles 6c lieux
Claustraux 6C Réguliers, lorsqu'elles auront été homolo-
guées dans les Cours après les informations préalables, 6c
fur les conclusions des Procureurs-Généraux. Nous n'osons
pas proposer que la Loi, qui doit les favoriser, en impose
Tobligation, 6C nous vous exposerons les motifs qui ont
balancé notre opinion.
Plusieurs Chapitres ont établi d'eux-mêmes, fans Loix
DU CLERGÉ DE FRANCE J I SEPTEMBRE 178 J. 483.
6c sans nécessité, des Fabriques considérables pour les ré-
parations de TEglise, pour Tentretien de la Sacristie 6c poul-
ies charges communes. 11 y a peu de Chapitres qui n'aient
compris, depuis quelque temps, Tavantage de former une
Mense commune pour les réparations de leur Eglise, soit
par la distraction d'une partie des fonds, soit par Tapplica-
tion des amendes 6c des distributions des absents. Pìuíieurs
Evêques ont pourvu aux charges communes des Chapitres
des Eglises Cathédrales par des unions de Bénéfices. Dans
des Chapitres nombreux, on a procédé à Taccroissement des
revenus de la Fabrique par des suppressions de Prébendes 3
dans d'autres, on a supprimé des titres de Chapelles.
Ces arrangements, quels qu'ils soient, ne causent point
de discussions : il survient rarement des dégradations impré-
vues qui donnent un intérêt sensible aux Chapitres des Egli-
ses Cathédrales, de chercher d'autres ressources que celles
des fonds qu'ils ont affectés aux réparations. Ils suivent, sans
contestations, les anciens usages qui se conservent avec uni-
formité dans des Corps permanents 3 mais quand les con-
testations se sont élevées, la Jurisprudence a varié: les Ar-
rêts des Cours ont tantôt contredit, 6c tantôt confirmé les
prétentions respectives des Evêques 6C des Chapitres.
La raison de douter a sa source dans Tancienneté des
partages. Les Evêques étoient autrefois Administrateurs de
tous les revenus de leur Eglise. C'est dans le onzième 6C
dans le douzième siécle que les Evêques ont assigné une por-
tion séparée pour Tentretien 6c la subsistance des Commu-
nautés des Chanoines. Ces Communautés étoient plus ou.
moins nombreuses dans les différents Diocèses, ô£ la di-
versité du nombre n'a pas permis de suivre une règle uni-
forme. Les Actes de partages ne se sont pas conservés dans
ce long intervalle de temps, 6>Cces partages n'ont peut-être
pas été faits dans les formes qui pouvoient en perpétuer le
souvenir. Quelques Auteurs ont présumé que la règle la
plus commune assignoit deux portions égales, à TEvêque
6c au Chapitre. Ils ont rappelle les règles établies dans le
cinquième & sixième siécle, par lesquelles il paroît que les
Evêques, Administrateurs des biens des Eglises, en desti-
Kkkz
484 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
noient un quart pour leur propre subsistance, & un quart
pour l'entretien de la Communauté. ïls semblent avouer,
par-là même, qu'on ne retrouve aucun monument certain
dans le temps des partages , ê£ leur induction reste fans
preuve. II paroît qu'au défaut des monuments oí des preu-
ves , l'ufage doit former la règle ; oC c'est cet uíage même
dont nous avons craint de troubler la paisible exécution.
Nous avons craint d'occasionner des contestations fur les-
quelles on ne retrouvèrent, ni dans les Loix, ni dans la ju-
risprudence aucune règle fixe : le défaut de Jurisprudence
ô£ de législation entraînèrent des variations dans les Juge-
ments j &: c'est par la contradiction des divers Tribunaux,
ÒC par des longueurs interminables, qu'on éprouveroit tou-
tes les incertitudes des opinions. Nous avons pensé qu'il se-
roit plus sage , ôc quii seroit également utile d'autoriser les
Evêques, fans les contraindre, ô£ de confier à leur zèle ôc
à leur vigilance ce que leur dicteroit l'intérêt de leur Egli-
se, èC ce que la Loi ne leur ordonneroit pas.
Nous avons établi la même discussion par rapport aux
transactions à faire entre les Titulaires en commende Sc
,
les Religieux, pour les réparations des Eglises òL lieux Claus-
traux &£ Réguliers. '
Nous avons observé qu'on n'a point déterminé les charges
auxquelles le tiers-lot doit être affecté. La Jurisprudence
varie, parce qu'il n'y a lien de fixe &T. de réglé, ni dans les
Ordonnances civiles ni dans les Constitutions canoniques.
,
Les Commendes font bien plus anciennes que les par-
tages des deux Menses : les Commendataires percevoient
tous les revenus fans partage.. & dévoient acquitter toutes
les charges personnelles &£ réelles des Communautés. Les
Communautés élevèrent leurs plaintes contre l'avidité des
Titulaires. On ne retrouva point de Loix canoniques qui
puisent régler les partages, parce que l'Eglise n'avoit point
voulu autoriser les Commendes par les règles même qui
pouvoient en réformer les abus.
Les partages même judiciaires, dont l'ufage s'est intro-
duit depuis deux cents ans, n'ont été que des transactions
particulières qui ne íupposoient point de Loix fixes ô£
,
DU CLERGÉ DE FRANCE , i SEPTEMBRE 178 J. 485
déterminées. Ces transactions ont été différentes, selon les
circonstances, Nous n'avons pas cru pouvoir créer des obli-
gations dans un ordre de choies, toujours gouverné par des
accords volontaires 5 &í nous avons senti que le premier
effet de l'obligation imposée par la Loi, seroit de faire re-
vivre ces mêmes difcustions que semble encourager la di-
versité de la Jurisprudence, 8c qui sont suspendues
par les
dispositions des Parties intéressées.
On sent à quel point ces arrangements utiles doivent
être favorisés, quand on regrette de ne pouvoir pas en
prescrire la nécessité. II semble qu'ils soient, par leur na-
ture ôc par leur objet, à l'abri de tous les droits établis fur
les mutations de propriété.
Un partage de biens communs une transaction sur
des charges communes n'opèrent3 point d'échange réel
,
&C de nouvelles acquisitions. Le Titulaire ô£ la Commu-
nauté ne polledent que les mêmes biens, ô£ ne remplisient
que les mêmes charges 3 ô£ il semble qu'on n'ait pas besoin
de solliciter l'exemption des droits de centième ou demì-
centieme denier, marc d'or 8í autres droits royaux. Mais
une expérience fâcheuse nous apprend quelle est la rigou-
reuse exactitude des Préposés du Domaine, &C combien il
importe de prévenir leurs demandes par les termes mêmes
de la Loi.
Nous avons cru devoir distinguer parmi les bâtiments
d'exploitation, les Moulins, dont les dépenses ont souvent
emporté la succeflion entière des Bénéficiers.
Nous avons vu dans des Bénéfices d'un revenu modi-
que, des réparations immenses occasionnées par la dégra-
dation des Moulins. II n'y a, fans doute, que des arrente-
ments en grains, successivement proportionnés au progrès
du prix des denrées, qui puissent prévenir ces dépenses rui-
neuses en maintenant les possessions ecclésiastiques.
,
Nous n'avons pas adopté les avantages que cette idée pré-
sente sans considérer les inconvénients qu'elle pouvoit
,
occasionner, òc nous avons cherché les moyens de les pré-
venir.
On peut craindre qu'un arrentement ne soit une aliéna-
486 .PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉR.ALE
tion. L'Edit de 1749 ne laisse point à I'Eglise la liberté de
réoarer, par de nouvelles acquisitions, les pertes de iès
biens \ il importe davantage de veiller à la conservation de
tous ceux qu'elle poíìede.
On fait que par l'Article 5 de la Déclaration de 1774,'
il n'est pas permis aux Ecclésiastiques de rentrer dans les
fonds arrentés, ni même d'en augmenter la rente. On peut
craindre qu'on n'assimile un jour les rentes des Moulins,
donnés à bail emphytéotique, à ces rentes foncières dont
les fonds font aliénés. -
On -représente que les Propriétaires peuvent, dans la
fuite, négliger ks réparations, exposer des bâtiments dé-
gradés par le temps, à tous les estets des ínnoìidations è\C
des accidents imprévus, êc consommer, par leur déguer-
pissement, la ruine des Bénéfices. On craint également que
ces biens ne rentrent jamais dans les mains de I'Eglise, ou
qu'ils n'y rentrent que pour lui faire éprouver des pertes
plus considérables.
*' Nous
avons observé que les cas de déguerpissement doi-
vent être extrêmement rares. Les exceptions ne doivent pas
empêcher qu'on n'établiste les Loix utiles parce que les
,
Loix ne font pas faites pour les exceptions.
Nous avons observé que l'intérêt d'un Possesseur héré-
ditaire est plus foign§ux o£ plus éclairé que celui d'un
,
simple usufruitier ; &C les dégradations doivent être moins
souvent l'esset des arrentements perpétuels, que celui de
la régie des Bénéficiers. M. le Garde des Sceaux a paru dis-
posé à donner une interprétation à l'Article 5 ~de la Déclara-
tion de 1774. NOUS attendons une réponse définitive. II est à
présumer du moins qu'il ne voudra pas étendre aux arren-
tements à faire, l'esset d'une Loi qui lui sembloit suscepti-
ble de difficulté, ôc nous proposerons un article de la Loi qui
mette les nouveaux arrentements à l'ábri des suites de la Dé-
claration de 1774. Ainsi les arrentements ne feront pas des
aliénations I'Eglise conservera le droit de rentrer dans íès
>
fonds, ô£ d'en accroître les revenus par une nouvelle cession.
II reste à craindre seulement que les Titulaires n'établis-
sent des rentes modiques, en retenant une indemnité que
DU CLERGÉ DE FRANCE_, i SEPTEMBRE 1785. 487-!
la Loi leur défend ÒC qu'ils dérobent à fa vigilance. Ces
s
arrentements doivent être homologués dans les Cours, &:
Thomologation doit être précédée d'une enquête fur la va-
leur des biens arrentés, Ô£ fur la proportion de leur valeur
avec leur arrencement. Nous proposons enfin, conformé-
ment aux formes anciennes de la discipline ecclésiastique,
sans cesse réclamées par le voeu des Assemblées du Clergé,
que ces arrentements ne puissent pas avoir lieu, fans le con-
sentement des Evêques Diocésains; &C les Evêques ne don-
neroientpas leur consentement, fans être instruits des avan-
tages qui pourroient en résulter pour les Bénéfices & pour
les Titulaires. II s'enfuit que la lésion ne peut pas être
ex-
cessive ; Ô£ telles font les Loix qui veillent à la conserva-
tion des biens de I'Eglise,que les successeurs feroient admis
au recours pendant l'efpace de quarante ans , si la lésion
excessive étoit prouvée.
II résulte de ces sages précautions, que les réparations les
plus considérables des Bénéfices seront assurées à perpé-
tuité, de que les Bénéficiers seront déchargés de l'entretien
des bâtiments les plus dispendieux.
II s'agit de savoir quels font les bâtiments qui doivent
rester à leur charge. II est également juste de réparer ceux
qui font néceíïaires, Ôt de supprimer ceux qui sont inutiles.
II y a des Maisons dans lesquelles la conventualité a été
supprimée, & la suppression essectuée dans toutes les for-
mes légales. II reste des lieux claustraux inutiles, dont les
réparations font considérables 3 il n'est pas juste que ces ré-
parations íàns objet restent à la charge des Titulaires en
commende.
II y a des Chapelles isolées inutiles, dont l'Ordinaire des
lieux ordonne la suppression : on exige des Lettres-Patentes
&C toutes les formalités qui en font la fuite, avant de
pro-
céder à leur démolition. II semble qu'on devroit être auto-
risé à les détruire fur la simple Ordonnance de l'Evêque
Diocésain.
NOUS avons mis en doute s'il étoit utile d'entretenir une
habitation^ dans les Abbayes en commende & dans tous
les Bénéfices fans résidence, quand ces bâtiments ne fer-
4S8 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

vent point à l'explokation des biens : ils n'ont rien de com-


mun avec le desservice des Eglises ; ils ne font point utiles
au Titulaire, qui ne les habite point. Ce font quelquefois
de p-rands édifices sujets à de grandes réparations; ce font les
restes des anciens Châteaux ou des Monastères abandonnés.
II seroit nécessaire, si l'Assemblée ne croyoit pas devoir
obliger les Titulaires à l'entretien des maisons d'habitation
dans les Bénéfices fans résidence, de faire la réserve des
Archives : il est convenable que les Archives soient con-
servées ou remplacées pour la garde oc fureté des titres &C
papiers.
Nous ne mettrons point les maisons de campaene des
Evêciues au nombre de celles qui doivent être regardées
comme inutiles, 6c qui doivent être supprimées. Les mai-
sons de campagne ne íont pas, fans doute, absolument né-
cessaires pour Thabitation des Titulaires dans les lieux de
leur résidence : elles forment des objets de goût, d'agré-
ment ô£ de commodité personnelle, ôc non d'absolue né-
cessité; mais elles ont des avantages précieux pour les Ti-
tulaires qui les poíîedent, ô£ nous pensons qu'elles doivent
être conservées : ce font leurs avantages mêmes qui font
les gages c£ les garants de leur conservation. On n'a pas à
craindre qu'elles ne íoient pas habitées ; on n'a pas à crain-
dre que les réparations en soient négligées par ceux qui
les habitent : ils sentent le besoin de se réserver une
retraite pour leur travail &C pour leur délassement.
II semble qu'on est allure de leur vigilance, par leur zèle
&C par leur intérêt, &£ il s'agit plutôt de leur donner des
encouragements pour les améliorations, que de leur faire
craindre les suites de leur négligence.
On a vu des maisons de campagne détruites, parce qu'elles
étoient considérables, &C que les Titulaires vouloient af-
franchir leur succession d'une charge ruineuse : ils ont pré-
venu , par la déclaration en vétusté &C par la démolition,
les dépenses des réparations à faire. Les Titulaires n'auroient
point eu de motifs pour les détruire, si leurs héritiers n'a-
voient point été tenus de les réparer : ils les aûroient en-
tretenues par des dépenses successives , proportionnées à
leurs
DU CLERGÉ DE FRANCE > i SEPTEMBRE 178/. 489
leurs facultés. Le plus grand nombre des Titulaires n osent
pas aggrandir un édifice, ajouter un bâtiment dont ils onc
besoin embellir les appartements intérieurs, parce qu'ils
,
craignent d'augmenter les charges de leurs héritiers.
Ces réflexions nous ont paru dignes de votre attention;
8í nous avons mis en doute, s'il est plus utile, pour conser-
ver les maisons de campagne des Bénéfices à résidence,
d'en confier les réparations au zèle & au goût des Titu-
laires pendant leur vie, ou d'en laisser la charge à leur suc-
cession.
Sa Majesté nous demande des éclaircissements ; nous de-
vons également vous faire connoître nos sentiments ôc nos
doutes.
Nous avons distingué les bâtiments nécessaires $£ les bâ-
timents inutiles ; nous distinguerons également les répara-
tions utiles ou superflues.
Les réparations utiles font celles par lesquelles les bâti-
ments se conservent dans toute leur solidité, sans lesquelles
les dégradations successives du temps en occasionnent la
ruine. Les réparations utiles font celles des gros murs, plan-
chers plafonds, voûtes, charpentes ôc couvertures efca*
, %
liers, portes &C fenêtres. Tout autre objet étant renfermé
dans l'intérieur, n'ajoute rien à la solidité, ne contribue
point à préserver les édifices de l'inclcmence des faisons ôC
des ravages du temps ; tout autre objet devient une partie
de l'embellissement : un bâtiment n'en est pas moins exac-
tement fermé, n'en est pas moins solidement construit,
n'en est pas moins sûrement réparé, quelles que soient les di-
visions des cloisons, ou les boiseries dont les murs font re-
vêtus. Les glaces, les marbres 6c autres ornements sem-
blables, ne contribuent en rien à fa conservation. Ces ob-
jets font entretenus ou multipliés selon la diversité des idées
&: des goûts ; leur utilité est celle d'une convenance per-
sonnelle ôc leur appréciation n'est pas moins arbitraire que
j
la convenance personnelle des différents Titulaires, Cette
appréciation fans règles ô£ fans bornes, est la source la
plus féconde, des divisions qui s'éleVent entre les héritiers
des Titulaires Ô£ leurs successeurs : les grosses réparations
Procès-verbal de 178 j. Lll %
49D PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
les réparations usufruitières, ont une valeur fixe &C connue
dans chaque Canton ô£ dans chaque Province. On est ins-
truit 3 par des rapports uniformes, de retendue des répa-
rations à faire Ô£ du prix de la main-d'oeuvre : on n'a pas
les mêmes règles pour les dépenses moins communes ; on
ne fait pas même en quel état les choses doivent être ré-
tablies; on ne fait pas quel est le degré de réparations né-
cessaire ou suffisant. Les Procès-verbaux se multiplient ÔC
se contredisent. Les Experts, qu'aucune Loi ne dirige
obéissent aux dispositions de leurs parties respectives. Les,
contestations se forment &r, se poursuivent; il faut attendre
un jugement; leG réparationsfont suspendues; les bâtiments
font dégradés ; on ne peut plus marquer un terme aux dis-
cussions, ."•*: la Loi ne peut point donner des bornes à des
réparations <£ont l'objet même est arbitraire. II faut, ou les
su^orimer, ou. les laisser s'étendre à la discrétion des Parties
intéressées ; &, c'est daos cette alternative qu'on se de-
mande à soi-même quelle en est la nécessité : fi ces répara-
tions intérieures KC lont pas nécessaires, il ne faut pas les
exiger; ?_ elles ne font p?.s nécessaires, si les bâtiments peu-
vent se conserver sans elíes dans toute leur solidité.
Les Bénéficiers font chargés des réparations locatives Sc
usufruitières, Ô£'des grofìes réparations. Les réparations lo-
catives, qui foiu si peu considérables par elles-mêmes doi-
,
vent , fans doute, être regardées comme une charge per-
sonnelle des Titulaires, & non comme une charge de ìeur
succession. Nous avons recherché dans les Traités fur les
Loix des bâtiments, tous les objets des réparations usufrui-
tières ££ des grosses réparations ; nous en avons suivi l'énu-
mération la plus détaillée ô£ nous avons vérifié qu'elles
,
étoient toutes comprises dans renoncé que nous avons fait
des réparations nécessaires.
On assure remploi des fonds destinés aux réparations
utiles, en retranchant les réparations superflues; on abrège
les formalités;, en fixant la nature des objets à réparer; on
prévient les incertitudes qui font naître les discussions ; on
diminue les longueurs des Procès-verbaux ; on rend la con-
fection des réparations plus facile, plus prompte ô£ moins
dispendieuse.
DU CLERGÉ DE FRANCES I SEPTEMBRE 1785*. 491
Quand les réparations ne feront plus retardées, le Sé-
questre ne fera plus prolongé.
II faut penser que le vice de la Régie actuelle, consiste
fur-tout dans l'intérêt toujours nuisible de prolonger le Sé-
questre ; &£ cet intérêt même a son excuse dans les délais
inséparables des réparations arbitraires ôc" illimitées. On cor-
rige une partie des vices du Séquestre, en le privant de son
excuse.
II paroît que Sa Majesté veut affranchir du Séquestre
même, la plus grande partie des successions des Bénéficiers.
II n'y aura point de Séquestre, lorsque les héritiers ac-
ceptant la succession, soit purement ôc simplement, soit
sous bénéfice d'inventaire, en auront garanti la valeur par
une bonne ô£ lufíìsante caution. Un cautionnement solide
conserve l'hypotheque des réparations, &C prévient les in-
convénients du Séquestre.
II n'y aura de Séquestre, que dans le cas où le Séques-
tre a lieu pour les successions des Citoyens. Le Séquestre
est requis par les Parties intéreflées, ôò" ordonné par le Juge,
quand les successions ne font point acceptées.
La Loi qu'on vous annonce, règle d'avance ce qui au-
roit été réglé par jugement. Elle nomme l'Econome- Sé-
questre dans tous les cas où. les Juges 6c les Parties auroient
établi un Séquestre : la feule différence consiste à substituer
dans tous les cas semblables, un même Econome aux dif-
férents Préposés, à placer le dépôt dans la Capitale, au lieu
de le retenir dans les lieux même où. les deniers doivent
être employés.
On a pense, fans doute, qu'il y a moins de fureté dans
les Séquestres moins considérables : mais on doit penser
aussi que les Séquestres considérables présentent plus de ten-
tations ô£ personne n'a le droit d'exiger que sa probité soit
,
regardée comme une partie de la Législation, c£ suffise
pour corriger les vices de la Loi. Un Séquestre perpétuel
devient Tobjet d'une fuite de spéculations constantes ÒC as-
surées; c£ ce font là les dangers qui semblent s'accroître
dans la même proportion que les sûretés.
Oh désire peut-être d'établir l'uniformité par la gestion
Lll z
493< PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
d'un Séquestre unique. L'unisormité s'établit par les Loix,
òc non par les personnes : il faut des règles justes &C des
moyens simples pour les faire exécuter.
II est heureux du moins que la Loi nouvelle donne aux
Bénéficiers l'option d'admettre le Séquestre, ou de l'exclu-
re. Mais nous devons considérer que souvent la succession
seroit acceptée, s'il n'y avoit point à payer de droits à l'E-
conome ; &C nous devons demander s'il y aura des droits
de Séquestre dans le cas où l'héritier aura d'abord offert
une caution, dans le cas où il n'y aura point de Séquestre.
Nous devons demander s'il ne seroit pas convenable de di-
mininuer les droits de F Econome fur les successions qui
resteront entre les mains.
Ce ne seront que les successions modiques qui ne seront
pas acceptées &C cautionnées, ô£ qui seront sujettes au Sé-
questre. II est dur de penser que souvent les réparations
ne íeronc pas faites, parce qu'il ne restera plus de fonds pour
les remplir, apres le prélèvement des droits du Séquestre.
Tels font les droits de l'Econome-Sequestre, réglés par
Arrêt du Conseil, du Z4 Septembre 1746: deux íols pour
livre des revenus échus des Bénéfices vacants, dix-huit de-
niers pour livre du prix des meubles, un fol pour livre fur
la vaiílelle d'argent, trois deniers pour livre de l'argent
comptant trouvé fous le scellé. Nous avons vu l'état de
compte d'une succession d'environ 600000 livres, fur la-
quelle l'Econome a retenu plus de 48000 livres pour ses
droits ; son mémoire n'ajoutoit rien aux droits que nous
venons de mentionner.
On ne peut pas se persuader qu'il soit utile qu'un Pré-
posé prélevé une somme de joooo livres fur un dépôt de
600000 livres; on ne parle point des profits qui peuvent
résulter de remploi du dépôt de 600000 livres pendant
trois ou quatre années.
Ces droits font perçus fur tous les deniers, payables par
les mains des Fermiers; souvent les Fermiers font tenus,
aux termes de leur bail, d'acquitter les charges, ÒC même
les décimes par eux-mêmes. Les sommes destinées à l'acquit-
•tc.ment des charges, ne pastent point, ou ne doivent point
DU CLERGÉ DE FRANCE J Ì SEPTEMBRE 1785. 493
passer dans les mains de l'Econome ; les Fermiers doivent
les employer à leur destination. L'Econome-Sequestre ne
devroit pas percevoir des droits fur des sommes qui ne doi-
vent pas être versées dans fa Caisse.
L'Econome n'a d'autre peine, pour faire payer les ter^
mes des Fermiers, que d'en recevoir le paiement. S'il y a
quelques Fermiers insolvables, il n'en est point responsable
,
il n'en supporte point les pertes. S'il a besoin de faire ses
diligences dans les formes de justice, il en compte les frais
dans ses mémoires. II semble que ses droits pourroient être
réduits à un fol pour livre fur les revenus échus.
La vente des meubles ne cause point de dépenses à l'Eco-
nome j &í c'est la raison pour laquelle on ne lui donne point
ou à ses Employés, de droits de vacations pour leur pré-
sence. Le prix de la vente des meubles paíle íans frais dans
fa Caiste. Ses droits fixés à dix-huit deniers pour livre,
,
pourroient être réduits d'un tiers. La vaisselle devroit être
réputée argent comptant; ÒL l'on peut du moins réduire à
moitié le droit vraiment excessif d'un sol pour livre sur un
objet qui ne donne à l'Econome aucune peine, òc ne lui
cause aucune dépense ; on laisseroit subsister les trois de-
niers pour livre fur l'argent comptant trouvé fous le scellé.
L'Econome n'a d'autre charge constante que celle de ses
Commis de Employés. On pourroit lui donner une som-
me constante sur sa régie pour subvenir à leur entretien,
o£ il n'y auroit plus à craindre aucun inconvénient de la
juste réduction de ces droits. Cette réduction seroit inté-
restante pour les réparations des Bénéfices o£ pour les suc-
cessions des Bénéficiers.
II ne faut pas laisser à l'Econome le droit de faire vendre
les meubles 8c effets des successions. Ce droit, établi par
l'ufage &c confirmé par quelques Arrêts du Conseil, donnés
dans des circonstances particulières, ne lui fut point attri-
bué par les Edits &£ Déclarations qui règlent ses fonctions.
Les meubles ÔC effets ne doivent être vendus qu'à la
réquisition des Parties intéressées ; les intérêts forment les
droits : ce font les héritiers ou les Créanciers des Titulaires
décédés, qui font intéressés à la fureté des successions; cc
494 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
sont leurs successeurs qui font intéressés aux réparations
des Bénéfices : c'est entre les héritiers, les créanciers òc les
successeurs, que doivent se concentrer les droits &C les ac-
tions; l'Econome-Séquestre ne doit être chargé de faire
procéder à l'apposition des scellés fur les effets des succes-
sions ainssqu'à la confection de l'inventaire, que pour con-
server, les biens bc non pour en disposer.
II faut observer que, par la Jurisprudence, il n'y a point
de privilège ou hypothèque spéciale, établie en faveur des
réparations furies meubles des Bénéficiers décédés. Le prix
des meubles appartient également à toutes les créances
contractées par les Bénéficiers décédés, ô£ n'est point af-
fecté par préférence aux réparations de leurs Bénéfices.
L'Econome-Sequestre ne devroit être autorisé à requérir
la vente des meubles que lorsque les Bénéfices font mis
en économat, o£ lorsqu'il est autorisé, comme partie in-
téressée à faire procéder à la visite des réparations ôc à leur
,
exécution.
II seroit à désirer qu'on pût procéder, dans le plus court
délai, à la visite des réparations : c'est avec peine qu'on ne
prononce pas un terme fixe pour les Procès-verbaux òC
pour leur exécution, Mais il paroît impossible de fixer un
terme à des opérations qui font quelquefois susceptibles de
difficultés, ô£ dont les difficultés peuvent prolonger les dé-
lais. On ne peut pas preíler, avec une exactitude rigou-
reuse, les transactions néceílairement libres & volontaires
entre les Titulaires &C les héritiers. Les Procès-verbaux
doivent être dreslés à la requête de l'une ou de l'autre Par-
tie , ou de toutes les deux ô£ contradictoirement entr'elles :
,
l'Econome ne peut être Partie, que dans le cas où les Bé-
néfices font mis en économat.
Le Jugement qui prononcera la réception des répara-
tions contradictoirement, entre la succession du Bénéficier
&Ç le nouveau Titulaire, doit opérer la décharge entière des
héritiers ainsi que de leurs cautions.
Nous avons exposé les précautions à prendre pour rem-
plir les vues annoncées dans la. Lettre de M. le Garde des
Sceaux. Çe font ces précautions que nous devons mettre
DU CLERGÉ DE FRANCE* I SEPTEMBRE 1785. 49$
sous les yeux du Roi. Nous nous renfermons dans les bornes
des intentions qu'il nous a marquées; nous lui présente-
rons, dans la fuite, des voeux plus étendus; nous connoî*
trons mieux, par l'expérience , les abus qui restent & les
moyens d'y remédier, ÔC le Gouvernement éclairé, par les
effeis utiles d'une première réforme, éprouvera, fans doute,
le désir d'achever ion ouvrage.
Nous vous proposerons de présenter un Mémoire au Roi,
pour le supplier de donner, conformément aux intentions
annoncées de Sa Majesté, une Loi qui déclare:
i°. Que les Bénéficiers continueront d'être tenus de
l'entretien c£ réparation des Chapelles, Eglises, Choeurs
ou parties d'Eglises, c£ lieux Claustraux qui font à leur
charge, ainsi que des maisons d'habitation 6c des bâtiments
néceílaires pour l'exploitation des biens.
i°. Qu'ils ne seront point tenus de l'entretien des lieux
Claustraux dans les Maisons dans lesquelles la conventua-
lité aura été supprimée 8c la suppression effectuée, ni des
Chapelles ou Eglises qui auront été déclarées inutiles par
les Ordonnances des Archevêques &C Evêques Diocésains,
ô£ qu'il pourra être procédé à la démolition defdites Cha-
pelles et Eglises supprimées, fans .Lettres-Patentes c£ fans
homologation.
3 °. Que les
Archevêques & Evêques Diocésains seront
exhortés &C autorisés, en tant que de besoin, à établir des
Fabriques pour l'entretien &í réparation des Eglises Cathé-
drales &C Collégiales.
40. Que les transactions qui se feront entre les Parties
intéressées, pour l'entretien ôí réparation, soit des Eglises
Cathédrales & Collégiales, o£ des Choeurs & Cancels des
Eglises Paroissiales, soit des Eglises conventuelles &C lieux
Claustraux S>Créguliers, seront obligatoires à perpétuité &L
,
seront irrévocables, lorsqu'elles auront été homologuées
dans les Cours, après les informations préalables, & fur les
conclusions des Procureurs-Généraux, sauf le recours, en
cas de lésion, ou autres voies de droit.
jS. Que ces transactions feront déclarées, en tant que
49<S PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de besoin, exemptes de tout droit de centième , demi-
centième denier de autres droits royaux.
6Q. Que les Titulaires de Bénéfices pourront arrenter les
Moulins fous une redevance en grains, après avoir établi
les bâtiments en bon état, lequel fera duement constaté
par Procès-verbal.
7°. Que lefdits baux à rente seront faits par adjudica-
tion, de adjugés au plus offrant de dernier enchérisseur, de
qu'ils seront approuvés par les Archevêques de Evêques
Diocésains, de homologués dans les Cours de Parlement,
après les informations préalables, fur les conclusions des
Procureurs-Généraux; le tout à peine de nullité, fans que
les Bénéficiers puissent être tenus, en cas de déguerpisse-
ment de rentrée des fonds arrentés, d'en vuider leurs mains >
ou de les céder fous la même redevance.
8°. Que les réparations, à la charge des Titulaires dé-
mis, de des héritiers ou ayants cause des Bénéficiers, dé-
cédés dans les maisons d'habitation desdits Bénéficiers,
seront celles des murs, planchers, corps de cheminées,
voûtes, plafonds,charpente de couverture, escaliers,portes
& fenêtres, fans qu'il puisse être rien diverti de tous objets
&e meubles appartenants auxdites maisons, de qu'ils ne se-
ront tenus à aucunes réparations de tous objets d'embellis-
sement de d'agrément.
9°. Que les héritiers ou ayants cause des Bénéficiers dé-
cédés qui auront accepté la succession, soit purement dC
,
simplement, soit sous bénéfice d'inventaire de qui offri-
,
ront, dans toutes les formes judiciaires une bonne dC
,
suffisante caution de la valeur de la succession, pourront
s'en faire remettre, par l'Econome-Séquestre les deniers
effets, ,
& en déposant l'acte de cautionnement en bonne de
due forme entre les mains de l'Econome-Sequestre, qui ne
pourra s'en dessaisir qu'après la Sentence du Juge pour la
réception des réparations.
i o°. Que les meubles de essets des successions des Béné-
ficiers décédés, ne pourront être vendus à la réquisition
de l'Econome, que dans le cas où l'Econome seroit au-
torisé faute de Titulaire, à pourvoir aux réparations.
,
nQ. Que
DU CLERGÉ DE FRANCE, I SEPTEMBRE 178-f. 497
II°. Que les droits de l'Econome-Sequestre ne seront
payés que déduction faite des charges dont les Fermiers
feront tenus aux termes de leur bail ; qu'ils seront fixés à
un fol pour livre fur les revenus échus, à douze deniers
pour livre du prix des meubles, à fix deniers pour livre
de la vaiflellè d'argent, à trois deniers pour livre de l'argent
comptant trouvé fous les scellés.
u°. Qu'il fera procédé, dans le plus court délai, à la
visite des réparations, à la Requête des héritiers ou ayant
cause ou des nouveaux Titulaires, ou de l'Econome dans
, ,
le cas où l'Econome seroit autorisé, saute de Titulaire, à
pourvoir aux réparations ; que les Procès-verbaux le feront
contradictoirement entre lesdites Parties intéressées ; que les
deniers feront délivrés, soit par les héritiers, soit par l'Eco-
nome-Sequestre, aux termes fixés par l'Adjudication des
réparations, de que la Sentencecontradictoire du Juge entre
lesdites Parties intéressées pour la réception des réparations,
opérera la décharge entière des héritiers ou ayant cause,
de de leurs cautions.
1 3?» Que les obligations des
Bénéficiers de de leurs hé-
ritiers ou ayant cause, seront maintenues en tout ce à quoi
il ne seroit pas dérogé par les précédents articles.
Le Rapport fini, F Assemblée adoptant l'avis de la Com-
mission a délibéré de présenter un Mémoire au Roi, pour
,
le supplier de donner, conformément aux intentions an-
noncées de Sa Majesté, une Loi, qui déclare :
i°. Que les Bénéficiers continueront d'être tenus de l'en-
tretien des réparations des Chapelles, Eglises, Choeurs, ou
partie d'Eglises de Lieux claustraux qui font à leur char-
ge , ainsi, que des maisons d'habitation dans les Bénéfices
qui exigent résidence, de des bâtiments nécessaires pour
Texploitation des biens.
z°. Qu'ils ne seront point tenus de l'entretien des Lieux
claustraux dans les maisons dans lesquelles la conventua-
lité aura été supprimée de la suppression esseétuée, de des
Chapelles ou Eglises qui auront été déclarées inutiles par
les Ordonnances des Archevêques de Evêques Diocésains,
de qu'il pourra être procédé à la démolition desdites Cha-
Proces-verbal de 1785. Mm m
498 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
pelles S£ Eglises supprimées, fans Lettres-Patentes de fans
homologation.
Que les Archevêques de >Evêques Diocésains seront
3 °.
exhortés de autorisés, en tant que de besoin, à établir des
Fabriques pour l'entretien de réparation des Eglises Ca-
thédrales de Collégiales.
4°. Que les transactions qui se feront entre les Parties
intéressées pour l'entretien ÔC réparation, soit des Eglises
Cathédrales de Collégiales, de des Choeurs &/Cancels des
Eglises Paroissiales, soit des Eglises conventuelles de Lieux
claustraux de réguliers, seront obligatoires à perpétuité,
de feront irrévocables, lorsqu'elles auront été homologuées
dans les Cours, après les informations préalables, de fur
les conclusions des Procureurs-Généraux, sauf le recours,
en cas de lésion, ou autres voies de droit.
j°. Que ces transactions seront déclarées, en tant que
de besoin, exemptes de tous droits de centième denier,
demi-centieme denier de autres droits royaux.
6°. Que les Titulaires des Bénéfices pourront arrenter
les moulins fous une redevance en grains, après avoir ré-
tabli les moulins en bon état, lequel fera duement constaté
par Procès-verbal.
7°. Que lesdits baux à rente seront faits par adjudica-
tions de adjugés au plus offrant de dernier enchérisseur,
,
de qu'ils seront approuvés par les Archevêques de Evêques
Diocésains, de homologués dans les Cours de Parlement,
après les informations préalables fur les conclusions des Pro-
cureurs-Généraux ; le tout à peine de nullité, fans que les
Bénéficiers puissent être tenus, en cas de déguerpisse ment
dt rentrée des fonds arrentés, d'en vuider leurs mains, ou
de les céder fous la même redevance.
8°. Que les réparations à la charge des Titulaires démis,
6c des héritiers ou ayant cause des Bénéficiers décédés dans
les maisons d'habitation desdits Bénéficiers, seront celles
des murs, planchers, corps de cheminées, voûtes, plafonds,
charpente de couverture, escaliers , portes de fenêtres, fans
qu'il puisse être rien diverti de tous objets de meubles ap-
partenants auxdites maisons, de qu'ils ne seront tenus à
DU CLERGÉ DE FRANCE, i SEPTEMBRE 1785-. 499
aucunes réparations de tous objets d'embellissement de
d'agrément.
90. Que les héritiers ou ayant cause des Bénéficiers dé-
cédés qui auront accepté la succession, soit purement de
,
simplement, soit sous bénéfice d'inventaire, de qui offri-
ront dans toutes les formes judiciaires une bonne de suffi-
sante caution de la valeur de la succession, pourront s'en
faire remettre, par l'Econome - Séquestre les deniers de
,
essets, en déposant l'acte de cautionnement en bonne cVc
due forme, entre les mains de l'Econome-Sequestre, qui
ne pourra s'en deslaisir qu'après la Sentence du Juge pour
la réception des réparations.
io°. Que les meubles de essets des successions des Béné-
ficiers décédés ne pourront être vendus à la réquisition
,
de l'Econome, que dans le cas où l'Econome seroit auto-
risé, faute de Titulaire, à pourvoir aux réparations.
II°. Que les droits de l'Econome - Séquestre ne seront
payés que déduction faite des charges dont les Fermiers
seront tenus aux termes de leur bail; qu'ils feront fixés à
un fol pour livre fur les revenus échus, à douze deniers
pour livre du prix des meubles, à six deniers pour livre
de la vaisselle d'argent, à trois deniers pour livre de l'ar-
gent comptant trouvé fous les scellés.
n°. Qu'il fera procédé, dans le plus court délai, à la vi-
site des réparations, à la requête des héritiers ou ayants
caule, ou des nouveaux Titulaires ou de l'Econome, dans
le cas où TEconome seroit autorisé, faute de Titulaire, à
pourvoir aux réparations; que les Procès-verbaux íe feront
contradictoirement entre lesdites Parties intéressées ; que
les deniers seront délivrés soit par les héritiers soit par
, ,
l'Econome-Sequestre, de que la Sentence contradictoire du
Juge, entre les Parties intéressées pour la réception des ré-
parations, opérera la décharge entière des héritiers ou ayants
cause &. de leurs cautions.
1 30. Que les obligations
des Bénéficiers de de leurs hé-
ritiers ou ayants cause, seront maintenues en tout ce à quoi
il ne seroit pas dérogé par les précédents Articles.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne a remercié, au
M m m -L
joo PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

nom de F Assemblée, Messeigneurs de Messieurs de la Com-


mission, de en particulier Monseigneur F Archevêque d'Aix,
de ce travail.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, z Septem-
bre, à neuf heures du matin.
Signé ^( ARTHUR-RICHARD , Archevêque de Pri-
mat de Narbonne , Président.

DU VENDREDI j DEUX SEPTEMBRE 178J,


à neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.'

LXXV MOnseigneur FArchevêque de Narbonne a dit : Que


SEANCE. FAssemblée avoit été informée que Monseigneur
FArchevêque de Toulouse étoit malade ; fur quoi Monsei-
gneur FArchevêque d'Aix de Monsieur FAbbé de Loménie
ont été priés de voir ce Prélat, de de lui témoigner , au
nom de FAssemblée, Fintérêt qu'elle prend au prompt ré-
bliíìement de fa santé.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne a dit encore;
que M. le Fevre, ex-Syndic de la Faculté de Théologie;
lui avoit adresté une Lettre, dans laquelle il le prioit d'obte-
nir de l'Asiemblée qu'elle voulût bien permettre que des
Députes de la Faculté vinssent lui faire des remerciements
à Foccasion des conférences qu'ils ont eues avec Messei-
gneurs de Messieurs les Commissaires; de cette proposition
a été agréée.
Messieurs les anciens Agents ont continué la lecture du
Rapport de leur Agence.
Messeigneurs de Messieurs les Commissaires ont été tra-.
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, 3 Septembre,
à neuf heures du matin.
Signé
de Narbonne,
^ ARTHUR-RICHARD
Président. ,
Archevêque de Primat
DU CLERGÉ DE FRANCE , 3 SEPTEMBRE 1785. 5o1

DU SAMEDI, TROIS SEPTEMBRE 1785,


a neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

MEíîeigneurs de Messieurs les Commissaires pour le LXXVI


L:
,
.Temporel, ont pris le Bureau. Monseigneur FAr- SÉANCE.
chevêque d'Aix Chef de la Commission a dit :
, ,
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Un Arrêt du premier Mai dernier permet aux habitants
des campagnes d'envoyer de conduire leurs bestiaux dans
les bois des Communautés séculières de régulières, comme
dans ceux des Domaines de Sa Majesté; nous avons atten-
du, pour réclamer les droits des Communautés Ecclésiasti-
ques intéreflées, le terme où le bien public n'en réclame plus
le sacrifice. Vous avez gardé le silence aussi long-temps que
la Loi qui doit exciter vos plaintes pouvoit être utile ; vous
l'avez regardée comme utile aussi long-temps qu'elle a sub-
sisté. La Loi est révoquée; les peuples ont été soulagés dans
leurs besoins ; vous n'avez plus de sacrifice à faire; il ne
reste qu'une atteinte donnée à la propriété des biens ecclé-
siastiques, de Fobligation qui vous est imposée d'en prévoir
de d'en prévenir les effets.
Sa Majesté s'est occupée avec un foin paternel, des
,
moyens de suppléer à la diíette des fourrages.
Une instruction répandue dans toutes les Provinces
avoit rastemblé les différentes méthodes qui pouvoient don-,
ner une nouvelle pâture aux bestiaux. On avoit senti la
nécessité d'épuiser toutes les sortes de consommations pour
leur subsistance, de Sa Majesté avoit permis le libre pâtu-
rage dans les bois de íes Domaines.
Son exemple suffiíbit, fans doute pour engager les Sei-
,
gneurs de les Propriétaires à procurer les mêmes reflources
aux habitants de leurs cantons.
5o i PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALË
L'instruction ne leur propose pas une autre Loi que celle
de l'exemple que Sa Majesté leur donne ; de elle présente,
même à ceux qui auroient cru devoir refuser cette permis-
sion, d'autres moyens dont ils nJauroient aucun préjudice
a craindre.
Des Communautés Ecclésiastiques auroient réuni, fans
doute, aux sentiments qu'inspire le besoin des peuples, les
motifs de la charité religieuse, qui forme le principe de leur
établissement, de l'esprit de leur administration.
II semble qu'elles ne dévoient point être distinguées de
la classe des autres Propriétaires, de nous n'avons pas vu
fans étonnement que les Communautés régulières en étoient
exceptées par F Arrêt auquel cette instruction étoit annexée.
II est dit, par le premier Article, que Sa Majesté a per-
mis de permet aux habitants des campagnes d'envoyer de
conduire les bestiaux dans tous les bois de ses Domaines,
ainsi que dans ceux des Communautés séculières de régu-
lières, de de les y faire pâturer jusqu'au premier Octobre
prochain.
NOUS ne pensons point qu'on ait voulu assimiler les pos-
sessions des Communautés à celles des Domaines du Roi.
Cette Loi, de pure administration, n'a nul rapport avec
les objets confiés à la régie des Domaines, de avec les prin-
cipes qui la dirigent.
Nous ne pouvons pas nous persuader que ces arrange-
ments économiques, qui ne font qu'un acte de bienfaisance
envers les peuples, soient fondés fur des motifs que la plus
avide fiscalité n'a point oíé produire, de que le Gouverne-
ment n'a jamais connus.
Cet Arrêt ne distingue point les Communautés ecclé-
siastiques des Communautés laïques : il respecte les biens
de FEglise dans les mains des Titulaires particuliers ; il ne
nous laisie, par-là même, à craindre aucune influence de ces
opinions nouvelles qui tendent à donner au Souverain la
propriété universelle des biens de I'Eglise.
II s'agit seulement de savoir si Fadministration générale
de l'Etat, par laquelle se dirigent les Communautés laïques,
doit régler les dispositions des Communautés régulières.
DU CLERGÉ DE FRANCE > 3 SEPTÈMÈRE 1785. JÓJ
Les Communautés laïques n'ont que des objets qui in-
téressent le bien de tous les habitants ; leurs possessions sont
celles de chaque Citoyen : leurs Administrateurs n'ont point
de pouvoirs par eux-mêmes ; leurs pouvoirs sont ceux que
îe Roi leur donne : ils doivent se conformer aux Règle-
ments qui leur font prescrits ; ils doivent défendre, dans les
formes usitées, les droits qui leur sont confiés; il semble
même qu'ils n'auroìent pas pu, fans l'approbation du Sou*
verain ou de ceux qui exercent son autorité, donner aux
habitants des permissions qui pouvoient tourner au détri-
ment de la Communauté. C'est cette autorisation que le
Souverain leur donne, dans une circonstance intéressante,
qui doit former une exception.
On ne peut pas opposer les mêmes raisons aux Commu-
nautés régulières.
Ces Communautés font des propriétaires qui ont leur
objet propre, leur administration particulière, leurs pou-
voirs non moins étendus que ceux de tous les Citoyens
dans les limites de leur possession de elles ne sont point
,
soumises, dans Fexercice de leur propriété, aux Règle-
ments qui dirigent les Administrateurs des Communautés
laïques.
,4
Les Communautés régulières n'avoient pas besoin d'être
autorisées par le Souverain, pour permettre aux habitants
d'envoyer de de conduire leurs bestiaux dans les bois qui
dépendent d'elles; &e nous pouvons assurer qu'elles n'avoient
pas besoin d'être forcées par l'autorité du Souverain, à
faire une oeuvre de chanté : il n'y avoit point de raison
pour leur prescrire un devoir qu'elles auroient rempli, de
pour leur imposer des obligations auxquelles les Loix de
l'Etat ne les ont point assujetties.
Nous vous proposons de nommer une députation pour
communiquer à M. le Contrôleur-Général ces réflexions,
qui nous ont paru dignes de votre attention de de la sienne,
éc pour le prier de vouloir bien obtenir de Sa Majesté une
réponse favorable qui puisse dissiper les inquiétudes des
Communautés régulières fur les droits & Fexercice de leur
propriété.
j©4 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Le Rapport fini, FAssemblée, conformément à Favis de
la Commission, a prié Monseigneur FArchevêque d'Aix,
Monseigneur FEvêque de Montpellier de Messieurs les
,
Abbés de la Myre-Mory de de Messey, de voir M. le Con-
trôleur-Général de lui faire part des inquiétudes du Cler-
,
gé fur la publication de F Arrêt du premier Mai, de de
prier ce Ministre de vouloir bien obtenir de Sa Majesté
une réponse favorable, qui puisse dissiper les alarmes des
Communautés Ecclésiastiquesfur les droits de l'exercice de
leur propriété.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a dit ensuite:
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS.
Une inquiétude générale s'est répandue dans la Province
de Champagne, à l'occasion de F Arrêt du Conseil, du 8
Janvier 1785, en interprétation de celui du 2.3 Mai 1784,
concernant la rentrée au profit de Sa Majesté dans ceux de
ses Domaines qui se trouvent engagés avec faculté de
,
rachat perpétuel aux gens de main-morte, ainsi que dans
ceux usurpés, recélés ou possédés par eux fans titres.
Nous avons cru devoir vous rendre compte des motifs
qui ont alarmé les Communautés intéressées. Le préambule
de cet Arrêt annonce des vues sages fur la rentrée des Do-
maines aliénés, de même des intentions bienfaisantes en-
vers les Communautés qui possèdent ces Domaines. II sem-
ble, qu'on veuille confirmer leur possession, de non les en
priver. On veut rendre, par des accenfements, leur pof-
lession solide Ô£ perpétuelle : on annonce qu'on ne .rede-
mande rien aux particuliers, de qu'il ne peut en résulter
aucun trouble à la tranquillité des familles. Le préambule
exprime bien clairement qu'il ne s'agit que des Domaines
du Roi, de il paroît que les Officiers du Domaine doivent
produire des titres, pour désigner les portions aliénées qu'ils
peuvent réclamer, de pour donner un esset à leur récla-
mation.
On ne peut pas voir fans étonnement que la disposition
de F Article premier de l'Arrêt du 23 Mai 1784, semble
lui
DU CLERGÉ DE FRANCE , 3 SEPTEMBRE 178/. jò$
lui donner une étendue qui n'est pas de ne peut être dans
Fintention du Législateur. Cet Article prescrit que quin-
zaine après la notification du présent Arrêt, par la voie des
seuls Subdélécmés les gens de main-morte feront tenus de
remettre à M. FIntcndant de Champagne leur Requête dC
copie de leurs titres, viíés par les Subdélégués, avec dé-
claration des objets qu'ils poíìedent par tenants de abou-
riílants de expositions, fans faire aucunement mention si
ces objets font ou ne font pas compris dans les Domaines
de Sa Majesté. 11 fuit de cette réticence, que cet Article
premier donne â la Loi une extension, qui n'est nullement
exprimée dans le préambule, &e qui ne peut être nécestaire
pour Fexécution même de la Loi. Son but est de faire ren*
trer dans les mains de Sa Majesté les parties de íes Domai-
nes engagés aux gens demain-morte, avec faculté de rachat
perpétuel, ou par eux ulurpés fans titre : il faut donc que
le Prépolé au recouvrement des Domaines, commence par
leur prouver qu'ils possèdent des fonds dans Fétendue de ces
Domaines, avant que de les obliger à produire leurs titres
de possession. Faute de cette précaution, on introduit une
inquisition alarmante pour les gens de main-morte, de pour
tous les sujets de Sa Majesté qui pourroient par-là se trou-
ver livrés à Favidité des Traitants, fans aucun profit réel
pour les Domaines de Sa Majesté.
Les Communautés Ecclésiastiques réclament des droits
particuliers fondés fur les Ordonnances de Blois de de
,
Melun, de fur FEdit de 169J, qui enjoint aux Cours
de Juges de maintenir les Ecclésiastiques dans la jouiíîançe
de tous les droits, biens, dîmes, de toutes autres choses
appartenantes à leurs Bénéfices, quand même ils ne rap-
porteroient que des titres de preuves de possession.
Dans ces circonstances, vous trouverez, fans doute, con-
venable Messeigneurs de Messieurs, de recourir au Minií^
,
tre des Finances, de lui exposer vos craintes, de de lui
demander de les calmer, en imposant aux Officiers de Sa
Majesté Fobligation de fournir les titres du Domaine ; en
ne formant de demande qu'envers les Communautés dont
ces titres auront indiqué les possessions ou les acquisitions
Procès-verbal de ij%s> Nnn
íb-5 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
domaniales ; en n'exigeant ensin que des Communautés qui
possèdent des biens du Domaine, les titres de déclarations
en vertu desquels elles les ont acquis de possédés.
Cette précautiondevient d'autant plus indispensable, que
ie Légistateur annonce dans le préambule Fintention d'é-
tendre aux autres Provinces l'opération qu'elle a cru de-
voir introduire dans celle de Champagne.
Nous vous proposons de nommer une députation, pour
solliciter une interprétation de FArticle premier de l'Arrêt
du Conseil, du 13 Mai 1784, à l'effet de borner les de-
mandes des Officiers du Domaine aux biens domaniaux,
dont ils auront produit les titres, de aux Communautés qui
les possèdent.
Sur ce Rapport, FAssemblée a prié Monseigneur FAr-
chevêque d'Aix, Monseigneur FEvêque de Montpellier,
òe Messieurs les Abbés de la Myre-Mory de de Messey, de
voir M. le Contrôleur-Général, de de solliciter Finterpré-
tation de FArticle premier de l'Arrêt du Conseil , du z 5
Mai 1784, à l'esset de borner les demandes des Officiers
du Domaine aux biens domaniaux dont ils auront pro-
duit les titres, de aux Communautés, qui les possèdent.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a dit encore : Que
M. l'Abbé de Rastignac demandoit les bons offices de FAs-
semblée auprès de M. de Marville, Conseiller d'Etat, pour
s'opposer au succès d'une demande en cassation, formée
contre un Arrêt du Parlement de Paris, rendu le 11 Mai
I7^4> qui a jugé, au profit de F Abbaye de Saint-Mef-
min , que la Déclaration du 1 8 Juillet 1701,ne rend pas
propriétaire incommutable le Détempteur des biens d'E-
glise aliénés à autre titre que pour cause de subventions.
Sur ,quoi Monseigneur FEvêque de Dijon de Monsieur
l'Abbé de la Bintinaye, ont été priés de voir M. de Mar-
ville, Président du Bureau des Assaires Ecclésiastiques, de
M. de Sartine Rapporteur, ô£ de leur faire connoître Fin-
,
térêt que FAssemblée prend à cette assaire.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a dit ensuite : Que la
Commission s'étoit occupée d'une assaire qui intéressoit les
DU CLERGÉ DE FRANCE', 3 SEPTEMBRE 178/. $oj
Notaires Apostoliques des Diocèses de Tours de du Mans,
de dont le Rapport a été fait ainsi qu'il fuit.
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Les Notaires Apostoliques des Diocèses de Tours de du
Mans ont été asiujettis, par les Officiers Municipaux, au
logement des Gens de guerre. L'exemption leur en étoit ce-
pendant aíìurée par FEdit du mois de Décembre 1691
3
portant création de leurs Ostices. L'Article 19 de cet Edit,
est conçu en ces termes :
« Et pour donner moyen aux Pourvus desdits Offices
33
de les exercer avec assiduité, nous les avons déchargés de
v
déchargeons de logement effectifdes Gens de guerre, ô£c.»
Ces dispositions ont été confirmées par la Déclaration
du 6 Mai 1704, FEdit du mois de Mars 1708 de prin-
,
cipalement par FArticle 4 de la Déclaration du 8 Octobre
1716, avec une dérogation expresse à tous Edits, Décla-
rations de Arrêts contraires.
On objecte que cette exemption est omise dans FOr-
donnance de 1768; mais cette Ordonnance n'anéantit pas
les exemptions qu'elle omet; elle dit au contraire, Article
61 du titre 5 , après avoir nommé ceux qui sont exempts
du logement des Gens de guerre : « Si quelques autres per-
» sonnes, que celles ci-desius nommées, prétendent jouir
» de l'exemption du logement des Gens de guerre, soit par
33
concession particulière ou autrement, elles se pourvoi-
3î ront
pardevers FIntendant de la Province, qui décidera
33 de la
validité de leur titre, de connoîtra supérieurement
à
33 deprivativement tous autres,
des détails des logements 5
33 de ce qui
fera par lui ordonné à cet égard, fera exécuté
33 par provision,
sauf à ceux qui se croiront lésés pair leurs
3' Ordonnances, adresser leurs
à représentations au Secré-
33 taire d'Etat ayant le Département de la Guerre, pour en
33 rendre compte à Sa Majesté, dey être par Elle pourvu. »
Les Notaires Royaux de Apostoliques de la ville d'An-
gers ayant été troublés dans ce privilège, y furent main-
tenus par Arrêt du Conseil, du 8 Août 1713- Le Clergé
Nnn z
j-oS FROCES-VERBAL DE LASSEMBLÉE^GÉNÉRALË
a toujours protégé les Pourvus de ces Offices ; de fur les
plaintes de quelques Diocèses, Messieurs vos Agents s'a-
dreíïerent, en 1774, à M. de Monteynard, Ministre de la
Guerre, qui leur répondit, que les privilèges du Clergé
íèroient maintenus de conservés dans leur intégrité, &que
les Notaires Apostoliques jouiroient de leur exemption.
Nous avons Fhonneur de vous proposer de nommer des
Députés pour faire la même démarche auprès de M. le Ma-
réchal de Ségur.
Sur ce Rapport, FAssemblée a prié Monseigneur FAr-
chevêque d'Aix de Monsieur l'Abbé de Mefley de voir
M. le Maréchal de Ségur, Ministre de la Guerre, de de
solliciter auprès de lui l'exemption du logement des Gens
de guerre en faveur des Notaires Apostoliques des Diocèses
de Tours de du Mans.
Monseigneur FArchevêque d'Aix, reprenant la parole
,
a dit, que la Commission s'étoit occupée d'une autre affaire
qui.intérestoit le Chapitre de Saint-Seurin de Bordeaux,
de dont le rapport a été fait ainsi qu'il fuit :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Le Chapitre Collégial de 'Saint-Seurin de Bordeaux ré-
clame la protection du Clergé contre FAdministrateur-Gé-
nérale du Domaine.
Ce Chapitre étoit en possession immémoriale d'exercer
dans un fauxbourg de Bordeaux auquel il a donné son
,
nom, toute eípece de Justice, civile, criminelle, de même
de simple police. Vers la fin du règne de Louis XV il s'é-
leva une contestation entre les Chanoines de les Magistrats
Municipaux de la Ville. Le Conseil nomma des Commis-
saires fur les lieux qui reconnurent les droits du Chapitre;
mais, par des vues supérieures d'ordre de de bien public5
ils sollicitèrent Sa Majesté de resserrer la pleine Jurisdiction
du Chapitre dans des bornes plus étroites, d'attribuer la Jus-
tice criminelle de de police dans le Fauxbourg aux Maire
de Jurats de Bordeaux, de cependant d'accorder au Cha-
pitre de Saint-Seurin, aux dépens de la Ville un dédom-
,
DU CLERGÉ DE FRANCE , 3 SEPTEMBRE 178/. s°9
magement équitable pour les droits qu'on lui enlevoit. C'est
d'après ce plan si sage, que furent dreslées les Lettres-Pa-
tentes au mois de Janvier 1773 , enregistrées fans aucune
opposition au Parlement de Bordeaux le 6 Septembre sui-
vant. Le Chapitre crut devoir s'y soumettre. II transigea
avec les Maire de Juratsen 1776, de reçut en échange , des
droits seigneuriaux qu'on lui abandonna pour le dédomma-
gement qui avoit été íixé par les Lettres-Patentes, de qui
consistoit uniquement en quelques droits utiles qui lui fu-
rent cédés par la Ville.
Le dernier Article de ces Lettres-Patentes, qui prescri-
vok cet échange entre deux Corps également sujets aux
droits d'amortisiement, porte, en termes exprès, au d ne
fera exigé aucun droit pour raison de ces arrangements ni du
}
Chapitre, ni même du Corps-de-Ville : de cette disposition
étoit de toute justice, au moins relativement au Chapitre
qui n'avoit point sollicité cet échange, de qui abandonnoit
uniquement, par Fordre formel du Souverain, des droits
honorifiques qu'on est toujours si jaloux de conserver.
C'est cependant contre cette disposition que réclame au-
jourd'hui F Administrateur-Généraldu Domaine. 11 pré-
tend que cette clause est subreptice, de il veut contraindre
le Chapitre à lui payer des droits d'amortisiement de de
centième denier à raison de Féchange. II fait monter ces
droits réunis à des sommes considérables. Si F Administra-
teur pouvoit réussir dans ses prétentions, Féchange auquel
le Chapitre s'est soumis, lui deviendroit désavantageux, de
son dédommagement, réglé par la sagesse du Conseil avec
une précision rigoureuse, seroit considérablementdiminuée.
Ces Lettres-Patentes reconnoissent le droit du Chapitre
de Saint-Seurin d'exercer la Justice Civile de Criminelle
dans toute Fétendue du Fauxbourg de ce nom. Sa Majesté
ayant égard aux représentations que ce Chapitre lui avoit
adreflées, fur le préjudice que le pouvoir donné aux Ju-
rats apporteroit à ses privilèges, Elle avoit cru devoir les
restreindre, de avoit déclaré qu'il étoit juste d'accorder au
Chapitre un dédommagement pour les Jurifdictions Cri-
minelles de de Police, dont il vouloit bien faire le sacrifice
jio PROCES-VERRAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

pour Futilité publique de le maintien du bon ordre. C'est


donc à titre de Justice que les Jurats de Bordeaux ont cédé
au Chapitre de Saint-Seurin les objets mentionnés dans les
Lettres-Patentes ; de le Chapitre n'a consenti à Faliénation
de ses droits les plus précieux, que fous la condition expresse
qu'il ne seroit payé pour cet échange, aucun droit d'amor-
tissement ou de centième denier ; de il n'eût jamais acquiescé
à cet abandon, fans cette réserve. II ne s'agit point d'un
cchange convenu entre les Parties, mais d'une opération
ordonnée par le Souverain pour Futilité publique. Ce ne
fera pas en vain que le Chapitre de Saint-Seurin réclamera
la protection du Clergé : il ne souffrira pas que la propriété
d'un Corps Ecclésiastique soit violée, que son dévouement
aux volontés du Prince lui soit préjudiciable, de que son
zèle pour le maintien du bon ordre apporte une atteinte à
ses droits.
L'Administrateur du Domaine ne paroît plus recevable
dans Ces demandes, puisqu'il n'a formé aucune opposition,
dans le temps, à l'enrégistrement de ces Lettres-Patentes ;
&e il ne peut prétendre les avoir ignorées, puisqu'elles ont
été imprimées, publiées de affichées dans toute la Ville
long-temps avant leur exécution.
Nous vous proposons d'accorder votre protection de vos
bons offices au Chapitre de Saint-Seurin, pour le maintenir
contre les prétentions de FAdministrateur du Domaine
dans l'exemption qui lui a été accordée par la Loi même
qui lui prescrit cet échange; exemption qui paroît faire une
condition de son dédommagement, de sans laquelle cet
échange lui devenant onéreux, il n'y eût pas consenti.
Le Rapport fini, F Assemblée, conformément à l'avis de
la Commission, a délibéré d'accorder ses bons offices au
Chapitre de Saint-Seurin de Bordeaux, pour le maintenir
contre les prétentions de FAdministrateurdu Domaine dans
l'exemption prononcée par les Lettres-Patentes du mois de
Janvier 1773.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a dit encore, que la
Province de Tours recommandoit à FAssemblée une assaire
qui Fintéresse de dont il a été fait rapport dans ces termes.
,
DU CLERGÉ DE FRANCE J $ SEPTEMBRE I /8 J. $ 11
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
&?

La Province de Tours, instruite d'une surcharge nou-


velle que l'on veut imposer aux Décimateurs, vous défère
les difficultés qu'elle éprouve relativement au logement
des Vicaires jugés de nécessité, de relativement à la four-
niture de entretien des Fonts-Baptismaux, Confessionnaux
de Chaires à prêcher. Les habitants seuls avoient été char-
gés de ces objets, qu'on voudroit aujourd'hui faire retom-
ber fur la dîme. Monseigneur FArchevêque de Tours a
pensé que ces objets différents sont à la charge des habitants ;
il se fonde sur la Déclaration du i 8 Février 1661, de fur
FEdit de 1 69j.
La Déclaration de 1 661 dit expressément que les Curés
de Vicaires seront convenablement logés ; de FEdit de 1 69 j,
impose aux habitants la charge de la construction de entre-
tien des Presoyteres. Sous ce terme collectif de Preibyte-
res, la Loi a entendu le logement des Ministres jugés né-
cestaires dans une Paroisse, de par conséquent des Vicaires.
M. l'Intendant de la Généralité de Tours n'a pas voulu
permettre, de encore moins ordonner d'imposition : il a
pensé que le logement des Vicaires de l'entretien des Fonts-
Baptismaux Chaires à prêcher de Confessionnaux, ne pou-
,
voient regarder les habitants. II est de la plus grande con-
séquence pour tous les Décimateurs, que cette question
soit décidée suivant les vrais principes, de conformément
à FEdit de 1 69j.
La Province de Tours, Messeigneurs de Messieurs, avoit,
en iy§z , présenté un Mémoire à FAssemblée; de Monsei-
gneur FArchevêque de Bordeaux a fait un Rapport, où
tous les principes sont exposés avec force de clarté. Nous
croyons qu'il convient de députer vers M. le Garde des
Sceaux pour le prier de donner des ordres au Commis-
,
saire départi de la Généralité de Tours, afin qu'il se con-
forme à FEdit de 169J ; de qu'en conséquence, les habi-
tants de fa Généralité soient imposés dans les Paroisses où
il fera besoin de construction de entretien de logement de
5ìo. PROCES-VERBÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Vicaires ; qu'ils soient pareillement tenus de l'entretien de
construction des Fonts-Baptismaux, Chaires à prêcher de
Confessionnaux, au défaut de Fabrique ou insuffisance de
fonds desdites Fabriques.
Sur ce Rapport, l'avis de la Commission a été adopté :
en conséquence, Monseigneur FArchevêque d'Aix, Mon-
seio-neur FEvêque de Montpellier, de Messieurs les Abbés
de la Myre-Mory de de Messey, ont été priés de voir Mon-
seigneur le Garde des Sceaux, de de rengager à donner dés
ordres au Commissaire départi de la Généralité de Tours,
afin qu'il se conforme à FEdit de 1695; de qu'en consé-
quence , les habitants de fa Généralité soient imposés dans
les Paroisses où il fera besoin de construction de entretien
du logement de Vicaires ; qu'ils soient pareillement tenus
de l'entretien & construction des Fonts-Baptismaux, Chai-
res à prêcher de Confessionnaux, au défaut de Fabrique
ou insuffisance de fonds desdites Fabriques.
Messeigneurs de Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain,5 Septembre
,
à neuf heures du matin.
&gne' $fc ARTHUR-RICHARD, Archevêque de Pri-
mat de Narbonne, Président.
n ' '

DU LUNDI, CINQ SEPTEMBRE 178;,


.
...!
à. neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

LXXVTI
L'Assemblée a été avertie que le Greffier de FHôtel-de-
SÉANCE. Ville demandoit Audience. L'Huissier Fa fait entrer ;
de le Greffier s'étant assis fur un tabouret au coin du Bu-
reau , il a témoigné le désir qu'avoient MM. de FHôtel-de-
Ville d'être admis encore une fois à renouvelles leurs ref
pects à FAssemblée. Monseigneur FArchevêque de Nar-
bonne lui a répondu, que FAssemblée donneroit Audience
à
DU CLERGÉ DE FRANCE , j SEPTEMBRE 178 J. $ 13
à MM. de FHôtel-de-Ville, demain Mardi, 6 Septembre,
à 11 heures du matin.
Messieurs les Agents ont dit, que M. le Contrôleur-
Général leur avoit adresté un Arrêt du Conseil, qui ren-
voie à F Assemblée-Générale du Clergé de France, le juge-
ment définitif de en dernier ressort, des contestations sur-
venues entre le Diocèse d'Oléron de le Clergé de la Na-
varre Bayonnoife, relativement à l'exécution des Délibé-
rations prises par les Assemblées-Générales du Clergé, ès
années 1670 de 1675. Lecture ayant été faite de cet Ar-
rêt il a été délibéré qu'il seroit remis à Monsieur le Pro-
,
moteur de FAílemblée, pour être par lui fait telles réquisi-
tions de pris telles conclusions qu'il avisera bon être de
,
FAssemblée ordonné ,
par ce qu'il conviendra.
Mesteigneurs de Messieurs les Commissaires pour le Dé-
partement de les Portions congrues, ont pris le Bureau.
Monseigneur FArchevêque de Bordeaux Chef de la Com-
,
mission a dit :
,
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
VOUS avez désiré joindre à la Délibération que vous avez
prise le du mois d'Août dernier, une Instruction, qui se-
3
roit envoyée dans tous les Diocèses du Clergé de France.
Nous avons Fhonneur de mettre notre travail à ce sujet
sous vos yeux, de de le soumettre à votre décision. Sur
quoi lecture faite de l'Instruction proposée par la Commis-
sion il a été unanimement délibéré de l'approuver de con-
,
firmer de Finférer dans le Procès-verbal, de de charger
,
Messieurs les Agents de la faire imprimer, de de l'envoyer,
tant aux Archevêques de Evêques, qu'aux Syndics des
Diocèses en les invitant à répondre le plus promptement
,
de le plus exactement possible, aux objets de cette Instruc-
tion afin de procurer la pleine de entière exécution des
,
yues proposées par la Délibération du 3 Août.

Procès-verbal de ij%ja Ooo


'JI-4 PROCES-VERBAL DE LASSÉMBLÉE-GÉNÉRALE

INSTRUCTION
DRESSÉE par le Bureau du Département ÓC des
Portions Conprues.
o
L'Assemblée, après avoir pris la Délibération du 3 Août
dernier, a fait rédiger la présente Instruction dans la
vue de faire connoître aux Evêques du Clergé de France
les moyens qu'elle estime les plus convenables pour exécu-
ter cette Délibération , & pour entretenir dans le Clergé
Funiformké de conduite dont on a, dans tous les temps,
retiré de si grands avantages.
Les vues de FAssemblée ont été d'améliorer le sort des
Curés, dt néanmoins de régler la dette du Décimateur à
leur égard, de préparer de justes dédommagements aux
Etablissements ecclésiastiques les plus précieux que Fau-
gmentation des Portions congrues expoíeroit à Findigence,
d'aílurer efficacement le service des Paroiíles, en dotant
convenablement les Fabriques, de enfin de soutenir le zelc
des Pasteurs, en ménageant des moyens de subsistance aux
Prêtres âgés ou infirmes, qui, après avoir utilement servi
I'Eglise font forcés d'abandonner leurs fonctions.
,
La Délibération indique en même-temps les voies que
FAílembléc a jugées convenables, pour remplit les objets
ci-deflus mentionnés.
On bornera la présente Instruction aux développements
qui font nécestaires pour aider à la confection des états de-
mandés aux Archevêques de Evêques par Farticle 10 de la
Délibération.
Cures ìns,.isfi- La nouvelle évaluation des Portions congrues fixe le fort
sammeut do- des Curés optionnaires
tées.
de de leurs Vicaires, dí ne laisse rien
à désirer pour eux, qu'autant qu'ils íeroient jugés suscep-
tibles d'une amélioration ultérieure, à raiíon des circons-
tances particulières de locales qui les íépareroient de la classe
commune. On parlera d'eux fous ce dernier rapport, après
qu'on aura exposé les vues de FAssemblée eh faveur des
DU CLERGÉ DE FRANCE , j SEPTEMBRE I 7 S J . j 1 j
Curés qui n'ont pour toute dotation qu'une dîme ou un
bien-fonds d'un produit inférieur à la Portion congrue.
Ces Cures sont d'autant plus intéressantes qu'elles n'ont
,
aucune ressource, fi ce n'est toutefois le recours fur les
habitants, recours pénible pour un Pasteur 3 de FAssemblée,
suivant le voeu des saints Canons de des Ordonnances, a
cru devoir préférer le moyen des unions qu'a voit prescrit
FEdit du mois de Mai 1768.
Ces Cures font, pour l'ordinaire, d'une petite étendues
d>í contiennent peu d'habitants 3 en ce cas, si la localité le
permet, elles peuvent être réunies aux Paroisses voisines,
ou partagées entr'elles. Cette première manière de pourvoir
à leur sort, est aussi simple qu'avantageuse, de pourra être
adoptée de préférence : en faisant diíparoître une Cure in-
digente le Diocèse acquerra un Ministre qui pourra sou-
,
vent être employé utilement dans un autre poste.
Lorsque FEvêque Diocésain jugera à propos de conser-
ver ces Cures, il fera peut-être astez heureux pour trouver
dans leur territoire ou dans leur voisinage, quelque Béné-
fice suffisant pour compléter leur dotation.
Au défaut de Bénéfices semblables, les Evêques Diocé^
sains pourront remplir le même objet en prononçant la
,
suppression de Bénéfices plus considérables3 ô£ soit que les
biens en dépendants soient réunis au Chapitre Cathédral,
ou à fa Fabrique , au Séminaire, ou à tout autre Etablis-
sement ecclésiastique, il pourra toujours en résulter la do-
tation des Cures dont il s'agit. Les circonstances permet-
tront aussi quelquefois de partager les biens dépendants d'un
Bénéfice supprimé entre plusieurs Cures 3 moyen préférable
a celui de l'unir tout entier à une Cure, à la charge d'une
contribution en faveur d'une autre Cure, de qui rendroit
les Curés tributaires les uns des autres.
La ressource des réunions ne doit pas être restreinte aux
Cures indigentes.
On remplira aussi les vues de FAssemblée pour Famclio-
ration des Cures,en proposant la réunion des Cures mieux
dotées, lorsque le peu d'étendue des Paroisses, le petit nom-
bre des habitants, la facilité des communications de le voi-
Ooo %
5iG PROCES-VERBAL DE L*ASSÊMBLÉE-GÉNÉRALE

sinage d'une autre Eglise rendront ces unions convenables


aux yeux de FEvêque Diocésain.
Cures de Ville. Les explications dans lesquelles on vient d'entrer sont
,
également applicables aux Cures de Ville. L'objet de Far-
ticle 9 de la Délibération est d'établir, à leur égard, une
règle, qui, en écartant tout arbitraire, puisse guider les
Evêques Diocésains 3 cette règle fera prise de la population
des Paroisses : on entrera donc dans les vues de FÀflemblée,
en proposant de réduire à une seule Paroisse, les Villes ou
Bourgs qui ne contiennent pas plus de deux mille habi-
tants , de en indiquant la réunion des petites Paroisses entre
elles dans les Villes ou Bourgs mieux peuplés 3 il dépendra
de la prudence des Evêques Diocésains de déterminer en-
tre les Paroisses , celles qui devront être conservées, eu
égard à Fédifice de I'Eglise de à sa position.
Amélioration L'Assemblée a prévu comme on Fa dit, que diverses
,
des Cures au- circonstances particulières de locales pourroient faire dési-
ne !;ì vru;me de
la Portion con- rer aux Evêques Diocésains d'améliorer quelques Cures
tune, à railon au-delà même du
de tirconuan- montant de la Portion congrue : ces cir-
ces particuliè- constances sont principalement l'étcndue du territoire, la
res & locales. difficulté
des chemins, la cherté des denrées, la multipli-
cité des Hameaux écartés du Chef-lieu. Les Curés dont il
s'agit, ne font pas restreints à la claste des Curés congruif-
tes. ïl peut arriver qu'un Curé chargé du paiement de ses
Vicaires, de soumis par conséquent à une prestation plus
onéreuse par l'esset de la nouvelle Loi, paroifle, sous ce
Rapport, susceptible d'un dédommagement.
On peut porter le même jugement des Vicaires ou Des-
servants qui résident auprès des Eglises succursales ou
,
annexes.
En s'oecupant de Famélioration des Cures au-delà de
Févaluation nouvelle des Portions congrues il fera juste
,
de prendre en considération le produit des fondations, de
même du casuel lorsqu'il s'ag-ira d'une Cure de Ville.
Chapitre de Apres avoir pourvu à Famélioration des Cures, F Assem-
Cathédrales.
blée a dû porter ses regards fur les Etablissements menacés
par la nouvelle Loi, de révolutions alarmantes. Parmi ces
Eîabliíicmcnts, les Eglises Cathédrales tiennent le premier
DU CLERGÉ DE FRANCE ., $ SEPTEMBRE 17S5. 517
rang. Celles qui sont convenablement dotées, peuvent être,
par l'esset de la nouvelle évaluation des congrues, expo-
fées à de funestes ébranlements 5 il est donc juste de leur
préparer des indemnités.
ìi est fur-tout nécessaire de s'occuper de la dotation des
Chapitres des Cathédrales, où. les Chanoines sont déja ré-
duits à Findigencej FAssemblée n'ignore pas que ces Cha-
pitres se trouvent presque toujours dans les Diocèses qui
font les plus dépourvus de Bénéfices susceptibles de leur être
réunis. Elle est disposée à s'occuper de leur sort avec tout
Finrérêt qu'ils inspirent3 mais il est juste d'assecter d'abord
à cette destination, toutes les ressources locales qui pour-
ront être proposées 3 de ce ne seroit qu'après leur épuise-
ment , que FAssemblée pourroit prendre en considération
les moyens ultérieurs d'assurer aux Chanoines de ces Eglises,
une subsistance convenable à leur état -, mais ce seroit en
vain que les Chapitres nécessiteux réclameroient l'assistance
de FAssemblée, s'ils ne lui adressoient en même-temps un
état circonstancié de certifié par leur Evêque, de leurs biens
de de leurs charges, ainsi que du revenu annuel dont jouis-
sent chaque Dignitaire de chaque Chanoine,
A la fuite des Eglises Cathédrales, on doit comprendre Séminaires l
parmi les Décimateurs, auxquels FAssemblée a voulu pré- Hôpitaux,lèges, &c.
Col-

parer des moyens de dédommagement, les Séminaires, les


Collèges, les Hôpitaux, les Communautés de Filles. Quoi-
que les Eglises Collégiales ne puissent pas être considérées
fous le même point de vue, de qu'on doive prévoir le sa-
crifice de plusieurs d'entr'elles, il en est néanmoins qui, par
leur importance de la nature de leurs fondations, paroîtront
aux Evêques Diocésains, mériter les mêmes égards 3 c'est à
eux de discerner, entre les dissérents Etablissements, ceux
dont I'Eglise de la société retirent plus d'avantage, de de
régler en conséquence la mesure des secours qu'ils leur des
tineront.
Le voeu de FAssemblée a été d'assurer la subsistance des Retraites d'an-
ciens Curés 2c
anciens Curés de Vicaires, que Fâge ou les infirmités con- Vicaires.
traignent à quitter leurs fonctions. Déja, dans quelques
Diocèses, on est heureusement parvenu à remplir, à cet
5 i § PROCÈS-VERBAL DÉ L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
égard, les voeux formés depuis long-temps dans le Clergé*
L'Assemblée a considéré cet objet comme essentiellement
lié au service même des Paroiíles : il devient encore plus
néceílaire de le remplir, après avoir interdit, avec plus de
rigueur, la réserve de toute pension qui altéreroit la Por-
tion congrue. II est donc à propos, pour satisfaire à la Dé-
libération, d'arbitrer dans chaque Diocèse le montant des
sommes qu'il convient d'affecter à une oeuvre austi inté-
ressante : on aura égard, dans cette estimation, au nombre
de Prêtres habituellement employés dans les Paroiíles, à la
quantité de Bénéfices-Cures, trop mal dotés pour pouvoir
être résignés avec pension, à la pauvreté des lieux de à la
cherté des denrées. Soit que les pensions soient uniformes,
íoit qu'on juge plus à propos qu'elles ne le soient pas, il fera
néceílaire de régler la manière la plus convenable d'en faire
la distribution.
Ces pensions de retraite ne pouvant être que le produit
de iuppressions de unions, il est indispensable que ces sup-
pressions de unions soient faites en faveur de quelqu'éta-
bliíïenient ecclésiastique, à la charge des prestations qui se-
ront prononcées par les Décrets, de qui seront acquittées
entre les mains du Receveur des Décimes, pour être em-
ployées aux pensions de retraite.
lubriques. L'Assemblée s'est aussi proposé de faciliter la dotation
des Fabriques. Cet objet intéresse le ministère des Parois-
ses le service des Autels, la décence du Culte, la dignité
,
des Cérémonies.
C'est fur-tout avec le produit des Bénéfices, Conforces,
Fraternités, ecc, qui pourront être supprimés, qu'on vien-
dra à leur secours. Ces fondations ont été faites pour le ser-
vice des Paroiíles5 elles doivent, par conséquent, lui être
consacrées.
Bénéfices & Après avoir exposé les objets auxquels doivent être
Etabliifements appliqués les produits des suppressions de unions il con-
susceptibles d'Ê- ,
tre supprimés. vient de
faire connoître quels font spécialement les Bé-
néfices ou biens ecclésiastiques, que FAslemblée estime
qu'on peut sacrifier aux vues d'utilité générale qu elle s'est
proposée.
DU CLERGÉ DE FRANCE, j SEPTEMBRE 1785'. j 19
On doit comprendre parmi les dispositions adoptées par Vicariats ou
suppression, ou réduction des Vicariats, ou Desserres inuti-
F Assemblée, la icS'
es.
deílervices anciennement établis, mais devenus inutiles: ils
font, pour les Décimateurs, une charge onéreuse de injus-
te 3 il est néanmoins quelque Province où ces prestations
ont été conservées par la Jurisprudence 3 les Décimateurs
y font astujettis à payer un Vicaire établi dans la plaine oìi
font descendus les habitants, fans être déchargés de Fobli-
cration d'en salarier un auprès de Fancienne Eglise, bâtie
sur le sommet de la montagne que les peuples ont aban-
donnée.
On a déja parlé des Bénéfices, Conforces, Fraternités, Bénéfices,
Obiteries, ou corps de Bénéficiers, qui conserveront tou- Conforces,
ternités,
t<
F ra'
cVc.
jours leur destination primitive, lorsque leurs biens feront
employés à l'avantage des Paroisses où. ils sont établis 3 cette
restource doit donc être réservée pour Famélioration de ces
Cures de la dotation de leurs Fabriques.
Les Bénéfices simples dépendants du patronage ecclésias- Bénéfices sim-
tique ont été désignés par FAsiemblée, non que ces Bé- ples. J
,
néfìces soient inutiles dans I'Eglise, puisqu'ils servent à faire
subsister tant d'Ecclésiastiques recommandables par leur zèle
de par leurs travaux, qui, fans être fixés dans aucune rési-
dence, fans être même quelquefois susceptibles de Fêtre par
la nature de leurs occupations, rendent les services les plus
intéressants à I'Eglise de à nos Diocèses 3 mais cette consi-
dération ne doit pas interdire le sacrifice d'une partie de
ces Bénéfices simples aux grands intérêts du ministère ec-
clésiastique.
Le Clergé a déja exprimé son voeu, dans les précéden- Bénéfices ou
tes Assemblées, pour la suppression des Bénéfices ou Pré-['" Bas-Chojurs.
Prébendes de
bendes de Bas-Choeurs dans tous les Chapitres où il y enLl
a d'établis en titre 3 on fait qu'ils sont Foccasion de discus- r-
sions de de procès, dont il est utile de tarir la source. On n
réunira à cet avantage, celui de conserver des Bénéfices:s
plus intéressants.
Les réductions des Prébendes, même dans les Eglises ;S Réductions de
Cathédrales, lorsque le nombre des Prébendes permettra Prébendes.
a
cette réduction. On ne s'écartera donc pas des vues de le
j-io PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
FAssemblée, en proposant de semblables réductions, même
dans les Chapitres de Cathédrales, en y conservant toute-
fois le nombre de Titulaires que pourront exiger la dignité
du service de l'acquit des fondations.
A Fégard des autres Etablistements , il seroit à désirer
qu'aucun ne dût être supprimé 3 I'Eglise voit toujours avec
regret difparoître les monuments de la piété des Fidèles :
mais s'il en est qu'il soit impossible de conserver, s'il est des
sacrifices que les circonstances commandent, on ne peut
trop veiller à tla conservation des Etablissements qui, par
leur position de leur consistance, font plus en état de ren-
dre des services à I'Eglise 3 de FAssemblée ne peut qu'an-
noncer son empressement à seconder les vues que le zèle
de la sagesse des Evêques les porteront à lui présenter.
Composition Les détails dans lesquels on vient d'entrer, étoient né-
des états auto-
risés par l'arti- cessaires pour donner une juste idée des états demandés aux
cle 1 o de la Dé- Archevêques
libération. de Evêques, fur l'article 1 o de la Délibéra-
tion : ces états doivent comprendre les besoins de les res-
sources de chaque Diocèse 5 ils doivent être au nombre de
neuf.
Premier état, Le premier comprendra toutes les Cures à Portion con-
grue, par option faite en vertu de FEdit de 1768, de de
celles dont on prévoit que les Titulaires feront une nou-
velle option.
Deuxième état. Le second état doit être destiné aux Cures, tant des Villes;
que des campagnes, qui, jouissant d'un revenu de 700 li-
vres , seront jugées devoir être améliorées à raison de cir-
constances particulières de locales.
Troisième état. Le troisième état comprendra les Cures de Ville ou de
campagne, qui, n'étant pas à Portion congrue, ne jouis-
sent pas d'un revenu qui y soit équivalent, de ont besoin
d'être améliorées.
Quatrièmeétat, Le quatrième état désignera les Cures de Villes ou Bourgs
qui devront être réunies.
Cinquième Le cinquième état íera destine pour les Cures situées dans
état. les campagnes, de dont on croira devoir proposer le par-
tage ou la réunion.
Sixième état. Le sixième état comprendra les Bénéfices, Conforces,
Fraternités,
DU CLERGÉ DE FRANCE ., J SEPTEMBRE 1785-. ^ 2.1
Fraternités, Obiteries, ou corps de Bénéficiers, dont la
suppression fera proposée.
Le septième état contiendra les indemnités qu'il convien- Septième
5 état.
dra d'aflurer aux Décimateurs nécessaires, ou utiles.
Le huitième état énoncera les noms des Bénéfices ou Eta- Huitième
* état.
bliílements dont la suppression sera proposée,de leur appli-
cation.
Le neuvième état sera réservé pour les Vicariats ou Des- Neuvième
N état.
serres dont la suppression sera proposée.
On, joint à la présente Instruction des modelés des états
dont on vient de parler.
On n'indiquera point ici les moyetìs qui doivent être
préférés pour recueillir les renseignements nécessaires, de
pour procéder à la composition des états demandés3 ce choix
dépend de circonstances particulières que l'on ne peut pas
prévoir : on ne peut donc que s'en référer à la prudence
des Evêques Diocésains, qui connoîtront combien il est
important que ces états soient rédigés avec exactitude de
précision.
Mais FAssemblée n'a pas dû se borner au soin de prépa-
rer les renseignements nécestaires 3 il falloit encore déter-
miner la meilleure méthode pour en faire usage auprès de
Sa Majesté 3 il falloit prendre les précautions les plus con-
venables tant pour préparer que pour obtenir les Let-
, ,
tres-Patentes qui doivent assurer Fexécution des vues de
FAssemblée.
Parmi celles qui lui ont été présentées pour remplir cet
objet, le sentiment des grands intérêts dont elle est occu-
pée, Fa décidée à demander à Sa Majesté la permission de
le réunir Fannée prochaine, de Sa Majesté a bien voulu y
consentir. C'est donc FAssemblée elle-même qui recevra les
renseignements des Diocèses, ô£qui sollicitera pour euxl'au-
torisation du Roi. Ce moyen conservera son influence dans
toute fa force , de garantit aux Diocèses que leurs deman-
des seront suivies avec de même zèle de le même intérêt qui
ont présidé à la Délibération de FAssemblée.
Si quelques Diocèses n'envoient pas les états demandes,
l'Ailemblée aura le droit de présumer qu'ils ne partagent.
Procès-verbal de ij8j. PpP
5"12. PROCES-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

pas les besoins qui font communs à tous les autres 3 que
dévaluation nouvelle des Portions congrues y remplit les
besoins de tous les Curés 3 qu'on n'y voit pas de Cures
vouées à Findigence par la détresse des dîmes 3 que la situa-
tion des Décimateurs, nécessaires ou utiles n'exige pas
,
qu'on s'occupe de leur assurer des dédommagements3 que
le Prêtre utile y est secouru dans fa vieillesse, de les Fabri-,
ques des Eglises suffisamment dotées.
Arrangements Les développements particuliers, dans lesquels on est en-
particuliers. tré, conviennent également à la généralité des Diocèses du
Royaume, de s'allient à la Loi commune, qui fixera Féva-
luation de la Portion congrue à la somme de 700 livres3
mais FAssemblée n'a point entendu préjudiciel* aux arrange-
ments particuliers, par lesquels il a été ou seroit pourvu
d'autre de suffisante manière à la dotation des Cures.
Ces arrangements doivent dépendre de circonstances
locales, de sont par conséquent susceptibles de variétés qui
ne peuvent être Fobjet de la présente Instruction : mais cìí
doit observer que le voeu de FAssemblée est, qu'en aucun cas
on ne puisse attribuer aux Curés une Portion congrue qui
seroit inférieure à la somme de 700 livres3 que d'un autre
côté on ne puisse aggraver au-delà la charge du Décima-,
teur, fi ce n'est avec leur consentement : ces arrangements,
pour être vraiment utiles, doivent être le fruit du concert
des Parties intéressées. L'Assemblée fe fera un devoir de les
accueillir de de solliciter pour eux l'autorifation de Sa
,
Majesté.
Elle présume qu'ils comprendront aussi la dotation des
Cures qui n'ont pour revenu qu'une dîme abandonnée,
ainsi quû les. autres objets d'utilité publique qu'elle s'est
proposée dans fa Délibération.
L'Assemblée se flatte que ses vues pourront être remplies
dans la plus grande partie des Diocèses du Royaume 3 mais
elle n'ignore pas qu'il en est plusieurs où Findigence des
Décimateurs est réunie à la rareté des Bénéfices, ou biens
ecclésiastiques, susceptibles d'être supprimés.
Ces Diocèses méritent les plus grands égards 3 de FAssem-
blée donnera une attention particulière à leur situation '
DU CLERGÉ DE FRANCE , s SEPTEMBRE 1785. 5x5
mais elle doit être instruite de leurs besoins réels , de des
ressources que présentent les localités.
Après avoir comparé les besoins de les ressources de
,
constaté l'excédent des besoins, elle s'occupera des moyens
d'y mppléer. Celui qui le présente le plus naturellement,
est de réclamer Faíìistance des Diocèses voisins qui auroient
des ressources abondantes 3 ceux-ci ne refuseront pas fans
doute'quelques sacrifices dont la néceílité leur fera connue :
Fharmonie qui règne entre les premiers Pasteurs, pour tout
ce qui intéreíle la Religion 6e le bien
public, est un sûr
garant de la confiance de FAssemblée dans les dispositions
de tous les Evêques du Royaume, en faveur des Diocèses
nécessiteux 3 mais au défaut de Bénéfices dont les Diocèses
voisins pourroient consentir le sacrifice, FAflembléc invo-
quera les bontés de Sa Majesté, de mettra dans ses instances
Fintérêt touchant de consommer, dans toute Fétendue du
Royaume , Fexécution d'un plan destiné à pourvoir aux
principaux besoins du ministère ecclésiastique.
.
Le Rapport fait, Fínstruction a été approuvée par FAs-
semblée qui en a ordonné Fimpression de Fenvoi dans les
,
Diocèses.
Monseigneur FArchevêque de Bordeaux a dit ensuite :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Les mesures que vous avez adoptées, pour assurer l'exé-*
cution de votre Délibération du 3 de ce mois, n'ont «pas
embrasté tous les objets de votre sollicitude. Parmi les
Etablisiements dont le foin vous intéresse, pourrions-nous
perdre de vue les Evêchés que Faccroissementdes Portions
congrues va exposer à une détresse alarmante ? Et ne de-
vons-nous pas fur-tout insister pour ceux qui font déja dé-
pourvus d'une dotation convenable?
Mais pour seconder les voeux que le zèle nous inspire,
nous ne connoissons d'autre voie que celle de recourir à
la bonté du Roi. C'est fous fa protection que reposent spé-
cialement les Evêchés 3 c'est à Sa Majesté qu'appartient le
PPP *
52.4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
droit de nommer les Evêques 3 Elle feule a dans fa dispo-
sition les moyens de remplir votre attente.
Les Assemblées précédentes, occupées du même objet,
ont reçu du Prélat, chargé de la Feuille des Bénéfices, Fas-
surance de diípositions favorables»
La circonstance de la Loi nouvelle, qui va aggraver la
situation de ces Evêchés, nous paroît un motif également
juste de preíìant de réitérer nos sollicitations, de de déter-
miner leur succès.
Nous avons en conséquence Fhonneur de vous propo-
ser, Mesteigneurs de Messieurs, de délibérer une députation
vers Monseigneur FEvêque d'Autun, pour conférer avec
ce Prélat sur les besoins des Evêchés dont la dotation est
insuffisante, ou peut le devenir par l'esset de la Loi qui
augmentera les Portions congrues, de pour réclamer son
zèle de son appui en leur faveur auprès de Sa Majesté.
Vous jugerez fans doute convenable de prier Monsei-
gneur FArchevêque de Narbonne de se mettre à la tête de
cette députation.
Le Rapport fini, FAssemblée, adoptant Favis de la Com-
mission, a prié Monseigneur FArchevêque de Bordeaux,
Monseigneur FArchevêque d'Auch, de Messieurs les Abbés
de Castellas de d'Efponchez de voir Monseigneur FEvêque
d'Autun, de conférer avec ce Prélat fur les besoins des
Evêchés dont la dotation est insuffisante, ou peut le deve-
nir par l'esset de la Loi qui augmentera les Portions con-
grues, 8c de réclamer son zèle de son appui en leur faveur
auprès de Sa Majesté. Monseigneur FArchevêque de Nar-
bonne a été prié de vouloir bien se mettre à la tête de
cette députation.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a dit, qu'en exécution
des ordres de FAssemblée, il avoit été avec M. l'Abbé de
Loménie chez Monseigneur FArchevêque de Toulouse 3 que
ce Prélat leur avoit paru très-sensible à cette marque d'in-
térêt de les avoit chargés de faire ses remerciements à FAs-
,
semblée en attendant que fa santé lui permît de venir lui
,
témoigner sa reconnoiílance.
DU CLERGÉ DE FRANCE J 6 SEPTEMBRE 1785. $ fi
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 6 Septembre,
à neuf heures du matin.
Signé $fe ARTHUR-RICHARD Archevêque de Pri-
,
mat de Narbonne, Président.

DU MARDI, SIX SEPTEMBRE i78j,


ÍZ ;zew/r heures du matin.

Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

MEsteigneurs de Messieurs les Commissaires, pour le LXXVIIl


1
SÉANCE.
Département de les Portions congrues, ont pris le
Bureau. Monseigneur FArchevêque de Bordeaux, Chef de
la Commission, a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
NOUS devons vous rendre compte d'un Mémoire qui
vous a été adressé par les Bénéficiers de Bresse de de Bu-
gey. Ils exposent que FAssemblée de 178 z les a provisoi-
rement taxés à la somme annuelle de six mille Uvres, y
compris le trois mille livres qu'ils paient de toute ancien-
neté pour la quote-part de leur contribution au paiement
,
des rentes prétendues assignées fur le Clergé.
Qu'ils ne réclament que contre la quotité de cette som-
me additionnelle, de qu'ils en sollicitent la modération à
cause des motifs exposés dans ce Mémoire.
Ces motifs font la médiocrité de leurs Bénéfices de l'au-
gmentation de diverses charges nouvelles auxquelles ils ont
été assujettis dans leurs Provinces.
La confiance qu'ils ont eue dans votre indulgence les a
,
portés à surseoir au paiement de cette somme additionnelle
de trois mille livres entre les mains de M. de Saint-Jullien.
Ils demandent en conséquence qu'en modérant leur con-
tribution additionnelle il vous plaise de n'en exiger le
paiement qu'à compter ,de Fannée prochaine, de ils ossrent
ji6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALÈ

en même-temps de Facquitter , non-feulement jusqu'à Fé-


poque de la libération des emprunts au denier vingt-cinq,
laquelle avoit été déterminée dans FAfíemblée de \-/%z
^
mais même quatre années au-delà, pour compenser les
arrérages qu'ils n'ont pas íervi jusqu'à présent.
Dans-ces circonstances, de aptes avoir approfondi les
motifs qu'ils exposent, nous avons Fhonneur de vous pro-
poser :
i°. D'ordonner que la contribution nouvelle de extra-
ordinaire des Bénéficiers de Breste de de Bugey, qui avoit
été sixée par FAíìemblée de 1781 à la somme de 3000 li-
vres, fera modérée à la somme de 160c livres.
z°. Que ladite contribution ne commencera d'être ac-
ouittée entre les mains du Receveur-Général, qu'à comp-
ter de Fannée prochaine 1786.
30. Que ladite contribution continuera d'être levée fur
lesdits Bénéficiers, pendant Fefpace de vingt-quatre années
consécutives, fans préjudice de l'impoíition fixe de an-
nuelle de 3000 livres, réglée par les précédentes Aííem-
blées 3 le tout néanmoins fans tirer à conséquence, de sans
reconnoitre , au surplus , les privilèges de exemptions pré-
tendus par lesdits Bénéfiders de Bresse.
La matière mise en délibération, FAssemblée a été una-;
nimemént d'avis d'ordonner :
i°. Que la contribution nouvelle de extraordinaire des
Bénéficiers de Bresie de de Bugey, qui avoit été fixée par
FAíìemblée de 178z à la somme de 3000 livres, fera mo-
dérée à la somme de 1600 livres.
i°. Que ladite contribution ne commencera d'être ac-
quittée entre les mains du Receveur-Général, qu'à comp-
ter de Fannée prochaine 1786.
3°. Qu'elle continuera d'être levée fur lesdits Bénéficiers
pendant Fefpace de vingt-quatre années consécutives, fans
préjudice de Fimposition fixe de annuelle de 3000 livres,
réglée par les précédentes Assemblées 3 le tout néanmoins
fans tirer à conséquence, de sans reconnoître au surplus,
,
les privilèges de exemptions prétendus par lesdits Bénéfir
ciers de Bresse.
DÛ CLERGÉ DE FRANCE J 6 SEPTEMBRE i 7 8 s* $zf.
Monsieur FAbbe de Boisgelin, Promoteur a dit : Que,
,
suivant la Délibération prise dans la Séance d'hier, Mes-
sieurs les Agents lui avoient remis un Arrêt du Conseil
du 11 Août 1785, par lequel Sa Majesté avoit renvoyé à,
la présente Assemblée les Parties dénommées en cet Arrêt,
pour leur être fait droit définitivement de en dernier res-
sort fur toutes leurs contestations 3 à l'esset de quoi elles
,
feroient tenues de remettre dans la huitaine, à compter du
jour de la signification de l'Arrêt, au domicile de leurs
Avocats, leurs Requêtes Pièces de Mémoires entre les
,
mains de Messieurs les Agents-Généraux du Ciergé 3 que
cet Arrêt du Conseil des Finances étoit intervenu fur la
demande en cassation, qui y étoit pendante de indécise d'un
Jugement de la Chambre Supérieure Ecclésiastique de Bor-
deaux relativement à l'exécution des Délibérations prises
,
par les Assemblées-Générales du Clergé, des années 1670
de 1675.
Sur quoi Monsieur l'Abbé de Boisgelin Promoteur,
,
a requis qu'il plût à FAíìemblée, en acceptant le renvoi à
elle fait par l'Arrêt du Conseil, du 11 Août 1785-, de re-
tenant la cause, ordonner que cet Arrêt fera transcrit au
Procès-verbal de FAssemblée, pour être exécuté selon ía.
forme de teneur3 de en conséquence, renvoyer l'examen dC
Finstruction de cette assaire pardevant tels Commissaires
qu'il plaira à FAssemblée de nommer, pour, fur le rapport
qui en fera fait par la Commission de fur ses conclusions,
être par elle ordonné ce qu'il appartiendra.
L'Assemblée,délibération prise par Provinces, celle d'Ar-
les étant en tour d'opiner la première, a accepté le renvoi
fait par l'Arrêt du Conseil, du 11 Août 178J, de retenant
la cause, a ordonné que ledit Arrêt sera inscrit au présent
Procès-verbal, pour être exécuté selon fa forme de teneur5
qu'en conséquence, les Requêtes, Pièces de Mémoires qui
seront présentés par les Parties, seront vus de examinés
par Messeigneurs de Messieurs les Commissaires pour le
Département que FAssemblée a nommés de commis à
cet effet, pour, fur le rapport qui en fera fait en la
présente Assemblée, de les conclusions de Monsieur le Pro-
5^8 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

moteur , être par elle ordonné ce qu'il appartiendra.


Le Proeès-verbal a été lu de signé.
Messieurs les Agents ayant été avertis que MM. de FHô-
tcl - de -Ville étoient arrivés, font allés au-devant d'eux
jusqu'à la porte de FEglife qui donne du Sanctuaire dans
le Cloître. Monseigneur FArchevêque de Narbonne a nom-
mé Messeigneurs les Evêques d'Evreux de de Montpellier,
de Messieurs les Abbés de Narbonne de de Grainville, pour
aller les recevoir, suivant l'ufage, à la porte du Vestibule
qui donne dans le Cloître. MM. de FHôtel-de-Ville ayant
été introduits dans FAíìemblée, de s'étant assis en la ma-
nière ordinaire, M. le Prévôt des Marchands a dit*.
MESSIEURS,
Les sentiments dont le Corps - de -Ville vous a présenté
rhcmmage, n'ont été jusqu'à ce jour que ceux de Fatta-
chement de du respect. C'est pour remplir le plus puissant
des devoirs, celui de la reconnoiflance, que nous reparois
sons aujourd'hui en cette auguste Aíìemblée.
Nous conserverons, MESSIEURS, un éternel souvenir
de Faccueil flatteur dont vous avez bien voulu nous hono-
rer , de de celui qu'a reçu de vôus la demande que nous
avons soumise à votre décision.
Votre consentement rapide au renouvellementdu Con-
trat , nous a été manifesté par une réponse, oû la sensibi-
lité de Fillustre Prélat qui vous préside, se trouve déployée
avec toute l'énergie qui lui est propre 3 de cette Délibéra-
tion qui porte le caractère de la bienfaisance nous an-
, ,
nonce d'avance que toutes celles qui vont éclorre, rendront
à jamais cetce époque mémorable, de que cette Aíìem-
blée fera signalée par les plus grands de les plus nobles sa-
crifices.
Je ne puis prévoir des résultats aussi dignes de vous
,
MESSIEURS íans regretter les moments précieux que nous
,
retranchons à vos importantes occupations3 de je finis, en
vous priant d'agréer les nouveaux hommages de la ville de
Paris, de en vous asiurant que notre reconnoissance fera
toujours
nu CLERGÉ DE FRANCE 6 SEPTEMBRE 1785." 519
,
toujours gravée dans le coeur de nos Concitoyens, à côté
de tous les sentiments qui vous font dus.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne a répondu i
MESSIEURS,
Nous avouerons avec plaisir la satisfaction que nous
cause vos remerciements. Elle est une fuite bien naturelle
de celle que nous avons eue à saisir Foccasion de les
mériter.
Soyez bien convaincus des voeux sincères que forme lê
premier Ordre de FEtat pour là prospérité, la tranquillité,
le bon ordre, les avantages de tout genre que vous devez
vous promettre de vos soins patriotiques Ô£ éclairés.
Nous félicitons votre illustre Chef d'avoir, par son ha-
bileté de fa facilité en affaires, assuré, dès son avènement,
Fexécution trop long-temps suspendue d'un projet réclamé
par Fhumanité , de qui contribuera autant à la salubrité ,
qu'à Fembellistement de cette grande Ville. Cette opération
est un sûr garant de toutes celles qui illustreront son in~
fìuence dans vos conseils.
Messeigneurs de Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 7 Septem-]
bre, à neuf heures du matin.
Signé >$$ ARTHUR-RICHARD Archevêque de Primas
,
de Narbonne, Président.

Procès-verbal de 1785: 9-qq


j3o PROCÈS-VERBAL DE L*ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ARRÊT DU CONSEIL;
ï
Qui renvoie au jugement de Assemblée l'affaire d'entre U
Diocèse dOléronóG le Clergé de la Navarre-Bayonnoise.

Du ii Août 1785.

Extrait des Regijires du Conseil d'Etat.


VU par le Roi 5
étant en son Conseil, la Requête présentée
en i celui par le Syndic, du Clergé ctOléronS &e ten-
dance à ce que pour les causes y contenues, il plût à Sa
Mai esté f ^ns s'arrêter au Jugement de la Chambre Sou-
•.
verainc du Clergé de Guienne, du zj Juin 1780, lequel
seroit caste de annullé, évoquer les contestations fur les-
quelles ledit jugement est intervenu j ÔC attendu qu'il s'agit
de Fexécution des Délibérations prises par les Assemblées-
Générales du Clergé, des années 1670 6c 1675, renvoyer
kidites contestations à la prochaine Aíìemblée-Générale du
Clergé pour y être fait droit, toutes choses néanmoins de-
meurant en état 3 l'Arrêt du Conseil S du 27 Février 1781,
portant que ladite Requête seroit communiquée au Syndic
du Clergé de laNavarre-Bayonnoise, toutes choses demeu-
rant en état 3 la Requête du Syndic de la Navarre-Bayon-
noise, signifiée le z Janvier 1782 pour répenses à celle du
Syndic d'Oléron, insérée audit Arrêt de autres Requêtes
desdits Syndics, ensemble les Pièces de Mémoires respecti-
vement fournis de produits. Oui le Rapport du Sieur de Ga-
lonné Conseiller ordinaire au Conseil Royal, Contrôleur-
,
Général des Finances, LE Roi, ÉTANT EN SON CON-
SEIL , a renvoyéóG renvoie les Parties a lAssemblée-Générale
du Clergé de France qui se tient actuellementà Paris par la per-
miíhon de Sa Majesté, pour être, par ladite Assemblée, fait
droit définitivement de en dernier ressort, par un ou plu-
sieurs jugements interlocutoires ou définitifs, tant fur la
demande en cassation du Jugement de la Chambre Souve-
raine du Clergé de Guienne, du 17 Juillet 1780, que fur
DU CLERGÉ DE FRANCE , 6 SEPTEMBRE 1785. y^t
les autres fins de conclusions prises par les Parties 3 à l'esset
de quoi lesdites Parties seront tenues de remettre dans la
huitaine, à compter de la signification du présent Arrêt, au
domicile de leurs Avocats, leurs Requêtes, Pièces & Mé-
moires entre les mains des Sieurs Agents-Généraux du
Ciergé, avec défeníes à elles de faire aucunes poursuites
ailleurs qu'en ladite Aílemblée, à peine de nullité, cassa-
tion de procédures de de tous dépens , dommages de inté-
rêts 3 attribuant Sa Majesté, à cet esset, toute Cour de Ju-
ridiction à ladite Aílemblée du Clergé 3 de ìcclie interdi-
sant à ses autres Cours de Juges ordonne que le présent
,
Arrêt íera exécuté, nonobstant toutes oppositions dont si
aucunes interviennent, Sa Majesté se réserve de à ion Con-
kii laconnoiíìance qu'Elie interdit pareillement à ses autres
Cours dC Juges. Fait au Conseil d'Etat du Roi, Sa Majesté
y étant, tenu à Versailles le onze Août mil sept cent quatre-
vingt-cinq. Signé, le Baron DE BRETEUIL.

C O M M I S S 1 O N.
JLiOUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France de de
Navarre : Au premier notre Huissier ou Sergent fur ce re-
quis, Nous te mandons de commandons par ces Présentes J
signées de notre main, que l'Arrêt dont expédition est ci-
attachée sous le contre-scel de notre Chancellerie, rendu
cejourd'hui en notre Conseil d'Etat, nous y étant, pour
les causes y contenues, tu signifies à tous qu'il appartien-
dra, à ce qu'aucun n'en ignore, de fais en outre, pour Yen-
tiere exécution d'icelui, tous exploits commandements,
,
significations, sommations, de autres aóìes requis de néces-
saires fans pour ce demander autre congé, ni permission:
CAR ,tel est notre plaisir. DONNÉ à Versailles le onzième
jour du mois d'Août, Fan de grâce mil sept cent quatre-
vingt-cinq, ôc de notre règne le douzième. Signé, LOUIS,
Et plus bas ; Par le Roi. Signé, le Baron DE BRETEUIL.

Qqqi
53z PROCES-VERBAI DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU MERCREDI, SEPT SEPTEMBRE 1785,


à neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

LXXIX JLVJLOnseigneur FArchevêque de Narbonne a dit :


SEANCE.
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
II n'y a personne parmi nous qui ignore le malheur qu'a
eu M. le Cardinal de Rohan d'encourir la disgrâce du Roi 3
aous devons fans doute craindre qu'il ne soit bien coupa-
ble puisque Sa Majesté a cru devoir le faire arrêter avec
,
éclat, s'aslurer de sa personne de de ses papiers.
II est de notoriété publique, depuis hier matin, qu'il a
été adressé des Lettres-Patentes au Parlement de Paris qui
lui attribuent la connoissance, Finstruction de le jugement
des faits qui forment le corps du délit dont la réparation
est poursuivie, faits dans le détail desquels M. le Cardinal
de Rohan se. trouve impliqué.
De quelque genre que soit le délit, nous ne craignons^
pas de dire d'avance que nous le détestons. Mais M. le
Cardinal de Rohan réunit à la qualité de Cardinal de de
Grand-Aumônier, celle d'Evêque du Royaume. Ce titre,
qui nous est commun avec lui, nous impose le devoir de
réclamer les maximes de les Loix qui ont prescrit qu'un
Evêque devoir être jugé par des Evêques.
A Dieu ne plaise que nous prétendions par-là vouer neu-
tre Ordre à l'impunité, ou le soustraire à Fobéissance qui
est due au Roi : nous lui avons dit nous-mêmes, à Fouver-
turc de nos Séances, que la qualité de Ministres des Au-
tels ne contrarieroit jamais les devoirs que nous prescrit
celle de Sujets de de Citoyens.
Nous profesions de nous enseignons que la puissance de
nos Rois est indépendante, universelle, complète, relative-
DU CLERGÉ DE FRANCE , 7 SEPTEMBRE 1783-. j 3 3
ment à tous les objets auxquels elle doit atteindre pour le
maintien de Fordre public. Nous tenons fermement que
notre consécration au service des Autels, ne transporte à
aucune Puissance sur la terre les droits auxquels nous a sou-
mis notre naiflance.
Nous n'avons point à réclamer de privilèges qui soient
incompatibles avec ces vérités fondamentales : nous récla-
merons avec confiance ceux que les Loix, les Rois de la
Nation nous ont transmis 3 nous les trouverons dans les
mêmes sources d'où dérivent ceux des Pairs, des Gentils-
hommes de des Officiers des Cours.
J'ai donc Fhonneur de vous proposer de charger la Com-
mission de la Jurisdiction de faire, sur cette importante ma-
tière les recherches de les réflexions les plus capables de
,
diriger la conduite sage, mesurée mais énergique que.
, ,
nous devons tenir dans cette occurrence difficile.
La matière mise en Délibération, il a été unanimement
délibéré que Messeigneurs de Messieurs les Commissaires,
pour la Religion de la Jurisdiction, s'occuperoient de cette
importante assaire, pour, fur les réflexions qui seront par eux
proposées, être pris telle Délibération qu'il appartiendra.
Monsieur l'Abbé de Montefquiou a dit, qu'il avoit as-
sisté au Bureau des AftairesEcclésiastiques 3 qu'il avoit porté
la parole dans l'affaire de M. l'Abbé de Rastignac, Abbé
de Saint-Memin 3 qu'il avoit développé les motifs qui dé-
voient empêcher Fadmission de la Requête en castation de
l'Arrêt du Parlement de Paris', du 11 Mai 1784, dont il
a été rendu compte dans la Séance du 3 Septembre der-
nier 3 que le Bureau avoit accueilli ses réflexions, & que
la Requête avoit été rejettée.
Meifieurs les anciens Agents ont continué la lecture du
Rapport de leur Agence.
Messeigneurs de Messieurs les Commissaires ont été tfa-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Vendredi prochain, 9 Sep-
tembre à neuf heures du matin.
,
Signé %i ARTHUR-RICHARD, Archevêque dePrimat
de Narbonne, Président.
j 34 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU VENDREDI, NEUF SEPTEMBRE i78;,


à neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président,

Ly\/lA L"^ 'Assemblée a assistéà la Thèse dédiée au Clergé par le


^ANCE. Frère Roux, Religieux Augustin, à laquelle Monsei-
gneur FEvêque de Digne a présidé en Camail violet de
Rochet de dentelle : Mesteigneurs les Prélats étoient en Ca-
mail noir de Rochet uni, de Messieurs du second Ordre en
Manteau long de Bonnet quarré.
Messeigneurs de Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, i o Septem-
bre à neuf heures du matin.
,
Signé >$< ARTHUR-RICHARD, Archevêque de Primat
de Narbonne, Président.

DU SAMEDI, DIX SEPTEMBRE i73;5


à neuf heures du matin.

Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

LXXXI
MOnseigneur FArchevêque de Narbonne a dit : Qu'en
SEANCE. exécution des ordres de FAssemblée, il s'étoit rendu
avec Messeigneurs de Messieurs de la députation, nommée
par Délibération du 5 de ce mois, chez Monseigneur FE-
vêque d'Autun 3 qu'il avoit fait connoîtte à ce Prélat le
voeu du Clergé relativement aux Evêchés, dont la dotation
est insuffisante par l'esset de Faugmentation progressive des
Portions congrues 3 que Monseigneur FEvêque d'Aucun
avoit senti la nécessité de venir à leur secours, de avoit
promis de mettre incessamment íous les yeux du Roi les
besoins de ces Evêchés de les représentations de l'Assemblée,
DU CLERGÉ DE FRANCE , i o SEPTEMBRE 1785. j 3 $
Monsieur l'Abbé de Barrai a rendu compte à FAssem-
blée d'une procédure introduite au Bailliage de Beaune par
le Prieur de Saint-Romain, pour décliner la Jurisdiction.
de la Chambre Diocésaine d'Autun, de de deux Sentences
par lesquelles les Officiers du Bailliage ont prononcé fur
les contestations relatives à la saisie des fruits du Prieuré de
Saint-Romain faite à la requête du Syndic du Diocèse
,
pour recouvrement des décimes. Cette entreprise sur la
le
compétence des Chambres Ecclésiastiques, a paru mériter
Fattention la plus sérieuse de la part du Clergé. En consé-
quence FAssemblée a chargé Messieurs les Agents de pré-
senter Requête au Conseil de Sa Majesté pour faire annuller
les procédures de Sentences ci-destus mentionnées, de or-
donner que les Parties seront tenues de procéder à la Cham-
bre Diocésirine d'Autun, sauf l'appel en la Chambre Supé-
rieure Ecclésiastique de Lyon.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne a remercié,
au nom de FAssemblée, Monseigneur FEvêque de Digne
d'avoir présidé à la Thèse du Frère Roux, Augustin : de
sur ì'obíervation faite que cette Thèse avoit occasionné des
frais à ce Religieux auxquels il lui seroit difficile de subve-
nir s'il ne plaifoit à FAstemblée lui accorder une gratifi-
,
cation telle qu'elle jugera à propos il a été arrêté qu'il
,
seroit payé au Frère Roux, par M. Bollioud de Saint-Jul-
lien, Receveur-Général du Clergé, la somme de six cents
livres, par forme de gratification, de cent livres pour cir-
constance extraordinaire laquelle sera allouée dans le
,
compte des frais communs de la présente Assemblée.
Messeigneurs de Messieurs les Commissaires ont été
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain 1 z Septem-
,
bre à neuf heures du matin.
, .
Signé >J< ARTHUR-RICHARD Archevêque de Pri-
,
mat de Narbonne Président.
,
5• j 6 PROCES-VÊRBAL DE LASSÉMBLÉE-GÉNÉRALM

DU LUNDI, DOUZE SEPTEMBRE 17-85,


à neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

LXXXTI MEíïìeurslesanciensAgents cgit continué la lecture di*


SÉANCE.
Rapport de leur Agence.
Messeigneurs dC Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, x 3 Septeitv»
bre, à neuf heures du matin.
Signé ^
ARTHUR-RICHARD Archevêque de Primat
de Narbonne, Président.
,

DU MARDI, TREIZE SEPTEMBRE I7SJ,


u neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

LXXXIÌI MEsseigneurs de Messieurs les Commissaires pour la


,
SÉANCE.
.Religion de la Jurisdiction, ont pris le Bureau. Mon-
seigneur FArchevêque d'Arles, Chef de la Commission,
a dk:
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Avant cle porter aux pieds du Trône le voeu de nos
Eglises fur Fétat de la cause de M. le Cardinal de Rohan,
toujours jaloux d'allier les obligations du Sujet de du Ci-
toyen, avec les nobles de généreux sentiments de la frater-
nité épiscopale, vous àvez cru devoir faire précéder votre
Délibération de recherches propres à bien constater quels
sont les Juges donnés par la Loi du Royaume aux Evêques
accusés. En nous empreflant de remplir cette importante
mission, nous désirerions pouvoir hâter la folemnité des
démarches
DU CLERGÉ DE FRANCÉÌ I 3 SEPTEMBRE 17 S y. j-37
démarches que Rome & la France attendent du zèle éclairé
qui préside aux opérations de I'Eglise Gallicane.
Quelqu'éminent que soit le caractère épiscopal, il n'élevé
pas l'humanité au-dessus des passions : la sainteté des fonc-
tions qu'exerce le premier Pasteur, la force de l'aseendant
de ses exemples, tout rend, dans un Evêque, le crime plus
grand, de Fimpunité plus dangereuse. Delà Fattention cons-
tante des Chefs de la Religion à se réunir en Concile dans
les premiers siécles pour discuter les accusations intentées
contre leurs Collègues. Cette discipline, née avec le Chris-
tianisme prit encore plus de consistance après la conver-
,
sion des Empereurs. Suivant les Conciles généraux de Cons-
tantinople de de Calcédoine, dont les dispositions mille fois
renouvellées, font partie de nos Libertés, le Concile de la.
Province est le Tribunal ordinaire de immédiat de ia per-
sonne des Evêques, fans préjudice de la voie de revision,
ouverte par le Concile de Sardique en faveur du Saint-
Siege, tenu alors de nommer íur les lieux des Evêques-'
Commissaires pour juger définitivement FappeL Depuis
Fintroduction ,des fausses Décrétâtes, plusieurs Papes ont
cru pouvoir connoître en première instance de ces fortes de
causes 3 de cette prétention a été favorisée par le Concile
de Trente, à Fégard des délits graves : mais nos pères ont
été fidèles à repousser toute innovation fur ce point impor-
tant. Sans rappeller la vigoureuse résistance que firent, dans
le neuvième siécle, les Evêques François, ayant à leur tête
Hincmar, Archevêque de Rheims, la célèbre protestation
signifiée au Nonce de Sa Sainteté par FAssemblée de 1650,
à Foccasion de quelques Evêques de Languedoc de de Bre-
tagne , jueés, en première instance , par les Délégués du
Pape Urbain VIII, est un monument très-propre à éclair
rer fur les sentiments du Ciergé, bien d'accord avec ceux
de la Magistrature. Lorsque £ Eglise se trouve dans la mal-
heureuse nécessité de procéder contre "un Evêque diso.it au
,
Parlement de Paris, le premier Avril 171 o M. Guillaume-
,
François Joly de Fleury, [ depuis Procureur-Général, ] uni-
quement soumis a la Junsdicîwn du Métropolitain ÓC des
Evêques de la Province, il ne reconnoît point d'autres Juges,
Procès-verbal de 1785. Rrr
mS PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉÈ-GÉNÉRAVE
Ecclésiastiques ; ôQ comme la vérité ÓC la justice se trouvent
pour t'ordinaire réunies dans le suffrage de plusieurs., les Con**
ales riont pas voulu confier lhonneur ÔG la réputation d un
Evêque, ni à un seulj m à un peut nombre de ses Corfreres ;
ils ont établi la nécejjité d assembler dôu^e Evêques. S'il ne
s'en trouve pas un nombre jufffant dans la Province, on a
recours aux Evêques voisins pour concourir au jugement.
II ne falloit que l'autorité de I'Eglise , pour qu'un Evê-
que , attaqué dans ses moeurs ou dans fa doctrine, devînt
Justiciable de ses Confrères assemblés en Concile 3 mais la
compétence de ce Tribunal n'a pu s'étendre aux Prélats pré-
venus de délits civils de de crimes politiques, que par une
concession libre de volontaire des Princes Chrétiens. Loin
de nous un seul instant la pensée d'affecter une odieuse de
coupable indépendance à Fégard de la Puissance temporelle.
Le règne spirituel que notre Seigneur a établi n'a rien dimi-
3
nué de ïautorité quavoient les Princes qui'regnoient fur la
terre avant qu'il y fût descendu. Les Ministres de la nouvelle
Alliance n ont point été affranchis de la condition des autres
hommes ; SC quoiqu'ils soient devenus Princes dans Vordre
spirituel ils 11ont pas laissé de demeurer toujours sujets dans
ï j,
empire temporel. C'est par ces paroles empruntées de FAs-
semblée du Clergé de 1665, que commence, dans vos
Mémoires, le détail des formes reçues pour juger les per-
sonnes Ecclésiastiques. Mais si tous les Citoyens fans excep-
tion Ecclésiastiques ou Laïques, font spécialement soumis
,
à l'autorité royale tous ne font pas personnellement comp-
tables apx mêmes ,dépositaires de cette autorité : il est dans
notre Légistation criminelle diverses attributions qui bor-
nent la Jurisdiction des Parlements de autres Tribunaux.On
voit les Pairs de France les Officiers des Cours souverai-
,
nes, la Noblesie, les Ecclésiastiques inférieurs, en posses-
sion de Juges particuliers de de privilège : fans doute la
fageste du Souverain n'aura pas privé ÍOrdre Episcopal
d'une distinction qui rend le caractère de l'accusé vénéra-
ble aux yeux des peuples, au moment même que les grands
intérêts de la société commandent que la personne ne soit
pas épargnée.
DU CLERGÉ DE FRANCE j 13 SEPTEMBRE 1785. s 59
Lorsque les François s'établirent dans les Gaules, elles
étoient régies par les Constitutions des Empereurs. Or, la
Loi mansuetudinis publiée par Constance, fils de Constan-
tin , en défendant de traduire les Evêques, fur quelque
plainte que ce soit, devant les Tribunaux séculiers, avoit
statué que la connoissance de toutes ces accusations appar-
tiendroit aux Evêques. Un Refcrit de Gratien ordonne que
les Procès criminels des premiers Pasteurs, seront instruits
à Rome par le Pape, de par le Métropolitain dans les au-
tres parties de FEmpire. En 418, Maxime , Evêque de Va-
lence, prévenu de plusieurs crimes, de notamment d'ho-
micide, fut jugé par les Evêques des Provinces voisines,
ainsi que nous l'apprend une Lettre de Boniface : les nou-
veaux conquérants ne pouvoient que respecter une forme
de procéder si analogue à la coutume où ils étoient de faire
juger tout accusé par ses Pairs. Chacun j dit le Gendre ,
Moeurs des François, étoit jugéselon les Loix de son état ÓG
par les gens de fa profeffio/ij le Clergéfélon les Canons., les
Gauloissuivant le Droit Romain, les François selon la Loi Sa-
hque le Clergé par les Gens d Eglise, la Milice par des Gens
j
de Guerre les Nobles par des Gentilshommes. D'ailleurs, la
.,
haute considération dont les Evêques jouissoient à la Cour
de dans le Conseil de nos Rois, n'auroit pas permis de dé-
pouiller les premiers d'un privilège dont ils étoient en pot.
session fous la Loi Romaine. Si un Prélats dit Pafquier,
étoit prévenu en Justice soudain on assembloit un Concile par
j
l'autorité du Roi; ÓC en cette Assemblée libre étoitfait le Pro-
t
cès a. accusé j lequel, par les voix ÓC suffrages des Evêques,
étoit condamné ou absous.... Cétoit une coutumeft familière
a la France, que ce seroit du tout errer contre l'ancienneté
qui voudroit l'ignorer. Le Roi Gontran fit assembler à Ma-
çon , en 585, les Evêques de ses Etats, pour procéder au
Jugement de quelques Prélats coupables de l'ufurpation
,
de Gondebaut, de crut devoir revêtir du sceau de son au-
torité les Décrets de ce Concile. Dans le Canon neuviè-
,
me , après avoir rappelle le voeu des dispositions canoni-
ques de des Loix Impériales, concernant l'audience sacer-
dotale de les défenses faites aux Magistrats de se mêler des
Rrr z
f 40 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
causes criminelles des Evêques, il est dit que les Compro-
vinciaux doivent prononcer la décharge, quand le Prélat
est innocent, de la condamnation lorsqu'il est coupable.
Mais c'est sous Fadministration d'un des plus grands Légis-
lateurs du Royaume, que le droit des Evêques d'instruire
seuls les Procès de leurs Collègues, est consacré de la ma-
nière la plus expresse & la plus authentique. Dans les Ca-
pitulaires de Charlemagne, regardés par les Pubhcist.es com-
me les sources les plus précieuses de notre droit national,
on stipule Fexécution de la Loi mansuetudims. Le concours
de douze Evêques, prescrit par les Conciles d'Afrique, est
déclaré néceílaire pour la validité de la procédure. II est dé-
fendu, à peine de nullité , aux Tribunaux laïques de s'ar-
roger aucune Jurisdiction sur la personne des Evêques ac-
cusés 3 de la Nation entière applaudit à la sanction du Sou-
verain, communi decreto fancimus., lit-on dans plusieurs de
ces Capitulaires : nous vivons encore fous Fempire de la
même discipline. Si FOrdonnance de Moulins de les Loix
postérieures ont apporté quelques changements à l'exercice
du privilège clérical, aucun de ces Règlements ne frappe
fur Fimmunité personnelle des Evêques, laquelle a conti-
nué d'être en vigueur, fans réserve, ni modification. Une
Déclaration émanée de Louis XIV, le z 6 Avril 1 6J7, or-
donne que le Procès des Cardinaux, Archevêques de Evê-
ques , accusés de crime de lêfe-majesté , soit instruit de
jugé, pour leur Personne par les Juges Ecclésiastiques : on
,
ne crut pas nécessaire de présenter aux Tribunaux une Loi
qui n'étoit pas constitutive d'un nouveau droit, de ne fai-
soit que maintenir Fexécution des anciennes Ordonnances.
Quoique la Déclaration de 1 657 n ait point été enregistrée en
aucune Cour 3 dit F Auteur des Loix Ecclésiastiques., elle
ne laifferoit pas d'être suivie dans la pratique, parce que les
exemptions personnelles des Evêques, selon le préambule de
la Déclaration ont été confirmées, tant par les Canons
,
des Conciles que par les Edits des anciens Empereurs
.,
Chrétiens ÓC ensuite par les Ordonnances des Rois de
,
France, SC plus encore par leurs exemples, lorsqu'ils ont
fait juger les Evêques accises du crime de lèse - majesté
DU CLERGÉ DE FRANCE , 13 SEPTEMBRE 1785. 541
durant la première, la seconde âC la troisième Race par les
Evêques assemblés. Ainsi parle un Jurisconsulte, également
recommandable par Fétendue de ses lumières, la sagesse de
ses vues de son attachement inviolable aux saines maximes.
En parcourant en effet Fhistoire de nos différentes Eglises,
il est facile de reconnoître que les délits civils des Evêques
ont été jugés par leurs Collègues dans FEpiseopat, jusqu'à
présent sans interruption. Pour nous servir des termes em-
ployés dans la Déclaration de 1 657, les Ouvrages de Gré-
goire de Tours de les autres monuments contemporains at-
testent que telle étoit la police invariablement observée sous
la première race de nos Rois : nous en avons des exemples
décisifs dans les procès criminels, faits par des Conciles à
conlumeliosus de Ries fapharac; de Paris, Marc d'Orléans,
Salonius de Gap, de Sagitaire d'Embrun, en 533,5 49,553
de 579. Mais il est peu d'événement qui marque avec plus
de précision la compétence du Corps Episcopal, que le fait
d'Egidius de Rheims, accusé de complot contre FEtat: sa
détention est ordonnée par le Roi Childebert 3 les Evêques
s'empressent de le réclamer comme leur justiciable 3 011 inf
truit, avec toutes les formes judiciaires dans le Concile de
Mets, la cause de ce Prélat : il est convaincu d'être tout à
la fois faustaire de conspirateur. Après l'avoir dépouillé de
la dignité épiscopale, ses Confrères le livrent à la main sé-
culière pour Fintérêt de la vindicte publique, en suppliant
néanmoins le Prince de lui faire grâce de la vie. Childe-
bert défère à leurs représentations, de ne condamne le cou-
pable qu'à une prison perpétuelle. On ne traita pas avec la
même indulgence, sous le Roi Thierri III, les Evêques de
Troies de de Chalon- fur -Saône punis, comme criminels
d'Etat, d'une peine capitale, après avoir été jugés de dé-
posés dans un Concile tenu à Morlaix, en Bourgogne. Ce
n'est qu'à regret, Messeigneurs de Messieurs, que nous som-
mes forcés, par la nature de cette discussion, d'arrêter vos
regards fur des scènes déplorables que nous voudrions pou-
voir ensevelir dans un éternel silence3 ces éclipses, rares de
momentanées ne fauroient obscurcir la gloire du Sanc-
,
tuaire, pour peu qu'on place à côté des écarts d'un petit
J4"L PROCES-VÈRBAL DE LASSEMBLÉE+GÉNÉRALE
nombre de Prélats, la multitude des grands exemples don-
nés constamment à la Patrie par les Evêques de France.
Les peuples étoient tellement accoutumés à regarder, fous
les successeurs de Clovis, le Concile comme le Juge ordi-
naire des causes personnelles des Evêques, que lorsque les
premières personnes de FEtat, de les Souverains eux-mê-
mes, vouloicnt immoler à leur vengeance quelques-uns de
ces Supérieurs Ecclésiastiques, ils ne le faisoient qu'après
avoir préalablement assemblé un Concile. C'est ainsi que
surent jugés Prétextât de Rouen, saint Didier de Vienne
&£ saint Léger d'Autun dans les sixième de septième siécles.
,
Les Princes Carlovingiens ne furent pas attachés moins
religieusement à cet ordre de procédure. En 800, Joseph,
Evêque du Mans, s'écant oublié au point de faire mutiler
plusieurs des Membres de son Clergé avoit été ajourné
,
devant les Evêques pour répondre fur cet attentats il s'en-
fuit déguisé en laïque : mais ce Prélat est arrêté de conduit
à Charlemagne, qui le remet entre les mains du Métro-
politain Josias, Archevêque de Tours, pour lui faire son
procès dans Fassemblée des Comprovinciaux. Des Conciles
plus nombreux procédèrent successivement sous Louis le
Débonnaire de sous Charles le Chauve, au Jugement de
Théodulphe d'Orléans, Jessé d'Amiens, Ebbon de Rheims,
Agobar de Lyon, Venilon de Sens, de autres Prélats accu-
sés de trahison ÔC de lêse-Majesté : Charles le Chauve ne
fit crever les yeux à Hincmar de Laon, pour avoir outragé
la majesté royale de soulevé les peuples contre l'autorité,
qu'après le Jugement prononcé contre cet Evêque par le
Concile Provincial de Douzy. La Lettre que ce Prince
adressa au Pape Adrien énonce en termes exprès, que les
, ,
Rois de les Empereurs ont confié aux Evêques le droit de
juger les causes de cette nature.
II étoit digne des grandes vues qui animoient Hugues-
Capet de ses descendants, de conserver à l'Ordre Episcopal
une si glorieuse prérogative. Si l'ufage de recourir d'abord
à Rome pour le Jugement des Evêques, fit insensiblement
de tristes progrès, les combats d'autorité qui se font élevés
au sujet de ces procédures entre le Clergé de France de le
nu CLERGÉ DE FRANCE, 13 SEPTEMBRE 1785. 543
Chef de I'Eglise n'ont servi qu'à manifester avec plus
,
d'éclat le défaut de Jurisdiction des Juges ordinaires fur la
personne des premiers Ministres de la Religion. Les Actes
du Concile,tenu à Saint-Basteen 991 ,à Foccasion du crime
d'Etat dont étoit accusé Arnoux, Archevêque de Rheims,
offrent à peu près la même marche judiciaire que celle qui
avoit été pratiquée fous la première Race lors de la con-
damnation d'Es;idius, l'un de ses prédécesseurs. Hugues-
Capet fait arrêter Arnoux, prévenu d'avoir livré aux en-
nemis la ville de Rheims : les témoins sont entendus dans
le Concile, le Prélat s'avoue coupable, de donne la démis-
sion de son Siège. Tous les Pères du Concile prosternés
,
aux pieds du Monarque, obtiennent qu'on n'ôte point la vie
à l'accusé dont Faffaire fut revue dans la fuite par un autre
,
Concile assemblé à Mouton en 995.
Quoique le procès criminel, commencé en 13 00 contre
Bernard Saslety., Evêque de Pamiers, n'ait pas été jugé dé-
finitivement, il fournit de précieux détails bien propres à
éclairer fur la poilession du Juge d'Eglise pour ces sortes
d'instructions. Sur la dénonciation faite à Philippe le Bel
de plusieurs crimes imputés à FEvêque de Pamiers le
,
Prince, après avoir pris des renseignements fur les lieux,
convoque à Seniis un Conseil, composé des Grands du
Royaume de autres personnes, tant séculières qu'ecclésiaí-
tiques : tous opinent qu'il ne faut pas dissimuler des excès
si révoltants, de que Bernard Sassety doit être arrêté par
son Archevêque, de au défaut de celui-ci par ordre du Roi.
Conformémentà cet avis, FArchevêque de Narbonne, alors
Métropolitain de Pamiers, ( le Siège de Toulouse n'étant
pas encore érigé en Archevêché) est sommé par Philippe le
Bel comme Juge ordinaire, de répond être prêt à faire sa
charge, assisté de ses Suffragants : il paroît effectivement
que FEvêque de Pamiers demeura fous la garde de FAr-
chevêque de Narbonne de qu'il fut procédé devant ce der-
,
nier un commencement d'information. Philippe le Bel,
à
instruit que le Pape vouloit s'emparer de la procédure écrit
,
à Boniface VIII, que dans cette affaire il avoit suivit les pas
de ses ancêtres, toujours soigneux de conserver les privi-
5"44 PROCÈS-VERBAL DE LASSÊMBLÉE-GÉNÉRALË
leges de I'Eglise 3 qu'il espéroit que le coupable seroit dé-
pouillé de sa dignité, de abandonné à la Justice Royale après
le Jugement ecclésiastique.
En 13 o8 Guichard, Evêque de Troyes, prévenu, entre
,
autres chefs, du crime de faux, est cité devant FArchevê-
que de Sens, Métropolitain, de plusieurs de ses Comproviiv
ciaux, qui joignoient à cette qualité celle de Délégués du
Saint-Siège : on saisit les biens de Faccufé 3 on le constitue
prisonniers Finformation faite en France, est envoyée en
Cour de Rome, de Finnocence du Prélat n'est reconnue
que long-temps après. Une procédure bien plus régulière,
est celle que suivit, en 1315 & en 1316, FArchevêque de
Rheims, assisté de ses Suffragants de des Evêques voisins,
contre Pierre de Latilly, Evêque de Chaalons-fur-Marne,
auquel l'on reprochoit d'avoir fait périr par le poiion son
prédécesseur, de même le Roi Philippe le Bel 3 Pierre de La-
tilly étoit en même-temps Chancelier de France : le Roi
Louis le Flutin après lui avoir ôté cette derniere charge le
, ,
fit arrêter par son Métropolitain, de invita, le 10 Juillet
1315, FEvêque de Laon de plusieurs autres Prélats à se
trouver au Concile Provincial, indiqué à Senlis par FAr-
chevêque de Rheims, pour le Jugement de FEvêque de
Chalons, que l'on croit avoir été renvoyé absous de déchar-
gé de toute accusation.
Quelque criminelle que fût la conduite du Cardinal
Balue Evêque d'Angers, de de Guillaume d'Haraucourt,
,
Evêque de Verdun, convaincus d'avoir entretenu des in-
telligences avec.les ennemis de l'Etat, Louis XI, content
de s'être assuré de leurs personnes ne .voulut point les aban-
,
donner à la Justice séculière. II envoya à Rome, au mois
d'Août 1466, afin d'obtenir des Lettres de Vicariat pour
faire le procès au Cardinal de à FEvêque chargés du crime
de lêse-majesté. Ainsi s'expriment les Envoyés eux-mêmes
dans le récit de leur députation.
íl y eut au Parlement de Paris, fous Charles VIIÎ, une
instruction commencée contre les Evêques de Périgueux
de de Montauban qu'on prétendoit avoir trempé dans des
complots contre f,Etat 3 mais le Pape Innocent VIII les re-
vendiqua:
DU CLERGÉ DE FRANCE , 13 SEPTEMBRE 1785. 545
vendiqua : le Parlement cessa ses poursuites, de les Prélats-
furent remis entre les mains des Nonces de Sa Sainteté. Au.
milieu de ces atteintes portées à la pureté de la discipline -s
on se rappelloit Fancienne Jurisdiction des Conciles Pro-
vinciaux , de les Juges Laïques avoient le courage d'avouer
eux-mêmes les bornes de leur pouvoir. François I crut de-
voir commettre le Parlement de Paris pour faire le procès
aux complices de la révolte du Connétable de Bourbon ;
deux Evêques s'étant trouvés du nombre, les Commissaires
de cette Cour s'exprimèrent ainsi par Forgane de M. de
Selve, Premier Président : Touchant les Evêques du Puy ÓC
d'Autun nous a semblé que nous ne sommespas compétents
, >
SC qu'ilfaut les renvoyer à I'Eglise. M. Lizet, pour le Procu-
reur-Général, avoit conclu à ce que le Pape nommât des
Commissaires pour juger ces Prélats 3 ÓC dans le cas, ajoute
ce Magistrat, ou le Papeseroit refusant, en suivant les saints
Canons conciliaires, que le Métropolitain appelle les Evêques
Comprovinciaux, leur faste âG parfasse leur procès le plus
diligemment que faire se pourra pardevant lesquels
les Evêques seront renvoyés, in statu quo de fub fidei cuf-
todiâ.
Après s'être adressé au Parlement de Paris pour faire le
procès à François Poncher, Evêque de Paris, accusé, entre
autres chefs, de celui de lêse-majesté, François I revenant
fur ses pas, demanda au Pape des Commissaires : de com-
me l'on ne vouloit déléguer fur les lieux que pour Finstruc-
tion de non pour le Jugement, le Prince écrivit à Rome
en 1532-5 que fi les Commissaires du Saint-Siège n'étoient
pas autorisés à prononcer définitivement, il appelleroit,
pour faire justice de l'accufé, le Métropolitain, assisté de ses
Comprovinciaux. Sans prétendre avouer la régularité des
dispositions de l'Arrêt rendu au Parlement de Paris, en 15 69,
contre le Cardinal de Châtillon, Evêque de Beauvais, nous
remarquerons que, bien antérieurement audit Arrêt, ce Car-
dinal faisoit hautement profession de Calvinisme de s'étoit
marié publiquement avec Mademoiselle d'Hauteville. , Dès
Fannée 15 6 3, le Pape Pie IV l'avoit déclaré déchu de la Pour-
pre Romaine, de de la dignité Episcopale : il fut reconnu
Procès-verbal de 1785, Sss
54^ PROCES-VÊRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

contumace Fannée suivante 15^4, au Concile Provincial


de Rheims. On ne donna aucune fuite à un décret de prise-
de-corps décerné par le Parlement de Bordeaux en 1614,
contre le Cardinal de Sourdis, Archevêque de Bordeaux,
qui n'avoit pas craint d'enfoncer les portes des priions roya-
les pour en enlever un criminel. Louis XIII voulut que
,
le Pape prît connoistance de cette affaire : ïl y eut inter-
diction prononcée contre le Cardinal, qui tut en mcme-
temps exilé par le Roi, de ne revint que trois ans après
dans son Diocèse, où il reprit ses fonctions ordinaires,
même au Parlement, fans avoir jamais purgé son décret.
Les derniers Evêques de France qui aient été jugés cri-
minellement sont quelques Prélats impliqués, sous Louis
XIII, dans la, révolte de Gaston de France, de autres af-
faires publiques : FArchevêque d'Arles de trois autres Pré-
lats François porteurs d'un Bref commissoire du Pape Ur-
bain VIII, enregistré au Parlement de Paris, instruisirent
seuls ce fameux Procès : deux des accusés furent renvoyés
dans leurs Diocèses, en attendant de plus amples informa-
tions 3 un autre Prélat fut déchargé de l'accufation : on dé-
clara FEvêque d'Albi criminel de lêíe-majesté, de comme
tel privé de son Evêché , avec prière au Roi de vouloir
bien se borner à le faire enfermer dans un Monastère, en
considération de fa dignité 3 la peine de déposition fut éga-
lement prononcée par les mêmes Commistaires contre René
de Rieux, Evêque de Lyon 3 tous ces Jugements furent mis
à exécution. Si les Astemblées du Clergé de 1 645 de de
1650 élevèrent à ce sujet la voix, c'est que la Jurisdiction
du Pape exercée en première instance sur la personne d'un
Evêque, est visiblement contraire à Fancien droit reçu dans
le Royaume 3 mais il demeura toujours pour constant que
le Jugement des Evêques étoit du ressort des Tribunaux
Ecclésiastiques. A peine étoit-on informé d'un Arrêt du
Parlement de Toulouse , qui avoit décrété de prise-de-
corps, en 1651, M. de Rebé, Archevêque de Narbonne,
pour malversations prétendues dans l'administration de la
Province, que cette procédure fut castée par un Arrêt du
Conseil, qui la qualifie d'attentat inoui 3 ordonne que l'Arrêt
DU CLERGÉ DE FRANCÈ-Ò Î 3 SEPTEMBRE 1785. 547
du Parlement sera rayé de dessus les registres, avec défense
d'en rendre de semblables, à peine de désobéissance. Une
Commission du Conseil du Roi, adreíìée au Parlement de
Paris en 1657, pour faire le procès au Cardinal de Retz,
pour crimes d'Etat, fut révoquée de déclarée nulle par un
Arrêt du Conseil, du 1 6 Avril 1657. M. Fleuri dont on
,
connoít les. vues sages de modérées, n'hésite pas de traiter,
dans ses Institutions au Droit Ecclésiastique cette Com-
,
miíìïon d'attentat contre Fimmunité personnelle des Evê-
ques. Le Sieur le Vayer, Archidiacre du Mans, prétendant
avoir été maltraité de paroles de voie de fait par FEvêque
de cette Ville, avoit rendu fa plainte au Parlement de Pa-
ris de obtenu permission d'informer contre ce Prélat. Mais
,
par Arrêt du Conseil, du 11 Mars 1658 , fur la Requête
des Agents - Généraux du Clergé, les Parties furent ren-
voyées pardevant le Métropolitain de Tours, pour leur être
pourvu avec l'avis des Evêques Comprovinciaux. Enfin,
de nos jours il étoit intervenu au Parlement de Rennes
, ,
le 15 Juillet 177 z un Décret d'astigné pour être oui, con-
,
tre M. FEvêque de Rennes, prévenu de violation de dépôt:
FAssemblée du Clergé, qui tenoit alors extraordinairement
ses Séances, crut devoir déférer à la justice de Louis XV,
un Arrêt si incompétemment rendu. Un premier Arrêt du
Conseil ordonne l'envoi de toute la procédure, avec dé-
fense d'y donner suite. Après divers incidents dont il est
inutile de vous rendre compte, Sa Majesté, actuellement
régnante, a cassé de annullé, le 15 Décembre 1775, l'Ar-
rêt du Parlement de Rennes, ensemble toute la procédu-
re , qui a été rayée de desius les registres. Les Délibérations
de FAssemblée du Clergé de 1772- sont visées dans l'Ar-
,
rêt du Conseil, de les Lettres-Patentes expédiées fur icelui.
Sa Majesté annonce dans le préambule la réformation dudit
Arrêt, comme une fuite de la protecîwn quElle ne cessera
d accorder aux Evêques de son Royaume.
Voici, Messeigneurs de Messieurs, une chaîne non in-
terrompue d'autorités, bien propres à fixer Fopinion pu-
blique fur le Tribunal érigé par les deux Puissances pour
instruire les causes criminelles des Evêques, tandis que des
Sss z
r.48 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Loix expresses de foiemnelles qui n'ont été, ni révoquées,
,
ni modifiées, en renvoient connoiflance à leurs Collè-
la
gues dans FEpiseopat 3 quatorze cents ans de possession nous
montrent les plaintes contre les premiers Pasteurs examinées
ordinairement dans le Concile de la Province, ou dans des
Conciles plus nombreux, portées quelquefois devant les
Commissaires de notre Saint-Pere le Pape, mais toujours
jugées par d'autres Evêques 3 nul genre de délit n'est ex-
cepté de cette forme de procéder, sondée sur la dignité de
Faccusé, de non fur la nature de l'accuíation. Les Evêques*
dit M. le Bret, Avocat - Général au Parlement de Paris
,
les Evêques par un privilège spécial jont exemptés de ré-
j, _,
pondre devant les Juges séculiers lorsqu'ils font accusés de

quelques grands crimes ÔC bien que le crime de lêse-majesté
4
<5C d'entreprise contre l'Etat devroit être excepté ÓC que
j
son atrocité dût faire cejser tous les privilèges néanmoins nos
_,
anciens Rois ont porté tant d'honneur a cette dignité 3 qu'ils
n'ont jamais voulu les faire juger que par d'autres Evêques
assemblés en Synodes. Un coup-d'oeil fur les faits dont cher-
chent à se prévaloir les ennemis de nos privilèges, achè-
vera de répandre la lumière. La Pratique des douze pre-
miers siécles est si évidemment favorable au droit épisco-
pal que sous cette grande de belle époque, on ne cite que
, ,
quelques ordres émanés du Trône pour mander des Evê-
ques à la Cour, s'assurer de leur personne, ou les tenir éloi-
gnés de leurs Diocèses 3 actes d'administration bien étran-
gérs aux formes contentieuses de à Finstruction judiciaire.
On nous opposeroit en vain dans les âges suivants, les Let-
tres d'abolition accordées par nos Rois, & enregistrées dans
les Cours séculières, en faveur de Claude de Saint-Bonnet,
Evêque de Nîmes, de quelqu'autres Prélats, qui crurent
devoir prévenir ainsi Féclat d'une condamnation juridique.
Nous nous ferons toujours un devoir de reconnoître hau-
tement que le Prince jouit exclusivement du droit de faire
grâce, &£ peut seul éteindre le crime dans Fordre politi-
que : il importe essentiellement aux Parties qui recourent
à la clémence du Souverain, que les Lettres d'abolition
qui sont expédiées, se conservent dans des registres connus,
DU CLERGÉ DE FRANCE, I 3 SEPTEMBRE 1785. 549
authentiques de durables. Le Concile de la Province ne
forme pas un Tribunal toujours subsistant. Quel dépôt plus
sûr que celui du Greffe des premières Cours de Justice,
chargées d'ailleurs de veiller au maintien de la tranquillité
publique de qui pourroient déja avoir été saisies de quel-
,
que plainte de dénonciation à ce sujet !
Une induction plus spécieuse, est celle tirée de quelques
procédures faites par le Juge ordinaire contre des Evêques,
au milieu des troubles intérieurs qui agitèrent les quinziè-
me de seizième siécles. Mais on ne fauroit distinp-uer avec
trop de soin Finstruction préparatoire des Arrêts définitifs :
il y a généralement parlant, bien loin de la compétence
,
nécestaire pour juger un accusé, à celle qui suffit pour le
décréter. Preíque tous les exemples qu'on invoque ne pré-
,
sentent que des commencements de procédures, abandon-
nées bientôt par les Juges eux-mêmes : on peut mettre quel-
ques-uns de ces Décrets au rang des meíures provisoires,
que d'impérieuses circonstances forcent à prendre quelque-
fois contre des voies de fait, qui ne peuvent être trop
promptement réprimées. Depuis Rétablissement de la Mo-
narchie dit AL d'Héricourt, les Evêques accusés des crimes
j
les plus graves ont été jugés par les autres Evêques dans
j
le Concile Provincial- Cependant s'il arrive qu'un EJvêque cauje
du trouble dans l'Etat par ses actions Jes paroles ou Jes
,
écrits les Parlements peuvent en arrêter les fuites par la
j 3
saisie du temporel, ou par d'autres voies en attendant que
,
le Concile ait prononcéJur le fonds ; maxime dont la riva-
lité des Jurifdictions peut abuser en des moments d'orage,
mais qui, resserrée dans ses véritables bornes, fera toujours
applaudie des Evêques François» En 1710, le Cardinal de
Bouillon Doyen du Sacré Collège, de en cette qualité
,
Evêque d'Ostie, non content de quitter le Royaume avec
le secours des troupes ennemies, écrit au Roi qu'il abdi-
que fa qualité de sujet, de ne le reconnoît plus pour son
Souverain. L'excessive licence d'un pareil attentat, dut lais-
ser des traces profondes dans Famé de Louis XIV. Le Car-
dinal de Bouillon n'étoit point Evêque en France. Ayant
brise tous les liens qui sattachoient à fa Patrie, il ne pou-
5Jo PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
voit être réclamé par aucun Corps 3 de cependant après la
saisie des biens de ce Prélat, de le Décret de prise-de-corps
prononcé contre lui par le Parlement de Paris, les Magis-
trats s'arrêtent, Finstruction n'est point suivie , de jamais le
Cardinal de Bouillon n'a été juge. Tant ce grand Prince,
qui manioit d'ailieurs avec tant de fermeté les ressorts du
Gouvernement, étoit éloigné de vouloir toucher aux for-
mes anciennement établies pour le Jugement des Evêques:
nous ne disconviendrons pas néanmoins que Gennebrald,
Archevêque d'Aix n'ait été jugé définitivement par le Par-
,
lement d'Aix en ij$6> fans aucune intervention.du Tri-
bunal Ecclésiastique : il'étoit instant d'arrêter les excès de
ce fameux Ligueur 3 la situation des affaires ne permet-
toit ni d'asiembîer le Concile de la Province, ni de de-
,
mander au Saint-Siège des Prélats-Commiílaires. Le Par-
lement d'Âix ne se crut pas néanmoins en droic de procé-
der,'avant une autorisation spéciale de Henri IV 3 auto-
risation qui ne pouvoit être refusée aux besoins de au íalut
de la Patrie : mais ce fait, unique dans toute la. Jurispru-
dence Françoise, ne sauroit devenir un titre aux Tribunaux,
pour, dans des temps paisibles, juger les Evêques accusés
au préjudice de ì'aíage de de la Loi.
Et qu'on ne dise pas que c'est ici un de ces privilèges
toujours révocables à la volonté du Souverain. Oh ! com-
bien un pareil langage difléreroit dé ces maximes si tou-
chantes de si belles dans la bouche des Maîtres du monde :
'Benejiciumpnncipis deceteffe manjurum, privilégia Ecclefiis
concesa custodiantur digna vox est majestate regnantis Legi-
j
í?us alligatum se profite ri. II ne faut pas confondre les pré-
rogatives immémoriales des grands Corps de l'Etat, si chers
aux amis de la constitution monarchique, avec cette mul-
titude d'exemptions nouvelles particulières, de onéreuses
aux autres Citoyens: Abolisse^ les privilèges des Seigneurs3
du Clergé de la Noblesse SC des Villes vous verres bientôt
3 3
un Etat populaire ou un Etat despotique. Ce sont les paroles
du célèbre Auteur de FÊfprit des Loix. Quelles fortes de
puissantes considérations feroient dépouiller les Evêques du
m-oit de juger leurs Pairs de leurs Collègues ? Craint-on que
DU CLERGÉ DE FRANCE , 13 SEPTEMBRE I 7 85. 551
f exercice de cette Jurisdiction n'assoiblisse Funiversalité,
la plénitude de Findépendance de la puissance temporelle,
ou ne favorise une dangereuse impunité ? Jamais alarme
plus destituée de fondement. L'illustre M. Bossuet observe
avec raison, qu'il n'est aujourd'hui dans toutes les parties
de la Chrétienté, ni Prêtre, ni Evêque ni Cardinal qui
,
ne s'avoue hautement soumis aux Princes de la terre dans
Fordre civil de politique. Telle a été, dans tous les temps,
la doctrine du Clergé de France 3 les Actes de l'Assemblée
de 1765 portent, en termes exprès, que le précepte d'être
soumis aux ,
Puissances supérieures regarde non-feulement
les Laïques mais tous les hommes fans distinction, fussent-
ils Prêtres 3 Apôtres SC Evangélistes, ÔG que les Ministres
3
de Jésus- Christ ne prétendent d'autres prérogatives fur cet
objet que celles de pouvoir resserrer par leur enseignement
j 3
comme par leur exemple les liens de fidélité d amour ÔQ
d'obéissance qui unissent les, Sujets a leur Souverain.
3
Les Evê-
ques osent asurer Votre Majesté', disoit à Louis XV la
même Asi emblée, quElle n a point de Sujets plus fidèles
ÓC plus attachés à votre autorité;
nous la respectons, nous
la chérissons cette autorité souveraine, à l'abri de laquelle
I'Eglise jouit de ses droits ÓG de ses privilèges
. -
Les Pairs de France croient-ils attenter à la souveraineté.,
parce qu'ils établissent qu ils ne doivent être jugés que par leurs
Pairs? Les Officiers du Parlement p rétendent-ds au fyfiême
d'indépendance, en disant qu'ils nefont justiciables que de leur
Compagnie? Pourquoi les Evêques feroient-ds traduits com-
me ennemis de votre autorité3 en réclamant le droit dontils
ont toujours joui de n être jugés que par leurs Pairs ? D'un
autre côté, suivant M. le Premier Président de Lamoignon
dans le Procès-verbal de FOrdonnance de 1670, en par-
lant du privilège clérical, toutes les cérémonies qui concer-
nent la dignité du caractère 3 apportent bien quelques lon-
gueurs 3 mais au fonds elles n empêchent pas qu'onfaste jus
tice des crimes. Dire que les liens de la fraternité épiíco-
pale enchaînent l'activité des Juges, ou modèrent la sévérité
du Jugement, ce seroit méconnoître l'esprit qui préside à
la célébration des Conciles, ce seroit démentir la foi publi-
f$z PROCÉS-VËRBÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
que de nos Annales qui, dans les Actes de ses Assemblées,
,
nous présentent moins de décharges que de condamna-
tions. Le seul nom de Concile inspire une force supérieure
de vraiment sacerdotale ; le véritable honneur d'un Corps,
qui seroit bientôt íans pouvoir, s'il étoit fans vertu, con-
sistera toujours à retrancher de son sein, d'une main ferme,
les Membres infects de corrompus. Entre les peines que les
Juges d'Eglise peuvent infliger aux Prélats coupables dans
la discipline présente, il en est, comme la déposition de la
perte de la liberté, de bien propres à contenir, par une ter-
reur salutaire, celui qui ne seroit pas guidé par le íaint
amour des règles 3 mais le Clergé de France ne prétend
point que les crimes d'un Evêque, de quelque nature qu'ils
soient, ne doivent être réprimés que par la voie des expia-
tions canoniques. Si se délit étoit du nombre de ceux que
frappe le glaive de la Puissance temporelle, après Finstruc-
tion de le Jugement du procès dans le Concile le Prélat
,
sera remis entre les mains du Prince 3 les Juges deviendront
alors ses interceíseurs, fidèles aux Loix d'un ministère qui
ne peut jamais vouloir le sang du coupable. Là cesient les
fonctions du Tribunal Ecclésiastique 3 c'est au Souverain à
peser dans fa profonde sagesse si la suprême Loi du bien pu-
blic exige qu'il soit donné un exemple de justice ou de
clémence. Quelque rigoureuse que soit la condamnation,
reçue de tous les Ordres du Clergé avec une soumission
reípectueuse, elle pourra bien faire couler des larmes, mais
elle n'excitera aucune plainte 3 il sera donc rempli dans toute
son étendue le triste & pénible devoir de punir, de les pri-
vilèges de I'Eglise. n'enlèveront point à l'Etat les victimes
infortunées que réclame la fureté de Fordre social.
C'est ainsi que, considérée fous son véritable point de
vue, Fimmunité personnelle des Evêques n'est, ni contraire
aux droits de la Puissance temporelle, ni favorable à Fim-
punité du crime 3 de que traînant à fa fuite les loix, usages
de maximes du Royaume, elle appartient au Droit Public
de la France, de fait partie de ses propriétés précieuses qui
reposent à Fombre du Trône de sous la garde du Souverain.
Vous envisagerez toujours, comme un de vos premiers de-
voirs ,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 13 SEPTEMBRE 1785, 553
voirs, Messeigneurs de Meilleurs , le soin de transmettre
sans altération à vos fuccefleurs, le dépôt que vous avez
reçu des grands hommes qui vous ont précédés : un plus
ìong silence tromperoit Fattente de nos Eglises, ôc" même
celle de tous les ordres de Citoyens. Quoique le Diocèse
de Strasbourg ne soit pas du nombre de ceux qui sont régis
par votre administration temporelle, la ville de Strasbourg
est en France, M. le Cardinal de Rohan est Evêque Fran-
çois il n'en faut pas davantage pour exciter votre vigi-
,
lance de motiver vos représentations. Sans doute ce Prélat
ne fauroit trouver un Tribunal plus digne de la confiance
publique, que celui devant lequel Finstruction de fa cause
vient d'être renvoyée par les Lettres-Patentes du 5 Sep-
tembre dernier 3 mais les Loix canoniques de civiles don-
nent à Faccufé d'autres Juges. Si les Lettres-Patentes étoient
exécutées,un Cardinal, revêtu des premières Dignités de
I'Eglise de de l'Etat, seroit traité avec moins d'égards que
les Ecclésiastiques inférieurs, en possession de n'être jugés,
en matière criminelle, qu'avec le concours des Jurifdictions
Ecclésiastiques de Séculières : la circonstance de personnes
Laïques impliquées dans l'accufation, ne prive point M. le
Cardinal de Rohan du droit qu'il a d'être jugé par ses Col-
lègues dans F Episcopat. Pour peu qu'on ait quelqu'expé-
rience des Officialités, on fait que de pareilles instances
criminelles, concernant les personnes Ecclésiastiques, sont
portées devant les Juges d'Eglise de y demeurent pendantes,
tandis que le procès des Laïques coaccusés est instruit au
Siège Royal. Quand même il seroit vrai que M. le Cardinal
de Rohan auroit consenti à procéder au Parlement de Paris,
un privilège qui est de droit public, qui a été accordé au
caractère de non à la personne, de intéresse tout FOrdre
Episcopal, ne cesse point par Facquiescement de la Partie,
suivant la maxime fi bien développée par le Pape Innocent
III, maxime que les Jurisconsultes de les Magistrats s'accor-
dent à nous représenter comme ayant force de Loi dans le
Royaume. Mais afin de mieux assurer le succès de notre
demande en rapport des Lettres-Patentes il est indispen-
,
sable de ne laisser aucun nuage dans l'efprit du Roi de des
Procès-verbal ^1785. Ttt
554 PROCES-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Ministres de Sa Majesté fur Forigine, la nature de les con-
séquences de Fimmunité personnelle des Evêques peinte
,
sous des couleurs bien peu favorables dans des Ouvrages
accrédités.
Nous avons Fhonneur de vous proposer :
i°. D'écrire au Roi fans retardement une Lettre tou-
chante 6e respectueuse, par laquelle Sa Majesté íera. très-
humblement suppliée de calmer les justes alarmes qu'ont
causées à I'Eglise de France les Lettres-Patentes qui attri-
buent au Parlement de Paris la connoiíîance de ie jugement
de Faffaire dans laquelle est impliqué M. ie Cardinal de
Rohan.
z°. De joindre à cette Lettre un Mémoire qui rappelle
avec précision les maximes de usages d'u Royaume, fur le
droit que les Evêques ont d'être jugés par d'autres Evêques
en matière criminelle.
3°. De prier Monseigneur FArchevêque de Narbonne
de vouloir bien se charger de la rédaction de la Lettre que
l'on propose d'écrire à Sa Majesté en cette importante
astaire.
Le Rapport fini, FAssemblée, après avoir donné de justes
éloo-es au travail de Messeio-neurs de de Messieurs les Con>
miliaires, de en particulier à celui de Monseigneur FAr-
chevêque d'Arles, a délibéré:
i°. D'écrire au Roi íans retardement une Lettre tou-
chante & respectueuse, par laquelle Sa Majesté sera sup-
pliée très-humblement de calmer les justes alarmes qu'ont
causées à I'Eglise de France les Lettres-Patentes qui attri-
buent au Parlement de Paris la connoissance de le Jus;e-
nient de Fafiaire dans laquelle est impliqué M. le Cardinal
de Rohan.
i°. De joindre à cette Lettre un Mémoire qui rappelle
avec précision les maximes de usages du Royaume, íur le
droit que les Evêques ont d'être jugés par d'autres Evêques
en matière criminelle.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne a été prié
de vouloir bien se charmer de la rédaction de la Lettre qui
doit être écrite à Sa Majesté en cette importante afîàire.
DU CLERGÉ DE FRANCE,14 SEPTEMBRE 178/. s 5$
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 14 Sep-
tembre à 9 neuf heures du matin.
,
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque de Primat
de Narbonne, Président.

DU MERCREDI, QUATORZE SEPTEMBRE 1785,


à neuf heures du matin.

Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

MOnseigneur FEvêque de Meaux étant entré pour la LXXXIV


SÉANCE.
première fois, a témoigné à l'Assemblée combien il
avoit été affligé de ce que le mauvais état de la santé ne
lui avoit pas permis de paroître plutôt à ses Séances. Ce
Prélat a prêté ensuite le serment accoutumé, qui a été lu
par un des Secrétaires de l'Assemblée.
Mefleieneurs de Messieurs les Commissaires ont été tra-'
o
vaiîler à leurs Bureaux. -

La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 15 Septembre;


à neuf heures du matin.

Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque de Primat


de Narbonne, Président.

DU JEUDI, QUINZE SEPTEMBRE 1785,


à neuf heures du matin.

Monseigneur FArchevêque de Rheims, Président.

MOnseigneur FArchevêque de Rheims a prié Monsei- LXXXV


SÉANCE,'
gneur FEvêque de Lavaur de Monsieur l'Abbé de
Grainville de témoigner, au nom de FAssemblée, à Mon-
seigneur FEvêque de Montpellier la part qu'elle prend à
ion indisposition.
Tt t %
v s 6 PROCÈS-VERBAL DE LASSÊMBLÉE-GÉNÉRALE
Messeigneurs de Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, i 6 Septem-
bre à neuf heures du matin.
,
Signé ^ Al. A. Archevêque-Duc de Rheims, Président.
DU VENDREDI, SEIZE SEPTEMBRE 1785,
à neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

LXXXVI ~lk M"Esseigneurs de Messieurs les Commissaires, pour la


SEANCE. _LVJL Religion de la Jurisdiction,
ont pris le Bureau. Mon-
seigneur FArchevêque d'Arles, Chef de la Commission, a
fait Lecture d'un Mémoire au Roi, concernant Fimmunité
personnelle des Evêques. Ce Mémoire a été universellement
approuvé. II a été délibéré de Finférer dans le Procès-verbal,
& Monseigneur FArchevêque de Narbonne a été prié de
vouloir bien le présenter à Sa Majesté, avec la Lettre qu'il
avoit été prié d'écrire au nom de l'Assemblée. Monseigneur
FArchevêque de Narbonne a fait lecture de cette Lettre,
de l'Assemblée lui en a témoigné la plus grande satis-
faction.
Messeigneurs de Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à cejourd'hui, quatre heures
de relevée, chez M. le Garde des Sceaux pour la signature
des Contrats, de à demain Samedi 17 Septembre aux
Grands-Augustins, à neuf heures du, matin. ,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 16 SEPTEMBRE 1785. s5?

LETTRE
DE 'L'ASSEMBLÉE AU ROI,
SIRE,
No u s mettons avec confiance fous les yeux de VOTRE
MAJESTÉ les titres ÓC les motifs développés dans le Mémoire
3
que nous prenons la liberté de lui présenter.
Loin a jamais de notre esprit c% de nos coeurs toute pensée
qui tendron a nous soustraire à l'obéissance qui vous est due ;
nous chérissons3 SIRE3 autant que nous révérons les carac-
tères inaltérables de votre puissance royale ., l'indépendance 3
Iuniversalité la plénitude de votre autorité dans l'ordre des
_,
choses temporelles ; Elle n a fans doute rien à emprunter daw
cune autre Puifiance fur la terre pour atteindre aux objets
auxquels elle doit pourvoir ; mais la même puifiance peut être
diversement exercée sans rien perdre de son intégrité, m de
3
t
ses droits essentiels; ÓC uniformité de la soumission n est pas
plus incompatible dans un Etat monarchique avec des privi-
3
lèges particuliers, qu'avec la distinction des rangs ÓG l'inéga-
lité des conditions.
Fous regne^, SIRE, fur les Princes SC Pairs de votre
Royaume, fur les Gentilshommes, fur les Magistrats de vos
Cours Souveraines ; tous font également vos Sujets tous font
3
vos justiciables ; leurs causes cependant ne font point instruites 3
leurs personnes ne font point jugées comme celles des autres
Citoyens.
Les Clercs ont des Juges indiqués par la Loi ; les Ordon-
nances ont réglé les diverses procédures à suivre 3 selon
la di-
versité des délits dont ils font accusés, ò% l'Ordre Episcopal,
$5$ PROCES-FERBAL DE L
ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

SIRE, que les Empereurs Romains 3 réputés les plus sages 3


que les Conquérants qui ont
fondé la Monarchie Françoise,
respectées porteront aux gé-
que Charlcmagne 3 dont les Loix
nérations Les plus reculées le voeu des peuples nombreux
3
soumis à son Empire que saint Louis 3 ce Prince éclairé3
3
aujfi attaché aux devoirs de la Religion, que T^élé défenseur
des droits de la royauté', se sont plu a revêtir de distinctions
ÓC de prérogativesj l'Ordre E,piscopal3 dont tant de monu-

ments consacrent les privilèges, nauroit pas même de. pri-


vilège à réclamer.
Nous rendrons cette contradiction plus sensible 3 en lJap-
pliquant aux circonstances actuelles. Qu'un Ecclésiastiquejoit
impliqué dans l'affaire qui s'instruit fous nos yeux au Parle-
ment de Paris , il aura incontestablement le droit de réclamer
son Juge naturel, tandis que son Supérieur dans la hiérar-
chie ne paraciperoit en rien aux prérogatives de son Ordre.
_,
Les Loix, SIRE, qui régifient votre Empire3 n'ont ja-
mais voulu tendre de pièges à vos Sujets ; elles ne leur pré-
sentent point d'illusion : c'en seroit une manifeste qu'un pri-
t
vilège reconnu dont exercice ne pourroit jamais avoir lieu.
3
Il existe donc un autre ordre de choses ÓC c'efi celui que nous
3
réclamons celui qui réunifiant íineffaçable sanction des
, 3
Loix des Souverains ÓC de la Nation a prescrit qu'un Evê-
j 3
que accusé doit être jugé par les Evêques ses Collègues.
3
Plus nous réftéchifions fur la nature ÓC les effets de ce
privilège 3 moins nous appercevons en quoi il pourroit alarmer
la Puifiance royale. Il seroit injuste de luisupposer pourfonde-
ment des erreurs que I'Eglise de France a toujours combattues.
Nous tenons fermement que notre consécration au ministère
des saints Autels ne nous affranchit point des devoirs aux-
3
quels nous a fournis notre naissance ÓC nous n'avons aucune
,
réclamation à former qui fou inconciliable avec cette précieuse
vérité.
DU CLERGÉ DE FRANCE , T 6 SEPTEMBRE I 7 8 5. 550
Cf/Z /Í? respect pour la Religion qui a donné naissance
, aux
privilèges attribués a ses Minisires. Celui de Vimmunité
per-
sonnelle dans les Jugements accordé aux Evêques, s'est trouvé
3
conforme aux moeurs des premiers François ils voulaient
:
que tout accusé futjugé par ses Pairs. L'approbation SC l'au-
thenticité qu'il a. reçues fous les deux premières races de
nos
p^ois, Vont associé au Droit Public de la Nation; ÓC fi, dans
des temps postérieurs il a paru quelquefois défiguré
3 ou obs-
curci par des prétentions que VEglise Gallicane n'a jamais
partagées renfermé dans ses justes bornes par des Evêques
,
François Pontifes auffi T^élés que Sujets fidèles, d subsiste
3
dans son intégrité, ainsi que dans sa pureté. Il n'offre donc
rien dans son principe , qui puisse blesser la puissance des Prin-
ces , puisque nous reconnoifions qu'il efi émané d'elle*
L'ufage que nous, devons en faire préfenteroit-il des in-
,
convénients alarmants pour la société ? Nous sommes auffi
éloignés ,SIRE de favoriser, dans
, aucun Membre de no-
tre Ordre, Vimpunité, que Vindépendance ; ÔC quand Vauto-
rité souveraine a confié à notre vigilance
une partie de ses
intérêts, elle ne les a ni trahis ni desservis.
3 3
Plus coupables que les autres hommes quand nous som-
,
mes afie^foibles pour oublier nos devoirs., nous méritons d'y
être rappelles par la sévérité de nos propres Loix. La sain-
teté des maximes dans lesquelles nous puisons nos Juge-
ments , ajoute , à la difformité du vice 3 des traits qui ne font
point appcrcus par les Tribunaux ordinaires. Quel danger a
donc à redouter la société d'une autorité qui loin de laisser
3
les crimes impunis s'élève avec rigueur contre les violations
3
les plus légères ?
Notre Jugement doit il efi vrai, précéder tout autre Juge-
3
ment ; mais nous ne voulons , ni retarder l'administration aes
preuves 3 ni nuire d leur conservation ; ÓC quand elles con-
courent à attirer fur la tête de Vaccusé des peines capitales ÓC
560 P'ROCÉS-FERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÊRALE
asfiictives, nous ne déguisons point le crime. Mais fidèles à
l'esprit de notre ministère, nous implorons pour le coupable
ïa clémence du Prince, fans prétendre enchaînerfa justice.
Tel efi3 SIRE, le privilège que JÎOUS réclamons : son
erigine efi antérieure d Vétablissement de la Monarchie : il
nous a été fidèlement transmis d'âge en âge ; cefl un dépôt
dont nous sommes comptables envers nos successeurs.
Il a pour fondement des motifs légitimes : il a été accordé,
non pour un temps , non d des personnes particulières , mais
pour toujours., ÓC au premier Ordre de votre Royaume : il
n efi donc, ni versatile3 ni arbitrairement révocable ,*d repose,
comme tous les droits les plus précieux des Citoyens,fous la
garde immédiate de votre protection royale ; ÓC c'est le motif
le plus puissant de notre respectueuse confiance.
Noussommes avec la plus respectueuse soumission,
3

DE VOTRE MAJESTÉ,
SIRE,
A Paris cc \6 Septem-
, Les très-humbles, très-obéiíîants &
bre 1785. très-fidelcs Sujets &: serviteurs,
Les Archevêques Evêques & autres
,
Députés à l'Aíîemblée Générale
du Clergé de France.
-
Signé, ^* Ar. Ri. Arch. & Primat
de Narbonne.
L'Abbé DE PÍRIGOR.D, ancien
Agent & Secrétaire.
L'Abbé DE DILION, Secrétaire.

MÉMOIRE
DU CLERGÉ DE FRANCE, 16 SEPTEMBRE I 7$ f. j 61 "
MÉMOIRE
Présenté au Roi sur Vimmunité personnelle des Evêques.
U Ne des principales prérogatives des Evêques de France
a toujours été de n'être jugés, en matière criminelle,
que par leurs Collègues dans l'Epifcopat pour les délits, soit
ecclésiastiques, soit civils, &C même pour les plus graves
accusations. Ce privilège fut, dans fa naistance, un bien-
fait du Souverain. II ne tendoit qu'à conserver i'honneur
du caractère1,fans blesser les intérêts de la société. Des Ouvra-
ges accrédités le peignent fous des couleurs bien différentes.
Quelques détails fur l'origine, i'exercice e£ les preuves de
fimniunité personnelle des Evêques feront voir que consi-
déré fans son principe, cette immunité n'est point contraire
aux droits de la Puiífance temporelle j qu'envisagée dans ses
eífets, elle ne favorise point Timpunké du crime -, 8c qu'exa-
minée dans les titres qui l'étabìiífent, l'immunité person-
nelle des Evêques appartient au Droit Public du Royaume,
cc qu'elle est digne de toute la protection d'un Roi juste ô£
bienfaisant, qui compte parmi les précieux apanages de la
royauté, la conservation des privilèges des grands Corps de
l'Etat & des différents ordres de Citoyens.
C'est avec douleur que, forcés, par la nature de cette dis-
cussion, à parler des accusations les plus capitales, on rap-
pellera quelques attentats qu'on voudroit pouvoir ensevelir
dans un éternel silence. Ces éclipses momentanées n'obscur-
ciront pas la gloire du Sanctuaire aux yeux de quiconque
placera à côté du petit nombre de Prélats qui ont eu le
malheur de s'égarer, les exemples éclatants de fidélité o£ de
patriotisme que n'a ceífé de donner une multitude d'Evê-
ques, auísi zélés Citoyens que vertueux Pontifes.
L'immunité personnelle des Evêques, considérée dans son
principe n'est point contraire aux droits de la Puifiance
_,
temporelle.
Quelqu'éminent que soit le caractère épiscopal, Un élevé
Procès-verbal ^1785, Uuu
jôi PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

pas toujours ['humanité au-destus des paillons. La sainteté


des fonctions confiées aux premiers Pasteurs, l'afcendant
&í la force de leurs exemples, tout rend dans un Evêque
le crime plus grand &C l'impunité plus dangereuíe. De-là
l'attention de I'Eglise dans les beaux jours du Christianis-
er >
me, à déterminer le Tribunal qui devoit connoître des ac-
cusations portées contre les Supérieurs Ecclésiastiques", Tri-
bunal dont rétabli!!ement consacré par la vénération de
tous les âges, a souvent été rappelle avec éloge dans ces
derniers siécles par la Magistrature françoife. En ce beau ÔC
heureux temps écrivoit en 15 69, au nom du Roi, M. Du-
,
mefnil, Avocat-Général du Parlement de Paris, surent te-
nus plusieurs Conciles, es quels fut ordonnéque les Evêques....
feroient punis ÔC châtiés, quand le cas écherroit, par leurs
Comprovinciaux. Suivant M. Joly de Fìeury, portant la
parole au Parlement de Paris en qualité d'Avocat-Général,
le premier Avril 1710, le Prélat accusé efi soumis à la Ju-
risdiction du Métropolitain ÔC des Evêques de la Province.
Les Conciles continue ce Magistrat, n ont pas voulu confier
3
V honneur ÓC la réputation d'un Evêque à un seul, ni au petit
nombre de ses Confrères. Ils ont établi la nécessité d'assembler
dou^e Evêques. S'il ne s'en rencontre pas un nombre suffisant
dans la Province on a recours aux Evêques voisins pour
,
Jugement. Sans doute il ne falloit que le voeu
concourir au
des Canons pour attribuer aux Evêques de la Province la
connoistance des contraventions aux Loix de I'Eglise j mais
la cauíe d'un Evêque, acculé d'avoir enfreint les Loix de
l'Etat, ne pouvoit erre réservée à la Jurisdiction du Con-
cile Provincial que par une concefíìon du Souverain, source
de toute justice en la temporalité1.
Ce íera toujours pour les Chefs de la Religion un devoir
bien doux de reconnoître hautement que l'autorité du
Prince, fur les personnes consacrées au service des Autels,
n'est j ni moins étendue, ni moins pleine que celle dont il
jouit fur ses autres Sujets. Nés François, Ministres de celui
que les Rois représentent sur la terre, placés à la tête du
Sanctuaire par le choix du Souverain, les Evêques ne ré-
clament d'autre prérogative que de pouvoir resserrer, &
DU CLERGÉ DE FRANCE , 16 SEPTEMBRE 1785. 5 6 \
par leur enseignement, &C par leurs exemples les liens de
fidélité, d'amour &C d'obéissance qui unissent le Monarque
SC la nation. Si tous les Citoyens fans exception, Ecclésias-
tiques ou Laïques font soumis à la Puissance temporelle,
tous ne font pas justiciables des mêmes Tribunaux. Dif-
férentes attributions non moins anciennement établies
,
qu'universellement respectées restreignent èc bornent la
,
compétence des Juges ordinaires. Ainsi les Pairs de France
font jugés par la Cour des Pairs, o£ les Officiers des Par-
lements par leur Compagnie. Telle est aussi la longue &c an-
tique postession où font les Evêques d'avoir pour Juges d'au-
tres Evêques, privilège bien analogue à la constitution pri-
mitive du Gouvernement françois, c£ qui honore le ca-
ractère de l'accufé, au moment même où. la Loi sévit con-
tre la personne du coupable.
Le respect des Princes Chrétiens pour la Religion, la
confiance qu'avoit inspirée universellement la sagesse des
formes inttoduites par les constitutions canoniques, firent
étendre insensiblement aux crimes politiques l'ufage reçu.
pour les délits purement ecclésiastiques. Vinrent ensuite les
Loix expresses oC folemnelles qui ont transmis jusqu'à nous
cet ordre de procédures. La volonté du Légistateur a donc
été la source de cette attribution, &C non un prétendu fys
tême d'indépendance, faustement hasardé par quelques Ca-
nonistes étrangers j mais désavoué, dans tous les temps, par
les Evêques de France. Si quelqu'un de nous difoit en
3
577 Grégoire, Evêque de Tours, accusé devant Chilpé-
ric ,fi quelqu'un de nous3 ô Roi, viole les règles de la justice,
f
vous êtes en droit de le châtier; mais elles font méconnues
par vous, qui pourra vous punir, finon celui qui a dit qu'il
étoit la justice même? On lit dans la relation du Concile,
tenu à Saint-Baste en 991, pour le procès criminel d'Ar-
noud, Archevêque de cette Ville, &; prévenu du crime de
haute trahison, qu'après que les Pères du Concile eurent
prononcé fa déposition. Hugues-Capet ô£ Robert, son fils,
déja déclaré Roi, étant entrés dans les lieux des Séances,
les Evêques dirent à Arnoud : Profieme^-vous aux pieds de
vos Maîtres ÔG de yos Rois > que vous ave^ offensés par un
U u u 2.
564 PROCES-VÈRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
crime inexpiable, ÔC leur faisant Vavëu de votre attentat 1
suppliez-les très-humblement de vouloir bien vous accorder la
vie. Les mêmes sentiments fe manifestèrent avec éclat, le
9 Janvier i 65 3 , lors de la réclamation publique que fit
auprès du Roi à la fuite de la détention de M. le Cardinal
de Retz, M. de Marca, portant la parole à là tête de tous
les Evêques qui fe trouvoient alors à Paris : Les Evêques
qui composent le premier Ordre de votre Royaume, ayant été
honorés de cette prérogative, dit M. de Marca, en considé-
ration de ce quds font successeurs des Apôtres, possèdent,
comme une partie de cettesuccession, Vobéissance quils doivent
à VOTRE MAJESTÉ. Vexemple ÔC les Ecrits de ces maîtres
de notre Religion nous obligent non-feulement à pratiquer ces
devoirs mais encore à les enseigner à vos peuples
,
Nous vénérons en VOTRE MAJESTÉ la même puifiance que
.....
les Apôtres refpectoient en VEmpire Romain d laquelle ils
se déclarent Sujets dans leurs Ecrits Nous répétons
ces choses, poursuit M. de Marca, afin de faire voir à ceux
qui portent envie aux immunités de la personne des Evêques ;
que par-là nous ne prétendons pas être indépendants de votre
pouvoir, comme Von nous calomnie d'autant plus que nous
reconnoifibns l'autorité royale pour l'un des principaux fon-
dements de nos immunités. Les Princes Chrétiens ont at-
...
tribué, il y a plus de noo ans, aux Evêques leur autorité
pour le jugement des crimes qui peuvent blesser la police gé-
nérale de VEtat, ÔC en ont interdit la connaissance à tous Ju-
ges séculiers ; ÔC les Rois de France les ont confirmé [ ces
immunités,] par leurs Ordonnances. Enfin de nos jours , les
Remontrances du Parlement contre feu M. T Archevêque
de Paris, fournirent à l'Assemblée de 1765, une nouvelle
ocGafíon de rendre aux droits du Trône un hommage pu-
blic : Les Evêques osent assurer VOTRE MAJESTÉ quElle
n'a point de Sujets plus fidèles ÔC plus inviolablement atta-
chés d son autorité. Nous la respectons nous la chéris]ons
9
cette autorité souveraine, d l'abri de laquelle I'Eglise jouit de
ses droits ÔC de ses privilèges.... Les Pairs de France croient-
ils attenter à la souveraineté, parce qu'ils établissent qu'ils ne
doiyent être jugés que par leurs Pairs ? Les Officiers de votre
DU CLERGÉ DE FRANCE , 16 SEPTEMBRE 1785. $&$
Parlement prétendent-Us au fyfiême d'indépendance, en di-
sant qu'ils ne font justiciables que de leur Compagnie ? Pour-
quoi les Evêques foroient-ils traduits comme les ennemis de
votre autorité 3 en réclamant le droit dont ils ont toujours
joui de n être jugés que par leurs Pairs ?
Après des témoignages fi formels qu'on pourroit aisé-
ment multiplier, il n'est pas nécessaire d'observer que l'im-
munité personnelle des Evêques présentée sous son vrai point
de vue, est un aveu de leur dépendance dans Tordre poli-
tique , èc que tous les moyens justement employés pour
faire voir que, ni les Evêques, ni les Cardinaux, ne font
exempts , par leur dignité , de la Jurisdiction royale, com-
battent une doctrine essentiellement étrangère au Clergé de
France, qui n'eut jamais la pensée de méconnoître des de-
voirs puisés dans les sources les plus pures de la Religion,
&C gravés à jamais dans le coeur des Evêques François.

Limmunité personnelle des Evêques considérée dans ses


3
effets efi point favorable à Vimpunité du crime.
, 71

Autant I'Eglise est indulgente pour ses enfants, autant


se montre-t-elle armée de rigueur contre les fautes de ses
Ministres. Loin de vouloir soustraire les Evêques coupa-
bles aux punitions prononcées par les Loix du Royaume,
elle y joint ces peines redoutables qui, ne se bornant pas
à retenir lf. main agissent fur le coeur avec empire, ô£ en
,
arrachent les funestes semences du crime. Craindre que les
liens de la fraternité épiscopale n'enchaînent l'activité des
Juges, ou ne tempèrent la sévérité du Jugement, ce seroit
méconnoître les généreux sentiments qui président à la cé-
lébration des Conciles, ce seroit démentir la foi publique
de nos Annales, qui, dans les Actes de ces Assemblées
,
nous montrent bien plus de sentences de condamnation,
que de décharge. Le seul nom de Concile inspire une force
supérieure & toute sacerdotale : le véritable honneur d'un
corps qui seroit bientôt sans pouvoir, s'il étoit fans vertu,
consistera toujours à retrancher de son sein d'une main
ferme, les membres infects & corrompus. Entre les peines
5 66 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉÌÌALE
que les Juges d'Eglise peuvent infliger dans la discipline
présente il en est, comme la perte de la liberté ô£ la pri-
,
vation d'état, de bien propres à contenir, par une terreur
salutaire, ceux qui ne feroient pas conduits par le saint
amour des règles. Mais il n est point dans les principes du
Clergé de prétendre que les crimes d'un Evêque, de quel-
que nature qu'ils soient, ne doivent être réprimés que par
la voie des peines canoniques. Si le délit étoit malheureu-
sement du nombre de ceux que frappe le glaive de la Puis
fance temporelle, après l'instruction ô£ le jugement du Pro-
cès dans le Concile, le coupable seroit remis à l'autorité
séculière j ses Juges deviendroient ses intercesteurs fidèles
,
aux Loix d'un ministère qui ne veut pas le sang du cou-
pable. Là cessent les fonctions du Tribunal ecclésiastique 5
c'eft au Souverain à peser, dans fa profonde sagesse, fi la
suprême Loi du bien public exige qu'il donne un exemple
de justice ou de clémence. Quelque rigoureuse que soit la
condamnation,reçue de tous les Ordres du Clergé avec une
soumission respectueuse, elle pourra faire couler des larmes,
mais elle n'excitera aucunes plaintes. C'est ainsi que le triste
òC pénible devoir de punir est rempli dans toute lbn éten-
due de que les privilèges de I'Eglise ne dérobent point à
,
TEtat les victimes que réclame la fureté de Tordre social.
Et qu'on ne cherche pas à répandre Talarme, en disant que
le Concile Provincial n'étant pas un Tribunal permanent,
dans Tintervalle de fa convocation, des Evêquejyrebellesou
factieux violeront impunément la tranquillité publique. De-
puis létablissement de la Monarchie, dit d'Héricourt, les
Evêques accusés des crimes les plus graves ont été jupes
....
par Les autres Evêques dans le Concile Provincial. Cependant
s'il arrive qu'un Evêque caùfe du trouble dans l'Etat par fis
actions, ses paroles ou par ses Ecrits les Parlements peu-
3
vent en arrêter les fuites par la foifie du temporel, ou par
d'autres voies en attendant que le Concile ait prononcé fur
*
le fonds ; maxime à laquelle la rivalité des Jurifdictions peut
donner une extension abusive dans dés temps d'orage, mais
qui, resserrée dans ses véritables bornes, fera toujours ap-
plaudie des Evêques .de. France.
nu CLERGÉ DE FRANCE 16 SEPTEMBRE 1785. 567
,

L'immumté personnelle des Evêques considérée dans les titres


qui Vétablissent, fait partie du Droit Public du Royaume.

íi paroît que TEmpereur Constantin a posé, en quelque


sorte, les fondements de cette immunité, quand, rejetcant
lors du Concile de Nicée les accusations qui lui avoìent été
portées contre plusieurs Prélats, il déclare publiquement
que c'étoit aux Evêques à se juger eux-mêmes, 8c plus en-
core quand il renvoie au Concile de Tyr la connoiííance
du procès de saint Athanase, calomnieusement accusé du
prétendu meurtre d'Arsenne. Mais-, a cet égard, rien de plus
décisif que la Loi Mansuetudims de TEmpereur Constance ;
Loi qui est en vigueur dans le Royaume, par Tadoption
qu'en a faite le Souverain dans une Aílemblée générale de
la Nation. Cette Ordonnance défend de porter les causes
criminelles des Evêques dans les Cours séculières. Elle dé-
cide que quiconque aura des plaintes à faire contu'eux, doit
les traduire au Tribunal des autres Evêques. Les dispositions
du second Concile de Mâcon, tenu en 585, ont été revê-
tues de l'autorité du Roi Contran. II en est une portant, que
ce n'est point aux Tribunaux Laïques à faire le procès aux
Evêques ÔC que le Concile s'afiemblera pour rendre un
Jugement..en. faveur de TEvêque, s'il est innocent, ô£ le pu-
nir, s'il est coupable. De quel poids ne font pas les Capitulai-
res, publiés avec tant defolemnité fous Charlemagne òc fous
ses successeurs dans de mémorables Assemblées, où tous les
Ordres de TEtat réunis concouroient à des décisions toujours
regardées comme les sources les plus pures &C les plus authen-
tiques de notre Droit National ? Si quelqu Evêque y est-il
,
dit, tombe dans quelque crime, ce qu'a Dieu ne plaise ,ÔC qu'on
ne puisse assembler un grand nombre d'Evêques pour le juger,
qu'on en rassemble dou^e, afin qu'ils présente pour être jugé
devant eux, ÔC qu'il ne demeure pas dansjon crime. On trouve
dans lesCapitulaires plusieurs autres dispositions non moins
expresses qu'impératives. Par-tout la connoissance des cauíes
criminelles des Evêques est interdite aux juges séculiers.
Non-feulement des Loix si précises &£ si tranchantes n'ont
568 PROCES-FER'BAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
point été révoquées par les Ordonnances postérieures,
mais la pratique des règnes suivants en atteste Texécutiom
Un droit si honprable fait partie des immunités qui furent
confirmées par la célèbre Pragmatique de saint Louis -, Ô£
Louis XIV rappellant les exemples ôt les Règlements de
ses augustes Prédécesieurs au moment qu'il déclare nulle
,
la Commission adreílée au Parlement de Paris pour faire le
procès au Cardinal de Retz, annonce assez que les disposi-
tions des Capitulaires n'ont jamais cesté d'être en vigueur,
&C doivent encore présider au jugement des Evêques. Si
Ton interroge maintenant Tuíage de TEgliíe Gallicane, il
n'est pas moins favorable à TOrdre Episcopal. Sous la pre-
mière Race, on ne connoît aucun exemple de procès crimi-
nel d'Evêque instruit hors des Séances-, ou du Concile de la
Province, ou d'un Concile plus nombreux où fiégeoient
les Comprovinciaux de Taccufé. Nos R.ois eux-mêmes dé-
féroient au Jugement de ces Astemblées les Evêques préve-
,
nus des crimes les plus graves, & même de celui de lêse-
majesté. La Nation étoit fi accoutumée à regarder les Evê-
ques comme les Juges naturels &C ordinaires de leurs Con-
frères que lorsque les premières personnes de TEtat avoient
médité, la ruine de quelques Prélats, elles ne croyoient pas
pouvoir consommer leurs projets de vengeance, fans faire
tenir préalablement des Conciles, [i] La même discipline
continua d'être observée inviolablement sous le règne de
Charlemagne &£ de ses successeurs, avec d'autant plus de
facilité, que la convocation des Conciles étoit plus régu-
lière 6c leur célébration plus éclatante. Lhie époque bien
glorieuse pour TEpiscopat, est celle où son Souverain prit
lui-même la plume pour venger le droit qui appartient aux
Evêques d'être jugés par d'autres Evêques, droit représenté
dans la Lettre de TEmpereur Charles le Chauve comme
une ancienne concession de la Puissance temporelle. II étoit
digne de la sage administration des Princes de la troisième

[i] Pour suppléer au détail des faits qu'on a cru devoir omettre dans ce Mémoire
au. Roi, il a été remis à M. Ie Garde des Sceaux une note de? principales procé-
dures criminelles faites contre des Evêques fous les trois races de nos Rois, d'après
le Rapport de Monseigneur l'Archevcque d'Arles, dans la Séance du iz Septembre
dernier.
-
Race
,
DV CLERGÉ DE FRANCE , i6 SEPTEMBRE 1785. 569
Race, de maintenir Texercice d'une prérogative devenue
comme inséparable du rang distingué que les Evêques te-
noient dans la nation. C'est devant un Concile que Hup-ues-
Gapet poursuit, en 991, la condamnation d'Arnoud, Ar-
chevêque de Rheims, accusé de crime d'Etat5 $£ íi la re-
vision de ce procès est ordonnée elle s'exécute dans un
,
nouveau Concile, tenu quatre années après le premier.
Philippe le Bel, informé des crimes de Bernard Saiûeti,
Evêque de Pamiers, somme ÔC interpelle le Métropolitain
de ce Prélat d'avoir à lui faire son procès. Le même Prince
observe que, suivant les pas de ses ancêtres toujours soi-
gneux de conserver les privilèges de I'Eglise, il n'avoit pas
voulu user, avant la prononciation du Juge Ecclésiasti-
que , du droit qu'avoit la puissance royale de sévir contre
un Prélat fi coupable. Pierre de Latilly, Evêque de Chaa-
lons-sur-Marne accusé d'avoir participé au meurtre de son
prédécesseur, est, jugé en 131 6 dans un Concile convoqué
à cet effet à Senlis par TArchevêque de Rheims, son Mé-
tropolitain. Des Lettres de Louis le Hutin font connoïtre
qu'il autorisa, & même pressa cette convocation. L'ufage
de recourir, en première instance, aux Commissaires du
Pape pour le Jugement des Evêques, s'introduit & s'accré-
dite dans les siécles suivants. Au milieu de ces atteintes
portées à la pureté de la discipline, les Magistrats, chargés
du ministère public, célèbrent plus d'une fois les saints Ca-
nons conciliaires, qui attribuent au Métropolitain, assisté de
ses Comprovinciaux, Tinstruction de pareilles causes 5 mais
les conflits de Jurifdiótion qui s'élèvent à ce sujet entre le
Clergé de France &c le Chefde TEglife, prouvent au moins
que ces fortes de procédures criminelles n'étoient point por-
tées devant les Cours séculières. Un témoignage bien pré-
cieux en faveur du Tribunal Ecclésiastique, est celui du
Parlement de Paris, que François I avoit commis pour faire
le procès aux complices du Connétable de Bourbon. Les
Evêques d'Autun & du Puy s'étant trouvés du nombre,
le Parlement déclare au Roi, en termes exprès, n'être point
compétent, ÔC qu'ilfaut les renvoyer à I'Eglise. Les derniers
Evêques de France, jugés en matière criminelle, foiu quel-
Procès-verbal de 178J. •
Vvv
$jo PROCES-TERRAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ques Prélats de Languedoc &C de Bretagne, impliqués fous


Louis Xlïl dans la révolte de Gaston de France. L'Arche-
vêque d'Arles et trois autres Evêques porteurs de Rescrits
de Cour de Rome, enregistrés au Parlement de Paris, ins-
truisirent ce fameux procès. Parmi les Prélats accusés, les
uns furent absous, les autres déclarés coupables. Les Sen-
tences furent mises à exécution fans le concours des Juçes
séculiers §£ ce fut encore devant les Délégués du Saint-
,
Siege que les Evêques condamnés se retirèrent avec
,
la permission du Souverain fous le règne suivant, pour
obtenir la revision de cette malheureuse affaire. Enfin dans
ces derniers temps quelques Cours Souveraines ayant en-
trepris de paíler, fur cet important objet, les bornes de leur
pouvoir, elles y ont été bientôt rappellées par le Légiûateur.
Un Décret de prise-de-corpsdécerné en 1651 contre T Ar-
chevêque de Narbonne, pour prétendue cauíe de malver-
sation dans la Province, fut auíìi-tôt caste par un Arrêt
du Conseil, qui le qualifie d'attentat inouï ordonne que la
3
procédure sera rayée de deslus les registres, avec défenses
d'en faire de semblables à peine de défobéistance. Tout
récemment Mgr. TEvêque, de Rennes ayant été décrété d'as-
signé pour être oui par le Parlement de Rennes le 1 3
Juillet 1772., fous prétexte de violation de dépôt &C, d'abus
d'autorité, l'Assemblée du Clergé sollicita la justice du feu
Roi contre un Arrêt marqué au coin de Tincompétence la
plus caractérisée : Louis XV ordonna fur le champ Tapport
de la procédure avec défenses de donner fuite à TArrêt,
,
II a été cassé le % Décembre 1775 par Sa Majesté actuel-
lement régnante. Les Délibérations de TAílemblée du Cler-
gé de 1771 font visées dans TArrêt de cassation que Sa
Majesté présente comme une fuite de la protection qu'Elie
ne cessera de donner aux Evêques de son Royaume. Cette suc-
cession d'Actes liés aux dispositions fi précises de la Loi
Mansuetudims de TEmpereur Constance &C des Capitulaires
de nos Rois, forme un corps de lumières bien propre à fixer
Topinion de toute personne impartiale, tandis que la Loi
ne donne à TEvêque accusé d'autres Juges que {es Collè-
gues, la longue révolution des siécles nous présente ces
DU CLERGÉ DE FRANCE, 16 SEPTEMBRE 178^-. jj i
sortes de causes, tantôt instruites par la voie fi canonique
du Concile Provincial, tantôt portées devant des Conciles
plus nombreux, soumises quelquefois au Tribunal des Com-
missaires Apostoliques, mais toujours jugées par des Evê-
ques. C'est ainsi que la possession concourt avec le droit
pour élever Timmunité personnelle des Chefs de la Religion,
au rang de ces maximes antiques &C folemnelles consacrées
par l'autorité du Législateur £>Cle voeu de la Nation. Qu'op-
pofe-t-on à des titres si victorieux? La distinction du délit
commun de du cas privilégié, quelques Lettres d'abolition,
enregistrées dans les Parlements, en faveur de Prélats qui
avoient prévenu les poursuites judiciaires en implorant la
clémence du Souverain, différentes procédures criminelles
faites dans ces derniers siécles, en Cour séculière, contre des
Evêques.
Mais, i°. c'est fur la qualité de Taccusé, òc non sur la
nature de Taccusation, qu'est fondée la compétenceattribuée
aux Evêques dans les causes criminelles de leurs Confrères.
Quelqu'énorme Ô£ détestable que soit le crime de lêfe-ma-
jesté, on voit des inculpations si capitales dénoncées aux
Juges Ecclésiastiques par les Rois eux-mêmes, par Chilpé-
ric ô£ Childebert fous la première Race, par Charlemagne
&C Ces fuccesteurs fous la seconde Race, 8c sous la troisième
Race par Hugues-Capet, Philippe le Bel, Louis XI, Fran-
çois I ÔC Louis XIII. Louis XIV a reconnu dans Taffaire
du Cardinal de Retz, que ces sortes d'attentats n étoient
point exceptés de la Loi générale. En prétendant que toutes
les fois que Taccusation a trait au cas privilégié la con-
,
noissance en est dévolue au Parlement à ì'exclusion du Con-
cile, on traiteroit les Evêques avec moins d'égard &: de
distinction que les Ministres inférieurs, en droit de n'être
jugés pour de semblables délits, qu'avec le concours des
Jurisdictions ecclésiastiques &C séculières. Vouloir étendre
Tinstruction conjointe aux procès criminels des Evêques,
ce seroit méconnoître Tesprit &L les dispositions des Ordon-
nances qui ont autorisé cette forme de procéder. II est vrai
cependant que les délits qui peuvent être expiés par des
peines canoniques ne doivent pas être confondus avec
, V V V TU
17 z PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ceux que la Loi réprime par des peines aíHictives. Touc
est confoinmé par le Jugement du Concile dans la pre-
mière espèce j dans la seconde au contraire, le maintien de
Tordre public exige que TEvêque coupable soit remis à la
Puissance séculière, &i alors on peut dire-, dans un certain
sens, que le Concile ne prononce qu'à la charge du cas pri-
vilégié. Mais quelque grave que soit Taccusation formée
contre un Evêque, il est indispensableque le Jugement du
Concile précède tout autre Jugement. Si le Parlement de
Paris, en 1569, dans le procès du Cardinal de Châtillon,
statua fur le cas privilégié avant de renvoyer devant le
Concile de la Province, fans discuter ici la légitimité de
cet Arrêt, cette Cour crut sans doute se conformer à TOr-
donnance de Moulins alors en vigueur, &L qui portoitque
le cas privilégié seroit toujours jugé avant le délit com-
mun. Cette disposition a été révoquée par TEdit de Melun
& les Loix postérieures. C'est aujourd'hui une maxime uni-
versellement reçue dans les Parlements que la Sentence du
Juge d'Eglise doit être antérieure à celle du Juge Royal,
z°. Les Lettres d'abolition ne peuvent émaner que du
Prince, qui seul a le droit d'éteindre le crime dans Tordre
politique, &C de remettre les peines encourues. II importe
esientiellement aux Parties que ces Lettres soient conser-
vées dans des registres connus, authentiques 6c durables.
Le Concile de la Province ne forme pas un Tribunal tou-
jours subsistant. Quel dépôt plus sûr que celui du Greffe
des Cours Souveraines, chargées d'ailleurs de veiller, à la
tranquillité publique &C qui pourroient avoir reçu quel-
,
ques dénonciations à ce sujet?
3 °.
II faut distinguer avec foin les Décrets Ô£ autres Actes
préparatoires des Jugements définitifs. La plupart des faits
qu'on invoque font des commencements de procédures qui
n'ont pas eu de suites. II en est qui constatent une entre-
prise plutôt qu'un droit. D'autres peuvent être mis au rang
des mesures provisoires, tendantes à réprimer fans retarde-
ment des voies de fait contraires au bien de TEtat. On ne
íauroit se prévaloir, dans un temps heureux òc calme, de
Texemple de quelquesJugements définitifs intervenus en des
DU CLERGÉ DE FRANCE, I 6 SEPTEMBRE 1785. 573
moments d'orage, où le salut de la Patrie exigeoit un remède
tout autrement prompt que celui d'un Concile , difiicile
d'ailleurs à rastembler au milieu des ravages de la guerre
civile. Comment enfin se perluader qu'à la faveur d'un
petit nombre de procédures, presque toutes dictées par d'in>
périeufes circonstances, les Juges séculiers aient pu prescrire
le droit d'être les Juges ordinaires de la personne des Evê-
ques, au préjudice des Loix les plus exprestes &C de la pra-
tique la plus généralement observée.
II doit donc demeurer pour constant que Timrnunité per-
sonnelle des Evêques, telle que le Clergé de France en ré-
clame Texercice, n'est, ni fàuste dans son principe ni dan-
,
gereuse dans ses conséquences, e£ qu'elle fait partie de notre
Droit Public &C National. Sans doute on n'aura pas la dou-
leur d'entendre dire fous Tadministration paternelle de Sa
Majesté, que tous les privilèges étant des grâces du Souve-
rain peuvent être révoqués, suspendus & modifiés à ion
,
gré. Ce seroit répandre Talarme parmi tous les ordres de
TEtat ce seroit ébranler le fondement de ces prérogatives
j
immémoriales, qui reposent à Tombre tk. sous la protection
du Trône. Ah i combien un tel lano-açe différeroit de ces
maximes si belles & si touchantes dans la bouche des an-
ciens Maîtres du monde : Beneficium Principis decet efie man-
surum, privilégia Ecclefiis conceffa euflodiantur ; digna vox efi
majefiate regnantis Legibus alligatum fie profite ri. La France
a le bonheur de vivre fous un Prince héritier de ces nobles
sentiments : fa justice, accoutumée à mettre des bornes à
la plénitude de fa puissance, ne confondra pas Timrnunité
personnelle des Evêques, avec des concessions particulières,
momentanées & onéreuses aux autres Citoyens. Quel exem-
ple plus imposant que la religieuse circonspection de Louis
XIV, si connu pour manier avec fermeté les ressorts du
Gouvernement 1 En 1710, le Cardinal de Bouillon, non
content dé quitter le Royaume avec le secours des troupes
ennemies, écrit au Roi qu'il abdique fa qualité de Sujet,
& ne le reconnoít plus pour son Souverain. L'excesiive li-
cence d'un tel attentat dut laister des traces profondes dans
Tame de Louis XIV. Le Cardinal de Bouillon n'étoit point
574 PKOCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Evêque François. Ayant brisé tous les liens qui Tattàchoient
à-fa Patrie, il ne pouvoit être réclamé par aucun Corps
,
ÔC cependant, après les premiers Décrets que les circons-
tances avoient provoqués, Louis XIV s'arrête, Instruc-
tion du Procès n'est point suivie, & jamais le Cardinal de
Bouillon n'a été jugé, tant ce grand Prince craignoit de
paroître toucher à un privilège aussi ancien que la Monar-
chie ÒC que ce Légistateur a renouvelle si souvent, en fa-
,
veur du premier Ordre du Royaume, dans des Assemblées-
Générales de la Nation.
Signés ARTHUR-RICHARD,Archevêque & Primat
de Narbonne, Président.
L'Abbé de Périgord ancien Agent, Secrétaire.
,
L'Abbé Dillon, Secrétaire.

DU VENDREDI, SEIZE SEPTEMBRE I78J,


d quatre heures de relevée.
Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.

LXXXVII L'Assemblée s'étant rendue chez M. le Garde des Sceaux,


SÉANCE. dans une Salle préparée pour la recevoir, les Secrétai-
res de M. le Garde des Sceaux ÔC quatre Huissiers de la
Chaîne Tont conduite dans la Salle du Conseil, où le fau-
,
teuil du Roi étoit placé au bout du Bureau. M. le Garde
des Sceaux &£ MM. les Commissaires du Roi étoient de-
bout devant le Bureau à la droite du fauteuil de Sa Ma-
,
jesté. Monseigneur TArchevêque de Narbonne étoit de l'au-
tre côté vis-à-vis M. le Garde des Sceaux, ôc ensuite Mes-
seigneurs les Prélats ÔC Messieurs les Députés du second
Ordre, tous en manteau long c£ en chapeau.
Les Notaires ont fait la lecture du Contrat du Don-
gratuit de dix-huit millions accordés au Roi par la pré-
fente Assemblée, ô£ de celui des rentes de THôtel-de-Ville
de Paris ô£ de Toulouse, prétendues assignées fur le Cler-
gé. M. le Garde des Sceaux les a signés fur une colonne,
ôc Monseigneur TArchevêque de Narbonne sur une autre
colonne.MM. les Commissaires du Roi, ÔC Messeigneurs
t>u CLERGÉ DE FRANCE , 17 SEPTEMBRE 178 /. 575
ôC Messieurs les Députés ont signé de même alternative-
ment. Après quoi l'Assemblée s'est retirée. M. le Gard«
des Sceaux, suivi de MM. du Conseil, Commissaires du
Roi, lui a donné la main, ÔC Ta conduite jusqu'à la porte
de la Salle, où il est demeuré jusqu'à ce que tous Messei-
gneurs ÔC Messieurs aient été sortis.
Signé >J< ARTHUR-RiCHARD,Archevêque ôc Primat
de Narbonne, Président.
— — - — - —-— —-— - ' - •-- --••.,, 1 - i

DU SAMEDI, DIX-SEPT SEPTEMBRE I78J,


à neuf heures du matin.
Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.
MOnseigneur TArchevêque de Narbonne a dit, qu'il LXXXVIIt
avoit reçu deux Lettres de M. le Contrôleur-Géné- SÉANCE.
ral, datées du 1 6 de ce mois, en réponse aux représenta-
tions de l'Assemblée : Tune, relative à TArticle premier de
TArrêt du Conseil du 8 Janvier, qui ordonne aux Gens
de main-morte, Détempteurs des Domaines de Sa Ma-
jesté en Champagne, à titre d'engagement ou autrement,
de produire leurs titres ; l'autre, concernant TArrêt du Con-
seil du 17 Mai, qui permet aux habitants des campagnes
d'envoyer ôc conduire leurs bestiaux dans les bois des Com-
munautés séculières ôc régulières, comme dans ceux des
Domaines du Roi. Lecture faite de ces deux Lettres par
Monsieur TAbbé de Périgord Secrétaire, Messieurs les
Commissaires pour le Temporel, ont été priés d'en prendre
une connoissance plus particulière.
Messeigneurs ÔC Messieurs les Commissaires pour le Tem*
porel ayant pris le Bureau, Monseigneur TArchevêque
d'Aix Chef de la Commission, a dit :
,
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
NOUS proposerons à votre attention des objets dignes
d'exciter votre zèle : il s'agit de la conservation des biens
du Clergé. Vos exemptions font vainement renouvellées
J7& PROCÈS-VERBALDE PASSËMBLÉE-GÉNÉRALË
-dans vos Contrats ; elles font détruites par des infractions
qui feront bientôt aussi constamment établies que vos pri-
vilèges. On multiplie les exemples, on donne des décisions
particulières qui démentent les décisions générales 5 on op-
pose les usages aux titres, on fuit des systèmes étudiés, des
combinaisons compliquées, qui semblent ne respecter les
droits du Clergé, que pour en proscrire tous les effets j
ÔC les possessions ecclésiastiques mal défendues par les Loix
qui les protègent, íbnt en proie à des entreprises de tous
les genres qui semblent en préparer la perte.
Notre intention est de dresser un Mémoire général, qui
mette sous vos yeux ôc fous ceux du Gouvernement, Ten-
femble des infractions dont vous avez à combattre les prin-
cipes Ôc à prévenir les suites. Mais ce Mémoire doit être
relatif aux objets du Cahier 5 ÔC ces objets ne feront pré-
sentés que dans le cours de Tannée prochaine : ils ne seront
même connus qu'après que nous aurons reçu les décisions
du Gouvernement, fur les objets particuliers des plaintes
qui vous font adressées. Nous n'avons pas cru que ces plain-
tes pussent être susceptibles des mêmes retardements. Les
Parties intéressées font dans la souffrance, ÔC réclament vo-
tre protection. Nous avons pensé que nous devions vous
instruire de leurs demandes 5 nous avons rejette celles qui
font étrangères aux intérêts du Clergé, ou celles dont la
défense mal fondée n'auroit servi qu'à les compromettre.
Nous avons été dirigés par les principes qui ont dicté cons-
tamment les Délibérations des dernieres Assemblées : telle
est la nature des affaires dont nous avons à vous entrete-
nir, que, renfermées par elles-mêmes dans les bornes d'une
contestation particulière, elles peuvent intéresser, par leurs
conséquences la fureté de toutes les possessions ecclésiasti-
,
ques. Nous vous entretiendrons d'abord des plaintes des Bé-
néficiers fur le fait des tailles.
Sur quoi il a été fait le Rapport suivant.
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Plusieurs Provinces vous dénoncent les efforts tentes
dans les différentes Généralités, pour assujettir les Bénéfi-
ciers
DU CLERGÉ DE FRANCE , \y SEPTEMBRE 17S j. jjy
ciers à la taille. Nous n'entrerons point dans une longue
discussion des principes qui établissent votre exemption.
Vous avez, fur cette matière, le Rapport fait à l'Assemblée Procès-verbal
1
de 1775 qui ne laisse rien à désirer. 4 1775, page
de
II établit que la taille fut, dans tous les temps, une charge
roturière j qu'en devenant fous Charles VII une imposi-
tion ordinaire ôc permanente, elle ne changea point de na-
ture, ôc n'affeófa, ni les biens du Clergé, ni les Fermiers
qui les cultivoient.
L'Edit de i66y mit des bornes à Texercice de votre
exemption mais n'affoiblit point les principes fur lesquels
,
elle étoit fondée. Cette Loi rendit hommage elle-même à
l'exemption foncière de vos propriétés j puisqu'elle n'assu-
jettit vos Fermiers qu'à une taille d'exploitation à une
,
taille personnelle à raison des profits qu'ils íbnt censés faire
fur leurs Fermes. Telles font les dispositions textuelles des
Déclarations de 1634, 1643,de TEdit de 1667 ôc de la
Déclaration du 1 9 Mars 1747.
Celles du mois de Novembre 176 3 du 1 3 Juillet 1764,
,
TEdit de Juillet 1766 commencèrent une révolution en
,
matière de taille. Elles tendoient à rendre foncière cette
imposition, qui jusqu'alors n'avoic été regardée, dans les pays
d'Election, que comme une charge personnelle. La Décla-
ration du 7 Février 1768, plus énergique, à cet égard, que
les Loix précédentes, a porté le mal beaucoup plus loin.
L'Article 7, dont il est important de vous rendre compte,
après avoir ordonné une taxe pour chaque fonds de terre,
déclare qu'elle fera supportée conjointement par le Proprié-
taire ÔC par le Fermier, lorsque le fonds sera donnê à senne
ou à loyer, ÓC que dans le cas où le Propriétaire fora exempt,
il ne fora point imposé.
II existe donc un principe de droit, une maxime de lé-
gislation en matière de taille, dont l'esset est de faire asseoir
une quote fur chaque fonds de terre.
II faut observer que cette quote territoriale n'empêche
pas la taxe fur vos Fermiers pour raison de leurs profits :
d'où il résulte que, suivant le voeu de cette Loi, ils font
aujourd'hui doublement imposables, à raison des profits ÔC
Procès-verbal de 1785. Xxx
578 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
à raison des fonds. Cette vérité vous paroítra sensible ,^si
vous íraites attention que la quote à imposer sur les fonds
en vertu de la Déclaration de 1768 , fe partage entre le
Propriétaire ôc le Fermier, ÔC cesse d'avoir lieu pour la
,
moitié de la taxe seulement lorsque le Propriétaire est
,
privilégié j en sorte que réellement ôc de fait les biens-fonds
ecclésiastiques, donnés à ferme ou à loyer, supportent la
moitié de ï'impoíition qu'ils fupporteroient dans des mains
tailìables.
Les suites de ce nouveau système vous furent développées
en 1775. On vous montra les progrès qu'il commençoit à
faire dans la Généralité de Paris. On vous fit appercevoir
combien il étoit à craindre qu'ils ne s'étendissent dans toutes
les Provinces du Royaume, ôc combien il étoit intéresiant
pour vous de les arrêter.
Ces craintes commencent a se réaliser. La Déclaration
de 1768 s'exécute plus ou moins dans les différentes Géné-
ralités. De tous côtés les plaintes se font entendre. Nous
voudrions vous en présenter ici le tableau ; mais plusieurs
Bénéficiers ne nous ayant pas fait paster leurs Pièces ÔC Mé-
moires nous nous bornerons à vous rendre compte du grief
,
contre lequel réclament les Bénéficiers de la Haute-Marche,
situés dans Tétendue de la Généralité de Moulin, ÔC en par-
ticulier le Chapitre de Gueret.
Ce Chapitre possède dans la Paroisse de Pionnat une por-
tion de dîmes affermée 198 livres. Le Sieur Perdrix, leur
Fermier, est imposé doublement pour cette portion de dî-
mes", d'abord pour les profits, ensuite à une quote dix fois
plus forte pour la taille foncière.
Le même Laboureur est Fermier dans la même Paroisse,
d'une partie de biens-fonds appartenant aux Religieux
d'Ahun. II a été doublement imposé, pour raison de ces
fonds, pour fcs profits 5C pour la taille foncière.
Le rôle de la Paroiste de Pipnnat fournit une multitude
d'exemples semblables j mais ceux que nous venons de met-
tre fous vos yeux , suffisent pour vous donner une idée de
la surcharge imposée sur les Fermiers des Bénéficiers de
cette Généralité. Pour obtenir la radiation de ces quotes
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 SEPTEMBRE 1785". 57$
foncières, les Ecclésiastiques intéresiés ont assigné les Col-
lecteurs de Pionnat à TElection de Gueret, où il est in-
tervenu, le 2.8 Juin 17830 une Sentence, qui ordonne la
radiation des quotes réelles faites à raison des dîmes ÔG ren-
tes, à peine de nullité, âC de tous dépens, dommages oG in-
térêts. Enjoint néanmoins auxdits Collecteurs de continuer à
imposer les biens ruraux des Ecclésiastiques, tant qu'ils con-
tinueront d'être affermés ainsi que tous les Fermiers, tant
,
des biens ruraux, que des dîmes, pour raison de leur industrie
ÔC profits de leurs Fermes, en la manière accoutumée.
Ces dispositions méritent particulièrement votre atten-
tion. La feule satisfaction que les Ecclésiastiques aient obte-
nue , a été la radiation de la quote de la taille réelle, qui
avoit été assise sur les dîmes. La Sentence ordonne de con-
tinuer Timpoíition fur les biens-fonds. Le motif de cette
différence est que la Loi de 1768 a ordonné une quote d'im-
position fur les biens-fonds, ÔC n'en a pas ordonné fur les
dîmes j en forte que, malgré le préjudice qu'il fait à vos
droits, ce Jugement, comparé avec la Loi, n'est nullement
répréhensible : tant que la Loi existera tant que vous n'ob-
,
tiendrez pas un titre formel qui vous exempte de ces dis-
positions il ne vous íera pas permis de vous plaindre des
,
Jugements qui seront fondés fur elle. Et les Bénéficiers de
la Haute-Marche voudroient en vain se pourvoir par appel
à la Cour Supérieure 3 la Loi devant également servir de
règle à ses Arrêts, il n'est pas douteux que la première Sen-
tence n'y fût confirmée.
Les charges que supportent ces Bénéficiers, font cepen-
dant légères, en comparaison de celles qu'ils ont encore à
redouter. En portant leurs regards fur la Généralité de
Paris, où la Déclaration de 1768 a fait les progrès les plus
estrayants, ils ont vu cette Généralité gouvernée en 177Z,
1773 , 1774, par des instructions particulières de M. Tln-
tendant, présentées d'abord comme des essais pour parvenir
à exécuter plus exactement la Déclaration de 1768. Ils ont
vu ces opérations validées par la Déclaration du premier
Janvier 1775 ôc substituées enfin à la Déclaration de 1768
,
par celle de 1776, dont fexécution bornée d'abord à six
X x x 2.
ISo PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
années, a été prorogée par la Déclaration du 4 Juillet 17^1,
à dix autres années à compter du premier janvier ijX 1,
,
La Déclaration de 1776 étant le complément du nou-
veau fystême, introduit par la Déclaration de 1768 , il y á
lieu de craindre qu'elle ne s'étende comme Loi, aux autres
,
Généralités, ÔC il est de notre devoir de vous faire connoî-
tre ses dispositions, qui doivent néceslairement influer fur
la délibération que vous allez prendre.
Par la Déclaration de 1776 ainsi que par celle de 176^,
,
un fonds doit donner lieu a deux sortes de tailles, à la taille
personnelle ôc à la taille réelle.
La taille personnelle est supportée, iQ. par le Proprié-
taire taillable , à raison du revenu qu'ifperçoit de son fonds i
2°, par le Fermier, si le bien est donné à loyer, à raison
des profits qu'il est censé faire sur Texploitation de ce mê-
me fonds.
La taille réelle assise fur le fonds même , est réglée dif-
féremment par les, Déclarations de 1768 ôc 1776. La pre-
mière ne soumettoit à Timposition réelle, que les seuls fonds :
la Loi de 1776 s'étend aux dîmes , champarts, rentes, droits
seigneuriaux, usines ôc occupation des maisons ôc corps
de fermes.
Par TArrêt d'enregistrement de la Déclaration de 1768
la contribution à la quote réelle étoit partagée également,
entre le Fermier ôc le Propriétaire taillable j d'où U fuivoit
que les Bénéficiers jouisioient du moins de l'exemption de
la moitié qui- auroit été à la charge du Propriétaire non
exempt.
Par la Déclaration de 1776, le Cultivateur seul, au con-
traire est tenu d'acquitter la totalité de la quote réelle j d'où
,
il suit que les Bénéficiers la supportent en entier dans la
personne de leurs Fermiers.
Ainsi dans la Généralité de Paris, un fonds peut don-
,
ner heu aujourd'hui à quatre différentes quotes fur le rôle
des tailles.
1 °. A la quote réelle
assise sur le fonds, payable par Tex-
ploitant.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 17 SEPTEMBRE I 7 8 J. 581
i°. A celle assise sur les profits d'exploitation, si ce fonds
est donné à loyer.
3 Q.
A celle imposée sur Toccupation des manoirs ÔC corps
de fermes, servant à Texploitation.
40. Enfin, à celle du Propriétaire de ce fonds, à raison
du revenu du même fonds.
Les trois premières quotes étant à la charge du Cultiva-
teur, les Bénéficiers les paient en totalité par les mains.de
leurs Fermiers : ils ne font exempts que de la derniere, qui
est personnelle au Propriétairetaillable, à raison du revenu
du fonds.
On a fixé la levée de ces différentes tailles à des quo-
tités inégales. On a extrêmement réduit le taux de celle
qui doit être acquittée par le Propriétaire, parce que vous
en êtes nécestairement affranchis. On a, au contraire, ou-
tré le taux de celle qui doit être supportée par les Fermiers,
parce que la plupart de vos biens font donnés à ferme, ÔC
que, dans tous les cas , Tétendue de votre exemption se
réduit aujourd'hui au labour de quatre charrues. Pour vous
donner la preuve de ce que nous avançons , nous allons
mettre fous vos yeux le taux de ces différentes quotes.
Le taux du principal de la taille réelle dans plusieurs Pa-
roisses de la Généralité de Paris, est de 4 fols pour livre du
produit des objets imposés, déterminé, non fur le prix des
baux, mais d'après une évaluation qui peut être louvent
exagérée.
Ce qui rend cette contribution plus onéreuse encore ,
c'est qu'elle sert de base ôc de mesure à Timposition du se-
cond brevet ou accesioire de la taille, ôc à la capitation.
Le second brevet se levé aux 1 o sols 3 deniers pour li-
vre du principal de la taille réelle, ôc la capitation aux
i z fols 4 deniers pour livre du même principal.
Les Fermiers des Bénéficiers de cette Généralité paient
donc, premièrement, pour la quote réelle, de 8 à 9 fols
pour livre du produit de Tobjet affermé.
i°. Pour raison de leurs profits, les 1 fols pour livre de
cette première quote.
30. Pour celle d'occupation des manoirs ÔC corps de
y Si PROCÈS,-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
fermes le fol pour livre de Tévaluation locative dcfdirs
,
bâtiments dans TElection de Paris, ôc les 6 deniers pour
livre dans les autres Elections de la Généralité.
Telles font les charges que vous supportez réellement
dans la personne de vos Fermiers j ôc votre droit se réduit,
dans la Généralité de Paris , à l'exemrtion de la foule quote
due par-le Propriétaire taillable, levée à raiion du fol pour
livre du revenu.
D'après ces progrès des principes de la Déclaration de
1768 vous concevez, Mcííeigneurs ôc Meilleurs, que ce
,
n'est pas fans fondement que les Béntfìcicis de la Haute-
Marche joignent, aux justes plaintes des ch.'r^es qu'ils fùp-
v
Dortent actuellement, leurs vives alarmes fur Tavenir.
Vous n'avez cependant qu'un seul moyen de les faire dé-
charger des impositions qu'ils supportent, ÔC de les garan-
tir, pour la fuite, du fardeau qui les menace. La taille fon-
cière à laquelle aujourd'hui leurs biens ruraux íont aíìujet^
tis est établie par la Déclaration de 1-/6%. Une Loi DO-
,
sinve qui exceptera vos biens des dispositions de cette Dé-
,
claration peut íeule rétablir ÔC conserver vos Fermiers dans
,
la jouiíìance de vos immunités : c'est le íeul remède à leurs
maux préíents, ôc la feule barrière qui puisse empêcher les
principes de la Déclaration de 1776 , de gagner insensible-
ment toutes les Généralités du Royaume.
Moníeigneur TArchevêque d'Aix reprenant la parole, a
dit : Que ì.'avis de la Commission étoit:
1 °. Qu'il fut présenté un
Mémoire au Roi, pour lui
faire connoître les atteintes portées à l'exemption des Bé-
néficiers, Corps ôc Communautés Ecclésiastiques, par les
dépositions des Déclarations de 1768 ôc de 1776, fur le
fait des tailles, ÔC par Taoplication qu'on en tait.
z°. Que Sa Majesté fût suppliée, par ce Mémoire, d'or-
donner que VGS Fermiers ne feront imposés qu'à raison des
profits qu'ils font dans les fermes ecclésiastiques, en atten-
dant que la situation de ses affaires lui permette de ne plus
taire comprendre leídits Fermiers dans le rôle des tailles ,
conformément aux anciens principes, ôc aux espérances
DU CLERGÉ DE FRANCE , î 7 SEPTEMBRE 1785. j83
consignées dans les différentes réponses de Sa Majesté aux
Cahiers des Astemblées.
30. Que le même Mémoire renfermât les Remontran-
ces du Clergé, tant fur Timposition à la taille des simples-
Adjudicataires exploitants les biens ecclésiastiques, à autre
titre que celui de ferme, que fur la manière nouvelle dont
on veut restreindre Texercice du privilège des Bénéficiers
qui font valoir par eux - mêmes les biens de leurs Bé-
néfices.
4°. Et que cependant Messieurs les Agents-Généraux
fussent chargés d'appuyer de leurs bons offices les deman-
des relatives aux plaintes des Bénéficiers de la Haute-
Marche.
Le Rapport fini, il a été délibéré, conformément à Tavis
de la Commission :
i°. Qu'il fera présenté un Mémoire au Roi, pour lui
faire connoître les atteintes portées à l'exemption des Bé-
néficiers Corps ôc Communautés Ecclésiastiques par les
, ,
dispositions des Déclarations de 1768 ÔC de 1776, fur le
fait des tailles, ôc par Tapplication qu'on en fait.
z°. Que Sa Majesté fera suppliée par ce Mémoire, d'or-
donner que les Fermiers des biens ecclésiastiques ne soient
imposés qu'à raison des profits qu'ils font dans leurs fer-
mes , en attendant que la situation de ses affaires lui per-
mette de ne plus faire comprendre lesdits Fermiers dans
le rôle des tailles conformément aux anciens principes,
,
ÔC aux espérances consignées dans les différentes réponses
de Sa Majesté aux Cahiers des Assemblées.
30. Que le même Mémoire renfermera les Remontran-
ces du Clergé, tant fur Timposition à la taille des simples
Adjudicataires exploitants les biens ecclésiastiques, à autre
titre que celui de ferme, que fur la manière nouvelle dont
on veut restreindre Texercice du privilège des Bénéficiers
qui font valoir par eux-mêmes les biens de leurs Bénéfices.
4°. Et que cependant Messieurs les Agents-Généraux
appuieront de leurs bons offices les demandes relatives aux
plaintes des Bénéficiers de la Haute-Marche.
R a été dit ensuite :
584 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,

Le Clergé de la Rochelle défère à votre Assemblée deux


Arrêts du Conseil ÔC une Ordonnance, conforme du Com-
missaire départi de cette Province, tendante à soumettre à
une imposition tous les biens ecclésiastiques situés dans son
Département.
Deux Arrêts du Conseil, des 1 j Janvier ôc 1 6 Octobre
1784, ont ordonné qu'il seroit prélevé dans TAunis une
somme de 14J 3 jo livres pour la réparation ôc agrandifìe-
ment des Palais ÔC Prisons du Présidial de la Rochelle. Les
Arrêts soumettent à cette imposition tous les justiciables
possédant fonds dans le ressort de ce Présidial, fans distinc-
tion d'exempts ou non exempts, privilégiés, ou non privi-
légiés. Tels font les termes dont s'est íervi le Sieur Inten-
dant de la Rochelle dans TOrdonnance qu'il a rendue le 1 o
Novembre 1784, pour Texécution des Arrêts du Conseil.
Les Collecteurs par lui préposés au recouvrement de cette
somme, ont compris dans leurs rôles tous les biens ecclé-
siastiques même les revenus des Curés par appréciation
,
arbitraire, ôc jusqu'au revenu des dîmes, quoique pro-
venant de fonds déja imposés.
Le Syndic du Diocèse s'est pourvu pardevant le Sieur
Intendant de la Rochelle, à Teffet d'être reçu opposant à
Texécution de son Ordonnance, rendue le 11 Novembre
1784, en ce qui concerne la taxe mise sur les biens ecclé-
siastiques. Le Sieur Intendant a renvoyé le Suppliant de-
vant le Conseil j en conséquence il a présenté Requête pour
demander la conservation des privilèges du Clergé. II a
observé que cette immunité qu'il réclame, est une des pré-
rogatives du Clergé dont les Rois de France ont garanti
la jouissance, ôC qui est devenue Tattribut distinctif des
Ministres de la Religion ÔC des biens consacrés à I'Eglise,
ôc une convention lpéciale dans les Contrats pasiés entre
Sa Majesté ôc le Clergé aslemblé : ce pacte est rappelle dans
les dernieres années, ôc notamment dans le Contrat passé
avec le Clergé en 1780 ÔC 178 z, ÔC Sa Majesté a déclaré
que
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 SEPTEMBRE 178/. jSj-
que les biens possédés par I'Eglise feroient exempts de toute
imposition quelconque pour ouvrages publics & pour tout
autre objet. Malgré des termes si précis, qui contiennent
un pacte formel, le Conseil n'a point encore donné de dé-
cision mais M. le Contrôleur-Générala écrit à M. TInteiv
y
dant la Rochelle, le 14 Juin dernier, que les Arrêts du
de
Conseil qui ordonnent une taxe sur tous les Propriétaires
exempts qui se trouvent dans le restort du Bailliage de cette
Ville ayant excité des réclamations de la part de quelques
,
Gentilshommes ôC du Clergé, ÔC pouvant donner lieu à
des difficultés sondées, du moins quant à la forme, aussi
long-temps que la Déclaration de 1780 subsistera, le Roi
a jugé à propos d'en suspendre Texécution.
La Déclaration du Roi, sur la Taille ôc la Capitation de
1780, a ordonné qu'à compter du Département des impo-
sitions de 178 1 il ne fera plus arrêté au Conseil qu'un seul
,
Brevet général, qui comprendra la taille, ôcc, ôc le mon-
tant de ce Brevet général demeurera sixé à la somme im-
posée pour cette année*
Et à TArticle 5 il est dit, qu'au moyen de cette fixation
générale, nous continuerons de pourvoir au paiement de
toutes dépenses qui s'acquittent acf uellement dans lesdites
Provinces, n'exceptant desdites dépenses que les reconstruc-
tions ôc réparations d'Eglises ou Presbytères, ôc autres char-
ges locales, qui, étant précédées de la délibération des Com-
munautés, continueront d'être Imtorisées par notre Con-
seil, lorsque la nécessité ou futilité auront été constatées;
voulons que pour toute autre espèce de dépense, il ne puiílc
être fait, ni ordonné d'imposition sur les taillables qu'en
vertu de Lettres-Patentes, enregistrées dans nos Cours.
II s'enfuit de ces deux articles qu'on ne peut pas re-
,
jettes en augmentation sur la taille, la contribution pour la
reconstruction des Palais de Justice ôc Prisons, Ôc qu'on ne
peut pas en général augmenter la taille fans Lettres-Paten-
tes. C'est cette forme des Lettres-Patentes dont il paroît
que les difficultés ont suspendu la contribution ordonnée
par les Arrêts du Conseil. Mais ces difficultés font étran-
gères à Tintérêt du Clergé ôc de la Noblesse, qui ne font
Procès-verbal de IJSJ. Yyy
f 8 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
point soumis à la taille. Nous avons lieu d'espérer par-là
même que M. le Contrôleur-Général, en mentionnant les
réclamations du Clergé ôc de la Noblesle, a reconnu d'au-
tres motifs d'oppositions sondées que celles de la forme,
ôc ce font ces motifs que nous croyons intéresiants de re-
mettre fous ses yeux.
Nous vous proposons Messeigneurs ÔC Messieurs, de
,
charger Messieurs les Agents d'appuyer de leurs bons offices
la Requête du Clergé de la Rochelle en interprétation des
Arrêts du Conseil, des i 5 Janvier ÔC 1 6 Octobre 1784 ÔC
,
en cassation de TOrdonnance du Sieur Intendant, en ce qui
concerne la taxe mise sur les biens ecclésiastiques, ainsi que
la restitution des sommes qui auroient été perçues en vertu
de TOrdonnance proviíoire, rendue lors de la demande faite
par le Syndic du Clergé de la Rochelle.
La matière mise en délibération, il a été arrêté, confor-
mément à Tavis de la Commistion que Messieurs les Agents
,
appuieront de leurs bons offices la Requête du Clergé de
Ta Rochelle, à l'esset d'obtenir Tinterprétation des Arrêts
du Conseil, des 15 Janvier ôc 1 6 Octobre 1784, ÔC la cas-
sation de TOrdonnance de M. Tlntendant, en ce qui con-
cerne la taxe mise íur les biens ecclésiastiques , ainsi que
la restitution cies sommes qui auroient été perçues en vertu
de TOrdonnance provisoire, rendue lors de la demande faite
par ie Syndic du Clergé de la Rochelle.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 19 Septem-
bre à neuf heures du matin.
,
Signé ì^k ARTHUR-RICHARD Archevêque Ôc Pri-
,
mat de Narbonne Président.
,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 19 SEPTEMBRE 1785. 587

DU LUNDI, DIX-NEUF SEPTEMBRE 1785,


à neuf heures du matin.

Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président*

MOnseigneur TArchevêque de Narbonne a dit : Que, LXXXIX


conformément aux ordres de T Assemblée, il avoit SEANCE,

remis hier au Roi la Lettre ÔC le Mémoire qu'elle ávoit jugé


à propos d'adresser à Sa Majesté fur Timrnunité person-
nelle des Evêques j que le Roi avoit eu la bonté de lui pro-
mettre une réponse prochaine j qu'en effet il venoit de la
recevoir, ainsi que celles relatives aux demandes de TAssenv
blée touchant les aliénations ôc Tinterprétation de TArticle
5 de la Déclaration de 1774; qu'il avoit reçu en même-
temps une Lettre de M. le Garde des Sceaux, touchant les
Portions congrues j que fi l'Assemblée Tagréoit,il en seroit
fait lecture. Sur quoi, lecture faite des réponses du Roi ôc
de la Lettre de M. le Garde des Sceaux il a été arrêté que
,
la réponse du-cRoi à la Lettre de l'Assemblée, fur Timrnu-
nité personnelle des Evêques, seroit inférée dans le Procès-
verbal 3 que celles fur les aliénations ÔC fur TArticle $ de la
Déclaration de 1774, feroient renvoyées au Bureau du
Temporel, ÔC la Lettre de M. le Garde des Sceaux au Bu-
reau des Portions cono-mes.

RÉPONSE DU ROI,
Au Mémoire fur Timrnunité personnelle des Evêques.

JTE me ferai rendre compte du Mémoire que l'Assemblée


xjp du Clergé m a présenté.
Je suis satisfait des sentiments quelle inexprimé dans la
Lettre quelle ma adressée.
Le Clergé de mon Royaume doit comptersur ma protection,
Yyy z
j88 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ÓC sur mon attention à faire observer les Loix. constitutives
des privilèges que les Rois mes prédécesseurs lui ont accordés.

Le Contrat entre le Clergé ÔC les Sieurs Bollioud de


Saint-Jullien ÔC de Quinfon, a été lu ôc signé.
Mesteigneurs ôc Messieurs les Commiílaires, pour les dî-
mes, ayant pris le Bureau, Monseigneur TArchevêque de
Rheims, Chef de la Commission, a commencé la lecture
d'un Rapport relatif à la dîme des fruits de nouvelle cul-
ture dans le ressort du Parlement de Pari<>.
La Séance a été indiquée à cinq heures de relevée.
Signé >$< ARTHUR-RICHARD, Archevêque ôc Primat
de Narbonne, Président.

DU LUNDI, DIX-NEUF SEPTEMBRE 178j,


à cinq heures de relevée.

Monseigneur TArchevêque de Narbonne, Président.

xc MEsseigneurs Messieurs les Commissaires, pour le


ôC
SÉANCE.
compte des Rentes au denier vingt, ont pris le Bu-
reau. Monseigneur TArchevêque de Tours, Chef de la
Commission a dit :
,
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Nous n'avons rien négligé de ce qui étoit en notre pou-
voir, pour répondre, d'une manière convenable à la con-
,
fiance que vous avez bien voulu nous témoigner, en nous
chargeant d'examiner les comptes des rentes au denier
vingt, de TEmprunt de trente millions fait en Tannée 1780,
de celui de seize millions fait en 178x, ôc ceux des rentes
au denier vingt-cinq qui ont été constituées fur celui de
1781 ouvert pour le remboursement de TEmprunt de
,
1.780, ÔC continué pour opérer de même Textinction de
celui de 1781. L'exposition de ce travail annonce de quelle
DU CLERGÉ DE FRANCE , 19 SEPTEMBRE 1785. 589
importance il est pour le Clergé de connoître sa véritable
situation sur ces différents Emprunts : aussi avons-nous mis
toute notre attention à nous en instruire, afin d'être en état
de vous en rendre un compte exact. Nous ne vous dissimu-
lerons point que malgré toute Tenvie que nous aurions eue,
d'en abréger Ie rapport, les opérations occasionnées par
TEmprunt de 178 1, ayant nécessairement fait des chanp-e-
ments dans chacune des cinq années que nous avons exa-
minées nous ne pouvons nous dispenser de vous en pré-
,
senter les comptes par détails. Pour vous en donner Tintel-
ligence, nous allons d'abord mettre fous vos yeux les dis-
positions de la Délibération qui a ordonné TEmprunt de
1780 , afin que connoislant quelles ont été ses vues, rela-
tivement aux fonds qu'elle a destinés à fa libération, vous
soyez à portée de juger que ses intentions ont été exacte-
ment remplies par votre Receveur-Général, qui, suivant
toujours ses mêmes principes, a mis le plus s;rand ordre
dans tous ces comptes, ce qui nous a donné beaucoup de
facilité pour leur examen.
Quelqu'extraordinaire qu'ait été, Messeigneurs la de-
,
mande faite par le Roi au Clergé en 1780, l'Assemblée n'a
pas cru néanmoins devoir la refuser 5 ÔC quoiqu'il n'y eût
point d'exemples d'un Don-gratuit de cette importance,
les circonstances de la guerre exigeoient, de la part du pre-
mier Ordre du Royaume une preuve aussi évidente de
,
son zèle pour le bien de TEtat : d'ailleurs Sa Majesté ostroit
de faire remettre à votre Caiste, pendant quatorze ans, une
somme d'un million de livres pour accélérer votre libéra-
tion, de manière que le Clergé ne restoit réellement chargé
que de seize millions de principal ÔC de la totalité des inté-
rêts. Ce n'est cependant qu'après avoir fait les plus sérieuses
réflexions, que l'Assemblée s'est déterminée à sittisfaire Sa
Majesté j ÔC lorsque par sa Délibération du n Juin, elle
accorda ce Don-gratuit, elle s'étoit asturée qu'au moyen
de la remise de ces quatorze millions ( qu'elle jugea à pro-
pos d'accepter) elle trouveroit les fonds néceílaires pour
acquitter les nouvelles charges qu'il occasionneroit, fans
augmenter de beaucoup les impositions annuelles que fup-
190 PROCBS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
portoient déja les Bénéficiers. Pour parvenir à cette con-
noissance, T Assemblée s'étoit fait rendre un compte exact
de la situation du Clergé. Elle avoit reconnu, avec la plus
grande satisfaction, que ce qui restoit encore dû en 1775
des rentes au denier vingt, constituées depuis ôc compris
1734, jusques ÔC compris 1771, s'étoit trouvé converti
en rentes au denier vingt-cinq dès Tépoque du premier
Avril 1777. Quoique par cette conversion les arrérages
annuels que payoit le Clergé pour cet objet, euslent été di-
minués de plus de trois cents mille livres par an, on avoic
toujours levé Timposition destinée à les acquitter, pour la
somme à laquelle elle avoit été sixée par l'Assemblée de la
même année 1775 it en sorte que cette diminution d'arréra-
ges avoit tourné en augmentation fur les remboursements de
la masse totale des capitaux dus par le Clergé qui tous
,
étoient alors réunis, ôc qui, suivant les états de progressions,
représentés à l'Assemblée de 1780 dévoient se trouver ré-
,
duits au premier Octobre J 78 1 , à la somme de quatre-
vingt-quinze millions six cents quarante-deux mille deux
cents trente livres, les intérêts annuels de cette somme ne
devant plus former qu'un objet de trois millions huit cents
vingt-cinq mille six cents quatre-vingt-neuflivres quatre
fols, ÔC les deux impositions qui fe trouvoient destinées,
tant au paiement de ces intérêts, qu'au remboursement de
leurs capitaux, composant ensemble un total de six millions
six cents soixante-dix-huit mille livres, il fut auíïi reconnu
qu'on pourroit en distraire une somme d'un million quatre
cents mille livres pour Taffecter au nouvel Emprunt de
1780, puisque ce qui en restoit [joint au premier secours
des cinq cents mille livres accordées par le Roi dès 1748 ]
,
étoit suffisant pour procurer Tentiere libération des rentes
au denier vingt-cinq, à une époque plus prochaine que celle
qui avoit été fixée par la progression de 1775. C'est d'après
cetteconnoistance, quel'Astembléede 1780,en ordonnant,
Messeigneurs, par fa Délibération du z6 Juin, un Emprunt
au denier vingt pour acquitter le nouveau Don-gratuit,
décida qu'indépendamment du million offert par le Roi,
on affecteroit encore au service de cet Emprunt, une im-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 19 SEPTEMBRE I78J. J$Î
position annuelle de deux millions de livres de principal,
qui seroit composée, i°. d'un million quatre cents mille
livres à distraire fur le montant des impositions que TAs-
femblée de 1775 avoit destinées aux rentes au denier vingt
ÔC au denier vingt-cinq j z°. ôc d'une somme de six cents
mille livres que celle de 1780 jugea à propos d'ajouter à
ce qui se levoit déja sur tous les Contribuables.
Mais comme cet arrangement ne devoir avoir lieu qu'à
Tannée 1781 ôc>que cependant Tépoque du commence-
,
ment de la jouistance accordée, aux nouveaux Prêteurs,
avoit été fixée au premier Juin 1780 il falloit encore pour-
,
voir au paiement de la portion d'arrérages des dix mois qui
dévoient écheoir au premier Avril suivant, ôc monter à
un million deux cents cinquante mille livres, TAssemblée
avoit obtenu de Sa Majesté, pour acquitter une partie de
ces arrérages, une remise de deux cents cinquante mille li-
vres fur le Don-gratuit, il ne restoit plus à trouver qu'un
million, ôc elle ordonna qu'il seroit pris à la même époque
du premier Avril 178 1 fur les fonds des remboursements
,
des rentes au denier vingt-cinq, patce qu'elle avoit encore
reconnu par son travail, qu'en lailíant subsister les imposi-
tions destinées à leur service, telles qu'elles avoient été or-
données en 1775, jusques ôc compris le terme de Noël 1780,
ÔC en reprenant cette somme d'un million sur le produit
de ce même terme, les capitaux de ces rentes se trouve-
roient toujours réduits, au premier Octobre 1781, à la
somme de quatre-vingt-quinze millions six cents quarante-
deux mille deux cents trente livres,. TAsiemblée, dans cet
arrangement, avoit en vue Tavantage des Bénéficiers, puis-
qu'il reculoit, autant qu'il étoit possible, Tinstant oû leurs
charges dévoient augmenter. Et vous voyez, Messeigneurs,
qu'on ne pouvoit prendre de plus justes mesures pour íatií-
faire Sa Majesté, ôc concilier en même-temps les intérêts
du Clergé, avec la fureté de ses créanciers, nous avons cru
devoir entrer dans ces détails, qui font absolument néces-
saires pour connoître les objets qui composent les comp-
,
tes dont nous allons avoir Thonneur de vous entretenir.
Le premier qui nous a été présenté, est, Meíleigneurs,
j9i PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
celui de TEmprunt de trente millions, ordonné par TAsienv
blée de 1780, suivant sa Délibération du z6 Juin, pour
acquitter le Don-gratuit de pareille somme qu'elle venoit
d'accorder au Roi, par uiie autre Délibération du 1 z du
même mois : ce compte est très-simple , Ôc ne contient qu'un
seul chapitre de recette, qui renferme cette somme de
trente millions, reçue des différents particuliers qui y font
dénommés, pour les principaux des rentes au denier vingt,
constituées à leur profit en vertu de cette Délibération, fur
le vu de laquelle nous avons admis cette recette, ainsi, que
fur celui des ampliations des Contrats passés en conséquence
à ces Prêteurs, par MM. les Commistaires que T Aílemblée
de 1780 avoit chargés de faire exécuter cet Emprunt.
La dépense de ce même compte n'est aussi que d'un seul
chapitre composé de la remise faite par votre Receveur-
,
Général au Trésor-Royal, de cette même somme de trente
millions, pour le paiement de ce Don-gratuit, ÔC nous sa-
vons allouée fur le vu des quittances du Garde du Trésor-
Royal, qui nous ont été représentées, pour justifier cette
dépense qui est égale à la recette. C'est pourquoi nous
,
avons arrêté ce compte , partant quitte, ôc paílé en-
fuite à Texamen de celui des premiers arrérages de cet
Emprunt, qui contient ceux des dix mois échus depuis le
premier juin 1780, [époque où ils ont commencé à cou-
rir en faveur des Prêteurs,] jusqu'au premier Avril 178 1.
Compte des rentes au denier vingt, de l'Emprunt de 1780,
pour la portion des 1 o mois échus au premier Avril 1781.
RECETTE.
Suivant les dispositions de la Délibération du 26 Juin
1780, que nous avons eu Thonneur de vous exposer, la
recette de ce compte devoit être composée, Adeíleianeurs,
de deux chapitres, dont le premier auroit eu pour objet les
deux cents cinquante mille livres de remise faite par le Roi
sur le Don-gratuit, ôc le second la reprise à faire sur les
fonds des remboursements du premier Avril 1781. Mais
TAílemblée ayant réfléchi, au moment de fa clôture, que
le
DU CLERGÉ DE FRANCE , 19 SEPTEMBRE I 7 8 y. j 9 3
le montant cle cette remise qui íe trouvoit alors dans íà
Caisse ne devoir être distribué aux Rentiers qu'environ six
,
mois après elle décida, [ pour ne point laiílçr cette somme
,
oisive que le Receveur-Général s'en íerviroit pour payer
,]
une partie de íes frais communs, sauf à reprendre en en-
tier sur le fonds des remboursements du mois d'Avril 178 i,
les un million deux cents cinquante mille livres, nécestai-
res au paiement des arrérages au denier vingt , dont cette
remise devoit acquitter une partie. Cette disposition éco-
nomique est donc cause, Meíleigneurs, que la recette du
compte que nous vous présentons , est renfermée dans un
seul ôc unique chapitre, qui contient la reprise faite par le
Comptable, sur les fonds des remboursements des rentes
au.denier vingt-cinq du terme d'Avril 178 1 , de la somme
d'un million deux cents cinquante mille livres, qu'il a em-
ployée à la même époque, au paiement de la portion des
,
dix premiers mois d'arrérages de TEmprunt de 1780, sui-
vant le détail de la dépense de ce même compte, qui n'est
non plus que d'un seul chapitre, montant à pareille somme
que la recette : c'est pourquoi nous Tavons arrêté, partant
quitte, après en avoir admis la recette, tant fur le vu de
la Délibération du z6 Juin 1780 que fur celui du compte
,
des frais communs de la même Assemblée ôc encore du
,
compte des rentes au denier vingt-cinq, où cette somme
d'un million deux cents cinquante mille livres a été portée
en dépense pour ordre seulement, à la charge de la re-
cette sur celui-ci.
A Tégard de la dépense, nous Tavons allouée fur le vu
des quittances des Rentiers ainsi que des pièces justifica-
,
tives de leur droit, ÔC après nous être fait encore représen-
ter , pour mieux connoîtreces Rentiers, les ampliations des
Contrats passés à leur profit.
Compte des Rentes de 1780.
Année 17 8 1.
RECETTE.
Les observations préliminaires de ce Rapport, vous ont
Procès-verbal deiyiïj, Zzz
594 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
fait connoître, Messeigneurs, les objets qui doivent com-
poser la recette de ce compte, qui est distribuée en deux
chapitres.
Le premier contient les sommes provenues du recouvre-
ment fait aux termes de Saint-Jean ÔC Noël 178 i , de Tim-
position destinée, par T Aílemblée de 1780, au paiement
des arrérages, ôc au remboursement de partie des capitaux
de TEmprunt de la même année. Cette imposition est en
totalde la somme de deux millions vingt-cinq mille livres,
y compris vingt-cinq mille livres pour les taxations attri-
buées aux Receveurs Diocésains des Décimes pour frais de
recouvrement, ÔC elle a été levée en vertu du nouveau Dé-
partement que cette même Assemblée arrêta le 19 Août,
iur le pied de la contribution générale de 1770. C'est
fur le vu de ce Département ÔC fur celui de la Délibé-
ration du 2.6 Juin, qui a ordonné cette imposition que
,
nous avons admis en recette cette même somme de
deux millions vingt-cinq mille
livres, ci ÌOIJOOO 1.
Le deuxième est composé de
la somme d'un million de livres,
reçue de TAdjudicataire des Fer-
mes-Unies de Sa Majesté, les 1 j
Juillet 178 1 ÔC 1 5 Janvier 1781,
pour les deux premiers paiements
des quatorze millions que Sa Ma-
jesté s'est engagée de remettre à
votre Caisse, ôc que T Aílemblée
a affectés à la libération des ren-
tes au denier vingt par fa Déli-
bération dudit jour z6 Juin , fur
le vu de laquelle nous avons
admis cette recette, ainsi que sur
la représentation de TEdit d'alié-
nation de cette somme de qua-
torze millions, donné par le Roi
au profit du Clergé, au mois _
'

Si O-l J OOO 1.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 19 SEPTEMBRE 178;. 595-
Ci-contre zozjoool.
d'Août 1780, ôC revêtu, suivant
la promeíle de Sa Majesté, de
toutes les formalités nécestaires
pour son entière exécution, ci.. 1000000
Ces deux sommes réunies for-
ment ensemble celle de trois mil-
lions vingt-cinq mille livres,
composant la totalité de la re-
cette de ce compte, ci . . . 302j000

D É P EN S E.

Elle est composée Meslegneurs, de huit chapitres.


,
Le premier contient les arrérages de Tannée 178 1, payés
aux Rentiers de TEmprunt de 1780, aux époques des pre-
mier Octobre 178 1 ôC premier Avril 1782, suivant Tan-
cien usage, parce que T Assemblée de 1770, qui changea
la forme des comptes, laisla subsister Tordre des paiements
qui étoit alors suivi 3 ôc que dans tous les Emprunts qui se
font faits depuis, les rentes ont toujours été stipulées paya-
bles par semestre : comme les remboursements estectifs de
cet Emprunt de 1780 ont commencé aux lîx premiers mois
de cette même année 1781 ces arrérages se sont trouvés
,
n'être que de la somme d'un million quatre cents cinquante-
huit mille deux cents trente-trois livres quinze fols, atten-
du la diminution occasionnée, tant par la suppreflion en-
tière des parties remboursées avec les tonds du Clergé, que
par la réduction de celles qui ont été converties, à la même
époque ÔC à celle du premier Janvier 1782 en rentes au de-
,
nier vingt-cinq, en conséquence d'une autre Délibération,
dont nous remettons à vous instruire au moment où nous
vous parlerons du paiement des arrérages de ces nouvelles
rentes. Nous avons alloué la dépense de cette même somme
d'un million quatre cents cinquante-huit mille deux cents
trente-trois livres quinze fols fur le vu des quittances des
Rentiers, ainsi que fur celui des autres pièces justificatives de
Zzz z
%<)6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
leur droit qui nous ont été représentées ôC que nous
, ,
avons trouvées dans la forme
convenable ci 1458z 3 3 1. 1 j f,
,
Le deuxième chapitre est de
la somme de vingt-cinq mille li-
vres , à laquelle montent les ta-
xations de trois deniers pour li-
vre , attribuées aux Receveurs
Diocésains des Décimes,pourles
frais du recouvrement de Tim-
position qui compose le premier
chapitre de ce compte. Ces Re-
ceveurs ont retenu , suivant ì'uía-
o-e, cette somme par leurs mains,
des deniers.de leur recette, ÔC
nous en avons alloué la dépense
íur le vu de la Délibération qui
a ordonné cette imposition, ainsi
que fur celui du Département,
en vertu duquel elle a été levée,
ci ijooo
Lc troisième chapitre de dé-
pense renferme les sommes prin-
cipales, payées à quelques-uns
des Créanciers du Clergé pour
le remboursement des rentes cons
tituées à leur profit fur cet Em-
prunt de 1780. Ces rembourse-
ments faits aux époques des fix
premiers ÔC six derniers mois de
Tannée 1781, montent en total
à un million quatre cents soixan-
te-onze mille cent livres. Sa-
voir , ceux des six premiers
mois à sept cents cinquante-six
mille six cents livres, ÔC ceux des
six derniers mois à sept cents
1483Z33 1. ij L
DU CLERGÉ DE FRANCE., 19 SEPTEMBRE 178c. jyj
Ci-contre 148 3 2.3 3 1. i£ s.
quatorze miìie cinq cents livres;
Si nous ies avons admis en dé-
pense fur ìe rapport des groíles
des Contrais, des quittances de
remboursements, & de toutes les
autres pièces justificatives qui
nous ont été représentées pour
le soutien de ce chapitre que
,
nous avons scrupuleusement exa-
minées oc vilées, après les avoir
jugées dans la forme qu'il con-

...
venoit, pour opérer l'entiere dé-
charge du Clergé, ci
Les trois chapitres de dépense
que nous venons de vous pré-
1471100

senter dévoient être Messei-


, ,
gneurs, ies íeuls que ce compte
étoit susceptible de renfermer,
conformément à la Délibération
du i 6 Juin 1780 : mais r Assem-
blée de cette même année ayant
jugé à propos [ dans la vue de
procurer plus promptement la li-
bération du Clergé ] d'ordonner
que les nouvelles rentes au de-
nier vinsrt íeroient converties en
rentes au denier vingt-cinq,
aussi tôt que les circonstances
-
pourroient le permettre j cette
opération a occasionné d'au-
tres dépenses que celles prévues
par cette première Délibération.
Pour vous en donner l'intelli-
gence, il est nécessaire que nous
vous rapportions ici les disposi-
tions de celle qui a ordonné cette |__
Z9S43Ì3 1- iJ f-
59§ PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De Vautre -part . . . . 2954333 1. IJ s,
conversion. Nous n'avons pas
cru devoir ie faire dès le com-
mencement de ce Rapport j pour
éviter la confusion , nous réser-
vant à vous en entretenir au mo-
ment où. son exécution rendroit
indispensables les détails dans les-
quels nous allons entrer.
Cette Délibération , Messei-
gneui'Sj que Messieurs les Agents
ont eu foin de faire approuver
par Sa Majsté, est en date du 6
Ociobre 1780, Elle autorise vo-
tre Receveur-Général à rece-
voir à compter du premier Oc-
,
tobre 1781, toutes les sommes
qui pourroient lui être offertes,
pour être placées fur le Clergé à
constitution de rentes au denier
vingt-cinq, jusqu'à concurrence
de celle qui ferok nécessaire pour
rembourser ce qui resteroit en-
core dû de rentes au denier vingt.
Elle ordonne que le fonds des
arrérages de ces rentes au denier
vingt-cinq, fera pris fur ceux de
l'imposition destinée à acquitter
les rentes au denier vingt qu'el-
les représenteront, & que ces ar-
rérages seront portés en dépense
sur le même compte, sous îa dé-
nomination des rentes de 178 1,
ainsi que les dépenses occasion-
nées par cette opération, parce
qu'elle destine à leur paiement
h: b'm'fìce au'elle doit produire "

Z9S4Ì1Î 1- IJ C
DU CLERGÉ DE FRANCE , 19 SEPTEMBRE 1785. 599
Cì-contre 2-9543 3 3 1. 15 s.
. . . . .. .
par la diminution des charges an-
nuelles : elle prescrit en outre
qu'à l'instant où ce bénéfice se
trouvera excéder ces dépenses,
le surplus fera aussi-tôt employé
à augmenter le fonds des rem-
boursements effectifs à faire fur
l'un ou l'autre de ces Emprunts,
attendu que rAstemblée voulant
donner a celui du denier vingt-
cinq tous les avantages qui pou-
voient ' l'accélérer décida par
même ,
Délibération, ,
cette que íî
quelques-uns des nouveaux Prê-
teurs redemandoient leurs fonds,
ils pourroient être employés, mê-
me avant la fin de l'opération,
dans les états de remboursements
effectifs qui se feroient tous les
six mois, pour une somme pro-
portionnée à ce qui se trouveroit
alors de rentes au denier vingt,
converties en rentes au denier
vingt-cinq.
Vous voyez, Messeigneurs,
que cette Délibération n'a rien
omis de ce qui pouvoit faire réus
sir cet Emprunt : aussi avons-nous
vu que dès l'époque fixée pour
son ouverture il s'est présente
,
des fonds dont votre Receveur-
Général a fait l'emploi de la ma-
nière qui lui avoit été prescrite
par l'Assemblée , il s'est trouvé
par conséquent avoir à payer au
premier Avril 1781, tant les ar-_
IMI
i9J43 3^.i- *4S-
éoo PROCES-FÉRBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part . . . . 2-9543 3 3 1. 15 s
rérages des nouvelles rentes au
denier vingt-cinq, que les hono-
raires dus pour les Contrats ô£
ies autres frais occasionnés par
cet Emprunt. Ce font ces diffé-
rentes dépenses [ desquelles il
étoit néceílaire de vous faire con-
noitre les causes ] que nous avons
trouvées employées dans les der-
niers chapitres de ce compte,
dont le quatrième contient la
somme de quarante-deux mille
cinq cents dix-huit livres quinze
íols, payée à l'époque du premier
Avril 1782, aux nouveaux Ren-
tiers au denier vingt-cinq pour
les différentes portions d'arréra-
ges , échus ledit jour premier
Avril, des rentes qui ont été cont-
tituées à leur profit fur l'Em-
prunt ouvert en 1781. Ces por-
tions font de six mois pour les
parties dont la jouiílance a com-
mencé le premier Octobre 17 8 1,
& de trois mois pour celles qui
n'ont commencé qu'au premier
Janvier 1782, ô£ montent en-
semble à ladite somme de qua-
rante-deux mille cinq cents dix-
huit livres quinze fols, dont nous
avons alloué la dcpeníe íur le vu
de leurs quittances &C des am-
pliations des Contrats qui ont été
pâlies à leur profit, ci 4251S 15
Nous vous observons, Mef-
seigneurs, que pour nous faire
2996852 1. 10 f.
connoître
DV CLERGÉ DE FRANCE , 19 SEPTEMBRE 1785. 601
Ci-contre 299685x1. 10 s.
connoître ces Rentiers qui n'ont
point encore été employés dans
aucun compte , ainsi que l'épo-
que du commencement de leur
jouissance, votre Receveur-Gé-
néral nous a représenté celui de
ce même Emprunt de 178 1, qui
contient l'état des sommes prin-
cipales, fournies par chacun des
Prêteurs, ôc l'emploi qui en a été
fait en remboursements de ren-
tes au denier vingt. II sembleroic
naturel que nous vous eussions
de même présenté ce compte à
chaque époque avant que de
,
mettre fous vos yeux le paiement
des arrérages des rentes auxquel-
les il a donné lieu ', mais comme
il contient tout ce qui s'est fait
fur cette opération, jusques Ôí
compris le premier Juillet 1785,
nous préférons, pour ne point
interrompre Tordre de ce Rap-
port , de différer jusqu'à sa fin à
vous en présenter le résultat, avec
d'autant plus de raison, qu'ayant
pris la précaution, d'après l'ob-
feryation du Comptable, de n'al-
louer la dépense des nouvelles
rentes, que fur le vu des amplia-
tions des Contrats, nous avons
mis à cet examen la forme con-
venable &C qu'il est plus clair
,
de n'employer ici que les recettes
cC dépenses annuelles, pour vous
donner plus de facilité à saisir^
- ...
2996852 1. 1 o í.
Procès-verbal de 1785- Aaaa
vgo2 PROCHS-FERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALR
De l'autre part . „ . • 2996852 L 10 s.
Teníemble des comptes que nous
vous rapportons : c'est pourquoi
nous en userons de même pour les
années suivantes, &£ nous allons
reprendre la fuite du compte
..
des rentes 1780 pour Tannée
178 1 dont le cinquième cha-
,
pitre de dépersse contient la som-
me payée aux Notaires de Paris,
pour les honoraires des Contrats
qu'ils ont pafiés fur le nouvel Em*
prunt au denier vingt-cinq, aux
époques des premier Octobre
1781 &,' premier Janvier 1782.
Ces honoraires, fixés à cinq livres
par mille livres des capitaux de
ces Contrats, [ par la Délibéra-
tion du 6 Octobre 1780 qui a
ordonné cet Emprunt ] font de
la íomrae de douze mille huit
cents soixante-sept livres douze
lois six deniers, attendu que les
fonds remis par les nouveaux
Prêteurs à ces deux époques
, ,
font de deux millions cinq cents
íoixante-treize mille cinq cents
vingt-cinq livres, 12867 12 6
. . . .
Le sixième qui est de la som-
,
me de trois mille cent soixante-
íeize livres douze fols, renferme
les paiements faits aux mêmes
Notaires de Paris pour les ho-
,
noraires des quittances de rem-
boursement des rentes au denier
vingt faits avec les fonds du
,
nouvelEmprunt au denier vingt-
. _^
3009720 1. 2 s. 6 d.
DU CLERGÉ DÉ FRANCEJ I 9 SEPTEMBRE 1785. 60 j
Ci-contre
• j
30097201. 2 s. 6 d.
cinq, aux memes époques des
premier Octobre 1781 &C pre-
mier Janvier 178 2. Ces rembour-
sements montent en total à un
million cinq cents quatre-vingt-
huit mille trois cents livres, 6c
les honoraires de ces quittances,
fixés par cette même Délibéra-
tion à deux livres par mille li-
,
vres des capitaux remboursés,
font par conséquent de ladite
somme de trois mille cent soi-
xante-seize livres douze fols qui
compose ce chapitre, ci 3*7^ *&
. .
Le septième contient celle de
quatre mille six cents vingt-trois
livres seize fols, payée aux Re-
ceveurs Provinciaux ÔC Diocé-
sains des Décimes, pour la gra-
tification de deux livres par
mille livres que cette même Dé-
libération leur a accordée, pour
les dédommager des frais que
pourroient leur occasionner les
tonds qu'ils procureroient fur le
nouvel Emprunt.Ceux qu'ils ont
remis aux époques ci-dessus, íont
en total de la somme de deux
millions trois cents onze mille
neuf cents livres : c'est pourquoi
nous avons admis la dépense de
ce chapitre pour celle de quatre
mille six cents vingt-trois livres
seize sols dont remploi nous a
,
été justifié ainfi que pour les
,
deux chapitres précédents par
,
3012896 1. 14 f 6 d.,
Aaaa 2
éo'4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre pan . . . . 3012896 1. 14 s. 6 d.
îes quittances des Notaires et des
Receveurs des Décimes que
,
nous avons visées, après en avoir
fait la vérification Sí les avoir ju-
gées en bonne forme, ci 462 3 16
. .
Enfin le huitième & dernier
chapitre de dépense de ce comp-
te a pour objet les taxations ac-
cordées au Comptable par cette
même Délibération, qui les a fi-
xées à quatre mille liv. pour cha-
que million qui seroit converti
en rentes au denier vingt-cinq,
8c ce pouí" le remplacement de
ses avances & déboursés salaires
>
de ses Commis & récompense du
travail extraordinaire que lui oc-
casionnerait cette opération. Les
fonds provenus du nouvel Em-
prunt aux époques des premier
Octobre 1781 &c premier Jan-
vier 1782, font en total de deux
millions cinq cents íoixante-trei-
ze mille cinq cents vingt-cinq li-
vres, par conséquent les taxations
du Receveur-Général font, pour
cet objet, de la somme de dix
mille deux cents quatre-vingt-
quatorze livres deux fols, qu'il
a retenue par ses mains des de-
niers de ía recette, 6c dont nous
lui avons alloué la dépense sur le
vu de la Délibération duditj'our
6 Octobre 1780, ci 10294 2
., .
Ces huit chapitres de .dépense
font en total de la somme de trois
30278 14 1. 12 f. 6 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 19 SEPTEMBRE 1785. 605
millions vingt-sept mille huit
cents quatorze livres douze fols
íix deniers, ci 3027814 12 6
Et la recette de ce compte, en
deux chapitres n'est que de
,
trois millions vingt - cinq mille
livres, ci 3025000
Le Comptable se trouve par "~ "" ~"~
conséquent en avance de la som-
me de deux mille huit cents qua-
torze livres douze fols íix de-
niers qu'il portera en dépense sur
,
ie premier chapitre du compte
suivant, conformément à Tarrê-
té que nous avons mis fur ce-
lui-ci, ci 28 14 1. 12 f. .6 d.

Compte des Rentes créées fur lEmprunt de 1780 cG fur


celui ouvert en 178 1, de même que fur celui de 1782
réuni au premier, ÓC qui seront l'un oG l'autre repréjentés
par celui de 17 8 1, les fonds qu'il a produits devant être
employés au remboursement des deux autres.
Année 1782.

II est encore survenu, Messeigneurs, à cette époque des


changements dans Tadministration de vos impositions-, qui
nous obligent à quelques détails pour vous en faire-connoï-
tre les cauíes.
Les événements de Tannée 1782 donnèrent occasion à
la Nation Françoise de signaler son attachement pour son
Souverain óí Tintérêt qu'elle prenoit à sa gloire &. à la
,
prospérité de ses armes. Tous les Ordres de TEtat s'empres-
sèrent d'offrir à Sa Majesté des secours qui la mettant à
portée de continuer la guerre avec succès, ont accéléré le
retour de la paix, en faisant connoître aux ennemis de la
France Tétendue 6c la promptitude des reíìources que le
Roi pouvoit trouver dans Tassection de ses Sujets. Le Clergé
€06 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
voulant donner au Monarque de nouvelles preuves du zèle
dont il a toujours été animé pour le bien de TEtat, offrit
à Sa Majesté un Don-gratuit de quinze millions, &c la sup-
plia de permettre qu'il ajoutât à cette somme un million
pour être employé au soulagement des matelots bleílés, &c
des veuves d>L orphelins de ceux qui avoient été tués à son
service pendant le cours de la guerre. Le Roi sensible aux
marques d'attachement du premier Ordre de son Royaume,
lui en témoigna sa satisfaction d'une manière aussi flatteuse
pour TÂssemblée extraordinaire de 1782 qui lui avoit fait
ses ossres, qu'avantageuse au Corps qu'elle repréfentoit. Sa
Majesté fit annoncer à cette Assemblée, par MM. ses Com-
IÏIÌU"aires, que désirant que le zèle du Clergé ne retardât
pas fa libération, elle augmenteroit de sept cents mille li-
vres par an le secours de cinq cents mille livres qui avoit
lieu depuis 1748, avec promesse d'y ajouter encore trois
cents mille livres_, à commencer du 35 Janvier de Tannée
qui fuivroit immédiatement ìa signature de la paix, &C de
prolonger ces secours réunis jusqu'en 1802 inclusivement.
L'Aflemblée accepta ces ossres avec reconnoissance 3 ôt dé-
libérant entuite fur Temploi à faire de ces dissérentes som-
mes , dont le paiement fut assuré au Clergé par un Edit
revêtu de toutes les formes nécessaires, elle fit des disposi-
tions que nous allons mettre íous vos yeux, pour assecter
a chaque nature des capitaux dus par le Clergé, des fonds
proportionnés à leur montant, afin d'opérer, à peu près à la
même époque, la libération des rentes au denier vingt ôt
au denier vingt-cinq.
C'est dans cette vue, Messeigneurs, qu'après avoir pris
une connoissance exacte de la situation du Clergé à Tépo-
que du premier Octobre 1782, cette Assemblée décida j par
fa Délibération du 28 du même mois, qu'à compter du
terme de Noël de la même année, les fonds qui íeroient
affectés au service de TEmprunt de 178 o, & de celui de seize
millions qu'elle venoit d'ordonner & qu'elle réunit au pre-
mier, feroient composés :
1 °. De Timposition de deux millions ordonnée en 1780
pour le service du premier de ces deux Emprunts.
CLERGÉ DE FRANCE 19 SEPTEMBRE 1785. 607
- DU ,
2°. D'une somme de onze cents mille livres qui ferok
reprise fur Timposition de cinq millions deux cents soixante*
dix-huit mille livres, qui étoit affectée au service des Em-
prunts au denier vingt-cinq, dont elle se proposa d'augmen-
ter le fonds des sept cents mille livres du nouveau secours
accordé par le Roi.
3 Q.
Et enfin du million accordé aussi par le Roi en 1780
pour avoir lieu pendant quatorze ans, 8£ qui avoit été par-
ticulièrement afiecté au remboursement de TEmprunt de
la même année.
Elle décida en outre que les trois cents mille livres,
,
qui, suivant la promefle de Sa Majesté, dévoient être remi-
ses chaque année à votre Caille après le retour de la paix,
seroient encore ajoutées aux fonds ci-desius afin d'accélérer
d'autant T extinction des Emprunts de 1780, cè" 17S2 qui,
,
au moyen de ces différentes dispositions, dévoient íc trou-
ver définitivement remboursés dans Tefpace de vingt-qua-
tre ans ou environ.
Nous devons encore vous observer, Mesieigneurs, que
Sa Majesté a fait remise au Clergé sur le Don-gratuit de
1782, d'une somme de quatre cents mille livres qui dc-
voit être employée au paiement des six premiers mois d'ar-
rérages de TEmprunt de la même année. Mais comme íe
fonds de ces arrérages íe trouvoit déja fait dans la retenue
d'une partie de Timposition des rentes au denier vingt-cinq,
dont nous venons de vous expliquer le motif, il fut décidé
que cette somme de quatre cents mille livres íeroit em-
ployée, au premier Avril 1783 en remboursements défi-
,
nitifs., íoit fur TEmprunt de 1780, soit sur TEmprunt de
1782, afin d'accélérer d'autant la libération effective de
ces deux Emprunts qui se trouvoient alors réunis.
Pour se conformer aux dispositions que nous venons de
mettre fous vos yeux, votre Receveur-Général a donc com-
posé la recette de ce compte de quatre chapitres.
Le premier, qm', comme au compte précédent, est de
la somme de deux millions vingt cinq mille livres
-
renferme le produit de Timposition ordonnée en 1780,
pour le service de TEmprunt de la même année, elle a été
€o8 PROCES^VÈRBAL DE L*ASSEMBLÉE-GÉNÉR.ALE
levée sur les Bénéficiers, aux termes ordinaires de Saint-
Jean &: Noël pour Tannée 1782, &; nous en avons alloué
la recette fur le vu du compte
précédent, ci -. •> , -> » „ 2025000 L
Le second a pour objet la re-
tenue faite au terme de Noël
1782 sur le produit de Timpo-
,
fition destinée au service des ren-
tes au denier vingt-cinq de la
somme de cinq cents cinquante
mille livres faisant moitié de
,
celle de onze cents mille livres,
oui, à compter de cette époque,
a changé de destination, comme
nous venons d'avoir Thonneur de
vous en instruire. Nous avons
donc admis cette recette, tant
fur le vu de la Délibération du
28 Octobre 1782, que fur celui
du compte des rentes au denier
vingt-cinq de cette même année,
où. elle a été employée en dépen-
se pour ordre, & à la charge de
la recette sur celui-ci, ci 550000
. .
Le troisième est de la somme
d'un million de liv., reçu de T Ad- \
judicataire-Général des Fermes-
Unies de S. M. les 15 Juillet 1782
& 15 Janvier 17 8 3, pour les deu-
xième ÔC troisième paiements du
secours de quatorze millions ac-
cordé par le Roi en 1780, ci... 1000000
Le quatrième &£ dernier est de
la somme de quatre cents mille
livres que le Comptable a reçue,
en vertu d'une ordonnance de pa-
reille somme expédiée sur le Tré-
.-.—
3575000 1.
sor-Royal ;
DU CLERGÉ DE FRANCE , 19 SEPTEMBRE V78/. 609
Ci-contre
t ....la remise
ïbr-Royal, pour . . . . 3575000 1.
accor-
dée par le Roi au Clergé sur le ' '. '
.
Don-gratuit de 1782, 6c qui
d'abord étoit destinée au paie-
ment des six premiers mois d'ar-
rérages de TEmprunt de la mê-
me année, mais qui, par les rai-
sons que nous venons de vous
rappeìier, a été employée en rem-
boursements, définitifs de partie
des rentes au denier vingt, à Té-
poque du premier Avril 1784.
Nous avons admis cette recette
fur le vu de la Délibération du
28 Octobre 1782 ôC fur celui
,
de Tampliation de cette ordon-
nance rapportées pour Pièces
justificatives de cette rececte, ci. 400000
Somme totale de la recette
du présent compte trois millions
neuf cents soixante-quinze mille
livres, ci 3 975°°°
D É P E N S E.
Elle est composée, Messeigneurs, de dix chapitres.
Le premier, de la somme de deux mille huit cents qua-
torze livres douze fols six deniers, a pour objet Tavance dans
laquelle s'est trouvé le Comptable fur le compte précédent:
nous Tavons admise sur le vu de Tétat final de ce même
compte, par lequel nous avions dit qu'elle feroit employée
fur celui que nous avons Thon-
neur de mettre fous vos yeux, ci. 28141.12 s. 6 d.
Le deuxième renferme les
paiements faits aux Rentiers de
TEmpruntde 1780 pour Tannée
1782 des arrérages des rentes
28 14 1. 12 f. _—.
,
6 d.
Procès-verbal ^1785. Bbbb
£iÒ PROC ES-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part . . . . 28141. 12 s. 6 à.
constituées à leur profit fur le
même Emprunt : ces arrérages
font en total de la somme d'un
million deux cents quarante-qua-
tre mille cinq cents soixante-
douze livres dix fols, 6c le paie-
ment nous en a été justifié par
le rapport des quittances ô£ des
pièces justificatives des nouvel-
les propriétés j 6í c'est après avoir
examiné les unes ÒC les autres,
&L les avoir trouvées en bonne
forme que nous avons admis
,
cette dépeníe, ci 1244572 L 10 f.
.
Le troisième est de la somme
de quatre cents mille livres
,
payée à Tépoque du premier
Avril J783, aux Rentiers du
nouvel Emprunt de 1782 ,pour
ies premiers six mois des arréra-
ges des rentes constituées à leur
profit fur ce même Emprunt,
ôí dont la jouisiance a commencé
au premier Octobre de la même
année. Nous avons admis ici
cette dépeníe, attendu que la Dé-
libc fat 10 n d u 2 8 O ctob re 17 8 2,
a décidé true les rentes que de-
voir ptoduire ce nouvel Em-
prunt, seroient réunies, dès le
moment de leur création, à celles
de TEmprunt de 1780, pour ne
former qu'un même compte au
,
moyen d'un million cent mille
livres qu'elle jugea à propos d'a-
jouter aux fonds qui en con>
1247.387 1. 2 s. 6 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 19
SEPTEMBRE 1785. 611
Ci-contre 1247387 1. 2 s. 6 d.
pofoient la recette dans Tannée
précédente. Lés dépenses que
contient ce chapitre, nous ont
été justifiées par le rapport des
quittances 6c pièces nécessaires,
que nous avons visées, ci . . 400000
Nous devons avoir Thonneur
de vous observer, Messeigneurs,
que pour nous faire mieux con-
noître encore les objets qui font
entrés dans ce troisième chapi-
tre , le Comptable avoit eu foin ,
avant de nous le présenter, de
mettre sous nos yeux le compte
particulier de ce même Emprunt
de 1782, dont la recette est com-
posée d'un seul ô£ unique cha-
pitre contenant la somme de
,
seize millions, reçue des diffé-
rents Prêteurs, au profit desquels
ont été constituées les rentes qui
ont donné lieu à la dépense des
quatre cents mille livres, dont
nous venons de vous entretenir.
Cette recette nous a été justifiée
par le rapport des ampliations
des Contrats qui ont été passés
aux Rentiers dans la forme or-
dinaire. Nous avons donc admis
cette recette fur le vu de ces am-
pliations qui d'ailleurs nous
, été représentées,
ont encore com-
me nous venons de le dire, lors
de Texamen du premier compte
des arrérages de cet Emprunt,
afin que nous fussions convain-
.
16473 87 1. 2 s. 6 d.
Bbbb 2
€i2
De l'autre part ....
PROCES-VËRBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
1647387 1. 2 s. 6 &.
eus qu'ils ont été payés à ceux à
qui ils étoient réellement dus.
A regard de la dépense du
compte de ce même Emprunt,
elle n'est composée non plus que
d'un seul & unique chapitre de
pareille somme de seize millions,
remise par le Comptable au Tré-
sor-Royal pour le paiement du
Don-gratuit accordé au Roi par
F A lïemblée de 17 8 2 .Nous avons
alloué cette dépense sur le vu des
quittances des Gardes du Trésor-
Royal duement contrôlées, &C
nous avons arrêté ce compte, en
disant que votre Receveur-Gé-
néral étoit quitte pour cet objet.
Continuant ensuite Texamen
de celui des rentes au denier
yingt de Tannée 1782 , nous
avons trouvé que le quatrième
chapitre de dépense étoit de la
somme de vingt-cinq mille li-
vres, retenue par les Receveurs
Diocésains des Décimes pour
,
les taxations qui leur font attri-
,
buées fur le recouvrement qu'ils
ont fait pendant Tannée de ce
compte de Timposition qui en
compose le premier chapitre.
Nous avons alloué cette somme
sur le vu du compte précédent,
où. elle a déja été employée en
dépense, ci 25000
Le cinquième est en total de la
somme de deux millions cent foi-
.
1 6723 87 1. 2 s. 6 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE J I 9 SEPTEMBRE 1785. 613
Ci-contre
. . . . . .
1672387 1. 2 s. 6 d.
lance-douze mille huit cents li-
vres , payée à ceux des Rentiers
des Emprunts de 1780, 1781
&17S2, qui ont été rembour-
sés définitivement de leurs capi-
taux , tant aux six premiers,
qu'aux six derniers mois de Tan-
née de ce compte; cette somme
de deux millions cent soixante-
douze mille huit cents livres, a
été payée, savoir, huit cents cinq
inillc huit cents livres à Tépoque
d u premier Octobre 17 8 2 6c un
,
million trois cents foixante-fept
mille livres à Tépoque du premier
Avril 178 3. Les grosses des Con-
trats , ies quittances de rembour-
sement ôc toutes les autres pièces
justificatives nous ayant été re-
présentées nous les avons exa-
,
minées & visées, après avoir jugé
que la libération du Clergé étoit
valablement opérée, ci 2172800
. . .
Vous auriez été étonnés, Mes
seio-neurs, de trouver des rem-
bourfements faits fur TEmprunt
de 17 8 1 dont les arrérages ne
,
se paient que fur le pied du de-
nier vingt-cinq avant Tentiere
extinction de ceux de 1780 cC
1782, dont Tintérêt est au denier
vingt, fi nous ne vous avions
prévenu dans le commencement
de ce Rapport du motif qui
,
avoit déterminé TAstemblée de
1780 à permettre ces rembour-,
3845187 1. 2 s. 6 d.„
614 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALB
De l'autre pan . .
3845187 1. £ s. 6 d.
, ,
sements en faveur des Rentiers
qui les demanderoient, afin de j
donner au nouvel Emprunt au
denier vingt-cinq, tous les avan-
tages dont il étoit susceptible, ce
qui étoit d'autant mieux vu,
qu'en facilitant, le plus que faire
se pouvoit, la rentrée des fonds
fur ce même Emprunt, on accé-
lérois d'autant la libération du
Clergé, puisque la diminution
de ses charges annuelles étoit
,
destinée à augmenter Textinc-
tion effective des capitaux qu'il
doit. Nous avons cru devoir vous
rappeller ici, Messeigneurs, cette
déposition, en vertu de laquelle
nous avons alloué la dépense de
ces remboursements.
Le íurplns de la dépense de ce
compte a pour objet celles occa-
sionnées par Topération de la
conversion des rentes au denier
vingt en rentes au denier vingt-
cinq. C'est pourquoi le sixième
chapitre est composé des arréra-
ges payés pendant Tannée 1782,
aux nouveaux Rentiers au de-
nier vingt-cinq, représentant
ceux au denier vingt qui íe sont
trouvés remboursés avec les
fonds reçus de ces nouveaux Prê-
teurs. Pour plus grande intelli-
gence, votre Receveur-Général
a divisé ce chapitre en deux par-
ties. Dans la première, il a em-
.. .—
d.
3845 187 1. 2 s. 6
DU CLERGÉ DE FRANCE , i p SEPTEMBRE 1785. 615
Vi-contre
. . . . . .
3845187 1. 2 s. 6 d.
ployé les sommes payées pour
Tannée entière 1782, à ceux de
ces nouveaux Rentiers dont la
jouissance a précédé le premier
Avril 1782 &c qui par consé-
,
quent avoient déja été compris
dans le compte de Tannée précé-
dente , &C desquelles nous avons
admis la dépense, tant fur le vu
de ce même compte, que sur ce-
lui des quittances qui nous ont
été produites.
Nous avons trouvé la seconde
partie composée des différentes
portions d'arrérages payées à
,
ceux des Rentiers dont la jouis-
sance n'a commencé qu'aux épo-
ques des premier Avril & pre-
mier Juillet 1782. Les premiers
ont par conséquent reçu une an-
née entière &C les seconds neuf
,
mois seulement. Nous avons
admis en dépense le surplus fur
le vu des quittances des nou-
veaux Rentiers, après nous être
fait représenter les ampliations
des Contrats passés à leur profit,
pour être plus à portée de con-
noître cette dépense, qui parois-
soit pour la première fois.
Ces deux objets réunis com-
posent ensemble la somme de
cent trente-neuf mille neuf cents
quarante-trois livres, formant le
total de ce chapitre, ci 13 9943
. . .
Le septième, de la somme de,
3985 130 1.
———_^.
f. 6 d*
2
616 PROOES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De^ l'autrepart . . . . 3985 13 o 1.
2 s. 6 d,;
quatre mille neuf cents treize li- --'":
vres , renferme le paiement fait
aux Notaires de Paris, pour les
honoraires des Contrats qu'ils
ont pastés, aux époques des pre-
mier Avril &C premier Juillet
1782. Les capitaux de ces Con-
trats montent à la somme de
neuf cents quatre-vingt-deux
mille íix cents livres, par~confé-
quent les honoraires à celle de
quatre mille neuf cents treize
livres, d'après la fixation qui en
a été faite, à raison de cinq livres ' "..'*'
par mille liv. desdits capitaux, ci 491 3 '
Le huitième contient les som-
mes payées aux mêmes Notaires,
pour les honoraires des quittan-
ces des remboursements faits fur
TEmprunt de 1780, aux mêmes
époques des premier Avril Ôc"pre-
mier Juillet 1.782, avec les fonds
reçus des nouveaux Prêteurs fur
TEmprunt de 178 1. Ces rem-
boursements font en total d'un
million neuf cents cinquante-un ;i
mille sept cents livres, ôc ces ho- .

noraires ayant été fixés à raison


de deux livres par mille livres,
ils montent par conséquent, pour

trois
j
livres huit fols, ci
...
le tout à trois mille neuf cents

Le neuvième est composé de


la somme de mille huit cents qua-
3903 %

tre-vingt-treize livres cinq fols,


payée aux Receveurs Provin-,
--
Ì ; 3 99 3 94^
1. i° f 6 "•
ciaux
Ci-contre
......
DU CLERGÉ DE FRANCÈ J I 9 SEPTEMBRE 1785. 61

ciaux &C Diocésains des Déci-


mes , pour la gratification de deux
39939461.10s.
j
6 d.

livres par mille livres, qui leur a


été accordée à raison des neuf
cents quarante-six mille six cents
vingt-cinq livres qu'ils ont pro-
curés fur le nouvel Emprunt de
1781 pendant Tannée de ce
compte, ci 1893 5
Les dépenses contenues dans
ces trois chapitres ayant été déja
employées dans le compte pré-
cédent, fur lequel on nous a jus-
tifié de la Délibération qui les
autorise 3 nous les avons allouées
ici, fiìr le vu des quittances des
períonnes à qui ont été payées les
íommes qui les composent.
Enfin le dixième &C dernier
chapitre de dépense a pour ob-
jet les taxations du Compta-
ble qui lui ont été accordées
,
pour le remplacement des dé-
penses extraordinaires que lui
caisse cette opération. Ces taxa-
tions montent à la somme de
trois mille neuf cents trente li-
vres huit fols, fur celle de neuf
cents quatre-vingt-deux mille six
cents livres, composant la tota-
lité des fonds qu'a produits TEm-
prunt de 1781 dans le cours de
Tannée 1782 6c nous en avons
,
alloué la dépense au Comptable,

......
qui a retenu cette somme par ses
mains, ci

Procès-verbal ^1785.
3930 1. 8
3999770 1. j f. 6 d.
Cccc
6 I 8 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Parle calcul que nous avons
fait de ces dix chapitres de dé-
pense nous avons trouvé qu'ils
,
montoient en total à trois mil-
lions neuf cents quatre - vingt-
dix-neuf mille sept cents soixan-
te - dix livres trois fols six de-
niers, ci 399977o 3 6
La recette de ce compte n'est
que de trois millions neuf cents
soixante-quinzemille livres, ci.. 3975000
Par conséquent Tavance est
de vingt-quatre mille sept cents
soixante-dix livres trois íols six
deniers, ci -24770 1. 3
s. 6 d.

Elle composera le premier chapitre de dépense du compte


de Tannée 1783 conformément à ce que nous avons dit
,
en arrêtant celui de Tannée 1782.

Compte des Rentes au denier vingt des Emprunts de 1780 âQ


1782 réunis , ÓC des Rentes au denier vingt-cinq de l'Em-
prunt ouvert en 178 1., qui doit être continué jusqu'à l'ex-
tinction entière des deux autres.
Année 1783.

RECETTE.
Elle dissere, Messeigneurs, de celle du compte précé-
dent, & par cette raiíon nous sommes forcés de vous la
présenter encore en détail. Elle contient quatre chapitres.
Le premier, de la somme de deux millions vingt-cinq
mille livres, renferme le produit du recouvrement fait aux
deux termes de Saint-Jean ôc de Noël 1783 de Timposi-
,
tion ordonnée en 1780 pour le service de TEmprunt de la
friême àniiée. Cette recette étant déja employée sur les cieux
DU CLERGÉ DE FRANCE ^19 SEPTEMBRE 1785. 619
comptes précédents , c'est fur leur rapport que nous Tavons
admise sur celui-ci pour ladite
somme de 2025000 1.
Le deuxième est composé de
celle de onze cents mille livres,
dont le Comptable a fait la rete-
nue aux mêmes termes de Saint-
Jean ô£ Noël 1783, fur le pro-
duit de Timposition des rentes au
denier vingt-cinq, pour augmen-
ter d'autant les fonds destinés
au service des rentes au denier
vingt, ô£ ce en exécution des dis-
positions de la Délibération du
28 Octobre 1782, que nous ve-
nons de mettre fous vos yeux.
C'est pourquoi nous avons admis
cette recette, à la charge de la-
quelle cette même somme de
onze cents mille livres a été por-
tée en dépense, pour ordre seu-
lement fur le compte des rentes

....
,
au denier vingt-cinq de la mê-
me année 178 3 , ci 1100000
Le troisième chapitre renfer-
me le million reçu les 15 Juillet
1783 Sc 15 Janvier 1784, de
TAdjudicataire-Général des Fer-
mes-Unies de Sa Majesté pour
,
les cinquième & sixième paie-
ments des quatorze millions de
secours accordés en 1780. Cet
objet ayant déja été employé fur
les deux comptes précédents,
c'est fur leur rapport que nous
avons admis ici cette somme
d'un million de livres, ci 1000000
. .
4125 000 1.
C c cc 2
62 0 PROCES-VER-BAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De I*autre part . . ..
Le quatrième òc dernier cha-
4125000 1.
pitre, qui n'a pas encore eu lieu,
contient la somme de cent cin-
quante mille livres, reçue par le
Comptable ledit jour 15 Janvier
1784, dudit Adjudicataire des
Fermes pour les six derniers
,
mois 1783, des trois cents mille
livres de íupplément de secours
annuel que Sa Majesté s'est en-
gagée de fournir au Clergé, jus»
ques ô£ compris 1 802 , & dont
le paiement xievoit commencer
à la fin de la guerre. La paix ayant
été signée au mois de Septem-
bre 1783 le Clergé est entré en
,
jouissance de ce secours dès le
15 Janvier de Tannée qui en a
suivi la publication. Cette som-
me ayant été destinée, par la Dé-
libération du 28 Octobre 1782
à Taagmentation des fonds qui
,
doivent servir au remboursement
des rentes au denier vins;t,nous
en avons admis ici la recette íur
le vu de cette Délibération, ÒC
de TEdit du mois de Novembre
1782 , qui a{ìure au Clergé le
paiement de cette somme pen-
dant Tefpace de temps que Sa
Majesté s'est obligée de lui four-
nir ces trois cents mille livres, ci. 15 0000
La totalité de la recette de ce
compte est de quatre millions
livres, ci .......
deux cents soixante-quinzemille
4275000 1.
DU CLERGÉ DE FRANCE> 19 SEPTEMBRE 1785. 621

DÉPENSE.
Elle est composée, Messeigneurs, de dix chapitres com-
me celle du compte précédent, la plupart de ces dépenses
étant de même nature que celles de Tannée 1782, dont
nous vous avons fait connoître les causes 3 nous ne vous ies
présenterons que sommairement, afin d'abréger d'autant ce
Rapport que ies circonstances nous ont empêché de fim-
pìifier autant que nous Taurions désiré.
Le premier chapitre contient la somme de vingt-quatre
mille íept cents íoixante-dix livres trois fols six deniers,
composée de Tavance du compte de Tannée 1782, sur le
vu de Tétat. final duquel nous avons alloué au Comptable
la dépense de cette même somme de vingt-quatre mille
sept cents soixante-dix livres
trois fols six deniers, ci
. . . 24770 1. 3 s 6 d.
Les deuxième èc troisième
font composés des paiements faits
les premier Octobre 1783 &C
premier Avril 1784 aux Ren-
,
tiers des Emprunts de 1780 &
1782 pour Tannée 1783 des
,
rentes qui ont été constituées à
leur profit fur ces deux Em-
prunts. Le premier de ces chapi-
tres est de la somme d'un million
cent quarante-un mille neuf
cents vingt-cinq livres, 8c le se-
cond de celle de sept cents cin-
quante mille soixante-dix-sept
livres dix fols, ci en total un mil-
lion huit cents quatre-vingt-

ci
........
douze mille deux livres dix fols,

Le quatrième de la somme
,
4e. vingt-cinq mille livres, con-,
1892002 10

___
191 6772 1. 13 f. 6 d.
61% PROCÈS-VÉRBAL DE
De l'autre part .... £ ASSEMBLÉE-GÉNÉRALÈ

tient les taxations attribuées aux


Receveurs Diocésains des Déci-
1916772 1. 13 s. 6 d.

mes fur le recouvrement qu'ils


ont fait pendant cette même an-
née 1783 de Timposition qui
compose le, premier chapitre de
recette de ce compte, ci . . 25000
Le cinquième renferme les
sommes payées, tant.à ceux des
Rentiers des mêmes Emprunts
de 1780 &C 1782, qui ont été
remboursés définitivement aux
six premiers & six derniers mois
de la même année 1783 qu'à
,
ceux du nouvel Emprunt de
178 1 qui ont redemandé leurs
fonds. Ces remboursements mon-
tent , savoir, ceux faits le pre-
mier Octobre 1783 à neuf cents
,
cinquante-cinq mille six cents li-
vres , &£ ceux faits le premier
Avril 1784 à un million cent
trente-cinq mille livres, ce qui
forme en total la somme de deux
millions quatre-vingt-dix mille
six cents livres dont nous avons
j
admis la dépense sur le vu des
picces qui nous ont été rappor-
tées pour la décharge du Clergé,
ci 2090600
Le sixième chapitre de ce
compte est divisé en deux parties.
La première est composée des
arrérages de Tannée entière de ce
compte, payée aux Rentiers de
TEmprunt de 178 1, dont la jouis
4032372 1. 13 s. 6 d.-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 19 SEPTEMBRE 1785. 62 j
Ci-contre .•'
. . . . 4032372 1. 1 3 s. 6 d.
sance a précédé Tépoque du pre-
mier Avril 1783 òc qui par
conséquent étoient , déja
em-
ployés fur le précédent.
Et la seconde contient les dif-
férentes portions payées pendant
la même année à ceux des nou-
veaux Rentiers de cet Emprunt,
qui n'ont commencé à jouir de
leurs rentes qu'à Tépoque dudit
jour premier Avril Sc suivan-
tes, jusques &C compris'celle du
premier Janvier 1784. Nous
avons pris connoistance de cet
objet par le rapport des ara-
pliations des Contrats passés au
profit de ces nouveaux Prêteurs,
avant d'admettre en dépense les
différentes sommes employées
dans ce chapitre, qui montent
en total à deux cents huit mille
sept cents cinquante-une livres,
dont le paiementnous a d'ailleurs
été justifié par le rapport des
quittances fournies par les Ren-
tiers ci 208751
,
Le septième chapitre renferme
les paiements faits aux Notaires
de Paris pour les honoraires des
Contrats par eux passés, fur le
nouvel Emprunt au denier vingt-
cinq pendant Tannée de ce comp-
te , qui montent en principaux
à trois millions cinq cents livres,
ÒL les honoraires à raison de
,
cinq livres par mille livres, fnr-
4241123 1. 13 f. 6 d*
624 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De rautre part . . . . 4241123 1. 1 3 s. 6 d,
ment par conséquent un objet de
quinze mille deux iiv. dix sols, ci 15002 10
Le huitième a pour objet le
paiement fait aux mêmes Notai-
res , pour les honoraires des
quittances de remboursements
opérés fur les Emprunts de 178o
ê£ 1782, pendant la même an-
née de ce compte avec les fonds
des nouveaux Prêteurs, Ôc qui
montent en total à la somme
d'un million trois cents qua-
tre-vingt-un mille deux cents
livres. C'est pourquoi cet objet,
qui a été fixé à deux livres par
mille livres, se trouve composer
celle de deux mille sept cents
soixante-deux livres huit fols, ci. 2762 8
Le neuvième est composé de
la somme payée aux Receveurs
Particuliers ôc Provinciaux des
Décimes, pour la gratifications
de deux livres par mille livres,
qui leur a été accordée pour rai-
son des fonds qu'ils ont procurés
fur le nouvel Emprunt pendant
Tannée de ce compte, qui for-
ment un objet de deux millions
cinq cents trente-trois mille soi-
xante-quinze livres, au moyen
de quoi le total de ce chapitre est
de cinq mille soixante-fix livres
trois fols, ci 5066 3
Les dépenses, comprises dans
les quatre précédents chapitres,
nous ont été justifiées, suivant .
4263954 1. 14 s. 6 d.
Pusage,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 19 SEPTEMBRE 1785. 625
Ci-contre
>
4263954 1. 14s 6 d.
Tusage, par le rapport des pièces
&C quittances en bonne forme,
fur le vu desquelles nous avons
alloué ces mêmes dépenses.
Enfin le dixième &c dernier
chapitre de dépense de ce comp-
te , contient la somme de douze
mille deux livres que le Compta-
ble a retenue par ses mains des
deniers de fa recette, pour ses ta-
xations de celle de trois millions
cinq cents livres à laquelle se
,
font trouvés monter les fonds
reçus des Prêteurs pendant Tan-
née 1783 fur le nouvel Em-
,
prunt destiné à la conversion des
rentes au denier vingt, en rentes
au denier ving-cinq, ci . . 12002
Ces dix chapitres réunis for-
ment ensemble la somme de qua-
tre millions deux cents soixante-
quinze mille neuf cents cin-
quante-six livres quatorze fols
six deniers, dont est composée la
dépense totale de ce compte,
ci 4175956 14 6 d,
La recette n'est que de quatre
millions deux cents soixante-
quinze mille livres, ci
. . 4275000
1.
.
Au moyen de quoi le Compta-
ble se trouve en avance de la
^6
ia I4 £ 6~J

somme de neuf cents cinquante-


six livres quatorze fols six de-
niers dont il composera le pre-
,
mier chapitre de dépense du
compte de Tannée 1784, en con-
formité de ce que nous avons dit
Procès-verbal de 1785. Dddd
6z6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

par Tétat final de celui que nous


venons de vous détailler, ci . . 9$6 1; 14 s. 6 d.

Compte de l'année 1784 des Rentes au denier vingt des Em-


prunts de 1780 SC 1782 réunis j âC des Rentes au denier
vmgt-cinq de l'Emprunt Í/<? 17 8 1 lequel doit être continué
,
'jusqu'à tentière extinction des deux autres.

Ce n'est, Messeigneurs, que par bref état que le compte


que nous venons de vous annoncer, nous a été présenté
par votre Receveur-Général pour cette même année 1784.
L'Assemblée de 1765 ayant jugé qu'il étoit impossible que
les acquits de Tannée qui précède la tenue, de chaque As-
semblée fussent aílez tôt rassemblés pour en rendre les
,
comptes dans la forme ordinaire. Ce bref état n'ayant pour
objet, Messeigneurs, que de vous instruire de la situation
exacte de votre Receveur-Général fur cette partie de son
administration à Tépoque du premier Avril 1785, nous
nous contenterons de vous présenter sommairement le mon-
tant de chacun des chapitres de recette ôC dépense oui le
composent, laissant à TAssemblée de 1790 le soin d'exa-
miner les articles en détail au moment ou les pièces justi-
ficatives qui doivent être rapportées pour leur soutien,
lui feront présentées.

RECETTE.
Elle est distribuée en quatre chapitres.
Les trois premiers, qui font absolument les mêmes que
ceux du compte précédent, montent ensemble à la somme
de quatre millions cent vingt-
cinq mille livres, ci 4125000 1.
. . .
Et le quatrième ôc dernier,
qui est de la somme de trois cents
mille livres, renferme le supplé-
ment de secours, qui, conformé-
ment à la promesse de Sa Ma- >
41 25000 1.
......
DU CLERGÉ DE FRANCE J 19 SEPTEMBRE
Ci-contre
jesté, a commencé d'avoir lieu
en faveur du Clergé à Tépoque
4125000 1.
1785. 627

de la paix, ci 300000 1.
IIH. —
Au moyen de quoi nous avons I I I

fixé la somme à laquelle doit


monter la recette de ce compte
à quatre millions quatre cents
vingt-cinq mille livres, ci. . 4425000 L

DÉPENSE.
Elle renferme, Messeigneurs, dix chapitres, comme à
Tannée 1783.
Le premier de la somme de neuf cents cinquante - six
livres quatorze fols íix deniers, a pour objet Tavance du
compte de cette même année
1783, ci 956 1. 14 f. 6 d.
Les deuxième òc troisième
font composés des arrérages de
Tannée échue le premier Avril
,
J7$5> des rentes constituées fur
les Emprunts de 1780&1782:
ces arrérages montent ensemble
à la somme d'un million six cents
cinquante-cinqmille quatre cents
trente-sept livres, ci 1 &554î7
. . .
Le quatrième chapitre est oc-
casionné par la retenue qu'ont
faite les Receveurs Diocésains de
la somme de vingt cinq mille
-
livres à laquelle montent les
,
taxationsqui leur font attribuées,
pour le recouvrement par eux
fait de Timposition dont le pro-
,
duit est employé dans le premier
165 6393 1. 14 f. 6 d.
Dddd 2
628 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part 1656393 1. 14 s. 6 d^
. . . .
chapitre de recette, ci . 25000
.
Le cinquième contient les
remboursements définitifs faits
à plusieurs Rentiers des Em-
prunts de 1780 òc 1782, ÔCde
celui de 1781, qui représente
les deux autres. Ces rembour-
sements montent-, savoir, ceux
faits le premier Oc-
tobre 1784, à 1254400 1.
.
Et ceux faits
le premier Avril
1785, a ....
Ce qui compose
1095080

un total de . . . 23494801.
ci 1349480
Le sixième chapitre, divisé en
deux parties, renferme les arré-
rages payés aux pou veaux Ren-
tiers de TEmprunt de 178 1, tant
pour Tannée entière à ceux dont
la jouislance est antérieure à Té-
poque du premier Avril 1784,
que pour différentes portions
aux autres, dont la jouissance
n'a commencé qu'à cette épo-
que & aux suivantes , jusques
&í compris celle du premier Jan-
vier 1785 : ce sixième chapitre
est en totalité de la somme de
trois cents quarante-neuf mille
íix cents quarante íix livres
-
quinze fols, ci 349646 15
Le septième contient les paie-
ments faits aux Notaires de Pa-
438 052 1. 9 s. 6 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE > 19 SEPTEMBRE 1785. 629
Ci-contre
. . . . . .
4380520 1. 9 s. 6 d.
ris, pour les honoraires des Con-
trats par eux passés fur le nou-
vel Emprunt au denier vingt-
cinq pendant Tannée de ce comp-
te , dont les capitaux composent
un total de trois millions six
cents quarante - six mille deux
cents soixante-quinze livres j ce
qui fait monter ces honoraires
à la somme de dix - huit mille

ci....
deux cents trente-une livres sept
sols íix deniers,
Le huitième renferme les som-
18231 7 6 d.

mes payées aux mêmes Notai-


res , pour les honoraires des quit-
tances de remboursements faits
pendant la même année fur les
Emprunts au denier vingt, avec
les fonds du nouvel Emprunt au
denier vingt-cinq, destiné à leur
libération : ces remboursements
font en total de trois millions
trois cents trente-trois mille huit
cénts six livres treize fols quatre
deniers j &£ les honoraires de ces
quittances ayant été fixés à deux
livres par mille livres des prin-
cipaux remboursés, ils forment,
par conséquent, la íomme de six
mille six cents soixante-sept li-
vres douze fols deux deniers ,
dont est composé ce chapitre
,
ci
. . . .
Le neuvième contient celle
. . j
66 6 i2 z»

de cinq mille trois cents trente-


cinq livres trois fols, payée aux
,
4405419
__
1.
_
9 s. 2 d.
63 o
De l'autre part ....
PROC'ÈS-VÈRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

Receveurs Provinciaux ££ Dio-


césains des Décimes, pour la
4405419 1.
9 s. 2 d.

gratification de deux livres par


mille livres qui leur revient fur
,
la somme de deux millions íix
cents soixante - sept mille cinq
cents soixante - quinze livres ,
qu'ils ont procurée pendant Tan-
née 1784 fur le nouvel Emprunt
au denier vingt-cinq, ci . . 5} $5 3
Enfin le dixième ë£ dernier,
qui a pour objet les taxations du
Comptable, est de la somme de
quatorze mille cinq cents quatre-
vingt-cinq livres deux fols , at-
tendu que la recette totale de ce
même Emprunt, s'est trouvée
monter, pendant ladite année
1784, à trois millions íix cents
quarante-íix mille deux cents
soixante - quinze livres, & que
ces taxations font fixées à raison
de quatre mille livres par mil-
lion, ci 14585 2
Nous avons fait Taddition de *~~~mmmm'
ces dix chapitres, qui fc font
trouvés monter ensemble à qua-
tre millions quatre cents vingt-
cinq mille trois cents trente-neuf
livres quatorze fols deux deniers,
pour la totalité de la dépense de
ce compte, ci 44253391.14 s. 2 d.
La recette ne monte qu'à celle
de quatre millions quatre cents
Vingt-cinq mille livres, ci . . . 4425000
Par conséquent Tavance est de ' ~
3 39 1. 14 s. 2 d.
DU CLERGÉ DEFRANCEJ I 9 SEPTEMBRE 1785. 651
trois cents trente-neuflivres qua-
torze fols deux deniers, ci . . . 3 39 1. 14 f. 2 a.
Cette avance composera, Messeigneurs, le premier cha-
pitre de dépense du compte de Tannée 1785, ainsi que
nous Tavons preícrit par Tarrêté proviíoire que nous avons
mis fur le bordereau dont nous venons de vous présenter
le résultat. H ne nous reste donc plus, pour terminer le tra-
vail que vous avez bien voulu nous confier, qu'à mettre
fous vos yeux celui du compte de TEmprunt ouvert au
denier vingt-cinq, dès Tépoque du premier Oótobre 178 1,
pour le rembourlement des rentes au denier vingt, consti-
tuées fur celui de trente millions de 1780, & qui fera con-
tinué non-feulement jusqu'à la conversion entière de ces
rentes au denier vingt-cinq > mais encore de celles qui ont
été constituées au même denier vingt íur celui de íerze mil-
lions fait en 1782.
Nous vous avons déja rappelle, Meíleigneurs, dans le
cours de ce Rapport, les dispositions des différentes Déli-
bérations qui ont ordonné cet Emprunt-, nous vous avons
prévenu aussi qu'avant d'allouer la dépense des sommes
payées pour les arrérages des nouvelles rentes créées íur ce
même Emprunt de 1781 nous avions eu foin d'examiner
,
les ampliations des Contrats pour connoître les Rentiers à
qui elles étoient dues, ainsi que les différentes époques où
elles ont commencé à courir en leur faveur. C'est pourquoi
Texamen qui nous restoit à faire du compte particulier de
cet Emprunt, devenoit fort simple ; puiíque nous avions
déja connoistance de toutes les sommes reçues des nou-
veaux Prêteurs , depuis & compris Tépoque du premier
Oátobre 1781, jusques ÒC compris celle du premier Jan-
vier 1785. Cette opération ayant été continuée jusqu'au
premier Avril dernier pour la recette, & jusqu'au premier
Juillet suivant pour la dépense nous sommes en état de
,
mettre fous vos yeux le total des parties converties en rentes,
à quatre pour cent, jusqu'au moment où Touverture de
TEmprunt à quatre & demi pour cent a néceílairement fait
suspendre cette conversion.
632. PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

RECETTE.
Elle n'est Messeigneurs, que d'un seul & unique cha-
j
pitre qui contient toutes les sommes principales reçues des
,
nouveaux Prêteurs au dernier vingt-cinq, depuis Touver-
ture de cet Emprunt, jusques&c compris ledit jour premier
Avril 1785. Ces différentes sommes réunies montent en-
semble à celle de dix millions trois cents trente-deux mille
quarante livres j nous en avons admis la recette fur le vu
des ampliations des Contrats pastés dans la forme ordinaire
par Messieurs vos Commissai-
res aux différents particuliers qui
ont fourni cette somme , ci . . 1.0332040 1.

DÉPENSE.
Elle n'est, de même, composée que d'un seul ô£ unique
chapitre, qui comprend toutes les sommes principales
payées à différentes époques, depuis ô£ compris le premier,
Octobre 178 1 jusques ti compris le premier Juillet 1785,
à tous ceux des, Rentiers des Emprunts de 1780 Ô£ 1782,
qui ont été remboursés avec les fonds provenus du nouvel
Emprunt au denier vingt-cinq, òc portés en recette fur
ce compte 5 ces paiements nous ont été justifiés par le rap-
port des grosses des Contrats, des quittances de rembour-
sement &c de toutes les autres pièces justificatives des droits
des particuliers remboursés, fur le vu desquelles nous avons
admis en dépense la somme de dix millions trois cents
trente-deux mille quarante livres, à laquelle monte la to-
talité de ce chapitre, &Câpres avoir vérifié Tépoque de chacun
de ces remboursements avec celle où nous a été annoncée
dans les comptes d'arrérages de Tannée 178 3 ô£ des deux an-
nées précédentes, la cessation des
rentes qu'ils ont éteintes, c-i . . 10332040 1.
La recette & la dépense de ce compte étant de pareille
somme, nous Tavons arrêté, partant quitte.
C'est par cet arrêté, Messeigneurs òc Messieurs, qu'a fini
le
BV CLERGÉ DE FRANCE, 19 SEPTEMBRE 1785. '63 3
le travail de la Commission', ££ fi vous iuçez que nous vous
en ayons fait le rapport d'une manière convenable, nous
devons cer avantage aux foins de Mesteigneurs & de Mes-
sieurs les Commissaires quj ont concouru avec nous à cet
examen. Nous ne devons pas vous laister ignorer toutes
les peines quils se sont données pour nous íeconder dans
des vérifications très-importantes, ii est vrai, mais aussi lon-
gues que fatigantes par les détails qu'elles entraînent. Nous
n'avons cependant été arrêtés fur aucun objet, rien n'étant
mieux entendu que les comptes qui nous ont été présentés.,
ïls font drestés de manière qu'il est aisé de juger que vos
Délibérations ont été entièrement exécutées ; les Pièces jus-
tificatives, tant des recettes que des dépenses íont dallées
,
dans le plus grand ordre» Et enfin nous ne pouvons nous
dispenser de rendre le témoignage le plus avantageux
en fa-
veur de Tadministration de M. de Saint-Julíien. Son zèle,
pour vos intérêts, soutenu d'une activité toujours égale,
lui a fait trouver les moyens de convertir en moins de trois
ans, pour plus de dix millions de rentes au denier vingt,
en rentes au denier vingt-cinq, malgré Tobíiacle que de-
voit apporter à cette opération TEmprunt intermédiaire
de 1782 : cette conversion vous avoit été annoncée dès le
commencement de TAssemblée, loríque Meífeip-neurs de
la Commission des Moyens mirent sons vos
yeux la situa-
tion du Clergé j mais nous ne pouvions pas nous attendre
que le compte nous en feroit présenté dans la forme ordi-
naire. Cela paroiíloit d'autant plus difficile que la derniere
époque de remboursement n'a eu lieu qu'au, premier Juillet
1785. Cependant tout nous a été justifié: il n'est certai-
nement aucune comptabilisé qui soit austi prompte bc aussi
exacte.
Le Rapport fini Monseigneur TArchevêque de Nar-
bonne a remercié, au ,
nom de T Assemblée, Mesteigneurs &c
-Messieurs les Commissaires de leur travail.
Messeigneurs 6c Meilleurs les Commissaires, pour le
compte des rentes au denier vingt-cinq, ont pris le Bureau.
Monseigneur TArchevêque d'Audi,- Chef de la Commis-
sion a dit :
,
Procès-verbal de 178 5. Eeee
6 3 4 PROCES-VÈRBAL DE fASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
.
Avant d'entrer dans le détail des comptes que vous avea
bien voulu soumettre à notre examen, & qui íont ceux
des rentes au denier vingt-cinq, des Emprunts de 1755,
1765, 1766 &C 1775 réunis, nous regardons comme un
devoir indispensable de vous dire, que c'est aux foins de
Messeigneurs cc de Messieurs les Commissaires que vous
avez eu la bonté de nous donner pour Adjoints, que nous
devons Tavantage d'être en état de vous en faire aujour-
d'hui le rapport. Cet examen étoit essectivement d'une si
grande étendue , que, malgré toute Tenvie que nous avions
de répondre à votre confiance, il nous auroit été absolu-
ment imposable d'y parvenir, fi nous n'eussions trouvé
dans leur zèle òc dans leurs lumières, tous les secours qui
nous étoient nécestaires pour nous mettre à.portée de vous
en préíenter le résultat, nous tâcherons de le faire de la
manière la plus íuccinte, ne nous permettant que les détails
absolument nécessaires à Tintelligence de ces comptes.
Notre premier objet a été d'examiner les parties qui
étoient restées en débet fur ceux rendus aux Aílemblées de
1775 &C 1780, & dont la dépense avoit été allouée à la

charge çTen rapporter les acquits j nous avons vérifié les quit-
tances qui nous ont été représentées pour ceux de ces articles
qui ont été payés depuis cette derniere Astembléede 1780.
Et après nous être asturés qu'elles étoient dans la forme con-
venable pour opérer la décharge du Clergé, nous avons
appuré ces comptes, & passé, ensuite à la vérification de
ceux des années 1779 ÒC suivantes, jusques &L compris 17 84.
Compte de tannée 1779 des Rentes au denier vingt-cinq,
des Emprunts de 1755, 1765, 1766 ÔG 177$ réunis.

Les recettes &C dépenses de ce compte étant absolument


les mêmes que celles de Tannée 1778 nous nous dispen-
,
serons, Mesteigneurs, d'entrer dans aucun détail fur leur
origine avec d'autant plus de raison, que TAssemblée de
,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 19 SEPTEMBRE 1785. 635
Î780 ayant constaté leur montant par Tarrêté du Borde-
reau provisoire qui lui en a été présenté, notre travail, sur
cet objet, s'est réduit à Texamen des quittances èc pièces
qui nous ont été présentées pour le soutien de la dépense.
Nous vous observerons seulement que c'est TAssemblée de
1765 qui décida que les comptes de la derniere année qui
prêcéderoit chaque Assemblée, ne lui feroient plus à Tave-
nir présentés que par bordereau, attendu la difficulté d'en
rassembler assez promptement les acquits j ë£ que le Rece-
veur-Général seroit seulement tenu de les rapporter à TAs-
semblée suivante en rendant le compte de cette derniere
,
année dans la forme ordinaire.
RECETTE.
Elle est composée, Messeigneurs, de quatre chapitres.
Le premier contient la somme de trois millions sept cents
soixante-trois mille deux cents huit livres un fol deux de-
niers provenue du recouvrement fait pendant Tannée
,
1779 de Timposition de pareille somme, ordonnée par
TAssemblée de 1775, pour le service des rentes au de-
nier vingt-cinq qui íubsistoient alors, ÒC que cette mê-
me Assemblée avoit toutes réu-
nies, ci 3763208 1. if. 2 d.
Le deuxième est formé de celle
de deux millions neuf cents qua-
tre-vingt-dix-huit mille deux
cents soixante-íix livres dix-huit
fols dix deniers, composant Tim-
position que la même Assemblée
avoit assectée au paiement des
arrérages & au remboursement
des capitaux qui restoient en-
core dus fur les rentes au denier
vingt : ces rentes se sont trou-
vées toutes converties en rentes
au denier vingt-cinq, à Tépoque
des six derniers mois 1776. Elles
3763208 1. if. 2 d.
Eeee 2
De l'autre part ....
6$6 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ont été réunies , à compter du


même jour, à celles des autres
3763208 L 1 s. 2 d.

Emorunts au denier vinat-cinq:


c'est pourquoi cette imposition
a été depuis employée cn recette
fur ce compte , pour servir au
paiement des arrérages oc au rem-
boursement de ces mêmes ren-
tes au denier vingt-cinq, qui re-

au denier vingt, ci ....


présentent les anciennes rentes

Le troisième chapitre contient


la somme de cinq cents mille li-
2998266 18 10

vres que Sa Majesté a fait re-


mettre au Clersé chaque année
depuis 1748 O pour accélérer
1
,
d'autant ses remboursements, 'ò£
qui dévoient avoir lieu jusqu'en
1796, cï . . . . . . 500000
Le quatrième oê dernier con-
tient la somme de cinquante-
deux mille livres provenue du
,
recouvrement fait pendant la
même année 1779, de partie des
deux impositions qui étoient des
tinées au paiement des taxes des
Députés 6c des frais communs
de TAssemblée de 1780, oc" qui
ont été portées en recette fur ce
compte, attendu qu'elles ont été
employées, en attendant la tenue
de cette Assemblée, en rembour-
sement sur ces mêmes rentes au
denier vingt-cinq, ci] 5-2000
. . .
Ces quatre chapitres montent**~~*—
.
" '"'^
ensemble à la somme de sept 34/J
millions trois cents treize mille
DU CLERGÉ DE FRANCE, 19 SEPTEMBRE 1785. 637
quatre- cents soixante-quinze li-
vres, ÔC nous en avons admis la
recette, tant fur le vu du compte
précédent, que fur celui du bor-
dereau de cette même année
1779, où cette recette a été
fixée à la meme somme par TAs-
semblée de 1780, ci 7313475 1.
. . .
DÉPENSE.
La dépense est composée de sept chapitres.
Le premier contient la somme de huit mille huit cents
quarante livres dix-sept fols un denier, dont le Comp-
table étoit en avance fur le compte de Tannée 1778 3

ci .....
ÒC c'est fur le vu de Tarrêté de ce compte
avons alloué cette dépense ,

Les deuxième, troisième, qua-


trième &: cinquième chaoitres,
montent ensemble à trois mil-
, que nous
8840 1. 17 f. 1 d.

lions neuf cents quatre - vingt-


dix - sept mille huit cents cin-
quante-deux livres trois fols huit
deniers, oi contiennent les paie-
ments faits, de six mois en six
mois aux Rentiers des Em-
,
prunts de 1755, 17^5, 1766
&C 1775, pour les arrérages de
Tannée 1779 des rentes consti-
,
tuées à leur profit fur ces mêmes
Emprunts : ces arrérages se font
trouvés être effectivement de
cette somme de trois millions
neuf cents quatre-vingt-dix-sept
mille huit cents cinquante-deux
livres trois fols huit deniers
Tannonçoit ,
le bordereau
comme
8840 1. 17 f. . 1 d;
6$% PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part .
8840 1.
17 s, % d,
. . .
provisoire de ce compte : c'est
pourquoi nous en avons alloué
la dépense, après avoir examine

....
Ô£ visé toutes les quittances ô£
pièces justificatives du droit des
Rentiers à qui ils ont été payés.,
ci 39978J2. 3 .8
Le sixième est: composé des
sommes retenues par les Rece-
veurs Diocésains îles Décimes,
pour les taxations à eux accor-
dées pour les frais du recouvre-
ment qu'ils ont fait des deux im-
positions composant les premier
& deuxième chapitre de recette
de ce compte : ces taxations font
en total de la somme de quatre-
vingt - trois mille quatre cents
soixante-quinze livres, comme

dépense, ci
...
au compte précédent, fur le vu
duquel nous en avons admis la

Enfin le septième &c dernier


chapitre de dépense, monte en
total à la somme de trois mil-
^3475

lions deux cents trente mille cin-


quante livres, divisé en deux
objets.
Le premier est composé des
remboursements faits pendant
Tannée 17791 fur les quatre Em-
prunts au denier vingt-cinq réu-
nis, dont nous avons alloué la
dépense, sur le vu des grosses
des contrats, des quittances de
remboursement, 8c aucres pie-
.
à.
4090168 1. 9
DU CLERGÉ DE FRANCE 3 19 SEPTEMBRE 1785. 639
Ci-contre
.
ces que nous-avons
. - . ...
jugées suffi-
4090168 L 9 d.
santes pour la décharge du Cler-
gé. Nous vous observons que
ces remboursements montent 5
savoir, ceux des íix premiers
mois, à un million six cents qua-
tre mille trois cents
cinquante livres, ci 1 6043 50 ^
Ceux des six der-
niers mois, à un
million trois cents
foixante-cinq mille
sept cents livres, ci
13 65700
Ces deux som-
mes composent en-
semble celle de deux
millions neuf cents
soixante-dix mille
cinquante livres
formant le premier3
objet de ce chapi-
tre, ci 2970050 1.
Le second est de
la somme de deux
cents soixante mille
livres, montant to-
tal des deux impo-
sitions destinées au
paiement des frais
communs ô£ taxes
des petites Assem-
blées : elles ont été
levées pour cet ef-
fet pendant les dix
termes qui ont pré-
cédé celle de 1780^
„ .. :—-
2970050 1. 4090168 1. 9 d.
^4° PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part ,
. . .
4090168 s. 9 d.
De l'autre pan 2970050I»
. •
<2c employées, à
mesure de leur re-
couvrement , en
remboursement sur
les rentes au denier -
vingt - cinq , par
augmentation aux
fonds qui y étoient
affectés : cet em-
ploi est prescrit par
la Délibération de
1745, qui a ordon-
né la levée de ces
deux impositions >
o£ comme il n'a
pour objet que de
ne point laiíler cette
somme oisive, il a
fallu, pour la ren-
dre à ía première
destinatio'n, que le
Comptable en fît
la reprise sur le
fonds des rembour-
sements des six der*
niers mois 1779,
pour la porter en
recette fur le comp
te des frais com-
muns de TAssem-
blée de 1780 j &£
c'est pour donner
lieu à cette recet-
te , qu'il a fait ici
dépense de (jette
,
2970050 1. 4090168 1. 9 d.
même
DU CLERGÉ DE FRANCE , 19 SEPTEMBRE I 7 8 5. 64 r
Ci-contre
. . . . . .
4090168 h 9 d.
Ci-contre 2970050 1.
.• .
même somme, que
nous avons allouée,
tant fur le vu de
ce même compte
des frais communs
de 1,780 que fur
,
celui de la Délibé-
ration de 1745,que
nous nous sommes .
fait représenter, ci.. 260000
Au moyen de~~~
ce, la totalité de ce
dernier chapitre de
dépense est, com-
me nous Tavons
déja annoncé de
,
trois millions deux
cents trente mille
cinquante livres, ci 3230050L 3230050 1.
uHnn 1 in Htm—WMW—W»—
En réunifiant toutes les som- 1 « ii

mes comprises dans ces diffé-


rents chapitres de dépense , on
trouve qu'elles composent celle
de sept millions trois cents vingt

neuf deniers, ci
....
mille deux cents dix-huit livres

La totalité de la recette n'est


que de sept millions trois cents
7320218 L 9 d.

treize mille quatre cents soi-


xante-quinze livres, ci . . . 73*3 475
Par conséquent Tavance est de™ " *" l
six mille sept cents quarante-trois
livres neuf deniers, ci
. . .
.
6743 l* 9 d.
S£ i. ii.'-1- 1 '
'
'"'" ' 'mît

Cette avance écant la même que celle constatée par le


nn m 1

bordereau présenté à TAssemblée de 1780, nous avons dit,


Procès-verbal de 1785. Ffff
64^ PROCES-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNERALE
en arrêtant ce compte, qu'elle seroit portée en dépense fur
le premier chapitre de celui de Tannée 1780, dont nous
allons avoir Thonneur de vous entretenir.

Compte de l'année 1780 des Rentes au denier vingt-cinq, des


Emprunts de 175 5 , 1765, 1766 SC 177 5 réunis.
RECETTE.
Les changements que TAssemblée de 1780 a cru devoir
faire fur les impositions supportées par le Clergé, n ayant
eu lieu qu'à compter de Tannée 178 1, ses trois premiers
chapitres de recette du compte que nous vous présentons,
font composés, Messeigneurs, des mêmes objets qu'à Tan-
née 1779 c'est pourquoi nous nous dispenserons de vous
?
les détailler de nouveau. Nous nous contenterons seulement
de vous instruire qu'ils montent ensemble à la somme de
sept millions deux cents soixante-un mille quatre cents soi-
xante-quinze livres, dont nous avons admis la recette, sui-
vant Tuiage, fur le vu du comp-
te précédent, ci . . . . 7261475 1.
A l'égard du quatrième ÔC der-
nier chapitre de recette de ce
compte , quoiqu'il soit auíïi,
quant au fonds , composé des
mêmes objets que ceux du comp-
te précédent, c'est-à-dire, qu'il
contienne pareillement le pro-
duit du recouvrement fait pen-
dant Tannée 1780, des imposi-
tions ordonnées en 174J pour
le paiement des taxes des Dépu-
tés ôc des frais communs des As-
semblées, il diffère néanmoins,
quant à la somme : celui du
compte de Tannée 1779 , ne mon-
toit qu'à cinquante-deux mille li-^^_
7l6í475 *•
DU CLERGÉ DE FRANCE , i p SEPTEMBRE 1785. 643
Ci-contre
•.
7261475 1.
vres pour les deux impositions j
& à compter de Tannée i 78 o, ce
chapitre est en total de quatre-
vingt mille livres. II suffit, Mes
seigneurs, pour vous faire con-
noitre la cause de cette diffé-
rence , de vous observer, que
Timposition des taxes levées pen-
dant Tannée 1779 & les quatre
années précédentes, pour le ser-
vice de la petite Aílemblée de
1780, n'étoit que de íix mille li-
vres par terme , au lieu que celle
qui a commencé à la Saint-Jean
1780 devant servir au paiement '
des taxes de la préfente Assem-
blée ( qui est du nombre des
grandes) a été fixée en 1745 à
une somme égale à Timposition
des frais communs, c'est-à-dire,
à deux cents mille livres en total,
pour être levée à raison de vingt
mille livres par terme, de manière
que les sommes provenues du re-
couvrement que le Comptable a
fait de ces deux impositions pen-
dant Tannée 1780, composentun
total de quatre-vinge mille livres,
porté en recette dans ce quatriè-
me & dernier chapitre, attendu
qu'il a été employé à augmen-
ter le fonds de vos rembourse-
ments de la même année, pour
entrer dans les vues de TAssem-
blée de 1745 qui, en ordon-
,
nant la levée de ces deux impo-
7261475 1.
Ffff 2
644 "PROCÈS-VERBAL DE L'AS^EMBLÉE-GÉNÉB.ALE
De l'autre part . . . . 726147s 1.
skions en dix termes, afin de la
rendre moins à charge aux Ré-
nésiciers eut Tattention d'en
,
prescrire ainsi un emploi mo-
mentané pour faire tourner leur
,
produit au profit du Cierge, en
attendant la tenue de chacune
des Aílembiées auxquelles elles
font destinées. C'est donc íur le
vu cle cette Délibération de
1745 àc des départements arrê-
tés en conséquence, que nous
avons admis ce chapitre en re-
cette pour la somme totale de
quatre-vingt mille livres, ci . . 80000 1.
Ces quatre chapitres réunis
montent ensemble à la somme
de sept millions trois cents qua-
rante-un mille quatre cents soi-
xante - quinze livres, qui com-
pose la totalité de ia recette de
ce compte, ci . . . 7341475 1.

DÉPENSE.
La dépense est distribuée en sept chapitres.
Le premier est composé de la somme de íix mille sept
cents quarante-trois livres neuf deniers, à laquelle s'est trou-
vé monter Tavance du compte précédent 3 nous Tayons admi-
se ici en dépense, conformément
à Tarrêtcdecemême compte,ci. ^743 !• 9 d.
Les deuxième,troisième, qua-
trième Sc cinquième chapitres
renferment le paiement des arré-
rages de Tannée entière 1780,
fait aux Rentiers des Emprunts
de 17555 i765> 1766 & *77ï,
6743 1. 9 d.
......
DU CLERGÉ DE
Ci-contre
FRANCE, 19 SEPTEMBRE 17^85. 645

aux époques des premier Octo-


bre 17 8 o Ôê"premier Avril 17 8 1.
6743 1. 9 d.

Ces arrérages, qui étoient à Tan-


née précédente de la somme de
trois mêlions neuf cencs quatre-
vingt-dix-ícpt mille huit cents
cinquante-deux livres trois sols
hui: de-vers, ne font plus que de
cà de trois miliions huit cents
-,
íoixante-dix-sept mille quatre
cents soixante-dix-huit livres
cinq lois onze deniers, 6c nous
cii £vons alloué ia dépense fur le
vu des quittances des Rentiers,
ÌC des pieecs qu'ils ont fournies
pour Tétabiîíiement de leurs
dreses,ci 3S77478 5 11
j^e íi.dcme est de la somme de
quatve-vin-u-troís mille quatre
cer.-..-: se•l'íiín.te-quinze livres, re-
te;:;..;' par les Receveurs Diocé-
íû!iiì d(;i Décimes pour leurs ta-
xations- 3 comme elles font les
mcse'.es que celles du compte
précédent, nous en avons alloué
la dépense íur le vu de ce même
con;p,e, ci 8347J"
. . . .
Le septième &C dernier chapi-
tre est diviíé en trois parties.
La première contient les rem-
boursements Laits fur ces quatre
Emprunts, aux mêmes époques
des premier Octobre 1780 c\C
premier Avril 178 1, qui mon-
tent ea total à la iomme de deux
millions cent vingt-neuf mille,.
3967696 1. 6 f. 8 d.
640 PROCÈS-VERBAL DE iASSEMBLÉE-GÉNÉRALB
De l'autre paît . . . . 3967696 1. 6 s. 8 d.1
sept cents quarante-quatre livres
neuf folsj savoir, ceux des six
premiers mois, à un million six
cents quatre-vingt-deux mille
neuf cents quarante-quatre livres
neuf fols, 8c ceux des six der-
niers, à quatre cents quarante-
fix mille huit cents livres. Nous
en avons alloué la dépense fur
le vu des grosses des Contrats
remboursés des quittances de
remboursements o£ des au-
tres pièces justificatives que nous
avons visées, après avoir recon-
nu qu'elles étoient dans la
forme convena-
ble ci
, ....
La deuxième
^I^9744 9
, s

partie de ce cha-
pitre est de la
íomme d'un mil-
lion deux cents
cinquante mille
livres dont le
,
Comptable a fait
la reprise au
,
terme d'Avril
1781 fur le
fonds ,des rem-
boursements des
rentes au denier
vingt-cinq pour
Temployer au
même terme
,
au paiement des
premiers arréra- -. .._
d.
£1x9744 9 3967696 1. 6 f. 8
DU CLERGÉ DE FRANCE* IJSÊPTÈMBRË 1785. 647
Ci^ontre $9676961 6 s 8 d.
1. r.
Ci-contre £ j I744 9
. . .
ges de TEmprunt
de 1780. Cette
retenue a été
ordonnée tant
,
par la Délibé-
ration du z 6
Juin 1780, que
par renoncé du
compte des frais
communs de la
même Assem-
blée j les causes
en font détaillées
dans le Rapport
des rentes au de-
nier vingt &C
,
nous en avons
admis la dépense
faite ici pour or-
dre sur le vu de
la recette portée
sur le compte de
ces premiers ar-
rérages,ainsi que
fur celui de la
Délibération ÔC
du compte, de
ces mêmes frais
communs, ci . . 115000.0
La troisième
6£ derniere par-
tie de ce chapi-
tre contient la
somme de quin-
ze mille livres,,
146x7449 _ . 3967696 1. 6 f. 8 d.
648 PROCÈS-VERBAL DÉ L'A SSEMBLÉE-GÉNÉRALZ
De l'autre part 676 9 6 1. 6 1. 8 d.
. • . < %Q
De l'autre pan i 461744 9.
do n r 1c Compta- .

ble a fait auílì


la reptile sur ìe
fonds de ces mê-
mes rcinbouríe-
menus - oour for-
i
vir '.le íupDÍé-
L ì.

tì-^ï =1eívínce au
p .:-.-,.:n-de-sap-
p= .:;;::'-'ncs de
iví í'v:. i-;;; Agents
6 -;- Òrfi-
cierç du Ciergé.
Cette reprise a
été ordonnée par
TÀÍiembiéc de
17 8o,íuivantsa
De libération du
7 Octobre,dont
les cli (positions
sent rapportées
dans Íe r.inport
des comptes des
Décimes, Pen-
sions & Appoin-
tements où cette
m orne somme a
été portée en re-
cette à la suite du
cinquième cha-
pitre sur le vu
,
duquel,ainsi que
sur celui de ladi-
te Délibération,
.1461744 9 , ,
$967696 1. 6 s. 8
_d.
nous
DU CLERGÉ DE FRANCE* 19 SEPTEMBRE 1785. 649
Ci-contre 3967696 1. 6 s. 8 d-
1. s. -
Ci-contre
. . . 33797449
nous en avons
alloué la dépense
que le Compta-
ble en a faite de
,
même pour or-
dre fur le comp-
te dont nous
avons Thonneur
de vous entrete-
nir, ci ...
Ces trois som-
. 15000

mes ré u nies mon-


tent ensemble à
celle de trois mil-
lions trois cents
quatre - vingt-
quatorze mille
sept cents qua-
rante-quatre liv.
neuffols, compo-
sant la totalité de
ce chapitre , ci . 33 94744 9 33 94744 1. 9 se
\ . 1 •- 1 - - - - ——
Par le calcul que nous avons
fait des sommes comprises dans
les sept chapitres de dépense de
ce compte, nous avons trouvé
qu'elles montoient en total à
sept millions trois cents foixante-
deux mille quatre cents quarante
livres quinze fols huit deniers, ci. 736x4401. 15 f. 8 d.
La recette n'est; que de sept

zelivres,ci

Procès-verbal de 1785.
....
millions trois cents quarante-un
mille quatre cents foixante-quin-
7341475 L
M
2.0965 1."I 15 ——W^——»^
Gggg
I
f. 8 d.
«I
650 PROC ES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Au moyen de quoi la dépense
se trouve excéder la recette de
la somme de vingt mille neuf
cents soixante-cinq livres quinze
fois huit deniers, dont le Comp-
table est en avance, Ô£ qui, sui-
vant Tarrêté que nous avons mis
fur ce compte sera portée en
,
dépense fur le premier chapitre
du suivant, ci 20965 1. 15 s. 8 d,.
'-.Il
"i ',
-'-'-- j.
M .T 1

Compte de l'année 1781 des Rentes au denier vingt-cinq, des


Emprunts de 1755, 1765 > 1766 ÓC 1775 réunis.
NOUS ne pouvons nous dispenser, Mesteigneurs, avant
d'entrer dans le détail de ce compte, de vous instruire des
changements que les dispositions de la Délibération du 2.6
Juin 1780 ont apportés dans Tordre de vos impositions j
nous ne le ferons cependant que d'une manière fuccinte,
attendu que le Rapport de Messeigneurs les Commissaires,
que vous avez chargés de Texamen des comptes de TEm-
prunt de la même année 1780, contient toutes ses raiíons
qui ont donné lieu à ces changements. II suffira donc de
vous rappelier ici, que les impositions qui compofoient
les deux premiers chapitres de recette du compte précédent,
montoient ensemble, distraction faite des taxations des Re-
ceveurs Diocésains, à la somme de six millions six cents
soixante-dix-huit mille livres. Le bénéfice qu'avoit produit
la conversion des rentes au denier vingt en rentes au de-
nier vingt-cinq, avoit été employé en augmentation fur
les remboursements depuis Tannée 1777 j & au moyen
de cette augmentation, il fut reconnu que cette somme de
six millions six cents soixante-dix-huit mille livres, étoit
plus que suffisante pour opérer Textincfion des capitaux
dus par le Clergé-Général, dont Tépoque avoit été sixée,
au premier Oclobre 181 o, par TAssemblée de 1775. C'est
cette considération qui détermina TAssemblée de 1780 a
distraire du montant de ces deux impositions une somme
DU CLERGÉ DE FRANCE * 19 SEPTEMBRE 1785. 651
annuelle òc principale de quatorze cents mille livres, pour
faire partie des fonds qu'elle destina au service du nouvel
Emprunt au denier vingt 3 ÒC du restant montant à cinq
millions deux cents soixante-dix-huit mille livres, elle com-
posa une seule imposition, qui a commencé d'être levée au
terme de Saint-Jean 178 1, pour être employée, à compter
des six premiers mois de la même année &C à Tavenir, au
paiement des arrérages ô£ au remboursement de partie des
capitaux des rentes au denier vingt-cinq. La Délibération
du 26 Juin 1780, qui ordonna cette imposition, décida
en outre que les cinq cents mille livres accordées par le Roi
au Clergé dés 1748, òc qui doivent avoir lieu jusqu'en
1796, continueroient d'être employées en recette fur ce
compte pour être ajoutées aux fonds du remboursement de
ces mêmes rentes. En conséquence de ce nouvel arrange-
ment, la recette du compte de Tannée 178 1 des rentes au
denier vingt-cinq, n'est plus composée, Mesteigneurs, que
de trois chapitres.
Le premier, qui contient les sommes provenues du re-
couvrement fait aux deux termes de Saint-Jean &C de Noël
178 1, fur tous les Diocèses du Royaume, de la nouvelle im-
position ordonnée en 1780 pour le service des rentes au de-
nier vingt-cinq, est en total de cinq millions trois cents qua-
rante-trois mille neuf cents soixante-quinze livres, à quoi
a été fixée cette imposition, y compris foixante-cinq mille
neuf cents íoixante-quinze livres de taxations, attribuées
aux Receveurs Diocésains des Décimes pour frais de re-
couvrement , & suivant le département arrêté par la même
Assemblée le i 9 Août, fur le pied de la contribution géné-
rale, fixée par celle de 1770. Nous avons admis cette re-
cette , tant fur le vu de la Délibération du x6 Juin 1780,
que ser celui de ce département en vertu duquel elle a été
levée, vous observant qu'elle tient lieu de celles qui étoient
employées dans les deux premiers chapitres du compte pré-
cédent, qui n'ont été levées que jusques &C compris le ter-
me de Nocl 1780, époque de leur suppression ordonnée
par TAílemblée de la même an-
née ci J 343 975 *•
,
O o- cr cr T.
652, PROCES-VERBÂL DE
De l'autre part .... 1? ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

Le deuxième renferme la som-


me de quatre-vingt mille livres,
5343975 1.

provenue du recouvrement fait


pendant la même année 1781
,
des deux impositions destinées
au paiement des taxes des Dé-
putés, c£ des frais communs de
la présente Assemblée : ÔC nous
en avons admis la recette fur le
vu du compte précédent, 011 elles
Tannée 1780, ci
...
ont été de même employées pour
Le troisième &í dernier cha-
pitre est de la somme de cinq
.
80000 1.

cents mille livres, reçue de TAd-


judicataire des Fermes, pour le
secours annuel accordé par Sa
Majesté, & qui continue d'être
asteóté au remboursement des
capitaux au denier vingt-cinq,
comme nous venons d'avoir
Thonneur de vous Tobserver ,ci. 50000©
Ces trois chapitres réunis mon-
tent ensemble à la somme de cinq
millions neuf cents vingt-trois
mille neuf cents soixante-quinze
livres, qui compose la totalité de
ia recette de ce compte, ci 592-3975 1-
. .
miuiiii .i— n» 1»—iMiMiini m ir
DÉ PENSE.
Elle contient, Messeigneurs, ies mêmes objets que celle
du compte précédent j elle est pareillement distribuée en
íept chapitres.
Le premier renferme la somme de vingt mille neuf cents
soixante-cinq livres quinze fols huit deniers, dont le Comp-
table s'est trouvé en avance fur le compte précédent. Comme
DU CLERGÉ DE FRANCE, 19 SEPTEMBRE 1785. 653
c'est en conséquence de Tarrêté de ce compte qu'il a fait dé-
pense de cette somme sur celui-ci, c'est aussi par cette rai-
Ion que nous Tavons admise,
ci 20965 1. 15 f. 8 d.
Les deuxième, troisième, qua-
trième &C cinquième chapitres
font composés des paiements
faits, les premier Octobre 178 1
&r premier Avril 178x5 aux Ren-
tiers des Emprunts de 1755
1765, 176.6 &C 1775 pour,
,
les arrérages de Tannée 178 1,
qui montent en total à la som-
me de trois millions huit cents
íix mille cent soixante qua-
-
torze livres deux fols neuf de-
niers. Ils étoient à Tannée 1780
de trois millions huit cents foi-
xante-dix-sept mille quatre cents
soixante-dix-huit livres cinq fols
onze deniers. Cette différence
en moins, est occasionnée par les
remboursementsqui ont été faits
fur ces Emprunts j &c c'est d'a-
près la connoiflance que nous
en avons prise, que nous avons
alloué la dépense de ces quatre
chapitres, qui nous a d'ailleurs
été justifiée par des quittances
&C pièces que nous avons visées,
ôc trouvées en bonne forme,ci. 3806174 1 9
Le sixième chapitre a pour
objet la somme de foixante-einq
mille neuf cents soixante-quinze
livres, retenue par les Receveurs
Diocésains des Décimes, fur le
recouvrement qu'ils ont fait aux
3 827139
1. 1 8 f..... 5 d.
654 PROCÈS-VERBAL DE iASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De íautre part . . . . 38x7139 1. 18 s, 5 d.
termes de Saint-Jean 6c Noël
1781 , de Timposition qui com-
pose le premier chapitre de re-
cette de ce compte. Nous avons
alloué cette dépense, tant fur le
vu de la Délibération qui a or-
donné cette imposition, que fur
celui du département en vertu
duquel elle a été levée, ci 65975
. . .
Enfin le septième o£ dernier
chapitre de dépense de ce comp-
te , est divisé en deux parties.
La première contient les rem-
boursements faits aux six pre-
miers ô£ six derniers mois 1781,
fur les rentes des Emprunts de
1755, 1765, 1766 & 1775*
Ceux des six premiers mois font
de la somme de neuf cents qua-
tre -vinet- huit mille six cents
soixante-trois livres onze fols,
Ô£ ceux des six derniers mois de
celle d'un million trente mille
íept cents cinquante livres. Ces
deux sommes réunies composent
celle de deux millions dix-neuf
mille quatre cents treize livres
onze fols, dont nous avons al-
loué la dépense fur le vu des
grosses des Contrats rembour-
sés, tZ des quittances des Ren-
tiers &C autres Pièces justificati-
ves de leur droit, , f
ci xoi94i3 11
A regard de
la seconde partie
„ , d.-
101941 311 3 893 114 1. 18 í. 5
DU CLERGÉ DE FRANCE* 19
SEPTEMBRE 1785. 655
Ci-contre 38931x4 1. 18 s. 5 d.
n
Ci-conirc . . .
1.
2.01941 3 II
de ce chapitre,
elle est compoíée,
comme au comp-
te précédent, de
la somme de quin-
ze mille livres, re-
prise fur les fonds
des rembourse-
ments des rentes
au denier vingt-
cinq , & portée
en recette fur le
compte des Déci-
mes , Pensions 8c*
Appointements ,
pour servir de
supplément à Tim-
position destinée
au paiement des
appointements de
MM. les Agents-
Généraux. Nous
avons admis cette
dépense, qui n'est
ici que pour or-
dre sur le vu de
,
ce même comp-
te des Décimes,
Pensions bC Ap-
pointements de
Tannée 17 8 1, &c
fur celui de la
Délibération du
7 Octobre 1780,
qui a ordonné cet- ___^_^_ f.
2.01941 3 u 3 893 114
1, 18 5 d.
è$6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part .' 3893114 1. 18 s. 5 d.
1
. .
1. s.
.
De l'autreparc .. 1019413 II
te reprise, ci . . IJOOO
Ces deux objets — ——~
reviennent donc
e n se mble à 1a fo m-
me de deux mil-
lions trente-qua-
tre mille quatre
cents treize livres
onze fols , com-
posant la totalité
de ce septième
chapitre de dé-
pense, ci 103441 3 1. 11 s.
. . . . 1034413 11
La dépense totale de ce comp-
te est de cinq millions neuf cents
vingt - sept mille cinq cents
vingt-huit livres neuf fols cinq
deniers ci
, . . . .
5917518 1. 9 C 5 d.
Et la recette n'est que de cinq
millions neuf cents vingt-trois
mille neuf cents soixante-quinze
livres, ci 59'lì975
Par conséquent le Comptable l l '
se trouve en avance de la somme
de trois mille cinq cents cin-
quante-trois livres neuf fols cinq
deniers, qui sera employée dans
le premier chapitre de dépense - ,
.
du compte suivant ; pour Tintel-
ligence duquel, nous allons met-
tre succinctement sous vos yeux
les dispositions de la Délibéra-
tion prise par TAssemblée ex- Jí
traordinaire de 17 81, le 18 Oc-
tobre de cette, année-, ci 3553 1. 9 s. 5 d„
. .
Cette
DU CLE.-.SÉ DE FRANCE, 19 SEPTEMBRE 1785. 6$y
' Cette Assemblée fut convoquée, Messeigneurs, dans un
cornent où toute la France s'empreíloit d'ostrir au Mo-
narque des lecours volontaires qui ont signalé son amour
pour la períonne du Roi, 6c la facilité avec laquelle il trou-
voit dans la seule affection de ses peuples, les moyens de
continuer avec succès, une guerre qu'il n'avoit entreprise
que pour le bien général de TEurope.
Le Clergé, qui, dans de pareilles circonstances, a tou-
jours marqué son zèle, avec la distinction convenable à la
prééminence de son Ordre, offrit au Roi un Don-gratuit
de quinze millions 3 bc voulant en même-temps venir au
secours de ceux des Sujets de Sa Majesté que le fort des ar-
mes avoit rendu les victimes de la guerre, il ajouta à cette
somme un million qui fut destiné au soulagement des
matelots blessés, &:, des veuves bc orphelins de ceux qui
avoient péri, en combattant pour la patrie.
Vous avez vu, par le rapport de Messeigneurs de la Com-
mission des Rentes au denier vingt, que le Roi désirant que
les offres du Clergé n'éloignassent pas trop fa libération,
lui fit asturer de nouveaux fonds à prendre annuellement
fur les Fermes-Générales, pour être ajoutés à ceux qui
étoient destinés au remboursement des précédents Em-
prunts. L'Assemblée jugea qu'il étoit à propos d'accepter
les offres de Sa Majestés elle s'assura ensuite, par les diffé-
rentes progressions qu elle se fit présenter, que, tans augmen-
ter les impositions du Clergé, elle trouveroit dans cette
ressource bc dans la disposition économique qu'elle se pro-
pofoit de faire des sommes qui se levoient déja fur les Bé-
néficiers de quoi satisfaire, non-seulement aux charges de
,
ces anciens Emprunts, mais encore à celles que devoit oc-
casionner celui qu'elle ordonna, pour le paiement des seize
millions qu'elle venoit d'offrir au Roi.
C'est d'après cette connoissance que cette même As-
semblée décida, Messeigneurs, par ,fa Délibération du 18
Octobre :
i°. Que les sept cents mille livres du nouveau secours
accordé par le Roi, seroient ajoutés aux cinq cents mille
livres dont vous jouissez depuis 1748 pour être affectés
,
Procès-verbal de 1785. H h h. h
658 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

aux remboursements des rentes au denier vingt-cinq, des


Emprunts de 1755, 17^55 1766 bc 1775 réunis.
i°. Et que le surplus des fonds nécessaires au service de
ces Emprunts, continueroit d'être pris fur le montant du
département de cinq millions deux cents foixante-dix-huit
mille livres, arrêté pour cette destination par TAssemblée
de 1780, fur lequel cependant ón reprendroit annuelle-
ment , bc à compter du terme de Noël 1781, une somme
de onze cents mille livres, qu'elle jugea nécessaire d'ajouter
au fonds que TAssemblée de 1780 avoit assigné à TEm-
prunt de la même année, bc auquel fut réuni celui de 1781.
Ces dispositions économiques procuroient Messei-
,
gneurs , deux avantages: le premier, d'éviter de nouvelles
charges aux Bénéficiers, fans reculer, que de très-peu de
temps, ie terme fixé par la précédente Assemblée pour lâ
libération du Clergé5 bc le second, d'affermir de plus en
plus son crédit, eh affectant, à chaque nature de rente,
un fonds d'amortissement proportionné au montant de-seurs
capitaux, de manière que Textinction des rentes au denier
vingt-cinq devoit être opérée à la même époque que celle
de Textinction des rentes au denier vingt.
Toutes ces dispositions ayant apporté des changements
dans la distribution des comptes de la recette générale, nous
avons trouvé celui de Tannée 1781, des rentes au denier
vingt-cinq, composé pour la recette de quatre chapitres.
Le premier, qui est de la somme de cinq millions trois
cents quarante-trois mille neuf cents soixante-quinze li-
vres , contient, comme au compte précédent, le produit
total de Timposition de pareille somme, ordonnée en 1780
pour le service des Emprunts au
denier vingt-cinq, ci 5 343975 1»
Le deuxième est compose des.
.

quatre-vingt mille livres, prove-


nant du recouvrement des deux
impositions destinées au paie-
ment des taxes des Députés ÔC
des frais communs de la présente
^
J34397Jt !•
DU CLERGÉ DE FRANCE * 19 SEPTEMBRE 1785. 6)$
Ci-contre 5 3 43 975 l-
Assemblée ci
,
80000
Le troisième a pour objet la
somme de deux cents cinquante
mille livres, reçue le 15 Juillet
1781, de TAdjudicataire des
Fermes-Généraìes-Unies pour
,
les six premiers mois de la même
année, de Tancien secours annuel
de cinq cents mille livres, ac-
cordé en 1748 qui avoit été
prorogé d'abord ,jusqu'en 179 1
,
ensuite jusqu'en 1796, bc qui,
.au moyen de ce qu'il avoit été
réuni aux sept cents mille livres
accordés en 1781 doit par
,
conséquent avoir lieu jusqu'en
1 8 o 13 ci 15 c o o o
Enfin le quatrième bc dernier-
est de la somme de six cents mille
livres, reçue le 15 Janvier 1783,
par votre Receveur-Général, du
même Adjudicataire - Général,
pour les six derniers mois 1781,
tant de cet ancien secours de
1748 , que du nouveau de sept
cents mille livres, accordé par
le Roi en 1781, ci 600000
. . . .
La totalité de la recette du
compte des rentes au denier
vingt-cinq de Tannée 1781, s'est
par conséquent trouvée monter
à la somme de six millions deux
cents soixante-treize mille neuf
cents soixante-quinze livres , au
lieu de celle de cinq millions neuf
cents vingt-trois mille neuf cents,
62.73975 1- ..
Hhhh 2
Só'o PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
íoixante-quinze livres, à laquelle
elle montoit seulement en 1-78 i.
Et les causes de cette aus;men-
ration nôus ayant été justtisiées,
tant par le rapport de la Déli-
bération du 18 Octobre 1781,
que par TEdic accordé par le
Roi pour le nouveau secours de
sept cents mille livres, qui nous
a été représenté , revêtu de tous
ses enregistrements néceíìaires,
nous avons admis cette recette
pour ladite somme de six raillions
deux cents soixante-treize mille

vres, ci .......
neuf cents soixante-quinze li-
6273975

A Tégard de la dépense, nous Tavons trouvée distribuée


en sept chapitres.
Le premier, qui est de la somme de trois mille cinq
cents cinquante-trois livres neuf sols cinq deniers, contient
Tavance du compte de Tannée 178 13 Ôc c'est en conséquence
de ce que nous avons dit, par Tarrêté de ce compte, que
nous avons admis ici en dépense
cette somme, ci . . . . 355 3 1. 9 f. 5 d.
Les deuxième, troisième, qua-
trième &C cinquième contien-
nent tous les paiements faits aux
Rentiers des Emprunts au de-
nier vingt-cinq des années
,
1755, 1765, 1766 bc 1775
réunis pour les arrérages de
,
Tannée 1782, qui leur ont été
payés de six mois en six mois,
suivant Tuíao-e ordinaire. Ces ar-
rérages, qui étoient à Tannée pré-
,
d,
3 55 3 1. 9 L 5
DU CLERGÉ DE FRANCE ~* i 9. SEPTEMBRE 1785. 661
Ci-contre
.
cédente, de trois . . ....
millions huit
3 55 3 1. 9 s. 5 d.

cents six mille cent soixante-qua-


torze livres deux fols neuf de-
niers ne composent plus pour
,
Tannée 1781, que trois millions
sept cents vingt-quatre mille, qua-
tre cents soixante-douze livres
dix-sept fols quatre deniers, par
la vérification que nous avons
faite des remboursements opérés
fur ces différents Emprunts dans
cette même année, nous avons
reconnu, que cette diminution
étoit Teffet de ces rembourse-
ments : bc nous étant par consé-
quent convaincus que les fonds
destinés à la libération de ces
Emprunts y ont été employés
à;;..is les termes prescrits par vos
-Délibérations, nous avons alloué
CÏÍ dépense cette somme de trois
millions sept cents vingt-quatre
mille quatre cents soixante-dou-
ze livres dix-sept sols quatre de-
niers, dont le paiement nous a
d'ailleurs été justifié par se rap-
port des quittances des Rentiers,
leurs propriétés, ci
....
tèl des autres pièces à Tappui de

Le sixième chapitre est de la


somme de soixante-cinq mille
3724471 17 4

neuf cents soixante - quinze li-


vres, à quoi montent les taxa-
tions accordées aux Receveurs
Diocésains des Décimes, pour le
recouvrement de Timposition
3728026 L 6 f. 9 d. .
661 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part . . . . 3718016 1. 6 L 9 d.
employée en recette fur le pre-
mier chapitre de ce compte. Ils
ont fait, suivant Tusage , la re-
tenue de cette somme par leurs
mains, bc nous en avons admis
la dépense fur le vu du compte
précédent bc du département, en
vertu duquel cette imposition a
été levée, ci 65975
Le septième chapitre de dé-
pense est divise en trois parties.
Dans la première font em-
ployés ses remboursements -faits
les premier Octobre 1781 bc
premier Avril 1783, à quel-
ques-uns des Rentiers des qua-
tre Emprunts au denier vingt-
cinq réunis ils montent à la
somme d'un , million neuf cents
vingt-un mille six cents quatre-
vingt-trois livres six fols huit de-
niers, dont un million trente-
quatre mille neuf cents livres
pour ceux faits aux six premiers
mois de Tannée de ce compte,
bc huit cents quatre-vingt-six
mille sept cents quatre-vingt-
trois livres six fols huit deniers,
pour ceux faits aux six derniers
mois. Ces remboursements font
justifiés par le rapport des grosses
des Contrats remboursés des
,
quittances des Rentiers bc des
Pièces justificatives de leur droit,
que nous avons toutes visées,
après les avoir examinées bc '
mm^m_
3794001 1. 6 Ç.
9 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE * 19 SEPTEMBRE 1785. 66$
Ci-contre 3794001 1. 6 s. 9 d.
trouvées en bonne forme, ci 191168 3 6 8 d.
. .
La seconde partie de la dé-
pense de ce chapitre, qui n'a lieu
dans ce compte que pour ordre,
est composée de la somme de
cinq cents cinquante mille livres,
retenue au terme de Noël 1781,
fur le produit de Timposition que
contient le premier chapitre de
recette, pour moitié de celle de
onze cents mille livres, que T As
semblée de 1781 a jugé à pro-
pos de distraire des fonds que
celle de 1780 avoit affectés au
service des rentes au denier
vingt-cinq, pour la destiner à
acquitter une partie des charges
des deux Emprunts au denier
vingt de 1780 bc 1781, fur le
compte desquels cette somme a
été portée en recette, c'est pour-
quoi nous en avons admis ici la
dépense, ci 550000
La troisième partie de ce cha-
pitre contient la somme de quin-
ze mille livres, employée de mê-
me pour ordre seulement, bc à
la charge de la recette de cette
même somme sur le compte
,
des Décimes, Pensions bc Ap-
pointements, pour servir de sup-
plément à Timposition destinée
au paiement de Messieurs les
Agents bc autres Officiers du
Clergé. C'est fur le vu de ce
compte, que nous avons admis ..
6165684 1. 13 se 5 d.
f ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
664 PROCÈS-VERBAL
De l'autre part
cette dépense, ci
....
,
DE

. .
Ces sept chapitres de dépense
-
6165684 1.
15000
1 3 s. 5 d.

montent ensemble à six millions


deux cents quatre-vingt mille
íix cents quatre-vingt-quatre
livres treize sols cinq deniers, ci. 6280684 1. 13 f 5 d*
Et la recette, en quatre cha-
pitres n'est que de six millions
,
deux cents soixante-treize mille
neuf cents soixante-quinze li-
vres, ci 617 3 975
Par conséquent la dépense""
excède la recette de la somme de
six mille sept cents neuf livres
treize sols cinq deniers, qui, con-
formément à Tarrêté que nous
avons mis fur ce compte, com-
posera le premier chapitre de dé-
pense du suivant, ci
* -
6709 1. 13s 5 d.
-
Compte de l'année 1783 des Rentes au denier vingt-cinq,
des Emprunts de 1755, 1765 1766 ÓC 1775 réunis.
,
RECETTE.
La recette de ce compte est composée, comme celle du
précédent, de quatre chapitres j mais la somme totale n'étant
pas la même, nous sommes encore obligés d'en faire le dé-
tail pour mettre sous vos yeux, Messeigneurs, la cause de
la différence.
Le premier bc le second chapitres sont absolument sem-
blables à ceux de Tannée 17S2 bc forment par conséquent
,
ensemble la somme de cinq millions quatre cents vingt-
trois mille neuf cents soixante-quinze livres que nous
admise fur ,
avons se vu de ce
même compte, ci 1»
. . . . 542-3975
Le troisième chapitre est de
la
DU CLER.GÉ DE FRANCE , I 9 SEPTEMBRE I J 8 5 . 665
Ci-contre 5423975 1.
. . . . . . .
la somme de douze cents mille
livres, reçue par votre Receveur-
Général de TAdjudicataire des
Fermes du Roi, les 15 Janvier
bc 15 Juillet 1783 tant pour le
,
secours annuel de cinq cents
mille livres accordé par le Roi
en 1748 , que pour celui de sept
cents mille livres accordé en
1782 , bc qui ont été réunis pour
avoir lieu juíqu'en 1802 inclu-
sivement. Nous avons auííi admis
cette recette, tant fur se vu du
compte précédent, que fur celui
de la Délibération de 1782,
dont nous venons de vous rap-
peller les dispositions, ci 1200000 1.
. .
Enfin se quatrième bc dernier
chapife, qui est un objet abso-
lu n; enr nouveau contient la
,
somme de trois mille livres, im-
poice íur JLVÍLVI.les benenciers de
Bresse en conformité d'une Dé-
,
libération prise le 25 Novembre
1782 par T Assemblée de la mê-
,
me année
,
qui, pour les raisons
énoncées dans cette Délibération
que nous nous sommes fait re-
présenter, a ordonné provisoire-
ment, cu'à compter de Tannée
1783 ces Bénéficiers verie-
,
roient annuellement a la Caisse
ecnérale une somme de trois
mille livres, qui tiendroit lieu
de celle à laquelle ils doivent
être taxés pour leur contribution^.
6623 975 1. _
Procès-verbal de 17$5. I iii
666 PRÓCES-VÉRBAL DE
De l'autre part .... L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

dans ses nouvelles impositionsdu


Clergé : TAssemblée de 1781
661^97^ 1.

ayant laissé à celle de 1785 lê


soin de prononcer définitivement
fur cet objet, c'est donc en con-
séquence de cette Délibération,
que se Comptable emploie ici
cette somme en recette , pour
augmenter d'autant les fonds des
tinés à la libération de vos Em-
prunts au denier vingt-cinq, ci. 3000
Par Taddition des sommes'" "" '
comprises dans ces quatre chapi-
tres , on trouve que la recette
totale du compte des rentes au
denier vingt- cinq de Tannée
178 $ est de la somme de six
,
millions íix c\nts vingt-six mille

vres, ci ....,.."
neuf cents io;xante -quinze li-
66Z697J 1.

Quant à la dépense, elle est toujours composée de sept


chapitres.
Le premier, qui contient Tavance du compte précédent,
est de la somme de íix mille sept cents neuf livres treize
sols cinq deniers, dont nous avons alloué la dépense fur
le vu de Tétat final de ce même
compte, ci 6709 1. 13 f. 5 d.
Les deuxième, troisième qua-
,
trième & cinquième ont pour ob-
jet le paiement fait aux Rentiers
des quatre Emprunts réunis pour
les arrérages de Tannée 1783,
des rentes constituées à leur pro-
fit : ces arrérages montent en
total à la somme de trois millions •___
6709 1. 1 3 f. 5 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 19 SEPTEMBRE 1785. 667
Ci-cons/e
. . • . . .
6?°9 1.
13 s. 5 d.
six cents cinquante mille six.
cents
trente-neuf livres dix sois huit
,
deniers, 6c par la comparaison
que nous en avons faite avec
ceux cìe Tannée 1782 , nous
avons reconnu que la diminu-
tion des arrérages étoit en raison
des remboursements faits íur ces
mêmes Emprunts, avec ses fonds
destinés à leur libération. C'est
pourquoi nous avons alloué la
dépense de ces quatre chapitres,
après avoir vérifié chacun des
articles qui les composent, avec
les quittances bc autres pièces
qui nous ont été rapportées, bc
que nous avons trouvées dans la
forme convenable pour la dé-
charge du Clergé, ci 3650639 1. 10 f. 8 d.
. . .
Le sixième est toujours de la
somme de soixante-cinq mille
neuf cents soixante - quinze li-
vres, retenue, suivant Tusege,
par les Receveurs Diocésains des
Décimes, pour les taxations qui
leur font accordées fur se recou-
vrement qu'ils ont fait de Tim-
position qui compose le premier
chapitre de recette de ce comp-
te, & nous avons alloué la dé-
pense de cette somme sur le vu
du compte précédent, ci 6 5 97 5
. .
Le septième est composé, com-
me au compte précédent , de
trois parties.
La première contient ses rem- '
^ 713 314
1. 4 s. 1
d.
Iiii 1
668 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part . . . . 3713 3141. 4 s. 1 d.
bouríements faits pendant Tan-
née 1783, à plusieurs des Ren-
tiers des quatre Emprunts réunis j
ces remboursements montent,
pour les six premiers mois, à huit
cents quatre-vingt-trois mille
deux cents livres, bc pour les
íix derniers mois, à neuf cents
trente-sept mille neuf cents li-
vres, ce qui compose une som-
me totale d'un million huitcents
vinec-un mille cent livres, dont
le paiement nous a été justifié par
le rapport des grolìes des Con-
trats rembourses, des quittances
de remboursement bc des autres
pièces qui les accompagnent, que
nous avons examinées bc visées
les unes après les autres, pour
nous ailurer de leur validité, ci . 182.1100
La seconde partie de ce cha-
pitre contient la somme de onze
cents mille livres, qui n'est em-
ployée en dépense ici que pour
ordre seulement, comme ayant
été retenue fur le produit de Tim-
position qui compose le premier
chapitre de ce compte, en exé-
cution de ce qui a été ordonné
par la Délibération du 18 Octo-
bre 1781, pour servir de supplé-
ment aux ronds qui font affectés
au service des deux Emprunts
au denier vingt. Nous avons al-
loué cette dépense sur le vu de
cette Délibération bc du compte
5544414 L 4 s. 1
d.,
DU CLERGÉ DE FRANCE , 19 SEPTEMBRE 1785. 669
Ci-contre 5544414 1. 4 s. 1 d.
de Tannée 1783 , des rentes de
1780 bc 1781, où nous Tavons
trouvée employée en recette, ci. 11 o o o o o
Enfin la troisième bc dernie-
re partie contient la somme de
quinze mille livres, qui, ainsi
que fur le compte précédent, a
été employée pour ordre seule-
ment , à la charge de la recette,
sur le compte des Décimes, Pen-
sions bc Appointements de Tan-
née 178 3, où elle a été reportée
pour servir de supplément aux
fonds des appointements de Mes-
sieurs les Agents-Généraux bc
autres Ofiiciers du Ciergé 3 bc
c'est íur le vu de cette recette,
que nous avons admis ici la dé-
pense de cette somme, ci 15000
. .
La totalité de la dépense de ce~~
compte est de la somme de six
millions six cents cinquante-neuf
mille quatre cents vingt-quatre
Livres quatre fols un denier ci 6659414
, . 4 1
Et la recette n'est que de six
millions six cents vingt-íix mille
neuf cents soixante - quinze li-
vres, ci 667,697^ 1.
Au moyen de quoi Tavance
est de trente-deux mille quatre
3x449 l. 4 f. l d.
cents quarante-neuf livres quatre
sols un denier, qui compoí era le
premier chapitre du compte de
Tannée 1784, qui fera rendu
dans la forme ordinaire à TAs-
semblée de 1790, parce que le
670 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Comptable ne nous a présenté,
pour cette derniere année, qu'un
simple bordereau qui constate fa
situation, TAssemblée de 1765
l'ayant dispense, ainsi que nous
vous en avons prévenu, de rap-
porter les acquits de cette der-
niere année, vu la difficulté de
les rassembler par la grande quan-
tité de rentes qui se paie actuelle-
1. 4 f.
ment en Province, ci . . . 3 2*449 __i d.

Bordereau du compte de lannée 1784, des rentes au denier


vingt-cinq réunies.

RECETTE.
Les quatre chapitres de recette employés fur ce borde-
reau , montent ensemble à la somme de six millions six
cents vingt-six mille neuf cents soixante-quinze livres, bc
nous Tavons fixée à cette somme fur le vu du compte pré-
cèdent, étant absolument com-
pose des mêmes objets, ci
. .
6616975 L
DÉPENSE.
La dépense est distribuée en sept chapitres, comme celle
de Tannée 178 3.
Le premier contient la somme de trente-deux mille qua-
tre cents quarante-neuf livres quatre sols un denier, à la-
quelle nous avons fixé Tavance
du compte précédent, ci 3l449 !• 4 £ * ^'
.
Les deuxième, troisième, qua-..
trième bc cinquième chapitres,
contiennent le détail par numé-
ro , noms bc sommes seulement
des paiements faits aux Rentiers,
31449 1. 4 s. 1 á\
DU CLERGÉ DE FRANCE * 19 SEPTEMBRE 1785. 671
Ci-contre
des quatre
. .
Emprunts.
au
... .
denier
.31449 1. 4 s. 1 d.
vingt-cinq réunis pour Tannée
1784. Ces arrérages ne sont plus
que de la somme de trois mil-
lions cinq cents íoixante-dix-sept
mille deux cents soixante-une li-
vres dix-sept sols sept deniers ;
bc en ses comparant avec la pro-
gression de 1781, nous avons
trouvé qu'ils étoient réduits à
une somme moindre que celle
prévue par cette progression.
Nous nous sommes donc con-
vaincus que non-feulement les
fonds destinés à Textinction de
ces rentes ont été effectivement
employés à leur libération aux
termes convenables , mais en-
core que votre Receveur-Géné-
ral a saisi toutes lés occasions de
diminuer vos charges, tant par
ses avances, que par Temploi
qu'il a fait en remboursements
pendant les neuf premiers ter-
mes de cet exercice, du fonds
des impositions destinées au paie-
ment des taxes &c des irais com-
muns de la présente Aílemblée,
de manière que ce fonds a pro-
duit au Clergé une diminution
annuelle í ur ses charges, j ufqu'au
moment où il a été nécessaire
d'en faire la reprise pour le ren-
dre à fa première destination
,
C1 3577161 17 7 d.
Le sixième chapitre est de la
3 609711 1. 1 s. 8 d.,
De l'autre part . ...
671 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

somme de soixante - cinq mille


neuf cents soixante-quinze li-
3 6097 n 1. 1
s. 8 d.

vres , retenue par les Receveurs


Diocésains des Décimes, pour
les taxations qui leur reviennent,
pour se recouvrement de Tim-
position qui compose le premier
chapitre de ce compte, ci .
65975
Le septième est divisé en .qua-
tre parties.
La première est composée des
remboursements faits au pre- ' '":
mier Octobre 1784, bc au pre-
mier Avril 1785, íur ces c]uatre
Emprunts au denier vingt-cinq
réu nis : ces remboursementsmon-
tent 5 savoir, ceux faits le pre-
mier Octobre 17845a neuf cents
neuf mille huit cents quatre-
vingt-deux livres quinze íois d;x
deniers, bc ceux faits le premier
Avril 1785, à cinq cents qua-
rante mille six cents cinquante
livres j ce qui compose un total
d'un million quatre cents cin-
quante mille cinq cents trente-
deux livres quinze fols dix de-
niers, ci 14JOJ 3 2. 15 10
La seconde partie de ce cha-
pitre est de la somme de onze
cents mille livres , qui n'est ici
qu'un objet d'ordre étant repor-
,
tée en recette fur le bordereau
du compte de la même année
1784, des rentes au denier vingt,
.
pour servir de supplément aux
5 116118 1. 17 f. 6 d.
fonds
Du CLERGÉ DE FRANCE , 19 SEPTEMBRE 1785. 6j$
Ci-contre
, 5116118 1. 17 s. éd.
fonds qui sont destinés à leur li-
bération, ci . . . . . 1100000
.
La troisième partie de ce cha-
pitre est de la somme de quinze
mille livres portée ici pour or-
dre bC à la charge de la recette
,
fur le compte des Décimes, Pen-
sions bc Appointements, où elle
est employée par supplément à
Timposition destinée au paiement
des Appointements de MM. les
Agents bc autres Officiers du
Clergé, ci 15000
La quatrième bc derniere par-
tie de ce chapitre est de la som-
me de quatre cents mille livres,
reprise au terme de Noël 1784,
fur le fonds de ces mêmes rem-
boursements pour être portée en
recette au compte des frais com-
muns de cette Assemblée, au
paiement desquels elle est desti-
née, ci 400000.
Pour vous justifier cette re-
prise, permettez, Messeigneurs,
que nous vous rappellions que
le produit des deux impositions
de deux cents mille livres cha-
cune , ordonnée en 1745, pour le
paiement de ces frais communs,
a été porté annuellement en re-
cette fur les comptes dont nous
venons de vous faire le détail,
bc employé provisoirement bc à
mesure de son recouvrement, en
remboursements fur les quatre
i. —.
6 64111 8 l. 17 6 d*
Procès-verbal <& 17 8 5. J j j j
674 PROCÈS-VERBAL DE L\ ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Emprunts au denier vingt-cinq
réunis j il étoit donc nécessaire,
pour rendre cette somme à íà
première destination, d'en faire
la retenue fur le fonds des ces
mêmes remboursements au ter-
me qui a précédé la tenue de la
présente Ail emblée.
.
Les sept chapitres de dépense
que nous venons de vous pré-
senter montent en total à six
,
millions six cents quarante-un
mille deux cents dix-huit li-
vres dix - sept sols six deniers,
ci 66411181.17 s. 6 d.
La recette en quatre chapi-
tres, n'est que de six millions six
cents vingt-six mille neuf cents
soixante-quinze livres, ci 6616975 1.
. . .
L'avance sera donc de la som- "
me de quatorze mille deux cents
quarante-trois livres dix-sept fols
six deniers, ci
... . . .
11
J4^4-3
11
1.

n
17 f. 6 d.
1 11

Elle composera se premier chapitre de dépense du compte


de Tannée 1785 en conséquence de Tarrêté provisoire que
,
nous avons mis fur ce bordereau, après Tavoir exacte-
ment vérifié bc calculé. Nous avons dit en outre, que le
Comptable seroit tenu suivant Tissage de rendre ce
, ,
compte dans la forme ordinaire, bC d'en rapporter les pie-
ces justificatives à TAssemblée de 1790 : bc nous avons
terminé ainsi, Messeigneurs, le travail que vous avez bien
voulu nous confier j mais nous croirions qu'il manque
quelque chose au Rapport que nous venons de mettre
sous vos yeux, si nous le finissions fans rendre à M. Bol-
lioud de Saint-Jullien la justice qui lui est due, en vous
faisant connoître toute Texactitude bC la clarté qui règnent
dans cette partie de fa comptabilité, dont nous avons fait
DU CLERGÉ DE FRANCE , IO SEPTEMBRE 17S5. 675
la vérification j quelqu'immeníes qu'en íoient les détails,
il est facile d'en íaiíir le résultat par Tordre dans lequel
chaque objet íe trouve claíléj il en est de même pour ies
pièces justificatives qui nous ont été .représentées pour le
soutien quoique leur nombre íoit considérablement au-
gmenté., Nous ne faisons que répéter, il est vrai, ce qui a
été dit déja tant de fois en faveur de M. de Saint-Jullien ;
mais nous ne nous croyons pas pour cela dispenses de faire
auprès de vous un nouvel éloge de ion administration-,
les soins qu'il se donne pour faire exécuter vos Délibéra-
tions, bc son zeie pour tout ce qui a rapport à vos inté-
rêts, doivent augmenter de plus en plus la confiance bc
Testime que le Clergé lui a toujours témoignées.
Le Rapport fini, TAstemblée a remercié Mesteigneurs bc
Messieurs les Commistaires des peines bc foins qu'ils se
font donnés, bc a témoigné à M. de Saint-Jullien combien
elle étoit satisfaite de son zèle de son exactitude bc de
,
Tordre qui regnoit dans fa comptabilisé.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 10 Septem-
bre, à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD,Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

DU MARDI, VINGT SEPTEMBRE 1785,


a neuf heures du matin.
Monseigneur T Archevêque de Narbonne, Président.
MEsseigneurs bc Messieurs les Commissaires, pour les XCI
Dîmes, ont pris se Bureau. Monseigneur ['Arche- SÉANCE.

vêque de Rheims, Chef de la Commission, a continué la


lecture du Rapport qu'il avoit commencé la veille.
La Séance a été indiquée à demainMercredi, 11 Septem-
bre, à neuf heures du matin.
Signé >fe ARTHUR-RiCHARD, Archevêque & Primat
de Narbonne, Président.
07 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU MERCREDI, FING T-UN SEPTEMBRE 1785,


à neuf heures du matin.

Monseigneur T Archevêque de Narbonne, Président.

xcn
SÉANCE.
MEsseigneurs bc Messieurs ses Commissaires pour les
,
Dîmes, ont pris se Bureau. Monseigneur T Arche-
vêque de Rheims, Chef de la Commission, a fini la lecture
du Rapport fur la dîme des fruits de nouvelle culture dans
se ressort du Parlement de Paris. La Délibération fur ce
Rapport, a été remise à demain Jeudi, 11 Septembre, à
neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RiCHARD,Archevêque bc Primat
de Narbonne, Président.

DU JEUDI* VINGT-DEUX SEPTEMBRE 1785,


à neuf heures du matin.
Monseigneur T Archevêque de Narbonne, Président.

xcin lk yCEsseigneurs bc Messieurs les


Commissaires pour ses
SÉANCE. JLTJLDîmes, ont pris le Bureau. L'Assemblée a pris de
nouveau connoissance du Rapport suivant.
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Les murmures contre les contributions, les essorts pour
s'y soustraire, ont la même date que les contributions elles-
mêmes : le sacrifice d'une partie de nos propriétés fut tou-
jours pénible pour les hommes qui font tourmentés du
désir d'avoir plus, ou de la crainte d'avoir trop peu. De-
puis quelques années fur-tout, les plaintes bc les difficultés
fur les dîmes se sont excessivement multipliées, &C fatiguent
presque tous les Tribunaux du Royaume : y a-t-ii une cause
DU CLERGÉ DE FRANCE 11 SEPTEMBRE 1785. 677
,
nouvelle de ce soulèvement général contre une redevance
aussi ancienne ? Le Clergé demande-t-il plus qu'il ne lui
appartient ì ou le peuple veut-il donner moins qu'il ne doit ?
Cette question se réloudroit en faveur du Ciergé, si Ton
vouloir lui accorder quelque prudence, si Ton suppofoit
qu'il n'ignore pas tout-à-rait Tefprit dominant &. les dis-
positions du siécle : alors on peníeroit que le Cierge songe
bien plus à íe défendre qu'à attaquer 5 on reconnoîtroit qu'il
a trop de peine à conserver pour vouloir envahir*
Les vives bc justes plaintes des Décimateurs furent
présentées à TAsiemblée de 1780, par M. TAbbé de Col-
bert, que ses talents distingués ont élevé depuis à. i'Epif-
copat, bc dont les lumières sont en ce moment si utiles à
la Commiíiion que vous avez chargée d'examiner ses
,
questions relatives à la prestation de ia dîme. Si la raison
bc Téloquence sont les moyens les plus persuasifs, TAsiem-
blée, d'après le rapport de Monseigneur TEvêque de Ro-
dez, dut être bien convaincue qu'elle ne pouvoit employer
son crédit pour une meilleure cause.
« Elle délibéra que le Roi seroit supplié de nommer
j? une
Commiíiion de son Conseil, charmée de recevoir bc
33
d'examiner les plaintes bc les réclamations des Décima-
33 teurs
des différents ressorts, où il règne des difficultés ou
33
des abus au íujet de la dîme, asin que, d'après les ren-
33
seignements qui seroient fournis à MM. les Commiíìai-
33 res ,
Sa Majesté pût, avec une pleine connoissance de
33
cause, donner une Loi salutaire bC analogue à chaque
33 pays, qui
rétablisse dans toute leur vigueur ses ancien-
33 ries
Ordonnances bc les vrais principes fur la perception
33
de ce droit. 33
LAssemblée de 1781 adopta bc renouvella cette Déli-
bération. L'Assemblée de 1780 avoit encore arrêté que,
« dans le cas où il plairoit à Sa Majesté de nommer la-
33
dite Commission, Messieurs ses Agents seroient chargés
33
d'écrire dans les différents Diocèses, asin que les Déci-
33 mateurs
pussent envoyer auxdits Sieurs Commiflaires de
33
Sa Majesté leurs griefs bc leurs demandes. 33
La Commission, sollicitée par le Clergé, n'ayant point
é78 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
eu lieu, Messieurs les Agents n'ont point écrit dans les dif-
férents Diocèses. Nous sentons combien les cclaircilìemcnts
qu'ils auroient pu nous fournir nous seroient utiles aujour-
d'hui > 5c nous en désirons plus vivement Tétabiislement de
cette correspondance générale qui vous a été proposce ue
Hir part : Texécution de ce projet, déja formé depuis long-
temps, donneroit fans doute à votre administration une
force nouvelle, bc de plus grandes facilités à Texpediuon
de vos affaires. Jamais peut-être les circonstances ne turent
plus capables de justifier les précautions que pourront pren-
dre votre sagesse bc votre prudence pour reíierrer de plus
en plus tous les liens par lesquels la Religion bc la chante
vous ont toujours unis.
Nous avons cherché à remplacer, autant qu, il, etoit
/ • poí- r
sible ce que nous aurions trouvé dans la correspondance
indiquée par TAssemblée de 17803 bí la Commiíiion, des
le commencement de ses Séances, a pris les moyens qu elle
a cru les plus prompts bc les plus efScaces pour se procu-
rer les connoissances qui lui manquoienr. Maigre ses soins bc
Tactivité de Messeigneurs bc de Messieurs les Commislaires,
nous n'avons pas encore des instructions aussi complètes que
nous le souhaitons. Nous ne négligerons rien pour les réu-
nir, bc nous nous hâterons de les mettre sous vos yeux
dès qu'elles nous feront parvenues.
Si nous n'avons pas en ce moment des détails assez exacts
pour vous présenter avec confiance le tableau de toutes les
contestations qui sont agitées dans la plupart des reíìorts
du Royaume, nous ne pouvons différer plus long-temps
de vous occuper d'une question principale, dont la déci-
sion entraîne le jugement de presque toutes les autres, bc
qui, par elle-même autant que par ses suites, réclame inf
raniment votre attention, votre vigilance bc tous les efforts
de votre crédit.
L'objet de cette question est de savoir si Ton doit sou-
mettre à la dîme les fruits nouvellementintroduits dans la
culture.
Cette question s'agite depuis quelques annéest au pparle-
,

ment de Paris > se système de cette Cour n'est pas moins


DU CLERGÉ DE FRANCE*IZ
SEPTEMBRE 1785. 679
funeste au Clergé que celui du Parlement de Rouen, dont
nous avons eu Thonneur de vous rendre compte j mais il.
n'est pas embarrassé de préliminaires aussi compliqués bc
aussi subtils il est renfermé dans ce seul raisonnement.
j
De Droit Commun les seuls fruits sujets à la dîme, sont
,
les quatre gros fruits, bled, seigle, orge bc avoine.
De Droit Commun , non-seulement la dîme de quel-
ques productions permanentes, comme en Normandie les
prés, les bois bc ses étangs mais la dîme de toute autre
,
efpece de fruits bc de productions, est indue est insolite
,
de droit.
Une dîme prohibée par le Droit Commun, insolite de
droit, ne peut être acquise qu'en vertu de la prescription
de d'une possession quarantenaire : cette posiestion doit être
prouvée bc justifiée par celui qui la réclame en sa faveur,
bc qui ne peut offrir d'autre titre de fa jouisiance.
II est bien incontestable que la posiestion quarantenaire
ne peut être alléguée pour la dîme d'un fruit nouvellement
cultivé.
Le Clergé n'a donc aucun titre pour exiger la dîme des
fruits nouvellement cultivés.
Tel est se précis du nouveau système. Pour Técabiir,
on vous oppoíe encore se fantôme de la Philippine, qu'on
est étonné de voir reparoître, bc qui n'a fait illusion que
trop long-temps , un placard que donna TEmpereur Char-
les-Quint pour ses sujets de Flandre des interprétations
,
forcées de TEdit de Melun.ôt de TOrdonnance de Blois ;
enfin on érige en Loi quelques Arrêts particuliers contrer
dits par d'autres, rendus dans des espèces équivoques, bc
trop rares, trop épars pour former, ou même pour faire
présumer une véritable Jurisprudence.
Cependant, puisque ces motifs ont fait impression fur
quelques personnes puisem'ils ont dicté quelques Juge-
,
ments défavorables au Clergé, il est nécessaire de les com-
battre : il faut revenir aux grands principes du droit déci-
mal ; il faut encore prouver que, de Droit Commun, tou-
tes les productions, tous les fruits quelconques bc fans dis-
tinction doivent contribuer à Tacqujt de la dette déci-
,
éSo PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
maie j que, dans Torigine 5 cette contribution étoit impres-
criptible pour tous les fruits généralement j que ce privilège
d'imprescriptibilité n'a jamais reçu d'atteinte à Tégard des
quatre gros fruits ; que, dans la fuite 3 quelques fruits moins
importants se sont affranchis de la Loi j que ces fruits étant
d'abord d'une médiocre valeur, n'occupant qu'un petit es-
pace dans la totalité d'un dîmaire, quelques Décimateurs
ont négligé d'en demander la dîme -, que ses Cultivateurs
ont pu facilement profiter de cette négligence pour récol-
ter ces menus fruits, dans leur intégrité, pendant quarante
années j qu'ils ont utilement opposé cette posiession, bri-
que ses Décimateurs ont songé à revendiquer leur droit j
que cette prescription, luttant contre un titre, contre un
droit général, a dû être rigoureusement justifiée par les Dé-
cimables 5 que cette exception a fait naître dans nos usa-
j que cette dîme est seulement insolite
o-es" la dîme insolite
de fait Î qu'on Ta quelquefois appellée insolite de droit,
non dans ce sens que le Décimateur n'eut jamais le droic
de Texiger, mais dans ce sens que le Décimateur avoit pu
perdre se droit de la réclamer 3 dans ce sens que le Décl-
inable avoit pu acquérir, par la prescription, se droit de
la refuser 5 il faut enfin prouver que la prescription ne peut
être invoquée pour un fruit de nouvelle culture; qu'ainsi,
par le Droit Commun, cette espèce de fruit est nécesiaire-
ment soumise à la redevance décimale.
Nous nous proposons, dans notre Rapport, de dévelop-
per tous ces principes , bc de les débarrasser des nuages
dont on affecte de les couvrir. Mais avant d'entrer dans la
discussion de ces différents objets, il faut vous faire con-
noîtrequel est, fur cette matière, Tctat incertain de la Ju-
risprudence du Parlement de Pans depuis Tépoque de
TAssemblée de 1775.
Jurisprudence La question de la dîme des fruits nouveaux tut agitée,
du Parlement la seconde Chambre des Enquêtes entre la
de Paris fur en 1777, en
la dîme ,des Dame de Kergofon Dame de Bouron, bc le Curé de la
fruits de nou- Paroisse; ,
velle culture il s'agissoit des pommes de terre que la Dame de
depuis l'Assem- Kergofon avoit fait semer dans son bc dont se Cure
blée de 1775. parc,
demandoit la dîme. La Dame de Kergofon répondit, que
ce
DU CLERGÉ DE FRANCE , 12. SEPTEMBRE I 7 8 j. 68 r

ce n'étoit qu'un essai fait par son fils 5 que la dîme de ce


fruit devoit être réputée insolite; que le Curé if avoit pas
la possession de la lever; il étoit reconnu de part bc d'au-
tre qu'il n'y avoit, à beaucoup près, ni quarante, ni trente
ans que la culture des pommes de terre étoit introduite
dans la Paroisse de Bouton, ou dans se parc de la Dame
de Bouron. Par Arrêt rendu au rapport de M. de Selle, le
X4 Mars 1777, la Dame de Bouron fut condamnée à payer
la dîme des pommes de terre.
Le 7,7 Juillet 1779, la question a été jugée de nouveau
eu faveur du Chapitre de Beauvais contre les habitants de
Cauvigny; mais la discussion préparatoire au Jugement
n'offre pas une marche aussi aisée que le fut celle de T Arrêt
de 1777. Le Chapitre prétendoit la dîme des trèfles bc lu-
zernes; Tintroduction de ce genre de culture dans la Pa-
roisse de Cauvigny ne remontoit pas à Tépoque de quarante
ans ; les Décimateurs étoient par cela même dans Timpof-
íìbilité de justifier la poíseíTion quarantenaire de percevoir
la dîme de ces productions ; bc pour cette raison, les habi-
tants la qualifioient de dîme insolite. L'Arrêt rendu en la
Grand'Chambre, ordonna qu'avant faire droit, le Chapi-
tre prouveroit trois faits préalables. iQ. Que la dîme des
trèfles bc luzernes étoit folite dans les Paroiíses voisines de
Cauvigny; c'étoit demander que la dîme réclamée fût per-
çue dans les environs. zQ. II ralioit constater que la dîme
des sainfoins bc bourgognes étoit folite dans la Paroisse mê-
me de Cauvigny; c'étoit faire dépendre le droit du Cha-
pitre de la dîme fur les productions analogues à celles qui
étoient en contestation. 30. Enfin le Chapitre devoit en-
core prouver que par lui ou par ses Fermiers, il avoit tou-
jours perçu la dîme des trèfles &C luzernes fur le territoire
de Cauvigny, depuis que cette production y étoit intro-
duite; c'étoit encore lui faire craindre une condamnation,
s'il ne justifioit d'une poflession constante, quoique ìcs ha-
bitants ne pussent lui opposer une poflession quarantenaire.
La différence de cet Arrêt bc de celui de 1777, efl très-
seníibie : ce dernier paroît avoir statué fur un principe gc-.
néral, indépendant de toute enquête ; bc ce principe ne peut
Procès-verbal de 178 j. Kkkk
68x PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

eue que le Droit Commun du Décimateur sur Tuniver-


salité des fruits, excepté ceux qui ont été redîmes par une
possession quarantenaire. L'Arrêt de 1779 tait dépendre ie
droit du Décimateur de piulieurs circonstances, e£ il lui
impose la charge de les vérifier. Le Chapitre fournit les
preuves requises, puisque la dune lui fut adjugée; mais les
véritables principes ne turent pas aííez ménagés.
Ces principes turent encore plus visiblement compromis
dans la même année oar un Arrêt de la Grand'Chambre,
rendu le 2. S Août au rapport de M. Choart : se Curé de
Saine-Maure n'obtint la dïme des seinfoins qu'après avoir
été obligé de taire preuve de fa poflession de la percevoir
depuis quarante ans.
Les saines maximes reprirent faveur en 1780. La con-
testation s'-étoit formée entre TAbbaye d'Anchin bc ses Pa-
roisses d'Anchy, Buralle bc Buissy : T objet du procès étoit
la dîme du lin du colzat, du trèfle, de la camomille bc
,
de Toeiiletre : Tafraire fut d'abord portée au Conseil d'Ar-
tois ; ce Tribunal rendit piufieurs Sentences, qui donnèrent
acte aux refusants de la déclaration- des Religieux d'An-
chin, qu'il n'y a pas quarante ans que Ton cultive dans
les trois Paroisses les fruits litigieux; en conséquence at-
tendu, diíoit le Conseil d'Artois, que la dîme de ces fruits
est insolite de sa nature, il déboute les Religieux de leur
demande, bc les condamne aux dépens. Sur Tappel des Re-
ligieux bc Tintervention de M. le Cardinal d'Yorck, le Par-
lement de Paris, avant faire droit fur ledit appel, ordonna,
par Arrêt du r% Avril 1780, que dans un mois depuis la
lignification de T Arrêt les habitants des trois Paroisses
,
seront tenus de faire preuve par titres bc par témoins que
quarante ans avant la demande deídits Abbé bc Religieux,
les fruits de camomille, colzat, lin, trèfle bc oeillette, ont
été cultivés dans les territoires defdites Paroisses, bC que
les habitants n'en ont pas payé la dîme.
L'Arrêt provisoire a été suivi d'un Arrêt définitif du xj
Juillet. Ce dernier Arrêt maintient bc garde les Abbé bc
Religieux dans le droit de percevoir la dîme de tous les
fruits qui se récoltent dans les trois Paroisses ; condamne
DU CLERGÉ DE FRANCE* ZI SEPTEMBRE 1785-. 683
les refuíants en la restitution des dîmes pour les années pré-
cédentes; bc pour la première année du refus, en la resti-
tution du double j à raison du trouble bc par forme d'in-
demnité.
Meilleurs les anciens Agents vous rendirent compte de
cette décifion à Tarticle vingt-íix de leur Rapport du tem-
porel, ils y ont ajouté les pièces justificatives.
Quelques jours avant T Arrêt définitif, rendu en faveur
de T Abbaye d'Anchin, bc le 6 du même mois de Juillet,
la première Chambre des Enquêtes avoit maintenu le droit
des Décimateurs. Le Chapitre de Saint-Laurent de Rosoy
prétendoit, contre les habitants de la même Ville, la dï~
me du trèfle, dont la récolte étoit récemment introduite
fur ce territoire : les habitants diíoient que le droit décimal
ne devoit s'exercer que fur les fruits anciens ; qu'à Tégard
de ceux dont la culture étoit nouvelle, la dîme en étoit
insolite; que le Décimateur ne pouvoit la demander qu'en
vertu d'une possession quarantenaire , laquelle ne pouvoit
être alléguée, ni prouvée par le Chapitre. Des Sentences
du Bailliage de Laon avoient rejette se fystême des habi-
tants de Rosoy, bc ces Sentences furent confirmées par
TArrêt du 6 Juillet 1780, au rapport de M. Legras de
Freminville.
L'année suivante une entreprise pareille des Décimables
ne fut pas plus heureuse. Les habitants de Neuville-au-
Cornet refusèrent à T Abbaye du Mont-Saint-Eloi,la dîme
des carottes ; ils s'autorisoient du prétexte ordinaire : la dî-
me des carottes étoit insolite, les Décimateurs n'avoient pu
la percevoir pendant quarante ans. Un premier Arrêt du
z8 Juillet 1781 ordonna la preuve, à la charge des habi-
,
tants, que pendant quarante ans ils avoient cultivé bc ré-
colté les carottes fans en payer la dîme : les Décimables
n ayant pu administrer cette preuve, un second Arrêt du 6
Mars lySx, les a condamnés au paiement de la dîme.
Les obstacles opposes fans cefle aux Décimateurs, fem-
bloient ne servir alors qu'à leur préparer de nouveaux íuccès.
Les habitants de Villouxel furent traduits pour le paiement
de la dîme des pommes de terre, au Bailliage de Bassgny par
Kkkk x
684 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
les Prieur bc Religieux de T Abbaye de Mureaux, Ordre de
Prémontré : les habitants condamnés par Sentence des pre-
miers Juges appellerent au Parlement; ils persistèrent à
méconnoître, la nature de la dîme insolite, à soutenir que
les Décimateurs ne peuvent acquérir se droit de percevoir
une dîme des nouveaux fruits, qu'à Taide de la possession
quarantenaire : la question fut très-amplement discutée ; on
cita la Philippine; on argumenta des Placards de Charles-
Quint : les Parties furent appointées en droit; mais il n'in-
tervint aucun Arrêt d'appointement à vérifier, quoique les
habitants eussent articulé bC mis en fait, que les pommes
de terre ne fe plantaientfur le territoire de leur Communauté*
au en saison vuide ; que la portion du terrein dans laquelle on
les planton neformoit pas la dixième partie du territoire de
3
la Paroisse ; qu enfin on navoitjamais payé la dîme des pom-
mes de terre. Les habitants avoient même conclu à ce que
dans le cas de dénégation des faits articulés, il fût ordonné
que les Parties seroient leurs preuves respectives.Comme il y
avoit un aveu formel de la part des habitants, que la cul-
ture des pommes de terre étoit récente; comme il suivoit
de cet aveu qu'il leur étoit impossible de justifier d'une
exemption, de quarante ans, la Cour n'eut aucun égard, ni
aux faits articulés par eux, ni à leurs conclusions. Par Arrêt
rendu au rapport de M. Robert de Saint-Vincent, le 7 Fé-
vrier 1783 la Sentence du Bailliage de Bafligny fut con-:
,
firmée pour se principal, les habitants de Villouxel furent
condamnés au paiement de la dîme.
Quatre Arrêts uniformes de la même Cour, rendus à íî
peu de distance les uns des autres , prononcés après une
mure délibération, vous auroient paru fans doute, Mes-
seigneurs bc Messieurs, devoir fixer se droit des Décima-
teurs. Précisément dans ces circonstances, nous sollicitions
le Jugement d'une contestation absolument semblable, bC
nous croyions pouvoir attendre ce Jugement fans inquié-
tude, bc même avec une forte de confiance; les habitants
d'Hermouville, de notre Diocèse, disputoient à TArche-
vêché de Rheims bc à T Abbaye de Saint-Pierre de la mê-
me Ville, la dîme des bifailles : il y eut partage d'opinions
DU CLERGÉ DE FRANCE , n SEPTEMBRE 178 J. 68J
à la'Grand'Chambre, bc Taffaire fut portée à la troisième
Chambre des Enquêtes : nous avons succombé; T Arrêt
rendu se 13 Mars 1783, décharge de la dîme les habitants
d'Hermouville.
Si nous du mes être étonnés que notre demande en dîmes
des fruits nouveaux, fût íejettée par le même Tribunal de-
vant lequel avoient échoué plusieurs fois, bc depuis six se-
maines les tentatives des Décimables, nous aurions pu être
plus surpris encore qu'un autre Décimateur, toujours pour
la même question, gagnât complètement son procès cinq
jours seulement après que nous eumes perdu le nôtre. Le
Curé de la Paroifle de Lor, en Champagge, fut contraint
de recourir aux voies judiciaires pour se taire payer la dî-
me de sainfoin , qui lui étoit refuíée par 1e nommé Nicolas
Lapye. Le Bailliage Royal de Rheims avoit débouté le
Curé de ía demande, bc Tavoit condamné aux dépens,
faute dit la Sentence, par Jean-Baptifle Rolland Prêtre
, > *
Curé de Lor* d'avoir articulé qud ejl en pojjejs/wnj depuis
quarante ans au moins , soit par lui * Joit par ses prédéces-
seurs de percevoir la dîme de sainfoin fur le territoire de Lor.
,
Sur Tappel du Décimateur, premier Arrêt qui appointe les
Parties en droit; bc le 18 Mars 1783, Arrêt définitif qui
met T appellation bc ce dont il avoir été appelle au néant;
décharge le Sieur Rolland des condamnations contre lui
prononcées par la Sentence du Bailliage de Rheims, con-
damne le Déclinable à payer la dîme de sainfoin au Curé,
bc défend de le troubler à Tavenir dans la perception de
la dîme.
L'incertitude de la Cour se manifeste encore dans la mê-
me année 1783 , par un autre Arrêt rendu aux Enquêtes:
la demande à fin de paiement de la dîme de íamfoin, for-
mée par se Curé de Coudreceaux, Diocèse de Chartres, fut
rejettée, parce qu'il ne prouvoit pas fa posteflion; quaran-
tenaire. "
Ainsi, Messeigneurs bc Messieurs, dans Tefpace de quel-
ques années, dix Jugements contrairesaccueilsent bc repous-
sent alternativement les Décimateurs bc les Décimables,
bc doivent exciter également, bc leurs craintes bc leurs
,
é86 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
espérances. Lorsqu'on hésite entre les idées modernes bc les
principes anciens qui nous ont jusqu'alors servi de guides-,
lorsqu'on est entraîné vers ses .unçjs. par Tattrait de la nou-
veauté tandis qu'on est rappelle aux autres par Tempire
,
de la raison ou de Thabitude, ildoit résulter de cette fluctua-
tion la plus grande instabilité dans nos Jugements. Des
hommes préposés par état à la garde des propriétés, veillant
fans ceíle pour les garantir des surprises de la chicane insi-
dieuse, jaloux de justifier les respects du public par leur in-
tégrité, fa confiance par leurs lumières, fa reconnoissance
par des services multipliés, enfin des Magistrats vertueux
bc sages ne pouvaient souffrir long-temps que les Citoyens
qui doivent être jugés par les Loix , fussent prêts à devenir
le jouet des opinions, bc que dans le Sanctuaire de la Jus-
tice où ils parviennent à grands frais pour éclaircir leurs
difficultés ils ne trouvassent que des doutes. Le Parlement
,
effrayé lui-même de la- variation de ses Arrêts, frappé de
Tincertitude de ía Jurisprudence, persuadé que Tarbitraire
des systèmes ne doit pas disposer de la fortune des Sujets, a
pris le seul parti légitime, celui que la constitution du
Gouvernement offre toujours dans les cas difficiles; il a ré-
solu d'interroger le Souverain. Saisie d'une Instance, qui
présentoit la même question, la Cour arrêta, au rnois d'A-
vril 1784, « que M. le Premier-Président seroit chargé de
jî se retirer pardevers
le Roi, à Teffet de faire connoître
33
audit Seigneur Roi qu'il existe entre les différentes Cham-
3>
bres de son Parlement, entre les différents Membres des
sa
mêmes Chambres, bc dans les différents Parlements du
33
Royaume une diversité d'opinions, relativement à la dîme
33 des fruits de culture
nouvelle qui ne sont pas compris
3?
sous le nom des quatre gros fruits ; que plusieurs Juge-
33 ments
sembleroient faire penser que tous les fruits, quels
33
qu'ils soient, font indistinctement décimables, lorsqu'ils
3Í commencent
à être cultivés dans une Paroisse, bc que
33
les Décimables ne peuvent se dispenser d'en payer la dî-
>3 me, qu'en prouvant, contre
les Décimateurs, une pof-
33
session quarantenaire de non prestation ; que plusieurs au-
33 tres
Jugements paroissent rendus dans des principes plus
D.D CLERGÉ DE FRANCE 3 ZZ SEPTEMBRE I 7 8 687
j.
33
favorables aux Cultivateurs; qu'ils n'adjugent aux Déci-
33 mateurs
la dîme des fruits de culture nouvelle, oui ne
33
font pas compris sous la dénomination des quatre gros
33
fruits, qu'en prouvant, par les Décimateurs contre les
33
Contribuables, une possession quarantenaire ; que cette
53
diversité d'opinions est très-préjudiciable aux Sujets du
33
Roi, en les entraînant par í'eípérance du succès dans à.cs
discussions toujours fâcheuses ; que ledit Seigneur Roi
33
33
est supplié de faire cefler cette diversité d'opinions par
33 une
Loi qui fixe les principes de la perception de la dî-
» me fur cet objet, qui apprenne aux Décimateurs ce qu'ils
*> peuvent exiger
légitimement, bc aux Cultivateurs ce
33
qu'ils doivent payer., s*
Tel est, Mesteigneurs .bc Messieurs, TArrêté du Parle-
ment de Paris, dont il nous a paru indiípensable de rap-
porter la teneur entière. Une Délibération aufíi prudente
devoit, ce semble, suspendre toute décision sur la dîme des
fruits nouveaux, jusqu'à ce que le Roi íe fût expliqué. Mais
comme cet Arrêté n'avoit été pris que par la Grand'Cham-
bre, il n'a pas empêché que par Arrêt, rendu en la pre-
mière Chambre des Enquêtes se j Mars dernier le Déci-
n'ait été condamné, faute lui de
,
pouvoir
mateur par prou-
ver une poíìeflion quarantenaire fur des fruits dont la cul-
ture avoit été introduite dans la Paroisse depuis moins de
quarante ans.
Le Parlement demande une Loi, parce qu'il fait com-
bien, dans Tordre civil, la variation de la Jurisprudence
est préjudiciable aux Citoyens, bc ce motif convient bien
au zèle, à T équité bc au patriotisme de nos Magistrats; le
Clergé applaudit à ces dispositions bienfaisantes ; il voit auíïi
avec peine que par des procès de ce genre, le Cultivateur
soit arraché à des travaux utiles; mais il j#nt à ces vues
des considérations plus relevées ; il gémit des maux que ces
malheureuses contestations doivent nécessairement causer
dans Tadministration spirituelle. L'opposition des intérêts
est bientôt suivie de l'opposition des esprits : un Curé qui
plaide contre ses Paroissiens, n'est plus à leurs yeux i'ami
sensible, se père tendre 3 il est regardé comme un exaéteur
688 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
avide; on se croit injuste, parce qu'il repousse Tinjustice;
on méconnoît ses droits spirituels, parce qu'il n abandonne
pas ses droits temporels ; au respect bc à la confiance suc-
cèdent l'aigreur bc les inimitiés ; fie trop souvent de la haine
contre les Ministres, on passe à Tindirrerence .bc au mépris
pour le ministère. Heureux encore si , dans le" tumulte des
passions qui s'agitent autour de lui, se Pasteur a le courage
de réprimer ies siennes, s'il résiste avec modération à Tin-
discrétion des reproches, à la vivacité des procédés, bc s'il
n'oublie jamais qu'il doit redoubler de charité pour ceux
qui lui refusent même les égards.
Pour éviter -aux peuples des scandales, pour épargner à
vos Coopérateurs des épreuves trop difficiles, pour assurer
une propriété que son objet rend si respectable, vous uni-
rez vos voeux à ceux du Parlement, &C vous supplierez le
Souverain de faire entendre sa voix, ôc d'ordonner Texé-
cution des Loix : la justice de Sa Majesté vous répond de
la conservation de vos droits si vous lui en faites con-
,
noître la> légitimité; &C c'est pour vous mettre à portée de
remplir ce devoir sacré que nous allons soumettre à vos
,
lumières nos observations fur la dîme des fruits nouveaux.
Après se savant Rapport de M. TEvêque de Rodez fur
les entreprises du Parlement de Languedoc après ses ju-
dicieuses réflexions de Messieurs les Agents , fur TArrêt du
Parlement de Normandie, il nous est impossible de vous
soulager de la fatigue de Tattention, par Tintérêt de la nou-
veauté. Dans une question de droit positif, le cercle est peu
étendu, bc il est difficile de ne pas se rencontrer avec ceux
qui ont été obligés de le parcourir ; mais il nous a paru
essentiel de ne rien omettre pour la défense du Clergé; &
puisqu'on ne craint pas de nous répéter encore les mêmes
objections, qifoique nous ayons fait connoître nos moyens,
nous ne devons pas nous faire un scrupule de rapporter les
mêmes moyens, pour répondre à des objections deja con-
nues. En discutant un grand intérêt, il est dangereux de le
taire, lorsque vos adversaires pourroient croire que vous
êtes réduits au silence, si vous cardiez le silence.
La question se réduit à un ieul point : la dime d un rruit
nouvellement
DU CLERGÉ DE FRANCE, n SEPTEMBRE 1785. 689
nouvellement cultivé dans un territoire, est-elle due, in-
dépendamment de toute possession, de la part des Décima-
teurs ? ou cette dîme doit-elle être regardée comme dîme
insolite, de manière que les Décimateurs ne soient fondés
à la prétendre, qu'en vertu d'une possession quarantenaire
de la percevoir ?
Pour prouver que cette question doit être décidée en
faveur des Décimateurs, nous nous bornerons à établir un
seul bc unique principe : la dîme est due de toutes les es-
pèces de fruits, s'il n'y a possession contraire de ia part du
Cultivateur.
Le principe établi conduit nécestairement à cette coníé-
quence : les Décimateurs sont fondés à demander la dîme
de tout fruit pour lequel ils n'ont pas laiífé acquérir contre
eux la possession de ne pas payer la dîme ; bc cette consé-
quence tranche toutes les difficultés qui peuvent s'élever
fur la dîme des nouveaux fruits.
Nous appuyons le grand principe du droit décimal fur
les Loix Ecclésiastiques de presque tous les siécles; fur les
Loix Civiles depuis près de mille ans ; fur la Jurisprudence
du Parlement de Paris ; fur Tautorité des Auteurs les plus
estimés.
II seroit inutile d'insister sur les Loix Ecclésiastiques : on Loix
L< Ecclésias-
tiques.
convient que ces Loix existent depuis plus de onze cents tl< 3

ans; on avoue qu'elles donnent la plus grande étendue au


droit décimal ; mais on prétend que leur autorité n'est pas
absolument décisive, parce qu'elles ont été rendues par les
Parties intéressées.
Cette réflexion seroit de quelque poids, si nous voulions
établir le droit décimal fur les seules Loix de TEglise. Mais
après avoir observé que les monuments ecclésiastiques nous
offrent plus de détails que les monuments civils fur Tori-
gine, Tétablissement, la forme, Tétendue les progrès suc-
,
cessifs du droit décimal, nous disons que ses Loix Ecclé-
siastiques fur la dîme, n'étoient pas préparées dans le mys-
tère, présentées sous le voile des ménagements, annoncées
avec précaution ; nous disons qu'elles étoient publiées en
pleins Concises, qu'elles étoient notifiées aux peuples dans
Procès-verbal de 178 j. L 11l
690 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

toutes ses Paroisses , qu'elles étoient connues de tous les


Tribunaux ; nous remarquons enfin qu'elles étoient exécu-
tées sous les yeux de nos Souverains; bc Thistoire nous ap-
prend que, bien loin de s'y opposer, ils les ont confirmées
bc autorisées par leurs propres Loix ÔC par leurs Ordon-
nances.
Loix Civiles Tous ceux en effet qui ont quelque connoissance des
monuments de notre Légiílation , convienraent aujourd'hui
que les Loix Civiles fur la dïme, après avoir été indiquées
par Gontran, bc préparées par Pépin le Bref, furent enfin
promulguées authentiquement par Chariemagne, bc con-
firmées, par Louis se Débonnaire bc Charles le Chauve.
Jusqu'à cette époque le droit décimal s'étoit soutenu par
la force de Tissage bc par Tautorité de TEglise : il formoit,
pour les Chrétiens , une obligation de conscience; mais il
ne donnoit contre eux aucune action civile. Sous la se-
conde Race de nos Rois, la dîme étant érigée en Loi de
TEtat, TEglise acquit alors le droit de poursuivre en Justice
ceux qui rcfusoient de la payer.
Ces Loix Civiles, dès leur origine, assujettirent tous les
fruits indistinctement à la prestation décimale : Omnes di-
foit Chariemagne en 789, decimam partem fubfantia, SG
laboris fui Ecclejíis cC Sacerdotibus douent juxta quod
Deus umcuique dederit* partem Deo reddant. Le même Em-
pereur ordonnoit, en 800, la dîme de tout se produit du
travail : Decimam ex omm collaboì'ato pleniter donent. Le
Capitulaire de 80 1 prescrit la dîme de toute efpece de biens:
Décimas totius jacultatis débite offerant.
Louis se Débonnaire fit exécuter ses Loix que son père
avoit portées fur les dîmes ; il veut qu'elles soient payées
selon la Coutume, Sicut sacra confuetudo effê dignofcitur;
mais il veut qu'elles soient payées par tous ses Sujets fans
ff
exception : Unu qui que su am decimam ojserat; bc Tépithete
ajoutée au mot confuetudo fait assez voir de quelle Coutu-
mel'Empereur parloir; c'étoit de la Coutume Ecclésiasti-
que, qui aílujettiíìoit tous les fruits à la dîme; c'est ce qu'il
confirme parle Capitulaire de 813 : « Nous, voulons, nous
33
ordonnons, porte cette Loi, que la dîme soit payée fidé-
DU CLERGÉ DE FRANCE* n
SEPTEMBRE 1785. 691
»lcment, pleinement, fur se vin sur se foin
, ,
sur tout 1c
» produit du travail : De vino foeno de omni collaborato
3 3 *
pleniter* ab omnibus perfolvatur. Ainsi,
» fidélité
r, » en
819, il réprima la prétention injuste de quelques Décima-
bles, qui ne vouioient donner la dîme que sous des réser-
ves , fous des conditions qui leur en faiíoient partager le
profit : De deamis quas populus dare non vult nijl quoli-
3
bet modo ab eo redimantur ab Epifcopis prohibendum efi
3
ne fiat. •
Charles le Chauve maintint scrupuleusement.la législa-
tion des deux précédents Empereurs. Les Capituíaires cse
869 bc de 876 soumettent à--la dîme, bc les animaux, bc
les terres, bc les profits du travail, bc les fruits de Tindus-
trie. Cette dîme doit être payée fans fraude, lans retenue,
Abfque fraude ÓG aliquci retractatione. Les Oíficiers publics
doivent apporter la plus grande attention à prévenir tout
empêchement toute contestation à ce sujet : Ne de hoc
,
contentio oriatur fummopere cavendum efl. 11 leur est enjoint
d'employer leur autorité pour contraindre les réfractaires :
De deamis denuntiatum ejl ut dentur 3 cG dare nolentibus a
Miniflris Reipublica exigantur.
Vous savez, Mesteigneurs bc Messieurs, que, fur-tout
sous les premiers Rois de la seconde Race la nation con-
,
couroit souvent à la rédaction des Loix dans ces Assem-
blées connues sous le nom de Champ de Mars, ou de
,
Champ de Mai. On voit entre autres Tinícription íuivante
à la tête des Capituíaires de 8 y 6 : « Inapiunt capitula quoe
Dominus Imperator Carolus LudoviaAugujhfihus unà aun
3
confenfu ÓG fuggefiione venerabihum Epijcoporum ÓG illuf-

trium Optimatum reliquorumque fidelium Juorum ad p ace m


f
ÔG profeclum totiùs Imperu jui écu. » On peut donc dire

avec vérité qu'en France la dîme n'a pas été établie seule-
ment par un principe de TEglise bc par Tordre absolu du
Prince, mais que cet Etablissement est Touvrage de toute
la puissance législative, bc des représentants de la Nation
entière. Les Capituíaires, que nous venons de citer, n'ad-
mettent point de réserve dans la prestation décimale ; il
n'est donc point permis d'en proposer. L'axiome de droit
Llll z
592. PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

nous défend d'apporter des distinctions, lorsque ia Loi ne


les a point spécifiées : Ubi lex non distingua* nec nos diflin-
guere debemus ; bc c'est de la totalité des fruits que la dîme
est due, selon les Loix de Chariemagne, de Louis se Dé-
bonnaire bc de Charles le Chauve.
Les Antidécimateurs ne peuvent rien, opposer de rai-
sonnable contre Tautorité, Tauthenticité, Tévidence des dis-
positions des Capituíaires fur la dîme ; mais ils en criti-
quent le motif; ils en contestent Téquité bc la sagesse; ils
prétendent enfin que ces Loix sont abrogées, ou du moins
qu'elles sont tombées en déíuétude.
Arrêtons-nous un moment íur ces allégations, bc tâchons
de les apprécier.
Les Loix fur la dîme sont nées, dit-on, de Tignorance,
de la crédulité bcde la superstition. Chariemagne crut que
la dîme étoit due de droit divin; en cela , dit-on, Charie-
magne se trompoit; bc c'est cependant le seul motif qu'il
donne à sa Loi.
Ce raisonnement n'auroit de force que pour ceux qui
voudroient penser que les Loix n'obligent les peuples, qu'au-
tant que ses peuples connoiílent bc approuvent les motifs
de la Loi ; ce qui transporte à ceux qui font gouvernés
toute la sagesse de ceux qui gouvernent ; ce qui anéantit
toute puissance législative, puiíqu'alors Texécution des Loix
dépendroit de la variété des opinions, de toutes les erreurs
bc de tous les préjugés de chaque individu.
Le motif de la Loi est bien distingué de la Loi elle-mê-
me; il n'est pas rare qu'on ait donné des motifs très-spé-
cieux à des Loix moins sages, bc des motifs moins frap-
pants à des Loix très-utiles.
Le motif publié par le Législateur, n'est pas toujours le
seul motif qui lui a dicté la Loi ; c'est un moyen de plus
qu'il propose avec condescendance pour déterminer êc fa-
ciliter Texécution de la Loi. Ce moyen alors doit être ana-
logue aux moeurs, aux opinions, aux diípoíitions des es-
prits. Et qui osera décider que Chariemagne ignoroit Tart
du gouvernement, Ôc qu'il choisissoit mal ses moyens qui
pouvoient porter ses Sujets à Tobéissance ?
DU CLERGÉ DE FRANCE ., X I SEPTEMBRE 1785. 693
Un homme, d'un profond génie, qui quelquefois eut le
malheur de voir la superstition là où elle n'étoit point,
mais qu'on ne soupçonnera pas d'avoir ménagé la supersti-
tion où il la trouvoit ; Montesquieu justifie bien Charie-
magne des imputations dont quelques Ecrivains téméraires
voudroient ternir la mémoire d'un de nos plus grands Rois.
«
Chariemagne, est-il dit dans TEsprit des Loix, livre 3 ï
,
„ chapitre 1 z , trouva
les biens des Ecclésiastiques entre les
des gens de guerre : on ne pouvoit faire restituer
,j mains
5j
à ceux-ci ce qu'on leur avoit donné; bc d'un autre côté
33
le Christianisme ne devoit pas périr faute de Ministres,
» de
Temples bc d'instruction : cela fit que Chariemagne
s?
établit ies dîmes, nouveau genre de bien qui eut cet
33 avantage pour
le Clergé, qu'étant singulièrement donné
33
à TEglise, il fut plus aise dans la fuite d'en reconnoître
33
les uíurpations.... hes Loix de Chariemagne, fur Téta-
î?
blissement des dîmes, ajoute le même Auteur étoient
,
33
Touvrage de la nécestité ; la Religion feule y eut part,
33 bc
la superstition n'en eut aucune. La fameuse division
33
qu'il" fit des dïmes, dit toujours Montesquieu, prouve
» bien qu'il vouloit donner à TEglise cet état fixe c\I pcr-
3i manent
qu'elle avoit perdu. *>
On nous dit encore que la Loi des Dîmes, dès son ori-
gine fut regardée comme une vexation, que les peuples
,
sy opposèrent avec opiniâtreté , que Tautorité royale fut
obligée de lutter pendant plus d'un siécle contre leur résis-
tance.
Quand cette opposition des peuples auroit été aussi
grande qu'on le suppose, ce fait confirmeroit ce que per-
sonne n'ignore ; c'est que tout sacrifice est pénible toute
,
privation nous coute bí que dans tous les temps la plupart
,
des Contribuables souffrent avec regret toute efpece de
contribution, quelque juste, quelqu'utile que soit la con-
tribution; bc fi nos Souverains déployèrent, pendant un
siécle, tout leur pouvoir pour assujettir les peuples au paie-
ment de la dîme, cela prouve combien ils trouvoient né-
ceflaire d'asiujettir les peuples au paiement de la dîme.
Enfin pour écarter plus sûrement Tautorité gênante des
694 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Capituíaires, on prétend qu'ils sont abrogés ou tombés en
désuétude.
Les Capituíaires ont réglé plusieurs objets du Gouver-
nement politique, du Gouvernement économique, du Gou-
vernement civil, bc fur-tout du Gouvernement ecclésiasti-
que : le temps, nos moeurs, notre constitution, ont détruit,
altéré ou changé un grand nombre de ces objets; il est fans
aucun doute que par le changement de ces différents objets,
les articles des Capituíaires qui les régloient, sont devenus
inutiles, & íont tombés en désuétude : mais en convenant
de ces exceptions, nous demandons quels de nos Souve-
rains quelles de nos Loix ont abrogé les Capituíaires : nous
,
demandons, si toutes les Loix des Capituíaires font abro-
gées, pourquoi de nos jours les Gardiens des Loix ont si
souvent, dans.leurs Remontrances au Souverain cité bc
,
invoqué ies Capituíaires, non pas seulement comme des
monuments historiques, mais comme des Loix positives ôc
actuellement subsistantes : nous demandons, si les Capituíai-
res n'ont pas été abrogés en eux-mêmes, pourquoi on ne
seroit pas obligé de prouver que telle de leurs dispositions
dont on veut écarter Tappíication,est abrogée, ou tombée en
déíuétucle : nous demandons enfin si Ton peut alléguer ces
preuves pour les dispositions des Capituíaires qui ont établi
la prestation décimale.
Les Antidécimateurs nous opposent, il est vrai, quel-
ques Refcrits particuliers bc quelques Ordonnances de nos
Rois : mais vous n'avez pas oublié Messeigneurs bc Mes-
,
sieurs, que le Clergé a toujours répondu à ces légères dif-
ficultés de manière à satisfaire les personnes équitables
,
qui, dans les discussions, cherchent à éclairer les autres,
lans craindre d'être éclairés eux-mêmes.
Les Loix précises la volonté soutenue de Chariemagne,
,
de Louis le Débonnaire ô£ de Charles le Chauve, avoient
enfin donné au droit décimal une base fixe, une forme sta-
ble bc permanente : Tinfluence des Capituíaires se soutint
pendant plus de trois cents ans; bc depuis la fin du neu-
vième siécle, jusqu'au commencement du treizième, on
ne voit s'élever fur la prestation de la dîme aucun doute,
DU CLERGÉ DE FRANCE * ii SEPTEMBRE 178 J. 697
aucune contestation qui ait obligé \es Décimateurs ou ses
Décimables, de recourir à Tautorité des Souverains.
Après ses Capituíaires, se premier acte de législation que
nous offre Thistoire relativement à la dîme, est cet Etablis-
sement ou Traité de 1x04, entre Philippe-Auguste bc
quelques Barons du Royaume : Décima reddanturjìcuthac-
tenùs redditoe funt ÔG ficut debent reddi. On vous a déjà fait Dans
c le Rap-
connoître cette décision ; il suffira de répéter ici qu'elle ne port íur de
les dî-
Nor-
me
mes
peut apprendre quel étoit alors Tétat &C Tétendue de la mandie;,/'.
™: 3 57
«'t' cc volume.
perception décimale en France, si le droit des Décima-
teurs étoit restreint, s'il étoit exercé dans toute ía pléni-
tude : le Roi, dans l'un bl l'autre cas, pouvoit dire égale-
ment , que les dîmes íe paient comme elles ont été payées
juíqu'à présent, &c comme'elles doivent être payées. Ce
n'eít donc point par ce Refcrit que Ton peut lavoir quel
étoit Tufage de ce siécle íur la dîme; mais c'est par Tu-
sage de ce siécle íur la dîme qu'on peut savoir ce que le
,
Refcrit a décidé; bc les monuments du siécle de Philippe-
Auguste nous attestent qu'alors, bien loin d'avoir restreint
le droit décimal, TEglise Tavoit étendu aux dîmes mixtes,
bc même aux dîmes personnelles.
Sous se règne de saint Louis, les Décimateurs du Lan-
guedoc réclamèrent Tautorité du Souverain pour réprimer
les vexations bcìes fraudes dont ils avoient à íe plaindre.
Le pieux Monarque ordonna le paiement de la dîme & la
restitution de celle qui étoit injustement détenue : il dé-
clara que la dîme étoit due de Droit Commun; il ne chan-
gea rien ; il ne prononça rien fur Tobjet de la dïme.
Un Refcrit de Philippe le Hardi, donné en '1174, porte
un article relatif aux dîmes; il est concu en ces termes :
Nec difplicet nobis quod décima proefleniur qu& lege divinâ
praflantur feu debentur, vel perloa conjuetudinem approba-
*
tam , cum ufus longiffmus, perquem nonproefiantibus acquirt
potefl jus in talibus obfervetur.
,
Le Clergé croyoit que Ce Refcrit lui étoit favorable ; au-
jourd'hui on fait de ce même Refcrit une objection de plus
contre le Ciergé. On dit que, d'après Philippe , Tuíage
doit régler la dîme ; que Tufage est ie seul titre du Déci-
696 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
niateur ; que ce titre doit être allégué bc prouvé par le
Décimateur; que cette allégation seroit absurde, que cette
preuve seroit impossible pour les fruits nouveaux.
Ce n'est pas là commenter se Refcrit, c'est se contredire.
De quel usage s'agit-il ici ? D'un usage très-long très-ancien,
ufus longijjimus. A qui cet usage doit-il profiter ? à ceux
qui ne font pas la prestation ; non pr&flantibus jus acquiri
pQtefl. Sur quel objet peut-on, par un long bc ancien usa-
ge , acquérir le droit de ne pas payer ? Ce ne peut être que
íur un objet qu'on n'a pas demandé depuis long-temps,
quoiqu'on eût pu le demander, qu'on n'a pas payé depuis
long-temps, quoiqu'on eût pu le payer. On n'a pu, ni de-
mander, ni refuser depuis long-temps la dîme d'un fruit
nouveau ; ce n'est donc pas des fruits nouveaux que Phi-
lippe ïìí veut parler.
Nous allons plus loin ; nous croyons qu'il ne veut par-
ler sous le mot confuetudo* ni des fruits nouveaux, ni des
,
fruits anciens.
Dans ce siécle, on percevoit trois espèces de dîmes ; les
dîmes prédiales, les dîmes mixtes les dîmes personnelles.
,
Les dîmes prédiales les dîmes fur toutes les terres bc
fur tous les fruits de la* terre, étoient les dîmes de la Loi
de Moïse, les dîmes lévitiques; on les croyóit dues, com-
me une íuite du Droit Divin : par cette raison elles étoient
imprescriptibles : c'étoit Topinion de TEglise ; c'étoit Topi-
nion des peuples; c'étoit Topinion de Philippe III : elles
étoient dues fur les fruits anciens, fur les fruits nouveaux,
parce que la Loi Lévitique n'en excepte aucuns.
Les dîmes mixtes bc fur-tout les dîmes personnelles ne
* *
dévoient pas être auíli privilégiées. Dans leur origine, c'é-
toient des dons, des oblations, des offrandes; la Coutume
ses avoit converties en dîmes : elles étoient payées, selon
un louable usage , per confuetudinem loci approbatam.
Elles étoient prescriptibles : les Conciles d'alors font
mention de cette prescription; ils tâchoient de s'y opposer;
mais leurs efforts n'étoient pas également heureux par-tout.
II commençoit à s'établir que la Coutume qui avoit intro-
duit ces dîmes, pouvoit ses abroger : Non proeftanabus jus
acquva
DU CLERGÉ DÉ FRANCE* H SEPTEMBRE 1783-. 607
acquiri potefl. Mais, encore une fois, cette exemption ne
pouvoit s'acquérir que par un très-long usage de non-pres-
tation, sur un objet soumis à la prestation , dont le Déci-
mateur avoit négligé , pendant long - temps , d'exiger la
prestation, dont le Décimable prouvoit la non-prestation
très-longue bc très-ancienne, usus longifjimûs. C'est là le
véritable sens du Refcrit de Philippe IÏI ; bc dans ce sens,
Tobjecfion contre le Clergé redevient une preuve en faveur
du Clergé.
L'ordre chronologique nous amène à cette fameuse Phi-
lippine, donnée en 1305 par Philippe IV, ou Philippe le
Bel. On décore ce Refcrit du titre impoiant d'Ordonnance ;
on se présente comme une Loi du Royaume ; on se cite
dans tous les Ouvrages composés íur les dîmes ; on se cite
dans les Plaidoyers des Avocats, dans les motifs des Ar-
rêts, dans les Remontrances des Cours ; on en fait la baie
du nouveau système de la nouvelle Jurisprudence que
,
Ton cherche établir.
à
Le texte de cette piece a été corrompu : on Ta surchargé
de dispositions étrangères, précisément sur la question qui
s'agite aujourd'hui ; & ces dispositions étrangères au texte
,
on les a crues authentiques : ces interpolations offrent un
sens équivoque : on a saisi avec avidité, on a taché de juí-
tifier, par des subtilités, Tinterprétation défavorable aux
Décimateurs. Tout cela nous paroît naturel; c'est la mar-
che ordinaire de Terreur des préjugés bc des passions ; mais
,
il nous sera permis d'être au moins étonnés qu'on affecte
la même confiance en ce Refcrit falsifié, qu'on le repro-
duise encore avec la même sécurité, après qu'il aéré si juste-
ment apprécié dans le Rapport íur les dîmes de Languedoc,* du*Procès-ver-
Page 481

publié avec votre Procès-verbal de TAíìemblée de 1780. bal de J7S0.


II faut donc encore rapporter ce texte : ce n'est point,
une Ordonnance ; ce n'est point une Loi du Royaume ;
c'est un simple Refcrit accordé aux demandes des Univer-
sités Corps Communautés bc Habitants de la Scnéchaus-
, ,
fée de Toulouse. Ce Refcrit a pour objet principal la po-
lice bc les formes à suivre dans Tadministration de la Jus-
tice : il contient 35 Articles. L'Article z9 est ainsi conçu:
Procès-verbal de 17 8 j. Mm m m
6<}S PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Qubd Senefchallus* ad requifitionem Confulum locorum quo-
rumhbct* defendai ipfos Confies Umverfitates ÔGjmgulos à
^
nova impoíuione jervitus faaendà per Pralatos (eu alias ec-
clejiajlicas Perfonas ÔG à nova exachone pajjatâ, prout de
jure cfl hacîenùs jien confuetum.
Tel est le texte original du Refcrit : on le trouve dans
le Recueil des Ordonnances du Louvre, tom. í, paçr. 399.
Les Editeurs proposent, au lieu du mot uonapxiJervuus*
de lue infuturum : c'est plutôt une abréviation du max. fer-
vitutis. Au lieu de ces mots, à nova exachone pajjatâ , ils
aimeroient mieux ceux-ci, à nova exachone pajjatâ; bc
suivant Ducange, pajjatâ est le nom d'une forte de péage,
îl est donc simplement ordonné par cet Article 19, que
le Sénéchal, à la Requête des Coníuls, défende les Con-
suls eux-mêmes, les Universités bc les particuliers de la
nouvelle imposition de servitude qui pourroit être exigée
par les Prélats ou autres Ecclésiastiques, ainsi que de tou-
tes nouvelles exactions de péage, excepté celles de Droit
bc de Coutume.
Dans ce texte il n'est fait nulle mention des dîmes; le
mot dîmes n'y est même pas exprimé.
Quelles sont ces servitudes inusitées, ces exactions de
péage que se Sénéchal doit réprimer ? Nous laisserons les
Erudits chercher dans THistoire de ce règne des conjec-
,
tures plus ou moins plausibles fur ces questions de pure
curiosité : nous devons nous attacher ici à la seule question
qui nous intéresse, à la dîme des fruits nouveaux.
Comment ce Refcrit, qui n'a d'autre objet que de met-
tre ordre à des abus , à des entreprises, à des vexations trop
multipliées íous Tanarchie féodale, ce Refcrit où la dîme
n'est pas nommée, a-t-il pu devenir une Loi fur la dîme,
une Loi qui introduise un nouveau droit sur la dîme, une
Loi qui déroge aux Loix anciennes, aux Loix observées
jusqu'alors fur la dîme ?
Cette métamorphose a été Touvrage d'une imposture
grossière. Entre les mots du Refcrit : A nova exachone bc
*
le mot pafau ou pajjatâ, un faussaire inséra ces mots : De-
cimarum ÓG pnmitiarum âG pr&fiationis. Par ce moyen on
DU CLERGÉ DE FRANCE, ii SEPTEMBRE 1785. 699
faisoit ordonner à tous les représentants de Tautorité royale
en France, de protéger ses Sujets du Roi contre toute nou-
velle demande de dîmes, de prémices bc d'autres préten-
tions semblables. Sur ces trois mors on copie , on com-
mente, on argumente, on raisonne, comme s'il suífisoit de
copier une Loi, de commenter une Loi pour constater CGÏI
existence. Cette existence de la Loi étoit précisément ce
qu'on avoit à examiner, 'ôí ce qu'on devoit examiner d'a-
près le peu de confiance que méritoit le recueil informe
dont on avoit tiré le Refcrit. On pouvoit savoir que cette
compilation connue sous le nom de Stylus CurU Parla-
,
menti, avoit été rédigée vers Tan 1330, non par Tautorité
publique mais par les foins d'un particulier, nommé Guil-
,
laume Dubreuil; que ce Guillaume Dubrenil, au rapport
de Dumoulin, n'avoit aucune littérature, omnis latimtatis
bonarumque artium expers ; qu'aux fautes multipliées qui
avoient dû échapper à un homme tel qu'on nous repré-
sente Guillaume Dubreuil, les Editeurs de Ion Recueil y
avoient ajouté,pour leur compte,des absurdités palpables,
des infidélités marquées, ut novos emptores corruptions fe-
turoe allicerent, meras tùm unpojluras 3 tum ineptias addide-
runt. On pouvoit savoir que c'étoit íous cette forme que
Dumoulin avoit trouvé le fy le du Parlement; qu'il avoit
cependant jugé que ce style pouvoit être de quelqu'utilité
aux commençants; que dans cette vue il avoit employé à
le corriger quelques moments perdus, fucàffiras horas ;
qu'il avoit confronté bc vérifié plusieurs articles fur les re-
gistres du Parlement; que cette attention de Dumoulin
avoit pu être très-utile pour rétablir dans leur pureté les
textes déposés dans ses registres de la Cour ; mais que cette
ressource n'avoit pu suffire à regard des Ordonnances qui
ne se trouvent pas dans ces registres; que la Philippine ou
le Refcrit de Philippe le Bel, étoit de ce nombre ; qu'ainsi ce
Refcrit n'avoit pas acquis une nouvelle autorité, parce que
Dumoulin, fans avoir pu le vérifier, l'avoit copié d'après
un Recueil dont il ne parle lui-même qu'avec le plus grand
mépris.
Nous savons Messeigneurs bc Messieurs, qu'on allègue
,
M m m m 2.
yoo PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

encore contre nous la fausse Philippine, depuis même que


vous avez consigné dans vos archives des preuves fi frap-
pantes de son interpolation. D'après les notes que nous
avons cru devoir ajouter à ces preuves, nous espérons qu'en-
fin on se lassera de reproduire cette piece infidèle, bc de
représenter Touvrage de la fraude bc de la malignité com-
me un acte de Tautorité souveraine, comme une Loi véri-
table bc authentique.
Au reste , quelque sens que Ton veuille donner, soit à la
Philippine originale soit à la Philippine falsifiée, on ne
,
pourroit en rien conclure contre le Ciergé. Le même Phi-
lippe le Bel, dix ans après la date de la Philippine, adresse
aux Sénéchauílées de Carcaflonne bc de Beaucaire un Ref-
crit conservé dans le Recueil des Ordonnances, tome i,
page 533. Par ce dernier Refcrit, le Souverain défend à
ses Justiciers de troubler les Ecclésiastiques, fous prétexte
de tout Refcrit antérieur émané de fa Chancellerie, ou de
souffrir qu'on les trouble dans la perception bc la demande
de toute dîme non inféodée. Le Roi ordonne que TEglise
continuera de connoître cle toute contestation sur cette re-
devance, bc qu'enfin toutes choses à ce íujet soient remises
entièrement bc fans difficulté dans leur premier état : Quid-
quid in contranumfactum efl in fatum prisinumfine dijfi-
*
cultate quâlibet ì'educatis.
C'est donc fans indice apparent, fans aucun motif réel,
qu'on voudroit voir Torigine du nouveau droit décimal
dans un Refcrit de Philippe le Bel, altéré bc falsifié, dans
un Reícrit révoqué , s'il avoit besoin de Têtre , par Philippe
se Bel lui-même, dans un Refcrit qui n'a jamais été rap-
pelle par aucun des íuccesleurs de Philippe se Bel.
L'ancien droit continue en esset sous les règnes suivants.
Deux Ordonnances, Tune de Charles V, l'autre de son fils,
Charles VI, prescrivent le paiement de la dîme dans les
bois du Roi : ce qui suppose que la dîme se payoit toujours
de toute eípece de fruits, de toutes ses productions de la
terre.
Par une Transaction pasiée se zj Février 1396, entre la
veuve du Comte d'Anjou bc le Clergé de la Province, il
DU CLERGÉ DE FRANCE , z z SEPTEMBRE 1785-. 701
fut dit qu'au lieu des dîmes personnelles, bc des menues
dîmes réelles prétendues par les Curés fur les poires, les
pommes bc différents légumes, il leur seroit payé tous les
Dimanches un denier par chaque chef de famille : il tue
ensuite convenu qu'au lieu d'un denier, payable tous les
Dimanches, on donneroit deux fols tournois à Pâques bc
à la Toussaint. Jean Galli ( quest. 63 part. 3, ) nous ap-
,
prend que cette Transaction fut homologuée au Parlement
de Paris à la fin du quatorzième siécle : le Droit Commun
du Royaume soumettoit donc encore tous les fruits indis-
tinctement à la prestation décimale.
Dans le quinzième siécle «on ne voit aucune Loi de nos
Souverains qui ait changé ou modifié les Loix antérieures
fur cette matière. On ne trouve à cette époque qu'une
Ordonnance de Charles VI, donnée en 1406 : [1] elle con-
firme TafTranchiísement accordé aux habitants de Grancey
par Eudes, Seigneur de ce lieu ; elle permet à ces habitants
« qu'ils puissent planter vignes, bc édifier en toute la fin
33
de Grancey bc terres tierjaufables, en payant la dime des
33 vins en
la manière qu'il est accoutumé de payer dîmes. ?3
Les vignes étoient, pour se lieu de Grancey, Tobjet d'une
nouvelle culture; les terres fur leíquelles devoit s'exercer
cette culture, étoient des terres tierjaujables, c'est-à-dire,
des terres oû le Seigneur avoit droit de prendre le tiers des
grains bC des fruits. Toutes ces circonstances ne pouvoient
exempter de la dîme la production nouvelle.
La lés;iílationcivile du seizième siécle nous offre un chan-
gement remarquable. La preferiptibilité de la dîme s'étoit bor-
née d'abord aux dîmes personnelles; à cet égard même, elle
ne s'étoit montrée que dans quelques cantons particuliers, où
elle avoit été plus ou moins heureusement soutenue ou com-
battue ; mais dans le seizième siécle elle paroît généralement
,
établie sous ce rapport. Dans ce même siécle la preferiptibilité
s'étend encore plus loin; elle commence à embrasser même
la dîme des menus fruits; bc, malgré les efforts du Cierge,
malgré les dispositions des Loix anciennes auxquelles au-

[1] Ordonnances de nos Rois, tom. 9 pag. 1S1.


,
702, PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

cune Loi nouvelle n'avoit dérogé , la Coutume apporte


enfin au régime décimal cette modification importante;
c'est que se Décimateur ne sera plus fondé à réclamer la
dîme des menus fruits, lorsqu'ils auront été cultivés bc ré-
coltés pendant quarante ans, íans que la dîme en ait été
demandée ou payée, Alors se forme la distinction des dî-
mes solîtes bc insolites; mais on étoit bien loin d'entendre,
par la dîme insolite, la dîme qui n'auroit point été payée
sur un fruit inconnu, bc jusques-là non cultivé. La dïme
insolite étoit la dîme non payée sur tel fruit, quoique ce
fruit fût connu bc cultivé dans le canton depuis quarante
ans ; c'étoit la dîme dont la non-prestation étoit fondée fur
un long uíage : Ufus longiffim.us per quem, óGc.
Un des monuments se plus propre à fixer la signification
que pouvoient avoir, dans ce íîecle s ses termes de dîmes
solites bc insolites, nous le trouvons dans les Loix que TEm-
pereur Charles-Quint rendit fur les dîmes pour ses Sujets
de Flandre, Plusieurs raisons nous déterminent à nous ar-
rêter un moment fur ces Loix d'un Prince étranger, bc
dont les talents bc Tambition furent si long-temps fatales à
la France. Ces Loix règlent pour la dîme, les uíages d'une
5
Province rentrée depuis sous la domination de nos Rois,
bc dans le reílort du Parlement de Paris. Ces Loix nous
sont opposées par les Antidécimateurs comme contraires
à ce même droit que nous réclamons. Ces Loix ont décidé
la question qui s'agite aujourd'hui dans le Royaume fur la
dîme des fruits de nouvelle culture, bc qui est encore in-
décise parmi nous.
Ce qui hâta cette décision sous se règne de Charles-
Quint , fut une tentative des Décimateurs : ils voulurent
exiger la dîme des fruits qui, étant connus bc cultivés dans
la Province depuis plus de quarante ans, n'avoient pas été
assujettis au paiement de la dîme. Cette tentative fut ré-
primée par le Placard ou TOrdonnance de 1 j-zo. Ce Pla-
card détend de lever, exiger* recevoir ÔG percevoir, ou de-
mander aucunes nouvelles dîmes autres que celles accoutu-
,
mées d être prises ÓG levées passé quarante ans âG au-dejjus.
Une dîme peut être nouvelle, ou par son objet3 ou par
DU CLERGÉ DE FRANCE, n SEPTEMBRE 178J. 703
sa perception. On cultive un fruit nouveau bc jusqu'alors
inconnu, on en perçoit la dîme : cette dîme est nouvelle par
son objet. On cultive un fruit anciennement connu, mais
dont on n'a point perçu la dîme de temps immémorial ; on
veut en percevoir ia dîme : cette dîme est encore une dî-
me nouvelle ; mais elle ríeft nouvelle que par fa perception.
Les dîmes nouvelles que défendoit le Placard, étoient
des dîmes nouvelles, quant à la perception ; c'étoient les
dîmes des bois, des prés, de quelques légumes, des ani-
maux comestibles : tous ces objets étoient connus depuis
long-temps; depuis long-temps aussi on n'en payoit pas la
dîme; bc Texiger, c'étoit introduire une dîme nouvelle,
quant à la perception; c'est tout ce que se Placard vouloir
empêcher.
Mais les Décimables ne raisonnèrent pas de cette ma-
nière. Dans la logique de Tintérêt, un mot équivoque est
une démonstration frappante : la dïmedes fruits nouveaux
est une dîme nouvelle, dirent les Décimables; cile est donc
défendue par le Placard : dans les Villages la dîme des ani-
maux se levé par maison ; si Ton construit dans ce Village
une maison neuve, loríqu'on vient y demander la dîme
pour la première fois, c'est une dïme nouvelle : la dîme des
animaux, dans toute maison nouvelle, est donc défendue
par se Placard.
Les Décimateurs se récrièrent contre ces inductions ou-
trées; ils adressèrent leurs représentations à TEmpereur; il
les recut favorablement, bc donna le Placard du 10 Mars
I;IJ , en interprétation de celui de 15x0.
Dans le Placard interprétatif, le Souverain reconnoît
que se Commentaire des Décimables est du tout unique ÔG
t
déraisonnable dénervant le droit de Eglise contre l'intention
*
SG vrai entendement du dit Statut ÓG Ordonnance de 152.0.
Le Placard distingue ensuite trois espèces de fruits ; ceux
dont la culture est en usage depuis plus de quarante ans
dans se lieu où la contestation fur la dîme s'élève : ceux
qui ne sont point connus dans le lieu où la question s'élève ,
mais qui font connus dans les environs; ceux enfin qui ne
sont aucunement connus dans la Province. Voici fur cha-
704 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

cune de ces trois espèces de fruits la décision bc Interpré-


tation du Placard.
« Les dîmes connues bC usitées depuis plus de quarante
33 ans dans se lieu du litige , continueront d'être perçues', bc
33
se percevront même fur les terres nouvellement cultivées,
33 même dans les
maisons nouvellement construites. 33 Le Pla-
card interprétatif de 152,3 décide donc contre la préten-
, ,
tion du tout unique ÔG déraisonnable des Cultivateurs, que
les dîmes nouvelles prohibées par le Placard de
les dîmes nouvelles, quant à la perception.
ijio, íont

Les dîmes inconnues dans le heu du litige, mais connues


dans les lieux circonvoisins, se percevront dans se lieu du
litsee, suivant Tufage des lieux circonvoisins. " Et quant à
33 aucune
nouvelle efpece, continue le Statut de 15x3 du
,
33 tout non vue, ni accoutumée être plantée ou nourrie en
J3 aucun
Village, ou quartier de notredit Comté d'Artois,
33
laquelle n'y auroit été jamais auparavant semée, plantée
33 ou nourrie,
Ton se réglera, quant au paiement des dîmes
d'icelie nouvelle efpece, selon le Droit Ecrit.
Cette expression, le Droit Ecrit, exerce encore„ la subti-
33

lité des Antidécimateurs : selon eux, le Droit Ecrit est,


ou. le Droit Romain, ou k Philippine, ou même le Pla-
card de ipo.
Mais le Droit Romain ne parle pas des dîmes; il parle
moins encore de la dîme des fruits nouveaux.
La Philippine véritable ne dit rien des dîmes : la Philip-
pine, falsifiée renvoie à Tufage pour les dîmes, prouteflhac-
tenùs confuetum fien : bc la vraie Philippine bc la fauíse Phi-
lippine étoient alors ensevelies, ou dans le Trésor des Char-
tres, ou dans se dépôt obscur dont Dumoulin bc Lauricre
ne les avoient pas encore tirées ; elles étoient inconnues a
Charles-Quint.
Le Placard de 15ZO étoit la Loi même, fur les disposi-
tions de laquelle on élevoit des doutes; il ne parloir pas
des fruits nouveaux : ses Décimateurs d'Artois demandoient
une explication fur la dîme des fruits nouveaux ; le Sou-
verain ne pouvoit renvoyer à ce Placard pour régler le
paiement de la dîme des fruits nouveaux.
Le
DU CLERGÉ DE FRANCE , 2.2, SEPTEMBRE 17S5. 705
Le Droit Ecrit, auquel renvoie TEmpereur est visible-
,
ment le Droit qui régloit alors en Europe toutes les ma-
tières ecclésiastiques, qui régloit les dîmes qui les règle
,
encore aujourd'hui, même dans des Etats Protestants, com-
me on peut le voir dans le nouveau Code Frédéric, partie
première, tome z, paragraphe iz.
Le Roi de Prusse, en abrogeant le Droit Canon pour ce
qui regarde les matières civiles, lui conserve force de Loi en
ce qui regarde les dîmes * quil veut, dit-il3 être décidées selon
les Loix du Droit Canon même parmi ses Sujets Protestants.
*
C'est donc le Droit Canonique qui doit, suivant le Placard
de 1 j z 3 régler le paiement de la dîme des fruits nou-
,
veaux , bc le Droit Canonique soumet à Ta dîme tous les
fruits indistinctement.
Le seizième siécle offre, dans la légiflation Françoise, plu-
sieurs Règlements fur les dîmes : tels font ceux du premier
Mars 1545, pour le Diocèse de Chartres; du 3 Mars de
la même année pour se Diocèse de Sens; du 15 Juillet
1548 pour le Diocèse de Paris; du 9 Février 1553 pour
,
le Clergé d'Angoulême; un Règlement général du z ,y Oc-
tobre IJ6I. Mais ces Règlements n'ont de rapport qu'à la
quotité de la dîme, aux avertissements que doivent donner
les Décimables, avant que d'enlever leurs récoltes ; ils ne
statuent rien de nouveau fur se fond bc les objets dû droit
décimal.
Les dernieres Loix de nos Souverains fur les dîmes,
Loix avouées bc approuvées de la Nation entière, Loix qui,
depuis plus de deux cents ans, fixent parmi nous Tétat du
droit décimal, font TOrdonnance de Blois de 1579, article
49 bc 50 , bc ses articles 28 bC z 9 de TEdit de Melun. Tout
le monde connoît les dispositions de ces Loix, ses principes
qu'elles consacrent, ses conséquences qu'elles renferment.
i°. Ces Loix distinguent, par les grosses ou les menues
dîmes, les fruits anciens ou nouveaux; la disposition rela-
tive à la dette décimale, est conçue dans les expressions les
plus générales; elle embrasse tous les fruits indistinctement:
cette disposition, il est vrai, spécifie les héritages sujets à
dîme ; ce qui suppose des héritages qui ne sont pas sujets
Procès-verbal à? 1785. Nnnn
7o 6" PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
à la dîme; mais cette précision, dans les termes [de la Loi,
n'a d'autre objet que de ménager les exemptions de certains
Ordres Religieux ; exemptions fondées fur des privilèges
reconnus, auxquels la Loi n'a voulu donner aucune atteinte.
z°. Le Cultivateur ne peut prétendre, à Tégard d'aucun
fruit, que la dîme n'en est due qua volonté. La dîme n'est
donc pas un don, une aumône, une offrande volontaire;
c'est une redevance exigible, une dette de rigueur,un droit
acquis bc réel, un droit proprement dit.
3°. Cette prestation n'étant pas due à volonté, mais
étant exigible de droit, celui qui la doit ne peut s'y sous-
traire, qu'en justifiant son refus par des moyens juridiques :
il est obligé cXalléguer de prouver une prescription ou pos
*
fe/Jlon de droit. Le Décimateur est se Créancier; le Décl-
inable est le Débiteur ; le Créancier se présente avec son
titre : ce titre c'est la Loi, c'est se Droit Commun; ce titre
,
est reconnu, il est authentique : par quelle voie légitime le
Débiteur peut-il rendre ce droit inutile ? Par la prescription
légale, par la possession de droit, par une exception vala-
ble : mais c'est à lui à la montrer, à la prouver, à la faire
valoir, excipientis est probare.
4°. Dans la possession qui seroit opposée aux Décima-
teurs, le Décimable ne peut comprendre le temps qui aura
couru pendant les troubles ÓG hostilités de guerre. Cette res-
triction est conforme aux vrais principes ; la prescription
ou poíseíhon ne peut valoir contre celui que des raisons lé-
gitimes bc des obstacles insurmontables auroient empêché
d'exeicer son droit : d'où il fuit que la prescription ou pof-
seiíion ne peut être opposée au Décimateur, lorsqu'il s'agit
des fruits nouveaux. Quel obstacle, en effet, plus insur-
montable pour empêcher se Décimateur d'exercer son
,
droit que Tinexistence de la chose fur laquelle il pouvoit
exercer son droit ?
Et qu'on ne dise pas que, d'après TOrdonnance de Blois,
la dîme doit se payer suivant la Coutume des lieux* bc qu'il
ne peut y avoir de Coutume qui autorise à demander la
dîme des nouveaux fruits.
La Coutume est ici donnée pour règle de la manière àX
DU CLERGÉ DE FRANCE , z z SEPTEMBRE 178 J. 707
de la quotité de la perception* quotité qui varie en effet sui-
vant la Coutume des lieux bc les usages divers ; c'est se
sens qui est déterminé par TEdit de Melun : Tarticle 19 de
cet Edit répète k première partie de Tarticle 50 de TOr-
donnance de Blois, développe k derniere partie de ce mê-
me article 5 o , parie dans ce développement de la seule cuo-
tité, bc décide que les procès, fur cet objet, doivent être
jugés suivant la Coutume ancienne des lieux ou, dans ie cas
d'incertitude bc d'obscurité, fur Tuíaee du* lieu de la con-
testation, par la Coutume des lieux circonvoisins.
Quand on appliqueroit les derniers termes de TOrclon-*
nance de Blois, au fond même du droit décimal, cjue signi-
fient ces termes ? Que la dîme se réglera suivant la Cou-
rame des lieux, où se Décimalise pourra alléguer bc prou-
ver la prelcription bc possession de droit. C'est se seul titre,
suivant la lettre de k Loi, que puiíse légitimement invo-
quer le Déclinable, bc ce titre lui manque lorsqu'il s'agit
de nouveaux fruits.
Depuis TOrdonnance de Blois bí TEdit de Melun, nos
Rois ont donné quelques Loix fur ses dîmes ; mais ces Loix
n'exigent ici aucune discussion particulière ; elles n'ont rien
changé aux Loix précédentes elles les ont plutôt confir-
,
mées : ainsi Tarticle 49 de TEdit de 1695 veut que les
,
Ecclésiastiques jouissent de leurs droits, de leurs biens, bc
spécialement des dîmes; que les Cours bc autres juges les
y maintiennent, bc que les Détempteurs des héritages su-
jets à ces droits, ne puissent alléguer d'autre prescription
que celle de droit.
Nous avons rappelle avec exactitude les principaux mo-
numents de k législation civile du Royaume fur ses ma-
tières décimales.
Ces monuments attestent que dès le huitième siécle nos
Rois & la Nation consacrèrent à Tentretien & à k subsis-
tance des Ministres de TEglise, la dîme de toutes les produc-
tions de la terre.
Les dispositions de quelques Loix bc fur-tout la Cou-
,
tume , ajoutèrent dès-lors aux dîmes prédiales ses dîmes
>
mixtes bc ses dîmes personnelles.
Nnnn z
70S PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Pour tous ces objets la dîme fut imprescriptible jusqu'au
douzième siécle. C'est se premier état de la prestation dé-
cimale. *
Sousle règne de Philippe se Hardi, les Décimables com-
mencèrent à alléguer la prefcriptibdité des dîmes mixtes bc
des dîmes personnelles ; bc la prescription contre ces sortes
de dîmes, fut quelquefois admise comme un titre légiti-
me d'exemption : c'est la seconde époque.
La troisième époque est du seizième siécle; alors Tufage'
qui détruiíoit sensiblement les dîmes personnelles , qui ré-
gloit les dîmes mixtes, parut affecter quelques parties mê-
mes des dîmes prédiales ; bc la prescription eut la force de
libérer les Cultivateurs de la dîme de quelques fruits moins
importants.
L'imprefcriptibilité, qui, pendant la première époque,
garantiíloit au Clergé toute efpece de dîme indistincte-
ment, s'est maintenue fans variation, fans altération jusqu'à
nos jours pour toutes les dîmes des quatre gros fruits ; elle
est affermie par une possession de dix siécles, bc par la Ju-
risprudence de toutes les Cours.
i.L'impreicriptibiiité,
pour toutes les dîmes prédiales, s'est
soutenue pendant la seconde époque.
A la troisième époque on a reconnu la preferiptibilité de
la dîme des menus fruits ; on a distingué, à Tégard de ces
menus fruits , les dîmes folites bc les dîmes insolites ; on les
a comprises sous se nom de dîmes d'usage, non parce que
Tufage seul bc la poileflion peuvent les donner au Déci-
mateur , le Droit Commun est son titre ; mais parce que
Tufage bc la poflession peuvent en libérer le Décimable, qui
ne doit alléguer en fa faveur autre prescription ou posses-
sion que celle de droit.
Telle est, d'après les Loix Civiles, Thistoire fidèle de la
redevance décimale en France, depuis Chariemagne jus-
qu'au dix-septième siécle. Nous allons faire voir que le
Parlement de Paris ne s'est pas écarté de ces principes, jus-
qu'à Tépoque des contestations élevées dernièrement fur
cette matière.
Avant de discuter les Arrêts de cette Cour, nous devons
DU CLERGÉ DE FRANCE , z z SEPTEMBRE 1785. 709
faire une observation, bc sur le temps où Ton commence Jurisprudence
-Tu
à pouvoir citer ces Arrêts, bc fur une circonstance qui a de
da Parlement
Paris,
dû beaucoup influer fur la Jurisprudence.
La connoiífance des matières décimales a été pendant
long-temps de la compétence des Juges Ecclésiastiques,
tant pour se posiessoire , que pour le pétitoire. L'Orcion-
nance de Philippe se Bel, en 1303 , se. porte très-expressé-
ment : De cognitione deamarum non jeodaliian in pemorio
SGpGJfejforio,proefertuninter partes ecclefafticas* nuncii ncílri
se nullatenus intromittant.
Dans la fuite les Juges Laïques acquirent la connoisiance
du posiessoire des dîmes : le Procureur-Général Bourdin
Tatteste dans son Commentaire fur TOrdonnance de 15 39.
On ne peut assigner Tépoque fixe de ce changement; mais,
d'après TOrdonnance de Philippe se Bel que nous venons
de citer, il est visible que Tufage, à cet ég;ard, n'est sûre-
ment pas a«sii ancien que se íuppoíoient les Gens du Roi
en iJ47-
Quoi qu'il en soit, les textes qui attribuent au Jucre
Royai la connoisiance du posieíloire des dîmes, laisient ma-
nifestement au Juge d'Eglise la connoi(Tance du pétitoire.
Insensiblement cette distinction même a diíparu, ô£ Ton
cite deux Arrêts entre autres; l'un du 29 janvier 1686,
l'autre du premier Février 1714, qui ont déclaré abusives
des procédures faites devant TOflicial fur le pétitoire des
dîmes, après le Jugement prononcé par se Juge Royal íur
se possesioire.
Ces faits donnent lieu à plusieurs réflexions : en premier
lieu, il n'est pas possible de citer des Arrêts très-anciens,
relativement aux dîmes ecclésiastiques, puisque ce n'étoit
pas dans les Cours séculières que ces contestations se trai-
toient; elles étoient jugées par les Officialités d'après ses
maximes du Droit Canonique, qui assujettit indistincte-
ment tous les fruits à k dîme.
En second lieu [bc cette remarque est ausii juste qu'elle,
est importante] quand il seroit vrai qu'alors les Cours sé-
culières eussent refusé la dîme des fruits nouveaux, bc mê-
me k dîme dont les Décimables ne prouvaient pas Texemp-
7io PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tion par une possession quarantenaire, ces jugements n'au-
roient rien de surprenant, bc ne formeroient aucun pré-
jugé contre la question que nous traitons : diaprés la régie
que se Juge Laïque ne connoissoit que du poflefloire , on ne
concluoit alors devant lui, comme on ne conclut encore
aujourd'hui, qu'à être maintenu dans la possession de per-
cevoir la dîme : cette forme de conclure, étoit prise littéra-
lement; il falloit, pour être maintenu, justifier réellement
le fait de la possession actuelle. Ce fait ne pouvoit être al-
légué pour la dîme d'un fruit nouveau, & le Juge Laïque
ne pouvoit Tadjuger : mais la question de droit n'étoit pas
décidée pour cela ; le pétitoire restoit à examiner ; on de-
voir se plaider devant le Juge Ecclésiastique, bt ce juge
prononçoit fur le fond d'après la Loi bc le Droit Commun.
Mais", bc c'est
une troisième observation , aujourd'hui
aue la distinction du pétitoire &C du poífessoire ne subsiste
plus dans se fait, quoiqu'elle ne soit pas anéantie dans le
droit ; aujourd'hui, qu'après le Jugement fur ie poílesioire >
il n'est aucune voie pour revenir au Jugement du pétitoire,
ses Juges doivent prononcer plutôt d'après le droit que d'a-
près le fait, plutôt d'après la Loi que d'après la possession
actuelle; bc c'est là ce qu'a fait le Parlement de Paris, lors-
qu'il a prononcé en faveur des Décimateurs pour la dîme
des fruits nouveaux.
il ne faut point perdre de vue ces observations, si Yon
veut bien saisir Tefpritde Tancienne Jurisprudence des Cours.
Maintenant nous allons faire voir que les Arrêts rendus
par le Parlement de Paris fur la matière des dîmes, depuis
que les Officialités n'en connoifient plus, sont entièrement
favorables au Clergé, bc que ceux qu'on lui oppose,
n'ont pas jugé la question principale qui fait Tobjet de ce
Rapport.
S'il ne falloit, pour établir Tobligation de payer la dîme
d'un fruit, que montrer le nom de ce fruit dans un Arrêt
qui a ordonné le paiement de la dîme, on pourroit dire,
avec vérité, qu'il n'y a pas de fruit dont la dîme ne soit due
dans le Royaume ; i'i n'en est point qui ne se trouve dénom-
mé dans quclqu'Arrêt. Pour que tant d'espèces de fruits
DU CLERGÉ DE FRANCE , z z SEPTEMBRE 17S5. 711
successivement introduits dans différents territoires, aient
été aflujettis à la dîme, il faut bien qu'on ait jugé, plus
d'une fois, que la dîme étoit susceptible d'être perçue sur
les fruits de nouvelle culture; mais,, fans nous en tenir à
cette présomption, tirée des dispositions générales clés Ar-
rêts, voyons si nous pourrons trouver quelque preuve plus
positive dans les Arrêts dont nous connoisìons Tefpece
précise. '
Un Marchand Teinturier de la ville de Troyes, avoit
fait semer du pastel dans une de ses terres ; se Curé le tra-
duisit en Justice pour se faire condamner à lui en payer
la dîme. Le Marchand représentoit que ce n'étoit qu'un
estai ; qu'il avoit eu la curiosité de savoir si sa terre étoit
propre pour cette herbe ; que seul il avoit fait cet estai dans
une terre de petite étendue. L*Arrêt rendu le 19 Mai 1 6^zy
mit, quant à présent, les Parties hors de Cour bc de pro-
cès, íans dépens. La modicité de Tobjet détermina la Cour
à rendre cet Arrêt mitigé; mais elle auroit dû condamner
le Décimateur, si elle avoit pense que ses nouveaux fruits
étoient non décimables de leur nature.
Un Curé du Diocèse d'Angoulême, dans la Paroiste du-
quel M. TEvêque d'Angoulême levoit la dîme avoit fait
ensemencer en sainfoin plusieurs héritages qui , ne dépen-
doient pas du Domaine de fa Cure; c'étoit la première fois
qu'on voyoit dans la Paroisse ce genre de culture. M. TE-
vêque d'Angoulême demanda k dîme ; se Curé k refuía
comme insolite : il alléguoit TOrdonnance de 1303; mais
il fut condamné par Arrêt du 1 8 Août 1 667.
Soefve, [tom. z Centurie 4, chap. z ,] qui rapporte T Ar-
rêt, en transmet les, motifs : « La dîme ne peut, dit-il, être
55 appelíée insolite qu'à Tégard des fruits, lesquels le gros
55 Décimateur a pu percevoir, fans savoir fait, pendant
» un certain temps : par exemple, lorsque dans une Pa-
55 roisse on a toujours semé du chanvre, ou du moins de-
53 puis plusieurs années, fans que les Curés en aient jamais
" pris k dîme, on peut dire, en ce cas, que c'est une dîme
'j insolite, du paiement de laquelle on peut se défendre ;
55 mais si tant est qu'auparavant il ríy en ait point eu de
yii PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
semé,
53 bc que les habitants de la Paroiste se soient avisés
53
d'en semer, il y a lieu de soutenir que cette dîme ne peut
33 p
aster pour insolite si ce n'est à Tégard de la perception,
*
Î3 bc non pas de la qualité des fruits parce qu'on ne peut
,
33 point
à
imputer un Curé de n'avoir point levé la dime
J3
fur des fruits que les Paroissiens n'avoient point encore
ÎÏ
semés bí que pour prétendre qu'on n'a pas accoutumé
,
33
de payer la dîme de quelque chose que ce soit, il faut
53 montrer
qu'on a pu s'en faire payer, bc qu'elle a été exi-
33
gible. 33 C'est ainsi, ajoute Soefve, qu'il faut entendre
TOrdonnance de Philippe le Bel de Tan i 303, [il n'en con-
noiiíoit pas Toriginal,] bc celles faites par Charles-Quint en
1J2.0 , bc dans les années suivantes.
On rapporte, contre les Décimateurs, un Arrêt du Par-
lement, rendu en la quatrième Chambre des Enquêtés, le
9 Février 1704. Avant faire droit fur la demande de la
dîme des colzats bc des trèfles formés par les Décimateurs
du terroir de Sainghuem, ou Sainghin en Artois T Arrêt
,
ordonna que les Décimateurs seroient preuve, tant par ti-
tres, que. par témoins, que la dîme des colzats bc trèfles
étoit folite bc usitée, même qu'elle s'étoit levée au village
de Sainghuem, quarante ans avant le jour de la demande,
sauf aux habitants la preuve contraire. On oppose cet Ar-
rêt aux Décimateurs, parce que ce fut à leur charge que
la preuve fut ordonnée.
Mais cet Arrêt, cité si souvent contre les Décimateurs,
n'est pas concluant contre eux ; il n'a pas jugé que la dîme
d'un nouveau fruit pour lequel on ne peut pas prouver la
culture bc la non - prestation simultanées, étoit de droit
inexigible ; il a jugé que, dans la Paroiste de Sainghin, la
dîme de colzat étoit inexigible, parce que, dans cette Pa-
roiste se colzat se cultivoit depuis quarante ans, fans être
,
astujetti à la dîme, bc parce que le colzat n'est pas en Ar-
tois une grosle dîme une dîme imprescriptible.
,
On cite encore très - inutilement dans cette question ,
deux Arrêts du Parlement de Paris ; l'un du z 1 Août 1715
y
rendu entre se Chapitre d'Arras bc les habitants de Saint-
Amand ; l'autre du 1 o Juillet 17x3, rendu en k même
Cour
Du CLERGÉ DE FRANCE jii SEPTEMBRE 1785. 715
Cour en faveur du Sieur Hurins de Bourghelles, Seigneur
d'ínchy, contre T Abbaye d'Anchin bc le Curé d'Inchy.
Dans le premier Arrêt, ni le Conseil d'Artois, ni le Parle-
ment , n'ont ordonné aux Décimateurs la preuve de Tu-
fage bc de la postession ; le second Arrêt ordonne, à k vé-
rité cette preuve à k charge des Religieux d'Anchin bc
,
du Curé; mais ces deux Procès avoient pour objet la dîme
de í:oin bc de bois. D'après le-'Placard de 1 jio ces dîmes
,
sont réputées insolites de droit* comme en Normandie les
dîmes des près, bois bc étangs; bc nous convenons que;
dans les Provinces où Ton reconnoît ces sortes de dîmes,
le Décimateur ne peut les acquérir que par la prescription
bC k possession quarantenaire : ce n est pas la k question
de la dîme des fruits nouveaux.
En 1730 il a été rendu en la quatrième Chambre des
Enquêtes un , Arrêt fur la dîme du foin, qui mérite atten-
tion parce qu'on en a fait usage contre les Décimateurs ,
,
bc que dans se lieu du litige, la dîme du foin n'est pas in-
solite de droit.
Le Chapitre de la Madeleine, à Verdun, demandoit la
dîme du foin au Sieur Richard, du village d'Erisse. Le
,
Sieur Richard ne Tavoit jamais payée ; le Chapitre ne rap-^
portoit point de titre particulier contre lui; mais il soute-
noit que la dïme de foin étoit devenue ordinaire à Eriste,
bc que la prestation de ce droit devant être uniforme le
,
Sieur Richard ne pouvoit passe dispenser de Tacquitter.
La culture du foin n'étoit certainement pas une chose,
nouvelle bc extraordinaire dans la Paroiste d'Erisse; car on
rapportoit une Sentence de 1565 qui condamnoit à payer
k dîme du foin; mais le Sieur Richard soutenoit qu'il y
avoit des cantons exempts de cette dîme, bc il le prou voit,
puisque, suivant le récit de M. de Grainville, les témoins
mêmes de Tenquête du Chapitre exceptoient plusieurs can«
tons exempts de dîme. Le Chapitre fut débouté de fa de-
mande par Arrêt du 29 Juillet 1730.
La disposition de cet Arrêt n'a rien qui doive surpren-
dre. La perception de la dîme se règle par la posiestion eri
usage dans le canton; bc comme une Paroiste peut être
Procès-verbal de 178 5. Oooo
714 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
composée de plusieurs cantons, il peut y avoir, fur le paie-
ment de la dîme, plusieurs usages différents dans une mê-
me Paroisse : cette diversité d'usage dans la Paroisse d'Erisse,
étoit prouvée par ses enquêtes : T Arrêt a ordonné que la
dîme ne seroit pas levée fur se foin, dans un canton où,
quoique ce fruit fût connu depuis long-temps, la dîme n'en
avoit jamais été payée. Ce n'est pas k une question de dî-
me de nouvelle culture.
Lors du procès jugé contre M. TArchevêque de Bourges,
par TArrêt du j Mars dernier , dont nous avons rendu
compte, les habitants deLuchi argumentoient dans un Mé-
moire imprimé, de trois Arrêts; l'un du Grand-Conseil,
da 2,1 Février 173 y , l'autre du 4 Juillet 174.19 le troisiè-
me du x3 Décembre 175 5, ces deux derniers Arrêts ren-
dus au Parlement : on les présente tous trois comme ayant
jugé que la dîme des fruits de nouvelle culture n'est pas
due. 11 est peu d'exemples d'Arrêts cités aussi inexacte-
ment; on peut s'en convaincre, en les vérifiant dans.le lieu
d'où TAuteur du Mémoire les a tirés, mais fans indiquer
leur source, vraisemblablement dans la crainte qu'on ne
les vérifiât trop facilement. lis sont tous rapportés par Dé-
nifart, au mot Dîmes : se premier, n°. 49; le second,
n°. Z7 ; le troisième, n°. 119.
Dans Tefpece d'aucun de ces Arrêts, il ne s'agissoit de
k dîme de fruits de nouvelle culture, mais uniquement de
la dîme de subrogation. Les fruits íur lesquels les Décima-
teurs refusoient la dîme, n'étoient pas introduits de nou-
veau dans la Paroisse ; ils y étoient anciennement connus,
bc Ton n'en payoit point la dîme.
Une décision beaucoup plus précise fur cette matière,
est la Sentence du mois de Mai 17473 que de Jouy dit avoir
vu rendre aux Requêtes du Palais. Le Curé d'iíîi, près Pa-
ris demandoit la dîme des fano-siers élevés dans les mai-
,
sons ; on lui opposoit que la dîme étoit insolite ; il répon-
doit qu'à la vérité il n'étoic pas dans Tufage de percevoir
la dîme des sangliers, mais que ce n'étoit pas un motif pour
regarder cette dîme comme insolite parce qu'on n'étoit
,
pas dans Tufage d'élever des sangliers dans des maisons ;
DU CLERGÉ DE FRANCE , z z SEPTEMBRE I 7 S y. 71 j
qu'on ne pouvoit appeiler dïme insolite que celle qu'on de-
mandoit íur des fruits qu'on avoit coutume de percevoir
dans une ParòiJle & íur leiquels le Décimateur n'étoit pas
,
dans Tuíage de percevoir la dîme.
En 176)' la question se présenta à la Grand'Chambre:
se Curé de la Paroiste de la Fresne-Laiguillon près Chau-
,
mont en Vexin avoit formé en 1763 contre le Sieur
, ,
Ruste, une demande-á fin de paiement de la dîme derrcíic,
qu'il avoit récolté sor trois arpents de terre. Le Sieur Ruste
oppoíoit à cette demande que dès 1761, il avoit récolté
du trèfle dans la même picce de terre, íans que le Curé en
eût demandé ni perçu ia dîme. Pour que la dîme du trè-
,
fle, ajoutoit-ilj fût iolite dans ia Paroiste de Freine, il fau-
droit que le Curé eût un titre ou une poíseíhon de qua-
rante ans; n'ayant, ni l'un, ni l'autre, il doit être déclaré
non-redevable dans ía demande.
Le Curé de Freine n'étoit qu'un Curé à Portion con-
grue : ce qui Tavoit mis dans le cas de sonner une action
contre le Sieur Ruste , c'est qu'il étoit Fermier des dîmes
appartenantes au Prieur de Saint-Pierre-dc-Chaumont. Le
Prieur intervint, bí prit ies mêmes concîuíìons o.ue íe. Curé.
Us íoutenoient fun bc l'autre que la dune de trefie étoit-
folite dans rouies les Paroiíses voisines de Freine ; que (.Tail-
leurs a Freine meme on percevoir la dime íur des fruits
qu'ils diíoicnt erre de même eípece que le trefie, tels que-
la bourgogne. M. TAvocat-Général Séguicr porta la parole
dans cette cauíe; il conclut à ce que le Sieur RuSíe fùt ren-
voyé de la demande qui étoit formée contre lui a im de
paiement de ia dïme.
Mais le Parlement n'adopta point ses conclusions ; bc fur
le vu d'un acte de notoriété, qui attestoit que la dîme du
trèfle étoit folite clans le Bailliage de Chaumont, il fut rendu
Arrêt le z Janvier 1765 qui condamna le Sieur Ruste au
,
paiement de k- dîme.
La même question se présenta de nouveau lc 15 Lévrier.
1769 , au même Tribunal, bc dans une cauíe où le même
Magistrat portoit la parole : on semoit depuis peu du trèfle
bc de la luzerne dans la Paroisse de Serris ; une année les
Oooo z
yi6 PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Religieux de Saint-Denis en avoient perçu quelques bottes;
les autres années les habitants en avoient donné à leur
Curé. Les Religieux de Saint-Denis, auxquels la dîme de
la Paroisse, même la menue & la'verte dîme appartient,
intentèrent action contre le Curé, en répétition de ce qu'il
avoit reçu. Le Curé prétendit qu'il n'avoit reçu aucune dî-
me , n'ayant pas droit d'en prétendre ; que ce qu'on lui
avoit donné étoic une offrande volontaire. Les habitants
intervinrent, contestèrent que la dîme fût due ; au soutien
de leur prétention ils articulèrent bc offrirent de prouver,
,
i °. que la dîme de toute efpece de foin étoit insolite à Ser-
ris; z°. qu'il n'y avoit pas dix ans que pour la première
fois on avoit introduit se trèfle bc la luzerne dans cette Pa-
roisse; qu'ils n'en avoient jamais payé la dîme; qu'ils, n'en
avoient donné à leur Curé huit bottes du cent, qu'à titre
d'offrande bc de pure libéralité.
M. T Avocat-Général suivit dans la discussion de cette
cause, la route que lui avoit tracée TArrêt de 176j. Si
Ton vouloit consulter, dit ce Magistrat, Tufage de la Pa-
roisse de Serris, on verroit qu'il n'y a pas dix ans que le
trefie bc la luzerne y ont été introduits. Si les Religieux en
ont perçu la dîme, le Curé s'en est plaint; loríque se Curé
Ta perçue lui-même, les Religieux ont également déféré
leurs plaintes à la Justice, de manière que Ton ne peut pas
dire qu'il y ait de part ou d'autre une possession paisible
bc suffisante. En ce cas, continue M. Séguier, il faut con-
sulter Tufage du canton, c'est-à-dire, des Paroisses voisi-
nes , parce que íi Tufage est d'y percevoir la dîme fur cette
efpece de fruit, il s'ensuivra que c'est un fruit décimable
dans la Paroisse même de Serris ; bc si, au contraire la
dîme du trefie bc de la luzerne est insolite dans les can- ,
tons, les habitants seront fondés à la refuser.
Conformément aux conclusions de M. Séguier, inter-
vint TArrêt du 15 Février 1769, portant : « que dans se
33
délai d'un mois, il seroit fait des enquêtes respectives íur
35
le fait de savoir si, dans les Paroisses les plus voisines de
33
celle de Serris, où il se recueille du trèfle bc de la lu-
33 zerne, ces
espèces de fruits sonc décimables ou non
,
DU CLERGÉ DE FRANCE * z z SEPTEMBRE 17- S f. 717
s? pour,
les enquêtes faites bc rapportées être statué ce
,
33
qu'il appartiendroit. 33
L'enquete ayant été concluante en
faveur des Religieux de Saint-Denis, un second Arrêt de
la même année condamna les habitants de Serris à leur
payer la dîme du trefie bc de la luzerne.
Dénisart rapporte un Arrêt de la première Chambre des
Enquêtes, du 3 Août 1770, qui fembleroit d'abord être en
contradiction avec celui de 1769. II rejetta fans enquête la
demande formée par le Curé de Rieux, à fin de paiement
de la dîme de luzerne, qui n'avoit été introduite que de-
puis peu dans la Paroisse : mais Dénisart observe que le
Curé ne pouvoit pas invoquer Tufage des Paroisses voisi-
nes , deux Arrêts récents ayant jugé , dit-il, que la dîme
des luzernes y étoit insolite. Cette circonstance mérite la
plus grande attention : elle étoit décisive, bc elle montre
que ses deux Arrêts de 1769 bc 1770, quoique contrai-
res , ont été déterminés par se même principe, Tusege des
Paroifles voisines.
Dans tous ces Arrêts il s'agiíloit de fruits nouveaux, ou
prétendus tels, de fruits cultivés dans une Paroisse depuis
moins de quarante ans; les habitants en refusent la dïme.
Si le Parlement eût alors pensé que la dïme de ces fruits
étoit insolite de droit, par la seule nouveauté des fruits, il
devoit autoriser le refus des Décimables à ce seul titre de
nouveauté du fruit, bc fans aucune autre information ; mais
ce n'est pas ainsi qu'il a procédé : il ordonne que Ton fasse
des enquêtes, pour savoir si les fruits nouvellement culti-
vés dans se lieu du litige, sont cultivés depuis quarante ans
dans les lieux circonvoisins; si, dans ces lieux, ces fruits
sont íujets à la dîme : il ordonne que ces enquêtes seront
faites par les habitants : ceux-ci ne peuvent se libérer que
par la prescription, par la possession quarantenaire des lieux
circonvoisins ; les habitants doivent eux - mêmes faire la
preuve de cette possession des lieux circonvoisins. S'ils ne
la fournissent pas, ils sont condamnés à payer la dîme du
fruit nouvellement cultivé dans se lieu du litige, malgré
fa nouveauté dans le lieu du litige.
L'examen des Arrêts antérieurs aux dernieres contesta-
7i8 PROCÈS-VERBAL DE I'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tions fur la dîme, nous apprend donc qu'il n'est aucun de
ces Arrêts qui combatte expreííément le droit des Déci-
mateurs; que le olus,grand nombre de ces Jugements est
conforme aux 1 í
vraies o
maximes; le o_
nouveauíystême
que au-
quel on cherche, depuis 1775, à donner quelque crédit,
contraire d'ailleurs aux Loix Ecclésiastiques, aux Loix Ci-
viles du Royaume, n'a point été prépare par Taccienne Ju-
riíprudence.
jNous ajoutons que cette opinion moderne est inconnue,"
ou rejettée par les Jurisconsultes les plus célèbres qui ont
traité k matière décimale, bc qui íe sont appliques spé-
cialement à déterminer la nature des dîmes insolites, 6c à
fixer la véritable signification de ce mot.
Áuroiités des Personne ne doit trouver extraordinaire que nous met-
J unsconíuites. tions Van-Eípen à la tête de
ces Auteurs. Quoique ce Ca-
noniste ait écrit en Flandres, non-seulement la proximité
des lieux le mettoit en état d'être parfaitement instruit de
nos Loix lcC de nos usages; mais il en avoit fait d'ailleurs
une étude particulière, bc Ton reconnoît dans ses Ouvrages
les plus pures maximes de notre Droit.
T,.c -f7-.ri..r Sans rien accorder à Torigine des dîmes de ce qu'une
fiel. 4, tic. 1. , critique
tirùv. pan. 2. sévère peut lui contester, Van-Eípen voit rétablis-
sement indubitable de Tobligation de payer la dîme, dans
ses Concises bc dans les Capituíaires de nos Rois. Dans ces
autorités Van-Efpen voit encore, avec tous les Canonistes,
que le Droit Commun assujettit, à la dïme tous ies fruits
de la terre même tout ce qui donne un profit licite bC
,
honnête : dc-là les dîmes personnelles qui sont tombées en
désuétude, la possession étant d'une forte considération en
cette matière; mais, dit Van-Efpen, après avoir considéré
la Coutume, il faut, si elle manque, recourir au Droit
Commun.
Van-Efpen explique, conformément à ces principes bC
au Placard dé 1 J23 qui les a adoptés, tout ce qui regarde
la dîme des fruits de nouvelle culture : Hinc concludendum
efl Parochum aliumve Deamatorem fundatum eJJ'e in peten-
dis decimis quarumeumquefrugum quoujque probetur con-
,
jactudo quadraginta annorum auoaê. liane frugum fpeciem
DU CLERGÉ DE FRANCE .i z 2. SEPTEMBRE 1785. 719
juri commuai derogaffe, quum probationem facere tenetur*
qui vi hujusmodi consuetudmis décimas denegat.
La question de savoir si le seul fait du non-paiement de
la dîme d'un fruit qui n'a peut-être jamais été connu dans
le lieu, suffit pour en rendre la dîme insolite, se présentoir
d'elle-même : Van-Efoen se k propose en effet, bc il la ré-
soutd'apres les principes 6c se Droit Commun : Declaratur
nullatenus fufîcere merarrí negativam non folutwnem decima-
rum ex certis frugibus * îametjì etiam quadraginta annorum
fpatio ÓG ampliìis continuatam3qualis non foluûo éffe potes in
loco ubi nulU unquam hujufmodi fruges feminau juerunt
fed requin confuetudinem poftivam non Jolvendi décimas ex*
fruclibus ibidem feminatis eamque flabilitam achbus pofiti-
vis quales funt evecíwnes c% collecîwnes publics hujufnodi
*
frugum nullis unquam folutis aut jundice pratenfs deàmis;
*
quibus publias aclibus prafumitur tacitus consensus Parochia-
norum ÓG Clencorum* quod ex hujufnodi frugibus décima
necfolvi debeant nec pnetendi pojjint.
D'Héricourt,* en exposant les maximes de notre Droit
furie paiement des dîmes, pose pour règle générale, qu'on
ne doit point souffrir qu'on exige des dîmes insolites ; bc il
définit à Tinstant même ce qu'on doit entendre par dîmes
insolites fC c'est-à-dire, ajoute-t-il, des fruits dont on a cou-
*
de ne rien payer au Décimateur. D'Héricourt
,, tume
suppose donc qu'il faut, pour être excepté„de k dîme, la
preuve d'un non-paiement, preuve qui ne fauroit exister
qu'autant que le fruit íur lequel on n'a pas payé, a existé
lui-même. D'Héricourt donne, d'après ce principe Texem-
,
pic suivant d'une dîme insolite : « Ainsi* on ne peut obli-
à la dîme des foins dans les Paroisses où Tufage
„ ger payer
est bien justifié de ne point assujettir les foins au droit de

dîme. Un peu plus loin le même Auteur propose préci-
„sément „
la question de k dîme des fruits de nouvelle cul-
ture, bc il veut qu'on la décide par Tufage des Paroisses voi-
sines. "• En cas qu'on semé fur un territoire une eípece de
„ grain dont on n'a point coutume de recueillir k dîme , en
est-elle due aux décimateurs ? En ce cas il faut suivre

Tufage des lieux circonvoisins.
j, „
7z o PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Si Quand dans une Paroisse, ditHenrys, on a fait toujours
du chanvre ou que du moins, c'est depuis longues an-
,, nées ,
qu'on a accoutumé d'en semer, íans que les Curés

en aient jamais pris la dîme, c'est véritablement une'dr*'
„ insolite, bc à laquelle on peut: s'opposer ; mais si au-
,-, me
n'y avoit point semé de chanvre, bc que les
.., paravant on
habitants de la Paroiste voulussent en semer ô£ en faire

coutume, il y a lieu de douter que cette dîme, quoiqu'elle
,3
soit, en quelque forte, insolite, soit comprise en k Phi-
,.,
lippine; car ce terme d'insolite, doit plutôt s'entendre de
„ la dîme de Tefpece de fruits bc TOrdonnance n'a
que
„ songé qu'au paiement du droit qu'on ,
„ veut introduire, bc
non à la nouveauté des fruits. Que peut-on imputer à
„ Curé, bc peut-il être en négligence de prendre son
un
,, droit du
chanvre, si les Paroissiens n'en ont jamais semé?
„ Non nulU funt qualitates : bc la dîme ne peut être
entis
„ difputabìe qu'on n'établisse k chose;
,, en un mot, il faut
que Tufage íuppose deux extrêmes ; bí pour dire qu'on

n'a pas accoutumé de payer k dîme de quelques denrées,
„ il faut
qu'on ait pu s'en faire payer, bc qu'elle ait été exi-
,,
gible ; autrement fi le non-être y a répugné* ces plutôt
,, le défaut de la chose que du droit.
,, pour „
Parti Bcncf. Selon k définition de Routier, les dîmes locales sont
p. liO. celles qui se paient en quelques endroits, bc qui ne se paient
pas en d'autres. " Ceux, continue-t-il, qui ne Pont pas
payée pendant quarante ans, peuvent k regarder comme
,, dîme insolite, seront fondés à se défendre de
une bc bien
„ la Tufage des lieux. Routier suppose donc
„qu'ilpayer contre „
existe un usage de ne pas payer qui rend k dîme in-
solite. " Et afin, dit encore Routier, que la prescription soit
fondée à cet égard, il est nécessaire de justifier qu'un
„ bien
„ canton entier n'ait point payé cette efpece de dîme
de-
puis quarante ans ; car s'il n'y avoit qu'un ou deux par-
,,
„ ticuliers qui se prétendissent exempts, ils ne devroient pas
être écoutés.,,
„ Voici 1a
Traité des condition que Duperrai exige pour faire voir
Dîmes liv.
,
2. , chap. ii ,
que k dîme est insolite :
Ceft quand les Décimateurs ont été
P- 437' plus de quarante ans fans la demander d'une efpece laquelle
*
ils
DU CLERGÉ DE FRANCE , I I SEPTEMBRE I 7 8 5. 7 2.1
zZs n ont point levée; le fruit existoit donc, bc il étoit cul-
tivé dans le territoire, puisque la dîme pouvoit être deman-
dée quoiqu'elle ne Tait pas été.
,
Dunod en traitant des dîmes insolites, avertit que Traité
'. de la
,
£C pour qu'une dîme puisse être appellée insolite, parce qu'on Dîme,
" p. 2.1.

ne Ta pas exigée, d faut aiiil y ait eu occasion de la lever


,, fréquemment si donc Ton n'avoit
; point eu dans un lieu
„ de fruits d'une certaine efpece,
„ ou que Ton en eût perçu
en si petite quantité que la dîme n'en dût pas être regar-
„ dée
„ fondé comme un objet digne d'attention, Ton ne seroit pas
à dire qu'elle est insolite ; Ton ne pourroit pas al-
„ léguer
„ Enfin de avec fondement la prescription en ce cas. „
Joui discute la question avec étendue, bc sui-
vant lesmêmes principes : c£ Pour prétendre, dit-il, qu'une
dîme est insolite dans un canton ou même dans une Pa-
„ roiste, il suffit dire
,
.„ ne pas de que cette dîme n'a pas été
perçue de temps immémorial dans ce canton ou dans cette
„ Paroisse; il faut
,, prouver que de temps immémorial on y
perçu des fruits dont on prétend que la dïme est inso-
„ alite, fans en payer la dîme. En effet, si on n'avoit jamais
,, efpece de fruits dans le canton, on n'auroit
„ perçu cette
aucune possession à opposer au Décimateur, quand même,
,,
de temps immémorial, on auroit recueilli dans ce can-

des fruits non sujets à la dîme. Ce ne sont pas des
,, ton,
héritages qui doivent dîme, ce sont des fruits Les

habitants d'une Paroisse ne peuvent donc pas opposer leur
„ possession
de ne pas payer la dîme d'une elpece de fruits,

pendant le temps qu'ils n'ont pas recueilli ces fruits ; ils

n'ont aucune possession, 6£par conséquent point d'usage.
3,
La règle générale est que tous les fruits doivent la dîme ;

„ on a admis cependant un principe qui modifie cette règle
„ générale, bc en est une exception : ce principe est, que si'
dans une Paroisse ou dans un canton on est dans Tufage
„ de
,> ne pas payer la dîme d'une efpece de fruits, cette dî-
„ me comme insolite, n'est pas due ; mais on ne peut pas
dire qu'on fou dans ïusage de ne pas payer la dîme d'une
„ efpece de fruits
„ lorjquon ria pas recueilli de fruits de
*
efpece.
„ cette „ de
Procès-verbal 178 j. Pppp
72.2. PROCES-FBRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÊN ÉRJLE
Nous pourrions erostìr ce Recueil d'autorités en vous
,
rapportant les textes de Catelan livre premier chapitre 4;
, ;
de Coquille, institutions au Droit François, tome 4, cha-
pitre ?-j de Blegniam, de Forgct & autres 3 mais il nous
íuífira de remarquer qu'il n'clt pas un Auteur avant 1730,
qui, voulant définir ks dimes iníoktes ciont on est fondé
à refuser le paiement,-n'ait établi ía dchnition fur le fait
que le fruit existoit 3 qu'il y avoit matière à percevoir la
dîme 3 que cependant la dïme n'en a point été levée, c£
ou'ainfì elle est devenue insolite.
íl falloit que rattachement de ces Auteurs au vrai prin-
cipe tînt à des raiíons bien puissantes, puisqu'ils ont cons-
tamment suivi la vérité, malgré recueil dangereux qui de-
voit les en écarter : ils connoiiioient la fauíle Philippine,
ils la croyoient authentique, presque tous la citent comme
une Ordonnance du Royaumes mais ils restreignent ses*
dispositions à la défense de percevoir la aime, dont la non-
prestation étoit alléguée òc prouvée d'après une poíìeíiìon
quarantenaire, jointe à une culture connue.
Si, d'après quelques Arrêts mal interprétés, deux ou trois
Auteurs croient que la dîme iníolite ne doit pas se répder
par le Droit Commun, cette erreur les fait tomber dans
des incertitudes 6c des contradictions íensibles : ainsi Gi-
bert rejette la dîme des fruits nouveaux par l'autorité de la
fauíle Philippine, 6c rappelle la dîme des fruits nouveaux
par fautorité de la Déclaration non enregistrée de 1 6$j.
Ainsi Drapier nous dit que l'esprit de la Philippine n'est pas
qu'on levé la dîme des fruits nouveaux3 &C il dit eneore,
dans le même chapitre, que la dîme des fruits nouveaux
n'est pas celle dont veut parler la Philippine 3 tant les Ju-
risconsultes s'égarent, lorsqu'une fois ils ont perdu de vue
les Loix qui doivent diriger leurs décisions.
En vous exposant ces Loix, en développant leurs dispo-
sitions, en cherchant leur véritable esprit dans la Jurispru-
dence &l dans les Auteurs les plus estimés, nous avons eu
l'honneur, Meïïeieneurs c£ Messieurs, de vous faire voir
que tous les genres de preuves dont une pareille diícuflion
est íufceDtible, concourent à établir que le Droit Com-
DU CLERGÉ DE FRANCE,ÌÌ SEPTEMBRE 1785. yiy
m un assujettit à la dîme tous les fruits indistinctement.
Pour terminer ce Rapport, il nous reste à tirer la con-
séquence immédiate de ce principe.
Ecartons d'abord soigneusement toutes les équivoques Conclusion*
dont on a si souvent embarrasté cette question, 6c sépa-
rons-la de toutes les autres questions avec lesquelles les Dé-
cimables affectent de la confondre.
Un Cultivateur introduit dans uneParoiíle un fruit dont
la culture n'a pas été connue de mémoire d'homme 3 ce fruit
est recueilli fur une terre quelconques c'est-à-dire, fur une
terre qui précédemment avoit rapporté des fruits décima-
bies, ou íur une terre qui julques-là n'avoit donné que des
fruits non clécimables : l'état ancien de la terre est indifférent}
ë£ c'est en faisant abstraction de cet état, ainsi que de toute
autre circonstance , qu'on présente, dans les termes les plus
généraux, la question si la dîme de tels fruits íera due ou ne
ìe fera pas.
Cette question n'est point du tout celle de savoir s'il existe
3
ou s'il n'existe pas des dîmes insolites. On ne fauroit nier
qu'il existe des dîmes insolites, c'est-à-dire, les dîmes des
fruits qui ayant été cultivés dans une Paroiste depuis plus de
quarante ans, n'ont pasétéperçus. Ce íeroit une innovation
de prétendre la dîme en ce cas 3 ô£ cette innovation, si elle
étoit tentée de la part des Décimateurs, ne manqueroit pas
d'être réprimée, hors le cas où il s'agiroit de la dîme des gros
fruits, parce que les Décimables ont la faculté d'acquérir
raffranchissement de la dîme des menus fruits, par la postes'
sion quarantenaire de les recueillir íansen payer la dîme.
Mais outre les dîmes insolites dont nous venons de par-
ler c£ dont ['existence est reconnue en existe-t-il d'autres
, ,
qui doivent être déclarées étalement insolites, par le fait
qu'il n'y a pas eu lieu à les lever parce que le fruit fur lequel
,
on les demande, n'a pas existé précédemment dans la Paroisi
se ? C'est cette question qui se confond avec celle de la percep-
tion de la dîme des fruits nouveaux ô£ qui est, encore une
,
fois, distérente de la question s'il existe des dîmes insolites-
La question de la dîme des fruits de nouvelle culture est
également très-distincte de la question si en matière de dî-
,
Pppp z
7Z-4 'PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉN ÉRALE
me , il y a subrogation d'un fruit à un autre. Qu'on adepte,
avec la plus grande étendue, le principe que les dîmes ne
font pas dues fur le fonds mais uniquement fur les fruits5
s
qu'on écarte les dispositions de l'Edit de 1657, dont l'en-
régistrement n'a été prononcé dans aucune Cour, quelle
conséquence en résultera-t-il ? Que si son íeme dans une
terre qui produiroit des fruits íujets à la dîme , d'autres
fruits dont la prescription acquiíe par les habitants a rendu
,
la dîme insolite, le Décimateur en demandera inutilement
la dîme, on lui opposera, avec succès, qu'elle est insolites
& il repiiqueroit vainement que cette dîme lui est due,
parce que les fruits dont il s'agit, ont remplacé des fruits
déclinables : les Cultivateurs repliqueroient, à leur tour,
qu'il n'y a point de subrogation en matière de dîme.
La question de ia dîme des fruits de nouvelle culture
n'est donc, ni cette question de subrogation qui se trouve
décidée implicitement contre les Décimateurs par le refus
d'enregistrement de la Déclaration de Ï 657, ni la question
de l'existence des dîmes insolites que nous ne mettons pas
en problême : c'est une question toûte différentes cherchons
les motifs qui peuvent la décider.
La théorie des dîmes, lorsqu'on ne la puise que dans les
principes les Canons ô£ les Loix, présente une fuite d'idées
,
simples, faciles à saisir, & pleinement d'accord entre elles.
Les peuples fournissent la subsistance aux Ministres du culte
religieux s ils partagent avec eux les revenus de leurs biens:
les besoins de ces Ministres font les mêmes que ceux des
peuples: l'obiigation qu'on leur impose de payer la dîme,
est donc générale, universelles elle porte fur tous les fruits
que les peuples recueillent &C emploient à leurs usages s c'est
le précepte dicté par la raison. Pourquoi une espèce de fruit
seroit-elle affranchie de ìa dîme tandis qu'une autre efpece
,
y leroit assujettie ? C'est le précepte écrit dans les Canons
des Conciles & dans les Ordonnances des Princes.
Les âges se succèdent, les peuples négligent une partie
de leur devoir, &c des Ministres, ou indifférents fur l'exer-
cice entier de leurs droits, ou compatissants peut-être à des
besoins plus marqués, iaissent les peuples cultiver certains
DU CLERGÉ DE FRANCE J. Z Z SEPTEMBRE 17S j\ 71/
fruits fans en exiger la dîme : l'obligation de payer s'éteint
par la prescription s ou si elle n'est pas réellement éteinte,
parce que son titre subsiste dans la Loi, on ne pourroit la
faire revivre fans opérer une commotion 5 les choses reste-
ront dans l'état où elles fonts l'ufage de ne pas payer
ce qui étoit exigible , fera respecté : de-là les dîmes inso-
lites, 6C long-temps les différentes Provinces du Royaume
ne connurent, en matière de dîmes, que ces deux princi-
pes : la dîme est due de tous les fruits s règle générales mais
on perd le droit de la demander fur certains fruits, lorsque
les Cultivateurs ont été pendant quarante ans en possession
de les recueillir fans en payer la dîmes exception, &C feule
exception à la règle.
Cette marche continue avec la même simplicité , jus-
,
ques dans ce siécle. On est arrêté un moment par les qua-
tre mots íuppofés écrits dans s'Ordonnance de 1303, à
nova exacíwne deamarum. Mais avant même qu'on fût en
état de reconnoître la supposition de ces mots, les princi-
pes de la raiíon arrêtoient l'abus d'un texte peu exact s on
étoit persuadé que l'Ordonnance n'avoit eu d'autre objet,
que de défendre la perception des dîmes insolites, òc on
fentoit qu'il n'étoit pas postible d'appeller insolite une dîme
qu'il n'y avoit pas eu occasion de percevoir, qu'on ne pou-
voit pas supposer des attributs à un être qui n'existoit pas.
Vers 1710 &c 1730, on imagine de prester les consé-
quences littérales du texte de l'Ordonnance de 1303, tel
qu'il se trouvoit écrit dans des compilations trop peu su-
res. La raison &C l'autorité des exemples pafìés, luttent con-
tre finterprétation servile de ce texte 3 mais elles ne font
pas toujours assez puissantes pour remporter la victoire :
de-là quelques incertitudes qu'on remarque dans la Juris-
prudence depuis 173 o, & les contradictions que nous avons
fait observer chez quelques Auteurs. Vers 1770 on atta-
que le mal dans fa racine 3 on fait remarquer l'altération
du texte de l'Ordonnance 3 on montre même fa révoca-
tion, supposé qu'elle ait existé telle qu'on la lit. La vérité,
préíentée au Parlement de Paris, le ramené aux véritables
principes : il les confirme par plusieurs Arrêts s e£ lorsqu'il
7 z 6 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLEE-^GÉNÉRÂLE
apperçoit que les difficultés que l'on a toujours à déraciner
les erreurs, occasionnent encore des décisions qui ne por-
tent que fur un texte d'Ordonnance falsifié , il prend le
seul parti que la sagesse puiste dicter ; il demande une Loi
au Souverain.
Le Clerp-é, qui voie la partie la plus précieuse de ses
revenus fur le point d'être considérablement diminuée, par
la facilité de se soustraire au paiement de la dîme forme
la.même demande, qu'il plaise au Souverain de , donner
une Lci.
Dans quelles sources puiser les dispositions de cette Loi ì
Sans doute ce ne fera pas dans les décisions particulières,
combattues par d'autres décisions. Quand la vérité a été
couverte de nuages, il n'y a qu'un moyen de la retrouver
avec son éclats c'est de remonter au-delà du temps où elle
a commencé à s'obscurcir 5 ÒL si,, dans les circonstances pré-
sentes, on a recours à ce moyen infaillible, si l'on se re-
porte seulement au siécle dernier, tous les doutes difparoî-
tront bientôt s il ne restera que la règle générale qui assu-
jettit l'universalité des fruits à la prestation de la dune, 6c
l'exception unique qui affranchit de la dîme certains fruits,
lorsque, par une possession quarantenaire de les recueillir
fans en donner aucune partie aux Décimateurs, on a pres-
crit contre l'obligation de payer la dîme.
Le Roi se trouvant alors dans la même position où se
trouvoit Charles-Quint, lorsque la question de la dîme des
fruits de nouvelle culture s'éleva dans ses Etats, statuera de
la même manière que le fit Charles-Quint par les Placards
de ij-zo &c de 1523. La question se présenta aux yeux de
Charies-Quint, dégagée de tous les embarras que raflem-
blent la variété des Arrêts &C les opinions diverses des Ju~
rifconfultes : Charles-Quint décida la question d'après les
principes, les Canons &c les Loix s pourquoi, en suivant les
mêmes autorités, ne statueroit-on pas de la même manière
en France ?
Un premier article de la Loi à donner fur cette matière,
seroit donc de confirmer l'usage des dîmes insolites, en dé-
clarant que quand les habitants seront en état de prouver
DU CLERGÉ DE FRANCE* ZZ SEPTEMBRE 17SJ. 7Z7
qu'un fruit, autre que le bled, le seigle, Forge ôcTavoine,
a été recueilli dans leur Paroiste pendant quarante ans fans
qu'ils en aient payé la dîme, la dîme de ce fruit fera répu-
tée insolite, ìk. ne pourra être levée par les Décimateurs
dans aucun cas, hors celui de l'indemnité.
Le second o£ le troisième articles seront relatifs aux fruits
de nouvelle culture 3 savoir, le second à ceux de ces fruits qui
étant nouvellementintroduits dans la Paroiste où la question
de la dïme s'élèvera, feroient connus depuis plus de quarante
ans dans les Paroiíìes voisines 3 6c le troisième relatif aux
fruits qui ne feroient pas plus connus dans les Paroisses voi-
sines que dans la Paroiste où la question s'éleveroit, ou du
,
moins qui n'y feroient pas connus depuis quarante ans.
Le second article porteroit, que dans le cas où les Dé-
cimateurs demanderoient la dîme d'un fruit cultivé depuis
moins de quarante ans dans une Paroiste, les habitants de
cène Paroiste seront admis à articuler, oi à faire preuve
que la même efpece de fruit est cultivée depuis plus de qua-
rante ans dans les Paroiíìes voisines , lans qu'on en ait payé
la dïme, &c que la preuve faite, ils íeront déchargés de la
demande des Décimateurs.
Mais dans le cas où les habitants auxouels la dîme feroit
demandée, n'articuîeroient pas le fait dune posteíhon qua-
rantenaire de recueillir les fruits dont il s'agit dans une
Paroiste voisine, fans en payer la dîme, ou n'en feroient
pas la preuve, ils seront condamnés à payer la dîme qui
leur fera demandée à la même quotité que celle des autres
fruits anciennement cultivés dans la Paroiste.
On pourroit ajouter un article pour expliquer que l'on
entend par Paroisies voisines, des Paroistes du même Rail-
liage, de la même Election &C du même Diocèse, &L qu'il
faudra faire la preuve de l'exemption au moins íur trois
Paroisses voisines afin d'obtenir la même exemption.
,
II est à remarquer qu'on se relâche en faveur des Cul-
tivateurs lorsqu'on les affranchit de la dîme dans le cas ou
,
il s'agit de fruits exempts de ces droits dans les Paroistes
voisines : la rigueur des conséquences qui résultent des prin-
cipes òc des Loix, en <r,ette matière, iroit à condamner au
•7Î.-8 PROCES-.FES.BAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE^
paiement cle la dîme, dès que l'on n'a pas acquis dans la
Paroisse même, la possession quaranterìaire de ne pas la
payer s mais trois motifs déterminent à ne pas demander
qu'on prononce avec cette sévérité.
Le premier est de prévenir une objection qu'on pourroit
tirer de l'Edit de Melun, lorsqu'il renvoie à la Coutume
des lieux circonvoisins, si la Coutume du lieu même où la
question s'élcve, est obscure &C incertaine. -*?.-*-'
Le second est l'avantage de donner pour base au projet
qu'on proposera, trois Arrêts très-formels du Parlement de
Paris3 savoir, celui du z Janvier 1765, celui du 1 j Fé-
vrier 1769, celui du 27 Juillet 1779, o£ de s'autoriser
encore de l'exemple de ce qui a été ordonné par Charles-
Quint en 15Z3.
Le troisième est d'obtenir plus facilement une Loi nou-
velle, en accordant aux Cultivateurs au-delà de ce qu'ils
ont droit d'exiger. La nerte qui résultera de cette remise,
sera compensée par l'avantage d'aslurer les droits que l'on
conservera, 8>C de percevoir sans procès la dîme telle qu'elle
aura été réglée.
On objecte toujours qu'exiger des Cultivateurs la preuve
qu'ils n'ont pas payé la dîme d'un fruit, c'est les soumettre
à la preuve d'un fait négatif, genre de faits, qui, suivant
les principes & les dispositions des Loix, n'est pas suscepti-
ble d'une preuve positive.
La réponse à cette objection est, que le fait de la non-
prestation de la dîme sur des fruits récoltés dans un terri-
toire renferme un fait positif, aussi facile à prouver, que
,
peut l'être la prestation même de la dîme. En effet qu'arrive-
t-il lorsqu'on ne paie pas la dîme de certains fruits ? Que
le Cultivateur qui fait la récolte, emporte dans les gre-
niers ia totalité du fruit qui est recueilli fur le fonds dont
il s'agit. II n'est pas plus difficile de trouver des témoins
qui déclareront avoir aidé à couper les fruits, à les voitu-
rer, à les serrer en totalité, qu'il n'est difficile de trouver
des témoins qui déclareront avoir vu les gens du Décima-
teur lever, ia dîme, & percevoir, à ce titre, une partie des
fruits coupés. C'est de ce fait positif compris dans la non-
prestation
DU CLERGÉ DE FRANCS jii SEPTEMBRE I70 j. 72.9
prestation de la dîme, que parle Van-Espen, lorsque trai-
tant des conditions nécestaires pour prouver qu'une dîme
est insolite, il observe dans le texte que nous avons déja
cité : Nullatenus Jufficere mère negativam non folutionem
dedmarum ex certis frugibus --Jed requin confuetudinem
s..
pofitivam non solvendi décimas ex fruchbus ibidem je mina-
ùs eamquejlabihtam acíis poJiaviSj quales sunt evecíwnes
3
úG collectwnes pubhcoe hujujmodi frugum nuílis unquamso*
3
lutis aut jundice proetenfis decimis.
Par la raison que la non-prestation des dîmes renferme
un fait positif, savoir la collection intégrale des fruits, lors-
que les Arrêts ou les Sentences portent qu'il fera procédé
à une enquête} pour prouver, de la part des Décimateurs,
la possession de percevoir les dîmes, on ne voit pas un de
ces Jugements qui n'ajoute, fur la demande des Décima-
bles, la faculté de procéder à une enquête contraire , de
faire la preuve du fait de la non-prestation de la dîme par
,
le fait de la perception ô£ de la déposition libre du total des
fruits s la double enquête ne manque pas de se faire : ce
sont même les Décimables qui font les plus empressés à
prouver qu'ils n'ont point payé la dîme qu'on leur demande.
Plus d'une fois ils ont réuni dans leur preuve, ôt ils ont
été en conséquence déchargés des demandes des Décima-
teurs. La preuve du fait de la non-prestation de la dîme,
n'est donc pas une preuve impossible. Une preuve que tous
les Tribunaux ordonnent, une preuve que tous les Déci-
mables demandent à faire, ne peut point être regardée
comme une preuve impraticable.
Ainsi en expliquant les Loix les Arrêts, les Auteurs
,
dans leur sens naturel, en écartant les équivoques ô£ les
subtilités, en discutant la madère pour réclaircir &£ non
pour disputer, le régime décimal se présente avec la plus
grande netteté, ô£ se réduit aux termes les plus simples.
En conséquence, la Commission est d'avis que r Assem-
blée prie Monseigneur l'Archevêque de Narbonne de voii'j
le plutôt qu'il le pourra, M. le Garde des Sceaux, pour
l'engager à seconder les voeux réunis de la Magistrature ôc
du Clergé, & à supplier Sa Majesté de vouloir bien ex-
Proces-verbal de ij%$. Qqqq
730 PROCÈS-VERBAL DE L
ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE)
pliquer sa volonté sur la perception de la dîme des fruits
de nouvelle culture, ôí donner à ce íujet des Lettres-Pa-
tentes , lesquelles, en confirmant ôí. interprétant, entant
que de besoin , les Loix cl Ordonnances du Píoyaume fur
la matière des dïmes déclarent, i°. que, quoique par
p
lesdites Loix S£ Ordonnances du Royaume, tous les fruits
soient suiets à la dîme, néanmoins Sa Majesté veut ex, en-
tend, que loríque les Habitants ôc Cultivateurs d'une Pa-
roiste articuleront c£ prouveront qu'un fruit, autre que les
fruits réputés grostes dîmes, a été recueilli dans ladite Pa-
roiste pendant quarante ans fans en payer la dîme, cette
dîme íoit réputée iníolite, & ne puiíie être levée par les
Décimateurs dans aucun cas., hors celui de ['indemnité,
lorsqu'elle aura lieu.
zQ. Que dans le cas où les Décimateurs demanderoient
la-dïme d'un fruit cultivé depuis moins de quarante ans
dans une Paroisse, les Habitants &C Cultivateurs de ladite
Paroiste feront admis à articuler òc à faire la preuve que la
même eípece de fruit est cultivée depuis plus de quarante
ans dans les Paroistes voisines, fans que lesdites Paroistes
voisines en aient payé la dïme 3 £í que ladite preuve faite,
la dîme n'en pourra être exigée par \cs Décimateurs,
30. Que dans le cas où les Habitants ci Cultivateurs
ne pourroient prouver que le fruit cultivé depuis moins de
quarante ans dans leur Paroiste, a été recueilli pendant qua-
rante ans dans les Paroisses voisines, fans que lesdites Pa-
roistes voisines en aient payé la dîme, alors leídits Habitants
& Cultivateurs seront condamnés à payer la dîme du fruit
ainsi cultivé fur leurdite Paroisse, à la même quotité que
celle des autres fruits anciennement cultivés fur le même
dîmaire.
La matière mise en délibération, il a été arrêté, con-
formément aux conclusions du Bureau, de prier Monsei-
gneur ì'Archcvêque de Rheims, Monseigneur i'Archevê-
que de Tours, & Meilleurs les Abbés de Panât &C d'Ánstrude
de voir M. le Garde des Sceaux, ôc" de conférer avec lui
fur les objets contenus dans les quatre articles dont il vient
d'être fait lecture. Monseigneur l'Archevêque de Nar-
r-u CLERGÉ DE FRANCEJ z5 SEPTEMBRE 1785-. 731
bonne a été prié de vouloir bien se joindre à ia députation,
Messeigneurs ô£ Messieurs les Commissaires ont été
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, z3 Sep-
tembre 17S5 à neuf heures du matin.
,
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque & Primat
de Narbònne, Président*

DU VENDREDI, VINGT-TROIS SEPT. 178/.


à neufheures du matin.
Monseigneur F Archevêque de Narbònne, Président.

MOnfeigneur l'Archevêque de Narbònne a dit : Qu'il XCÏV


avoit reçu une Lettre du Roi à l'Assemblée 5 qu'il SÉANCE,

alloit en être fait lecture. Sur quoi lecture faite de cette


Lettre par Monsieur l'Abbé de Périgord, Secrétaire, il a
été arrêté qu'elle seroit insérée dans le Procès-verbal.

LETTRE DU ROI
A U ASSEMBLÉE.
71 M"F, s s.
j pour
de bonnes ÓC importantes raisons ai
JLrJLjugé mile aux vues que je me propose, de suspen- „
f
dre vos Séances, a compter du 30 du présent mois de Sep-
tembre jusqu'au 3 Juillet de tannée 1786, auqueljour
_y vous
les reprendre^pour suivre les affaires qui vous restent à traiter}
sans qud soit besoin de nouvelle convocation, de ma part âC
:
la présente ríétant à autre sn je prie Dieu qu'il vous
j
ait) MESS, j en fa sainte garde. Ecrit à Saint-Cloud.s le
21 Septembre 1785. Signé, L O UIS. Et plus bas, le Baron
DE B B ET EU IL. Et au dos est écrit : A Mess, les Arche-
Q q4q *•
7 3 2- PROCÌS-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
veques, Evèoues âC autres Eccléjiasuques députés a l'Ajjem-
blée-Générale du Clergé de France convoquée par ma

permission en ma bonne ville de Pans.

Meííeiçneurs &C Messieurs les Comirsistaires pour le


,
Temporel, ont pris le Bureau. Monícigneur TArchevêque
d'Âix Chef de ia Commission, a dit : Qu'il alioit être fait
,
le Rapport de plusieurs objets importants dont le Bureau
s'est occupé, úí qui paroisient mériter l'attention de l'As-
semblée 3 qu'un de ces objets concernoit une imposition
mise par les habitants de Palleau fur le quart de réserve
appartenant au Chapitre de Dijon, pour íubvenir aux frais
de constructions & réparations de l'Eglife & du Presbytère
de Palleau. Le Rapport en a été fait ainsi qu'il suit.
MESSEÍGNEURS
ET MESSIEURS,
L'Eglife &C la Maison curiale de la Paroisse de Palleau,
Dioceíe de Chalon-sur-Saône, ayant exigé en 1780 des
réparations ô£ des reconstructions considérables, les habi-
tants & forains de ce lieu se pourvurent par Requête de-
vant M. l'intendant, à l'estct de reconnoître lelditcs répa-
rations év reconstructions : elles furent constatées confor-
,
mément à son Ordonnance, dans un devis qui fut alors
drehé par un Entrepreneur. La délivrance de ces ouvrages
a été tranchée au rabais par le Subdélégué de M. l'Inten-
dant, à la charge, par les habitants &L forains, d'en payer
le prix dans les termes prescrits.
Pour y parvenir, ils firent dresser le 7 Juin 178 1 un
rôle dans lequel, au mépris de l'usage observé de tout
,
temps &C contre toute eípcce de raisons, ils ont compris le
quart de réserve du Chapitre de la Cathédrale de Dijon :
ledit rôle homologué bL rendu exécutoire nonobstant toute
opposition, les habitants dudit lieu ÒC les forains, par le
ministère de leur Echevin, essayèrent de faire payer au
Chapitre de Dijon le montant de la quote à laquelle il avoit
été taxé dans ledit rôle : il fit valoir ses exceptions &C re-
,
fusa d'y satisfaire pour la totalité de ía quote 5 ÒC il fit des
DU CLERGÉ DE FRANCE , 2.3 SEPTEMBRE 178 j. 73 3
offres d'y contribuer, suivant la proportion établie pour
les fonds qu'il posiede dans le territoire de Palleau autres
,
que le quart de réserve. Sur ce refus, les habitants le me-
nacèrent de contrainte ; &C ils l'ont estectué, par le com-
mandement qu'ils lui ont fait signifier le 24 Juillet 1781,
de payer leur quote d'imposition.
Le motif du refus du Chapitre de Dijon est fondé fur-
,
la nature du quart de réíerve, &c fur le danger d'un exem-
ule qui compromettroit les droits ôc les intérêts des Corps
Ecclésiastiques Ôí des Bénéficiers qui ont toujours joui,
pour leur quart de réserve, de la franchiíe qu'ils réclament,
6í qui leur est fi ouvertement contestée.
Dans ces circonstances, ôé d'après l'avis de ses Conseils,
le Chapitre crut devoir préienter Requête au Parlement,
dans laquelle il concluoit à ce qu'il plût à ia Cour permet-
tre de faire venir à l'Audience , tant les habitants, que les
forains de Palleau, pour voir dire. qu'Acte lui íeroit donné
de i'oppositîon qu'il forme tant à la quote de 408 livres à
,
laquelle il a été impoíé, qu'au commandement qui lui a
été fait de payer ladite íomme & à tout ce qui s'en est
,
ensuivi j qu'Acte lui sera pareillement octroyé des conclu-
sions qu'il prend, à ce que, faiíant droit íiir ladite opposi-
tion ladite quote íoit réduite à 300 livres, ostertes par
,
Exploit du 14 Juillet, à raiíon des tonds qu'il poíicde dans
le territoire autres que le quart de réíerve. íl concluoit
,
enfin subsidiairement, à ce qu'il plût à la Cour déclarer que
le quart de réserve des bois du Chapitre n'ayant pu être
compris dans les biens du Chapitre íujets à l'imposition dont
il s'agit, ordonner que les Parties conviendront d'Experts,
à l'efret de fixer la quote à laquelle il auroit pu être impo-
íé, à raison des biens òC revenus qu'il pofiede dans le ter-
ritoire de Palleau autres que le quart de réíerve.
En faiíìílant le , Parlement de cette affaire, le Chapitre
de Dijon n'a eu d'autre objet que de gagner du temps,
afin de pouvoir vous dénoncer cette entreprise. II a bien
moins de confiance dans la bonté de fa cause, que dans la
protection puissante de l'Assemblée. II réclame avec d'au-
tant plus d'assurance votre appui, Messeigneurs c£ Mes-
7 3 4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
sieurs, que dans l'état de détresse où il est, & qui ne peut
-que devenir plus accablant par l'augmentation des Por-
tions congrues, il n'a rien à perdre.
Mais il est -moins touché de son intérêt, que du dom-
mage qui en résukeroit pour les Corps Ecclésiastiques ÔC
les Bénéficiers, si un pareil usage s'introduisoit. Sans doute
vous jugerez, Messeigneurs Sc Messieurs, que cette affaire
-est d'une grande importance, Ô£ nous ne doutons pas qtfe
vous ne fassiez des efforts pour faire proscrire une imposi-
tion inconnue jusqu'à présent, ô£ que repouíle la nature
aiiéme des quarts de réserve.
Le simple expoíe des moyens de défense du Chapitre de
Dijon vous convaincra de la justice de ses réclamations.
,
En effet, le revenu annuel étant la baie de toute imposi-
tion si les quarts de réserve n'offrent pas un produit de
3
cette nature, la réclamation du Chapitre de Dijon est fon-
dée 5 oc" c'est avec raison qu'il se plaint d'avoir été taxé au-
delà de son revenu. Or, il est évident que ía réíerve ne lui
est annuellement d'aucune utilité. Son accroistement est
lent, progressif; le produit en est éventuel, incertain, éloi-
gné destiné à croître en futaie ; le revenu qu'elle rendra à
,
l'époo.ue de íon exploitation, dépend d'une longue suite
d'années, isolée détachée des revenus du bénéfice dont
, 3
elle ne fait plus partie par la volonté du Légistateur, elle
n'en a été distraite, que -pour en être la resiource au be-
soin & dans les accidents imprévus. Sous ce point de vue,
le seul sous lequel elle puiíle être considérée, les habitants
de Palleau dévoient s'abstenir de comprendre la réserve du
Chapitre de Dijon dans le rôle de répartition.
Mais le point décisif dans cette affaire, ô£ auquel il n'y
a point de réplique, consiste à dire que les Chapitres, &£
à plus forte raison les Bénéficiers ne íont, ni propriétaires
5
ni usufruitiers des quarts de réserve; les bois appartiennent
tous aux Bénéfices-, ils ne'font &C ne peuvent être em-
ployés que pour les beíoins des Bénéfices. Une fois distraits
de la maste des revenus, ils n'en feront jamais partie. Ces
exceptions siinsifent pour éloigner toute idée de contribu-
tion; elles fournissent des motifs plus que suffisants pour en
démontrer Tinjustice.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 13 SEPTEMBRE 1785. 735
L'usufruit suppose un revenu annuel; il est de sir nature
d'ofrrir une jouissance. C'est un domaine qui, que;qu'in-
direct qu'il soit, profite, ôc" doit être utile, au moins pen-
dant ia vie de i'ufufruitier. Les quarts de réserve n'offrent
aucune elpece de jouissance ; un quart de réserve , avant
que le bois n'ait pris tout ion amendement en hauteur cìc
en 2;i*oííeur, coutume &C absorbe les vies de trois à quatre
Bénéficiers : ils ne íont pas les maîtres d'en disposer, ni de
les faire tourner à leur profit particulier ; ils n'ont pas mê-
me la liberté d'y faire couper, pour leurs beíoins, un pied
d'arbre, une vieille écorce, íans s'expoíer, suivant le texte
précis de l'Ordonnance des Eaux oc Eorêts du mois d'Août
1669, à une amende envers le Roi, du quadruple de la
valeur des bois coupés.
Enfin, les quarts de réserve sont entièrement dans ia main
du Roi. La main-morte ne peut les couper, íans y être
préalablement autorisée par des Lettres-Patentes duemenc
,
enregistrées. La coupe n'est accordée que íur les beíoins con-
nus, òc" constatés par Procès-verbal du Grand-Maître. Les
deniers qui en proviennent, doivent être consignés encre
les mains du Receveur-Général des Domaines 6c Bois,
lequel ne peut s'en deíìaisir que fur des Ordonnances Yki
Grand-Maìcrc. il ne les délivre que loríque remploi pres-
crit par les Lettres-Patentes, est entièrement rempli. íl est
bien difficile d'appercevoir dans cet exposé un revenu
,
utile ec annuel au profit des Bénéficiers ex: Corps Ecclé-
siastiques.
En un mot, si les quarts de réserve pouvoient être assu-
jettis à une imposition de cette nature, ce ne pourroit être
que conformément, ou à un usage établi, ou à une Loi
connue. Nous croyons pouvoir avancer que cette imposi-
tion a été inconnue jusqu'à ces derniers temps, &c qu'il
n'existe aucune Loi qui les assujettisse à la contribution dont
il s'agit.
D'après cet exposé, Messeigneurs cVj Meilleurs nous
,
croyons qu'il est juste & convenable d'accorder votre pro-
tection au Chapitre de Dijon, & nous vous propoíerons
en conséquence , de délibérer de faire une députation à
73 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
M. le Contrôleur-Général, pour le prier d'ordonner le rap-
port de i'Ordonnance de M. l'Intendant de Bourgogne, qui
autorise les Habitants 5c" Forains de la Paroisse de Palleau
à imposer ledit Chapitre, à raison de son quart de réserve,
ôc de donner une décision qui maintienne les Bénéficiers
& les Corps Ecclésiastiques, pour leur quart de réíerve,
dans la franchise de toute imposition pour les charges com-
munes,
Le Rapport fini, l'Aíìemblée a prié Monseigneur 1*Ar-
chevêque d'Aix, Monseigneur l'Evêque de Dijon, S£ Mes-
sieurs les Abbés de M-essey ôc de la Mire-Mory, de solliciter
auprès de M. le Contrôleur-Général une décision, qui, en
réformant l'Ordonnance de M. l'Intendant de Bourgogne,
en ce qu'elle autorise les Habitants & Forains de la Paroiste
de Palleau à imposer le Chapitre à raison de son quart de
réserve, aux réparations ò£ reconstructions de TEgliíe Pa-
roissiale de du Presbytère, maintienne les Bénéficiers ôc les
Corps Ecclésiastiques dans la franchise de toute contribu-
tion aux charges communes, à raison des quarts de réserve.
II a été dit ensuite :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Depuis le Contrat passé à Poissy en 156i le Clergé
,
jouit du privilège des Gabelles, c'est-à-dire, que chaque
Ecclésiastique est exempt de prendre plus de sel qu'il n'en
consomme òc qu'il peut indifféremment se le procurer au
,
Regrat ou au Grenier à Sel, sans être tenu de représenter
les billets de fournifiement, & de laisser entrer chez lui les
Employés de la Gabelle, fous prétexte de faux sel; tous les
Contrats passés entre le Roi & le Clergé depuis 15 61
,
jusqu'en 177J expriment ainsi le privilcre du Clergé pour
,
les Gabelles : « Et encore demeureront quittes Ô£ déchar-
33
gés leídits Seigneurs du Clergé de i'impôt du sel qui se
?? levé, tant
ès Villes, qu'aux champs ôc" Provinces où ledit
33 impôt a
lieu, fans qu'ils puissent être recherchés en leurs
33
maisons, ni appelles pour représenter les billets de leurs
53
fournistements; cC défenses font faites à tous Officiers de
33
contraindre
DU CLERGÉ DE FRANCE, 2.3 SEPTEMBRE 178J. 757
« contraindre aucuns Bénéficiers, ou personnes Ecclésiasti^
s» ques
constitués aux Ordres sacrés, de prendre plus grande
ÎJ
quantité de sel aux Greniers de Sa Majesté, ou chez les
33
Regratiers & non ailleurs, tk. fans préjudice des amendes
33 contre ceux qui
seront convaincus d'avoir acheté du faux
33
sel; faisant néanmoins défenses auxdits Officiers de faire
33 aucunes
recherches dans les maisons des Ecclésiastiques,
33
fous prétexte de dire qu'ils auroient usé du faux sel, &C
3j
qu'il y en a chez eux. 33
Malgré des dispositions aussi précises, l'Adjudicataire
des Fermes fit assigner les Curés de Saunai, Villiers oc Saint-
Maur, à l'effet de lever au Grenier de Buzançois leur sel
de 1782., ò\C d'en prendre plus qu'il n'est néceíîaire à leur
consommation sous peine d'être soumis à ia rigueur de
,
l'Ordonnance des Gabelles; fur leur refus, on les condamna
à Buzançois ; ils interjetterent à la Cour des Aides un ap-
pel, auquel ils ne donnèrent point de fuite. Menacés par
les Officiers des Aides ils écrivirent directement au Mi-
,
nistre des Finances, qui, le 14 Mai 178x5 leur répondit
que « l'obligation à laquelle ils vouloient ie soustraire, leur
53
étoit commune avec tous les Sujets du Roi soumis à la
33
Gabelle.» H ajoute que « les Contrats pastés entre le Roi
33 ôc"
le Clergé n'ont pu déroger à l'Ordonnance des Ga-
33
belles, &: que le Conseil l'a jugé ainsi en toute occasion. »
Ces Curés, dans l'efpoir d'obtenir justice, par les foins
de Messieurs vos Agents, négligèrent les moyens de défense
qu'ils en avoient reçus, c£ provisoirement levèrent leur sel
au Grenier, sans payer leurs frais ; mais les délais de l'appel
étant expirés on les poursuivit le 3 o Septembre 1781,
j
pour les frais ô£ l'amende de cent cinquante livres qu'ils
payèrent.
L'Assemblée de ij2z, fur le Rapport de Monseigneur
l'Archevêque de Bordeaux chargea Messieurs les Agents
,
de íolliciter une interprétation de l'Ordonnance de 1680,
par laquelle Sa Majesté confirme le privilège du Clergé
pour l'exemption des Gabelles, conformément aux termes
des Contrats.
Messieurs les Agents ont réclamé l'exécution de cette
Procès-verbal de 1785. Rrrr
73^ PR.OCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
clause de vos Contrats ; ils ont rappelle les Arrêts du Con-
seil, des 14 Septembre 1635, 10 Août 1641, 18 Mars
1643, 11 Octobre 1650, 18 Mars 1666 3 ëè" un grand
nombre. d'Arrêts des Parlements qui confirment l'exemp-
tion des Gabelles en faveur du Clergé : on leur oppose l'Or-
donnance de 1680, comme dérogeant aux privilèges du
Clergé en cette partie ; mais c'est postérieurement à cette
Ordonnance ëc" en grande connoiííance de cause, que les
Contrats pastés entre le Roi oc" le Clergé contiennent la clause
que nous avons rapportée. Sa Majesté s'engage expressément
« à faire délivrer, pour leur exécution, tous Edits, Décla-
33 rations,
Commissions, Arrêts ôc" autres Actes ôc" Expédi-
33 tions
nécestaires, & de les faire vérifier &£ enregistrer
33 dans
les Cours, ô£ par-tout ailleurs où besoin sera. »
Si des clauses austi claires &C aussi formellement expri-
mées peuvent être regardées comme illusoires & rester
,
lans exécution il feroit plus intéressant pour les Bénéficiers
,
qu'elles ne fustent point insérées dans les Contrats ; les Ec-
clésiasticyues instruits qu'ils n'auroient plus l'exemption de
la Gabelle, ne s'expoferoient point aux vexations des Offi-
ciers du Sel, èc aux humiliations qu'éprouvent, en parti-
culier depuis quelques années, les Curés du Buzançois, pour
soutenir un privilège qu'ils regardent comme inviolable :
mais nous ne devons pas craindre de faire de nouvelles ins-
tances à Sa Majesté, pour la supplier de donner une déci-
sion conforme à la clause des Contrats, ou une interpréta-
tion de l'article premier, du titre 19 de l'Ordonnance de
1680, concernant l'impôt du sel, à l'effet de l'exécution du
privilège du Clergé.
Nous avons en conséquence l'honneur de vous propo-
ser Mesieigneurs 8c Meilleurs, de demander une confé-
,
rence à M. le Contrôleur-Général, fur les infractions qui
se font aux clauíes des Contrats concernant le droit des
Gabelles Ôc les privilèges des personnes ecclésiastiques à cet
égard , à l'estet d'obtenir une interprétation de l'Article pre-
mier du titre 13 de l'Ordonnance de 1680, 6c de char-
ger en même-temps Messieurs les Agents d'appuyer, auprès
de M. le Contrôleur-Général, la réclamation des Curés du
Buzançois.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 23 SEPTEMBRE 1785. 73,9
Sur quoi rAssemblée, conformément à l'avis de la Com-
mission a prié Monseigneur l'Archevêque d'Aix, Monsei-
,
gneur l'Evêque de Dijon, òc Messieurs les Abbés de Mes-
scy &C de la Mire-Mory, de demander une conférence à
M. le Contrôleur - Général, sur les infractions qui se font
aux clauses des contrats concernant le droit des Gabelles c£
le privilège des personnes ecclésiastiques à cet égard, à
l'eftet d'obtenir une interprétation de l'Article premier du
titre 1 3 de l'Ordonnance de 1680. Messieurs les Agents
ont été chargés d'appuyer de leurs bons offices, auprès du
Ministre des Finances, la réclamation des Curés du Bu-
zançois.
II a été dit encore :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Les Dons-gratuits des Villes ont fixé l'attention de plu-
sieurs Assemblées. Dans quelques Provinces du Royaume
les Ecclésiastiques contribuent de leurs deniers à l'acquitte-
ment de cet impôt. L'Assemblée de 1780 porta à ce sujet
ses plaintes aux pieds du Trône, Sa Majesté promit « de
33
faire examiner de nouveau les prétentions du Clergé, &C
33
de faire connoître ses intentions. 33 Cette réponse vous
donne le droit de renouveller vos demandes ; &C vos pré-
tentions font trop légitimes, pour ne pas désirer une discus-
sion dont vous devez attendre la décision la plus favorable.
L'Edit, créateur des Dons-gratuits des Villes, du mois
d'Août 1758, dispose qu'ils seront perçus par voie d'octrois ;
ôc" par l'article 3 il est ordonné que « les droits d'octrois

33
seront payés, même par les Ecclésiastiques, &c les Com-
» munautés séculières o£ régulières. » Les alarmes qu'exci-
tèrent des dispositions si contraires à vos immunités, furent
bientôt dissipées par les Lettres-Patentes du 3 Décembre
suivant, enregistrées le 9 Janvier 1759 qui portent que
,
33 les EcclésiaíHques,
Communautés séculières &c régulie-
» res, &c généralement tous ceux qui font partie du Clergé
» de France, feront &£ demeureront exceptés de l'exécution
» de l'Edit ; en conséquence que pour raison des denrées
Rrrr 2.
74° PROCES-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

33
qu'ils feroient venir du cru de leurs Bénéfices ôc" pour
j3 leur
consommation particulière, ils ne pourroient être
33
assujettis aux droits établis par l'Edit de 1758, quoiqu'ils
3j y aient
été nommément compris. 33 Ces Lettres-Patentes
renferment deux dispositions bien prononcées : l'une prin-
cipale qui maintient le privilège ecclésiastique, en décla-
,
rant que vous demeurez exceptés de l'exécution de l'Edit;
l'autre conséquente, qui affranchit de ia contribution à
l'octroi les denrées du cru des Bénéfices, e£ destinées à la
consommation des Bénéficiers.
Cependant ia forme d'imposition en argent, ayant été
substituée dans divertes Généralités à la voie d'octroi pour
ia perception des Dons-gratuits impoíés ínr les Villes, les
Ecclésiastiques ont été compris dans fimposition, assujettis
à i'acquittement de l'impôt, & confondus avec les autres
Citoyens dans des rôles de répartitions, rendus exécutoires
contre eux, semblables à ceux de la Capitation, quoique
cette contribution leur soit entièrement étrano-çre en vertu
des Loix générales, conservatrices de vos privilèges, àes sti-
pulations contenues dans tous les Contrats passés avec le
Roi Sc" des dispositions spéciales des Lettres-Patentes
,
de 1758.
C'est cette imposition, cette perception en argent, cette
forme de Capitation à laquelle on soumet les Ecclésiasti-
ques , qui forment l'objet précis des plaintes du Clergé ; &L il
paroït que cet abus a pris fa source dans une fausse inter-
prétation donnée par les Administrateurs des Villes aux
Lettres-Patentes de 17 j 8 &C parce qu'ils ont pensé qu'elles
,
renfermoient une exception en faveur du Clergé, oc non
point une reconnoiílance de son privilège, le simple affran-
chissement des denrées du cru des Bénéfices, ô£ non point
un affranchissement total de l'impôt établi par l'Edit de
1758: &L nous avons d'autant plus lieu de nous arrêter à
cette idée , que nous voyons, par les différentes réclama-
tions des Assemblées Provinciales, qu'on a voulu assujettir
les Ecclésiastiques à toutes les impositions en argent aux-
quelles les autres habitants font soumis, &c même aux im-
positions municipales ÔC commuaes.
DU CLERGÉ DE FRANCE., 13 SEPTEMBRE 1785. 741
II en est même résulté, que les Ecclésiastiques ont été
l'objet d'une infinité d'injustices particulières dans la quo-
tité de la répartition ; Ô£ quoique le taux, l'excès même
de la contribution ne soit pas le sujet actuel de vos récla-
mations , parce que votre privilège est anéanti par une con-
tribution quelconque, ôc que ces vexations peuvent être
réparées, fans qu'il soit rétabli dans son intégrité il n'en
,
est pas moins vrai que c'est un nouveau motif bien puis-
sant pour intéresser votre sollicitude, &; réclamer votre
exemption totale des Dons-gratuits perçus en argent.
íl est même d'autant plus indispensable de faire revivre
votre antique franchi!e de toute imposition en deniers, que
celle relative aux Dons-gratuits des Villes, paroît autorisée,
dans quelques Provinces, par des Règlements enregistrés
dans les Cours ôc" par des Jugements.
II feroit facile d'appeller à votre íecours cette multitude
de Loix, qui aílurent la franchise des biens ôc" des person-
nes Ecclésiastiques aux charges royales ôc aux charges pu-
bliques. Les clauies répétées dans tous les Contrats folem-
nels que vous panez avec le Roi, par lesquelles Sa Majesté
s'engage de soustraire le Clergé à toute taxe ôc" imposition
étrangère, ces clauses vous donnent fans doute le droit d'in-
voquer la foi 6c l'autorité du Souverain, ôc" elles auroient
dû vous mettre à l'abri de la contribution en deniers dont
vous avez à vous plaindre.
A ces motifs généraux se joignent, dans le cas particu-
lier l'autorité du Contrat de 1758, dans lequel il est expres-
,
sément convenu que le Clergé sera exempt de contribuer
au Don-gratuit des Villes, ôc" les dispositions des Lettres-
Patentes de la même année, qui annoncent ôc" maintiennent
votre exemption de la manière la plus littérale ÔC la plus
précise.
II est essentiel d'insister sur ce point, ôc" de demander
une décision fondée sur les mêmes principes que ceux qui
ont dicté les Lettres-Patentes de 1758 , & qui renouvelle,
en tant que de besoin, en faveur du Clergé, l'exemption de
toute taxe ôc" imposition en argent, en acquittement de
l'impôt établi par l'Edit de 17^8.
74^ PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
II est certain en* effet que, soit que les Dons-gratuits
soient perçus fur les denrées, soit qu'ils soient levés par le
moyen d'une taxe en argent, le principe de votre exemp-
tion est toujours le même ; ils font une imposition royale,
représentée par l'imposition en deniers établie par les Com-
munautés, ÔC par coníéquent les dispositions des Lettres-
Patentes font applicables à celle-ci, comme à la perception
fur les objets de consommation : or les Lettres-Patentes pro-
noncent, par une première clause, votre exemption de la
manière la plus générale ÔC la plus formelle; tous ceux qui
font partie du Clergé de France font òc demeurent excep-
tés de Texécution de l'Edit.
La disposition conséquente n'est pas moins favorable à
votre privilège. Les Dons-gratuits des Villes ne furent d'a-
bord perçus que par voie d'octroi ôc" fur les denrées; voilà
pourquoi l'exemption des denrées est prononcée. Et si les
Lettres-Patentes semblent mettre des bornes à certe exemp-
tion des denrées, c'est une nécessité imposée par les formes
ÒC pour prévenir les fraudes. II auroit été difficile en effet,
ÒC même impossible que des objets de consommation fusíent
parvenus aux Bénéficiers, sans avoir-été frappés d'un impôt
auquel ils étoient directement soumis, ou qu'on n'eût pas
abusé de l'exemption du Clergé, pour en soustraire des
denrées qui auroient dû y concourir.
Mais la prononciation générale ô£ principale n'en subsiste
pas moins dans toute fa force ÔC toute son intégrité, d'au-
tant plus qu'il n'y a aucune fraude à prévenir, aucun in-
convénient à craindre de l'exemption pleine ÔC entière d'une
répartition en argent; votre privilège doit donc revivre dans
toute son étendue.
Ensin le Clergé n'a été soumis à contribuer aux Dons-
gratuits des Villes, que parce qu'il avoit été littéralement
compris dans l'Edit de 1758 : les dispositions qui avoient
trait aux Ecclésiastiques, ont été anéanties par les Lettres-
Patentes de la même année; le changement de perception
de l'impôt ne sauroit les faire revivre. Ce n'est qu'une for-
me substituée à une autre forme. Le fonds est toujours le
iriême, ôc par conséquent les mêmes motifs qui assurent
DU CLERGÉ DE FRANCE, 23 SEPTEMBRE 1785. 743
votre exemption des Dons-gratuits des Villes perçus fur les
denrées doivent opérer votre exemption de ces mêmes
,
Dons-gratuits perçus en argent.
j. JL'Aílemblée, après la lecture dudit Rapport, reconnoif-
fant l'importance de cette affaire, a arrêté qu'il feroit de-
mandé lur cet objet une conférence avec les Ministres de
Sa Majesté, auísi-tôt qu'elle auroit repris ses Séances l'année
prochaine.
Messeigneurs &C Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, z4 Sep-
tembre, à neuf heures du matin.
Signé >j< AKTHUK-RlCHARD Archevêque ôc Pri-
,
mat de Narbònne , Président.

DU SAMEDI, VINGT-QUATRE SEPT. I78J,


a neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbònne , Président.

MEsteigneurs ôc Messieurs les Commissaires, pour la xcv


SÉANCE.
.Religion ôc la Jurifdiction, ont pris le Bureau. Mon-
seigneur l'Archevêque d'Arles, Chef de la Commission, a
dit : que la Commiíhon s'étoit occupée de deux objets im-
portants , dont le rapport a été fait ainsi qu'il fuit.
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Le Clergé de France s'occupe , depuis trente ans, des
moyens de déraciner un abus aussi funeste à l'Eglife
qu'à
l'Etat; abus qui jusqu'ici s'est perpétué malgré les différentes
précautions priíes pour le détruire.
Tous les jours, particulièrement dans plusieurs Diocèses
de la Province de Bourges, on voit des oppositions formées
à des mariages par des personnes fans qualité, fous des pré-
textes frivoles, ôc le plus souvent par pure malignité ; mais
744 PROCÈS-VERBAL DE L
ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
oppositions qui, quoique mal fondées, suffisent néanmoins
pour lier les mains des Curés, pour arrêter ôcTouvent pour
faire manquer des mariages.
Un objet aussi important fut agité dans l'Asiemblée de
1755, ôc elle crut devoir en faire un des articles du Cahier
qu'elle eut l'honneur de présenter au Roi, II est bon de re-
prendre en peu de mots les motifs exposés dans ces repré-
sentations; ils font les mêmes encore aujourd'hui.
Le Clergé commençoit par observer qu'il ne s'agissoit
pas des oppositions formées par des parents, ou autres à qui
les Loix ont donné quelque puisiance fur les parties con-
tractantes, mais seulement des oppositions tierces, que tout
particulier peut former pour son propre intérêt ; que ces
oppositions étoient une íource d'abus ôc de vexations; ôc
voici les principaux de ces abus, on ne peut trop les rap-
peîler.
On fait signifier aux Curés des oppositions avant la pu-
blication des Bans, ÔC à l'effet de l'empêcher, quoiqu'au-
cune Loi n'autorise cette procédure prématurée , qui n'a
pour l'ordinaire d'autre motif que de satisfaire la jalousie
ou la vengeance des opposants, ni d'autre eftet que celui
de déshonorer des familles, ou de déconcerter des projets
d'établiílements. Souvent même on fait signifier des oppo-
sitions à des mariages qui ne font encore qu'en projet
éloigné, dans la feule vue de nuire.
On prétend même que les oppositions signifiées après
une première annonce, doivent empêcher non-feulement
la célébration du mariage, mais encore les publications ul-
térieures.
D'autres, pour mieux satisfaire leur malignité, ne font
signifier leurs oppositions, qu'au moment de la cérémonie
qui doit.unir les Parties, pour la troubler avec plus d'éclat
ôc de scandale.
Quelquefois on signifie des oppositions fous le nom de
personnes supposées, inconnues ou absentes ; ôc quoique les
Loix aient prononcé des peines contre ces actes frauduleux
la crainte d'un châtiment dont on ne voit point d'exemple,,
est un frein impuissant contre la passion Ôc la mauvaise foi.
Mais
DU CLERGÉ DE FRANCE , 24 SEPTEMBRE I 7% S- 745
Mais le plus grand désordre vient 4e la facilité des ap-
pels comme d'abus qu'on interjette des Sentences rendues
par les Officiaux fur ces opposicions, ôc auxquels on attri-
bue l'effet suspensif.
Et quoiqu'il soit sans exemple qu'aucun de ces appels
aient été relevés, suivis ôc jugés, cependant les Curés se
voient forcés d'y déférer,,dans la crainte de prise à partie,
de plaintes ôc de demandes en dommages ôc intérêts dont
on les menace. -, .. •:
Tel étoit l'exposé des abus dont le Clergé se plaignoic
alors; ôc c'est le tableau, malheureusement trop sidele, de
ceux qui'subsistent encore.aujourd'hui.
En conséquence le Clergé demandoit au Roi une Dé-
claration qui ordonnerGit :
,
-
í°. Que toute opposition de personnes tierces, signifiée
avant la publication des Bans, íeroit nulle ôc de nul effet,
avec défenses aux Curés d'y avoir égard, ni de refuser', à
ee titre, la publication des Bans, quand elle fera demandée
par les Parties.
z°. Que les tierces-oppositions qui feroient signifiéesaprès
Une première publication, ne pourroient empêcher les Curés
de continuer les annonces quand ils en seront requis, fans
préjudice néanmoins de ladite opposition, ÔC fans que les
Curés puissent délivrer aucun certificat, ni passer outre à
la célébration du mariage, avant que la Sentence qui au-
roit débouté la Partie opposante ou son désistement vo-
,
lontaire, leur aient été juridiquement notifiés.
3 °. Que toute opposition ne pût être signifiée que par
Exploit libellé portant élection de domicile ôc constitu-
,
tion de Procureur,avec assignation devant l'Oíficial à jour
certain, dont le terme ne pourroit être plus éloigné que de
la huitaine franche ; permis néanmoins aux Parties contrac-
tantes de l'anticiper ; défenses aux Huissiers d'en signifier
fans ces formalités, ôc aux Curés d'y avoir égard.
40. Déclarer nulles les oppositions signifiées au moment
de la célébration du mariage, lorsqu'elle aura été précédée
de trois publications, fans dispenses, ni empêchement con-
Proces-verbal de 178J. Ssss
74^ PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
nu; défenses aux Huissiers d'en signifier de pareilles, ôc aux
Curés d'y déférer.
5?. Déclarer que les appels comme d'abus des Senten-
ces rendues par les Officiaux fur les oppositions formées
par personnes tierces, n'auront l'effet suspensif; qu'en con-
séquence lesdites Sentences seront exécutées, ôc le ma-
,
riage célébré à la réquisition des Parties, nonobstant lesdits
appels ô£ fans y préjudicier.
Le Roi eut la bonté de répondre, qud connoissoit lim-
portance de la matière traitée dans cet article ; --qu'il le feroit
examiner dans son Conseils poìir réprimer> s'il ejl possible-y
tous les abus qui ont lieu dans les oppositions qui se forment
aux mariages.
Les mêmes représentations furent faites par les Assem-
blées de 17,60 ôc 1765 : cette derniere, aux précautions
déja indiquées en ajouta une nouvelle en proposant que
, ,
la Déclaration qu'elle soilicitoit de l'autorité du Roi, or-
donnât que toute personne qui voudroit former opposition
à un mariage, feroit tenue de déposer, en telle forme que
Sa Majesté, jugeroit convenable, une somme légère, aui
tourneroit au profit de celui, ou de celle à qui l'opposition
feroit signifiée.
Le Roi répondit, qu'z/ ne pouvoit que maintenir les an-
ciennes Ordonnances fur les mariages , ÓG garder le sage mi-
lieu qu elles ont prescrit, entre une gêne excessive ÓG une li-
berté dangereuse.
Quoique la Loi sollicitée n'ait point été donnée, cepen-
dant le. Clergé eut la satisfaction de voir que son zèle n'é-
toit pas resté fans effet.
Le Parlement de Paris, témoin des mêmes abus qui
avoient excité la réclamation du ministère ecclésiastique
,
ôc dans ia vue de les réformer, donna, le 1 o Avril 1777,
un Arrêt de règlement, qui « fait défenses à toutes perfon»
„ nés de former oppositions aux mariages, soit de mi-
„ neurs ou des majeurs, ni d'interjetter appel comme d'a-
bus des publications de Bans, fous prétexte d'intérêts
„ civils, de promesses verbales
,, ou de mariage, fous telles
DU CLERGÉ DE FRANCE , 14 SEPTEMBRE 1785. 747
peines qu'il appartiendra, même d'être poursuivi extra-
„ ordinairement, íuivant l'exigence des
„ II fait pareillement défenses à cas.
tous Ruilììers de prêter

leur ministère pour de pareilles oppositions ÔC appels com-
„ d'abus, íous peine d'interdiction ôc même aussi d'être
me
„ poursuivi extraordinairement.,, ,
„ On s'apperçut bientôt
que ces prohibitions étoïent im-
puissantes. Souvent il arrive, en eífet, que les pauvres, ôc
fur-tout les habitants de la campagne, ne font pas en état
d'avancer les frais nécessaires pour obtenir la main-levée
des oppositions formées à leurs mariages; ce qui retarde
í ou vent des mariages de convenance, quelquefois les em-
pêchent, ÔC causent, par conséquent, un préjudice consi-
dérable à la société. Ce sont les propres expreíhons de M. le
Procureur-Général au Parlement de Paris, dans un Réqui-
sitoire qu'il préíenta à cette Cour. II proposa, par ce Re-
quilnoire d'ordonner qu'en pareil cas il íeroit pourvu à la
,
Requête de ses Subsistuts, pour faire prononcer la main-
levée des oppositions, ôc que quant aux appels comme d'a-
bus qui pourroient être interjettes des publications de Bans,
"i r x r T>
y n-jun buuivu a ia. xvcuucic.
A
ii
Des repréíentations aussi justes donnèrent lieu à un nou-
vel Arrêt de Règlement * du ^8 Avril 177S, qui prit de * Cet Anït
nouvelles précautions pour empêcher ÔC prévenir les oppo- leestR ìnsrj ;.-:,:s
il pfort 4-
.<"
sitions íans objet. gena: .;• .?SSa
Cet Arrêt, après avoir ordonne l'cxécution de celui du pui*. ;•:,/; ,:<>
r-Lccc.i Justifi-
10 Avril 1777, « fait défenses à toutes personnes, excepté catives.
=3 aux pères ôc mères, tuteurs ÔC curateurs,
frères ôc soeurs,
33 oncles ôc tantes
de former opposition aux mariages, soit
33
des majeurs, ioit des mineurs, ni d'interjetter appel com-
33 me
d'abus des publications de Bans, fous queique pré-
33 texte que ce puiíìe
être, à moins que ce ne soit pour em-
» pèchement dirimant, auquel cas les causes en seront dé-
33
duites dans les Exploits d'opposition ou d'appel comme
33 d'abus,
fous peine de trois cents livres d'amende, même
33
d'être poursuivis extraordinairement suivant l'exigence
33
des cas. Fait pareillement défenses à tous Eluissiers de
33
prêter leur ministère pour de pareilles oppositions ôc ap-
S s s s z
74^ PROCÉS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

M
pels comme d'abus, fous les mêmes peines, ôc même d'in-
53
terdiction, au défaut par eux de déduire dans les Exploits
3> qu'ils signifieront, les causes d'opposition ôc d'appel com-
3> me d'abus: ordonne que pour les ouvriers ôc habitants,
» tant des Villes que de la campagne, qui ne seront pas en
« état de se pourvoir en Justice , pour avoir la main-
» levée des oppositions à leurs mariages, ou pour faire sta-
í> tuer fur les appels comme d'abus qui íeroient interjettes
3> des publications de leurs Bans, il fera, quant auxdites op-
33
positions, fait les pouríuÌLes nécessaires à la requête des
33
Substituts du Procureur-Général du Roi dans les Baillia-
33 ges,
Sénéchaussées ÔC Sièges Royaux, autres que les Pré-
5> votés &C
Châtellenies, pour faire prononcer la main-levée
« deldites oppositions, ôc pour poursuivre les opposants,
33
conformément au présent Arrêt ; ÔC quant aux appels
33 comme
d'abus, il y fera statué à la requête du Procureur-
y>
Général du Roi. >J
Ces sages précautions n'arrêtèrent pas le cours du mal.
L'Asiemblée-Généralede 1780 fut obligée de s'en occuper
encore de nouveau. L'affaire renvoyée au Bureau de ia Ju-
ïïfdiction, y fut examinée, &C discutée avec toute l'atten-
tion ÔC l'intérêt qu'exige une matière aussi importante.
Monseigneur l'Archevêque d'Arles développa-, avec cette
force ôc cette précision qui le caractérisent, ôc les dangers
toujours subsistants de ces oppositions, ôc les moyens que
l'on pourroit prendre pour en arrêter le cours : il feroit
impossible de rien ajouter à la solidité des motifs qu'il sit
valoir dans son Rapport, consigné dans le Procès-verbal
!4- de 1780. *
£Page 584,
Son avis, qui fut unanimement adopté, tendoit a ce que
le Roi fut supplié d'envoyer à tous les Parlements une Dé-
claration conforme à l'Arrêt du Parlement de Paris, du
i-8 Avril 1778, en y ajoutant que ces sortes d'Affaires fe-
roient jugées à l'Audience ôc sommairement autant que
faire se pourroit, ôc que les opposants feroient tenus de faire
vuider leurs oppositions dans un terme fatal ôc de rigueur,
après l'expiration duquel, s'il n'étoit intervenu aucun Ju-
gement interlocutoire ou définitif, il feroit passé outre
DU CLERGÉ DE FRANCE J 24 SEPTEMBRE I 78 j. 749
par les Curés fur la demande ôc réquisition des Parties.
Le Clergé forma de cet objet l'article IV du Cahier qu'il
eut l'honneur de présenter au Roi, ÔC Sa Majesté répondit
« que la demande contenue dans cet article, méritoit une
33
grande attention, ôc qu'il la feroit examiner.,,
Si les démarches faites jusqu'ici n'ont pas eu tout le succès
que l'on pouvoit désirer, on ne peut pas dire non plus qu'el-
les aient été infructueuses. Elles ont excité le zèle des Ma-
gistrats ; elles ont mérité l'attention du Légistateur, qui a senti
í'importance d'un pareil objet, ÔC qui a daigné promettre
de s'en occuper.
Puisque l'abus n'est point encore déraciné, le Clergé doit
redoubler ses efforts pour le proscrire. On continue de voir
dans différents Diocèses, ôc fur-tout dans celui de Limoges,
nombre de particuliers qui, malgré la prohibition des Ar-
rêts ÔC quoiqu'ils ne soient point du nombre de ceux à qui
les oppositions font permises, en signifient fans aucune cause,
ôc se font même de cette contravention un moyen d'exac-
tion sur le peuple.
hes inconvénients de ces oppositions font si sensibles ils
,
ont été si fortement détaillés dans les précédentes Asiem-
blées, qu'il n'est pas besoin d'y insister, quelque frivole que
puiste être une opposition ; ôc quoique l'opposant n'ait, ni
droit, ni qualité pour la former, elle suffit néanmoins pour
lier les mains des Curés ôc pour les empêcher de passer
,
outre à la célébration du mariage, fans y être autorisé, ou
par un Jugement, ou par une main-levée donnée en règle.
Si l'Arrêt de 1778 a pourvu, à l'égard des pauvres,aux
dépenses que peuvent occasionner les demandes en main-
levée ou la poursuite des appels comme d'abus, il n'a pas
,
remédié aux inquiétudes, aux retards ôc aux dépenses qu'en-
traîne indifpenfablement la nécessité de repouster une atta-
que injuste. Delà il arrive , comme auparavant, que des
mariages astortis manquent tout-à-fait; que les préparatifs
que ces malheureux ont faits font en pure perte ; que la mai-
son qu'ils avoient louée, ou les petits meubles qu'ils avoient
achetés tombent à leur charge : delà enfin on voit souvent
que, pour se rédimer d'une vexation injuste, ils se trouvent
75° PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
forcés de payer à ces opposants de mauvaise foi, des som-
mes plus ou moins fortes, au moyen deíquelles ils obtien-
nent ia main-levée des oppositions.
L'expérience n'a que trop appris que l'amende pronon-
cée par l'Arrêt de 1778, mais qui ne peut être encourue
êC exigée qu'après ie Jugement n'effraie pas des gens qui
souvent n'ont rien à perdre, ôc qui, par des désistements
donnés à propos, non-feulement éludent ia peine pronon-
cée contre eux, mais savent mettre à prix les main-levées
qu'ils accordent.
Le moyen qui paroîtroit le plus propre à couper la racine
d'un mal dont l'Eglise ôc l'Etat gémistent depuis si long-
temps, feroit de faire de nouvelles instances auprès de Sa
Majesté, pour la supplier de donner une Loi générale, qui
feroit adresiée à tous les Parlements du Royaume, ôc qui,
en consacrant, comme le demandoit i'Assemblée-Générale
de 1780, les dispositions des Arrêts du Parlement de Paris,
des mois d'Avril 1777 cC 1778, y ajouteroit, que les op-
positions à des mariages, formées par toutes autres períon-
nes que celles exceptées par la Loi, ôc qui ont qualité ÔC
intérêt légitime, tels que les pères ôc mères, tuteurs ôc
curateurs, oncles ôc tantes, frères ôc soeurs, seront nulles
ôc comme non avenues, ÔC qu'il fera passé outre à la célé-
bration deídits mariages, comme si elles n'exisioient pas ;
les choies néanmoins restant entières ÔC telles qu'elles ont
été juíqu'à présent par rapport aux empêchements dia-
mants.
C'est ainsi, Messeigneurs ôc Mestieurs, qu'en réunifiant
toutes les précautions que la sagesse des précédentes Aile in-
blées avoit indiquées, le Clergé aura la consolation d'avoir
déraciné un abus qui nuit également aux moeurs, à la paix
des familles ÔC au bien général de TEo-life Ô£ de l'Etat.
Le Rapport fini, l'Aílembiée, conformément à l'avis de
la Commission, a délibéré de faire de nouvelles instances
auprès du Roi, à i'effet d'obtenir une Loi générale adreilée
à tous les Parlements du Royaume, ôcqui, en consacrant,
comme le demandoit l'Assemblée-Générale de 1780, les
dispositions des Arrêts du Parlement de Paris, de 1777 ÔC
DU CLERGÉ DE FRANCE J 14 SEPTEMBRE 178s. 751
1778 y ajouterait que les oppositions à des mariao-es, for-'
,
niées par toutes autres personnes que celles exceptées par
la Loi, ÔC qui ont qualité ôc intérêt légitime, tels que les
pères ôc mères, tuteurs ÔC curateurs, oncles, tantes, frères
ôc soeurs, feront nulles ôc comme non avenues, ôc qu'il
fera paílé outre à ia célébration desdits mariages comme
si elles n'existoient pas ; les choses néanmoins restant entières
ôc telles qu'elles ont été jusqu'à présent par rapport aux
empêchements dirimants.
'il a été dit ensuite:
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
La Province d'Albi demande la continuation des bons
offices du Clergé pour la Canonisation de M. Alain de Sol-
miniac, Evêque de Cahors.
Cette pieuse entreprise a déja intéressé le zèle des précé-
dentes Astemblées. Les hautes vertus de M. l'Evêque de
Cahors, ôc la continuité des miracles opérés fur son tom-
beau ayant entretenu ÔC augmenté de jour en jour la ré-
,
putation de sii sainteté, on ne peut qu'applaudir aux vues
de piété ôc de religion qui font désirer ôc solliciter de plus
en plus qu'elle soit enfin reconnue ôc consacrée par le íuf-
srage de l'Eglise."« II est digne ( disoit Mgr. l'Archevêque
,
d'Arles dans l'Assemblée de 1781,*) du zèle des Pasteurs * Pa$c 49 du
de ranimer la foi languissante des peuples, par le fpec- Pdetoces - /ij]em-
víii al
„ tacle des honneurs publics rendus fur Autels à la
cette
blée.
„ nos ver-
tu. Combien ce spectacle ne feroit-il pas encore plus
,,
„utile milieu cfë la décadence actuelle des
au moeurs, en vous
présentant des exemples récents, capables, tout à la fois,-
de ranimer le zèle du Sacerdoce, ôc d'étouffer les plaintes
que Timpiété ne cesse de former contre la Religion ôc ses
Ministres ?
II suffira donc Messeigneurs ôc Messieurs, de vous rap-
,
peiler ici en peu de mots les démarches que l'Eglife de
France a faites depuis long-temps pour obtenir la Cano-
nisation du Pontife vénérable dont elle s'honore. Déja,
dans le dernier siécle, elle avoit témoigné son désir par des
75 z PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
instances vives ôc réitérées auprès du Pape. Mais les diffi-
cultés ôc les frais immenses qu'entraînent les procédures sa-
gement établies pour constater la sainteté des serviteurs de
Dieu suspendirent, dans des temps difficiles , l'activité de
,
íòn zèle.
En 1765, plusieurs Provinces ayant porté de nouvelles
demandes à l'Assemblée-Généraiedu Clergé, Monseigneur
l'Archevêque de Toulouse ranima l'intérêt en faveur d'une,
oeuvre si. glorieuse pour l'Eglife de France. Ce Prélat dé-
veloppa premiéremeut, la marche qu'il falloit suivre, les
,
deux informations préliminaires qui dévoient être faites en
France oardevant l'Ordinaire ; l'une fur la renonlmée de
sainteté; l'autre sur l'exécution du Décret d'Urbain VIII,
qui défend de rendre aucun culte public aux personnages
morts en odeur de sainteté, lorsqu'ils ne sont encore, ni
béatifiés, ni canonisés. ïl fit remarquer, en second lieu que
,
les dépenses nécessaires pour l'exécution de ce projet, ne
se feroient que successivement, ÔC que la somme entière,
quoique considérable en elle-même, deviendroit presque
insensible, par le nombre d'années fur lesquelles elle feroit
répartie. Ce Rapport lumineux entraîna les suffrages, ôcil
fut délibéré qu'on fuivroit la route qui Venoit d'être tra-
cée, ôc.que les frais de toutes les procédures en Cour de
Rome, feroient supportés par le Clergé.
Ces mêmes Délibérations ont été confirmées dans les
Assemblées subséquentes de 1770 ôc 177J. A cette der-
niere époque, les informations qui dévoient être prises cn
France pardevant l'Ordinaire ayant été achevées, elles fu-
rent envoyées à Rome, ôc le Clergé adressa de nouvelles
supplications au Saint-Père, par une Lettre conforme à
celles qu'on avoit écrites dans les précédentes Astemblées.
Monseigneur le Cardinal de la Roche-Aimon écrivit en
même-temps à Monseigneur le Cardinal de Bernis, ÔC le
pria, suivant le voeu ôc la Délibération de l'Assemblée,
de choisir un Avocat ôc un Solliciteur pour continuer ÔC
poursuivre la cause à la Sacrée Congrégation des Rits.
En 1780 l'Aíìemblée témoigna le même désir, ôc renou-
vella ses instances par une Lettre adressée à Sa Sainteté.
L'Avocat
DU CLERGÉ DE FRANCE J 14 SEPTEMBRE 17 8 j. 7J3
L'Avocat ôc le Solliciteur choisis par Monseigneur le Car-
dinal de Bernis, ont pris depuis un foin particulier de cette
affaire; ôc il patoît, Messeigneurs ôc Messieurs, qu'elle a
été conduite avec toute la diligence possible, à travers les
longueurs ôc les difficultés qu'entraînent les informations
de cette nature. Nous avons même la íatisfaction de vous
apprendre que par les foins ôc: l'activité de Monseigneur le
Cardinal de Bernis, de Monseigneur le Cardinal de la Ro-
chefoucauld ôc de Mestieurs les Agents-Généraux on a
ensin obtenu, ces dernieres années, le Décret, An sgnan-ft ,

da commijjio introducîioras cause lequel a été bientôt suivi


,
d'un Décret De non cultu. Ces deux Décrets, dont le pre-
mier est du 6 Août 1783 le second du 11 Mai 1784, for-
,
ment l'approbation ÔC fautoriiation des deux procédures
prises en France ; l'une fur ia renommée de sainteté, ôc l'au-
tre íur l'exécution du Décret d'Urbain VIII.
La voie est donc ouverte; ôc dans l'état où. font aujour-
d'hui les choses vous penserez fans doute, Meíìeigneurs
,
ÔC Mestieurs, que ce qui reste à faire est de recommander
à Messieurs les Agents-Générauxune continuation de foins
ôC de vigilance, ôc de prier Monseigneur l'Archevêque de
Narbònne d'écrire à Monseigneur le Cardinal de Bernis,
afin qu'il veuille bien employer, comme il a fait jusqu'ici,
son zèle, ôc son activité pour hâter le cours des formalités
ôC des procédures à Rome, ôc donner le plutôt qu'il fera
possible à l'Eglife de France, la consolation d'honorer sur
ses Autels le Pontife vénérable dont chacun respecte dans
son coeur la mémoire.
NOUS VOUS proposerons aussi, Messeigneurs ôc Messieurs,
que la présente Assemblée adreíle une nouvelle Lettre au
Pape, en témoignage du vif intérêt que le Clergé continue
de prendre à la canonisation de M. l'Evêque de Cahors, ôc
de l'ardeur avec laquelle il désire la conclusion d'une cauíe
si honorable à la Religion ôc à l'Egjise de France.
Monseigneur l'Archevêque d'Arles a dit : Que le projet
de cette Lettre avoit été dressé par Monsieur l'Abbé d'Of-
mond, ôC que si l'Assemblée l'agréoit, il en feroit fait lecture.
Sur quoi lecture faite de ladite Lettre de l'Astemblée au
Procès-verbal de 178J. Tttt
7J4 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Pape, ôc la matière mise en délibération, il a été arrêté]que
cette Lettre feroit insérée dans le Procès-verbal. Monsei-
gneur l'Archevêque de Narbònne a été prié de ia faire par-
venir à Sa Sainteté, ôc d'écrire une Lettre particulière à
Monseigneur le Cardinal de Bernis, pour lui témoigner
combien F Assemblée désire la conclusion d'une cauie si in-
téressante pour l'Eglife de France.. Messieurs les Agents ont
été chargés de donner les mêmes foins que leurs prédéces-
seurs à cet objet.
Messeigneurs ÔC Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, z 6 Septem-
bre à neuf heures du matin.
,
Signé 5^ ARTHUR-RiCHARD, Archevêque ÔC Primat
de Narbònne, Président.

LETTRE
DE UASSEMBLÈE AU PAPE.
BEATISSIME PATER,
jf~\ Uod precati spe multumque sumus à SANCTITATE
\gf VESTRA ut Venerabilem Virum Alanum a Solminiace*
,
Episcopum ohm Cadurcenjenij Sanclorum numéro adscribe-
ret, quod etiàm placiturum BEATITUDINI VESTRA spea-
mina ejus voluntatis apeitiffima declararunt, hoc idem om-
nibus vous cumque certiffimâ spe sagitamus. ha mmirum
j
efly BEATISSIME PATER,pr£flantiJJimus ille Vir^quem
multâ jam laude apud Apoftolicam Sedem ornavimus} ta-
metfe dudiim ex ocuhs sublatus efl,, spirat adhuc mentibus
populorum3 neque emm conduntur Ecclesoe solummodb Gal-
f
licans astis sed etiam commissoe vivunt omnium animis, exi-
,
mia hujus Epifcopi virais, immenfa caritas., incredibihs labo-
DU CLERGÉ DE FRAN'CE ,14 SEPTEMBRE I 7 8 j. 7 j j
nz/72 slr^.vepericulorum patientia mirabilesque in eum divinoe
>
potentu fignificationes,
Utinàm ergo, quem ad referendos Sancîorum mores sum-
mo Deus beneficio nobis Ponáficem dédit, ipse dulcisjimum
Chriflianis pecionbus confecrau in terra, sancïitatis pr&beat
spècìaculum ! Hinc autem in Gallos qui Civem colerentsuum
j
hinc in omnem Ecclefiam Chrifli quantum, SANCTISSIME
j
PATER j utilitatis atque glorioe permanaret! Quantum hâc
perditijjimâ temporum conditione debditau aut corrupu men-
tes j recordata pretiosam in conspectu Domini esse mortem
Sanctorumejus, erigi ad mehorafirmarique possent ! Quàm
sese imprimis efferet Uatiâ Episcopalis Ordo., fi novum hoc
sibi decus accejsent ! Quàm bene ob oculos Excellentiffimi
3
hujus Prasulis pofitum exemplar3 excitare Paftorum vires at-
que inflammare videretur.
Hoc erat qubd humillimè rogarent BEATITUDINEM VES-
TRAM ab eâque Jperarent una cum Apqftolicâ Benediclione >

BEATISSIME PATER,
SANCTJTATIS VE ST R JE ^
LutcÙA Parìjtorum die Obsequentiflìrni ac devotisfimi Eilu Archiepiscopil
3 Epifcopi
24 menjìs Scptcmbris aliique Ecclesiastici Viri ia Commis
,
generalibus Cleri Gallicani congregati.
anno 1785.
Signatum "J" ARTHURUS RICHARDUS, Arch. & Primas Narbonen-
íïs Prxses.
j
De Mandato Illustrissimorum Archiepiscoporum, Episco-
- porum totiûsque Coetûs Ecclesiastici Cleri Galliac no-
mme congregati.
CAROLUS MAURITIUS DK TALLEYRAND PÉRIGORD»
à Sccrecis.
ARTHURUS ROGERIUS DILLON, à Secretis. (*)
(*) L'adrefle de cette Lettre conçue en ces termes : Sancliffimo Patri Pio sexto Pon-
iifici Maximo. Romam.

Ttte i
7s 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU LUNDI, VINGT-SIX SEPTEMBRE i78j5


à neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbònne, Président.

xcvi MEsseigneurs Messieurs les Commissaires pour le


ÔC
SÉANCE. Département ôc les Portions congrues, ont pris le
Bureau. Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux Chef
,
de la Commission, a dit :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
VOUS attendiez, avec une respectueuse impatience, la
réponse de Sa Majesté au Mémoire que vous lui avez pré-
senté en soumettant à sa sagefle votre Délibération du 3
Août, dernier, concernant les Portions congrues.
M. le Garde des Sceaux vous a fait connoître les inten-
tions du Roi, par la Lettre qu'il a écrite à Monseigneur
l'Archevêque de Narbònne le 19 de ce mois, &C dont vous
avez déja ordonné la transcription dans votre Procès-verbal.
Cette Lettre est, suivant nous, Messeigneurs &CMessieurs,
un monument précieux de la satisfaction qu'a eue Sa Ma-
jesté de votre Délibération du 3 Août dernier. M. le Garde
des Sceaux y rend justice, au nom du Roi, aux vues plei-
nes de fagelìe ëc de désintéressement qui vous ont ani-
més.
En élevant la Portion congrue des Curés à. la somme de
sept cents livres, òc celle des Vicaires *k la somme de trois
cents cinquante livres, vous avez dû prévoir le danger qui
menaçoit un grand nombre d'Etablissements précieux à l'E-
glife &C à l'Etat, & vous avez insisté pour que l'assurance
d'une équitable indemnité concourût en leur faveur avec
l'accroissement de leurs charges.
La Lettre de M. le Garde des Sceaux admet votre prin-
cipe &C £es conséquences elle écarte donc toute crainte
>
d'une décision qui, en améliorant le fort des Curés ne
,
DU CLERGÉ DE FRANCE ., z 6 SEPTEMBRE 178s. 757
pourvoiroit pas en même-temps aux besoins des Décima-
teurs les plus intéressants.
La même Lettre reconnoît pareillement que la suppres-
sion des Bénéfices ô£ Établissements les moins importants,
est le moyen le plus naturel de pourvoir aux divers besoins
qui ont íi justement excité le zèle de l'Aiíemblée, c'est-à-
dire, à l'indemnité des Décimateurs qui en seront jugés
susceptibles, à l'amélioration ultérieure des Cures spécia-
,
lement de celles qui n'ont pour dotation qu'une dîme aban-
donnée &C insuffisante à la dotation des Fabriques, enfin
,
à la subsistance des Prêtres qui, après avoir consacré leurs
forces au Ministère, doivent être garantis contre l'indi-
gence dans leur retraite.
La nécessité de recourir aux suppressions, entraîne celle
d'asiurer le succès des suppressions qui auront obtenu l'ap-
probation de Sa Majesté j c'est ce que vous aviez repré-
senté au Roi, Ôc" votre voeu a obtenu son approbation.
M. le Garde des Sceaux n'entre pas, il est vrai, dans le
détail des moyens les plus capables de parvenir à ce but.
Depuis long-temps vous sollicitez une Loi qui simplifie les
formalités des unions, &C les rende moins dispendieusesj
ÒC vous n'ignorez pas qu'une Commission prise dans l'Or-
dre Episcopal èc dans le Conseil, s'est occupée depuis
,
1780 , de cet objet important.
Elie a réuni dans ses projets les dispositions les plus con-
formes aux vues des dernieres Aflemblées &C n'a cessé ses
,
fonctions, qu'après avoir consommé son ouvrage, & savoir
mis en état de recevoir la formalité de l'enrégistrement.
Nous ignorons si cette formalité est prochaine ou éloi-
gnée j 6c" le Bureau frappé de la nécessité d'applanir promp-
,
tement &C efficacement les obstacles que vous avez à vain-
cre pour parvenir à famélioration des Cures, a cru devoir
vous proposer quelques dispositions particulières, qui, en
conservant la plupart des formalités anciennes, assureroient
néanmoins le succès des vues exprimées dans la Délibéra-
tion du 3 Août dernier.
Mais fi la faveur due aux objets que vous avez em-
brassés par cette Délibération, nous a paru capable de jus-
758 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tirier une exception aux règles communes, nous ne nous
dissimulons pas les difficultés qui peuvent nous être oppo-
sées, &C nous ne sommes pas surpris que M. le Garde des
Sceaux ne s'exprime à ce sujet qu'en termes généraux j mais
il nous assure que le Roi nous fera incessamment connoître
ses intentions 3 6c il a paru convenable à la Commission que
<ie nouvelles instances de votre part lui fassent connoître
<le plus en plus combien vous avez à coeur d'obtenir une
Loi générale qui simplifie les formalités des unions, con-
formément aux voeux des précédentes Astemblées, ÒC de
faire agréer spécialement à Sa Majesté les dispositions que
vous avez proposées par votre Délibération du 3 Août
dernier.
II n'en faut pas moins pour exciter le zèle Ô£ soutenir Ia
confiance des Evêques j & la nature des travaux qui nous
rappelleront l'année prochaine, exige qu'il ne subsiste plus
d'incertitude à cet éçard.
Mais, en attendant- l'esset de nos instances, nous devons,
fans hésiter, nous conformer aux désirs de Sa Majesté, qui
veut bien nous assurer, par l'organe de M. le Garde des
Sceaux que le Clergé doit se livrer avec confiance à la
suite des, opérations qu'il a délibérées, ôè" qui procureront
les éclaircilìements nécessaires pour consommer une opéra-
tion aussi digne de la justice de Sa Majesté òc de son amour
pour ses peuples.
La Commission a cru, Messeigneurs 8c Mestieurs, qu'il
•convenoit de joindre une copie de ía Lettre de M. le Garde
des Sceaux à l'Instruction que vous avez délibéré d'adres-
ser à tous les Evêques du Clergé de France.
Elle a de plus pensé qu'il étoit nécessaire, avant de vous
séparer, de nommer des Députés pour suivre vis-à-vis de
M. le Garde des Sceaux les objets de votre Délibération, du
3 Août dernier, qui font susceptibles d une légiûation nou-
velle, en forte que les vues consignées dans la Délibération
du 3 Août dernier puissent avoir leur accomplissement, èc
que vous puissiez, lors de la reprise de vos Scéances, vous
livrer avec confiance aux travaux nécessaires pour consom-
mer une opération que Sa Majesté a jugé digne de ses éloges.
DU CLERGÉ DE FRANCE> z6 SEPTEMBRE 17 8 J. 759
Les mêmes Commissaires peuvent être pareillement char-
gés de poursuivre auprès de M. le Garde des Sceaux le
succès des demandes formées par les précédentes Assemblées,
pour la simplification des formalités des unions òc pour les
rendre moins diípendieufes.
Enfin pour n'omettre aucune des précautions qui peu-
vent concourir au succès des mesures que vous avez adop-
tées, il nous paroît nécessaire que Mestieurs les Agents en
adressant à tous les Evêques du Clergé de France òc à leurs
Syndics Diocésains votre Délibération du 3 Août dernier
&£ i'Instruction rédigée en conséquence, les invite,
en vo-
tre nom, à leur faire parvenir leurs états & réponses dans
le commencement du mois de Mai de Tannée prochaine.
Cette époque se rapprochera sans doute beaucoup du
temps que vous indiquerez pour la reprise de vos Séances ;
ÔC comme le dépouillement des états envoyés
par les Dio-
cèses exigera un travail considérable, afin que les résultats
puisient en être mis fous vos yeux, le zèle dont ia Commission
est animée nous a fait naître l'idée de nous réunir si vous
, ,
l'agréez, quelque temps avant l'époque de la convocation
commune : nos recherches préparatoires auront l'avantage
d'abréger votre attente, òc de rendre plus utile le temps
précieux que vous consacrerez au bien général.
Le Rapport fini, l'Astemblée conformément à l'avis de
,
la Commistion a délibéré :
,
i°. De joindre une copie de la Lettre de M. le Garde
des Sceaux à I'Instruction qui doit être adressée aux Arche-
vêques & Evêques, relativement à l'amélioration des Por-
tions congrues.
z°. De prier Messeigneurs ô£ Messieurs lesCommislaires
de suivre auprès de M. le Garde des Sceaux les objets de
la Délibération du 3 Août, qui font susceptibles d une lé-
giflation nouvelle, en forte que les vues consignées dans
cette Délibération , puissent avoir leur accomplislement,
& que l'Assemblée, lors de la reprise de ses Séances, puisse
se livrer avec confiance aux travaux néceílaires pour con-
sommer une opération que Sa Majesté a jugé digne de ses
éloges.
760 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
30. De prier les mêmes Commissaires de poursuivre au-
près de M. le Garde des Sceaux le succès des demandes
formées par les précédentes Astemblées, pour la simplifica-
tion des formalités des unions, ô£ pour les rendre moins
dispendieuses.
40. De charger Messieurs les Agents, en adressant à tous
les Evêques du Clergé de France &C aux Syndics Diocésains
la Délibération du 3 Août dernier, òc Tínstruction rédigée
en conséquence, de les inviter, au nom de l'Assemblée, à
leur faire parvenir les états &C réponles dans le commence-
ment du mois de Mai de Tannée prochaine.
j°. Enfin de prier Messeigneurs &c Messieurs les Com-
missaires de vouloir bien se réunir un mois avant la reprise
des Séances, à Tesset de faire les recherches préparatoires
qui pourront faciliter ôc abréger le travail dont T Asiemblée
doit s'occuper fur un objet austì important.
Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux a dit ensuite,
que le Diocèse de Lyon venoit d'éprouver une diminution
considérable dans fa matière imposable par l'exécution d'un
Arrêt du Conseil, du 1 z Janvier 1784, qui, en conséquence
d'une clause insérée dans une charte de fondation de 1407
des Célestins de Lyon, maintenant supprimés, avoit adjugé
au Roi de Sardaigne la portion des biens de ces Religieux,
énoncée dans ladite charte 3 que cette portion de biens, per-
due pour le Diocèse, montoit, déduction faite des charges,
à la íomme de huit mille cinq cents soixante-dix-huitlivres
dix-íept fols, ÒC fourniííoit à la seconde classe où elle étoit
portée dans le Pouillé sept mille six cents quatorze livres
deux fols de matière imposable ; qu'il résultoit des calculs
faits à ce sujet, que le Diocèse de Lyon se trouvoic actuel-
lement surtaxé d'une somme de mille neuf cents quatre-vingt-
quatorze livres seize fols 1 o deniers, &C que la Commission
étoit d'avis qu'il fût accordé au Diocèse, par forme d'in-
demnité annuelle sur les impositions, pareille somme de mille
neuf cents quatre-vingt-quatorzelivres seize sols dix deniers,
à compter du terme de Février dernier, laquelle somme
feroit payée audit Diocèse, fur les quittances de son Syndic,
par M. Bollioud de Saint-Jullien, Receveur-Général du
Clergé,
DU CLERGÉ DE FRANCE, z6 SEPTEMBRE 178/. 761
Clergé, qui en fera dépeníe, tant sur le compte des reve-
nants-bons qu'il rendra lors de la clôture des Séances de la
présente Astemblée, que sur ceux qu'il rendra par la suite,
ô£ ce jusqu'à ce qu'autrement il en ait été ordonné.
Sur quoi Monsieur TAbbé de Boisgelin Promoteur,
,
ayant été entendu, la matière mise en délibération, les Pro-
vinces ont été appellées : celle de Bordeaux étant en tour
d'opiner la première, il a été arrêté qu'attendu la perte que
fait éprouver au Diocèse de Lyon lur la matière imposable,
le retour entre les mains du Roi de Sardaigne d'une partie
des biens qui appartenoient ci-devant aux Célcstins de
Lyon, il fera accordé au Diocèse, par forme d'indemnité
fur ses impositions, une somme annuelle de dix- neuf cents
quatre-vingt-quatorze livres seize fols dix deniers òV ce à
,
compter du terme de Février 178/ laquelle íomme de
,
dix - neuf cents quatre-vingt-quatorze livres seize lois dix
deniers, fera payée audit Diocèse furies quittances de ion
Syndic, par M. Bollioud de Saint-Jullicn, Receveur-Gé-
néral du Clergé, qui en fera dépense, tant sur le compte
des revenants-bons qu'il rendra lors de la clôture des Séances
da la présente Assemblée, que sur ceux qu'il rendra aux
Assemblées íuivantes, &C ce jusqu'à ce qu'il en ait été au-
trement ordonné.
Messieurs les anciens Agents ont achevé la lecture du
Rapport de leur Agence. Cette lecture étant finie, Mon-
seigneur l'Archevêque de Narbònne, au nom de TAílem-
blée, a donné de justes éloges au zèle & aux talents que
Mestieurs les anciens Agents ont développés pendant le cours
de leur Agence, &C les a remerciés des travaux utiles aux-
quels ils se sont constamment livrés. Moníeigneur l'Arche-
.
vêque de Bordeaux, Monseigneur TEvêque de Langres, &;
Mestieurs les Abbés d'Andrezel Ô£ d'Anstrude, ont été nom-
més pour examiner les Pièces Justificatives dudit Rapport.
Messieurs les anciens Agents, à la fin de la lecture de
leur Rapport d'Agence ont rappelle une Lettre Circulaire
,
qu'ils ont eu Thonneur d'écrire à Nosseigneurs les Evêques
èc aux Syndics Diocésains,
en date du z6 Octobre 1783,
dans laquelle lefdits Sieurs anciens Agents, d'après les vues
Procès-verbal de 178J. Uuuu
yúz PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de TAssemblée de Melun, ont exposé un projet, qui leur
a paru devoir rendre plus utile aux Bénéficiers, aux Dio-
cèses ôc" au Clergé général, Tétablislement des Syndics Dio-
césains, & proposent en conséquence :
i °. Que chaque Bénéficier qui feroit obligé de íbutenir
ou d'entreprendre quelque Procès pour la détenfe des biens
èc des droits de son Bénéfice , rende compte de Tobjet c\C
des circonstances d.e ce Procès au Syndic du Diocèse dans
lequel ledit Bénéfice feroit situé.
2°. Que, sur les instructions envoyées par les Bénéfi-
ciers chaque Syndic Diocésain, après avoir distingué les
,
aftaires auxquelles il croira que le Diocèse ou le Clergé-
Général peut ou doit prendre intérêt, proposera sur lesdites
astaires, un Mémoire à la Chambre Diocésaine pour y être
,
fait par elle telles observations qu'elle jugera convenables5
que fur lesdites observations le Mémoire fera rédigé, ôc
mis au net par le Syndic Diocésain, $C sera par lui envoyé
aux Agents-Généraux en exercice, à une époque fixe, pour
recevoir fur ledit Mémoire, òc communiquer ensuite aux
Bénéficiers intéressés les avis &C consultations du Conseil
d'Agence.
3°. Que pour produire plus sûrement Tesset qu'on peut
attendre de la correspondance entre les Bénéficiers &C les
Syndics, & entre les Syndics Ô£ les Agents-Généraux, les
époques des envois des Mémoires susdits seront régulière-
ment de trois mois en trois mois, à commencer au premier
Janvier de chaque année.
4e. Que ladite Correspondance ne pourra jamais empê-
cher que les Bénéficiers &C les Syndics Diocésains ne recour-
rent directement aux Agents-Généraux toutes les fois que
ce recours leur paroítra nécessaire, ou plus utile pour Tex-
pédition des affaires.
Sur quoi la matière mise en délibération par Monsei-
gneur TArchevêque de Narbònne, TAssemblée,après avoir
témoigné à Messieurs les anciens Agents fa satisfaction de
leur zèle pour les intérêts du Clergé, a pensé que le projet
proposé dans ladite Lettre circulaire du z 6 Octobre 1783,
étoit très-conforme à Tefprit de la Délibération du 22.
DU CLERGÉ DE FRANCE , z 6 SEPTEMBRE I 7 8 j. 763
Septembre de TAssemblée de Melun &C que Texécution
,
audit projet íeroit très-avantageuse pour la défense des pro-
priétés, droits, privilèges & immunités des Bénéficiers,
des Dioceíes òc du Clergé-Général, préviendroit les con-
testations mal fondées, 6c procureroit plus de moyens pour
soutenir celles qui íeroient justes : en conséquence la pré-
sente Astemblée a délibéré:
i°. D'inviter & exhorter les Syndics Diocésains à
écrire, un mois après la réception de la copie de la présente
Délibération, &C sous le bon plaisir Ôc Tautorifation des
Archevêques 2c" Evêques Ôc" des Chambres Diocésaines,
une Lettre circulaire aux Bénéficiers de leurs Diocèses res-
pectifs, pour les engager à faire part-auxdits Syndics Dio-
célains des Procès que leídits Bénéficiers pourroient être
obligés de soutenir, ou d'intenter pour les biens ôc" droits
de leurs Bénéfices.
i°. D'inviter ôc exhorter les Bénéficiers à faire part aux
Syndics de Tobjet 6c des circonstances deíditsProcès, dans
les détails qu'ils croiront les plus intérefìants pour leur dé-
fense 6c pour celle du Clergé-Général.
3 c. D'inviter &C exhorter pareillement les Syndics Dio-
césains, d'après les détails qu'ils auront reçus des Bénéfi-
ciers, à distinguer, avec une attention particulière, les af-
faires auxquelles ils croiront que le Diocèse ou le Clergé-
Général peut, ou doit prendre intérêt 3 rédiger, fur lesdites
affaires, un Mémoire instructif pour Tenvoyer aux Agents-
Généraux à une époque fixe Ôc" pour recevoir íur les
,
différents ,objets les avis & consultations du conseil
d'Agence.
4*. Pour que ladite Correspondance entre les Bénéficiers
ôc" les Syndics, entre les Syndics 6c les Agents-Généraux,

procure plus sûrement Teffet qu'on doit en attendre, TAs-


semblée a pensé que les époques des envois des Mémoires
susdits, dévoient être de trois mois en trois mois, à com-
mencer au premier Janvier de chaque année,
Le tout, fans que ladite Correspondance puiíle jamais em-
pêcher que les Bénéficiers & les Syndics Diocésains ne recou-
rent directement aux Agents-Généraux, toutes les fois que
U uuu z
764 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ce recours leur paroîtra nécessaire, ou plus utile pour Tex-


pédition des affaires.
î°. Enfin il a été délibéré que Messieurs les Agents en
exerciceenverroient, dans le courant du mois prochain, aux
différents Diocèses du Clergé de France, copie de la pré-
sente Délibération, Ôc" ensemble un projet de Lettre circu-
laire que les Syndics Diocésains adreíleront aux différents
Bénéficiers de leurs Diocèses respectifs.
Messieurs les anciens Agents ont ajouté, qu'ils pensoient
que le projet de Correípondance feroit encore plus utile, ÔL
peut-être plus conforme au voeu de TAssemblée de Melun,
file Clergé prenoit les moyens d'établir dans chaque Ville
des Parlements, d'où ressortistent les Diocèses du Clergé
de France, des Syndics de ressort, auxquels dans les vues
,
ci-dessus indiquées, s'adresseroient les Syndics Diocésains,
ôc qui s'adresseroient à leur tour à Meilleurs les Agents-
Généraux pour toutes les affaires importantes.
Sur quoi, la matière mise en délibération par Monsei-
gneur l'Archevêque de Narbònne, TAssemblée a délibéré
que cette proposition méritant un mûr examen , elle feroit
renvoyée à la Commission du Temporel, pour en être fait
rapport à TA st emblée lors de la reprise de ses Séances.
Monseigneur l'Archevêque de Narbònne a dit ensuite,
que les affaires du Clergé s'étoient multipliées considérable-
ment , &C dévoient se multiplier encore davantage par Teffet
de la Correípondance proposée j que le Conseil d'Agence
avoit d'ailleurs fait des pertes depuis TAssemblée de 17805
que quelque confiance que Ton dût avoir en ceux qui com-
posent actuellement le Conseil, il feroit utile de leur donner
des Adjoints pour les aider dans leurs travaux. Après avoir
recueilli toutes les voix, il a été unanimement délibéré de
recevoir Mes Camus, Gaignant &C Hervé, Avocats au Par-
lement &C Mc Sanfon Duperron, Avocat aux Conseils,
,
en qualité d'Avocats du Clergé surnuméraires, fans appoin-
tements , pour remplir les quatre premières places de Titu-
laires à compter du premier Octobre 17 8 j, qui viendront à
,
vaquer, suivant Tordre de leur ancienneté dans le Bureau,
fans qu'il puisse être nommé d'Avocats surnuméraires jus-
DU CLERGÉ DE FRANCE, z6 SEPTEMBRE 1785. 765
qu'à TAssemblé de 1790 dans le cas où lefdits Mes Camus,
,
Gaignant, Hervé ôt Sanfon Duperron passeroient aux places
de Titulaires : Ô£ dans le cas où Me Rigault, Avocat aux
Conseils, par des raisons imprévues, viendroit à se défaire
de son Office d'Avocat aux Conseils, ôc* continueroit néan-
moins d'astister au Conseil du Clergé, il resteroit attaché
audit Conseil du Clergé en qualité d'Avocat honoraire aux
Conseils, ô£ aux mêmes rang, honneurs &C émoluments
que les Avocats Titulaires du Conseil du Clergé.
Monseigneur l'Archevêque de Narbònne a encore dit,
que par Délibération de TAstemblée du zjs Septembre 1765,
Me Vulpian avoit été reçu en qualité d'Avocat du Clergé
surnuméraire j qu'à la retraite de Me Terraston, en 1780,
ledit Me Vulpian Tavoit réellement &Ceffectivement rempla-
cé en qualité d'Avocat du Clergé Titulaire j que cependant
TAstemblée de 1780 ne s'étant pas allez positivement ouastez
clairement expliquée à ce sujet, le Receveur-Général du
Clergé ne s'étoit pas cru suffisamment autoriíé à faire payer
audit Me Vulpian les honoraires d'Avocat Titulaire du
Clergé, non-feulement depuis la retraite de Mc Terraston
en 1780 ,mais même depuis ía mort, arrivée vers le milieu
de Tannée 178x3 qu'il n'avoit point reçu les honoraires
complets d'Avocat Titulaire du Clergé pour les années
1780, 1781 ôcTa moitié de Tannée 178x5 que depuis cette
époque de 1782, il n'avoit été payé desdits honoraires
complets que fur des mandats particuliers de Messieurs les
Agents-Généraux3 que pour dédommager ledit Me Vul-
pian, il paroiífoit juste, ip. de déclarer ledit Me Vulpian
Avocat Titulaire du Clergé 3 z°. de lui faire payer les
honoraires fur ce pied depuis Tépoque de la retraite de
MeTerrasson en 1780, julqu'à la moitié de Tannée 1782.
Sur quoi TAstemblée a été unanimementd'avis, 1 °. que
ledit Me Vulpian est &C fera réputé Avocat Titulaire du
Clergé, à dater de la retraite de Me Terrasson en 17803
z°. qu'en conséquence le Receveur- Général du Clergé
lui paiera les suppléments des honoraires d'Avocat Titu-
laire du Clergé pour les années 1780, 1781 ôc" la moitié
de Tannée 1781.
j66 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Messeigneurs cV. Mestieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 2-7 Septem-
bre à neut heures du matin.
,
Signés ARTHUR-.RICHAP.D, Archevêque &C Pri-
mat de Narbònne, Président.

DU MARDI, VINGT-SEPT SEPTEMBRE I78J,


a neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbònne, Président.

XCVTI MEsseigneurs ô£ Mestieurs les Commissaires, pour le


SEANCE
compte des anciennes Rentes Ôè"pour les moyens, ont
pris le Bureau. Monseigneur l'Archevêque de Vienne a dit:
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Le -travail que vous avez bien voulu nous confier avoit
pour objet la vérification des comptes, rendus par votre
Receveur-Général, pour les Décimes, Pensions ôê" Appoin-
tements, de pour les anciennes Rentes 3 honorés de votre
choix &C délirant le justifier, nous avons apporté tous nos
íoins a Texamen de ces comptes, ôê nous allons employer
les moments que vous avez la bonté de nous accorder, à
vous en faire le rapport, e.n nous appliquant à le simplifier,
autant qu'il íera poílible , íans cependant rien omettre
de ce que nous croirons néceílaire à leur intelligence.
L'uíage étant de commencer ce travail par Tapurement
des anciens comptes, votre Receveur-Général nous a d'a-
bord .représenté les acquits des parties restées en débet fur
les dix années antérieures à 1780, ôc" qu'il a payées depuis
aux Rentiers qui les ont réclamées. Après avoir comparé
ces quittances avec les aiticles de compte où elles dévoient
être rapportées Ôê les avoir jugées convenables, nous les
avons visées, ô£ nous en avons alloué définitivement la clé-
DU CLERGÉ DE FRANCE , 17 SEPTEMBRE 178/. 767
pense. De-là nous avons passé à Texamen des comptes des
Décimes, Pensions ôê Appointements des années 1780,
1781, 178Z, 1785 ÔC 1784.
Compte des Décimes Pensons âC Appointements;
.,
année 1780.

La recette de Ce compte n'étant pas précisément la mê-


me que celle des années précédentes , nous devons, Messei-
gneurs , avant d'entrer dans le détail des impositions qui la
composent, vous prévenir que TAssemblée de 1780 jugea
à propos d'ordonner, par une Délibération du 7 Octobre,
qu'à compter de la même année, il feroit ajouté au produit
de ces impositions, une somme de quinze mille livres par
an, dont le Receveur-Généralferoit la reprise sur les fonds
des remboursements des rentes au denier vingt-cinq, des
quatre Emprunts réunis, pour Temployer en recette, par
forme de supplément, à la suite du cinquième chapitre de
ce compte, qui contient Timposition destinée au paiement
des appointements de Messieurs les Agents-Généraux Ôê.
autres Officiers du Clergé. Ce changement étant le seul
qu'ait éprouvé ce compte, la recette est, comme par le
passe, divisée en sept chapitres.
Le premier est de la somme de quatre cents seize mille
neuf cents vingt livres, provenue du recouvrement fait par
le Comptable fur tous les Diocèses du Royaume, ôê fur
,
les Bénéficiers de Bresse, pendant les deux termes de Fé-
vrier ôê Octobre 1780 de Timposition de pareille somme,
,
connue fous le nom d'anciennes décimes, ôê destinée au
paiement annuel des rentes des Hôtels-de-Ville de Paris ôê
de Toulouse, prétendues assignées fur le Clergé. Cette im-
position ayant été levée comme ci-devant, en vertu du
département arrêté en 1770 fur le pied de la contribution
générale, fixée par la même ,
Assemblée, nous en avons
admis la recette tant fur le vu de ce département, que

...... ,
fur celui du compte de Tannée
1779, ci
Le deuxième a pour objet la
.
416910 1.
....
768 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part
contribution des Rhodiens ou
de TOrdre de Malthe, qui, par
416910 1.

Tabonnement fait avec eux par


le Clergé de France en Tannée
1636, a été fixée à trente-six
mille livres par an. Cet arrange-
ment ayant toujours subsisté íur
le même pied, nous avons alloué
cette recette fur le vu du compte
précédent, ci 36000 L
Le troisième renferme la som-
me de trois mille sept cents soi-
xante-cinq livres, à laquelle est
demeurée fixée depuis 1770
Timposition destinée pour le paie-y
ment de partie de ce qui reste en-
core dû des rentes de la consti-
tution de 1636. Comme cette
somme ne se levé plus que fur
un petit nombre de Diocèses,
qui n'ont pas jugé à propos de
se racheter de cette imposition,
le recouvrement s'en fait tou-
jours fur le pied des anciennes
contributions qui étoient en usa-
ge avant 175 j" : TAssemblée de
cette même année ayant reconnu
qu'il n'étoit pas possible de com-
prendre cette imposition au nom-
bre de celles dont elle a changé
le taux de la répartition c'est
pourquoi nous avons admis, cette
recette fur le vu du compte pré-
cédent où elle a été employée
,
pour même somme de trois
la
mille sept cents soixante-cinq 1. ci 37 6 5 1»

4j668j 1.
Le
Ci-centre
...
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 SEPTEMBRE 178/.
. . .
Le quatrième contient la som-
me de"soixante-dix mille livres,
4^6685 1.
76^

provenue du recouvrement fait


pendant la même année 1780,
de Timposition de pareille som-
me, destinée au paiement annuel
des pensions des Ministres ôê au-
tres nouveaux convertis. Cette
imposition a été levée en corssé-
quence du département arrêté
pour cet objet par la même As-
semblée de 177o,sur le vu du-
quel, &: du compte précédent,
nous avons admis cette recette,
ci 700001.
Le cinquième est composé de
deux objets.
Le premier, de la somme de
quarante mille six cents quatre-
vingt-dix livres, coiatient le pro-
duit de Timposition de pareille
somme, affectée au paiement des
appointements de Messieurs les
Agents-Généraux ôê autres Offi-
ciers du Clergé, ôê levée en ver-
tu du département arrêté, de
même que le précédent, par TAs
semblée de 1770, ci 40690 1.
. . .
Le deuxième, de la somme de
quinze mille livres, provient de
la reprise faite de cette somme
fur les fonds destinés aux rem-
boursements de Tannée 1780,
des Emprunts de 175j, 1765
,
1766 ôê 1775. Nous avons eu
Thonneur de vous rappeller au_
___ ì-
567Ì75
Proces-verbal de 178 j. Vvvv
77° PROCÈS-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part . . . . 56737; 1.
commencement de ce Rapport,
la Délibération qui a ordonné
cette reprise, ôê nous avons al-
loué cet article, tant fur le vu
de la même Délibération, que
fur celui du compte des rentes
au denier vingt-cinq de Tannée
17 8 o, où il a été fait dépense de
cette même somme de quinze
mille livres pour ordre seule-
ment , Ôê à la charge de la recette
sur celui-ci, ci 1 ;ÓOO I.
. . . . .
Le sixième est de la somme
de cent mille livres, qui provient
du recouvrement de Timposi-
tion de pareille somme, affectée
par TAssemblée de 1775 au paie-
ment annuel de la rente consen-
tie par le Clergé en faveur de
TOrdre de Saint-Lazare, ôê levée
en vertu da département arrêté
par la même Assemblée, sur le
pied de la nouvelle contribution
générale de 1770 ci 100000 1.
,
Enfin dans le septième ôê der-
nier chapitre est comprise la som-
me de cent trente-deux mille li-
vres , levée de même pendant
les deux termes de Tannée de ce
compte, fur tous les Diocèses du
Royaume, en vertu du départe-
ment de pareille somme, arrêté
par la même Assemblée de 177 j,
sur le pied de la contribution
générale de 1770 ôê destinée
,
au paiement des appointements
.
68137;!,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 SEPTEMBRE 178;. 771
Çi-contre 682.375 1.
. . . . . .
annuels du Receveur-Général du
Clergé. Nous avons admis cette
recette ôê celle du chapitre pré-
cédent tant fur le vu de ces
,
deux départements, que fur ce-
-;
lui de la Délibération de 1775,
qui a ordonné ces deux imposi-
tions , ôê qui nous a été repré-
senté, ci 131000
Ces sept. chapitres montent ' ' ' '
ensemble à la somme de huit
cents quatorze mille trois cents
soixante quinze livres qui
- ,
composent la totalité de la re-
cette de ce compte, ci . . . 814375 1.

NOUS devons vous instruire, Messeigneurs, que, confor-


mément à la décision de TAssemblée de 1780, inférée à la
fuite du Rapport de ces mêmes comptes, nous avons trouvé
la recette de celui-ci rapportée dans un tableau très-intelli-
gible ôê dont le modelé avoit été approuvé par la même
,
Assemblée. Cette forme abrégée facilite la vérification ÔC
en diminue beaucoup le travail, en mettant à portée de
comparer, au premier coup d'oeil, tous les départements
avec les comptes que Ton examine : d'ailleurs les causes
qui avoient donné lieu à Tufage où Ton étoit ci-devant de
présenter chaque article de recette par détail, ne subsistant
plus, il étoit tout naturel de supprimer ce détail, qui oc-
casionnoit une multitude d'apostilles également fatigantes
ô«ê inutiles : ô£ nous ne pouvons qu'applaudir à la décision
de TAssemblée de 1780, ainsi qu'à la manière dont le
Comptable a rempli ses intentions dans la composition de
ce tableau, que nous avons trouvé aussi exact qu'intelli-
gible.
A Tégard de la dépense de
ce compte, elle est composée
de douze chapitres.
Le premier renferme la somme de seize mille six cents
V vvv z
77'^ PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
•cinquante livres huit fols quatre deniers, dont le Compta-
ble, s'est trouvé en avance fur le compte de Tannée i779>
arrêté par TAssemblée de 1780 ôê nous avons alloué cette
,
dépense íur le vu de Tétat final
de ce même compte, ci . . . 16650 1. 8 s. 4 d.
Le deuziemé chapitre de dé-
pense renferme les sommes re-
mises aux Payeurs des trois par-
ties des rentes de THôtel-de-Ville
de Paris , prétendues assignées
fur le Clergé, pour être par eux
employées au paiement des ar-
rérages de ces mêmes rentes pen-
dant Tannée 1780 : ce chapitre
est de la somme de trois cents
quatre-vingt-trois mille quaran-
te-quatre livres neuf fols quatre
deniers, comme au compte pré-
cédent ci
, . . . . . . j g 5 044 L 9 f. 4 d.
Le troisième est <le la somme
de douze cents cinquante-huit
livres treize fols neuf deniers, re-
mise par le Comptable au Payeur
des Rentes de THôtel-de-Ville
de Toulouse aussi prétendues
,
assignées fur le Clergé ; ôê nous
avons admis la dépense de ces
deux chapitres, tant fur le vu
du compte de Tannée précédente
ou elle a été employée pour les
mêmes sommes que fur celui des
quittances des Payeurs de ces
rentes à qui elles ont été remises,
C1 T' ' ". * * : *
Le quatrièmecontient la lom-
* n;
8 L lì f- 9á>

rae de trente mille livres, payée


à Nosseigneurs les Cardinaux_
40095 3 1. n
í. 5 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 17 SEPTEMBRE 1785. 773
Ci-contre
Tannée
. .
1780,
.£ .
des
.
pensions
. 400953 1. n
s. 5 d.
pour
qui leur tiennent lieu d'indem-
nité fur leurs décimes, Ôê qui
montent en total à la somme de
trente mille livres, ci . . . 30000 1.
Le cinquième est composé des
paiements faits, tant à Messieurs
les Agents - Généraux qu'aux
,
Avocats Ôê autres Officiers du
Clergé pour leurs appointe-
,
ments ôê pensions de Tannée
1780, qui font en total de la
somme de cinquante-sept mille
trois cents livres, ci 57300 1.
Dans le sixième font em-
ployées les sommes qui ,
ont été
payées aux Ministres ôê aux par-
ticuliers nouveaux convertis,
pour les arrérages de la même
année 1780, des pensions qui
leur ont été accordées par le
Cl rgé, ôê comprises dans Tétat
.rêté par TAssemblée de la mê-
me année, qui, suivant Tusage,
a fait remonter la jouissance, en
faveur des nouveaux pensionnai-
res , du premier Janvier. Ces pen-
sions font en total de la somme
de soixante-neufmille neufcents

......
vingt-six livres treize fols neuf
deniers, ci
Le septième contient les som-
mes payées pour les arrérages
6991.6 1. 13 £ 9 à.

de la même année 1780, des ren-


tes de la constitution de 1636,
qui ne font pas susceptibles de
558180 1. 5 f. z d.>
774 PROCÈS-VERBAL DE L3ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

De l'autre part . . . . 558180 1. 5 s. z d.


remboursement, ôê qui par con-
séquent montent en total, com-
me à Tannée précédente, à la
somme de six mille cent soixante-
dix livres quatorze fols quatre
deniers, ci .
•"%$-'•

6170 1. 14 fi 4 d.
Dans le huitième est compri-
se la somme de quatre mille deux
cents soixante - seize livres huit
fols quatre deniers payée aux
,
Officiers Provinciaux des Déci-
mes ou à leurs représentants,
pour les arrérages des rentes cons-
tituées à leur profit au denier
cinquante, Ôê qui tiennent lieu
de la finance de leurs Offices, ci. 4176 1. 8 f. 4 d.
Nous avons admis la dépense
de ces cinq chapitres fur le vu
des quittances, ôê autres pièces
justificatives qui nous ont été re-
présentées è\ê que nous avons
,
jugées dans la forme conve-
nable.
Le neuvième chapitre de dé-
pense contient la somme de cent
cinquante livres, dont il a été
tenu compte au Prieuré deMont-
Fleury pour Tannée 1780 de
,
l'indemnité de pareille somme
qui lui est accordée sur ses
décimes \ ôê cette dépense nous
a été justifiée par le rapport
du certificat de la Dame Prieure
de cette Maison, sur le vu du-

pitre, ci . . . ...
quel nous avons alloué ce cha-
. 150 h
568777 1. 7 s. 10 d.
DU CLERGÉ DE
Ci-contre
. .....
FRANCE, 17 SEPTEMBRE 1785. 775

Le dixième est de la somme


de cent mille livres, qui a été
568777 1. 7 s. 10 d.

payée à TOrdre de Saint-Lazare


pour Tannée 1780, de la rente
de pareille somme, consentie par
le Clergé-Général en faveur de
cet Ordre : cette dépense étant
-déja connue, Se employée dans
les comptes précédents nous
,
l'avons admise sur le vu de la
quittance du Trésorier-Général
de cet Ordre visée par Mes-
,
sieurs vos Agents, ci 100000 1.
Nous avons trouvé employée,
dans le onzième chapitre, la som-
me de quinze mille deux cents
livres, payée à Tépoque du pre-
mier Janvier 1781 à l'un des
,
Propriétaires de ce qui reste en-
core dû des rentes constituées
aux Officiers Provinciaux des
décimes, pour Textinction d'une
partie de ces rentes j ce rembour-
sement nous a été justifié par le
rapport des pièces nécessaires à
la libération du Clergé : c'est
pourquoi nous avons admis la
dépense de ce chapitre pour la-

.....
dite somme de quinze mille deux
cents livres, ci
Enfin le douzième ôê dernier
chapitre contient la somme de
15100 1^

cent trente-deux mille livres que


le Comptable a retenue par ses
mains des deniers de fa recette,
pour ses appointements de Tan-
683977 1. 7 f. 10 d.
....
776 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part
née 1780, qui ont été fixés an-
nuellement à cette somme, tant
683977 1. 7".s. iod„
"

par la Délibération du n
vembre 1775 que par le con-
No-
,
trat du 13 Décembre suivant.
NOUS avons donc alloué cette
dépense fur le vu, tant de cette
Délibération ôê de ce Contrat,
que sur celui du compte précé-
dent, ci 131000 1.
En réunissant toutes les som-""" ~ " ~
mes comprises dans ces douze
chapitres, on trouve que la to-
talité de la dépense .de ce compte
est de la somme de huit cents
quinze mille neufcents soixante-

, . . .....
dix-sept livres sept sols dix de-
niers ci
La recette n'étant que de celle
de huit cents-quatorze mille trois
S15977 1. 7 s. lo d.

cents soixante-quinze livres ,ci. 814375 1.


II résulte que le Comptable ""
se trouve en avance de la som-
me de seize cents deux livres
sept sols dix deniers 5 ôê par Tar-
rêté que nous avons mis fur ce
compte, nous avons dit qu'elle
feroit portée en dépense sur le
premier chapitre du compte sui-
vant, ci 1601 1. 7 s. 10 d.
» I III ' U —M»

Compte des Décimes Pensions ÓC Appointements


j
année 178 1,
,
ILes objets qui composent les recettes Ôê dépenses de ce
compte, font absolument les mêmes que ceux du compte
précédent. Nous nous dispenserons donc, Messeigneurs,
de vous les présenter par détail j vos moments font trop
précieux
DU CLERGÉ DE FRANCE , 17 SEPTEMBRE 1785. 777
précieux pour les employer à entendre des répétitions austi
inutiles que fatigantes : nous en userons de même pour les
trois années suivantes, avec d'autant plus de raison, qu'en
vous instruisant sommairement du résultat de chaque comp-
te , vous serez toujours à portée de juger par les avances
constantes clans leiquelles nous avons trouvé le Receveur-
Général, qu'il a saisi toutes les occasions d'accélérer la li-
bération des Rentes-Ostices, dont les remboursements font
portés en dépense dans ces comptes, de manière que ces
rentes se trouvent actuellement réduites à un très-petit objet.
RECETTE.
Elle est en total de la somme de huit cents quatorze
mille trois cents soixante-quinze livres, ôê divisée en sept
chapitres comme celle du compte précédent fur le
, ,
vu duquel nous Tavons admise,
ci 814375 1.
Et la dépense, distribuée en
douze chapitres est en totalité
,
de celle de huit cents dix-huit
mille huit cents seize livres six
fols trois deniers, ci 8 1 8 8 1 6 1. 6 f. 3 d.
. . .
Elle excède par conséquent la
recette de la íomme de quatre
mille quatre cents quarante-une
livres six lois trois deniers, qui,
suivant Tarrêté que nous avons
mis fur ce compte, fera portée
en dépense sur le premier cha-
pitre de celui de Tannée sui-
vante, ci 4441 1. 6 s. 3 d.
Compte des Décimes Pensions ÓC Appointements,
>
année 1781.
RECETTE.
Elle est en total de la somme de huit cents quatorze
Procès-verbal de 17 8 5. Xxxx
778 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
mille trois cents soixante-quinze livres pour le montant
des sept chapitres qui la com-
posent, ci . .
814375 1.
. .
Et la dépense, qui contient à
Tordinaire douze chapitres, mon-
te en total à celle de huit cents
vingt-deux mille sept cents
vingt-une livres un fol onze de-
niers, ci 811711 1. 1 f. 11 d.
Par conséquent elle surpasse"""' '
la recette de la somme de huit
mille trois cents quarante-six li-
vres un fol onze deniers , qui
composera le premier chapitre
de dépensedu compte suivant, ci 8346 1. 1 s. 11 d.
^——»—^—i || irton—uni——mim* MMi>imw«nwn>wiim im

Compte des Décimes Pensons âC Appointements


* j
année 1783.

RECETTE.
Elle est toujours de la somme de huit cents quatorze

livres, ci
. . ..
mille trois cents soixante-quinze
814375 1.
Et la dépense, en douze cha- ---------—————
pitres, est en total de celle de
huit cents seize mille deux cents
quarante-quatre1. quatre den. ci 8 16144 1. 4 d.
II résulte de la comparaison
de ces deux sommes, que la dé-
pense est plus forte que la recette
de dix-huit cents foixante-neuf
livres quatre deniers, qui se trou-
ve composer Tavance du Comp-
table ôê de laquelle il fera dé-

compte suivant, ci ....


pense, sur le.premier chapitre du
1869 1. 4 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 SEPTEMBRE 1785. 779

Compte des Décimes Pensons ÓC Appointements,


.,
année 1784.

RECETTE.
Elle est, ainsi que celle des années précédentes, distri-
buée en sept chapitres 3 mais au lieu de huit cents quatorze
mille trois cents soixante-quinze livres, à quoi elle mon-
toit en total pour ces mêmes années, nous Tavons trouvée
de huit cents vingt-neuf mille trois cents soixante-quinze
livres. Cette augmentation provient, Messeigneurs, de ce
que TAssemblée de 1781, par fa Délibération du 19 No-
vembre a jugé convenable de porter Timposition des pen-
sions à cent mille livres, au lieu de soixante-dix mille livres,
dont elle étoit ci-devant, de destiner cette augmentation
à faire à Tavenir le fonds des pensions ou gratifications que
les Assemblées suivantes croiroient devoir accorder aux
Ecrivains ecclésiastiques, séculiers ou réguliers, ou même
laïques, qui auroient le plus mérité de la cause des moeurs
ôê de la Religion. Cette Délibération ordonna austi, que
ce supplément d'imposition ne commenceroit qu'à compter
du terme d'Octobre 17845 elle arrêta en conséquence un
nouveau département pour cet objet, le 7 Décembre 1781,
sur le vu duquel, ainsi que sur celui de la Délibération
susdatée, nous avons alloué la totalité de la recette du
compte de Tannée 1784, pour ladite somme de huit cents
vingt-neuf mille trois cents soi-
xante-quinze livres, ci
. . \ 819375 1.
Et la dépense, qui est divisée
en douzechapitres, monte à celle
de huit cents trente mille huit
cents quatre-vingt-quatorze li-
vres douze fols onze deniers, ci. 830894 l. 1 z f. 1 1 d.
Par conséquent Tavance du"
nComptable Ai r
Ì 1 est de 1la iomme de
1 15 19
;
I. 11
7-
1. 1 1
j~~
d.
quinze cents dix-neuf livres
douze fols onze deniers ; ôê, sui-
Xxxx 1
7So PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

vant ce que nous avons prescrit


par Tarrêté de ce compte, cette
avance sera employée dans le
premier chapitre de dépense du
compte de Tannée 1785, qui
sera présenté à TAssemblée de
179o ci
j 1519 1. 11 s. 11 d.

Toutes les dépenses employées dans les dissérents comp-


tes dont nous venons, Messeigneurs, de vous présenter le
résultat, nous ont été justifiées par des quittances ôê picces
convenables que nous avons jugées telles, après les avoir
scrupuleusement examinées ; nous avons pasté ensuite à la
vérification des comptes des anciennes rentes, c'est-à-dire,
de ce qui subsiste encore de celles créées fur les constitu-
tions antérieures à 1734.

Compte des anciennes Rentes.,


année 1780.

La recette de ce compte n'est composée que d'un seul


ôê unique chapitre, qui contient le recouvrement fait par
le Comptable pendant Tannée 1780, de Timposition desti-
née au paiement des arrérages, ôê au remboursement de ce
qui reste encore dû des rentes créées, comme nous venons
de vous Tannoncer, fur les constitutions antérieures à 1734,
ôê qui toutes font actuellementréduites au denier cinquante.
Ces différents objets, connus fous le nom général d'an-
ciennes Rentes, comprennent, tant celles constituées pour
tenir lieu des vingt mille livres d'augmentation de gages
qui furent attribuées en 1 640 aux Payeurs ôê Contrôleurs
des trois parties de rente de THôtel-de-Ville de Paris, pré-
tendues aíìignées fur le Clergé, que de celles créées dans
les années 1686, 1690, 1693, 1694, 1695, 1700,
1701, 1705 , comme aussi de celles constituées en 1714)
ôê qui font une fuite des précédentes j ôê enfin de celles
créées au profit des dissérents particuliers qui ont été su-
brogés aux droits des Diocèses, au profit de qui il avoir
DU CLERGÉ DE FRANCE> 17 SEPTEMBLÍE 1785. 78 j
été fait des remboursements fur les anciennes rentes,
avec
les fonds provenus des remises qu'ils avoient faites en Bil-
lets de Banque à ia Caisse générale, pour des sommes excé-
dantes le montant de leurs impositions du premier -terme
de 1710. Ce dernier objet est connu, ôê employé en dé-
pense íur ce compte, fous le nom d'intérêts aux Diocèses.
Jl faut vous observer, Mesteigneurs, que ce n'est que de-
puis 1765 que tous les paiements faits pour ces anciennes
,
dettes composent un compte particulier. Avant cette épo-
,
que on n'en formoit qu'un seul, tant pour ces objets, que
pour ceux compris dans les comptes des Décimes, Pensions
ôê Appointements que nous venons de vous présenter j-mais
cette Astemblée de 1765 ayant réfléchi que plusieurs Dio-
cèses s'étoient rachetés du tout ou partie des impositions
qui avoient été ordonnées pour le service de ces cìiM=érentes
espèces de dettes, dont nous venons de vous faire le détail,
ôê que ce qui se levoit encore se trouvant compris dans le
département de deux cents trente mille quatre-vingt-treize
livres dix-sept fols trois deniers, (connu depuis 1755 íous
le nom d'anciennes impositions ) cet arrangement occasion-
,
noit une confusion préjudiciable à plusieurs autres Dio-
cèses, elle se détermina à supprimer entièrement ce dépar-
tement y ô£ après avoir pourvu au paiement des arrérages
ôê au remboursement de ce qui restoit encore dû des Ren-
tes-Offices, en y affectant le revenant-bon qui se trouvojt
sur le département des renres de la Ville, elle réduisit ce-
lui des anciennes impositions à la somme de cent trente-
cinq mille huit cents onze livres neuf fols cinq deniers,
qu'elle reconnut être la feule qui devoit être employée au
service des anciennes rentes, &C supportée feulement par
ceux des Diocèses qui ne s'en étoient pas rachetés 3 elle or-
donna que cette somme continueroit d'être levée sur ces
mêmes Diocèses en vertu d'un département particulier
qu'elle en arrêta fur le même pied que celui établi en 1735,
n'étant pas postible de le faire fur le pied de la nouvelle con-
tribution qu'elle venoit d'ordonner. Les choses font, restées
en cet état, Messeigneurs, jusqu'en 1770 où Ton jugea à
de ,
propos retrancher les fractions fur la quote-part de cha-
7%z PROCÉS-VER.BAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

cnn des Diocèses, ôê cette imposition, qui, au moyen de


ce retranchement, se trouve réduite à cent trente-cinq mille
sept cents soixante livres, a toujours été levée pour cette
somme depuis quinze ans. C'est donc' pour cette raison que
nous avons admis la recette de ce compte en un seul cha-
pitre pour ladite somme de cent trente-cinq mille sept
,
cents soixante livres, fur le vu, tant de ce départements
que des comptes précédents,
ci 135760 L
D É f? E N S E. ™~ ~
A Tégard de la dépense de ce compte, elle est compo-
sée Messeigneurs, de treize chapitres.
,
Le premier renferme la somme de deux mille sept cents
treize livres dix fols cinq deniers à laquelle s'est trouvée
,
monter Tavance du Comptable fur le compte de Tannée
Î779 y arrêté par TAssemblée de 1780. Comme il a été
dit, par Tarrêté de ce compte, que cette somme feroit em-
ployée dans le premier chapitre de celui de Tannée sui-
vante, c'est en conséquence de cette décision, que nous
en avons admis ici la dépense,
ci 1713 1. 10 s. 5 d.
Le deuxième chapitre con-
tient la somme de deux mille
quatre cents trente-trois livres
deux fols trois deniers, payée aux
Rentiers qui y font dénommés,
pour les arrérages de Tannée
J780, de ce qui reste encore dû
des vingt mille livres d'augmen-
tation de gages attribués en
.
1640 aux Payeurs Ôê Contrô-
leurs des Rentes de THôtel-de-
Ville de Paris, prétendues aíïi-
gnées fur le Clergé, ôê qui de-
puis ont été converties en rentes
au denier cinquante, ci . . i4>3 1. 2. f- 3 d.
5 146 1. 1 z f. 8 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE J 17 SEPTEMBRE 1785. 783
Ci-contre 5146 1. us. 8 d.
Le troisième chapitre ôê les
suivants, jusques ôê compris le
onzième, font composés des paie-
ments faits par le Comptable,
pour les arrérages de la même
année 1780, des rentes au de-
nier cinquante qui subsistent
,
encore de toutes les anciennes
constitutions faites par le Cler-
gé depuis ôê compris 1 68 6, jus
,
ques ôê compris 1705 , ainsi que
de celles de 1714, qui en ont
été une fuite ; ces neuf chapitres
montent :
S A V O IR:
Le troisième, qui contient les
arrérages des rentes 1686. à la
somme de cent quarante livres
seize fols, ci I.16 f.
. . . . 140
Le quatrième, ceux des ren-
tes 1690, à celle de vingt-un
mille quatre cents cinquante-
huit livres deux íols deux de-
niers, ci 1145 8 1.
1 f. 1 d.
Lc cinquième ceux des ren-
,
tes 1693, à celle de six mille neuf
cents onze livres quatre fols
trois deniers, ci 6911 1/ 4s. 3 d.
. . .
Le sixième, ceux des rentes
1 694 à celle de deux mille deux
3
cents vingt livres, ci 1110 J»;
Le septième ceux des rentes
,
1 69 5 , à celle de onze mille cinq
cents quarante livres sept fols
cinq deniers, ci 1154° 1- 7 f- S d.
. .
47417 1. if. 6 d.
7&4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part . . . . 47417 1. 1 s. 6 d.
Le huitième, ceux des rentes
1700 , à celle de neuf mille trois
cents dix livres treize fols deux
deniers, ci . . . . 9310 1. 13 f. 1 d.
Le neuvième, ceux des rentes
1701, à celle de trois mille cinq
cents quatre livres, ci . . . 3504 L
Le dixième, ceux des rentes
1705 , à celle de seize mille sept
cents cinquante-huit livres dou-
ze fols six deniers, ci . . . 16758 1. 11 f. 6 d.
Le onzième ceux des rentes
,
1714, à celle de dix-neuf mille
deux cents sept livres cinq fols
onze deniers, ci . . . 19107 1.
5 f. 11 d.
\Le douzième chapitre con-
tient la somme de quatre cents
trente-cinq livres onze fols deux
deniers, payée pour les arréra-
ges de Tannée 1780 aux parti-
culiers subrogés aux droits des
Diocèses au profit de qui il
,
avoit été fait des rembourse-
ments d'anciennes rentes, avec
les fonds provenus des remises
qu'ils avoient faites en Billets de
Bancjue à la Caisse générale du
Clergé au-delà de leurs imposi-
tions du premier terme de 1710,
ci 435 1. 11 f. 1 d«
. . . . . .
Tous ces paiements, compris
dans ces dissérents chapitres,
nous ont été justifiés par des
quittances ôê pièces nécesiairess
c'est pourquoi nous en avons
alloué la dépense après avoir
,
966^ 1. 5 f. 3 d-
vue
Ci-contre
......
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 SEPTEMBRE

visé ces mêmes quittances ôê


pièces, Ôê nous être asturés qu'el-
9663 3 1.
1785.
js 3
78/
d.

les étoient dans la forme con-


venable.
Le treizième ôê dernier cha-
pitre de dépense est en total de la
somme de quarante -trois mille
cent 1., payée pour le rembourse-
ment de quelques parties de ren-
tes des constitutions dont nous
venons de vous faire le détail j ces
remboursements ont été faits,
suivant Tusage, aux époques des
six premiers mois ôê six derniers
mois de Tannée 1780 ; savoir,
aux six premiers mois, jusqu'à
concurrence de la somme de sept
mille trois cents livres, c\ê aux
six derniers mois, jusqu'à con-
currence de celle de trente-cinq
mille huit cents livres, ce qui
revient en total à ladite somme
de quarante-trois mille cent li-
vres , montant de ce chapitre,
ôê dont nous avons admis la
dépense sur le vu des grosses
des Contrats rembourses, des
quittances des Rentiers, Ôê des
autres pièces qui nous ont été
ci
........
rapportées en bonne forme
,
La totalité de la dépense, com-.
prise dans les treize chapitres ci-
43Ï00L
i

deslus, est de la somme de cent


trente-neuf mille sept cents tren-
te-trois livres cinq fols trois de-
niers, ci 13973 3 1- $ k 3 **•
. . . . .
Procès-verbal de 1785. Yy yy
786 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De Iautre part . . . . 139733 1. 5 s- 3 d.
Et la recette, en un seul cha-
pitre n'est que de celle de cent
,
trente-cinq mille sept cents soi-
xante livres, ci . . 13 5760 L
. .
Au moyen de quoi la dépense ~" ' " a ~
excède la recette de la somme de
trois mille neuf cents soixante-
treize livres cinq fols troisde -
niers,ci 39-73!. 5 f. 3 d.
. . . .

Nous avons dit, par Parrcté de ce compte, que cette


somme de trois mille neuf cents soixante-treize livres cinq
fols trois deniers, dont le Comptable se trouve en avance,
feroit portée en dépense sur le premier chapitre du compte
suivant.

Compte des anciennes Rentes pour Iannée 17 81.

RECETTE.
Elle n'est.composée que d'un seul Ôê unique chapitre,
comme celle du compte précédent ', elle a de même pour
objet le recouvrement fait pendant Tannée 1781, de Tim-
position de cent trente-cinq mille sept cents soixante livres,
destinée au paiement des anciennes rentes, ôê dont nous
venons de vous rappelles Torigine. C'est pourquoi nous
nous contenterons de vous instruire que nous avons admis
cette recette fur le vu de ce département ôê du compte de
Tannée 1780. Nous suivrons cette méthode pour les trois an-
nées suivantes, cet objet n'étant
susceptible d'aucune variation, ci 1357.60 1.
— „ —J
DÉPENSE.
 Tégard de la dépense, elle est composée de treize cha-
pitres, comme celle de Tannée 1780.
Le premier, qui contient la somme de trois mille neuf
DU CLERGÉ DE FRANCES 17 SEPTEMBRE 1785. 787
cents soixante-treize livres cinq fols trois deniers, a pour
objet Tavance du compte précédent, ôê nous en avons al-
loué la dépense sur le vu de Tétai
final de ce même compte ci 3 973
'• 5 s- 3 d.
, . .
Le deuxième chapitre ôê les
suivants, julques ôê compris le
douzième, contiennent les paie-
ments faits pour les arrérages de
Tannée 1781 de toutes les dif-
férentes espèces de dettes dont
nous vous avons fait le détail à
Tannée 17803 nous peníons par
conséquent qu'il suffit de vous
instruire que ces arrérages ne
montent ensemble qu'à la som-
me de auatre-vingt-onze mille
neuf cents trente-trois livres
quatorze fols dix deniers , au
lieu qu'à Tannée précédente ils
étoient de quatre-vingt-treize
mille neuf cents dix-neuf livres
quatorze lois dix deniers. Cette
diminution fur les charges an-
,
nuelles est produite Meilei-
, ,
gneurs, par les remboursements
faits fur quelques-unes de ces-
rentes , pendant Tannée 1780,
ôê au terme des Lìx premiers mois
178 15 ôê c'est après en avoir fait
la vérification, que nous avons
alloué toutes les dépenses de ces
dissérents chapitres, fur le vu
des quittances des Rentiers, pour
ladite somme de quatre-vingt-
onze mille neufcents trente-trois
livres quatorze fols dix deniers,
ci 9193 3
i. 14 f. 10 d.
,m s . , . .
95907 i. 1
d.
Yyyy z
4

De Vautre part ....


n %8 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

En vous présentant sommai-


959°7 1- * d.

rement, comme nous venons de


le faire le montant total de ces
,
dépenses nous évitons encore,
,
Messeigneurs bien des lon-
,
gueurs , qui ne vous procure-
roient pas de plus grands éclair-
cissements, puisque vous êtes à
portée de connoître d'un coup
d'oeil ia situation du Clergé fur
ces anciennes dettes 5 ôê de juger
que leur diminution est toujours
proportionnée aux fonds qui se
trouvent destinés à leur libéra-
tion j nous en userons donc de
même pour les trois années dont
nous avons encore à vous en-
tretenir.
Le treizième ô£ dernier cha-
pitre de dépense de ce compte
est de la somme de cinquante-
deux mille deux cents livres, à
laquelle montent ces rembour-
sements de Tannée 17 8 i, ôê dont
nous avons alloué la dépense fur-
ie vu des quittances ôê autres
,
pièces justificatives qui nous ont
été rapportées pour le soutien de
Ce chapitre, ci . . . 51100 1.
En réunissant toutes les íbni-
mes comprises dans ces treize
chapitres on trouve qu'elles
,
composent celle de cent qua-
rante-huit mille cent sept livres
un denier pour la totalité de la
dépense de ce compte, ci 148107 L ;i à»
- -
DU CLERGÉ DE FRANCE J 17 SEPTEMBRE 1785. 789
Ci-contre 148107 1. 1 df
La recette n'est que de celle
de cent trente-cinq mille sept
cents soixante livres, ci . . . 135760 1.
Par conféquentle Comptable ' "r—
se trouve en avance de la somme
de douze mille trois cents qua-
rante-sept livres un denier, qu'il
emploiera en dépense sur le pre-
mier chapitre du compte de Tan-
née 1781, comme nous Tavons
prescrit par Tarrêté final de ce-
lui-ci ci 113 47 1. 1 d.
, . . .

Compte des anciennes Rentes, année 17%z.

RECETTE.
La recette de ce compte est d'un seul chapitre com-
,
me celle du compte précédent, sur le vu duquel nous
lavons admise, pour la somme totale de cent trente-cinq
mille sept cents soixante livres,
ci
. . . . . .
135760 1.
DÉPENSE.
Elle est, comme au compte précédent, de treize chapitre*.
Le premier renferme Tavance du compte de Tannée
1781, fixée par son arrêté à la somme de douze miUe
trois cents quarante-sept livres un denier en conséquence
,
duquel nous en avons admis ici
la dépense,ci 11347!. 1 d.
. . . .
Les onze chapitres suivants,
qui ont pour objet le paiement
des arrérages des anciennes ren-
tes , ôê des intérêts aux Diocèses
pour Tannée 1781, montent en-,
n 347 1. 1 d.
79° PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part » . . . 11347 1. 1 d.
semble à celle de quatre-vingt-
neuf mille huit cents quatre-
vingt-treize livres ouatorze íols
dix deniers, ils étoient pour Tan-
née 1781 de quatre-vingt-onze
mille neuf ccnzs trente-trois li-
vres quaíx-rze íols G;X deniers,
par coníéquent les rembourse-
ments ont occasionné une dimi-
nution de deux mille quarante
livres-, nous avons alloué la dé-
pense de ces onze chapitres, d'a-
près la vérification ôê le visa des
quittances, ôê pièces qui nous
ont été rapportées pour leur sou-
tien dans la forme convenable,
ci . , 8985*3 1..14 f. 10 d.'
Et. le .treizième ôc dernier
. ,

chapitre renferme les rembour-


sements de Tannée 1781, qui
forment ensemble un objet de
quarante-deux mille trois cents
quatre-vingt-treize livres, ci . 42-393 1-
.
Ces treize chapitres de dépen- " "
se réunis, corn Dosent un total de
cent quarante-quatre mille six
cents trente-trois livres quatorze
fols onze deniers, ci M^H ^* *4 í» ll
. » "••
Et la recette n'est cjue de celle
de cent trente-cinq mille íept
cents soixante livres, ci . . . 13 5760 1.
Par conséquentle Comptable " "~"" """"
est en avance de la somme de
huit mille hu;it cents soixante-
treize livres quatorze fols onze
deniers, ci £873 î. 14 f. 11 d.
. * . . . ,
DU CLERGÉ DE FRANCE* 17 SEPTEMBRE 1785. 791
Nous avons dit, par Tarrêté de ce compte qu'il feroit
dépense de cette même somme sur le premier, chapitre du
compte suivant.
Compte des anciennes rentes., année 1783.

RECETTE.
Elle est, comme au compte précédent, de la somme
de cent trente - cinc] mille sept

chapitre, ci . . ..'.".
cents soixante livres en un seul
135-7601.

DÉPENSE.
Elle est aussi composée des mêmes objets que ceux du
compte précédent, ôê distribuée en treize chapitres.
Le premier contient la somme de huit mille huit cents
soixante-treize livres quatorze fols onze deniers, à laquelle
monte Tavance du compte de Tannée 1781 j ôê c'est, con-
formément à ce que nous avons prescrit, par Tétat final de
ce compte ,que nous avons admis ici en dépense.cette même
somme de huit mille huit cents
íoixante- treize livres quatorze
fols onze deniers, ci
. . .
Les onze chapitres suivants,
.
8873 1. 14s. n ç\,:

qui contiennent le paiement des


charges annuelles pendant cette
même année J 7 8 3, ne montent
ensemble qu'à la somme de qua-
tre-vingt-huit mille sept cents
quarante-cinq livres dix-sept fols
huit den., au lieu de celle de qua-
tre-vingt-neuf mille huit cents
quatre-vingt-treize livres, qua-
torze fols dix deniers, à quoi
elles montoient fur le compte
8873 1. 14 s. 11 d. u
79* PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part . . . . 8873 1. 14 s. 11 d.
précédent : les remboursements
ont donc occasionné une dimi-
nution de onze cents quarante-
sept livres dix-sept fols deux de-
niers fur ces dissérents objets :
c'est pourquoi nous avons alloué
cette dépense pour ladite somme
de quatre-vingt-huit mille sept
cents quarante-cinq livres dix-
sept fols huit deniers, ci 88745 1. 17 f. 8 d.
. .
Le treizième ôê dernier cha-
pitre, qui contient les rembour-
sements de Tannée 1783, monte
en total à la somme de trente-
huit mille six cents quarante-
trois livres six fols huit deniers,
ci '
• 38643 1. 6 f. 8 d.
.
La totalité de la dépense de ' '

ce compte est de cent trente-six


mille deux cents íoixante-dèux
livres dix-neuf fols trois de-
niers, ci 1361611.19 s. 3 d.
La recette n'est que de cent

xante livres, ci ....


trente-cinq mille sept cents soi-

Au moyen de quoi Tavance


se trouve être de cinq cents deux
135760 1.

livres dix-neuf fols trois deniers,


ci 501 1. 19 f. 3 d.

Après avoir bien examiné toutes les quittances ôê pie-


ces qui nous ont été présentées pour le soutien des diffé-
rentes dépenses employées dans ce compte, nous Tavons
arrêté, ôê nous avons dit que cette avance feroit, sui-
vant Tusage, portée sur le premier chapitre du compte
suivant.

Compte
DU CLERGÉ DE FRANCE** 2.7 SEPTEMBRE 1785. 793
Compte des anciennes rentes, année 1784.

RECETTE.
Elle est toujours de la somme de cent trente-cinq mille
sept cents soixante livres en un
seul chapitre, ci 135760 1,
. . , .
DÉPENSE.
A Tégard de la dépense, elle est distribuée , de même
que celle des comptes précédents, en treize chapitres.
Le premier, qui contient Tavance dans laquelle le Comp-
table s'est trouvé fur le compte de Tannée 1783 , est de la
somme de cinqcents deux livres dix-neuf fols trois deniers,
à laquelle cette avance a été fixée
par Tarrêté de ce même compte,
ci 501 1. 19 f. 3 d.
Les onze chapitres suivants,
qui contiennent le paiement des
arrérages de Tannée 1784, des
anciennes rentes ôê des intérêts
aux Diocèses , montent ensem-
ble à la somme de quatre-vingt-
sept mille quatre cents livres
trois fols j ils étoient à Tannée
1783 de celle de quatre-vingt-
huit mille sept cents quarante-
cinq livres dix-sept fols huit
deniers, ils se trouvent par con-
séquent diminués de treize cents
quarante-cinq livres quatorze
íols huit deniers par les rembour-
sements annuels, ci 87400 1. 3 f.
Le treizième ôê dernier chapi-
tre est composé des rembourse- -
87903 1. z 1. 3 d.

Procès-verbal de 1785. Zzzz
794 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
I

De l'autre part .
87903 1. 2, s.
. . . 3 d.
ments faits pendant ladite année
1784, qui font en totalité de la
somme de cinquante-un mille
quatre cents quatre-vingt-dix-
íept livres treize fols deux de-
niers, ci
La totalité de cette dépense
5 1497 1. 13 f. i d.''
'
est par conséquent de cent trente-
neuf mille quatre cents livres
quinze fols cinq deniers, ci . . 139400 L 15 f. 5 â*
La recette n'étant que de cent
trente-cinq mille sept cents soi-
xante livres, ci . . .
135760 1.
ïl résulte de la comparaison
de la recette avec la dépense, que
le Comptable se trouve en avan-
ce de la somme de trois mille six
cents quarante livres quinze fols
cinq deniers, ci
. .. 3 640 1. 15 f. 5 d.

Cette avance formera le premier chapitre de dépense du


compte de Tannée 1785 , qui sera rendu à TAssemblée de
1790 , comme nous Tavons dit par Tarrêté que nous avons
mis fur celui-ci, après nous être asluré par Texamen de
toutes les pièces qui nous ont été rapportées au soutien de
la dépense, qu'elles étoient suffisantes pour opérer la dé-
charge du Clergé. Et, suivant Tordre ordinaire du travail
que vous avez bien voulu nous confier, nous nous som-
mes occupés ensuite du compte des rentes de 1707, qui
nous a été présenté pour les années 1780, 178 1 , 1781,
1783 Ôê 1784. Mais avant d'entrer dans le détail de ce
compte, il est nécessaire de vous instruire, Messeigneurs,
que ces rentes ne font point partie des dettes du Clergé,
quoiqu'elles entrent dans Tadministration de son Receveur-
Général j elles ont été originairement constituées pour le
compte du Roi, ôc" Sa Majesté s'étant obligée de fournir
au Clergé les sommes nécessaires pour les acquitter, le fonds
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 SEPTEMBRE 1785. 79$
en est fait chaque année entre les mains de votre Receveur-
Général par une ordonnance qui s'expédie fur le Trésor-
,
Royal : ces rentes, au surplus, ne forment actuellement
qu'un très-petit objet, parce que Sa Majesté en a fait rem-
bourser la plus grande partie, ôê que d'ailleurs les arré-
rages de celles qui subsistent encore, ne se paient plus que
fur le pied du denier cinquante j c'est pourquoi le compte
que nous allons vous présenter, renferme, ainsi que ceux
des exercices précédents, les recettes ôê dépenses des cinq
années qui se font écoulées depuis TAstemblée de 1780.

RECETTE.
La recette de ce compte composée d'un seul chapitre,
,
contient la somme de quatorze mille huit cents quatorze
livres six fols huit deniers, que votre Receveur-Général a
reçue au Trésor-Royal, ôê qu'il a employée au paiement des
arrérages de ces rentes pendant les années 1780 1781
1781, 1783 ôê 17843 Nous avons admis cette ,recette,,
tant fur le vu des ampliations de ces ordonnnances, que
fur celui du compte précédent,
ci 14814 1. 6 f. 8 d.
DÉPENSE.
Quant à la dépense, elle est distribuée en six chapitres.
Les cinq premiers contiennent les sommes payées à ceux
des Rentiers de la constitution de 1707, qui n'ont point
encore été remboursés, pour les arrérages des années 1780,
1781, 1781, 1783 ôê 1784, qui montent ensemble à la
somme de quatorze mille six cents trente livres dix-neuf
fols sept deniers, que nous avons allouée en dépense fur le
vu des quittances des particuliers à qui elle a été payée,
auxquelles étoient jointes les pièces nécestaires, pour éta-
blir le droit des nouveaux Pro-
priétaires ci 14630 1. 19 s. 7 d.
,
Et le sixième ôê dernier cha-
pitre est composé de la somme
Zzzz 1
79 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part . . . . 14630 1. 19 s. 7 d.
de cent quatre-vingt-trois livres
sept fols un denier, à laquelle
montent les taxations de trois de-
niers pour livre accordées par le
Roi au Comptable, ôê qu'il est
dans Tissage de retenir par ses
mains des deniers de fa recette ;
c'est pourquoi nous en avons
admis la dépense sur le vu des
comptes précédents, ci . . . 1 8 3 1. 7 f. 1 d.
La totalité de ces six chapi-
tres de dépense, est de la som-
me de quatorze mille huit cents
quatorze livres six fols huit de-
niers, ci 14814I. 6 f. 8 d.

La recette étant de pareille somme, nous avons dit, en


arrêtant ce compte que votre Receveur - Général étoit
quitte pour cet objet.,
Après vous avoir présenté, Messeigneurs, le plus suc-
cinctement qu'il nous a été possible, les résultats de tous les
comptes que vous avez soumis à notre examen, il ne nous
reste plus qu'à rendre à Messeigneurs ôê à Mestieurs les
Commissaires qui ont partagé ce travail avec nous, la jus-
tice que nous leur devons, en ne vous laissant point igno-
rer le zèle ôê Tintelligence qu'ils y ont apportés. Nous de-
vons austi, en suivant Texemple des précédentes Astem-
blées donner à M. Bollioud de Saint-Jullien les éloges que
,
méritent son exactitude ôê le bon ordre de fa comptabilité,
de même que son empressement à saisir toutes les occasions
de faire Tavantage du Clergé. Nous en avons eu un exem-
ple frappant, Ôê que nous ne pouvons nous dispenser de
faire remarquer 3 c'est à Toccasion des remboursements d'an-
ciennes rentes, faits dans les années 1781 ôê 1781, tant
à M. le Duc de TEfparre, qu'à M. de Tourny : ces Ren-
tiers étoient dans la claste des Propriétaires originaires, ôê
comme tels pouvoient, en attendant leur tour, prétendre
DU CLERGÉ DE FRANCE , 17 SEPTEMBRE 1785. 797
au remboursement fur le pied de la première constitution:
mais des circonstances particulières leur ayant fait désirer
ces remboursements fur le pied du denier vingt-cinq, dans
un moment où il étoit avantageux pour ces Rentiers d'en
avoir le fonds à leur disposition, le Comptable, pour
pro-
fiter de cette occasion,. s'est mis dans des avances considé-
rables ôê en facilitant ces anciens Créanciers, a procuré
, un
bénéfice réel au Clergé de plus de cent mille livres. Nous
avons remarqué , au surplus, que la Délibération de 1765 a
été exactement suivie pour Tordre de ces remboursements
qui ont été faits de préférence à ceux des Rentiers par ac-
quisition qui les ont demandés, ôêà leur défaut aux mains-
mortes qui se font trouvées Propriétaires originaires.
Le Rapport fini Monseigneur l'Archevêque de Nar-
bònne a remercié, ,au nom de TAstemblée Messeigneurs
,
cê Meilleurs les Commiílaires de leur travail.
Monseigneur l'Archevêque de Vienne a fait ensuite le
Rapport des Frais Communs de la présente Assemblée, ô£
a dit :
MESSEÏGNEURS MESSIEURS,
ET
Après avoir mis fous vos yeux les comptes arrêtés au
Bureau des Moyens, ainsi que Tétat des frais communs de
Ta présente Assemblée, arrêté au même Bureau, nous au-

rons Thonneur de vous représenter, que, conformément aux


vues., ôê aux exemples des dernieres Assemblées, il est juste
d'accorder à Mestieurs les Dépurés du second Ordre un
Exemplaire complet de la Collection des Procès-verbaux
des Assemblées du Clergé ouvrage commencé par feu
,
M. TAbbé Duranthon continué ôê achevé, jusqu'à ces
,
derniers temps, par MM. les Abbés Dufaulzet ôê Gandin,
à quoi il convient d'ajouter, en faveur des mêmes Députes
du second Ordre, les Procès-verbaux des Assemblées de
1780 ôê 1781, pour qu'ils aient une fuite non interrom-
pue. Nous avons aussi pensé qu'il feroit digne de vous de
comprendre dans cette distribution Monsieur TAbbé de
Gourcy, qui a été Député du second Ordre à TAstemblée
79S PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de 1775 Ecclésiastique plus recommandable encore parla
régularité, de ses moeurs Ôê par ses travaux littéraires, con-
sacrés à la Religion, que par fa naissance, ôê de lui accor-
der pour fa vie, comme une marque particulière d'estime
ôê de considération, un Exemplaire du Procès-verbal des
Assemblées postérieures.
Nous ne vous entretiendrons point du grand nombre des
Ecrivains ôê Gens de Lettres, qui se font déja présentés pour
avoir part aux pensions promises par TAstemblée de 1781,
ni de celles qui doivent être accordées, suivant le pieux
usage établi par nos prédécesseurs, à des personnes nouvel-
lement converties à la Foi Catholique. II nous a paru plus
à propos de renvoyer, fous le bon plaisir de TAssemblée,
les délibérations à prendre, fur ces objets, aux Séances de
Tannée prochaine. Mais nous ne pouvons nous difpenser
de recommander dès-à-présent à votre générosité, ôê, en
quelque forte, à votre justice M. TAbbé Parent, Docteur
de Sorbone, qui, depuis dix ans entiers, s'est dévoué,
avec un travail opiniâtre, un zèle infatigable, une sagacité
rare, Ôê même des dépenses au-dessus de ses forces, à la dé-
fense des droits ôê intérêts du Clergé de France dans la
cause importante des Foi ôê Hommages. C'est le témoigna-
ge que lui a déja rendu devant vous, ôê avec votre applau-
distement, Monseigneurl'Archevêque d'Aix, si juste appré-
ciateur du mérite, ôê qui a été plus à portée que tout autre
de juger des services rendus, à cette occasion, par M. TAb-
bé Parent. Nous avons donc Thonneur de vous proposer
d'accorder audit Abbé Parent une pension annuelle de
trois mille livres, qui sera prise fur le département de trente
mille livres, arrêté dans TAssemblée de 1781, ôc dont le
premier terme remontera au premier Juillet de la présente
année.
D'après ces réflexions, nous avons Thonneur de vous
proposer :
1 v. D'arrêter définitivement Tétat des frais communs de
la présente année, ôê d'en ordonner le paiement, sauf à pren-
dre pour Tavenir les mesures économiques que votre sa-
gesse vous inspirera.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 SEPTEMBRE 1785. 790
z °. D'accorder à Messieurs les Députés du second Ordre
la Collection des Procès-verbaux, ainsi que les Procès-ver-
baux de 1780 ôê 1781, Ôê de faire comprendre Monsieur
TAbbé de Gourcy dans les états de vos distributions, mê-
me pour Tavenir ôê pour fa vie.
30. D'accorder une pension annuelle de trois mille li-
vres en faveur de M. TAbbé Parent, assignée fur le dépar-
tement de trente mille livres, ordonné par TAssemblée de
1 7 S1,
à commencerau premier Juillet de la présente année.
Sur quoi Monsieur le Promoteur ayant été entendu
?
la matière mise en délibération la Province d'Auch en
,
tour d'opiner la première, a il été délibéré, ic. que Tétac
des frais communs sera arrêté ôê approuvé, ôê que néan-
moins les faux frais ôê diverses fournitures s'élevant à des
sommes aslez considérables, Mestieurs les Agents s'occu-
peront, d'ici à la reprise des Séances, des mesures à prendre
pour les diminuer à Tavenir, ôê que leur travail, fur cet
objet, íera remis au Bureau des Moyens pour y être dé-
libéré ainsi qu'il appartiendra.
i°. Qu'il fera fait don à Messieurs les Députés du se-
cond Ordre de la présente Assemblée de la Collection des
,
Procès-verbaux, ainsi que des Procès-verbaux des Astem-
blées de 1780 ôê 1781.
30. Que pour témoigner à Monsieur TAbbé de Gourcy
la satisfaction de TAssemblée, du zèle avec lequel il s'occupe
de divers travaux utiles à la Religion, il lui sera donné,
pendant toute fa vie, un exemplaire des Procès-verbaux
des Assemblées ôê des Rapports d'Agence, ôê ce à com-
mencer depuis TAstemblée de 1780.
4°. Que pour reconnoître les foins Ôê les travaux de
M. TAbbé Parent dans Timportante affaire des Foi ôê Hom-
mages , il lui fera attribué une pension viagère de trois mille
livres, qui commencera à courir du premier Juillet der-
nier, laquelle sera prise fur les fonds déterminés par TAstem-
blée de 1781, pour Tencouragement des Ecrivains utiles
à la Religion ô-ê au Clergé.
Monseigneur l'Archevêque de Vienne a dit encore : Que
la Commission s'étoit occupée du compte des Exemplaires
$oo PROCÈS-VËRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de la Collection des Procès-verbaux, dont le rapport a été
fait ainsi qu'il fuit.
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
L'Assemblée de 1765 chargea M. TAbbé Duranthon de
travailler à la Collection des Procès-verbaux du Clergé de.
France.
Le 11 Novembre de la même année fut fait un traité
entre M. TAbbé Duranthon ôê le Sieur Defprez, Impri-
meur du Clergé, en présence de Messieurs les Agents-Gé-
néraux qui le ratifièrent.
,
Les conventions furent, 19. qu'il ne feroit tiré que quinze
cents exemplairesde TOuvrage j iQ. qu'on feroit tenu d'en
remettre cinq cents à Messieurs les Agents-Généraux, com-
me appartenant uniquement au Clergé3 3*. que la vente
des mille exemplaires restants feroit fixée à vingt-quatre li-
vres le volume, fur quoi feroit payé huit livres cinq fols au
Sieur Duranthon, pareille somme au Sieur Defprez -, ôê on
régla que les sept livres dix fols de surplus feroient perçus au
profit du Clergé, afin de le rembourser de ses avances pour
Timpression de TOuvrage.
M. TAbbé Duranthon mourut pendant que le cinquiè-
me volume étoit fous presse, ôê TAssemblée de 1771 char-
gea MM, les Abbés du Saulzet ôê Gandin de continuer le
travail, qu'en esset ils ont achevé.
Plusieurs héritiers de M. Duranthon se sont présentés en
1775 pour obtenir du Clergé une somme quelconque, soit
a titre de récompense des services rendus par le Testateur,
soit à titre d'indemnité pour la renonciation qu'ils ossroient
de faire au droit de huit livres cinq fols par volume, sti-
pulé en faveur de M. TAbbé Duranthon par le traité
de 1765.
On consulta, sur ces propositions, le Conseil du Ciergé,
qui fut d'avis de ne pas les accepter, par la raison qu'on ne
pourroit rien stipuler de nouveau avec les héritiers, lans
exposer le Clergé à des embarras ôê à des répétitions con-
sidérables : parmi ces héritiers, il y avoit des mineurs, de
plus
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 SEPTEMBRE 1785. 801
plus on ne faifoit point apparaître du consentement de tous
les héritiers majeurs5 enfin plusieurs clauses du testament
de M. TAbbé Duranthon, qui fut discuté par MM. les
Avocats du Clergé, pourroient donner lieu à des disticultés
sérieuses.
Ainsi les héritiers de M. Duranthon ont conservé Thy-
potheque que leur a acquise le traité de 1765, fur la vente
des cinq premiers volumes des mille exemplaires de la Col-
lection des premiers volumes, à raison de huit livres cinq
fols par volume.
Quant au Sieur Defprez, au moyen du paiement qu'il
a reconnu lui avoir été fait par le Clergé d'une somme de
quatre-vingt livres par feuille d'impression de TOuvrage
ci-destus, il a renoncé purement ôê simplement, par acte
du 1 5 Décembre 1775 au bénéfice de huit livres cinq fols
,
par volume, stipulé à son profit par le traité de 1765-.
Le Clergé de France est donc devenu seul Propriétaire
de la Collection des Procès-verbaux, à la charge de payer
aux héritiers de M. TAbbé Duranthon huit livres cinq íols
pour chacun des cinq premiers volumes des mille Exem-
plaires destinés à la vente, mais feulement à mesure ôê en
proportion que la vente ou le débit feroient estectués.
Quant aux cinq derniers volumes la totalité des quinze
,
cents Exemplaires appartient au Clergé en toute propriété,
fans aucune charge quelconque, fans obligation d'en par-
tager le produit avec qui que ce soit.
Depuis 1765 les Astemblées du Clergé ont fait don des
premiers volumes de la Collection aux différentes époques
de leur publication à des Ministres d'Etat, à plusieurs
Membres du Conseil, de Sa Majesté, à d'autres períonnes
considérables, à tous les Evêques du Royaume, ôê en diffé-
rentes Astemblées, aux Députés du second Ordre.
Parmi ceux qui ont reçu ces dons du Clergé, plusieurs
ont négligé de retirer les volumes subséquents, lorsqu'ils ont
été mis au jour, d'autres font morts j ôê de-là nécessaire-
ment il a dû résulter que le Clergé possède un grand nom-
bre d'Exemplaires de la Collection qui font incomplets.
L,es états que nous avons Thonneur de mettre fous YOS
Procès-verbal de 1785. Aaaaa
TSo i PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉÈ-GÉNÉRÂLE

yeux, sont certifiés véritables par le Sieur Defprez, à qui le


.
Clergé a confié la garde ôê la vente de la Collection des Pro-
cès-verbaux : ils vous font connoître le nombre des Exem-
.
plaires vendus, celui des volumes distribués au nom du
Clergé ôê la quantité d'Exemplaires complets ou incomplets
.dont le, Sieur Defprez se trouve encore dépositaire : il est
à présumer que la vente de cet Ouvrage continuera d'être
.
infiniment lente, tant à cause de la cherté d'une acquisi-
tion austi volumineuse, qu'à raison de la nature de cette
Collection, dont Tintérêt se trouve en partie concentré dans
;Je Corps. Ecclésiastique.
Néanmoins vous penserez peut-être qu'il feroit avanta-
geux au Clergé de répandre dans le public la Collection de
.
les Procès-r verbaux : elle contient les annales du premier
.
Corps de l'Etat, ôê de la plus grande partie des Eglises de
,
France j elle fait connoître une fuite précieuse de monu-
ments, constitutifs des droits Ôê privilèges du Clergé, Ôê ce
,
font ces motifs qui ont déterminé les dons faits parles pré-
.
cédentes Astemblées.
,
Vous venez d'accorder à chacun de Messieurs les Dépu-
tés du secondOrdre un Exemplaire.completde cette Col-
,
lection : par les états ,ci-dessus, vous avez vu, Messeigneurs
ôê Mestieurs que le Clergé possède, en toute propriété, un
,
nombre suffisant. d'Exemplaires pour que cette concession
,
de fa part ne lui soit pas onéreuse, à raison des cinq der-
.
niers volumes de la Collection.
.
A. la vérité vous ne pouvez disposer librement ôê sans
.frais, que d'une partie des cinq premiers volumes, de forte
que pour, compléterdes Exemplaires de Messieurs les Dé-
putés du second Ordre, vous serez obligés d'ordonner au
.Sieur Defprez d'en fournir un certain nombre, à prendre
fur les mille Exemplaires dont il est dépositaire.
Mais, i°. vous, êtes les vrais Propriétaires de la.totalité
..de TOuvrage.
i°. Le Sieur Defprez a renoncé formellement au bé-
néfice de huit livres cinq fols par volume que lui accor-
vdoit le traité fait en 1765.
30. Vous ne ferez donc tenus qu'à faire raison aux hé-
DU CLERGÉ DE FRANCE , 17 SEPTEMBRE 1785. 803
ritiers Duranthon lorsqu'ils se présenteront, des huit li-
,
vres cinq fols par chacun des cinq premiers volumes de la
Collection qui auront été fournis par le Sieur Defprez.
40. Vous jugerez fans doute qu'une aussi modique dé-
pense ne sauroit balancer Tavantage que retirera le Clero-é
lui-même, de la faveur que vous avez accordée à Mes-
sieurs les Députés du second Ordre.
Mais plus vous croirez devoir multiplier des largesses
honorables ôê utiles, plus il est nécessaire de veiller dès-à-
présent à la rentrée certaine des fonds provenants de la
vente successive de la Collection des Procès-verbaux. II est
d'autant plus indispensable de prendre, à cet égard des
,
mesures simples ôê d'une exécution facile, que fans cela le
Clergé pourroit se trouver un jour exposé à des répétitions
onéreuses de la part des héritiers de M. TAbbé Duranthon.
Par ces diverses considérations, nous avons Thonneur
de vous proposer de délibérer :
i°. D'autoriser votre Imprimeur à prendre sur les mille
Exemplaires dont il est dépositaire, ceux qui seront distri-
bués soit en vertu des Délibérations des Astemblées, soit
,
fur les ordres de Meilleurs les Aoents.
i°. D'ordonner que le Sieur Defprez versera dans da
Caisse de M. de Saint-Jullien, la somme de quatre mille
quatre cents seize livres qu'a produite la vente faite jusqu'à
ce jour de cent quatre-vingt-quatrevolumes de la Collec-
tion des Procès-verbaux conformément à Tétat ci-joint.
,
3Q. D'ordonner pareillement que le Sieur Defprez fera
tenu de verser tous les ans dans la Caisie de votre Rece-
veur-Général les sommes qui résulteront de la vente suc-
,
cessive de la Collection des Procès-verbaux.
4Q. Que le Sieur Defprez remettra tous les ans, à dater
du mois de Janvier 1786, à Messieurs les Agents-Généraux
un état certifié véritable, du nombre d'Exemplaires de la
Collection qu'il aura vendus pendant Tannée révolue, au
bas duquel état sera inscrit un certificat de votre Receveur-
Général., qui prouve la remise des sommes résultantes de
la vente j lequel état, ainsi certifié, sera déposé dans vos
Archives par Messieurs les Agents-Généraux.
A aa a a 1
S-o 4 PROCÈS-VÈRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
5°. Que M. de Saint-Jullien portera en recette dans un
chapitre séparé, tant la susdite somme de quatre mille qua-
tre cents seize livres, que celles qu'il pourra recevoir suc-
cessivement de votre Imprimeur en vertu de la présente
Délibération.
Sur quoi Tavis de la Commission a été adopté 5 en consé-
quence il a été délibéré d'autoriser le Sieur Defprez à pren-
dre sur les mille Exemplaires de la Collection des Procès-
verbaux du Clergé, ceux qui seront distribués, soit en
vertu des Délibérations des Assemblées, soit fur les ordres
de Messieurs les Agents.
II a de plus été arrêté :
1 °. Que le Sieur Defprez
versera dans la Caisse de M. de
Saint-Iullien la somme de quatre mille quatre cents seize
livres, qu'a produite la vente faite jusqu'à ce jour de 184
volumes de la Collection des Procès-verbaux.
i°. Que le Sieur Defprez sera tenu de verser tous les
ans dans la Caiste du Receveur-Général les sommes qui ré-
sulteront de la vente successive de la Collection des Procès-
verbaux.
3 °. Que le
Sieur Defprez remettra tous les ans, à dater
du mois de Janvier 1786 à Messieurs les Agents-Géné-
,
raux un état certifié véritable du nombre d'Exemplaires de
la Collection qu'il aura vendus pendant Tannée révolue, au
bas duquel état sera inscrit un certificat du Receveur-Gé-
néral, qui prouve la remise des sommes résultantes de la
vente -, lequel état, ainsi certifié, sera déposé dans les Ar-
chives du Clergé par Messieurs les Agents-Généraux.
4°. Que M. de Saint-Jullien portera en recette dans un
chapitre séparé, tant la susdite somme de 441 6 livres que
celles qu'il pourra recevoir successivement du Sieur ,Def-
prez en vertu de la présente Délibération.
Messeigneurs ôê Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 18 Sep-
tembre à neuf heures du matin.
,
Signé >J< ARTHUR-RICHARD Archevêque ôê Pri-
,
mat de Narbònne Président.
,
DU CLERGÉ DE FRANCE , i S SEPTEMBRE 1785. 8 05

DU MERCREDI, VINGT-HUIT SEPTEMB. 1785,


a neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbònne, Président.
"%.yfsEfíeigneurs ôê Messieurs les Commistaires pour le xcvni
X VJLTemporel, ont pris le Bureau. Monseigneur l'Arche- SÉANCE..

vêque d'Aix, Chef de la Commission, a dit:


MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
VOUS aviez nommé des Députés pour conférer avec les
Commistaires du Conseil fur Taíiairedes Foi ôê Hommages.
On a tenu, deux conférences j la première n'eut pour objet
qu'une expoíition générale des prétentions respectives du
Domaine ôê du Clerg-é.
La seconde régla la forme à suivre dans les conférences,
ôê Tordre dans lequel les principes ôê les moyens de la dé-
fense du Clerg-é dévoient être discutés.
Les conférences furent interrompues au moment qu'elles
dévoient commencer.
On annoncoit un Mémoire, dont Tattente occasionna
de longs délais.
Nous avons vu paroître un Mémoire, dont l'Auteur n'est
.
point nommé j qui contredit les sentiments de Tlnlpecteur
du Domaine, qui n'est point autorisé par le Gouverne-
ment , ôê qui n'a point été communiqué en forme aux
Agents-Généraux du Clergé.
Ce Mémoire établit des principes nouveaux, un système
inconnu jusqu'aujourd'hui, ô£ considère les Loix du Royau-
me dans chaque siécle, ôê les formes, ôê les usages abolis
ou subsistants fous des rapports qui nous semblent égale-
ment étrangers à la Légistation du Royaume ôê à la Juris-
prudence des Cours.
Les Commistaires du Conseil ont désiré de le lire ôê de
Texa miner.
NOUS avons désiré d'y répondre.
So6 PROCÈS-VERBAL DE LSASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Nous avons remis ce Mémoire à M. Laget, à M. TAbbé
Parent, à M. Hervé. M. TAbbé Parent a terminé, avec
fa diligence accoutumée, un travail considérable. M. Her-
vé nous a communiqué une partie de son Ouvrage. M. La-
.
get, chargé d'affaires, oê forcé d'attendre le temps des va-
cances du Parlement, doit nous donner ses observations
dans le cours du mois prochain.
Nous n'avons pas cru pouvoir exposer nos propres vues
à TAssemblée, avant de les avoir éclairées par les lumières
de ceux qui se consacrent à la défense de la cause du Clergé.
NOUS sommes obligés d'attendre le résultat de leurs re-
cherches pour diriger la marche que nous devons suivre
,
dans' le cours de la discussion.
NOUS avons le droit de demander que la cause du Clergé
ne soit pas jugée, avant que le Clergé réponde au Mémoire
qu'on oppose à ses raisons.
Si le sentiment de TInspecteur du Domaine est aban-
donné par ceux qui défendent le Domaine ; si Ton substi-
tue une autre opinion à ses principes, il faut que le. Clergé
puisse produire une nouvelle défense dans une nouvelle cause.
Cependant le terme de vos Séances est arrivé. Les con-
férences avec les Commissaires du Conseil se tiendront,
quand vous ne ferez plus astemblés.
Nous avions espéré que cette assaire feroit jugée pen-
dant le cours de vos Séances ; que Tavis des Commistaires
vous feroit connu j que vos dernieres représentations fe-
roient entendues avant que la Loi fût rédigée.
La cause du Clergé devoir être instruite, ôê jugée à la
fin de 1785, après que TAssemblée auroit été entendue.
Les mêmes raisons doivent différer le Jugement jusqu'à
la reprise de vos Séances, ôê les Bénéficiers doivent en at-
tendant être à Tabri des poursuites du Domaine.
Nous ne pensons pas qu'aucune Commission puisse pren-
dre fur elle la charge de suivre une cause aussi difficile
peut-être qu'elle est intéressante, sans vous instruire ôê fans
vous consulter.
NOUS avons cherché tous les moyens d'assurer à la Com-
mission qu'il vous plaira de nommer, Tavantage le plus ho-
'- DU CLERGÉ DE' FRANCE , 18 SEPTEMBRE 1785.'' 8 3 7
norable pòur elle, celui de ne pouvoir rien faire sans le
secours de vos lumières ôê de vos conseils, en attendantle
retour de vos Séances.
Nous vous proposons :
Premièrement, de demander, conformément aux défiss
des Astemblées de 1775 ôê 1780, ôê aux réponses favo-
rables de Sa Majesté, que le Jugement soit différé jusqu'au
temps de la reprise des Séances de TAssemblée, après que
TAstemblée aura été entendue.
Secondement, de demander qu'en attendant les Béné-
: ficiers ne pourront être poursuivis pour cause de Foi Sc
Hommage dans Tétendue des Domaines de Sa Majesté,
soit postédés par elle, soit cédés en apanage.
Troisièmement, de nommer une Commission nombreuse
de Députés du premier ôê du second Ordre à laquelle
,
Monseigneur l'Archevêque defcNarbònne sera prié de se
joindre.
,
Quatrièmement d'autoriser la Commission qui sera
nommée à conférer, avec les Commissaires du Conseil, ôê;
,
néanmoins de la charger de poursuivre le succès des de-
mandes de TAssemblée, concernant le délai du Jugement.
Cinquièmement, de charger la Commission d'inviter à
ses Séances les Députés de TAssemblée qui se trouveront
à Paris, pour leur faire part des résultats des conférences,
Sê aviser aux partis les plus convenables à prendre pour
Tintérêt de la cause du Clergé.
Le Rapport fini, TAssemblée, adoptant Tavis de la Com-
mission a délibéré :
,
1 °. De demander, conformément aux désirs des Assem-
blées de 1775 ôê 1780, ôê aux réponses favorables de Sa
Majesté, que le'Jugement de Taffaire des Foi ôêHommagds
soit différé jusqu'au temps de la reprise des Séances de
TAssemblée, après que TAssemblée aura été entendue.
i°. De demander qu'en attendant les Bénéficiers'ne
-pourront être poursuivis pour cause des Foi Ôê Homma-
ges, dans Tétendue des Domaines de Sa Majesté, soit:pos-
sedés par Elle, soit postédés en apanage.
-3 9. De nommer pour Commistaires
Messeigneurs lés
So8 PROCÈS-VERBAL DE L?ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Archevêques d'Aix, Vienne Arles ôê Bordeaux j Messei-
,
gneurs les Evêques de Troyes Langues Montpellier ôê
, ,
Nevers 5 ôê Mestieurs les Abbés d'Efponchez, de la Binti-
naye, Boursier, de Panât, deTartonne, d'Agouk, deDillon
ôê: de Barrai. Monseigneur l'Archevêque de Narbònne a
été prié de se joindre à la Commission, ôê a proposé d'in-
viter Monseigneur l'Archevêque de Paris à s'y réunir j ce
qui a été agréé par TAssemblée.
40. D'autoriser Messeigneurs ôê Messieurs de la Com-
mission à conférer avec MM. les Commissaires du Con-
seil ôê néanmoins de les charger de poursuivre le succès
,
des demandes de TAstemblée, concernant le délai du Ju-
gement.
50. De charger la Commission d'inviter à ses Séances
les Dépurés de TAssemblée qui se trouveront à Paris, pour
leur faire part des résultats des conférences, ôê aviser aux
partis les plus convenables à prendre pour Tintérêt de la
cause du Clergé.
Monseigneur l'Archevêque d'Aix a dit ensuite :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
NOUS avions à nous plaindre des aliénations , chaque
jour plus fréquentes , des biens Ecclésiastiques , ôê nous
étions occupés à chercher les moyens de prévenir des pertes
que les Loix ne permettent plus de réparer.
Nous ne pensions pas que les poslessions Ecclésiastiques
pouvoient être envahies, lans aliénation volontaire ou for-
cée par des Seigneurs qui réclament le droit de déshérence
,
dans Tétendue de leurs Justices.
Tel est le principe d'une entreprise sans exemple des Offi-
ciers du Domaine dans une Province apanagée; ôê ce prin-
cipe feroit fans doute plus funeste au Clergé, que les vues
les plus rigoureuses de Tadministration fiscale.
La Communauté des Religieuses Dominicaines de Sainte-
Catherine de Poitiers ayoit reçu défense, en 1734, de re-
cevoir des Novices.
Un Arrêt du Conseil de 175 3, ordonna le séquestre des
biens,
DU CLERGÉ DE FRANCEJ 18 SEPTEMBRE 1785. 809
biens, en annonçant Textinction ôê suppression de la Com-
munauté ôê Tunion des biens à telle autre Communauté Re-
,
ligieuse du Diocèse que Mgr. TEvêque de Poitiers aviseroit.
Urî second Arrêt de 1764 ordonna l'exécution de TArrêc
de 1753 pour Rétablissement du séquestre, ôê Mgr. TEvê-
que de Poitiers nomma un Econome.
En 1765 le Promoteur du Diocèse requit Tunion à la
Communauté des Religieuses de la Visitation.
Mgr. TEvêque de Poitiers commit TOssicial du Diocèse.
L'Ossicial fit la visite du Monastère de Sainte-Catherine,
entendit les Parties intéressées, Ôê procéda à Tinformation
de commodo SC incommodo.
Les Religieuses, la Communauté de Ville, les Domini-
cains formèrent opposition.
La procédure, long-temps suspendue, ne fut reprise
qu'en 178 1.
Le Promoteur requit, qu'en laissant à Técart la procé-
dure déja faite, il fut procédé de nouveau pour éteindre
Ôê supprimer le Monastère de Sainte-Catherine ôê pour
,
unir une partie de leurs biens au Monastère de la Visita-
tion, Ôê l'autre aux Religieuses del'Instruction-Chrétienne.
Mgr. TEvêque de Poitiers ordonna qu'on se pourvoi-
roit contre les opposants.
Les Dominicains ôê la Communauté de Ville formèrent
leur opposition : celle de la Communauté ne fut pas jugée j
on rendit une Sentence par.: défaut, qui faifoit main-levée
de Topposition des Dominicains.
Les Dominicains appellerent comme d'abus au Parlement.
Mgr. TEvêque de Poitiers prenant le fait ôê cause, com-
parut en 178z fur Tintimation.
La cause est appointée.
Une derniere Religieuse vivoit encore dans les murs de
son Monastère, ôê jouissoit de la pension qui lui avoir été
assignée sur les revenus de fa maison.
Elle meurt. Elle laisse par sa mort la maison inhabitée.
Deux jours après son décès, le Directeur des Domai-
nes de TApanage de Mgr. Comte d'Artois, fait réapposer
les scellés par les Officiers du Bureau des Finances, ôê il
Procès-verbal de 1785. Bbbbb
SÏO PROCÈS-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
fait saisir tous les revenus entre les mains des Fermiers &ê
Débiteurs.
Quel est le titre d'un Prince apanagiste pour s'emparer
des biens d'une maison religieuse ?
Le titre 199 de la Coutume de Poitou porte « que le
,
s?
Bas-Justicier succède aux biens vacants par décès de ceux
53 qui ne
laissent aucuns parents ou lignagcrs qui veulent
33 ou doivent
succéder. 33
Les Officiers de TApanage regardent les biens de la mai-
son des Dominicaines de Poitiers, comme provenants d'é-
conomie ôê d'acquisition non possédés en titre de bénéfice,
ôê soumis aux dispositions par lesquelles la Coutume règle
les héritages de tous les citoyens j Ôê ils regardent la der-
niere Religieuse décédée comme propriétaire de ces biens.
Ils réclament le titre de la Justice des lieux, pour re-
vendiquer les biens vacants qu'aucun héritier n'a le droit
,
de recueillir.
L'Econome chargé de la régie des biens ôê revenus de
cette maiíon , fit signifier au Directeur des Domaines de
TApanage, TArrêt du Conseil qui avoit ordonné Tétablis-
sement d'un Econome, è\ê sa commission en exécution de
TArrêt.
Le Directeur ne répondit point à la signification 5 mais
il établit une contestation avec les Dominicains. Les Do-
minicains réclamoient lesbiens vacants comme Supérieurs
des Dominicaines, ôê comme créanciers. ,
II paroît que TInstance fut liée par Testet d'une conven-
tion réciproque entre les Dominicains ôê le Directeur des
Domaines pour faire nommer un autre Séquestre que
,
celui commis par Mgr. TEvêque de Poitiers. Ils obtinrent
un Arrêt du Parlement, conforme à leur commune réqui-
sition.
II y avoit déja une Instance pendante fur appel comme
d'abus de la procédure en cause d'union.
La Communauté intervint au Procès contre le Direc-
teur des Domaines ôê les Dominicains, ôc~ représenta qu'on
ne devoit pas admettre deux Instances dans la même cause
ôê pour le même objet.
DU CLERGÉ DE FRANCE* 18 SEPTEMBRE 1785. 81/
Le Directeur des Domaines a fait mettre à exécution
TArrêt provisoire qu'il avoit obtenu pour nommer un nou-
veau Séquestre.
L'Econome, commis par Mgr. TEvêque de Poitiers, a
fait mettre son opposition lors de la levée des scellés, in-
ventaire ôê: vente, Ôê a notifié de nouveau les Arrêts du
Conseil, qui ordonnent le Séquestre ôê fa Commission.
Sans avoir égard à son opposition le Procureur du Roi
,
du Bureau des Finances, a ordonné que le Directeur da
Domaine ôê le fondé de pouvoir des Dominicains, feroient
appelles pour nommer un Séquestre. Ils ont comparu
ôê' consenti que le Séquestre fût nommé d'office par le
Juge.
Le Séquestre a été nommé, ôê a fait signifier ses
pou-
voirs à TEconome commis par Mgr. TEvêque de Poitiers,
avec défense de percevoir aucun revenu, ôê sommation de
rendre ses comptes, ôê de les acquitter dans un court dé-
lai de huit jours.
L'Econome, commis par Mgr. TEvêque de Poitiers, a
fait son opposition ôê le Bureau des Finances a donné une
,
Ordonnance, qui lui réserve de se pourvoir par tierce-
,
opposition contre TArrêt provisoire du Parlement, s'il le
,
juge à propos.
Ainsi, Mgr. TEvêque de Poitiers doit se défendre de
Tappei comme d'abus interjette par les Dominicains, ôê
des Arrêts provisoires obtenus par le Directeur des Do-
maines de TApanage.
Le fond de fa cause n'est pas douteux.
II paroît que la créance que réclament les Dominicains,
n'a point été prouvée, ôê leur supériorité d'administration
ou de Jurisdiction spirituelle, n'a pu leur transmettre au-
cune propriété.
Les biens des Communautés Religieuses font des biens
ecclésiastiques j il appartient aux Evêques de procéder à
leur suppression, extinction ôê union pour les causes cano-
niques Ôê légales de nécessité, ou d'évidente utilité. Ils ne
font susceptibles, ni de déshérence, ni d'abandon, ou va-
cance au profit du Seigneur haut-justicier, lorsque les Corn-
Bbbbb z
3ri PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
munautés s'éteignent, soit par le décès de leurs Membres,
soit par leur translation.
Un Bénéfice n'appartient pas au Titulaire qui en jouit,
ôê la dotation du Monastère n'appartient pas plus à ceux
ou celles qui le composent.
Ces Communautés n'existent légalement que par le con-
cours des deux Puissances j Tune les consacre à l'Eglife, ôê
l'autre leur attribue les droits ôê les actions civiles : le con-
cours des deux Puissances est nécessaire pour les supprimer
comme pour les établir.
Le pouvoir de l'Ordinaire, exercé selon les Loix ôê pour
les causes canoniques, est le même pour la disposition
des biens d'un Monastère vacant ôê d'un Monastère qui ne
Test pas.
Les droits de Tapanage ne peuvent être que ceux du
Roi, ôê le Roi avoit provoqué Textinction de cette Mai-
son ôê Tunion de ses biens, avant qu'il eût créé TApanage.
Le Roi avoit reconnu qu'il n'avoit point de droits fur
des biens ecclésiastiques 5 ou s'il avoit des droits à récla-
mer, il avoit eu celui d'en régler, par ses Arrêts, la dispo-
sition. La difficulté est dans la forme à suivre.
L'Econome, commis par Mgr. TEvêque de Poitiers, craint
de luivre au Parlement la voie de la tierce-opposicion à lui
réservée par Sentence, parce que les Arrêts du Conseil, qui
établissent le séquestre Ôê autorisent sa commission, n'ont
point été revêtus de Lettres-Patentes.
Les Arrêts du Parlement, concernant le séquestre, ne
sont que provisoires, ôê Tappel comme d'abus n'est point
jugé: TInítance reste pendante au Parlements on ne peut
pas espérer d'obtenir un Arrêt d'évocation j on craint que
la Requête en cassation ne souffre quelque difficulté, parce
que la voie de la tierce-opposition est ouverte.
NOUS avons cru devoir consulter le Conseil du Clergé.
Son avis est, que Mgr. TEvêque de Poitiers intervienne
dans les contestations fur les scellés au fonds ôê leurs suites,
ainsi que fur les prétentions respectives des Dominicains
ôê des Officiers du Domaine de TApanage, en adhérant
aux conclusions des Officiers Municipaux fur la jonc-
DU CLERGÉ DE FRANCE* 18 SEPTEMBRE 1785. 813
tion de ces Instances à celles de Tappel comme d'abus.
Mgr. TEvêque de Poitiers fera dans le cas de se pour-
voir en cassation, s'il intervient un Arrêt contraire à ses
demandes, concernant le séquestre ôê les prétentions de
Tapanage ou des Dominicains, ôê cette affaire est d'une si
grande importance pour la Jurifdiction épiscopale ôê pour
la conservation des biens de l'Eglife, qu'il doit être bien
assuré du zèle avec lequel les Assemblées du Clergé con-
courront à fa défense.
NOUS VOUS proposons de charger Messieurs les Agents
du Clergé de prêter à Mgr. TEvêque de Poitiers leurs bons
offices, Ô\ê même d'intervenir, s'il y a lieu, dans les pour-
suites à faire, soit au Parlement, soit au Conseil, ôê d'em-
ployer tous les efforts de leur zèle pour assurer le succès
d'une cause qui semble devoir être celle de tout le Clergé.
Le Rapport fini, la proposition de la Commission a été
agréée ', en conséquence Messieurs les Agents-Généraux du
Clergé ont été chargés de prêter à Monseigneur TEvêque
de Poitiers leurs bons offices, ôê même d'intervenir, s'il y
a lieu, dans les poursuites à faire, soit au Parlement, soit
au Conseil, ôê d'employer tous les efforts de leur zèle pour
asturer le succès d'une cause qui semble devoir être celle
de tout le Clergé.
II a été dit ensuite :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
VOUS avez accueilli, au commencementde vos Séances,
les plaintes d'un grand nombre de Communautés Reli-
gieuses poursuivies par les Administrateurs dès Domaines
,
de Sa Majesté pour ne s'être pas conformés aux dispositions
de TArrêt du 14 Septembre 1773. Le Roi a bien voulu
leur accorder pour le pasé la remise des droits de contrôle
> *
cC d'insinuation pour des dotations non insinuées* SC non
passées pardevant Notaires. M. le Contrôleur-Généralvous
a fait part de cette décision de Sa Majesté par le troisième
article de fa Lettre, du premier Août 1785 à Monseigneur
l'Archevêque de Narbònne : cette Décision ,
est conçue ea
ces termes :
S14 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

« L'Arrêt du 14 Septembre 1773 a


été adressé, dans le
» temps, aux Intendants des Provinces, avec ordre de le
» faire imprimer ôê publier dans leurs Généralités. On
53 pourroit
donc dire que les Communautés Religieuses font
dispositions de cet Arrêt
» censées avoir été instruites des
3> par
fa publication : mais le Roi veut bien, en considéra-
33 tion de
la demande du Clergé, admettre qu'elles les ont
33
ignorées, ôêen conséquence exempter des droits de con-
33
trôle ôê d'insinuations pour le pasté, celles des Comnïu-
53
nautés Religieuses qui font attaquées en paiement de ces
33
droits pour des dotations non insinuées ôê non pastées
» pardevant Notaires depuis
TArrêt de 1773. Je vais adref-
33
ser des défenses aux Fermiers d'exercer contre elles au-
33 cunes
poursuites rétroactives, dans la confiance que TAf
33
semblée voudra bien faire connoître aux Communautés
33
Religieuses ce qui leur est prescrit par TArrêt du 14 Sep-
» tembre 1773, ôê leur faire sentir la nécessité de s'y con-
33
former à Tavenir. Je leur marquerai en même-temps qu'il
3j
suffit que la déclaration de la dot soit signée de TAbbesse
33 ôê
des Officières des Communautés, pourvu que cette
33
déclaration soit pastée devant Notaire : cette derniere for-
33
malice prescrite par la Loi étant indispensable. 33
Pour remplir les vues de M. le Contrôleur-Général, ôê
tirer les Communautés d'une ignorance qui auroit pu leur
être aussi funeste vous jugerez fans doute nécessaire de
,
leur faire connoître TArrêt du Conseil de 177 3 ôê les dis-
,
positions principales des Loix qu'il rapporte. Nous allons
les mettre fous vos yeux. [ Voye^ cet Arrêt parmi les Pie-
ces Justificatives. ]
La Déclaration du 18 Avril 1 693 rappellée dans TAr-
,
rêt ordonne que les saints Décrets, Ordonnances ôê Rè-
Sl
glements, concernant 1 entrée en Religion, seront exécutés,
déclare quelles font les Communautés qui pourront exiger
des dots, fixe le prix de ces dots ôê des sommes que lefdits
Monastères pourront recevoir pour les pensions, meubles,
habits ôê autres choses mobiliaires òu immobiliaires, qui
seront nécessaires pour Tentrée ou la subsistance des Reli-
gieuses, ôê enjoint qudsoitpajjé des Acles pardevant No-
DU CLERGÉ DE FRANCE *Z% SEPTEMBRE 1785. S r5
taires de la délivrance desdites sommes d'argent* ou des biens
immeubles qui feront ainsi aonnés.
La Déclaration du 10 Mars 1708 défend à toutes les
,
personnes, Corps Ôê Communautés Ecclésiastiques de passer
leurs baux fous signature privée 5 leur enjoint, a pane de
nullité desdits baux cC de deux cents livres d amende pour
chacune contravention, de passer tous leurs baux pardevant
Notaires, ÓC de les faire duement contrôler* ôê donne pour
ces Actes un tarif, dans lequel les dotations Religieuses font
formellement comprises à TArticle 40.
L'Article premier du tarif de Tínsinuation du 19 Sep-
tembre 1711, fixe le contrôle des Actes de Vêture, Novi-
ciat ou Profession dans les Monastères à cieux livres, Ôê
ajoute que les Actes de Vêtures ôê de Professions dans les
Ordres Mendiants seront contrôlés gratis.
Le même Tarif dit encore, Article 17, constitutions de
pensons ou rentes viagères pour dotations de Religieux ou
Religieuses les droits en feront payés fur le pied du capital
*
de la rente au denier dix, suivant l'Article 3 du présent Tarif.
Lorsque dans les constitutions de pensons pour dotations
de Religieuses il y aura des sommes payées en argent le
* *
capital de la pension au denier dix y sera joint* cG le droit
payé pour le total.
L*Arrêt du Conseil, du 10 Septembre 1719, rendu en
Règlement, ordonne que dans les quittances qui seront
données par les Supérieurs ôê Supérieures des Couvents ôê
Monastères, aux personnes chargées du paiement des dots
des Religieux ôê Religieuses, les Notaires seront tenus d'y
faire mention du Contrat de dotation qui aura été fait, de
Tinsinuation d'icelui du nom du Bureau où il aura été in-
>
sinué ôê de la somme reçue j & faute par eux d'y satisfaire,
ou dans le cas où il n'auroit pas été passé de Contrat de
dotation, le droit d'Insinuation fera perçu fur la somme
énoncée dans la quittance en même-temps qu'elle sera
contrôlée.
Pour remplir le voeu de ces différentes Loix :
iQ. Les Communautés doivent faire passer a Tavenir
pardevant Notaires, tous Actes de donations, cessions ou
8i6 PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
obligations, qui seront faites pour cause cle dotations ou
en faveur de Professions Religieuses, à la feule exception
des donations de choses mobiliaires qui n'excéderont pas
trois cents livres.
i°. Ces Actes doivent être contrôlés ôê insinués dans
le délaide quinze jours, à la diligence des Notaires qui les
auront passés, fous peine de cinq cents livres d'amende.
3 °. Les
choses mobiliaires n'excédant pas trois cents li-
vres, peuvent être données aux Communautés manuelle-
ment ou par actes pastés fous seings privés, ô>ê ces Actes
íònc exempts d'insinuations, ôê ne font sujets au contrôle
que dans le cas où ils font mis à exécution.
4°. Quand les dotations Religieuses ne font pas acquit-
tées en même-temps qu'elles font constituées, les quittances
doivent être pastées pardevant Notaires ôê contrôlées, ôê il
doit y être fait mention des Contrats ôê de leur insinuation.
5e. Les Communautés font averties que les droits font
dus par les Couvents, s'il n'est stipulé formellement qu'ils
feront payés par les parents 3 ce qui est conforme à TArticle
premier de la Déclaration du 10 Mars 1708 à la décision
,
du Conseil du 31 Mai 1759, ôê à plusieurs autres.
Nous avons Thonneur de vous proposer de charger Mes-
sieurs les Agents d'écrire une Lettre circulaire aux Evêques
ôê aux Syndics des Diocèses, ôê de leur adresser fur cet objet,
une Instruction conforme au Rapport, pour qu'ils la fastent
parvenir à toutes les Communautés de leurs Diocèses res-
pectifs.
Sur quoi TAssemblée conformément à Tavis de la Com-
,
mission a chargé Messieurs les Agents d'écrire une Lettre
,
circulaire aux Archevêques ôê Evêques, ôê aux Syndics des
Diocèses, ôê de leur adresser une Instruction conforme au
Rapport dont il vient d'être fait lecture, pour qu'ils la fas-
sent parvenir à toutes les Communautés de leurs Diocèses
respectifs.
Monseigneur l'Archevêque d'Aix a dit encore, que le
Bureau s'étoit occupé de la réponse faite par M. le Contrô-
leur-Général au Mémoire de TAssemblée, sur les droits du
marc d'or; que cette réponse satisfaisante sur plusieurs ar-
ticles
,
DU CLERGÉ DE FRANCE * z S SEPTEMBRE 1785. 817
ticles, n'articule avec précision l'exemption du droit de
marc d'or, relativement aux Lettres-Patentes fur les unions ,
que dans le cas où ces unions font faites en faveur des
Cures , Hôpitaux ôê Ecoles de Charité ; que pour les autres
unions, elle suppose des distinctions à faire dans une ma-
tière qui n'en paroît pas susceptible, en sorte que c'est par
simple témoignage de bienveillance, que l'exemption a été
prononcée pour toutes les Lettres d'unions qui étoient dans
ce moment arrêtées, faute par les Parties intérestées d'avoir
acquitté le droit qui leur étoit demandé ; que cette réponse
avoit conduit le Bureau à penser qu'il étoit nécessaire de
développer cette question dans un nouveau Mémoire ; ôê
que, si TAssemblée Tagréoit, ce Mémoire feroit préparé
d'ici à la reprise des Séances.
La matière mise en délibération, la proposition du Bu-
reau a été universellement agréée.
Monseigneur l'Archevêque d'Aix a dit ensuite, que le
Bureau s'étoit occupé de la réponse de M. le Garde des
Sceaux, relativement aux aliénations des biens Ecclésiasti-
ques, par laquelle il demande, avant qu'il ne soit rien sta-
tué sur cet objet, que TAssemblée lui faste, connoître les faits
d'aliénation qui puissent venir à Tappui du Mémoire du
Clergé Ôê éclairer fur son importance 5 que le Bureau a
regardé comme très-intéresiant de suivre, à cet égard, les
premières démarches de TAssemblée ; qu'en conséquence il
est d'avis qu'il soit rédigé un Mémoire plus ample que le
premier, fur la matière des aliénations des biens Ecclésiasti-
ques , dans lequel seront développés les principes des Loix
Canoniques ôê la pratique suivie de la Jurisprudence; que
pour réunir autant de faits qu'il feroit possible, Messeigneurs
ôê Messieurs pourroient remettre à Messieurs les Agents des
notes ou indications fur les aliénations récentes qui pour-
roient leur être connues, ôê que le Bureau a Thonneur de
les y inviter.
La matière mise en délibération la proposition du Bu-
,
reau a été universellement agréée, ôê Messieurs du Bureau
ont été priés de s'occuper de la rédaction du nouveau
Mémoire.
Procès-verbalde 1785. Ccccc
8 18 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
II a été ensuite fait lecture d'un Mémoire en réponse à
ceux qui avoient été adressés par M. le Contrôleur-Général
à TAstemblée, relativement à la durée des baux des Béné-
ficiers ôê à des vues proposées pour étendre ces baux à
,
vingt-sept ans ou plus, malgré le changement des Titulaires
des Bénéfices.
L'Assemblée a témoigné la plus grande satisfaction de
ce Mémoire, ainsi que de la solidité des motifs qu'il ren-
ferme ôê a arrêté qu'il feroit envoyé avec une Lettre à
,
M. le Contrôleur-Général, pour lui faire connoître le dan-
ger des nouvelles vues qui avoient été proposées, ôê les mo-
tifs sages qui déterminent à s'en tenir à la pratique actuelle.
Monseigneur l'Archevêque de Narbònne a dit ensuite,
qu'il lui avoit été adressé, dès le commencement de TAs-
semblée divers Mémoires en faveur d'Etablistements ecclé-
,
siastiques ôê autres objets utiles auxquels il auroit été diffi-
cile que TAssemblée pût donner, par elle-même des marques
de protection ; que prévoyant cette difficulté, il avoit en-
gagé M. le Contrôleur-Général à faire réserve sur le Don-
gratuit d'une somme de cent mille livres , qui feroit em-
ployée, fous le bon plaisir de Sa Majesté, à être répartie
entre les divers objets qui lui paroîtroient plus dignes de
secours; que cette répartition avoit été faite ôê approuvée
par Sa Majesté; que M. le Contrôleur-Général venoit de
lui en envoyer Tétat dont lecture a été faite. L'Assemblée a
fait ses remerciements à Monseigneur l'Archevêque de Nar-
bònne des preuves d'intérêt ôê de zèle qu'il avoit fait pa-
roître dans cette occasion.
Messeigneurs ôê Messieurs les Commissaires, pour la Re-
ligion ôê la Jurifdiction, ont pris le Bureau. Monseigneur
l'Archevêque d'Arles, Chef de la Commission, a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Nous touchons au moment de la suspension de nos
Séances, fans que le Roi se soit expliqué positivement sur
les représentations que nous avons pris la liberté de faire,
à Toccasion des Lettres-Patentes qui attribuent au Parle-
DU CLERGÉ DE FRANCE * z 8 SEPTEMBRE 1785, 819
ment de Paris la connoiílancc du.-Procès dans lequel est
impliqué Monseigneur le Cardinal de Rohan. ìl est vrai
qu'une première réponse annonce que Sa Majesté va se raire
rendre compte du Mémoire de TAstemblée, oL que ie Cler-
gé doit être asturé de son attention à faire objerver Us Loix
constitutives des privilèges que ses prédécejjeurs lui cm accor-
dés. II est vrai encore que plus les fondements fur lesquels
repoíe notre immunité personnelle paroítront au grand jour,
plus éclatera de toutes parts la lumière en faveur du droit
que les Evêques ont d'être jugés, en matière criminelle,
par d'autres Evêques. Sans ajouter aux moyens développés,
à cet égard, dans notre précédent Rapport, il ne fera' peút-
ctre pas inutile de rappelles ici quelle étoit"Topinion dti
Parlement de Paris, iur Tancienneté, la perpétuité ôê la
faveur du privilège clérical, lors de là rédaction de l'Or-
donnance Criminelle, publiée en 1 Ó70. Personne n'ignore
que cette célèbre Ordonnance fut précédée de conférences,
tenues à ce sujet entre plusieurs Membres du Conseil ôê les
Commistaires du Parlement. Le Procès-verbal de ces con-
férences atteste que Ton propose de borner la compétence v
du Juge d'Eglise fur les Procès criminels, aux délits qui
ne peuvent être punis que par des peines canoniques. Mais
M. le Premier-Président de Lamoignon ôê M. T Avocat-
Général Talon s'élevèrent, au nom de leur Compagnie,
avec autant de force que de succès, contre Tinnovation
projettée. M. de Lamoignon dit, que ce feroit presque
anéantir le privilège clérical observé par tout le monde où il
y a des Etats Catholiques comme attaché a t'Autel, reconnu
par les Empereurs aujfi-tôt qu'ils ont embrase la Religion
Chrétienne
.... Nos Rois l'ont trouve établi dans les Gaules*
lorsqu'ils les ont conquises ; ils n y ont jamais voulu déro-
ger. M. le Premier-Président ajoute en finistant, que les
procédures qui conservent la'dignité du caractère 11em-
*
pêchent pas qu'on ne fasse jufiice des crimes. M. Talon re-
marque aussi que le privilège des Ecclésafiiques feroit en-
tièrement aboli par les articles proposés ; que le Roi étant
protecteur des immunités de lEglise, SC celle-là étant une
des principales ôG des plus anciennes il y a peu d apparence
,
Ccccc z
Sio PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
qu'il veuille suivre les traces des Princes peu religieux qui
*
n ont pointjait scrupule d'enfreindre
* en
quelques rencontres*
ces immunités , ÓC dont nous ne voyons point d'exemple dans
notre histoire. M. T Avocat-Général insiste ensuite sur Pin-
convénient qu'il y auroit à renverser d'un seul trait un pri-
vilège fondé sur les Constitutions des Empereurs Romains,
renouvellées par Charlemagne C% confirmées par 1400 ans
*
de pojsejjïon.
Ainsi s'expriment deux de nos plus célèbres Magistrats,
qui joignoient à des lumières supérieures, un zèle pur ôê
inaltérable pour le maintien des droits de la Couronne. II
est visible que ce qu'ils disent du privilège clérical, consi-
déré dans fa généralité, frappe avec encore plus d'énergie
fur Timmunité particulière de TOrdre Episcopal. Mais quel-
que confiance qu'inspirent la justice du Roi ôê la légitimitê
de notre réclamation, le vif intérêt que nous ne cesserons
de prendre à la cause du Clergé, ne nous permet pas d'être
fans inquiétude, tant que le Parlement demeurera saisi de
Tassaire de M. le Cardinal de Rohan. Avant de vous sé-
parer , vous jugerez ians doute à propos., Messeigneurs ôê
Messieurs, de prier par une Délibération expreste, Mon-
,
seigneur l'Archevêque de Narbònne Monseigneur l'Ar-
,
chevêque de Paris, ceux de Messeigneurs ôê de Messieurs
du Bureau de la Jurifdiction qui se trouveront à Paris,
ensemble Messieurs les Agents, de suivre, au nom de tou-
tes les Eglises de France, une astaire fi capitale pendant
l'interruption des Séances de la présente Astemblée.
Le Rapport fini, il a été délibéré, conformément à Tavis
de la Commission, de prier Monseigneur l'Archevêque de
Narbònne, Monseigneur l'Archevêque de Paris, Ôê ceux
de Messeigneurs ôê de Messieurs du Bureau de la Jurifdic-
tion qui se trouveront à Paris ensemble Messieurs les
,
Agents, de suivre, au nom du Clergé, pendantTinterrup-
tion des Séances de la présente Astemblée, le succès des
demandes qu'elle a faites au Roi, relativement à Tassaire
de M. le Cardinal de Rohan.
Monseigneur l'Archevêque d'Arles a dit ensuite :
DU CLERGÉ DE FRANCE,I8 SEPTEMBRE 1785. 8z 1
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
II nous a été assuré par des personnes respectables ôê di-
anes de confiance , que depuis quelques années les conduc-
teurs des Diligences, Messageries ôê autres voitures pu-
bliques , avoient plus d'une fois négligé Tancien usage de
s'arrêter les jours de Dimanches ôê Fêtes, pour donner aux
voyageurs le temps d'entendre la Meste. La Commission a
cru qu'il feroit convenable d'en prévenir incessamment M. le
Baron d'Oigny, qui a TIntendance générale de cette par-
tie en le priant de donner les ordres nécessaires pour taire
,
cesser une innovation si contraire à Texercice public du
Culte religieux. La proposition faite par Monseigneur l'Ar-
chevêque d'Arles a été agréée par TAstemblée. Monseigneur
TEvêque de Fréjus a été prié de voir fur cet objet, M. le
,
Baron d'Oigny.
Monseigneur l'Archevêque d'Arles a rendu compte en-
core d'un Ouvrage nouveau, déféré, par Monseigneur l'Ar-
chevêque de Paris, à la vigilance de TAstemblée, ajoutant
que cet Ecrit en deux volumes , publié avec Tautorifation
du Gouvernement, fous le titre de Triomphe du nouveau
monde contenoit, en effet, fur la Foi, fur la Morale ôê la
*
Discipline, plusieurs propositions également fausses ôê dan-
gereuses.
II a été arrêté, conformément à Tavis de la Commission,
que Monseigneur l'Archevêque de Narbònne prieroit M. le
Garde des Sceaux de vouloir bien retirer les Lettres de pri-
vilège ôê marquer son mécontentement au Censeur, le
,
Sieur Robert de Yaugondi, qui présente, dans son Acte
d'approbation, cet Ouvrage comme digne de passer a la
poftérité ôê rempli de vues constamment dirigées vers le
*
règne de la vraie Religion ÓC des bonnes moeurs.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, z 9 Septem-
,
bre à neuf heures du matin.
,
Signé >£< ARTHUR-RICHARD Archevêque Ôê Pri-
,
mat de Narbònne, Président.
8ii PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU JE UDÎ, VING T-NE UF SEP TEMBRE 1785,


à neuf heures du matin.

Monseigneur l'Archevêque de Narbònne, Président.

XC1X
SÉANCE.
MEffieurs les Agents ont dit, que MM. les Avocats
nommés par délibération du 16 de ce mois, Avocats
surnuméraires au Conseil du Clergé, demandoient la per-
mission d'entrer pour faire leurs remerciements à TAstem-
blée, ce qui a été approuvé, ôê lefdits Avocats s'étant m^s
à Textréfnité du Bureau, ôê demeurant débout, ont fait
leurs remerciements ôê se sont retirés.
Le département de la nouvelle imposition ôê Tétat des
frais communs, ont été arrêtés ôê signés.
Monseigneur l'Archevêque de Narbònne a dit qu'il
,
avoit reçu deux Lettres de M. de Calonne, Contrôleur-
Générai des Finances, en réponse aux représentations de
TAstemblée, tant fur Timposition des quarts de réserve aux
dépenses pour réconstructions d'Eglises ôê Presbytères, que
fur TArrêt qui permet le pâturage dans les bois des Com-
munautés séculières ôê régulières. Lecture faite de ces deux
Lettres par Monsieur TAbbé de Périgord, Secrétaire, TAs-
semblée, satisfaite de ces Lettres, a délibéré quelles íeront
inférées dans le Procès-verbal.

LETTRE
De M. DE CALONNE* Contrôleur-Général des Finances à
*
Monseigneur l'Archevêque de Narbònne.
A Paris, le 29 Septembre 178^.

J'Ai trouvé juses cC fondées *


MONSIEUR* les repré-
sentations qui m'ont étéfaites au nom du Clergé fur ce
* *
que dans l'assiette desfrais de reconstruction d'un Presbytère*
DU CLERGÉ DE FRANCE 3 z 9 SEPTEMBRE 1785. 813
stué en Bourgogne, on avoit compris le quart de réserve ap-
partenant au Chapitre de Dijon * ÓC que l'exécution du rôle
avoit été ordonnée par M. de Brou, alors Intendant de cette
Province, quoiqu'il n'y eût pas d'exemple d'une imposition
semblable fur des quarts de réserve qui ne produisent point de
revenus * ÓC ne peuvent être coupés qu'en vertu d'une autori-
sation expresse du Roi. Il efi certain que les, contributions aux
charges locales ne peuvent porter quefur les jouissances réelles,
ÓC qu'on ne peut pas dire que les mains-mortes aient celle de
leurs quarts de réserve, puisqu'ils ne font point à leur dispo-
sition ÓC que Sa Majesté s'efl réservé d'en régler l'emploi.
*
En conséquence j'ai écrit à M. IIntendant de Bourgogne de
ne donner aucune suite à l'Ordonnance
de son prédécesseur,, ÓC
de faire rayer du rôle dont s'agitì l3Article du quart de ré-
serve qu'on y a mal-à-propos fompris. Je fuis charmé d'avoir
encore cette occafion de montrer au Clergé mon empressement
a lui faire rendre justice * ÓC à satisfaire à fis réclamations
fur les objets qui dépendent de mon Département.
J'ai l'honneur óCc. Signé, DE CALONNE.
*

AUTRE LETTRE
De M. le Contrôleur-Général à Monseigneur l'Archevêque
de Narbònne.

A Paris, le 29 Septembre 1785.

J'Ai déja eu l'honneur de vous prier, MONSIEUR* de


rassurer le Clergésur les conséquences qu'il paroijsoit crain-
dre de la disposition de l'Arrêt du Conseil, par lequel le Roi
en permettant le pâturage dans fis bois, pour suppléer à la
disette des fourrages dans un moment ou elle étoit extrême
*
ÓG à l'exemple de
ce qui s'étoit déja fait en pareille circonf
814 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

tance* avoit étendu cette permission aux bois des Communautés


séculières ÓC régulières. Si vousjuge7L nécessaire, pour achever
de dissiper toute inquiétude, relativement aux droits de pro-
priété des Gens de main-morte, défaire connoître encore plus
positivement a l'Assemblée du Clergé, combien Sa Majeflé est
éloignée de vouloir y donner aucune atteinte vous pouve-^
*
déclarer de fa part* comme je fuis autorisé à vous U mar-
quer* qu'au cas qu'il fût encore queflwn,par la fuite * ce qui
n est pas vraisemblable * de recourir à pareille resource, il
ne feroit rien ordonné a l'égard des Communautés régulières*
ÓC que Sa Majesté sen rapporteroit à ce que leurs sentiments
de charité ÓC de bienfaisance leur feroient faire librement ÓG
d'elles-mêmes pour le soulagement des Habitants des cam-
pagnes.
J'ai ['honneur d'être* c%c. Signé, DE CALONNE.

Monseigneur TEvêque de Fréjùs a rendu compte à TAs-


semblée des démarches qu'il a faites auprès de M. le Baron
d'Oigny, en exécution des ordres de TAssemblée, ôê: a ajouté,
qu'il en avoit reçu une réponse, dont il résulte que ce feroit
contre le voeu du Gouvernement que les voyageurs éprouve-
roient de la part des Fermiers des Mefiageries le plus léger
obflacle, pour entendre la Messe les jours de Fêtes ÓC de
Dimanches ÓC qu'il avoit donné, à ce fuiet les ordres les
* *
plus précis.
Messeigneurs ôê Messieurs les Commissaires pour les Ar-
chives ont pris le IJureau. Monseigneur TEvêque de Gre-
,
noble Chef de la Commission, a dit :
,
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Vous nous avez fait Thonneur de nous confier Texamen
de vos Archives j notre premier devoir a été de consulter
les Délibérations de vos précédentes Assemblées, pour re-
connoître les objets dont votre Garde des Archives avoit
été spécialement chargé.
Vous
DU CLERGÉ DE FRANCE *z$ SEPTEMBRE 1785. 815
Vous lui aviez prescrit,premièrement, la rédaction des
Tables alphabétiques des Mémoires ôê Requêtes, déposés
au Bureau d'Agence, des Consultations fur toute nature
d'affaires Ecclésiastiques ôê des Lettres d'Agence.
Secondement, un Recueil par ordre chronologique des
Edits Déclarations Ôê Arrêts qui peuvent intéresler le
Clergé, directement ou indirectement.
Troisièmement, la disposition ôê Tarrangement des titres
Ôê papiers, suivant Tordre ôê le tableau agréé par l1Assem-
blée de 1780, ôê consigné dans le Procès-verbal de ladite
Assemblée.
Quatrièmement, un nouvel Inventaire de vos Archives,
pour remplacer TInventaire actuel, qui dáte de près de
cent ans.
Nos voeux font remplis à regard' des Tables alphabéti-
ques des Mémoires, Requêtes, Consultations ôê Lettres
d'Agence : quatre-vingt-cinq volumes contiennent des Re-
quêtes ôê Mémoires, íoit manuscrits, soit imprimés, ôê des
projets de déclarations, relativement à la Jurifdiction, aux
biens, dtoits ôê privilèges du Clergé : la Table des Matières
est en un volume in-folio.
Quarante-six volumes contiennent-non-seulement les
Consultations du Conseil du Clergé, mais un grand nom-
bre de Consultations des meilleurs Avocats fur les diverses
questions de Droit, ou de Jurisprudence'canonique : la Ta-
ble est en un volume.
Les Lettres d'Agence forment soixante-trois volumes 5
près de vingt-quatre mille Lettres monuments précieux
,
des talents ôê du zèle infatigable de Messieurs vos Agents,
rassemblent fous un coup-d'oeil Tadministration des affaires
du Clergé pendant un espace de soixante ans. On y voit
les principes généraux appliqués à des faits particuliers ; on
y fuit la trace ôê Tenchaînement des atteintes si fréquentes
à vos droits ôê à vos privilèges : la Table alphabétique ôê
raisonnée forme cinq volumes in-folio.
La Collection, par ordre chronologique, des Edits, Ar-
rêts ôê Règlements n'est pas encore achevée. Pour la rendre
plus complète, le Sieur Duchefne y fait entrer, par forme
Procès-verbal'de 1785. Ddddd
816 PROCÈS-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÊRALE
de note seulement, ôê-avec renvoi ôê indication de pagre
j
toutes les Loix Ôê tous les Arrêts recueillis dans les Procès-
verbaux, les Rapports d'Agence Ôê les différents Mémoires
du Ciergé : il y infère également une notice des Arrêts
relatifs aux affaires ecclésiastiques, 5ê qui se trouvent com-
pris dans les quatre-vingt-seize volumes des Registres du
Parlement, dont Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux ôê
Monseigneur TEvêque de Langres ont enrichi vos Archives
pendant ie temps de leur Agence 3 service important, qui ne
cessera de mériter votre reconnoiíiance. On joint encore à
la même Collection, des copies d'Edits Arrêts Ôê Règle-
,
ments qui se rencontrent dans les liasses de papiers qu'il faut
viser ôê examiner, pour distribuer ôê répartir chacun d'eux
selon Tordre assigné : une Table alphabétique terminera ce
Recueil important ôê rendra les recherches promptes ôê
,
faciles.
Le Sieur Duchefne ne peut offrir à la présente Assemblée
l'entiere exécution du plan agréé en 1780, ôê qui doit
claíler dans leur ordre respectif tous les papiers de vos
Archives.
Le courant multiplié des affaires de TAgence, une As-
semblée extraordinaire en 1781 un déménagement des
,
papiers du Bureau d'Agence, ont retardé les effets de son
zèle. II s'est principalement occupé à préparer les Collec-
tions dont nous avons parlé, ôê les Tables qu'elles cxigeoient:
il a cru devoir la préférence à ce qui devoit être d'un usage
journalier Ôê d'un besoin plus instant.
Cependant la disposition des papiers s'avance, il n'y a
plus de ces sacs inventoriés, où des papiers étoient foulés
fans ordre, des titres précieux avec des brouillons inutiles.
La comptabilisé des Receveurs-Générauxest dans un ordre
clair ôê méthodique. Les quittances des remboursements
ôê celles des arrérages de rentes, font rangées de manière
à faciliter toutes recherches.
Quant a Tinventaire des Archives, il ne peut avoir lieu
que successivement, ôê ne pourra même avoir fa perfection
qu'après que tous les titres ôê papiers auront été classés ôê
répartis fous les titres généraux des chapitres ôê paragra-
DU CLERGÉ DE FRANCE* 19 SEPTEMBRE I TS s. 817
phes qui- doivent distinguer toutes les parties ôê former leur
ensemble.
Le peu d'étendue du local de vos Archives cê la erandc
humidité d'une des Salles, ont inspiré une juste inquiétude
à vos Assemblées précédentes, ôê ont excité, dans le cours
de la présente Assemblée, Tattention ôê le zèle du Bureau
des Moyens. M. Duchefne a la sage prévoyance de ne pla-
cer dans la partie la plus humide, que des papiers peu pré-
cieux ; tels que des acquits d'anciens arrérages, couverts par
des acquits postérieurs.
La multitude des volumes &C Pièces justificatives que la
comptabilisé de votre Receveur-Général fournit ôê accu-
mule depuis un si long temps, occupe une partie considé-
rable de vos Archives : elle est une des principales causes
de Tinfuffifance du local. Un Rentier n'est pas recevable à
demander le paiement d'arrérages au-delà de cinq années.
Cette prescription étant admise en Justice, le Clergé con-
serveroit Ôê au-delà toute fureté pour sa libération, si, en
supprimant les anciens acquits d'arrérages, il conservoit les
acquits des trente dernieres années. II auroit encore les quit-
tances des remboursements c\ê les comptes des Receveurs-
Généraux à opposer aux Rentiers, si quelqu'un d'entr'eux
tentoit de réclamer un paiement d'arrérages au-delà de
trente ans j demande inadmissible en elle - même , ôê dont
votre Receveur ne se rappelle pas d'exemple.
Cette soustraision de papiers furperstus, procureroit un
local notable, ôê devenu néceslaire pour le placement pro-
gressif des nouveaux acquits : le nouvel inventaire n'auroit
point à énumérer ôê comprendre des objets surabondants
que le Clergé jugera tôt ou tard devoir sacrifier.
L'Assemblée pourroit autoriser Messieurs les Agents à
prendre les mesures qui furent adoptées en 1780 à Tégard
des ampliations de quittance, ôê à faire dresser Procès-
verbal sommaire des anciens acquits qui feroient sup-
primés.
Si, dans la fuite le Clergé croyoit devoir adopter la
,
même marche, en supprimant tous les dix ans les anciens
acquits au-delà de trente années, il se procureroit fuccef-
Ddddd 1
'Si 8 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
sivement un local utile pour le placement des acquits de
dix années suivantes.
II paroitroit bien important qu'un inventaire des Archi-
ves particulières de chaque Diocèse, fût déposé aux Ar-
chives générales du Clergé : cette déférence de la part des
Bureaux DiocéíainS", seconderoit, avec juste reconnoiílance,
une correípondance libre Ôê fans contrainte, qui, ne pou-
vant que s'accroître par la confiance ôê par ia promptitude
des secours que le zèle Ôê les lumières du Cher du Bureau
d'Agence garantissent aux Diocèses, deviendroit un cen-
tre d'unité pour les véritables principes, Ôê un guide uni-
forme ôê afíuré pour le choix des moyens de défense.
Chaque Diocèse ayant à éprouver journellement les se-
_
cours des Archives du Clergé, ne paroît pas devoir hési-
ter à faire connoître ceux qu'il peut fournir pour fa part à
un dépôt général, dont il fait avoir à partager les avanta-
ges. Les différents Diocèses ne font qu'une même famille,
charo-ée de défendre ôê conserver ensemble les mêmes droits
ôê un .patrimoine commun.
Le Chef du Bureau d'Agence a quelquefoisun besoin pres-
sant de renseignements qui tiennent à des usages locaux.
L'inventaire des Archives d'un Diocèse apprendroit sou-
vent qu'il y existe un Acte Ôêun Arrêt qu'on peut employer
à ia défense à celle d'un autre Diocèse ou même de tout
, ,
le Clergé.
Si Tadministration de quelques Bureaux Diocésains avoit
négligé de maintenir Tordre dans ses Archives, la demande
de l'inventaire ôê Tinvitation au nom de TAstemblée, ex-
citeroient une vigilance utile j une Lettre Circulaire de Mese
sieurs les Agents exposerait les avantages pour Tintérêt
,
commun , ôê les motifs d'intérêt particulier pour chacun
des Diocèses. Nous pensons qu'elle devroit se borner à une
simple invitation, ôê annoncer Tenvoi réciproque aux Bu-
reaux Diocésains d'une copie de l'inventaire des Archives
du Clergé, aussi-tôt qu'il feroit rédigé : un pareil espoir
feroit un motif puistant pour déférer aux désirs de TAstem-
blée. Chaque Diocèse auroit à connoître, par l'inventaire
de vos Archives, Tensemble dès ressources préparées pour
DU CLERGÉ DE FRANCE, 29 SEPTEMBRE 1785. 819
sa défense j il y verroic un moyen facile de réparer les
per-
tes , les lacunes ôê les déficits de ses Archives Darticulie-
res , en demandant aux Archives générales du Clergé, des
copies de titres ou Arrêts qu'il croirait essentielles de se oro-
curer. Ces avantages avoient frappé TAstemblée de Meìunj
ôê par une Délibération du 2,1 Septembre 1579, elle or-
donna « qu'il feroit fait des copies de l'inventaire des Ar-
53 chives
du Clergé, pour en bailler dans chaqueProvince. »
II est indispensable que le Conseil du Clergé, Conseil,
de chacun des Diocèses invités à s'adrester à lui, puiste con-
noître les enregistrements des Loix ôê Règlements relatifs
aux droits , propriétés ôê privilèges ecclésiastiques, ôê aussi
des Arrêts qui témoignent à cet égard la Jurisprudence
particulière des Cours différentes. Les Bureaux Diocésains
dans les Villes de Parlement, pourraient charger leur Syn-
dic ou autre, d'envoyer à Messieurs les Agents copies col-
lationnées des enregistrements à Tavenir d'Edits, Déclara-
tions Lettres-Patentes, òC les Arrêts des Cours qui inté-
,
resteraient la Juridiction ou le Temporel du Clergé : ils
pourraient joindre à leur envoi Tétat des frais que le Bu-
reau Diocésain auroit arrêté pour cet objet, lesquels frais
feroient acquittés, fur les mandats de Messieurs les Agents,
par le Receveur-Général.
Nous devons, Messeigneurs ôê Messieurs, renouveller
Teloge que vos Assemblées accordent, depuis vingt ans, au
zèle ôê à Tintelligence du Sieur Duchefne vraiment digne
de la confiance dont vous Tavez honoré 5 il, se consacre sans
réserve à vos Archives j aucun détail d'arrangement ôê de
propreté n'y est négligé, tout y annonce la plus grande vi-
gilance ôê les foins les plus assidus pour la conservation d'un
,
si précieux dépôt.
La tâche qui lui reste encore à remplir pour les Collec-
tions, distributions,Tables ôê Inventaire, exige un travail
pénible ôê fans relâche : loin d'en être eftrayé, le Sieur
Duchefne a le désir ôê Tambition de le conduire à fa per-
fection j la gratification que vous lui avez accordée, témoi-
gnage honorable de votre satisfaction, sera un nouvel en-
couragement à son zèle.
SJO PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRA*LZ
Nous avons cru, Messeigneurs ôê Messieurs, devoir vous
proposer, premièrement, de charger le Garde de vos Ar-
chives de continuer la Collection chronologique des Arrêts,
Edits ôê Règlements qui peuvent intéresser le Clergé, avec
Table alphabétique, par ordre de Matière ; de continuer
Texamen des titres Ôê papiers, déposés dans vos Archives,
Ôê de les disposer.selon leur claste d'après le Tableau agréé
,
par TAssemblée de 1780 j finalement de dresser l'inventaire
des Archives, d'après la nouvelle distribution.
Secondement, d'autoriser Messieurs vos Agents à écrire
une Lettre circulaire aux Evêques ôê aux Syndics des Dio-
cèses, pour les inviter, au nom de TAssemblée, à envoyer
aux Archives générales du Clergé , une copie en forme de
l'inventaire des Archives particulières du DioCese, en leur
annonçant, par la même Lettre, Tenvoi réciproque de l'in-
ventaire des Archives générales du Clergé, aussi-tôt qu'il
sera rédigé.
Troisièmement, que les Bureaux Diocésains, dans les
Villes de Parlement, seront invités à charger leur Syndic
ou autre, d'envoyer à Messieurs vos Agents, ôê pour être
déposées à vos Archives, copies collationnées des enregis-
trements à Tavenir , d'Edits , Déclarations , Lettres-Pa-
tentes, ôê les Arrêts des Cours, en forme probante, qui
peuvent intéresser la Jurifdiction ou le Temporel du Clergé,
en joignant auxdits envois, un état des frais arrêtés pour
cet objet par le Bureau Diocésain , ôê qui feroient ac-
quittés fur les mandats de Messieurs les Agents par votre
Receveur-Général.
Le Rapport fini, TAssemblée, après avoir donné les élo-
ges dus au travail de Messeigneurs ôê Messieurs les Com-
mistaires, a délibéré, conformément à Tavis de la Com-
mission :
i°. De charger le Garde des Archives de continuer la
Collection chronologique des Edits, Arrêts ôê Règlements
qui peuvent intéresler le Clergé, avec Table alphabétique,
par ordre de matière ; de continuer Texamen des titres ôê
papiers déposés dans les Archives, ôê de les disposer selon
leur claste, d'après, le Tableau agréé par TAssemblée de
DU CLERGÉ DE FRANCE, Z9 SEPTEMBRE 1785. 831
1780 j finalement de drester l'inventaire des Archives d'a-
près la nouvelle distribution.
2°. D'autoriser Mestieurs les Agents à écrire une Lettre
circulaire aux Archevêques, Evêques ô£ aux Syndics des
Diocèses, pour les inviter au nom de TAssemblée, à en-
,
voyer aux Archives générales du Clergé une copie en
forme, de l'inventaire des Archives particulières du Dio-
cèse, en leur annonçant, par la même Lettre, Tenvoi réci-
proque de l'inventaire des Archives générales du Clergé
aussi-tôt qu'il sera rédigé.
3 Q. D'inviter, par la même Lettre, les Bureaux
Diocé-
sains, dans les Villes de Parlement, à charger leur Syndic
ou autre, d'envoyer à Messieurs les Agents, ôê pour être
déposés aux Archives du Clergé, copies collationnées des
enregistrements à Tavenir d'Edits, Déclarations, Lettres-
Patentes Ôc" les Arrêts des Cours, en forme probante qui
,
peuvent intéresser la Jurifdiction ou le Temporel du Cler-
gé, en joignant auxdits envois un état des frais arrêtés pour
cet objet par le Bureau Diocésain, ôê qui seront acquittés
fur les mandats de Messieurs les Agents par le Receveur-
Général du Clergé.
Mesleigneurs Ôê Messieurs les Commissaires, pour les
Dîmes, ont pris le Bureau. Monseigneur l'Archevêque de
Rheims, Chef de la Commission a dit :
,
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
De nouvelles atteintes portées aux droits des Décima-
teurs, Ò\ê dont il vous importe d'arrêter promptement le
cours, nous obligent de revenir fur la matière des dîmes
avant la fin de vos Séances.
II s'est introduit dans le Perche un usage singulier, re-
lativement à la vente des pailles provenantes du produit
,
des dîmes. Les Décimateurs y font assujettis à Tobligation
de les livrer aux habitants de chaque Paroisse, à un prix fixe
ôê déterminé. Cet usage fondé, dit-on, sur une possession
très-ancienne a été confirmé par plusieurs Arrêts du Par-
,
lement de Paris3 mais jusqu'à ce moment, il avoit été con-
8 3 2, PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
centré dans cette Province-, ôê il étoit siopposé au principe
du Droit Commun, qu'on n'avoit pas tenté de Tétendre
au-delà de ces limites. Le peu de faveur dont le droit dé-
cimal semble jouir depuis quelques années dans les Cours
de Justice, a donné Téveilleà la cupidité des particuliers, ôê
excité les entreprises des Tribunaux inférieurs.
Les Juges du Duché-Pairie de Mayenne, situé dans le
Maine se font arrogé le droit de rendre une Sentence le
,
Ï7 Août 1780, qui ordonne, par forme de Règlement,
fous le bon plaisir de la Cour, que « dans toute Tétendue de
w
leur ressort, les Décimateurs seront tenus de vendre à
» leurs habitants les grosses ôê menues pailles, provenantes
K
des dîmes de chaque année j savoir, dans les Paroisses où.
n les battaisons se font immédiatement après la récolte,
M avant le premier
Décembre, ôê dans les Paroisses où Ton
» engrange pour battre Thiver, depuis le premier Décern-
ai bre, jusqu'au premier
Mars, à raison de douze livres le
3j cent
de bottes de grosse paille, froment ôê seigle, du poids
33
de quinze livres la botte, ôê de six livres le cent de bottes
33
de même paille, orge ôê avoine du poids de huit livres
,
33
la botte ô£ de trois livres le cent de bottes de pailles de
,
33
sarrasin, du poids de quinze livres la botte, le tout avec les
33 quatre au cent : en
conséquence, que les Décimateurs fe-
33 ront tenus
de faire commencer la battaison de leurs grains
33
le premier jour de Décembre au plus tard, comme aussi
,
33
de délivrer les bottes desdites pailles, fans pouvoir, lors
3>
des battaisons, ni après, en retirer aucuns pillons me-
« nus ou botteaux séparés, en fournissant, par les habi-
si les Décimateurs Texigent, le prix defdites pailles
33 tants,
33 avant
la battaison, dont ils seront tenus de leur fournir
33
reconnoissance, portant promesse de délivrer la quantité
33
de pailles dont ils auront été payés ; fait défenses aux
33
Décimateurs ôê à leurs Fermiers, de vendre à d'autres
33
personnes qu'auxdits habitants, ôê de laisser transporter
33
ailleurs aucunes des pailles provenantes des dîmes de leur
33
Paroisse, avant d'avoir délivré auxdits habitants les pailles
33
qu'ils auront payées avant le premier Août dans les
, après
33
Paroisses où les grains se battent immédiatement
33
la
DU CLERGÉ DE FRANCE * Z$ SEPTEMBRE I 7 S 5. 835
33
la récolte, ôê avant le premier Décembre, dans les Pa-
33
roisses où Ton engrange ô£ où Ton bat Thiver.
33
II résulte de cette Sentence dont nous avons cru devoir
vous rappeller en entier les dispositions, que les Décima-
teurs font obligés de faire battre leurs grains dans le court
espace de trois mois, assujettissement aussi contraire à leur
liberté qu'à leurs intérêts : qu'ils font tenus d'en livrer les
pailles à un prix fixe, fans égard aux circonstances locales,
ôê aux variations annuelles qui peuvent en changer la va-
leur ôê de les vendre à un taux inférieur de beaucoup à
,
la valeur réelle. Cette Sentence garde d'ailleurs un profond
silence fur le droit qui appartient essentiellement aux Dé-
cimateurs de consommer, par eux-mêmes, la totalité ou
une partie des pailles qu'ils recueillent; on pourroit même
inférer de ces termes, seront tenus de vendre à leurs habi-
tants les grosses ÓC menues pailles provenantes des dîmes de
chaque Paroisse, qu'ils font privés de cette faculté 3 mais le
droit est si incontestable, que nous ne pouvons penser que
les Juges aient eu Tintention réelle de les en dépouiller.
Cette, première atteinte, portée aux droits des Décima-
teurs, n'étoit que le prélude d'une autre plus grave encore,
Ôê d'autant plus importante pour le Clergé, qu'elle annonce
un destein formé par le Parlement de Paris 3 de soumettre
tous les Décimateurs de son restort à la même obligation,
disons mieux, à la même servitude.
Les habitants de Savigny-fur-Braye, Paroisse du Ven-
domois avoient fait assigner au Parlement les Religieux
,
Bénédictins de Vendôme ôê de Saint-Calais, « pour voir
33 ordonner que les Arrêts ôê Règlements rendus pour la
33
fixation du prix des pailles dans les Paroisses du Perche,
33 feroient exécutés dans la
Paroisse deSavigny, qui, difoit-
33 on, en fait partie j en conséquence être condamnés faire
à
33 aux habitants la livraison des grosies ôê menues pailles de
33 la dîme de chaque année, depuis le premier Décembre,
33 jusqu'au premier Mars, à raison de douze livres
le cent
33 de
grosses pailles, du poids de quinze livres la botte ôê
,
33
de six livres le de
cent menues pailles, du poids de huit
33 livres la botte, avec les quatre au cent. 33
Procès-verbal de 1785. Eeeee
834 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Les habitants de deux autres Paroistes, du même canton,
s'étoient également pourvus au Parlement contre les Dé-
cimateurs, ôê avoient formé une demande conforme : les
trois Procès ont été rapportés le même jour à la Grand1
Chambre, ôê jugés dans les mêmes termes le z3 Août der-
nier j quoiqu'il ait été prouvé que les Paroisses dont il s'a-
gissoit, ne faisoient pas partie du Perche, ainsi que Tavoient
faussement allégué les habitants. Le Parlement a ordonné
que par provision* ÓC sans préjudice du droit des Parties au
principal, les Décimateurs feroient tenus de fournir aux
habitants les pailles provenantes de leur dîme suivant le
prix qui sera fixé par le Lieutenant-Général, le, plus pro-
chain des lieux, à la réserve toutefois de celles qui leur se-
ront nécessaires pour la nourriture de leurs bestiaux : le Par-
lement a arrêté en outre, que le Roi feroit supplié de don-
ner un Règlement sur Tobjet de la vente des pailles, Ôê les
Décimateurs ont été condamnés aux dépens.
Nous ne pouvons nous dispenser d'observer que le dis-
positif de ces Arrêts paroît contraire aux principes de Tor-
dre judiciaire : un des premiers, est que la provision est due
au titre ou à la possession j or le titre étoit en faveur des
Décimateurs-, il étoit attaché à leur droit de propriétés ôê
quel titre plus respectable ! La possession étoit également
pour eux, puisqu'ils avoient joui jusqu'alors d'une liberté
pleine Ôê entière de disposer de leurs pailles. De plus, le
Parlement reconnoît la nécessité d'une Loi, pour imposer
cette charge aux Décimateurs j il la demande en consé-
quence au Roi. Cependant il les y soumet par provision, ôê
avant que le Souverain eût manifesté son intention, il pro-
nonce contre eux la condamnation aux dépens, comme s'ils
pouvoient être en tort d'avoir refusé l'exécution d'une obli-
gation qui n'existoit pas, ôê à laquelle le Parlement lui-
même n'a pas cru pouvoir les assujettir définitivement,
puisque TArrêt porte, fans préjudice des droits des Parties
au principal.
Mais la disposition de ces Arrêts, la plus alarmante pour
le Clergé, est i'Arrêté fait par le Parlement, de supplier le
Roi de donner un Règlement pour assujettir généralement
Du CLERGÉ DE FRANCE , z 9 SEPTEMBRE I 7 8 j. 835
les Décimateurs à vendre les pailles décimables aux nabi-*-
tants des lieux, ôê à un prix déterminé. Un pareil Réo-le-^
ment j nous osons le dire, biesteroit essentiellement les droits
de la propriété, droits sacrés que nos Rois se font toujours
fait un devoir de respecter.
Le caractère constitutif de la propriété est la liberté de
disposer de la chose, de la manière qu'on juge la plus con-
venable ôê la plus avantageuse. Ce principe est trop certain,
pour avoir besoin d'être prouvé : or peut-on mettre en
doute que les pailles, qui font le produit de la dîme, n'ap-
partiennent aux Décimateurs en toute propriété? Elles ne
forment avec les grains, qu'un même tout : au moment où
la dîme se perçoit, la prestation frappe également sur les
deux objets, Ôê la nature des choses ne permet d'établir
aucune distinction entre eux. Les pailles font une partie in-
tégrante du fruit décimable; elles appartiennent aux Déci-
mateurs au même titre que les grains : la propriété doit
donc en être également pleine ôê absolue, la disposition éga-
lement libre ôê indépendante.
Les Décimateurs ayant incontestablement le droit de
vendre leurs grains à telle époque, à tel prix ôê à telle per-
,
sonne qui leur conviennent, ils doivent jouir de la même
liberté, à regard des pailles5 ôê on ne peut les en priver,
fans ébranler les fondements de la propriété.
Pour sentir Tinjustice de Tobligation qu'on voudroit im-
poser aux Décimateurs, il suffit d'en faire Tapplication à
tous autres Propriétaires, en est-il aucun qui ne la regardât
comme directement contraire aux droits de fa propriété ì
Mais prenons un terme de comparaison plus analogue en-
core à notre efpece : croiroit-on pouvoir, fans attenter à la
propriété, obliger les Seigneurs à vendre à leurs habitants
les pailles provenantes de leurs droits de champarts ou ter^
rage ? Cependant quelle différence réelle y a-t-il entre les
,
produits de la dîme ôê ceux du terrage? Et quelles raisons
peut-on apporter, pour soumettre les premiers à cette ser-
vitude qui ne soient également applicables aux seconds ? ôê
pourquoi donc ce qui feroit injuste à Tégard des Seigneurs
ôê de tout autre Citoyen, perdroit-il ce caractère à Tégard
Eeeee z
2-j6 PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
des Décimateurs? les droits de la propriété ne font-ils pas
égaux? ne s'étendent-ils pas fans distinction à tous les indi-
vidus, à toutes les clasies de la société ? ou ces droits fe-
roient-ils méconnus ôê fans force, cesseroient-iîs d'être sa-
crés ôê inviolables, dès-là qu'ils ont pour objet les possessions
du Clergé possessions que nos Loix ont mises fous leur
,
protection spéciale, ôê qu'elles ont distinguées de toutes les
autres par des privilèges particuliers pour en asturer la
conservation ?
Les principes que nous avons établis, avoient toujours
été respectés par le Parlement de Paris : s'il s'en est écarté
pour le Perche, il ne s'est appuyé que fur Tusage ancien de
cette Province, ôê avant de soumettre les Décimateurs de
la Paroisse de Boissy-Maugis à Tobligation de livrer les
pailles décimales à un prix fixe il fut ordonné, par Arrêt
,
du 10 Février 1705 rapoorté oar du Perrav, Traité des
,
Dîmes, tome z, chapitre 7, n°. 3 , que lesdiis habitants
feroient preuve de Tuíage de la Province. L'Arrêt de 172.9
ne parle de la vente des pailles dans le Perche, que com-
me, un objet de police, fondé fur des usages particuliers à
ce canton 3 c'est ce qui paroît évidemment par ces termes
de TArrêt.
Ainsi toutes les fois que la question s'est présentée hors
les limites de cette Province, le Parlement avoit jusqu'à ce
moment, proscrit de semblables demandes. Les habitants
de Lourgain, Paroisse du Maine, ayant tenté de contraindre
les Décimateurs à leur fournir les pailles de la dîme à un
prix déterminé leur demande avoit été adoptée par le
,
Lieutenant-Particulier de la Sénéchaussée du Mans ; il avoit
réglé le prix qui devoit en être payé, Ôê il avoit même eu
égard aux circonstances qui pouvoient Taugmenter ou le
diminuer : mais fur Tappel, son Ordonnance fut réformée,
ôê par Arrêt du 5 Septembre 1775, les Décimateurs furent
maintenus dans la liberté de disposer de leurs pailles. « Sans
>->
s'arrêter, ni avoir égard, porte cet Arrêt, aux requêtes
» ôê demandes des habitants de Lourgain, dont ils font dé-
53
boutés, maintient le Sieur Jamain, Curé, ôê les Abbé,
» Prieur eê Religieux de Saint-Vincent du Mans, dans le
DU CLERGÉ DE FRANCE , z 9 SEPTEMBRE I 7 « J» S5
7
'» droit de diíposer des pailles, provenantes de ia dîme, sui-
33 vant
le prix courant d'icelles de chaque année. » Et com-
me les Décimateurs avoient offert de préférer les habitants
dans la vente, TArrêt ordonne, « qu'ils seront tenus, fui-
» vant leurs offres, de vendre leurs pailles aux habitants,
33 par
préférence à tous autres, après avoir prélevé celles
33
qui leur font nécessaires. 33 La même question avoit été
jugée par Arrêt du 7 Septembre 1760.
Quels motifs peuvent donc avoir déterminé le Parle-
ment de Paris à" abandonner ses anciens principes , à impo-
ser aux Décimateurs une obligation aussi nouvelle que pré-
judiciable ? Seroit-ce Tintérêt de TEtat? II demande, íans
doute, que les pailles soient consommées dans Tétendue du
Royaume 3 mais il est indifférent pour le Gouvernement,
que cette consommation se fasse dans une Paroisse plutôt
que dans une autre. Seroit-ce Tintérêt particulier de cha-
que Paroiste? En supposant cet intérêt, il ne peut être un
titre légitime pour forcer les Décimateurs à vendre leurs
pailles à un prix inférieur à la valeur de la chose j mais cet
intérêt est-il assez réel, assez pressant, pour interdire même
aux Décimateurs la liberté d'en disposer au dehors ? On ne
peut se dispenser d'admettre un excédant entre la récolte
des pailles, ôê la consommation nécestaire à chaque Pa-
roisse. Sans cet excédant, il feroit impossible de pourvoir
à Tapprovisionnement des Troupes ôê des Villes. Puisqu'il
existe un superflu en ce genre pourquoi priver les Déci-
,
mateurs de la faculté de le vendre ? Pourquoi ne jouiroient-
ils pas d'un privilège, ou plutôt d'un droit qu'on ne peut
contester à aucun citoyen ?
Cet intérêt particulier est-il d'ailleurs bien combiné avec
Tintérêt général? Dans la vaste étendue d'un Etat, il existe
un concours de besoins qu'il est nécessaire de concilier, ôê
dont Tensemble ne doit jamais échapper à Tattention d'un
sage Administrateur. Le Parlement, excité par la disette
extraordinaire des fourrages avoit rendu, le 1 9 Juillet der-
,
nier, un Arrêt de règlement, portant : « Que tous ceux
qui auraient des fourrages à vendre, feroient tenus de

les vendre aux Propriétaires, Fermiers ôê Cultivateurs

%3 8 PROCÈS-VERÊAL DE LASSEMBLÉE-GÉNERÀLÈ
de leurs Paroisses qui en auraient besoin pour leur ex^-

ploitation ôê consommation períonnelle seulement, sui-
„ la taxe qui en feroit faite par les Juges des lieux,
•„ vant
fans pouvoir les vendre à aucun étranger , qu'au /refus
„ des
habitants de chaque Paroiste, lequel feroit constaté
„ le Juge îles lieux, ôê fans frais. 33 On s'est apperçu
3, par
bientôt que l'exécution de cet Arrêt mettrait dans Timpof-
sibilité de fournir aux approvisionnements néceslaires poul-
ies écuries de la Maison du Roi, pour les Troupes , pour
le service des Voitures publiques, Ôê pour la ville de Paris.
Le Parlement a senti tous les autres inconvénients de son
Arrêt : il Ta révoqué sous la forme d'interprétation , ôê cha-
cun est demeuré libre pour Ja vente ôê le prix de ses four-
rages. Les mêmes motifs de liberté ôê de justice qui ont
déterminé le Parlement à revenir fur les dispositions de
TArrêt du 19 Juillet, ne font-ils pas applicables aux Déci-
mateurs ? La Loi qu'on sollicite contre eux , n'exposeroit-
elle pas en partie aux mêmes inconvénients ? ôê ne se roi t-
il pas à craindre qu'un de ses estets ne fût de rendre plus
difficiles ôê plus coûteux, les différents genres d'approvi-
sionnements qui dans Téconomie générale , doivent être
s
combinées de manière, que Tabondance d'un canton ne
produise pas ailleurs Tinfuffifance ou la disette ? Pour cou-
vrir Tatteinte portée aux droits des Décimateurs, on ne
manquera pas de dire qu'ils font intéressés eux-mêmes à ce
que les pailles qu'ils recueillent, soient consommées dans
Tétendue de leurs Paroisses, ôê qu'ils leront dédommagés
de ce qu'ils peuvent perdre fur la vente de cette denrée
par le produit des récoltes, qui augmentera en proportion
des engrais. Nous convenons de cet intérêt j ôê c'est pré-
cisément parce qu'il existe, qu'il est inutile d'implorer le
secours d'une Loi, pour en faire une obligation aux Déci-
mateurs. Qu'on laiste agir ce motif d'intérêt, il n'est aucun
Décimateur qui, dans la vente de ses pailles, ne préfère les
habitants à des étrangers, pour peu que les oftres soient
raisonnables.
D'autres motifs plus nobles porteront toujours le Déci-
mateur à donner la préférence à ses Paroissiens j mais cette
DU CLERGÉ DE FRANCE * 19 SEPTEMBRE 178/. S f, 9
préférence ne doit pas tourner à son préjudice : les habi-
tants ne peuvent la prétendre qu'à prix égal, ôê suivant le
cours des marchés : fans cette condition , la préférence fe-
roit injuste j elle cesserait même alors d'être une simple pré-
férence.
Cette règle est d'autant plus nécessaire, que, quelque
parti qu'on adopte pour la fixation du prix des pailles, elle
ne peut avoir lieu, fans exposer les Décimateurs à des per-
rés considérables ôê: à de graves inconvénients. Si le prix
est fixé pour plusieurs années ôê qu'il n'approche pas de
,
la valeur commune il est certainement injuste. S'il en ap-
,
proche il doit quelquefois excéder, d'autres fois être au-
,
dessous : les Décimateurs ne pouvant forcer les habitants
à acheter leurs pailles, ou ce pouvoir n'écant qu'apparent
ôê illusoire, ceux-ci ne manqueront pas de se pourvoir
ailleurs, toutes les fois que ia valeur actuelle sera au-des-
sous du prix déterminé dans leur Paroiste, ôê ils obligeront
les Décimateurs à leur en fournir, feulement dans les an-
nées où le prix commun surpassera le prix fixé pour leur
Décimateur. Dans ce dernier cas, qui sera le plus ordinai-
re , plusieurs habitants ne seront-ils pas violemment tentés
d'acheter des pailles des Décimateurs, pour les revendre
ensuite avec bénéfice ? Or, il est de la sagesse des Loix de
ne jamais présenter Toccasion du mal à la foiblesse humai-
ne, ôê de n'offrir aucun motif d'intérêt à la mauvaise foi.
On dira, sans doute, qu'on a paré à ces inconvénients,
« en défendant aux habitants d'acheter des pailles, autres
33 que
celles provenantes des dîmes, tant qu'elles seront suf-
33
fisantes, ôê de revendre à qui que ce soit les pailles ache-
33
tées par eux de leurs Curés, ou des Fermiers des Déci-
33 mateurs, ni même aucunes de celles qu'ils auront
recueil-
33 lies fur leurs propres fonds, qu'ils seront tenus de con-
33 sommer sur les terres de leurs
Paroistes, lorsqu'ils en au-
33 ront acheté des
Décimateurs. 33 Ce font les termes de
TArrêt de Règlement, rendu pour le Duché de Mayenne.
Sans doute, il auroit été trop révoltant de contraindre les
Décimateurs à vendre leurs pailles à vil prix, ôê d'autori-
ser les acheteurs à les revendre plus cher. Mais, après m'avoir
S4° PROCÈS-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
dépouillé sufht-il, pour se justifier de cette violence, de
,
défendre à celui auquel on a transféré ma propriété d'a-
,
buser de ma propriété ? D'ailleurs combien de moyens la
cupidité toujours active, toujours plus puissante que les dé-
feníes ne trouvera-t-elle pas pour les éluder? quelles diffi-
cultés,, quels frais pour constater les contraventions! Quoi
de plus odieux pour les Décimateurs qu'une pareille inqui-
,
sition î quel germe enfin de défiance ôê de discorde, entre
les Pasteurs Ôê les fidèles 1
Les Arrêts de Règlement rendus jusqu'à présent, fixent
un prix uniforme pour une vaste étendue de pays ; mais
cette uniformité de prix, fût-elle même restreinte à un seul
Bailliage, ne peut être juste, pour peu qu'il soit considé-
rable. Qui ne sait que la valeur des choies est en raison de
leur rareté, ou de leur abondance dans chaque lieu du plus
,
ou du moins de facilité qu'il ya dans les débouchés de leur
consommation, plus ou moins grandes ? ôê qui peut igno-
rer que ces distérentes circonstances varient d'une Paroiste
à une autre?
Les mêmes Arrêts ne déterminent pas combien doit durer
la fixation du prix qu'ils prononcent 3 cependant elle ne peut
être à perpétuité j le prix des denrées allant toujours en
croistant, il est de toute justice que la fixation suive cette
progression. Mais qui aura le droit de provoquer Taugmen-
tation du prix? Quel espace de temps faudra-t-il qu'il se
soit écoulé, pour que ce droit soit ouvert? C'est ce que ces
Arrêts ne décident pas.
On proposera peut-être comme un moyen de concilier
tous les intérêts, ôê de prévenir toutes les fraudes, de faire
fixer annuellement, par le Lieutenant-Général le plus pro-
chain, le prix des pailles qui seront vendues par les Déci-
mateurs, d'après le prix commun des marchés 5 mais le parti
qui feroit le plus équitable, s'il étoit nécessaire d'en pren-
dre un, ôê qu'il ne fût pas préférable de laisser aux Déci-
mateurs la même liberté dont jouit tout Citoyen, est lui-
même sujet à de grands inconvénients. D'abord, comme
nous Tavons observé, le prix ne peut être égal ôê juste en
même-temps pour toute Tétendue d'un Bailliage Royal,
souvent
DU CLERGÉ DE FRANCE , z 9 SEPTEMBRE 17 8 $. 841:
souvent composé d'un très-grand nombre de Paroisses 5 d'ail-
leurs cette fixation du prix ne pourroit avoir lieu qu'à Texpi-
ration de Tannée, puisqu'elle ne devroit se faire que d'après
le prix commun des marchés de Tannée, où la vente au-
roit été consommée. Par une suite naturelle, le paiement
des pailles feroit reculé jusqu'à cette époque-, cependant les
Décimateurs feroient tenus de les délivrer à tout habitant
de la Paroiste qui se présenterait. Quelle fureté alors auroient-
ils pour 1c paiement, n'ayant pas eu le choix des personnes
à qui ils ont vendu?
On ne peut donc astujettir les Décimateurs à vendre
leurs pailles à un prix fixe ôê dans un temps limité, faas don-
ner une atteinte fatale à leur propriété , fans blesser toute
justice à leur égard, ôê fans les exposer à une diminution
inévitable dans leurs revenus. Cette diminution ne tombe-
roit pas seulement sur les pailles dont Testimation, aban-
donnée à Tarbitraire, sera communément fort inférieure au
prix courant. L'exemple de ce qui se pratique dans les Pro-
vinces où cet arbitraire a lieu, annonce trop ce que les Dé-
cimateurs auront à craindre dans les Paroistes où Ton veut
rétablir 3 la diminution ne peut manquer d'affecter la to-
talité même des fruits décimaux qu'on feroit obligé de
donner à bail : les Fermiers mettront toujours au-dessous
du prix ordinaire, une efpece de biens exposés à des procès,
à des difficultés, à de continuelles entraves. Sans cesse con-
trariés dans leurs spéculations par des Loix prohibitives, ils
chercheront à se dédommager de cette gêne par un rabais
considérable", ôê les Décimateurs, déja bornés dans leur
droit par des restrictions excessivement multipliées ne
,
pourront pas même porter à fa juste valeur,le peu qui leur
restera.
La matière mise en délibération, Tavis de la Commis-
sion a été adopté j en conséquence il a été délibéré :
i °. De dénoncer au Roi, par un Mémoire conforme au
Rapport, les Arrêts des 11 ôê z^ Août 1785.
i°. De demander à M. le Garde des Sceaux que cette
affaire soit retenue au Conseil des Dépêches} pour que les
derniers Arrêts, comme contraires aux droits de la pro-
Procès-verbal de 1785. Fffff
842* PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
prière aux intérêts du commerce ôê aux principes d'une
?
bonne admidistration, y soient anéantis, Ôê que la liberté
soit rendue aux Décimateurs dans la vente de leurs pailles.
II a été dit ensuite :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Parmi hs atteintes successivement portées aux Loix qui
assurent à l'Eglife la perception des dîmes, il en est peu de
plus dangereuses, dans leurs conséquences, que celle qui
résulte d'un Arrêt rendu par la Chambre des Enquêtes du
Parlement de Metz, le 6 Août dernier 5 Arrêt qui juge non-
feulement que chaque particulier peut prescrire l'exemption
totale des dîmes de droit, mais encore que c'est au Déci-
mateur à prouver qu'il est en possession de les recevoir.
L'oripine ôê les estets de la distinction des grosses ôê
menues dîmes vous font connus 5 quoique par le Droit Com-
mun , ôê d'après les vrais principes, la dîme des menus fruits
ne soit pas moins due , pas moins exigible en elle-même
que la dîme des gros fruits, vous savez que cette première
dïme est devenue prescriptible par les décimables, ôê que
la coutume, depuis quelques siécles, s'est établie assez gé-
néralement fur cet objet, pour former une dérogation
à la Loi, ôê même une forte de Loi restrictive de Tancien
régime décimal.
A Tégard de la groste dîme, appellée communément dîme
de droit, la quotité n'en étant pas sixée par les Loix, une
coutume de quarante ans peut aussi, ou Taugmenter, ou
la restreindre dans une Paroiste 3 mais cette dîme a toujours
été regardée comme imprescriptible, quant à sa substance.
L'Arrêt récemment rendu au Parlement de Metz, pourroit
jetter des nuages fur une vérité reconnue depuis Tétablif-
fement de la dîme, ôê consacrée par la Jurisprudence cons-
tante de tous les Tribunaux du Royaume.
Nous allons vous retracer succinctement les faits deTins-
tance jugée au Parlement de Metz. II nous sera facile en-
suite de combattre une décision qui ne tend à rien moins
qu'à dépouiller l'Eglife de la plus précieuse de ses postessiòns.
DU CLÌIRGÉ DE FRANCE * z 9 SEPTEMBRE 1785. 843
Le Chapitre de TEglise de Metz posíede dans la Paroisse
de Charly un dimage qui s'étend fur plusieurs pièces de
terre de la Paroiste de Châtillon , dont les Religieux de
TAbbaye de Saint-Vincent senties principaux DécimaEciH's.
Ces enclaves comprennent un terrein appartenant au
Sieur de Luc, Seigneur de Châtillon, dont le père Tayoit
acquis de la Dame Moricaut, qui Tavoit elle-même acheté
en Tannée 1710 du Sieur Dorte. Le Contrat porte , « que
dans une piece de vingt journaux, il y a un journal un

quart ôê soixante-trois verges exemptes de dîmes 3 ce qui,

dans le langage du forme quatre sillons. "
„ Le Sieur de Luc pays,
ôê ses cohéritiers ayant refuse au Cha-
pitre la dîme de ces quatre sillons ôê de cinq autres situés
également dans le territoire de Châtillon on négocia pen-
,
dant quelques années ; on convint môme d'un séquestre.
Mais le 1 z Août 177 5", ledit Sieur de Luc défendit au
Collecteur d'emporter cette dïme. Son refus donna lieu à
une contestation au Bailliage de Metz j ôê par Sentence du
14 Avril 17 cl z, le Chapitre fut maintenu dans le droit de
percevoir la dîme contestée. Le Sieur de Luc interjetta ap-
pel au Parlement de Metz Ôê; fa défense en cette Cour
,
éprouva des variations remarquables.
La dîme refusée par ce propriétaire, étoit celle de fro-
ment , universellement regardée comme dïme de droit. II
n'osa point soutenir d'abord qu'elle fût susceptible de pres-
cription -, il prétendit que les Religieux de Saint-Vincent,
Décimateurs de Châtillon pourraient seuls la réclamer 5
,
mais qu'une redevance annuelle de sept livres dix fols qu'il
leur payoit, en tenoit lieu par forme d'abonnement.
Le Chapitre répondit qu'un particulier ne pouvoit écar-
ter la demande d'un Décimateur, à Tégard de la dîme de
droit, que lorsqu'il la payoit à un autre 3 que le Chapitre
étoit Décimateur en partie de Châtillon ôê qu'en consé-
,
quence il avoit qualité pour y percevoir la dîme contestée °,
•il démontra enfin que la redevance de sept livres dix sols
payée par le Sieur de Luc aux Relieieux de Saint-Vincent,
avoit une cause ôê un objet absolument étrangers à cette
Qime.
Fffff x
844 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Ces réponses étoient décisives. Aussi les défenseurs du
Sieur de Luc, dans une Consultation délibérée à Metz le
10 Juin dernier, ont-ils abandonné son premier système,
ôê soutenu formellement que chaque particulier peut pres-
crire l'exemption de toute dïme.
Sur cette contestation est intervenu, le 6 Août dernier,
un Arrêt interlocutoire, qui ordonne, avant faire droit,
cc que le Chapitre fera preuve dans un mois, tant par ti-
tres, que par témoins, qu'il est en poslession, d'un temps
„ suffisant à prescrire, de percevoir la dîme sur lesdits sil-
„ Ions, sauf la
preuve contraire dans pareil délai. 33
„ L'Enquête prescrite
par cet Arrêt, ne peut avoir pour
objet d'examiner si la dîme dont il s'agit appartient au Cha-
pitre de Metz, ou à T Abbaye de Saint-Vincent. Si le Par-
lement s'étoit borné à éclairer fa religion fur ce point de
fait, il aurait ordonné que les Religieux feroient mis en
cause ou plutôt il auroit reconnu que leur silence étoit un
,
aveu de la propriété du Chapitre, Ôê que le Sieur de Luc
étoit non-recevable à exciper des droits d'un tiers.
Cette Cour a donc adopté les dernieres défenses de ce
particulier : elle a même été plus loin c'est à celui qui
,
invoque la prescription, à Tétablir, suivant la maxime,
excipienti incumbit onus probandi. L'Arrêt du 6 Août re-
jette la preuve sut le Chapitre : il est donc jugé, non que
la grosse dîme est prescriptible, mais que le Clergé ne peut
en jouir, s'il n'a lui-même acquis par prescription le droit
de la percevoir. Le Conseil pourroit-il hésiter à proscrire
une décision, qui contredit aussi ouvertement les Loix ôê
le Droit Public du Royaume ?
On a long-temps disputé sur Torigine des dîmes. Mais,
quoi qu'en dise le Sieur de Luc le sentiment qui les re-
garde comme imprescriptibles de , la part d'un particulier,
est indépendant de cette discussion j Tobligation de les payer
est écrite dans les Ordonnances de nos Rois, ôê notamment
dans les Capitulasses de Charlemagne ôê de ses successeurs.
Monseigneur l'Archevêque de Rheims vous en a rappelle
les dispositions. Or, ces Loix font suffisantes pour asturer
Timprefcriptibilité du droit qu'elles ont, ou établi, ou con-
DU CLERGÉ DE FRANCE * z9 SEPTEMBRE 17SJ. 84 j
firme. II suffirait même, au défaut d'un Règlement exprès,
d'observer que la dîme de droit est universellement établie
dans le Royaume, ôê qu'à ce titre elle fait partie de notre
Droit Public.
Proesoiptio temporis Juri Publico non débet obfiare. (1)
Cette maxime, écrite dans le Droit Civil ainsi que dans
les Constitutions canoniques, est fondée fur la nature mê-
me de la prescription. Elle sait présumer le titre j mais lors-
qu'elle est opposée aux Loix Ôê au Droit Public, les Loix
ôê le Droit Public font présumer que le titre n'existe pas,
ôê: la présomption, favorable à la Loi, Temporte toujours.
II est donc impossible de se soustraire, par la prescription,
à l'autorité des Ordonnances qui imposent Tobligation
,
de payer la groste dîme, appellée par cette raison dîme de
droit.
La maxime que Ton ne prescrit jamais contre la Loi,
n'est point particulière aux dîmes ; elle reçoit également son
application dans toutes les matières fur lesquelles la législa-
tion a prononcé.
Le principe si respecté parmi nous, que Tabus n'est cou-
vert par aucun laps de temps, n'a point d'autre origine j ôc
pourquoi en effet la possession même immémoriale ne Teffa-
ce-t-elle point? C'est, disent tous les Auteurs, parce qu'il
renferme une contravention aux Loix.
II en est de même de la féodalité. Dans les Coutumes où
elle forme le Droit Commun, on ne se libère jamais fans
titre de la foi due au Seigneur, parce que Tobligation de
la rendre est imposée par la Loi.
Ces autorités ces raisonnements ôê ces exemples dé-
,
montrent évidemment qu'il ne falloit point ssOrdonnance
particulière, pour rendre les grosses dîmes imprescriptibles,
il suffit que la Loi les ait établies, pour que la prescription
ne puisse jamais les anéantir.
En vain s'efforce-t-on d'assimiler les dîmes aux autres
possessions dont l'Eglife jouit, ôê qu'elle peut perdre par la
prescription. La différence est sensible ; elle résulte de la di-

(1) Lcge 6 Cod. de operibus publicis.


$46 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
versité des titres de propriété. Ce font des contrats privés,
qui ont transmis au Clergé tel champ, telle Seigneurie. Les
dispositions de ces actes peuvent être ignorées ; mais la pref
ration des dîmes est fondée fur la Loi, qu'il n'est jamais
permis de méconnoître 5 elle réclame fans ceste contre les
usurpateurs : elle imprime le caractère de la mauvaise foi,
8c le sceau de la réprobation à tous les instants d'une jouis-
sance qu'elle proscrit.
Nous reconnoisions que les Loix anciennes peuvent être
abrogées dans un Royaume, ou dans une Province par une
Coutume générale, publique ôê constante : telle est la seule
prescription qui puisle donner atteinte à la volonté du Lé-
gistateur. ReciiJJunè receptum ejl* est-il dit dans la Loi 3 z
,
au digeste, ut leges con sensu omnium , per defuctudmem abro-
gentur. Mais cette abrogation ne peut avoir lieu que par
Teffet d'un concours unanime, consens omnium; 6é ce fe-
roit se faire illusion, de le confondre avec la prévarication
d'un seul, à qui la fidélité de ses voisins retrace continuel-
lement son devoir.
En vain allégueroit-on que T Article 50 de l'Ordonnance
deBlois, en défendant d!alléguer possession ou prescription*
autre que celle de droit, pour s'exempter du paiement de la
dîme, permet d'opposer cette prescription.
Le Législateur s'est expliqué fur cet objet: Déclarons
*
est-il dit dans le même Article, que lesdites dîmes se lève-
ront jeton les Coutumes des lieux ÓC la quote accoutumée en
iceux. Telle est donc la prescription de droit, autorisée par
l'Ordonnance3 elle ne concerne que la quotité, elle ne peut
même être acquise que par la majeure partie des habitants
d'une Paroisse. Chaque habitant est soumis à la Coutume
des lieux, quelqu'aitpu être faposteffion personnelle3 com-
ment feroit-il autorisé, par la même disposition, à pres-
crire l'exemption entière de toute dîme ?
On a également opposé au Chapitre de Metz Tusage de
la Franche-Comté, où, suivant Dunod de Charnage, la
dîme est regardée comme soumise, dans fa totalité, à la prêt-
cription ; un Arrêt rendu au Parlement de Provence, ìe7
Juin 1777, contre le Curé d'Urtis, qui déclare le Fiet oe
DU CLERGÉ DE FRANCE* Ì9 SEPTEMBRE 1785. 84.7
Saint-Pons exempt de toute dîme \ l'ancienne soumission du
pays Messin à l'Empire Germanique 5 les plaintes adressées
au Pape par la Diète de Ratisbonne en 1 jiz , fur ce que
les Juges d'Eglise condamnoient des Propriétaires qui n'a-
voìent jamais payé de dîme, à l'acquitter, ou à fournir d'au-
tres prestations équivalentes 3 la Coutume de Metz, qui dé-
clare indéfiniment qu'on peut prescrire contre l'Eglise pour
chose dépendante de son Domaine 3 enfin un Arrêt du Con-
seil d'Etat., du z 6 Juillet 1741 qui diípensa les Proprié-
,
taires de plusieurs vignes de payer aux Religieux de Saint-
Vincent de Metz la dîme de vin.
Mais il est impossible que les Juges aient été déterminés,
ni par les exemples cités, ni par les titres particuliers au
pays Meslin.
« Les Curés de la Franche-Comté reçoivent, dit Dunod
3>
deCharnage, [1] àzs prestations par feu 6í ménage. Nous
33 avons
pratiqué de tout temps que les Paroilìiens leur
yj paieroient
la Portion congrue en argent, comme étant
33
chargés de leur subsistance, soit qu'il y ait Dccimateurs
33 ou non.
Ce n'est que depuis la Déclaration de 1686, que
33
les Décimateurs y font assujettis parmi nous, &C les Pa-
53
roissiens suppléent comme auparavant à leur désaut. 33
Le même Auteur ajoute, que ces prestations, payées par
le peuple, tiennent lieu de dîme: c'est une forte d'abonne-
ment inoui dans le pays Messin, ô£ si commun dans le Comté
de Bourgogne, qu'il y a acquis la force d'une Coutume
sufíiíante, luivant les principes exposés, pour y modifier
les Loix anciennes &C les coníéquences qui en dérivent.
Le Possesleur, exempté de toutes dîmes par l'Arrêt rendu
au Parlement de Provence en 1777, soutenoit que ce ter-
ritoire ne faisoit point partie de la Paroisse d'Urtis, &í l'on
ne voit pas si c'est ce moyen qui a prévalu : dans le cas où
on auroin jugé qu'il avoit légitimement prescrit l'exemp-
tion de toute dîme, ce seroit un motif de plus pour empê-
cher lâ propagation d'un système aussi pernicieux.
Les plaintes que la Diète d'Allemagne adresla, en 1521,

[Ì] Traité de !a Dîme page 3 3.


,
84-8 PRDCES-VERBÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
au Pape, contre la Jurisprudence des Tribunaux Ecclésiaf
tiques, fur le fait des dîmes, démontrent que cette Juris-
prudence existoit j & c'est un fait certain qu'elle n'a été ré-
formée dans les Etats Catholiques, ni par la Cour de Rome,
,
ni par les Souverains : d'ailleurs le Continuateur de l'His-
toire Ecclésiastique atteste que ces plaintes furent l'ouvrage
des Luthériens ', [1] enfin il résulte d'un acte de notoriété,
souscrit par MM. les Gens du Roi &c par Tordre des Avo-
cats de Metz, qu'à l'instant où cette Province rentra fous
la domination de nos Rois, les Loix du Royaume y repri-
rent toute leur autorité.
Les Rédacteurs de la Coutume de Metz ont distingué
avec foin les dîmes, dont il n'est parlé que dans l'Article
XVII, des Domaines qui font l'objet de l'Article XVI. Ces
Domaines déclarés prescriptibles ne peuvent donc com-
,
prendre que les biens-fonds ; &C si l'on peut acquérir, par la
jouissance, l'exemption de la dîme, ce n'est, aux termes de
l'Ârticle XVII, que contre les Laïques.
La dîme de vin n'est point regardée dans plusieurs Pro-
,
vinces, comme dîme de droit. L'Arrêt de 1741 a jugé
,
qu'elle n'étoit, dans le pays Messin qu'une dîme d'uíage,
,
bC en conséquence qu'elle est prescriptible : on ne peut donc
pas appliquer cette décision à la dîme du froment, qui,
dans tout le Royaume, tient le premier rang entre les dî-
mes de droit.
Nous n'avons invoqué fur cette question, ni les Arrêts
des divers Parlements du Royaume, ni le sentiment des
Jurisconsultes. Les Conseils du Sieur de Luc ont été for-
cés de reconnoître que le principe de l'imprescriptibilité est
enseigné par le plus grand nombre des Auteurs, & que les
Arrêts préparés par l'opinion, l'ont affermie à leur tour.
Mais quand même la dîme de froment feroit prescriptiblej
quand même un particulier pourroit s'en affranchir, au
moyen d'une longue possession, l'Arrêt du 6 Août dernier
ne devroic pas moins être anéanti, puisqu'il condamne le
Chapitre de Metz à faire une preuve à laquelle son ad-
versaire auroit dû être seul assujetti. ,
[1] Tome 16, page \6\,
Dans
DU CLERGÉ DE FRANCE ., 2.9 SEPTEMBRE 1785. 849
Dans ces circonstances, nous avons i'honneur de vous
proposer d'accorder vos bons oflices au Chapitre de Metz,
lorsqu'il se sera pourvu en cassation contre cet Arrêt, ainsi
qu'il y est déterminé, ô£ de charger Messieurs les Agents
de suivre cette affaire avec autant de zèle que d'activité.
Sur quoi P Assemblée conformément à l'avis de la Com-
,
mission a délibéré d'accorder de bons offices au Chapi-
,
tre de Metz, lorsqu'il se íera pourvu en cassation contre
PArrêt du Parlement de Metz du 6 Août dernier , & a
chargé Messieurs les Agents de suivre cette affaire avec
autant de zèle que d'activité.
Le Procès-verbal a été lu ô£ signé.
La Séance a été indiquée au Lundi, 3 Juillet 1786,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RlCHARD,Archevêque ÒC Primat
de Narbonne, Président.

SECONDE PARTIE.
Il i 1 r.

DU LUNDI, TROIS JUILLET 1786,


a neuf heures du matin.
Monseigneur P Archevêque de Narbonne, Président.

MOnseigneur P Archevêque de Narbonne a dit : Qu'il c


SÉANCE.
étoit affligeant pour P Assemblée que le renouvelle-
ment de ses Séances fût marqué par les tristes devoirs qu'elle
avoit à rendre à trois de ses Membres, dont la perte écoit
digne de tous ses regrets -, qu'il ne pouvoir, se dispenser en
ce moment de rappelles au souvenir de Messeigneurs Ô£
de Messieurs, la piété, la douceur 6c les vertus de Messei-
gneurs les Evêques de Toulon & de Saint-Malo ; que feu
Monsieur l'Abbé de Castellas n'avoit pas été moins recom-
mandable par Paménité de son caractère &C par son zele
Procès-verb, de 17 8 /-17 8 6. Ggggg
Sj-o PROCÉS-FBRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
éclairé j que l'Aíìemblée, par un double motif de Reli-
gion Ô\C d'attachement, se porteroit lans doute à raire cé-
lébrer pour chacun d'eux, un Service folemnel pour ie
í'epos de leurs âmes, conformément à un très-ancien usa-
ge, consirmé par le Règlement de 1715 ; mais qu'avant
de prendre aucune délibération à ce íujet, il convenoit de
commencer par dire un De profanais , ainsi que cela s'é-
toit pratiqué de tous les temps jusqu'à présent.
Sur quoi PAssemblée s'est levée, 6c a dit le De profan-
ais. Ensuite il a été arrêté qu'il ieroit célébré crois Servi-
ces solemnels : l'un pour Monseigneur PEvêque de Saint-
Malo le Jeudi, 13 de ce mois ; un autre pour Monsei-
,
gneur PEvêque de Toulon, le Vendredi, 14, &£ le troi-
sième pour Monsieur PAbbé de Castelias, le Samedi sui-
vant. Monseigneur PArchevêque de Narbonne a prié, au
nom de PAílemblée, Monseigneur PArchevêque de Tours,
Monseigneur PEvêque de Limoges &C Monseigneur PAr-
chevêque de Vienne, d'y oíhcier.
Monseigneur PArchevêque de Tours a nommé Prêtre*-
Aflistant Monsieur PAbbé de Bovet ; Diacres d'honneur,
Messieurs les Abbés de Grand-Clos & d'Anstrude*, Diacre:
de PEvangile, Monsieur PAbbé de la Mire-Mory, 6c Sous-
Diacre Monsieur PAbbé de Chambertrand. Ce Prélat a prié
,
Messeigneurs les Evêques de Graíle, de Vabres, de la Ro-
chelle 6c d'Apt, de faire avec lui les absoutes au Service
qui fera célébré pour Monseigneur PEvêque de Saint-Malo.
Monseigneur PEvêque de Limoges a nommé Prêtre-As-
sistant Monsieur PAbbé de Pradel ; Diacres d'honneur,
Messieurs les Abbés de Foucauld &C de Grimaldyj Diacre
de PEvangile, Monsieur PAbbé de Messey & Sous-Dia-
,
cre, Monsieur PAbbé de la Mire-Mory. Ce Prélat a aussi
prié Mesleigneurs les Evêques de Fréjus, Noyon, Lavaur
6í Saint-Flour, de faire avec lui les absoutes au Service
qui fera célébré pour Monseigneur PEvêque de Toulon.
Monseigneur PArchevêque de Vienne a nommé Prêtre-
Assistant Monsieur PAbbé de Clugny 3 Diacre de PEvan-
gile, Monsieur PAbbé de Pradel, òí Sous-Diacre Mon-
,
sieur PAbbé le G ay.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 3 JUILLET 17S6. Sj 1
Messieurs les Agents ont été chargés de faire tout pré-
parer pour ces différents Services , d'y inviter, suivant
Pusage, les Prélats qui font à Paris, §C les parents des Dé-
putés décédés, ô£ enfin de demander à Monseigneur PAr-
chevêque de Paris la permission néceslaire pour Mef-
seigneurs les Prélats qui doivent ^officier ÔC faire les
absoutes.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a rendu compte
de Pétat où se trouvoient les principales affaires qui doi-
vent fixer Pattention de PAssemblée. Ce Prélat a observé,
quant à Parfaire des dîmes, que la Loi sollicitée par le
Clergé a été envoyée au Parlement de Normandie , qu'elle
étoit rédigée d'après les principes établis dans les Rapports
de Messeigneurs &£ de Messieurs les Commissaires, ô£ qu'il
y a lieu d'espérer que l'affaire sera incestamment terminée
d'une manière avantageuse pour les Décimateurs de la Pro-
vince. Monseigneur PArchevêque de Narbonne a ajouté
que PAllemblée devoit un témoignage de satisfaction à
Monseigneur PArchevêque de Rheims, qui a continué de
développer dans cette affaire le zèle , la constance òc les
talents, auxquels PAstemblée avoit déja applaudi Pannée
derniere.
Monseigneur PArchevêque de,Narbonne a dit ensuite,
qu'il étoit difficile de pénétrer les diípositions du Gouver-
nement, relativement au Jugement de Parraire des Foi &C
Hommages j que le Clergé avoit à redouter Pannée der-
niere qu'un Jugement précipité ne Parrêtât dans les recher-
,
ches qu'il continuoit de faire pour fa défense •-, qu'aujour-
d'hui cette défense étant complète , il étoit à craindre que
les lenteurs d'une décision ne fissent perdre tout le fruit de
Pimpreísion que sembloit avoir faite la manière savante &£
solide dont la franchise du Clergé a été défendue, avan-
tage dont on étoit redevable au zèle, aux talents &C aux
lumières de Monseigneur PArchevêque d'Aix.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit encore
>
que PAssemblée avoit été instruite de l'estet qu'a voient pro-
duit ses réclamations auprès du Roi &C de ses Ministres,
su'rl'immunité personnelle des Evêques ; que Messieurs les
O »• o- cr çr 2.
8jx PROCES-FERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALS
Agents avoient rédigé fur cet objet, un Mémoire digne de
Pattention de PAstemblée , à qui ils auront Phonneui: d'en
donner communication, si elle le juge à propos.
Enfin Monseigneur PArchevêque de Narbonne a dit,
que PAssemblée informée de Paccident arrivé à Monsei-
gneur PEvêque de Nevers, s'empresseroit de nommer, sui-
vant Pusage, des Députés pour s'informer de la santé de ce
Prélat ; Monseigneur PEvêque de Troyes ÔC M. PAbbé de
Barrai ont été priés de témoigner à Monseigneur PEvêque
de Nevers tout Pintérêt que PAssemblée prend à son état,
ôí le désir qu'elle a d'apprendre son parfait rétablissement.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a ajouté, qu'il
étoit convenable de remplacer les pertes que le Bureau des
Portions congrues avoit faites, par la mort de Messeigneurs
les Evêques de Toulon & de Saint-Malo, ôí de Monsieur
PAbbé de Castellas j òC a proposé de nommer Messeigneurs
les Evêques d'Avranches ÔCde Digne, ô£ Monsieur PAbbé
de Tartonne> ce qui a été agréé.
Messeigneurs &C Messieurs les Commissaires, pour les
Portions congrues, ont pris le Bureau. Monseigneur PAr-
chevêque de Bordeaux, Chef de La Commission, a. dit:
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,

VOUS VOUS rappeliez la Délibération que vous avez prise


le 3 Août de Pannée derniere, pour élever le taux des Por-
tions congrues, òC pour remplir divers objets qui intéres-
sent essentiellement le ministère ecclésiastique &C le service
des Paroisses ; vous vous rappeliezPInstruction que vous avez
approuvée, ÔC qui a été en conséquence adreflée, par vos
ordres, à tous les Evêques pour leur servir de guide, dans
les renseignements que vous leur avez fait demander 5 ensin
vous n'avez pas perdu de vue la réponse approbative de en-
courageante que M. le Garde des Sceaux a faite à Monsei-
gneur PArchevêque de Narbonne; &; nous nous sommes
séparés avec la ferme confiance que nous ne tarderions pas
a voir publier la Loi générale, qui devoit être le principe
DU CLERGÉ DE FRANCE, 3 JUILLET 1786. 853.
5£ la base du plan que vous avez adopté. Cette Loi n'existe
cependant point encore : nos sollicitations, également vives
&: pressantes ont été jusqu'à présent infructueuses3 àc lors-
,
que les devoirs de nos résidences nous ont forcés de nous
absenter, Messieurs vos Agents n'ont rien négligé pour rem-
plir votre attente.
D'un autre côté, nos Confrères se sont empressés de sa-
tisfaire à votre Délibération5 ils ont adresté à Messieurs les
Agents une grande partie des états ôc des renseignements
qui leur avoient été demandés, & nous, Membres de la
Commission, honorés de votre confiance pour un travail
si intéressant, nous nous sommes rendus dans cette Capi-
tale, à Pépoque que vous aviez déterminée, pour préparer,
à l'avance, les objets de vos délibérations. Nous y avons
apporté le juste regret des pertes que nous y avons faites.
Trois Membres de cette Astemblée lui ont été enlevés, &C
tous les trois appartenoient à notre Bureau. A ce sentiment
douloureux, se joignoit Pinquiétude occasionnée par le
,
silence du Gouvernement.
Notre courage néanmoins ne s'est pas laissé abattre ; nous
ne nous sommes pas permis de présumer que le Roi refusât
jamais íon appui à un plan dont toutes les parties tendent
à Putilité publique, ôt nous avons regardé comme un de-
voir íacré pour nous, de remplir fidèlement la tâche que
Vous nous aviez imposée.
Nous n'avons donc pas perdu un moment pour nous li-
vrer à Pexamen des états des Diocèses; plusieurs présentent
la rédaction la plus satisfaisante 5 quelques-uns laiíìent en-
core des éclaircissements à désirer; ÔC nous avons pris les
mesures convenables pour nous les procurer.
Votre réunion, Messeigneurs &C Messieurs, ranime notre
confiance 3 nous en saisissons les premiers instants, pour
mettre fous vos yeux la nécessité indispensable de détermi-
ner le Gouvernement à donner une sanction légale aux
bases &: aux principes de nos travaux. Nous n'avons reçu de
M. le Garde des Sceaux que des assurances de dispositions
favorables, qui demeureroient pour toujours fans fruit, si
ellesnétoient promptement réalisées.
8^4 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Nous nous étions flattés, en sollicitant une Loi générale,
de voir promptement secourus les Curés qui n'ont que la
Portion congrue pour moyens de lubsistance ; nous n'avons,
rien négligé pour assurer promptement le fort de cette por-
tion intérestante de nos co opérateurs, &£. fans doute vous
regarderez comme le premier de vos foins, celui de té-
moigner vos regrets, c£ de renouveller vos instances en
leur faveur.
Privés de cette Loi, dont nous nous étions si justement
flattés nous nous sommes néanmoins livrés àPexamen des
j
besoins ÒC des ressources de plusieurs Diocèses, & cette re-
cherche nous a conduits à des résultats fur lesquels il nous
est indispensable de connoître votre détermination.
Nous avons reconnu qu'avant même que la Loi générale
ait été donnée, il étoit possible de régler le fort de plusieurs
Diocèses particuliers par àcs Lettres-Patentes,où feroient
suivis òC rappelles tous les principes de votre Délibération,
même ceux qui doivent déterminer les nouvelles Portions
congrues des Curés &C des Vicaires.
Les Loix particulières ne contrarieroient point les vues
que vous avez adoptées en faveur d'une Loi commune òc
générale, puisqu'elles en feroient Pexpression fidèle.
Elles auroient Pavantage de vous mettre à portée de con-
sommer votre ouvrage dans plusieurs Diocèses, pendant
la tenue de vos Séances, ôc de tracer aux autres des mo-
delés précieux, dès qu'ils porteroient Pempreinte de votre
suffrage, &C qu'ils auroient été autorisés par Sa Majesté.
Ainsi, íans vous départir d'aucune des. demandes que
vous avez formées, vous pourvoirez, d'une manière con-
venable, à vos principes, en faisant statuer sur les Diocèses
qui vous auront présenté des renseignements suffisants pour
déterminer vos Délibérations.
Cette méthode nous a paru indiquée, ô£ j'ose dire, com-
mandée par les circonstances, &C par les sentiments de votre
sollicitude pour les Eglises que vous représentez.
Pour que vous puissiez mieux apprécier nos réflexions
ô£ notre méthode, nous soumettons à votre examen le pro-
jet que nous avons formé pour un Diocèse d'une petite
DU CLERGÉ DE FRANCE, 3 JUILLET 1786. S/5
étendue, &: qui ne présente aucune difficulté extraordi-
naire.
Si vous agréez notre proposition, Messeigneurs & Mes-
sieurs vous trouverez fans doute convenable de choisir des
,
Députés pour voir incessamment M. le Garde des Sceaux,
lui témoigner la juste inquiétude que vous cause le silence
du Gouvernement sur la Délibération du 3 Août dernier,
òí faire auprès de lui les plus vives instances, pour que ,
du moins, le fort des Diocèses, dont Pétat sera mis fous
ses yeux, puisse être légalement déterminé d'après les prin-
cipes de la Délibération du 3 Août dernier, pendant ie
cours úcs Séances de la préfente Assemblée.
Le Rapport fini, PAíìemblée, en applaudissmt aux vues
proposées par la Commission, a fait quelques observations,
qu'elle a prié Mesteigneurs 6c Messieurs les Commissaires
de prendre en considération; en conséquence, il a été re-
mis a délibérer fur cet objet important.
Mesteigneurs ôc" Messieurs les Commissaires ont été
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 4 Juillet, à
neuf heures du matin.
Slën^
de
^ ARTHUR-RICHARD Archevêque &. Pri-
Narbonne, Président. ,
mat

DU MARDI, Q U ATRE JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MOnseigneur PEvêque de Troyes a dit : Que, confor- ;


CI
mément aux intentions de PAssemblée, il s'écoit ren- SEANCE.

du avec Monsieur PAbbé de Barrai, chez Monseigneur


PEvêque de Nevers, Ôc" lui avoit témoigné la part qu'elle
prend, à ì'accident fâcheux qui lui étoit arrivé 5 que ce Prélat
avoit paru très-sensible à cette marque d'intérêt, ÒC les avoit
priés d'assurer PAssemblée de toute fa reconnoissance.
j
8 6 PROCES-FERBAL DE L ASSÈMBLÉE-GÉNÉRALE
Messeigneurs & Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, Juillet,
/
à neuf heures du matin.
Signé %$ ARTHUR-RICHARD, Archevêque ôc Primat
de Narbonne, Président.

DU MERCREDI, CINQ JUILLET i78é,


à neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

cu MEsseigneurs òc Messieurs les Commissaires ont été


SÉANCE travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 6 Juillet,
à neuf heures du matin.
^
ii.j
Signé ARTHUR-RICHARD,Archevêque & Primat
de Narbonne, Président.
n i

DU JEUDI, SIX JUILLET 1786,


a neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne 5 Président.

cm MEsseigneurs bc Messieurs les Commissaires, pour les


SÉANCE. Portions congrues ont pris le Bureau. Monseigneur
,
PArchevêque de Bordeaux, Chef de la Commission a fait
,
lecture d'un nouveau projet de Lettres-Patentes, Ô£ fur
quelques réflexions faites par PAssemblée, la Délibération
a été remise à un autre jour.
Messeigneurs ô£ Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, 7 Juillet,
à neut heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque &c Primat
de Narbonne, Président.
DU
DU CLERGÉ DE FRANCE J 7 JUILLET 1786. §fy
Y

DU VENDREDI, SEPT JUILLET' 17S6,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Rheims, Président.

MEsseigneurs &: Messieurs les Commisiaires ont été civ


SÉANCE.
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, 8 Juillet,
à neuf heures du matin.
Signé ^ Al. A. Archevêque-Duc de Rheims, Président.
DU SAMEDI, HUIT JUILLET 1786,
à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs ô£ Messieurs les Commissaires, pour les CV


Portions congrues, ont pris le Bureau. Monseigneur SÉANCE.-

PArchevêque de Bordeaux, Chef de la Commission a dit:


,
Que PAilemblée. avoit à délibérer sur les objets proposés
par la Commission dans la Séance du Lundi, 3 de ce mois.
La matière mise en délibération, PAssemblée a approuvé
les vues dont la Commission lui a rendu compte, la mé-
thode qu'elle lui a propoíée, ainsi que le projet de Lettres-
Patentes, particulières au Diocèse de Nîmes 5 en conséquen-
ce, Monseigneur PArchevêque de Bordeaux, Moníeigncur
PArchevêque d'Auch & Messieurs les Abbés d'Andrezel
,
&£ d'Efponchez, ont été priés de voir incésiamment M. le
Garde des Sceaux, pour lui témoigner la juste inquiétude
que cause au Clergé le silence du Gouvernement fur la
Délibération du 3 Août dernier, 6c faire auprès de lui les
.plus vives instances pour que du moins le fort des Dio-
cèses, dont Pétat fera, mis fous ses yeux puiste être léga-
,
lement déterminé d'après la Délibération du 3 Août, pen-
Prcces-yerb. <afe,178^-178-6. Pi h h h h
SjS PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
dant le cours des Scéances de la présente Assemblée. Mon-
seigneur PArchevêque de Narbonne a été prié de se mettre
à la tête de la députation.
L'Assemblée, instruite de Pindisposition de Monseigneur
PEvêque de Digne, a prié Monseigneur PEvêque de Fréjus
& Monsieur PAbbé de Messey d'aller témoigner à ce Prélat
combien elle désire le prompt rétablissement de fa santé.
Messeigneurs &C Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a éìé indiquée à Lundi prochain, i o Juillet,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RlCHARD, Archevêque & Primat
de Narbonne, Président.

DU LUNDI, DIX JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

cvi
MOnseigneur PEvêque de Nevers a remercié PAssem-
SÉANCE. blée des marques d'intérêt qu'elle a bien voulu lui
donner pendant le cours de fa maladie.
Monseigneur PEvêque de Fréjus a dit, qu'en exécution
des ordres de PAssemblée, il s'étoit rendu avec Monsieur
PAbbé de Messey chez Monseigneur PEvêque de Digne,
& lui avoit témoigné la part qu'elle prend à son indispo-
sition j que ce Prélat les avoit priés de faire ses remercie-
ments à PAssemblée.
Monseigneur PArchevêque de Bordeaux a dit, que,
conformément à la Délibération du 8 de ce mois, il s'étoit
rendu à Versailles avec Messeigneurs &C Messieurs de la
députation j que dans la conférence qu'ils avoient eue avec
M. le Garde des Sceaux, ils lui avoient fait connoître la
juste inquiétude que cause au Ciergé le silence du Gou-
vernement sur la Délibération du 3 Août 1783- j qu'ils
avoient fur-tout insisté, òí fait les plus vives instances pour
DU CLERGÉ, DE FRANCE, I© JUILLET 1786. 8/9
que du moins le fort des Diocèses, dont Pétat fera mis fous
ses yeux, pût être légalement déterminé d'après la Délibé-
ration du 3 Août, pendant le cours de la présente Assem-
blée j que ce Chef de la Magistrature étoit entré, à cet égard,
dans des détails satisfaisants, ô£ qu'après leur avoir annoncé
les dispositions les plus favorables aux vues de PAssemblée,
il les avoit invités à se rendre Dimanche prochain à Ver-
sailles, pour conférer encore plus amplement fur cet objet
important. L'Aslemblée a remercié Messeigneurs bc Mes-
sieurs de la députation, òc les a priés de continuer leurs
foins &í leurs íollicitations auprès de M. le Garde des
Sceaux.
Messeigneurs & Messieurs les Commistaires, pour les Por-
tions congues, ayant pris le Bureau, Monseigneur PArche-
vêque de Bordeaux a rendu compte des états des Diocèses
de Troyes c£ de Langres. Le travail de la Commission a été
approuvé par PAstemblée.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 11 Juillet,
à neuf heures du matin.
Signé $fc ARTHUR-RiCHARD, Archevêque &: Primat
de Narbonne, Président.

— ' " ' ' 11 f—q

DU MARDI, ONZE JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MOnfeigneur PArchevêque de Narbonne a dit : Que cvn


SÉANCE.
PAssemblée étoit informée de Pheureux accouche-
ment de la Reine j qu'il paroissoit convenable que la Com-
pagnie envoyât un de Messieurs les Agents à Versailles, pour
savoir des nouvelles d'une santé si précieuse 3 ce qui ayant
été agréé, Monseigneur PArchevêque de Narbonne a remis
à Monsieur PAbbé de Barrai une Lettre à cet esset, adres-
Hhhhh 2-
86o PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
fée à Madame la Princeste de Chimay, Dame-d'Honneur
de la Reine, &í Pa chargé de se rendre à Versailles, pour
rapporter à PAsiemblée des nouvelles de Sa Majesté.
L'Assemblée ayant été instruite qu'il paroiíloit une Ins-
truction Pastorale, adreílée par Monseigneur PEvêque de
Langres aux Fidèles de ion Dioceíe, a prié ce Prélat de
vouloir bien, par une édition nouvelle faire partager aux
,
autres Eglises ics effets utiles que doit produire un Ouvrage
où. la bienfaisance &L la grandeur de la Religion se trou-
vent établies d'une manière aussi lumineuse &c aussi inté-
reíìante.
Messeigneurs & Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailìer a leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, i z Juillet,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RlCHARD, Arnhevêque &: Primat
de Narbonne, Président.

^»,'f^Mtí^pya«<eTqi.-»o^fj-iiw.iii>—<IJWL^»-« tarit--««i^urqWin"»:,wwirH' <iPtj»y%*-^-*w^v^"-i«y.'tir "ïKm*mW*X£mM•JTi.'ij


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DU MERCREDI, DOUZE JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

CVIll MOnseigneur PEvêque de Digne a remercié PAssem-


SÉANCE. blée de la part qu elle a bien voulu prendre à son
indisposition.
MonseigneurPArchevêque de Narbonne a dit, que Mon-
sieur PAbbé de Barrai avoit remis à Madame la Princeíle
de Chimay, Dame-d'Honneur de la Reine, la Lettre qu'il
avoit eu Phonneur de lui écrire, pour savoir des nouvelles
de la santé de Sa Majesté $ que Madame de Chimay avoit
répondu que la Reine avoit reçu avec bonté le respectueux
hommage de PAssemblée j que sa santé étoit aussi bonne
que son état le permettoit, ÒC qu'elle Pavoit chargée de
témoigner à PAssemblée sa sensibilité.
L'Assemblée, instruite de Pindisposition de Monseigneur
DU CLERGÉ DE FRANCE, 13 JUILLET 1786. 8ói
le Coadjuteur d'Orléans, a prié Monseigneur PEvêque de
Montpellier & Monsieur PAbbé de Grainville d'aller té-
moigner à ce Prélat Pintérêt qu'elle prend à son rétablis-
sement.
Messeigneurs & Messieurs les Commissaires pour les
,
Portions congrues, ont pris le Bureau. Monseigneur PAr-
chevêque de Bordeaux a rendu compte de Pétat du Dio-
ceíe de Vienne. Le travail de la Commission a été approuvé-.
Messeigneurs ÒL Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 13 de ce mois,
à ueuf heures du matin.
Signé $fe ARTHUR-RICHARD Archevêque & Primat
,
de Narbonne, Président.

DU JEUDI, TREIZE JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEíïìeurs les Agents ont mis fur le Bureau le Licet cix


qu'ils avoient été chargés de demander à Monsei- SÉANCE

gneur PArchevêque de Paris, pour le Service folemnel de


feu Monseigneur PEvêque de Saint-Malo.
A dix heures Meilleurs les Agents ont averti que tout
étoit prêt pour cette Cérémonie. Messeigneurs les Prélats
en Rochet uni & Camail noir, & Messieurs du second
Ordre en Manteau long &C Bonnet quarré, se sont mis en
marche deux à deux, précédés de Messieurs les Agents,
tant anciens, que nouveaux, lesquels étoient eux-mêmes
précédés dePHuissier, du Courier, des deux Cent-Suisies
ceux-ci vêtus de leur uniforme, avec gants noirs, crêpe
au bras gauche ÔC à Pépée ] & du Suisse de la livrée du
Roi,austi en uniforme, avec gants blancs, crêpe à la halle-
barde Ô£ à Pépée. La marche étoit ouverte par deux Sé-
monneurs en longs manteaux de deuil, deux Jurés-Crieurs
S6x PROCÌÍS-FERBÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
en robe, ô£ le Maître des Cérémonies avec les Aumôniers,
Acolytes 6í autres Clercs qui dévoient assister le Célébrant
à PAutel. Messeigneurs 6c Messieurs font entrés dans PE-
glife par la grande porte de la Nef, où ils ont été reçus par
la Communauté des Augustins, qui étoient rangés en haie
jusqu'à la porte du Choeur sous le Jubé ayant tous un
,
cierge de cire blanche a la main, au posds quatre onces:
de
le Prieur & le Sous-Prieur, revêtus de Chapes noires, ont
présenté de l'eau-bénite à chacun de Messeigneurs les Pré-
lats & de Messieurs du second Ordre, 6c les ont encensés.
La porte d'entrée fur le quai, étoit tendue à huit rangs
fur seize aunes de long, fur laquelle tenture il y avoit deux
bandes de velours, à dix pieds de distance l'une de l'autre,
contenant chacune sept petites armoiries. L'intervalle d'en-
tre ces deux lès étoit garni de trois grands cartels, aux ar-
mes de mondit Seigneur Evêque de Saint-Malo, portant
chacun cinq pieds íur quatre de large j tout le porche étoit
tendu à trois rangs de serge, sur íeize aunes de -cours. La
façade de PEglife étoit tendue à six rangs, de quatre aunes
chaque, ô£ au milieu étoit appliqué un grand cartel d'ar-
moirie, pareil à ceux de la porte du quai. De chaque côté
de la porte fous les orgues, il y avoit neuf lès de tenture,
de seize aunes chaque, venant rejoindre les deux premiers
piliers de la Nef. Les quatre autres piliers étoient couverts
de deux lès, au-dessus desquels on avoit tendu à six lès fur
cinquante-quatre pieds, longueur de la Nef j le côté opposé
étoit tendu à huit lès de hauteur íur la même longueur j
la façade du Jubé tendue à huit lès de hauteur fur trente-
six pieds, largeur de la Nef j ÒC le côté de POrgue, à mê-
me hauteur &C largeur. Sur la tenture de la Nef, 6c à dix
pieds de distance l'une de l'autre, regnoient en pourtour
deux lès de velours, portant chacun soixante-douze petites
armoiries, 6c dans l'efpace d'un lès à l'autre étoient appli-
qués dix-fept grands cartels -, savoir, un à chaque côté de
POrgue six à chaque côté de la Nef èc trois fur la fa-
,
çade du Jubé. Le dessous du Jubé, fermé du côté du quai,
étoit tendu fur toute fa hauteur, 6c sortoit à la hauteur d©
six lès fous le Cloître fur huit aunes de chaque côté, avec
,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 13 JUILLET 1786. 86";
un lès de velours fur le milieu de ladite tenture, portant
vingt-quatre petites armoiries.
Tout le Choeur ayant cent pieds de long fur trente-six
de large, étoit tendu de dix-neuf lès, y compris les stalles,
& quinze lès de plus pour garnir jusqu'à la voûte le fonds
du Sanctuaire. Deux lès de velours partant des deux côtés
du Maître-Autel, couroient autour du Choeur 3 l'un bor-
dant la corniche des stalles, & l'autre à onze pieds au-des-
ius, lefdits deux lès contenant deux cents petites armoiries :
entre ces deux lès étoient, à distances égales, vingt-sept
grands cartels fur toile pareils à ceux de la Nef £c de la
,
Porte.
Au milieu du Choeur 6c à la place du Lutrin, on avoit
dreíîé une estrade de trois dégrés, couverte de noir, fur
laquelle étoit mise la représentation couverte d'un poêle
bordé d'hermine, avec les armes de ,feu Monseigneur PE-
vêque de Saint-Malo. Sur ce poêle étoit un carreau de ve-
lours, fur lequel étoit poíée une couronne de Comte re-
d'un crêpe. La représentation étoit sous
,
couverte un dais de
velours noir, à galons &c crépine d'argent, chargé d'ar-
moiries. Sur les degrés de l'estrade étoient placés deux rangs
de cierges, d'une livre 6C demie chaque, ornés de deux
écustons chacun ô£ portés par des chandeliers d'argent, au
,
nombre de soixante. Aux quatre angles de la représenta-
tion étoient assis quatre Aumôniers en íurplis avec des
,
gants noirs : les deux Aumôniers, qui étoient au-devant de
la représentation portoient sur des cousims, l'un la Mitre,
l'autre la Croíle,, couvertes d'un crêpe. Derrière la repré-
sentation &£ à six pieds de distance, étoient assis íur des
,.
ployants les deux Valets-de-Chambre du Prélat défunt,
couverts de manteaux noirs, avec gants noirs &c crêpes à
leurs chapeaux 5 &C plus loin fur une banquette, étoient
placés quatre Domestiques de ,feu Monseigneur PEvêque de
Saint-Malo, en habits noirs, crêpes &. gants blancs.
Dans le Sanctuaire le lès de velours qui couvroit la
corniche, où étoient posés les cierges, étoit bordé par bas
d'une guirlande de satin blanc, relevée avec des noeuds Sc
glands d'argent 3 8c cette p-uirlande se terminoit par les deux
S64 PROCÌIS-FEB.BAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
extrémités, en tombant des deux côtés fur la grille qui sé-
pare le Sanctuaire du Choeur.
Du côté de PEpîtres'élevoit un Trône, couvert en noir,
fur lequel étoit un Fauteuil de velours pour Monseigneur
le Célébrant : au-dessus étoit fuípendu un dais de velours
galonné, orné de crépines d'argent & de deux écuflons.
De l'autre côté du Sanctuaire, vis-à-vis le Trône, étoit
dreflée une estrade, fur laquelle étoit placée la crédence
des Acolytes, ornée d'un panneau de velours galonné d'ar-
gent , avec quatre écuflons 3 fur la crédence étoient deux
cierges avec écussons.
Les colonnes de l'Autel étoient revêtues en velours,
laissant les chapiteaux ôc les bases à découvert, Au-destous
des chapiteaux ÒC au-deílus des bases, étoient des moulures
d'hermines. La coupole étoit masquée en noir, ainsi que
Pentablement sur lequel on avoit marqué la corniche èc
l'architrave en hermine 3 le Tabernacle étoit pareillement
couvert de noir & hermine. L'on avoit mis au-dessus &C
derrière l'Autel un parement, cantonné de quatre armoiries
moyennes, fur lequel on avoit suspendu un Dais à la Ro-
maine en velours noir, galons &C crépine d'argent, chargé
de quatre moyennes armoiries fur toile, & de vingt petites
dans les pentes, &C surmonté de deux fortes plumes blan-
ches avec leurs aigrettes. Le devant de l'Autel 6c les deux
crédences latérales étoient ornés de parements de velours
galonné, cantonnés d'armoiries: le Maître-Autel étoit gar-
ni de vingt cierges de deux livres &C demie chaque, avec
écussons.
Les deux bas-côtés du Choeur étoient remplis de chaises,
sièges ployants, banquettes Sc carreaux noirs, pour placer
la familie de feu Monseigneur PEvêque de Saint-Malo, Sc
ceux qui avoient été priés d'y assister par billets imprimés.
Meíleigneurs les Archevêques òc Evêques íont allés se
placer dans les hautes stalles du Choeur, les plus proches de
PAuteì, qui leur avoient été préparées avec des carreaux 3
èc ceux des Prélats qui n'étant point de PAssemblée, avoient
été invités de se trouver au Service, ont pris leurs places
dans les mêmes stalles, suivant Pordre de leur sacre. Mes-
sieurs
DU CLERGÉ DE FRANCE J 13 JUILLET 1786. 865"
sieurs du second Ordre se sont placés dans les stalles sui-
vantes, fur la même ligne de Mesteigneurs les Prélats. Mon-
seigneur PArchevêque de Tours, qui avoit été prié de dire
la Messe est allé prendre ses ornements pontificaux au
Trône qui, lui avoit été préparé dans le Sanctuaire, du côté
de PEpître, ÒC Messieurs les Prêtre assistant, Diacres d'hon-
neur, Diacre de PEvangile ÒC Sous-Diacre, se sont rendus
à la Sacristie pour se revêtir de leurs ornements. Les Re-
ligieux Augustins qui étoient dans le Jubé ont -com-
, ,
mencé à chanter XIntroit. Monseigneur PArchevêque de
Tours est descendu de son Trône pour aller à l'Autel, ac-
compagné de Monsieur PAbbé de Bovet, Prêtre assistant,
de Messieurs les Abbés de Grand-Clos ô£ d'Anstrude, Dia-
cres d'honneur, de Monsieur PAbbé de la Mire-Mory,Dia-
cre de PEvangile , 6c de Monsieur PAbbé de Chamber-
trand, Sous-Diacre: ils ont tous salué d'abord l'Autel, en-
luite la Représentation, puis Messeigneursles Prélats du côté
de PEpître Ô\£ du côté de PEvangile 6c Monseigneur PAr-
,
chevêque de Tours a commencé la Messe.
A PElévation six Acolytes ont porté chacun un flambeau
avec Pécusson des armes du Prélat défunt.
A YAgnus Dei le Maître des Cérémonies est venu aver-
3
tir Mesteigneurs les Evêques de Grasse, de Vabres, de la
Rochelle Òí d'Acqs, qui font sortis de leurs places, 6c se
sont rendus à la Sacristie, où ils ont pris l'Etole, la Croix
pectorale, une Chape de velours noir òC une Mître blanche.
A la fin de la Messe ces Prélats font sortis de la Sacristie,
accompagnés de leurs Aumôniers, tenant à la main un
cierge du poids d'une livre, avec poignée de velours noir.
Ils font venus prendre Monseigneur PArchevêque deTours
a son Trône3 & après avoir tous salué l'Autel, la Représen-
tation 6c Messeigneurs les Prélats, il se font avancés précé-
dés des deux Cent-Suisses, du Thuriféraire ô£ des Acoly-
tes, òc ont été se placer dans des fauteuils aux quatre an-
gles de la Représentation, Monseigneur PArchevêque de
Tours en face de la Représentation. Ils ont fait les absoutes
marquées dans le Pontifical Romain. Après quoi ils font
retournés dans la Sacristie, Sc Messeigneurs les Prélats, à la
Proch-verb. de 178J-1786. I iiii
S 66 P ROC US-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRÂLE
tête deíquels étoit Monseigneur PArchevêque de Narbonne,
ainsi que Meilleurs du second Ordre, íont sortis par la porte
<lu Choeur, près de la Sacristie, pour íe rendre, par le Cloî-
tre , à la Salle dèvPAiìemblée-dans le même ordre qu'ils
étoient venus.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a remercié, au
nom de PAssemblée, Monseigneur PArchevêque de Tours
d'avoir officié à la Messe, &C Mesteigneurs les Evêques de
Grasse, de Vabres, de la. Rochelle ÔC d'Acqs d'avoir fait les
abíou tes.
Monseigneur PEvêque de Montpellier a dit, que, con-
formément aux désirs de PAssemblée, il avoit été avec Mon-
sieur PAbbé de Grainville chez Monseigneur le Coadju-
teur d'Orléans 3 que ce Prélat, sensible à cette marque d'in-
térêt, les avoit priés de faire íes remerciements à PAssem-
blée, en attendant que fa santé lui permît de venir lui-mê-
me la remercier de son attention.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commistaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, 14 Juillet,
a neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD,Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

DU VENDREDI, QUATORZE JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Rheims, Président.

ex MEísieurs les Agents ont mis fur le Bureau le Licet


SÉANCE.
qu'ils avoient été chargés de demander à Monsei-
gneur PArchevêque de Paris pour le Service solemnel de
feu Monseigneur PEvêque de Toulon.
A dix heures Messieurs les Agents ont averti que tout
étoit prêt pour cette Cérémonie. Messeigneurs les Prélats,
en Rochet uni 6c Camail noir, 6c Messieurs du second Or-
DU CLERGÉ DE FRANCE , 14 JUILLET 1786. S6y
dre en Manteau long 6c Bonnet quarté, se sont mis en.
marche, deux à deux, précédés de Messieurs les Agents,
tant anciens que nouveaux, lesquels étoient eux-mêmes
précédés del'Huissier, du Courier, des deux Cent-Suisses
[ ceux-ci vêtus de leur uniforme, avec gants noirs, crêpe
au bras gauche 6c à Pépée] 6c du Suisse de la livrée du
Roi, aussi en uniforme, avec gants blancs, crêpe à la halle-
barde 6c à Pépée. La marche étoit ouverte par deux Sémon-
neurs en long manteau de deuil , deux Jurés-Crieurs en
robes, 6c le Maître des Cérémonies avec les Aumôniers 5
Acolytes ô£ autres Clercs qui dévoient assister le Célébrant
à PAutel. Messeigneurs 6c Messieurs font entrés dans PE-
gîise par la grande porte de la Nef, où ils ont été reçus par
la Communauté des Augustins, qui étoient rangés en haie
jusqu'à la porte du Choeur sous le Jubé, ayant tous un
cierge de cire blanche à la main, du poids de quatre onces.
Le Prieur 6c le Sous-Prieur, revêtus de chapes noires, ont
présenté de l'eau-bénite à chacun de Messeigneurs les Pré-
lats 6c les ont encensés.
,
La porte d'entrée íur le quai, la porte principale de PE-
glife la Nef, le Choeur, le Sanctuaire, l'Autel 6c la Re-
,
présentation étoient tendus 6c décorés de la même ma-
,
nière que pour le Service de Monseigneur PEvêque de
Saint-Malo, à Pexception qu'aux armes de ce Prélat l'on
avoit substitué les armes de Monseigneur PEvêque de
Toulon.
Messeigneurs les Archevêques 6c Evêques font allés se
placer dans les hautes stalles du Choeur, les plus proches de
l'Autel, qui leur avoient été préparées 3 6>Cceux des Prélats
qui n'étant point de PAssemblée, avoient été invités à se
trouver au Service, ont pris leurs places dans les mêmes
stalles, suivant Pordre de leur sacre. Messieurs du second
Ordre se sont placés dans les stalles suivantes, fur la même
ligne de Messeigneurs les Prélats. Monseigneur PEvêque de
Limoges, qui avoit été prié de dire la Messe, est allé pren-
dre ses ornements pontificaux au Trône qui lui avoit été
préparé dans le Sanctuaire, du côté de PEpître, 6>CMessieurs
les Prêtre assistant, Diacres d'honneur, Diacre de l'Evan-
I i i i i 'L
8 68 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
gile 6c Sous-Diacre, se sont rendus à la Sacristie pour se
revêtir de leurs ornements.
Les Religieux Augustins qui étoient dans le Jubé, ont
,
commencé à chanter Y Introït. Monseigneur PEvêque de Li-
moges est descendu de son Trône pour aller à l'Autel, ac-
compagné de Monsieur PAbbé de Pradel, Prêtre assistant,
de Messieurs les Abbés de Foucauld 6c de Grimaldi, Dia-
cres d'honneur, de Monsieur PAbbé de Mesiey , Diacre de
PEvangile, 6c de Monsieur PAbbé de la Mire-Mory, Sous-
Diacre. Ils ont tous salué d'abord PAuteP, ensuite la Repré-
sentation puis Mesteigneurs les Prélats du côté de PEpître
6cdu côté, de PEvangile, Monseigneur PEvêque de Limo-
ges a commencé la Meste.
A PElévation, six Acolytes ont porté chacun un flam-
beau avec Pccuston des armes du Prélat détunt.
A Y Agnus Dei le Maître des Cérémonies est venu aver-
tir Mesteigneurs les Evêques de Fréjus, de Noyon, de La-
vaur 6c de Saint-Flour, qui sontíortis de leurs places 6c se
sont rendus à la Sacristie où ils ont pris l'Etole, la Croix
,
pectorale une Chape de velours noir 6c une Mitre blanche.
,
A la fin de la Meste ils íont íortis de la Sacristie, accom-
pagnés de leurs Aumôniers, tenant à la main un cierge du
poids d'une livre, avec poignée de velours noir. Ils font
venus prendre Monieigneur PEvêque de Limoges à son
Trône3 6c après avoir tous salué l'Autel, la Représentation
&'Mesteigneurs les Prélats, ils se sont avancés précédés des
deux Ccnt-Suistes, du Thuriféraire 6c des Acolytes, 6c
ont été se placer dans des fauteuils aux quatre angles de la
Représentation, Monseigneur PEvêque de Limoges en face
de la Représentation. Ils ont fait les absoutes marquées dans
le Pontifical Romain 3 après quoi ils font retournés dans la
Sacristie, 6c Messeigneurs les Prélats, à la tête desquels
étoit Monseigneur PArchevêque de Rheims ainsi que Mes-
sieurs du second Ordre, sont sortis parla porte du Choeur,
près de la Sacristie, pour se rendre par le Cloître à la Salle de
PAsiemblée, dans le même ordre qu'ils étoient venus.
Monieigneur PArchevêque de Rheims a remercié, au
nom de PAssemblée , Monseigneur PEvêaue de Limoges
DV CLERGÉ DE FRANCE, i j JUILLET 1786. 869
d'avoir officié à la Messe, 6>CMesseigneurs les Evêques de
Fréjus, de Noyon, de Lavaur 6>C de Saint-Flour d'avoir
fait les absoutes.
|fsMesteigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, 1 j Juillet,
à neuf heures du matin.
Signé )J< Al. A. Archevêque-Ducde Rheims, Président.

DU SAMEDI, QUINZE JUILLET 1786.


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEssieurs les Agents ont mis fur le Bureau le Licet qu'ils cxi
avoient été chargés de demander à Monseigneur SÉANCE.
PArchevêque de Paris, pour le Service íolemnel de feu
Monsieur PAbbé de Castellas.
A dix heures Messieurs les Agents ont averti que tout
étoit prêt pour la Cérémonie. Mesteigneurs les Prélats en
Rochet uni 6c Camail noir , 6c Messieurs du second Ordre
en Manteau long 6c Bonnet quarré , se sont mis en marche
deux à deux, précédés de Messieurs les Agents, tant an-
ciens que nouveaux, lesquels étoient eux-mêmes précédés
de l'Huiílier, du Courier, des deux Cent-Suistes, ceux-ci
vêtus de leur uniforme, avec gants noirs, crêpe au bras
gauche 6c à Pépée. La marche étoit ouverte par deux Sé-
monneurs en long manteau de deuil, deux Jurés-Crieurs en
robes, 6c le Maître des Cérémonies avec les Aumôniers,
Acolytes, 6c autres Clercs qui dévoient assister le Célébrant
à l'Autel. Messeigneurs 6c Messieurs font entrés dans PEglife
par la grande porte de la Nef, où ils ont été reçus par la
Communauté des Augustins, qui étoient rangés en haie jus-
qu'à la porte du Choeur sous le Jubé, ayant tous un cierge
de cire blanche, du poids de quatre onces. Le Prieur 6c le
Sous-Prieur, revêtus de Chapes noires, ont présenté de
87° PROCES-VERBÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
l'eau-bénite à chacun de Messeigneurs les Prélats 6c de Mes-
sieurs du second Ordre, 6c.les.onc encensés.
La porte d'entrée fur le quai, la porte principale de i'E-,
glife, la Nef, le Choeur, le Sanctuaire, PAutel 6c la Re-
présentation étoient tendus 6c décorés de la même manière
qu'aux deux précédents Services, à l'exception des armes
de Monsieur PAbbé de Castellas, qui avoient été íubstituées
à celles des Prélats défunts.
Messeigneurs les Archevêques 6c Evêques font allés se
placer dans les hautes stalles du Choeur, les plus proches de
PAutel, qui leur avoient été préparées avec des carreaux,
6C ceux des Prélats qui n'étant point de i'Aslemblée, avoient
été invités de se trouver au Service, ont pris leurs places
dans les mêmes stalles, suivant Pordre ce leur sacre. Mes-
sieurs du second Ordre se sont placés dans les stalles sui-
vantes , fur la même ligne de Messeigneurs les Prélats.
Monseigneur PArchevêque de Vienne, qui avoit été prié
de dire la Meste, est allé prendre íes ornements pontificaux
au Trône qui lui avoit été préparé dans le Sanctuaire, du
côté de PEpître, 6c Messieurs les Prêtre assistant, Diacre
6c Sous-Diacre íe font rendus à la Sacristie pour se revê-
tir de leurs ornements. Les Religieux Augustins, qui étoient
dans le Jubé, ont commencé à chanter Ylntroït, Monsei-
gneur PArchevêque de Vienne est deícendu de son Trône
pour aller à l'Autel, accompagné de Monsieur PAbbé de
Clugny, Prêtre assistant, de Monsieur PAbbé de Pradel,
Diacre de PEvangile, 6c de Monsieur PAbbé le Gay, Sous-
Diacrc. Ils ont tous salué d'abord l'Autel, ensuite la Repré-
sentation puis Messeigneurs les Prélats du côté de PEpître
,
6c du côté de PEvangile. Moníeismeur PArchevêoue de
Vienne a commencé la Messe, qui a été célébrée suivant le
Rit Romain.
A PElévation quatre Acolytes ont porté des flambeaux
ornés d'écussons.,
Après la Meíle Monseigneur le Célébrant s'étant revêtu
d'une Chape, est allé à la Représentation, précédé des deux
Cent-Suistes de la Croix, portée par un Ecclésiastique en
,
Chape, des deux Acolytes 6c du Thuriféraire, 6í accom-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 15 JUILLET 1786. 871
pagné du Prêtre assistant, du Diacre, du Sous-Diacre 6c
du Maître des Cérémonies. Le Choeur ayant chanté le
De profundis, Monseigneur PArchevêque de Vienne a fait
Pabíoute, marqué dans le Rituel Romain j après quoi il est
retourné à son Trône pour quitter ses ornements pontifi-
caux. Mesteigneurs les Prélats 6í Messieurs les Députés,
après avoir salué l'Autel, sont sortis par la porte du Choeur,
près la Sacristie, 6c se sont rendus dans la Salle des Séances
dans le même ordre qu'ils en étoient sortis.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a remercié, au
nom de PAstemblée, Monseigneur PArchevêque de Vienne
d'avoir bien voulu officier.
Mesteigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 17 Juillet,
à neuf heures du matin.
Signé >$< ARTHUR-RiCHARD,Archevêque 6C Primat
de Narbonne, Président.

DU LUNDI, DIX-SEPT JUILLET i786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne Président.


,

MOnseigneur PArchevêque de Bordeaux a dit : Qu'il cxn


SÉANCE.
s'étoit rendu hier à Versailles avec Monseigneur PAr-
chevêque d'Auch, 6c Messieurs les Abbés d'Andrezel 6c
d'Esponchez, pour conférer avec M. le Garde des Sceaux
fur les objets portés en la Délibération du 8 de ce mois 3
que Monseigneur PArchevêque de Narbonne avoit bien
voulu se joindre à la députation j que M. le Garde des
Sceaux avoit paru difpoíé à accueillir favorablement les
vues 6c les demandes de PAssemblée , 6c qu'après avoir
examiné dans tous ses détails le projet de Lettres-Patentes,
dressé pour le Diocèse de Nîmes en particulier, ce Chef
de la Magistrature en avoit appouvé les dispositions.
%ji PROCES-VERBAL DE iASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Monseigneur PArchevêque de Bordeaux a dit ensuite :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Par votre Délibération du z 6 Septembre de l'année der-
niere, vous avez chargé Monseigneur PEvêque de Langres,
Messieurs les Abbés a Andrezel Ó£ d'Anstrude 6c moi, d'exa-
miner le Rapport qui vous a été fait par Messieurs vos an-
ciens Agents. L'examen luivi que nous en avons fait, n'a
pu qu'ajouter encore à Pimprestion qu'avoit produite la
lecture dans vos Séances. Nous avons eu la satisfaction de
n'avoir qu'à admirer de nouveau la vérité des principes,
Pénergie du raisonnement 6c la noblesse de Pexpreísion qui
les développe. C'est un dernier service, qui couronne tant
d'autres, que vous aviez déja reçus. C'est un monument
de talents 6c de zèle, qui assure aux mains habiles par les-
quelles il a été élevé, votre perpétuelle reconnoislance. L'ap-
probation que vous avez donnée à cet important Ouvrage,
est au-destus de tous les éloges que nous pouvons en faire,
6c votre opinion lui a déja assigné un rang distingué entre
ceux qui décorent vos annales.
A ce Rapport Messieurs vos anciens Agents ont joint
,
des Pièces justificatives, que vous jugerez fans doute né-
cessaires d'y réunir. Elles font infiniment importantes pour
la défense 6c la conservation de vos droits.
Vous penserez certainement aussi que les services de Mes-
sieurs vos anciens Agents méritent les mêmes récompenses
que ceux de leurs prédécesseurs; 6c vous croirez aussi de-
voir suivre Pusage qui attribue à Messieurs les Secrétaires
6c Promoteurs de PAssemblée une gratification.
Mais il est un autre témoignage de reconnoissance plus
digne de Messieurs vos anciens Agents, 6c de vous, Mes-
seigneurs 6c Messieurs, 6>C nous insistons spécialement à ce
que vous veuilliez bien le leur accorder. II consiste à les re-
commander aux bontés du Roi, 6c à prier Monseigneur
PArchevêque de Narbonne de porter votre voeu, en leur
faveur, à Monseigneur PEvêque d'Autun.
NOUS avons en conséquence Phonneur de vous proposer :
iQ. D'ordonner
DU CLERGÉ DE FRANCE, 17 JUILLET 1786. 875
1 °. D'ordonner que le Rapport de Messieurs \Tos anciens
Agents soit imprimé avec les Pièces justificatives,
i 9. D'accorder à chacun de Messieurs vos anciens Agents
les gratifications ordinaires de 14000 livres.
3 °.
De donner à chacun d'eux une gratification extraor-
dinaire de 4000 livres fans tirer à conséquence pour
,
Pavenir.
4Q. De leur donner en outre, ainsi* qu'à Messieurs les
Abbés Dillon 6>C d'Ofmont, en qualité de Promoteur 6c
Secrétaire de P Assemblée,la somme de jooo livres chacun.
j°. De prier Monseigneur PArchevêque de Narbonne
de porter à Monseigneur PEvêque d'Autun les voeux de
P Assemblée en faveur de Messieurs les anciens Agents,
6c de les recommander avec instance aux bontés de Sa
Majesté.
Le Rapport sini, Messieurs les Abbés de Périgord 6C de
Boisgelin anciens Agents, se sont retirés; 6c PAssemblée
,
ayant délibéré par Provinces, celle de Pans étant en tour
d'opiner la première, il a été arrêté :
1 °.
Que le Rapport de Messieurs les anciens Agents fe-
roit imprimé avec les Pièces justificatives.
z°. D'accorder à chacun de ces Messieurs les gratifica-
tions ordinaires de 14000 livres.
3 °. De donner chacun
à d'eux une gratification extraor-
dinaire de 4000 livres fans tirer à conséquence pour
,
Pavenir.
4°. De leur donner en outre, ainsi qu'à Messieurs les
Abbés Dillon & d'Ofmont, en qualité de Promoteur 6c
Secrétaire de PAssemblée, la somme de 3000 livres chacun.
j °. Monseigneur PArchevêque de Narbonne a été prié de
porter à Monseigneur PEvêque d'Autun les voeux de PAÍ-
semblée en faveur de Messieurs les anciens Agents, 6c de les
recommander avec instance aux bontés de Sa Majesté.
Messieurs les anciens Agents étant rentrés dans la Salle,
Monseigneur PArchevêque de Narbonne leur a fait part de
la Délibération qui venoit d'être prise. Messieurs les Abbés
de Périgord 6c de Boisgelin en ont témoigné à PAssemblée
leur respectueuse reconnoissance.
Proces-verb. de 178 j-17 8 6. -H j j j
S 74 P ROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Melíeio-neurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 18 Juillet,
à neuf heures du matin.
Signé $fa ARTHUR-RiCHARD,Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

DU MARDI, DIX-HUIT JUILLET 1786,


a neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

CXilI Esseigneurs 6>C Messieurs les Commissaires ont été


~B^ /f"
SÉANCE.
jj¥JLtravaiiler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 19 Juillet,
à neuf heures du matin.
Signé $fe ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Pri-
,
mat de Narbonne, Président.

DU MERCREDI, DIX-NEUF JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

cxiv MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été


SÉANCE.
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 20 Juillet,
à neuf heures du matin.
Signé ife ARTHUR-RICHARD, Archevêque & Primat
de Narbonne, Président.
DU CLERGÉ DE FRANCE, ZI JUILLET 1786. 875

DU JEUDI, VINGT JUILLE7'1786,


à neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Toulouse, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra- cxv


SÉANCE.
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, z 1 Juillet,
à neuf heures du matin.
Signé )^ E. C. Arch. de Toulouse,.Président.
T
Ll

DU VENDREDI, VINGT-UN JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.
MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires pour la
,
CXVI
SÉANCE.
Religion 6c la Jurisdiction, ont pris le Bureau. Mon-
seigneurPArchevêque d'Arles, Chef de la Commission,a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Un des premiers foins de la Commission a été de recon-
noître Pétat actuel des affaires qui étoient encore pen-
dantes lors de Pinterruption de nos Séances. Vous aviez
cru devoir déférer à l'autorité du Souverain Pintrusion du
Sieur Buissonier dans la Cure du Monestier-Clermont, Dio-
cèse de Die, la jouissance de P Abbaye de Maubec, conti-
nuée par M. le Baron d'Escars, quoiqu étant dans les liens
du mariage, comme aussi Papprobation donnée à un Livre
pernicieux, intitulé : Le Triomphe du nouveau Monde. Ces
réclamations n'ont pas été fans effet. Le Conseil des Dépê-
ches en communiquant, au mois d'Octobre dernier la nou-
,
velle Requête de vos Agents au Sieur Buissonier, a ordon-
° JJJJJ
T • • • • Z
tjë PROCES-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
îié le séquestre des revenus de la Cure, 6c fait défenses à ce
prétendant droit, d'exercer aucunes fonctions dans ladite
Paroisse. Depuis le mois de Janvier de la présente année
Padministration de PAbbaye de Maubec n'est plus dans la,
main de M, le Baron d*Eícars. Enfin un Arrêt du Conseil,
du 5 Mai suivant, révoque, avec qualifications, les Lettres
de privilège accordées à POuvrage dénoncé. Mais ces évé-
nements favorables ont été mêlés d'e grandes amertumes.
Messeigneurs 6c Messieurs toute la France retentit encore
,
des Arrêts rendus par le Parlement de Paris dans le Procès
criminel de Monseigneur le Cardinal de Rohan. C'est le
premier exemple d'un Evêque jugé exclusivement 6c défi-
nitivement en Cour.séculière, dans un temps de paix 6cde
liberté. Comptables du dépôt de vos Immunités à tout
POrdre Ecclésiastique,6c même à la Nation entière, vous
n'auriez pas différé un seul instant de faire entendre vos
représentations, fans Paflurancedonnée par M. le Garde des
Sceaux que le Clergé recevroit incessamment une réponse
motivée au Mémoire présenté au Roi par PAssemblée en
faveur du droit réclamé par les Evêques, de nJêtre jugés ,que
par leurs Collègues dans PEpifcopat. II vous paroîtra fans
doute indispensable 4Q presser, avec les plus vives instances,
Penvoi de cette réponse, afin que les démarches qu'attend
de nous PEglise de France, en cette importante occafion,
respirent cet accord heureux de sagesse ôtde zèle, de fer-
meté 6c de lumière qui président toujours à vos délibéra-
tions. A Pégard des autres affaires de notre département,
qui avoientfixé Pan née derniere Pattention du Clergé, elles
font encore indécises. Le Pape ne s'est point expliqué fur
la Lettre que nous avions eu Phonneur de lui écrire con-
cernant le principal abus de la prévention. Nous en avons
témoigné notre surprise à M. l'Internonce, qui nous fait
espérer une réponse de Sa Sainteté avant la séparation de
PAssemblée. On continue avec vivacité les procédures
com-
mencées dans Pétendue du Bailliage de Troyes pour une
revue générale des registres de Baptêmes, Mariages 6c Sé-
pultures. Nous nous proposons d'en parler de nouveau à M. le
Garde des Sceaux, qui, dans les premières conférences, pa-
pu CLERGÉ DE FRANCE, 21 JUILLET 1786. 877
roissok vouloir s'occuper des moyens de simplifier 6c d'a-
,
doucir les charges d'une opération qui pesé singulièrement
sur de pauvres Curés, bien plus malheureux que coupables.
Le Rapport fini, PAssemblée a prié Monseigneur PAr-
chevêque de Narbonne de voir Dimanche prochain M. le
Garde des Sceaux, 6c de presser Penvoi de la réponse du
Roi au Mémoire présenté à Sa Majesté, au sujet du droit
que les Evêques ont de n'être jugés, en matière criminelle ,
que par d'autres Evêques.
Monseigneur PArchevêque d'Arles a dit ensuite :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
VOUS avez déja pris en considération les atteintes portées
de toutes parts dans cette Ville immense, aux Loix con-
, ,
cernant la sanctification des Dimanches ÔC des jours de
Fêtes. Chaque nouvelle année ajoute au nombre 6c à la
publicité des contraventions. Elles ne peuvent être tolérées
plus iong-temps, íàns s'étendre de la Capitale aux Provinces,
6C briser insensiblement le frein si puissant 6c si nécessaire
des principes religieux. Dans des circonstances si affligean-
tes, pleins de la plus vive confiance dans la justice 6c dans
la religion du Roi, nous avons cru devoir recourir à Sa
Majesté au nom de toutes les Eglises de France. C'est Pobjet
du Mémoire que nous prenons la liberté de mettre en cc
moment fous vos yeux.
Lecture faite du Mémoire par Monseigneur PArchevê-
que d'Arles, PAssemblée Pa approuvés en conséquence il
a été délibéré qu'il seroit inséré dans le Procès-verbal ; 6L
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a été prié de le
présenter Dimanche prochain à Sa Majesté.
Monseigneur PArchevêque d'Arles a dit encore :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
En vous rendant compte Pannée derniere d'un Arrêt du
Parlement de Toulouse, relatif au possessoire du Prieuré de
Montarnaud, Diocèse de Montpellier, nous fimes voir avec
$^-g P ROC ES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
étendue combienétoit irréguliere & abusive la clause éven-
tuelle per obitum, que les Officiers de la Daterie infèrent
dans les Provisions de Cour de Rome, expédiées fur ré-
signation en faveur. Vous délibérâtes en conséquence d'ac-
corder vos bons offices au Demandeur en cassation , lequel
obtint au Conseil un plein 6c entier succès ; mais le fonds
d« Paffaire ayant été renvoyé au Parlement de Paris, cette
Cour a rendu le 9 Mars de la présente année, un Arrêt qui
canonise les principes déja proscrits dans celui du Parle-
ment de Toulouse 5 considération qui a déterminé PAp-
pellant comme d'abus, à prendre encore une fois la voie de
la cassation, 6c à réclamer avec confiance l'appui du Clergé-
Général. Cette nouvelle démarche nous a paru indispensa-
ble bien moins par attachement à notre première Délibé-
,
ration , que par le zèle qui ne cessera de nous animer pour
la conservation de nos précieuíes Libertés. 11 n'est pas né-
cessaire d'ajouter que P Arrêt du Parlement de Paris qui a
,
condamné le pourvu par POrdinaire , nous paroît une oc-
casion bien naturelle d'insister auprès de M. le Garde des
Sceaux fur la publication de la Loi déja sollicitée, pour
fixer, à cet égard, la Jurisprudence des Tribunaux.
Le Rapport fini, Pavis de la Commissiona été adopté ; en
conséquence Monseigneur PArchevêque d'Arles, Monsei-
gneur PEvêque de Limoges, 6c Messieurs les Abbés de Gri-
maldi 6c de Chambertrandont été nommés pour voir M. de
Marville, Président du Bureau des affaires Ecclésiastiques,
&C M. Albert, Rapporteur de la nouvelle Requête en ca£
sation présentée par Monsieur PAbbé de Saint-Soupplets,
pour leur témoigner Pintérêt que le Clergé prend au succès
d'une si juste demande $ 6c Monseigneur PArchevêque de
Narbonne a été prié d'insister auprès de M. le Garde des
Sceaux fur la nécessité de donner une Loi qui fixe à cet
, ,
égard, la Jurisprudence des Tribunaux.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, zz Juillet,
à neuf heures du matin.

de
^
Signé
Narbonne,
ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Primat
Président.
,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 21 JUILLET 1786. 879
yam=;ji-i»^r7--T--frs^^ri-ri«T«a*,ni,—,''''**'^™iii' ^«-""""'^*«—"^--"—^^"""-••r ' n mu m, lkil ,Tii|. rT.rrT^.rrT-r;ir

MÉMOIRE AU ROI,
Sur Vinfraction aux Loix concernant la sanctification des
Dimanches oC des jours de Fêtes.

SIRE,
Pleins de confiance dans les vues qui animent VOTRE
MAJESTÉ, nous prenons la liberté de mettre fous ses yeux
les tristes progrès d'un désordre qui blesse essentiellement
la gloire de P Etre suprême 6c les intérêts de Pordre social.
En appellant Phomme à l'exercice d'une vie laborieuíe 6í
occupée, il étoit digne du souverain dispensateur des Em-
pires, de íe réserver, spécialementfur la révolution de cha-
que íemaine , un jour où la cessation des travaux assure-
roit à toutes les classes de citoyens un repos utile 6c con-
solant dans le sein des observances religieuses. A cette Loi
primitive 6c invariable, PEglifea joint l'obligation de sanc-
tifier également quelques institutions particulières, desti-
nées à honorer les grandes époques du Christianisme, 6c à
nourrir sans cesse une généreuse émulation, par le spectacle
des honneurs rendus fur nos Autels à la vertu. SIRE, une
politique faine 6c éclairée applaudira de pareilles fole limi-
tés toujours mesurées furies besoins des Villes 6>Cdes Cam-
,
pagnes 3 6c cependant la sainteté des Fêtes 6c même des
Dimanches, est violée ouvertement dans Paris, par l'ex-
position 6c la vente des marchandises, le chargement & le
transport des voitures, 6c par un concours d'ouvrages 6c
de travaux de toute eípece. Chaque année ajoute au nom-
bre des contraventions, quoique la réduction des Fêtes ne
laiste plus de prétexte aux infracteurs. Au milieu de tant
d'atteintes, la foi s'afioiblit, Pindiftérence s'étend5 on voit
diíparoître insensiblement cette borne sacrée qui, fixant
,
tous les regards fur les jours affectes au Culte divin, étoit
une dès bases fondamentales de Pédification publique.
88o PROCÉS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Sans doute, SIRE, il est d'impérieuses circonstances
qui ne souffrent aucun retardement. Ministres d'une Re-
ligion qui, toujours occupée du bonheur de Phomme, dit
anathème au superstitieux comme à Pincrédule, 6c sait si
bien accorder Pintérêt temporel des peuples, avec les gran-
des vues de Péternité, nous sommes loin de méconnoître
les cas d'une exception légitime. Mais alors il faut Pinter-
vention du Pasteur 6c du Magistrat, pour rompre avec
discernement le lien d'un précepte qui intérefle tout à la
fois la conscience 6c Padministration sans remonter aux
,
monuments anciens, si favorables à cette précieuse disci-
pline. Ainsi pensoit Louis XíV, quand, par son Ordon-
nance du 18 Mai 1701 , il défendoit à toutes personnes de
travailler dans cette Capitale les Dimanches 6>C les jours
de Fêtes, fans la permission de PArchevêque ou de ses re-
présentants. Tel étoit le voeu de Louis XV, lorsque M. le
Chancelier d'Aguesseau écrivoit, au nom de ce Prince, à
l'Intendant de Valenciennes, le 6 Février 1750, que rien
n étoit plus conforme aux régies , que l'efpece de convention
pajfée entre les Magistrats SC Curés de Valenciennes ; con-
vention portant, qu'en cas de motif valable de dispense,
après qu'elle auroit été obtenue du Curé, on en informe-
roit POssìcier préposé à la police. VOTRE MAJESTÉ
,
fidèle à suivre les traces de ses augustes Prédécesseurs, s'est
expliquée, fur cet important objet, avec une précision bien
propre à repousser Parbitraire 6c à contenir Pindépendance:
Voulons, disent les Lettres-Patentes enregistrées au Parle-
ment le zo Février 1778 , voulons âC nous plaît .... que
tous ceux de nos sujets qui résident dans le Diocèse de Pans,
soient tenus de s'appliquer, avec d'autant plus de i^ele SG
d'exactitude, à sanctifier les Dimanches ÔG les Fêtes dont
Iobservation leur a été prescrite que le nombre en sera dimi-
,
nué ; enjoignons aux Officiers de Justice ÓC Police
....
tenir la main, a ce que les Ordonnances ÓC Règlements con-
de

cernant ïobservation des Dimanches ÓQ des Fêtes, soient exé-


cutés ; qden conséquence les boutiques soientfermées, ÔG que
hors le cas d'une nécessité publique ÓC urgente tout travail
cejse esdits jours
,
même dans nos Châteaux, Maisons
.... royales
DU CLERGÉ DE FRANCE, %I JUILLET 1786. S St
royales óC autres lieux privilégiés. Afin que ces sages dispo-
sitions soient religieuíement exécutées, daignez, SIRE,
en recommander vous-même P observation aux principales
personnes chargées de présider à Pinfpection des travaux
publics 6c particuliers fous les ordres de VOTRE MAJES-
TÉ 6c bientôt nous ne gémirons plus fur une licence qui
,
change 6c dénature entièrement les moeurs de cette vaste
Cité, dont Pexemple commande avec tant d'empire à Popi-
nion dans toutes les autres parties de votre Royaume.
Signéifa ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.
L'Abbé de Périgord, ancien Agent, Secrétaire.
L'Abbé Dillon, Secrétaire.

DU SAMEDI, VINGT-DEUX JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.
JLJE Procès-verbal a été lu 6c signé. cxvn
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra- SÉANCE.

vailler à leurs Bureaux.


La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 24 Juil-
let à neuf heures du matin.
,
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

DU LUNDI, VINGT-QUATRE JUILLET 1786,


à neuf heures du matin..
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.
MOnseigneur PArchevêque de Narbonne a dit : Que, CXVI1I
SÉANCE
conformément aux intentions de PAssemblée, il avoit
présenté au Roi le Mémoire fur Pinfraétioç aux Loix, con-
Procês-verb. de 178J-1786. Kkkkk
$2 z PRGCES-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
cernant la sanctification des Dimanches 6c des jours de
Fêtes j que Sa Majesté, frappée des motifs qui avoient dé-
terminé cette démarche du Clergé, avoit annoncé la réso-
lution de faire exécuter ponctuellement les Ordonnances
du Royaume à ce sujet.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne a ajouté , qu'il
avoit aussi fait connoítre au Roi les inquiétudes de PAstem*
blée, fur les difficultés qu'éprouve Penrégistrement de la
nouvelle Déclaration, concernant les dîmes dans le reílort
du Parlement de Normandie 3 que Sa Majesté avoit promis
de s'en faire incessamment rendre compte ; fur quoi PAs-
semblée a prié Monseigneur PArchevêque de Narbonne 6c
Monseigneur PArchevêque de Rheims de continuer à
mettre dans la fuite de cette assaire, le zèle qui leur a déja
mérité la reconnoissance du Clergé.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, z j Juillet,
à neuf heures du matin.
Signé %< ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Primat
,
de Narbonne, Président.

DU MARDI, VINGT-CINQ JUILLET 1786,


a neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

CXIX MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour la


SÉANCE.
Religion 6c la Jurifdiction, ont pris le Bureau. Mon-
seigneur PArchevêque d'Arles, Chef de la Commission,
a dit :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Toutes les voix íe réunissent hautement en faveur de
Pimportance des fonctions curiales 5 jamais époque plus fa-
DU CLERGÉ DE FRANCE , 15 JUILLET 1786. SS5

vorable pour insister sur la nécessité dé n'en confier Pexer-


cice qu'à des sujets éclairés 6c vertueux. Mais la plupart
des Cures ne font pas à la libre disposition de POrdinaire.
Dans cette multitude de Patrons 6c Collateurs inférieurs,
quelques-uns défèrent bien moins à Pintérêt public qu'à
des considérations particulières» Plusieurs ne connoissent, ni
les besoins locaux des Paroisses, ni les titres personnels des
Ecclésiastiques de chaque Diocèse 3 souvent même les Cu-
res , dont la nomination est dans la main de PEvêque, de-
viennent la proie d'un avide Impétrant, ou d'un Résigna-
taire fans expérience. Si nos Loix soumettent toujours à
Pexamen du premier Pasteur les Pourvus de ces sortes de
Bénéfices, il faudi'oit être étranger à notre Jurisprudence,
p -ur ignorer que cette partie du pouvoir épilcopal est rel-
ie rn.c dans les bornes les plus étroites. Ah 1 combien les
qualités jugées íustifantes dans les collations forcées, íont
loin de Pétendue de lumières 6c de Pintégrité de moeurs
qu'exige Padministrationd'une Paroisse. II íeroit fans doute
bien,désirable, Messeigneurs 6c Messieurs, de voir revivre
universellement les beaux jours de cette sainte discipline,
qui ne plaçoit à la tête de chaque Eglise que le Prêtre le
plus digne de la gouverner. Mais au moins devons-nous
encourager toute opération , qui rendroit vaines les courses
des Préventionnaires, éclaireroit la marche des Patrons 6c
des Résignants, fans détruire leurs droits, ô£ fermeroit ir-
révocablement les portes du Sanctuaire au vice 6c à Pigno-
rance. Tels feroient ìes heureux fruits d'une Loi qui ne
permettroit le choix des nouveaux Curés qu'entre les sujets
dont Pidonéité auroit été préalablement reconnue dans un
concours public, où, fans se restreindre aux épreuves de la
science, on peseroit, avec Pimpartialité la plus scrupuleuse,
Page, le caractère, la conduite 6c les services. Nous venions
de terminer la carrière de notre Agence, Monseigneur PEvê-
que de Dijon 6c moi, quand, rendant compte à PAílemblée
de 1 775 de la Déclaration du 2 6 Mars 1774, qui avoit établi
la nécessité du concours dans la partie du Diocèse de Bou-
logne, située en Artois, nous formâmes un premier voeu
pour Pextension de cette pratique salutaire à tous les Dio-
Kkkkkz
S84 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
cefes de France. La même Assemblée, après avoir balancé
les avantages 6c les inconvénients d'une pareille forme de
nomination arrêta d'accorder les bons offices du Clergé à
,
ceux des Prélats qui voudroient en introduire P exercice dans
leurs Diocèses. C'est de cette Délibération , communiquée
à M. le Garde des Sceaux, que Monseigneur PEvêque du
Mans vient aujourd'hui réclamer avec confiance l'exécu-
tion. Après avoir réglé par un Mandement que les Cures
dont la libre nomination appartenoit à son Siège, feroient
données par la voie du concours, il désireroit que des Let-
tres-Patentes foumisient à cette discipline les autres Cures
de son Diocèse à patronage ecclésiastique. Plus ce premier
exemple peut avoir des influences puiííantes 6c décisives,
plus la Commission a pensé qu'il devoir, être précédé d'une
discussion approfondie. II a fallu remonter à Porigine du
concours, íuivre la filiation des Rcajements émanés des
deux Puissances, enfin combiner un plan 6>C un ensemble
de dispositions générales applicables à Puniverfalité des
,
Diocèses, fans préjudice des clauses locales 6c particulières.
Monsieur PAbbé de Bovet, attaché depuis long-temps à
une administration où la Loi du concours est en vigueur,
s'est chargé de cette pénible mission, 6c l'a remplie avec une
supériorité de lumières que l'expérience feule peut donner.
Nous vous supplions d'entendre la lecture du Mémoire qu'il
a rédigé en conséquence. Cet Ouvrage, plein de vues saines
6c de recherches bien analysées, nous a paru propre à ré-
pandre le plus grand jour fur l'efprit qui doit présider à
l'ufage du concours, fur la sagesse de la Délibération prise
à ce lujet par PAssemblée de 1775 6c sur la faveur si juste-
,
ment due à la demande de Monseigneur PEvêque du
Mans.
Lecture faite par Monsieur PAbbé de Bovet de son Mé-
moire íur Pécablissement du concours, il a été arrêté que,
attendu Piraportance de la matière, il feroit remis à un autre
jour à délibérer fur cet objet, 6c que pour mettre chacun
de Messeigneurs 6c de Messieurs à portée d'en prendre une
connoiiíance plus ample, il feroit distribué des copies de ce
Mémoire dans les distérents Bureaux, afin que les Com-
DU CLERGÉ DE FRANCE, z6 JUILLET 178e. 'S8j
missions particulières de PAssemblée puissent s'en occuper
séparément, en attendant que le projet soit remis en déli-
bération.
Messeigneurs 6í Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, z6 Juillet,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RiCHARD, Archevêque 6C Primat
de Narbonne, Président.

DU MERCREDI, VINGT-SIX JUILLET 1786,


a. neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été cxx


SÉANCE,
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 27 Juillet,
à neuf heures du matin.
Slgné >& ARTHUR-RiCHARD Archevêque 6c Primat
,
de Narbonne, Président.

t -
','.,., '..-.'
DU JEUDI, VINGT-SEPT JUILLET 1786,
à neuf heures du mutin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra- CXX1


SÉANCE.
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Samedi prochain, z9 Juillet,
à neuf heures du matin.

Signés ARTHUR-RiCHARD, Archevêque 6C Primat


de Narbonne, Président.
886 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU SAMEDI, VINGT-NEUF JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

cxxn MOnseigneur PArchevêque de Narbonne a dit : Qu'il


SÉANCE.
lui avoit été adreflé un Imprimé, avant pour titre:
Essai historique sur la nature des Seigneuriesféodales óGsur
t ,
les devoirs de celles qui font possédées par Eglise; que dans
cet Essai PAuteur , en donnant de justes éloges au Précis
des Conférences rédigé par Monseigneur PArchevêque
,
u'Aix, attaque cependant quelques principes avancés par
le Clergé : à cette occasion Monseigneur PArchevêque de
Narbonne a fait sentir la nécessité de faire réimprimer le
Précis des Conférences des Commissaires du Clergé avec
les Commissaires du Conseil., 6c a proposé de prier Mon-
seigneur PArchevêque d'Aix d'ajouter à cette nouvelle édi-
tion de son Ouvrage, quelques pages de supplément, pour
répondre aux objections de l'Essai historique qui lui paroî-
tront mériter quelqu'attention ; ce qui a été agréé.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
Là Séance a été indiquée à Lundi prochain, 31 Juillet,
à neuf heures du matin.

DU LUNDI, TRENTE-UN JUILLET 1786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

cxxni MOnseigneur PArchevêque de Rheims a dit : Qu'en


SÉANCE. exécution des ordres de PAssemblée, il avoit eu Phon-
neur de voir M. le Garde des Sceaux, relativement à Passaire
des dîmes de Normandie j que ce Chef de la Magistrature
DU CLERGÉ DE FRANCE, I AOUT 1786. 887
lui avoit fait espérer que le Roi adreíseroit incessamment
au Parlement de Rouen un Arrêt de son Conseil, à Pesset
de suspendre Pexécution de l'Arrêt de règlement, rendu
par cette Cour en 1784 y que Pintention de Sa Majesté est
d'accorder au Parlement jusqu'à Noël prochain pour Pen-
voi de ses Remontrances pendant lequel délai les Procès
,
seront jugés selon Pancienne Jurisprudence.
Mesteigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour la Re-
ligion 6c la Jurifdiction, ont pris le Bureau. Monseigneur
PArchevêqued'Arles, Chef de la Commission, a dit : Que
PAílemblée ayant désiré d'entendre une seconde lecture du
Plan de Règlement proposé dans la Séance du 25 Juillet,
pour Pétablistement du Concours, 011 alloit remettre ce
travail fous les yeux de PAssemblée. Après plusieurs réfle-
xions faites par Messeigneurs 6c Messieurs les Députés fur
les projets de Règlement, il a été remis à demain Mardi,
à délibérer fur cet objet.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, 1 Août,
à neuf heures du matin.
Signé >jf< ARTHUR-RICHARD,Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

DU MARDI, PREMIER AOUT 17S6,


a neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narboane, Président.

MOnseigneur PArchevêque de Narbonne a dit : Que CXXIV


SÉANCE.
M. le Garde des Sceaux lui avoit adressé la Réponse
du Roi au Mémoire de PAssemblée, sur Pimmunité per-
sonnelle des Evêques, 6>C que, si PAssemblée Pagréoit, il
en feroit fait lecìure.
Sur quoi lecture faite de la Réponse du Roi il a été
,
arrêté qu'elle feroit remise au Bureau de la Religion 6c de
888 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
la Jurisdiction, à Pesset, par Messeigneurs 6c Messieurs les
Commissaires, d'examiner s'il n'y auroit pas des précau-
tions ultérieures à prendre pour la conservation d'une pré-
rogative qui intéresse essentiellement la dignité épiscopale,
6c d'être, sur leur avis, pris, par PAssemblée, telle délibéra-
tion qui fera jugée convenable.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour la Reli-
gion 6c la Jurisdiction, ont pris le Bureau. Monseigneur
PArchevêque d'Arles, Chef de la Commission, a dit : Que
PAssemblée avoit remis à délibérer cejourd'hui fur le Pro-
jet d'établissement du Concours.
Sur quoi PAssemblée, après avoir donné les plus grands
éloges au travail de Monsieur PAbbé de Bovet, a délibéré :
i°. D'accorder les bons offices du Clergé à tous ceux
de Nosseigneurs les Prélats qui désireraient obtenir des Let-
tres-Patentes, portant que les Cures de leurs Diocèses à
patronage ecclésiastique, feroient conférées à Pavenir par
la voie du Concours.
2e. D'insérer dans le Procès-verbal le Mémoire 6c les
Plans présentés par la Commission pour servir de base aux
,
règlements qui. interviendront en faveur des différents Dio-
cèses fans préjudice des dispositions particulières 6c locales.
,
3°. De députer vers M. le Garde des Sceaux Monsei-
gneur PArchevêque d'Arles, Monseigneur PEvêque de Lan-
grès , 6c Messieurs les Abbés de Bovet 6c de Grimaldi, pour
lui faire part de la présente Délibération, 6c appuyer en
particulier, au nom de PAssemblée, la demande de Mon-
seigneur PEvêque de Langres 6c de Monseigneur PEvêque
du Mans, qui sollicitent, dès à présent, Pautorisation du
Concours, pour la nomination des Bénéfices-Cures dé leurs
Diocèses.
Monseigneur PArchevêque d'Arles a dit ensuite :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Quelque confiance que nous inspirent les précieux effets
de la Loi du concours des considérations étrangères au
,
Clergé peuvent enchaîner l'activité de la Délibération que
vous
DU CLERGÉ DE FRANCE3 i AGUT i~8 6. 889
vous venez de prendre. D'ailleurs toutes les Eglises de France
ne participeront que lentement 6>C par dégrés aux avanta-
ges de cette institution. Elle ne doit frapper enfin, ni fur
les Cures dépendantes des Patrons laïques, ni íur celles qui
vaqueront dans les quatre mois affectés à Pexpectative des
Gradués. II est donc d'autres mcíures à opposer aux tristes
fuites de Pinexpérience dans Pu sage du ministère pastoral.
VOUS le savez,'Mesteigneurs 6c Meilleurs, POrdre de Prê-
trise & vingt-cinq ans d'âge, suffisent dans Pétat présent
de la Jurisprudence, pour être nommé valablement à un
Bénéfice-Cure} tandis que des épreuves plus ou moins pu-
bliques, font de rigueur dans les professions qui intéreslent
le moins le bonheur de la locicté 3 le silence des Loix du
Royaume laisse la faculté de présenter, pour Pimportante
charge des âmes un Sujet qui n'auroit jamais paru en
Chaire, ni dans le , Tribunal de la Pénitence. Les inconvé-
nients de cecte liberté ont fixé Pattention des Curés d'un
grand Diocèse, assemblés en Synode. 11 a été délibéré à
Langres, le z Septembe 1783, que la prochaine Assemblée
du Clergé feroit suppliée de íolliciter auprès du Souverain
une nouvelle Loi, qui, ajoutant aux dépositions des Or-
donnances précédentes détermineroit le temps d'exercice
,
du íaint Ministère préalablement requis, avant de pouvoir
être appelle au gouvernement d'une Paroiílc. Déja PAs-
semblée de 17,8^ avoit prévenu un voeu non moins juste
au tonds, que régulier dans la forme, en demandant, par
un article exprès de son Cahier, qu'aucun Ecclésiastique
ne pût être à Pavenir pourvu de Cure à quelque titre que
ce fût, s'il n'avoit fait au moins, pendant deux ans , les
fonctions de Vicaire-Secondaire, ou autre Prêtre employé
au service spirituel des Paroisies,ou s'il n'avoit été approuvé
pour la Prédication 6c pour la Confession le temps 6c es-
pace de quatre années. La réponse du Roi annonce des dis-
positions favorables. Cet objet ma paru mériter attention,
dit Sa Majesté; ye ni en occuperai, ÔZ ferai connoître mes in-
tentions. Nous eumes occasion d'en conférer Pannce der-
niere avec M. le Garde des Sceaux, qui nous parut sentir
de plus en plus la justice de notre demande. En renouvel-
Proces-verb. de ìySj-i-j'èô. Lllll
890 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
lant vos instances auprès du Chef de la Magistrature, vous
êtes en droit d'espérer que PEglise 6c PEtat ne seront pas
iong-temps privés d'une Ordonnance, qui, prévenant des
choix équivoques 6C d'aftligeantes discussions, deviendroic
une source nouvelle d'encouragements pour cette clasie pri-
vilégiée, qui remplit avec zèle dans nos Diocèses les utiles
6c laborieuses fonctions de Vicaires.
Sur quoi PAssemblée, adoptant Pavis de la Commission,
a délibéré de faire auprès de M. le Garde des Sceaux de
nouvelles instances pour obtenir une Déclaration, portant
qu'aucun Ecclésiastique ne pourra dorénavant être pourvu
d'une Cure ou autre Bénéfice à charge d'ames, soit fur la
présentation du Patron, soit en vertu de ses dégrés, soit
par la voie de la prévention en Cour de Rome ou de la
résignation en faveur, soit à quelque titre 6c par quelque
Collateur que ce soit, si /pendant deux ans, il n'a exercé les
fonctions de Vicaire-Secondaire, ou autre Prêtre employé
au service spirituel des Paroisses, ou s'il n'a été approuvé
pour la Confession ou pour la Prédication, le temps 6c es-
pace de quatre ans.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Jeudi prochain, 3 Août, à
neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RiCHARD, Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.

M E M O I R E
SUR LE CONCOURS POUR LES CURES.
L'Utilité du Concours pour la nomination aux Bénéfices
à charge d'ames, semble prouvée 6c reconnue le saint
:
Concile de Trente eût voulu en faire la discipline générale
de PEglise j 6C PAssemblée du Clergé de 177J3 en prenant
la résolution d'appuyer auprès du Roi les demandes parti-
DU CLERGÉ DE FRANCE-, I Aout 1786. S91
culières des Evêques qui désireroient établir .le.Concours
dans leurs Dioccíes, a íuíiisamment manifesté, à cet éo-ard
*
ion opinion 6c ion voeu.
Mais un établissement qui présente dans la spéculation,
6c qui justifie par Pexpérience de grands avantages, ne peut-
il pas laisser prévoir des inconvénients ?
Le Concours suppose un examen 6c un Jugement. L'E-
vêque ne peut pas être seul Examinateur 6c Juge : pourroic-
il d'ailleurs demander que les Cures dépendantes des Pa-
trons ou Colìateurs particuliers de son Diocèse, fussent sou-
mises à cette épreuve, s'il ne donnoit lui-même Pexemple
pour celles dont il a la libre disposition? Delà résultent des
intérêts oppoíés, qu'il paroît difficile de concilier 3 car si
d'un côté la prépondérance des Juges du Concours peut
bleíier Pautorité des Evêques, de l'autre la trop grande in-
fluence des Evêques peut ébranler la confiance qu'on auroic:
aux décisions des Juges. Dans le premier cas, les Evêques
ne verront, dans le Concours, que des entraves mises à la
liberté de leurs collations, dans le second, les Patrons ne
voudront y voir qu'un moyen indirect d'anéantir leurs
droits, dont Pexercice resteroit totalement subordonné à la
íeuîe volonté des Ordinaires.
D'ailleurs la science n'est pas Punique disposition qu'exi-
gent les fonctions du ministère 6c le gouvernement des
âmes. La piété, le zèle, les qualités personnelles ne font pas
moins nécessaires. On peut même, à certains égards, sup-
pléer au peu d'étendue des connoiíìances 3 rien, dans un
Ecclésiastique, 6c fur-tout dans un Pasteur, ne peut rempla-
cer les moeurs 6c la vertu.
La Loi qui établiroit le Concours, devroit donc rem-
plir ces différentes vues. Elle devroit être telle, que 1'"Evêque
ne pût jamais trouver d'obstacle, loríqu'il voudroit nommer
le Sujet le plus digne, que le Patron n'en rencontrât, que
lorsqu'il voudroit nommer un Sujet incapable 3 que l'un 6c
l'autre n'éprouvât d'autre gêne que Pobligation de faire tou-
jours le meilleur choix. Alors PEvêque s'aslocieroit fans
inquiétude des coopérateurs qui ne l'empêcheroient pas de
faire le bien qu'il désire, 6c le Patron ne pourroit voir
,
L 1111 1
892, PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉR.ALE

avec peine, des Juges qui l'empêcheroient seulement de faire


le mal qu'il doit craindre.
Elle devroit être telle, que l'examen dés qualités 6c des
moeurs fût joint à celui de la ícience 6c des talents 3 que
les progrès de Pétude fusient balancés par futilité des ser-
vices 3 qu'en un mot la préférence ne fût pas accordée à un
seul genre, mais à la réunion de tous les genres de mérite.
Par-là les intentions de PEglise 6c le voeu des fidèles feroient
remplis 3 on ne pourroit qu'applaudir à un établiílement
qui assureroit aux Paroiíles les Ministres les plus vertueux
6c les plus instruits.
Pour mettre à même de saisir ces justes, nécessaires, mais
dissiciles tempéraments, on commencera par retracer les
dispositions des différentes Loix qui ont déterminé la na-
ture 6c réglé la forme du Concours. Le simple exposé de
ces Loix fournira les réflexions propres à distiper les pré-
jugés qui ont empêché trop long-temps de connoître ícs
principes & d'apprécier íes effets 3 enfin de leur examen
combiné, on tirera des projets généraux de Règlements,
qui, en écartant tous les inconvénients véritables , réuni-
ront tous les avantages possibles, 6c d'après lesquels on
pourra aisément former, pour chaque Diocèse, le Règle-
ment particulier qui feroit jugé lui convenir le mieux.
La première idée de pourvoir par la voie du Concours,
aux Bénéfices à charge d'ames, est due à la sagesse des
Pères du Concile de Trente 3 elle est développée dans la
íession vingt-quatrieme, chapitre 18 de la Réforme.
Déja le Concile avoit statué que les personnes présentées,
élues ou nommées à des Bénéfices ecclésiastiques, de quel-
que manière & par quelqu'autorité que ce fût, ne pour-
roient être instituées, confirmées ou admises à remplir les
fonctions de ces Bénéfices, à moins qu'elles n'eussent été
préalablement examinées par les Ordinaires des lieux, 6C
trouvées avoir les capacités requises. [1] Ce droit, assuré
aux Evêques, pouvoit écarter beaucoup d'abus, mais ne
devoir pas produire tout le bien que le Concile avoit en

[1] Nijì juerìnt prihs à locorum Ordinaríis examinati ô idoneï reperd. ( SefT. 7, cap.
1j de Reform. )
,
DU CLERGÉ DE FRANCE, i AOUT 17S6. 891
vue : il ne sussisoit pas d'éloigner les Sujets indignes 3 il falloit
ouvrir l'accès aux Sujets les plus méritants, mettre les Evê-
ques à portée de les connoître , les Patrons dans l'obligation
de les préférer, 6c pour cela les faire examiner concurrem-
ment. [1]
Le Concile détermine les Cures qui seront soumises au
Concours, 6c les Sujets qui y seront admis, le choix 6c le
nombre des Examinateurs, l'objet 6>Cla forme de l'examen,
la manière dont le Jugement siéra prononcé, 6c l'effet qu'il
aura relativement aux Patrons 6C aux Collateurs.
Toutes les Cures qui ne font pas à patronage laïque,
celles mêmes dont les Evêques ont la collation libre, doi-
vent être données par la voie du Concours, [z]
Dix jours après la vacance de la Cure, ou dans tel autre
terme qu'il aura fixé, PEvêque donnera aux Examinateurs
la liste des Ecclésiastiques qu'il juge propres à gouverner la
Paroisse vacante 3 le Patron en fera autant 3 tous ceux mê-
mes qui connoîtront des Sujets capables, auront le droit d'en
préíenter les noms, afin que l'on puisse ensuite prendre les
renseignements nécessaires fur leur âge, leurs moeurs 6í leurs
capacités. [3] Et si PEvêque ou le Synode Provincial le ju«
geoit convenable on pourroit, par une proclamation pu-
blique appeller à, l'examen tous ceux qui se croiroient en
,
état d'en soutenir Pépreuve. [4]
Les Examinateurs, au nombre de six au moins, seront
présentés chaque année par PEvêque ou son Grand-Vicaire,
au Synode Diocésain , qui les approuvera, [y] Lorsqu'il
sera question de pourvoir à une Cure, PEvêque en choisira
trois parmi eux, ou plus, s'il le juge à propos, 6c c'est de-
, _____ . - _— _ . '——»
[1] Expédie maxime animarum saluû à dignis atque idoncis Parochis gubernari ; id
ut diligcntihs ac reciiìis perficiatur3 Jìatuit fancla Synodus > &c. ( SeflT. 24, Decr. de
Reform. cap. 18. )
[2] Statuit fancla Synodus ut cum Parochialis Ecclefia vacaùo ( contigerit) ctiamjì
cura Ecclejìa. vel Episcopo incumbere dicatur 3 ctiam in Ecclefiis patrimenia/ibus Jeu recep-
tivis nuncupatis in quibus consuevit Episcepus uni vel pluûbus curam animarum dare _, quos
,
omnes ad infrascriptum examen tencri mandat, &c. La disposition suivante n'est pas moins
formelle : Ex his ( qui idonei judicati fuerint ) Epifcopus eum eligat quein c&teris magis
idoneum judicaverit, atque illi & nan alteri collatio Eciicjìa, ab eo fiat ad quem fpccla-
bit eam conferre.
[3] Ut pojsit pofteà de cujujlibct atatc moribus &.fafficientiâ suri dilïgcns ïnqwfiûo.
3
[4] Per Edictum etiam publicum vocentur qui volent cxaminaii.
[ 5 ] Qui Synodç saûsfaúant & ab eâ probentur.
894 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
vant ces Examinateurs choisis 6c PEvêque, que comparoî-
trontles Sujets qui auront été inscrits. [1] Les Examinateurs .
feront pris parmi les Docteurs, ou Licenciés en Théologie >
ou en Droit Canonique, ou parmi les simples Ecclésiasti-
oues, séculiers ou réguliers , même des Ordres Mendiants,
oui paroîtront le plus en état de remplir cette importante
fonótion. [x]
Tous les Examinateurs feront, fur les saints Evangiles, le
serment de s'acquitter de leur devoir avec fidélité, 6c en
mettant à Pécart toute considération humaine. Dans le cas
de division des suffrages, soit que chaque Examinateur ait
le sien, soit qu'ils se trouvent égaux, PEvêque, en se réunis-
sant à un avis, déterminera le Jugement. [3] Ce Jugement
ne tombera pas seulement sur la doctrine Òi la science3 011
fera entrer en considération Page, la conduite, le caractère,
toutes les qualités qui iont nécesiaires au gouvernement
des âmes, 6c qui peuvent être pìus particulièrement à déli-
rer pour Padministration de la Paroisse, à iaqueile il s'agit
de donner un Pasteur. [4]
Enfin c'est parmi ces Sujets, reconnus tous en état de
bien gouverner la Paroisse, que PEvêque, s'il estCollateur
libre, choisira celui qu'il croira le plus capable, pour lui
conférer la Cure, [y] 6c que le Patron Ecclésiastique fera
tenu de prendre celui qu'il jugera le plus digne pour le pré-
senter à PEvêque. [6] Le Concile prévoir ensuite un cas
particulier, celui d'une Cure à patronage, qui auroit un
Colîateur autre que POrdinaire 3 PEvêque seul alors choi-
sira le Sujet, en prenant toujours le plus digne 3 ë_ le Pa-
tron le présentera au Colîateur, comme s'il avoit voulu dé-

fi] Trcs ex illis cligat Epifcopus qui cum eo examen perjìciant : indeque succédané
aliâ vacationc aut eofdem aut alios tres quos malucnt ex illis sex cligat.
[2] Qui ad, id videbuntur magis idonei._, ( On peut voir dans Van-Espen l'interpié-
tation rigoureuse que Fagnan donne à la disjonctive employée par le Concile. Paît. 2
sect. 3 tit. 5 num. 9 & seqq. ) ,
, ,
[3] Votis fi
j pares aut fingularcs fucrint, accedere
pojjît Epifcopus vel Vicarius_,
quibus magis videbitur.
[4] Peraclo deindè examine renuntiemur quotcumque ab his idonei judicati fuerint
,
atate, moribus _, doclrinâ j prudentiâ _, & aliis rébus ad vacantem Ecclefiam gubernandam
opportunis.
[5] Quem ccíteris magis idoneumjudicavcrit.
[6] Quem Patrqnus digniorcm int-zrprobatos ab Exatninatonbusjudicabit.
DU CLERGÉ DE FRANCE, i AOUT 1786. 895
dommages PEvêque du pouvoir d'institution dont il étoit
privé, par celui de désigner au Patron la personne qu'il
devoit nommer 6c par-là au Colîateur celle qu'il devoir
,
instituer.
Le Concours ne devoit pas avoir lieu pour les Cures à
patronage laïque 3 mais le Patron devoit présenter un Sujet
aux Examinateurs 3 6c ce n'étoit qu'après avoir été jugé ca-
pable, qu'il pouvoit être admis. [1
On a cru devoir exposer, avec quelques détails, les dis-
positions du Concile de Trente, relativementau Concours,
parce qu'elles ont été la base des Loix 6c des usages qui
font aujourd'hui suivis dans plusieurs Provinces du Royau-
me, ô_ dont il reste à rendre compte. II ieroit inutile d'ail-
leurs de prévenir les réflexions fur les grandes vues d'uti-
lité qui les ont dictées, fur les sentiments de modération
6C de justice, Peíprit de zèle 6c de fagesle qui y respirent.
A peine le Concile de Trente eut-il été publié que là
plupart des Conciles Provinciaux, tenus en France, à cette
époque, s'empreílerent d'en adopter les principaux Règle-
ments , 6c de ce nombre fut celui du Concours. Le Con-
cile de Rheims en 1 J64, ceux de Bordeaux en IJ 83 de
>
Bourges en 1J84 ô_ de Toulouse en 1J90, Padopterent
en entier, ou avec de légères modifications. Les Archevê-
ques ÓC Evêques, ÓG autres Ecclésafliques assemblés pour le
rétablissement du Service divin ÓC de la discipline eccléjiafli-
que, en firent un article du Cahier, fur lequel le Roi Charles
IX donna ses Lettres-Patentes du 21 Janvier 1574. L'Ar-
ticle XIV de POrdonnance du mois de Janvier 1 62.9 Pau-
torife en des termes qui ferableroient supposer qu'il , étoit
déja généralement établi. Cette Ordonnance ayant été ren-
due sur les remontrances des Etats-Généraux de 1614, il
est bon d'en connoître les dispositions : Nous exhortons, dit
P Article XIV, ÓC néanmoins enjoignons aux Archevêques ÓC
Evêques de pourvoir aux Cures de personnes capables, qui
seront jugées telles âpres suffisant examen ÓC en cas que
;
plusieursse présentent à la dispute, préféreront le plus capa-
- 1 1
, . , - 11 i.
[ 1 ] Debeat qui à Patrono prttfentatus erit, ab eifdem. deputatis ut fuprà examuian, &
| 11 1 1 1

non, nifi ' idoneus rcpcrtus fuerit, admitti.


2$6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
hie, ÓC celui du Diocèse ÓC natif du lieu, a L'étranger, en
cas de concurrence de capacité ÓG fujjijance, présuppojdnt aux
uns ÓC aux autres les bonnes moeurs ÓC la bonne vie, qui,
avec médiocre , mais juffijante doctrine , efl préférable à la
doctrine éminente qui ne fi accompagnée de ji bonnes ìn&urs
ÓG de telle dévotion. La Chambre du Clergé, d'accord, à cet
égard, avec celle de la Noblesse, avoit demandé en général,
par le premier article de son Cahier, que le Concile universel
ÓC oecuménique de Trente sût reçu ÓG publié dans le Royau-
f
me, ÓG les Con wallons âicelui gardées ÓG observées. Le
Corps du Tiers-Etat, qui s'étoit refusé à i'accepcation pure
6c simple des Décrets du Concile, avoit néanmoins exprès
sèment demandé que les Cures fujjent conférées aux plus ca-
pables, ÓG qui seront tels jugés par la dispute, d Laquelle nul
ne puisse être admis, qu après information de fa vie óG moeurs
par témoins qualifiés. [i]
II faut convenir cependant que le Concours pour les
Cures n'avoit jamais été général dans le Royaume, ë_ qu'il
,
n'y subsista nulle part pendant long-temps. Le Clergé, as-
semblé en 1635, délibéra fur cet objet3 la conclusion porte,
que le Concours aux collations des Bénéfices a été fort agité
ÓG non résolu. M. PAvocat-GénétalTalon portant la parole
dans une cause où il s'agisioit de quatre Cures a la colla-
tion de PAbbé de Saint-Vaast, que les Grands-Vicaires du
Diocèse d'Arras vouloient soumettre au Concours, établit
pour principe que de Droit Commun le Concours n'a pas
lieu dans le Royaume 5 6c fur le même motif, le Ministère
public crut devoir en 1743 par Porgane de M. d'Ormef-
fon alors Avocat Général,, se rendre appellant comme
, -
d'abus dans une cause semblable pour la Cure de Saint-Géry
d'Arras. On reviendra dans la fuite fur les Arrêts rendus à
ces deux époques. [1
Mais cetce espèce de défaveur du Concours en France,
n'a point empêché nos Rois de le maincenir dans les Pro-
[1] Mémoiresdu Clergé tome 5, page 170. Collection des Procès-verbaux tome 2.
, ,
Recueil des Harangues pages
3 970 & iz}6. Recueil des Etats de 1614. Cahier du
Ticrs-l'tat
, pagedu1 1.
[1] Mémoires Clergé, tome 3, page 3 15; tome iz3 page 419 & íuiv. 460 & sinv,
Collection des Décis. nouv. tome 2, page jóo & íuiv.
vinces
DU CLERGÉ DE FRANCE, I AOUT 17S6. §97
vinces où il s'est trouvé établi lors de leur réunion à la
Couronne. C'est ainsi que par une Déclaration du 1 1 Août
1664, registrée au Parlement de Dijon le 19 Décembre
de la même année, il a été réglé pour les pays de Bresse,
Bugey, Valromey 6c Gex , dépendants de PEvêché de Ge-
nève , qu'il y feroit pourvu aux Bénésices-Cures par la voie
du Concours, 6c en faveur des Sujets qui feroient trouvés
plus capables. La Déclaration assure seulement la préfé-
rence à ceux que les Patrons eux-mêmes auroient présentés
au Concours. [1]
Par Arrêt rendu en forme de Règlement, le 6 Août
167X5 pour une Cure du Diocèse deToul, le Parlement
de Metz a ordonné qu'à Pavenir le Concours feroit observé
dans la Lorraine, à peine de nullité, [x] Une Déclaration
donnée pour le Pays Messin, le 19 Avril 1674, enregistrée
au même Parlement le s Juillet suivant, ordonne que les
Cures seront conférées à ceux qui par le Concours, seront
capables, quand ,
lefdites Cures viendront à
trouvés les plus
vaquer par mort dans les Jìx mois réservés au Saint-Siège.
La Déclaration ajoute, ÓG ce fans préjudice du droit des Pa-
trons ÓC Présentateurs ; ce qui s'entend des Patrons Laïques
qui restent affranchis du Concours, même dans les mois
du Pape 6c des Patrons Ecclésiasticmes, qui,: dans les autres
mois, conservent la présentation libre. [3]
Le Concours sJest également maintenu dans la Franche-
Comté 6c le Roussillon. II est reçu généralement dans les
Diocèses de la Flandre ô_ du Hainaut 3 mais il a dans celui
de Cambrai des formes particulières, qu'il est à propos de
remarquer. On n'y tient qu'un seul Concours par an, qui
sert pour toutes les Cures qui vaquent dans le moment,
ou qui pourroient vaquer dans le cours de Pannée. On
nomme dans ce Concours tous les Sujets qui font jugés
dignes d'être incessamment placés 3 ô_ c'est ensuite parmi

[1] A la charge néanmoins que ceux qui feront nommés & présentés par les Patrons
& Nominatcurs, s'ils font trouvés capables & dignes seront préférés à ceux qui n 'au-
_,
ront point été présentés par les Patrons. Cette Déclaration est rapportée dans les Notes
fur d'Héricourt, zc part. chap. 2, n 9. 50.
[2] L'Ariet est cité dans le J.oumal da Palais, tome 1 , page 293.
[3] Mémoires du Clergé, tome 12, page 1425.
Procès-verb. <& 1785-1786. ' Mmmmm
S c>8 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

eux que l'on choisit, à mesure que les Cures viennent à


vaquer. ïl n'y a point, à proprement parler, dans ce Dio-
cèse de Patrons Ecclésiastiques3 la nomination 6c la colla-
tion font confondues, ou plutôt la nomination semble ap-
partenir à POrdinaire 6c la collation au Patron. Le choix
est donc fait par PArchevêque, qui, se déterminant d'après
l'examen du Concours, ne présente qu'un seul Sujet au
Patron3 6c sur cette présentation, celui-ci confère la Cure
6c en donne les Provisions. II feroit difficile de dire quelle
a été Porigine de ce droit de collation 3 mais on retrouve
dans la nomination d'un íeui Sujet, faite par POrdinaire,
les traces du Règlement du Concile de Trente, pour les
Cures dont les Patrons ne préfenteroient pas à PEvêque,
mais à des Collateurs particuliers.
La première Loi en France qui renferme un Règlement
détaillé fur le Concours, est celle qui a été donnée pour la
Bretagne. Les abus du Concours, qui se tenoit à Rome pour
les Cures vacantes dans les mois du Pape excitèrent les
,
plaintes des dissérents Ordres de cette Province 3 6c fur leurs
repréíentations, appuyées de la recommandation du Roi,
Benoît XIV expédia, le premier Octobre 1740, une Bulle,
portant, que le Concours pour les Cures de Bretagne qui
vaqueroient dans les mois réservés au Saint-Siège, ne se
feroit plus en Cour de Rome, mais pardevant les Ordinai-
res des lieux où les Cures feroient situées, 6>C suivant la
forme établie par le Concile de Trente. Cette Bulle fut re-
vêtue de Lettres - Patentes au mois de Décembre de la
même année enregistrées au Parlement de Rennes le 6
,
Février 1741 avec des modifications étrangères à l'objet
,
qui nous occupe. [1]
En ordonnant que l'on fuivroit les dispositions du Con-
cile de Trente, le Pape paroissoit avoir suffisamment réglé
tout ce qui concernoit la forme dans laquelle le Concours
feroit tenu 3 cependant l'exécution de la Bulle ayant donné
lieu à plusieurs difficultés, les Evêques de Bretagne désirè-
rent avoir, fur cet objet , un Règlement plus détaillé, 6C

[1] Mémoires du Clergé, tome 12, page 1451 & íuiv.


DU CLERGÉ DE FRANCE, I AOUT 1786. 89^
muni du sceau de Pautorité souveraine : il leur fut donné»
par une Déclaration du 11 Août 1742-1 enregistrée au Par-
lement de Rennes le x* du même mois. Ce Rég-lemenc
contient vingt-un Articles, dont il est important de remar-
quer ici les principales 6c plus générales dispositions.
hes Examinateurs seront choisis par PEvêque, òc prê-
teront aussi-tôt ferment entre fcs mains d'exercer fidèlement
leurs fonctions. Ce choix fera déclaré.au premier Synode,
ou à défaut de Synode , notifié aux Doyens Ruraux, qui
en instruiront les Recteurs, Curés.& Prêtres de leur dé-
partement. Le nombre en est fixé à six3 mais il suffira, pour
chaque Concours, qu'il y en ait quatre , non compris PE-
vêque ou celui de ses Grands-Vicaires qui présideroit en
,
son absence. S'il ne s'en trouvoit pas quatre en état d'y as-
sister, PEvêque y suppléeroit par la nomination de sujets ca-
pables pour cette fois seulement 3 6c ces nouveaux Exa-
,
minateurs feroient tenus de prêter le serment. Ces disposi-
tions renfermées dans les quatre premiers Articles de la
,
Déclaration, ne s'écartent gueres de celles du Concile de
Trente, qu'en ce qu'elles demandent, pour chaque Con-
cours , quatre Examinateurs, au lieu de trois.
Le Concours doit être ouvert dans quatre mois, au plus
tard, après la vacance de la Cure 3 ce qui est relatif à la
clause de la Bulle qui fixe ce terme aux Evêques pour en-
,
voyer à Rome leur certificat de nomination. Chaque Con-
cours fera annoncé par une Ordonnance particulière de
PEvêque qui en fixera le jour, à moins qu'il ne préfère
,
d'annoncer, par une Ordonnance générale, tous ceux qui
auront lieu dans le courant de Pannée. Lorsqu'il y aura plu-
sieurs Cures vacantes en même-temps, elles pourront être
mises au même Concours. [Articles V, VI 6c VIL]
Pour être admis au Concours, il faut, i°. être origi-
naire de Bretagne 3 6c dans le cas d'égalité de mérite , les
originaires du Diocèse seront préférés3 i°. avoir exercé les
fonctions curiales pendant deux ans au moins, en qualité
de Vicaires ou autrement, ou avoir travaillé dans le mi-
nistère pendant trois ans, si l'on est du Diocèse même 3 6c
si l'on est d'un Diocèse étranger, avoir en tout quatre ans
Mm m m m z
5>oo PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de service, les Evêques cependant étant autorisés à accor-
der dispenses aux Gradués en Théologie 3 3 °. avoir la per-
mission spéciale de PEvêque, si l'on est déja pourvu d'une
Cure3 enfin, posséder la langue Bretonne, s'il s'agit d'une
Paroistè où. elle soit en usage. [Articles VIII, IX, X 6c XI.]
Les aspirants se présenteront munis d'un certificat de leur
Recteur ou Curé, portant attestation de leurs bonnes moeurs,
doctrine &c assiduité à leurs devoirs. II fera donné par écrit
à chacun trois questions fur le dogme la morale 6c les
,
fonctions du ministère auxquelles ils travailleront pendant
,
trois heures, fans sortir du lieu où ils auront été rassem-
blés. Après avoir apporté leur résolution, ils seront encore
tenus de répondre aux différentes questions que PEvêque
6c les Examinateurs jugeront à propos de leur faire de vive
voix. Le jour suivant, ils prononceront une courte Homé-
lie fur un sujet qui leur aura été désigné après avoir eu
également trois heures pour s'y préparer., [ Articles XII
&'X1IL]
La manière dont le jugement doit être prononcé est ré-
,
glée parl'Article XIV. Après avoir dit que tEvêque, ou son
Grand-Vicaire en son absence conféreront ensemble ÓG hors
la présence des concurrents, fur, la capacité ÓG les talents dont
,
chacun d'eux aura donne des preuves, PArticle ajoute ÓG
,
ledit Evêque, son Grand-Vicaire, déclarera ensuite le choix
ou
qu'il aura fait de celui ou de ceux qui auront été jugés les
plus dignes de remplir chacune des Cures vacantes, en cas
qu'il y en ait plusieurs qui aient été mises au même Concours.
La liberté du choix semble être ici réservée à PEvêque ;
6c cette faculté a pu paroître indiquée par Palternative re-
marquable exprimée dans la Bulle : Magis idoneus ab Exa-
minatoribus denuntiatus jeu ab Episcopo proeelecîus.
,
Les derniers Articles de la Déclaration prescrivent la ma-
nière dont Pattestation sera délivrée à Pélu, envoyée à Ro-
me , 6c les Provisions expédiées par le Pape.
Une Déclaration pour maintenir le Concours dans le
Diocèse d'Arras, suivit de près celle qui venoit de Pétablir
dans les Diocèses de Bretagne.
;
Le Concours avoit été admis dans PArtois, le Hainaut
DU CLERGÉ DE FRANCE, Ï AOUT 1786.
^01
6c la Flandre en conséquence du Concile de Trente, dont
les Décrets font reçus, 6c font Loi dans ces Provinces en
tout ce qui n'a pas été excepté par les Placards ou Ordon-
nances des Souverains. Le premier Concile de Cambrai,
tenu en 1565 pour la réception du Concile de Trente,
Pavoit exprestément ordonné5 le second Concile, célébré
dans la même Ville en 15 86, 6c suivi d'un Placard de Phi-
iippe II, en 1587, pour l'exécution de ses Décrets, en avoit
fait l'objet d'un Article particulier. [1]
Depuis cette époque le Concours avoit eu lieu, fans in-
terruption 6c fans contradiction dans le Diocèse d'Arras,
lorsque P Arrêt obtenu au Parlement de Paris le 1 z Jan-
vier 1660, pour les Cures à la collation de PAbbé de Saint-
Vaast, peu de temps après le retour de la ville d'Arras fous
la domination Françoise, y porta la première atteinte. Les
principes fur lesquels M. PÀvocat-Général Talon s'étoit
fondé, tendoit à le faire supprimer dans toutes les parties
de ces Provinces, rentrées fous Pobéissance de nos Rois 3
un second Arrêt, rendu le z z Janvier 1743 , sur Pappel
comme d'abus interjette par le Ministère public, fembloit
avoir amené le moment de cette proscription totale : dans
ces circonstances PEvêque d'Arras s'adrefla au Roi, 6C en
obtint, le Z9 Juillet 1744, une Déclaration, qui, confir-
mant Pufage ancien, règle pour Pavenir la forme du Con-
cours dans son Diocèse.
Le préambule de cette Loi mérite d'être lu. L'Evêque
d'Arras.avoit exposé au Roi la faveur que les Conciles de
la Province 6c les Rois d'Eípagne, de la Maison d'Autriche,
avoient cru devoir accorder au Concours, les raisons qui
écartoient le préjugé défavorable auquel les deux Arrêts du
Parlement pouvoient donner naissance 3 enfin les heureux
effets du Concours pour entretenir parmi les Ecclésiastiques
t
la régularité des moeurs amour de tétude ÓG ïattachement
, Des représentationsfondées fur des
ci remplir leurs devoirs.
motifs fi puissants dit Sa Majesté, nous ayant paru mériter
véritablement notre, attention, nous avons jugé à propos d'y

[1] Conc. Camcr. an. 1565, de Examine Pajlorum, & an. 1586 ,.ris. 19 , de Pajìo-
rilnis
j cap. 5.
QOI PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
avoir égard, ÓG de donner au public cette nouvelle marque
de la protection que nous accordons aux différentes Eglises
de notre Royaume, qui ont recours à notre autorité pour la
confervation.de leurs anciens usages ÓG d'une discipline dont
,
V expérience leur fait connoître tGute V utilité.
a
Les Articles qui suivent, au nombre de seize, présen-
tent , quant au fonds, les mêmes dispositions que la Dé-
claration donnée pour la Bretagne, 6c n'en diffèrent qu'en
quelques points, relatifs, pour la plupart, à la diversité
des lieux 6c des usages.
Toutes les Cures du Diocèse d'Arras, dépendantes de
Collateurs ou Patrons Ecclésiastiques, 6c par conséquent
celles même dont PEvêque a la coilation libre, font aílu-
jutties au Concours3 il n'y a d'excepté que les Cures, qui,
par des privilèges particuliers, auroient été données jus-
qu'alors de plein droit par les Collateurs, 6c celles qui vien-
droient à vaquer dans les mois affectés aux Gradués. Ces
dernieres ne peuvent être mises au Concours que six mois
après la vacance, 6c dans le cas où elles n'auroient pas été
requises.
II y aura un Concours particulier pour chaque Cure,
6c tous fe tiendront vers la même époque, entre Pâques 6c
la Fête de Saint-Jean-Baptiste. Cette derniere disposition
est relative à Pusage du droit de déport dont les Archidia-
cres jouissent dans le Diocèse d'Arras.
Le nombre des Examinateurs est fixé à six, dont trois
suffisent pour rendre l'examen valable, suivant ce que porte
le Concile de Trente. Deux des six, 6c un des trois au moins,
devront être Gradués. On doit observer, à Pégard des pre-
miers, que cette fixation, au nombre de six, en obligeant
de ne pas en nommer moins, n'est point regardée comme
interdisant à PEvêque le droit d'en nommer davantage, s'il
le juge néceslaire : 6c à Pégard des seconds, que si le nom-
bre peut en être réduit à trois, ce n'est que parce que des
circonstances particulières peuvent empêcher les autres d'y
astister, 6c non parce que PEvêque auroit le droit de les
exclure.
Dans chaque Concours 6c pour chaque Cure, il y aura
DU CLERGÉ DE FRANCE, i AOUT 1786. 90$
trois Sujets au moins nommés, 6c présentes au Colîateur ou
Patron. L'Article XIII marque Pordre dans lequel ils doi-
vent être placés fur la feuille du Concours. Ledit Evêque ou
son Grand-Vicaire nommera les troissujets qui auront étéjugés
les plus propres à remplir la Cure vacante, oQ ce dans un ordre
qui indique le degré supérieur ou inférieur de leur capacité.
L'Article XV ajoute, c^xesur la prêÇentation quisera jatte au
Colîateur, il choisira celui des trois Sujets nommés qu'il ju-
gera le plus digne d'obtenir ses Provisions. Quoique cet Ar-
ticle ne parle que de Collateurs 6c de Provisions, il est évi-
dent qu'il doit s'entendre également des Patrons &C des
actes de présentation qu'ils doivent faire fur la nomination
du Concours.
C'est ici la plus importante disposition de la Déclaration
de 1744. Le Concile de Trente avoit statué que les Exa-
minateurs nommeroient tous ceux des concurrents qui fe-
roient trouvés dignes de remplir la Cure vacante 3 il en ré-
sultoit qu'ils auroient pu dans certains cas, ne présenter
,
qu'un seul Sujet aux Patrons. Le Législateur a craint l'abus
que l'on pouvoit faire de cette faculté 3 il a voulu que dans
tous les cas, il y eût au moins trois Sujets entre lesquels le
Patron pût choisir : mais en même-temps, pour éclairer son
choix, il a voulu que Pordre dans lequel ils lui feroient pré-
sentés marquât le degré relatif de leur capacité 3 6c cette
,
précaution lui aura paru fans doute d'autant plus sage, qu'en
lui présentant seulement les Sujets les plus dignes, on pou-
voit quelquefois mettre fous ses yeux ceux qu'il auroit été
par lui-même moins à portée de connoître.
Enfin une derniere disposition particulière à la Déclara-
tion de 1744, c'est qu'en prescrivant par PArticle XII la
matière 6c la forme de l'examen, elle n'impose point la né-
cessité de le faire par écrit : elle sembleroit plutôt avoir eu
en vue, ainsi que le Décret du Concile de Trente, un exa-
men fait de vive voix 3 cependant comme l'essentiel est que
les Aspirants soient rigoureusement éprouvés, que si un
examen de vive voix oeut être suffisant, celui qui se feroit
par écrit, pourroit être encore plus sûr, on a supposé que
cette forme n'étoit pas interdite par la Loi, quoiqu'elle n'y
904 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
soit pas prescrite comme dans celle pour la Bretagne.
Le Concours avoit été établi dans le Diocèse de Saint-
Omer à la même époque 6c par la même autorité que dans
,
le Diocèse d'Arras 3il s'y observe encore à préíent3 mais la
Déclaration qu'on vient d'analyser, n'y ayant pas été éten-
due on n'y fuit, à cet égard, que les Décrets du Concile
,
de Trente 6c des Conciles de Cambrai, avec les modifica-
tions que les usages du pays avoient rendu néceílaires, ou
que le temps a pu introduire.
Une partie du Diocèse de Boulogne est située dans la
Province d'Artois 3 mais le Concours n'y avoit jamais été
admis parce qu'à Pépoque de son établissement dans la Pro-
>
vince, en vertu des ordres du Roi d'Espagne, les Evêques
de Boulogne étoient eux-mêmes fous la domination firan-
çoife. Frappé des avantages qu'en retiroient deux Diocèses
voisins M. PEvêque de Boulogne actuel crut devoir s'a-
,
cì rester au Roi ôc il obtint, le z 6 Mars 1774 une Décla-
, ,
ration registrée au Parlement le 1-3 Avril íuivant, portant,
,
que les Cures du Diocèse de Boulogne situées en Artois p
íeront conférées par la voie -du Concours.
Les motifs exposés par M. PEvêque de Boulogne, font
repris dans le préambule. Ces considérations, dit Sa Ma-
jesté nous ont paru d'autant plus dignes de notre attention,
,
qu'elles tendent à ne confier le foin des âmes-, qu'aux Minis-
tres de la Religion -, qui joignent aux connóifjances de leur
état, toutes les qualités pastorales dans le degré le plus émi-
nent. II est important de remarquer comment le véritable
objet du Concours est ici indiqué, 6c son utilité reconnue
par le Légistateur. Celle-ci a paru assez évidente pour le dé-
terminer , non plus seulement à maintenir le Concours dans
des lieux où il-étoit établi, mais à Pétablir dans un Dio-
cèse où l'usag;e en étoit inconnu.
Les Règlements donnés pour le Diocèse de Boulogne,
sont les mêmes que ceux de la Déclaration de 1744, à la-
quelle on renvoie 3 on y a feulement ajouté quelques dis-
positions qui ont paru avantageuses en elles-mêmes, ou pro-
pres à expliquer certains Articles de la Déclaration. Ces
légères additions font Pobjet des Articles II, III 6c IV, 6c
la
DU CLERGÉ DE FRANCE J I AOUT 1786. $0$
la plupart ont été prises clans la Déclaration donnée pour
la Bretagne.
Tels font les divers usages suivis en France par rapport
au Concours pour les Bénéfices à charge d'ames. On y voit
que fous des formes différentes, l'esprit 6c Pobjet de cet
établissement sont par-tout les mêmes.
Le Concours en général est un examen comparé, fait
par des personnes choisies, éclairées 6c intègres, du mérite
6c de la capacité des sujets destinés à remplir les Cures va-
cantes dans chaque Diocèse. Cet examen ne se borne donc
pas au seul mérite des connoisiances acquises, au talent seul
de la parole. S'il a ces qualités pour objet premier 6c im-
médiat, parce qu'elles font les plus faciles à constater par
des preuves extérieures, sensibles à tous les yeux 6c à tous
les moments, il n'exclut point les auttes : il les renferme,
au contraire , essentiellement 3 6c ce font ces qualités réu-
nies dont la vérification également nécesiaire , également
,
prescrite en détermine le résultat.
Telle ,est la notion que nous donnent du Concours le
Décret du Concile de Trente les Ordonnances 6c Décla-
,
rations de nos Rois : ç est ainsi que Pont envisagé les Con-
ciles nationaux, qui ont désiré de Pintroduire dans le Royau-
me 3 6C c'est fur ce principe que fe font formés les usages
de tous les pays qui Pont admis. La Congrégation établie
à Rome pour Pinterprétation des Décrets du Concile de
Trente, s'est expliquée là-desius de la manière la plus for-
melle. Consultée par un Evêque d'Eípagne, peu de temps
après la publication du Concile dans, ce Royaume elle
,
répondit que les Examinateurs ne dévoient pas feulement
rendre compte de la science des concurrents, mais encore
de leurs moeurs, de leur âge, 61 de toutes les autres qua-
lités nécessaires. Refpondit : tenen Examinatores facere re-
lationem eáam circa mores, óitatem ÓG reliqua. [ 1 ] Si la Con-
grégation ne prononça pas alors la nullité des Provisions,
elle s'expliqua plus formellement dans fa Décision du z
Août 1607, rapportée par Fagnan : Sacra Congregatio cen-
[ 1 ] Gardas j de Benefìciis part. 5, cap. 73 num. 11, Malfobrius in praxi concurfus,
requis
,
4, dub. I.
Nnnnn
Proces-verb. de 1785-1786.
5>-o6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
suit, fi Examinatores non retulennt idoneGS, quoad crnnes
qualuaies 3prú!itConcdium requints nullum ejjeconcurfum. [i ]
Ces Décisions ayant été rendues fur la question de íavoirsi
Pexameiì des qualités, autres que la science, dévoie être fait
par les Examinateurs joints avec PEvêque , ou par PEvê-
que seul, elles n'en prouvent que mieux combien, suivant
Pesprit du Concile de Trente, l'examen de ces qualités fai-
soit une partie eflentielle de celui du Concours.
Benoît XIV rappelle ces divers Jugements dans une Bulle
du 14Décembre 1742., 6c en les confirmant, il condamne
-Pusage qui commençoit à s'introduire dans quelques Eglises,
suivant lequel les Examinateurs íe contentoient de donner
leur suffrage sur ce qui regarde la science, 6c ne prenoient
point en considération les autres dispositions, non moins
essentielles dans un Curé. Le même Pape avoit déja eu oc-
casion d'exposer les vrais principes fur cette matière, lors
qu'il n'étoit encore que Secrétaire de la Congrégation. II
avoit trouvé la ncceílité de faire porter sur tous ces objets
le Jugement qui íe prononce au Concours 3 &C afin d'écar-
ter les appels qu'oioient former des Ecclésiastiques présomp-
tueux &C fiers de leur science, il avoit demandé qu'il fût tenu
note dans les registres du mérite 6>C des qualités de chaque
Concourant. // efi certain, dit-il à ce sujet dans son Traité
du Synode Diocésain, que celui qui a le plus de science ÓG
de doctrine, ne doit pas toujours être regardé comme le plus
propre à conduire une Paroisse ; qu'il peut arriver que quel-
quunse croie èn droit d'appeller du Jugement de son Evêque,
par ja seule confiance dans les connoijjances qu'il a acquises,
ï
tandis que Evêque ne lui en a préféré un autre, que parce
qu'il ía jugé * non plus savant, mais plus recommandable
par des 'qualités éminentes, jointes d! ailleurs à un degréfus
jlsant de talents ÓG d'étude. C'tû dans la même occasion 6C
pôur lè;mêmè'objet, qu'il avoit pròpòfé de faire subir dé-
formais''les examens par écrit 3 ôi ces changements adoptés
,
crabord:ípaf tme résolution de la Congrégation furent en-
,
fôite cbfifirmés par une Bulle dèrGrémèntXI. [z]
' ~[v\ Ea'gnanùs ïh cap. eam tés num.' i<j. " ' "'"' ' "
[z] De Synodo D\cecefanâ lib. 4, cap. 8, num. 5 & lib. 13, cap. y:> num, 2,0,
3 ,
DU CLERGÉ DE FRANCE, I AOUT iy%6. joy
Ces détails ont paru d'autant plus importants, qu'ils peu-
vent servir à faire mieux connoître Pesprit 6c le véritable
sens de la Bulle de Benoît XIV, du premier Octobre i -740,
de la Déclaration donnée en 174Z , pour en régler f exécu-
tion, des'Déclarations mêmes données ensuite pour P Ar-
tois, dont la première a été le modelé.
Ces Loix d'ailleurs s'expliquent suffisamment elles-mê-
mes. II résulte, de leurs différentes dispositions, que le prix.
du Concours doit être donné, non aux talents íeuls, à la
feule capacité, mais à la capacité 6c au mérite ; que l'on ne
tient note, avant l'examen de la conduite, de l'âge 6c des
services, que parce que dans le Jugement on doit en tenir
compte 3 qu'enfin c'est íur le plus digne, 6c nommément fur
le plus digne de remplir la Cure vacante, que le choix doit
tomber.
La nature du Concours bien déterminée, les effets qu'il
produiroit deviennent sensibles. II entretiendroit dans le
Clergé le goût du travail, 6C l'on ne verroit plus de jeunes
Ecclésiastiques, au sortir du Séminaire où ils n'ont pu ac-
quérir que les éléments de la science de leur état, se borner
pour la vie à ces connoistances imparfaites, 6c souvent se
livrer à une oisiveté honteuse qui les a bientôt effacées.
Le Concours, dont la perspective auroit animé les pre-
mières études, les foutiendroit encore, après les avoir cou-
ronnées. L'habitude du travail en auroit fait prendre le
goût ; un Curé ne voudroit pas paroître en savoir moins
que le Vicaire, qui travaille avec lui3 le seul espoir d'être
placé un jour parmi les Examinateurs, la force de Pexem-
ple, Pesprit général qui se répandroit insensiblement dans
le Corps entier des Ecclésiastiques d'un Diocèse, tout con-
tribueroit à les ramener fans cesse, à les attacher de plus
en plus aux études saintes.
L'assiduité au travail préviendroit la dissipation 6c les
dangers qu'elle entraîne. Asturés d'ailleurs d'être examinés
fur la conduite 6c les vertus aussi sévèrement, au moins que
fur les talents 6c les connoiss nces, ceux qui craindroient
d'être arrêtés dans la carrière à laquelle ils se sont destinés,
veilleroient avec plus de foin fur eux-mêmes, ils cherche-
Nnnnn z
908 PRGCE s-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
roient d'autant plus à se rendre irréprochables, qu'ils au-
roient plus d'intérêt à Pêtre.
Par le moyen du Concours, un Evêque conooítra mieux
les Ecclésiastiques de son Diocèse 3 des épreuves multi-
pliées, qui les ramèneront fréquemment fous ses yeux, ne
lui permettront pas d'en oublier aucuns, 6c elles le met-
tront à même de les juger tous de la manière la plus sure,
en suivant leurs progrès 6c comparant leur mérite.
Par ce moyen enfin on aura Passurance que les Cures
ne seront jamais données qu'à des Sujets capables, 6c que
communément elles le seront aux plus dignes. Or le choix
du plus digne, pour les Bénéfices à charge d'ames, fut tou-
jours le voeu de PEglise 3 c'est pour les Collateurs & les
Patrons un devoir exprimé dans plusieurs Canons du Droit
6c ailleurs, de la manière la plus impérative. [1]
Qu'on ne dise donc pas que l'objet du Concile de Trente,
dans Pétablifiement du Concours, n'a été, comme celui du
Concile de Bâle dans Pinstitution des Grades, que de re-
médier aux inconvénients de Pio-norance où vivoient alors
la plupart des Ecclésiastiques, [z] Et quand le Concile n'au-
roit eu que cet objet en vue, quand le Concours n'auroit
produit d'autre effet, son établisiement n'auroit-il pas rendu
un assez grand service ? S'il fut nécestaire alors de ranimer
les études, ne Pest-il pas aujourd'hui d'en entretenir Phabi-
tude 6c le goût ? Les lumières font-elles répandues généra-
lement parmi les Ecclésiastiques ? Tous font-ils également
instruits ì 6c ne fera-t-il pas utile dans tous les temps, d'a-
,
voir un moyen qui les force, pour ainsi dire, à acquérir les
connoistances qu'exigent les importantes fonctions auxquel-
les ils font destinés ?
Qu'on ne dise pas non plus que par-là les Ecclésiastiques
font obligés de se présenter de leur propre mouvement, 6c
de se rendre, pour ainsi dire, à eux-mêmes le présomptueux

[1] Can. Si forte dïfl. 63 cap. Quoniam de jure Patron. & cap. Conftitutis, de
appellat.
3 j
[1] Traité des Commandes, tome 3 page 64 & íuiv. où l'Auteur a rassemblé tou-
,
tes les raisons qu'on oppose ordinairement au Concours. Voyez aussi la Collection de6
Décisions nouvelles au mot Artois tome z, page 3 Go 6c suiv.
j
DU CLERGÉ DE FRANCE, I AOLT 17S6. 909
témoignage de leur capacité 3 d'où il doit arriver que les
bons, qui font toujours modestes, se tiendront éloignés, 6c
que la place restera aux plus audacieux, qui font souvent
les plus médiocres 6c rarement les meilleurs. « II est indu-
33
bitable, dit un célèbre Canoniste, que le Concile de
?3
Trente, en ordonnant une convocation générale, n'a pas
33
entendu porter la moindre atteinte aux règles d'une légi-
33 time vocation, telles que P
Apôtre les a données, 6c que
33
les Pères nous les ont transmises 5 moins encore approu-
33 ver ces
courses ambitieuses, ces sollicitations coupables,
33
si sévèrement défendues lorsqu'il s'agit fur-tout de Bé-
33
néfices à charge d'ames. 33 En effet les personnes qui íe
présentent au Concours, n'y viennent pas d'elles-mêmes,
elles y font appellées par leur Evêque, 6c la convocation est
faite pour chacun, dès qu'elle est faite pour tous. Tous les
Ecclésiastiques d'un Diocèse ne sont-ils pas d'ailleurs obli-
gés de travailler à mériter les places qui peuvent leur être
confiées ? L'Evêque ne Pest-il pas de chercher à découvrir
s'ils s'en font rendus dignes ? Le Concours n'est qu'un moyen
qu'il emploie pour y parvenir. Chaque Ecclésiastique, en
s'y présentant, met son Evêque à portée d'éviter un mau-
vais choix, autant que d'en faire un bon dans fa personne.
TOUS doivent donc le regarder comme la route
que la Pro-
vidence leur trace, 6c n'y apporter que le désir d'en con-
noître &£ d'en remplir les vues.
Tel fut évidemment Pesprit du Concile de Trente, qui
prescrivit d'abord de recevoir à l'examen ceux qui auroient
été appelles par PEvêque, présentés par le Patron ou in-
,
diqués par les personnes à qui leur mérite feroit connu, 6c
qui n'eût ensuite recours, suivant Pobservation du même
Canoniste, à la voie d'une convocation publique, que com-
me à un moyen subsidiaire, que des circonstances particu-
lières telles que Pimpossibilité pour un Evêque de bien
,
connoître tous les sujets d'un vaste Diocèse, des considéra-
tions générales, telles que la crainte de favoriser Paccep-
tion des personnes 6c les exclusions arbitraires, 6C d'autres
motifs puissants, peuvent rendre utile ou même nécessaire.
Aussi Pexpérience démontre-t-elle que les bons Ecclésiasti-
9io PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ques ne se font pas plus une peine de s'offrir à cette épreuve,


que les autres ne montrent d'empreílement à s'y soumet-
tre, [i] -
Le Concours, ajoute-t-on, est inutile pour les Cures
dont les Evêques ont la collation libre. En gênant la liberté
de leurs dispositions, il ne pourroit que nuire au bien qu'ils
voudroient faire : fans doute que le Concours íeroit moins
nécessaire, si toutes les Cures étoient encore entre les mains
des premiers Pasteurs, quoiqu'alors même il fût encore
utile, puisqu'il procureroit à PEvêque des lumières plus sures
for le mérite desTujets qu'il lui importe tant de connoître.
ïl retracerait Pimage de ce qui se pratiquoit dans les pre-
miers siécles, où PEvêque n'envoyoit des Ministres desser-
vir les Eglises particulières, qu'après en avoir conféré avec
son Presbytère dans le sein duquel ils s'étoient formés. Mais
íî, par le fait,, une grande partie des Cures dans chaque
Diocèse est à la disposition des Patrons Ecclésiastiques3 si
le Concours est le seul moyen d'empêcher Pabus qu'ils pour-
roient faire de leur droit 3 si l'on ne peut établir le Concours
pour ces Cures, fans Pétablir pour toutes, n'est-ce. pas une
nécessité 6c un bien que les libres collations des Evêques y
soient elles-mêmes soumises ?
Un Evêque, en esset, ne doit pas craindre un examen
préliminaire qui ne peut qu'éclairer son choix 3 6c s'il sus-
pectoit Pintégrité des Examinateurs, ou paroissoit douter
de leurs lumières, comment pourroit-il demander aux au-
tres une confiance qu'il ne montreroit pas lui-même ? Ces
Examinateurs font Juges : mais c'est fous les yeux de PE-
vêque que se fait la discussion qui prépare leurs avis 3 c'est
conjointement avec lui que le jugement est formé. Sous tous
les rapports, on voit qu'il disposera véritablement d'une
Cure à sa collation, toutes les fois qu'il ne voudra la don-
ner qu'à un Sujet capable.
Le Concours, dit-on enfin, porte Patteinte la plus for-
melle aux droits des Patrons, ou plutôt il les réduit à rien
,
6c ne leur en laisse que Papparence, en en transférant la

[1] Van-Espen, part, z, sect. 3, tit. 5.


DU CLERGÉ DE FRANCE, I AOUT 1786-. 911
réalité entre les mains des Evêques. C'est ici la principale
difficulté de Pétablissement dont on discute le projet 3 6c il
ne faut pas se dissimuler qu'une prévention à laquelle Pin-
térêt personnel prête toute sa force, n'ait été-6c ne puisse
être encore le-plus grand obstacle à Padmistion du Concours.
On pourroit observer d'abord que le droit des Patrons
Ecclésiastiques, quelque respectable qu'il soit par son an-
cienneté 6c par le caractère de propriété qu'il a acquis ^ n'eft
censé avoir été, dans son origine, qu'une pure concession,
qu'une dérogation au droit primitif 3 que cette concession
a moins eu pour but Pavantage des Patrons, que celui de
PEglise, 6c que si ce dernier objet ceíloit d'être rempli, le
premier cesseroit par-là même de mériter aucune faveur.
Mais le Concours, tel que nous Pavons présenté, ne tend
qu'à empêcher Pabus du privilège des Patrons, fans en in-
terdire le légitime usage. Que faut-il en effet pour que le
Présentateur use légitimement de son droit? Qu'il connoisse
la capacité des Sujets fur lesquels (on choix peut tomber,
afin qu'il ne soit pas expoíé à en choisir de mauvais 3 qu'il
connoisie tous les Sujets capables, afin d'être à niême de
choisir le meilleur. Est-ce donc lui ôter la liberté de Pop-
tion, que de lui donner les lumières' dont il a beíoin pour
la faire ? Ne feroit-il pas obligé de les-chercher de lui-mê-
me? 6c où pourroit-il en trouver de plus sures que dans
l'examen ôc lé Jugement du Concours? Dans les pays où
le Règlement du Coricile: est suivi, les Patrons Ecclésiasti-
ques font assurés d'avoir à choisir parmi tous les Sujets• veL
ritablement dignes 3 6C si dans les Diocèses du Royaume,
qui ont reçu, à cet égard^ des Règlements particuliers, la
Loi n'exprime que lobligation de leur présenter tròis Su-
jets, c'est qu'elle n â pas voulu permettre que jamais on-
leur en préíentát moins.
Par-là les vues d'utilité; 6c de justice qu'il ne saur pas sé-
parer ici, sont remplies. II est intéressant pour PEgliíe que
les Cures soient toujours données aux plus dignes 3 mais il
lui importe encore plus quelles ne le soient jamais à des
Sujets incapables : lorsque ceux-ci ont été écartés par la ri-
gueur du Concours, assurée que le Patron ne peut plus faire
9Ï£ PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
qu'un bon choix, PEglise le remet à sa conscience 6c à ses
lumières, 6c ne le p-êne plus dans Pexercice d'un droit dont
il ne peut pas abuser. D'un autre côté le Patron conserve
toujours le pouvoir le plus intéressant pour lui, le droit d'ex-
clusion : il ne choisira pas comme il lui plairoitj mais il ne
fera jamais obligé de choisir quelqu'un qui ne lui convien-
droit.pasj puisque, indépendamment des considérations qui
auront dirigé le Jugement des Examinateurs, il est mora-
lement impossible que les Sujets nommés, au nombre au
moins de trois, lui soient tous également odieux ou suspects.
Aussi le Concile de Trente s'étoit-il expliqué de manierc
à faire voir combien il étoit éloigné de vouloir anéantir les
droits des Patrons : Légitima Patronatuum jura tôliere, di-
soit-il, piasque fidelium voluntates in eorum injlitutwne vio-
lare, oequum non efl. Et il le disoit des patronages ecclésias-
tiques autant que des patronages laïques, [i]
On, redoute la trop grande influence des Evêques íur des
Examinateurs de leur choix. Mais ces Examinateurs seront
toujours au nombre de trois, 6c presque toujours au nom-
bre au moins de six : une fois nommés, ils ne peuvent être
révoqués pendant le cours de leur exercice 3 6c si à ces con*
sidérations on ajoute celle de POrdre sacerdotal, dont ils
doivent être revêtus, il semble qu'on sera sûr de leur inté-
grité comme de leur indépendance.
Un Evêque, en effet, voudra-t-ii jamais', pourra-t-il,
quand il le voudroit, s'affranchir de Pobligation de nom-
mer des personnes qui, par leur dignité, leur caractère,
leur réputation, méritent la confiance de son Clergé? Ces
Examinateurs font liés par la loi du serment 3 ne craindront-
ils point en le violant, de compromettre à la fois leur hon-
neur 6c leur conscience ? 6c PEvêque, entre les mains de qui
ils Pont prêté, oferoit-il leur demander de l'enfreindre ?
Eclairé par leurs avis entraîné par leurs suffrages quelle
, ,
que soit son autorité, Pexercice qu'il en fera sera commande
par Popinion publique, 6c le respect qu'il se doit à lui-mê-
me. Personne n'a plus d'intérêt que lui, à ce que le gou-

[ 1 ] Secî. 15 9 5 de Reform.
, cap,
vernement
DU CLERGÉ DE FRANCE, I AOUT 1786. 912.
vernement des Paroisses soit confié aux mains les plus ha-
biles, íl n'y a à craindre, de fa part, que des erreurs 6c des
surprises3 le Concours prévient les unes, 6c ne laisse aucun
accès aux autres.
En vain prétendroit-on encore fe faire un dernier moyen
contre la Loi du Concours, des obstacles mêmes qui ont
empêché son établistement dans le Royaume, des opposi-
tions des Cours 6l du préjugé qui en résulte. Que prou-
,
vent en effet ces oppositions, ces obstacles, s'ils n'ont eu
pour principe que les préventions dont on vient de démon-
trer i injustice? Et si ces préventions ont suffi, pour qu'une
discipline utile, proposée par un Concile générai, adoptée
par plusieurs Conciles Provinciaux, désirée par le Clergé, de-
mandée par la Nation elle-même, approuvée enfin par deux
de nos Rois, naît pu s'établir en France, ou y soit tombée
en désuétude presque au même instant 3 ne reste-t-il pas à
espérer du moins que ces fâcheux effets ne survivront point
à leur cauíe ?
Le seul -défaut d'une Loi exécutée, d'un droit public
dans le Royaume fur cette matière, a pu ensuite motiver
les Arrêts du Parlement de Paris, de 1 660 6c 1743. M. PA-
vocat-Général Talon ne vouloit point examinerez le Con-
cours ejl utile ou désavantageux à t Eglise ; mais seulement
s'il étoit jufie d établir pour la ville d'Arras une singularité
contraire aux moeurs de toutes les Eglises de France. II con-
venoit d'ailleurs que le Concours peut apporter de grands biens
dans l'Eglije. M. P Avocat-Général d'Ormesson obfervoit
de même, que par la réunion de PArtois à la Couronne,
tous les vestiges de la domination étrangère étoient-effacés ;
6c il en concluoit que la discipline du Concile de Trente, ÓG
toute autre différente de celle qu'on fuit en France, étoit abo-
lie. II fortifioit cette considération par la comparaison de
ce que les autres Provinces où le Concours a lieu, avoient
fait pour obtenir la confirmation de cet usage, 6c le silence
où l'on étoit resté, à cet égard, en Artois.
Quoi qu'il en soit, les deux Arrêts ne forment point un
préjugé contre le Concours en lui-même. M. PEvêque
d'Arras obfervoit, à Pégard du premier, que ce Jugement
Procès-verb. ^178^-178(3. Ooooo
914 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ne concernoit que quatre Paroisses, dépendantes de P Ab-


baye de Saint-Vaast, qui étoient dans le cas d'une excep-
tion, fondée fur des titres particuliers, 6c à Pégard du se-
cond, qu'encore qu'il contint une disposition plus géné-
rale PEvêque d'Arras, qui n'avoit pas été entendu, se pour-
,
voiroit avec confiance, 6c feroit valoir avec succès ses ti-
tres 6c ses raisons devant le Tribunal même qui l'avoit pro-
noncé. Ces représentations furent accueillies par Sa Majes-
té, 6c la Déclaration qui les a suivies, en prévenant l'effet
du dernier de ces Arrêts , a détruit toute Pimpression qu'ils
pouvoient faire naître.
Après avoir exposé les faits relatifs à Pétablissement du
Concours, analysé les Loix qui en ont réglé la forme, mon-
tré son utilité par les estets 6c par le seul développement
de ses principes, écarté les reproches qu'il a trop souvent
essuyés, il reste un objet à remplir 3 objet difficile, mais
important, 6c qui achèvera de dissiper tous les doutes.
On tenteroit peut-être vainement de former à cez égard
une Loi générale , qui pût s'appliquer, avec un égal íuccès,
à tous les Dioceíes du Royaume. Des Règlements particu-
liers adaptés à la situation de chacun d'eux, paroîtront
,
susceptibles de dispositions plus précises, où les avantages
seront mieux combinés, 6c les inconvénients mieux prévus.
Mais quoique la forme du Concours puisse varier sui-
vant les lieux, les différents Règlements qui en résulteront,
dictés par le même esprit, ô£ dirigés vers le même but,
doivent avoir les mêmes principes. Ce font ces principes
généraux qu'il feroit intérestant de fixer. En présentant des
bases communes à toutes les Loix particulières, ils en ren-
droient la rédaction plus facile 6c la marche plus uniforme
,
6c plus sure.
Le Concours, réglé suivant la forme indiquée par le Con-
cile de Trente 6c les Ordonnances de nos Rois, se rappro-
cherait de la pratique la plus générale, 6c en même-temps
la plus naturelle. II faut convenir cependant que cette forme
présenteroit dans plusieurs Diocèses dans quelques - uns
fur-tout d'une très-vaste étendue, des, difficultés qu'on au-
roit de la peine à vaincre.
DU CLERGÉ DE FRANCE, i AOUT 17S6. 91 $
II feroit difficile en ester, dans un grand Diocèse, de
,
tenir un Concours chaque fois qu'il viendroit à vaquer une
Cure, suivant ce qui est prescrit à la lettre par le Concile
de Trente 3 6c l'on ne feroit que diminuer cet inconvé-
nient, en-autorisant à conférer plusieurs Cures dans le
même Concours, suivant la disposition de la Déclaration
de 174X5 adoptée dans celle de 1774.
La Déclaration de 1744 a fixé une époque commune
pour la tenue de tous les Concours dans le Diocèse d'Ar-
ras 3 mais cet arrangement, relatif à des circonstances par-
ticulières ne préviendroit, dans un très-grand Diocèse,
,
Pinconvénient des voyages trop multipliés des Vicaires
,
que par celui de les retenir trop long-temps dans la Ville
épiscopale 3 il obligeroit à laister vaquer les Cures pendant
plufieurs mois, pendant Pannée entière, & d'ailleurs il ex-
poferoit aux plus grands embarras, quand il faudroit nom-
mer, dans les premiers Concours, des Sujets qui, par Pé-
loignement, ou Pabfence des Patrons, se trouveroient liés
pour les Concours suivants.
La difficulté feroit plus grande encore, s'il falloit, dans
un seul Concours, désigner des Sujets pour chacune des
Cures vacantes : comment, en effet, pourroit-on nommer
à la fois des Sujets différents à chaque Colîateur ou Patron ?
Et fi l'on se bornoit à en nommer un nombre suffisant pour
toutes les Cures vacantes, fans désignation particulière pour
chaque Cure, ne manqueroit-on pas le principal objet du
Concours ? Une désignation aussi générale, feroit nécessai-
rement trop indéterminée 3 elle mettroit fur la même ligne
celui qui peut suffire à la plus petite Paroiste, 6c celui qui
est nécessaire à la Paroiste la plus importante : son unique
avantage feroit d'écarter les Sujets décidément mauvais,
fans asturer d'ailleurs à chaque Cure la nomination d'un
Ministre qui y convînt moins encore celle du Ministre
,
qui y conviendroit le mieux.
Ces réflexions conduisent à Pidée d'admettre, du moins
comme nécessaire dans les grands Diocèses, une forme de
Concours, qui ainsi que nous Pavons observé, n'est pas
,
fans exemple, 6c qui, en prévenant toutes les difficultés
Oo ooo x
5>i6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
qu'on a expoíées paroît ne point en présenter d'autres. Un
,
premier Concours ou Examen général des Ecclésiastiques
du Dioceíe fervirpit à constater quels font parmi eux les
,
Sujets les plus dignes d'être appelles prochainement aux
fonctions de Curé : ce Concours ou Examen se tiendroit
une fois par an, II ne s'agiroit plus, lorsqu'une Cure vien-
droit à vaquer, que de choisir ceux de ces Sujets qui fe-
roient propres à la Cure vacante 3 6c ce choix, fait fur le
premier Examen 6c p>ar les mêmes Examinateurs, n'exige-
roit pas la préíence des Concourants.
Dans cette forme, Pobjet du Concours leroit parfaite-
ment rempli. On auroit un jugement prononcé fur le mé-
rite des Sujets, relativement à telle ou telle Cure 5 ce ju-
gement íeroit prononcé en deux fois. Nécessaire pour quel-
ques Diocèses, elle pourroit s'appliquer à tous : enfin, elle
préíènteroit un avantage bien précieux, celui de donner
des facilités pour soumettre, à Pégard des Cures, la faculté
de résigner, à des règles qui en préviendroient les abus. Ne
pourroit-on pas, en effet, exiger que les Curés qui auroient
de justes raisons de se démettre de leurs Cures, ne pussent
choisir leurs Résignataires que parmi les Sujets admis au
Concours générai ? Us ne peuvent résigner qu'en faveur de
Sujets capables 3 ils 11e devroient donc résigner qu'en fa-
veur des Sujets qu'un jugement folemnel a déclaré capa-
bles. La Loi qui leur feroit imposée, auroit pour objet Pin-
térêt de PEglise 6c des peuples : pourroient-ils s'en plain-
dre lorsqu'on feroit céder à ces motifs puissants, les droits
,
mêmes des Collateurs 6C des Patrons ?
On présentera ici des projets de Règlement rédigés fous
cette double forme. Des observations fuccintes, jointes à
chaque article, en développeront Pesprit, en rappelleront
les motifs, 6c, ce qui est fur-tout important, indiqueront
leurs rapports avec les dispositions des Règlements qui exifi
tent déja fur cette matière.
DU CLERGÉ DE FRANCE , i AOUT 1786. 917

PREMIER PLAN
Des dispositions générales d'un Règlement qui établitvit dans
un Diocèse le Concours pour les Cures.
ARTICLE PREMIER.
J- OUTES les Cures du Diocèse de dont la-
collation ou présentation appartiennent à des Colla-
teurs ou Patrons Ecclésiastiques, seront à Pavenir con.
férées par la voie du Concours, 6c d'après un examen
fait dans la forme qui fera ci-dessous prescrite.
A R T I C L E 11.
Wes Cures vacantes seront mises au Concours im-
médiatement après la vacance à moins que PEvêque
Diocésain ne juge à propos de, différer la tenue du
Concours. Pourra en conséquence ledit Evêque, met-
tre plusieurs Cures au même Concours, ou tenir plu-
sieurs Concours à la même époque 6c de fuite, lui-
vant le nombre des Cures qui vaqueront, fans néan-
moins que lefdites Cures puissent être laistées vacantes
plus de six mois. Voulons que lefdites Cures ne puis-
sent pour raison de ladite vacance, être impétrées en
Cour, de Rome par prévention.
La Déclaration de 174Z, Article V, limite à quatre mois
le temps auquel on pourra remettre la tenue du Concours.
Ce terme, trop long dans plusieurs circonstances, ne le
feroit pas toujours assez : on peut Pétendre à six mois, en
annonçant, conformément au Concile de Trente 6c à la Dé-
claration de 1774, Article III, que les Cures doivent être
en général, 6c autant qu'il est possible, mises au Concours
immédiatement après la vacance.
ARTICLE III.
Les Cures qui vaqueront pendant les mois affectés
•$i 8 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

aux Gradués dans les lieux où f expectative des gra-


des est établie, 6c lorsqu'il y aura des Gradués due-
nxent ìésinués, ne pourront être miles au Concours
que six mois après la vacance, 6c dans le cas seule-
ment où aucun desdits Gradués insinués n'auroit re-
quis lefdites Cures.
II est à propos d'énoncer, en termes exprès, la forma-
lité de Pinsinuation des grades, afin de prévenir les diffi-
cultés qui naîtroient dans le cas de la vacance, en mois de
grades, d'une Cure, dont le Patron ou Colîateur n'auroit
reçu précédemment la signification d'aucun Gradué. En
suivant la lettre de la Déclaration de 1744, Article III, il
faudroit laisser vaquer, pendant fix mois, ces sortes de
Cures, avant de les mettre au Concours.
ARTICLE. IV.
Le jour de Pouverture de chaque Concours, fera
fixé par une Ordonnance de PEvêque, laquelle fera
notifiée au Clergé du Diocèse quinze jours au moins
avant celui qui aura été indiqué. Laissons cependant
à la prudence des Evêques de donner, s'ils le jugent
à propos, une Ordonnance générale au commence-
ment de Pannée, pour annoncer les jours auxquels
s'ouvriront les Concours qui seront tenus pendant
cette année.
La Déclaration de 1742., Article V, 6c celle de 1744,
Article II, déterminent la manière dont la notification de
POrdonnance du Concours fera faite. La forme pouvant
varier à cet égard, ne doit être réglée que par les Lettres-
Patentes des différents Diocèses 3 elle pourroit même être
laistée dans chaque Diocèse à la prudence de PEvêque.
Le Concile de Trente n'avoit point-fixé de terme entre
la publication de l'Ordonnance 6c la tenue du Concours. La
Déclaration de 174X est pareillement muette fur ce point,
6c celle de 1744 ne demande que dix jours d'intervalle.
En étendant ce terme jusqu'à quinze, on sera plus asiuré
que toutes les personnes intéressées auront été instruites de
DU CLERGÉ DE FRANCE, i AOUT 1786. 919
Pépoque du Concours, 6C on leur donnera plus de facilité
pour s'y rendre.
L'alternative des Ordonnances particulières 6c succes-
sives ou d'une feule Ordonnance générale, est exprimée
,
dans la Déclaration pour la Bretagne.

A R T I C L E V.

Le choix des Examinateurs, qui doivent assister au


Concours, fera fait par PEvêque, dans la forme qui
fera prescrite pour chaque Diocèse. Ils feront nom-
més pour trois ans.
hes Examinateurs doivent être nommés par PEvêque,
6c ne peuvent Pêtre que par lui 3 nos Ordonnances font
d'accord en ce point avec le Concile de Trente.
Le Concile veut qu'ils soient approuvés par le Synode 3
les Ordonnances exigent seulement que le choix qui en aura
été fait, soit déclaré en Synode, 6c au défaut de Synode,
déclaré, d'une manière authentique, au Clergé du Diocèse.
Cette notification est en effet estentielle, parce qu'elle ren-
dra les vaiïations impossibles 3 mais la forme dans laquelle
elle fera faite, pourra varier dans chaque Diocèse, à raison
de la variété des circonstances 6c des usages.
Au reste rien n'ajoutera davantage à toutes les formalités
qui pourroient être adoptées, que de donner à la nomina-
tion des Examinateurs un terme assez long, pour assurer la
liberté de leur ministère, en leur en assurant Pexercice. Sui-
vant le Concile de Trente, ils peuvent être changés tous les
ans, 6c sette faculté paroît supposée dans les Déclarations,
Articles I 6c IV.
ARTICLE VI.
Les Examinateursexerceront leurs fonctions gra-
tuitement 3 ils seront nommés au nombre au moins
de six 3 un de ces Examinateurs au moins fera pris
parmi les Dignitaires ou Chanoines de la Cathédrale,
autres que les Grands-Vicaires ou Commeníaux de
PEvêque, 6c deux parmi les Curés du Diocèse. II y
$io PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

cn aura deux qui Ieront Gradués, 6c tous seront éle-


vés à POrdre de Prêtrise. S'il ne se trouvoit pas quatre
Examinateurs au moins en état d'assister au Concours,
outre PEvêque , lorsqu'il sera présent, ou celui de
ses Grands-Vicaires qu'il aura nommé pour présider
en son absence, PEvêque ou son Grand-Vicaire y
suppléera par la nomination de Sujets capables., pour
cette fois feulement, 6c fans tirer à conséquence.
Le Concile de Trente veut que PEvêque nomme au
moins six Examinateurs, 6c les deux Déclarations semblent
les lîxer à ce nombre. Ce ne feroit peut-être pas assez pour
tel Diocèse 6c dans telle occasion 3 s'il ne pa-roîc pas qu'en au-
cun cas on doive en nommer moins, il semble qu'il ne peut
jamais y avoir de Pinconvénient à en nommer davantage.
La Déclaration pour la Bretagne, Article IV, exige la
présence de quatre Examinateurs pour rendre le Concours
valable. Si celle de 1744, Article V, n'en a demandé que
trois, c'est fans doute parce que telle étoit la disposition du
Concile de Trente, qui fait Loi dans les Provinces Belgi-
ques. Ce nombre feroit suffisant 3 mais en l'augmentant, on
ne fera qu'augmenter la confiance»
L'un* 6c l'autre Déclaration requièrent, dans quelques-
uns des Examinateurs, la qualité de Gradués 3 en y ajou-
tant que quelques-uns encore íeront pris parmi les Cha-
noines de la Cathédrale 6c les Curés du Diocèse, la Loi
ne fera que prévenir ce qu'une pratique sage 6c éclairée
étabìiroit par-tout. Cette restriction, mise à la faculté ré-
servée aux Evêques de choisir les Examinateurs, aura l'a-
vantage de présenter un garant légal de la bonté du choix
qui sera sait par les uns, 6c de la liberté des suffrages qui
íeront donnés par les autres.
Si aucune des Loix du Concours n'a exprimé que les Exa-
minateurs feroient élevés à POrdre de Prêtrise, ce n'est sans
doute que parce qu'elles ont regardé cette qualité comme
trop évidemment indispensable*
ARTICLE VII.
Pendant la vacance du Siège Episcopal, le premier.
des
DU CLERGÉ DE FRANCE, Ï ÂOUT 1786. 911
des Grands-Vicaires choisi par le Chapitre, jouira
,
de la même prérogative de présider au Concours, fans
que, pendant ladite vacance , il puisse être fait aucun
changement en ce qui concerne lefdits Examina-
teurs , si ce n'est en cas que par la mort ou Pabfence
d'une partie d'iceux il ne s'en trouve pas au moins
,
quatre pour assister au Concours, outre le Grand-
Vicaire, qui doit y présider, auquel cas ledit Grand-
Vicaire aura le pouvoir de suppléer au défaut de ceux
qui ne seront pas en état d'y assister, jusqu'au nom-
bre de quatre, pour cette fois seulement, 6c sans tirer
à conséquence.
Conforme aux Articles III 6c VI des Déclarations.

ARTICLE VIII.
Les Examinateurs nommés par PEvêque, seront
tenus, à Pouverture du premier Concours, auquel
ils assisteront 6c en présence des Concourants, de prê-
ter entre les mains de PEvêque, ou de son Grand-
Vicaire ou du premier des Grands-Vicaires nommés
,
par le Chapitre, le Siège vacant, serment d'exercer
fidèlement leurs fonctions 3 6c dans le cas où il auroit
été nécessairede nommer extraordinairementdes Exa-
minateurs pour suppléer à Pabfence des Examinateurs
ordinaires, ceux qui auront été nommés prêteront,
à Pouverture du Concours auquel ils doivent assister,
le même serment.
Le serment des Examinateurs est prescrit par le Concile
&les Ordonnances, Articles IV 6c VIL Cette formalité est
importante 3 6c pour empêcher qu'elle ne soit négligée, il
convient de lui donner Pappareil dont elle est susceptible.
C'est dans la même vue, qu'on propose à PArticle XV ci-
dessous, d'en faire mention dans le registre du Concours.

ARTICL /E I X.

Le Concours se fera dans la Ville Episcopale, ou


Procès-verb. slk 17 8 j-17 8 6. Ppppp
9ii PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
même dans telle autre Ville du Diocèse qui paroîtra
plus propre à cet effet, 6L qui fera déterminée par le
Règlement, ou laislée au choix de PEvêque.
La position de la Ville Episcopale, à l'une des extrémités
du Diocèse, pourroit engager à indiquer le Concours dans
queiqu'autre lieu plus également à portée de tous ceux qui
doivent s'y rendre.
ARTICLE X.
Tout Vicaire du Diocèse qui y aura exercé les
fonctions curiales pendant deux ans, ou tout Prêtre
approuvé dans le Diocèse depuis quatre ans fera
,
censé convoqué par la seule Ordonnance de PEvê-
que. N'entendons néanmoins que les Evêques ne
puistent accorder aux Gradués en Théologie, dont la
capacité S£ les talents seront à eux connus, les dis-
penses qu'ils jugeront convenables par rapport au
temps ci-dessus marqué.
En présentant ainsi la publication du Concours, fous la
forme d'une convocation générale, on exprime la vérité de
la chose, 6c l'on écarte ces idées de course ambitieuse que
Pinterprétation trop servile des mots a pu faire naître. Les
jeunes Ecclésiastiques ne paroîtront plus être amenés que
parle devoir 6c l'obéissance, à un examen dont ils ne sau-
roient se dispenser, quand même ils le redouteroient.
Les clauses de cet Article font les mêmes pour le fonds,
que celles de P Article IX des Déclarations de 1.742 6c 1744-
ARTICLE XI.
Les noms de tous ceux qui, en conséquence de la-
dite convocation, se présenterontau Concours, seront
inscrits fur une liste dressée à cet effet 3 6c il fera fait
mention fur ladite liste des attestations que lefdits Vi-
caires ou Prêtres approuvés, auront reçues des Curés,
Doyens, Archiprêtres ou autres Ecclésiastiques, fous
les yeux desquels ils auront travaillé ainsi que de
>
DU CLERGÉ DE FRANCE , i AOVT 1786. 923
leur âge, du temps auquel ils ont été ordonnés Prê-
tres, 6í de celui de leur service, pour être ladite liste
présentée aux Examinateurs, 6L y avoir par eux tel
égard que de raison.
Ces précautions íont sages, 6c dictées par les Déclara-
tions, Articles XI 6c XII.
ARTICLE XII.
Ceux qui auront été ainsi inscrits, seront exami-
nés fur les Livres de PEcriture-Sainte 6c les Traités
de Théologie dogmatique 6c morale, qui auront été
indiqués avant le commencement de Pannée ainsi
,
que fur les fonctions du Ministère 6c le talent de la
Prédication. L'examen se fera de vive voix ou par
écrit, 6c les points ou questions à proposer, seront
concertés entre le Président du Concours 6c les Exa-
minateurs.
Des dispositions générales paroissent plus convenables,
que des dispositions détaillées, qui contrarieroient peut-
être dans la fuite d'autres arrangements indiqués par l'ex-
,
périence, ,
6c plus appropriés aux circonstances locales. II
est bien certain au moins que ces détails devant être rela-
tifs à chaque Diocèse, ne peuvent être prévus ô£ fixés que
par des Règlements particuliers, si l'on a cru devoir les
faire entrer dans les Déclarations de 1741, Articles XIII
6c XIV, 6c de 1774, Article XII. C'est fans doute parce
que l'une ne regardoit qu'un seul Diocèse, 6c l'autre que
les Diocèses d'une feule Province : mais la différence même
des Articles qui les contiennent, prouve que la pratique
à cet égard ne fauroit être uniforme.
La Déclaration de 1742 ordonne, que l'examen se fera
par écrit 3 celle de 1744 semble avoir supposé qu'il feroit
tait de vive voix. Ces deux formes d'examen font bonnes 3
il peut être utile, ou même nécessaire, de les employer tour-
à-tour. La Déclaration de 1774, Article IV, autorise éga-
lement l'une 6c l'autre.

Ppppp 2.
924 PROCES-VÈRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

ARTICLE XIII.
Le jour de Pouverture du Concours, PEvêque, ou
son Grand-Vicaire 6c les Examinateurs, conféreront
ensemble 6c hors la présence des Concourants, fur
,
Page ,1a conduite, les services de chacun d'eux, 6c fur
toutes les qualités qui peuvent le rendre propre au gou-
vernement de la Cure, ou des Cures vacantes. Us pro-
céderont ensuite à l'examen des preuves de capacité
6c de talents que les Concourants auront données,
soit dans le préíent Concours, soit dans les Concours
précédents 6c fur le tout ils formeront leurs avis
,
d'après lesquels, à la fin du Concours, PEvêque, ou,
ion Grand-Vicaire nommera les Sujets qui auront
,
été jugés les plus dignes de remplir la Cure, ou cha-
cune des Cures vacantes, & il ne pourra en être nom-
mé moins de trois pour chaque Cure 3 ledit jugement
se fera à la pluralité des suffrages 3 6c en cas d'égali-
té la voix du Président fera prépondérante.
,
On a cherché dans la rédaction de cet Article, à mar-
quer combien l'on méconnoîtroit la nature 6c l'objet du
Concours, si l'on penfoit qu'il donne tout aux talents 6c
aux connoissances.
Cet Article, au surplus, renferme des dispositions capi-
tales dont il convient de développer les principes.
i°., U détermine combien il fera présenté de Sujets au
Colîateur ou Patron. Suivant le Concile de Trente on doit
,
nommer au Concours tous les Sujets reconnus capables de
bien gouverner la Paroiste. A cette disposition générale, la
Déclaration de 1744 a ajouté une clause particulière 5
elle a voulu qu'on en présentât toujours trois 3 6c telle est
la forme à laquelle on croie devoir s'arrêter, en faisant
sentir que si cette détermination empêche d'en nommer
jamais moins de trois, elle n'ôte point Pobligation d'en nom-
mer davantage, toutes les fois qu'il s'en trouvera un plus
grand nombre d'également capables. Considérée fous ce
point de vue, elle est toute à l'avantage des Patrons.
DU CLERGÉ DE FRANCE, I Aour 1786. 925
On ne rappelle point les usages de la Bretagne 6c des
autres Pays de Concordat à cet égard 3 ils ne peuvent avoir
ici aucune application.
20. II en est de même de la manière dont le jugement
du Concours doit être formé. Si l'on penfoit qu'aux ter-
mes de la Déclaration de 1742 , PEvêque a seul le droit
de juger, en sorte que les Examinateurs soient censés ne
donner qu'un avis, il faudroit observer que le Pape en
,
Bretagne, a pu disposer de son droit comme il a voulu,
6c confier aux Evêques stuls Pexercice d'un pouvoir qui
n'appartenoit qu'à lui seul.
30. L'Article XIII de la Déclaration de 1744 veut,
que les trois Sujets qui auront été jugés les plus propres à
remplir la Cure vacante, soient nommés dans un ordre qui
indique le degré supérieur ou inférieur de leur capacité. Quoi
qu'il en soit des motifs qui ont dicté cette disposition ri-
goureuse 6c. sans vouloir en discuter les avantages ouies
,
inconvénients, on remarquera feulement qu'il semble qu'une
telle précision, souvent difficile à atteindre, ne sera jamais
nécestaire.
ARTICLE XIV.
Les Curés du Diocèse pourront être compris dans
les nominations mentionnées en PArticle précédent,
fans qu'il soit besoin pour eux de s'être présentés au
Concours. 11 fera pourvu de la même manierc aux
Cures que leur nomination feroit vaquer, 6c lefdi-
tes Cures ne pourront être par eux résignées en fa-
veur , ou pour cause de permutation.
Le Concile de Trente n'avoit rien statué par rapport aux
Curés, 6c les deux Déclarations ont cru, fans doute , faire
beaucoup pour eux en les autorisant à se présenter au Con-
,
cours , lorsqu'ils en auroient obtenu la permission de PEvê-
que. II est bon en effet de ne pas leur ôter la possibilité d'un
changement qui peut être mérité., ou devenir nécessaire 3 il
est essentiel fur-tout que des Ministres déja exercés dans
,
des places moins difficiles, puissent être appelles à des postes
plus importants : mais faut-il pour cela les obliger à tenter
926" PROCÈS-VËRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
les hasards d'une épreuve qui semble peu convenir à leur
âge &C à leur caractère, 6c qui feroit si avantageusement
remplacée par le témoignage que de longs ícrvices ren-
droient de leur mérite?
II faut donc que les Curés puisient être nommés au
Concours fans qu'ils soient tenus d'en subir personnelle-
,
ment Pexamen : mais c'est
alors fur-tout qu'il ne feroit pas
juste que celui qui, par la saveur du Concours, vient d'ob-
tenir une Cure nouvelle, pût y soustraire la sienne 6c en
disposer à ion gré.

ARTICLE XV.
II y aura un Registre ou Livre des Concours, qui
fera tenu au Secrétariat de PEvêché, fur lequel on
écrira la date de Pannée 6c du jour de Pouverture de
chaque Concours, les noms & qualités des Exami-
nateurs, íoit ordinaires, íoit extraordinaires, &C les
noms de tous les Concourants3 il y fera fait mention
du serment prêté par lcídits Examinateurs, ainsi que de
la nomination des Concourants jugés les plus dignes
,
de remplir la Cure ou chacune des Cures vacantes.
A la fin du Concours ledit Registre fera signé par
PEvêque ou son Grand-Vicaire, 6c contre-signé par
le Secrétaire de PEvêché.
Cet Article est absolument conforme aux Articles XV
6c XVIII des deux Déclarations. On a cru seulement de-
voir y ajouter, qu'il feroit fait mention dans le Registre
du ferment prêté par les Examinateurs.

ARTICLE XVI.
II fera délivré gratuitement 6c fans frais, à ceux
qui auront été ainsi nommés, une attestation, signée
de PEvêque ou de son Grand-Vicaire, 6c contre-
signée par le Secrétaire de PEvêché, portant que ceux
à qui ladite attestation sera délivrée, ont été nom-
més comme les plus dignes de remplir la Cure y men-
DU CLERGÉ DE FRANCE, I AOUT 1786. 927
tionnée. Et fur la représentation qui en sera faite au
Colîateur ou Patron, il choisira celui des Sujets nom-
més qu'il jugera le plus digne d'obtenir ses Lettres de
collation ou de présentation : il sera fait mention
de son choix sur le Registre des Concours, au bas de
la nomination desdits Sujets, le tout signé 6c contre-
signé comme destus.
Ce font les dispositions des Articles XVI de la Déclara-
tion de 1742 XIV 6c XV de celle de 1744.
,
ARTICLE XVII.
Voulons que le contenu en notre Présente, 6íc.

SECOND PLAN
Des dispositions générales d'un Règlement qui ètabliroit dans
un Diocèse le Concours pour les Cures,
ARTICLE PREMIER.
J.L sera tenu chaque année dans le Diocèse de
au mois de . * ... 6c au jour qui fera indiqué par PE-
vêque un Concours, ou examen générai de tous les
,
Vicaires 6c autres Ecclésiastiques du Diocèse, ayant
les capacités ci-dessous exprimées, parmi lesquels se-
ront nommés ceux qui seront jugés les plus dignes
de remplir les fonctions de Curé.
L'effet d'un Concours, tel que celui dont il est ici ques
tion devant durer jusqu'à la tenue du Concours prochain,
,
il faut que Pintervalle de l'un à l'autre soit toujours à peu
près le même le temps de leur tenue doit donc être dé-
,
terminé, de manière que la différence des époques soit ren-
fermée dans des termes très-courts.
ARTICLE II.
Le choix des Examinateurs, qui doivent assister au
92S PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Concours, fera fait par PEvêque, dans la forme qui
fera prescrite pour chaque Diocèse 3 ils feront nom-
més pour trois ans au moins.

ARTICLE III.
Les Examinateurs exerceront leurs fonctions gra-
tuitement 3 ils seront nommés au nombre au moins
de six 3 un de ces Examinateurs au moins fera pris
parmi les Dignitaires, ou Chanoines de la Cathédrale,
autres que les Grands-Vicaires ou Commensaux de
PEvêque, 6c deux parmi les Curés du Diocèse. II y
en aura deux qui seront Gradués, 6c tous seront éle-
vés à POrdre de Prêtrise. S'il ne s'en trouvoit pas six
en état d'assister au Concours, outre PEvêque, lors-
qu'il sera présent, ou celui de ses Grands-Vicaires
qu'il aura nommé pour présider en son absence, PE-
vêque ou son Grand-Vicaire y suppléera, par la no-
mination de Sujets capables pour cette fois seule-
,
ment, 6c sans tirer à conséquence.
Deux raisons déterminent à exiger, pour ce premier
Concours ou examen, un plus grand nombre d'Examina-
teurs. iQ. Lè Concours devant être plus nombreux, íoit
parce qu'il rassemblera un plus grand nombre des Ecclé-
siastiques d'un Diocèse, soit parce que le Diocèse est sup-
posé plus étendu, il ne faudra pas moins de six personnes
pour suffire au travail que demandera l'examen successif 6C
comparé des Sujets, 20. II est nécessaire que six Examina-
teurs au moins aient assisté au premier examen, afin que pour
le second, dont il fera parlé à PArticle XII, il soit toujours
possible d'en réunir au moins quatre : condition essentielle,
fans laquelle la partie de leur ministère la plus importante,
puisqu'elle est la plus décisive, deviendroit une formalité
fans objet.
ARTICLE -IV.
Pendant la vacance du Siège Episcopal, le premier
des Grands-Vicaires, choisi par le Chapitre jouira
,
de
DU CLERGÉ DE FRANCE, I AOUT 1786. 929
de la même prérogative de présider au Concours, fans
que, pendant ladite vacance, il puisse être fait aucun
changement en ce qui concerne lefdits Examinateurs,
si ce n'est en cas que, par la mort ou Pabfence d'une
partie d'iceux, il ne s'en trouve pas six pour assister
au Concours, outre le Grand-Vicaire, qui doit y pré-
sider auquel cas ledit Grand-Vicaire aura le pouvoir
,
de suppléer au défaut de ceux qui ne seront pas en
état d'y assister, jusqu'au nombre de six, pour cette
fois feulement, 6c íans tirer à conséquence.

ARTICLE V.

Les Examinateurs nommés par PEvêque, seront


tenus, à Pouverture du Concours, 6c en présence des
Concourants, de prêter entre-les mains de PEvêque,
ou de son Grand-Vicaire, ou du premier des Grands-
Vicaires nommés par le Chapitre, le Siège vacant,
serment d'exercer fidèlement leurs fonctions 3 6c dans
le cas où il auroit été jugé néceslaire de nommer ex-
traordinairement des Examinateurs pour luppléer à
Pabfence des Examinateurs ordinaires ceux qui au-
,
ront été choisis, prêteront le même serment dans la
forme ci-destus marquée.

ARTICLE VI.
Le Concours se fera dans la Ville Episcopale, ou
même dans telle autre Ville du Diocèse qui paroîtra
plus propre à cet effet, laquelle fera désignée par les
Lettres-Patentes, ou laissée au choix de PEvêque.

ARTICLE VIL
Tout Vicaire du Diocèse qui y aura exercé les
fonctions curiales depuis deux ans, ou tout Prêtre
approuvé dans le Diocèse depuis quatre ans, fera censé
convoqué par la feule Ordonnance de PEvêque 3 n'en-
Proces-verb. de 178J-1786. Q qqqq
.930 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tendons néanmoins que les Evêques ne puissent ac-
corder aux Gradués en Théologie dont la capacité
,
6C les talents seront à eux connus, les dispenses qu'ils
jugeront convenables, par rapport au temps ci-dessus
marqué.
ARTICLE VI IL
Les noms de tous ceux qui, en conséquence de la-
dite convocation, se présenteront au Concours, se-
ront inscrits fur une liste drestéeà cet ester 3 6c il fera
fait mention íur ladite liste des attestations que les-
dits Vicaires ou Prêtres approuvés auront reçues des
Curés, Doyens, Archiprêtres , ou autres Ecclésias-
tiques , fous les yeux desquels ils auront travaillé
ainsi que de leur âge du temps auquel ils ont été or-,
,
donnés Prêtres, & de celui de leur service, pour être
ladite liste préíentée aux Examinateurs, 6c y avoir
par eux tel égard que de raiíon.
ARTICLE IX.
Ceux qui auront été ainsi inscrits, seront exami-
nés fur les Livres de PEcriture-Sainte 6c les Traités
de Théologie dogmatique 6c morale, qui auront été
indiqués pour le premier Concours par POrdonnance
de PEvêque, &: pour les Concours suivants, à la fin
du Concours précédent, ainsi que fur les fonctions
du Ministère 6c le talent de la Prédication. L'examen
fe fera de vive voix ou par écrit, ô£ les points ou
questions à proposer, seront concertés entre le Prési-
dent du Concours 6c les Examinateurs.
ARTICLE X.
Le jour de Pouverture du Concours PEvêque,
,
ou son Grand-Vicaire 6c les Examinateurs, confé-
reront ensemble, 6c hors la présence des Concou-
rants , fur Page de chacun d'eux, fa conduite , ses
DU CLERGÉ DE FRANCE, I AOUT 1786. 951
services, 6c fur toutes les qualités qui peuvent le ren-
dre propre au gouvernement d'une Paroisse, ils pro-
céderont ensuite à l'examen des preuves de talents 6>C
de capacité que leidits Concourants auront données,
soit dans le préíent Concours, íoit dans les Concours
précédents 3 Si far le coutils formeront leurs avis,
d'après leí quels, à la h n du Concours, PEvêque ou
son Grand-Vicaire nommera les Sujets qui auront
été jugés les plus dignes 3 ledit jugement íe fera à la
pluralité des lustrages 6c en cas d'égalité la voix
, ,
du Président fera prépondérante.

ARTICLE XI.
Les Cures du Diocèse de....... dont la collation
ou présentation appartient à des Collateurs ou Pa-
trons Ecclésiastiques, ne pourront être conférées, en
cas cle vacance , qu'à des Sujets qui auront été nom-
més au Concours immédiatementprécédent, ou à des
Curés du Diocèse 3 le tout dans la forme ci-deílous
prelcrite. Voulons , en coníéquence , que lefdites
Cures ne puistent pour raison de ladite vacance
, ,
être impétrées en Cour de Rome par prévention :
ne pourront pareillement lefdites Cures être résignées
en faveur, ou pour cause de permutation, qu'auxdits
Curés du Diocèse, ou Sujets nommés audit Concours.

ARTICLE XII.
Lorsqu'une Cure viendra à vaquer, 6c immédia-
tement après la vacance, ou au plus tard dans le mois
qui la suivra, PEvêque, ouïe Grand-Vicaire qui pré-
sidera en son absence, astemblera, au jour qui ícra
par lui indiqué , les Examinateurs au nombre au
moins de quatre, pour conférer fur les besoins de la
Cure, 6c les qualités qu'elle demande dans celui qui
en fera pourvu 3 6c après avoir examiné de nouveau
les notes recueillies au Concours, 6c gardées avec
Qqqqq 2
9$i PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
soin ils nommeront, dans la forme ci~desíus pres-
,
crite les Sujets qui, parmi ceux admis audit Con-
,
cours , leur paroitront les plus dignes de remplir la
Cure vacante : il ne pourra être nommé moins de
trois défaits Sujets.

ARTICLE XIII.
Les Curés du Dioceíe pourront être compris dans
les nominations mentionnées en PArticle précédent,
fans qu'il soit besoin pour eux de s'être présentés au
premier Concours ou Examen : il íera pourvu de la
même manière aux Cures que leur nomination pour-
roit faire vaquer 3 6c lefdites Cures ne pourront être
par eux résignées en faveur, ou pour cause de per-
mutation.

ARTICLE XIV.
II sera délivré gratuitement 6c sans frais à ceux
qui auront été ainsi nommés, une attestation lignée
de PEvêque ou de son'Grand-Vicaire ô6 contre-
,
signée par le Secrétaire de PEvêché, portant que
ceux à qui ladite attestation sera délivrée , ont été
nommés comme les plus dignes de remplir la Cure y
.
mentionnée 3 & fur la repréíentation qui en fera faite
au Colîateur ou Patron, il choisira celui cl'entr'eux
qu'il jugera le plus digne d'obtenir íes Lettres de
collation ou de présentation.

ARTICLE XV.
N'entendons comprendre, dans les dispositions des
Articles X & XT ci-dessus, les Cures qui vaqueront
pendant les mois affectés aux Gradués dans les lieux
ci- i expectative des. grades est établie 3 .6c loriqu'ii
y aura des Gradués duement insinués, auquel cas lef-
dites Cures nc pourront y être íbumiles que six mois
DU CLERGÉ DE FRANCE, i 'AOUT iy%6. a\z
après la vacance, 6í dans le cas seulement où aucun
desdits Gradues insinués n'auroit requis lefdites Cures,

ARTICLE XVI.
II y aura un Registre ou Livre des Concours, qui
fera tenu au Secrétariat cle PEvêché, fur leouel
on
écrira la date de Pannée 6c du jour de Pouverture du.
Concours, les noms 6c qualités des Examinateurs qui
y auront assisté 6c les noms de tous les Concourants 3
il y fera fait mention du serment prêté par lesdits Exa-
minateurs, ainsi que de la nomination des Concou-
rants jugés les plus dignes. Ledit Registre fera signé
par PEvêque ou son Grand-Vicaire, 6c centre-sip-nc
par le Secrétaire de PEvêché, 6c l'on y inscrira suc-
cessivement les nominations des Sujets jugés les plus
dignes de remplir chacune des Cures vacantes, les
collations ou présentations faites en conséquence des-
dites nominations, ainsi que les résignations qui pour-
roient être faites dans le courant de Pannée, confor-
mément à P Article XI ci-dessus.
ARTICLE XVII.
Voulons que le contenu &c.
,

DU JEUDI, TROIS AOUT 1786,


a neuf heures du mâtin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra- ex xv


SÉANCE,
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à jdemain Vendredi, 4 Août,
à neuf heures du matin.
%,
Signé >JÊ AR.THUR.-RICHAR.D Archevêque 6c Pri-
,
mat de Narbonne, Président.
934 PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU VENDREDI, QUATRE AOUT i786,


à. neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.


*

cxxvi 1k /fsOnseigneur PArchevêquede Narbonne a-dit : Que,


SÉANCE. JJTJL conformément aux ordres de PAflemblée, il s'étoit
rendu avec Monieigneur PArchevêque de Bordeaux chez
M. je Garde des Sceaux 3 qu!ils avoient eu avec lui une Ion-
ç-ue conférence fur
l'assaire des Portions congrues 3 qu'ils
avoient été pleinement latisfaits des diípositions que ce Chef
de la Magistrature avoit annoncées , relativement aux vues
du Clergé, íur ìes objets intéreflants que se propose PAí-
semblée, & que M. le Garde des Sceaux avoit promis
de communiquer, íous peu de jours, le travail à M. le
Premier Président du Parlement de Paris.
Mesteigneurs 6c Messieurs les Commiflaires pour les
,
Portions congrues, ont pris le Bureau. Monseigneur PAr-
chevêque de Bordeaux, Chef de la Commission, a rendu
compte des états des Diocèses de Tulle, Dol, Bazas, Aleth,
Condom, Vabres, Fréjus, Autun oè" Usez. Le travail de la
Commission a été appouvé par PAstemblée.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à létirs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, j Août,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6c Primat
de Narbonne, Président.
DU CLERGÉ DE FRANCE, j AOUT 1786. 935

DU SAMEDI, CINQ AOUT i786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs' les Commissaires, pour la CXXVII


Religion 6c la Jurisdiction, ont pris le Bureau. Mon- SÉANCE,
seigneur PArchevêque d'Arles-, Chef de la Commission,
a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Des Bulles expresses 6c folemnelles, reçues dans le Royau-
me, ont consacré, depuis plusieurs siécles, en faveur des
Chanoines attachés aux Chapelles Royales, le droit d'être
tenus 6c réputés présents pendant tout le temps de leur ser-
vice. Cette dérérence étoit bien due à l'auguste Protecteur
des Eglises du Royaume. Mais le Souverain a mis lui-mê-
me des bornes à Pexercice de ce privilège, afin de ne pas
surcharger les Cathédrales ÓG les Collégiales ÓG que le Ser-
divin de s'y faire la , requise. Ainsi
décence
vice continue avec
s'expriment nos Ordonnances. On se plaint que le Grand-
Conseil qui a Pattribution de ces sortes de causes n'est
, ,
pas toujours fidèle à maintenir de û sages dispositions. II
s'agiroit de prendre des mesures pour les faire plus relip-ieu-
sement exécuter. L'un de nous a fait au Bureau, fur ce
point intéressant de discipline, un Rapport solide 6c lumi-
neux, qui nous a paru mériter , à tous égards, Pattention
de PAssemblée. Ce Rapport a été fait ainsi qu'il fuit.
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
La plupart des Eglises Cathédrales 6c Collégiales se plai-
gnent, depuis long-temps, du trop grand nombre de Cha-
noines privilégiés. On appelle ainsi ceux qui, fans assister
ou même fans résider, font tenus présents à leurs Bénéfices.
9 3 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
11 ne s'agit point, Messeigneurs 6c Messieurs, de porter
atteinte aux privilèges considérés en eux-mêmes. On con-
vient qu'ils font émanés d'une autorité légitime 3 qu'ils ont
<lû être accordés aux besoins de PEglise 6c de PEtat 3 que
d'ailleurs ils font consacrés par une Jurisprudence constante
6c uniforme. LesChapitres du Royaume ne réclament votre
protection que contre Pabus qui en résulte , 6c qui s'op-
pose non-seulement à la soìemnité, mais à la décence de
POstìce canonial.
Cet abus, nous le dirons'avec la confiance qu'inspirent
la justice 6c la piété du Roi, prend fa source dans la mai-
son de Sa Majesté, dans celles des Princes 6c Princesies qui
composent la Eamille Royale. Tous les autres privilèges,
quoique d'ailleurs très-multipîiés, font soumis à des con-
ditions qui en circonscrivent Pexercice dans de justes bor-
nes. Ou ils n'ont qu'un ester momentané, ou ils exigent la
résidence, ou ils font restreints à un nombre déterminé,
qui n'est susceptible d'aucun accroiíìement. Si, malgré des
précautions aussi sages, ils íe trouve quelquefois des infrac-
teurs, il ne faut en accuíer, ni les Loix, ni la Jurisprudence.
H n'en est pas ainsi Mesteigneurs 6c Meilleurs de
, ,
Pexemption attachée aux Chanoines Commensaux des
Maisons Royales. Le Grand-Conseil seul juge des contes-
tations relatives à leurs privilèges, leur accorde à tous la
présence indistinctement 6c sans aucune restriction. De-là
deux inconvénients qui nous ont paru devoir arrêter vos
regards.
Le premier est Pétendue du privilège non pas aux
,
Aumôniers, Chapelains 6c Cieics de Chapelle des Maisons
Royales, mais à ceux qui n'y remplissent aucune fonction
réelle, ou qui n'en exercent que de laïques -6>Cséculières.
Tels font les Maîtres des Requêtes des Princes, frères du
Roi. Ce Corps est en partie composé de Chanoines 6c
Dignitaires qui jouissent, dans leurs Eglises respectives,
des droits attachés à la commenfalité.
Le second inconvénient résulte du trop grand nombre de
ces privilégiés dans les mêmes Eglises. En esset, puisqu'on
isoppose, à cet égard, aucun frein à l'arbitraire, il doit ar-
river
DU CLERGÉ DE FRANCE, J AOUT 178e. $yy
river que Pamour de la liberté joint à Pespérance d'obte-
,
nir des Bénéfices à la collation du Roi, détermine beaucoup
de Chanoines 6c de Dignitaires à se procurer des places ou
des titres dans les Maisons Royales : 6c si par une combi-
naison qui n'est pas fans exemple, 6c qu'on peut toujours
craindre ces Commensaux appartiennent à une même
,
Eglise, dès-lors il n'y reste plus le nombre de Ministres suf-
fisants pour le Service divin, ou au moins pour fa célébra-
tion avec la décence 6c la majesté convenables.
,
Vous appercevez, Messeigneurs 6c Messieurs, toutes les
suites d'une Jurisprudence aufll vicieuse. Le culte extérieur
ainsi dépouillé de sa dignité, n'ossre plus aux fidèles les mê-
mes moyens d'édification , devenus cependant plus néces-
saires dans jan siécle trop célèbre par les progrès de Pincré-
dulité. Le but des Fondateurs n'est point rempli, la disci-
pline ecclésiastique est violée, 6C la saine politique réprouve
un ordre de choses qui tend à fixer dans la Capitale une
multitude de Bénéficiers contre Pintérêt temporel de leurs
Provinces.
Les considérations les plus fortes se réunissent donc pour
proscrire le double abus que nous avons Phonneur de vous
désigner 3 mais si. la Jurisprudence qui Pautorise, est desti-
tuée de fondement solide, si elle est elle-même une infrac-
tion aux Loix 6c aux Règlements, combien la réclamation
des Chapitres devient-elle légitime 6c favorable ! Or c'est
ce qu'il faut conclure des diverses Ordonnances concernant
les privilégiés de la Maison du Roi.
II étoit juste d'accorder des prérogatives aux Chanoines
& Dignitaires attachés aux Chapelles du Roi, de la Reine,
des Princes 6c Princesses du Sang Royal. Aussi leurs privi-
lèges sont-ils très-anciens 3 les titres en font consignés dans
les Bulles des Papes Alexandre IV> Grégoire X, Martin IV,
Jean XXII & Clément VI.
Cependant on s'apperçut dans le seizième siécle, c'est-a-
dire, dans un temps où le nombre des Chanoines Com-
mensaux étoit bien inférieur à celui d'aujourd'hui, que des
privilèges illimités expofoient les Eglises à être privées de
leurs Ministres. Cette considération détermina Henri II à
Procès-verb. de 1785-1786. Rrrrr
9 3'8 PROCES-VERBÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
uonner un Edit au mois d'Avril i JJ4, portant que les Ca-
thédrales ÓG Collégiales dont les Bénéfices ne font point d la
,
nomination du Roi, ne pourroient être chargées au plus que
de deux Privilégiés ÓG que celles dont les Bénéfices font à
,
la collation du Roi, Aie feroient tenues d'en admettre que qua-
tre , à la charge qu'il pourroit y en avQir jusqu'à jix, fi le
nombre des Chanoines étoit de quarante.
Cet Edit, qui ne fut point enregistré pendant le règne
de Henri II, mais fur des Lettres-Patentes confirmatives,
données par Charles IX au mois de Janvier 1567, a cons-
tamment servi de base à la Jurisprudence du Parlement de
Paris. Ainsi lorsque le Clergé présenta PEdit de Me lu n de
1580, dont P Article VII porte , que les Chantres de la Cha-
pelle du Roi, lorsqu'ils seront hors de quartier, jeront tenus
d'aller desservir en personne les Prébendes ÓG autres Bénéfi-
ces sujets à résidence dont ils auront été pourvus, autrement,
óG À faute de ce faire, seront privés des fruits desdites Pré-
bendes ÓG autres Bénéfices jujets à résidence, le Parlement
modifia ainsi PArticle ci-dessus : A La charge que ledit Edit
sera gardé avec lArrêt donné le Lundi, dixième jour de Fé-
vrier l'an 1578, entre Mc Robert Pichon, Chantre ordinaire
du Roi, d'une part, ÓG Mc Henri Lambert, d'autre. C'étoit
un Arrêt par lequel le Parlement avoit fixé, conformément
à PEdit de 1554, le nombre des Officiers de la Chapelle
du Roi qui dévoient jouir de la présence dans une même
Eglise.
Les Chantres 6c Chapelains des Chapelle 6c Oratoire du
Roi, obtinrent bientôt des Lettres-Patentes dérogatoires à
PArticle Vil de PEdit de Melun 3 mais lors de P Arrêt contra-
dictoire, qui intervint le zj- Janvier 1 5 8z , entre le Clergé
6c les Officiers de la Chapelle du Roi pour l'enrégistre-
ment de ces Lettres, il fut dit qu'elles feroient enregistrées, à
la charge du nombre porté par les Arrêts de la Cour.
Le Conseil du Roi n'étoit pas moins attentif que le Par-
lement à maintenir cette limitations. Par son Arrêt du 19
Juin 1585, après avoir statué fur ce qui concernoit en par-
ticulier le Chapitre de Meaux, il fit un Règlement géné-
ral, dont voici ks dispositions ; Et pour obvier qu'a l'ave-
DU CLERGÉ DE FRANCE , $ A o UT 1786. 939
mr les Eglises Cathédrales ÓG Collégiales de ce Royaume ne
soient surchargées de privilégiés non réjìdents, l'entretenement
ÓG continuation du jervice ÓG la décence requise plus mal-
f
aisés Sa Majefié veut ÓG, ordonne que ïEditfur ce ait en
,
l'année 1554 par feu, d'heureuse mémoire, le Roi Henri II,
soit entretenu ÓG gardé ; à savoir, quesdites Eglijes Cathé-
drales ÓG Collégiales, n'étant en la disposition ou collation
du Roi, n'y au au plus que deux privilégiés des Chapelles
de Leurs Majefiés ; es Eglises dont les Prébendes font d la
collation du Roi, n'y ait au plus que quatre privilégiés des
dites Chapelles ; ÓG au regard de celles auxquelles le nombre
efi de quarante Chanoines ÓG plus, y puijfe avoir jusqu'à jix
d'iceux privilégiés, gagnants les jruits de leurs Prébendes
ainsi ÓG à la mamere qu'il a été ci-dejjus ordonné, ce que Sa ,
a
Majefié veut être observé ÓG gardé, Jans y être aucunement
contrevenu.
11 suit de ces dissérentes Loix, i°.
que le privilège n'é-
toit affecté qu'aux Officiers des Chapelles Royales 3 z°. que
le nombre de ceux qui en jouistoierît, n'étoit point indéfini,
mais subordonné à celui des Chanoines, dont étoient com-
posées les Eglises Cathédrales 6c Collégiales. Ces Règle-
ments, aussi sages que nécessaires, concilioient les droits des
Commensaux, avec ce qu'exige la décence du Service di-
vin dans les principales Eglises du Royaume, lorsque les
Déclarations de 1666 6c de 172.7 ont donné lieu à un chan-
gement dans la Jurisprudence.
La première de ces Déclarations fut accordée à la solli-
citation des Officiers de la Chapelle du Roi, pour écarter
les obstacles que plusieurs Chapitres apportoient à Pexer-
cice de leurs privilèges. Foulons, dit Sa Majesté, que les
Sous-Maîtres Chapelains Chantres, Clercs, Enfants de nos
,
Chapelle, Oratoire ,
óG Chambre, Bénéficiers ÓG Ojficiers de
notre Sainte-Chapelle de Paris ,ÓG tous autres employés dans
les états, soient tenus ÓG réputés présents en toutes les Egli-
ses de notre Royaume, pour tous les Bénéfices, Offices ÓG
Dignités que chacun d'eux a ou aura ci-après efdites Eglises
pendant tout le temps de leur service ; savoir, les ordinaires
pendant toute l'année ceux de semestre pendantfix mois, ÓG
, Rrrrr z
3*4° PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ceux de quartier pendant trois mois, ÓG deux mois encore à
chacun d'eux pour venir ÓG retourner à leurs Bénéfices ; qu'ils
en jouissent ÓG perçoivenî tous les fruits
ÓG revenus... d la
réserve des distributions manuelles....fans que les Chapitres
vuijsent changer ÓG innover en aucune manière la forme des
paiements ÓG difiributions au préjudice des exposants , déro-
geant, quant d ce, a toutes délibérations ÓG résolutions d'as-
semblées Ordonnances, Capitulaires ÓG Arrêts à ce con~
,
traires.
La Déclaration de 172-7 se propose les mêmes vues, ôc
confirme les mêmes prérogatives : elle déroge, il est vrai,
à quelques dispositions de celle de 1 666 3 mais cette diffé-
rence est étrangère à l'objet dont il s'agit.
Ces deux Loix furent adressées au Grand-Conseil, au-
quel elles attribuent exclusivement la connoiíìance de tou-
tes les contestations qui pourroient naître à ce sujet.
Voilà Messeigneurs 6>CMessieurs, quel a été le principe,
,
ou plutôt le prétexte des exemptions illimitées. Le Grand-
Conseil ne s'est cru lié, ni par les Règlements primitifs qu'il
n'avoit pas enregistrés, ni par les Arrêts rendus en consé-
quence par le Parlement de Paris. Ce Tribunal n'a voulu
connoître que les Déclarations de 1666 & de 17273 6C
comme elles n'énoncent aucune efpece de restriction, il a
étendu le privilège à tous les Chanoines 6c Dignitaires qui
font fur les états de Sa Majesté, fans avoir égard, ni à la
nature de leurs fonctions, ni au nombre auquel ils se trou-
vent dans la même Eglise.
Mais d'abord comment peut-on opposer le défaut d'en-
registrement de PEdit de 1554, 6C des Lettres-Patentes de
1 j 67 ,
puifqu'à ces époques le Grand-Conseil ne connois-
soit point des causes des privilégiés de la Maison du Roi ?
L'attribution qui lui en a été faite, ne date que de Pan-
née 1666, 6c n'a pu anéantir des Loix enregistrées au Par-
lement devenues dès-lors des Loix publiques de PEtat. Le
,
Grand-Coníeil devoit donc en maintenir Pexécution, à
moins qu'elles n'eussent été abolies par les Déclarations
postérieures.
Or, les Déclarations de 1666 6c de 1717, ne les ont
DU CLERGÉ DE FRANCE, 5 AOUT 1786. 941
point abrogées. En effet, pour détruire des Loix aussi im-
portantes , dictées par la piété de nos Rois 6c par Pintérêt
du Culte divin, il faudroit une dérogation formelle, qui
ne se trouve, ni dans l'une, ni dans l'autre de ces Décla-
rations : au contraire, elles n'approuvent 6c ne confirment
les privilèges accordés aux Ofíiciers des Chapelles Royales,
que conformément aux Lettres-Patentes des Rois prédé-
cesseurs, du nombre desquelles font celles de 1567, enre-
gistrées au Parlement.
D'ailleurs, l'objet de ces deux Loix étoit relatif aux re-
présentations des Chanoines Commensaux. Ces privilégiés
ne réclamoient point contre la fixation déterminée par PE-
dit de 15 J4, 6c par l'Arrêt du Conseil de 1585 : ils se plai-
gnoient de ce que plusieurs Chapitres vouloient restreindre
Pexercice de leurs privilèges, soit en bornant à un mois le
temps de leurs voyages, soit en changeant la forme des
distributions, dans la vue de les priver d'une portion con-
sidérable de leurs revenus, soit enfin en leur opposant des
statuts particuliers, en vertu desquels ils étoient frustrés de
certains droits dont jouissoient les Chanoines résidents. C'est
fur ce seul exposé que le Souverain prononce : il dégage le
privilège de ces différentes atteintes. Par fa Déclaration de
1666, il accorde deux mois aux Commensaux pour aller
aux lieux de leurs Bénéfices 6c en revenir, 6c prohibe tout
changement dans la forme des distributions qui leur feroit
préjudiciable. Par celle de 172.75 il écarte les difficultés qui
provenoient dés Règlements particuliers des Chapitres, 6C
veut que factuelle résidence soit suppléée par le service dans
ses Chapelle 6c Oratoire. II déroge en conséquence aux
Arrêts 6c Ordonnances Capitulaires contraires à ces dispo-
sitions. Là s'arrête le Légistateur 3 il ne parle point du nom-
bre des privilégiés qui peuvent concourir dans une même
Eglise, parce qu'il n'y avoit aucune plainte à ce sujet, 6c
que c'étoit un point déja fixé par la Loi.
Ainsi le silence des Déclarations fur un objet aussi es-
,
sentiel, loin de prouver Pabrogation des anciens Règle-
ments, serviroit plutôt à les confirmer. Dira-t-on que les
dispositions des dernieres Loix, font incompatibles avec les
c»4z PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
précédentes ì Mais au lieu de se nuire, elles se concilient
&C íe suppléent mutuellement. L'Edit de 1554 avoit seu-
lement fixé le nombre des Commensaux dont les Es;lises
pouvoient être chargées : il restoit à déterminer de quelle
manière le privilège devoit s'exercer. Voilà ce qu'exécu-
tent les Déclarations de 1666 6c de 17x73 6c ces nou-
veaux Règlements j qui n'ont rien de commun avec les pre-
miers étoient devenus nécesiaires, à raison des contesta-
,
tions élevées par les Chapitres. Rien n'empêche donc que
des Loix qui ont chacune des objets fi différents, ne con-
servent toute leur force, ne puissent subsister 6cs'exécuter
ensemble.
On lit, il est vrai, dans la Déclaration de 1666, les
dispositions íuivantes dont on a souvent abuíé. Et tous au-
,
tres employés dans les états, feront tenus ÓG réputés présents
en toutes les Eglises de notre Royaume, pour tous les Béné-
fices Ojjices ÓG Dignités que chacun d'eux a ou aura ci-apres
,
efdites Eplifis. II luit de-là, fans doute, qu'il surfit d'être
íur les états des privilégiés de la Maison du Roi, pour pré-
tendre aux exemptions attachées à leurs Ostìces. Mais en
conclure que si tous ceux qui íont inscrits fur ce catalogue,
se trouvoient à la fois membres d'une même Eglise Cathé-
dralc ou Collégiale, ils pourroient y exercer en même-
temps leur privilège 3 ce feroit forcer Pesprit de la Loi. Ces
termes, ÓG tous autres employés dans les états, óGc. n'ont
été placés que pour suppléer au détail des différents privi-
vilégiés qui auroient pu échapper dans Pénonciation 6c Pé-
numération particulières.
Ce qui démontre que telle étoit Pintention de Louis XIV,
c'est PArrct du Conseil-Privé du Roi, du 30 Avril 1708.
II s'étoit élevé une contestation entre le Chapitre de Saint-
Omcr 6c un Chanoine Commensal de la Maison du Roi.
Il s'agiíloit de savoir si cette Eglise, qui n'est compoíée que
de trente Chanoines, 6c dont les Prébendes ne íont point
de collation royale devoit tenir présent çe Commensal
,
concurremment avec deux autres privilégiés du même Or-
dre. Le Grand-Conseil, sur le fondement de la Déclaration
de 1666, s'écaot écarté de P exécution de PEdit de 1554-3
DU CLERGÉ DE FRANCE , $ AOUT 1786. 543
son Arrêt du 19 Janvier 170 j fut cassé par Arrêt du Con-
,
seil, du 30 Avril 1708.
Tels font, en analyse,les moyens de défense qu'ont op-
posés les Chapitres aux prétentions des Commensaux de la
Maison du Roi 3 moyens non-feulement dictés par la droite
raison, mais conformes encore à ce qu'ont écrit fur cette
matière la plupart des Jurisconsultes.Nous ne citerons que
Rousteau de la Combe, qui s'exprime ainsi dans son Dic-
tionnaire de Jurisprudence canonique : Quoique dans les Dé-
clarations du Roi il ne fou point parlé du nombre des Privi-
légiés qui peuvent être dans la même Eglise, d suffit qu'il n'ait
pas été exprejfément dérogé a ce qui a été réglé, à cet égard, par
l'Arrêt du Conseil-Privé, du 1$ Juin 15S4., qui a ordonné
l'exécutionde l'Edit de 1 554, pour dire que cela -doit être ob-
servé comme étantsondé, en grande raison, óGJquitéy qu'au-r
trementd pourroitse trouver des Chapitres remplis d'Officiers
privilégiés,ÓG non sujets a résidence.
Cependant, contre Pattente des Eglises Cathédrales 6c
Collégiales, les Chanoines Commensaux ont été constam-
ment maintenus dans Pexercice illimité de leurs.privilèges.
C'est ce qui résulte de plusieurs Arrêts rendus par le Grand-
Conseil, 6c dont il est superflu de faire Pénumération. II
sufiìra, pour constater la Jurisprudence de ce Tribunal, de
rappelìer ceux du 19 Janvier 1705 pour le Sieur Panissòt,
,
Chanoine de Saint-Omer, 6c Aumônier de Madame la Du-
chesse d'Orléans 3 du 14 Janvier 1769 contre le Chapitre
,
de Meaux dans la cause de M. PAbbé de Narbonne, Au-
mônier du Roi3 6c du 1 z Janvier 1785 en faveur du Sieur
l'Archer, Chanoine d'Evreux, 6c Clerc ,de Chapelle de Ma-
dame Victoire. Dans ces différentes espèces, les Chapitres
opposants étoient grevés du nombre de Privilégiés des Mai-
sons Royales, fixé par les anciens Règlements.
II est à désirer qu'un abus de cette nature ne subsiste plus
à Pavenir dans les. Eglises Cathédrales 6c Collégiales 5 qu'en
respectant le privilège, justement accordé aux Commensaux
de la Maison du Roi, Pexercice en soit restreint dans les
bornes poíées par les anciennes Loix. Vous êtes d'autant
plus autorisés, Messeigneurs 6c Messieurs, à réclamer leur
944 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
exécution, qu'il y a lieu de croire qu'elles n'ont pas été
anéanties. Mais quand même nous serions séduits par Pin-
térêt que doit inspirer la cause des Chapitres 3 quand il
feroit vrai que les Règlements limitatifs ont été abrogés ,.
par les Déclarations de \666 6c de ijiy, les motifs qui
les avoient déterminés en néceísiteroient aujourd'hui le ré-
tablissement. Personne n'ignore combien le nombre des Cha-
noines Commensaux s'est accru depuis plusieurs années.
Sans parler des places nécessaires ou utiles qui les retien-
nent à la Cour, tantôt on fait revivre des titres abandon-
nés 5 quelquefois on en íírée de nouveaux dans la feule vue
de dispenser de la résidence ceux à qui ils font accordés : 6c
n'est-il pas à craindre que ce désordre ne fasie encore des
progrès, si'on diffère davantage de lui opposer Pautorité
des Loix ?
Nous aurons en conséquence Phonneur de vous proposer
de solliciter une Déclaration, qui fixe le nombre des Offi-
ciers des Chapelle 6c Oratoire du Roi, 6c de tous autres Em-
ployés dans les états, conformémentaux dispositions de PEdit
de 15 J4, des Lettres-Patentesde 15 6y des Arrêts du Con-
,
seil de 158.5 6c 1708, excluant du bénéfice de l'exemp-
tion, i°. les places qui réellement-6c de fait, n'ont, ni ser-
vice, ni fonctions à exercer, z®, les charges dont les fonc-
tions font purement laïques 6C séculières, fans préjudice
néanmoins des prérogatives accordées aux Membres du
Conseil, aux Magistrats des Cours souveraines, 6c autres
places importantes à Pétat qu'il plaira au Roi de désigner.
Le Rapport fini, PAssemblée, adoptant P avis de la Com-
mission, a délibéré de solliciter une Déclaration qui fixe le
nombre des Officiers des Chapelle & Oratoire du Roi, 6c de
tous autres employés dans les états, conformément aux dis-
positionsde PEdit de 15 54, des Lettres-Patentes de 1 5 6y, 6c
des Arrêts du Conseil de 1585 6C de 1708, excluantdu bé-
néfice de l'exemption, i°. les places qui, réellement 6c de
fait, n'ont, ni service ni fonctions à exercer 3 z°. les charges
dont les fonctions font, purement laïques 6>Cséculières, fans
préjudice néanmoins dès prérogatives accordées aux Mem-
bres du Conseil, aux Magistrats des Cours Souveraines, 6c
autres
^XJ^LÈR-GÉ DE FRANCE', 7 AOUT 178(3. 94s
autres places importantes à l'Etat qu'il plaira au Roi de
designer.
.Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 7 Août,
à neuf heures du matin.
Signé ï$< ARTHUR-RiCHARD Archevêque 6c Primat
,
de Narbonne, Président.

DU LUNDI, SEPT AOUT 1786,


à neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été cxxvni


SÉANCE.
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Mercredi prochain, 9 Août,
a neuf heures du matin.
Signé ^
ARTHUR-RICHARD Archevêque 6c Primât
de Narbonne, Président. ,

fcllll.i «W—J.l I 1 1 II—II J' 1 I 11 .. t I il HlSg

DU MERCREDI, NEUF AOUT 1786,


a neuf heures du matin.
Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été CXXIX


travailler à leurs Bureaux. SÉANCE.
La Séance a été indiquée à Vendredi prochain, 11 Août,
à neuf heures du matin.
Sìgnel% ARTHUR-RlCHAB#D,Archevêque 6ç Primat
de Narbonne, Président.

Procès-verí. de 1785-178 6. Sssss


^4-6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

DU VENDREDI, ONZE AOUT!'.178.3,.


tí neuf heures du matin.

Monseigneur PArchevêque de Narbonne, Président.

cxxx l^y|~Esseigneurs 6c Messieurs les Commissaires, pour le


SEANCE. J3 .LTemporel, ont pris le Bureau. Monseigneur PArche-
vêque d'Aix, Chef de la Commission, a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
NOUS allons vous proposer, conformément à vos ordres ,'
des réflexions fur un Ouvrage imprimé, qui a pour titre :
Effai historique fur la nature des Seigneuries féodales ÓG
fur les devoirs de celles qui font postidée s par l'Eglise. , Ces
Réflexions jetteront un nouveau jour fur les principes que
vous avez déja développés dans Pimportante assaire des Foi
6ç Hommages. Elles íerviront à développer, avec plus d'é-
tendue, la question intéreflante des Justices, qui semble de?
venir le principal objet de contestation, entre le Domaine
6c le Clergé [1]. "
L'A ute u r de l'Essai historique accorde au Clergé la plus
grande partie de ses exemptions. II ne conteste que celles
des justices posiédées par PEglise.
L'Auteur avoue :
« Que le serment de fidélité des Evêques 6c des Abbés,
33
fut distingué dans tous les temps de la Foi 6c Hommage,
35 6c qu'il ne l'étoit point du serment que
prêtoient, dans
33 íes anciens temps, les Citoyens de tous les
Ordres [z].
33 Que les Evêques &C les Abbés ne
furent point soumis,
33 comme les Seigneurs moins purifiants, 6c les Proprictai-

[1] L'Eífai historique a mérité l'artention, parce qu'il semble écritavee beaucoup
de franchise & d'impartialité ^ paire qu'il suppose une connoiflance familière & raison-
née des monuments cìe l'HiíhMre de France, & parce qu'il élevé des questions in té-,
ressanres de Droit Public qui ne se renferment pas dans les bornes de la cause du Clergé.
[1] Lssai hist. pas. z.,
DU CLERGÉ DE FRANCE, II AOUT 1786. 947
33 res plus foibles aux devoirs de la féodalité envers les grands
» 6>C anciens Feudataires de la Couronne [1].
33
Que dans le même temps que les grands Vassaux ré*-
35
duisirent à la simple prestation de la Foi 6c Hommage
a?
Pancien serment de fidélité, les Evêques continuèrent de
5;
prêter au Souverain le serment de fidélité sans Foi 6c
» Hommage [z].
33
Que Philippe-Auguste,auquel f Auteur attribue, pour
3>
la plus grande partie, les principes ou les progrès des in-
33
féodations, n'avoit point exigé des Evêques un autre fer-
33 ment, que
celui qu'ils avoient toujours prêté au Souve-
33 rain, & qui
n'étoit point celui d'un Vassal [3].
33
Et que depuis le règne de Philippe-Auguste, jusqu'à
33 nos jours,
les Rois de France se sont contentés de Pancien
» serment des Evêques, même pour les Seigneuries fuccef-
33
fivement unies aux anciennes dotations des Eglises [4.] ».
Ainsi PEglise de France n'a jamais été soumise aux devoirs
féodaux à la Foi 6c Hommage aux aveux 6c dénombre-
, ,
ments. Elle ne Pa point été
>
elle ne doit point Pêne. II
ne s'agit pas de faire une Loi nouvelle, de créer un nouvel
ordre de choses. On demande que le Clergé remplifle les
obligations qui lui furent imposées, 6c non celles qui ne lui
furent jamais prescrites.
Nous observerons, en général, que les Auteurs des Mé-
moires opposés au Clergé, ont fondé leurs opinions fur des
raisonnements, 6c non fur des faits. Ils ont établi des prin-
cipes ils ne rapportent pas des Loix. Ils semblent condamner
j
le Gouvernement qui n'a pas suivi les principes. Ils justi-
fient le Clergé qui n'a pas manqué aux Loix.
L'Auteur distingue « les biens de PEglise, de quelque
33 nature
qu'ils soient, en deux espèces.
33
Les uns font des Domaines, des rentes foncières, des
33
propriétés du même genre que celles qui furent données
33
à PEglise par les Empereurs, les Rois 6c les Grands, dans

[1] Essai hist. pag. 9.


[z] ld. pag. 9 10.
[3] Id- Pag- ll , i2-» '3> !4> M > l6> *7 > lS-
[4] W. pag. 19.>
S s S S S z
94S PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

33 un temps où les Fiefs n'étoient pas encore connus.


33
Les autres íont des Seigneuries de la nature de celles
33 qui íe
formèrent pendant l'anarchie féodale, des Justices,
33 des mouvances, des
droits attachés à Pexercice de la Puis.
33 íance
publique [í].
33
Les biens-ronds 6c les Domaines font inaliénables dans
33
leur origine, 6c Pimmémoriale jouissance du Clergé surfit
33 pour en aílurer
la propriété [x].
33 Mais
la Justice est une portion de la Puissance publique
33 que
le Souverain ne peut pas aliéner. Elle n'a pu passer
j? dans
les mains des Seigneurs que par un Contrat, qui ré-
33
serve au Roi le droit de la reprendre en cas de félonnie,
33 6C
de la réformer en cas d'abus. La Foi 6c Hommage est
33
le íeul 6C unique titre qui puisie légitimer la propriété
33
des Justices. L'Egliíe, comme les Seigneurs, ne pourra
v regarder les droits de Justice comme siens, 6c ía propriété
33 comme
irrévocable, qu'à compter du jour d'une inféo-
;3
dation íolemnelle " [3]-
Nous expoíons les principes de PAuteur : nous en sui-
vrons les conséquences.
il s'enfuit que les traités des Rois avec les grands Vas-
saux les Seigneurs 6c le Clergé de leur Royaume, ne for-
,
moient point un titre ; que les serments prononcés par les
Rois dans la íolemnité de leur sacre, 6c renouvelles de règne
en règne, ne rorment point encore un titre, 6c que l'obser?
vation constante de ces ferments, l'exécution non inter-
rompue de ces traités, ne peut pas suppléer au titre qui
manque.
ïl s'enfuit que les Seigneuries attachées à des biens pos-
sédés en franc-Alleu, ont subsisté sans titre, ainsi que celles
de PEglile, parce qu'elles n'étoient point inféodées, 6>Cque
le Roi pouvoit les reprendre dans ía main, parce qu'elles
n'étoient point justifiées par un titre.
II s'enfuit que les Loix 6c les Coutumes ne suffisent pas
pour légitimer la plus antique postestion de ces mêmes Jus
[1] Estai hist. pag'. 17 iS.
,
[zl Id. pag. 28.
[3] ^. pag. 2.6, x7> 18.
DU CLERGÉ DE FRANCE, II AOUT 1780.
049
tices annexées à de franc-Alleux nobles, ou possédées par
PEglise.
Le Clergé jouit de ses anciennes Seigneuries depuis douze
siécles. C'est en vertu du serment de fidélité, 6c non d'au-
cun aóte de Foi 6c Hommage que tous les Evêques, depuis
douze siécles ont été mis en poílestìon des biens & des
droits de leurs, Eglises. Ces droits ont été confirmés fans in-
terruption par les Ordonnances 6c les le r ments de tous les
Rois, par les Arrêts de tous les Tribunaux. Le Clergé ré-
clame la foi des contrats, la religion des serments, la tra-
dition des Coutumes, l'autorité des Loix, Puniformité des
Jugements. La propriété de PEglise est fondée sur cette pres-
cription antique & immémoriale, qui, fortifiée par le cemps,
devient le fondement le plus solide de la possession des Ci-
toyens 6c de la tranquillité des Etats.
II faut en revenir à la source de tous les droits en Fran-
ce, comme parmi toutes les Nations, aux Loix 6c aux Cou-
tumes. Elles varient íans doute chez les différents peuples.
Elles varient dans les différents siécles. Elles peuvent éprou-
ver des changements utiles par le progrès des lumières 6c
de la législation. Mais elles ont leur force 6c leur estet
aussi long-temps qu'elles subsistent. Nous ne pouvons pas
sonder des propriétés fur des opinions. Nous ne pouvons
pas détruire, par des raisonnements, des droits établis par
les Loix.
Ce n'est point fur des raisonnements que nous avons
établi la défense du Clerpc. Nous avons consulté les faits
6c les Loix.
_
o
Nous n'avons point prétendu que toutes les Justices pos-
sédées par PEglise sont allodiales.
Nous avons admis les exceptions, quand nous avons ren-
contré des exceptions.
Les Pairs Ecclésiastiques se font gloire de rendre au Sou-
verain les devoirs 6c les services attachés à la première
dignité du Royaume.
Plusieurs Evêques 6c Bénéficiers doivent la Foi 6c Hom-
mage pour des Justices inféodées, 6C ne cherchent point a
s'en défendre.
9 5 o PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Nous avons même craint que cette expression de Justice
.allodiale ne fut susceptible d'une interprétation douteuse.
On appelle Alleu, une propriété indépendante de toute
autre propriété.
Les Justices, en France ne peuvent pas être indépen-
,
dantes de celle du Souverain.
Nous dstons simplement qu'il y a des Justices en France
qui ne furent point inféodées, qui font, ou qui furent long-
temps unies à des biens tenus en franc-Alleu , 6c qui ne
surent point íoumifes à la Foi 6>C Hommage.
Nous disons que PEglise poslede des Juifices qui lui fu-
rent données avant Pintroducf ion des Fiefs, 6c que ces Jus-
tices n'étoient pas inféodées, quand les Fiefs n'étoient pas
connus.
Nous disons que les Justices même féodales acquises par
PEglise, furent affranchies par les mêmes titres 6c les mê-
mes Loix que Us autres biens 5c domaines, de tous les fer-
Vices de la féodalité.
On fait par quels degrés le régime féodal est devenu
celui de la plus sjrande partie des propriétés, La dépendance
des Fiefs n'etoit pas la condition primitive des fonds. IDes
Poílcsseurs libres ont trouvé plus d'avantages dans une ser-
vitude qui leur assuroit une protection utile. Les mêmes ti-
tres qui formèrent leur nouvelle servitude, attestent leur
ancienne allodialite.
Quand le Comte de Cominges consentit à rendre un
premier Hommage au Comte de Toulouse, il fut reconnu
« que ses biens n'avoient jamais été des Fiefs , 6c que
ses
prédécesseurs les avoient tenus en Alleu de temps immé-
33
33
moriaì [i] 33.
L'Histoite de Dauphine rapporte ces termes d'une an-
\ 1] Q_ubdscuda pr&diíla qu& modo recepic à sepè dicko Comité Tolosano , ipse vel
anteccjsores cjus non tenuerum in feudum ab aliquâ seculari vel ecclejïaslicâ personâ, irno
erant allodìum propúum j ò' ita ipse & antecessores ejus tenutruncpro allodiò cujus mc-
moria non extabat.
Voye-^ les Actes d'inféodation de Robert Comte de Dreux , d'Adhémar, Comte
,
de Valence. Galand Ca^eneuve.
,
De Bertholds, Seigneur de Malines. Fond, de Fl. tom. ï,pag. 311.
De Guillaume de Soliac Bourgogne. Glossaire de du Cangc tom. 1 > pag. 337.
De Guillaume de Laon,
en
fous Philippe de Valois. Reg. 66 du
, Trésor des Chartres
,
an. 1} 3 1.
DU CLERGÉ DÉ FRANCE ji i AOUT 1786. j
p r
cienne inféôdat-idn volontaire : « qu'il soit notoire que je
33 reconnois aujourd'hui tenir dtí
Roi en Fief 6c en Hom-
33 mage lige ,contre tous ceux qui peuvent vivre & mourir,
33 la terrequeje
possédois; en hérédité 6c en Alleu [ r]'-»-."
Nous retrouvons une infinité d'áéfes de Ces Fiefs offerts,
qu'on appelle Fiefs de reprise» Leurs Possesseurs exercoient
la Justice dâns leur Domaine ev souvent lès droits rég-a-
,
liens. Ces A étés, qui dénaturent l'étàf des biens, ën consa-
crent le souvenir, 6c nous ne ponvòhs'établir les droits du
plus grand nombre des Fiefs, que fur i es mêmes titres qui
démontrent Pancienne allodialité dés Justices.
« Les Vicomtes de Turénne, dit M. de Thou , né pré^
33'tendoient tenir leurs biens que dé Dieu 66 dé saint Mar-
33
tial. Ils ne reconnoissoient aucun Seigneur supérieur, ni
33
le Roi lui-même ; ô£ les privilèges dont ils jouissent en-
33 core,
font la fuite de leur ancienne immunité [2] 33.
Quand saint Louis voulut rétablir l'autorité de les pro-
pres Justices, il ne changea point P état des Justices seigneu-
riales -5il ríe contesta point la propriété de celles émi n'étoient
point soumises aux services des' Fiefs. Ses établissements
marquent Pétendue de chaque Jurifdiót.ion 6c ses limites.
II étend Pinfpection des Seigneurs supérieurs fur les délits
de leurs Vassaux. II autorise Pappel des Vassaux à la Cour
du Roi. II donne la saisine en cas de contestation aux
, ,
Officiers Royaux [3]. II n'abolit pas les droits ; il réforme
îes abus. II ne retire pas le pouvoir; il en prescrit les for-
mes. II donne des Loix pour régler Pexercice des immuni-
tés seigneuriales, 6c pour en maintenir la propriété.
Si les Rois de France ont voulu détruire les franchises
des terres les plus considérables, ils ont cru devoir en faire
Pacquisition eri donner le dédommagement. II étoit dans
leur justice de, les rèconnoître, quand il étoit dans leurs vues

[1] Hist. du Dauph. pag. 841. On pourroit citer dans toutes les Provinces un grand
nombre d'Actes semblables.
[1] Principes ab initio vice Comitatûs titulo eum traclum tenucrunt in pleno &' supremo
dominio ita ut neminem superìorcm ne Regcm quidem agnoscerent.. & illo jure usi
3 _, . .
sunt quasi à Deo solo & beau Martialis corpore quod in Sacello Turennx arcis colitur.
Hift._,ïhuan. lib. 25, pag. 119.
[3] Etabl. de saint Louis, liv. 1 cri. 4, 6 ; !iv, 1 ch. 3.
, ,
$$% PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de les détruire. ErP-ajç^ui&ionir&.le-^dommagçmentdés
droits en confirment ia iégitimké. ;
M. de Salvaing, Premierr Président de la Chambre des
Comptes de Dauphine^mentionne plusieurs terres avec
Justice, tenues en franc-A lieu f Ï ^.
On nomme encore en Roustiìlon ..,.,,
un grand nombre de
--
terres décprées de la Justice, pour lesquelles pn n'a point
de recoiinoissance à,donner,, ni d'hommage à rendre \si\,
6>C des Sentences çontiudiéfoires.de la Cour du Domaine
de, RouíLîllon:,,ont idéçla-ré,des Seigneuries avec Haute-
Justice astranchies de la Foi: 6>C Hommage ,[3].
,
.; Les Jugements des Tribunaux ont été conformes aux
Loix. Quand les Loix n'ont pas prononcé la servitude, les
Jugements ont prononcé la franchise.
Plusieurs,.Coutumes définissent le franc-Alleu, « celui
....où
33 il y a Seigneurie, Haute-Justice, &.dont leudétenteur
33 n'est tenu de faire hommage à personne [4].»...:
La maxime reçue en France, que Fief 6c Justice n'ont
.;
rien de comrnun,,est; fondée fur ces exemples autrefois, íl
fréquents des Justices non féodales, comme fur les exem-
ples, chaque jour plus multipliés \ des Fiefs fans Justice.
Des Auteurs 6c des Jurisconsultes, ont donné même un
..
^ ÍII f
. t
;. .
> ' ~
,

[i] La Terre de Beaufort exceptée dans un aveu, comme franche & de franc-
Alleu de toute ancienneté."Celle de Breílieu soumise à la mouvance du Roi, par son
,
érection en Marquisat. Celle de Todure devenue un Fief, par la libre volonté du
pòfleíseur, & pour une récompense convenue. Salvaing de l'usage des Fiefs, Part, z,
3
pag. 8 & 9.
[i] Registres de la Cour du Domaine de RoníIIllon.
[3] Item tcnerc & posjldcrc in puro & franco allodio jurisdicliones qus. pertinent
....
ad merum 6* mixtum Imperium & altam jurisdiclionem prout hac omnia & alia in diclo
ìnslrumento sufiùs continentur pr&dìila omnia & fingula pcr dïclum nobihm Joannem
....
Deulbert & de Grimane viduam uti hcrcdem dicÌA nobilis Victoria de Oris d'Onesa
liberJ. sranca & allodialia suisje & esse G' absque servitio & servitute in puro libéra3
& franco, allodio donata & concessa 3 3
prout in diclis regiis concejsionibus3 unà datâ Barci-
none vigejìmâ Januaru 1387, & altéra Valencin. 1309, prascrtim quia pro nunc mediqn-
ûhus antiquis lecognitionibus de contrario non confiât & proinde diclis regiis concefsw-
3
nìbus alio in contrarium non apparente de jure cfi slandum. Ris igitur & aliis mcrhis
3 3
proce.Jjùs & aclontm attentis dictum nobilem Francijcum de Blcsja absolvit. Ibid. Sen-
3
tences du 13 Mai ìçyj.
Nous Conseillers & Commissaires, avons relaxé & relaxons ledit François de Roz,
Comte de Saint-Félix, des fins & conclusions contre lui prises par ledit Fermier ( du
Domaine).... lui réservant droit pour répéter la portion des lods, payée pour raison
dudu lieu de Reynes ; condamnons ledit Fermier de la moitié des dépens. Ibid. ann. 1 690.
[4] Cour. deTroyes, Art. 53. Coût, de Nivernois Art. 10. Cour, de Vnri, Art.
,
19 & autres.
Ions
DU CLERGÉ DÉ FRANCE, n AOUT
9J2 1786.
long catalogue des Fiefs 6c Terres possédées avec mouvance
6c Justice, fans relever d'aucune mouvance [1].
II en est qui disent que « la Jurisdiction peut» être con-
» férée en Fief, en Office, en Alleu [2] »>.
II en est qui distinguent l'Alleu, le Fief 6c la Jurisdic-
tion 6c qui font sentir les distérences de la directe des biens
,
6c de la Justice.
II en est qui reconnoissent des Justices qui ne font, ni
Seigneuriales, ni Royales, telles que les Justices Munici-
pales. Elles ne font point Seigneuriales, parce qu'il n'y a
point de Fief. Elles ne íont point Royales, parce qu'elles
ne font point tenues du Roi, 6c qu'elles ne lui font point
reportées par des Seigneurs intermédiaires [3].
Dumoulin définit le franc-Alleu noble, « celui auquel
33 la
Jurisdiction est attachée, ou dont dépendent des Fiefs
33 6c des
Cens [4] 33.
.
Dumoulin dit encore, « que le Souverain n'a point la
« Seigneurie des propriétés particulières, 6c qu'il n'est ap-
33
pelle Seigneur universel, que par rapport à la jurisdiction
" & à la protection [j] ».
II semble que Dumoulin 6c Loiseau font tombés en con-
tradiction avec eux-mêmes. L'un reconnoît la Justice an-
nexée au Franc-Alleu 3 l'autre reconnoît l'allodialité des Jus-
tices municipales, 6>C l'un 6c l'autre pensent que la Justice,
par sa nature, est féodale 6c non allodiale, 6c qu'elle doit
être reconnue du Roi comme un Fief.
Loiseau n'a point: d'autorité, parce qu'il ne s'appuie que
fur l'autorité même de Dumoulin, 6>CDumoulin n'allègue
d'autre raison « que l'indispensable nécessité de conserver

[1] ChaíTanée, Reg. de Ponté.


[2] Scias, i°. quòd jurìsdiclio triplicitcr conféra potesl aut in alhdium & naturam
3
liberam vel in seudum aut in officium notant Doclores
, 3 ... in dubio quia Principis con-
cesjìo plenisjìmam habct interpretationcm & cùm extendi débet ad largam Uheralitazem
3
pr&sumitur concesjìo in allodium. Chassanxns in Catalogo gloria: mundi, decis. S 6.
[3] Salvaing, pag. S & 9. Capibianco, Loiseau. Tr. des Seigneuries 3 ch. i<5, p. 233.
[4] Allodium ìiobile est ìllud cui coharet jurifdiclio vel à quo dépendentseuda 3 vel
censualia prxdia. Dumoulin, tit. 1 des Fiefs, pag. 657, n°. 3.
[5] Imò etiam supremus Princeps,
non est fundatus in dominio rerum particularium ,
nec dicitur universalis Dominus, ni/z quoad jurisdiclionem & proteclionem. Dumoulin ,
tit. 1 des Fiefs, pag. 659 n°. 5.
,
Proces-verb. de ,
178j- 178e. Ttttt
9j4 PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

53
la supériorité directe, 6c le droit de l'appei 6c dures-
33 fort
[i] ».
..
Cette supériorité directe n'est point sans doute la supé-
riorité féodale. Quand Dumoulin établit la question sur la
féodalité même, il ne la suppose pas décidée , 6c le droit
de l'appei &C du reílort peut le conserver fans l'intervention
de la féodalité.
Dumoulin 6c Loiseau ne rapportent, ni les Ordonnan-
ces, ni les jugements conformes à leur opinion , 6c n'expli-
quent point la contradiction de leurs principes avec le tait
des justice? tenues en franc-Alleu.
L'Eglife, toujours subsistante, a conservé ses Justices
dans cette même franchise 6c cette même allodialité, dont
on voit que les principes ont gouverné, même depuis l'éta-
biiíìemcnt des Fiefs, un grand nombre de franc-Alleux no-
bles auxquels la Justice étoit annexée.
Les Justices données à l'Eglise sont aussi anciennes que
la Monarchie.
Des Ordonnances de 466 donnent le pouvoir aux Evê-
ques , 6c leur imposent l'obligarion « déjuger les causes 6c
les Juges mêmes, de réformer les décisions iniques qui
33
33
tendroient à l'oppression du peuple, 6c de renvoyer par-
33
devant le Roi les Comtes qui ne voudroient pas se sou-
33 mettre
à leurs Jugements [i] 33.

[ 1] Et sc quantumeunque fit ( Jurifdiclio) unita Castro vel latisundio allodiali 3 tamen


scudalis cjl & in scudo recognoscenda à Rege qui non potuit dominiutn direclum nec jus
supremarum appcllationum jurìsdiclionissua in totutn vel in minima parte addiccre vel
appropûarc. Dumoulin, t. i, des Fiefs, pag. 65 S. Id. pag. 78.
[2] Adjunclis fibi a/iis viris honestis 3 Epifcopus inter eos negotium discuterc vel ter*
minare procurât , ita ut st contemni se à Comité , vel nolle cum adquiesccre veritati Sa-
cerdos inspexcrit, potestatis ejus stf cumdctn Comitem legis hujus pcrmistlone constringere 3
& cnújjo justo judicio cum rei compofiûonc rem de quâ agitur petentibus partibus confi-
gnarc. 1 ex Wisig. lib. 2 , art. 29.
Qubdfihi qui judiciariâ potestate sunguntur, aut injuste judicaverint causarn 3 aut per-
versam volucrint in quostibet serre sententiam : tune Epifcopus in cujus hoc territorio agi-
tur 3 convoeûto Judicc ipso qui injustus affermir, atque Sacerdotibus3 vel idoneis alìis viris
negotium ipsum unà cum Judicc 3 commuai sencentiâ 3 justisfimc terminabit. Qjibdsì per-
versâ contentione Judex ipse permotus iniquum à Je datum judicium , exhortante Epis-
copo 3 nolutrit resormare in melius 3 tune Episcopo ipfi licitum crit judicium de opprejjl
causa emittere ; ita ut quod à Judicc ipso perverjo judicau.m, quodve à se correelum cx-
titerit 3 in speciali formula judicii fui àebcat adnotarc 3 steqm: idem Epifcopus , & euin qui
opprimitur3 & emistum à se de opprejjl CÙUSÍI judicium 3 nostris procurée dirigere fenstbus
pertraclandum. lbid. n°. x:;x.
DU CLERGÉ DE FRANCE J II AOUT 1786'. $>JJ
Ces dispositions font répétées dans un Diplôme de Clo-
taire premier en 560 [1].
Clovis, en 496 défend « d'inquiéter un Monastère dans
,
33
ses poil estions j il défend à íes Officiers 1 entrée dans les
33
Bourgs, Villages 6c- cours des Religieux, soit pour en-
« tendre les cauíes, soit pour exiger les droits [z], » 6c cette
clause est sans ceíìe répétée dans les anciennes Ordonnances
des Souverains. Nous avons compté dans le Recueil des
Historiens plus de deux cents Chartres, depuis Clovis jus-
,
qu'au règne de Henri premier, qui renouvellent la même
Ordonnance dans les mêmes termes [?,].
Clotaire ìi ordonne aux Grands &C aux Evêques « de
33
choisir dans les lieux même ceux qui doivent exercer leur
33
justice, 6C cn recevoir les émoluments [4] 33.
Clotaire íí régie la compétence entre les j uses des Epiiscs
S£ les tiens [jj.
Un Concile de Rheims témoigne que les Vassaux des
Eeiiles font dans leur immunité [6].
Charìcmagne prescrit les qualités que doivent avoir les
Officiers de Justice des Evêques 6c des Abbés. [7] ìl dé-
fend aux Oíiiciers Royaux « d'exercer aucune Juriídiction
33 íur ceux qui
cultivent les terres Ecclésiastiques, à moins

[ 1]Si Judcx aliquein contra legein injuste damnaverit, in noflni ahsaitiâ ab Episco-
pis cajìigctur ; ut quod perperc judicavit_, versatim rnclihs dijiusjionc habita emendarc pro-
caret. Ciotharii Régis Constu. gênerai, an. 560. Capitul. tom. 1, pag. S.
[ 1] Ncmo pr&d;xlas res coruin inquictare audeat, nec in corum vicos vel villas &
cartes , ad causas audiendas3 nec ad manstones saciendas, nec jreda exacl.anda 3 nec ulL:s
j'uncliones requirendas, ingredi pr&sumat. R.ec. des Hiíl. de France, par Dom .Bouquet,
tom. IV, pai;. 615.
[ 3 ] Id. diplomata ad calcem tom. 4,5,6,7,8,9,10.
3
I4J Episcopi verb vel potentes qui in aliis pofsidcnt regionibus Judiccs vel rniffos dis-
cufjofcs de aliis l'rovincïis non instituant nist de loco qui justitiam percipiant ù' aliis
reddant. Edict:. Clôt, z, an. 615. Concil. t. 14 pag. 413.
[5] Qui verb convicli sucrint de crimine capitali, juxta Canaries dijlringantur3 & enram
Pontificibus examinentur quod fi causa inler personam publicain & homincs Ecclefia stc-
3
terit, paiiter ab utráauc parte Pr&pofiti Ecclejiarum 6' Judcx publiais 3 in audientiá pu-
blicâ postti ea debcant jiidicare
.... nec abj'que proeseruiâ Episcopi aut Préposai bccle-
stâ e[Jc judicandos vel ad. publicum revocandos. lbid. pag. 412.
[6] QuaproptcrJìcitt & ill& res ac facilitâtes de quibus vivunt Clcrici. ita & il/asub
consecrationc inimunitatissunt de quibus debent militare vafJaUi, 6' pari 3tuitìonc a régi A
3
potstate in Ecclejiarum astbus debent morari. Cap. Karoli Cnlvi, an. 8 5 8 , pag. 10H.
[7] Ut Episcopi;, Abbates3 atque AbbatìJJx. 3 Advocatos atque vice Dominos Cente-
ìiarioj'que legem scientes & justitiam dilipentes pacisteosque & mansuctos habcant
3
quia nullatenus neque Pncposttos neque Advocatos damnofos & cupides in Monaflcria
habere volumus à quibus magis, non blasphcmia vel détrimenta oriantur.... Capitul.
7 . .
Karoli magni an. Soz pag. 366".
, , T 1111 %
$)6 PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

33
qu'ils n'aient pris cette condition en fraude pour se fous-
33 traire aux
charges publiques [i] ». R&"ì
II veut que les Eglises exercent la Justice criminelle 6c
civile « íur tous ceux qui habitent dans leur territoire [2] 33.
Un Capitulasse de Charles le Chauve distingue les jurif-
dictions du Roi, celles des Seigneurs 6c celles des Eglises [3 ].
La Justice, parmi les Francs 6c dans les premiers temps
de la Monarchie, n'étoit que la protection donnée contre
la vengeance. Chaque osseuse avoit son prix. La compo-
sition en étoit réglée. La Justice autorifoit la composition,
6c réprimoit la vengeance. Cette protection avoit ía ré-
compense. Le droit des Juges s'appelloit Fredum. Ce ter-
me désigne la jurisdiction, 6c les anciennes Chartres attri-
buent aux Egliíes la perception du Fredum.
M. de Montesquieu pense que » les Justices furent d'a-
33
bord établies dans les domaines des Eglises. Les Eglises,
33
dit-il, eurent le droit de faire payer les compositions dans
33
leur territoire, 6c d'en exiger les Freda; 6c comme ces
33
droits ernportoient nécessairement celui d'empêcher les
3j
Oiiiciers Royaux d'entrer dans le territoire pour exiger
33 ces
Freda 6c pour exercer .tous actes de Justice, le droit
j
33
qu'eurent les Ecclésiastiques de rendre la justice dans leur
33 territoire,
fut appelle Immunité dans le style des For-
33
mules, des Châtres 6c des Capitulasses [4] 33.
Telles étoient, dans le septième siécle les dispositions
,
communes des Ordonnances 6C des Donations en faveur

[1] Ut servi aldioncs libcllarii antiqui vel alii novitersacli, qui non persraadem
j 3 3 ,
neque per malum ingenium de publico servitio se subtrahentes , sed per solam ncccjjitatcm
& paupertatem tetram ccclestastìcam colunt, vel colendam suscipiunt, «0/2 à Comite vel
3 3
aliquo Ministro illius ad ullam angariam feu servitium publicum vel privatum cogan-
3 3 3
tur vel compellantuT : sed quidquid ab cis juste agendum est , à Domino vel Patronosuo
ordinandum est. Si verb de aliquo crimine accusantur Epifcopus primo compcllctur &
3 3
ipse per Advocatum Juuin, secundutn quod lex est, juxta conditionem stngularium perso-
narum 3 justitiam saciat. Si verb culpabiles fucrunt 3 fiait in Capitulari dornus Lmpcrato-
ris Jcriptum est 3 ita fiat. C<ttcri verb homincs liberi 3 qui vel commendationcm_, vel be-
neficium ccclefiafiicum habent, stcut rcliqui homincs justitiam faciant. Legis Longobardo-
mm , lib. 2, tit. 44, cap. 2, edit. Lindenbroq.
[2] Inprimis omnium jubendurn est ut habcantEcclefin, carum jufiitias 3 tam in vitâ il-
lorum qui habitant in ipsts Ecclcfiis quèmquc inpecuniis & Jubstantiis corum. Capitul. 4,
anni 806, art. 1. Baluz. tom. 1 p.3 449.
,
[3] Episcopi quique in suis Parochiis, & miffl in illorurn mijsaticis, Comitesqucin'corum
Comitatibus pariter placita tencant. Capit. Car. Calv. insin. car. capit. tom. 2 p. 87.
,
[4] Efpt. des Loix, tom. 2, p. 33S.
DU CLERGÉ DE FRANCE., 1786. 95JÎI AOUT
des Eglises, que les Justices des Eglises font l'objet de plu-
sieurs des Formules de Marculfe [1].
II n'y avoit avant rétablissement des Fiefs, que deux
fortes de propriétés, les Bénéfices 6c les Alleux.
La propriété des Justices possédées par l'Eglife à perpé-
tuité, ne se confondoit pas plus que celle de ses autres biens
6c domaines, avec la jouiílance précaire des anciens Bé-
néfices.
Les Justices possédées par l'Eglife, n'étoient point tenues
en Bénéhces 3 elles étoient donc tenues en Alleux.
« Si les actes de donation des Rois 6c des Seigneurs,
33 die Muratori, transmettent les biens comme propres, 6c
33 sils transmettent la Jurisdiction avec les biens, la con-
33
cession est d'un Alleu 6c non d'un Bénéfice ou d'un Fief,
s?
C'est.une observation importante, dit-il encore, que nom
33
seulement les terres 6c les fonds, mais les cours même 6c
33
les forteresies étoient postédés.à titre d'Alleux [i] 33.
Depuis fintroduction des Fiefs, les Justices cédées à l'E-
gliíe font déclarées franches, ou font affranchies de la féo-
dalité, comme les Fiefs 6>C autres biens cédés à l'Eglife.
On ne pou voit pas retenir les droits féodaux íur les
Justices des Eglises dans le même temps qu'on détruifoit
,
les droits même des Fiefs, pour maintenir les immunités
des Eglises.
On retrouve dans le douzième siécle des donations « de
33
Comtés en Aumône avec toutes leurs Coutumes 6c ap-
33 partenances [3] 33.

[1] la'uur noverit solcrtia vestra quod.... ut in villabus Ecclcfix, domni il'ius quas
3 3
moderno tempare aut nostro aut cujustibet munerc haberc videtur, vel quas deinceps injure
3
ipfiussancli loci voluerit divina pietas ampliarc 3 nul/us Judcx publiais 3 ad causas audien-
das, aut freda undique exigendum ullo unquarn temporc non prssumat ingredi : sed hoc ipje
3
Pontisex vel succ essores cjus propter nomen Domini, sub integroe. emunitatis nomineva-
3 3
leant dominari. Form. de Marculf. lib. i art. 3 4, 1 5-16.
,
[i] Proindè in Reguni aliorumque donationibus , animadvertendum est
num propnetatis
aut ad proprium mentio fiat3 atque an concédais omnem in res datas fibi competentemdi-
tionem, in altenun transtulerìt. Qiiod quotiescurnque occurrit, ea bona in allodium3 non verb
in beneficium aut feudum concessasuissepatebit. Illui insuper pr&cipuâ observationc dignum
est non pr.tdia tantùrn, sed curtes etiam & castella atque oppida jure olim allodii postcjsa
3
suisse
, ut ciiartoe, ipsz indicant. Muratori , Antiquit. Ital. tom. T , p. 566.
[3] O/rines conjuetudincs & Comitatum & quidquid ad me pertinebat de terra quam On-
digir & Berewoldus Deo & sanclo Bertino ad eleemosinam pauperum 3 tradiderunt dono
Lamberto Abbati de Coenobio cjusdem Christi Confessons Bertini & Fratribus ibidem Deo
9j8 PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Un Acte de fondation du même temps, mentionne en
détail tous les droits 6c biens d'un Chapitre , íC avec toute
Justice, fans autre charge que celle des fonctions cano-
3,
maies [i] ».
„ Une Chartrc remarquable,
en 11 3 i, rend compte de tous
les droits, " Puiílances judicielles, Ban, justice, droits d'ar-
33
restation, de prison, de peine 6c de mort, droits de Fiel"
33 6c
de Vicomte possédés par un, Monastère & tenus de
«
Dieu seul [2] '3.
Un Monastère aliène , en 12.80 5 une terre " avec ses Re-
33
liefs, Droits, Justices, Redevances & Hommages, 6c
33
déclare les poííéder en Alleu de son propre droit, en toute
55
liberté, lans être tenu, envers nul homme, d'aucune íer-
vitude [3] ».
Une Sentence, contradictoire, en 12.65 , déclare que tous
lesbiens 6c droits d'un Monastère, dont la mouvance étoit
réclamée au nom du Roi d'Arrag-on, cc ne font point du
•Fief du Roi, ÒC ne doivent point être renus de lui en Fief,
cc le recensement des mêmes biens, fait en 15 19 par le
Procureur du Roi, comprend la Justice civile 6c criminelle,
comme partie de l'ancienne concession' antérieure à la Se n-
te n ce [4].
l__ _»* ----i -• - — -*—
— ->- - — ... —- _ .. llf

servientibus perpétua poffldendas concesterim. Donaúo Id.x Boloniensium Comitifïa: ,


,
MonniTerio lancti Bertini inArtefiâ, facta an. 1098. Le Myre, p. 22.9 ,3 30.
[x] PrxjatA quoque Ecclefia allodia de ÌWinfia in campis , in fi/vis 3 in pratis de Morscle ,
cum omni jttstitiá terra & filvoe. 3 libère & intégré confirmamus, solis Canonicis ujibus pro-
sutura. Conlîrmatio Tenerccmandani Canonicorum Collegii, ann. 1 ÌOÍÌ , Id. p. 140.
[z | l'L;c sunt igitur aux. légitime & integerrirnepossidet Ecclcfia in quibus Abbas cjusdem
habet omnia jura iudiciariasque poteftates 3 in villa Bronii & in fancla Laurcntio 3 & in
,
parte quam b-abet in Boffleres . ... in his locis & vicis pojstdet Ecclcfia bannurn & justitiam ,
impetimi & butinam iclum & sanguinem , reperturam:, fora telonea , vice Comitatum....
,
tain libère pojstdet3 senti sundator ipfiits loci 3 ríobili prosapiâ exortus beatus Gerardus,
cujus corpus hodiè in mausoleum recondidimus 3 ante converfionemsuam possederat 3 à solo
Deo & prxdeccsjoribus. Id. p. z69.
j 3 ] Et omnes jujlitias justitiarum rationes & relevia & omnia alia jura nobis & Ec-
3 3
clcfia noflrs, in pr&mifiis villis territoriis competentia3 vendidimus illustrisjimo viro
y
Guidoni Conùii Flandria ad opus fui & succefforum cjus ... .jure quod suprà dicla bona nos-
tri erant allôd'à ac proprii juris n ostri & tam libéra conditionisqubd de ipfis & pro ipfis nulli
hominum in aliquo exaciionis servitio tenebamur, & etiam potefiatem plenariam ha-
beremus An. 1 2.80. Le Myre t. z cap. 114, p. 107.
, 3
[4] Pr&dicl.um Bernardum Priorem nomine dicli Monastcrii à petitione dicli Bertrandi
mòtâ nomine Régis per definiúvam sententiam absoivo 3 decernendo prmdicla omnia & fin-
guia non suiste de scudo Domini Régis, & ideireb adjudico eadern non deberc tencri in
seudum pro Domino Rege à diclo Priore & succejjoribus ejus, Regiílre de la Cour du Do-
maine de Rouflillon, an. 1265.
DU CLERGÉ DE FRANCE 3 11 AOUT 1786. 9 59
Nous nous bornons à citer quelques Chartres parmi tant
de Chartres semblables, 6c nous voyons par-tout les Justices
6c les Seigneuries de rEgiife mentionnées dans les dona-
tions en Aumône, comme les biens-fonds 6c les domaines.
Les formules font les mêmes pour la donation des Jus-
tices, comme pour ceilé des autres biens3 -6c ces formules,
toujours répétées, font celles de postessíon allodiale 6c de
propriété absolue , libre 6c quitte de tous les devoirs 6c de
tous .les lervices de la féodalité.
On ne poíiédoit point autrefois des Fortereiîes, des Châ-
teaux , des Seigneuries fans Jurifdicìion. On retrouve ra-
rement d'anciens Fiefs fans Justice. C'est sur-tòut depuis
deux siécles que les aliénations -6c les inféoclations à prix
d'argent, ont multiplié ces Fiefs détériorés qui font íans Ju-
risdiction, 6c dont le titre, sans réalité, ne retient presque
rien.de Ía nature des anciens Fiefs.
Ainsi les Chartres prononcent l'astranchisiement des Jus-
tices de ['Egaie, aussi souvent qu'elles énoncent la frán-
chiíe des Fiels auxquels elles sont annexées. Les justices
de 1 Eglise sont affranchies par les titres d'immunité, quand
elles íont mentionnées, 6c quand elles ne le font pas.
ïl en est des amortistements comme des donations. Les
amortislements ont opéré ou maintenu la franchise des Jus-
tices acquises par l'Eglife comme celle des Fiefs ou des
,
Alleux amortis.
Un Comte de Flandre, en 1 197, reçoit « le déguerpif-
sèment 6c l'abdication faite entre ses mains par un de ses
,,
Vasiaux, d'une terre qu'il tranímet à des Religieux avec
,,
ses libertés, Seigneuries, Redevances, Justices 6c avec
,,
tous ses dïoits fans autre réserve que celle de l'A-
„ ,
vouerie [1] 33.

Cum jurifdicHone civili & criminali concessâ diclis Monastcrio & Priori per Regcrn Ja-
3
cobum inde/ebilis memoria. Instrumentum. An. 15 19. Id.
[1 | Et ego pradictas pojsesfwncs& ornne dominium libertatem omnem G omnem prorsus
3
justitiam, & quidquid ctiam juris habebam in pricdiclis quoquo modo Abbati ò' Monachis
dicli loci ad opus dicli Monasterii dedi tradidi & deliberavi perpétua polfidenda ut
3
autem idem locus & pojsejstones dicli Monasterii qua mine habent qua
& insuturo, Domino
largiente posfidebuntin eo Comitatu quoquo modo in pace penitus ac quiète & summâ li-
.. ,
bertatc semper permaneant, ipstus Ingelramniprece aoncejjì pro sainte anima mes, & pra-
decejjòrum meorum & succejjorum, ut omnis prisât£ Ecciefia postejsio presens 6' sutura
3
libéra ab omni successorum meorum ac suorurn videliect Flandrix Comiturn feu hominum
3
p6o PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Un Yaílal du Comte de Loz, remet à la Cour de son
Seigneur fC un Fief en toute intégrité, avec la Justice 6c
i'Echevinage ,6c le Seigneur le remet à l'Eglife, sans au-
„ celle de la garde du Monastère [i] ,,.
tre retenue
„ Une Chartre que
que nous avons citée, pour marquer cette
gradation de consentement des Seigneurs supérieurs qui for-
moit l'amortissement, affranchit les biens cédés à f Eglise
de toute Jurisdiction 6c Seigneurie séculière [z]. Elle donne
la Jurisdiction à l'Eglife, quand elle exclut celle des Sei-
gneurs, 6c elle amortit tout ce qu'elle donne.
Nous avons rapporté un autre acte, par lequel un Vassal
remet Ces terres à son Seigneur Evrard pour les transmettre
à l'Eglife. Le Seigneur reçoit en ses mains, 6>C transmet à
l'Eglife " la Terre 6c la Justice avec toutes ses appartenan-
ces, libre 6c immune de toute charge 6c íervice[3]„.
„ Les Ordonnances d'amortiílement
ont compris toutes les
acquisitions des Egliles j elles ont compris les Justices com-
me les terres acquises dans les Fiefs 6c arriere-Fiefs du Roi.
L'instruction donnée en exécution de la première Or-
donnance, en 12.75 porte que." les Justices acquises par
,
une Eglise d'une autre Eglise, ne dévoient point être
„ amorties, quand leur acquisition laistoit subsister les droits,

devoirs 6c services [4]
,, „.
II en résulte que les Justices acquises par une Eglise, dé-
voient être amorties, quand elles ne sortoient pas des mains

nostrorum subjeelionc efficiatur- pmmissa autan omnia fiait sunt pr&libata concéda 3 sta-
tuo, conjìrrno , abdicans à mc 6' à meis succcjsoribus potestatem reclamandi. Le Myre,
an. 11 97 , tom. i, chap. Z4 pag. 1141.
,
'
[ 1 ] Arnoldus Cornes notum sacimus quod vir nobilis Gobcrtus nomine Curtcni... ...
cum omni integritate justìti<R in scabinis , mansuariis 3 in molendino 3 in agris _, & quid-
quid ad eam pertinere dignoscitur quod suum crat seodum 3 nostrum vcfb allodium 3 ad
3
utilitatcm sancliv, Ecclcstoe. Catharinte, in prifsentiá hominum nostrorum de astensu omnium
hitredum suotum in manus noflras libère refignavit 3 Sororum ufibus in pnnominatâ Eccle-
fiíi Converfiantium prosutura perpetub nos verb ipj'um locum confiruclioni Monasterii aptum
pnospicientes facilcm ac pium adhibiámus 3
consensum & locum cum omnibus suprà norni-
..
natis rébus Ecclcfia. B. CathaririA légitime & absoluù contulimus pro nostrâ Fratrumque
tuitione statuentes. An. 1219. Id. tom. z, chap. 61 , pag. 847.
[2] Précis des Confér. pag. 108.
[3] lbid. pag. 105.
[ 4] Quod & fi Ecclcfia poffestïones, vel tenutas acquirat ab aliâ cujuscumque condi-
tionis existât 3 cui eas licebat retinere 3 fi ab Ecclefiâ acquirente justitiam 3 domìnium , de-
veria 6' alia jura ita commode 3 liberè , fiait habebamus 3 ab aliâ pqjjumus percipere & ha-
bere3 in hoc casu Jìnancia non vendicat fibi locum. Recueil des Ordonn. t. 1, p- 505.
d'une
DU CLERGÉ DE FRANCE, 1786. 961
II AOUT
d'une autre Eglise, 6c quand leur acquisition opéroit la ces-
sation des droits, devoirs 6c lervices.
L'Ordonnance de Philippe le Long, en 13 2.0, fut donnée
en exécution des Ordonnances précédentes fur la manière
de percevoir l'amortisiement.
L'Article 8 avoit exempté " les acquisitions des Eglises
faites au-delà de soixante ans,,.
,,
L'Article 9 soumet à la taxe " les acquisitions faites,
5,
même au-delà de soixante années des Châteaux, des
Maiíons fortes, des Seigneuries 6c ,des Terres d'une, va-
„ leur considérable [1]
,,
On voit par-là même,,. que les nouvelles acquisitions des
terres avec Justice étoient soumises à ramortiflement.
Quand Charles V étendit les droits d'amortissement fur
tous les Acquêts de l'Eglife, íur les Rentes, fur les Alleux,
fur les biens de toute nature soit dans fa mouvance, íoit
,
hors de fa mouvance, il n'étoit pas sûrement dans fa pensée
d'en excepter les plus importantes acquisitions de l'Eglife,
celles auxquelles la Justice étoit annexée. Et l'Article 2. du
Règlement du 1 j Novembre 1370, défend aux Eglises
" d'acquérir, fans la permission du Roi, des Alleux d'une
considérable, avec District 6c Jurisdiction [2],,.
„ valeur
Les Justices acquises par l'Eglife dévoient supporter les
,
droits de l'amortissement, parce qu'elles en partageoient
les privilèges.
Charles V défendit à ses Commissaires cc d'inquiéter, par
de nouvelles recherches, les temporalités judiciaires dont
„ les Possesseurs Ecclésiastiques, leurs prédécesseurs n'a-
ni
„ voient point accoutumé de donner la reconnoissance ô£
„ de rendre l'hommage [3]
„ ,,..
[ 1 ] Si autem in acquisttis pradiclis vel aliquo eorumdem suerint castra domus sortes 3
3
nobilitates aut aliavaloris notabilis de his apud nos aut dilectas & fidèles gentes com-
3 , 3
putorum nostrorum Parifius 3 quas de corum valore partiailaritcr per justiciarios locorum
certistcari volumus," faciendam financiam rescryamus. Recueil des Régi, concernant les
Amort. tom. i pag. 748.
,
[2] Et de acquisttis per dictas gentes 'Ecclefiasticas ) a dicío tempore 3 in liberis al-
lodiis exigatis pro eisdem financiam videliect valorem Jrucluurn oclo annorum 3 prout
supra y nifi allodium fuerit magri£ rei 3 cum difiriclâ
3
& jurisdiçlione cujus allodii aliena-
3 3 3
tionem in dictas gentes nolumus fiçri 3 nifi procesterit de nostrâ voluntate. Recueil des
Ordonn. ,
tom. 5 pag. 363.
[3] Précis des , Cons. pag. 137.
Procès-verb. de 1785-1786. Uuuuu
y 6 2. PROC ES-VERBAL DE L AsSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Les Lettres-Patentes de 15.1.1, registrées en la Chambre
des Comptes de Paris,, comprennent " les Seigneuries par-
mi les posseshons de l'Eglife amorties, &C à Dieu dédiées
,,
toujours 6c perpétuellement,,.
„ àCesses de 1547 mentionnent fans distinction " les biens,
terres 6c possessions d'Egliíe amorties. „
,, Celles données
pour le Diocèse de Sens en .1551, amor-
tissent <c tous les biens que les Ecclésiastiques possèdent, a
cause de leurs Bénéfices., fans aucune chose excepter, re-
,,
tenir, ni réierver, de quclqu'état, qualité, titre, préé-
,,
autorité 6c prérogative que soient les terres
„ minence ,
qu'ils possèdent [Ï]
,, ,,.
Les Lettres de 1 547 ô£ de l5S2- furent enregistrées au
Parlement, de Paris.
Les deux Déclarations de Charles IX enregistrées au
,
Parlement de Paris en 1571 & 1J74, exemptent les Béné-
ficiers " de bailler déclaration des terres, héritages, justices,
6c revenus amortis [1],,.
,, rentes
L'Edit de Henri III de 1575, renouvelle " les exemp-
tions,.décharges 6cimmunités des amortissements accoi>
,,
dées:a,ux Ecclésiastiques,sans^qu'ils soient tenus de bailler

6>C dénombrements, nisséclaration de leurs
s, aucuns aveux
Justices, Terres, Seigneuries, 6cc. Cet Edit fut revêtu
,, „
de Lettres-Patentes enregistrées au Parlement de Paris [3].
La Chambre des Comptes, dans son enregistrement des
Lettres-Patentes de 1606 " portant i'exemption de la Foi
6c Hommage pour tous les biens d'Eglise amortis, n'exige
,, la Foi 6c Hommage que pour les terres 6c héritages non
,, Les Lettres-Patentes de 1606 avoient re-
amortis [4]
„nouvelle confirmé
,,.
les termes de celles de 1596, vérifiées
6c
au Parlement de Paris [5].
Les Justices 6c Seigneuries des Bénéficiers sont décla-
rées " immunes 6c exemptes de Foi 6c Hommage, Aveux
6c Dénombrements par la Déclaration de 1614, enrégif-

[1] Précis des Cons. pag. 1-39.


[x] Id. pag. 140, 141.
[3] id. pag. 141 , i4z.
[4] W. pag. 148.
Uì lc3' Pag- »44«
DU CLERGÉ DE FRANCE J 1786. 963
H AOUT
trée au Parlement de Toulouse, 6c par l'Arrêt du Con-
ieil de 1633 [1]. Et tous les Edits, Déclarations, Arrêts
du Coníeil 6c Jugements, qui renouvellent les exemptions
clés biens de l'Eglife, n'en ont jamais excepté les Justices.
Ce íont les mêmes Loix, les mêmes titres qui déchar-
gent des devoirs de la féodalité, les Justices ou les Do-
maines possédés par l'Eglife. On ne peut pas en même-temps
admettre ces Loix S£ les rejetter. L'Auteur de l'Eslai histo-
rique ne conteste pas la franchise des biens-fonds 6c do-
maines des Bénéfices. II ne peut pas contester la franchise
de leurs Justices.
L'Auteur n'oppose qu'un seul titre à tant de titres. II cite
une ancienne transaction passée entre le Roi Philippe le Bel,
6c l'Evêque 6c le Chapitre de Viviers [x].
Nous n'avons jamais prétendu qu'aucun Evêque, aucun
Bénéficier ne puisse être soumis pour ses Justices & pour
ses Fiefs, à la prestation de la Foi 6c Hommage.
Un seul exemple est fans effet, 6c le seul exemple qu'on
cite, est encore une preuve d'exemption 6c un titre d'im-
munité.
L'Auteur de l'Essai historique, pense que l'Evêque 6c le
Chapitre de Viviers font soumis, par cette transaction, à
la Foi 6c Hommage, à raison de la Seigneurie 6c de la Jus
tice, quoique le Roi reconnoisse l'allodialité de leurs Do-
maines.
M. l'Abbé de Mably croit y retrouver un acte de Foi
6c Hommage, 6c la preuve d'une conversion d'Alleu en
Fief [3].
Nous pensons qu'aux termes de la transaction, la fran-
chise est conservée, que le Roi ne demande point la Foi 6c
Hommage, que l'Evêque 6c le Chapitre ne sont soumis
qu'au serment de fidélité.
Les objets de contestation sont très-clairement énonces
dans le préambule.
L'Evêque 6c le Chapitre prétendent avoir dans leurs
— - 1

[1] Précis des Cons. pag. 150, 151.


[z] Eífaì hiíb. pag. 47.
[3] Obs. fur l'Hist. de Fr. tom. x, pag. 372.
Uuuuu i
964 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
possessions, non-feulement la haute 6c la basse Justice -
te
mais encore Ia supériorité 6c les droits régaliens [1]
„ Les Officiers Royaux prétendent avoir la Justice ,,.le
« ,
ressort, le port d'armes, les voies de contrainte les droits
„ régaliens, la supériorité, 6C ,
qui appartient à la
„ souveraineté [z] tout ce
,, ,,.
Les articles font relatifs aux objets de contestation.
Par le premier article, « f Evêque 6c le Chapitre con-
ferlent que l'Evêque le Chapitre, ['Eglise la ville de
3, , ,
Viviers, ìá terre 6c toute la temporalité de l'Evêque, du
,,
Chaoitre 6c de leurs sujets, font fournis au Roi &C au
,,
s, Royaume, pour ce qui appartient à la íuperiorité tem-
.porciie 6c aue le Roi y possédé temporellement le droit
.„ ,
de ressort Ôc la supériorité [3] „. '
„ Le second article
.-.- porte, que a l'Evêque 6c ses succes-
sours feront ferment d'être fidèles, pour leurs personnes
.„
&í pour leurs terres, au Roi 6í à les successeurs bien
,, qu'ils leur ,
personne,
.,,
qu'il soit notoire ne tiennent terre de
mais- qu'ils la possèdent allcdialement [4]
,, „. -
Le seizième article rappelle le íerment ordonné par le
second article sous la dénomination pure èc íimple de " fer-
,
ment de fidélité [5]
3, „.
[1] Diclis Episcopo & Capìtulo & corum gentibus dicentïlnis ex adverso ipsos Epis-
3
copum 6' Capitulum habere & habere consueviffe ab antiquo in Civitatc & aliis locìs fuis
prad.iclis ò'subditorum Juorum in Rodano & citra Rodanuin existentibus jurisdiclio-
3 3 , 3
nem airain & bas}am superioritatem regalia 6' alia jura pnzdicta. Recueil des Ordonn.
3 ,
tom . 7 , pag. s).
[i] Gentes nostr& dìccbant & ajserebant nos in Civitatc Vivaricnfi & terris dicloruni.
Episcopi & Capital! & subditorum Juorum in Rodano & citra Rodanuin existentibus ha-
bere jurifdiclion an tcmporaíem rcjjortum 3& portationern armorum & cohcrcioncm corum,
regalia, superioritatem & alia 3qua ad jus pertinent Principatíis. Id.
[?] Qjibd dicli Albcrtus quondam Epifcopus ò' Capitulum feu corum Procurator, ex
3
causa pressentis compofitionis transaclionis & concorditc, satentur & recognoscant se
3
j ....
o' Capitulum diclam Ecchfiam 3 Civitatcm Vivarien cm 3 terram & totarn temporalitatcm
eorumdcm Episcopi &• Capituli & subditorum. suorum in Rodano & citra Rodanuin exis-
3
tentes 3 este nobis neenon & Rcgno nostro subjeclos quod ad superioritatem. attinet tempo-
ralem3 ó' in terra quam ipji & corum subditi & vasj'alli habent citra Rodanuin & in Ro-
dano tcniporalitcr nos habere rejjbrtum & superioritatem. Id. pag. 9,10.
[4], JJicíus enirn Epifcopus & succcjsores fui Vivaricnses Episcopi qui pro tempore
siierint jurare debebunt se esse fidèles de perjbnis & terris fuis nobis & succèsoribus nos-
3
tris Regibus Franc'iA licet terram suam à nemilie tenere3 sed'eam habere aUodialcm nos-
3
cantur. Id. pag. 10.
[ 5 ] Et erunt tam ipse quàrn succestores ejus Episcopi Vivaricnses de confilio nostro
3
regio & succestbrum nostrorum3 & a)m sacramêiìtuinfidelitaûs prâfiabunt3 nobis jurabunt
etiam confiiiiun nofirum , prout maris est 3 alios PrsJatos de conj'ûio nostro jurare. Idem
Pag- 12~
DU CLERGÉ DE FRANCE3 11 AOUT 1786. 965
Les articles qui concernent l'exercice de la justice
donnent aux Officiers du Roi que le droit d'appel 6c, ne de
ressort [1], 6c ceux qui concernent les droits de PEelife &
du Chapitre dans leurs possessions, portent tous les"carac-
tères de l'ancienne allodialité [1].
Nous n'avons pas suivi PAureur de PEssai historique dans
ses recherches íur f origine de la propriété des Justices. Cette
question est étrangère à la cause du Clersré.
11 ne s'agit
pas de lavoir quelles sont les sources de la
propriétés il s'agit de savoir quelles font les chartes de la
posieílion.
On'demande si les Loix
ont soumis à la Foi 6c Hom-
mage les justices postédées par les Eglises? Nous représen-
tons les Loix qui déchargent les justices possédées par les
Eglises de ia Foi 6c Hommage.
5
Ces Loix sont celles de l'ancienne allodialité des biens
en France •, celles de la franche-Aumône, celles des amor-
tissements 6c leurs dispositions uniformes, aííurent aux Jus-
.
tices possédées par l'Eglife, les mêmes privilèges 6c les mê-
mes présomptions qu'à tous les autres biens de PEgliíc tenus
en Alleu, donnés en Aumône 6c amortis.
Le Rapport fini, PAssemblée, après avoir donné les élo-
ges dus au nouveau travail de Monieigneur PArchevêque
d'Aix, a délibéré que ce Rapport feroit joint à la nouvelle
édition du Précis des Conférences, sous le titre, d'Obfer-
vations fur les Juflices possédées par ï Eglise.
Monseigneur PArchevêque d'Aix a dit ensuite, que la
Commission s'étoit occupée des plaintes des Assemblées Pro-
vinciales fur la multiplicité des aliénations des biens de
PEgiise 6c des pauvres, ainsi que des mesures à prendre pour
prévenir les abus en ce genre. Le Rapport en a été fait
ainsi qu'il fuit.

[1] Art. 4, 5, 7, 9, ïi. Id. pag. 10, n.


[1] Le Roi renonce mettre fur les sujets de l'Evêque & du Chapitre,
à _ aucuns lub-
sides ou collectes. Le Roi leur laisse le droit de guêtre & l'Evêque, ni le Chapi-
,
tre, ni leurs hommes, ni ceux de leurs Vassaux , ne font tenus de suivre le Roi dans
ses guerres, fi ce n'est dans le cas de fenonce générale. Art. 10, n , 17- id. pag.
11 . 12.
$66 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,

Plusieurs Provinces Ecclésiastiques du Royaume sont


affligées de voir, se multiplier les Aliénations des biens de
l'Eglife 6c des pauvres ; elles vous ont adressé leurs plaintes
fur cet important objet, 6c réclament votre crédit &£ votre
zèle dans la juste confiance que vous les emploierez à faire
revivre ces principes antiques qui rendoient les Evêques
Chefs 6c Administrateurs des biens ecclésiastiques de leurs
Diocèses, comme ils en sont, dans Pordre spirituel, les Paf
teurs 6c les Pères. Le mal se manifeste sous toutes les for-
mes possibles. Des ventes considérables, motivées fur Péloi-
gnement du chef-lieu, fur le peu d'importance des produits,
fur la nécessité de réparer des postestions plus utiles, com-
me si les réparations étoient la'' charge des Bénéfices 6C non
celle des Bénéficiers j des arrentements, des baux à cens
présentés comme des arrangements utiles 6c motivés dans
le fait, par des droits d'entrée considérables qui font diípa-
roître preícjue en entier la valeur des fonds -, des emprunts
à la charge des Bénéfices, 6c que les Bénéficiers se trans-
mettent des uns aux autres, pour ne pas prendre le rem-
bouríement fur leurs jouissances.
Tous ces abus existent dans le Clergé séculier j mais ils
se multiplient fur-tout dans les Ordres monastiques, soit
que les individus, entraînés par le goût du siécle, courent
après Paifance du moment, soit que les Ordres eux mê-
-
mes, devenus insouciants íur leur existence ou frappés par
la crainte de la perdre, jugent toute prévoyance inutile, 6c
mettent peu de valeur à conserver des biens qu'ils regardent
comme prêts à passer dans d'autres mains.
Une source d'Aliénations réelles, mais d'un genre austi
force qu'inconcevable, résulte de la disposition d'une Dé-
claration interprétative de PEdit de 1749, qui défend aux
Gens de main-morte non-feulement de retenir dans leurs
mains les biens qui leur rentrent à Pexpiration des baux
emphytéotiques, mais même de les transmettre à d'autres,
sous des prestations plus fortes que les anciennes, comme
DU CLERGÉ DE FRANCE, n AOUT 1786. 967
s'il falloit que les diversités survenues dans Ia valeur des
biens 6>Cdans celle des denrées, ne pussent pas tourner au
profit de l'Eglife 3 comme si ce n'étoit pas la dépouiller dans
la vérité, que de Pempêcher de retirer de ses biens un juste
{uroduitj comme si fa propriété asseétée à l'entretien des
Autels, à la fubsistance.de ses Ministres, au soulagement des
pauvres, n'étoit pas aussi íacrée que celle des autres Citoyens.
L'Aíiemblée de 1775 a déja adresté au Souverain tous ces
objets de plaintes, 6c avoit proposé les remèdes qu'elle ef-
-tirnoit convenable. Elle demandoit :
1 °. Qu'il fut donné une Déclaration, qui, fans déroger
aux Loix du Royaume fur les aliénations des biens de PE-
glise, les rendît plus rares à Pavenir, rappeîlât l'obfervation
des formes anciennement prescrites, pour constater leur né-
cessité ou leur utilité évidente, 6c ordonnât en conséquence
quaucuns Bénéficiers, Corps 6c Communautés Ecclésiasti-
ques , séculiers ou réguliers, même ceux qui le préten-
dent exempts de la Jurifdiétion ordinaire, ne pussent alié-
ner les biens dépendants de leurs Bénéfices par vente , échan-
ge, même par baux emphytéotiques au-dessus de vingt-
sep: ans, fans que lés motifs de ces Aliénations eustent été
vénlic; íur les lieux par une information faite de Pautorité
des Evêques Diocésains.
i°. Qu'il fût ordonné que les rentes 6c redevances sti-
pulées par les contrats d'aliénation des fonds de terre, fe-
roient toujours en denrées, qui fdfit la représentation na-
turelle de leurs produits.
30. Que les Bénéficiers 6c Communautés, réputés mi-
neurs par les Loix du Royaume, leur fussent entièrement
assimilés, en ce qui concerne Paliénation des biens, 6c jouis-
sent des mêmes privilèges.
4Q. Quel'Article V de la Déclaration de 1774) fût ré-
voqué 6c qu'en conséquence il fût permis aux Ecclésias-
,
tiques de donner les biens qui rentreroient dans leurs mains
à Pexpiration des baux emphytéotiques, fous des rentes nou-
velles proportionnées à la valeur des fonds.
Ces demandes étoient justes, sages, conformes aux prin-
cipes. La réponse du Roi montre le désir général de conser-
$6§ PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ver à PEglise les biens qu elle postede, 6c annonce qu'il se
fera représenter la Déclaration de 1774 pour manifester en-
suite ses intentions.
Vous crûtes, dans vos Séances de Pannée derniere, de-
voir reprendre les errements de PAflemblée de 1775 , 6c
vous conformer ainsi au voeu de plusieurs Provinces. Vos
démarches furent appuyées par un Mémoire, aussi précieux
par le développement des principes, que touchant 6c sensi-
ble dans íes détails.
M. le Garde des Sceaux a désiré que la nécessité des me-
sures nouvelles pour la conservation des biens ecclésiasti-
ques, fût justifiée par des exemples. Malheureusement cette
tâche est facile à remplir j mais le Bureau a cru que pour
asturer plus esticacement le succès de vos vues il falloit
d'abord rappeller les Loix canoniques 6l civiles, íur cette
importante matière les rapprocher de Popinion des Juris-
,
consultes 6c de l'autorité des Arrêts, afin que Pillégalité des
aliénations frappât davantage 6c que les faits indiqués
fixastent d'autant plus sûrement, Pattention. Ainsi ce Rap-
port présentera deux différents points de vue. Nous mon-
trerons dans la première Partie, que les Aliénations des biens
des Eglises 6c des Pauvres, ne doivent pas être faites fans le
consentement des Evêques Diocésains. Nous établirons
dans la seconde, par les faits que Pomission de cette for-
malité rend les Aliénations très-fréquentes.
Sous la dénomination de biens des Eglises 6c des Pau-
vres, nous comprendrons tous ceux auxquels un même sen-
timent vous attache : non-íeulement les biens dépendants
des Bénéficiers 6c Communautés ecclésiastiques, mais en-
core ceux des Hôpitaux 6c des Fabriques, parce que tous
ces biens ont droit, par leur nature, à la même faveur, 6c
sont réellement mis dans la même classe par les Juriscon-
sultes 6c les Magistrats eux-mêmes. D'Héricourt ne les sé-
pare jamais les uns des autres. Les Loix, dit Rousteau de la
Combe, concernant Paliénation des biens d'Eglise, font
étendues aux Hôpitaux, 6c même aux Confrairies. M. Gil-
bert, Avocat-Général, portant, en 172,5, la parole dans une
astaire de PEÎôpital des Quinze-Vingts, dit expressément,
que
DU CLERGÉ DE FRANCE> 11 AOUT 1786. 969
que si les biens des Hôpitaux ne sont pas toujours à con-
fondre avec de purs biens ecclésiastiques, ils sont aussi fa-
vorables ou même plus. Ainsi ce que nous prouverons pour
les uns, fera prouvé pour les autres, 6c notre marche en
deviendra plus simple 6c plus concluante.

PREMIERE PARTIE.
Les biens des Eglises SC des Pauvres ne doivent pas être
aliénés fans le consentement des Evêques Diocéjains.

Ce ne fut pas par les Loix que la nécessité de ce consen-


tement s'établit dans les premiers siécles du ChristianiíiYie;
ce fut par la nature même des choies. Les biens pollédés
en commun, étoient nécesiairement gérés, les revenus dis
tribués la manutention assurée par l'Evêque, Chef è^: Père
,
de tout le Clergé de son Dioceíe : les Conciles fuccestifs,
en donnant diverses règles suivant les divers besoins, ne
firent que consacrer ce principe respectable. II paroìt que
celui de Carthage, de Pan 398, forma les premiers Règle-
ments íur cette matière, en déterminant que les Ecclésias-
tiques du second Ordre ne pourroient rien aliéner, lans en
instruire leurs Evêques, ni les Evêques, lans coníulter 1G
Concile de leur Province ou leur Clergé réuni : Placuit ut
Presbyteri non vendant rem Ecclefioe., ubi jiuit conflituti, nef
cuntibus Epfcopis juis : auomodb nec Epifcopo liceat vendere
pradia Ecclejioe inconfulto Concilio., vel cuncio Presbyteno.
Le Concile d'Eípaone, de Pan 517, alla plus loin j il or-
donna que tout ce qui auroit été vendu à Pinsu de PEvê-
que., feroit rétabli par ses ordres : Ut qmdqiadfuie Epijco-
porum nctitui venditum suent _, ad potestatem Episcopi revo-
cetur. Celui de Rouen, en 1190, défendit à tout Clerc,
fous peine d'anathême, d'engager ou d'aliéner, à quelque
titre que cc íût, les possessions ecclésiastiques, fans que PE-
vêque ou ses Officiers en fussent, instruits : Prohibemus etiam
sub anathemate ne Clericus donationes vel pr&dia ecclejìajíica
alicui oppignorare prêter confcientiam Episcopi sa vel Ojji-
aalium juorum aut quolibet modo alienare présumât. j
Celui
Procès-verb. 3afe 178J-1786. Vv v vv
97° PROCÈS-VURBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de Copnac, en 113 8 prononça nettement que les aliéna-
,
tions faites fans permission spéciale de PEvêque, né feroient
pas valables, 6c voulut que les auteurs des Aliénations fus-
sent punis : Nullus pojfeffones Ecclefoe alienare proefumatfne
DioecesaniLicentiâjpeciali : alitersacía alienatw non valeat, ÓC
ahenatores pumanturfecundum canonicas Sancíwnes. Deux
Conciles, tenus à Avignon en 1281 6c 1326, défendent,
avec la même énerpie , toute aliénation íans le consentement
de l'Evêque 5 le second prononce en particulier la peine de
privation d'une année de revenu : Ideb ftatuimus ne aliquis
poljefjiones aut quoecumque alia jura ecclejwjtica alienet quo-
cumque utulo ,Jme Dioecefani conjilio ÓC ajjenfu. Et il ajoute :
Proventus fui Benefcu u mus anni ipso facto amittat, in pro-
priam utiíitatem ipjius Benefcu > ad Dioecefani arbitnum „ con-
vertendos. Le Concile de Lambeth, en Angleterre, tenu en
1330, apperçut le premier le vice des inféodations qui ca-
che aujourd'hui tant d'Aliénations véritables 3 il les défen-
dit, 6c ordonna aux Titulaires de rétablir toutes choses à
leurs irais : Nullus pofjefiones ecclefaflicas infeodare feu alio
modo ahenare pr&fumat., nifi urgens nécessitas vel evidens mi-
litas id exposât, ÓC pnùs Dioecefam Episcopi ad id conjenfus
accédât. Si quis autem contra hccjacere proejumpferitj id quod
fecent fuis fumptibus revoect.

Cc n'est pas, Mesteigneurs 6c Messieurs, fur le seul Cler-
gé séculier que s'étendoit cette discipline j elle embrassoit
les Religieux leurs Abbés, tous les Ministres de PEglise.
La déposition, du Concile d'Orléans, de Pan 538, fur ce
su jeu, est d'autant plus précieuse qu'elle a été adoptée de-
,
puis par les Capitulasses 6c peut en conséquence être re-
,
gardée tout à la fois comme Loi de PEglise 6c de PEtat :
elle dérend aux Abbés, Prêtres 6c autres Ministres de rien
aliéner des biens de l'Eglife fans permission par écrit de
PEvêque Diocésain ; elle veut, que PEvêque faste rétablir les
biens aliénés : Abbatibus Presbytens cate risque Mnusns
3 j 3
de rébus ecclesaflicis vel facro Minijlerw, aliénai'e vel obli-
gare 3 abfque permifju ÓCfubfcnptione Episcopi fui, ml liceat:
óC quod ternere proesumptum aut alienatum es ordinatwne
j
Episcopi revGcetur. Lc même esprit se manifesta trois ans
DU CLERGÉ DE FRANCE, 11 AOUT 178(3. 971
après rai Concile tenu dans la même Ville. II défendit aux
Abbés, aux Monastères, aux Paroisles de íè défaire de leurs
propriétés, 6c il prescrivit qu'en cas d'aliénation nécessaire,.
rien ne feroit fait lans la souícription de PEvêque : Quibus
ji suera necejjanum ut Statuta convellant, non aliter valeat
aliénation nijisue rit Episcopisuifubfcriptionefirmata. Le Con-
cile de Meaux, en 1 21 6, s'explique fur les emprunts portés
au-deL\ de certaines mesures, comme fur des ventes dissi-
mulées j ii les soumet en coníéquence aux mêmes Règle-
ments : Nullus Abbas mutub recipiat pecumam fne Capituli
fui vel majoris âC fanions parus Conventûs licentia ultra
j 3
summam ab Episcopo suo taxandam secundum Monaflerii
3
facultates. Qui contra fecerit, per Epifcopum fuum pumatur.
Le Concile de Saltzbourg en 1281, porta fa prévoyance
jusqu'aux baux à longues années, dont Pusage commençoit
fans doute à s'introduire; il les défendit aux Prélats infé-
rieurs ainsi que les autres Aliénations, fans le consentement
,
de PEvêque &C joignit à la peine de nullité qu'il prononça,
,
des peines ecclésiastiques fort sévères contre les Aliéna-
,
teurs : Quia multi Pralatibona ecclejiajlica aliénant3 vendunt
vel dijcrahunt minus juste, vel etiam locationes longi tempo-
ris oG nocivas faciunt j de eodem ftatuimus ut mhil talium de
cuero attentare prajumant, nifi expresse authoritate Episcopi
ÓC corfenju Conventûs Monafleni accedente ; aliàs locatio ÓC
alienatio prorsusfit irrita ÓC Adminijlratorab adminifiratwne
3
temporalium ÓC ab ingrejsu Ecclcfia tamdiu fit jujpensus
donec Ecclejiam reddat immunem. Le Concile de Copenha-3
gue, en 142 y , nous montre assez que les dilpositions pré-
cédentes doivent s'étendre aux biens des Hôpitaux, íuivant
Pesprit de PEglise, 6c que les échanges mêmes de biens ne
sont pas plus au pouvoir des Titulaires que les ventes, parce
qu'il en réíulte souvent les mêmes dangers : Itemfiatiumus
3
ex prajentis authoruate Conciln decernentes
3 ut quarumcum-
que EccLrfiarum 3 Hospitahumfeu Monajlerwrum noftroe Pro-
vince 3 f •;.-.ah.orum piorum Locorum Admimfiratores 3 cujuj-
cumque jíatùs ac conditwnis extiterint 3 bona immobilia, fine
confins Dicecesani Epificopi, donatioms impignonatwms
, 3
vendiíionis permutaûomsfiu infeodatioms titulo inpofterum3
3
Vvvvv 2
97^ PROCE'S-VERBJL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
minime aliènent, obligent vel dimittant : quòd sicont-'arìum
factum suent, nullus ipso facto oG invalidas Jit contractas,
ipfique Adnuniftraiores per suos seniores adminijlratwnis
0 ^
offipio perpetuò spolientur.
Après vous avoir rapporté, Meíseigneurs & Messieurs,
une fuite de Règlements si dismes de la fao-efle de l'Eg-lise,
Sc íî conformes à Fesprit de ion ancienne discipline, nous
voudrions pouvoir vous ajouter qu'il n'y a été fait aucune
dérogation, au moins dans le droit, ô£ qu'il ne s'agit que
de les appuyer du pouvoir temporel du Prince, puiíque les
personnes ecclésiastiques se permettent de les éluder : mais
il est un point qui, depuis plusieurs siécles, forme une excep-
tion au Droit Commun, fans aucune utilité véritable ôC
,
qui peut-être, fous ce rapport, ne vous paroîtra que plus
digne de votre zèle. Les exemptions de la Jurifdiátion or-
dinaire qui se íont introduites dans Tordre spirituel, ont été
étendues par le fait, òc fans qu'on en comprenne le motif,
íur ['aliénation des biens des Religieux exempts. La Juris-
prudence, à cet égard, est formée & constante. Ils se croient
autoriíés a aliéner, inféoder, échanger, emprunter avec la
pcrmiííìon de leurs Supérieurs majeurs. II est même arrivé
que, par un singulier contraste, les Tribunaux ont exigé,
pour ces aliénations òc ces emprunts, le consentement des
Supérieurs majeurs des exempts, tandis qu'ils ne deman-
dent ordinairement pas celui de l'Evêque pour la vente des
biens dépendants des Bénéfices séculiers. II fut peut-être un
temps où la bonne foi rendoitees formes suffisantes, & les
fit tolérer; mais FAssemblée de 1775 crut nécessaire de ré-
clamer, sur ce point, le retour au Droit Commun, puis-
quelle en fit la demande expresse, &C vous allez voir bien-
tôt combien cette démarche étoit juste & fondée. Repre-
nons notre objet.
A l'autorité des Conciles, nous pourrions joindre celle
du Décret de Gratien 8c des Décrétâtes, vous montrer,
en les suivant, que les Aliénations des biens des Eglises ,
faites par des donations, par des contrats de vente ou d'é-
change* même par des baux emphytéotiquespour un grand
nombre d'années, telles que feroient doux ou trois généra-
DÏÏ CLERGÉ DE FRANCE„ i i AOVT iy%6. 975
tions, font absolument nulles, fi elles n'ont été consenties
par FEvêque Diocésain 5 que les successeurs aux Bénéfices
peuvent, en ce cas, rentrer dans les biens aliénés, en resti-
tuant la partie du prix dont FEglise a profité. Mais ce n'est
pas fur les seules Loix ecclésiastiquesque nous devons fixer
vos regards dans cette importante matière : on objecteroit -
peut-être que les Règlements émanés de leur autorité, quoi-
qu'infiniment respectables, ne peuvent préjudiciel- à des
tiers-Acquéreurs, d>Ccette objection íeroit au moins (pécieuíe.
II falloit donc que la Puiílance séculière les appuyât par les
moyens qui lui font propres, Ô£ c'est le premier bienfait
que les Princes Chrétiens ont accordé à FEglise après la per-
mission d'acquérir. Leur propre intérêt eût suffi pour les y
porter, parce que la plupart des Etabìillements ecclésiasti-
ques étant nécestaires, ne peuvent se maintenir que par la
conservation de leurs biens, ou redeviendroient une charge
publique après les avoir perdus. On peut même observer
que la Novelle cent vingtième de Justinien, a précédé
la plupart des Conciles dont nous vous avons rapporté
les Décrets, & leur est si ,conformej qu'elle paroît leur avoir
servi de suide : ce Prince regarde donc le conícntement des
Evêques comme 'nécessaire dans Faliénation des biens de
FEglise. NOS Rois ô£ la Nation en ont porté le même juge-
ment , puisque le Canon du Concile d'Orléans , de Fan
5 3 8 , a depuis fait partie de nos Capitulaires. Cette íeule
Loi, appuyée des décisions canoniques, a lonç-temps suffi
parmi nous. Le Clergé crut convenable de la renouveller,
en quelque forte, au commencement du dix-feptieme siécle,
ë£ fur ses instances, FArticle 1 j de FEdit de 1606 déclara
les Aliénations faites par les Ecclésiastiques &£ Marguilliers
du temporel des Eglises, fans les folemnités requises par les
Ordonnances &t dispositions canoniques, nulles &í de nul
effet &£ valeur. Or certainement de toutes les dispositions
canoniques la plus certaine la mieux établie est le con-
, ,
sentement de FEvêque Diocésain.
II seroit peut-être possible de placer encore parmi les Loix
conservatrices des biens ecclésiastiques, FEdit de 1705,
concernant le Greffe des sens de main-morte. II ordonna.
974 PROCES-FERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉN ÉRALE
íous peine de nullité, l'enrégistrement à ce Greffe des Alié-
nations de nos biens 5 mais cet Edit n'a pas eu de fuite ì le
Clergé lui-même en a écarté les effets par le rachat des of-
fices, ôc il est'aujourd'hui regardé dans les Cours comme
purement buríal : il n'en préíentoit pas moins un moyen fur
de connoître les Aliénations, 8i la connoiílance du mal est
touiours Drécieuíe pour la détermination du remède.
Quoi qu'il en soit, la Jurisprudence des Cours fut fans
doute long-temps conforme aux dispositions des Loix ci-
viles & canoniques fur cette matière puilque les monu-
,
ments anciens du Clergé ne nous présentent aucunes récla-
mations de fa part. On trouve même dans les Mémoires de
le Gentil un Arrêt rendu au Parlement de Paris, en 1 645,
qui cafia un bail emphytéotique, passé vingt-cinq ans au-
paravant par F Abbé &L les Religieux de F Abbaye cle Ham,
íans le consentement de FEvêque du Diocèse : mais la bonne
foi ne nous permet pas de vous diíiitnuler que d'autres for-
mes cle droit a voient été négligées. L'Arrêt rendu aux
Grands-Jours de Cíermontle 3 o Octobre 1 66 j, paroit plus
poíitif5 il défend a tous Chapitres ÒC Communautés Ecclé-
siastiques d'aliéner le, fonds 8c domaine de leurs Eglises,
finon pour cause légitime, en observant les formalités pres-
crites par les Ordonnances ê£ dispositions canoniques, &C
ce nonobstant tous privilèges 8c usages contraires. Or nous
ne saurions trop répéter que prescrire les dispositions cano-
niques dans la matière présente, c'est demander le consen-
tement de FEvêque Diocésain.
Un Arrêt plus voisin de nous, &C bien plus pressant par-
là même est celui rendu par le Parlement de Paris le 7 Sep-
,
tembre 1785, fur la Requête de M. le Procureur-Général,
pour les Fabriques du Diocèse de Rheims. C'est fur-tout
dans un Arrêt de cette nature, qu'un Tribunal doit faire
connoître ses dispositions 8c son esprit. L'Article 2.2 ordonne
« que les biens immeubles de l'Eglise ne pou-rront être ven-
23 dus,
aliénés, échangés, ni même loués pour un terme plus
« long que neuf années, fans le consentement préalable du
» Supérieur Ecclésiastique, lequel ne le donnera qu'en cas
» de nécessité, &í qu'après avoir rempli toutes les' formali-
DU CLERGÉ DE FRANCE, n AOUT 1786. 975
33
tés requises par les Ordonnances. 33 Certainement les Su-
périeurs Ecclésiastiques des Fabriques font les Evêques ; &C
pourroit-on croire que le Parlement voulût laisser plus de
liberté aux Bénéficiers isolés 8c indépendants, qu'aux Fa-
briques des Paroistes, dans le moment fur-tout où. il intro-
duit pour elles un plan complet d'administration ì
Nous pourrions vous citer encore les termes de M. Joly
de Fleuri, Avocat-Général, en 1749 , lequel, en s'expri-
mant fur un bail emphytéotique, pallé en 1708 par les Re-
ligieuses de Gercy, en Brie, commença par faire observer
qu'il n'avoit été fait sur ce bail aucune des procédures que les
Loix de FEglise 8c de FEtat exigent pour la validité de l'A-
liénation des biens ecclésiastiques, 8c le bail fut caste fur ses
conclusions. Pendant la tenue même de vos Séances actuelles,
le Parlement, avant que d'enregistrer les Lettres-Patentes
fur une vente de IOOOOO livres que fait, pour remédier au
désordre de ses affaires l'Abbaye de Saint-Victor de Paris,
,
a existé le consentement de Monseigneur FArchevêque.
TOUS ces Arrêts font conformes à Fenseig-nement des Ju-
ïisconsultes anciens è\C modernes, dont l'opinion se règle
toujours, à la longue, par les Jugements des Tribunaux.
Chopin, Rébuffe, Héricourt, disent uniformément que le
consentement des Evêques est nécessaire dans FAlicnation
des biens ecclésiastiques. Rûuíleau de la Combe dit en par-
ticulier, que si le bien à aliéner appartient à la Fabrique, il
faut, outre le consentement de FEvêque, celui du Curé de
la Paroisse. La Collection des Décisions nouvelles qui vient
de paroître, articule avec précision que les Constitutions
canoniques Scl'usage autoriíé par les Ordonnances, exigent
trois choses pour les Aliénations : une cauíe légitime, le
consentement du Supérieur Ecclésiastique, la permisuon du
Prince, & elle ajoute que ces règles s'appliquent aux Hô-
pitaux. Mais, malgré ces Arrêts, malgré ces autorités des
Magistrats & des Auteurs, nous lommes justement fondés
à vous dire que la Jurisprudence actuellement en uíage, est
d'enregistrer les Lettres-Patentes fur les Aliénations 8c les
emprunts des Bénéficiers, fans le consentement des Evê-
ques Diocéíains. Le petit nombre d'exceptions que nous
$76 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
avons indiquées , prouve feulement que le principe de vo-
tre autorité n'est pas méconnu , que les Parlements eux-
mêmes y rciukur de temps en temps hommage, ôc il vous
paroiua ùás doue précieux de vous appuyer far ce moyen,
dans un mom^nc où n VOUS fournit des inductions si con-
cluantes.
11 reste à examiner si vous ferez également fondés à de-
mander ciue la LOÌ s'étende íur les exempts conformément
,
au voeu de l'A ({emblée de- 177). Cette demande est plus
délicate, 6i pointant elle nous paroît parfaitement s'accor-
der avec la nature même des choies l'état présent de Í'E-
,
crïiíe en France même avec toutes les notions d'une
,
justice exacte. Les exemptions dans le principe, ont été
,
monvées íur la règle particulière que chaque Congrégation
avoir reçu des souverains Pontifes, íur la vie plus patfaite
que relpiroient ces règles , Iur le recueillement dont elles
fa-ìíoìent une Loi, 6c iur la crainte qu'il ne fût troublé par
des vilites de Supérieurs étrangers à la connoiílance mê-
me des dîveiíes observances. Mais tous ces motifs n'ont
aucun rapport avec ^aliénation des biens d'un Dioceíe. Les
règles pouvoient être maintenues par les Supérieurs régu-
liers, 6c les biens conlervés lous Fautorité des Evêques.
Cette marche étoit d'autant plus raisonnable, que les Evê-
ques ont retenu universellement 6c constamment dans le
Royaume, le droit de connoître Ôc de prononcer fur les
unions des biens, hors certaius cas réservés au Pape. Des
qu'il s'agit d'union, le privilège cède, &í le Droit Com-
mun s'exerce fans contestation. Or comment s'est-il fait
qu'on ne puisse pas unir entr'eux des biens ecclésiastiques,
lans le concours des Evêques, &C qu'on puisse les vendre,
les aliéner, les échanger, les hypothéquer, les donnera
rente fans leur concours? L'union conserve au moins les
biens à FEgliíe F aliénation les lui fait perdre, & cepen-
dant les Evêques, jouissent exclusivement du droit le moins
précieux, tandis qu'ils font dépouillés de celui qui tend
le plus visiblement à perpétuer les établislements les plus
estimables.
Une considération plus décisive encore pour l'Eglife de
France,
DU CLERGÉ DE F'RANCE, 11 AOUT 1786. 977
France résulte de Fexistence ciyile dont elle jouit, des en-
,
gagements communs qu'elle prend avec toutes les classes
de Citoyens, des emprunts nombreux pour la fureté des-
quels elle hypothèque l'univeríalité de íes poíleílions. Cet
ordre de choies lui donne fans doute le droit de veiller fur la
conservation des objets soumis à Fhypotheque, d'arrêter
leur dissipation d'empêcher que les divers contribuables
,
ne peíent insensiblement les uns fur les autres, ô£ que tous
enfin ne deviennent iníolvables. L'intérêt des familles íe
joint, dans cette occurrence , à celui du Clergé, &í ne fait
avec le sien, qu'une feule &C même cause. Or s'il est dans
les Diocèses un Représentant naturel du Clergé-Général,
c'est sans doute FEvêque, c'est a lui íeul que peut appar-
tenir cette inspection universelle, qui fait reporter a vos
Aíìemblces les maux communs qui nous affligent &í les
dangers que nous pouvons courir. Et pourquoi les proprié-
tés de FEgliíe feroient-elles moins reípeòtées, quant aux
fonds, qu'elles ne le font dans íes revenus? La pieté de nos
Rois ne leur permet pas d'ordonner des prélèvements de
leur propre autorité fur les revenus ecclésiastiques, soit sé-
culiers, íoit réguliers 5 ils n'en perçoivent une portion quel-
conque, que comme des dons émanés de Fostrande libre
que vous en faites. Ces dons, unefois reçus, les lient eux-
mêmes à la íureté que vos Rentiers ont droit de prétendre.
Nous osons le dire, le Souverain s'engage avec nous à la
conservation de nos propriétés dans les Contrats que nous
avons Fhonneur de-palier avec lui} il n'en peut'pas diminuer
Fhypotheque íans votre concours : &C si la force de ce prin-
cipe conduiíoit à croire que les Aliénations doivent être sou-
mises à Finfpection du Ciergé-Général, à plus forte raison
elles vous autorisent à demander que, conformément aux
»
Loix & aux Canons, elles soient connues, Sc jugées par les
Evêques dans leurs Diocèses. Concluons que les Réguliers
continuant de demander la permission de leurs Supérieurs
majeurs, íouventtrop faciles pour se refuser aux Aliénations ,
aux arrentements, aux échanges & aux emprunts, doivent
être assujettis comme le Clergé, dont ils font partie, à ob-
tenir le consentement des Evêques.
Procès-verb. <3^ 178^-1786. Xxxxx
978 PROCES-FERSAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

SECONDE PARTIE.
12omission da consentement des Evêques Diocésains rend très-
fréquentes cG nuisibles les Aliénations des biens des Eglises
ÓG des Pauvres.

Ce n'est pas par la multitude des faits, c'est par leur choix,
par l'exposé des surprises faites à Fautorité, lorsqu'elle n'a
pas été éclairée par le concours des Evêques, par le tableau
des inconvénients qui menacent FEglise de France que cette
assertion sera, justifiée. A quoi serviroit une liste très-nom-
breuse d'Aliénations ? Ne fait-on pas qu'il s'en fait journelle-
ment? ïl en est plusieurs qui cxciteroient vos regrets, mê-
me parmi celles qui semblent revêtues de toutes les formes
aujourd'hui en uíage : combien de terres dépendantes des
Bénéfices les plus distîmiués perdues fans retour òC
, ,
peut-être fans de presíants mours ? II en est une aliénée
depuis bien peu de temps, dent íc produit a doublé ôc"
triplé depuis la vente, parce qu'on a retrouvé un titre
décisif, qu'on avoit regardé long-temps comme perdu :
nourquoi a-t-il fallu que cette découverte ne tournât
pas au profit de FEglise? Combien d'emprunts considé-
rables, formés pour le seul agrément des Bénéficiers, grè-
vent aujourd'hui leurs Bénéfices? Et qui de nous oferoit
affirmer que plusieurs Communautés Religieuses très-opu-
lentes, ne doivent pas la valeur entière de leurs biens-fonds?
A plus forte raison devons-nous prévenir, par les foins les
plus empressés, les Aliénations qui se dérobent à la connois-
íance des Evêques, ou se font au mépris de leur autorité.
Le fait, le plus éclatant en ce genre, est fans contredit Fe.xif
tence d'une Loi publique qui contrarieroit les anciens prin-
cipices. Tel est FEdit du mois de Janvier 17*80, enregistré
la mërne année au Parlement de Paris. II permet aux Hô-
pitaux d'aliéner les immeubles dont ils jouissent, à mesure
des occaíions convenables, pour en verser le produit, après
les dettes payées &C les bâtiments mis en état, dans la Caiííe
eénérale des Domaines.
DU CLERGÉ DE FRANCE, n AOVT 17S6, 979
Nous ne refuserons pas aux vues bienfaisantes qui dictè-
rent cette Loi, le juste hommage qu'elles méritent. Le Sou-
verain s'y propose d'augmenter les moyens des Maisons de
Charité pour multiplier leurs secours : il prévoir, avec vé-
rité, que les deniers provenants dés ventes, tranformés en
contrats, donneront des produits plus forts : &c comme
les administrations des Hôpitaux pouvoient craindre que
ces produits ne s'afroibliílent un jour par les variations in-
séparables de leur nature, ou par l'augmentation du prix
des denrées, le Roi s'engage à renouveller tous les vinp-t-
cinq ans ces contrats, avec des accroissements proportion-
nés à ceux survenus dans la valeur des immeubles 3 en forte
que par ce nouvel ordre, d'une part, \es constitutions de
rente étoient, en quelque forte, immobilisées3 de l'autre , les
Massons de Charité étoient débarrassées de toutes les en-
traves qui gênent leur administration 3 régie des biens,
charges foncières, réparations ruineuses, variations dans les
principes ; &1 il ne leur restoit que la direction immédiate
des lecours destinés aux malheureux avec plus de res-
sources pour atteindre leurs beíoins. ,
Mais, faut-il le dire, la magnificence même de cette
perspective en a dû faire craindre le danger, èc c'est le ju-
gement qu'en ont porté les Aíìemblées de 1780 &C 17823
c'est aussi celui que vous en avez porté vous-même. En
multipliant, pour les Maiíons de Charité, les secours pré-
sents íeroit-il sage de lier leur existence à Févénement de
,
toutes les révolutions à venir ? Quelle main puiílantc les
foutiendroit dans des crises publiques &£ posiibles ? Com-
ment imaginer que ces Etabliílements proípéreroient par des
moyens qui paroîtroient ruineux à tout homme faee dans
Fadministration de ía fortune? Nous oserions le dire, les
saines maximes auroienc suffisamment autoriíé les Hôpi-
taux à redouter les sacrifices même que Fhumanité touchan-
te du Roi vouloir leur faire. Ou la masse de íes eno-age-
ments eût un jour accablé FEtat dans des moments de dé-
tresse ou les accroissements annoncés n'auroient pas eu lieu
,
par Fimpossibilité de les réaliser.
Cependant FEdit de 1780 n'ordonne nulle part, que les
Xxxxx %
9§.o PROCÈS-FERSAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Evêques seront consultés dans des Aliénations fi attrayantes
au premier aspect, o£ qui peuvent avoir, dans leurs résul-
tats , des suites si graves. Vainement on diroit que les Evê-
ques placés à la tête des administrationsde Charité, peuvent
les connoître &C les empêcher : ils s'expoíeroient dans Fétat
présent au reproche d'arrêter Fesset d'une Loi publique. Les
Evêques n'ont d'ailleurs dans ces administrations, qu'une
voix, qui peut être perdue , tandis que les Loix canoniques
& civiles leur attribuent une influence immédiate ô£ per-
íorinelie dans la vente des biens des pauvres.- Cette Loi feule,
en présentant un appas dangereux pour les Aliénations,
tend à les multiplier fans nombre 3 &C puisque des récla-
mations, à cet égard, ont été jusqu'à présent sans succès,
vous croirez fans doute devoir, en ce moment, y insister
encore.
Nous pourrions nous dispenser peut-être de vous rappel-
les ici'les malheurs de FAbbaye de Chaalis, puisque des
mains habiles Font arrachée à ía ruine 3 puisque FOrdre de
Oteaux, si long-temps insensible à des malheurs qu'il eût
dû prévenir, ramené enfin par le sentiment&£ Factivité d'un
de ses Membres les plus distingués, s'honore aujourd'hui
de son zèle pour les réparer. Mais cet exemple prouve, d'une
manière trop concluante, combien Fautorité des Evêques
empêcheroit efficacement la ruine des Communautés les
plus brillantes, leurs Emprunts, leurs Aliénations, pour ne
pas trouver ici fa place. Cette Maison , obérée par une suite
de malheurs ££ fur-tout de fautes, avoit successivement for-
mé des emprunts, d'abord fans être autorisée "ÔC ensuite
avec le consentement des Supérieurs, de cinquante ôc de
trois cents mille livres. Les Visiteurs se prêtoient à cette
marche ruineuse, par foibleste ou par complaisance, ô£ dans
le moment même où leurs Procès-verbaux montroient clai-
rement que ces remèdes funestes aggravoient le mal loin
de le guérir. Le Parlement ne négligeoit aucune mesure,
autre que celle des communications à FEvêque Diocésain.
II deraandoit des états des dettes, des états des biens, le
dépôt à son Greffe des quittances de remboursements. En-
fin Fhumeur de quelques Créanciers produisit un éclat, ô£
DU CLERGÉ DE FRANCE, 11 AOUT 178e. ^8 r
l'on ne vit pas íans scandale, à Finstant de la crise, une
Maison Religieuse puissamment riche, surchargée de plus
d'un million de dettes. Ce qu'il y eut de bizarre, c'est ouc
les Religieux prestes pour certains paiements, ne craic-mrenc
pas d'exposer, en contestant la légitimité de la dette, que
FEvêque Diocésain ne Favoit pas consentie. Les Arrêts des
Cours n'en ordonnoient pas moins la venté des biens 3 êc
l'on alloit y procéder, lorsque Monseigneur FEvêque d'Au-
tun, n'écoutant que son attachement connu pour le Cler-
gé fit accorder par le Roi, pour la régie des biens de cette
,
Maison infortunée, un Economat particulier, qui a prévenu
les maux inséparables d'une saisie réelle, &C fait espérer de
plus grands biens encore.
Le Prieur de Yiile-Moutier, près Montargis, fournit un
exemple d'un autre genre encore plus extraordinaire. II
vient d'aliéner son Bénéfice tout entier moyennant une
,
rente en grains, qui est évaluée aujourd'hui à la somme de
fix mille livres. L'Acquéreur s'est chargé des réparations
de la Maison Prieuraîe, qui est devenue la sienne, &£ de
celles dont le Bénéfice étoit tenu envers la Paroifie 3 mais
les autres réparations, les Portions congrues, les Décimes
font pour le compte du Prieur. On a peine à concevoir
fans doute que des idées fi étranges soient devenues Fobjet
d'un contrat sérieux. Vous imaginez fans peine que Mon-
seigneur l'Archevêque de Sens ne les a, ni connues ni ap-
,
prouvées 3 il n'en est pas moins vrai que des Lettres-Paten-
tes ont paru les autoriser. Le Parlement ne les a pas encore
enregistrées 3 mais si FAcquéreur peut obtenir un Arrêt,
nous verrons peut-être un jour les Décimes, les Portions
congrues, ôc fur-tout les réparations, absorber le montant
de la rente, le défaut de service en préparer la prescription,
de le Bénéfice sera perdu fans retour pour FEglise.,
II faut rapporter à la même espèce la vente que viennent
de faire dans ces derniers temps les Pteligicux deCormeri,
de la Seigneurie de Pins, dans la terre de Veret, à M. le Duc
d'iViguillon fous une rente non noble & quérable, de huit
,
cents boisteaux de froment. II paroît par le rapport des Ex-
perts, que la valeur de ces huit cents boisseaux est un objet
^8z PROCÈS-VERBAL DE LASSEAIBLÉE-GÉNÉRALE
de neuf cents vingt livres, tandis que le produit de la Sei-
gneurie n'est que de sept cents livres. 4Seroit-il donc possible
que F Abbaye de Corméri fût dans un tel état de détresse,
ou'elle.fût forcée, pour acquérir une amélioration de deux
cents vingt livres dans ses revenus, d'échanger une Seigneu-
rie contre une rente roturière, dont le titre peut s'égarer
un jour òc le service s'éteindre ? Nous avons peine à nous
le persuader.
L'Arrêt préparatoire de Fenrégistrement ordonna que le
bail à rente feroit communiqué à FAbbé Commendataire
de FAbbaye, ô£ même aux Seigneurs féodaux, ou Justi-
ciers qu'il pouvoit intéresser 3 mais l'avis de FEvêque Dio-
césain ne fut pas demandé : ce ne fut pas une fimpîe omis-
sion, puisque cet avis ne se demande plus depuis longues
années. D'ailleurs Fintervention des Evêques, leur tierce-
opposition ont souvent été rejettées$ nous en avons deux
exemples récents ô£ pour des occasions où les privilèges
,
des exempts n'étoient pas applicables. Les Filles - Dieu de
Paris revenoient, en 1778, contre l'arrentement d'un ter-
rein fait en 1771 , fans le consentement de Monseigneur
F Archevêque, qui a sur cette Maison des titres particuliers,
8£ dont on avoit toujours demandé Fagrément dans des cir-
constances semblables. Le Prélat intervint lui-même avec
Madame FAbbesie de Fontevrault; mais les Filles-Dieu n'en
furent pas moins déboutées de leurs demandes. L'année
d'après, les Annonciades de Popincourt tentèrent le même
événement, ôc éprouvèrent le même fort dans une affaire
jugée au rapport de M. FAbbé de Lattaignant. Or vous
íavez, Messeigneurs ô£ Messieurs, combien l'asiistance des
Evêques est particulièrement utile & désirable dans la con-
duite du temporel des Religieuses de leurs Diocèses.
Les baux à cens ont pris, depuis quelques années, une
faveur plus marquée que les baux à rente. Ils ont plus d'at-
trait pour le Bénéficier contractant, qui s'assure, au préju-
dice du Bénéfice, un droit d'entrée considérable. Ces con-
trats présentent d'ailleurs des profits éventuels de lods &C
ventes, qui íemblent sauver les intérêts de FEglise pour Fa-
venir j en même-temps qu'ils dérobent mieux Faction de la
DU CLERGÉ DE FRANCE* H SÌOUT 17 86. 983
cupidité présenté, ôí de plus ils ne laifíent appercevoir, par
Festet des divisions, que de petits objets à la fois, pour les-
quels les Loix de FEglile ont toujours montré quelqu'hv-
duip-ence. Les Augustins de Limoges semblent avoir adopté
cette marche depuis quelques années. Le 1.6 Octobre 1779,
ils donnèrent à cens, moyennant un droit d'entrée de treize
cents quatre-vingt-dix livres, une partie de leur jardin3
nouveau bail, le 4 Octobre suivant, avec des deniers d'en-
trée de quatre cents trente-deux livres3 troisième bail, en
iy8i , d'une partie du même terrein, o£ fous les mêmes
clauíes ÒC conditions. Bientôt il ne restera que la maison,
qui tombe de vétusté, 6c dont on commence à vendre les
meubles. On ne voit pas que ces baux aient été revêtus de
Lettres-Patentes. Les Frères de la Charité de Cadillac 6v les
Petits-Carmes de Bordeaux íe font livrés à des spéculations
plus importantes. En 1781 ils ont donné à cens des terreins,
situés au Fauxbourg de Saint-Surin de cette derniere Ville,
pour lesquels ils ont reçu des sommes considérables, desti-
nées à des réparations qui íe font faites fans doute. Un
,
excédant de trente-six mille livres a dû être placé en effets
permis aux gens de main-morte. La vente a été autorisée
par le Prince, homologuée au Parlement, faite à Finsu de
Monseigneur FArchevêque.
Les aliénations de maisons font devenues si communes
de nos jours, ôi trouvent tant de partisans que bientôt on
,
croiroit, en s'y prêtant, rendre service à FEglise, si tous nos
principes n'y reíìstoient ouvertement, tk. íur-tout dans un
temps où il n'est plus permis de les remplacer par d'autres
biens-fonds. Ce genre de propriété suffisant au bonheur d'un
prand nombre de familles, inspire aux Bénéficiers le plus
grand éloignement, .parce qu'il entraîne des réparations.
Les rentes en argent qu'on leur substitue ou qu'on doit
leur substituer, ne seront peut-être pas plus, durables 3 mais
elles procurent une jouiílance plus douce, &C des succes-
sions moins chargées d'embarras. Tels font à peu près les
motifs qui décidèrent, en 1780, le Trésorier de Saint-
Martin de Tours à vendre huit massons c£ quelques bou-
tiques faisant partie des biens de ía Trésorerie. Les Reli-
,
984 PROCÈS-FERBJL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
gieux de la Couture du Mans, ont aliéné de mcrae les mai-
íons que posiédoit leur Mense conventuelle dans cette Ville.
Et comme ils ne vouìoient pas être arrêtés par les opposi-
tions des Abbés Conimendataires ils ont engagé deux
,
Abbés íucceííifs à íuivre leur exemple. Les contentements
respectifs s'obtiennent aisément en ce cas. Monseigneur FE-
vêque du Mans, qui n'étoit mu que par des motifs pris de
fa place ôC de ion zèle, a formé des "réclamations jusqu'à
pré lent inutiles. •
Les Pères de FOratoire de Nevers ont vendu, en 1783,
la moitié an moins de leur propre maison 3 c£ quoique la
partie restante íuíhíe encore abondamment aux beioins du
íeul Ecclésiastique qui Fhabite, la propriété des objets ven-
dus n'est pas moins perdue pour le Clergé.
Tel est, Meííeigncurs &. Messieurs le tableau que nous
,
avons cru devoir vous présenter des diverses Aliénations
qui se pratiquent dans FEglise de France, malgré les récla-
mations ce le vceu des Evêques. Nous aurions pu y ajouter
bien des traits, vous montrer les Cordeliers de Limoges
aliéner une partie de leur jardin, íous prétexte de réparer
leur Maison qui menace ruine: le seul Père Augustin ,de-
meurant à Saint-Pierre-le-Moutier, vendre par pièces Sc
lambeaux les modiques dépendances d'une Maison pauvre,
'òl donner à loyer la meilleure partie de son propre Monaf-
tere , même pour des usages qui n'y peuvent entraîner
qu'une dissipation contraire à l'eíprit de son état ; les Cor-
deliers de Villefranche, concéder à cens &C rente perpétuelle
leurs jardins & bâtiments, s'en dessaisir à vil prix, ÒL avec
permission du Désinitoire de FOrdre, en évitant de donner
aux formalités, aux publications, aux enchères cette publi-
cité qui feule les rend utiles. On vous demandoit des exem-
,
ples d'Aliénation nous craignons de vous avoir affligés en
,
les rapportant j Sc il vous paroîtra suffisant sans doute de
vous avoir montré dans chaque genre des exemples récents,
3c aílez multipliés pour causer vos alarmes & déterminer
vos plaintes.
Le Bureau, frappé des titres précis SC nombreux qui
vous donnent droit à connoître de FAliénation des biens
ecclésiastiques,
DU CLERGÉ DE FRANCE, II AOUT 1786. 98/
ecclésiastiques, est d'avis qu'en suivant les traces de F Assem-
blée de 1775 &£ de celles qui Font suivie, vous renouvelliez
vos instances pour obtenir du Roi :
i°. Qu'il soit donné une Déclaration qui défende à
tous Bénéficiers , Corps ôC Communautés Ecclésiastiques
séculiers ou réguliers, exempts ou non exempts d'aliéner
les biens dépendants de leurs Bénéfices, par vente, échange,
même par baux emphytéotiques au-destus de vingt-septans
j
ainsi que de les hypothéquer pour la fureté de leurs em-
prunts, fans que les motifs de ces Aliénations ô£ emprunts
aient été vérifiés fur les lieux par une information faite de
Fautorité des Evêques Diocésains.
2.0. Que cette disposition soit étendue aux Hôpitaux $C

aux Fabriques.
30. Qu'il soit ordonné par la même Loi, que les rentes
dC redevances stipulées par des contrats d'arrentement des
fonds de terre &C autres biens qui en font susceptibles, se-
ront toujours en denrées, comme représentant plus naturel-
lement leurs produits.
40. Que les Bénéficiers &í Communautés, réputés mi-
neurs par les Loix du Royaume, leur. soient entièrement
assimilés en ce qui concerne F Aliénation des biens.
S ç- Que FArticlej de la Déclaration de 1774, soit ré-
voqué S>C qu'en conséquence il soit permis aux Ecclésias-
,
tiques de donner les biens qui rentreroient dans leurs mains,
à l'expiration des baux emphytéotiques, fous des rentes nou-
velles proportionnées à la valeur des fonds.
Le Rapport fini FAílemblée, après avoir donné les
,
éloges dus à ce travail, a délibéré de demander :
i°. Qu'il fût rendu une Déclaration qui défendît à tous
Bénéficiers Corps ê£ Communautés Ecclésiastiques, sé-
,
culiers c\c réguliers exempts ou non exempts, d'aliéner
,
les biens dépendants de leurs Bénéfices, par vente, échange,
même par baux emphytéotiques au-desius de vingt-sept ans,
ainsi que de les hypothéquer pour la fureté de leurs em-
prunts , fans que les motifs de ces Aliénations 6c" Em-
prunts aient été vérifiés fur les lieux par une information
faite de Fautorité des Evêques Diocésains.
Proces-verb. de 178 j-178 6. Yyyyy
986 PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALÊ
I°, Que cette disposition fût étendue aux Hôpitaux &
aux Fabriques.
3--0. Qu'il fût ordonné, par la même Loi, que les rentes
&C redevances stipulées par clés contrats d'arrentcment
d&s fonds de terre &C autres biens qui'en font susceptibles,
íeroient toujours ,én'denrées, comme représentant plus na-
turellement leurs produits.
40. -Que les Bénéficiers c£ Communautés, réputés mi-
neurs paf les Loix du Royaume, leur fusienc entièrement
aíllmilcò en cë qui concerne l'akénation des biens. •
'.' j°. Que "F Article § de la Déclaration de 1774 fût ré-
voqué, &C qu'en conícqûence n fût permis aux Ecclésias-
.
tiques de^ donner les biens qui rentreroient dans leurs mains
à Fexpiration des baux emphytéotiques, fous des rentes nou-
velles, proportionnées à la valeur des fonds.
En'conséquenceMonseigneur F Archevêque d'Aix, Mon-
seigneur FEvêque -de Nevers &L Messieurs les Abbés de
Rouvenac & de la Mire-Mory, ont été priés de voir M. le
Carde des Sceaux & M. le Contrôleur Général, & de
-
leur raire connoître 'les justes motifs qui ont déterminé
la Délibération de FAsiémblée.
Messeigneurs &£ Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, 1 z Août,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque òc Primat
de Narbonne, Président.

DU SAMEDI, DOUZE AOUT 1786., 1


a neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

CXXXI MEsseigneurs & Messieurs les Commissaires, pour la


SÉANCE.
Religion & la Jurifdicstion, ont pris le Bureau. Monfei-
gneur FArchevêque d'Arles, Chef de la Commission, a dit:
DU CLERGÉ DE FRANCE> n Aovr 1786. 9S7
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET

Quoique FArrêt du 31 Mai dernier ait prononcé la


décharge de Monseigneur le Cardinal de Rohan, Finstruc-
tionde ce Procès criminel,portée &C retenue enCour sécu-
lière sera toujours comptée entre les époques affligeantes de
,
notre Histoire. Nous l'avons précédemment observé : c'est
ici le premier exemple d'un Evêque François ainsi jugé
contradictoirementÒC définitivement. Mais, dans Fétat pré-
sent de la procédure on ne peut gueres en demander la
,
réformation, ni soumettre les Parties à un nouveau Juge-
ment. Sans doute le grand intérêt de FEglise Gallicane est
aujourd'hui d'empêcher que l'attribution de cette cause au
Parlement de Paris ne prépare insensiblement la voie à
un changement de Jurisprudence sur le Tribunal an-
ciennement établi pour connoître des accusations for-
mées contre les Membres de FOrdre Episcopal. Déjà la
manière dont le Roi vient de répondre au Mémoire que
vous lui aviez présenté Fannée derniere , commence à
rassurer le Clergé sur les suites d'une innovation fi dan-
gereuse. En sollicitant le rapport des Lettres-Patentes
qui avoient saisi le Parlement de Fassaire , dans laquelle
Mgr. le Cardinal de Rohan a eu le malheur d'être impli-
qué, vous aviez fait voir par des Loix précises, d'autant
plus cheres à la Nation qu'elles ont été publiées dans l'Af-
semblée générale de tous, les ordres de Citoyens, que le Droit
Public de la France réservoir le Jugement des Prélats accu-
sés à leurs Collègues dans FEpifcopat, ÒC que telle avoir
été la pratique constante & universelle de la Monarchie
fous les trois Races de nos Rois, s'approuve, est-il dit dans
la réponse de Sa Majesté, le ^ele du-Clergé de mon Royau-
me pour la conservation des anciens privilèges qui lui ont été
accordés par les Rois mes prédécesseurs. Si la nature de l'af-
faire du Cardinal de Rohan ÓG la difficulté de déterminer le
Tribunal qui p ouvoit en connoître ne m ont pas permis d'avoir.
l _,
égard aux représentations de Assemblée dans l'efpece par-
ticulière mon intention efi que cet exemple ne tire point a con*
j Yyyyy 2.
«8 8 PRGCE'S-FERBAL DE L AsSEMBLÉE-GÉNÉRALE
féûiience SG que les causes personnelles des Evêques conti-
s
nuelle d être uiflruites <5G jugées ainsi quelles l'ont été par le
vajfé. Ainsi le privilège des Chefs de la Religion est reconnu
par le Législateur dans la thèse générale. Si le reípect pour
Fautorité souveraine ne nous interdifoit pas une discussion
devenue actuellement sans objet nous n'aurions pas de
,
le
peine à montrer que concours singulier des circonstances
dont étoit accompagnée Faftaire de Mgr. le Cardinal de
Rohan, ne forçoit point d'appeller d'autres Juges de ce Pré-
lat dans l'efpece particulière. Mais les inquiétudes que pour-
roit faire naître cette partie de la réponse du Roi, dispa-
roiílent devant Fasiurance donnée en même-temps par Sa
Majesté elle-même, que cet exemple ne tirera point à con-
séquence, òc que Fancienne forme, concernant les causes
períonnelles des Evêques, fera maintenue ôc" observée. En
essetjsans reprendre la chaîne des faits développés avec éten-
due dans notre premier Rapport, fur cette importante ma-
tière, les jurisconsultes 6c les Magistrats les plus zélés pour
étendre la Jurifdiction des Tribunaux séculiers, enseignent
eux-mêmes que la poílession est en faveur du Juge d'Eglise.
Uimmunité personnelle des Evêques a toujours Jubfifiéfous
la première la seconde ÓG la troisième Race dit FAuteur
du Traité dej F Abus. Suivant d'Héricourt, depuis Rétablis-
j
sement de la Monarchie les Evêques accusés des crimes les
plus graves même de lêse-Majeflé ont été jugés par les
j dans le Concile Provincial.
Evêques
3
Si un Prélat, dit
autres
Pafcjiiier, étoit prévenu en Justice, soudain on assembloit un
Concile par autorité du Roi ÔG en cette Assemblée légitime

étoit fait le Procès à cet Accusé., lequel par les voix ÓG suf-
j absous.
frages des Evêaues étoit condamné ou Cétoit une
,
coutume fi familière a la France j que ce seroit du tout errer
ï
contre ancienneté, quivoudroit l ignorer. Cela doit par raisonj
disoit, au nom du Roi Charles IX, M. Dumefnil, Avocat-
Général au Parlement de Paris, exciter le Rot à conserver
ce que ses prédécesseurs ont fi curieusement acquis ÔG main-
tenu j SG ne permettre que de son temps soient entamés ÔG
violés tels .cG fi précieux droits par lui jurés en son Sacre ; ÔG
regardant de jipres son état comme ceux-ci, auxquels confifie
DU CLERGÉ DE FRANCE, n AOUT 1786. 989
/e lien du devoir réciproque entre lui ÔG ses Sujets lesquels,
,
continue ce Magistrat, attendent de leur Roi protection ÓG
conservation de leur liberté, comme ils lui doivent très-
humble ÔG très-loyale obéissance. Mais écoutons un Magis-
trat également chargé des fonctions du ministère public au
Parlement de Paris, & dont le témoignage est d'autant plus
décisif fur ce point de fait, qu'il paroiiloit désirer person-
nellement que cette exception eût été resserrée dans des
bornes plus étroites. Les Evêques, dit M. le Bret, par un
privilège spécial, font exempts de répondre devant les Juges
séculiers, ÔG bien que le crime de lèse-Majesté ÔG d entre-
prise contre l'Etat devoit être excepté, ÔG que son atrocité dût
faire cesser tous privilèges néanmoins les anciens Rois ont
porté tant d'honneur à cettej dignités qu'ils n ont jamais voulu
f
les aire juger que par d'autres Evêques assemblés en forme
de Synode. Enfin le Souverain lui-même dans le préam-
bule de la Déclaration du z 6 Avril 1657, rappelle en pro-
pres termes, que fis Prédécesseurs ont fait juger , par les
Evêques assemblés, les Evêques accusés de crime de lefe-Ma-
jeflé durant la première, laseconde ÔG la troisième Race jusqu'à
présent sans interruption.
Toutes ces autorités, Messeigneurs òí Messieurs, ne per-
mettent pas de mécônnoître les intentions & les vues de
Sa Majesté, lorfquEUe déclare vouloir que les causes per-
sonnelles des Evêques continuent d'être instruites &C jugées
ainsi que par le passé j mais fi la parole royale fait évanouir
les craintes pour Favenir, elle laiíle subsister en entier, &C
les Lettres-Patentes données les 5 Septembre òc z 6 Décem-
bre 1785 &C les Arrêts rendus par le Parlement de Paris,
,
les 7 Septembre & 15 Décembre 17-85 17 Février 6c 31
,
Mai 1786. Verrons-nous en silence de pareils monuments
s'inscrire dans les annales de la Jurisprudence Françoise &:
,
répandre des nuages fur Fimmunité personnelle des Evê-
ques? Non, il n'est point éteint, le zèle sage, éclairé &£
courageux qui signala plus d'une fois, dans des temps diffi-
ciles, Fadministration de nos Pères. Comme eux, nous oíe-
rons combattre encore pour les libertés Ecclésiastiques 6c
la cause de FEpiscopat, sans perdre un seul instant de vue
9$o PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
le devoir de fidèles Sujets. On connoît la célèbre Protes-
tation souscrite en i 577 par la Chambre Ecclésiastique des
Etats de Blois, $C renouvellée deux ans après par FAssem-
blée de Melun, contre distérentes aliénations faites fans le
consentement du Clergé. La même voie fut adoptée, par
FAíIemblée de 1650, à Foccasion de quelques Evêques
jugés en première instance par les Commisiaires Aposto-
liques, au préjudice du Concile Provincial. Cette pratique
a été consacrée par l'exemple si imposant de F Assemblée de.
1 68 z,
dans Fassaire de Pamiers ô£ dans celle des Religieuses
de Charonne. Enfin, de nos jours, au milieu des atteintes
portées aux droits de la Puislance spirituelle par une mul-
titude d'Arrêts &C de Jugements, les Asiemblées de 1760
& de 1765 ont cru devoir consigner également dans leurs
Procès-verbaux des actes publics de réclamation. Telle a
été, plus récemment encore, la conduite tenue dans FAs-
semblée de 1780, lors de Funion de l'Ordre de Saint-An-
toine à celui de Malthe. Fidèle à suivre la trace précieuse
des précédentes Asiemblées, nous vous proposerons donc,
avec confiance , de manifester aujourd'hui la persévérance
de vos sentiments par une Déclaration folemnelle, qui, pré-
venant avec une liberté pleine de respect 6c de modération,
les inductions qu'on voudroit tirer des Lettres-Patentes ôC
Arrêts intervenus dans Fassaire de Mgr. le Cardinal de
Rohan, transmette aux générations suivantes, &C le souve-
nir des essorts que vous avez faits pour le maintien de nos
immunités, ££ Fasiurance donnée par le Roi que cet exem-
ple ne tirera point à conséquence, & que les causes person-
nelles des Evêcmes continueront d'être instruites 6í jugées,
ainsi qu'elles Font été par le passé. Par ces sortes d'actes con-
íervatoires, on enchaîne au moins le cours de la prescrip-
tion, Fempire des saines maximes se perpétue, &L Fopinion
clu Clergé demeure à jamais fixe &L inébranlable fur les
grands incérêts confiés à fa vigilance.
Le Rapport fini, FAíIemblée adoptant Favis de la Com-
,
mission, a délibéré d'insérer la Réponse du Roi dans le Pro-
cès-verbaì, & cependant de manifester la persévérancede ses
sentiments par une déclaration solemnelle qui prévenant,
,
DU CLERGÉ DE FRANCE J U AOUT 1786. 991
avec une liberté pleine de respect ÔC de modération, les in-
ductions qu'on voudroit tirer des Lettres-Patentesbc Arrêts
,intervenus dans Fastaire de Mgr. le Cardinal de Rohan-,
transmette aux siécles suivants le souvenir des efforts de
FAstemblée pour le maintien de Fimmunité personnelle des
Evêques, Ô£ Fasturance donnée par le Roi que cet exemple
ne tirera point à coníéquence , &£ que les causes personnelles
des Evêques continueront d'être instruites 6c jugées ainsi
quelles Font été par le pallé.

RÉPONSE DU ROI ». —~

Au Mémoire fur Fimmunité personnelle des Evêques.

"s'Approuve le 7Lele du Clergé de mon Royaume pour la


ij? conjervation des anciens privilèges qui lui ont été accordés
par les Rois mes prédécesseurs. Si la nature de l'affaire du
Cardinal de Rohan ÔG la difficulté de déterminer le Tribunal
qui auroitpu en connoître ne m ont pas permis d'avoir égard
>
aux représentations de lAssemblée, dans l'espèce particulière
>
mon intention est que cet exemple ne tire point à. conséquence „
ÔG que les causes personnelles des Evêques continuent d'être
instruites ÔG jugées ainsi qu'elles l'ont été par le pasjé.

Monseigneur FArchevêque d'Arles a dit ensuite :


MESSEÏGNEURS ET MESSIEURS,
On vous a distribué, pendant les Séances de Fannée der-
niete, un Mémoire très-ample &C très-instructif, fur le projet
d'une Collection complète des Conciles de France, monu-
ment qui manque encore aux besoins de nos Eglises, mal-
gré les voeux &£ les encouragementsde toutes les Asiemblées
du Clergé, depuis 171 o jusqu'en 1745- En esset le Recueil
du P. Sirmond ne s'étend pas au-dela du neuvième siécle.
<o.<?i PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
D'ailleurs bien des actes intéresiants avoient échappé aux
laborieuses recherches de ce savant Jésuite. Dans la com-
pilation donnée par le Sieur Odeípun de la Mefchiniere,
on s'est contenté de recueillir les Conciles tenus dans le
t

Royaume depuis la célébration du Concile de Trente. II


étoit donc bien digne des vues de FAíIemblée de 1770, de
rappellcr., après vingt années de silence, le plan èc les avan-
tages d'une nouvelle édition. Les Bénédictins de la Con-
grégation de Saint-Maur paroisse n t avoir suivi, depuis quel-
que temps, Fexécution de cette entreprise avec autant de
zèle que de lumière. Déja les trois premiers volumes font
en état d'être livrés à FImprimeur, òí l'on a rassemblé 8c
réuni tous les matériaux néceflaires pour les volumes sui-
vants. Si cette Collection, enrichie de Sommaires 6£ de
Notes, paroiíloit fous le nom du Clergé, il feroit indispen-
sable de faire choix de Commissaires pour surveiller un tra-
vail dont vous deviendriez garants & responsables. Sans
Vous jetter, Mefleigneurs &£ Messieurs, dans les embarras
d'une opération lente, dispendieuse &C semée de difficultés,
tout vous invite à favoriser la prompte publication de
FOuvrage, en souscrivant pour un certain nombre d'exem-
plaires lesquels feroient répartis entre les cent seize Dio-
,
cèses qui composent le Clergé de France ÔC participent à
£es impositions. L'Assemblée de 1782
a consacré un fonds
annuel de 30000 livres en faveur des Ecrits précieux à la
Religion &C aux Lettres. Sans doute la destination de ces
deniers ne fera pas changée, si vous en affectez une partie
au paiement de cette souscription, bornée d'abord au pre-
mier volume, 8£ continuée successivement à mesure que
les autres volumes seront imprimés. Ainsi de légères avances
suffiront de la part du Clergé, &C jamais elles ne seront faites
en vain. Déja le Public jouit des Procès-verbaux de vos
Assemblées, dont la tenue n'a pris une forme régulière que
peu de temps avant la cesiation entière des Asiemblées Syno-
dales. En joignant à ce premier Recueil les Actes des Con-
ciles depuis Fintroduction du Christianisme dans les Gaules,
nous aurons, en un petit nombre de volumes, la fuite des
principaux monuments de FEgdife de France. Mais corn-
L
*• CD
bien
DU CLERGÉ DE FRANCE , I Z AOUT 178 e. ^9$
bien peut-être de richesses, en ce genre, demeurent ense-
velies dans les Archives particulières des Evêchés, Chapi?
tres, Monastères &£ autres Etablissements, afin de donner
à la Collection projettée tous les dégrés d'amélioration dont
elle est susceptible ? Messieurs vos Agents pourroient écrire
dans les Diocèses une Lettre circulaire, tendante à deman-
der une note indicative des pièces, concernant les Conciles:,
qui font restées manuscrites, ou n'ont pas été imprimées
dans les Collections connues. Ces renseignements seront
communiqués au principal Editeur, à Dom Labatj òí dans
le cas de quelque découverte, rien ne seroit négligé pour
se procurer une expédition authentique de F Acte. Puisse
cette honorable entreprise, conduite de nos jours à fa per-
fection en ranimant le goût des saines études òc Fheureufe
,
habitude de puiser dans les sources, susciter parmi nous une
génération de vrais Savants, dignes de concourir à faire
renaître les meilleurs temps de FEglise Gallicane !
Nous avons donc l'honneur de vous proposer, ip. de
souscrire, dès-à-présent, pour le premier volume de la nou-
velle Collection des Conciles de France jusques à la concur-
rence de deux cents cinquante exemplaires, dont un pour
chaque Evêque dt un pour chaque Chambre Ecclésiastique
des Diocèses qui composent le Clergé de France, z°. de
réserver sur les fonds établis pour favoriser les entreprises
littéraires, utiles à la Religion une somme annuelle, la-
,
quelle sera successivement employée à continuer cette sous-
cription à mesure que les volumes paroîtront, 3 °. de faire
écrire dans les Diocèses, par le ministère de Messieurs les
Agents, pour inviter les Evêques, Chapitres, Monastères
ôt autres Etablissements, à vouloir bien envoyer une nore
indicative des actes ô£ monuments relatifs aux Conciles de
France qui se trouvant dans leurs Archives, n'auroientpas
été rendus publics, ou ne feroient pas insérés dans les Col-
lections connues.
Le Rapport, fini, FAssemblée, conformément à Favis de
la Commission a délibéré :
,
1Q. De souscrire, dès-à-présent, pour le premier volume
de la Collection des Conciles de France jusques à la con-
Procès-verb. É/<?17 S j -17 8 6. Zzzzz
994 PROCÈS-VERBAL DE L*ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

curré-nce de deux cents cinquante exemplaires, dont un


pour chaque Evêque àL mi pour chaque Chambre Ecclé-
siastique des Diocèses qui composent le Clergé de France.
z°. De réserver, sur les fonds établis pour favoriser les
entreprises littéraires utiles à ia Religion, une somme an-
nuelle laquelle sera successivement employée à continuer
,
cette souscription à mesure que les volumes paroîtront.
3°. De faire écrire dans les Diocèses, par le ministère
de Messieurs les Agents, pour inviter les Evêques, Chapi-
tres , Monastères 6c autres Etablissements, à vouloir bien
envoyer une note indicative des actes & monuments rela-
tifs aux Conciles de France, lesquels se trouvant dans leurs
Archives ssauroient pas été rendus publics, ou ne feroient
,
pas insérés dans les Collections connues.
Messeio-neurs ôC- Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
! La Séance a été indiquée à Jeudi prochain, 17 Août,
à neuf heures du matin.
• Signé )$i ARTHUR-RICHARD Archevêque & Primat
,
de Narbonne, Président.
!

DU JEUDI, DIX-SEPT AOUT i786;


à neuf heures du matin.

Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

CXXXII MOnseigneur FArchevêque de Narbonne a dit : Qu'U


SÉANCE. avoit reçu une Lettre de'M. d'Angiviller, qui lui
mandoit que le Roi ayant fait imprimer le résultat des ex-
périences faites à Rambouillet, fur les moyens de préserver
íes froments de la carie il lui en envoyoit deux mille exem-
,
plaires pour les faire distribuer par les mains des Evêques
à MM. les Curés qui leur paroîtront les plus éclairés, d>C
les plus disposés à engager leurs Paroissiens à faire usage
de cette Instruction.
L'Assemblée, en admirant le zèle avec lequel Sa Majesté
DU CLER.GÉ DE FRANCE* 17 AOUT 1786. 99^
s'occupe du bonheur de ses Sujets, a délibéré de charger
Messieurs les Agents de faire parvenir cet Ouvrage aux Ar-
chevêques ô£ Evêques du Royaume, conformément aux
intentions du Roi.
Messeigneurs &: Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, 1 8 Août,
à neuf heures du matin.
Signés AKTHVK-RICHABÌDy Archevêque&: Primat
de Narbonne, Président.

DU VENDREDI, DIX-HUIT AOUT 1786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs &C Messieurs Commistaires, pour le


les CXXXIll
SÉANCE.
Temporel, cnt pris le Bureau. Monseigneur FArche-
vêque d'Aix, Chef de la Commission, a dit :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
VOUS avez délibéré de demander un Jugement définitif
sur Fassaire des Foi 6>CHommages, le terme de vos Séances
s'approche. M. le Rapporteur n'est point encore arrivé. II
ne restera plus que quinze jours pour les conférences de
M. le Garde des Sceaux 8c de MM. les Commissaires, 6c
il faut que ces conférences soient ^décisives. Nous devons
craindre un silence dont les suites feroient les mêmes que
celles d'une condamnation. Nous devons représenter que
FAssemblée ne peut pas se séparer, en laissant tous les Bé-
néficiers exposés dans toute la France, 6c fur-tout dans les
apanages, aux poursuites des Chambres des Comptes, &C
des Officiers du Roi 6c des Princes. Nous ne vous dissi-
mulons pas qu'un Jugement fera difficile à prononcer. Des
connoissances plus approfondies ont fait connoître la vérité.
Zzzzz z
^9 6 PR-ÔCES'FERBAL DE LAS SEMBLÉE-GÉ\NJÉRALE
L'o,pinion: du Public favorise une cause que ses préjugés
.íembioient avoir proícrite. Les Loix font póur nous 5 ô£ si
les Juges éprouvoient quelqu'embarras dans la contradic-
tion cle leurs idées habituelles, avec des vérités qu'on ne
..peut, plus- mécónnoitre,' ces embarras même leer feroient
mieux sentir ce que nous devons .attendre de leur justice,
c^ Tindifpe;>:able nécessité de nous mettre à Fabrice ces .mê-
mes pouríukes , auxquelles ils ne croiroiénc .-pas pouvoir
nous condamner. . ,_
Nous vous proposerons, MeîTeigneu.rs oC Messieurs, de
nommer une députation pour mettre lous les yeux de
M. le Garde des Sceaux ie juste sujet de nos inquiétudes,
& pour lui repréíenter a quel point il nous est impossible
de mettre n:i cemie à nos Séances, fans avoir obtenu un
Jugement.;, nous yous inviterons à prier Monseigneur FAr-
chcveauc de iMarcionne de vouloir bien íe joindre à la
députation,
Sur quoi F Assemblée a délibéré de nommer Monsei-
gneur FArchevêque d'Aix, Monseigneur FEvêque de Ne-
vers, Messieurs les Abbés d'Agouk & de Dillon pour sol-
liciter avec instance un jugement définitif sur Fassaire des
Foi &C Hommages, & Monseigneur FArchevêque de Nar-
bonne a été prié de se joindre à la députation.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a dit encore:
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
NOUS VOUS entretiendrons des progrès qui deviennent
tous les jours plus sensibles d'une administration tendante
à faire disparoïtre tous les privilèges du Clergé fur la taille.
Monseigneur FEvêque de Nevers a recherché les opérations
exécutées dans quelques Généralités, dont il résulte une
taille réelle, impoíée sur les biens-fonds dépendants des Bér
néfìces. II en a développé les vues ; il en a suivi la marche,
5c il a fait voir bien clairement que ces opérations ne laif-
soient presque plus d'objet ôc" d'ester à Fexemption des biens
des Ecclésiastiques. Vous trouverez, Messeigneurs &: Mes-
sieurs, que Monseigneur FEvêque de Nevers a rempli yos
DU CLERGÉ DE FRANCE 3 18 AOUT 178.6. 997
vues dans le Mémoire dont il va vous faire la lecture, &C
qu'il a rédigé en conléquence de votre Délibération du 17
Septembre de Fannée .derniere. !
Lecture faite du Mémoire fur la Taille l'Assemblée a
,
remercié Monseigneur FEvêque de Nevers des foins qu'il
s'étoit donnes pour ce travail, &c a prié Monseigneur FAr-
chevêque d'Aix, Monleigneur FEvêque de Nevers ôc Mei-
>
lleurs les A'obés d'A.goult & de la Mire-Mory d'en conférer
avec M. le Contrôleur-Général. Isa de plus été arrêté que
ce Mémoire íera inféré dans le Procès-verbal.
Mesteigneurs 6c Meilleurs les Commistaires ont été tra-
vailler a leurs Bureaux.
-
La Séance a été indiquée à demain Samedi, 19 Août,
a neuf heures du matin.
Signés ÀRTHUR-RiCHARD, Archevêque ôê" Primat
de Narbonne, Président. •

MÉMOIRE
Sur les nouvelles formes d'imposition à la Taille des Fermiers
des biens Ecclésiastiques ÔG des Adjudicataires de leurs
3
bois ÔG denrées ainsi que sur la limitation qu'on entre-
prend de donner_,au privilège des personnes Ecclésiastiques
qui font valoir par leurs mains.
CE n'est pas par des tributs levés en la forme ordinaire,
c'est par des dons librement offerts que le Clergé du
Royaume est venu, dans tous les temps, au secours de FEtat.
Cette manière pouvoit feule concilier Fimmunité de íes pos-
sessions avec son zèle pour le bien public, òc ion affection
pour nos Princes. L'Ordre Ecclésiastique s'y est livré avec un
désintéreslement qui Fhonore. Peu à peu ses engagements
ont tonné une dette immense 5 ê£ pour y faire face, il a
fallu que les Décimes, passagères dans le principe, dévinsient
annuelles ^permanentes. Leur taux s'est enfin élevé au
niveau, peut-être au-dessus des contributions supportées
9-98 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

par le reste des Citoyens. Fidèle a ses sentiments,, le Clergé


n'a pas redouté cette mesure3 mais il a conçu la juste espé-
rance que cette charge volontaire le mettroit a couvert de
íoutes les autres, &C que le Gouvernement , touché de ses
sacrifices, le maintiendroit fidèlement dans la jouissance de
ses exemptions.
Quelque légitime que ce voeu doive paroître, il est jour-
nellement contredit par les faits. Plusieurs atteintes portées
aux privilèges de FOrdre Ecclésiastique, ont été mises fous
les yeux de Sa Majesté par F Assemblée actuelle; mais il en
^st une plus marquée que toutes les autres, propre à opérer
feule une révolution décisive qui se prépare depuis plu-
,
sieurs années, se développe avec une lenteur apparente 8c"
des succès réels 3 c'est le système qui s'introduit dans quel-
ques Généralités pour la répartition de la Taille : ses progrès
menacent Funiversalité des biens de FEglise; &£ s'il devient
jamais Loi générale de FEtat, il ne íera plus possible que
le Clergé remplisse ses engagements. Les détails que va pré-
senter ce Mémoire, paroîtront de nature à ne laifler aucun
doute sur la vérité de cette assertion.
La Taille étoit, dans le principe, une contribution pas-
sagère que nos Rois Ô£ les Seigneurs particuliers deman-
,
doientaux Sujets de leurs Seigneuries qui ne les fuivoient
pas dans les guerres.
Charles VII, en rendant cette contribution annuelle St
perpétuelle, lui donna une destination fixe, mais il n'en
changea pas la nature ; c'est-à-dire, que ce Prince n'assujettit
à la Taille que les roturiers. Ce principe a été refpeóté, mê-
me dans les Provinces où la Taille est devenue réelle &C
territoriale. L'impôt y a conservé son premier caractère dans
ce sens qu'il affecte seulement les biens que les roturiers y
possédoient lors des premiers encadastrements.
II résulte de cette notion fondamentale, que l'exemption
de contribuer aux Tailles, dont jouit le Clergé, est moins
un privilège ou une concession, que la fuite naturelle de la
qualité des personnes Ecclésiastiques. Les expressions même
des Loix les plus anciennes supposent cette vérité. II ré-
pugneroit en effet à notre constitution nationale qu'un
,
DU CLEÚGÉ DE FRÁNCÈ, 18 AOUT 1786. 999
impôt qui ne frappe pas fur la Noblesse, affectât le Clergé.
Une autre fuite nécestaire de la nature de cet impôt,
c'est qu'il est personnel dans les pays non cadastrés. La Taille,
il est vrai, affecte le roturier dans ses biens, dans son com-
merce , dans son industrie, dans son aisance, de quelque
part qu'elle procède j mais elle ne frappe que d'une manière
indirecte fur ces objets, comme constituants les facultés&:
les moyens du Taillable. L'Ecclésiastique èc le Noble ne
doivent donc pas être imposés à raison de leurs personnes,
parce qu'elles font immunes ; ils ne peuvent pas Fêtre non
plus à raison de leurs biens, parce que leurs biens ne doi-
vent supporter ce fardeau dans les mains d'aucun Pro-
priétaire.
C'est à raison de ce principe, que FArticIe 48 du Rè-
glement de 1634, défend de taxer les particuliers cotisa-
bles, ailleurs qu'au lieu de leur domicile pour tous les
,
biens qu'ils polledent 3 que FEdit de 1635 &C l'Arrêt du
Conseil de 1687, contiennent une disposition semblable,
même en laveur des Fermiers, comme si le Gouvernement
avoit craint que du transport des taxes dans le lieu des hé-
ritages on ne pût conclure qu'il étoit possible de les séparer
,
des perlonnes.
Les Loix les plus anciennes font conformes à cet ordre
des choies, en ce qui touche les Ecclésiastiques. Les Lettres-
Patentes de 1 624 ÔC 1 6z 6, les déclarent immuns ÔG exempts
de toutes Tailles, Aides* Charges ÔG Impositions quelcon-
ques y dont les Seigneurs ÔG personnes nobles font exempts.
S'exprimant ensuite séparément íur FArticIe des Tailles, elles
confirment l'exemption du Clergé fous tous {es rapports :
on n'y retrouve, à la vérité, aucune disposition particulière
en faveur des Fermiers de ses biens : mais on ne peut pas
conclure de ce silence, que cette partie de l'exemption ne
fût pas reconnue; elle tient essentiellement à Fimmunité
dans ce sens que les Fermiers ne peuvent être imposés a la
Taille, à raison de leurs Fermes, sans que les Propriétaires
le soient indirectement eux-mêmes.
La justice ô£ la bonne foi forcent pourtant de convenir
que cette derniere partie de l'exemption ne tarda pas à être
rooo pRocks-fËRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÊNÉRÂLE
attaquée, sous prétexte de réprimer les abus que les Fer-
miers pouvoient se permettre à Fabri des privilèges du
Clergé. On en vint ensuite à les imposer à raison des pro-
fits qu'ils faisoient sur.ses biens. On alla plus loin: fous pré-
texte que la profession de Fermier est un acte de dérogeance -3
on prétendit qu'il falloit imposer à la Taille les Curés qui
prenoient à ferme les dîmes de leurs Paroisses, quoique la
justice &Fhumanité réclamassent, à cet égard, une exemp-
tion en leur faveur, quand même elle n'eût pas été la fuite
des principes.
Ce fut fur-tout vers le milieu du siécle dernier, que ces
nouvelles idées commencèrent à germera des guerres rui-
neuses épuisoient la France, des besoins pressants rendoienc
Fautorité peu difficile fur le choix des moyens, ô£ la justice
de nos Rois se reprochoit bientôt d'avoir employé ceux qui
blestoient les formes anciennes.
Dans la révolution d'un petit nombre d'années, on vit
successivement paroître diverses Loix contraires, &C favo-
rables aux immunités du Clergé. Enfin parut le célèbre Edit
de i 667, qui fit époque en matière de Tailles.
Après Fexpoíé des abus que faisoient les Privilégiés des
Règlements de 1634 &; 1 643, cette Loi prononça la dis-
position íuivante : Nous ordonnons que lefidtts Ecclésiastiquesj
Gentilshommes Chevaliers de Malthe ne pourront tenir qu une

Ferme par leurs mains dans une même Paroisse 3 ÔG sans
fraude ; savoir le labour de quatre charrues ,sans qu ils puis
sent jouir de cej privilège que dans une feule Paroisse.
Quelque gênante que paroisse cette disposition, Fobjet
du Législateur, en Fadoptant, fut moins déporter atteinte
à l'état de la Noblesie & du Clergé, que de soulager les
Taiilables, en divisant un fardeau qu'il n'étoit pas possible
de diminuer. Plus Fimpcsition à la Taille montre Finfério-
rité du Taillable, par la différence qu'elle établit entre le
noble ÒC le roturier plus la vanité avoit recherché les
,
moyens de s'y soustraire. Le nombre des Privilégiés s'étoit
prodigieusement accru. Les Nobles, de leur côté, pour tirer
de leurs terres le plus grand produit possible, les faisoient
exploiter, en vertu cle baux secrets, par des personnes affi-
dées,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 18 AOUT 1786, ioor
dées, qu'ils affranchis! oient par ce moyen de la Taille. La
malle de Fimpôt restoit ainsi la même, &í se divisoit cepen-
dant entre moins de Contribuables.
Pour concilier tous ces intérêts, Louis XIV révoqua beau-
coup de privilèges légèrement accordés ? 6c restreignit
l'exemption des Nobles, quant à F exploitation à la quan-
,
tité de terres labourables qu'ils pou voient commodément
faire valoir. En prenant ainsi la possibilité d'exercer le pri-
vilège pour la détermination des bornes qu'il falloit lui pres-
crire ce Prince fournit les moyens d'une contribution quel-
,
conque , à une multitude de Citoyens fans reíìource. La
vérité de ce motif politique, est prouvée par les Règlements
postérieurs, qui ordonnent aux Ecclésiastiques fie aux No-
bles de n'employer à Fexploitation des terres qu'ils tiennent
en leurs mains, que des eens qui n'aient jamais payé la
Taille.
II ne résulte d'aucune de ces dispositions, que les Nobles
de les Ecclésiastiques aient été gênés dans Fadministrarion
de tous leurs autres biens qui peut s'allier avec le labourage
,
de quatre charrues. Cette exploitation n'empêche pas de
lever des dîmes, droits de champarts &C autres dans des Pa-
roisses distérentes, de tenir fous fa main des prés, des vignes,
des bois, des usines, des forges. La Loi de 1667 ne changea
donc rien à l'exemption relativement à cette nature de
biens : ion silence en est une preuve d'autant plus con-
cluante que les restrictions d'un privilège ellentielle-
,
ment inhérent a la qualité des personnes , íont de droit
étroit, & toujours priíes avec rigueur.
Tel tut donc, relativement à la Taille Fétat de la No-
,
blesse ôc" du Clergé depuis cette époque malgré toutes leurs
réclamations, 8c les incertitudes même, de Fautorité.
i°. Le privilège fut circonscrit, quant à Fexploitation
des terres, au labour de quatre charrues, dans Fétendue
d'une même Paroisse, & à la charge de n y employer que
des gens qui n'eustent jamais payé la Taille.
20. Les Fermiers, chargés de faire valoir le surplus de
leurs terres furent imposés par le fait, &: fans égard à
,
quelques décisions contraires, non à raison des fonds qui
Procès-verò. de 17 8 j-17 8 6. Aaaaaa
ïooi PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
leur étoient confiés, mais à raison des profits qu'ils pou-
voient faire.
3 °. Les
Nobles ô£ les Ecclésiastiques conservèrent le droit
naturel de joindre à Fexploitation de quatre charrues la le-
vée de leurs dîmes, droits de champart ôc autres, ainsi que
de faire valoir leurs prés, vignes, bois, forges fie usines.
4°. Les Curés se maintinrent dans la poflession défaire
valoir, même à titre de ferme, les dîmes de leurs Paroisses,
fans être pour cela cotisables à la Taille.
Ces deux derniers points firent, pendant quelque temps,
contestation 5 mais ils furent folemnellement décidés par la
déclaration de 17x3, qui les supposa existants, ou les régla
fans ambiguité.
Le Clergé se croiroit aujourd'hui fort heureux, s'il jouis-
soit de ce dernier état, ô£ s'il pouvoit réclamer avec assu-
rance les prérogatives qu'il lui donne : mais à peine les li-
mites anciennes furent changées , que tous les efforts se
réunirent pour anéantir même l'espece de composition qu'il
avoit obtenue par ses sacrifices.
La quotité de Fimpofition des Fermiers, à raison de leurs
profits, n'avoit pas été déterminée 3 ils furent imposés peu
à peu au même taux, souvent plus fort que les autres Tail-
lables. Les Asiemblées de 1747 c£ 1750, s'en plaignirent.
Il fut convenu que les profits feroient évalués au dixième
du produit des biens, fie" qu'en partant de cette évaluation,
les Fermiers fupoorteroient un prélèvement du dixième fur
leurs profits. La propriété n'étoit ainsi grevée que d'une
retenue légère du centième.
II íe prépara une révolution nouvelle en 1763. Un Edit
du mois d'Avril fie" une Déclaration du mois de Novembre
de cette année, donnés l'un & l'autre pour le dénombre-
ment des biens-fonds ou le cadastre général du Royaume,
annoncèrent, de la part du feu Roi, le projet d'asseoir la
Taille fur les biens, à raison de leur valeur, de rendre par
ce moyen réelle ec" territoriale, une imposition auparavant
personnelle par ía nature, fie d'écarter ainsi tout arbitraire
dans la répartition des Tailles. Voici comment s'exprime
FArticIe Y de FEdit : « Voulons que les Paroistes qui,
DU CLERGÉ DE FRANCE_, 18 Aout 1786. 1003
» en exécution de FArticIe premier du présent Edit, auront
n fait òC parachevé le
dénombrement fié Festimation des
u biens qui les
composent, puissent répartir austi-tôt après
33
fur le pied dudit dénombrement, fie" conformément aux
35
règles que nous prescrivons, à cet égard, leurs Tailles,
» impositions qui en tiennent lieu fi£ autres accessoires, 33
La Déclaration du 13 Juillet 1764, donnée en appa-
rence, pour la révocation ou limitation de quelques privi-
lèges, en fait de Taille, introduisit une distinction tout-à-
fait nouvelle entre la Taille d'exploitation, à laquelle on
soumit certains Privilégiés, 6c la Taille personnelle dont ils
furent exemptés. Les principes anciens étoient, que les Pro-
priétaires taillables fie les Fermiers exploitants des terres avec
avantage, dévoient íupporter une taxe plus forte, que s'ils
ne les exploitoient pas 5 mais cette quote ou taxe avoit, dans
tous les cas , la dénomination de Taille personnelle. Le
changement de nom fit craindre que cette Taille d'exploi-
tation ne tînt un jour de la nature d'une Taille réelle fié ter-
ritoriale. Ces craintes furent justifiées par FEdit de Juillet
1766, qui consacra la distinction introduite en 1764,8c" en
montre Fobjet.] L'Article VII détermine «-'que les habi-
ts tants des
Villes franches fi£ les Titulaires d'Offices,
33 exempts
de Taille personnelle qui exploiteront leurs
,
j> biens propres,
situés dans les Paroistes sujettes à la Taille,

soit par leurs mains, loir par celles des personnes tailla-
» blés, de quelque nature que soient ces biens, tels que
33 terres
labourables, prairies, bois, vignes,forges, usines,
33
feront impoíés dans le lieu de Fexploitation comme tout
33 autre
exploitant sujet à la Taille. »
Cette disposition renversa les règles données par les Loix
antérieures de 1634 fi£ 1635. Elles défendoient d'impoíer
les particuliers quotifables hors du lieu de leur résidence :
FEdit de 1766 ordonna précisément le contraire. La Taille,
dans les principes anciens, suivoit les personnes; en confor-
mité de FEdit, elle doit suivre lesbiens : les Officiers autre-
fois exempts cle la Taille personnelle, ne le sont pas de la
Taille d'exploitation prise dans la nouvelle application qui
en est faite. Le résultat de toutes ces idées, n'est-il pas que
Âa aaaa z
S-O Q 4 PROCÌÍS-FËRBAL DE L ASSEMBLÉÈ-GÉNÉRALE
la Taille actuelle'd'exploitation est un impôt réel fur les
fonds ?
La Dccîaranoncìu 7 Juillet 1760, développa de plus en
plus les vues rcrseimées dans FEdit de 1766 : FArticIe VI
ordonna « que des Commifíaires envoyés fur les lieux, pren-
33
droient Ses conooiílances les plus étendues íur la consis-
-33 tance d., z.neia
de chaque Paroisse, mr les différentes
33
cultures cC produirions, leur prix fi£ leur valeur cou-
;.- rante.....
fur la facilité ôc la clíífrculté de Fexportation
33 avec
distinction de ce qui se consomme sur le lieu, d'avec
33 ce
qui se vend fie" ce qui s'exporte : notre intention , dit
33
FArticIe VII, étant de rendre à Favenir la répartition de
33
la Taille fur les biens-fonds, certaine & invariable, au-
33 tant que
les circonstances pourront le permettre, nous
33
voulons qu'il soit fait pour chaque fonds de terre une
33 taxe. 23
La ieulc manière de rasturer le Clergé contre les dispo-
sitions de ces nouvelles Loix, feroit cle répondre qu'elles ont
í'ait réíerve de ion exemption dans leurs préambules j que
ce Ile de 1766 ne s'étend qu'aux habitants des Villes fran-
ches &c. aux Titulaires d'Offices : mais cette réponse géné-
rale ne détruit pas les faits, fie elle laiste subsister les sur-
charges miles fur les biens des Ecclésiastiques. Si Fobjet
des Loix n'est pas de les atteindre, on n'appercevra dans
leurs plaintes que le désir bien naturel d'obtenir que les Loix
íoient exécutées. Mais pourquoi, dans ce cas, ordonnent-
elìes, de la manière la plus générale, qu'il fera dressé des
états exacts de tous les biens indéfiniment ? Pourquoi ces
états ont-ils été dreílés pour les biens ecclésiastiques comme
pour tous les autres? ÏSle sufsifoit-il pas, pour imposer leurs
Fermiers au dixième de leurs profits, que le prix de leurs
baux fût clairement connu ì Pourquoi FArticIe VII de la
Déclaration de 1768 après avoir ordonné une taxe pour
,
chaque fonds de terre, détermine-1-il que cette taxe fera
supportée concurremment par le Propriétaire fi£ par le Fer-
mier, lcríqúe le fonds íera donné à ferme ou à loyer, ÔÇ
que clans le cas où le Propriétaire fera exempt, il ne fera
point imposé ?
DU CLERGÉ DE FRANCE, 18 AOÛT 1786, iooj
Cour des Aides, en procédant à l'enrégistrement
La de
cette Loi, sentit bien les fuites de la taxe fur les fonds, jus
qu'alors inconnue, fie de la concurrence quelle établiííoit
entre le Propriétaire fie" le Fermier, fans en déterminer les
rapports. Elle les fixa par ion Arrêt d'enregistrement, fi£
ordonna que la taxe íe partageroit par moitié entre le Pro-
priétaire cc le Fermier, de telle manière qu'en cas de pri-
vilège la moitié dont feroit tenu le Propriétaire, feroit per-
,
due pour le Roi.
II est bien évident que cette clause ne laisse plus subsis-
ter de cloute iur la justice des réclamations du Clergé. Ap-
pliquée par les Interprètes de la Loi à tous les exempts, elle
Fa enveloppé fous le nom de íes Fermiers, fi£ des taxes nou-
velles en ont été la íuite. Ces Fermiers aílujettis, à raiíon
de leurs profits, à une charge dont FOrdre Ecclésiastique
efpéroit toujours les voir soulager dans de meilleurs temps,
le font encore a la moitié au moins de la taxe assise íur íes
biens-fonds au préjudice de fa franchiíe naturelle. Faut-il
ajouter ici, ce qui n'est que trop íensible, que plus ils font
prevés par les tributs moins ils donnent aux Propriétaires,
3
òC que leur fardeau apparent devient réellement celui du
Clersé ?
L'Aflemblce de 1775 apperçut ces maux. Si elle les eût
mis dans le temps fous les yeux de Sa Majesté, ainsi qu'elle
se l'étoit propoíé, la vérité ne lui eût pas permis alors d'aller
plus loin 3 mais fa prévoyance lui faiíoit craindre des évé-
nements encore plus fâcheux, qu'ilest devenu indispensa-
ble de déférer à la justice du Souverain. On avoit vu pa-
roïtre dès'les années 1772-, I773) r774 & l775> des Iní-
tructions envoyées dans la Généralité de Paris, pour la. con-
fection des rôles des tailles des diverses Pareilles. Ces Insr
tructions s'expiiquoient, de la manière la plus fàcheuíe, íur
Fimposition des biens ecclésiastiques à la taille. Mais com-
me elles n'indiquoient que des eflais àc des procédés pro-
visoires comme le Roi annonça, par la Déclaration du pre--
,
mier Janvier 1775, qu'il s'expliqueroit bientôt fur la répar-
tition des charges publiques ; comme les Arrêts d'enrégis-
çrernent rappelloìenties principes établis par les Règlements
•ï 0O6 P RBCES-VBRBA4L DE LASSEMRLÉE-GÉNÉRALE
'antérieurs il étoit possible qu'il intervînt des décisions, dont
,
le Cleríré n'eut pas à se plaindre 3 fii il íe livra volontiers à
cet espoir.
II est arrivé, au contraire, que le Roi a ordonné la con-
tinuation de ces essais'pour six ans, par une Déclaration
du 1 i Août 17763 qu'avant Fexpiration des six années, il
a-témoigné ía satisfaction des travaux commencés, fi£ a
prescrit, par une nouvelle Déclaration du 4 Juillet 178 1,
qu'ils feroient conduits à leur perixction, pour la Généra-
lité de Paris, dans la révolution de dix années : cette Loi
annonce méme le dessein de faire exécuter des plans sem-
blables dans d'autres Généralités du Royaume.
En même-temps que le Clergé doit s'abstenir ici de por-
ter ses regards fur les Loix de perception qu'il plaît à Sa
Majesté d'établir pour le commun des taillables, en conve-
nant même qu'il est précieux pour les sujets de voir Fimpo-
sition asiiíe íur des bases qui en aílurent la juste répartition,
il est obligé de convenir que la réserve de ses immunités a
été faite par la Déclaration du 1 1 Août 1776. Mais mal-
heureusement les levées qui se font sur ses Fermiers, pré-
sentent des résultats d'un autre genre 3 &L ces réíultats font
liés avec le texte même de la Loi de la manière la plus intime.
En effet, la Déclaration établit deux sortes deTailles, l'une
réelle ôc l'autre personnelle. La Taille réelle s'étend fur les
terres labourables, prés, vignes, bois, moulins, usines, dî-
mes , champarts > rentes, droits seigneuriaux , maisons ou
corps de ferme, en tant que ces objets font exploités ou
occupés par les Taillables. La Taille personnelle s'étend fur
les revenus des moulins, usines, maisons, terres, rentes,
industrie, prix des journées.
Que de réflexions íe présentent à la fois fur ce simple
expoié 1
i°. II a fallu dénaturer les idées reçues, pour faire sup-
porter une Taille réelle par le simple Exploitant. CetteTaille,
dans les pays où elle est anciennement connue, est la charge
du Propriétaire : elle ne devient ici la charge du Cultiva-
teur , que pour écarter FefFet des privilèges.
zQ. Quoique les íonds soient réellement imposés dans
DU CLERGÉ DE FRANCE> 18 AÓUT 1786. 1007
les pays cadastrés, on n'y connoît pas le procédé nouveau
d'imposer les fonds à la Taille pour les fonds .eux-mêmes,
fi£ d'en imposer séparément les revenus à raison des revenus.
Ces deux idées semblent s'exclure mutuellement 3 fie" l'on
n'a pu cumuler ces dénominations nouvelles, que pour ne
pas paroître toucher aux personnes dans un pays où les pri-
vilèges font personnels.
30. La Déclaration de 1768 ordonnoit une taxe fur les
biens-fonds, qui devoir être supportée concurremment par
le Propriétaire &C par le Fermier, de manière que la moi-
tié attribuée au Propriétaire, tomboit en pure perte s'il
,
étoit exempt par fa qualité. Dans la Déclaration de 1776
toute la Taille réelle tombe fur FExploitant, parce qu'alors
le privilège n'a plus de prise, ni le Privilégié de moyens pour
se défendre.
4Q. La Déclaration de 1768 n'avoit pas considéré les
dîmes, champarts, rentes 8c droits seigneuriaux comme des
fonds sujets à une Taille réelle, à une taxe particulière 3 elle
n'y avoit pas soumis non plus les corps des Fermes, qu'une
sage économie a toujours regardé comme charge de la pro-
priété. Puisque la Loi de 1776 embrasle tous ces objets,
le Clergé est justement fondé à obíerver que ion privilège
avoit juíqu'à présent écarté toute idée d'une Taille réelle
pour les dîmes, de même que la vérité ne permet pas de
considérer les corps des Fermes comme donnant des pro-
duits imposables.
50. La Taille réelle ne met pas à couvert les Fermiers
des Ecclésiastiques de toute Taille personnelle ils y font
,
encore imposés à raiíon de leur industrie : fie comme cette
industrie n'est que Feííet du commerce, des profits qu'ils
peuvent faire fur leurs fermages , ils font, tout à la fois,
grevés des charo;es anciennes fie des nouvelles.
En réunifiant les différents rapports que ces réflexions
indiquent, il est démontré que les Fermiers des Ecclésias-
tiques imposables, seulement à-raison de leurs profits, lui-
vant l'uíage, font aujourd'hui imposés à la Taille réelle à
raison de tous les objets qu'ils exploitent, de tous les bâti-
ments qu'ils occupent, ÔC à la Taille personnelle pour tout
leur Bénéfice d'exploitation.
Ï-OO8 PROCÈS-VERBAL,DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Quelqu'opposée que íoit cette marche aux idées ancien-
nes, il est poíìíble de démêler fur quels principes on s'est
appuyé pour Fadopter. 11 a fallu supposer, ou que le privi-
lège des Ecclésiastiques étant purement personnel, il lubsis
toit en entier toutes les fois que leurs noms ne se trouvent
pas inscrits fur les rôles des Tailles, ou que le Roi pouvant
introduire dans son Royaume une Taille réelle, qui n'y exis
toit pas auparavant, les Ecclésiastiques ne pou voient pas
réclamer, à cet égard, d'exemption fondée far d'anciens ti-
tres 3 ces deux hypothèses répugnent également à la vérité
fie à la justice. On ne peut pas dire que le privilège dis
Ecclésiastiques fie" des Nobles soit purement personnel, puis-
que la Taille elle-même n'est pas purement personnelle dans
les pays non cadastrés. Si tel avoit été son caractère, elle
eût été répartie dans tous les temps avec égalité fur la tête
des Taillables, ce qui n'a jamais eu lieu. Sa vraie nature est
d'être mixte comme on Fa exposé dans les commence-
,
"Ynents de ce Mémoire, d'atteindre le Contribuable dans ses
biens, clans son commerce, dans son industrie, dans son
aiíance de frapper sur tous ces objets, s'il est roturier, de
,
respecter, fi£ fa personne, ôc ses biens, s'il est Ecclésiasti-
que ou Noble.
Sans doute il appartient à la Puissance Royale d'établir
de nouveaux impôts fie" de changer la nature des anciens,
de rendre la Taille territoriale au lieu de la laister subsister
,
períonnelle ou mixte: il peut même résulter de grands avan-
tages de la proportionner à la valeur des fonds 3 mais alors
des meíures nouvelles font dictées par la justice, pour con-
server aux personnes leur état tk. leur propriété. Le Roi Fa
ainsi voulu, fans doute, puisque toutes les Loix modernes
ont conservé les privilèges dans le droit, tandis qu'ils se
trouvent anéantis par le fait. Le Clergé est donc bien fondé,
dans le moment même où il se plaint des Loix de 1768 fie
1776, à demander que leur application soit réduite à ses
bornes, ô£ tous ses voeux seront satisfaits, quand ces dispo-
sitions íeront respectées.
II est encore une partie de la Déclaration de 1776 qu'il
,
est important de développer ici, pour montrer combien elle
intéresse
DU CLERGÉ DE FRANCE, 18 AOUT 1786. 1009
intérefie les Ecclésiastiques dans íes suites. Par un Article
exprès, elle détermine le taux de laTaille personnelle d'une
manière fixe au vingtième des revenus. Le taux ds la Taille
réelle y est laiílé dans Fincertitude, asin de le proportionner
à la qualité des terres dans chaque Paroisse, fie de le mettre
en balance avec leurs produits. Ce motif, juste fi£ louable
en lui-même, a préparé un estet bien extraordinaire : c'est
que le vrai fardeau des Contribuables a été porté fur la Taille
réelle dont presque personne n'est exempt, tandis que la
Taille personnelle-ne íe trouve en comparaiíon qu'une im-
position très-légere. On a compris que les Ecclésiastiques
ÔC les Nobles, qui font valoir parleurs mains, étant en très-
petit nombre, laTaille réelle feroit preíque toujours sup-
portée par leurs Fermiers, il importoit donc que son taux
fût très-élevé : il n'est pas besoin au contraire, de faire va-
,
loir, pour réclamer Pexemption de laTaille personnelle3 il
falloir donc que la quotité en fût très-circonferite, afin qu'il
ne restât plus qu'une ombre de privilège. Cette vérité de-
viendra sensible par un exemple.
Le taux du principal de la Taille réelle dans plusieurs Pa-
roisles de la Généralité de Paris, est de quatre fols par livre
du produit des biens.
Le taux du second Brevet de deux sols, celui de la Ca-
pitation de deux fols trois deniers par livre.
Une propriété ecclésiastique qui vaudroit annuellement
1000 livres, y feroit donc imposée à zoo livres pour le
premier impôt, à 100 livres pour le second, à 125 livres
pour le troisième, au total à 4x5 livres, ou 8 íols 3 deniers
par livre, indépendamment de Foccupation des bâtiments
òc de la taxe d'industrie de chaque Fermier : le montant eje
la Taille personnelle, à l'exemption de laquelle on réduit
par le fait le privilège du Clergé, n'est au contraire que de
71 livres 5 fols 3 en íorte que le résultat des Loix nouvelles
est de grever, indépendamment des Décimes, d'une impo-
sition égale à la moitié de leur produit, des biens qui, dans
les anciens principes, ne dévoient aucune contribution à
la Taille, fie qui, dans la fuite n'eût dû que le centième
raison Findustrie ,
pour de des Fermiers.
Proces-verb. de 178 j^-1786. Bbb b bb
IOIO PB.OCÌÌS-FERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
II est un autre objet de plainte que le Clergé ne petit
pas dissimuler dans la circonstance présente. II résulte des
estorts concertés en apparence de toutes parts, connus ap-
,
puyés même des Administrateurs locaux pour asiujettir à
,
la Taille les Adjudicataires de (es bois, vignes, prés, étangs
ou autres biens, lorsqu'il vend ses fruits prêts à récolter
ou pendants par les racines. Pluíieurs Décisions du Conseil,
plusieurs Arrêts des Cours l'Arrêt d'enregistrement de
,
FEdit de 1766, un Arrêt de Règlement de 1770 devroient
écarter ces taxes: elles íe multiplient cependant5 les Tribu-
naux jettes dans Findécision par les nouveaux principes,
ont peine à se sixer fur la route qu'ils doivent suivre 3 les
Administrateurs ne rendent plus de décisions dont on puisse
íe prévaloir 3 quelques-uns même ont établi les maximes
contraires dans leurs Ordonnances.
II arrive encore qu'on tente de circonscrire l'exemption
des Ecclésiastiques fié" des Nobles, contre Fefprit de la Loi
de 1667 ï>Z la lettre de la Déclaration de 17x3 en rédui-
sant ion objet au labour de quatre charrues, de, manière
qu'ils íoient imposés pour les vignes, prés, dîmes, qu'ils
font valoir par leurs mains. La Loi de 1 667 ne les avoit res-
treints que íur Fexploitation des terres labourables 3 on eflaie
aujourd'hui d'établir en principes que leur immunité ne
s'étend pas fur leurs autres biens. Si le Bénéficier, qui ne
possède point de terres labourables demande en quoi con-
,
siste son exemption dans ce fystême, on ne craint pas de
,
lui répondre, qu'il lui fera précompté fur d'autres objets
jusqu'à concurrence du labour de quatre charrues. Et c'est
ainsi que l'arbitraire le plus absolu est substitué à Fauguste
majesté des Loix &C à leur justice.
Telles font les observations que Aslemblée actuelle du
Clergé se devoit à elle-même de présenter sur le fait des
Tailles. Elle espère que Sa Majesté voudra bien les faire
examiner dans son Conseil, faire comparer ses représenta-
tions avec le texte même des Loix anciennes ainsi qu'avec les
principes de notre constitution, ôcne pas laisler plus long-
temps dans l'incertitude des questions de si grand intérêt.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 19 Aour 1786. 101 1

DU SAMEDI, DIX-NEUF AOUT 1786,


à. neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs ô£ Messieurs les Commissaires ont été CXXXIV


travailler à leurs Bureaux. SEANOE.

La Séance a été indiquée à Lundi prochain, z 1 Août,


à neuf heures du matin.

Signé >$£ ARTHUR-RiCHARD, Archevêque & Primat


de Narbonne, Président.

DU LUNDI, VINGT-UN AOUT 1786,


a neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne , Président.

MOnseigneur FArchevêque de Narbonne a dit : Que, cxxxv


conformément aux intentions de FAssemblée, il s'étoit SEANC&
rendu avec Monseigneur FArchevêque d'Aix, Monseigneur
FEvêque de Nevers, fie" Meilleurs les Abbés de Rouvenac
& de la Mire-Mory chez M. le Garde des Sceaux 3 qu'ils
lui avoient remis le Mémoire concernant les aliénations des
biens Ecclésiastiques 3 que ce Chef de la Magistrature avoit
paru frappé de la solidité des réflexions que Messieurs \es
Députés ont eu i'honneur de lui faire, fi£ avoit promis de
s'occuper de cet objet.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne a dit encore,
qu'ayant rappelle à M. le Garde des Sceaux l'aftaire des
Décimateurs de Provence qu'on veut assujettir aux répara-
tions du Clocher, lorsqu'il est placé sur la Nef, ce Magis-
trat avoit répondu qu'il écriroit incessamment à M. de la
Tour, Premier Président du Parlement d'Aix, à ce sujet.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne a dit ensuite,
Bbbbbb z
i o i z PRQCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
qu'en réponse aux vives sollicitations de Messieurs les Dé-
putés relativement au Jugement de Fassaire des Foi fie
,
Hommages, M. le Garde des Sceaux avoit fait réponse, qu'il
convoqueroit, dans le courant de la semaine, MM. les Com-
missaires du Conseil, fie" qu'il espéroit être Dimanche en
état de donner au Clergé une réponíe plus décisive.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne a ajouté, que
M. le Garde des Sceaux avoit promis de se faire représenter
les Mémoires de FAstemblée, relativement aux Economats,
Sc" de donner incestamment une réponse sur les demandes
du Cierg;é.
Mesieigneurs fié" Messieurs les Commissaires, pour la Re-
ligion fie" la Jurifdiótion, ont pris le Bureau. Monseigneur
FArchevêque d'Arles, Chef de la Commission, a dit:
3VÍESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
On se plaint d'une multitude d'Ecrits, composés fur les
matières Canoniques ®C Bénéficiais, par des Praticiens fans
principes, ou des ípécuîateurs íans expérience, il est digne
des vues qui président à Fadministration du Clergé cFen-
courager les travaux des Auteurs, qui joignent Fétude ap-
profondie des régies, à beaucoup d'instruction fur la Juris-
prudence des Arrêts, Rien de plus propre à étendre le règne
des saines maximes, (ans exposer les Supérieurs Ecclésias-
tiques au hazard de procédures que les Tribunaux séculiers
déclarent abusives. M. FAbbé de Boyer, Vicaire-Général
fi£ Official de Carcaíìonne, dont plusieurs d'entre vous con-
noistenc les lumières fie" le zèle, fi£ qui vous a été spéciale-
ment recommandé par la Province de Narbonne, est sur le
point de donner au Public, un Traité, déja approuvé par le
Censeur, sur la composition fî£ Fadministration des Fabri-
ques, les droits fie devoirs des Marguilliers. En parcourant
quelques parties de cet Ouvrage, il nous a paru rédigé en
général avec mesure, intérêt fie solidité. íl peut être d'une
utilité journalière dans la pratique, ÔC-prévenir les progrès
de la nouvelle doctrine enseignée par feu M. Jousse, dans
ion Traité du p-ouvernement des Paroiíìes. Une autre entre-
DU CLERGÉ DE FRANCE, n Aour 1785. 10 13
prise non moins avantageuse, si le plan en est fidèlement
exécuté, est celle de M. FAbbé Bouíquet, qui se proooíe
de rassembler dans deux volumes in-40.'toutes les questions
relatives aux Collateurs Ecclésiastiques dans la déposition
des Bénéfices. M. Bousquet s'est entièrement consacré, de-
puis douze années, au Droit Canonique íous les yeux de
Monseigneur FArchevêque de Toulouíe, &£ de MM. ses
.Grands-Vicaires. Les dépôts du Parlement de Toulouíe lui
ont été ouverts. On lui a confié les Réquisitoires fie autres
discours du Ministère Public. Venu depuis quelque temps
dans la Capitale, cet Ecclésiastique se flatte de constater
,
par la même voie, la Jurisprudence du Grand-Conseil fie"
du Parlement de Paris. Son travail íera précieux par Fin-
dication de plusieurs Arrêts peu connus Ô£ très-conformes
,
aux vrais principes. Nous avons été singulièrement frappés
de Fefprit de méthode fie d'analyse qui règne dans la distri-
bution des matières Sans doute un examen ultérieur de-
viendroit nécessaire, d'après les sages loix que vous vous
êtes imposées si l'on follicitoit l'aveu fie la sanction du
Clergé pour la, publication de l'un fie" de l'autre de ces Ou-
vrages. Mais ce léger appercu suffit pour reconnoître que
ces Auteurs méritent d'être loutenus fie" secondés, en vous
propoíant de renvoyer au Bureau des Moyens pour fixer
le montant fie la forme des gratifications que vous jugerez
à propos d'accorder à M. FAbbé de Boyer fie à M. Bouí^
quet. Nous prendrons seulement la liberté d'ajouter que les
arrérages du nouveau département de trente mille livres le-
vés fur le Clergé depuis le mois d'Octobre 1784, laissent à
votre disposition des fonds libres, qui seront utilement fie"
légitimement employés à favoriser des entreprises littérai-
res, si intéreílantes pour l'universalité des Diocèses.
Le Rapport fini, 1 Asiemblée a prié Meíìeigneurs fie Mes
sieurs les Commissaires, pour le Don-gratuit fie les Moyens,
de sixer le montant fie la forme des p-ratisications qu'il con-
vient d'accorder à M. FAbbé de Boyer fie à M. Bous-
quet, d'après les bons témoignages que Moníeigneur FAr-
chevêque d'Arles vient de rendre en leur raveur.
Moníeigneur FEvêque de Langres a fait ensuite lecture
ÏOI-4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
d'un Mémoire au sujet des dispositions de la Déclaration
da 12, Mai 1781, concernant la rédaction des actes de
Baptêmes. Sur quoi F Assemblée après différentes réfle-
,
xions a remis à délibérer dans une autre Séance, attendu
,
Fimportânce de la matière.
Messeigmeurs fie" Messieurs les Commiíìaires ont été tra-
vaiiler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi,
à neuf heures du matin.
n Août,'

Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque fie Primat


de Narbonne, Président.

DU MARDI, VINGT-DEUX AOUT 1786,


à neuf heures du matin.
%
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

cxxxvi lk vfsOnseigneur FArchevêque de Narbonne a dit : Que


SEANCE. _i_v JlMM. les Députés de la Faculté de Théologie lui
avoient adressé un Mémoire * dont il croyoit important que
FAsiemblée eût connoissance. Sur cette proposition il
,
a été arrêté que Meilleurs les Commissaires nommés par
Délibération du 23 Juillet de Fannée derniere, pour con-
férer avec MM. les Députés de la Faculté de Théologie,
examineroient ce Mémoire pour, fur le compte qu'ils en
rendront, être par FAssemblée pris telle délibération qui
íera jugée convenable.
Le Procès-verbal a été lu fie signé.
Mefíeigneurs fie Messieurs les Commissaires, pour le Tem-
porel, ont pris le Bureau. Monseigneur FArchevêque d'Aix,
Chef de ia Commission, a dit:
MESS.EIGNEURS- MESSIEURS,
ET
Le Roi ayant, par son Edit du mois d'Août 1784, éta-
bli une nouvelle Caisse d'amortissement pour la libération
DU CLER.GÉ DE FRANCE, u AOUT 1786. IOIJ
des dettes de l'Etat, il fut rendu, au mois de Décembre de
la même année, un Arrêt du Conseil, qui fixe Forclre de ces
remboursements. Entr'autres dispositions, il y est ordonné
que les Propriétaires des rentes 3 intérêts 3 augmentation de
gages héréditaires, ûG autres créances de même nature assignés
fur les Aides, Gabelles, Tailles oG autres revenus du Roi
3
ÔG employés dans les états de Sa Majeflé pour douv^e livres
de produit SG au-dejjous, feront remboursés dans le courant
des fix premiers mois de tannée prochaine, âC ce fur le pied
du denier vingt de la rente actuelle, fans aucune réduclwnfiur
le capital ; SG qua compter de la fin de la présenté année 1784,
toutes les parues de dou^e livres de produit annuel feront re-
jettees de l'état du Roi.
Par un second Arrêt du 18 Août 1785 le Roi proro-
,
geant juíqu'au dernier Décembre 1786, le délai accordé
pour le rembouríement des parties de douze livres fie au-
destous, ordonne que toutes les parties de rentes, intérêts,
augmentation de gages fie autres créances employés dans les
états du Roi, depuis douze livres exclusivement, juíques fie
compris vingt livres de revenu, seront en outre remboursés
par la Caisse des amortisiements, tant dans le restant cle la
présente année 1785, que dans le courant de Fannée 1786.
Plusieurs Dioceíes éloignés de la Capitale, instruits fort
tard de ces Arrêts, justement alarmés de ces dispositions qui
les menaçoient de perdre les capitaux fie les intérêts de ces
petites parties, de les voir s'évanouir dans les mains de plu-
sieurs Etablissements utiles tels cjue des Hôpitaux, des
,
Maisons d'Education, des Fabriques la disticulté des
, par
reconstitutions de si petites parties adressèrent à Messieurs
,
les Agents leurs réclamations.
Ces Messieurs, toujours assîmes du zèle le plus actif pour
tout ce qui concerne vos intérêts, présentèrent, à la fin de
Fannée derniere, à M. le Contrôleur-Général, un Mémoire
dans lequel ils expoíoient les inconvénients qui réíulteroicnt
pour un grand nombre d'Etablissements utiles, de Corps &C
de Bénéficiers, de Fexécution prompte fie littérale des deux
Arrêts du Conseil, des z6 Décembre 17846e 18 Août 1785.
Ils insistoient principalement fur la rigueur de la peine pro-
ÏOIÓ PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
noncée contre ceux qui ne se seroient pas prélentés dans
les délais prescrits, fie dont le plus grand nombre ignore
peut-être encore Fexistence de ces Arrêts, ou n'en ont eu
qu'une connoissance trop tardive, pour pouvoir y íatisfaire.
Monsieur le Contrôleur-Général, par fa réponse à Mes-
sieurs les Agents, du zj Décembre 178;, saisie entrevoir
les dispositions favorables dans leíquelles vous Favez tou-
jours trouvé toutes les fois que vous avez eu recours à lui
dans les différentes affaires qui le regardoient. L3intention
du Roi, leur dit-il, en libérant l'Etat de toutes les petites
rentes qui gênent beaucoup la comptabdité > nefi point qiiune
portion très - utile du Clergé par les foins quelle donne à
l'infiruchon de la jeunesse SG au soulagement des pauvres.,
soit exposée au danger de perdre par le défaut de remploi con-
j
fondations.
venable une pra'nde partie des Je vais m occuper
3
ay remédier ; mais pour y parvenir avec ordre j ilferoit né-
cessaire que le Clergé demandât a chacune des Communautés
>
fJénéfciers SG autres gens de main-morte eccléfiafiique., qu'il
cjiime être dans le cas de l'exception un état exaci SG difiincí
>
des petites parues de rentes que chacun possédé. Des qu'il
m aura été remis j je concerterai avec le Clergé un arrange-
ment qui lui soit agréable y SG qui convienne aux finances du
Roi SG aux intérêts de cette clajje de Propriétaires.
Dans ces circonstances, Messeigneurs fie Messieurs, nous
avons pensé qu'il vous paroîtroit convenable, 1 °. de renou-
veller, en tant que de besoin, la Délibération du 20 Juillet
de l'Àssemblée de 1780, concernant le placement des petites
sommes fournies par les Fabriques fie autres Etabliflements
,
ecclésiastiques fur votre Receveur j fie en outre de charger
Meilleurs vos Députés auprès de M. le Contrôleur-Général
de lui remettre cette afraire íops les yeux 5 de lui demander
un nouveau sursis jusqu'au premier Janvier 1788, pour
donner le temps aux Diocèses Corps fie particuliers qui
,
poíledent des rentes de cette nature, d'adresser à Messieurs
les Agents des états exacts fie distincts des petites parties de
rentes que chacun possède.
i°. De charp-er Messieurs vos Ap-ents d'écrire une Lettre
circulaire à tous les Syndics des Diocèses pour leur deman-
der
DU CLERGÉ DE FRANCE, ZZ AQUT 1786. 1017
der ces états 5 fié lorsqu'ils ìes auront reçus, de les mettre
íbus les yeux de M. le Contrôleur-Général-, déconcerter
avec ce Ministre les moyens d'effectuer lefdits rembourse-
ments Se remplacements de la manière la plus convenable
aux Corps , Bénéficiers ôê autres gens de main-morte.
Le Rapport fini, F Assemblée, conformément à Favis de
la Commission a délibéré, 1 °. de demander à M. le Con-
trôleur-Général, un nouveau sursis jusqu'au premier jan-
vier 1788 pour donner le temps aux Dioceíes, Corps fie
,
Bénéficiers qui pofledent des rentes de la nature de celles
énoncées dans les Arrêts du Conseil, des z 6 Décembre 1784
fie 18 Août 1785, d'adresser à Messieurs les Agents des
états exacts fie distincts des petites parties de rentes que cha-
cun possède.
zQ. De charger Messieurs les Apjents d'écrire une Lettre
circulaire à tous les Syndics des Diocèses pour leur deman-
der ces états 3 &C loríqu'ils les auront reçus, de les mettre
fous les yeux de M. le Contrôleur-Général, fie de concerter
avec ce Ministre les moyens d'effectuer lefdits rembourse-
ments fie remplacements de la manière la plus convenable
aux Corps, Bénéficiers fie autres gens de main-morte.
30. De continuer, conformément à la Délibération du
io Juillet 1780, à recevoir fie employer dans les recons-
titutions fie emprunts du Clergé, les sommes que pourront
lui fournir les Corps fie Communautés Ecclésiastiques, Fa-
briques Hôpitaux, Maisons Religieuses fie à leur procu-
, ,
rer toutes les sûretés nécessaires.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a dit ensuite :
MESSEÍGNEURS MESSIEURS,
ET
Le Syndic du Diocèse de Cahors demande la restitution
de droits de contrôle exigés pour des quittances de rem-
boursement qu'il prétend exemptes de ces droits j nous al-
lons avoir Fhonneur de vous exposer les motifs de fa récla-
mation.
Les Diocèses s'étoient extrêmement endettés par les
grands Emprunts qu'ils avoient faits, soit pour racheter les
Procès-verb. de 178 j-178 6. Cccccc
ici 8 PROCES-FÉRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
divers Offices de Décimes que le Roi avoit créés soit pour
,
payer leur quote-part des Dons-gratuits de 171 o , 171 lôc
í 71 y, ayant eu pour cela la liberté de íe íéparer de la caisse
générale.
Le Roi Voulut que ces dettes fuíìent liquidées fie" payées:
il rendit un Arrêt du Conseil à cette fin le z 6 Octobre 1719.
Le 4 Novembre íuivant, il nomma des Commissaires pour
procéder à la liquidation des dettes, òí il tut ordonné qu'elles
ieroient payées des deniers qui feroient fournis par le Sieur
Claude Dubreuil, qui feroit mis aU lieu ÒC place des créan-
ciers remboursés fie lequel étoit destiné à remplacer
,
Mc Ogier Receveur-Général du Clergé.
,
Le 1 6 Avril 1720 /la liquidation des dettes du Diocèse
de Cahors fut faite. Le 19 Avril suivant, un Arrêt du
. ,
Conseil exempta des droits de contrôle les quittances qui
ieroient faites par les créanciers remboursés par le Sieur
Dubreuil.
Bientôt après on fit de nouveaux arrangements $C
,
Mc Ogier fut conservé dans fa place j Ôí il fut ordonné par
un Arrêt du Conseil du 9 Juin 17x0, que le Sieur Du-
breuil feroit remboursé des sommes qu'il avoit payées pour
le Clerp:é : il fallut renouvelles les constitutions aux créan-
cicrs, óu en fairé de nouvelles 3 on fit donc de nouveaux
contrats fie" de nouvelles quittances , qui furent déclarés
exempts des droits de contrôle par un autre Arrêt du Con-
seil du 27 Juin 1720.
,
En 1722 parut un tarif pour le contrôle, dont FArti-
,
cIe 98 parut révoquer Fexemptionaccordée par les Arrêts
du. 19 Avril fie du 27 Juin 1720 3 le Clergé en obtint la
conservation par un Arrêt du Conseil, du 6 Juillet 1723,
qui décharge de tous droits de contrôle les quittances de
remboursement de rentes du Clergé fi£ des Diocèses, dont
le remboursement fie la liquidation ont été ordonnés par
l'Arrêt du Conseil, du 26 Octobre 1719.
Quoique d'après cet exposé Fexemption paroisle bien
prouvée, cependant le Diocèse de Cahors ayant remboursé
trois parties de rentes en 1784, les droits furent exigés fie"
perçus par le Commis.
DU CLERGÉ DE FRANCE , 22 AOUT 1786. 10 19
Une de ces parties étoit de 1 696 , pour le rachat des Of-
fices des Décimes -, cet article a été déclaré exempt des droits,
parce qu'il étoit compris dans la liquidation qui fut faite le
1 6 Avril 1710.
Les deux, autres parties furent constituées, ou reconsti-
tuées le 14 Novembre fie le 24 Décembre 1720 : c'est aux
quittances de ces deux articles qu'on refuse Fexemption des
droits, en disant qu'ils ne font pas compris dans la liquida-
tion à laquelle ils font postérieurs, ainsi qu'aux Arrêts du
Conseil, des 19 Avril fie 27 Juin 1720.
Ces deux articles de constitution, ou de reconstitution,
font, fans doute, postérieurs à la liquidation fie aux Arrêts
de 17203 mais ils doivent bien Fêtre, puiíqu'iis en font la
fuite fie Fexécution : il est dit dans les contrats, que les
sommes empruntées ont été employées à rembourser au Sieur
Dubreuil celles qu'il avoit avancées pour le Diocèse de Ca-
hors : d'ailleurs ils font antérieurs à F Arrêt du Conseil, du
6 Juillet 1723, qui confirme Fexemption. Ainsi, soit en-
vertu des Arrêts du mois d'Avril fie de Juin 1720 , soit en
vertu de celui de 1723, les droits íur ces deux articles pa-
roisseht avoir été injustement perçus. En esset, le Diocèse
de Cahors n'a pas contracté de nouvelles dettes depuis 17205
toutes celles qu'il avoit à cette époque , furent comprises
dans la liquidation 3 toutes les quittances de remboursement
des dettes liquidées, furent déclarées exemptes des droits
de contrôle, par les Arrêts des 19 Avril, 27 Juin 1720 fie
6 Juillet 1723 : il est donc évident que les quittances de
rembouiíement des rentes dont il est ici questios , fie de tou-
tes les autres du Diocèse de Cahors, ne íont point sujettes
aux droits de contrôle : peu importe que par cession, subro-
gation ou succession, les poíleíleurs de ces rentes soient chan-
gés 3 il n'en est pas moins vrai qu'elles font les mêmes qui
furent liquidées fie affranchies des droits de contrôle par les
Arrêts de 1720.fie celui de 1723.
Le Diocèse de Cahors a donc lieu d'eípérer que par la
protection de FAíIemblée, il obtiendra la restitution des
droits perçus pour les quittances des deux rembouríements
faits au mois de Février 1784, pour celles de trois autres
Cc cccc 2
IOIO PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
remboursements faits depuis ce temps-là, dont les droits
ont été pareillement exigés, ce qu'il fera fait défense au
Commis de percevoir les droits fur les quittances des rem-
boursements qui lui restent à faire.
Le Syndic du Diocèse de Beauvais porte la même plainte
contre le Commis au contrôle de cette Ville, qui a exigé
les droits pour les quittances de deux remboursements de
rentes comprises dans ia liquidation de J720 , &c doit s'at-
tendre qu'il fera rendu à ce Diocèse la même justice qu'à
celui de Cahors : tous les autres Diocèses qui se trouvent
dans les mêmes circonstances, ont droit à la même exemp-
tion. Nous avons donc Fhonneur de vous proposer, Mes-
seigneurs ôe Messieurs, de nommer des Députés pour voir
M. le Contrôleur-Général, fie solliciter de ce Ministre une
décision favorable à la réclamation des Diocèses de Cahors
fie de Beauvais.
Le Rapport fini, F Assemblée a adopté l'avis de la Com-
mission : en conséquence, il a été arrêté de solliciter auprès
de M. le Contrôleur-Généralla restitution des sommes in-
duement exigées des Diocèses de Cahors Ôè" de Beauvais,
fie Fexemption du droit de contrôle pour les quittances de
remboursements de toutes espèces de rentes dues, soit par
le Clergé général, soit par les Diocèses.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a dit encore :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Monseigneur FEvêque d'Orléans fie le Bureau commis
à Fadministration des biens'des Célestins d'Ambert, situés
dans le Diocèse d'Orléans, vous ont adressé un Mémoire
pour obtenir votre appui contre la prétention des Officiers
de la Maîtrise des Eaux fie Forêts de Fapanage de M. le
Duc d'Orléans.
Ces Ostîciers prétendent assujettir au droit de Grurie
deux cents soixante-quatorze arpents de bois, dépendants du
Monastère d'Ambert.
Avant d'exposer les moyens fur lesquels se fonde Mon-
seigneur FEvêque d'Orléans 6e le Bureau d'Administration
DU CLERGÉ DE FRANCE, 22 AOUT 1786. 1021
pour défendre les bois d'Ambert du droit de Grurie, nous
croyons nécessaire de vous donner une idée des effets de
cette servitude : elle vous fera connoître le grand hîtérêt
que l'on a à s'en défendre.
Les bois en grurie font ceux dont le fonds appartient à
des particuliers mais dont.la conservation ô£ Fadministra-
,
tion appartiennent au Roi.
Ces bois ne peuvent être coupés qu'en vertu d'un Arrêt
du Conseil : la vente ne peut en être faite que par les Offi-
ciers de la Maîtrise des Eaux fie Forêts, fie elle est sujette
à toutes les formalités requises pour les bois du Roi lors de
la vente.
II appartient au Roi une partie du produit3 6e" cette part,
dans l'apanage du Duché d'Orléans, est la moitié franche
du prix, fie les droits de la Maîtrise sont du dixième.
Ainsi en supposant la coupe d'un bois en grurie de la
valeur de vingt mille livres, M. le Duc d'Orléans ou ses
Officiers en prélèvent onze mille livres, fie il en reste neuf
mille au Propriétaire.
Si dans Fintervalle d'une vente à une autre le Proprié-
taire a besoin de bois pour ses réparations, il doit se pour-
voir pardevant le Grand-Maître du Département pour en
obtenir la permission 3 fie si elle est accordée, le Grand-Maître
en vend pour le compte du Roi, à proportion des droits
que Sa Majesté prend lors de la vente.
Telles font les principales servitudes auxquelles le droit
de Grurie donne lieu. Passons maintenant aux moyens de
Monseigneur FEvêque d'Orléans pour en défendre les bois
du Monastère d'Ambert.
Le Monastère d'Ambert a été fondé par Philippe le Bel
en 13 00 , fie doté de quatre cents quatre-vingts arpents de
terre labourable , situés au lieu d'Ambert, dans la Forêt
d'Orléans. Ces mêmes terres avoient été données par Louis
le Gros aux Chanoines Réguliers de Saint-Victor de Paris:
Philippe le Bel les racheta pour en doter les Céiestins.
Des Chartes de 1134,1138 constatent que le lieu d'Am-
bert avoit été concédé à Saint-Victor par Louis le Gros en
T©12 PROCES-FERBAL DE LASSÈMBLÉE-GÉNÉRALE
franche aumône, 8c celle de 1300, que Philippe le Bel le
•-
transmit au même titre aux Célestins.
Charles, Duc d'Orléans fie de Milan, en 14573 Fran-
çois I, en 1 j" 13 augmentèrent la dotation du Monastère
,
d'Ambert par la donation des deux autres domaines, situés
dans la Forêt d'Orléans 3 mais nous n'entrerons dans aucun
détail, relativement à ces différents objets, attendu que les
difficultés actuelles qu'éprouve le Bureau d'Administration
des biens des Célestins, n'ont rapport qu'au domaine d'Am-
bert donné par Philippe le Bel.
Au temps de la donation, ce domaine, ainsi qu'il résulte,
même du titre de fondation, consistoit en quatre cents qua-
tre-vingts arpents de terre labourable 3 la totalité des bois
qui existent aujourd'hui, ne font donc que des accrues de
bois, fié par-là même ne peuvent être sujets aux droits
de prune.
« Plusieurs, dit Lebret en son Traité de la Souveraineté,
^ liv. 3, chap. premier, se sont travaillés à trouver Fori-
j? gine
d'une si pesante íervitude sur le bien d'autrui. Quant
33 moi,
à j'ai toujours estimé que ces droits avoient été in-

troduits, parce qu'anciennement il n'y avoit que les Rois
33 qui -eussent
le droit d'avoir des bois de haute-fntaie :per-
" sonne ne pouvoit en avoir sans leur permission, ainsi qu'il
33
est prouvé par le livre quatrième de la Loi des Francs,
33
chapitre 19 Ce qui appuie ma conjecture, c'est que
33
l'on ne levé ces droits que íur les anciennes Forêts, dont
33
Forigine est inconnue, fie non fur celles" qui ont été édi-
33
fiées de nouveau, parce que nos Rois ont donné depuis
33 gratuitement des
permissions générales à tous leurs Sujets
33
d'avoir des bois de haute-futaie. 33
Ainsi par-là même que le Bureau d'Administration pré-
sente le titre de fondation, duquel il résuite que le domaine
d'Ambert a été donné aux Célestins en franche aumône,
que tous les fonds en étoient alors en terres labourables 3
que par conséquent les bois font des accrues, des bois nou-
veaux , ils ne peuvent être assujettis au droit de Grurie par
la nature même de ce droit.
A ces titres constitutifs, se joint une possession constante
DU CLERGÉ DE FRANCE , 22 AOUT 1786. 1023
non interrompue, confirmée par plusieurs Jugements.
Dès 1546 les accrues de bois fur le domaine d'Ambert,
étoient déja un objet assez considérable 3 fie depuis cette épo-
que , jusqu'en 1776 où le Monastère a été supprimé, les Re-
ligieux ont été dans la posteíîion constante fie non interom-
pue de faire exploiter par eux-mêmes, en exemption de tout
droit de Grurie, tous les bois dont ils étoient propriétaires3
fie l'on ne peut pas objecter qu'ils n'ont en leur faveur qu'une
possession clandestine, puisque c'est non-feulement fous les
v
yeux des Officiers de la Maîtrise des Eaux fie Forêts d'Or-
léans maisde leur coníentement exprès qu'ils ont fait ces
,
exploitations, fur des permissions authentiques qu'ils ont
données, fie qui contiennent toutes cette clause, que ces<
bois étoient du tout exempts de grurie.
II y a plus, un Edit de Mars 1716, ayant ordonné une
réformation générale de la Forêt d'Orléans, Ôe nommé à
cet effet des Commissaires chargés particulièrement de vé-
rifier les exemptions du droit de Grurie, les Commissai-
res, après avoir vu le titre de fondation, prononcèrent,
par Jugement du 10 Décembre 1718, que les bois assis
dans l'enclave du terrein d'Ambert, appartenant aux Cé-
lestins dudit lieu, étoient francs fié exempts du droit de
Grurie.
Malgré tous ces titres constitutifs &C possessoires, malgré
.
Fautorité de la chose jugée, FEconome-Sequestreà la ré-
gie des biens du Monastère d'Ambert, s'étant, en 1779,
pourvu au Conseil du Roi pour obtenir la permission d'a-
battre les anciens baliveaux, étant dans les bois de l'enclos
d'Ambert 3 fie cette demande ayant été communiquée aux
Officiers de la Maîtrise du Duché d'Orléans, les Officiers
ont prétendu que deux cents soixante-treize arpents quatre-
vingt-neuf perches des bois, situés au domaine d'Ambert,
étoient en grurie, de que seize arpents quatre-vingt-une per-
ches seulement en étoient exempts 3 fie d'après leur simple-
avis, non communiqué au Bureau d'Administration, un Ar-
rêt du premier Mai 178 1 Fa jugé ainsi.
Le Bureau d'Administration des biens du Monastère
d'Ambert, s'étant rendu opposant à cet Arrêt évidemment
I02.4 PÀò'C ES-VERSAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
íurpris à la religion du Roi, il a adressé à M. le Contrô-
leur-Général, le 24 Août 1784, sa Requête, contenant ses
moyens d'opposition.
Monseigneur FEvêque d'Orléans se fiattoit que cette Re-
quête, qui a été communiquée au Grand-Maître fie autres
Officiers de la Maîtrise d'Orléans diffiperoit leurs préjugés,
fi£ qu'ils se porteroient d'eux-mêmes à reconnoître des droits
établis íur tant de titres. Mais il vient d'apprendre qu'après
avoir laiíìé deux ans la Requête du Bureau fans réponse,

ils ont récemment déclaré, dans un nouvel Avis, que les
deux cents íoixante-treize arpents dont il s'agit doivent être
assujettis aux droits de Grurie.
Ainsi toute eípérance de réussir, par voie de conciliation,
est perdue, fie" Fínstance va se suivre au Conseil, où. l'on
redoute. Finfìuence des Officiers de la Maîtrise du Duché
d'Orléans.
C'est dans ces circonstances que Monseigneur FEvêque
d'Orléans supplie FAíIemblée de vouloir bien lui accorder
íes bons offices dans une affaire qui tient d'aussi près à la
cause commune 5 puiíque ce n'est pas seulement sur une
possession constante non interrompue reconnue par des ju-
,
gements que le Bureau fonde ses droits, mais encore fur le
titre sacré d'une donation en franche aumône.
Le Rapport fini, FAssemblée a délibéré, conformément à
Favis de la Commission, d'appuyer la demande de Monsei-
gneur FEvêque d'Orléans, à Feffet d'obtenir l'exemption
des droits de Gruerie, exigés fur les bois du Monastère d'Am-
bert, fie Messieurs les Agents ont été chargés d'accorder
leurs bons offices à ce Prélat dans la poursuite de cette affaire
au Conseil.
Mcsseigneurs fie Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mercredi, 23 Août,
à neuf heures du- matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque fie Primat
de Narbonne, Président.

DU
DU CLERGÉ DE FRANCE* 23 AOUT 1786. 102/

DU MERCREDI, FINGT-TROIS AOUT 1786,


à neuf heures du matin.
•S *
\
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président*.

MOnseigneur FArchevêque de Narbonne a dit : Que o


cxxxvu
SÉANCE.
F Assemblée de 178 o, ayant juge-nécessaire de donner
M. Maigret, pour Adjoint à M. Bronod, Notaire du-Cler-
gé, Messieurs les Agents, à la mort cle M. Bronod, ont
nommé M. Maigret, Notaire du Clergé3 ôe M. Gibert, jeu-
ne , pour Faider dans ses opérations 3 qu'en conséquence il
avoit l'honneur de proposer à FAssembléc de confirmer ce
qui avoit été fait par ses Agents, 6e de nommer M. Gibert,
jeune, pour remplacer M. Maigret en cas de surcharge,
maladie, décès, retraite ou autres empêchements ; ce qui
a été délibéré, conformément à la proposition de Monsei-
gneur FArchevêque de Narbonne.
Messeigneurs fie Messieurs les Commissaires, pour la Re-
ligion fié la Jurisdicfion, ont pris le Bureau. Leéture faite
d'une Requête du Chapitre Cathédral d'Alais, qui réclame
la proteólion de FAssemblée contre une entreprise des Vi-
comtes d'Alais, Monseigneur FArchevêque d'Arles, Chef
de la Commission a dit :
,
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
La dénonciation du Chapitre d'Alais fait naître trois ques-
tions principales. i°. MM. les Vicomtes d'Alais font-ils
fondés à prétendre les honneurs de la Litre ou de la Cein-
ture funebro dans FEglise Cathédrale d'Alais ? z°. Cette
prétention est-elle de nature à intéresser le Clergé-Général ì
30. A quel Tribunal doit être portée la connoislance de
Faffaire? Vous savez que FEglise d'Alais, d'abord Parois-
siale, ensuite Collégiale, n'est devenue Cathédrale qu'en
1698. A Fépoque de cette érection, il s'éleva des difficul-
tés concernant les droits qui appartenoient aux Seigneurs
Procès-verb. de 1785-1786. Dddddd
io26 P ROC ES-FÉB-BAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
-d'Alais. Louis XIV crut devoir consulter M. de Baville,
Intendant de Languedoc. On ITOUS a conservé Favis de ce
Magistrat, qui reeonnoît n être pas convenable a une Eglise
érigée en Cathédrale que des Seigneurs particuliers y exer-
_,
cent leurs droits. Les objets contentieux furent réglés en con-
séquence, par Arrêt rendu au Coníeil, le7 Septembre 1702:
il ne fut.point question du droit de Litre, ni dans Finstruc-
tion, nr dans le jugement. Ce n'est qu'en 178 ï , que les Vi-
comtes d'Alais ont, pour la première fois, fait apposer une
ceinture funèbre sur les. murs de FEgdise Cathédrale, II est
de principe que. toutes les Églises. Cathédrales font fous la
sarde du Roi, 8c ne reconnoiflent d'autre Patron & d'autre
Seigneur que la.períònne de Sa Majesté. On se rappelle en-
core avec quelle force de raisonnement; Se quelle profondeur
de recherches ces grandes maximes de notre Droit Public
furent soutemu.es, en 1767, à FAudience du Parlement de
Paris, même contre les Princes apanagistes. On prétend que
dans les autres Villes Episcopales qui ont des Seigneurs par-
ticuliers ceux-ci ne jouissent point du privilège de la Litre.
,
Mais Fexjemple 'de. Mirepoix est très-décisif dans Fefpece
présente. La Seigneurie de cetx.e Ville appartenait à la Mai-
son de Devis long-temps avant Férection du Siège Episco-
pal. Le Marquis de Mirepoix, en fa double qualité de Pa-
tron 6e de Haut-Justicier, ayant réclamé l'exercice de ce
droit honorifique dans FEglise de Mirepoix, qui est tout à
la fois Cathédrale 6e Paroissiale, le Procès fut introduit au
Conseil. Après bien des discussions respectives 6e contra-
dictoires, toutes les Parties souscrivirent, le 1 8 Décembre
1 694, une Transaction, portant, en termes exprès, que le
f
Marquis de Mirepoix ne pourra aire mettre de Litre ni en-,
dedans m en-dehors de. l'Eglise Cathédrale ; mais * que le
*
Seigneur Evêque marquera, une Chapelle dans la Nef pour
y faire le service de la Paroisse j en-dedans ÓG autour de la-
quelle ledit Seigneur Marquis de Mirepoix pourrafaire met-
tre une Litre chargée défis urines dans lesoccasions ; tempé-
rament bien propre à conserver la dignité de nos Eglises,
fans blesser les droits dus aux Seigneurs* Ce n'est donc
pas
íàns raison que le Chapitre d'Alais élevé aujourd'hui la voix
DU CLËR.GÉ DE FRANCE, -23 AOUT 1786, 1027
contre une servitude incompatible avec Fétat d'Eglise Ca-
thédrale, qui d'ailleurs n'est appuyée, ni de titres, ni d'actes
possessoires. Si Finnovation des Vicomtes d'Alais étoit to-
lérée dans fa naissance, elle pourroit s'étendre insensible-
ment à d'autres Villes Epiícopales, tandis que le Clergé a
le plus grand intérêt à maintenir inviolablement le principe
qui place immédiatement fous la main du Roi les Eglises
Cathédrales. De-là l'interventión constante de vos Agents
dans le cours des vives 6e nombreuses contestations qui
s'élevèrent successivement entre FEvêque de Mirepoix 6e le
Seigneur de cette Ville, sur le fait des droits honorifiques.
Les mêmes monuments attestent que ces diverses instances
ont toujours été portées ou retenues au Conseil du Roi, sans
doute pour épargner aux Parties les circuits longs 6e dis-
pendieux des Tribunaux ordinaires, 6e pour faciliter les
démarches de vos Agents. A ce point de vue général se
joint une considération particulière dans la caule du Cha-
pitre d'Alais. Elle peut être regardée comme la fuite des
différends déja jugés par l'Arrêt du Conseil de 1702, 6e
paroît en conséquence devoir être terminée par la même
voie.
Ainsi tout vous invite à charo-er Messieurs vos Agents
de porter cette affaire au Conseil des Dépêches, en accor-
dant leurs bons offices, même leur intervention, au Cha-
pitre d'Alais, 6e de solliciter un Arrêt qui maintienne cette
Eglise Cathédrale en possession des privilèges, exemptions
6e immunités dont jouissent toutes ïes autres Cathédrales
du Royaume.
Le Rapport fini, l'Assemblée, conformément à l'avis de
la Commission, a chargé Messieurs les Agents d'accorder
leurs bons offices au Chapitre d'Alais pour faire porter cette
affaire au Conseil des Dépêches, 6e de donner leurs foins
à ce que ce Chapitre fût maintenu en possession des pri-
vilèges, exemptions 6e immunités dont jouissent toutes les
autres Cathédrales du Royaume.
Messeigneurs 6e Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
Dddddd 2
îo28 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
La Séance a été indiquée à demain Jeudi, 24 Août,
à neuf heures du matin.
Signé >J< ARTHUR-RICHARD Archevêque 6e Primat
,
de Narbonne, Président.

DU JEUDI, VINGT-QUATRE AOUT i7%6,


à neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.
CXXXVIll
SEANCE. iYXOnsieurFAbbé de Barrai, Agent-Général du Clergé,
a dit :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
H
Les formalités requises par les Loix canoniques 6e ci-
viles afin d'opérer Funion valable des Bénéfices, suffisent
,
pour constater les seules causes légitimes qui peuvent Fau-
torifer, c'est-à-dire la nécessité ou Févidente utilité de
,
FEglise 3 ainsi toutes les fois que ces formalités ont été fidè-
lement observées, lorsque les deux Puissances ont cimenté,
par le concours de leur autorité, Funion jugée nécessaire,
rien ne doit en retarder les effets : notre ministère nous
oblige donc à vous faire connoître les formes insolites qu'on
s'efforce d'introduire, 6e les obstacles qu'on oppose aux Bé-
néficiers qui réclament la jouissance des biens unis au titre
de leur Bénéfice.
Les Chapitres nobles de Saint-Pierre 6e de Saint-Chef,
au Diocèse de Vienne, ont été unis 6e incorporés pour n'en
former qu'un seul, avec une Menfe commune dans FEglise
de Saint-Pierre. Toutes les formalités prescrites par les Ca-
nons 6e par les Loix, ont été remplies : Funion fut d'abord
prononcée par une Bulle qu'obtint le Chapitre de Saint-
Pierre en 1777*3 FOfficial Diocésain de Vienne, Commis-
saire en cette partie, du Saint-Siège 6e de Monseigneur
,
FArchevêque procéda à la sulmination de la Bulle -, 6e après
5
DU CLERGÉ DE FRANCE, 24 AOUT 1786. 1029
les informations préalables rendit son Décret le
, 11 Sep-
tembre 1780. Des Lettres-Patentes du mois de Janvier
1781, confirmèrent le Décret 6e la Bulle, 6e au mois d'A-
vril de la même année le tout fut enregistré au Parlement
de Grenoble.
Par une des dispositions de la Bulle le Pape avoit uni
Chapitre ,
au les biens 6e les droits de F Abbaye séculière de
Saint-Pierre de Vienne, dont il íupprimoit le titre : Mon-
seigneur FEvêque de Saint-Brieuc, Titulaire, à cette épo-
que , de FAbbaye de Saint-Pierre, fit avec le Chapitre un
Traité particulier, par lequel il s'est réservé la jouissance de
certains droits 6e revenus, moyennant lesquels il a fait au
Chapitre Fabandon de tous les autres droits qui lui appar-
tenoient en fa qualité d'Abbé de Saint-Pierre : le Traité
ayant été autorisé 6e homologué par le Décret , par les
Lettres-Patentes 6e par F Arrêt d'enregistrement, le Chapi-
tre a cru pouvoir réclamer la possession des biens qui lui
étoient abandonnés.
PaTmi les droits, revenus 6e actions cédés au Chapitre
de Saint-Pierre par Monseigneur FEvêque de Saint-Brieuc,
il y avoit particulièrement une somme de trois mille cinq
cents livres, dont il faut expliquer Forigine 6e la destina-
tion. A la mort de M. de Montauban, Evêque de Riez
6e Abbé de Saint-Pierre de Vienne, FEconome fit le re-
couvrement de cette somme, provenante de FAbbaye de
Saint-Pierre, 6e destinée à payer les réparations qui étoient
à la charge de M. de Montauban comme dernier Titulaire
de ce Bénéfice.
La Chambre des Comptes de Grenoble, en vertu d'un
droit qui ne lui est pas contesté, ordonna la saisie des trois
mille cinq cents livres entre les mains de FEconome pour fu-
reté des réparations: Monseigneur FEvêque de Saint-Brieuc
avoit le droit de requérir main-levée de la saisie, en justifiant
que les bâtiments de FAbbaye étoient en bon état. Au lieu de
demander la restitution de cette somme, Mgr. de Saint-
Brieuc en cédant au Chapitre ses droits 6e actions en qua-
,
lité d'Abbé de Saint-Pierre, y comprit ceux qui lui appar-
tenoient furies trois mille cinq cents livres, ce: le Traité, com-
s G 3 o PROCES-FERBALDE L-ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
me nous avons eu Fhonneur de Fobierver, fut admis 6e ho-
mologué de Fautorité des deux Puissances : ainsi le Chapitre
de Saint-Pierre, devenu cessionnaire des droits de Mgr. FE-
vêque de Saint-Brieuc avoit à recouvrer fur FEconome
,
les trois mille cinq cents livres, représentatifs de la dette des
réparations qu'il s'étoit chargé d'acquitter.
En conséquence il se pourvut à la Chambre des Comp-
tes , afin d'obtenir main-levée de la saisie faite sur FEcono-
me j elle lui fut refusée, quoiqu'on eût eu soin de justifier
a cette Cour du fait 6c des titres de l'extinction & de Funion.
Le Chapitre présenta un Mémoire à ce sujet à M. le Garde
des Sceaux, qui voulut bien écrire en fa faveur. Malgré la
puissante intervention du Chef de la-Magistrature, la Cham-
bre des Comptes persévéra dans son refus fous prétexte
,
que l'extinófion 6e Funion de FAbbaye de Saint-Pierre ne
lui étoient pas légalement connues.
Alors le Chapitre craignant d'avoir omis quelques for-
malités nécessaires pour constater Funion aux yeux de la
Chambre des Comptes, présenta au mois de Mai dernier
une Requête-, à laquelle il joignit les extraits en bonne for-
me de tous les titres justificatifs de Funion ; savoir, de la
Bulle du Pape, des consentements donnés à son exécution,
des Traités faits en conséquence, du Décret de FOfficial,
des Lettres-Patentes, 6e de leur enregistrement au Parlement
de Dauphine. En vertu de tous ces titres, il demanda, par
ía Requête, main-levée de la saisie des trois mille cinq cents
livres restés aux Economats. Sur une Ordonnance de soit
communiquée au Procureur-Général, ce Magistrat requit
qu'il fût dit, qu'<?72 rapportant la Bulle d'union dont il s'agit,
SG Lettres-Patentesfur icelle adressées d la Chambre, SG par
elle duement enrégifirées, il fera pourvu. D'après ces conclu-
sions du ministère public, est intervenu, le 20 Mai 1786,
une Ordonnance qui leur est absolument conforme. Tel
est Fétat aétuel j 6e si le Chapitre ne satisfait pas aux condi-
tions qui lui font imposées, il faut qu'il renonce au recou-
vrement d'une somme sur laquelle il a des droits incon-
testables.
Le. Chapitre de Saint-Pierre auroit pu se résoudre à ce
DU CLERGÉ DE FRANCE, 24 AOUT 1786. 1031
sacrifice, fi un refus d'un autre genre 6e plus fatal encore>
ne le forçoit à s'élever contre la prétention nouvelle de la
Chambre des Comptes.
Ses titres, comme la plupart de ceux des Propriétaires de
la Province, font dépoíés aux Archives de la Chambre.
Forcé de soutenir au Parlement de Grenoble un procès con-
sidérable, il a eu besoin, pour sa défense, de plusieurs ex-
traits des titres qui ne se retrouvent que dans ces Archives:
les extraits ont été constamment refusés j les Gardiens des
Archives ont reçu Finhibition formelle d'en délivrer aucun :
on a d'abord fait entrevoir, on a eníuite nettement expri-
mé que pour les obtenir, il falloit préalablement remplir la
formalité des Lettres-Patentes, nominativement adressées
à la Chambre 6e dont elle se réservoir Fenrégistrement.Ne
,
pouvant 6e ne devant pas se soumettre à cette condition,
le Chapitre íe trouve dans Fimpuissance de produire des
titres nécessaires au soutien de ses droits, 6e qui en affure-
roient le succès : le procès 6e plusieurs autres de la même
importance, font fur le point d'être jugés au Parlement; 6e
le refus aussi injuste qu'illégal de la communication des ti-
tres, conservés dans un dépôt public, fait courir au Cha-
pitre un risque évident de succomber.
C'est à vous seuls, Messeigneurs 6e Messieurs qu'il peut
,
avoir recours, pour obtenir la justice qu'il a droit d'atten-
dre. Le dommage qu'éprouve un Corps Ecclésiastique noble
6c peu opulent, fustiroit fans doute pour exciter votre ré-
clamation 3 mais il fonde principalement six confiance fur
des motifs d'un ordre plus relevé.
Sa cause est, en effet, celle de tous les Citoyens que rien
ne met à Fabri d'un refus arbitraire : elle intéresse fur-tout
le Clercré de France ; car si la tentative de la Chambre des
Comptes de Grenoble est couronnée par le succès, toutes
celles du Royaume suivront dans peu les mêmes errements j
déja même la Chambre des Comptes de Paris annonce des
prétentions plus exorbitantes, 6e les faits dont il faut en-
core vous rendre compte, prouveront que nous n'avons pas
concu de frivoles alarmes.
Par tin Décret du 18 Juillet 1775 précédé d'une in-
>
io2 z PROCES-FËRBAZ DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
>'
formation de commodo ÓG incommodo, 6e de toutes les au-
tres formalités requises, Monseigneur FEvêque de Cahors
a supprimé la Communauté des Religieuses de. Pomarede,
6e en a uni les biens, droits 6e revenus au Monastère des
Religieuses de Londieu.
Les Lettres-Patentes confirmatives de ce Décret, ont été
enregistrées au Parlement de Toulouse par Arrêt du 6 Sep-
tembre 1776, après une nouvelle information de commodo
ÓG incommodo 6e une nouvelle communication à toutes
j,
les Parties intéressées.
Dans les biens 6e droits unis, se trouvoit une rente de
quarante-huit livres dix fols, assignée 6e payable fur la re-
cette du Domaine du Roi, à Cahors. Les Religieuses de
Londieu ont fait présenter en 1783 leur quittance au Di-
,
recteur du Domaine pour en être payées : ce Directeur a
demandé les pièces justificatives de leur propriété; elles lui
ont remis avec confiance le Décret d'union, les Lettres-
Patentes confirmatives, 6e F Arrêt d'enregistrement du Par-
Jement de Toulouse. L'usage qu'il a fait de ces pièces, a été
de les envoyer., à Fi n su des Religieuses, à un Procureur de
la Chambre des Comptes de Paris, à l'effet d'y poursuivre
Fenrégistrement des Lettres Patentes confirmatives de
-
Funion. La Chambre des Comptes a commencé par exiger
des Lettres de Relief d'adresse fur les Lettres-Patentes dont
il s'agit : ensuite elle a ordonné, par un Arrêt préparatoire
du 17 Janvier 1784, qu'avant faire droit, lefdits Décret 6c"
Lettres-Patentes feroient communiqués aux Religieuses sup-
primées de Notre-Dame de Pomarede, à FEconome du
Prieuré de Londieu 6e à F Administrateur-Général des Do-
maines, pour-, chacun en ce qui les concernoit, donner leurs
avis 6e consentement à Fenrégistrement desdits Décret 6e"
Lettres-Patentes, ou dire autrement, ainsi qu'ils aviferoient
bon être 5 ordonné de plus que les Religieuses de Londieu
ieroient tenues de rapporter en la Chambre un état, d'elles
certifié, des revenus 6e charges dudit Prieuré de Pomarede,
du nombre des Religieuses supprimées, 6e des dettes actives
6c* passives de ladite Communauté, pour, ce fait, commu-
niqué au Procureur-Général du Roi 6e rapporté, être fur
le
DU CLERGÉ DE FRANCE, 24 Aovr 1786. 1033
le tout par la Chambre, statué ce qu'il appartiendroit.
Ce n'est qu'après tous ces préalables remplis, que la Cham-
bre des Comptes a enregistré les Lettres-Patentes par Arrêt
du 19 Juillet 17855 6e cet enregistrement n'a pas été pur
6e simple. En voici les conditions : A la charge., par les Im-
pétrantes de ne pouvoir confondre aucuns des biens qui avant
j
íunion étoient dépendants des deux Monastères de Notre-
Dame de Pomarede SG de Londieu, cG de les tenir séparé-
ment dans le même ordre de mouvance, de rendre pour cha-
cun d'eux les mêmes devoirs féodaux, ÔG encore de remettre
dans fix mois, à compter du jour SG duite du préjent Arrêt

au Préposé de l'Administration générale des Domaines du
Roi a Montauban, un état en détail SG certifiédes Impétrantes_,
des différents biens réunis audit Monafiere de Londieu, indi-
catifde leur nature revenu ÓG qualité noble ou roturière, des
_,
Seigneuries dont ils relèvent,SG des différents devoirs, charges
SG servitudes dont ils font tenus; SG seront lefdits états des
revenus SG charges.... remis <3G déposés au Greffe de la
Chambre pour y avoir recours en temps SG heu.
Telles lont, Messeigneurs 6e Messieurs, les clauíes de
FArrêt d'enregistrement, accordé par la Chambre des Comp-
tes de Paris, en faveur des Relio-ieuíes de Londieu. On y voit
dans quelles vues, principalement, cette Compagnie veut
enregistrer les unions, c'est pour impoler la charge détenir
les biens unis dans le même ordre de mouvance de rendre
3
pour chacun d'eux les mêmes devoirs féodaux, de donner
des états exacts indicatifs de la nature des biens, de leur
qualité noble ou roturière, des Seigneuries dont ils relèvent,
6e des différents devoirs, charges ce servitudes dont ils font
tenus 3 c'est, en un mot, de raire Jdiíparoître, fur les biens
unis, toute idée d'allodialité &Ç de ("ranche aumc3ne.
Le Monastère de Londieu n'a maintenant aucun intérêt
particulier à notre réclamation ; il ne sollicite même pas le
recouvrement d'une somme de trois cents trente-cinq livres
dix-huit fols huit deniers, consumée en frais pour obtenir
le paiement de la rente de quarante-huit livres dix fols. Mais
le Procureur-Général de l'Ordre de Clugny a cru devoir
mettre fous nos yeux toute la procédure, afin de fixer l'at-
PïQces-verb. de 1785-1786. Eeeeee
10 3 4 PROCES-FERBAL DE L ASSÈMBLÉE-GENÉRALÈ
tendon du Ciergé íur une entreprise clone il est.facile de
"prévoir les luit es.
Enfin les Administrateurs de FHôrel-Dicu d'Amboiíe
forment de justes plaintes contre un Arrêt préparatoire,
absolument conforme à celui qu'a rendu la Chambre des
Comptes avant d'enregistrer les Lettres-Patentes,confirma-
tives de Funion du Monastère de la Pomarede a celui de
Londieu.
Sur la demande de M. le Duc de Choiíeul, Seigneur
d Âuiboiie, ëe leprcícntant des Fondateurs, Moníeigneur
FArchevêque de Tours, par un Décret du 8 Mai 1781 a
,
prononcé Funion des biens de la Confrairie de Saint-Nico-
las établie à Amboiíe a FKôtel-Dieu de cette Ville. M. de
, ,
Choiíeul obtint, au mois de Juin suivant, des Lettres-Pa-
tentes íur le Décret 5 elles furent enregistrées au Parlement
le j Décembre 1783, malgré divcríes oppositions qui se
manifestèrent dans le cours des informations ordinaires.
Le Bureau "d'Administration de FHôtel-Dieu avant rc-
connu qu'une rente de soixante-quinze livres faiíoit partie
des biens de la Conrraine réunie, il se présenta pour en
obtenir le paiement, qui Fut réfuté, sous prétexte que le
changement de propriétaire ifétoit pas vérifié en la Cham-
bre des Comptes, ëe autorité par cette Cour.
Les Administrateurs crurent alors devoir obtenir des
Lettres de Relief d'adreíle à la Chambre des Comptes, fur
les Lettres-Patentes de 1782; elles ont été présentées, &£
un Arrêt préparatoire, du j Juillet 1786, a ordonné qu'a-
vant faire droit, leídits Décret & Lettres feroient commu-
niqués à Mgr. FArchevêque de Tours aux Administra-
,
teurs Ôe-aux Membres de la Confrairie, convoqués ce aí~
íemblés en la manière accoutumée 3 aux Doyen Chanoines
,
&L Chapitre de FEçlise Collégiale de Notre-Dame 6e de
Saint-Florentin d'Amboiíe capitulairement astemblés; aux
Directeurs ëe Administrateurs de FHôtel-Dieu •, aux Curé
ôe-Marguilliers de la Paroiíle de Saint-Denis oour chacun
, ,
en ce qui les concerne, donner leur avis ce consentement
à Fenrépistrcment defdits Décret ôe Lettres, ou dire au-
trement, ainsi qu'ils aviíeront bon être. L'Arrct ordonne
DU CLERGÉ DE FRANCE ,2.4 AOUT 1786. 1o 3 j
encore, que les Impétrants set ont tenus de rapporter les
états d'eux Certifiés, des biens, revenus ce 'charges,' tant de
la Confrairie, que de FHôtel-Dieu d'Amboife, pour ce fait
communiqué au Procureur-Général du Roi, ce rapporté
être, furie tout par la Chambre, statué ce qu'il appartiendra.
Telles font, Messeigneurs êc Mestieurs, les clauses de
FArrêt préparatoire, ôe vous jugerez fans doute que ce dis-
positif annonce un appareil de procédures bien supérieur au
peu d'importancede son objet ; car il s'agit uniquement de
décider fi FHôtel-Dieu d'Amboife doit être autorisé à per-
cevoir une rente de soixante-quinze livres.
Observons encore que les Administrateurs de FHôtel-
Dieu avoient justifié à la Chambre des Comptes du Décret,
des Lettres-Patentes, Arrêt d'enregistrement, Avis &. dires
de toutes les Parties intérestées. Ainsi les communications
nouvelles, ordonnées par FArrêt, ne pouvoient avoir pour
but de connoître les avis ëe consentements, ou les motifs
d'opposition : elles étoient donc absolument inutiles, si on ne
suppose que Fintention de la Chambre a été de rendre aux
Parties intéressées la faculté de renouveller leurs oppositions,
déja jugées à grands frais au Parlement. Mais si les Parties in-
térestées usent en effet de cette faculté, fi elles íe rendent de
nouveau opposantes à Fenrégistrement, quel en fera le ré-
sultat? La Chambre des Comptes jùgera-t-elle Fopposition?
Prendra-t-elle connoisiance d'une matière fur laquelle fa
compétence ce fa jurisdiótion ne sauroient s'étendre ? Et s'il
plaiíbit à Foppofant de joindre à son opposition un appel
comme d'abus du Décret fur lequel on demande son avis-
es son consentement, à quel Tribunal iroit-on se pourvoir?
II feroit contre toutes les règles que la Chambre des Comptes
jugeât un appel comme d'abus. Mais si elle en renvoyoit
la connoisiance au Parlement, ne réclameroit-il pas lui-
même contre la connoiísance que la Chambre auroit tenté
de prendre d'une opposition déja jugée? De-là des conflits
entre les Cours, conflits austi dangereux pour l'Etat, que
funestes pour les particuliers. Deux Tribunaux indépen-
dants prétendroient être Juges de Futilité de Funion : si
leurs Arrêts n'étoient pas conformes comment exécuter
,
Eeeeee z
1036 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
deux Jugements souverains, ôc opposés l'un à l'autre?
Ainsi les difficultés se multiplieroient à Fexcès, Fexercice
de la Jurisdiétion épiscopale recevroit de nouvelles entraves
fans aucune utilité pour FEglise, ni pour FEtatj enfin Fau-
gmentation des frais, déja très-considérable, forceroit sou-
vent à renoncer aux unions les plus nécessaires à FEglise.
Tout au moins faudroit-il alors abandonner la perception
d'une partie des revenus dont les Payeurs font comptables
à la Chambre des Comptes ; la plupart des rentes, poíîédées
par les Bénéfices unis 5e constituées fur le Domaine de Sa
Majesté, font d'un modique rapport, 5£ les frais d'enregis-
trement aúroient absorbé la valeur du capital avant que le
nouveau Titulaire fût en état d'en percevoir le produit.
Ainsi, en ne consultant que les principes d'une sage écono-
mie, les Administrateurs de ces Bénéfices préféreroient de
íe priver volontairement de la perception des rentes de cette
nature : cependant le Roi a permis aux Eglises de posséder
des rentes fur les Aides 6e Gabelles, íans les aslujettir à payer
FamortiíTementj il a donc voulu leur donner un moyen de
placer les fonds disponibles qui provicndroient de rembour-
sements, de donations ou de quelqu'autre íource 5 mais cette
faveur feroit illusoire 5 elle finiroit par être un jour plus nui-
sible qu'utile au Clergé, si la poílestion de ces biens obli-
geoit à des formalités trop diípendieuíes^pour en jouir en
cas d'union.
Ces diverses considérations suffisent Meíìeigneurs 6e
Meflieurs pour vous porter à la plus , vive réclamation
,
contre Fenrégistrement qu'exigent les Chambres des Comp-
tes de Paris ôc de Dauphine. Mais si Fexercice de leurs droits
prétendus entraîne des inconvénients sensibles, il est encore
facile d'appercevoir que ces mêmes droits font destitués de
tout fondement.
En effet Funion des Bénéfices est un aóte analogue à leur
collation j le pouvoir d'opérer l'une 6£ l'autre dérive de la
même íource : FEvêque nomme fuccestiveinent les Titu-
laires qui doivent poíléder &í desservir le Bénéfice existant j
il en dispose à perpétuité par Funion, en faveur de Fêta-
bliisement, auquel les revenus du Bénéfice qu'il supprime
DU CLERGÉ DE FRANCE , 2.4 Aoux 1786. 1037
sont attribués: aussi Fautorité des Evêques suífifoit-elle au-
trefois pour unir comme pour conférer 6e il n'intervenoit
,
à ces actes aucun autre pouvoir que le leur.
Dans la fuite on a pensé que la Puistance souveraine
devoir concourir, non pour former &£ prononcer Funion,
ce qui appartient à FEvêque seul, mais pour autoriser son
exécution. Entre les différentes formes que l'on pouvoit
prendre pour opérer ce concours, on a choisi celle des Let-
tres-Patentes enregistrées au Parlement j cette forme est
,
consignée dans FEdit de 1718 : il défend de se prévaloir-
dés Décrets d'union, s'ils ne font revêtus de Lettres-Patentes
enregistrées 5 mais il n'exige rien de plus, 6e il ne prescrit
pas des enregistrements multipliés en plusieurs Cours. Une
preuve fans réplique, que le Légistateur n'a pas exigé Fen-
régistrement des unions de Bénéfices à la Chambre des
Comptes, c'est que FEdit de 17 1 8 dans lequel est expri-
mée f obligation d'obtenir des Lettres-Patentes
,
n'a pas été
,
adressé à la Chambre des Comptes 3 il n'a été adresté 6e en-
registré qu'au Parlement. Enfin Funion des Bénéfices ne
demande pas un concours plus spécial de Fautorité civile,
ni des formes plus rigoureuses que leur création. Or FArti-
cIe premier de FEdit de 1749 n'exige, pour Fétablissement
des Bénéfices, que des Lettres-Patentes, enregistrées en nos
Parlements ou Conseils Supérieurs ; ce font les propres ter-
mes de FEdit, 6c" il n'y est pas fait mention de la Chambre
des Comptes.
Cette vérité se confirme encore par la lecture des Edits,
qui déterminent le pouvoir 6e la compétence des Chambres
des Comptes. L'Edit de Fétablissement de celle du Dau-
phine, donné en 1 6x8 ^ annonce qu'il rétablit en la même
forme 6e manière que la Chambre des Comptes de Paris :
il ordonne qu'on lui adreflera, pour être enregistrées par
elle, toutes les Lettres &C Edits qui seront adressés à la Cham-
bre des Comptes de Paris ; on entre en même-temps dans le
détail de ces Lettres 6e Edits : il n'y a pas un seul mot qu'il
soit possible de rapporter aux Lettres-Patentes fur Décrets
d'union.
Ainsi le silence du Législateur a fixé les bornes de la corn-
io3:8 PROCES-FF.RBA-L DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
pétence qu'il attribue à ce Tribunal; il ne lui est pas plus
permis de les outre-paíler, que d'agir au-delà des bornes de
ion territoire.
Quel est d'ailleurs le motif apparent dont on se sert pour
exiger .à la Chambre des Comptes Fenrcoiftrcment des Let-
tres-Patentes íur un D-écru d'union ? C'est, dit-on parce que
,
la C b a m bre d e v a n tordo n n et 1e p a 1e m c i >t d ' u ne r e n t e d u e p a r
le Roi en raveur du Titulaire qui lucccde aux droits du Béné-
fice uni ,ei!e ne peut For donner fins avoir constaté la capacité
du nouveauTitulaire.Orcute capacité n'est légalement cons-
tatée que par Fenrégistrement des Lettres-Parentes ; il faut
,
donc qu'elles lui íoient présentées, 6e qu'elle les examine.
Mais pourquoi la Chambre des Comptes exigeroit-elîe
plus de formalités pour reconnoître les titres 6e la qualité
d'un Bénéficier, que pour constater ceux d'un autre Ci-
toyen? Lorsqu'un héritier ou légataire se présente afin de
recevoir Le paiement d'une rente constituée sur le Roi, on
n'exige de lui que l'cxtrait du Testament fait en sa saveur,
ion Extrair-Baptistaire & un acte de notoriété, qui certifie
que le Testateur a pu dispoíer de la rente au profit de celui
qui la réclame : on ne .fait aucune enquête íur la Validité
de ces titres; & s'ils íont revêtus de la forme extérieure,
«requiie par la Loi,, le Légatàireest fur le champ mis en pof
-íe.fLoiav.,;.•'; •'•' '--<- '—
:
•", - ;
' ...'.. -
/; II doit en être de même de ceux qui succèdent, ; à raison
d'union, aux droits d'un. Bénéfice éteint 6e supprimé. Le
Titulaire ou; FEtablissement, qui profite de Funion doit
,
justifier de ía qualité-, 6ela. preuve de cette qualité, consiste
dans le rcíultat du Décret de FEvêque confirmé par les
,
Lettres-Patentes, enregistrées en Parlement. C'est par l'en-
ïégistrement du Parlement que ces actes deviennent publi-
quement exécutoires , 6e par-tout ailleurs il suffit d'en re-
•préíenter -des expéditions authentiques quand Foccasion le
requiert.
Tout concourt donc à démontrer que les Chambres des
Comptes ne font point un.Tribunal .constitutif, si l'on peut
parler ainsi, de Fétat 6e de la qualité des Bénéficiers, mais
un simple Tribunal d'exécution j un Tribunal qui doit se
DU CLERGÉ DE FRANCE J 24 Aour 17S6. 1039
borner à faire jouir de leurs droits, ceux qui en ont acquis
de légitimes avant le moment ou ils fe font présentés à lui.
Ces réflexions font communes à toutes les Chambres des
Comptes 3 mais celle de Grenoble propoíe une objection qui
lui est particulière. Elle a, en vertu d'une ancienne posses-
sion confirmée par un Arrêt du Conseil du 21 Juin 1740
,
le droit de veiller à la conservation des titres des Bénéfices,
coníistoriaux 6e des effets déiaiílés par les Titulaires qui
,
viennent à décéder. Mais qu'en résuite-t-il ? Que sur les
points spécialement marqués par FArrêt de 1740, ce Tri-
bunal remplit, par un privilège particulier, les fonctions
qui, dans les autres Provinces, font remplies par les Juges
Royaux ordinaires. S'enfuit-il de-là qu'elle ait aucun droit
de vérification des titres concernant Fextinction ou Funion
des Bénéfices, non plus que de leur érection ? Non, fans dou-
te , 6e ce droit est d'autant plus chimérique, que les fonc-
tions, renlplies par ce Tribunal à la vacance des Bénéfices
consistoriaux, ne íont pas de ía compétence ordinaire 3 il
n'en jouit pas en qualité de Chambre des Comptes, ni de
Cour souveraine : le Bureau des Finances d'Aix exerce les
mêmes fonctions dans la Provence ; les Juges Royaux, com-
me on vient de le remarquer, Fexercent dans le reste du
Royaume. Les fonctions de la Chambre des Comptes ne
íont même pas aufii étendues que celles des Juges ordinaires 3
elles n'ont pour objet que certains points de Jurisdiction
contentieuse, relatifs à la vente des effets délaissés par les
Bénéficiers, mais fans aucune espèce d'administration. On
voit par la Requête de la Chambre des Comptes, viíée ce
rapportée dans le préambule de FArrêt de 1740 qu'elle de-
,
mandoit la maintenue dans le droit de faire procéder à la
visite des bâtiments., SG d'ordonner les réparations. Cette de-
mande ne fut point accordée, 'ÒL le Conseil la rejetta 3jorma
negandi. Ainsi le privilège de la Chambre des Comptes du
Dauphine est naturellement borné à ce qu'elle peut avoir
acquis par la possession, ou aux droits qui lui ont été spé-
cialement attribués. Or les titres particuliers, ainsi que la
possession de ce Tribunal, laissent fans appui la prétention
qu'il a miíe au jour.
ÏOÌO PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
On ne peut alléguer aucun Edit, ni Lettres-Patentesou
Arrêts du-Conseil, qui imposent Fobligation de lui présen-
ter les Bulles ou Décrets d'union , avec des Lettres-Patentes
confirmatives pour les vérifier, cn procédant à leur enré-
sriicrement.
La poííeíiìon ne lui est pas plus favorable : une partie des
biens de la Menfe conventuelle de Bofcodon a été unie à
FA relievêché d'Embrun 3 FAbbaye de Saint-Ruf., à FEvêché
cle Valence 3 celle de Saint-André-le-Bas, au Chapitre de
Saint-Chef; FAbbaye de Saint Chef, à F Archevêché de
Vienne; nombre d'autres Bénéfices à nomination royale,
ont été réunis à divers Etabliííements eccléíiastiques, fans
que la Chambre des Comptes ait exercé le droit qu'elle ré-
clame aujourd'hui. Ainsi la Chambre des Comptes de Gre- '
noble n'a, ni titre ni posteííìon en vertu desquels elle puiíle
,
étayer la prétention qui lui est commune avec celle de Pa-
ris*. Mais les voies de coaction qu'elle emploie pour forcer
le Ch.initre de Saint-Pierre à obtenir de nouvelles Lettres-
Patentes qui lui soient nominativement adressées, méritent
íans cloute une attention particulière de votre part.
Nous pensons, Meíleigneurs 6e Meilleurs, que le Clergé
peut déposer avec confiance ses alarmes dans le sein du Lé-
gislateur. II importe au bien de FEglise 6c de FEtat que les
unions de Bénéfices, lorsqu'elles íont utiles ou nécesi aires,
ne íoient pas retardées par des formalités lentes, coûteuses
ee íuperílues 3 mais Fétat précaire, 6e la position inquiétante
du Chapitre de Saint-Pierre de Vienne 6e de FHôtel-Dieu
d'Amboiíe, exigent un secours efficace 6e prompt tout à
la fois.
Pour qu'ils puissent ressentir les effets de la faveur que
nous vous proposons de leur accorder, deux moyens íe pré-
sentent, ce notre ministère íe borne à vous les indiquer.
Le premier feroit de solliciter une Déclaration portant
,
qu'en exécution de FEdit de 1718, lorsque les Lettres-Pa-
tentes confirmatives des Décrets d'union auront été enre-
gistrées clans les Cours de Parlements ou Conseils Supérieurs,
clans le rcsiort desquels ïes Bénéfices unis 6e ceux en faveur
desquels Funion est prononcée, íont situés, leídites unions
íeront
DU CLERGÉ DE FRANCE, 24 Aour 1786. 1041
seront exécutées conformément aux Lettres-Patentes, fans
qu'il soit besoin d'enregistrement dahs aucune autre Cour,
sauf aux-Parties intéressées à fournir, lorsqu'il en sera be-
soin pour justifier leurs qualités, des expéditions authenti-
ques desdites Lettres-Patentes 6e de FArrêt d'enregistre-
ment, pour être déposées où il appartiendra.
Si la réussite de ce premier moyen vous paroistoit trop
incertaine pour la tenter, il ne resteroit d'autre ressource au
Chapitre de Saint-Pierre de Vienne 6e aux Administrateurs
de FHôtel-Dieu d'Amboife, que de se pourvoir en cassa-
tion contre les Ordonnances ou Arrêts de la Chambre des
Comptes de Grenoble 6£ de celle de Paris. S'ils prennent
ce parti, comme tout Fannonce, nous vous proposons,
iQ. de témoigner à M. le Garde des Sceaux tout Fintérêt
que vous prenez au succès de ces demandes en cassation 3
20. d'ordonner à vos Agents d'aider de toute Fétendue de
leurs bons offices le Chapitre de Saint-Pierre 6e les Admi-
nistrateurs de FHôtel-Dieu d'Amboife.
Sur quoi FAstemblée a délibéré de solliciter une Décla-
ration portant qu'en exécution de FEdit de 171 8, lorsque
,
les Lettres-Patentes confirmatives des Décrets d'unions,
,
auront été enregistrées dans les Cours de Parlements ou
Conseils Supérieurs, dans le ressort desquels les Bénéfices
unis 6e ceux en faveur desquels Funion est prononcée, font
situés, lefdites unions feront exécutées conformément aux
Lettres-Patentes, fans qu'il soit besoin d'enregistrementdans
aucune autre Cour, sauf aux Parties intérestées à fournir,
lorsqu'il en sera besoin pour justifier leurs qualités des
,
expéditions authentiques desdites Lettres-Patentes 6e de
FArrêt d'enregistrement, pour être déposées où il appartien-
dra. En conséquence Monseigneur FArchevêque de Tours,
Monseigneur FEvêque de Montpellier 6e Messieurs les ,
,
Abbés d'Efponchez 6e Dillon ont été priés de voir M. le
Garde des Sceaux 6e de lui présenter un Mémoire rédigé
d'après le Rapport , fait par Monsieur FAbbé de Barrai. Et
dans le cas où la déclaration demandée ne feroit pas ac-
cordée FAssemblée a chargé Messieurs les Agents d'aider,
,
de toute Fétendue de leurs bons offices, les demandes en
Procès-verb. de 1785-1786. Ffffff
1042. PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
cassation que le Chapitre de Saint-Pierre de Vienne òc les
Administrateurs de FHôtel-Dieu d'Amboife pourroient for-
mer contre les Ordonnances ou Arrêts de la Chambre des
Comptes de Grenoble 6e de celle de Paris.
Messeigneurs 6e Meíïieurs les Commissaires, pour les
Portions congrues, ont pris le Bureau. Monseigneur FAr-
chevêque de Bordeaux, Chef de la Commission, a dit:
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
VOUS avez suivi le voeu des Conciles 6e celui des Or-
donnances du Royaume, en délibérant de sacrifier les Bé-
néfices ou Etablissements les moins importants, aux be-
,
soins essentiels du Ministère.
Mais vous avez en même-temps prévu, qu'en un grand
nombre de Diocèses, la disette des biens ecclésiastiques met-
troit des entraves à votre zèle.
C'est ce que nous vérifions tous les jours en exa-
,
minant les états qui vous ont été adressés par nos Con-
frères.
Faudroit-il donc renoncer, pour une partie du Clergé de
France, aux avantages que vous vous êtes proposés ?
Nous répondrions mal à votre confiance, si nous cédions
à ce sentiment de désespoir.
L'intérêt qu'inspirent les Diocèses, a redoublé notre zèle $
6e persuadés, comme nous le sommes, que vous n'hésite-
rez pas à le partager, nous avons soigneusement recherché
tous les moyens de venir à leurs secours.
Le plus naturel de tous, c'est fans doute le concours des
Diocèses voisins : vous en avez établi le principe, dans Fins
traction que vous avez adoptée le j de Septembre de Fan-
née derniere.
Nous avons eu la satisfaction de voir plusieurs Evêques
disposés à seconder nos vues.
Ce font fur-tout ceux de la même Province, ou du mê-
me restort de Parlement, qui doivent plus naturellement se
prêter un mutuel secours 5 leurs intérêts font plus rappro-
chés 6e souvent confondus j leurs besoins y font mieux
,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 24 AOUT 1786. 1043
connus, 6e la proximité qui íes rend plus touchants, rend
aussi la commisération plus active.
La courte durée de vos Séances, 6e le défaut de connois-
sance des localités, ne vous permettent pas de discerner les
différents secours que les Diocèses aisés peuvent offrir
aux
indigents 3 mais vous pouvez inviter les Archevêques 6e
Evêques à se concerter entr'eux dans leurs Provinces res-
pectives : c'est de leur zèle réciproque, 6e des connoissances
locales qui leur font familières, que nous devons attendre
des résolutions utiles ôc bien combinées.
11 ne peut en résulter que des sacrifices plus-généreusement
osserts, 6c employés avec plus de discernement.
II ne íera pas toujours nécefíaire que leOiocefe aisé sous-
crive à la perte des propriétés foncières, renfermées dans son
territoire pour suppléer à la détresse reconnue d'un autre
Diocèse. ,
Quelquefois une possession ecclésiastique, dépendante,
par son titre, d'un Diocèse aisé, mais enclavée dans un Dio-
cèse dépourvu de'restources, fera convenablement affectée
aux besoins de ce dernier.
Souvent le secours que nous réclamons, pourra être ex-
primé par une prestation annuelle d'un Diocèse en faveur
d'un autre. Mais si nous devons attendre d'heureux effets
d'une invitation dictée par des sentiments que nous parta-
geons tous, nous ne pouvons, d'un autre côté, nous dissi-
muler que Fempressement des Evêques à se prêter une as-
sistance mutuelle, ne subviendra pas par-tout aux objets que
vous voulez remplir.
Après avoir épuisé lesreflources qui dépendent de nous,
c'est dans le sein même de Sa Majesté, que nous devons,
avec confiance, déposer notre sollicitude. Elle ne souffrira
pas que vos foins 6e vos efforts restent fans fruit pour un
grand nombre de Diocèses, 6ë qu'un plan qu'Elie a daigné
honorer de son approbation n'y fasse , germer que des
,
regrets.
Nous avons reconnu que les Evêques, par refpeét pour
le Patronage Royal, s'étoient souvent abstenus d'indiquer
les Bénéfices qui en dépendent, parmi ceux dont ils offrent
Ffffff z
1044 PROCES-FERBÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
le sacrifice. Le même sentiment nous a conduits dans la
Commission.
Mais le spectacle de la détresse de plusieurs Diocèses nous
paroît un motif déterminant, pour recourir à la bonté 6c à
la religion du Roi, 6e nous n'hésitons pas à vous proposer,
Messeigneurs 6e Messieurs, d'exposer à Sa Majesté nos be-
soins 6e Finfuffifance des ressources que présente le Patro-
nage ecclésiastique dans un grand nombre de Diocèses, 6e
de la supplier de pourvoir aux besoins par les moyens que
lui íuggérera fa sagesse, &C spécialement par des Bénéfices
dépendants du Patronage de Sa Majesté.
Telles font, Messeigneurs 6c Messieurs, les mesures qui
nous paroissent le plus appropriées aux circonstances.
Nous nous réservons, aussi-tôt que les intentions de Sa
Majesté nous seront connues, de vous rendre un compte par-
ticulier de tous les Diocèses qui nous ont paru avoir besoin
de secours étrangers, 6ê qui, par leur détresse, ont plus de
droit à votre protection.
Ce fera fans doute avec regret, que vou$ vous séparerez
sans avoir consommé l'intéressante opération que vous avez
entreprise 3 maisvous ne pourrez accuser que le concours
de circonstances impérieuses qui ne vous auront pas permis
de jouir du fruit le plus doux de vos travaux : d'autres, plus
heureux, achèveront votre ouvrage. Nous présumons que
la prochaine Assemblée atteindra le but vers lequel ten-
doient tous nos voeux. Vous avez tracé la ligne qui y con-
duit développé les principes qu'il faut suivre pour y par-
,
venir établi les bases fur lesquelles repose Fédifice auquel
,
il ne nous a pas été donné de mettre la derniere main 5 6e
nous emporterons du moins le consolant espoir de le voir
bientôt parvenir à sa perfection, entre les mains habiles qui
nous remplaceront dans une entreprise dont vous aurez pré-
paré le succès.
Le Rapport fini, FAssemblée a adopté l'avis de la Com-
íion j en conséquence il a été délibéré :
i°. Que Messeigneurs les Archevêques 6e Evêques de
chaque Métropole seront invités, au nom de FAssemblée,
à se concerter entr'eux sur les moyens les plus convenables
DU CLERGÉ DE FRANCE* 14 AOUT 1786. 1045-
de venir au secours des Diocèses de leurs Provinces qui
en
auroient besoin, pour remplir les objets mentionnés en la
Délibération du 3 Août de Fannée derniere.
z°. Que le Roi fera très-humblement supplié de pren-
dre en considération la détresse des Diocèses où le Patro-
nage ecclésiastique n'offre pas de ressources suffisantes, 6c
ày pourvoir par les moyens que lui suggérera sa sagesse,
,Se spécialement par des Bénéfices dépendants du Patronage
de Sa Majesté.
Monseigneur FArchevêque de Bordeaux a dit ensuite :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
VOUS avez cru devoir réclamer les bons offices de Mon-
seigneur FEvêque d'Autun en faveur des Evêchés qui, par
Fefîet de la nouvelle Loi fur les Portions congrues, ieroient
réduits à une dotation insuffisante.
VOUS avez spécialement recommandé les Evêchés de
Dauphine 6e de Provence.
Monseigneur FEvêque d'Autun, fidèle aux espérances
qu'il nous avoit données, a déja procuré la dotation des
Evêchés de Toulon 6e de Digne. II nous a témoigné que
le Roi étoit disposé à s'occuper, dans les mêmes vues, de
plusieurs autres Diocèses.
Dans ces circonstances, nous avons l'honneur de vous
proposer de nommer des Députés pour remercier Monsei-
gneur FEvêque d'Autun, 6e pour lui demander avec ins-
tance la continuation de ses bons offices en faveur des Evê-
chés des différentes Provinces dont les besoins lui seront
connus, 6e spécialement de ceux qui éprouvent un préju-
dice plus sensible par l'accroissement des Portions congrues.
Sur quoi FAstemblée, conformément à Favis de la Com-
mission a prié Monseigneur FArchevêque de Bordeaux,
,
Monseigneur FArchevêque d'Auclì, 6c Messieurs les Abbés
d'Andrezel 6e de Tartonne de remercier Monseigneur FE-
vêque d'Autun des secours qu'il a procurés pour la dota-
tion des Evêchés de Digne 6e de Toulon, comme aussi de
lui demander, avec instance, la continuation de ses bons
io4^ PROCÈS-FERBÂL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
offices en faveur des Evêchés des différentes Provinces, dont
les besoins lui feront connus, ce spécialement de ceux qui
éprouvent un préjudice plus íeníible par Faccroisiement des
Portions congrues.
Mesieigneurs oc Meilleurs les Commissaires, pour le Don-
gratuit ce les Moyens, ont pris le Bureau. Monseigneur
FArchevêoue de Toulouse Chef de la Commission a dit:
, ,
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
NOUS avons à vous présenter aujourd'hui le résultat du
compte des revenant-bonsj il contient toutes les recettes 6e
dépenses extraordinaires de votre administration 3 6e pour
vous les foire connoître avec plus de facilité, nous entrerons
dans des détails absolument nécestaires à Fintelligence de
ce compte.
La recette est composée, Mesieigneurs, de neuf chapitres.
Le premier, porté en total à la íomme de vingt mille trois
cents cinquante-une livres seize fols six deniers, renferme
toutes les clistérentes parties de rentes restées en débets dans
les comptes rendus à FAssemblée de 1775, pour Fannée
Î770 6e les suivantes, jusques 6e compris 1774, qui, faute
par les Rentiers de s'être présentés jusqu'à présent pour les
recevoir, forment aujourd'hui un revenant-bon au profit
du Clergé, dont le Comptable a fait recette fur ce chapitre
suivant l'uíage, 6e nous l'avons admise d'après l'examen des
articles qui la composent, desquels nous avons fait Fapu-
rement par l'apostille ordinaire que nous avons mise à
chacun de ces mêmes articles,
ci 10351 1. 16 f. 6 d.
Le second chapitre est de la
somme de trente-quatre mille
trois cents soixante-cinq livres
douze fols deux deniers, produi-
te par plusieurs articles du cha-
pitre des pensions, restés de mê-
me en débets íur les comptes des
exercices précédents, juíques 6e
DU CLERGÉ DE FRANCEJ 24 AOUT 1786. 1047
.
Ci-contre 20351 1. 16 s. 6 d,
compris celui de Fannée 1784.
Elle se trouve aujourd'hui dans
votre Caisse, tant parce que quel-
ques-uns des Pensionnaires, à qui
elle devoir être payée, font dé-
cédés, fans réclamer ce qui leur
étoit dû, que parce que les au-
tres ont été supprimés de Fétat
arrêté en 17 8 o 5 faute par eux de
s'être présentés pour toucher leurs
pensions dans les. délais fixés par
les Délibérations des Assemblées
précédentes, 6e notamment par
celle de 1770. C'est en consé-
quence des dispositionsde ces Dé-
libérations que nous avons ad-
,
mis cette recette après avoir
,
opéré la décharge du Comptable
par les apostilles que nous avons
mises fur les articles de chacun
de ces comptes qui en étoient
susceptibles, ci 343 6 j 1. 1
z f. z d.
Nous vous observons, Mes-
ieigneurs que cet objet ne for-
,
me , dans ce compte, qu'une re-
cette d'ordre, 6e qu'il en sortira
par une dépense de même natu-
re , qui, pour former une som-
me ronde, sera portée à trente-
cinq mille livres, dont le Comp-
table fera ensuite Femploi que
vous lui prescrirez, par la Déli-
bération à intervenir à ce sujet.
Le troisième chapitre est de la
somme de trente-neuf mille neuf
.cents trente livres treize fols qua-
__. 54717 1. 8 f. 8 d.
ÏO48 PROCES-FEÏIBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part .. . . . 547*7- !• .8 s. 8 d.
tre deniers, rapportée à votre
Caisie par les trois Payeurs des
Rentes de FHôtel-de-Ville de
Paris, prétendues assignées fur le
Clergé. Cette somme provient
des débets non réclamés íur ces
. .
rentes pour les années 1760,
1761, 176Z, 1763 6e 1764,
_. . . -
íuivant les états fournis par ces
Payeurs, 6e qu'ils ont certifiés - •
véritables 3 c'est en conformité
d'une délibération prise par F As-
íemblée de 1745,6e des clauses
insérées dans les Contrats paílés
entre le Roi 6e le Clergé pour rai-
son de ces mêmes rentes, que ces
Payeurs remettent à votre Caisse
ces débets, dont ils font obligés
de faire le rapport vingt années
après Féchéance des parties dont
ils font composés. Nous avons
admis cette recette fur le yu des
états 6e de la Délibération de
I745îci 39930 1. 13 f. 4 d.
Le quatrième est de la somme
de trois cents mille livres, tou-
chée par le Comptable au Trésor-
Royal en vertu d'une ordon-
,
nance cle pareille somme qui a
été accordée par le Roi au Cler-
gé pour être employée au paie-
,
ment des honoraires dus aux No-,
taires de Paris, pour raison des
Contrats passés fur Femprunt de
trente millions fait en 17 8 o , 6e
qui, suivant F usage, ont été fixés
„, 94648 1. . z f.
à
DU CLERGÉ DE FRANCE J Z^AOUT 1786. 1045?
Ci-contre 94648 1. z s.
à dix livres pour mille livres des
principaux de chacun de ces Con-
trats 3 ce qui revient, en total, à
ladite sommede trois cents mille
livres, dont nous avons admis
la recette, ci 300000 1.
Le cinquième contient la som-
me de cent soixante mille livres,
reçue de même par le Compta-
ble pour être employée fur le
,
pied de la même fixation, au paie-
ment des honoraires des Con-
trats passés pour raison de Fem-
prunt de seize millions, fait en
i78z,ci 1600*0 L
Le sixième contient la somme
de cent trente-trois mille trois
cents trente-trois liv. six fols huit
de n., provenue de la remise faite
par le Roi sur le Don-gratuit de
178z. Cette remise a pour objec
le remplacement de partie des
frais de recouvrement des impo-
sitions auxquelles les emprunts
donnent lieu. Et comme ces frais
se trouvent payés par les taxa-
tions attribuées aux Receveurs
des Décimes, le fonds de cette
remise forme un revenant-bon
au profit du Clergé, qui s'appli-
que au paiement de partie des
dépenses extraordinaires de son
administration, lorsque la som-
me néceflaire au paiement des
premiers arrérages de FEmprunt
est fournie par le Roi, comme
5^4648 1. z f.
Proces-verb, de 178J-1786. Gggggg
De l'autre part ....
SQCÛ PRÚCES'FERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
JJ4648 1. z s.
cela s'est fait en 17 8 z. Nous avóns
donc admis ici cette recette fur
le vu de la Délibération du z 8
Octobre 17 8 z, ci . . " . . r33333 F 6 f. 8 d;
Le septième chapitre est de la
somme de cent aiille livres, pro- £'
venue de la remise particulière
faite par le Roi sur le Don-gra-
tuit de dix-huit millions de li-
vres accordé à Sa Majesté par la
présente Assemblée, pour être
distribuée par le Comptable aux
différents Séminaires Commu-
,
nautés 6e autres Etablissements
ecclésiastiques compris dans Fê-
tât arrêté par M. le Contrôleur-
Général fur la demande de la
,
même Assemblée 3 d'après lequel
état nous avons admis ici cette
recette, ci 100000 L
Le huitième chapitre a pour
objet, Messeigneurs, une recette
de quatre mille cinq cents livres
totalement extraordinaire 6e" la
,
feule de cette efpece qui íe soit
trouvée dans les comptes de vo-
tre Receveur-Général depuis son
administration : elle est causée
par l'extinótion , à votre profit,
d'une rente de deux cents livres,
au principal de quatre mille li-
vres , constituée au Sieur André
Quiblier fur FEmprunt de 17 8 z,
par contrat numéroté 39Z : ce
particulier est décédé fans laisser
d'héritiers connus 5 en confé-
687981 1. 8 f. 8 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE,, 14 ACUT 1786. 1051
Ci-cmtre 787981 1. 8 s. 8 d.
quence sa succession a été adju-
gée au Roi à titre de déshérence,
par Sentence de la Chambre du
Domaine, du 3 o Avril 1783.
Le Domaine s'étant emparé, en
vertu été cette Sentence, des effets
qui composoient cette succession,
du nombre desquels étoit le con-
trat noté ci-dessus, fit demander
le paiement des arrérages échus
depuis fa création. Mais votre
Receveur - Général, instruit de
vos droits , 6e attentif à leur con-
servation refusa ce paiement,
,
6e demanda, au contraire , que
la .grosse lui fût remise comme
un objet qui vous appartenoit.
M. de Saint-Jullien fonda fa ré-
clamation fur une des clauses in- H
sérées dans les contrats que vous
passez avec Sa Majesté pour rai-
son des Dons - gratuits, 6e no-
tamment de celui de Fannée
178'z. Dans ce contrat 6c dans
tous les précédents, il a été dé-
claré que si aucunes des rentes
,
qui seroient constituées fur les
Emprunts, venoient à écheoir au
Roi à titre de déshérence, bâ-
tardise forfaiture ou autrement,
,
elles demeureroient éteintes 6e
amorties au profit du Clergé,
fans que, fous aucun prétexte,
le Domaine pût s'ess emparer.
Vos droits ont été reconnus, 6e
la grosse du contrat a été remise
j
787981 1. 8 s. 8 d.
Gggggg 2-
ÎOJZ PROCÉS-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De lautre part . . . . - 787981 1. 8 s. 8 d.
au Comptable. II a fixé pour or-
dre le remboursement de cette
partie au premier Avril 1785 ;
aucuns arrérages n'ayant été payés
pour cet objet, les deux ans 6e*
demi échus depuis la création de
cette rente, jufqu'audit jour pre-
mier Avril 1785, composent une
somme de cinq cents livres, qui,
jointe à celle cle .quatre mille li-
vres de principal, forment les qua-
tre mille cinq cents livres dont
on vous fait ici le rapport \ 6e*
nous en avons admis la recette,
en applaudissant aux foins que
prend votre Receveur - Général
pour le maintien de vos droits ,
ci . • 4500 L

Le neuvième 6e dernier cha-
pitre de recette, est composé de
la somme de soixante-dix-huit
mille livres, à quoi monte, pour
íes années 1779, 1780, 1781,
178z , 1783 6e 1784 , la por-
tion annuelle de treize mille li-
vres que Sa Majesté s'est char-
gée de supporter dans Findem-
nitc accordée à FAbbaye de Fon-
tevrault fur les Décimes aux
,
termes d'un Arrêt du Conseil,
rendu en faveur de cette Ab-
baye le 6 Octobre 1767 : cet
,
objet formant, depuis cette épo-
que , une recette ordinaire, nous
Favons admise, sur le vu des
comptes des revenant-bons, ren-
79.Z481«_««_
1. 8 f.
_
8 d.
Ci-contre
.......
DU CLERGÉ DE FRANCE ., Z4 AOUT 178.6.

dys aux précédentes Assemblées,



792481
78000
1.

1.
8 s.
10/3
8 d.

Ces neuf chapitres composent ~~ ~


ensemble une somme de huit
cents foixante-dix mille quatre
cents quatre-vingt-unelivres huit
fols huit deniers, qui forme la
totalité de la recette de ce comp-
*
te, ci 870481 1. 8 f. 8 d.
.

DÉPENSE.
La dépense est composée Messeigneurs de quatorze
, ,
chapitres.
Le premier contient le paiement de toutes les dépenses
extraordinaires relatives aux affaires du Clergé, 6e par-
,
ticulièrement celles des Foi 6e Hommage, qui seules for-
ment un objet de quatre-vingt-sept mille trois cents soi-
xante-deux livres deux fols. Dans ce chapitre qui est en
,
total de cent quatre-vingt-six mille cent trente-sept livres
sept fols trois deniers, font aussi compris douze mille huit
cents foixante-dix livres quatre fols deux deniers, payés
jusqu'à présent pour les frais de canonisation de M. de
Solminiac, Evêque de Cahors, 6e vingt-quatre mille'livres
qu'ont touchées MonseigneurFEvêque de Lombez 6e Mon-
sieur FAbbé dcFénélon à compte des quarante mille livres
,
destinées par FAssemblée de 178 z à subvenir au paiement
, ,
de partie des frais que doit occasionner Fimpresslon des
OEuvres de feu M. de Fénélon.
Nous avons alloué ces dépenses fur le vu des Mémoires
6e Quittances qui nous ont été représentés, ainsi que les
ordres de Messieurs les Agents-Généraux,en conséquence
desquels ces paiements ont été
faits, ci 186137 1. 7 f 3 d.
Le deuxième chapitre est com-
posé des sommes payées, 1 Q. à
TOJ4 PROCES-FERBAL DE L3ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part . . . . 18 61 3 7 1. 7 s. 3 d.
Mes Rronod 6e Maigret,Notaires
du Clergé, pour les honoraires
des quittances de rembourse-
ments qu'ils ont pastées à fa dé-
charge pendant les cinq années
,
de cet exercice 3 z°. aux Rece-
veurs Diocésains 6c Provinciaux
des Décimes 6e à d'autres per-
sonnes tant pour les frais de som-
,
mations qu'autres dépenses oc-
,
casionnées par les rembourfe-
jnents des Rentiers de Provinces,
de même que pour les frais d'im-
pression des quittances de rentes 3
3 °. au Sieur Debette,
Huissier,
pour 1e coût des sommations don-
nées à Paris pendant le cours du
même exercice \ 40. 6e enfin les
sommespayées au Sieur Defprez,
Imprimeur du Clergé, d'après les
ordres de Messieurs les Agents-
Généraux. Tous ces paiements
nous ont été justifiés par des quit-
tances 6e mémoires en bonne for-
me , fur le vu desquels nous avons
alloué en dépense chacun des ar-
ticles de ce chapitre, dont le total
est de la somme de cent dix-neuf
mille deux cents cinquante-une
livres neuf fols cinq deniers, ci.. 1192J1I. d.
9 s. c
Le troisième a pour objet la '
remise faite aux Payeurs des Ren-
tes de FHôtel-cle-Ville de Paris,
prétendues assignées fur le Cler-
gé, de la somme de trois cents
íoixante-quinzelivres quinze fols -
305388 1. 16 f. 8 d.
DU CLERGÉ DE FRANCE 3 z 4 AOUT 1786. iojjs
Ci-contre 3o j 3 8 8 1. 16 s 8 d>-
dix deniers, dont ils avoient fait
ci-devant le rapport à votre Cais-
se, pour plusieurs parties restées
en débets fur leurs comptes, 6e
qui ayant été depuis réclamées
par ces Rentiers, leur ont été re-
mis par les Payeurs de ces rentes,
qui en ont retiré les fonds des
mains de votre Receveur-Géné-
ral en conséquence des Senten-
,
ces du Bureau de la Ville, que les
Rentiers ont obtenues, suivant
Fusage, pour en faire la réclama- .
tion. Et c'est sur le vu de ces Sen-
tences 6e des Quittances des
Payeurs, que nous avons admis
la dépense de ce chapitre ci 3 7j 1. 1 s. 1o d.
, . . c
Le quatrième est de la somme
de sept mille soixante-sept livres
six fols huit deniers, composée
de différentes parties qui ont été
réclamées par vos Rentiers, 6c
qui avoient été portées ci-devant
en recette , au profit du Clergé,
dans les comptes des revenant-
bons rendus aux précédentes As-
semblées, fur le vu desquels nous
cn avons admis la dépense, de
même que sur celui des quittan-
ces des Rentiers à qui les paie-
ments en ont été faits, ci . . . 7067 1. 6 f. 8 d.
Le cinquième, qui monte en
total à la somme de neuf cents
quatre-vingt-neuflivres dix-neuf
fols onze deniers, renferme de
même quelques débets de pen-_
.
3118311.19s. z d*
ioy6 PROCÉS-FERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part \ . . . 31Z831 1. 19 s. z d.
fions, dont il avoit été pareille-
ment fait recette au profit du
Clergé, 6£ qui depuis ont été ré-
clamés par les Pensionnaires ou
par leurs représentants ; 6e nous
en avons admis les dépenses, d'a-
près le rapport des quittances des
particuliers à qui cette somme a
été payée, 6ê de f examen que
nous avons fait des pièces qui
droit, ci
.......
servent encore à justifier leur

Le sixième est composé des


trois cents mille livres payées
989 1.
19 s. n d.

aux Notaires de Paris , pour les


honoraires des contrats qu'ils ont
passés ifur F.emprunt de trente
-,
millions de livres fait en Fannée
1780,01 . . . . . . . 300000 1.
Le septième renferme celle de
cent soixante mille livres, auísi
payée aux mêmes Notaires, pour
les honoraires des contrats passés
fur Femprunt de seize millions
fait en 1781, ci 160000 L
. . . .
Le huitième, de la somme de
trois cents trente-huit livres dix
fols, est causé par le paiement
de quelques parties d'honoraires
6e frais de timbre qui restoient
dus à différents Notaires pour
,
raison des contrats de Femprunt
de 177 j ci 3 38
L 1 o f.
,
Nous avons alloué la dépense
de ces trois derniers chapitres,
íur le vu des quittances qui nous
774160 l. 9 s. 1 d,
ont
DU CLERGÉ DE FRANCE, 14 AOUT 1786. ioj-7
Ci-contre 774160 d.
1. 9 s, 1
ont été représentées en bonne for-
me.
Le neuvième comprend le paie-
ment des cent mille livres , fait
aux Administrateurs des Sémi-
naires Communautés 6e autres
,
Etablisiements ecclésiastiques
,
compris dans Fétat de distribu-
tion annoncé íur le septième cha-
pitre de recette de ce compte
,
Iur le vu duquel nous avons al-
loué cette dépense ainsi que sur
,
celui des quittances fournies en
conséquence, ci 100000 1.
Le dixième chapitre est de la
somme de six mille livres, à quoi
montent les années 1783 6e
3784, de la nouvelle contribu-
tion à laquelle avoient été. ailu-
jettis les Bénéficiers de la Bresie
par FAíIemblée de 178 z. Ils ont
obtenu différents délais provi-
soires pour le paiement de cette
contribution 3 6e enfin elle fut ré-
duite Fannée derniere à la som-
me de leize cents livres, qu'ils
doivent payer pendant vingt-
quatre années, mais feulement à
compter de Fannée 1786. Cepen-
dant le Comptable a toujours
fait recette à votre profit íur ie
compte des rentes , au denier
vingt-cinq, deídites années 1783
6e 1784 de cette somme de six
,
mille livres dont vos rembour-
,
sements ont été augmentés; 6c
874160 1. . .9 s 1 d.
Procês-verb. de 1785-1786. H hh hhh
De l'autre part ....
1058 PROCÉS-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

n'ayant pu en taire le recouvre-


ment, par les raiíons que nous
874160 1. 9 s. 1 d.

venons de vous expoíer, il etoit


juste que, pour s'en remplir, il
en fit dépense fur ce compte, 6C
nous Fa.vons alloué íur le vu de la
Délibération de 178 z 6c celle de
1785 , qui ont rapporta cet ob-
jet ce íur celui des comptes où,
,
cette même íomme avoit été em-
ployée en recette, ci 6000 1.
. . .
Le onzième, qui monte à la
somme de neuf mille quatre cents
trente-neuf livres íeize fols dix
deniers, est occasionné par les in-
demnités accordées aux Diocèses
de Cominges, Saintes 6e Lyon,
par les Asiemblées de 1780 6e*
178 J en considération des di-
,
minutions, qu'ils ont éprouvées
iur leurs revenus, ainsi que le
portent les Délibérations inter-
venues íur cet objet j fur le vu des
quelles nous avons alloué cette
dépeníe, qui d'ailleurs nous a été
justifiée par des quittances dans
*
la forme convenable, ci 9439 16 f. 10 d.
1.
. . .
Le douzième a pour objet les
sommes dont il a été tenu comp-
te à FAbbaye de Fontevrault fur
le paiement de ses décimes : elles
font en total de cent deux mille
livres, à laquelle monte, pour
1779, 1780, 1781,
les années
178z, 17$3 6e 1784, la dé-
charge annuelle de dix-sept mille
889600 1. j s. 11 d.B
DU CLERGÉ DE FRANCE, z^Aour 178^. 10^9
Ci-contre 889600 1.
livres que cette Abbaye a obte-
j s. 11 d.

nue, comme nous vous en avons


prévenu fur le dernier chapitre
de recette de ce compte où est
,
comprise la somme de soixante-
dix-huit mille livres, remise par
le Roi pour la portion qu'il s'est
chargé de supporter dans cette
indemnité, de manière que des
cent deux mille livres qui com-
posent ce chapitre, il n'y en a
réellement que vingt-quatre mil-*
le livres supportées par le Cler-
gé : cette dépense étant devenue
ordinaire depuis Fannée 1767,
nous l'avons admise, tant sur le
vu des comptes précédents, que
fur celui des reconnoissances de
Madame FAbbesse de Fonte-
vrault, qui nous ont été rappor-
tées pour le soutien de ce chapi-
tre, ci iozooo 1.
Le treizième, qui monte en
total à vingt-un mille cinq cents
trente-trois livres six íols huit de-
niers comprend le paiement des
,
pensions accordées aux différents
Auteurs 6e gens de Lettres, par
FAssemblée de 178z depuis 6c
,
compris les six derniers mois de
cette année, jusques 6e compris
les six premiers mois 1785, 6C
encore le même terme de celle
de trois mille livres, accordée à
"M. FAbbé Parent, Fannée der-
niere j nous avons admis ici cette
991600 1.. 5 f. 11 d»
Hhhhhh z
ÏO-6Ò PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Dé l'autre part
. . . .
991600 1. j s. 11 d.
déocnse,attendu que le paiement
de ces pensions, a été assigné pro-
visoire ment fur le fonds provenu
de la remise de cent trente-trois
mille trois cents trente-trois li-
vres six fols huit deniers, faite
par le Roi fur le Don-gratuit de
178z, laquelle est employée en
recette íur le sixième chapitre de
ce compte 3 6e d'ailleurs cette dé-
pense a été justifiée par le rap-
port des quittances des personnes
à qui ces pensions ont été payées,
ci Z1J3 3 L 6 f. 8 d.
Enfin le quatorzième 6e der-
nier chapitre n'a pour objet
qu'une dépense d'ordre de là
somme de trente-cinq mille li-
vres , que nous avons allouée , à
la charge, par le Comptable de
faire de cette même somme, de
trente-cinq mille livres Femploi
que vous lui prescrirez, ci . . . 35000 1.
Les quatorze chapitres de dé- " ' "
pense montent en total à la som-
me d'un million quarante - huit
mille cent trente-trois livres dou-
ze fols sept deniers, ci . . . 1048 13 3 1. iz f. 7 d.
Et la recette, contenue en neuf
chapitres, n'est en totalité que de
celle de huit cents foixante-dix
mille quatre cents quatre-vingt-
une livres huit fols huit deniers,
ci 870481 1. 8 f. 8 d.
.
IIrésulte de la comparaison de ".\J7j'6'5z j. f. d
3 xx
ces deux sommes, que le Comp- „
table Ce trouve en avance de celle
DU CLERGÉ DE FRANCE, z4 AOUT 17S&. 1061
de cent soixante-dix-sept mille
six cents cinquante-deux livres
trois fols onze deniers, ci 17765z 1. 3 f. 11 d.
. . .

Nous avons dit, par f arrêté final que nous avons mis
fur ce compte, que le Receveur-Général se rempliroit de
cette avance de la manière qui sera prescrite par la Délibé-
ration à intervenir sur cet objet.
VOUS avez vu, Messeigneurs, tout le détail des dépenses Paiement
Píl! de
employées dans le compte dont nous venons de vous pré- rl'avance , &c.
senter le résultat. Dàns le nombre de ces dépenses, il s'en
trouve qui doivent être regardées comme ordinaires, &
au paiement desquelles il conviendroit de pourvoir annuel-
lement. Telles font celles qui tiennent nécessairement à votre
administration,comme les frais des quittances de rembour-
sements, 6e des sommations données aux Rentiers pour y
parvenir 3 elles augmentent en raison des engagements que
vous prenez pour fournir à FEtat les Dons-gratuits que
vous accordez au Roi. Nous voyons avec pkisir que nous
pouvons vous proposer, pour cet objet, une ressource, qui,
si elle n'est pas suffisante diminuera toujours d'autant la
,
somme dont à chaque Assemblée vous vous trouvez devoir
le remplacement à votre Receveur-Général.
Cette ressource proviendra, Messeigneurs, du revenant-
bon qui se trouvera dans un an ou deux fur le département
destiné au paiement des rentes de l'Hôtel-de-Ville de Paris
6c de Toulouse, prétendues assignées fur le Clergé depuis
1765. Ce revenant-bon étoit appliqué au paiement des ar-
rérages 6c au remboursement de ce qui subsistoit encore
,
des rentes constituées aux Officiers Provinciaux des Dé-
cimes, pour leur tenir lieu de la finance de leurs offices.
Elles seront totalement éteintes dans le cours de Fannée
prochaine ', en conséquence nous pensons qu'il convient
d'ordonner que le fonds dont la recette du compte des dé-
cimes, pensions 6c appointements se trouvera alors excéder
la dépense, sera employé, par votre Receveur-Général,au
paiement des frais d'administration qui n'ont point de dé-
partement particulier, 6e qu'il portera en recette ce même
Ì-GÓZ PROCES-FERBAL DE ± ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
excédant dans les comptes des revenant-bons à rendre aux
Asiemblées à venir j au moyen de quoi il n'en fera dépense
que pour ordre sur celui des décimes , pensions Se appoin*
tements, qui, en conséquence , pourra être arrêté chaque
année partant quitre.
,
II convient encore que nous vous observions que FAs-
semblée de 1780, pour accélérer davantage Famortissement
de ces mêmes rentes, ( qui auroit du être coníommé dès
Ï765 ) avoit ordonné qu'il feroit repris chaque année une
somme de quinze mille livres "fur les fonds de rembourse-
ments des rentes au denier vingt-cinq, pour être ajoutée
à la recette du compte des décimes, pensions 6e appointe-
ments. Cette retenue, au moyen de l'extinótion totale 6e
prochaine de cette portion de vos dettes, devient inutile :
c'est pourquoi nous vous proposons d'ordonner qu'elle ces-
sera d'avoir lieu à compter de la présente année.
,
II nous reíte encore à mettre fous vos yeux le moyen que
nous croyons le plus convenable pour faire le remplace-
ment à M. de Saint-JuHicn , tant de l'avance du compte
que nous venons de vous détailler, que de celles qu'il fera
obligé de faire pour le paiement des frais communs de la
reprise de FAíIemblée. Depuislong-tempsl'attention qu'ont
eue les précédentes d'éviter de nouvelles charges aux Con-
tribuables, les ont fait renoncer à former de ces objets un
département, qui étoit remis au Comptable pour en faire
le" recouvrement dans les termes qu'il prefcrivoit. Ces As-
semblées ont préféré, avec raiíon, d'ordonner que ce rem-
placement feroit fait à votre Receveur-Général, en Fauto-
riíant à reprendre, soit en un, soit en plusieurs termes, les
sommes qui lui étoient dues fur les fonds d'extinction de
vos nouvelles dettes j c'est ce moyen que nous vous propo-
sons encore de suivre aujourd'hui. Nous Fadoptons avec
d'autant plus déraison, que nous avons remarqué dans dif-
férentes circonstances, que j malgré ces retenues, votre li-
bération se trouvoit toujours, à Fouverture.de chaque As-
semblée à-peu-près au point prévu par les Progressions
,
faites dans les précédentes 3 de forte que vous vous trou-
viez quitte de ces avances d'une manière insensible. Cet
DU CLERGÉ DE FRANCE, 14 AOUT 1786. 1063
avantage vient, Messeigneurs , du bénéfice produit par les
différentes opérations économiques de votre administration,
tel que Femploi provisoire sait en remboursements des im-
positions qui se lèvent pendant les dix termes qui précédent
chaque Assemblée pour les frais quelles occasionnent j 6£
,
les avances, souvent considérables, que fait votre Rece-
veur-Général pour satisfaire vos Rentiers, dont les deman-
des excédent toujours les fonds d'extinction de chaque terme.
Mais pour user de ce moyen de manière qu'il he nuise
point à votre crédit, il convient que cette retenue , qui doit
porter sur les fonds du denier vingt-cinq, ne soit pas faite
en un seul terme, afin qu'il reste toujours une somme à-peu-
près suffisante pour satisfaire, en partie, les Rentiers qui
ont-besoin de retirer leurs fonds. Ces considérations nous
font donc estimer, qu'il est également convenable au bien
de votre administration 6c à celui de vos Créanciers, d'or-
donner que moitié de la somme a laquelle monteront les
avances de votre Receveur-Général, fera par lui retenue
fur le fonds des remboursements des rentes au denier vingt-
cinq, des Emprunts de 1755, 1765, 1766 6e 1775 réu-
nies -, à Fépoque du premier Octobre prochain , 6e l'autre
moitié fur les mêmes fonds, à Fépoque du premier Avril
1787, avec les intérêts de six mois qui seront alors échus.
Eníuite Monseigneur FArchevêque de Toulouse a pro-
posé, en faveur des nouveaux convertis, d'augmenter les
fonds qui font destinés à leurs pensions, de celui que laisse
libre le débet non réclamé fur ces mêmes pensions.
Moníeigneur FArchevêque de Toulouse a dit encore,
que M. Rigoley de Juvigny, ancien premier Commis de
M. de Saint-Jullien, Receveur-Général du Clergé, étoit
propriétaire par acquisition d'une rente de 160 livres, au
,
principal originaire au denier cinquante de 8000 livres,
faisant partie de plus forte rente constituée le premier Août
17 z o par le Clergé au profit du Sieur Bernard 3 qu'aux
termes de la Délibération du z6 Juin 1766, cette rente
est dans la classe de celles dont le remboursement ne doit
être fait que sur le pied du denier vingt-cinq de la rente
actuelle ; que pour ne pas déroger à cette Délibération, dont
3 0 64 PROCES-FERBALDE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Fexécution feroit de plus fort ordonnée, FAsiemblée pour-
roit arrêter que la rente dont ledit Sieur Rigoley de Juvi-
gny est aujourd'hui propriétaire, fera remboursée sur le pied
du denier vingt-cinq, moyennant la somme de 4000 li-
vres, fur la représentation 6£ remise qui seront par lui fai-
tes des titres de propriété de ladite rente , laquelle cessera
de courir du jour où le remboursement sera estectué ; 6ë
cependant que, pour donner audit Sieur Rigoley de Juvi-
gny une marque de considération de ses services passés ,
FAssemblée pourroit, fans tirer à conséquence pour l'ave-
nir, ajouter à la pension de zooo livres que le Clergé lui
a précédemment accordée, une augmentation de 400 li-
vres, payable annuellement, à compter du premier Jan-
vier 1786.
Monseigneur FArchevêque de Toulouse a ajouté, qu'en
exécution de la Délibération du z 1 du prêtent mois, la
Commission s'étoit occupée dies moyens de récompeníer 6c
d'encourager les travaux de MM. les Abbés de Boyer 6e
Bousquet, dont Monseigneur FArchevêque d'Arles,au nom
du Bureau de la Jurifdiction, a fait une mention honora-
ble dans son Rapport, 6e qu'elle étoit d'avis qu'il fût ac-
cordé une gratification de 3 000 livres à M. FAbbé de Boyer,
6e une de 4000 livres à M. FAbbé Bousquet, payables,
moitié dès-à-préfent, 6e l'autre moitié après la publication
de leurs Ouvrages, fur les fonds provenants du département
cle 30000 livres, arrêté par FAíIemblée de 1782 6e levé
,
fur le Clergé depuis le mois d'Octobre 1784.
La matière mise en délibération, Monsieur FAbbé de
Boisgelin, Promoteur, ayant été entendu, les Provinces
ont été appcllées; celle d'Embrun étant en tour d'opiner la
première, a été unanimement de l'avis de la Commiííion j
6c" en coníéquence, il a été délibéré 6e arrêté :
i 9. Que la somme dont la recette du compte des Dé-
cimes pensions 6e appointements excédera chaque année
,
la dépense, lorsque ce qui reste encore dû des rentes cons-
tituées aux Officiers Provinciaux des Décimes aura été
remboursé, sera employée par le Receveur-Général, au
,
paiement de partie des frais d'administration auxquels il
n'y
DU CLERGÉ DE FRANCE3 z4 AOUT 1786. îo6j
n'y a point de fonds affecté 5 que pour cet effet il fera re-
cette de cet excédantfur les comptes des revenant - bons à
rendre aux prochaines Assemblées, après en avoir fait dé-
pense, pour ordre seulement, íur celui des décimes, pen-
sions Se appointements, qui, au moyen de ce, fera arrêté
chaque année, partant quitte.
z°. Que la retenue de 15000 livres qui, depuis 1780,
avoit été faite fur le fonds des remboursements des rentes
au denier vingt-cinq des quatre anciens Emprunts réunis,
pour être ajoutée à la recette de ce même compte des dé-
cimes pensions 6e" appointements 6e accélérer d'autant
, 5
Famortissement de ces mêmes rentes des Officiers Provin-
ciaux, cessera d'avoir lieu à compter de la présente an-
née 1786.
30. Que pour remplir M. Bolìioud de Saint-Jullien de
la somme de 17765 z livres 3 fols 11 deniers dont il s'est
,
trouvé en avance fur le compte des revenant-bons rendu à
la présente Assemblée, il en fera la retenue sur le fonds des
remboursements des mêmes rentes au denier vingt-cinq des
Emprunts de 17/5,1765, 17666e 1775; savoir, de 89652.
livres 3 fols 11 deniers à Fépoque du premier Octobre pro-
chain, 6e des 88000 livres de surplus, à celle du premier
Avril 1787, ainsi que de celle de zzoo livres, pour les six
mois d'intérêts de cette derniere somme qui seront alors
échus.
40. Qu'il se remplira de même de l'avance dans laquelle
il pourra se trouver par l'arrêté du compte des frais com-
muns de la présente Assemblée, en en retenant moitié sur ces
fonds au premier Octobre prochain, 6e le surplus fur ceux
du premier Avril 1787, 6e en y ajoutant la somme à la-
quelle monteront les intérêts de six mois de ce surplus.
II a été de plus délibéré 6c arrêté :
1 °. Que les 35000 livres à quoi se sont trouvés monter
les débets non réclamés par les Pensionnaires pendant les
exercices de 1775 à 1780, 6e 1780 à 1785, íeront em-
ployés par le Receveur-Général en acquisition fous son
,
nom, d'une rente annuelle de 1400 livres fur FEmprunt
au denier vingt-cinq, actuellement ouvert par le Clergé,
Procês-verb. de 1785-1786. liiiii
vo66 PROCÈS-FBRBAÍ DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
dont la jouistance commencera du premier Octobre pro-
chain.
Qu'il déclarera clans ce contrat que ladite somme de 35000
livres, est la même que celle qui lui a été allouée en dé-
pense sur le quatorzième chapitre du compte des revenant-
bons rendu à la présente Aflemblée ', à la charge par lui
d'en faire Femploi qui lui feroit prescrit par la Délibéra-
tion à intervenir sur cet objet.
Qu'il déclarera aussi que conformément aux intentions
,
de la même Assemblée, ces 1400 livres de rente íerviront
à augmenter les fonds destinés aux pensions des nouveaux
Convertis, ôe que la distribution en fera faite par la pro-
chaine Asiembìée de 1790.
z°. Qu'en attendant cette distribution, les arrérages de
ces 1400 livres de rente qui écheoiront, depuis le commen-
cement de la jouissance que portera ce contrat, jusques 6£
compris le premier Octobre 1789 seront employés au paie-
,
ment des débets que pourront réclamer les anciens Pen-
sionnaires ou leurs représentants.
30. Qu'à l'avenir 6e à Fépoque du premier Octobre de
chacune des années où íe tiennent les Asiemblées ordinai-
res, il fera de même fait emploi de la íomme à laquelle se
trouveront monter les débets non réclamés fur les pensions
des nouveaux Convertis, 6e que la rente qui proviendra
de cet emploi tournera toujours en augmentation à ce
,
département, & fera distribuée dans la même forme que
celle qui vient dJêtre prescrite pour les 1400 livres ci-dessus.
Que pour connoître plus facilement le montant de ces
débets, le Receveur-Général rendra, à commencer par
Fexercice de 1785 à 1790 un compte absolument distinct
,
6e séparé, pour les pensions cle ces nouveaux Convertis, qui
ne fera dressé que pendant le cours de chacune des Asiem-
blées ordinaires, 6e présenté au moment où elles s'occupe-
ront de la distribution des nouvelles pensions.
Que la recette de ce compte contiendra, ig. le recou-
vrement qu'aura fait le Comptable pendant les cinq années
précédentes de la somme de 70000 livres, à quoi est fixée
Fimpoíition annuelle des pensions des nouveaux Convertis j
DU CLERGÉ DE FRANCE, z4 AOUT 1786. 1067
z°. les parties non réclamées de Fexercice précédent?
30. les arrérages provenant des nouveaux fonds, placés a
leur profit.
Et enfin que la dépense n'aura pour objet que les paie-
ments faits, tant aux Pensionnaires compris dans Fétat ar-
rêté par la précédente Asiemblée, qu'à ceux des anciens ou
à leurs héritiers, qui se seroient représentés pour réclamer
quelques débets, en laisiant néanmoins au Comptablela liber-
té de distribuer la recette 6e la dépense de ce compte en au-
tant de chapitres qu'il conviendra pour cn faciliter Fexamen.
II a pareillement été arrêté :
i°. Qu'en exécution de la Délibération du 16 Juin
1766 , la rente de 160 livres due au Sieur Rigoley de Ju-
vigny, íera remboursée fur le pied du denier vingt-cinq,
cn rapportant par lui les titres justificatifs de fa propriété.
z°. Que, conformément à l'avis de la Commission, la
pension qui lui a été ci-devant accordée par le Clergé, fera
augmentée de 400 livres , à compter du premier Jan-
* vier .1786.
Enfin il a été délibéré d'accorder à M. FAbbé de Boyer
une gratification de 3000 livres, 6e à M. FAbbé Bousquet
une gratification de 4000 livres, payables moitié dès-à-
préfent, 6e J'autre moitié après la publication de leurs Ou-
vrages, furies fonds provenants du département de 30000
livres arrêté par FAssemblée de 178z 6e levé fur le Clergé
,
depuis le mois d'Octobre 1784.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Jeudi prochain, 3 1 Août,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RiCHARD , Archevêque 6e Primat
de Narbonne, Président.

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ÏO€% PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

^Mri—I IIIMII —»——:iì~l..i.l


11 M» m—MIIMIIUMUIHII gamiiij .«iiMhiMiwMHrâiii
DU JEUDI, TRENTE-UN AOUT 1786,
à neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

CXXXÌX MOnseigneur FArchevêque de Narbonne a dit : Que,


SÉANCE.
conformément aux intentions de FAssemblée, il s'é-
toit rendu, avec MonseigneurFArchevêque de Tours, Mon-
seigneur FEvêque de Montpellier, 6c Messieurs les Abbés
d'Efponchez 6c Diilon, chez M. le Garde des Sceaux, 6c
lui avoit remis le Mémoire délibéré dans la précédente
Séance, fur les prétentions des Chambres des Comptes, re-
lativement à Fenrégistrement des Lettres-Patentes consir-
matives des décretso d'unions ; que ce Chef de la Magistra-
ture avoit paru disposé à accueillir favorablement les re-
présentations contenues dans ce Mémoire, 6e qu'il avoit
demandé le temps de Fexaminer plus attentivement.
Messeigneurs 6e Meilleurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Vendredi, premier
Septembre, à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6é Primat
de Narbonne, Président.

DU VENDREDI, PREMIER SEPTEMBRE 1786,


à neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.
CXL
SÉANCE.
MOnseigneur FArchevêque d'Arles a dit : Que, con-
formément à la Délibération du premier Août 1786,
dont l'exécution avoit été retardée par la nécessité de de-
mander des renseignements à Moníeigneur FEvêque du
Mans, il s'étoit rendu avec Monseigneur FEvêque de Lan-
DU CLERGÉ DE FRANCE 3 i SEPTEMBRE 17^.6. 1 065
grès , 6e Messieurs les Abbés de Bovet £e de Grimaldi chez
M. le Garde des Sceaux 6e lui avoit présenté le Mémoire
,
de FAssemblée fur Fétabliíkment du Concours, pour la no*
mination des Bénéfices-Curesj que ce Chef de la Magistra-
ture, fans s'expliquer positivement, avoit paru pénétré per-
sonnellement des motifs d'utilité qui réfulteroient de cet
établiflement, 6e avoit promis de le prendre en très-grande
considération^ qu'il y avoit lieu d'espérer que, fi cette affaire
étoit suivie avec activité 6e persévérance elle se termine-
,
roit à la satisfaction des Evêques qui désireroient faire au-
toriser le Concours dans leurs Diocèses.
Messeigneurs 6e Messieurs les Commissaires, pour la Re-
ligion 6e la Jurifdiction, ont pris le Bureau. Monseigneur
FArchevêque d'Arles, Chef de la Commistion, a fait lecture
des articles du Cahier qui doit être prélenté au Roi, tou-
chant la Jurifdiction Ecclésiastique : ces articles ont été ap-
prouvés par FAssemblée qui a remercié Messeigneurs 6e
,
Messieurs les Commislaires, 6e en particulier Monseigneur
FArchevêque d'Arles, de leur travail. ,.?#
Moníeigneur FArchevêque d'Arles a dit ensuite, que
FAíIemblée avoit remis à délibérer au sujet du Mémoire
dreslé par Monseigneur FEvêque de Langres, concernant
les dépositions de la Déclaration du iz Mai 178Z rela-
,
tives à la rédaction des Actes de Baptême.
Sur quoi nouvelle lecture faite de ce Mémoire, FAstem-
blée, en Fapprouvant, a prié Monseigneur FArchevêque
d'Arles, Monseigneur FEvêque de Langres, 6e Meilleurs
les Abbés de Montazet 6e de Foucauld de le remettre à
M. le Garde des Sceaux.
Messeigneurs 6e Messieurs les Commissaires ont été
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Samedi, z Septembre,
à neuf heures du matin.
Signé ì$< ARTHUR-RICHARD Archevêque 6e Primat
dé Narbonne, Président. ,
PROCÈS-VERBAL DE ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Ï070 L

M É M O I RE
Sur la Déclaration du iz MÍZÍ 1781, relative aux Actes
de Baptême.

LA Déclaration donnée par le Roi, le 1z


Mai 178 z 6c
,
enregistrée au Parlement de Paris le 14 du même mois,
présente un objet bien digne de la haute sagesse qui nous
gouverne. II s'agit de réformer des abus qui se sont glissés
dans la rédaction des Actes de Baptême, de réprimer le
zèle indiscret qui a pu quelquefois íe permettre d'insérer
dans ces aótes des énonciationshasardées, 6e d'assurer ainsi
,
avec Fétat des Citoyens, la tranquillité des familles. Mais
on ne peut se dissimuler, que des vues auíïi dignes de la
bienfaisance royale n'ont été qu'imparfaitement remplies
par la Déclaration du iz Mai 178z , 6e qu'en paroissant
remédier à quelques inconvénients, cette Loi en fait naître
de plus considérables encore.
Le principe fondamental exposé dans le préambule de la
Déclaration, savoir, que les Curés 6c Vicaires dans la ré-
daction des Actes, ne certifient par eux-mêmes que la vé-
rité du Baptême qu'ils ont administré, 6c que íur tout le
reste de l'Acte, ils attestent seulement que telles déclarations
leur ont été faites j ce principe inoui jusqu'à présent dans
,
notre Légistation, pourroit lui seul donner matière à un
grand nombre d'observations. On pourroit examiner si, en
confiant aux Curés 6e Vicaires la confection des registres
de Baptême, nos Loix ne les avoient pas établis Officiers
publics en cette partie-, fi, en leur confiant cette qualité,
elles n'avoient pas attaché à leur signature Fautorité pré-
pondérante, généralement attribuée à celle de tous les au-
tres Officiers instrumenteurs ; fi ce n'étoit pas Fattestation
de FOfficier revêtu d'un caractère public, qui imprimoit à
,
l'Acte de Baptême fa principale force, 6e à l'expofé qu'il con-
îeeoitía plus grande certitude, fi, en supprimait cette au-
DU CLERGÉ DE FRANCE . i SEPTEMBRE Ï7S6. 1071
torité majeuredeFOfficierpublic, en anéantissant même ab=
solument son témoignage, le plus grave de tous ceux qui
garantifioient la vérité de FActe en le réduisant à n'être
,
que Finstrument purement pastis des déclarations quelcon-
ques qui lui font faites, la nouvelle Loi n'a pas énervé la
force des Actes de Baptême, 6e atténué la pleine foi que la
Jurisprudence leur avoit attribuée. C'est au Légistateur à
peser dans fa fagesíe quel degré de force doit être attribué
aux différents Actes qui établiílent Fétat des Citoyens,
quelle mesure d'autorité doit être conférée aux Ministres
qui les rédigent. D'ailleurs quelque flatté qu'ait été le Clergé
d'avoir pu être considéré jusqu'à ce jour comme le déposi-
taire de la confiance de íes Souverains dans un objet austi
important, il n'a pas un grand intérêt à réclamer ce minis-
tère si délicat, qui expole quelquefois ceux qui Fexercent
à des difficultés, à des inimitiés particulières, à des erreurs
dont peuvent réíulter des animadversions graves. On se con-
tentera donc ici d'examiner les interdictions contenues dans
le dispositif de la nouvelle Déclaration, 6e de montrer les
inconvénients qui doivent en rcíuker, íoit pour les Ecclé-
siastiques chargés de la rédaction des Actes, soit relative-
ment à Fordre public eílentiellementlié à la pureté des Actes
Baptistaires.
Après avoir enjoint aux Curés ce Vicaires de recevoir SG
décrire les déclarations de ceux qui présenteront les enfants
au Baptême, ce qui est de justice &C de droit, 6c ce qui a
toujours dû être pratiqué, la Déclaration leurfait défenses
SG à tous autres d'inférer par leur propre fait soit dans la ré-
daction desdits Actes soitfur les Registres fur3 Lesquels ils font
3
transcrits ou autrement, aucunes clauses, notes ou énoncia-
twns autres que celles contenues aux déclarations de ceux qui
auront présenté les enfants au Baptême j fans pouvoir faire
aucunes interpellationsfur les déclarations qui serontfaites par
ceux qui présentent les enfants au Baptême.
Cette déposition renferme deux prohibitions. La pre-
mière, d'ajouter aux déclarations qui font faites, aucunes
clauses, notes ou énonciations •-,la leconde, de faire fur ces
déclarations aucunes interpellations.
s-ó7^ PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
La défense de rien ajouter aux déclarations, préíente une
généralité d'expressions extrêmement dangereuse * 6c dont
on a même déja abusé. Pour en connoître le danger, il faut
observer que jusqu'à la Loi de 178z , les Actes de Baptême
ont été presque tous rédigés dans la forme affirmative 3 tous
les Rituels la prescrivoient. La formule déclarative n'étoit
d'usage que dans quelques circonstances extraordinaires, 6e
fur les faits dont les Curés ou Vicaires ne pouvoient pas être
personnellement instruits. Presque touiours ils cmployoient
cette formule : A été baptisé par nous N., fils d'un tel 6e d'une
telle 5 6e presque jamais celle-ci : A été baptiíe N., qui nous
a été déclaré être fils d'un tel 6c d'une telle. L'interdiction
générale faite aux Curés 6e Vicaires d'ajouter aucune clause,
note ou -énonciation aux déclarations de ceux qui présen-
tent F enfant au Baptême, laifle une incertitude qui pourroit
la faire interpréter comme une défense d'énoncer que le
fait leur a été déclaré, 6e jusqu'à les obliger de poser ces
déclarations comme leur propre afíertion. Lorsqu'un Curé,
après avoir expoíé dans l'Acte, qu'il a administré le Baptê-
me à un enfant, ajouteroit, fils d'un tel 6e d'une telle, ainsi
que les parrain SG marraine nous Iont déclaré3 il pourroit
se faire que ces dernieres paroles fussent regardées comme
des clauses notes ouénonciations fur-ajoutées aux déclara-
,
tions \ que ceux qui présentent Fenfant prétendiílent que ces
mots n'étant point insérés dans tous les Actes de Baptême,
font des énonciations étrangères \ 6c qu'à Faide de la géné-
ralité des expressions de la Loi, ils parvinssent à intimider
le Curé, en menaçant de le prendre à partie. Cette interpré-
tation de la Loi est d'autant plus à redouter, qu'elle lui a
déja été donnée. Une Sentence du Bailliage de Saint-Quen-
tin , du 7 Octobre 1783^ ordonné la radiation d'une for-
mule déclaratoire, 6e a fait réformer, en cette partie , les
registres de la Paroisse de Saint-Jacques de cette Ville.
II est cependant, 6e juste, Se utile à.k fureté de l'Acte,
qu'en astreignant celui qui le rédige à écrire les déclarations
qui lui font faites, on lui permette d'énoncer que ce font
des déclarations d'autrui, 6e d'exprimer les personnes qui
les font. En premier lieu, le Rédaéteur de l'Acte, 6c comme
homme,
DU CLERGÉ DE FRANCE , i SEPTEMBRE 1786. 107 j
homme, 6e comme Chrétien, 6c comme Ministre choisi par
la Loi civile, 6e comme Ministre de la Religion, est obligé
d'être vrai. On ne peut pas Fastreindre à affirmer person-
nellement des faits qu'il fait être faux, ou dont la vérité lui
est suspecte, ou même qu'il ignore. Sans doute il n'est pas
le juge des faits qui lui font déclarés 3 il n'a pas le droit d'in-
sérer des expressions qui énonceroient une opinion person-
nelle contraire à leur vérité. Mais par cela même qu'il n'est
,
pas juge de ces faits, il ne peut pas non plus être obligé à
les attester, à les munir de fa propre assertion à se les rendre
,
personnels. En second lieu c'est celui au nom duquel est faire
,
Fassertion qui doit en répondre. II est possible que la déclara-
tion insérée dans l'Acte soit un jour combattue j que la per-
sonne à laquelle on auroit faussement attribué un enfant,
prenne à partie ceux qui Font fait baptiser íous ion nom, ob-
tienne contre eux des dédommagements,les faste condamner
à des peines. Si l'Acte est en style affirmatif, c'est-à-dire, fi le
Curé a énoncé purement £e simplement, en son propre nom,
le sain dont on se plaint, les pouríuitcs pourront être diri-
gées contre lui, parce que c'est lui qui a certifié le fait.
Mais fi l'Acte est en forme déclarative c'est-à-dire, fi le
,
Curé a exprimé que le fait lui a été déclaré par ceux qui
ont présenté Fenfant, ce sont eux, 6c non lui, qui sont ga-
rants de Faflertion. Or, on demande s'il feroit conforme à
la justice de rendre un Curé responsable de Févénement
d'une telle cause, 6e de le charger des íuites d'une aflertion,
qu'à raison cle son ministère il n'a pas pu s'empêcher de re-
cevoir. En troisième lieu, il est important pour Fétat des
Citoyens, que l'on connoisse le degré de foi dû à chaque
partie de l'Acte baptistaire. II est important, si jamais une
réclamation d'état s'élève contre cet Acte, que l'on ne con-
fonde pas ce qui a été affirmé par le Curé, qui, fi on ne veut
pas le considérer comme un Officier public établi par la
Loi, est au moins un témoin très-grave, avec ce qui a été
déclaré par des personnes qui peuvent être plus ou moins
croyables, 6e que l'on puisse discuter la foi due à leur té-
moignage.
Ainsi, il est contraire à Futilité publique comme à la jus-
Proces-verb. de 178 j-17 8 6. Jj jjjj
io74 PROCES-FÊRBAL D F L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tice, d'empêcher les Cm s d'exprimer, dans la forme dé-
clarative, les déclaration qui leur íont faites par ceux qui
présentent les enfants r:... Baptême. II paroît, en conséquen-
ce , nécessaire d'exr' ;uer la disposition trop générale qui
leur défend d/ins-, ; aucUnes clauses, notes ou énoncia-
.
tions autres aue ccj;es- contenues aux déclarations, 6e d&
prévenir pour í'avenir des interprétations semblables à celle
qui a été donnée par la Sentence du Bailliage de Saint-
Quentin.
La défense absolue faite aux Curés 6e Vicaires de faire
aucunes interpellations íur les déclarations de ceux qui pré-
sentent Fenfant au Baptême, préíente un vice encore plus
funeste, en ce qu'elle empêche d'apporter aucun remède à
tous ceux qui peuvent se gliíler dans les Actes.
Jusqu'à ces derniers temps, lorsque des parrains 6c" mar-
raines, séduits ou intimidés, mus par Fintérêt, par la ma-
lignité, par la haine, venoient faire des déclarations fausses
ou injurieuíes, le Curé, avant de les recevoir, avoit le droit
de leur faire des représentations paternelles. Combien de
fois les sages exhortations des Pasteurs ont-elles arrêté des
scandales, prévenu des calomnies, étouffé des diffamations,
retenu des vengeances, maintenu la tranquillité des familles ?
Maintenant même ce frein si léger est ôté à. la méchanceté.
II existe actuellement une circonstance où il est défendu à
,
un Curé de remettre fous les yeux de son Paroissien íes
principes de vertu 6í de religion, oû il ne lui est plus per-
mis de représenter au malheureux que FEglise 6e l'Etat ont
confié à ses foins les risques civils qu'il va courir, &c de lui
montrer Fabyme où il va précipiter son ame. Les conseils
de la sagesse, les exhortations du zèle, feront repoussés com-
me des interpellations prohibées : des menaces continuelles
de prise à partie, intimideront la charité pastorale, 6e lui
imposeront silence.
A cette barrière qu'elle renverse la nouvelle Loi n'en
,
substitue aucune : elle ne prend nulle précaution contre les
intérêts, contre les passions qui pourroient dicter de fausses
déclarations. Est-ce que l'on auroit cru ce mal imaginaire,
6e que l'on auroit regardé ceux qui présentent les enfants
DU CLERGÉ DE FRANCE* I SEPTEMBRE 1780. 1 07s
au Baptême , comme dignes de toute la confiance du Lé-
gislateur ? Ceux qui présentent les enfants, 6e qui doivent
munir leur déclaration de leur signature, font le père, 6e
les parrains 6e marraines. Les pères font, fans doute, dans
ces sortes d'Actes, les témoins les plus importants : ils con-
noissent plus particulièrement les faits qu'ils déclarent ; ils
font les personnages les plus intéreílés à asiurer Fétat de leurs
enfants. On pourroit dire que cet intérêt même a quelque-
fois égaré leur témoignage, 6e que l'on a vu plus d'une fois
des pères attribuer à leurs épouses légitimes,les fruits du liber-
tinage. Mais ce qui est plus fréquent encore, c'est que le père
ne soit pas présent à l'Acte de Baptême : leur absence est si
commune, que toutes les Loix , même celle de 178z , la pré-
voient, mais aucune ne la supplée. Dans ce cas d'absence,
qui est si ordinaire, l'Acte de Baptême va íe trouver réduit
à la déclaration des parrains 6e marraines : cette déclaration
feule composera l'Acte 3 ils leront les seuls dépositaires de
la confiance de la Loi. Or peut-on se figurer qu'ils n'en
abuseront pas ? Les Loix Civiles n'ont rien statué fur les
qualités requises dans les parrains &C marraines ; 6c il n'existe,
fur cette matière, que des Règlements ecclésiastiques. En
conséquence ils font tous relatifs aux obligations que con-
,
tractent les parrains 6e marraines dans Fordre religieux ;
mais fur leurs qualités civiles, il n'y a rien de statué : par
rapport à Fâge compétent, les règles ne font pas uniformes
dans les différents Diocèses. Le plus communément on exi-
ge que l'un des deux soit dans Fâge de puberté , 6V: il suffit
que l'autre connoifle les principales vérités de la Religion.
On en voit quelquefois qui font l'un 6e" l'autre dans l'en-
fance -, on ne demande pas même que les parrains ce mar-
raines soient personnes dignes de foi, ni qu'ils soient domi-
ciliés quoique le voeu de FEglise soit qu'on ne reçoive
,
pour parrains 6c marraines que des personnes honnêtes 6e
Chrétiennes. Un Curé s'expoferoit à des poursuites, s'il re-
fufoit ceux qui se présentent, sur le fondement que ce sont
des vagabonds, ou qu'ils ont commis des fautes graves con-
tre la probité, ou qu'ils ont déja encouru Fanimadversion
de la Justice. Telle est même l'extrême circonspection qui
J))jj j x
Z 07 6 pROCES-VERBAL DE L*ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
doit diriger ses démarches qu'il feroit embarrasté de refuser
,
celui qui feroit encore dans les liens d'un décret. Dans le silen-
ce des Loix, à cet c«.ird, il craindra souvent de se compromet-
tre , cn refusa!;: cfadmcttie à cette fonction,celui qui n'en est
pas nettement déclare incapable. Ausiï les parrains 6ê mar-
raines ne font que trop souvent, ou des enfants qui ne font
pas encore en état de connoître ce que c'est qu'un Acte de
Baptême, ou des períonnes trop simples 6e trop grosneres
pour pouvoir en íentir Fimportance , ou quelquefois même
des gens suspects ou notés j 6e c'est à de tels personnages
que, dans le cas fréquent de Fabíence des pères, la nouvelle
Déclaration confie le fort des enfants 6e de leur famille.
Cette Loi dépoíe Fintérêt le plus précieux de la société,
Fétat des Citoyens, entre des mains que toutes les Loix ex-
cluent du droit de gérer les plus légers intérêts : elle attri-
bue une autorité prépondérante à la déclaration de ceux
que la justice juge, ou incapables, ou indignes de lui offrir
leur témoignage. On ne peut penler, íans en être effrayé,
à Fuíage que pourront faire de tels hommes d'un pouvoir
aussi étendu. La cupidité viendra attribuer les fruits de son
incontinence aux personnes les plus opulentes j la malignité
&í la vengeance à celles dont Fétat exige une plus haute ré-
putation de vertu j la fortune 6c l'honneur des Citoyens les
plus considérables, ne seront plus en fureté contre des ca-
lomnies devenues faciles 6e sures, consignées dans des re-
gistres publics, 6e accréditées par la foi attribuée à ces pré-
cieux dépôts. Et ce qui est plus fâcheux encore, c'est que
ce n'est pas la méchanceté feule qui fera dangereuse 3 Figno-
rance 6c" la simplicité viendront apporter des déclarations
inexactes, inséreront des erreurs dans les registres, 6ê il ne
íera pas plus permis aux Curés de les éclairer, que de re-
prendre la malignité.
Une autre considération importante à faire, c'est qu'il est
possible que la multiplicité de ces abus, qui se renouvelle-
ront d'autant plus souvent, qu'ils ne trouveront plus aucun
obstacle, pas même les représentations du Pasteur, ne par-
vienne, à la longue, à altérer la confiance accordée jus-
qu'ici aux Registres de Baptême, 6c à énerver Fautorité qui
leur est attribuée.
DU CLERGÉ DE FRANCE J I SEPTEMBRE 1786. 1077
Combien le ministère des Curés 6e Vicaires, Rédacteurs
des Actes, va devenir douloureux 6c pénible ! Obligés de
devenir les témoins 6e les instruments de la fausseté j réduits
à Fimpuissance de l'arrêter, même par la voix si douce des
remontrances êe de la persuasion, ils vont encore se trou-
ver continuellement embarrasiés eux-mêmes, 6e exposés au
danger d'éprouver des poursuites personnelles.Les fonctions
qu'ils exercent, les exposent à des inimitiés particulières. II
n'est pas rare de voir les Curés les plus pieux, les plus cha-
ritables j les plus modérés, en butte à quelques-uns de leurs
Paroissiens. La rédaction des Actes de Baptême offrira à des
hommes ulcérés 6e adroits un moyen facile de satisfaire leur
haine : ils viendront apporter des déclarations fauíles, in-
jurieuses, scandaleuses, 6ê déclareront ne savoir les signer.
Que fera alors le Curé? S'il reçoit les déclarations, il fera
pouríuivi pour les avoir écrites, 6e désiivoué eníuite par
ceux qui les auront faites, 6e qui l'accufcront de les avoir
insérées de son propre mouvement. Quel moyen aura-t-il
de repouíìer Faccníation? S'il reruse d'inscrire les déclara-
tions, il íera poursuivi à raison de son refus. Si, pour se
soustraire à Fembarras dans lequel il se trouve, il demande
des explications, ou fait quelques représentations, il est en-
core assuré d'être poursuivi pour avoir fait des interpella-
tions. Ainsi, tout devient pour le malheureux Rédacteur de
FActc, matière à difficultés, objets de poursuites 6e de pro-
cédures j 6e quelque.parti qu'il prenne, il ne peut éviter le
piège qui Fenvironne de toutes parts.
Et quels font donc ces abus, qu'il étoit tellement cflen-
tiel de réformer, qu'on a cru devoir, pour les supprimer,
s'exposer à de fi graves inconvénients? Le préambule de la
Déclaration nous Fapprend ; c'est que quelques Curés ou
Vicaires, en inscrivant les déclarations de ceux qui préfen-
toient des enfants au Baptême ,se sont crus permis d'entrer
en connoijfance du mérite de ces déclarations j SG d'exprimer
même dans les Actes leursentiment personnel sur le fonds de
ces déclarations., par différentes clauses ou énonciatwns., filon
la manière dont ils s'entrouvoient affectés. Sans doute il ne
doit pas être permis au Rédacteur d'un Acte de Baptême,
1078 PROCÈS-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de se constituer le Juge de la déclaration qui lui est faite,
d'exprimer dans F Acte son opinion fur cette déclaration, 6e
de lui infliger aucune note : mais ne peut-on pas réformer cet
abus, fans s'exposer à tous ceux qui résultent de la Loi nou-
velle ? On ne veut pas, 6e avec raison-, que les Actes Bap-
tistaires renferment Fopinion personnelle de celui qui les
rédige 5 mais ou risque de les laisser devenir des recueils de
scandales 6e d'imputations injurieuses-, on craint qu'un Curé
n'abuse de la confiance de la Loi, 6c on transporte cette
confiance à des hommes de toute efpece à des enfants, à
,
des personnes fans état, fans domicile, fans éducation, quel-
quefois fans principes, fans retenue, fans honneur. On re-
doute les écarts du zèle 6c on lâche íe frein aux excès de
,
la méchanceté. Que l'on compare au mal que l'on s'efforce
de détruire, le remède qui est employé, 6e' que l'on pro-
nonce lequel des deux est le plus funeste.
Ces diverses réflexions ont déja été présentées à M. le
Garde des Sceaux par FAíIemblée du Clergé de 1782. j 6e
ce premier Magistrat les a accueillies avec fa fageíle 6e ion
équité accoutumée. II en a íenti la justice 6e Fimportance,
6e il a bien voulu promettre à cette Asiemblée que la Dé-
claration du 11 Mai 1781, déja enregistrée au Parlement
de Paris, ne feroit point adresiée aux autres Parlements, 6c"
que dans le ressort de celui de Paris on n'en presieroit point
Fexécution. Mais il est néceíìaire de lui représenter que cette
Loi menace toujours les Rédacteurs des Registres baptif-
taires. 11 faut distinguer les Loix qui attribuent quelques
droits à des particuliers, de celles qui regardent purement
Fadministtation du Royaume. L'exécution de celles-ci res-
te toujours dans la main du Gouvernement, qui peut,
íeion les vues cle fa íagesie, les presier, les retenir, les mo-
dérer ou les suspendre. Mais lorsque la Loi a confié un
droit quelconque à un Citoyen, il peut, indépendamment
de F Administration, le réclamer, 6e le faire valoir devant
les Tribunaux, qui ne peuvent se diípenser d'accueillir sa
demande. Ainsi lorsqu'un homme mal intentionné viendra
se plaindre que son Curé a ajouté à sa déclaration, ou lui
a fait des interpellations, il est impofímle que le Parlement
DU CLERGÉ DE FRANCE J I SEPTEMBRE 178(3. 1079
de Paris ne prononce conformément à la Loi qu'il a enre-
gistrée, 6c qu'il ne condamne un Curé pour avoir exprimé
Feulement que tel fait lui a été déclaré, ou
pour avoir fait
les repréíentations paternelles qu'exigeoit son ministère.
D'ailleurs M. le Garde des Sceaux sentira facilement com-
bien il est dangereux d'autoriser les Rédacteurs des actes de
Baptême, à ne pas se conformer littéralement à ce que'pres-
crivent toutes lés Loix. La volonté du Gouvernementa été
de réformer un abus 3 6e cette intention infiniment sage
doit avoir son effet. Si la Loi n'est point du tout exécutée ,
F abus fublistera ; sieste Fest dans son entier M'autres incon-
,
vénients vont naître j si elle n'est exécutée qu'en partie, quelle
portion de la Loi le íera ? Par qui, comment feront, déter-
minées les dépositions auxquelles on devra se soumettre,
6e celles dont on pourra s'affranchir? II est donc nécessaire
qu'il intervienne, fur cette matière, une Loi, qui développe
les principes fur la nature, Fautorité, la torme des registres
de Baptême, qui dirige d'une manière invariable les Curés
ôc Vicaires dans la rédaction des Actes, 6e qui fixe cette
importante partie de notre Légistation. On devra aux lu-
mières 6e à la fageste de M. le Garde des Sceaux une Or-
donnance nouvelle, qui complétera 6e perfectionnera le
grand ouvrage commencé par celles de 1 667 6e de 1736.

DU SAMEDI, DEUX SEPTEMBRE 1786,


à neuf heures du matin.
Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

MEsseigneurs 6e Messieurs les Commissaires ont été CXLI


SÉANCE.
travailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Lundi prochain, 4 Septem-
bre, à neuf heures du matin.
Signé ifc ARTHUR-RICHARD, Archevêque 6cPrimat
de Narbonne, Président.
Ï-OS-O PROCES-FERBAL DE L ASSÈMBLÉE-GÉNÉRALÈ

DU LUNDI, QUATRE SEPTEMBRE 1786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur FArchevêque de Narbonne , Président.

cxui MEsseigneurs 6e Messieurs les Commissaires, pour le


SEANCE. .Temporel, ont pris le Bureau. MonseigneurFArche-
vêque d'Aix, Chef de la Commission, a dit:
MESSEICÁSÍEURS MESSIEURS,
ET
Les Officiers Municipaux de la ville de Tours ont acquis
des terreins 6e les ont fait clorre de murs pour servir de
,
Cimetière aux deux extrémités de la Ville en exécution de
,
La Déclaration du Roi du 10 Mars 1776. Ils ont obtenu

un Arrêt du Conseil du 10 Mars 1778 , pour établir une


imposition payable, en deux années, fur les Propriétaires des
maisons 6e iur tous les Habitants, exempts ou non exempts,
privilégiés ou non privilégiés. Une partie de Fimposition est
levée fur les Propriétaires, une partie fur les Habitants.
L'imposition est en partie réelle, en partie personnelle.
Le rôle dreilé par les Officiers Municipaux, 6e rendu
exécutoire par M.l'íntendant, ne comprend point le Palais
Episcopal, les Maisons curiales 6c conventuelles, les por-
tions même de ces maisons données à loyer, 6e le Palais du
Gouvernement, loué depuis un siécle, 6e comprend les
Chapitres de Saint-Gratien ,6c de Saint-Martin de Tours.
On impose les Maisons Canoniales, comme celles des Pro-
priétaires laïques ; on impose les Chanoines 6e Membres du
Chapitre, comme les autres habitants.
Les deux Chapitres se sont pourvus pardevant M. Fln-
tendant. Une Ordonnance du 30 Janvier 1784, les a dé-
boutés de leur demande. Les Chapitres ont interjette un
appel, actuellement pendant au Conseil des Finances. Leurs
moyens font auíli simples que décisifs. C'est à ceux qui
font chargés de Fentretien des Cimetières à supporter la
dépense
DU CLERGÉ DE FRANCE S 4 SEPTEMBRE 1786. 1 o8 r
dépense des nouveaux Cimetières, cornme c'est à ceux qui
font chargés des réparations des Eglises Paroissiales ou, des
Maisons Preíbytérales, de supporter la dépense de leur re-
construction sur un nouvel emplacement.
j,
L'article 2 z de FEdit de 1 69 charge également les Ha-
bitants des réparations des Nefs des Eglises ParoiíìiaJes, de
celles des Maisons Preíbytérales 6e de la clôture des Cime-
tières. Les obligations des Habitants font les mêmes par
rapport à ces trois objets différents, parce qu'ils y font éga-
lement intéressés.
En général les intérêts doivent former les obligations,
6e les deux Chapitres ont leur Cimetière séparé, dans le-
quel font inhumés tous les Chanoines, Membres 6e servi-
teurs des deux Chapitres.
Une clause de style, insérée dans tous les Arrêts du Con-
seil étend l'imposition fur les exempts 6c non exempts,
,
privilèges 6c non privilégiés. Ces íortes de clauses n'ont de
rapport qu'à ceux qui n'auroient point d'exemption déter-
minée, 6e ne peuvent pas préjudiciel- à ceux dont les droits
font reconnus. Ces clauses n'ont pas pu préjudiciel* aux
droits des Evêques, 6e des Maisons curiales 6e conven-
tuelles, ôë les Maisons canoniales doivent fans doute avoir
le même privilège que les Maisons curiales 6c conventuelles.
Une partie de ces Maisons même, dont les Officiers Mu-
nicipaux ont respecté Fexemption, est donnée à loyer. Les
Maisons canoniales, données à loyer, devroient avoir le mê-
me avantage 3 6c l'on ne conçoit pas par quel motif on
soumet à la contribution, 6e ces Maiíons qui ne font pas
louées, 6e les Chanoines même 6c Membres du Chapitre,
qui ne postedent point de Maisons.
Nous vous proposons de nommer une députation pour
représenter fortement à M. le Contrôleur-Général les pri-
vilèges justement réclamés par les Chapitres de Saint-Gra-
tien 6e de Saint-Martin de Tours, 6e de charger Messieurs
vos Agents de poursuivre avec zèle le succès de l'appel in-
terjette au Conseil des Finances de FOrdonnance du Com-
missaire départi, qui a ordonné l'exécution du rôle d'im-
position à lever fur les Maisons canoniales, 6e les Chanoines
Procè$-verb. de 1785-1786. Kkkkkk
Tc
S z PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
6e Membres des Chapitres de Saint-Gratien 6c" de Saint-
Martin de Tours.
Le Rapport fini, Favis de la Commission a été adopté *.
en conséquence FAssemblée a prié Moníeigneur FArche-
vêque d'Aix Monseigneur FEvêque de Troyes 6e Mon-
, ,
iteurs les Abbés de Lomenie 6ë de Messey de voir M. le
Contrôleur-Général, 6e de solliciter fortement auprès de
ce Ministre le maintien des privilèges justement réclamés
par les Chapitres de Saint-Gratien 6e de Saint-Martin de
Tours : 6e Messieurs les Agents ont été chargés de pour-
suivre avec zèle le succès de l'appel interjette au Conseil
des Finances de FOrdonnance du Commiííaire départi, qui
a ordonné Fexécution du rôle d'imposition à lever fur les
Maisons canoniales, 6c les Chanoines 6c Membres des Cha-
pitres de Saint-Gratien 6c de Saint-Martin de Tours.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a dit ensuite :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Le Clergé a toujours regardé comme un point précieux
de ion immunité de n'être point assujetti à la retenue des
impositions royales, fur les rentes qui appartiennent à des
Corps Ecclésiastiques, 6c ce privilège d'exemption s'étend
lans exception à tous les Etablisiements dont les biens font
partie de ceux du Clergé de France. C'est d'après ces prin-
cipes que le Chapitre de Saint-Malo, dont la Fabrique est
propriétaire d'une rente fur le Roi, 6e fur laquelle on re-
tient les dixièmes 6e vingtièmes, vous porte {es plaintes, 6e
sollicite les bons offices de FAssemblée.
L'ongine de ce Contrat remonte à 1759. A cette époque
le Chapitre de Saint-Malo avoit envoyé à la Monnoie une
portion de l'argenterie de {on Eglise : le quart de la som-
me à laquelle elle avoit été évaluée, fut payé comptant j le
íurplus qui se montoit à 2.784 livres fut converti au profit
; i
de la Fabrique en un Contrat de constitution de rente. A
la même époque, le Roi avoit cédé les contrôles à la Pro-
vince de Bretagne, 6e Favoit autorisée, par Lettres-Paten-
tes, à emprunter quarante millions. Le Contrat delaFabri-
DU CLERGÉ DE FRANCEJ 4 SEPTEMBRE 1786: 1083
que de Saint-Malo fut assis fur cet emprunt, 6e il fut stipulé,
conformément à la procuration passée par les Etats de la
Province, qu'il feroit exempt de toute retenue de vingtiè-
mes 6e fols pour livre d'iceux3 ce qui a été exécuté jus-
qu'en 1771-
Le Roi étant alors rentré en posseíïion des contrôles, se
chargea des dettes contractées, pour cet objet, par les Etats
de Bretagne. Le Contrat dont il est question fut transporté
,
au Bureau des Arrérages fur les états de Sa Majesté j 6e de-
puis ce moment le Payeur des Rentes1 a retenu les tributs
royaux j ce qui a occasionné à la Fabrique une perte consi-
dérable, 6e Fa privée d'une portion de revenu qu'on ne peut
légitimement lui contester.
En esset, la retenue des dixièmes 6e" vingtièmes est uns
véritable contribution aux impositions royales, directement
oppoíée à tous vos droits, contraire aux Loix générales du
Royaume, concernant les vingtièmes aux clauses des Con-
,
trats , aux décisions des Ministres, à celles du Conseil 6e
aux Arrêts des Cours, qui ont proscrit les prétentions de
plusieurs particuliers qui vouloient combattre vos principes.
Les titres anciens 6e récents se réunifient pour établir 6e sou-
tenir le privilège du Clergé en exemption des dixièmes 6c"
vingtièmes.
La Déclaration du 27 Oólobre 1711, dispose, en termes
précis, « que les biens ecclésiastiques généralement quel-
33 conques,
n'ont été 6e n'ont pu être compris dans la Dé-
33
datation d'Octobre 1710 , pour Fétablisiement du dixie-
3j me ,
qu'ils en demeureront exempts à perpétuité, fans
33
qu'ils puissent jamais y être astujettis pour quelque cause 6e
33
occasion que ce puisie être, sans aucune exception ou ré-
33
serve tel événement qui puisie arriver. 33 La Déclaration
,
du z9 Août 1741, FEdit du mois d'Août 1749, contiennent
de semblables dispositions.
Lorsque FAssemblée de 1750 adressa des remontrances
au Roi, fur les plaintes occasionnées par Fexécution de
FEdit, portant création des vingtièmes dont on faifoit la
demande aux Evêques des Pays conquis, Sa Majesté vou-
lut bien la rassurer. Dans des temps plus modernes encore,
K k ^ ]" J-' b -
Í084 PROCÌIS-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
on a essayé de portev différentes atteintes à la jouissance de
votre exemption j 6e fi en 1770 vous n'avez pas obtenu
révocation générale de toutes les contestations qu'on avoit
élevées fur la matière, les Jugements 6e les Décisions ont
constamment été favorables.
Un Arrêt du Conseil, du 17 Décembre 175 1, avoit as-
suré vos droits: cependant un autre-Arrêt du 11 Mai 1765,
pour la Province cle Bretagne, avoit asiujetti les rentes dues
au Clergé à la retenue des vingtièmes 3 mais M. le Contrô-
leur-Général eut égard à vos réclamations, reconnut votre
privilège dans une Lettre écrite a Monseigneur FArchevê-
que de Narbonne, laquelle est consignée dans vos Procès-
verbaux : 6e par Arrêt du 2.6 Juin 1766, il fut ordonné
que , malgré Fabonnement des vingtièmes dans cette Pro-
vince, les rentes dues aux gens d'Eglise, 6c dépendantes de
leurs Bénéfices, feroient payées fans retenue des vingtiè-
mes. On trouve encore un Arrêt du Coníeiì, hypothétique
en faveur cl'une Fabrique cle Paroisse, qui casse la Sentence
du Juge de Châtiiion-íur-Seine,6c ordonne le paiement,
íans aucune retenue, de la rente due à cette Fabrique.
On a eu foin cle recueillir dans les Rapports d'Agence,
difíérentes Lettres des Ministres, du z6 Avril 1766 z Mai
,
1767, z 9 Janvier 1765?, qui condamnent les prétentions
des Payeurs de Rentes de retenir le dixième ou le vingtiè-
me fur des rentes postédées par des Monastères ou des Corps
Ecclésiastiques, assises fur les tailles, aides 6e Gabelles, ré-
prouvent les difficultés qu'ils faisoient éprouver, 6e contien-
nent des ordres précis de payer fans aucune retenue.
Cette fuite de Jugements 6e de Décisions, qu'il feroit
facile de multiplier, n'est que l'exécution des Loix, qui ont
établi, reconnu 6e maintenu votre exemption : 6e'ces Loix
íont d'autant plus équitables, que les biens ecclésiastiques
étant impoíés aux décimes, 6è" contribuant par ce moyen
aux charges de FEtat, ne fauroient en même-temps être
asiujettis aux vingtièmes, fans supporter deux charges in-
compatibles.
Ces principes généraux s'appliquent d'eux-mêmes au cas
particulier. La Fabrique du Chapitre de Saint-Malo con-
DU CLERGÉ DE FRANCE _, 4 SEPTEMBRE 1786. 1 o 8 5
tribue aux décimes ; {es biens font par conséquent partie cle
ceux du Clergé , 6e les rentes qui lui appartiennent font
exemptes de retenue des tributs royaux : elle est même d'au-
tant plus favorable, que le Chapitre ne fait que réclamer
l'exécution précise 6c littérale du Contrat passé sur la foi
d'une Procuration, revêtue de Lettres-Patentes enregistrées.
Le Chapitre de Saint-Malo est donc bien fondé à de-
mander restitution pour le passé, 6e qu'à l'avenir la rente
lui soit payée, sans retenue des dixièmes 6e vingtièmes. On
lui a fait supporter une charge dont il n'étoit pas tenu *>n'est-
il pas juste de l'indemniíer, 6e de le mettre à Fabri pour
l'avenir de pareilles entreprises ? C'est ainsi qu'en 1772. M. le
Contrôleur-Général s'empressa d'annoncer à Messieurs les
Agents, par différentes Lettres, qu'il avoit donné des or-
dres, tant aux Payeurs des Rentes, qu'au Trésorier de la
Caisse des arrérages, pour payer les rentes fans retenue des
vingtièmes, même aux Hôpitaux 6c Fabriques payant dé-
cimes. Vous êtes en droit, dans Fassaire présente, d'atten-
dre la même décision du Ministre éclairé qui préside à Fad-
ministration des Finances du Royaume.
Nous vous proposerons en conséquence de députer à
M. le Contrôleur-Général,pour le prier de donner des or-
dres afin que la restitution des vingtièmes retenus depuis
,
1771 , fur la rente dont il s'agit, soit faite à la Fabrique
du Chapitre de Saint-Malo par le Trésorier de 1a Caisie des
Arrérages, 6e qu'à l'avenir ladite rente soit payée sans au-
cune retenue de.dixièmes , vingtièmes 6e fols pour livre.
Le Rapport fini, FAssemblée, conformément à Favis de
la Commission, a prié Monseigneur FArchevêque d'Aix,
Monseigneur FEvêque de Troyes, &C Messieurs les Abbés
de Lomenie 6c de Messey, de voir M. le Contrôleur-Gé-
néral, 6e de le prier de donner des ordres au Trésorier de
la Caisse des Arrérages de restituer les vingtièmes retenus
depuis 1771, fur la rente due à la Fabrique du Chapitre
de Saint-Malo, 6e de payera l'avenirladite rente, íans au-
cune retenue des dixièmes, vingtièmes6e fols pour livre.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a dit encore ;
ïolfô PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Vous avez eu connoissance d'un Arrêt du Conseil d'Etat
du Roi, du 7 Septembre 1785, concernant les formalités à
-observer pour les constructions 6e reconstructions des bâti-
ments appartenants aux Gens de main-morte, Hôpitaux gé-
néraux 6e particuliers, Maisons ce Ecoles de Charité, dont
il est important de rendre compte.
Quoique cet Arrêt ne présente en apparence que peu ou
point de dispositions nouvelles, quoique son objet soit prin-
cipalement de remettre en vigueur certaines formes qui
pourroient avoir été négligées jusqu'à ce jour, il a paru pré-
senter, en lui-même 6e dans ses suites, des rapports dignes
de vous intéresser. 1 °. II soumet, par FArticIe premier, tous
les Gens de main-morte, 6e même les Hôpitaux généraux
6e particuliers, Maisons 6c Ecoles de Charité, fous des peines
astez graves, à ne faire aucunes constructions 6c recons-
tructions de bâtiments, soit dans leurs clôtures, soit hors
d'iceìles, qu'après avoir obtenu Fautoriíation du Commis-
saire départi dans chaque Province, ou du Conseil de Sa
Majesté. 20. II prescrit aux Gens de main-morte, par FArti-
cIe 4, en cas de constructions 6e reconstructions sujettes au
droit d'amortisiement, de ne les donner à loyer que par la
voie de Fenchere. 3Q. Tout nous annonce que cet Arrêt
va occasionner des recherches sévères contre les Gens de
main-morte, qui ont négligé de íe conformer aux disposi-
tions qu'il renouvelle. Nous allons suivre l'une après l'au-
tre ces considérations différentes, en tâchant de démêler
les suites 6e les inconvénients qu'elles préparent.
Pour bien juger de la première il faut rapprocher le
,
texte du nouvel Arrêt, du texte de FArrêt de 1738 fur
,
la même matière. « Ne pourront, dit FArticIe 1 z de FArrêt
« de 1738, les Gens de main-morte , non plus que les Hô-
*> pitaux généraux 6e particuliers, 6e
les Maisons 6e Ecoles
" de Charité joindre à leurs clôtures aucunes maisons, ni
w faire, soit dans le-sdites clôtures,
soit en-dehors, aucunes
53 constructions
à neuf, ni reconstructions de bâtiments,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 4 SEPTEMBRE I7S6. 1o37

s?
qu'après en avoir communiqué les plans &í devis aux
3J
Sieurs Commislaires départis dans les Provinces & Gé-
33
néralités du Royaume, 6e dans Paris au Sieur Licute-

nant-Général de Police, lesquels enverront leur avis au
5>
Conseil, tant sur la nécestité des bâtiments, que fur les
s>
droits d'amortissement qui pourront en être dus, à peine
» contre ceux qui n'y auront pas satisfait, de payer le dou-
33
ble de la somme à laquelle pourroient monter lefdits
33
droits, si les bâtiments étoient sujets à Famortiílement,
33
fans qu'ils puissent en espérer aucune remise, ni modé-
33 ration.
Telle est la disposition de FArrêt de 1738.
33
Tous les Gens de main-morte, disent les Articles 1 6e 2,
33
de FArrêt du 7 Septembre 17 8 5,6c même les Hôpitaux gé-
33
néraux 6e particuliers, Maisons 6c" Ecoles de Charité, ne
33 pourront
faire, íoit dans leurs clôtures, soit hors d'iceiles,
33 aucunes constructions, ni reconstructions de
bâtiments,
33
qu'après en avoir communiqué les plans 6e devis aux
33
Sieurs Commissaires départis dans les Provinces 6e Gé-
33
néralités du Royaume, 6e après en avoir obtenu l'au-
» torifation, qu'ils pourront leur accorder dans tous les cas
33
où ils ne croiront point devoir en référer au Conseil.
33
Faute par lefdits Gens de main-morte de communiquer
33 ces
plans 6e" devis, 6e d'avoir obtenu l'autorifation né-
33
cessaire avant la construction 6e reconstruction, ils seront
33 contraints au paiement
d'une amende, évaluée au prin-
33
cipal dudit droit d'amortissement, qui pourroit réíulter
33
des constructions 6e" reconstructions exécutées : en con-
ss
séquence, dans le cas où elles donneroient ouverture audit
53
droit, ils paieront en fus d'icelui 6c des dix fols pour livre
33
du principal, un second droit d'amortissement pour tenir
33
lieu d'amende5 6ë s'il n'y a pas lieu à ce droit, attendu la
sa
destination de ces nouveaux bâtiments, ils paieront feu-
33
lement la somme à laquelle feroit monté le droit d'amor-
» tissement, s'il avoit été exigible. 33
En rapprochant, Messeigneurs 6e Messieurs ces deux
,
Règlements, vous appercevez, i°. que le íecond ne pré-
sente en apparence qu'un plus ample développement du pre-
mier. iQ. Que, suivant tous les deux, les Gens de main-
IG'ÓO PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
morte ci les Hôpitaux doivent communiquer les plans 6e
devis de leurs constructions 6e reconstructions aux Com-
missaires départis, lesquels étoient tenus, suivant le pre-
mier, de donner leur avis au Conseil sur la nécessité des-
dits bâtiments. 30. Que dans le second les Intendants
peuvent donner eux-mêmes l'autorifation, dans le cas où
ils ne croiront pas devoir en référer au Coníeil. 40. Que
les peines attachées à Fomiffion de ces formes, étoient énon-
cées dans le premier d'une manière au moins incertaine ;
que dans le second, elles font prononcées avec précision
fous le titre d'Amende équivalente à un simple droit d'amor-
tíílement. C'est fur ce dernier chef que vos réclamations
doivent principalement se diriger : il contrarie 6e afflige la
propriété, sans motif juste 6e utile. Quel intérêt ont les
Préposés au recouvrement de connoître si les Gens de
,
main-morte entreprennent des bâtiments pour lesquels il
n'est dû aucun droit ? L'Arrêt de 1738, mûrement réfléchi,
ne prononce pas de peine dans ce cas 5 pourriez-vous voir
lans peine qu'il est établi nettement aujourd'hui ? Une peine
quelconque, imposée fous prétexte de pic venir les fraudes,,
est d'autant plus fâcheuse, qu'elle fait présumer la volonté
de se les permettre j on n'en peut pas présumer ici. D'ail-
leurs la peine qu'on veut introduire est fans proportion avec
le délit, £e même fans objet, lorsqu'il s'agit de bâtiments
pour lesquels Famortiflement n'est pas dû 5 enfin prendre
des mesures íl sévères pour s'assurer que rien n'échappera
aux recherches des Préposés au recouvrement des deniers
publics, c'est leur donner une faveur plus marquée qu'à
des Administrateurs charitables 6e soutenus par le íeul
,
amour du bien public.
La seconde considération, digne de vous intéresser dans
FArrêt du 7 Septembre 1785, résulte des Articles 4, 5 6e
6, relatifs à f obligation impoíée aux Gens demain-morte,
d'affermer, par la voie des enchères, leurs constructions
nouvelles ou reconstructions, ainsi que les bâtiments non
amortis, en tout ou en partie, qu'ils pourroient nouvelle-
ment mettre dans le commerce : elle est relative , tant à
FArrêt de 1738, qu'à ceux du 17 Septembre 1776 6e z
Juin
DU CLERGÉ DE FRANCEJ 4 SEPTEMBRE 1786, 1 089
Juin 1778. L'Assemblée de 1780 crut devoir se olaindre
de ces divers Règlements par un Article précis- de son
Cahier. Elle observa avec justice que ce feroit souvent ex-
poser les Gens de main-morte à payer un íecond droit d'a-
mortisiement pour des objets déja amortis5 les détourner
d'entreprises utiles au bien public 3 punir leur industrie 3 les
rendre peut-être victimes des fraudes par lesquelles on fe-
roit monter certains baux au-dessus de leur valeur 3 les
niettre en danger d'essuyer des banqueroutes, 6e d'avoir
souvent des locataires désagréables pour eux, ou que des
motifs très-justes les ençaseroienc d'éloigner de leurs de-
meures 3 leur présenter la tentation de laisser tomber des bâ-
timents pour íe soustraire à des droits onéreux. Tous ces
motifs n'ont pas empêché le Roi de vous répondre, que le
prix des premiers baux des bâtiments nouvellement cons-
truits ou reconstruits par les Gens de main-morte devant
,
être constaté d'une manière certaine 3 6e ne pouvant Fêtre
parfaitement que par la voie des enchères, il ne jugeoit pas
convenable d'abroger cette formalité. Vous croirez fans
doute dans Fordre de faire de nouvelles instances à la vue
d'un Règlement nouveau, si contraire à vos vues3 elles fe-
ront justement motivées par le respect dû au libre exercice
de la propriété. N'est-il pas évident en effet que Fintérêt
particulier doit éclairer plus sûrement les Gens de main-
morte fur le prix de leurs loyers, que les Préposés au re-
couvrement des droits du Roi ? Peut-on supposer qu'ils
passent des baux en fraude pour obtenir quelque diminution
Iur le droit d'amortissement? S'il arrivoit qu'ils obtinssent
quelque augmentation de loyer par Fesset de leurs recons-
tructions, faudroit-il leur envier ce foible dédommagement
de leurs íoins 6e de leurs avances? L'utilité qui peut en re-
venir au Domaine, est-elle aíiez marquée pour prendre,
dans de.tellcs circonstances, contre les Gens de main-morte
6e le Clergé, des précautions qui se trouvent employées
précisément dans des occasions que le Gouvernement de-
vroit provoquer 6c" faire naître par intérêt pour lui-
,
même ?
Le dernier point de vue que vous présente FArrêt du
Procès-verb. í/e 178 j-1786. L 11111
Ï090 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
7 Septembre 1785 , est de nature à mériter toute votre
activité, 6e à déterminer vos démarches tandis que vous
•êtes encore formés en assemblée, 6£ à portée d'obtenir une
décision conforme à vos voeux. Ce n'est pas fur des alar-
mes légèrement conçues, que nous avons présenté le nouvel
Arrêc comme préparant des recherches íéveres envers les
Gens de main-morte, qui ont fait des constructions 6e re-
constructions, fans en communiquer aux Commiíìaires dé-
partis. Ces recherches font commencées 3 il faut même
observer qu'elles font motivées fur FArrêt de 1738, afin
qu'on ne puisie pas opposer que ce Règlement étoit tombé
en désuétude , quelque véritable que soit ce fait. Les
Préposés au recouvrement n'avoient rien négligé, il faut
en convenir, pour découvrir les bâtiments nouveaux qui
doniioient ouverture à des droits d'amortissement 3 mais il
n'en étoit pas de même pour ceux qui n'en produifoient
pas 3 ils avoient laissé subsister, pour ces derniers, une forte
de sécurité : ils reviennent aujourd'hui fur leurs pas. Dès
1784, ils ont formé une aclion, dresté un Procès-verbal
contre les Religieuses de Chinon pour xaison de reconstruc-
tions faites dans leur clôture 3 ils les ont traduites devant
l'Intendant de la Province, 6e leurs poursuites s'y conti-
nuent encore. Même marche en 1786, pendant la suspen-
sion de YOS Séances, contre les Religieuses de Notre-Dame
de Sarlat, pour un Edifice destiné à Féducation de la jeu-
nefle, entrepris avec des fonds donnés par la Commission
des Communautés Religieuses ou par l'Intendant même de
5
la Généralité, fur des íecours publics que le Gouvernement
fait distribuer. Que n'ont pas à craindre des Communautés
abandonnées 6e fans appui, si. les perquisitions s'étendent
fur des Maisons Religieuses favorisées, 6e auxquelles on ne
peut reprocher au plus que de n'avoir pas suivi la rigueur
des formes, quoiqu'elles aient eu, dans le fond, des auto-
risations publiques, 6e même les encouragements les plus
efficaces ?
Ce qui prouve que ces démarches des Préposés à la per-
ception font incertaines, vagues 6e mal dirigées, c'est qu'ils
demandent à ces Communautés un double droit d'amor-
DU CLERGÉ DE FRANCE „ 4 SEPTEMBRE 178 6. 1091
tiíiemcnt, quoiqu'il n'en ioit dû qu'un simple droit, suivant
FArrêt de 1785. Celui de 1738 s'étoit. exprimé au moins
obscurément, en paroiflantstatuer que dans tous les cas où les
plans n'auroient pas été communiqués aux Intendants le
,.
double droit feroit dû. C'étoit assimiler des choses dispa-
rates 3 c'étoit mettre fur la même ligne les bâtiments iujets
au droit d'amortistement 6c ceux qui ne Fétoient pas 3 c'é-
toit faire prononcer au Souverain une injustice évidente,
qu'il n'est pas naturel de présumer. Les Gens de main-morte
en avoient conclu, qu'il n'y avoit de peine que dans les cas
où ils pouvoient être présumés vouloir se soustraire au
droit. Les Préposés ont adopté d'autres principes 3 ils ont
cru devoir donner à FArrêt de 1738 le íens le plus éten-
du, sauf à le restreindre par FArrêt de 178s. Quoi qu'il
en soit , ces éveils doivent suffire pour nous tenir fur
nos gardes, 6e pour prévenir les malheurs qui menacent
tant de^Gens de main-morte, restés dans Fignorance 6e la
bonne foi.
Dans ces circonstances, 6e par ces considérations, le Bu-
reau est d'avis que des Commistaires, nommés de votre part,
soient chargés de représenter à M. le Contrôleur-Général
combien est inutile aux Finances du Roi, Fobligation im-
posée aux Bureaux d'Administration des Hôpitaux 6e Col-
lèges, ainsi qu'aux personnes ecclésiastiques, de communi-
quer aux Commissaires départis les plans 6e devis des coní-
tructions qu'ils jugent nécestaires, lorsqu'elles ne donnent
ouverture à aucun droit 3 6e combien il est dur que i'omif-
sion de cette formalité entraîne une peine que FArrêt de
1738 n'avoit pas nettement exprimée, 6e qui n'a nulle pro-
portion avec son objet3 d'insister auprès de ce Ministre pour
que les Gens de main-morte ne soient pas tenus de donner
à loyer, par voie d'enchère, leurs constructions 6e recons-
tructions dans les premiers baux qu'ils en passent 3 de lui
demander, dans tous les cas ôe avec les plus vives instances,
tine Décision du Conseil, qui faíìe remise aux Gens de
main-morte, pour le passé, des sommes qu'ils pourroient de-
voir, à raison des constructions 6e reconstructions entre-
prises fans autorisation du Conseil ou des Commissaires dé-
Llllli 2.
ÏOC/2. P ROC ES-F ERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
partis, lorsque ces édifices n'ont pas donné ouverture au
d ro it d'a m o it iilement.
Le Rapport fini, Fávis de la Commission a été adop-
té 3 en conséquence, Monseigneur FArchevêque d'Aix,
Monseigneur FEvêque de Troyes, 6£ Messieurs les Abbés
de Loníehie 6e de Mestèy ont été priés de présenter à M. le
Contrôleur-Général combien est inutile aux Finances du
ìíói Fobligátion imposée aux Bureaux d'Administration des
Hôpitaux 6c Collèges, de communiquer aux Commistaires
départis les plans £e devis des constructions qu'ils jugent
nécessaires, lorsqu'elles ne donnent ouverture à aucun droit,
6e combien il est dur que Fòmiìììon de cette formalité en-
traîne une peiné'que FArrêt dé 1738 h'avoit pas nettement
exprimée, 6c'qui n'a nulle proportion avec son objet 3 com-
me aussi d'insister auprès du Ministre póur que les Gens de
main-morte ne soient pas ténus de donner à loyer, par voie
d'enchère, leurs bâtiments construits 6e reconstruits dans
ìcs premiers baux qu'ils en passent, 6c" de lui demander, dans
tous les cás 6é avec lés plus vives instances, une Décision
du Coníeil qui fàssè reniiíé aux Gens de main-morte, pour
le pàsté, dés sommes qu'ils poûrfoient devoir, à raison des
constructions 6e reconstructions entreprises fans autorisa-
tion du Conseil ou des Commissaires départis 5 lorsque
ces édifices n'ont pas donné ouverture au droit d'amor-
tisiemént.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a fait ensuite lecture
des différents articles qui doivent être insérés dans le Cahier
du Temporel pour être présentés au Roi. Ces articles ont
été approuvés, 6e FAssemblée a remercié Messeigneurs èC
Messieurs de la Commission dé leur travail.
Messeigneurs 6c Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à demain Mardi 5 Septembre,
à neuf heures du matin.

Signés ARTHUR-RICHARD Archevêque 8c Primat


5
de Narbonne, Président.
DU CLERGÉ DE FRANCE^ S SEPTEMBRE 1786. 1 093

DU MARDI, CINQ SEPTEMBRE 1786,


d neuf heures, du matin.

Monseigneur FArchevêque de Narbonne, Président.

MOnseigneur FArchevêque de Narbonne a dit : Que CXLTII


SÉANCE.
M. le Garde des Sceaux recevroit Messeigneurs 6e
Messieurs les Commissaires, pour la Religion 6e la Jurif-
diction Jeudi matin, à dix heures, 6£ le soir, vers les cinq
,
heures, Messeigneurs 6e Messieurs du Bureau du Temporel,
pour conférer avec eux fur les articles des Cahiers que FAs-
semblée se propose de présenter à Sa Majesté.
Messeigneurs 6e Messieurs les Commiílaires, pour la Re-
ligion 6e la Jurifdiction,ont pris le Bureau. Monseigneur
FArchevêque d'Arles, Chef de la Commission, a dit : Que,
íi FAíIemblée Fagréoit, il alloit faire lecture d'un projet
d'Acte, délibéré dans la Séance du 1 z Août dernier, 6e
contenant protestation 6e réclamation contre les Lettres-
Patentes 6e Arrêts intervenus dans Fassaire de Mgr. le Car-
dinal de Rohan.
Lecture faite de cet a&e, il a été unanimement approuvé3
en conséquence il a été arrêté, qu'il feroit inséré dans le
Procès-verbal, 6e signé de Messeigneurs 6c de Messieurs les
Députés. L'Astemblée a remercié Mesieigneurs 6e Meilleurs
de la Commission, 6e en particulier Monseigneur FArche-
vêque d'Arles, des peines 6c" foins qu'ils ont pris à ce sujet.

Acte de proteflatien de L'Assemblée.

NOUS Archevêques, Evêques 6e autres Ecclésiastiques


,
composant F Assemblée-Générale du Clergé de France qui
le tient actuellement à Paris :
Vu les Lettres-Patentes du Roi, données à Saint-Cloud
îe 5 Septembre 1785, 6c" portant attribution au Parlement
de Paris, Grand'Chambre assemblée, de faits 6c délits dans
lesquels étoit impliqué Mgr. le Cardinal de Rohan, Grand-
x
PROCks-FERlìAL DE L.ASSÊMBLÉE-GÉNÉRALE
&$>4
Aumônier de France, 6e Evêque de Strasbourg, FArrêt de
cette Cour, du 7 Septembre suivant, qui ordonne qu'il soit
procédé à'Finformation desdits faits 6c délits .3 autre Arrêt
du Parlement de Paris, du 1 s Décembre de la même année,
par lequel, décret de prise-de-corps est décerné contre Mgr.
le Cardinal de Rohan 3 Lettres-Patentes du a. 6 Décembre
1785 pour régler que les décrétés alors prisonniers au Châ-
,
teau de la Bastille continuent d'y être détenus 3 Arrêt du 17
,
Février 1786, qui,fans s'arrêter aux réserves òí protestations
portées dans Finterrogatoire de Mgr. le Cardinal de Rohan,
le déboute de fa Requête à fi.11 de revendication, 6e renvoi
devant le Juge Ecclésiastique compétent 3 enfin un Arrêt du
3 1
Mai de la présente année, qui décharge Mgr. le Cardinal
de Rohan des .plaintes 6c accusations intentées contre lui à
la requête de M. le Procureur-Général. Y u ausii la Lettre
6c" le Mémoire que nous avons préientés au Roi, le 1 8 Sep-
tembre de Fannée derniere, pour demander le rapport des
Lettres-Patentesdu 5 du même mois, enícmble les réponses
de Sa Majesté intervenues avant 6e après le Jugement de
Mgr. le Cardinal de Rohan. Une première réponse s'expri-
mant ainsi : Je me ferai rendre compte du Mémoire que l'As-
semblée du Clergé m a présenté. Je sULS faussait des sentiments
quelle exprime dans la Lettre quelle ma adressée. Le Clergé
de mon Royaume doit comptersur ma protection, ÓG sur mon
attention à faire observer les Loix constitutives des privilèges
que les Rois mes prédécesseurs lui ont accordés. Une seconde
réponse du Roi, conçue en ces termes : J'approuve le ^ele
du Clergé de mon Royaume pour la conservation des anciens
privilèges qui lui ont été accordés par les Rois mes prédé-
cesseurs. Si la nature de T affaire du Cardinal de Rohan ÓG
la difficulté de déterminer le Tribunal qui auroit pu en jcon-
noîíréj ne ?n ont pas permis d3avoir égard aux représentations
de t A[j emblée dans Vefpece particulière mon intention ejî que
^
cet exemple ne tire point à conséquence SG que les causes per-

sonnelles des Evêques continuent d être instruites ÓG jugées
^
ainsi quelles Íont été par le passé.
Considérant que le droit des Evêques d'être jugés, en
matière criminelle par leurs Collègues dans FEpiscopat, re-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 5 SEPTEMBRE 1786. 109*5
monte aux anciens privilèges que nos Rois ont trouvé établis
dans les Gaules quand ils les ont conquises ; que cette dis-
cipline en vigueur pour les délits ecclésiastiques dans les
,
premiers temps du Christianisme, avoit été étendue par la
piété des Empereurs à la connoisiance des crimes dans For-
dre civil 6e politique 3 qu'elle fait partie du Droit Public
de la France, en vertu des Loix précises, d'autant plus che-
res à la nation, qu'elles ont été publiées dans des Assem-
blées générales de tous les Ordres de Citoyens 3 que Fac-
quiefcement des accusés ne fauroit fuípendre Feffet d'une
prérogative bien moins accordée à la personne qu'au ca-
,
ractère 6V: à la dignité de FOrdre Episcopal 3 qu'aucun genre
d'accusation n'est excepté de cette forme de procéder, qu'on
diroit en vain borner Fétendue de la Puisiance temporelle,
6c favoriser Fimpunité du crime; que c'est par Fautorité du
Roi que les Evêques, Sujets 6e Officiers du Prince, spé-
cialement engagés à l'obéistance par le lien du serment, sont
dans Fufage de s'assembler pour instruire le Procès de leur
Collègue 3 qu'ils font tenus de suivre les formes reçues dans
le Royaume, 6e de livrer le coupable à la main séculière
lors de ces grands 6e détestables attentats qui ne feroient
pas suffisamment expiés par les peines canoniques; que telle
a été la pratique fidèlement obíervée fous les trois Races
de nos Rois, même dans le cas de crime de lêfe-majesté ;
6e qu'au milieu des troubles du seizième siécle, le Légista-
teur rappcliant la coutume de porter devant les Conciles
toute accusation formée contre les Evêques , crut devoir
faire déclarer publiquement qu'il étoit de fa justice de ne
permettre que de son temps fusent entamés SG violés _, tels
SG fi précieux droits par lui jurés en son sacre, SG regardant
de fi prês son état comme ceux-ci3 auxquets consiste le hen-du
devoir réciproque d'entre lui SG ses Sujets lesquels attendent
_,
de leur Roi protection SG conservation de leurs Libertés com-
me ils lui doivent très-humble SG très-loyale obéissance.
Considérant que le concours des circonstances de Fassaire
de Mgr. le Cardinal de Rohan, les différentes dignités dont
il étoit revêtu, 6e fur-tout fa qualité d'Evêque, Suffragant
d'une Métropole étrangère à la domination du Roi, ont
1 09 5 P-RÛCES-VERBAL DE
LASSEMBLÉE-GÉNÉRÀLE
bien pu répandre un moment quelques nuages fur, le Tri-
bunal Ecclésiastique qui connoîtroit de cette cause ; qu'il
avoit été indispensable d'appeller les Juges, ordinaires pour
faire le procès aux Laïques co-accufés j mais que la jurif-
diction exercée fur la personne même de ce Prélat par le
Parlement cle Paris, íeroit toujours comptée dans FEglise
Gallicane permi les époques affligeantes de son Histoire;
qu'on n'avoit pas vu, fans la surprise la plus douloureuse, le
privilège clérical bien moins reípecté dans un Cardinal 6e
dans un Evêque, que dans les Ecclésiastiques inférieurs en
posiession d'obtenir leur renvoi pardevant FOfficialité 3 que
c'est ici le premier exemple d'un Prélat François ainsi jugé
dans des temps paisibles, contradictoirement 6e définitive-
ment par une Cour séculière, sans aucune intervention de
Fautorité Ecclésiastique 3 que si Fatteinte portée à nos im-
munités n'est plus réparable dans Fétat présent, au moins
est-il de notre devoir d'empêcher que ce nouvel ordre de
procédures n'amene un changement de Jurisprudence dans
le Jugement canonique des Evêques; que les inductions
qu'on voudroit en tirer, font moins alarmantes depuis Fap-
probation donnée par le Roi dans fa derniere réponse au
iele du Clergé pour la conservation de ses anciens privilèges ;
que cette réponíe suppose évidemment la justice de nos re-
préíentations, considérées dans le point de vue de la ques-
tion générale 3 que la manière dont le Roi s'explique fur
Fespece particulière, feroit renaître nos inquiétudes fans
Faíiurance expresie 6e formelle donnée en même-temps par
Sa Majesté, que cet exemple ne tireroit pas à conséquence> SG
que les causes personnelles des Evêques continueroient d'être
injtruu.es ÔG jugées ainsi q u elles l'ont été par le pasjé ; que
la poíiefhon est incontestablement en faveur du Juge d'E-
gliíc íuívant les Auteurs les plus versés dans la connoií-
,
íance de nos usages, le témoiQm'acre des Magistrats chargés
par les ronctions du ministère public de veiller fur les bor-
nes des Juridictions, 6e les propres aveux du Souverain
lui-même en des occasions importantes 6c" décisives.
Considérant enfin que la parole du Roi fait évanouir nos
craintes pour Favenir , mais qu'elle laiíie subsister en entier
les
DU CLERGÉ DE FRANCE> j SEPTEMBRE Í 78 6. 1007
ìes Lettres-Patentes des 5 Septembre & z 6 Décembre
17 S $-3
les Arrêts des 7 Septembre &i j Décembre 1785,17 Février
& 3 1 Mai 17863 que la Nation, intéressée à ce que íes privi-
lèges des grands Corps de l'Etat se conserventfans altération
al'oeil ouvert fur les démarches du Clergé pour la cause de,
FEpiícopati que nous sommes comptables au íiecle présent
&C à la postérité du dépôt précieux que nous ont transmis,

avec tant de fidélité, les âges précédents3 que ce seroit dé-


générer du zèle sage, éclairé ôc courageux qui présidoic
Tadministration de nos pères que de voir en silence de
,
pareils monuments s'inscrire dans les annales de la Juris-
prudence Françoise, Ô£ préparer en des temps moins heu-
reux la chute de cet antique 8c vénérable Tribunal, érige
par les deux Puistances, pour juger la personne des Evê-
ques, ôí que tout l'Ordre Ecclésiastique attend des vues
qui animent ses représentants, un acte conservatoire, qui,
prévenant les effets de la prescription, fixe l'opinion de nos
íucceileurs, & perpétue Tempire des seines maximes fur ce
point fondamental de la Législation criminelle.
Nous, toujours emprestés de donner l'exemple de l'obéis-
sance &L de la soumission aux autres Sujets du Roi, autant
par amour que par devoir 3 mais perluadés que c'est rendre
hommage aux vertus de Sa Majesté, que d'user avec con-
fiance d'une voie de droit ouverte, sous les Princes justes, à
tout Citoyen, nous avons protesté &£ réclamé, protestons
&C réclamons tant en notre nom qu'en celui de toutes les
, 5
Eglises de France, contre les Lettres-Patentes, &£ Arrêts in-
tervenus dans l'aífaire de Mgr. le Cardinal de Rohan en
tout ce qui pourroit nuire 6c préjudicier à l'immumté per-
íonnelle des Evêques : déclarons être, íur cet objet, fer-
mement & inviolablement attachés aux' Loix, maximes &
usages du Royaume, tels que nous avons eu Fhonneur de
les rappeller à Sa Majesté le 1 8 Septembre dernier, ne nous
étant abstenus de représentationsultérieures depuis la reprise
de nos Séances, que par la certitude de ne pouvoir taire
anéantir une procédure de décharge, déja consommée &
mise à exécution, Ô£ principalement sur la parole royale
que cet exemple unique ne seroit point loi à l'avenir , &c
Proces-verb. de 17 8 j -17 8 6. Mm m m m m
1098 PROCES-FERBJL DE L*ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
qu'on continueroit de suivre les formes précédemment
observées pour Instruction 6ç le jugement des causes per-
sonnelles des Evêques.
Fait à Paris au Couvent des Grands-Augustins dans
, ,
Y Assemblée-Générale du Clergé de France, le / Septem-
bre 1786.
Signés >gí Ar. Ri. Arch. &: Primat de Narbonne, Président,
•j~ E. G Arch. de Toulouse.
-f Alex. Ang. Arch. Duc de Rheims.
f J. R. Arch. d'Aix,
•j- J. G. Arch. de Vienne.
*j* Fr. Arch. de Tours.
f J. M. Arch. d'Arles.
-f J. M. Arch. de Bordeaux.
-f L. Ap. Arch. d'Auch.
-f Franc. Ev. de Grasle:
*f L. C. Evêque de Limoges.
•f C. M. L Ev. de Troyes.
*J* Fr. Ev. d'Evreux.
•j* J. Ev. de Vabres.
f Jos. Fr. Ev. de Montpellier.
*j- Em. Fr. Evêque de Fréjus.
-f L'Ev. Comte de Noyon.
"f François-Joseph-Emmanuel, Evêque de la Rochelle.
*f C. G. Ev. Duc de Langres.
*f LA. Ev. de Lavaur.
.
•f Ch. Aug. Ev. cl'Ácqs.
•f P. A. Ev. d'Avranches.
*j* L'Ev. de Dijon,
•j- Hypp. Evêque-Prince de Grenoble.
•f- C Ev. de Meaux.
*f C. M. Evêque de Saint-Flour.
-f Louis, Ev. d'Olba, Coadjut. d'Orléans.
•j- S. Ev. de Rodez,
•f Pierre, Ev. de Nevers.
•f François, Evêque de Digne.
L'Abbé de la Bintinaye.
BU CLERGÉ DE FRANCE, S SEPTEMBRE 17S6. 1099
L'Abbé de Sieyes.
L'Abbé de Grainville.
L'Abbé de la Myre-Mory.
L'Abbé de Panât.
L'Abbé de Clugny.
L'Abbé le Gay.
L'Abbé des Chardebeuf de Pradel*
L'Abbé de Montpeyroux.
L'Abbé de Grand-Clos-Meûé.
L'Abbé de Barrai.
L'Abbé l'Hermite de Chambertrand.
L'Abbé de Narbonne.
L'Abbé de Tartonne.
L'Abbé de la Salle.
L'Abbé de Bovet.
L'Abbé d'Esponchés.
L'Abbé de Lomenie.
L'Abbé Boursier.
L'Abbé de Grimaldi.
L'Abbé de Foucauld.
L'Abbé de Luillier-Rouvenac."
L'Abbé de Montazet.
L'Abbé d'Anstrude.
L'Abbé d'Andrezel.
L'Abbé de Saint-Farre.
L'Abbé d'Agoult.
L'Abbé de Pontevés.
L'Abbé de Messey.
L'Abbé de Boisgelin, Promoteur.
L'Abbé d'Osmond, Promoteur.
L'Abbé de Barrai, Agent.
L'Abbé de Montesquiou, Agent.
L'Abbé de Périgord, Secrétaire.
L'Abbé Dillon, Secrétaire.
Monseigneur l'Archevêque d'Arles a dit ensuite , que la
Commission s'étoit occupée d'une affaire très-intéressante
pour les Diocèses, & dont le rapport a été fait ainsi qu'il fuit.
M m m m mm z
kiSò Pk&chs-r'ÈRéÂL DÉ L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALÈ

MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Ce n'est point un objet nouveau pòur Votre zèle, que
>BOUS venons vous
proposer •, nous vous inviterons feulement
à de nouveaux efforts pour le succès d'un des pins justes dé-
ÛÏS que vous ayez formés, ÒC qui, depuis long-temps, pa-
ïoît être le voeu permanent de vos Assemblées. Celle de
1775- , justement alarmée de la diminution trop sensible que
TEglise éprouve dans le nombre de ses Ministres, crut de-
voir chercher lés causes d'une calamité qui afflige déj a plu-
sieurs Diocèses ; eììe en remarqua trois motifs principaux :
la modicité des Portions congrues des Curés 6c Vicaires,
le peu de reslources pour les Prêtres employés dans le mi-
nistère que l'âge ou les infirmités contraignent à la retraite,
enfin le -défaut de secours pour fournir à l'éducation des
jeunes Clercs. Vous vous êtes occupés de l'augmentation
des Portions congrues, &C des moyens d'aslurer des ressour-
ces aux Prêtres que la vieillesse ou les infirmités obligent
d'abandonner leurs fonctions; il vous reste donc à remplir
les vues de cette Assemblée fur rétablissement des petits Sé-
minaires j pour lesquels plusieurs de vos Provinces implorent
votre appui, &: qu'elles vous présentent, avec raison, com-
me un des moyens les plus capables de rendre à leurs Eglises
leur première splendeur.
La France applaudit aux vues bienfaisantes du feu Roi,
qui établit une Ecole pour la jeune Noblesse destinée à
,
servir un jour dans ses armées j niais si la milice séculière
a ses Elevés, pourquoi le Sanctuaire n'aUroit-il pas les siens?
S'il est une de ces professions qui ait fur-tout besoin de for-
mer de bonne heure les personnes qui doivent un jour
l'embrasser, c'est fans doute celle qui impose des devoirs
plus difficiles, ôc dont le ministère, toujours agissant, est
lans cesse obligé de se reproduire pour le bonheur &L le salut
des hommes. LQS Maîtres., préposés à l'instruction de la jeu-
nesse, se plaignent, depuis lòng-temps, que les différentes
Maisons d'éducation n'opposent pas toujours des barrières
suffisantes au développement anticipé des passions j combien
DU CLERGÉ DE FRANCE} j SEPTEMBRE 1786. 1101
ne seroit-il donc pas à désirer que ceux qui doivent un jour
exercer le plus saint des Ministères, pussent éviter de bonne
heure Tinfluence du siécle, Ô£ que, rassemblés dans des
asyles, amis de l'innocence, ils fusient préservés des atta-
ques aujourd'hui si précoces de l'irréligion &L du vice? Des
enfants nés avec les plus heureuses dispositions avec des
qualités précieuses pour l'état Ecclésiastique, mais ,
trop peu
favorisés des biens de la fortune pour pouvoir être élevés
ô£ nourris dans les Collèges, viennent des campagnes dans
nos Villes pour y participer à l'instruction publique. Là,
fans guide, fans discipline, de combien d'écueils ne sont-
ils pas environnés dans les maisons où ils font obligés de
chercher un asyle ? Exposés aux plus fâcheux exemples chez
des particuliers, avec lesquels ils n'ont d'autres rapports que
ceux de l'intérêt, ceux-ci peuvent être les auteurs, quel-
quefois même les complices de leurs désordres. Pourroit-
on voir fans alarmes, une jeuneste aussi intéressante expo-
fée à tous les périls d'une exceflìve liberté, à cet âge dan-
gereux où une raison incertaine est si facilement séduite ?
Ainsi périlsent des jours précieux, destinés, dans tous les
temps, à une sage instruction ; les suites funestes de cet aban-
don dans lequel ils vivent, font bientôt difparoître les meil-
leures dispositions ; elles déforment les plus heureux carac-
tères , &£ plusieurs se dégoûtent d'un état dont ils ont déja
méconnu les loix. Un double motif, l'intérêt des moeurs &C
la fureté des vocations ont déja fait voir la nécessité des
petits Séminaires en faveur des jeunes Clercs, fur-tout pour
ceux que la pauvreté semble exclure de l'état Ecclésiasti-
que, ou à qui elle ne permet d'y aspirer que'par des voies
pleines de dangers-, il est facile de prouver que ces mêmes
Etablislements ne seroient pas moins nécessaires, à raison
des différentes études, &C d'une certaine forme d'éducation
qui devroient être toutes particulières aux jeunes gens qui
se destinent au ministère des Autels.
Plusieurs entrent dans nos Séminaires après avoir goûté
les fruits d'une dangereuse liberté j des esprits déja accou-
tumés aux douceurs de l'indépendance, font d'abord effrayés
de l'austéiicé des règles, de la gravité des études : un chan-
ÏIOZ P-ROCES-F-ÊKBAL DE L'AsSEMBLÉE-GÉNÉRALE
gement si subit, un genre de vie si nouveau., produisent en
eux le découragement, quelquefois une forte d'aversion
pour ces Massons d'épreuve. Mais si ces mêmes Elevés
avoient été familiarisés de bonne heure dans de petits Sémi-
naires, avec les éléments des devoirs ÔC des sciences ecclé-
siastiques s'élevant comme par degré, ils n'auroient regar-
,
dé les grands Séminaires que comme des Ecoles supérieu-
res , analogues à celles où ils aucoient vécu dès 3'enfance, ÔC
ils en auroient suivi les règlesôç les études, fans dégoûtôc
íans ennui.
.
Dans plusieurs Diocèses la disette d'ouvriers évangéli-
ques, jointe à la modicité de la fortune d'un çrtand nombre
de ceux qui se préparent à'recevoir les Ordres, vous obli-
gent à restreindre le temps du Séminaire à l'espace de deux;
ou trois ans, quelquefois-nsême à un terme plus court. Ainsi
le premier des arts, celui de gouverner les âmes, est sou-
vent précédé d'un apprentissage moins long que celui que
les professions, ordinaires de la société prescrivent, à leurs
élevés. Obligés, par la nature de leurs souciions, d'éclairer
les peuples confiés à leurs foins-, comment rempliront-ils,
íans y avoir été plus long-temps préparés., un ministère
dont l'importance èc les distìcultés font égales ? Mais si, dans
les temps où ils s'adonnoient à l'étude de l'éloquence pro-
hme des Maîtres habiles dans de petits Séminaires,
, ,
avoient, selon.le voeu du Concile de Trente & celui d'un
cran d nombre de Conciles Provinciaux de France, fait
marcher de pair avec cette étude, celle de l'éloquence sa-
crée si dès-lors on leur avoit fait entrevoir les esters sa-
j
lutaires de cet heureux accord ils pourroient, à leur entrée
,
dans les grands Séminaires, s'y exercer utilement au mi-
nistère de la parole. Conformément au Règlement dresié par
l'Âílemblée de Mclun après leur avoir appris à puiser dans
,
les sources d'une grave &C solide éloquence on les forme-
3
roit fur-tout dans l'art de persuader par la douceur du sen-
timent. Juges sévères de la conduite des peuples, ils sauront
adoucir & faire aimer jusqu'à leur censure j & après avoir
lon2"-tem*os rait d'utiles essais pendant le cours de leur édu-
cation ecclésiastique,- ils regarderont shonneur de mon-.
DU CLERGÉ DE FRANCE ., J SEPTEMBRE 1786. 1105
ter dans nos Chaires, comme le plus digne prix de leurs
travaux.
Enfin vous vous êtes plaints plusieurs fois, 8c notam-
ment dans r Assemblée de 1775 , de ce que 1 âge ou on entre
au Séminaire rend très-difficile , pour les Supérieurs, le
choix des Clercs qui font réellement appelles au ministère
Ecclésiastique, & de ceux qui, avec des vues humaines,
voudroient tenter de franchir les bornes du Sanctuaire 5
mais si les jeunes gens qui se destinent à cet état, dans un
âge encore tendre 6c même au íortir de i'enfance, étoient
réunis dans de petits Séminaires selon le voeu constant de
,
l'Egliíe ÔC conformément à son ancienne pratique, des
,
Juges éclairés, à l'aide de cette première candeur, image
sincère des sentiments de l'ame découvriroient dans le dé-
,
veloppement de leur raison naistante, les inclinations de ces
jeunes Elevés j ils réserveroient pour le Sanctuaire, ceux en
qui ils appercevroient des signes de vocation \ &í par un sage
&C facile discernement, ils rendroient aux différents états
de la société ceux qu'ils jugeroient devoir être moins utiles
à l'Eglise. Des parents aveugles &£ peu fortunés,.font quel-
quefois des voeux indiscrets, pour que des enfants, fans dé-
positions & fans talents pour 1 état ecclésiastique, puissent
être élevés au Sacerdoce, & on les voit coníumer en efforts
impuissants des années dont ils pourroient faire un uíage
avantageux, en les consacrant aux travaux d'une autre pro-
fession. De sages épreuves, dans de petits Séminaires, au-
roient bientôt fait appercevoir le peu d'aptitude de ces
Elevés pour l'état Ecclésiastique ; les parents, avertis de
bonne heure, n'auroient point à regretter des íoins &c des
dépenses inutiles, ô£ ils seroient encore à temps de cher-
cher ailleurs un état plus analogue aux talents 'èc au carac-
tère de leurs enfants.
Ainsi i'avantage temporel des familles,l'intérêt des moeurs,
la fureté des vocations des jeunes Clercs, la perfection de
l'éducation ecclésiastique le réunissent pour prouver Futi-
lité des petits Séminaires.
D'aussi puissants motifs les ont rendus dans tous les
,
temps , l'objet des voeux communs de la Puistance ecclé-
11 o4 PROCES-T'ERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
siastique cC de la Puissance séculière. Nous pourrions ici re-
mettre fous vos yeux une longue fuite de Conciles, Edits
&C Ordonnances de nos Rois.
Ces monuments respectables formeroient une chaîne, qui
prend son origine dans les premiers temps de notre Monar-
chie ô£ descend jusqu'à nous.
,
Dans ce nombre prefqu'infini de Conciles dont l'Eglise
de France s'honore, il en est peu qui n'ait cru devoir trai-
ter la cause intéressante qui vous occupe, ôc qui n'ait re-
commandé rétablissement de Maisons d'éducation, parti-
culières aux jeunes Clercs, comme un des premiers moyens
pour raire fleurir la discipline ecclésiastique. Nous citerons
feulement le premier Canon du second Concile de Razas,
tenu en J293 le douzième Canon du second Concile de
Tours, tenu en 813 5 le trentième Canon du sixième Con-
cile de Paris tenu en 819 j les Conciles de Rouen, de
,
Rheims, òc Bordeaux de Bourges, d'Aix, de Tours & de
,
Toulouse Ces autorités, auxquelles on pourroit encore en
ajouter un grand nombre d'autres, indiquent aílez combien
a été periévérant, dans les divers âges de l'Eglise Gallicane,
le voeu de íes Pontifes en faveur des petits Séminaires.
Les Pères du Concile de Trente consacrèrent au même
objet une grande partie de la vingt-troisieme Session : Càm
adolesccntium oetas, dit le chapitre 28 de la Réforme, nijz
a teneris annis ad pietatem SC religicnejn informetur\> prona
Jit ad mundi voluptates jequendas Sancía Synodus Jìa-
....
tuit utjinguU Cathédrales Eccleji&j certum puerorum numerum
in CoLlegio, religiose educarej <5C ecclefiajhcis difciplinis insti-
tuere teneantur. In hoc verb Collegw recipiantur qui duodeani
annos nati fuit, ÓC quorum indolesóC voluntas Jpem ajferant
ecclejiajhcis immjlems perpetuò infervituros.
La manière étendue avec laquelle ce Concile traite tout
ce qui concerne les petits Séminaires, les détails dans les-
quels il entre fur les études, fur les différents exercices qu'on
doit y pratiquer, lur les moyens d'aflurer à ces Etablisse-
ments une dotation convenable, prouvent aílez combien
cette sainte Assemblée étoit persuadée de leur importance,
& le désir qu'elle avoir de les multiplier. Le Clergé de
France,
DU CLERGÉ DE FRANCE J 5 SEPTEMBRE 1786. 11 oj
France convoqué à Melun en 1579 , dans un Règlement
général,, concernant la discipline ecclésiastique, dressé par
ordre de cette Astemblée, invite les Evêques à remplir au
plutôt les vues du Concile de Trente sor l'établissement des
petits Séminaires : Cujus Concilu oecumenici prascriptanzfor-
mam sequendam ejjè, SC necejjltas ipsa temporum ôG Cleri-
corum penuria exigu j in Collegium ne admittantur} nifi qui
annum agant, ad minimum, duodeâmum.
L'Assemblée-Générale du Clergé, tenue en 16zj, expri-
me d'une manière non moins énergique [on voeu en faveur
des petits Séminaires 3 « §c pour marque d'une plus ferme
>>
autorisation, dit le Procès-verbal de cette Astemblée, Nof-
» seigneurs ont promis leur donner tout secours,
faveur e£
53 protection j ë£ parce
qu'ils prévoient que cette oeuvre
s>
réussira à l'honneur de l'Eglise Gallicane &C au contente-
33 ment
des autres états de ce Royaume, ils ont ordonné que
33
la connoiflance en sera donnée par toutes les Provinces,
33
à la diligence des Agents-Généraux.53 Avec combien plus
de raison ne croirez-vous pas, Meíleigneurs &C Messieurs,
devoir faire entendre un semblable langage dans ces temps
où, attaquée par un plus grand nombre d'ennemis, la Re-
ligion a besoin de nombreux 8>Cdignes défenseurs, &: quand
plusieurs Diocèses vous font part .de'leurs alarmes íur la
crainte où ils font de se voir privés d'un nombre suffisant de
Ministres ? Si l'Eglise de France a tant de fois manifesté son
voeu pour l'érection des petits Séminaires, nos Rois, pres-
que dans tous les siécles, ont témoigné combien ils les
erpyoient dignes de leur protection j e£ par un heureux con-
cours des Loix de l'Eglise & de l'Etat on voit souvent le
Souverain seconder, exciter même le zèle des Evêques pour
ces sortes d'Etablistements. Ce Prince, aussi pieux que ma-
gnanime, à qui son zèle pour la discipline ecclésiastique fit
donner, par plus d'un Concile, le titre honorable d'Evê-
que extérieur, Charlemagne, dans ses Capitulasses, invite
les Evêques à rassembler fous leurs yeux de jeunes enfants
qui, après avoir été cultivés pour le Sanctuaire , puiíient
un jour y produire des fruits abondants : Ut jacîo in teneris
ammis virtutum semine > plantati in domo Domim jîoreant
Proces-verh. ^1785-1786. N n n nn n
i Í 06 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE 1
ferantquefrucíus. Les successeurs de ce Prince, Louis le Dé-
bonnaire St. Louis, ( & dans des temps moins éloignés du
,
nôtre) Henri III, Louis Xìlí , ont, plus d'une fois, té-
moigné les mêmes sentiments 3 tous ont également recon-
nu futilité, &L recommandé rétablissement des Maisons
d'éducation en faveur des jeunes Clercs. L'Ordonnance
de Bíois, article 24 s'exprime ainsi : « Et d'autant que
,
33
rinstitution des Séminaires &£ Ecoles qui ont été établis

33 en aucuns
Evêchés de celui notre Royaume pour
,
33
l'instruction de la jeunefle,tant aux bonnes &L sainte* Let-
53 tres,
qu'au Service divin, apporte beaucoup de bien à l'E-
35
sjise, nous admonestons ÒL néanmoins enjoignons aux
j?
Archevêques & Evêques d'en drefler ô£ instituer .en leurs
33
Diocèses, &C de pourvoir à la dotation d'iceux par union
33
de Bénéfices, assignation de pensions ou autrement, ainsi
33
qu'ils verront être à faire j enjoignons à tous nos Offi-
33 ciers, tant
de nos Cours souveraines qu'autres, de tenir
35
la main à ce qui aura été ordonné pour l'institution, do-
33 tation £c
règlement desdits Séminaires & Ecoles. 33 C'est
auíïi, en substance, la disposition de l'Edit de Melun, arti-
cle premier, & celle de l'Ordonnance de 1629, article z.
Telle étoit, dans ces temps, la faveur des petits Séminaires,
qu'une Déclaration donnée en 163-9 les ayant compris dans
['injonction faite aux Evêques, de ne procéder à rétablis-
sement d'aucune Communauté, sans y avoir été préalable-
ment autorisé par des Lettres - Patentes , le Parlement de
Paris, dans son Arrêt d'enregistrement, crut devoir mettre
une clause , portant exception en leur faveur, « sans préju-
33
dice des Séminaires, dit cet Arrêt, qui íeront établis
33 pour
l'instruction de la jeunesse. 33 Sept ans après, une
Déclaration donnée dans le mois de Décembre de fan
1666, excepta les Maisons d'éducation , en faveur des
Clercs, du nombre des Etablissements que cette même Loi
défendoit aux Evêques d'entreprendre, fans y avoir été au-
torisés par des Lettres-Patentes. « N'entendons comprendre
33
dans la présente Déclaration, dit le Souverain, les éta-
33
bliíìements de Séminaires, lesquels nous admonestons &
33
néanmoins enjoignons aux Archevêques 6c Evêques
DU CLERGÉ DE FRANCE, s SEPTEMBRE 1786. 1107
35 d'instituer en
leurs Diocèses» 33 Louis XIV, dans des
Lettres-Patentes données.au mois de Janvier de lan 165-0,
registrées au Parlement de Paris le 19 Mars, attribuoit les
malheurs des temps Ôc les ravages de Thérésie, à l'inobser-
ance des Décrets des Conciles, & des Ordonnances des
Rois ses devanciers, íur l'établistement "d'Ecoles Chrétien-
nes pour l'instruction des jeunes Clercs : « Nous désirons,
33
dit ce Prince, à l'exemple des Rois nos prédécesseurs,
33 exciter les
Evêques à de si louables ô£ si saintes entre-
33
prises. 3> Ce voeu, si souvent énoncé dans diverses Lettres-
Patentes particulières, Louis XÍV crut devoir l'exprimer
avec plus de folemnité, &í lui donner une efficacité plus
générale par fa Déclaration du 15 Décembre 1 698, regif-
trée -au Parlement dans le même mois. « Rien n'étant plus
93 important, pour
le bien de la Religion dit le Souverain,
,
33 que
d'avoir des Ecclésiastiques capables, par leurs moeurs
33 ôc
doctrine, de remplir les saintes fonctions auxquelles
3;
ils font destinés Nous exhortons & néanmoins en-
rj joignons aux Archevêques & Evêques d'établir dans les
33
Diocèses, où il y a déja des Séminaires pour les Clercs
33
plus âgés, clés Maisons particulières pour l'éducation des
33 jeunes
Clercs pauvres, depuis l'âge de douze ans qui pa-
,
33
roîtront avoir de bonnes dispositions pour l'état ecclésiaf-
33 tique, òv
de pourvoir à la subsistance des uns &L des autres
33 par union
de Bénéfices, Sc par toutes les autres voies
33 canoniques &
légitimes. 33
II est ailé de voir que ces Ecoles Chrétiennes pour les jeunes
enfants destinés au ministère des Autels, dont rétablissement
estordonné,d'âge en âge, par un si grand nombre de Conciles,
de Capitulaires, Edits &C Ordonnances de nos Rois, font en
tout conformes aux petits Séminaires qui existent dans quel-
ques-uns de vos Diocèses. Si donc toutes les autorités pres-
crivent d'en établir 5 si toutes sortes de motifs prouvent leur
utilité, pourquoi sont-ils si rares, &C fur-tout si difficiles à
érieer ces Etablislements précieux, l'espérance du Sanctuai-
re, les gages assurés de Ministres sideles, c'est-à-dire, du
bonheur 5û du salut des peuples? í^eut-être des préjugés fu-
nestes les combattent5 Ôc c'est pour les dissiper, que nous
N nnnnn z
11 oS PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

venons vous proposer de renouveller la Délibération de


l'Assemblée de 1775, concernant les petits Séminaires.
Cette Assemblée considérant que pour former à la foisv
de bons Prêtres ôc en nombre suffisant, il faudroit que les
enfants, dès l'âge le plus tendre, fussent élevés pour l'état
ecclésiastique j qu'il seroit à souhaiter que ces enfants pussent
être reçus, dans de petits Séminaires tantôt gratuitement,
,
tantôt avec une diminution plus ou moins considérable du
prix ordinaire de la pension, selon la fortune des parents 5 que
de-là ils entrafient dans les Séminaires consacrés aux études .
supérieures, &C qu'ils pustent acquérir ainsi par une éduca-
tion non interrompue, depuis l'enfance, jusqu'à la prêtrise,
les vertus &C la science de leur état, délibéra d'inviter Mes-
seigneurs les Archevêques ôè" Evêques à procéder à rétablis-
sement des petits Séminaires, avec un certain nombre de
bourses ou pensions gratuites : 6c dansla crainte que les
Diocèses..qui, vu leur peu d'étendue, ou le défaut de Bé-
néfices íuíceptibles d'union, ne comporteroient pas rétablis-
sement d'un petit Séminaire, ne fussent'privés d'un secours
aussi intérestantj cette même Astemblée invitoit ces Dio-
cèses à envoyer leurs Sujets dans un de ces Etablissements
peu éloignés, afin que ce qu'il en auroit couté pour les bâ-
timents 5£ les maîtres fut plus utilement employé à acquit-
,
ter, dans les petits Séminaires des Diocèses voisins, lespen^
fions de ceux qui y auroient été envoyés. Ce plan fut pro-
pose à l'AOemblée par Monseigneur l'Archevêque de Tou-
ioule, qui. fut député vers M. le Garde des Sceaux .8c. le
Ministre du Roi, pour leur faire part de la délibération .
que
nous venons de rapporter. . ; ;
Monseigneur l'ArchevêquedeTouloufe,en rendant comp- .

te de la mission dont il avoit été chargé, dit : Que rétablis-


sement des petits Séminaires avoit été jugé devoir être in-
finiment utile, ô£ qu'on avoit témoigné les dispositions les
plus favorables pour accueillir les demandes qui pourroient
être faites par les Evêques en conséquence de cette Déli-
bération. Messieurs les Agents furent chargés de mettre fous
les yeux du Conseil les Mémoires qui leur seroient adreílés ;
Òí il leur fut enjoint d'employer toute l'activité-de leur zèle,
DU CLERGÉ DE FRANCE, J SEPTEMBRE 1786. 1109
pour procurer à ces Etablissements les autorisations nécef-
íaires.
Quelques Diocèses ont rempli les voeux de l'Astemblée
de 1775 àC recueilli les fruits de ses démarches 3 d'autres
,
ont eu douleur de voirie zese des Evêques arrêté par des
la
obstacles qu'il n'a pas été en leur pouvoir de surmonter, de
les jeunes Clercs y font encore privés de ces asyles pré-
cieux, qui, utiles dans tous les temps, deviennent aujour-
d'hui de plus en plus, nécestaires. Plusieurs de vos Collègues
attendent votre appui, pour achever ce qu'ils ont commen-
cé fous vos auspices. Vos essorts réunis seront suivis d'un
succès plus heureux, èc ils empêcheront qu'un des projets
les plus propres à rétablir l'ancien éclat de l'Eglise de France-,
consigné dans vos annales, ne íerve qu'à exciter d'inutiles
regrets de la part de vos fuccesieurs.
JLes intentions religieuses du Roi, le témoignage rendu
par ses Ministres à l'utilité des petits Séminaires, tout vous
invite à croire que Sa Majesté, suivant i'exemple des Rois
ses prédécesseurs, daignera donner à ces Etablissements un
témoignage de ía protection ,ê£ concilier par-là plus de fa-
veur dans les Tribunaux, aux demandes des Evêques, qui
se proposent d'établir de petits Séminaires. Si le Roi, dans
des vues de bonté èc de justice applaudit à vos travaux
,
pour, l'amélioration du íort des Curés de son Royaume, c'est
parce qu'il lent combien leur ministère est important pour
le bonheur de ses Sujets. Plus cette vérité est gravée dans
le coeur de Sa Majesté, moins fa sagesse nous permet de
douter de la protection, pour des Etablisiements qui apu-
reront aux peuples nombreux qui lui íont soumis, des Pas-
teurs sages ÔC éclairés.
Mais ce ne font pas seulement les petits Séminaires qui ont
besoin de toute votre protection : le fait particulier dont nous
allons avoir l'honneur de yous rendre compte, prouve' que
les plus justes•demandes des Evêques en faveur des grands
Séminaires, ont à craindre de n'être, pas plus favorable-
ment accueillies par les Tribunaux. Lc Séminaire de la
Rochelle, uniquement destiné aux étudiants en Théologie
qui se préparent à recevoir les Ordres, fut établi en vertu
\ tìò 'pROChs-yERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de Lettres-Patentes duement enregistrées dans l'année
,
i 664, époque de ia translation du Siège de Maillezai à la
Rochelle; & son administration, ainsi que celle du Collège,
sut confiée aux Jésuites. La dotation ayant été commune
aux deux Etabliflements, fans aucune clause qui affectât
particulièrement à chacun d'eux une partie des revenus,
tous les biens, lors cle l'extinctionde la Société des Jésuites,
furent attribués au Collège & le seul Séminaire d'un grand
,
Diocèse s'est trouvé par-là dépouillé de toute eípece de res-
sources. Monseigneur l'Evêque de la Rochelle, pour venir au
secours d"un Etablissement aussi nécessaire, lui a uni, par son
Décret du 17 Mars 178 j après avoir rempli les formalités
,
ordinaires, un Prieuré simple & régulier, à patronage ecclé-
siastique, du revenu de 4000 livres, charges non déduites.
Par nn déni de justice, dont de nouveaux exemples pour-
roient arrêter les* plus sages opérations entrepriscs^dans des
oublique,ìes Lettres-Patentes coníirmatives
vues d'utilité
du Décret d'union présentées à l'enrégistrement, ont été
,
reiett-ées par le Parlement de Paris, fans donner aucun mo-
tif de ce refus, ÔC en dérogeant à 1 usage dans lequel est cette
Cour de nommer, en pareil cas, des Commissaires pour faire
les informations accoutumées.
De nouvelles instances de Monseigneur l'Evêque de la
Rochelle 'ne furent pas suivies d'un succès plus heureux.
Ces mêmesLettres-Patentesont été rejettées, pour la seconde
fois, au mois de Décembre dernier fans énonciation de
,
motifs ÒC fans nomination de Commissaires. Déja", Meí-
feigneurs & Messieurs, vous avez fait espérer vos bons offi-
ces à Monseigneur l'Evêque de la Rochelle,_ bL
nous ne
doutons pas que cette cause ne vous paroisse digne de tout
votre intérêt.
Nous avons Thonneur de vous proposer:
i°. De renouvelles la Délibération de l'Assemblée de
1775, concernant les petits Séminaires, & de charger en
conséquence Messieurs les Agents d'aider de toute l'activité
de leur z'ele, les Evêques qui auroient besoin de leur mi-
nistère pour: écarter les obstacles qu'ils pourroient rencon-
trer dans: rétablifenent des petits Séminaires.
DU CLERGÉ DE FRANCE, J SEPTEMBRE 178e. 1111
z°. De nommer des Députés vers M. le Garde des
Sceaux pour lui faire part des difficultés qu'éprouvent, dans
les Tribunaux, les demandes des Evêques concernant les
,
petits Séminaires, malgré les divers motifs qui doivent ajou-
ter à ces Etablistements un nouveau degré d'intérêt.
3 °. De charger vos mêmes Députés d'instruire ce Chef
de la Magistrature du déni de justice qu'a éprouvé Mon-
seigneur l'Evêque de la Rochelle, 8c de prier ce premier
•Magistrat de prendre les moyens que fa fageste lui inspi-
rera, pour remédier à un abus qui pourroit arrêter les plus
sages opérations entreprises dans des vues d'utilité pu-
,
blique.
Le Rapport fini, l'Assemblée, conformément à l'avis de
la Commission, a délibéré :
i°. De renouveller la Délibération de l'Assemblée de
1775 , concernant les petits Séminaires, ô£ de charger Mes
sieurs les Agents d'aider, de toute l'activité de leur zèle, les
Evêques qui auront besoin de leur ministère pour écarter
les obstacles qu'ils pourront rencontrer dans l'établistement
de ces Maisons.
z°. De prier Monseigneurl'Archevêque d'Arles d£ Mon-
sieur l'Abbé de Grimaldy de voir M. le Garde des Sceaux,
ô£ de lui faire part des difficultés qu'éprouvent dans les Tri-
bunaux les demandes des Evêques ace sujet, comme aussi
d'instruire ce Chef de la Magistrature du déni de justice
que vient d'éprouver Monseigneurl'Evêque de la Rochelle,
èc de l'engager à prendre les moyens que fa sagesse lui inspi-
rera, pour remédier à un abus qui pourroit arrêter les plus
sages opérations, entreprises dans des vues d'utilité publique.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne a dit, qu'il avoit
reçu une Lettre de M. le Garde des Sceaux avec la Ré-
ponse du Roi, sur i'objet de la Délibération du Z4 Août
dernier, tendante à fin de supplier Sa Majesté de prendre
en considération la détresse des Diocèses où le patronage
ecclésiastique n'offre pas de ressources suffisantes, e£ d'y
pourvoir par les moyens que lui suggérera sa sagesle , òC
spécialement par des Bénéfices dépendants du patronage de
Sa Majesté.
iÎiz PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Lecture faite de cette R.éponse par Monsieur l'Abbé Dillon,
l'un des Secrétaires de l'Assemblée, il a été arrêté qu'elle
seroit remise au Bureau des Portions congrues pour, fur le
compte qui seroit rendu par Messeigneurs ÒC Messieurs les
Commissaires, être pris telle délibération qui seroit jugée
convenable.
Messeigneurs de Messieurs les Commissaires, pour le Dé-
partement &£ les Portions congrues , ont pris le Bureau.
Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux, Chef de la Corn-
mission, a dit : Que Monseigneur l'Evêque deNevers, nom-
mé pour faire le rapport du Procès entre le Syndic du Dio-
cèse d'Oiéron & le Clergé de la Navarre Bayonnoise, étoit
en état d'en rendre compte à l'Astemblée.
Sur quoi Monseigneur l'Evêque deNevers a dit:
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Le Ciergé de Basse-Navarre, dépendant du Diocèse de
Bayonne, quant au spirituel, ô£ ci-devant adjoint, pour ie
temporel, au Dioceíe d'Oiéron, a demandé en 1773 au
3
Bureau des Décimes de ce Diocèse, la restitution entière
ou partielle d'une somme de 3 86 livres, qu'il prétend avoir
annuellement payée au-delà de ses impositions depuis Tannée
1755. Cette demande n'a pas été accueillie devant le pre-.
mier Tribunal 3 elle a eu un plein succès à la Chambre sou-
veraine de Bordeaux. ...'.....
Le Syndic du Diocèse d'Oiéron s'est pourvu au Conseil,
6C a demandé que, fans s'arrêter au Jugement de la Cham-
bre souveraine qui seroit cassé 5C annuité-, les contestations
,
fussent évoquées, ô£ les Parties renvoyées devant vous, at-
tendu qu'il s'agit de i'exécution de deux délibérations prises
par les Assemblées du Clergé de 1 670 ô£ 1 67 j. Un Arrêt
du Conseil, du z Février 178 1 a ordonné la communi-
cation de la Requête du Syndic, Diocésain d'Oiéron au
Syndic du Clergé de la Navarre Bayonnoise, toutes choses
demeurant en état & après qije les Parties ont eu fourni
y
divers moyens de défenses;, le;Ros, par .un autre Arrêt;du
Ï 1 Août 1785 , les a renvoyées pardevant vous pour.leur
être
DU CLERGÉ DE FRANCE, 5 SEPTEMBRE 1786. 1113
être fait droit définitivement &í en dernier ressort, par un,
ou plusieurs Jugements interlocutoires ou définitifs, tant
íur la demande en caílation du Jugement de la Chambre
souveraine de Bordeaux, du 27 Juin 1780, que sur les
autres, fins & conclusions : ii leur a été, en même-temps,
fait défenses de procéder ailleurs que devant vous, fous
peine de nullité, cassation de procédures bc de tous dépens,
dommages ôc~ intérêts. Sa Majesté vous a attribué, à cet
effet toute Cour ô£ Jurifdiction. Cet Arrêt a été signifié
j
au Syndic du Clergé de la Navarre Bayonnoise à la dili-
,
gence du Syndic Diocésain d'Oiéron.
La somme de 3 8 6 livres, qui fait l'objet de la contestation,
a été imposée, dans le principe , par deux Délibérations
des Astemblées-Générales du Clergé de 1670 bc 167J,
qui réglèrent à 1601 livres 10 fols, puis à 11 00 livres le
contingent que dévoient payer les Bénéficiers de Baste-
Navarre & da pays de Soûle. La Délibération de l'Assem-
blée de 1 675 avoit même réglé ce que dévoient supporter
íéparément les deux Pays dans cette contribution. Posté-
rieurement les Bénéficiers de la partie de Baste-Navarre,
dépendante du Diocèse de Bayonne, quant au spirituel, se
sont séparés de ceux qui ressortissentde la Jurifdiction spiri-
tuelle des Evêques d'Acqs. Le résultat de ces diverses sé-
parations a été que le Clergé de la Navarre Bayonnoise
íupporte la somme de 386 livres dans l'imposition totale
de 1100 livres, affectée aux Bénéficiers des trois Pays.
Vous jugez que, fi la demande actuelle du Clergé de la
Navarre Bayonnoise est fondée les Clergés de la Navarre
,
Acquoise &C du Pays de Soûle auront droit d'en former de
semblables bc ne tarderont pas à user de leur droit.
,
Nous croyons devoir vous rappeller sommairement les FAIT.
faits relatifs à la contestation qui est renvoyée pardevant
vous. Les Bénéficiers de la Basse - Navarre, quoique de
différents Diocèses, ont été réunis, pour le temporel, à
celui d'Oiéron, parce que les uns bc les autres n'ayant
passé fous la domination Françoise, que lors de l'avénement
de Henri IV au Trône, ils ont ensuite été tous incorporés
dans le même temps, au Clergé de France.
Procès-verb. Í/<? Ï 7 8 j-178 6. Oooooo
i Í i 4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Le Clergé de Béarn avoit été dépouillé de ses biens
par
reflet des opinions nouvelles, bc de la faveur que la Reine
Jeanne de Navarre accordoitaux Novateurs. Après la réu-
nion de ce Pays à la France , vous futes invités à solliciter
le libre exercice de la Religion bc la restitution des biens
,
ecclésiastiques. Vous l'obtintes par vos instances bc par des
sacrifices même que vous sites à cet important objet. Le

. ...
Clergé de Béarn, en reconnoissance de vos bons offices,
demanda de se réunir a votre administration, ê£, pour en
obtenir les avantages , il offrit d'en partager les charges.
hes Clergés de Basse-Navarre bc du Pays de Soûle trop
foibles pour former un Corps séparé, furent regardés, com-
me réunis en même-temps, &: par le fait de la-même asso-
ciation 3 mais loríqu'on voulut les imposer aux décimes, ï\s
mirent tout en oeuvre pour défendre leur ancienne indé-
pendance, bc représentèrent que n'ayant jamais été dépouil-
lés de leurs biens, ils n'avoient pas eu le même motif que
les Bénéficiers de Béarn, pour contracter l'ailujettiílement
aux décimes. Ces représentations ne furent pas écoutées fa-
vorablement.'
Louis Xìíí ayant créé, en 1 6z 1 divers Offices de Re-
,
ceveurs, bc Contrôleurs Provinciaux bc Diocéíains des. Dé-
cimes, établit par le même Edit deux Receveurs bc deux
Contrôleurs particuliers en chacun des Diocèses, dépen-
dants du Royaume de Navarre bc de la souveraineté de
Béarn. Des Receveurs bC Contrôleurs Particuliers-Trien-
naux des Décimes, furent pareillement créés, en 1 62.8 , dans
tous les Diocèses, bc notamment dans celui d'Oiéron. Ces
créations d'Oífices étoient autrefois une des manières usi-
tées à regard du Ciergé, pour fournir les fonds des Dons-
gratuits. C'étoient de véritables emprunts, déguisés fous des
formes alors en usage.
La baie d'imposition pour le Diocèse d'Oiéron, n'étoit
sans doute pas encore aílez déterminée : M. d'Etampes de
Valencai, Commiílaire du Conseil, avoit été chargé de la
régler dès 16'zi. Ce premier travail ayant excité les plus
vives réclamations, le célèbre M. de Marca, alors encore
Président au Parlement de Pau, eut commission de le recti-
DU CLERGÉ DE FRANCEJ S SEPTEMBRE 1786. 1 1 1 5
fier, vers i'an 1 643 -, mais il iaista son opération imparfaite
à d'autres Commissaires, qui ne parvinrent pas à réunir les
suffrages, hes Assemblées-Générales du Clergé de i6jo,
ióyy , 1660, I66J, en íuivant les mêmes vues, avoient
chargé des Prélats bc divers Ecclésiastiques de vérifier les
facultés des Contribuables, de rapprocher les intérêts de
fournir des moyens de conciliation. Enfin l'Assemblée, de
1670 crut pouvoir interposer son autorité, bc fixer le fort
d'une administration agitée par des orages depuis plus de
quarante ans. Vous verrez, par la discussion dans laquelle
nous allons entrer, quel fut l'effet de ses foins.
Le Diocèse d'Oiéron avoit porté des plaintes à l'Assem-
blée de 1670 fur deux objets : il se plaignoit, d'une part,
d'être surchargé dans l'imposition bc de l'autre il réclamoit
,
contre le refus que faifoient la Soûle bc la Basse-Navarre
de partager son fardeau. Le Député de ce Diocèse, est-il
dit dans le rapport des Commistaires chargés de l'examen
des affaires du Béarn, « supplie l'Astemblée de considérer
35
qu'il a toujours payé les Ofiìciers dont les gages montent
5)
à 3 100 livres, bc qu'ainsi la Soûle bc la Basse - Navarre
33 n'ayant
jusqu'ici bC ne voulant rien payer à l'avenir, il ne
33
seroit pas juste que le seul détroit d'Oiéron,en Béarn, fût
33 encore
chargé du paiement de z00o livres, portées par le
33
traité de Monseigneur de Cominges. 11 supplie l'Assemblée
33
de vouloir le séparer deia Soûle bc de la Basse-Navarre,
» bc de faire quelque diminution íur ce qu'il doit payer à
33
l'avenir à la Recette générale. 33
L'Astemblée, délibérant en conséquence arrêta que le
,
Diocèse d'Oiéron paieroit 3 101 livres 10 fols par an, aux
Officiers bc Acquéreurs des augmentations de gages." Vou-
33
lant en même-temps traiter favorablement ledit Diocèse ,
33 bc mettre
fin à toutes les prétentions bc prétextes qu'il
33 avoit
jusqu'alors fait valoir, pour ne pas payer ses dcci-
33 mes,
elle résolut de se contenter de la íomme de 1 600 li-
33 vres par an, qui
se porteroient à la Recette générale, bc se
33
prendroient par préférence fur les plus clairs deniers qui
33
feroient levés même fur ce qui se leveroit dans Oléron-
,
33

Béarn commencer au premier Janvier 1671 ; 8c que le
Oooooo z
s -il 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

53
surplus decequiserecevroit, tant sur01éron-Béam,que
'*3 Soûle bc Basse-Navarre, ferviroit pour le paiement des
;» 3 Ï o i
livres i o fols destinés pour les gagés des Ofliciers ;
,
» savoir, i j GO livres fur Oléron, en Béarn, bc 16o i livres
53 i o fols fur
Soûle ££ Basse-Navarre, le surplus de l'imposi-
53 tion
étant remis audit Diocèse pour tenir lieu des non va-
» leurs qui pourroient arriver-, cn quelque manière que ce
ÍÌ puisse être, »
Cette Délibération du Clergé de France ne produisit pas
ia tranquillité qu'il étoit naturel d'en attendre. La Basse-
Navarre porta ses réclamations aux pieds du Trône. Divers
Arrêts du Conseil les déclarèrent mal-fondées 5 bc l'Assem-
blée-Générale du Clergé de 1675- se vit forcée par les
, ,
circonstances, de prendre des mesures nouvelles.
Le Diocèse d'Oiéron demandoit alors aux Bénéficiers
de Basse-Navarre bc Soûle, de payer, i°. leur portion du
Don-gratuit accordé en 1665 5 z°. leur contingent de
23500 livres, payées à la Recette générale bc aux Officiers
Diocésains, depuis 1665 jusqu'en 1670} 30. leur part bc
portion de plusieurs autres sommes payées précédemment
pour les mêmes objets 5 40. leur contingent des frais faits
pour la levée de tous ces deniers.
Les Clergés de Basse-Navarre bc Soûle prétendoient ne
rien devoir pour tout ce qui avoit été payé avant 1665 :
ils foutenoientque depuis 1665 leur contingent de voit être
arbitré dans des proportions plus douces que celles adoptées
par le Diocèse 5 ils articuloient que les frais réclamés avoient
été faits mal-à-propos, ou supportés respectivement par
toutes les parties j ils fupplioient enfin l'Assemblée de mo-
dérer l'imposition de 1600 livres à laquelle ils avoient été
raxés, pour leurs décimes ordinaires en 1670.
j
L'Assemblée, faiíant droit fur ce dernier chef, « réduisit
w
la portion des décimes ordinaires bc gages d'Officiers,
33
due par les Bénéficiers de Navarre bc de Soûle à 1 100
» livres, qu'ils paieroient continuellement entre les mains du
33
Receveur du Diocèse d'Oiéron 3 savoir, la Basse-Navarre,
33 la somme de 579 livres..... bc la Soûle, la somme de
» j z 1 livres, »
DU CLERGÉ DE FRANCE , $ SEPTEMBRE ij %6, 1117
II étoic indispensable qu'en accordant cette réduction,
l'Assemblée fît un rejet íur le Ciergé d'Oléron-Béarn, ou
consentît une diminution sur le contingent du Diocèse à la
Caisie générale, bc l'on ne peut pas douter qu'elle ait pris
ce dernier parti, en lisant dans fa Délibération, qu'au moyen
de cet arrangement, « le Receveur des Décimes du Dio-
33 ceíe
d'Oiéron ne paiera plus à la Recette générale que
33
la somme de 1100 livres, à commencer du premier Jan-
33
vier 1676.33
En comparant cette Délibération avec celíe de 1670
apperçoit, somme de livres, ,
réduite
on i 9. que la 1600
ainsi à 1100 livres, est réellement la même que celle de
1601 livres 10 fols, réglée par la Délibération antérieure
pour la part de Soûle bc Basse-Navarre dans le paiement
des 3 1 01 livres 1 o fols, destinés aux gages des Officiers,
avec la seule différence que la fraction d'une livre 1 o sols
a été négligée dans celle de 1 6j$ j z?,, que les 1100 livres
qui y font dites devoir être payées à la Recette générale,
íont une autre somme réellement distincte de celle-là, bC
correspondante à la iomme de 1600 livres, assignée pour
les Décimes dans la Délibération de 1670.
Le Syndic du Clergé de la Navarre Bayonnoise a inci-
dente sur la similitude de quotité entre les deux sommes
qui font énoncées dans la Délibération de l'Assemblée de
167J- pour établir que la somme de 1100 livres, payée
,
par Soûle bc la Baste-Navarre, est identiquement la mê-
la
me que celle qui devoit être payée par le Receveur des Dé-
cimes du Diocèse d'Oiéron à la Recette générale j d'où il
a d'abord conclu que les Bénéficiers de Navarre bc de Soûle
payoient tout le contingent du Diocèse à la Caisse générale
pour les anciennes impositions 5 bc que ces impositions étant
diminuées, ou ayant même cessé d'avoir lieu, la Navarre
Bayonnoise n'étoit plus dans le cas de payer fur les 1 100
livres fa part de 3 §6 livres. Mais ces anciennes impositions
ayant eu pour objet d'éteindre les rentes créées, depuis 1686,
jusqu'en 170J on ne pouvoir pas dire que les Assemblées
,
de 1670 bc 167J eussent assujetti le Clergé de la Navarre
Bayonnoise à une contribution pour l'extinótion de rentes
inS PROCES-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
qui n'existoient pas encore à ces époques. Aussi ce système
a-t-il été bientôt abandonné. Le Syndic du Clergé de la
Navarre Bayonnoise a soutenu, dans la fuite, que la con-
tribution de iioo livres étoit destinée à payer la part du
Diocèse dans ^imposition faite pour le remboursement des
Officiers Provinciaux 3 que cette contribution avoit été ré-
duite en 1755, poul' Ie Diocèse d'Oiéron, à z6y livres 6
fols 5 deniers •, qu'elle avoit été totalement supprimée en
1765-3 que conséquemment il ne devoit payer, depuis 17 j j,
que fa portion contributoire de z6y livres 6 fols j deniers,
bc ne plus rien payer du tout depuis 1765. Nous fixerons
bientôt votre opinion fur ce nouveau plan de défense.
Le Syndic du Clergé d'Oiéron, dans ses premiers Mé-
moires, a présenté l'imposition de 11 00 livres, jettée, en
1 670 bc 1 675 ,
fur les Clergés de Basse-Navarre bc du Pays
de Soûle, comme une attribution particulière accordée au
Clergé d'Oiéron, bc comme une forte d'abonnement pour
les anciennes décimes, dues par les Bénéficiers de Navarre
bc Soûle : ces anciennes décimes n'ayant pas cessé d'avoir
lieu, du moins en partie, il a été naturel d'en conclure que
l'abonnement fubsiífoit encore. Le Clero;é d'Oiéron a aban-
donné cette première marche de même que son adversaire
,
avoit changé la sienne. Mieux conseillé il a cru devoir sou-
,
tenir que les 11 o o livres supportées par les Bénéficiersde Na-
varre bc Soûle, étoient la portion qu'ils dévoient payer pour
les gages bc augmentationsde gages des Officiers Diocésains
des Décimes 3 que leurs Offices ont été rachetés par le seul
Clergé d'Oiéron qui a, par ce moyen, acquis une créance
fur les Clergés de, Basse-Navarre bc du Pays de Soûle j que
ces Clergés n'ayant pas payé leur contingent de la finance
employée au rachat des Offices, dévoient continuer de payer
leur part des gages bc augmentations de gages, comme fi
les Offices fubsistoient encore, pour servir au paiement de
la rente d'une portion de la finance fournie en totalité
par le Clergé d'Oiéron. Nous tâcherons de vous mettre à
portée de juger fi cette prétention est bien fondée.
II réíulte de cet exposé, que la question soumise à votre
jugement, Messeigneurs bc Messieurs, se réduit à détermi-
DU CLERGÉ DE FRANCE 3 $ SEPTEMBRE 17S6.' 111^
net si le Jugement de la Chambre Souveraine de Bordeaux,
est rendu en contravention aux Délibérations de 1670 bc
1675 ainsi qu'aux Edits de 162.1 bc 16183 c'est ce que
,
nous allons examiner.
Le Syndic du Clergé de la Navarre Bayonnoise prétend
que 1'imposition dont il s'agit, a eu pour destination , dans
l'esprit des Assemblées de 1 670 bc 1 6j j, le remboursement
de la nuance des Offices Provinciaux des Décimes.
Tous vos monuments s'élèvent contre cette prétention.
Le Clergé-Général fit arrêter, en i6zi bc dans les années
íuivantes, des départements pour les ga£es bc augmenta-
tions de naçes des Officiers Provinciaux bc Diocésains des
Décimes. Ces départements embraíìerent tous les Diocèses
anciennement unis à ion administration 3 mais ils ne s'éten-
dirent pas fur le Diocèse d'Oiéron, quoique resiortissant
de la Chambre Supérieure bc de la Recette Provinciale de
Bordeaux. Les intérêts de ce Diocèse étoient même telle-
ment séparés de ceux du Clergé-Général, qu'en 1618 il
fut soumis pour son Receveur bc ion Contrôleur Triennaux
à une taxe particulière, indépendante des 140000 livres
qui furent réparties fur tous les Diocèses du Royaume.
Cette forme a été long-temps suivie, parce que fadminis-
tration particulière aux Pays de Béarn, Soûle bc Basse-Na-
varre n'avoit rien d'analogue à celle des autres Provinces
du Clerp-é de France.
Lorsque les Aílemblées-Généralcs ont voulu s'en écarter,
le Dioceíe d'Oiéron a réclamé, comme un droit acquis,
celui de ne pas concourir au paiement des srap-es bc aupmen-
rations de çaces des Officiers Provinciaux. L'Assemblée de
1 690 l'avoit compris dans la répartition des 1 38880 livres
17 fols 3 deniers d'augmentations de eag-es , attribuées,
tant aux Officiers Provinciaux , qu'aux Officiers Diocé-
íains. Monseigneur l'Evêque deTarbes, député de la Pro-
vince d'Auch, s'en plaignit, au nom du Diocèse d'Oiéron
,
bc il fut délibéré, le 1 z Juillet, que ce Diocèse ne fuppor-
teroit que 3 z livres z fols 3 deniers pour la portion d'au-
gmentations de çao-cs, donnée à ses Officiers Diocésains.
Le même événement eut lieu en 1 69 s 3 Oìéron fut compris
11 zo PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
pour 415 livris 1 o fols dans Fimposition de 135/00 livres,
destinée à pareil objet. Monseigneur l'Evêque d'Oiéron, pré-
sent obtint que le Diocèse ne fût impose qu'à 31 livres 5
,
fols pour la part d'augmentation de gages de ses propres
Officiers.
Le motif qui a fait exempter, dans ce temps-là le Dio-
,
cèse d'Oiéron, comme celui de Lesear, de contribuer aux
taxations des Officiers Provinciaux, est que les Bénéficiers
du Béarn étoient très-pauvres, bc n avoient pu recouvrer
qu'une partie de leurs biens, envahis par ses Protestants du-
rant les guerres civiles. On voit, en esset, par les Procès-
verbaux des Assemblées du Clergé, qu'on avoit beaucoup
de peine à percevoir les décimes de ces Bénéficiers, bc qu'il
leur a été fait différentes remises fur ce qu'ils dévoient à la
Recette générale.
Tel fut l'état des choses, tant que les Astemblées se por-
tèrent à donner aux Officiers Provinciaux , des çao-es bc
augmentations de gages. Comment donc celles de 1 670 bc
i 6y$ auroient-elles imposé la somme de 1100 livres fur la
Navarre & la Soûle, adjointes au Diocèse d'Oiéron, pour
le remboursement de la finance de ces Officiers ?
La révolution survenue en 1719 bc lyzo dans l'admi—
,
nistration du Clergé de France, amena un nouvel ordre de
choses : les Officiers Provinciaux des Décimes furent rem-
boursés par une opération générale, bc reçurent, en paie-
ment, des contrats à un très-bas intérêt. L'Astemblée de
172.s crut devoir arrêter un département de 101500 livres
pour le remboursement des anciennes dettes du Clergé, bc>
de préférence, pour celui de ces Officiers. II fut dit, par la
Délibération, que les Diocèses séparés de la Caiste géné-
rale pour ces objets retiendroient, pardevers eux, leur
,
contingent de cette imposition. Un certain nombre de Dio-
cèses étoient dans ce cas. Sur les 102500 livres il ne fut
réellement versé, par chaque année, à la Caisse générale,
que 663-87 livres 6 fols 6 deniers. Le Diocèse d'Oiéron y
verse pour fa part, z6y livres 6 fols j- deniers par an. Le
Clergé-Général crue, dans la fuite devoir appliquer la
,
meilleure partie de cette imposition à l'extincfion d'autres
dettes
DU CLERGÉ DE FRANCE* S SEPTEM'BRE 1786. nu
dettes plus onéreuses. II ne fit que des remboursements
très-foiblcs aux Officiers Provinciaux. Cela n'a pas empê-
ché qu'il fût juste envers les Diocèses. Leur contribution
a cessé eh 1765 , parce qu'à cette époque tous les Offices
Provinciaux auroient été remboursés, si l'impoíition eût
suivi sa destination primitive, Un département particu-
lier a été substitué depuis, pour l'extinófion de ces anciennes
dettes i bC les Diocèses, autrefois séparés ou non séparés de
la Caisse générale, ne fournissent rien pour cela.
Le Syndic du Clergé de la Navarre Bayonnoise, peu
instruit de ces détails historiques de notre administration,
ne s'est pas mis en peine de remonter à l'époque originaire
de l'imposition de 102500 livres j il a cru que cette impo-
sition avoit été versée en entier à la Caisse générale 3 qu'en
175 S 5 e^e í~e trouvoit réduite , par l'esset des rembourse-
ments progressifs, à 66587 livres 6 fols 6 deniers j qu'en
1765 les remboursements étant achevés, l'imposition avoit
ccílé d'avoir lieu 3 bc il en a conclu que l'imposition parti-
culière de 1 ico Uvres, destinée au même objet que l'im-
position générale, avoit dû être réduite, bc cesser ensuite
comme elle.
Le seul raisonnement auroit pu l'éclairer fur son erreur.
S'il étoit vrai que l'impositioia de IOXJOO livres eût été
réduite par l'esset des remboursements, à 66587 livres 6
fols 6 deniers en 1755, l'imposition particulière de 1 100
livres, en supposant qu'elle correspondît à l'imposition gé-
nérale, n'auroit pas été proportionnellement réduite à z6y
livres 6 fols 5 deniers. Les faits l'auroient instruit plus po-
sitivement encore : il est impossible que des remboursements
dont le Clergé ne s'est occupé qu'en 17x5 aient déterminé
,
l'imposition de 1100 livres en 1675. 11 est faux que l'im-
position de 102500 livres íe soit jamais élevée par le fait
au-dessus de 66$ 87 livres 6 fols 6 deniers, bc qu'elle ait
éprouvé des réductions successives.
Concluons que l'objet de la contribution de 1100 livres,
imposée sur les Bénéficiers de Soûle bc Basle-Navarre, n'a
aucun rapport avec le remboursement des Officiers Pro-
vinciaux des Décimes.
Proces-verb. de 1785-1786. Pppppp
7122- P'ROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Le Syndic du Clergé d'Oiéron soutient que l'imposition
de iioo livres a été établie pour servir au paiement des
c;ag.es des Oíhciers Diocésains. Cela n'est vrai qu'en partie.
Nous pensons que cette imposition a eu un double objet;
savoir, le paiement des décimes ordinaires, bc celui des
p-ap-es des Officiers Diocésains.
C'est l'esprit bC le vrai sens
de la Délibération de l'Assemblée de 1670 : telle est la
Lettre même, tels font les propres termes de la Délibéra-
tion de 1675 , qui, ayant été prise en conséquence de la
précédente doit servir à l'expliquer.
,
L'Aísemblée de 1670 n'énonce, ii est vrai, qu'une seule
destination de l'imposition dont il s'agit, bc qui étoit alors
de 1601 livres 10 fols; savoir, le paiement de la quote-
part de Soûle bc Basse-Navarre pour la somme de 31 01 .
livres 10 fols, affectée aux sages des Officiers ; rnais cette
Assemblée ayant ordonné, par la même Délibération, que
la somme de 1 600 livres, qui se porreroit à la Recette gé-
nérale pour les Décimes, se prendroit par préférence fur les
plus clairs deniers qui seroient levés, même dans Oléron-
Béarn, elle montre assez que tant les deniers de Soûle bc
Basie-Navarre que ceux du Béarn, étoient par-là hypothé-
qués au paiement des décimes. Ainsi la somme de 1601
livres 1 o fols imposée sur la Soûle bc la Basse-Navarre,
quoiqu'affectée au paiement des Officiers, devoir cepen-
dant, &C avant toutes choses , concourir au service de la
Caiííe générale.
Qu'avoit en estet à faire l'Assemblée ? Elle devoit, d'une
part, aíiurer le paiement des Décimes bc des gages des Offi-
ciers, bí d'autr» part, répondre au voeu du Clergé d'Oié-
ron , en le séparant de ceux de Soûle bc Basse-Navarre dans
les impositions : elle a fait l'une bc l'autre chose. Le paie-
ment des décimes intéreíloit le service public, bc sondoit
une juste préférence; l'Assemblée n'a pas manqué de l'or-
donner ; puis elle a taxé la Soûle bc la Basse-Navarre sé-
parément -d'Oiéron pour les gages des Officiers j mais on
ne peut pas lui supposer le dessein de déterminer, à un
objet particulier, cette imposition, qui devoit prendre dans
la Caille Diocésaine une direction commune au paiement
DU CLERGÉ DE FRANCE, $ SEPTEMBRE 1786. 1123
des décimes bc à celui des gages des Officiers. C'eût été
s'écarter des principes, fans aucun motif, puisqu'il est dans
Tordre que chaque Contribuable supporte sa portion de
toutes les charges publiques.
Le vrai sens de la Délibération de 1 670 est qu'il y avoit
,
une imposition de 470 1 livres 1o
fols fur se Diocèse d'Oié-
ron ; que le Clergé d'Oléron-Béarn payoit à la Recette gé-
nérale 1600 livres pour les décimes ordinaires, tant en son
nom, qu'en celui des Clergés de Soûle Sc Baste-Navarre ;
que les gages des Officiers Diocésains étant de 3101 livres
10 fols, on imposoit, pour fournir cette somme, 1500
livres fur le Clergé d'Oléron-Béarn, bc 1601 livres 1 o fols
fur ceux de Soûle bc Baste-Navarre, dans laquelle somme
de 1601 livres 10 fols étoit compris le paiement de leur
quote-part des décimes ordinaires, que le Clergé d'Oiéron
acquittoit (cul à leur décharge.
On ne peut pas douter que ce soit là le sens de cette
Délibération d'après les termes employés par l'Assemblée
,
de 1675 qui réduisit de 1600 à 1100 livres, la portion
,
duc par les Bénéficiers des Pavs de Navarre bc Soûle, tant
pour les Décimes ordinaires, que pour les gages des Offi-
ciers.
Concluons que l'objet de l'imposition établie fur les Cler-
gés de Soûle bc Basse-Navarre, par les Délibérations des
Aíiemblécs de 1670 bc 1675, fut le paiement des déci-
mes ordinaires bc des g-ages des Officiers Diocésains des
Décimes.
Elies n'arriculcnt, il est vrai, les gages des Officiers, que
d'une manière indéterminée, bc fans désignation spéciale
des Officiers Diocésains ; mais il est prouvé, par les Déli-
bérations des Aíiemblées de 1690 bc 1 695 rapportées ci-
,
deílus, que cette imposition n'a pas pu avoir pour objet
les gages des Ofíiciers Provinciaux, auxquels le Diocèse
d'Oiéron n'a jamais contribué ; ce Diocèse ayant seulement
été imposé pour le remboursement de la finance des Offices
provinciaux, en 1725, après leur suppression, qui avoit été
ordonnée par Arrêt du Conseil du 26 Ocfobre 1719.
Le Syndic du Clergé d'Oiéron n'a jamais apporté assez
Pppppp z
1124 PROCES-VÉRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de précision dans ses défenses fur l'appel interjette par le
Syndic du Clergé de la Navarre Bayonnoise, à la Cham-
bre Supérieure de Bordeaux, du Jugement rendu par le
Bureau Diocésain d'Oiéron, le 17 Janvier 1774. II a sou-
tenu que Fimposition de n00 livres, faite fur la Soûle ôc
la Baste-Navarre, n'avoit pour objet que les gages bc ra-
chat d'Offices, en quoi il s'est trompé cette imposition
,
étant de plus destinée au paiement des décimes ordinaires ;
mais en s'expliquant fur les gages & rachat d'Offices qui
font effectivement, en partie, l'objet de l'imposition dont
il s'agit au Procès, ce Syndic n'a point distingué assez net-
tement les Offices Diocésains bi les Offices Provinciaux.
Ses conclusions constantes ont été de demander que le Syn-
dic du Clergé de la Navarre Bayonnoise fût démis de son
appel, íans préjudice à lui de se pourvoir où il aviseroit,
bc qu'il fût condamné aux dépens.
Le Syndic du Clergé de la Navarre Bayonnoise voyant
le Syndic d'Oiéron mettre en fait que l'imposition de 1100
livres étoit affectée aux rentes des Offices bC gages des Offi-
ciers, a pris acte de cet aveu, qu'il a appliqué au rembour-
sement des Offices Provinciaux 3 & il a dirigé, fur cet aveu,
les conclusions définitives qui doivent être remarquées
,
dans cette cause. II a demandé « qu'attendu la déclaration
35
faite par le Syndic d'Oiéron, que la somme de 386 li-
sa.vres dont le Clergé de la Navarre Bayonnoise étoit tenu
33 pour
sa quote-part, en vertu des Délibérations de 1670
33 bc 1 675 , n'avoit
été imposée que pour les rentes des
33
Offices bc gages des Officiers, il fût ordonné que la con-
33 tribution proportionnelle de la Navarre Bayonnoise, pour
33
se remboursement défaits Ofiices, seroit fixée sur le pied
33 de 8 3 livres par an, eu égard, bc par proportion, à celle
« de z 67 livres, à laquelle s'élevoit la taxe générale pour
33
le Clergé d'Oiéron, suivant la Délibération de l'Aísem-
33
blée du Clergé de 1755 ; qu'en conséquence le Syndic
33
Diocésain, en sa qualité, fût condamné à rembourser au
33
Clergé de la Navarre Bayonnoise, les sommes perçues
33
fur lui par le Clergé d'Oiéron, depuis le premier Janvier
33 1756, à raison desdites rentes, déduction faite seule-
DU CLERGÉ DE FRANCE, $ SEPTEMBRE 1786. 11x5
33 ment de la somme de 8 3 livres quelques fols par an
,
33 pour
la contribution
à celle de z67 livres, imposée pour
33
lesdits Offices par la Délibération de 17^5 ; ensemble
33
les intérêts, suivant la liquidation qui en seroit faite; qu'à
33 commencer de Tannée 1765 bC à l'avenir, le Clergé de
33
la Navarre Bayonnoise demeureroit déchargé de toute
33
espèce d'imposition à raison desdits Offices, attendu leur
»' remboursement effectué, bc que le Syndic du Diocèse
33
d'Oiéron seroit condamné aux dépens. »
Vous appercevez, Messeigneurs bc Messieurs, que toutes
ces conclusions portent fur la fauste opinion que les Parties
étoient en différend fur la seule question des Offices Pro-
vinciaux que l'imposition ordonnée par le Clergé-Géné-
ral, poury le remboursement de ces Offices, avoit été suc-
cessivement diminuée, bc qu'elle avoit été supprimée tota-
lement en 1765, parce que leur remboursement étoit achevé
à cette époque.
Le Syndic d'Oiéron n'avoit pas tenu le langage qu'on
lui íuppoíoit j mais il ne ì'avoit point suffisamment écarté.
Voici quel a été, dans ces circonstances, le Jugement
de la Chambre Souveraine duquel la casiation est de-
mandée. ,

« La Chambre, faisant droit sur l'appel interjette par le


33
Syndic de la Navarre Bayonnoise, du Jugement rendu
33 par le
Bureau Diocésain d'Oiéron, le 17 Janvier 1774,
33 a mis bc met ledit appel, bc ce dont a été appelle, au
33
néant: émendant, attendu la déclaration faite par le Syn-
33 die du Ciergé d'Oiéron , que la somme de 386 livres,
33 dont le Clergé de la Navarre Bayonnoise étoit tenu, pour
33
sa quote-part, en vertu des Délibérations de 1670 bc
33 1 675 , n'avoit été imposée que pour les rentes des Offices
33 bc gages des
Officiers, ordonne que la contribution pro-
33 portionnelle de la Navarre Bayonnoise, pour le rembour-
33 sèment desdits Offices, sera fixée fur le pied de 83 livres
33 par an , eu égard, bc par proportion, à la somme de z67

livres, à laquelle s'élève la taxe générale pour le Clergé
d'Oiéron, suivant la Délibération de l'Aílemblée du Cler-

»
gé de 1755 5 en conséquence condamne ledit Syndic du
n%6 PROCES-VËRBAÍ DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
33
Clergé d'Oiéron à rembourser audit Syndic de la Na-
Bayonnoise toutes les sommes perçues fur ce Clergé
,, varre
par celui d'Oiéron, depuis le premier Janvier 1756, à
„ raison des rentes desdits Offices, déduction faite seule-

de la somme de 83 livres quelques fols par an,
j, ment
pour la contribution à celle de z67 livres, imposée pour

lesdits Offices par la Délibération de 1755, le tout, fui-

vant la liquidation qui en sera faite par des Experts, dont
3,
„ les Parties conviendront, ou qui, à défaut de ce, seront
pris bC nommés d'office. Au surplus, ladite Chambre a
-3,
ordonné bc ordonne qu'à commencer de Tannée 1765
„ ,
bc à l'avenir le Clergé de la Navarre Bayonnoise demeu-
„ déchargé déroute espèce d'impositions, à raison des-
j, rera
dits Offices, attendu la suppression desdites impositions,
„ raison
„ ad'Oiéronde quoi, ladite Chambre condamne le Syndic
à rembourser à celui de la Navarre Bayonnoise
,,
„ toutes les sommes qu'il peut avoir reçues depuis ladite
année 1765. Sur la demande des intérêts, relativement
3,
remboursement des susdites sommes, ainsi que fur les
,, au
,, autres conclusions,
ladite Chambre déclare n'y avoir lieu
de prononcer, condamne le Syndic du Diocèse d'Olé-
,,
dépens envers celui du Clergé de la Navarre
,, ron aux
Bayonnoise.

II résulte du„prononcé de ce Jugement ,i°. que les con-
clusions du Syndic de la Navarre Bayonnoise en ont pré-
paré le dispositifqui leur est conforme littéralement, z °. qu'il
porte tout entier sur la fausse supposition que le procès en-
tre les Parties, avoit pour objet le paiement des rentes des
Offices Provinciaux 3 30. que la Chambre a motivé son
Jugement par une prétendue Délibération de l'Astemblée
de 1755, qui n'a jamais existé, l'imposition de Z67 livres
pour le remboursement des Offices Provinciaux, remontant
à l'Assemblée de 17Z5 bc n'ayant jamais été, ni plus forte,
,
ni moindre 3 40. que cette Chambre ayant fous les yeux les
Délibérations de 1670 bc 1675 ne s'est pas appliquée à
,
en saisir le vrai sens, bc a préféré de s'en tenir à une dé-
claration ambiguë du Syndic Diocésain d'Oiéron, qui d'ail-
leurs, quels que fussent ses pouvoirs, n'avoit aucun carac-
DU. CLERGÉ DE FRANCE , $ SEPTEMBRE I y 8 6. nzy
iiere à regard d'une imposition faite par le Clergé-Gé-
néral.
Le Syndic du Clergé d'Oiéron présente deux moyens
de cassation contre ce jugement de la Chambre Souveraine
des Décimes de Bordeaux : l'un fondé fur la contravention
aux Délibérations des Assemblées du Clergé de 1670 bc
i6ys j l'autre tiré de la contravention aux Edits du mois
de Décembre 1611 bc du mois de Juin 1 6z8 pour l'exé-
,
cution desquels ont été prises les Délibérations de 1670
bC 1 675.
La contravention aux Délibérations est manifeste. En
effet, le Jugement de cette Chambre supposé que l'impo-
sition de 1 100 livres avoit le même objet que celle de^z6y
livres, supprimée en 1765, conséquemment qu'elle étoit
affectée au paiement des gages des Osticiers Provinciaux,
&C qu'elle devoit être versée à la Caisse générale du Clergé,
tandis qu'il est constant qu'elle n'avoit aucunement cet
objet, bc que les Bénéficiers de Soûle bc Basse-Navarre ont
été chargés par les Assemblées du Clergé, de payer cette
somme de 1100 livres à la Caifle particulière du Clergé
d'Oiéron, tant pour la partie des gages des Officiers Dio-
césains qu'ils dévoient supporter, qu'en dédommagement
de la part díes décimes ordinaires que ce Clergé payoit à
leur décharge, en demeurant chargé seul de l'imposition
qui y étoit destinée, bc à laquelle les Bénéficiers de Soûle
bc Raíle-Navarre dévoient austi contribuer.
La contravention aux Edits de I«6ZI bc i6z8, fuit né-
cessairement de celle aux Délibérations de 1670 bc 167$.
L'imposition de 1 1 00 livres, établie par ces Délibérations,
ayant en partie, pour objet le paiement des gages des Offi-
ciers Diocésains, la Chambre. Souveraine de Bordeaux n'a
pas pu décharger les bénéficiers de la Navarre Bayonnoise
de leur quote-part de cette imposition, fans contrevenir aux
Edits de I6ZI bc i6zS, dont la disposition expresse est,
que les Offices de Receveurs bc Contrôleurs-Particuliers
des Décimes, créés pour le Diocèse d'Oiéron bc la Basse-
Navarre, seront à la charge du Clergé de ce Diocèse, du
Clergé de la Soûle, qui en fait partie, bc du Clergé,-tant
Ï izS PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de ia Navarre Bayonnoise, que de la Navarre d'Ácqs, qui
ie trouvent dans la Basse-Navarre.
Les Bénéficiers de la Navarre Bayonnoise ne peuvent être
déchargés du paiement des gages de ces Offices, qu'en jus
tifiant qu'ils ont fourni la part à eux compétente de la fi-
nance remboursée aux Acquéreurs : jusqu'alors ils doivent
payer la rente de cette partie de finance au Clergé d'Oié-
ron , s'il a racheté seul les Offices avec ses propres deniers.
C'est la question, quant au fonds, dans cette affaire, fur
laquelle vous n'avez pas à prononcer.
Le Bureau estime qu'il y a lieu, ayant égard aux Re-
quêtes présentées au Roi, en son Conseil des Finances, par
1e Syndic du Clergé d'Oiéron, bc íans avoir égard à celles
présentées par le Syndic de la Navarre Bayonnoise, de casser
bc annuiier ie Jugement rendu en la Chambre Supérieure
de Bordeaux, le z 7 Juillet 17803 sauf aux Parties à se re-
tirer pardevant se Conseil de Sa Majesté, pour leur être fait
droit fur le fonds de leurs contestations dépens néanmoins
,
compensés.
Sur quoi Monsieur l'Abbé de Boisgelin»„ Promoteur, a dit:
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Vous avez accepté le renvoi à vous fait par l'Arrêt du
Conseil, du 1 i Août 1785 qui vous attribue la connois-
,
íance bc le Jugement d'une Instance pendante au Conseil,
entre le Syndic du Clergé d'Oiéron, en Béarn., bc le Syndic
du Ciergé de la Basse-Navarre Bayonnoise; bC retenant la
cause, vous avez ordonné que les Requêtes, Pièces bc Mé-
moires des Farcies seroient vus bc examinés par Messeigneurs
bc Messieurs du Bureau du Département pour vous en être
rendu compte.
C'est le résultat de cet examen, que Monseigneur l'Evê-
que deNeversvient de mettre fous vos yeux : les véritables
objets de la contestation n'étoient point connus des Parties;
elles ont combattu, pour ainsi dire, dans les ténèbres, soit
à cause de l'éloignement des temps où il falloit remonter,
soit parce que la discussion de cette affaire exigeoit une con-
noiíiance
DU CLERGÉ DE FRANCE., 5 SEPTEMBRE 1786. 11 z9
noissance approfondie de l'administration temporelle du
Clergé. Monseigneur l'Evêque de Nevers a démêlé la vé-
rité du milieu des erreurs où l'on étoit tombé de part bc
d'autre : son Rapport précis bc lumineux écarte tous ces
faits étrangers à la cause ; bc en réduisant la question à son
vrai point de vue, il met l'Aílemblée en état de prononcer
la cassation du Jugement de la Chambre Supérieure Ecclé-
siastique de Bordeaux du Z7 Juin 1780 comme for-
,
mellement contraire aux Edits de 162.1 bc, de 1618, bC
aux Délibérations des Astemblées du Clergé de 1670 bc
de 1675.
Je requiers en conséquence que vous délibériez par Pro-
vinces.
La matière mise en délibération, les Provinces ont été ap-
pellées j celle de Bourges étant en tour d'opiner la première,
Monseigneurl'Evêque de Limoges a dit, que la Province de
Bourges étoit entièrement de l'avis de Meíseigneurs bc de
Messieurs les Commissaires. Cet avis ayant été unanimement
suivi par toutes les Provinces, l'Assemblée a en conséquence
rendu le Jugement qui suit.

JUGEMENT.
Les Archevêques, Evêques <bc autres Députés à f Assem-
blée-Générale du Clergé de France qui se tient acf ueíle-
ment en la ville de Paris par la permission du Roi.
Vu par nous l'Arrêt du Conseil d'Etat du Roi, du 11
Août 1785, par lequel Sa Majesté nous a renvoyé le Syndic
du Diocèse d'Oiéron bc le Syndic du Clergé de la Navarre
Bayonnoise, pour leur être par nous fait droit définitive-
ment bc en dernier ressort, par un ou plusieurs Jugements
interlocutoires ou définitifs, tant fur la demande en casta-
tion du Jugement rendu par la Chambre Souveraine du
Clergé de Guienne, du Z7 Juin 1780, que fur les autres
sens bc conclusions prises par ses Parties, à l'esset de quoi
lesdites Parties feraient tenues de remettre dans la huitaine,
à compter du jour de la signification dudit Arrêt au do-
micile de leurs Avocats leurs Requêtes, Pièces bc Mé-
,
Procès-verb. c/e 1785-1786. Q 4*!°1 44
i Ï 3 o PROCES~FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
moires entre les mains des Sieurs Agents-Généraux- du
Clergé, avec défenses à elles de faire aucunes poursuites bc
procédures ailleurs qu'en ladite Assemblée, à peine de nul-
lité casiation de procédures, dépens dommages bc in-
, ,
rérêts \ au bas duquel Arrêt est la signification qui en a été
faite à la requête du Sieur Danibilie, Syndic du Clergé
du Diocèse d'Oiéron , au Sieur Detcheverry 5 Syndic du
Clergé de la Navarre Bayonnoise par exploit de Reinchan,
,
Huissier, Garde de la Connétabiie, résidant en la ville d'O-
iéron. Jugement par nous rendu le 6 Septembre 1785,
par,lequel nous aurions accepté le renvoi à nous fait par
ì'Arrct du Conseil, du 11 Août 1785 j bc en conséquence
nous aurions retenu la cause, bc ordonné que les Requê-
tes, Pièces bc Mémoires des Parties seroient vus bc exa-
minés par Mesteigneurs bc Messieurs du Bureau du Dé-
partement des impositions que l'Astemblée a commis à cet
estet, pour,fur le rapport dudiu Bureau bc les conclusions
de M. ie Promoteur, être par l'Assemblée jugé ce qu'il ap-
partiendra. Arrêt du Conseil, du Z7 Février 178 1 , par
lequel le Roi, en son Conseil, avant faire droit sur la Re-
quête du Syndic du Diocèse d'Oiéron, a ordonné qu'elle
ieroit* communiquée au Syndic du Clergé de la Navarre
Bayonnoise pour y fournir de réponses dans les délais du
Règlement, toutes choses cependant demeurant en état:
Requête dudit Syndic, visée dans l'Arrêt ci-dessus, dans
laquelle il conclut à ce qu'il plaise à Sa Majesté, sans s'ar-
rêter, ni avoir égard au Jugement rendu, le z7 Juin 1780,
par là Chambre Souveraine du Clergé de Guienne, entre
le Syndic du Diocèse d'Oiéron, d'une part, bc le Syndic
du Clergé de la Navarre Bayonnoise, d'autre part, lequel
Jugement sera bc demeurera cassé bc annullé, ainsi que tout
ce qui s'en est ensuivi ou pourroit s'ensuivre, évoquer à soi
bc à son Conseil les demandes bc contestations fur lesquelles
ledit Jugement est intervenu j bc attendu qu'il s'agit de
l'exécution des Délibérations prises par les Astemblées-Gé-
nérales du Clergé des aimées 1670 bc 1 675 renvoyer
,
lesdites contestations à la prochaine Assemblée-Générale du
Ciergé pour y être fait droit aux Parties, ainsi quilappar-
DU CLERGÉ DE FRANCE ., 5 SEPTEMBRE 1786. 1 15 t
tiendra, lui attribuer, à cet effet, en tant que de besoin
jurifdiction, choses ,
toute toutes néanmoins demeurant en
état j ladite Requête signée Rigault Avocat, bc Brunet
, ,
bc Jardin, anciens :
Pièces jointes à ladite Requête, extrait
du Concordat, passé le z8 Septembre 1 668 entre 1e Pré-
,
sident de Gassion bc le Clergé d'Oiéron 5 quittance en date
du 7 Mars 1755 de la feue Dame Comtesse de Peyre en ,
faveur du Clergé, d'Oiéron j extrait de la Délibération, du
14 Novembre 1670, prise par l'Assemblée-Générale du
Clergé de la même année ; copie du Département de l'an-
née 1695, pour le Don-gratuit accordéau Roi5 Jugement
rendu se 17 Janvier 1774, par le Bureau Diocésain d'O-
iéron*, copie signifiée de Requêtes, Lettres de Chancellerie
bc exploit d'assignation, donnés au Sieur Syndic du Clergé
d'Oiéron, des u & 14 Août 1774 5 Requête dudit Syn-
dic, du 3 1 Janvier 1775 j copie de Requête du Syndic du
Clergé de la Navarre Bayonnoise, du 1 o Août 1775 5 Ju-.
gement de la Chambre de Guienne, qui appointe les Par-
ties au Conseil, le z8 Août 1775 *?Requête du Syndic du
Clergé d'Oiéron, du 1 6 Décembre 1775 j copie signifiée
le 15 Mai 1776, d'un dire du Syndic du Clergé de la Na-
varre Bayonnoise j dire du Syndic d'Oiéron, du 10 Mars
1777-, copie, signifiée le z6 Juin 1777, d'une Requête du
Syndic du Clergé de la Navarre Bayonnoise 5 acte signifié
par le Syndic d'Oiéron , le z 6 Janvier 1778 j réponse du
Syndic d'Oiéron aux écritures du Syndic du Clergé de la
Navarre Bayonnoise, du z 3 Lévrier 17785 copie signifiée
d'un nouveau dire par ledit Syndic, le z o Février 17795
addition faite par le Syndic d'Oiéron à ses précédentes écri-
tures, du 8 Mai 1779; copie signifiée le 19 Mai 1780,
d'une Requête du Syndic de la Navarre Bayonnoise j Mé-
moire imprimé pour le Syndic d'Oiéron j copie signifiée
le z Juiilet 1780 du Jugement de la Chambre du Clergé
,
de Guienne du Z7 Juin précédent 5 acte signifié par se
,
Syndic d'Oiéron, le 18 Juillet de la même année pour
,
annoncer fa.réclamation contre ledit Jugement : Requête
du Syndic du Clergé de la Navarre Bayonnoise, en date
du z Janvier 178Z, signée Monceau, bc signifiée à partie.
Qqqqqq z
z r 3 2.PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
par laquelle il conclut à ce que, sans avoir égard aux de-
mandes iins bc conclusions du Syndic du Diocèse d'Oié-
,
ron , dont il fera débouté, il soit ordonné que le Jugement*
de la Chambre du Clergé de Guienne, dudit jour Z7 Juin
178o, sera exécuté selon fa forme bc teneur, bc se Syndic
du Diocèse d'Oiéron, audit nom, condamné aux dépens,
pièces jointes à ladite Requête, tableau des impositions du
Diocèse d'Oiéron bc de la Basse-Navarre, dans les Assem-
blées úè 1755 1760, 1765 bc 17705 signification faite
j
au; Syndic d'Oiéron de F Arrêt de soit communiqué, obte-
nu parlé syndic du Ciergé de la Basse-Navarre 5 autre Re-
quête du Syndic du Clergé d'Oiéron, du z8 Mars 1783
signée Rigault, Sc signifiée à Partie, par laquelle il conclut,
à ceque, sans s'arrêter, ni avoir égard aux demandes, fins
bC conclusions du Syndic du Clergé de la Navarre Bayon-
noise, daes lesquelles il sera purement bc simplement dé-
claré nòn-rëcevable, ou dont, en tout cas, il sera débouté,
ses précédentes demandes lui soient adjugées, bc le Syndic
du Clergé de la Navarre Bayonnoise condamné aux dépens 5
pièces jointes à ladite Requête 5 extrait informe du Procès-
verbal de l'Assemblée-Générale du Clergé de France, de
fan née 16705 une expédition en parchemin de F Arrêt du
Conseil, du 9 Août 1 672. 5 un extrait en forme du Procès-
verbal de l'Asiembiée-Géhérale du Clergé, de Fannée 1 675 5
deux copies collationnées de deux contraintes, décernées
les f 1 Septembre 1679 bc 11 Septembre 1680, contre le
Clergé •d'Oiéron,; par le Receveur-Général du Clergé de
France 5]extrait en forme du Procès-verbal de F Assemblée-
Générale du Clergé de 1700 5 Requête présentée en 17Z8
Chambre ,
en la, Souveraine de Guienne par le Syndic du
même Clergé 5 Transaction passée le z o Septembre 1735,
entre le Syndic dudit Clergé bc celui de la Navarre Bayon-
noise y autre Requête du Syndic de la Navarre Bayonnoise,
du 6 Septembre 1783 par laquelle il persiste dans ses pré-
,
cédentes conclusions après qu'il en á été communiqué aux
j
Sieurs Commisiaires du Bureau du Département, fur le
rapport qui nous a été fait par Monseigneur l'Evêque de
Nevers, Fun desdits Sieurs Commissaires, ensemble de leur
DU CLERGÉ DE FRANCE, $ SEPTEMBRE 1786. 115 3
avis : Oui, fur le tout, les conclusions de Monsieur l'Abbé
de Boisgelin Promoteur délibération prise par Pro-
, ,
vinces Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux s'étant
,
abstenu d'opiner, attendu qu'il est Président en la Cham-
bre Supérieure Ecclésiastique de Bordeaux, la Province de
Bourges étant en tour «d'opiner la première :
NOUS, en conséquence du renvoi à nous fait par ledit
Arrêt du Conseil, du 11 Août 1785 ayant aucunement
égard aux Requêtes présentées par le, Syndic du Diocèse
d'Oiéron au Roi, en son Conseil des Finances bc fans
,
avoir égard à celles présentées par le Syndic du Clerçé de
la Navarre Bayonnoise, avons cassé bc annulléj casions bc
annulions le Jugement rendu en la Chambre Souveraine
de Bordeaux, le Z7 Juin 1780, entre le Syndic du Dio-
cèse d'Oiéron bc le Syndic du Clergé de la Navarre Bayon-
noise disons que les Parties pour les demandes bc fonds
,
des contestations fur lesquelles ledit Jugement est intervenu,
se retireront pardevant Sa Majesté pour leur être fait droit.
Fait en l'Aísemblée-Générale du Clergé, actuellement
tenante en la ville de Paris se Mardi, 5 Septembre 1786,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque bc Primat
de Narbonne, Président.
La Séance a été indiquée au Mercredi, six Septembre,
à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque & Primat
de Narbonne, Président.

DU MERCREDI, SIX SEPTEMBRE 1786,


à neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêquede Narbonne, Président.

MEsseigneurs bc Meilleurs les Commissaires, pour ses CXL1V.


SÉANCE.
Dîmes, ont pris le Bureau. Monseigneur l'Archevê-
que de Rheims, Chef de la Commission, a dit:
si34 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,

A la fin de vos Séances de Tannée derniere vous nous


avez chargés de continuer, en votre nom, les sollicitations
les plus pressantes pour obtenir de la bonté bc de la justice
de Sa Majesté,, qu'Elie voulût bien faire connoître définiti-
vement fa volonté fur F Arrêt de Règlement rendu par son
Parlement de Normandie, le z$ Mai 1784, & donner une
Loi qui, en assurant l'exécution des Loix anciennes bc de
la Jurisprudenceconstante, suivie jusqu'alors dans cette Pro-
vince, maintînt les Décimateurs du ressort dans la jouis-
sance des droits dont ils font dépouillés par le nouveau Rè-
glement. Nous étions trop empresiés d'exécuter vos ordres 5
trop jaloux, de justifier votre confiance j trop touchés de la
situation désastreuse des Décimateurs de Normandie ; trop
convaincus de la justice de la cause que nous avions à dé-
fendre pour ne pas suivre une assaire aussi importante avec
,
toute Faófivité dont nous étions capables. Nous n'avons pas
à nous reprocher d'avoir omis aucune des démarches, d'a-
voir négligé aucun des moyens qui étoient en notre pou-
voir. Nous avons remis des Mémoires à M. se Garde des
Sceaux bc à la Commission chargée de préparer la Loi j 011
a demandé une Histoire raisonnée des Loix Civiles fur la
Dîme, on a désiré des éclaircissements fur F Article 50 de
l'Ordonnance de Blois, bc FArticle 2.9 de FEdit de Melun;
on a paru frappé de quelques inconvénients inséparables de
la prestation décimale en elle-même j on nous a communi-
qué les observations nouvelles, les difficultés connues fur
lesquelles iníiífoient les Magistrats de Normandie. Sur tous
ces objets nous avons fourni autant de Mémoires particu-
liers j nous avons présenté, fous tous les points de vue, les
principes, les raisons, les réflexions que nous avons cru les
plus propres à constater bc établir vos droits. Malgré tous
nos efforts, bc quoique nous ayons été constamment sou-
tenus par toute la bonne volonté'& tous les talents du Pré-
lat que son zèle, ses lumières bc son expérience ont rendu
si digne de présider cette auguste Assemblée, nous n'avons
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE 1786, 1 15 j
pas la consolation de vous voir, avant votre séparation,
entièrement aslurés du succès dont nous nous étions flattés.
Nous osons dire cependant que tout nous promet ce succès
si désiré, que tout iemble nous garantir qu'il n'est différé
que de quelques instants : nous Fespérons de la justice du
Roi, bc nous devons avoir la plus grande confiance dans les
favorables dispositions que le Chef de la Magistrature n'a
cessé de nous montrer pendant tout le cours de cette astaire.
D'après les conférences fréquentes qu'il a bien voulu avoir
avec nous fur les points principaux de ce grand Procès, il
nous a paru persuadé lui-même que de tous ses biens du
Clergé, la dîme est celui qui a une destination plus spéciale
à la subsistance des Ministres de la Religion bc au fouLio-e-
ment des pauvres; qu'une propriété aulh recommandable,
méritoit toute la protection de Sa Majesté, bc devoit la dé-
terminer à écarter ses obstacles qui tendroient à Fanéantir,
ou à restreindre arbitrairement son étendue ; que les Loix
anciennes, auxquelles aucune Loi postérieure n'a dérogé,
assujettissent indistinctementtous les fruits à la dîme,c£ les
fruits même de nouvelle culture ', que si, dans la fuite des
temps, il s'est introduit quelques exceptions à ces Loix,
c'étoit aux Décimables a les prouver par la poflesiion bc
prescription de droit ; que si, par un usage particulier de la
Normandie quelques productions permanentes s'étoient
,
affranchies de la redevance décimale cette perte des Dé-
,
cimateurs avoit été compensée par Fétablissement de la dî-
me de substitution j bC que cette dîme de substitution étoit
établie sur une coutume si ancienne bc si générale, qu'elle
ne pouvoit être abrogée, sans ôter au Clergé de cette Pro-
vince un droit certain, reconnu bc authentique. Nous ne
doutons pas que la Déclaration envoyée au Parlement de
Normandie ne soit rédigée sur ces principes : ils doivent ré-
tablir bc confirmer vos droits ; ils doivent ramener la paix,
la tranquillité ô£ la concorde que le nouvel Arrêt a bannies
des esprits pendant trop long-temps.
D'après le compte que nous avons eu l'honneur de vous
rendre des contestations élevées dans le ressort du Parle-
ment de Paris, fur les fruits de nouvelle culture bc des
,
113 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
entraves dont le même Tribunal cherchoit à gêner ses Dé-
amateurs pour la vente de leurs pailles, vous aviez délibéré
de supplier Sa Majesté de faire connoître aussi ses intentions
fur ces deux objets : des raisons de sage fie bc de prudence
vous ont fait trouver plus convenable qu'ils ne fusient ré-
glés qu'après Fenrégistrement de la Déclaration de Nor-
mandie : comme eiie consacre les maximes les plus essen-
tielles du régime décimal, elle doit infailliblement applanir
les voies aux Loix ou Déclarations que Sa Majesté juge-
roit à propos de donner pour les autres Ressorts. Les délais
apportés à Fenrégistrement de cette Déclaration ont donc
,
auíìi retardé les deux affaires dont nous vous avons fait le
rapport j mais dans des Mémoires détaillés, que nous avons
présentés fur ces matières, nous avons préparé Sí développé
tous les motifs de décision, bC M. se Garde des Sceaux est
également convaincu-qu'il est indispensable de la faire con-
noître au plutôt.
Nous avons pensé que ces deux questions, quel qu'im-
portantes qu'elles soient, ne dévoient pas être le seul objet
de la Loi que l'on se propose de donner pour le reflort du
Parlement de Paris: cette Loi seroit de la plus grands uti-
lités elle rendroit le service le plus signalé aux Décimateurs
bc aux Cultivateurs eux-mêmes, si, par des décisions clai-
res" bc précises, elle diílipoit les doutes les incertitudes,
,
les difficultés qu'on répand de toutes parts fur presque tou-
tes les branches de la prestation décimale. Pour être mieux
instruite des sujets de ces nombreuses contestations, de ces
Procès éternels dont le seul récit vous afflige, la Commis-
sion des Dîmes a fait écrire dans les différents'Diocèses, bC
leur a demandé des détails fur l'état actuel de la perception
des dîmes dans leurs districts respectifs. Quoique nous eus-
sions désiré que les réponses qui nous ont été faites, fussent
-plus circonstanciées, que les infractions dont on se plaint
eussent été constatées par un exposé plus exact des principes,
de la Jurisprudence oi des divers Arrêts des Cours, ces ré-
ponses cependant nous en apprennent encore assez pour
nous persuader oue chaque jour il se forme de nouvelles
entreprises contre cette partie de vos propriétés. On vous
menace
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE 1786. 5137
menace de tous côtés de vous enlever la dîme de tous les
menus fruits j la grosie dîme elle-même n'est pas à Fabri des
attaques des Cultivateurs : ici on augmente, par des fraudes
ouvertes, les nombres rompus bc les surnuméraires ; là on
diminue à volonté les mesures de la perception -, ailleurs on
retranche de la quotité, malgré la Coutume constante des
lieux-, tantôt on enlevé les récoltes fans avertissements préa-
lables, ou après des avertissementsillusoires-, tantôt on sous-
trait un huit à la dîme, sous le prétexte qu'un autre fruit
íur le même terrein, Fa déja payée, on refuse la dîme d'un
gros fruit, parce qu'il est mélangé avec d'autres j on la re-
ruse parce qu'il est semé dans une saison plus reculée ; on
,
la refuse encore, parce qu'il est cultivé d'une manière dif-
férente : la culture des fruits de dîme insolite se répand
dans toutes les Provinces du Royaume à quelque degré
>
qu'elle soit portée dans une Paroisse, quelqu'étendue qu'elle
y occupe, on ne prend aucun moyen pour indemniser le
Décimateur bc pour fournir à sa subsistance ', enfin, pour
comble de maux, lorsqu'un Décimateur a le courage bc les
moyens de s'opposer à ces vexations j lorsqu'il produit en
fa faveur des titres lorsqu'il invoque des témoins, on re-
-,
pousse tous ceux qui pourroient le servir, tous ceux qui, par
leur état, sont plus propres à donner fur les faits contestés,
les connoissances qu'on redoute.
L'objet de ce rapport Messeigneurs bc Messieurs, est
,
de vous présenter quelques observations fur ces abus trop
multipliés 5 ils se réduisent aux points suivants.
i°. La dîme des menus fruits.
z°. La dîme des fruits semés après la saison ordinaire.
3Q. La dîme des fruits décimables, semés avec d'autres
fruits non décimables.
40. La dime des hautains, ou vignes élevées.
50. La dîme des fruits d'une seconde récolte, produite
par un champ qui en a déja donné une première dans la
même année.
6°. La quotité de la dîme.
7°. L'indemnité due en cas de conversion de culture.
Procès-verb. ^1785-1786. Rrrrrr
í I 3 8 P ROC ES-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRJLE
8°. Les avertissements à donner aux Décimateurs lors de
la récolte.
9Q. L'esset des titres dans les contestations que peuvent
avoir les Décimateurs.
io°. La qualité de la possession qui doit suppléer aux
titres.
II°. Ensin les témoins, par la déposition desquels la pos-
session requise doit être établie.
Nous donnerons à chacun de ces objets un article séparé:
dans chaque article nous proposerons le sujet de la diffi-
culté, les prétextes bc (s'il en existe) les Sentences ou Ar-
rêts qui favorisent Fabus, les raisons qui le combattent, la
Loi qui doit le prévenir ou le réprimer.
Nous vous présenteronsensuite l'ensemble de la Loi, que
nous rédigerons fur vos observations.
ARTICLE PREMIER.
De la Dîme des menus fruits.
Un des coups les plus funestes que l'on puisse porter aux
Décimateurs bc fur-tout aux Décimateurs les moins aisés,
,
c'est de iaiííer prendre racine à la nouvelle Jurisprudence
que des efforts puissants bC multipliés cherchent, depuis
quelques années, à établir fur la dîme des menus fruits.
On n'entend plus aujourd'hui par les termes de menus
,
fruits, de simples légumes, ou les fruits de certains arbres,
ou même les fruits qui ne composent pas la principale ré-
colte d'une Paroisse: on veut étendre cette dénomination
généralement bc indistinctement à toutes les productions
quelconques, distinguées des quatre gros fruits. Jusques vers
le milieu de ce siécle, il n'y a gueres eu de contestations
fur la dîme de ces fruits, que de Décimateurs à Décima-
teurs j ou s'il s'en élevoit quelquefois entre les Décimateurs
b£ les Décimables on ses terminoit en obligeant se Décl-
,
inable de justifier son exemption par la prescription de droit.
II seroit facile de faire voir, par les anciens Arrêtistes de
presque tous les ressorts, que les Jugements fur cette ma-
tière fupposoient que la dîme des menus fruits n'est pas
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE 1786. 1139
moins due de droit, que ne l'est la grosse dîme 5 aue la pre-
mière ne différoit de celle-ci que par la possibilité de la pres-
crire j que la preuve de cette prescription étoit toute à la
charge du refusant 3 qu'en attendant que cette preuve fût
acquise bc administrée, la récréance de la dîme devoit être
adjugée au Décimateur. Aujourd'hui ces maximes font
oubliées ou si l'on s'en souvient, ce n'est que pour les
, ,
condamner, ou les prescrire comme de vieilles erreurs nées
de Fignorance bc des préjugés. Pour s'écarter plus íuremeni.
de ces prétendues erreurs, on s'est jette dans l'opinion abso
Jument contraire, bc l'on a mis en principe que c'étoit au
Décimateur lui-même à fournir la preuve de fa possession:
vous avez vu que c'étoit Fobjet du cinquième article de
1*Arrêt de Règlement du Parlement de Normandie. II faut
convenir que les Décimateurs commirent la plus grande
faute, lorsqu'on commença à leur imposer cette obligation ;
ils n'en sentirent pas les conséquences, bc ne s'y opposèrent
que soiblement. Pour détruire un principe qui renversoit
tout le régime décimal, il eût fallu remonter à Forigine
des dîmes faire connoître les premières Loix civiles fur
,
cette matière, en suivre la filiation, fixer le véritable sens
des Ordonnances, dissiper les nuages dont on les avoit en-
veloppées, rechercher les anciens Arrêts, démêler bc expli-
quer les espèces de ceux qui pouvoient être équivoques :
ce travail pénible parut lans doute peu néceílaire aux Déci-
mateurs , ils trouvèrent plus expéditif de trancher le noeud ;
par un fait à la portée de tout se monde 5 plusieurs s'oífri- ;
rent d'eux-mênaes à donner leurs preuves fur ce fait, bc.
ils se livrèrent à ce senre de défense avec d'autant moins
de scrupule qu'ils avoient moins d'inquiétude fur le succès :
,
ils démontroient efficacement qu'on leur disputoit en vain '
un droit dont eux bc leurs prédécesseurs ne s'étoient ja- '
mais relâchés. Les Auteurs du nouveau système craignirent
apparemment que si l'on se bornoit à exiger des Décima-
teurs ses preuves ordinaires de posiession, la dîme des me-
nus fruits ne se soutînt trop long-temps. Pour hâter fa ruine,
ils imaginèrentde surcharger cette preuve de tant d'entraves,
de tant de difficultés, de tant de conditions, qu'il fut im-
Rr1rrr z
Ï 140 PROCES-FERBJL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
possible de la faire. Ainsi, dans un très-bon Mémoire qui
nous a été envoyé du Diocèse de Dijon, nous apprenons
que le Parlement de Bourgogne veut que la possession" soit
immémoriale universelle ÓC uniforme ; qu'elle réunifie cu-
j
mulativement ces trois caractères5 que le défaut d'un seul
de ces caractères la rende nulle bc caduque. Si quelques
individus se sont soustraits, par ruse ou par force, à la prés
ration décimale: si des Curés, par négligence, par condes-
cendance ou par charité, ont accordé quelques remises j si
des Fermiers, par crainte ou par intérêt, ont favorisé quel-
ques particuliers, dès-lors la dîme n'est plus universelle ; si
dans la perception il est arrivé quelques variétés fur la quo-
tité ou fur la manière du paiement 3 si la convenance ou la
nécessité ont donné lieu à quelques abonnements j si la li-
cence ou la commodité des Fermiers leur a fait quelquefois
recevoir leur droit en argent, dès-lors la dîme n'est plus
unforme : elle n'est plus immémoriale , si l'on en montre
l'époque, quand même elle remonteroit au-delà de plu-
sieurs siécles. Une seule de toutes ces hypothèses rend la
possession illégitime ; une seule de toutes ces hypothèses
anéantit la dîme, même établie fur un titre formel, parce
que le Parlement de Dijon veut que le Décimateur, au
titre le plus évident joigne encore la force de la pos-
,
session.
VOUS savez, Messeigneurs bc Mestlcurs, à quels excès se
Parlement de Toulouse avoit porté la rigueur de sa Juris-
prudence sur la dîme des menus fruits, bc les embarras vrai-
ment insurmontables qu'il avoit attachés aux preuves de
possession.Nous ne répéterons pas tout ce qui est consigné,
íur cet objet, dans les Procès-verbaux des Astemblées de
1780 bc 1781: le Rapport fait à l'Assemblée de 1780 ne
laisse rien à désirer, ni fur Fhistoire de cette fâcheuse affaire,
ni sur le fonds de la question j mais la très-grande impor-
tance de la matière nous oblige de vous rendre compte de
ce qui s'est passé â ce sujet depuis l'Assemblée de 178 z.
Vous n'avez pas oublié qu'une première Déclaration,
adressée au Parlement de Toulouse des 1780, ne réussit
point j une seconde n'eut pas plus de succès, bc le Parle-
DU CLERGÉ DE FRANCE , 6 SEPTEMBRE 1786. 1141
ment continuoic de soutenir sa nouvelle Jurisprudence. Cet'e
espèce de lutte entre le Gouvernement bc la Magistrature,
entretenoit la confiance des Décimateurs bc des Décima-
blés : ils comptoient, les uns fur l'autorité de la nouvelle .
Loi, les autres fur la résistance du Parlement, bc les procès
íe multiplioient à -fi n fini. La bonté du Roi voulut au moins
arrêter ce désordre; c£,sans entrer dans le développement
des principes des Loix fur le régime décimal, Sa Majesté
changea la seconde Déclaration, bc la remplaça par des Let-
tres-Patentes du 1 6 Mars 1783, dont le seul but étoit, non
de décider si les Décimateurs dévoient faire des preuves de
possession mais de régler provisoirement la forme de ces
,
preuves, lorsque les Décimateurs seroient obligés ou admis
à ses fournir.
Le Parlement avoit proscrit toute menue dîme, lorsque
la quotité en seroit incertaine, bc auroit éprouvé quelques
variations : l'article premier des Lettres-Patentes rétablit la
prestation nonobstant les variations bc les incertitudes de
la quote. ,
Pour maintenir une menue dîme, le Parlement ne se
contentoit pas d'une preuve par titres, il exigeoit par té-
moins une preuve de possession trentenaire bc non inter-
rompue. Par l'article z des Lettres-Patentes, il est dit que
la preuve de poísestion ne pourra être ordonnée, s'il y a
titre ou Jugement suffisant sur le genre, ou sur Fespece de
fruit dont il s'açira.
Le Parlement, dans la preuve testimoniale de possession,
récusoit le témoignage des Préposés à la dîme, des seules
personnes qui puisent être bien instruites des usages; l'ar-
ticle 4 de la Loi, déclare que les Solatiers, ou autres anciens
Préposés à la perception de la dîme, pourront être entendus
comme témoins dans les enquêtes, s'ils ne fout actuellement
au service des Décimateurs.
Par ces dispositions, les Décimateurs ont obtenu justice
fur trois points très-essentiels.
Mais dans le troisièmearticle des Lettres-Patentes, il existe
une disposition particulière, dont nous ne pouvons ici, ni
méconnoître, ni dissimuler le danger : elle règle que, lors-
i i/fz PROCÉS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

que se Décimateur sera admis à la preuve , il sera obligé


d'établir., i°. qu'il a perçu la dîme litigieuse sur la majeure
partie des habitants du dîmaire, s'il s'agit de fruits non su-
jets à la dîme dans les lieux circonvoisins ; 2.0. qu'il a perçu
la dîme fur la majeure partie seulement des Cultivateurs
des productions en litige si elles sont décimables dans le
,
voisinag-e.
Quelque défavorable que soit en lui-même cet article,
se Parlement voulut encore y apposer une modification :
il déclara que dans aucun cas les preuves de possession de
la dîme des menus fruits ne pourroient être ordonnées que
fur la majeure partie des possesseurs de fonds du dîmaire.
Le Roi leva cette modification par des Lettres-Patentesdu
8 Mai 1783, qui furent suivies de Lettres de Jussion, du
10 Décembre de la même année, bc enregistrées seulement
le 6 Mars 1784. Le Parlement, en enregistrant ces Lettres
de Jussion, a réclamé encore, pour la nouvelle Jurispru-
dence qu'on le sorçoit d'abandonner : il a représenté au
,
Roi que les dimes des menus fruits ne pcuvoient être éta-
blies que par titre particulier ou par une possession suffi-
sante pour suppléer ìe titre bc que l'uíage des Décimateurs
,
voisins ne pouvoit acquérir un véritable-droit au Décima-
teur, dans le territoire duquel la queífion s'est élevée.
Tel est aujourd'hui l'état des choses en Languedoc.
Vous iueerez combien il est difficile de 1c rendre meilleur,
quand vous vous rappellerez que Factivité des démarches,
la force des représentations, la solidité des raisons, le talent
de les faire valoir, le mieux reconnu bc le plus exercé, en
un mot toutes les ressources qu'une bonne cause peut trou-
ver pour fa défense, ont été déployées dans cette affaire par
Monseigneur l'Archevêque de Toulouse. II est donc réglé,
par l'article 3 des Lettres-Patentes s que si un Décimateur
est admis à faire preuve de fa postession de la dîme d'un tel
fruit cultivé dans fa Paroiste, il doit, au cas que ce fruit
ne soit pas déclinable dans les Paroistes voisines, prouver
qu'il a perçu la .dîme de ce fruit fur la majeure partie de
tous les possesseurs de fonds de fa Paroisse ; bc , d'après la
modification mise à cet article par se Parlement, il doit seire
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE 1786. 1143
la même preuve, quand même le fruit seroit décimable dans
les lieux circonvoisins.
Si ce Régsement fubsistoit, non-feulement avec ia mo-
dification du Parlement, mais seulement dans la simple dis-
position des Lettres-Patentes, la dîme des menus fruits seroit
anéantie. En esset ces menus fruits, le plus communément,
n'occupent pas la plus grande étendue d'un dîmaire ; ils ne
font, pour l'ordinaire, cultivés que par quelques particu-
liers; il est donc, se plus communément, impossible de faire
la preuve de perception fur la majeure partie des habitants,
possesseurs de fonds. Cependant on mettroit toujours le
Décimateur dans Fobligation de fournir cette efpece de
preuve. Qu'une Parohle refuse la redevance, après avoir
concerté l'iníurrection avec les Paroisses voisines, ou le
plus grand nombre des Paroisses voisines, dès-lors on ne
pourra prouver que le fruit litigieux dans telle Paroifle, est
reconnu pour décimable dans les lieux circonvoisins; dès-
lors la preuve fur la majeure partie des possesleurs de fonds
de cette Paroisse, sera réputée nécessaire; dès-lors la preuve
de poflession est impostible, puisque se fruit n'est cultivé
que par la plus petite partie des possesteurs de fonds du dî-
maire : ce moyen de défense est si facile, qu'il est le plus
commun dans presque tous les Diocèses du Languedoc,
bc fur-tout dans le Diocèse de Comenges, dont FEvéque
soutient plus de cent Procès de ce genre, ££ tous défendus
par cet expédient frauduleux. Le soulèvement contre la
prestation est si général, que les Communautés qui la re-
fusent n'ent plus de voisins qui ne la refusent comme elles.
Si les lieux circonvoisins ne peuvent plus servir de termes
de comparaison ; si la preuve fur la majeure partie des pos-
sesseurs de fonds est impossible,puisqu'on ne peut prouver
un fait qui n'existe pas, il ne reste d'autre ressource aux
Décimateurs que dans Findulgence du Parlement, qui,
ayant égard à la fermentation générale, fe contenterait d'une
preuve de perception, non fur la majeure partie de tous les
possesseurs de fonds, mais feulement fur la majeure partie
des Cultivateurs du fruit contesté; mais cette indulgence,
les Décimateurs peuvent-ils s'en flatter ì Et quand ils i'ob-
ST44 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tiendraient aujourd'hui, oseraient-ils Fespérer par la suite?
Un sentiment donc les motifs sont si variables, peut-il assu-
rer l'état des Décimateurs ? doit-il servir de base au droit
ou au devoir des Parties intéreíìées ?
D'ailleurs cet article 3 est injuste dans son principe : il
suppose qu'un Décimateur doit être déchu de son droit, si
le Décimateur voisin a perdu ou négligé se sien; que telle
Paroisse est affranchie de fa redevance, si les Paroisses voi-
sines nc veulent pas acquitter une dette pareille : mais un
droit acquis au possesseur doit-il se perdre par le fait d'au-
,
trui? L'asiujettiísement à ce droit, peut-il dépendre de ce
que font, les étrangers? La prestation est légitime, ou elle
ne l'est pas. Dans la rigueur, il est également contre Féquité
naturelle, ou de m'exempter d'une prestation que je dois,
parce qu'un tiers n'y est pas soumis, ou de me soumettre
à une prestation que je ne dois pas. parce qu'un tiers en est
exempt : le maintien ou Fabolition d'une dîme devroit
donc, d'après les strictes règles de la justice, se décider uni-
quement par la Coutume du lieu où. elle esc réclamée.
L'article 3 est encore sujet à avoir souvent des applica-
tions irréffulieres bc contradictoires. Dans une Paroisse on
cultive telle espèce de fruits fur le lieu du dîmaire; cette
espèce de fruit n'est pas cultivée dans les Paroisses voisines:
la dîme en a été payée jusqu'à présent par ses Cultivateurs
de la Paroisse clont il s'agit; mais aujourd'hui ils la refusent: -
le Décimateur, par l'article 3 doit être évincé; il ne peut
,
prouver la possession sur ie plus grand nombre des posses-
seurs de fonds de fa Paroisse, puisque le fruit n'est cultivé
que sur un tiers de ces fonds. Dans une autre Paroisse du
même Diocèse, mais éloignée- de la première, 011 cultive
la même eípcce de fruit; òn la cultive pareillement fur le
tiers du dîmaire.. Ô£ on ne la cultive point aux environs:
la dïme en a été contestée il y a quarante ans; elle a été
adjugée au Décimateur par Arrêt; on la dispute aussi au-
jourd'hui. Pau l'article z des Lettres-Patentes les Décima-
,
bles doivent être condamnés, puisqu'il existe contre eux
un Jugement précédent : ainsi, par les dispositions des Let-.
tres-Patentes, ie môme droit précisément doit être çonsirmé;
d'un
DU CLERGÉ DE FRANCE > 6 SEPTEMBRE 1786. 1145
d'un côté, parce qu'il a été disputé autrefois, bc il doit être
aboli dans un autre lieu, quoiqu'il y ait toujours été exercé
fans contestation.
Ces observations nous paraissent prouver que ses Lettres-
Patentes de 1783 n'atteignent pas le but qu'elles s'étoient
proposé; qu'elles doivent éterniser bc susciter les procès, au
lieu de ses prévenir ou de les éteindre; bc qu'elles laissent
les Décimateurs du Languedoc sous toute la pesanteur du
joug qu'elles avoient voulu alléger.
Un autre inconvénient de ces Lettres-Patentes, c'est
qu'elles pourraient faire croire à quelques personnes qu'il
a été reconnu par le Légistateur que, dans le cas de con-
testation fur la dîme des menus fruits, le Décimable sera
dispense de prouver son exemption, bc que le Décimateur
fera seul obligé de prouver sa possession.
Ceux qui donneraient cette intention à la nouvelle Loi,
la feraient prononcer sur des objets fur lesquels le Législa-
teur lui-même convient qu'il n'a pas voulu prononcer : Sa
Majesté n'a pas eu en vue, dans ces Lettres-Patentes, de
régler la nature bc Fétendue du droit Décimal, d'en fixer
le régime d'en développer les conséquences. Ce sont les
,
circonstances seules du moment qui ont donné lieu à cette
Loi ; elles étoient telles alors dans le ressort du Parlement
de Toulouse, qu'il fallut, pour ne pas dépouiller le Déci-
mateur de toutes les menues dîmes, s'occuper fans délai à
rendre possible la preuve qu'on exigeoit de lui; cette pos
fibilité fut Funique objet des soins du Légistateur; il s'y est
renfermé, bc n'a rien voulu statuer au-delà.
Ces réflexions, que nous fournit un excellent Mémoire
fur les Dîmes de Languedoc, bc que présente le préambule
même des Lettres-Patentes, prouvent bien que leur objet
n'est pas de décider si le Décimateur doit jamais constater
son droit par une preuve de postession ; mais il est certain
que la Loi laisse cette question indécise, bc peut même ins-
pirer j sur ce point, des préjugés contraires aux Décimateurs.
Ce sont ces préjugés, qu'il est important de détruire par
une prompte décision : bc l'article qui doit régler cet objet
Procès-verb. de 1785-1786. Sss s ss
1146 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
capital, sera sans doute un des plus essentiels de la nouvelle
Loi que vous solliciterez.
Dans le Rapport que nous avons eu l'honneur de vous
présenter pendant le cours de vos Séances de Fannée der-
niere fur la dîme des fruits de nouvelle culture , notre
,
unique objet a été d'établir les raisons qui doivent vous
procurer une décision favorable, bc fur cette dîme des fruits
de nouvelle culture, bc généralement fur la dïme de toutes
les productions distinguées des quatre gros fruits. Nous
croyons avoir montré, d'une manière convaincante, que
la dîme n'est pas un don volontaire accordé par la charité
,
ou la générosité des Cultivateurs ; qu'elle n'est l'esset d'au-
cune convention entre ceux qui la paient bc ceux qui la
perçoivent ; qu'elle n'est pas due en vertu de quelque traité,
mais par des Loix formelles bc précises, émanées du Souve-
rain, bc auxquelles toute la Nation a concouru bc s'est assu-
jettie; que les plus anciennes de ces Loix avoient assujetti
à la dîme tous les Propriétaires indistinctement, tous les
fruits, tous les genres de culture fans exceptions ni limi-
,
tations; que les Loix subséquentes n'avoient pas distingué,
les espèces de fruits; qu'à la vérité Fusage avoit introduit
quelques restrictions pour la dîme des productions moins
importantes que les quatre gros fruits; qu'il avoit établi la
prefcriptibilité de la dîme de ces mêmes productions; que
le Clergé ne vouloir point lutter contre cet usage ; mais
qu'on devoit avouer aufli que ces usages locaux n'étoient
que des exceptions au Droit Commun, aux Loix généra-
les ; que, d'après toutes les règles de Féquité, c'étoit à ce-
lui qui vouloit profiter de ces exceptions à les prouver ; que
c'étoit donc au Décimable qui prétendrait ne pas devoir
la dîme de quelque fruit, à justifier son immunité par la
possession bc la prescription de droit. Nous avons fait voir
que ces principes bc ces conséquences dévoient s'étendre aux
fruits, même de nouvelle culture, bc que l'exactitude de
ces principes bc la rigueur de la Loi conduisoient à les sou-
mettre à la dîme, dès que l'on n'auroit pas acquis la pos-
session quarantenaire de ne pas la payer.
Vous pouvez donc espérer, Messeigneurs bc Messieurs
,
DU CLERGÉ DE FRANCE , 6 SEPTEMBRE 1786. 1147
que sur ces objets d'une extrême conséquence, la nouvelle
Loi réglera ce qui suit.
1 °. Les Loix bc Ordonnances du Royaume, concernant
les dîmes, bc notamment l'article 50 de l'Ordonnance de
Blois, du mois de Mai 1 J79 ; l'article 29 de FEdit de Me-
lun bc l'article 49 de FEdit de 169 $ seront exécutés -selon
,
leur forme bc teneur; en conséquence la dîme des quatre
gros fruits, savoir, du froment, du seigle, de Forge bc de
Favoine continuera d'être réputée imprescriptible de sa na-
ture , excepté pour la quotité, bc comme telle, sera due bc
exigible dans quelque terrein que lefdits grains aient été
ensemencés bc récoltés, ce qui aura lieu fans qu'aucune
preuve de posiession puisse être exigée , ni admise.
z°. A Fégard de toutes les autres dîmes, de quelque es-
pèce qu'elles soient, les Décimables pourront s'en astranchir
par la prescription qu'ils auront acquise contre leDécimateur;
en conséquence seront réputées lefdites dîmes prescriptibles
totalement, tant pour la dîme elle-même, que pour la quo-
tité, fans néanmoins que les propriétaires ou possesseurs des
héritages sujets auxdites dîmes, puissent proposer, ni allé-
guer en jugement, pour leur libération, d'autre possession,
ni prescription que celle de droit, bc ce conformément à
l'article $0 de l'Ordonnance de Blois à l'article 29 de
,
FEdit de Melun & à l'article 49 de FEdit de 1695.
3 °. Si l'on semé dans une Paroisse un fruit nouveau, on
fe réglera, pour le droit de dîme de ce fruit, sur Fusage des
trois Paroisses les plus voisines où le fruit sera cultivé, bc
qui seront des mêmes Diocèse bc Bailliage que celle où la
contestation s'élèvera ; le fruit susdit sera exempt, si les
Cultivateurs justifient qu'il est recueilli dans lefdites Pa-
roisses depuis plus de quarante ans, bc qu'il n'a pas été payé
pendant cet espace de temps, par le plus grand nombre de
ceux qui Font cultivé ; à défaut de preuve de cet usage sur
ie fruit contesté, la dîme en fera due, bc ce à la même
quotité que celle qui est d'usage dans la Paroisse pour les
autres dîmes.
Vous venez de voir, Messeigneurs bc Messieurs, com-
bien le système de la prescriptibilité de la dîme des menus
S sssss z
Ï148 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
fruits avoit été fatal au droit décimal ; ce fystême a in-
troduit la dîme insolite; bc les doutes, les obscurités qu'on
affecte de jetter fur la nature de cette dîme, menacent les
Décimateurs d'être bientôt réduits à la feule dîme des qua-
tre gras fruits. Les Décimables ne se contentent pas encore
de ces avantages : encouragés par des succès également ra-
pides bc faciles, ils n'ont pas craint d'attaquer la grosse dî-
me elle-même. Les équivoques ies plus frivoles, ses plus
vaines subtilités leur paroi fient d'excellents motifs pour lé-
o-itimcr leurs refus. Du froment est temé à la fin de Fhiver,
au lieu de Fêtre au commencement ae Fautomne ; ce chan-
gement de saison , pour les semences, n'est pas ordinaire;
c'est donc une dîme insolite. Avec quelqu'un des gros fruits
on semé une efpece de grain qui n'est pas décimable : ce
mélange ne s'exécute que dans quelques cantons bc par
quelques particuliers ; encore une dîme insolite, la distance
seule, plus ou moins grande que l'on met entre une pro-
duction bc fa racine, suffit pour appeller cette dîme insolite.
Dans quelques endroits on marie la vigne à des arbres ou
à des perches élevées d'où pend le raisin : cette méthode
éloigne le raisin de la terre plus qu'il n'en est éloigné par
la culture commune, par conséquent dîme insolite. A voir
la signification fi arbitraire, si étendue, bc sur-tout si étran-
ge , que les Décimables se plaisent à donner à ce mot
d'inselite, on croirait qu'ils veulent ajouter la dérision à Fin-
justice.' Cependant ses Cours n'ont pas réprimé avec assez
de sévérité ces singulières tentatives ; les abus s'établissent bc
fe multiplient: contre le Décimateur, Fabus fait usage, bc
l'usage fait loi. II est de notre devoir de mettre sous vos
yeux des entreprises austi effrayantes, & de solliciter votre
zèle ô£/votre crédit pour obtenir du Roi le maintien des
anciennes règles si ouvertement violées.
ARTICLE II.
De la Dîme de quelques gros fruits j semés après là saison
ordinaire.
Dans quelques Provinces, &£ particulièrement en Au-
DU CLERGÉ DE FRANCE , 6 SEPTEMBRE 1786. 1149
vergue, on semé quelquefois au mois de Mars du froment,
qui, dans Fefpace de trois mois, vient en maturité, bc que
pour cette raison on appelle Trémois. Les habitants de la
Paroisse de Saint-Sernin, dont ie Chapitre Cathédral de
Clermont est Décimateur, pratiquèrent ce genre de cul-
ture ; la dîme leur en rut demandée par les Fermiers du
Chapitre, bc ils la refusèrent comme insolite; ils furent
traduits par le Chapitre à la Sénéchaustée de Clermont;
ils craignirent les suites du Jugement, bc se déterminèrent
à payer la dîme. Un seul d'entre eux, nommé Benaquet,
persista dans son refus, bc se présenta, pour le soutenir, de-
vant la Sénéchaustée. Sur cette contestation intervint une
première Sentence, qui maintenoit bc gardoit le Chapitre
de Clermont dans le droit bc la poílestion de percevoir la
dîme du trémois dans toute Fétendue de la Paroisse de Saint-
Sernin bc spécialementfur les terres appartenantes au Sieur
,
Benaquet. Cette Sentence, quoique juste dans le fond, étoit
vicieuse dans une de íes dispositions; elle permettoit une
enquête fur Fufage du lieu, elle foumettoit ainsi à la preuve
testimoniale une grosse dîme, une dîme imprescriptible : les
habitants formèrent une tierce-opposition à cette Sentence ;
mais le Chapitre n'en obtint pas moins une Sentence défi-
nitive le zy Août 1776, par laquelle, fans avoir égard à
Fintervention ni à la tierce-opposition des habitants de
Saint-Sernin, ,bc fans s'arrêter à Fenquête, le Chapitre fut
gardé bc maintenu dans son droit de dîme. Le Sieur Bena-
quet ne balança point à interjetter appel de cette Sentence ,
la démarche réussit, bc la Sentence fut infirmée par Arrêt
rendu en la seconde Chambre des Enquêtes, le 3 1 Août
1779. Çet Arrêt prive le Chapitre du droit de percevoir la
dîme du froment trémois dans toute l'étendue de fa dîmerie
fur la Paroisse dé Saint-Sernin.
NOUS ignorons quels motifs ont pu déterminer un pareil
Jugement : jusqu'alors les principes fur cette question ont
été reo-ardés comme incontestables. Tout le monde convient
que le bled est une dîme de droit, qui se paie dans tous ìcs
pays où le régime décimal est en vigueur: on ne íeroit pas
reçevable à la refuser, quand même, de temps immémorial,
îîj'o PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
elle n'auroit pas été payée dans une Paroisse. Tous les Au-
teurs rapportent une foule d'Arrêts qui Font ainsi jugé :
Recepta Sententia efl, dit d'Argentré fur la Coutume de
Bretagne, article z66, n°. 10, nec confuetudine, nec con-
finfu, nec proefiriptione acquiri pojje exceptwnem^ etidmfe totis
mille anms nihil ejset folutum.
Le Parlement a-t-il pu croire que le trémois n'étoit pas
du froment ? La saison de Fensemencement peut-elle déna-
turer la substance du grain ? Du froment semé en Mars,
n'étoit-il pas du froment comme le froment semé en Octo-
bre? Le trémois est moins gros, moins nourri que se fro-
ment ordinaire; mais il est de même nature, bc, sous quel-
ques rapports, d'une meilleure qualité. Les fruits hâtifs ou
tardifs peuvent, être plus ou moins parfaits, selon qu'ils sont
recueillis plutôt ou plus tard ; mais ils n'en sont pas moins
telle, ou telle espèce de fruits. Par la négligence ou les soins
du Cultivateur, par Fintempérie des faisons, par la bonté
du terrein ou Fingratitucle du sol, toutes les productions
de la terre, &: les gros fruits eux-mêmes, acquièrent ou
perdent différents dégrés de perfection; dira-t-on que ces
fruits, ces productions (ont plus ou moins décimables dans
les mêmes proportions ?
La Cour a-t-elle trouvé que l'enquête prescrite par la
première Sentence n'étoit point concluante pour le Cha-
,
pitre? Mais cette enquête avoit été abusivement ordonnée
parles premiers Juges, incompétemment requise parles
Décimables, irrégulièrement consentie par le Chapitre. Lors
que les Parties, dans leurs défenses, les premiers Juges,
dans leurs Sentences, oublient les principes ou s'en écartent,
c'est aux lumières supérieures des Parlements qu'il appar-
tient de dissiper leurs erreurs, bc de les ramener à la vérité.
L'enquête ne devoit point avoir lieu pour une grosse dîme,
pour une dîme imprescriptible, pour une dîme que les pro-
priétaires ont été condamnés à payer par mille Arrêts, mal-'
gré une possession contraire de soixante, de quatre-vingt,
& même de cent années de non prestation.
Quoi qu'il en soit des motifs de l'Arrêt de 1779, il
est important d'en prévenir ses fuites par un article ex-
DU CLERGÉ DE FRANCE , 6 SEPTEMBRE 1786. 11 $ 1
près de la nouvelle Loi, où il seroit ordonné que:
La dîme des quatre gros fruits, bled, seigle, orge bC
avoine sera payée en quelque saison de Fannée que lesdits
grains soient semés bc recueillis, bc sous quelques dénomi-
nations de trémois, de morfeigle ou autres, que lesdits grains
soient connus bc cultivés, bc ce nonobstant tout usage bc
toute possession contraire, fût-elle même immémoriale.
ARTICLE III.
De la Dîme des gros fruits ou autres fruits décimables, mé-
langés avec des fruits non décimables.
Un autre prétexte bien frivole de se soustaire à la dîme
des gros fruits, mais qui n'en a pas été saisi moins avide-
ment par les Cultivateurs, c'est de mélanger un ou plu-
sieurs de ces fruits dans une quantité^quelconque, avec des
fruits non décimables. Ce mélange est connu dans quelques
cantons sous le nom de Bataille, dans d'autres sous le nom
de Ramadis : il se multiplie ou peut se multiplier dans plu-
sieurs Provinces ; il sert particulièrement à la nourriture des
bestiaux. Ce genre de production a déja donné lieu à des
procès, bc à des condamnations contre ses Décimateurs.
Nous voyons dans le Procès-verbal de 1780 que par Arrêt
,
du Parlement de Toulouse, du 23 Mars 1774, la dîme du
mélange, nommé Bataille, fut adjugée au Chapitre de Va-
bres, Décimateur de la Paroisse de Confoulens ; mais par
Arrêt du 8 Août de la même année bc de la même Cour,
la dîme du mélange, appellée Ramadis, bc composé, com-
me le précédent, de bled bc de fruits non décimables, fut
soumise à l'enquête, c'est-à-dire, dans les nouveaux prin-
cipes de ce Tribunal, à la preuve de la possession par le Dé-
cimateur ; bc ce dernier Arrêt forme l'état actuel de la Ju-
risprudence sur cet objet.
VOUS jugez facilement, Messeigneurs bc Messieurs com-
,
bien une pareille Jurisprudence vous seroit défavorable, bc
à quel point elle contrarie les maximes fondamentales. Des
épis de froment séparés les uns des autres par une produc-
tion intermédiaire, n'en produisent pas moins du froment,
Ï i y z PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
n'en sont pas moins une grosse dîme, une dîme imprescrip-
tible ; se mélange n'a d'autre esset sur le bled, que cette sé-
paration; se droit de dîme acquis par la Loi, ne peut être
détruit par se fait du Contribuable. Si ce principe, en ma-
tière de grosse dîme devenoit incertain, la volonté, le ca-
,
price ô£ fur-tout la mauvaise foi du Décimable, invente-
,
roient mille moyens d'anéantir le droit du Décimateur; bc
s'il fuífisoit, par exemple de mêler avec un setier d'avoine
,
un boisseau de tel fruit qui ne seroit pas lujet à la dîme,
il n'y a pas de Cultivateur qui, par ce'moyen, ne s'exemp-
tât de fa redevance.
Nous convenons, d'un autre côté, que le mélange d'un
fruit décimable avec un fruit qui ne l'est point, ne doit
point assujettir ce second fruit à la dîme. Ces deux obser-
vations méritent une attention égale : il faut prononcer fur
des intérêts opposés ; mais le Jugement doit être impartial.
Si l'on déclarait que lés fruits non sujets à la dîme y seront
soumis, dès qu'ils seront mêlés avec des fruits décimables,
Féquité seroit blessée ; comment ne la seroit-elle pas, en af-
francbisiant les fruits décimables pour le seul mélange
avec les fruits non décimables ? Et lorsque les Cultiva-
teurs veulent persuader que Fimpostibilité de séparer les
fruits mélangés s'oppose à l'acquit de la redevance pour ses
fruits décimables, ne peut-on pas leur répondre que Fim-
possibilité*de séparer les fruits mélangés, s'oppose à Fexemp-
tion des fruits non décimables? Le raisonnement est abso-
lument appuyé sur le même principe : par quel privilège
seroit-il absurde de la part du Décimateur, bc concluant
de la part du Décimable ? Dans une contestation où le droit
bc l'exemption sont reconnus, il est du strict devoir de la
justice distributive de conserver le droit fans nuire à Fexcep-
iion, bc réciproquement de protéger l'exception fans dé-
truire le droit; il nous semble qu'on parviendrait à çe but,
íì la Loi étoit proposée comme il suit.
Toutes les espèces de grains des quatre gros fruits, bc
généralement toutes productions décimables dans une Pa-
roisse ou un canton qui seront mélangés avec d'autres
,
productions non décimables, en quelque quantité que ce
soit,
DU CLERGÉ DE FRANCE _, 6 SEPTEMBRE I y S 6. 11 $ 3
soit, seront toujours assujetties à la dîme pour moitié seu-
lement de la totalité du mélange, mais à la même quotité
que celle qui est d'usage pour l'eípece, ou les espèces dé-
cimables qui entrent dans le mélange, bc ce nonobstant
tout uíage contraire, auquel nous avons dérogé bc déro-
geons par ces Présentes.
Nous avons, Messeigneurs bc Messieurs, discuté plusieurs
projets de cet article : fans doute il seroit plus exact de sou-
mettre rigoureusement le mélange à la dîme du tiers, de
la moitié ou des deux tiers, lorsque se mélange seroit com-
pose de ces mêrnes quantités de productions décimables;
mais.il seroit difficile de sixer avec précision ces quantités
qui doivent être très-variables ; les à peu près auraient eu
trop de latitude , bc une Loi Ía2;e doit fur-tout éviter les
dispositions vaques.
On pourroit encore déterminer que le mélange seroit
assujetti à la dîme pour la totalité, lorsque la production
décimable excéderait la moitié du mélange ; qu'il seroit
affranchi de la dîme pour la totalité, lorsque la production
non décimable dominerait, bc qu'il paierait la dîme pour
la moitié seulement, lorsque le mélange seroit par parties
égales de productions libres bc de fruits décimables; mais
cette règle seroit sujette à plusieurs inconvénients, en don-
nant la dîme de la totalité du mélange dans le cas où la
production décimable y seroit la plus forte; elle paraît d'a-
bord compenser la perte que seroit le Décimateur qui seroit
privé de la totalité de la dîme, lorsque la production non
décimable surpasserait la moitié du mélange; mais il seroit
bien à craindre que cette compensation ne fût purement
illusoire : quelle facilité n'auroit pas le Cultivateur, pour
faire toujours dominer dans le mélange la production non
décimable, bç pour anéantir le cas éventuel, soit de la to-
talité, soit même de la moitié de la dîme?
La Loi que nous avons proposée, nous paraît la plus

claire dans ses dispositions, bc la moins embarrassante dans
l'on exécution. II est bien probable que le Décimateur y
perdra encore ; nous pensons que la partie des fruits déci-
mables sera le plus souvent dominante dans le mélange;
Psoce^-verb. de iy(à$-iy%6. Ttcttt
iiJ4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

nous croyons austi qu'en supposant le mélange en jquantité


parfaitement égale de fruits exempts bc de fruits décimables,
la dîme de la moitié du mélange n'aura pas réellement au-
tant de valeur qu'en auroit eue la dîme de la production
décimable, semée bc recueillie séparément ; car il est cer-
tain que deux boisseaux , par exemple, d'un mélange de
froment cc de lentilles, ont moins de prix que deux bois-
seaux de pur froment; mais il nous a paru que les Décima-
teurs ne dévoient pas scrupuleusementcalculer ces désavan-
tages; trop heureux h, par quelques légers sacrifices, nous
pouvons éviter ses procès, cc assurer le repos bc la tran-
quillité des Pasteurs fans trop compromettre leurs droits!
ARTICLE IV.
De la Dîme des vignes élevées.
Dans la Province de Dauphine il existe une especc de
vignes au'oii nomme Hautains : ces vignes difterent uni-
quement des vignes ordinaires, en ce qu'elles sont élevées
fur ces piquets plantés en rangs, bc à telle distance les uns
des autres, que le terrein intermédiaire puilie être mis en
culture.
Le vin de temps immémorial est décimable dans le
, ,
Dauphine, il y est réputé grosie dîme; cependant aujour-
d'hui la jurisprudence constante du Parlement de Greno-
ble est d'affranchir les hautains de toute redevance décl-
inable : les Décimateurs de cette Province en portèrent leurs
plaintes à FAfsembiée de 1780 ; elles ont été renouvellées
à F Assemblée de 178 z : bc les griefs n'étant point encore
réparés les plaintes continuent toujours.
,
L'abus qui commence à s'établir dans se Dauphine, pour-
roit austi s'introduire dans le ressort du Parlement de Paris;
il auroit pour prétexte un Arrêt de cette Cour, rendu à peu
près dans Fespece que nous traitons. Vers le milieu de ce
siécle, dans une Paroisse du Bailliage de Chinon où la dîme
O,
des vignes baísès se payoit fans difficulté, quelques parti-
culiers refusèrent la dîme des ceps de vignes élevées dans
des arbres fruitiers, bc prétendirent' que celte dîme étoit
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE 1786. 1155
insolite. M, F Abbé cl'Aydie, alors Doyen de Tours bí Dé-
cimateur de cette Paroisse, forma sa demande contre les
quatre particuliers refusants, bc obtint des Sentences par
défaut, qui les condamnèrent au paiement de la dîme. Sur
leur appel de ces Sentences, bc fur Fintervention des autres
habitants de la Paroisse de Huimes, le Bailliage de Chinon
ordonna que lesdits habitants feraient preuve de leur pos-
session de ne pas payer la dîme des vignes élevées ; bc dans
le mois de Juin 175 1, fur les conclusions de M. Joly de
Fleury, la Grand'Chambre confirma par Arrêt la Sentence
du Bailliage de Chinon.
iì résulterait de la Jurisprudence du Parlement de Gre-
noble bc de F Arrêt du Parlement de Paris, qu'un fruit sujet
à la dîme, bc reconnu pour tel de temps immémorial, pour-
roit. être soustrait à la prestation décimale par se plus léger
changement dans la manière de le cultiver, bc seulement
en l'élevant de terre, bc en Féloignant de sa racine un peu
plus que de coutume. Accueillir de telles idées, Messei-
gneurs bc Messieurs, n'est-ce pas ouvrir la porte aux procès
les plus vexatoires, bc aux fraudes les plus évidentes ? Les
Décimables négligeront-ils de prendre une méthode qui
les délivrera d'une charge qu'ils redoutent ? Et par quels
moyens les Décimateurs pourront-ils s'y opposer ? Conve-
nir que la Loi prescrit la dîme de tel fruit, bc soutenir qu'elle
en dispense, si ie fruit est cultivé d'une manière nouvelle,
n'est-ce pas se jouer indécemment de la Loi? comme si un
fruit décimable ne coníervoit pas cette qualité tant que la
nature du fruit n'est pas changée ? comme si la nature du
raisin étoit changée, parce que les branches du cep font plus
étendues en largeur ou en hauteur? Ce n'est pas le cep
qui doit la dîme, c'est ie fruit produit par le cep; bc ce
fruit ne conserve-t-il pas la même nature, quelque varia-
tion qui puisie arriver dans le développement du cep?
Puisque des raisons aussi palpables n'ont pas íuífi pour
défendre les Décimateurs, vous appellerez la Loi à leur se-
cours , bc vous demanderez, fur cet objet, un article exprès,
par lequel il sera réglé que :
La dîme de toutes les productions décimables dans une
Tttttt z
u$6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Paroisse ou dans un Canton, bc spécialement la dîme de
toutes les vignes dans les lieux où. la dîme clés vignes est
solite sera payée à la quote ordinaire, de quelque ma-
,
nière que lefdites productions ou vignes soient tenues bc
cultivées, bc ce nonobstant tout usage contraire.
NOUS pouvons appuyer cette disposition de la Loi sur
quelcucs Jugements conformes, rendus par des Cours sou-
veraines : c'est un usage aílez ordinaire en Anjou de planter
de la vip-ne dans les sillons des terres labourables. Ces vignes
font connues fous le nom de vignes de la vallée vignes en
,
ranpées : les autres vignes s'anpeilent, vignes des coteaux,
bc la dîme n'en est pas contestée.
Par Arrêt du Parlement de Paris, du 4 Mai 1741,
il fut inr-é que la dîme des vignes en ranpees étoit due,
nonobstant la possession des habitants de ne pas la payer.
Uri Arrêt du Grand-Conseil, du 8 Juillet 1734, avoit
déja jugé la même question au profit de l'Abbé de Saint-
Florent de Saumur; la dîme des vignes en ranpées lui fut
adjugée, quoique les habitants aliégasient leur possession
immémoriale d'exemption de cette dîme. Enfin un autre
Arrêt de la même Cour a ordonné que les habitants de
•Varennes paieraient à FAbbesse de Fontevrault la dîme des
vignes de la vallée ou des vignes en rangées, quoique la
culture en eût été interrompue pendant un grand nombre
•d'années par les débordements de la Loire. Mc de Jouy plai-
doit dans cette affaire pour le Décimateur 3 c'est de son
ouvrage íur les dîmes, chapitre 3 , n 9. S , que nous tirons
les trois Arrêts que nous venons de citer.
Pour justifier ie refus de dîme des hautains bc des vignes
élevées, on pourroit objecter que les Tribunaux proscri-
vent cette dîme, non parce que ces sortes de vignes ont
une culture particulière, mais parce qu'elles produisoient
une double récolte dans le même champ bc dans la même
année.
Nous répondons d'abord que l'on n'a eu aucun égard à
cette raison pour les vignes en rangées, puisque ces der-
nieres íonz plantées dans les sillons des terres labourables
,
quelles- donnent lieu à une double récolte, bc que néan-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE 1786. 1157
moins les Arrêts de 1734, de 1742. bc de 1750, les ont
déclarées décimables.
Nous ajoutons qu'exempter de la dîme les hautains bc les
vignes élevées, fous le prétexte qu'elle donnerait lieu à la
dîme d'une double récolte, c'est défendre une erreur par
une autre erreur.
Nous allons nous arrêter un moment fur cet objet.
A R T í C L E V.
De la dîme des doubles récoltes.
La question fur la dîme des doubles récoltes, ne peut
regarder ses quatre gros fruits. Dans le Royaume 3 les terres
semées en froment, seigles orge ou avoine, ne rapportent
}
ces sortes de fruits qu'une fois par an j mais pour d'autres
productions, la double récolte peut avoir lieu de plusieurs
manières. Un terrein quelconque, après avoir donné telle
efpece de fruits, peut encore recevoir la semence d'un au-
tre fruit qui parviendra à sa maturité , bc pourra être re-
cueilli quelques mois aprè^ la récolte du premier, bc dans
le cours de la même année. Cette double récolte successive
ne doit point être rare dans les différentes espèces des me-
nus fruits. II peut encore arriver que le même champ íoit
chargé de deux espèces de productions, dont la végétation
soit simultanée. Tels sont, en Anjou ces champs dont nous
,
venons de parler, bc où l'on voit des vignes en rangées plan-
tées dans les sillons des terres labourables. Dans ces champs,
le grain bc le raisin croissent ensemble pour être récoltés
,
chacun dans la saison propre de la même année : ensiu, la
même production peut quelquefois elle seule enrichir le
Propriétaire d'une double récolte. Ainsi dans plusieurs de
,
nos Provinces, les prairies, après avoir fourni en été une pre-
mière récolte, en offrent en automne une seconde, connue
fous le nom de regain.
Nous supposons ici que les deux productions de la dou-
ble récolte successive ou simultanée cultivées dans la même
,
année bc dans le même champ, sont des productions déci-
mables, l'une bc l'autre suivant Fusage du lieu 3 que ce sont
•s i j-8 PROCES-VËRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
des fruits dont la dîme ne seroit point contestée, s'ils étoient
recueillis chacun une fois dans Fannée bc dans un champ
íepare.
La question ainsi présentée ne paraît pas pouvoir deve-
,
nir l'objet de la plus légère contestation. Les Auteurs qui
ont écrit fur les dîmes, n'ont pas même discuté ce point,
tant ils Font cru à Fabri de toute incertitude. On ne cesse
d'invoquer, pour les Cultivateurs, la maxime que ce n'est
pas la terre qui doit la dîme , mais que ce font les fruits qui
doivent Facquitter. Dans tous ses Tribunaux dans tous les
,
Jurisconsultes, cette maxime est érigée en axiome fonda-
mental. Or, d'après cette règle si inviolable comment les
,
Cultivateurs ont-ils pu imaginer bc soutenir que les fruits
d'une seconde récolte sont affranchis de la dîme parce
,
qu'elle a été payée pour les fruits d'une première récolte ?
Si la dîme étoit due par le fonds, par le soi, on pourroit pré-
tendre avec quelque vraisemblance, que la dette du fol
,
ayant été acquittée une fois dans Fannée elle ne sauroit
,
être exigée une seconde fois. Mais dès aue l'on admet la
dîme due par ses fruits, il est irn^poííible qu'un fruit acquitte
la Aetze d'un autre fruit. Dira-t-on que cette double im-
position est trop onéreuse? Mais cette double imposition
n'est que la fuite d'un double revenu d'un double profit
,
pour le Propriétaire : la dette simple n'est-elle pas onéreu-
se ? Toute espèce de contribution publique, quelque juste,
quelque nécessaire qu'elle soit, n'est-elle pas onéreuse? bc
Fobligation d'acquitter des.charges, de remplir des de-
voirs, se mefura-t-elle jamais, fur la commodité du Re-
devable ?
Toutes les réponses des Provinces à nos différentes quef
dons, fur la matière des dîmes, s'accordent à nous assurer
que dans leurs ressorts la dîme des doubles récoltes n'est
point contestée : vous n'en.serez que plus étonnés, Messei-
gneurs bc Meíseigneurs, que par trois Arrêts le Parlement
de Grenoble ait refusé la dîme du bled noir sur retouble ou
seconde récolte tant à Monseigneur l'Evêque de Valence,
,
qu'à sa Cathédrale, quoique leur possession fût constante,
immémoriale & qu'ils ofíriíìent de la prouver par titres bc
,
DU CLEP.GÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE 1786. 1159
par témoins. La demande en preuve fut rejettée, bc le Par-
lement a voulu décider par-là non-seulement que la dîme,
dans Fespece particulière qui constituoit le litige, n'étoit
point acquise aux Décimateurs, mais en général qu'il étoit
impossible de Facquérir même par la possession la plus
,
ancienne jointe aux titres les plus formels.
Nous espérons, Messeigneurs ôc Messieurs, qu'à votre
sollicitation ie Législateur réformera une Jurisprudence austi
contraire aux vrais principes.
Si ces principes étoient seuls consultés, ils nous condui-
raient à conclure pareillement que la seconde récolte du
même fruit n'est pas moins décimable que la première, bc
que le regain bc la coupe qui le préçede, sont également
soumis à la même prestation dans les lieux où le foin est
sujet à la dîme. En esset il est aujourd'hui de règle cons-
tante que lorsqu'un fruit est sujet à la dîme , c'est la totalité
de ce fruit qui y est aíiujettie, de sorte qu'on ne peut en
soustraire aucune partie au paiement de la dîme. Dans un
pré que l'on fauche deux fois, quelle est la totalité de la
récolte du foin ? N'est-ce pas ce que l'on coupe dans les deux
fauchaisons ? C'est donc fur la totalité de ces deux coupes,
que la dîme doit être levée j bc dans l'exacfe précision, il
n'y a pas plus de raison de préférence pour prendre la dî-
me de la première coupe, sans la prendre de la seconde,
qu'il n'y en auroit de prendre la dîme de la seconde coupe
íans la prendre de la première.
II faut cependant convenir que dans quelques Provinces
Fufage qui a tant d'empire fur la perception décimale, sem-
ble n'autoriser le Décimateur qu'à une seule dîme, lorsque
les deux récoltes proviennent de la même efpece de fruits:
ainsi, dit Routier, le Parlement de Rouen a déclaré, que
la seconde herbe, appellée regain^ étoit exempte du paiement
de la dîme 5 nous croyons que la nouvelle Loi, envoyce a
ce Tribunal, contient un article conforme à cette Juris-
prudence.
11 seroit donc encore, Messeigneurs bc Messieurs, de vo-

tre modération bc de votre sagesse de ne pas insister trop


rigoureusement sur Fexercice entier du droit que les Loix
ÏI6O PROCES-VÊRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
vous accordent j bí pour concilier les principes avec les cou-
tumes établies, il íuíriroit que l'article de la Loi, qui ré-
glerait Fobjet que nous discutons, portât que :
Les terres qui produiront une double récolte de fruits
décimables de différentes espèces, paieront la dîme de cha-
que récolte, ainsi bc de même que lefdites espèces diffé-
rentes la caseraient, si elles étoient cultivées bc recueillies
chacune dans des terreins séparés, bc ce nonobstant tout
usage contraire : bc quant aux terres qui produiraient une
double récoite de fruits décimables d'une feule bc même
eípece, elles ne paieront la dîme des deux récoltes que dans
les lieux où il n'y aura pas titre, ou possession paisible de
quarante ans de ne payer la dîme que d'une seule récolte
de ladite efpece de productions. N'entendons néanmoins
qu'on puiíse exiger la dîme des foins bC autres herbages qui
seront pâturés bc coupés en verd, bc de jour à jour pour la
nourriture des bestiaux, servants seulement au labour du
Propriétaire ou Fermier, à moins qu'il n'y eût titre ou usage
contraire de quarante ans en faveur du Décimateur.
La troisième bc derniere partie de cet article est confor-
me à la Jurisprudence du Parlement de Paris, bc à Fusage
presque général : quoiqu'il blesse les intérêts des Décima-
teurs, on ne pourroit gueres se flatter de faire adopter une
disposition plus favorable. Déjouy, chapitre 3 n°. 28 bC
,
suivants, cite à ce sujet plusieurs Arrêts qui ont débouté
les Décimateurs de leurs demandes toutes les fois qu'ils ne
ìcs ont pas justifiées fur une possession constante de qua-
rante années. Le motif de ces Jugements, c'est, dit-on,
que le Décimateur est dédommagé , tant par la dîme du
croît ou de Faccroît des bestiaux, que par Fengrais des ter-
res, qui ne peut augmenter ses récoltes fans ajouter à là
dîme clans la même proportion. ïl fuivroit de cette raison,
bc il estasiez communément reconnu que l'on doit la dîme
des herbages coupés en verd ( dans les lieux où ses herbages
sont décimables ) lorsqu'ils sont consommés par des bes-
tiaux que l'on engraisse pour les revendre puisqu'alors rien
n'inde'mniíeroit .se Décimateur de la perte, que la coupe en
verd lui seroit essuyer j' c'est à quoi l'article nous a paru
suffisamment
DU. CLERGÉ DE FRANCE 6 SEPTEMBRE 1786. 7.1 61
,
suffisamment pourvoir par la désignation des bestiaux
servants jeulement au labour du Propriétaire ou Fermier.
A R T I C L E VI.
De la quotité de Ifi Dîme.
Les Loix bc les Ordonnances du Royaume, fur la quo-
tité de la dîme, sont formelles précises bc rédigées avec
,
une clarté qui auroit du prévenir toute interprétation ar-
bitraire.
L'article 59 de l'Ordonnance de Blois, déclare que les
dîmes je lèveront selon la Coutume des lieux ÓC la quote ac-
coutumée en iceux.
L'article z 9 de FEdit de Melun, en confirmant l'Ordon-
nance de Blois, s'exprime ainsi : « Et où par ci-après se-
;--' ront mus aucuns
procès pour raison de la quote detdites
53 dîmes,
voulons iceux être jugés suivant les Coutumes
5î anciennes
des lieux 3 & où ladite Coutume seroit obscure
» bc incertaine, sera suivie celle des lieux circonvoisins. »
Toutes ces dispositions font comprises en termes géné-
.
raux dans l'article 49 de FEdit de 169 y , par lequel il £st
enjoint aux Cours bc Juges de maintenir dans leurs droits
ses Ecclésiastiques, quand même ils ne rapporteroient que des
titres oC preuves de pojjcjjwn3 bc fans que les détempteurs
des héritages qui peuvent être sujets aux droits prétendus
par ses Ecclésiastiques, puijjcnt alléguer d'autre prescription
que celle de aroit.
i,cs Coutumes anciennes, la preseription de droit, ou la
possession quarantenaire, voilà la règle bc la seule règle de
la prestation de la dîme quant a la quotité : cene règle a
toujours été si respectée bc si généralement reconnue, qu'on
a dû être extrêmement surpris de voir le Parlement de Tou-
louse par un Arrêt du 14 Mai 1781, diminuer la quotité
,
de la dîme, nonobstant la possession constante des Déci-
mateurs. Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux rendit
compte de cette affaire à FAísemblée de 178x3 il prouva,
de la manière la plus convaincante & la plus lumineuse,
que le Parlement de Toulouse avoit excédé ses pouvoirs,
Proces-verb. de iy§$-iy§6. Uuuuuu
11 6z PROCÈS-VERBAL DE L1ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
bc visiblement contredit ses Loix du Royaume, en décidant
que la possession bc l'usage sont des titres insuffisants pour
les Décimateurs, bc ne peuvent pas servir à régler la quo-
tité de la dîme.
-
Une autre entreprise de ce genre non moins étonnante ,
nous a été dénoncée dans un Mémoire du Diocèse de Die.
Les habitants de la ville de Crest, cous dit-on, se font ima-
ginés il y a quelques années , de récolter leurs vendanges
,
dans des paniers, ou a'selon se langage du pays clans des
,
bennes plus grandes d'un tiers que celles qu'ils employoient
auoaravantj ce changement, fans cloute, étoit tres-libre.
Mais en introduisant F usage aies grandes bennes, ils n'ont
voulu nayer la dîme qu'en petites bennes, de la grandeur
de celles dont ils se í enrôlent avant. C'étoit visiblement ré-
duire d'un tiers la-quotité accoutumée de la dîme. On nous
atteste que, íur la plainte du Décimateur, le Parlement a
autorisé cette entreprise par un Arrêt en forme. Nous avons
une confiance trop sincère dans Fintégritc bc les lumières
d'une Cour supérieure, pour croire qu'elle ait pu protéger
ouvertement une fraude austi révoltante j bc nous ne pou-,
vons nous emuêcher de penser que la religion des Magif-
trats a fans doute été surprise par Fomission, ou Faltération de
quelques circonstances estentielles de cette étrange assaire.
Ces abus sont trop frappants, pour ne pas être réformés"
par un article de la nouvelle Loi : mais on voit encore le ger-
me de quelques autres abus fur la quotité de la dîme, dont il
est de la sagesse du Législateur d'empêcher le développement.
Ces abus à prévenir fur la auotité, font relatifs aux nom-
bres rompus bc à la dîme des surnuméraires.
Le nombre rompu est se nombre de gerbes qui, dans une
piece de terre de peu d'étendue est inférieur au nombre
,
réglé pour la quotité commune d'un Canton ou d'une Pa-
roisse. Dans une Paroisse où la dîme se leveroit à la quin-
zième gerbe, ou d'une fur quinze, un Cultivateur qui ne
récolteroit dans son champ que quatorze gerbes, auroit un
nombre rompu.
Les surnuméraires font les gerbes qui excéderoient le
nombre fixe pour la quotité commune. Ainsi, dans cette
DU CLERGÉ DE FRANCE0 6 SEPTEMBRE iy%6. 11 65
Paroisse où la dîme seroit à la quinzième, celui qui récose
teroit dans son champ vingt-six ou vingt-huit gerbes, au-
roit onze ou treize gerbes surnuméraires.
II s'est quelquefois élevé des contestations tant fur ses
nombres rompus, que fur les surnuméraires ,: on a même
vu des Communautés demander à faire preuve de leur pos-
session de ne pas payer la dime de ces objets.
Dans quelques endroits, fans refuser absolument la dîme
des surnuméraires, on fuit, à leur égard, un usage très-dé-
favantageux aux Décimateurs. Si la dîme est à la treiziè-
me , qu'il y ait dans un champ un ou plusieurs tas de treize
gerbes bc un surnuméraire la dîme de ce surnuméraire le
, ,
paie d'une gerbe, s'il est justement composé de douze ger-
bes, bc il ne se paie rien pour se surnuméraire, s'il contient
moins de douze gerbes, bc quand même il seroit composé
de onze gerbes. Cet usage a été confirmé par Arrêt du Par-
lement de Paris, se 6 Avril 17$1..
Tous ces abus fur la quotité de la dîme seront répri-
,
més ou prévenus si la Loi déclare que
Conformément, à F Article LiX de l'Ordonnance
,
de Blois,
bc à FArticle XXIX de FEdit de Melun, la dîme de fruits
sujets à icelîe, sera payée par tous les Décimables fans dis-
,
tinction de personnes, bc terres nobles ou roturières, à la
quotité qui íe trouvera établie, pour chaque efpece de fruit,
par la coutume ancienne des lieux. Les n'ombres rompus,
ainsi que les surnuméraires feront proportionnellement
aslujettis à la même quotité., Si ladite coutume, fur une
efpece de fruits, se trouve incertaine dans un Canton
ou
dans une Paroisse la dîme sera levée fur ce fruit a la même
,
quotité qu'elle se perçoit fur les autres fruits dudit Canton
ou de ladite Paroisse 5 bc dans le cas d'incertitude íur tous
les fruits du Canton ou de la Paroiíle, on se réglera fur
Fusage des lieux circonvoisins.

ARTICLE VIL
Indemnité.
Puisqu'il existe dans quelques Provinces comme
, en
Uuuuuu z
ï Ï 64 PROCES-VERBAL DE L ASSÈMBLÉE-GÉNÉRALE
Flandres &-en Normandie, des dîmes insolites de droit,
c'est-à-dire, des dîmes que le Décimateur ne peut exiger,
qu'en prouvant fa possession quarantenaire puisque l'on
reconnoît dans presque tout le Royaume des ,dîmes insolites
de fait, c'est-à-dire, des dîmes que le Décimable peut re-
fuser, en justifiant son exemption par une prescription lé-
gitime dès-lors il peut arriver qu'un Canton, une Paroisse
,
entière, bc même tout un Diocèse, soient cultivés en fruits
dont la dîme seroit insolite : dans ce cas, comment dédom-
mager le Décimateur ? comment pourvoir à la subsistance
du Curé ï Lorsque le Clergé fut ensin convaincu qu'il n'op-
poseroit que des essorts impuissants à la preseriptibilité de
la dîme de certains fruits, il n'en fut que plus vivement
frappé de Finconvénient, qui étoit une fuite naturelle de ce
fystêroe, il oorta ses inquiétudes au pied du Trône, bc le
Souverain voulut les calmer par la Déclaration de 1 6$y.
Quoique cette Déclaration n'ait point été enregistrée, il fut
cependant impossible de ne pas y voir clairement Fintention
du Légiílateur fur Fobjet que nous traitons ; celui qui pré-
tendoit assujettir à la dîme les fruits non décimables, lors
qu'ils feroient substitués à des fruits décimables, ne vouloit
certainement pas que cette substitution privât \es Pasteurs
des ressources qu'Us ne puuvoient trouver que dans ses dî-
mes. De-là s'est formée , dans presque tous les Tribunaux,
Fopinion qu'il faut nécessairement indemniser le Décima-
teur , lorsque le changement de culture est notable. Mais
à quel degré doit être porté ce changement, pour être ré-
puté notable, bc pour donner ouverture à la demande en
indemnité? Sur cette question, la Loi n'a rien prononcé, bc
les Parlements n'ont pas encore établi une Jurisprudence
bien certaine. Dans une Lettre du premier Janvier 1746,
M. le Chancelier d'Agueíseau observe qu'il y avoit long-
temps dès-lors que le Clergé sollicitoit un Règlement à cet
égard. Si le Ciergé disoit-il, ne se flatte pas d'obtenir une
,
nouvelle Déclaration semblable à celle de 163-7, il désire-
roit au moins qu'il plût au Roi de prévenir tous les procès
que les Curés ou les gros Décimateurs peuvent essuyer dans
cette matière, en établissant une rcgle uniforme fur la quai>
DU CLERGÉ DE FRANCE J 6 SEPTEMBRE iyS6. 116$
tité du terrein dont ii faut que la culture ait été changée,
pour donner droit aux Décimateurs de demander une in-
demnité 3 je crois ajoute-t-il, que presque tous les Parle-
,
ments exigent que la quantité de conversion de culture soit
considérable eu égard à Fétendue de la Paroisse5 mais, se-
lon les uns, il, faut que le changement aille jusqu'à la moi-
tié des terres sujettes à la dîme 3 il y en a d'autres qui se
fixent au tiers, bc peut-être même au quart. On voit que
cet illustre Chef de la Magistrature s'occupoit sérieusement
de cet objet, mais il ne le termina pasj bc les choses sont
encore dans le même état d'incertitude, où la Lettre que
nous venons de citer nous atteste qu'elles étoient en 1746.
Dans notre Rapport, fur les dîmes de Normandie, vous
avez vu, Messeigneurs bc Messieurs, que le Parlement de
cette Province, à l'article 9 de ce Règlement de 1784, dont
presque toutes les dispositions sont si fatales au Clergé, exige
que Finterversion de culture se porte aux deux tiers des
terres cultivées pour donner lieu à Findemnité. Cette fixa-
tion est plus forte que toutes celles qui ont été faites pré-
cédemment, que toutes, celles qui semblent adoptées dans
les autres Tribunaux du Royaume. Les réponses des Dio-
cèses aux différentes questions que nous avons proposées
fur les dîmes, nous apprennent que la plupart des reflorts
fe contentent, ou paroiílent disposes à se contenter de la
conversion du tiers des terres décimables pour justifier la
demande en indemnité. Dans le ressort de Rennes, nous aí-
fure-t-on, on demande le quart j dans celui de Nanci, du
quart au tiers : en général la fixation la plus commune est
pour le tiers.
Nous ne pouvons vous présenter ici que Fassertion de
nos Correspondants, ils ne nous citent preíqu'aucun Arrêt
fur cette matière. On nous dit cependant que dans le ressort
du Parlement de Dijon ses Jurisconsultes pensent que, si
après la conversion du tiers, les deux tiers restants ne fuf-
fisoient pas pour acquitter les charges de la dîme, il seroit
juste de restreindre Finterversion, en établissant une dïme
de subrogation sur les fruits non décimables, & on ajoute
que c'est le tempérament qui fut pris par le Parlement de
ÏI 66 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Dijon dans un Arrêt rendu le i$ Mars 1746, entre le Cu-
ré bC ses habitants d'Henilley au sujet de ia culture des
,
oignons. Cet Arrêt autorisa les habitants à semer des oignons
fur cent journaux, fans en payer la dîme 3 mais il les con-
damna à la payer fur le surplus des terres qu'ils emploie-
roient à ce genre de productions. Sans doute il étoit cons-
tant au procès que les cent journaux assranchis ne compo-
foient pas se tiers des terres de la Paroifle.
Le Parlement de Paris a jugé, plus d'une fois, que le
tiers de changement de culture donnoit lieu à Findemnité.
On cite, à ce sujet, un Arrêt de cette Cour, du z3 Avril
1714. Cet Arrêt, rendu à la Grand'Chambre au rapport
de M. de Dreux, supposes bien que Findemnité est due
dans le cas de Finterversion du tiers des terres labourables,
puisqu'avant faire droit sur une demande formée par se
Prieur de la Réole, il ordonne que ce Prieur seroit preuve
que plus du tiers des terres auparavant semées en grains dé-
cimables étoient actuellement cultivées en fruits non dé-
,
cimables.
D'après le même principe, un autre Arrêt rendu pareil-
lement à la Grand'Chambre, en Fannée 1734, reje'tta la
demande en indemnité du Curé de Crevecoeur, parce que
les Parties convenoient que les quarante-cinq arpents de
terres en litige étoient bien loin de former le tiers de terres
de la Paroisse, laquelle contenoit plus de six cents arpents
de terres labourables.
En 1761 il s'éleva une contestation de ce genre, entre
,
1c Curé de la Paroisie de Lineuil bc le Curateur à la suc-
cession vacante de M. le Maréchal de Saxe. M. le Maréchal
de Saxe avoit fait planter en bois des terres qui jusqu'a-
lors avoient rapporté clesvfruits décimables 5 le Curé intenta
action contre se Curateur pour être indemnisé de la perte
qu'il éprouvoit par la plantation en bois : on convenoit de
part bC d'autre que Findemnité pouvoit être due, lorsque
plus du tiers de la dîme étoit absorbée 5 le fait seul de fin-
terversion du tiers étoit disputé entre les Parties.
M. de Saint-Fargeau, alors Avocat-Général, porta la pa-
role dans cette astaire : íans avoir égard au fait du tiers d'in-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE iyS6. i i6y
terveríîoo de culture, il prétendit que le Procès devoit être
jugé fur d'autres principes : il diíoit que la règle générale
n'admet point de dîmes de subrogation; que Fexception à
cette règle.ne peut être fondée que sur la nécessité de con-
server au Curé sa subsistance : il n'y avoit donc, selon lui,
qu'un point à considérer, c'étoit de savoir si, après Finter-
version de culture à quelque degré qu'elle fût, allát-elle
même au-delà des ,deux tiers des terres, il restoit cepen-
dant encore au Curé des moyens de vivre honnêtementj il
peníoit qu'alors le Curé devoit être déclaré non-recevable
dans fa demande en indemnité : il conclut, en conséquence,
à ce qu'st fut ordonné que le Curé seroit dresser Procès-
verbal des dîmes qu'il percevoir actuellement, & de celles
que lui bc ses prédécesseurs avoient perçues autrefois bc
de mémoire d'homme ; qu'en même-temps il rapporteroit
une déclaration exacte bc détaillée des autres revenus de ía
Cure, sauf au Curateur de la succession vacante, à con-
tredire, bc la déclaration, bc le Procès-verbal. L'intcrlocu-
toire que M. de Saint-Fargeau avoit requis, fut ordonné
par Arrêt de la troisième Chambre des Enquêtes, du 27
Août 1761.
Nous ignorons comment la cause fut jugée en définitif:
mais en comparant cet Arrêt interlocutoire avec les Arrêts
de 1714 e£ de 1734, nous voyons que la quantité de fin-
terversion nécesiaire pour donner lieu à Findemnité n'est
,
pas encore réglée au Parlement de Paris par des principes
stables bc uniformes : il est donc nécesiaire de solliciter une
Loi qui fixe les incertitudes des Cours, bc qui prévienne
les Procès à naître fur une question aussi indécise.
Sans doute Messeigneurs bc Messieurs, vous ne pense-
,
rez pas que Loi puille avoir pour baie les principes pro-
la
posés par M. de Saint-Fargeau ? Vouloir que le Cure ne
puisse demander une indemnité, lorsque le changement de
culture, quelque notable qu'il soit, lui laissera les moyens
de vivre honnêtement, c'est vouloir susciter entre les Pas-
teurs bc les fidèles des querelles scandaleuses, des discussions
humiliantes pour les Ministres de la Religion : bc qui fixera
à un Curé ce qu'il lui faut pour vivre honnêtement? S'en
Î i 6$ PROCÈS-VERBAL DE L3ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
r..ipportcra-t-on au Curé lui-même , que l'intérêt personnel
peut seire trop souvenir de ses besoins, à qui, peut-être , la
modestie les fera trou oublier ? En croira-t-on les Paroistiens,
gens , Dour la olupart, envieux bc avides, bc qui trouve-
rent toujours leur Curé trop riche, s'il Fcst plus qu'eux ì
Les juges eux-mêmes seront-iìs en état de tenir une balance
exacte entre des demandes trop fortes, bc des relus trop
durs? Pourront-iis facilement connoître toutes ses ciiffé-
rences que je commerce, ['industrie, la population, le nom-
bre des pauvres d'une Paroi île, bc toutes les autres circons-
tances locales doivent mettre dans ses moyens bc la manière
de subsister? On aura, dit-on, une règle sure dans se taux
de la Portion congrue; mais l'état de Curé est—il donc ss
peu honorable ou íì peu utile, qu'on doive , le plus qu'on
pourra, réduire les Curés à ce mince partage de la Por-
tion congrue ? Dans tout le cours de cette Astemblée , vous
avez prouvé, par ses plus généreux sacrifices , combien
ce projet étoit contraire à vos voeux 3 nous sommes persua-
dés qu'il n'entre pas dans les vues du Gouvernement, bc
nous. [Volons croire qu'il put être sincèrement approuvé par
des Magistrats religieux bc équitables : cette resse même
auroit encore des incertitudes pour le cas de Findemnité:
Fabondance des récoites varie prodigieusement dans nos cli-
mats j la d'ime íur tant d'arpents de terre, qui produira cette
année 1 équivalent de la portion congrue, peut, Fannée sui-
vante, lui être tort inférieure , bc la íurpasier Fannée d'a-
pròs. Dans toutes ces variétés sera-t-on de nouvelles fixa-
tions de ia quantité des terres décimables? Faudra-t-il que
chaque année 1e Curé dresse un nouveau Procès - verbal,
présente une nouvelle déclaration? Sera-1-il condamné à
perdre un temps précieux à traîner fa vie dans un cercle
,
de procédures éternelles? Ce qu'il plaira d'appelier la sub-
sistance honnête ne íera-t-i! donc jamais pour lui qu'une
,
subsistance douteuse précaire achetée aux dépens de son
, ,
rer>os bc de la considération nécessaire à son ministère ?
O'ailleurs, quand cette règle de la portion congrue pour-
roit s'appliquer avec sévérité au Curé Décimateur, quelle
autro rcvT.ìc crabHra-c-011 lorsque les dîmes ne seront pas entre
les
DU CLERGÉ DE FRANCE * 6 SEPTEMBRE 1786. n 69
ses mains du Curé ? Dira-t-on qu'alors il ne faut plus avoir
égard aux conversions de culture ? que se Décimateur
ne pourra , dans un cas, réclamer d'indemnité? Verra-t-on
ainsi anéantir ses propriétés des Décimateurs par les Tri-
bunaux honorés du glorieux emploi de protecteurs des
propriétés bc spécialement chargés par nos Rois de faire
,
jouir les Ecclésiastiques de tous les droits, biens dîmes*
justices, c% de toutes autres choses appartenantes3 à leurs
Bénéfices c% de les y maintenir, quand même ils ne rap-
3
porte roie71c que des titres SC preuves de possession ?
Nous devons donc écarter au moins comme trop
rigoureux, le système indiqué par M. de ,Saint-Fargcau :
mais pour obtenir une Loi équitable fur Findemnité, bC
pour en faciliter Fenrégistrement, il faut tâcher de nous
rapprocher des vues le plus généralement adoptées par
les Cours : elles paroiflent communément estimer que
Finterversion -du tiers ou du quart, est un motif suffisant
d'indemnité. Avant de rédiger la Loi, il est eslentiel d'en
fixer les objets avec clarté bc précision.
Pour régler l'éteudue du territoire d'une Paroisse on
,
peut arpenter la totalité des terres, en y comprenant les
terres vaines &: vagues, les terres employées en chemin,
occupées par des étangs bc des marais, renfermées dans des
clos, des parcs, des jardins destinés au plaisir bc à la com-
modité des Propriétaires ; ou l'on peut íe restreindre à l'ar-
pentage seul des terres cultivées.
Pour fixer le cas de Findemnité au quart ou au tiers de
changement de culture, on voit bien qu'il ne faut pas com-
prendre la totalité des terres de la Paroisse en y admettant
,
les terres vaines bc vagues : ce seroit augmenter à pure perte
les frais d'arpentage ; ce seroit de plus tromper le Déci-
mateur, en lui donnant beaucoup moins qu'on ne paroî-
troit vouloir lui accorder. L'indemnité ayant lieu par exem-'
,
pie, à Finterversion du tiers de la totalité des terres de la
Paroisse, ce tiers seroit toujours en activité, tandis que les
deux autres tiers qui comprendroient les terres vaines bc
vagues, pourroient-n'être en valeur qu'à moitié, c'est-à-
dire, au tiers de la totalité des terres : ainsi, avec l'air de
Proces-verb. deiy%$~iyS6, VvVvv v
nyo PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
donner au Décimateur la dîme des deux tiers des fruits >
on ne lui donnerc-t, dans in vérité, que la moitié , bc peut-
être moins de la moitié de la dîme des fruits j ce qui seroit
illusoire' bc trop désavantageux, Aufìì voyons-nous que,
pour déterminer le cas cf indemnité à telle ou telle quantité
de terres interverties, on a toujours exprimé que cette quan-
tité íe léísterorc, déduction faite des terres vaines &C vaques.
,
La quaoiké des arpents dont on pourra chanter ía cul-
turc en exemption de dîme, doit donc être comptée,
non fur la totalité abíciue des terres de la. Paroisse , mais
fur la totalité seulement des terres cultivées de la Paroisse.
On demande encore si, dans la classe, des terres culti-
vées, ilrauc mettre les tenes en jachère oc les terres actuel-
lement en triche mais íuseeotibíe de culture ; le Décimable
.
ne manque1:? pas de fexiger, bc ses Cours s'y refuseroienc
J L

dsthcìsement : ies terres en jachère nc íont que dans un re-


pos mouìcntané , présent par le rcíïîmc de l'a^nculture dans
une année, afin qu'elles produisent plus sûrement bc plus
abondamment Fannée suivante j elles íont réputées dans un
état permanent de culture, à Fégard des terres aujourd'hui
cn triche, mais naturellement capables de produire, elles
peuvent j d'un instant à l'autre , être mises cn valeur, ou par
Factivité d'un nouveau propriétaire, ou lorsque les besoins
éveilleront f industrie du Propriétaire actuel j il y auroit in-
strument d'embarras à faire annuellement rentrer ou sortir
ces terres de la classe des terres cultivées ; cependant il est
juste de remarquer qu'en ies comprenant dans les terres
cultivées, ie Décimateur ne peut qu'y perdre beaucoup. La
partie cultivée en fruits exempts, doit, comme nous venons
de se dire, être toujours cn produit réel; au contraire, par
la nature du terrein la partie décimable, dans presque tou-
,
tes nos Provinces, est alternativement en produit bc en re-
pos j bc de cette combinaison forcée, il résulte aussi néces-
sairement que la partie cultivée en exemption de dîmes,
íera toujours proportionnellement plus forte que la partie
décimable. : ::;::. .;... h
Ces raisons nous font croire que la Loi doit borner les
prétentions des Décimables fur les terres en friche, quoique
DU CLERGÉ DE FRANCE . 6 SEPTEMBRE I y 8 6. 11 y i
susceptibles de culture, bc que si on les-admet-parmi les
terres cultivées, ce ne doit être qu'à la condition qu'il sera
prouvé par les habitants de la Paroiíle:, que depuis moins
de'quarante ans elles étoient en état de culture Sí'de- pro-
duction. ' ~ :•/
Un autre objet, dicme d'attention, c'est de distingruer les
Paroisses qui.n'ont qu'un Décimateur, des Paroisses divi-
sées en oìusieurs cantons, dont chacun auroit son--régime
oa ion Décimateur particulier, bc d'assujettir ces cantons
particuliers au Règlement des Paroisses entières. Pour mon-
trer la justice de cette demande, supposons une Paroisse
contenant six. cents arpents de terres cultivées , bc trois can-
tons de deux cents arpents chacun; supposons encore qu'un
de ces1 cantons, dont se Curé peut être ie Décimateur, soit
totalement cultivé en fruits exempts de dîme : clans cette
hypothèse si la Loi prononçoit en termes indéfinis que Fin-
demnité ne, íe prendra que fur Fexccdant du tiers d'inter-
version des terres cultivées de la Paroisse, on voit qu'alors
le Décimateur du canton désigné, le Curé ( si c'étoit lui
qui fût Décimateur de ce canton) n'auroit rien à répéter,
bC seroit déchu dêtoutclroit de dîme, puisque son canton
de cieux cents arpents, quoique totalement semé en fruits
non décimables , n'excéderoit pas le tiers des terres culti-
vées de toute fa Paroisse. Pour obvier à cette ipoliation d'un
íeul, n'est-il pas équitable de soumettre à la même règle les
trois Décimateurs dont les droits font les mêmes, bc de dé-
clarer que chacun d'eux pourra réclamer Fiudemnité, lors-
qu'on aura interverti plus du tiers des terres cultivées de
son canton ?
D'après ces observations, il nous semble que la fixation
du Parlement de Bretagne est la plus conforme à la jus-
,
tice bc que findemnité doit avoir lieu , lorsque se quart au
,
plus des terres cultivées d'une Paroisse ou d'un Canton, est
semé en fruits exempts.
Pour régler tous ces objets, l'article de la Loi concer-
nant Findemnité, pourroit être rédigé à-peu-près en ces
termes :
S'il arrive que dans une Paroisse ou dans un Canton, ( au
VVV VV V Z
Ï172- PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
cas que les Décimateurs aient un dîmaire séparé,) plus du
quart des terres en valeur, ou qui seront prouvées y avoir
été depuis moins de quarante ans, se trouve chargé de
grains, fruits ou productions non décimables , les Décima-
teurs de ladite Paroisse ou dudit Canton , pourront alors
prétendre bc exiger, à titre d'indemnité, la dîme des pro-
ductions des terres dernieres converties, bc ce pour.la quan-
tité qui excédera ledit quart des terres ci-dessus mentionnées.
ARTICLE VIII.
Des averájsements d donner aux Décimateurs avant la récolte.
II paroît que dans la plupart des ressorts il y a peu de
difficultés fur ces avertissements 3 mais il s'est élevé à ce su-
jet les contestations ses plus fâcheuses dans la Provence bc
le Dauphine, bc les Décimateurs de ces deux Provinces ne
cessent de -réclamer le secours & ie crédit de vos Assem-
blées, pour résister aux vives attaques qu'on leur livre de
toutes parts.
Dans ces cantons , la dîme se perçoit de deux manières,
ou en p-erbes dans le champ, ou en grains dans Faire. Sur
l'une bc l'autre perception les Décimateurs se plaignent
,
qu'ils essuient des vexations continuelles bc des pertes ex-
cessives par le défaut des avertissements convenables.
,
Le Parlement de Dauphine, disent les Décimateurs sol-
,
licité par des gens inquiets ou mal-intentionnés, a rendu
plusieurs Arrêts fur Recjuête fans les répondre d'un ioit
,
communiqué, lesquels autorisent les habitants à enlever leurs
gerbes, ou à fermer leur grain une heure ou deux après
avoir appelle trois fois les Décimateurs fur Faire ou.fur le
champ.
Tel est F Arrêt rendu, en 1778 , en faveur de la Com-
munauté de Chorges ; celui du 14 Juin 1779, pour la Com-
munauté des Crottes j celui du 3 o Mai 1780, pour la Com-
munauté de Rifoul ; celui du 1 o Août même année, pour
celle de Mootgardin, bc celui du mois de Janvier 1781,
pour la Communauté des Orres.
Le Clergé d'Embrun n'est pas seul exposé aux suites su-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE Ì y 8 6. ÎI y 3
îlestes de cette nouvelle Jurisprudence : on cite, pour se
Diocèse ,de Gap, plusieurs Ordonnances semblables; une
du n Juillet 1775 s une autre du 5 Juillet 1779; d'au-
tres du 19 Janvier 1781, bc du $ Juillet de la même année»
Toutes ces Ordonnances autorisent les habitants à en-
lever leurs gerbes deux ou trois heures après avoir appelle
fur place ses Décimateurs par trois cris dissérents; on n'e-
xige pas d'autres précautions pour la dîme en grains : se
Décimable deux heures après avoir appelle fur Faire le
Décimateur, à trois reprises différentes peut battre bc
,
mesurer son grain.
,
II étoit difficile de prendre un moyen plus sûr pour
anéantir la dîme. Dans ces pays de montagnes, les Pa-
roisses font d'une étendue considérable ; les champs sont
séparés par des gorges, des précipices, des torrents; il faut
faire de longs circuits pour y arriver; des journées entières
suffisent à peine pour les parcourir ; à quoi fervent alors les
cris redoublés des habitants ? Ils ne peuvent être entendus
des Préposés à 1a dîme, à moins qu'on ne multiplie ces Pré-
posés à Finfini ; bc de pareils avertissements doivent, par la
nature des lieux, être presque toujours illusoires. Quelques
heures après ces cris inutiles, les Dîmeurs ne paroissant pas
bc ne pouvant se présenter , se Cultivateur enlevé ses ger-
bes bc laisse dans se champ celles qu'il destine au Décima-
,
teur : il agit íans témoins.; il n'est gêné, ni pour le nom-
bre ni pour la qualité des gerbes qu'il abandonne ; il donne
,
au Décimateur ce qu'il veut bien lui céder ; s'il commet
une infidélité , on manque de moyens pour l'en convaincre,
bC l'on ne peut intenter aucune action contre lui.
Ce n'est pas tout : le Décimateur n'est pas même assuré de
recueillir la dîme arbitraire qu'on lui laisse ; les gerbes aban-
données à la conservation desquelles personne ne veille ,
,
deviennent la proie des bestiaux, que l'on prétend être en
droit de faire pâturer dans les champs aussi-tôt âpres la ré-
colte. Ainsi, à Finconvénient presque inévitable d'éprouver
des diminutions très-fortes bc très-fréquentes fur la quotité
de la dîme se joignent les dangers les plus réels de perdre la
5
totalité même de la dîme, par la voracité des animaux do-
Ï 174 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
mcstiqucs ou sauvages par Finfluélité des passants, par les
,
pluies, orages , oí par tous' les hazards auxquels est ex-
les
posé un bien délaissé qui n'appartient plus au Cultivateur,
6c qui n'appartient pas encore au Décimateur.
II est facile d'imaginer que la perception de la dîme en
grain payable fur Faire , donne lieu à. des abus à. peu près
,
semblables : si le
Propriétaire ou le Fermier peut fermer son'
grain le battre bc le fouler deux heures après les trois cris,
,
comme les Paroisses sent divisées en plusieurs hameaux,
que les hameaux sont éloignés ies uns des autres, que les
maisons des Cultivateurs font-isolées, que chaque Parois-
sien peut battre bc fouler son grain quand il lui plaît, par
le concours de toutes ces circonstances, il doit nécessaire-'
ment.arriver oue le Dïmeur ne cuisse nreíque iamais se
présenter après les trois cris, bc qu'il í.oit obligé pour la
,
levée de fa dîme, de s'en raopoircr absolument à la bonne
ou mauvaise roi des habitants.
Telles font, au sujet des avertissements, les plaintes des
Décimateurs de Provence, de Dauphine, bc fur-tout du
Diocèse d'Embrun : dans la crainte de les affbiblir, nous
les avons rapportées à peu près dans ses propres termes clés
Mémoires envoyés par ces Provinces.
D'un autre côté, les Paroisses dont les Décimateurs se
plaignent si amèrement, allèguent que ces mêmes Décima-
teurs ont souvent négligé, bC même quelquefois sacrifié,
pour la plus grande commodité de leur perception , les plus
précieux intérêts des Cultivateurs. Avant ses contestations
actuelles, les habitants de ces Paroisses avoient l'attention
de ne serrer leurs gerbes ou de ne fermer leurs grains qu'a-
,
pres avoir scrupuleusement satisfait à la prestation décimale.
Les Décimateurs, trop furs de la docilité ou de la com-
plaisance, des Décimables, ne mettoient aucune activité
à lever leurs dîmes, soit en gerbes, íok en grains. Les re~
tards trop prolongés par Findolencc du Dïmeur ou par
,
rembarras de la perception, empêchoient ses habitants pen-
dant plusieurs semaines, pendant des mois entiers, de taire
rentrer ou battre leurs gerbes. Le Dïmeur venant lever ion
droit ÌU) jour bc à Fhcure qu'il lui plaisoit, se Cultivateur,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE 1786. 1 175-
occupé à d'autres travaux, ne pouvoit se trouver présent à
cette perception. La récolte étoit abandonnée à la discrétion
du Dîmeur: il crevoit ses gerbes, les éparpi'lloit, choiíis-
íoit les meilleures gerbes bc étoit le maître cVen prendre
,
plus qu'il ne lui en appartenoic. D'ailleurs il étoit impossi-
ble que ies gerbes restassent aussi long-temps fur ies champs,
íans que la totalité des récoites ne tût exposée aux risques
de pâture d'animaux, de vois de pluie, de sécheresse d'ou-
, ,
ragans . enfin de tous les accidents qui désolent-aujourd'hui
les Décimateurs pour leur partie. Des délais de la rentrée
bc de ia battaison des gerbes, naiiioient encore deux contre-
temps très-dommageables pour les Cultivateurs. Dans ces
montagnes se bled a beioin d'être semé très-peu de temps
apres ia moisi on , il acquiert par-la plus de torce pour ré-
siste r à ia rigoureuse âpreté de Fhiver ; pluíieurs terres doi-
vent, pour cette raison , être semées dès le commencement
du mois d'Août : ies champs restants chargés & embarrasses
de denrées par ses senteurs des Préposes à ia dîme, ne pou-
"voient être, ni préoarés, ni ensemencés aílez tôt; bc la ré-
colte de Fannée suivante y perdoit beaucoup, bc pour la
quantité bc pour la qualité des grains. Un autre, inconvé-
,
nient très-grand, c'est qig| les habitants de ces Paroisses
ayant quelquefois consomméleurs provisions vers le temps
des récoites, ne pouvant les remplacer que par les nouvelles
denrées, bc n'ayant pas ia liberté de battre tout de fuite
leurs grains ils se voyoient dans la misère à côté de leurs
,
riche d es, bc étoient obligés d'emprunter ou de mendier
'pour pourvoir à la subsistance qu'ils avoient cru s'aílurer
pat ies fruits de leurs travaux. Nous savons, Messeigneurs
bc Meilleurs, par l'extrait des Requêtes des Communautés,
que c'est fur de pareils griefs qu'ont été rendues les Or-
donnances dont íe plaignent ses Décimateurs : ces négli-
gences, ces entraves, ces vexations, si elles ont eu lieu , ne
íont fans doute que le fait des seuls Fermiers des Dîmes-:
a Dieu ne plaise que nous en accusions les Décimateurs ,
trop portés par leur caractère, trop excités par leur propre
intérêt, à respecter les droits, à économiser les moyens bc-
les ressources des Cultivateurs ; mais des Magistrats zélés ont
ii'/G PROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
da prendre ces plaintes en considération, bc chercher à le-
ver ses obstacles qui mettoient tant de gène bc d'embarras
dans F exploitation des récoltes.
Le droit du Décimateur de pouvoir lever la dîme, le
droit encore plus sacré du Cultivateur de pouvoir jouir
librement de son bien de sa propriété dju fruit de ses
, ,
peines, seroient-ils donc tellement opposés, qu'on ne pût
exercer l'un fans anéantir l'autre ? Nous ne -pouvons nous
îe persuader : les Législateurs qui ont donné les Loix fur les
avertissements, connoi/îoient les droits respectifs, vouioient
ses protéger également, bc n'ont eu pour but que de conci-
lier ces divers intérêts par leurs Edits bc Ordonnances. Ces
Loix ont été rendues depuis long-temps ; depuis long-temps
elles ont été observées dans tout le Royaume, &C même dans
les deux Provinces qui font le théâtre des contestations ac-
tuelles; l'exécution de ces Loix a rarement occasionné des
troubles, excité des plaintes : qu'on les renouvelle ces Loix
qu'on ses suive avec exactitude, que les Magistrats y veillent,
en fixant les yeux fur cette balance, Femblême de leurs subli-
mes fonctions, bc ces mêmes Loix corrigeront les Préposés
a la Dïme de ces lenteurs qui seroient si nuisibles aux Dé-
cimables; elles empêcheront la précipitation dans l'enléve-"
ment des récoltes qui ruineroít les Décimateurs, bc la paix
se rétablira..
On connoît les Loix du Royaume fur les Avertissements;
la Déclaration de François I, du 29 Octobre 1 J4j; celle
de Henri II, -du 30 Juin 1 J48; une Ordonnance du mê-
me Prince, rendue le 6 Juillet de la mcme année ; FEdit
de Charles iX, du z$ Novembre 1561 ; l'Ordonnance de
Blois, de 1 579 ; FEdit cseMelun de 1580; FEdit de Louis
,
XIíJ, de 1 61 7 ; celui de Louis XIY de 1 6 6y tous deux
, ,
connrmarifs des Ordonnances.de Blois bc de Melun. Tou-
tes ces Ordonnances, tous ces Edits font enregistrés au Par-
lement de Dauphine : ces Loix multipliées détendent una-
nimement aux Décimables d'enlever leurs récoltes avant
d'avoir payé la dîme, bc prescrivent de notifier au Fermier
de la dîme le jour ou l'on voudroit moissonner_, cueillir ÓC en-
lever les fruits de la terre ; ce sont les termes de FOrdon-
nance
DU CLERGÉ DE FRANCE J 6 SEPTEMBRE 1786. r 177
nance de Henri II. En exécution bc interprétation de ces
Loix, Fancienne Jurisprudencedu Dauphine avoit réglé que
les Décimateurs seroient avertis vingt-quatre heures avant
l'enlévement des fruits décimaux. Guy-Pape fait mention
de cette Jurisprudence à la question 183e de ses Décisions;
il parle même d'un Arrêt du Conseil Delphinal qui Favoit
ainsi ordonné. Le Parlement de Grenoble, jusqu'à Fcpoque
des dernieres contestations, s'étoit toujours fait une Loi de
se conformer, dans ses Jugements, a Feíprit clés Ordon-
nances : tels font les Arrêts de 1622 , courre les habitants
de Chorges; de 1.637, c°iitie ceux de Saint-Clément; du
17 Juillet 1710, contre ceux de Montgardin; du 30 Mai
1764 , contre ceux de Riloul bc de Guillcitre : enfin , par
Arrêt du 14 Juillet 1772, les habitants de Rouíset furent
condamnés expressément à avertir les Décimateurs ou leurs
Préposés, vmgt-quatrè heures avant d'enlever ses gerbes.
Les Décimateurs de Provence bc de Dauphine ie bor-
nent à réclamer ie maintien de cet usage : nous devons es-
pérer que cette demande sera favorablement accueillie au
Parlement ou au Conseil du Roi, lorsqu'elle y parviendra
par ies voies que les formes judiciaires ouvrent aux Déci-
mateurs , contre de simples Ordonnances fur Requêtes non
communiquées, ou encore contre des Arrêts qui contre-
viendroient aux Loix du Royaume.
Cependant il seroit peut-être nécessaire qu'une Loi nou-
velle ou interprétative des anciennes Ordonnances, sixat
avec netteté, dans tous les ressorts généralement, les de-
voirs des Décimables fur se temps bc la manière des aver-
tissements à donner avant, la récolte.
L'Article 29 de FEdit de Melun avoit fait défense aux
Laboureurs, bc autres Propriétaires de mettre en gerbes bc
d'enlever ou emporter ses fruits avant d'avoir fait signifier
bc publier au Prône des Eglises Paroissiales, se jour pris bc
désigné pour les dépouiller bc enlever. L'Article 3 z de FE-
dit de 1693-, a modifié FArticle 29 de FEdit de Melun,
déclarant que ses Curés, leurs Vicaires ou autres Ecclésias-
tiques , ne pourront être obligés de publier an Prône, ni
pendant FOfiice divin les Actes de justice bc autres qui
,
Proces-verb. ^1785-1786. Xxxxxx
i T 7S PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
regardent l'intérêt particulier des sujets du Roi. La Décla-
ration du 1 6 Décembre 1698 , registrée au Parlement de
Paris le 31 du même mois, ordonne Fexécution de cet Ar-
ticle 32 bc en étend la disposition à ce qui regarde les pro-
,
pres assaires du Roi. La Déclaration supplée à la publica-
tion au Prône, par la publication qui sera faite seulement
à Fissue des Messes Paroissiales, par les Huissiers ou autres
Officiers qui en seront chargés bc donne à cette publica-
,
tion les mêmes effets bc les mêmes vertus qu'à la première.
D'après ces Loix, postérieures à FEdit de" Melun, la
signification bc publication du jour de la récolte, pouvoient
se faire, par un Huissier ou autre Officier, à Fissue de la
Messe de la Paroisse bc ce le Dimanche ou Fête prochaine
,
précédent le jour désigné ;, bc nous avons plusieurs Arrêts
du Parlement de Paris qui avoient saisi ce juste tempéra-
ment. Dans la fuite, il avoit accordé aux Cultivateurs tout
ce qu'ils pouvoient désirer pour ne pas être exposés à des
frais, ou plutôt il avoit toléré tout ce qu'on pouvoit souf-
frir lorsqu'il avoit paru se contenter de simples avertisse-
,
ments de vive voix , mais donné assez de temps avant la
récoite, pour que les Décimateurs pussent prendre les pré-
cautions nécessaires. Vous venez de voir, Mesteio-neurs bc
Messieurs, que le Parlement de Dauphine va plus loin au-
jourd'hui en permettant aux Cultivateurs de serrer leurs
,
fruits, après avoir seulement appelle trois fois les Décima-
teurs , bc fans leur avoir donné personnellement aucun aver-
tissement préalable : cette facilité dégénère en un abus, qu'il
devient indispensable de réprimer.
Peut-être jugeroit-on que les Décimateurs font suffisam-
ment en état de percevoir leurs dîmes, lorsqu'on réunira les
précautions suivantes : i°. obliger le Cultivateur ou son
Fermier, d'avertir ou faire avertir, en présence de deux té-
moins le Décimateur ou son Préposé, trois jours francs
,
avant récolte du jour qu'elle se fera; 20. enjoindre en
la
outre d'appeller le Décimateur par trois cris, de deux heu-
res en deux heures, bC de laisser encore une heure d'inter-
valle entre le troisième cri bc Fenlévement ; 30. dans le cas
que se Décimateur ne parût pas lors de Fenlévement, lequel,
DU CLERGÉ DE FRANCE J 6 SEPTEMBRE 1786. 1179
dans aucun cas, ne pourra se faire pendant la nuit, ordon-
ner que Fenlévement susdit ne pourra se faire, sans avoir
laissé le droit de dîme à la mesure nombre bc quantité qu'il
,
y a coutume de la bc
payer, ce, sous ses peines portées par-
les Ordonnances; 40. défendre d'envoyer les bestiaux dans
les champs, dépouillés de leurs fruits, qu'il ne se soit écoulé
trois jours francs depuis Fenlévement de la récolte. Cette
quatrième disposition est conforme à F Article 3 6 de la Cou-
tume du Boullenois, qui, en ce point, dit Ia Combe verbo
Dîmes leóf. 13, n°. 2, doit servir de Droit Commun,
3
comme rempli d'équité.
Si ces précautions paroislent suffisantes nous estimons
,
qu'il faudroit s'en, contenter; plus on se montrera facile
envers les Cultivateurs, plus on pourra se flatter d'obtenir
une Loi qui règle bc concilie les droits respectifs, bc qui
tarisse la source des Procès.
ARTICLE. IX.
Des titres de la possession SC des témoins en matière décimale.
Nous réunifions ces trois objets fous un seul article,
parce qu'ils font tous trois relatifs aux preuves que ie Dé-
cimable ou le Décimateur peuvent avoir à faire de leur
exemption ou de leur droit. Quoique tous les fruits soient
sujets à la dîme, bc que les exceptions doivent être justi-
fiées par les Cultivateurs, cependant ceux-ci ne peuvent
être admis à faire leurs preuves, fans autoriser le Décima-
teur à fournir de son côté, s'il se veut, la preuve contraire -y
il est donc nécessaire que les moyens, les qualités, la na-
ture de ces preuves soient déterminés par la Loi ; Féquité
bc se bon ordre doivent ôrer également aux Décimables,
aux Décimateurs bc aux Juges eux-mêmes la liberté de ses
embarrasser de difficultés arbitraires, de conditions impos
sibles à remplir.
De tout temps les titres ont été regardés en droit com-
me une des preuves les plus sures, les plus authentiques bc
les plus irréfragables; il n'est pas très-commun que ia per-
ception des dîmes soit réglée sur cette sorte de preuve ; mais
XXXXXX 2
i i o o PROCÈS-VE-RBAL DE L*ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
îorsou'on la présente, on ne sauroittrop ia respecter. Cette
maxime est établie par des Arrêts du Parlement de Greno-
ble que rapporte Basset dans son Recueil d'Arrêts, livre
,
premier, titre 6, chapitre 6 : « En fait de paiement de dî-
» me, dit cet Auteur, ies anciens titres prévalent à toute
33
possession contraire, fût-elie de deux cents ans,-ainsi jugé
33 par
Arrêt du 18 Juillet i6$y, entre se Prieur de la
33
Saonne bC les Consuls de Saint-FIilaire bc encore au
33
profit des Jésuites du Collège de Vienne Prieurs de So-
,
53 laize, contre
les habitants du même lieu Item, ajoute
?3
Basset, par Arrêt du i i Septembre i6óo, au profit du
33
Curé de Lemps contre les Consuls du lieu. « Henrys,
livre premier, chapitre 3 question 37,-atteste que la mê-
,
me règle a été établie par le Parlement de Paris.
Nous avons vu, à l'article premier de ce Rapport, que
de nos jours le Parlement de Dijon bc celui de Toulouse
s'étoient bien écartés de cette opinion, tantôt en évinçant
les Décimateurs malgré des titres exprès, tantôt en exi-
geant qu'à la preuve tirée du titre, fût jointe cumulative-
ment la preuve de possession.
Nous pensons qu'il est naturel d'adopter, à cet égard, Far-
ticle 2 des Lettres-Patentes enregistrées au Parlement de
Toulouse se 16 Mars 1783, bc de déclarer que ia preuve
,
de possession, en matière de dîmes, ne pourra être ordon-
née s'il y a titre ou Jugement suffisant sur se genre, ou sur
,
Fëspece de fruit dont il s'agira.
Au défaut de titres la possession doit servir de règle pour
la perception de la dîme. Dans le ressort du Parlement de
Toulouse, le Décimateur peut prescrire le droit de dîme par
ìa possession seulement trentenaire; bc c'est peut-être un des
motifs qui ont engagé ce Tribunal à mettre des entraves
aussi multipliées bc austi rigoureuses aux preuves de posses-
sion : dans presque tousses autres ressorts la possession qua-
rantenaire est nécessaire indistinctement aux Décimateurs
pour acquérir le droit de dîme, bc aux Décimables pour
s'en affranchir. S'il est déclaré que les menus fruits font, de
Droit Commun, sujets à la dîme, & que les Cultivateurs
ne pourront s'en libérer, qu'en justifiant que par bc depuis
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE 1786. r 1 8r
quarante ans ils sont en possession de récolter la totalité de
leurs productions fans en payer la dîme, il n'est pas à craindre,
que ses Tribunaux surchargent les rfreuves de cette posses-
sion de conditions trop difficiles; on ne dira plus que cette
possession doit être immémoriale bc universelle ; que ses Dé-
cimateurs pourront exiger la dîme, quoique non perçue pen-
dant quarante ans, parce qu'elle Fétoit avant cette époque;
que tous les Cultivateurs doivent y être soumis, parce que
quelques Cultivateurs en ont fait la prestation; que les ha-
bitants qui récolteront le fruit litigieux en paieront la dîme,
lorsque les deux tiers des Possesseurs de fonds bc les deux tiers
des fonds du dîmaire auront acquitté la redevance déci-
male fur quelque fruit que ce soit, quand bien même les
deux tiers des Possesseurs n'auroient pas cultivé le fruit liti-
gieux. Ces règles, que l'on trouve si justes du Décimateur
aux Décimables, ne seroient sûrement pas regardées aussi
favorablement, si on vouloir en faire Fapplication du Dé-
cimable au Décimateur : on suivra donc, pour ces preuves
de possession des Décimables, les usages qui étoient en vi-
gueur avant les contestations actuelles; ainsi il sera déclare
que les Cultivateurs des menus fruits feront exempts d'en
payer la dîme, lorsqu'ils prouveront que depuis quarante
ans le fruit litigieux a été récolté dans une Paroisse bC dans
un canton, fans que la dîme en ait été payée par la ma-
jeure partie des Possesseurs des fonds du dîmaire, fur les-
quels le fruit dont il s'agira aura été cultivé, sauf au Déci-
mateur à prouver le contraire : bc l'on ajoutera, conformé-
ment à l'article premier des Lettres-Patentes de 1783, que
les distérences ou variations, íoit dans la quotité desdites
dîmes, soit dans la manière de les percevoir, ne pourra tirer
à conséquence contre les Décimateurs, ni porter préjudice
au fond de leur droit ; d'ou il faudra conclure que s'il ré-
suîtoit de l'enquête que dans certaines parties d'un dîmaire
on levoit la dîme du fruit contesté, fans la payer dans l'au-
tre, alors il faudroit comparer Fétendue des lieux où on la
paie, avec celle des lieux ou elle ne seroit pas payée : si Féten-
due des lieux où Fustige est distérent, est absolument la mê-
me, la possession des Décimables sera regardée comme non
Í i 82 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
établie*; on recourra à Fusage des Paroisses voisines, bc à
défaut d'un usage qui affranchisse de la dîme elle fera
,
payée suivant le Droi^Commun. Mais si Fusage est prouvé
fur plus de la moitié du terrein litigieux soit en faveur du
,
Décimateur, soit en saveur du Décimable, on se consor-
jnera, pour la totalité., à Fusage justifié pour la majeure
partie.
Quant à ce qui regarde les témoins à entendre dans ses
Enquêtes, on paroîtroit plutôt craindre que rechercher
,
de bonne-foi la vérité, si l'on rejettoit la déposition des an-
ciens Fermiers, des anciens Dîmeurs , ou autres anciens
Préposés à la perception de la dîme. II n'est pas très-facile,
dans de pareilles Enquêtes, de trouver des gens qui soient
cn état de rendre un compte exact de faits passés depuis
quarante ans ; bc il est certain que les anciens Préposés à
la levée des dîmes, font naturellement ses personnes ses
mieux instruites des faits de cette efpece. S'ils ont eu quel-
ques relations avec ses Décimateurs, comme leurs salariés,'
n'ont-ils pas, par la parenté, par la communication plus
fréquente, des liaisons plus ou moins étroites avec ses Dé-
cimables? Ne íbnt-ilspas le plus souvent Propriétaires eux-
mêmes bí en cette qualité, intéressés à défendre Fintégrité
, ,
de leurs oossessions ? Tout ce qu'on peut donc raisonnable-
ment exip-er, c'est qu'ils ne soient pas actuellement les do-
mestiques du Décimateur; bc c'est à quoi il a été suffisam-
ment pourvu par FArticle 4 dies Lettres-Patentes de 1783.
II ne oaroît pas qu'au Parlement de Paris on fasse difficulté
d'admettre pour témoins ces personnes; on les regarde-com-
me des témoins nécessaires, qu'il est indispensable d'enten-
dre sauf à avoir plus ou moins d'égards à leur déposition
,
d'après qui résulte de l'cnscmbie des Enquêtes, de,
ce bc
la manière dont les témoins ont rendu ses faits.
Par rapport aux habitants du lieu où sont situées les terres
fur lesquelles on demande la dîme, il est impassible d'admet-
tre leur déposition , quand ie procès est intenté ou suivi par
la généralité des habitants ; ce seroit appeiler en témoignage
les Parties intéressées. En doit-il être de même, lorsque la
Commune n'estpas en cause? íl nous semble qu'on ne peut
DU CLERGÉ DE FRANCE, 6 SEPTEMBRE 1786. 11 83
fairê d'induction d'un cas à l'autre. Si la Commune se croit
intéressée au procès, elle a la faculté d'intervenir; si le Dé-
cimateur pense que le refus qu'il éprouve ne soit pas la ten-
tative d'un leuì particulier, mais qu'il est le résultat d'un
dessein formé par tous les habitants qui essaient Févéne-
ment de ce refus, que tout le corps est dispose à faire, se
Décimateur, en ce cas, peut assigner la Communauté pour
voir déclarer se Jugement commun avec elle ; si donc la
Communauté ne se rend point partie, bc si elle n'est pas as-
signée le procès d'un ou de deux particuliers doit être re-
,
gardé comme étranger au corps des habitants bc alors il
,
n'y a plus de motif de rejetter les dépositions des Membres
de la Communauté en faveur du Décimateur : d'un autre
coté, Routier atteste, d'une manière positive, (1) que si le
corps des habitants est partie dans la contestation, aucun
des particuliers n'est reçu à déposer contre lui, bc il cite des
Arrêts qui Font ainsi jugé. L'article, fur cet objet, pourroit
régler que:
Dans les contestations particulières, où il s'agira d'une
preuve par témoins pour établir Fusage observé par le plus
grand nombre, le Décimateur pourra taire entendre les au-
tres habitants du lieu de la contestation ; bc lorsque les ha-
bitants procéderont èn nom collectif contre le Décimateur,
celui-ci seulement pourra faire entendre les parents desdits
habitants bc propriétaires du dîmaire fans qu'ils puissent
,
être reprochés pour le fait de parenté, sauf les autres re-
proches de fait ôc de droit ; dérogeant pour ce fait seule-
ment, en tant que de besoin, à l'article 11 , du titre 22 de
l'Ordonnance de 1669.
Telles sont, Messeigneurs bc Messieurs, les principales
difficultés qui font agitées dans les différents Ressorts du
Royaume, fur les points les plus importants de la presta-
tion décimale : nous y avons opposé les moyens qui nous
ont paru les plus propres à lever ces difficultés , bc a les
prévenir pour la fuite. Les Règlements que nous avons sou-
mis à votre examen, font tous puisés dans les vrais prin-

(1) Prat. ficnéf. pag. nz^


Ï t S4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
cipes de la matière bc nous avons les plus fortes raisons
,
de croire que le Légistateur ne balancera pas à lés adopter
pour se ressort du Parlement de Paris, lorsque la Déclara-
tion envoyée au Parlement de Normandie y sera enregis-
trée. En conséquence la Commission est d'avis :
i°. Qu'austi-tot après Fenrégistrement de la Déclara-
tion envoyée au Parlement de Normandie, Monseigneur
l'Archevêque de Narbonne, à la prière actuelle de l'Assem-
blée bc Messieurs vos Agents-Généraux, fassent tous leurs
estorts pour obtenir de la bonté bc de la justice de Sa Ma-
jesté qu'Elie veuille bien adresser à son Parlement de Paris
,
une Déclaration fur les'dîmes, dont ses dispositions soient
conformes à celles que nous venons d'avoir Fhonneur de
vous exposer.
20. Qu'après Fenrégistrement de ladite Déclaration fait
au Parlement de Paris, Messieurs vos Agents-Généraux en
envoient, íans délai, des copies ou exemplaires en bonne
forme à tous Nosseigneurs les Evêques bc à MM. les Syn-
.
dics Diocésains, pour connoître, par noidits Seigneurs bC
lesdits Sieurs Syndics Diocésains, les Articles de ladite Dé-
claration qui pourront convenir dans leurs ressorts respec-
tifs, bc ceux qui pourroient ne pas íe trouver conformes
aux usages reçus bc autorisés dans lesdits ressorts, ensemble
les dispositions par lesquelles il seroit par eux jugé néces-
saire ou plus expédient de remplacer ou modifier lesdits
, ,
Article-.
3 °. Que fur
lefdites instructions, Monseigneur l'Arche-
veaue de Narbonne bc Messieurs vos Agents- Généraux,
continuent d'employer tout leur crédit 6c leurs bons offi-
ces , afin d'obtenir pour chaque ressort, s'il est besoin , des
déclarations conformes auxdites instructions, ou de pour-
suivre Fenvoi auxdits ressorts de la Déclaration enregistrée
au Parlement de Paris, si elle se trouvoit leur convenir dans
ia totalité de ses dispositions.
Le Rapport fini, l'Assemblée, conformément à l'avis de
la'Commission, a délibéré:
1 °. Qu'aufíi-tôt après fenrégistrement de la
Déclaration
envoyée au Parlement de Normandie, Monseigneur l'Ar-
chevêque
DU CLERGÉ DE FRANCE , 6 SEPTEMBRE 1786. Ï I 8 $
chevêque de Narbonne, à la prière actuelle de l'Astemblée,
bc Messieurs ses Agents-Généraux, feront tous leurs efforts
pour obtenir de la bonté bc de la justice de Sa Majesté,
qu'Elie veuille bien adresser à son Parlement de Paris une
Déclaration fur les dîmes, dont les dispositions soient con-
formes à celles proposées par la Commission.
2Q. Qu'après fenrégistrement de ladite Déclaration au
Parlement de Paris, Messieurs les Agents en enverront fans
délai des copies ou exemplaires en bonne forme aux Ar-
,
chevêques bc Evêques, bc aux Syndics Diocésains, lesquels
seroient invités de faire connoître les Articles de ladite Dé-
claration qui pourront convenir dans leurs ressorts respec-
tifs bC ceux qui pourroient ne pas se trouver conformes
,
aux usages reçus bc autorisés dans lesdits ressorts, ensem-
bleles dispositions par lesquelles il seroit jugé nécessaire, ou
plus expédient de remplacer , ou modifier lesdits Articles.
30. Que fur lefdites instructions, Monseigneur l'Arche-
vêque de Narbonne bc Messieurs les Agents-Généraux con-
tinueront d'employer tout leur crédit bc leurs bons offices,
afin d'obtenir pour chaque ressort, s'il est besoin, des Dé-
clarations conformes auxdites instructions, ou de poursui-
vre Fenvoi auxdits ressorts de la Déclaration , enregistrée
au Parlement de Paris , fi elle se trouvoit leur convenir dans
la totalité de ies dispositions.
40. Enfin F Assemblée, après avoir donné tous les éloges
dus à un travail austi solide bc aussi lumineux a prié Mon-
,
seigneur l'Archevêque de Rheims de vouloir bien íe join-
dre à Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, bc conti-
nuer ses soins pour le succès d'une affaire aussi intéressante
pour le Clergé.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne a dit : Qu'il
croyoit convenable qu'un de Messieurs les Agents se ren-
dît à Versailles pour savoir le jour bc Fheure où l'Assem-
,
blée pourroit avoir l'honneur de saluer Sa Majesté, bc qu'il
prît les mesures nécessaires pour qu'elle fût reçue avec les
honneurs accoutumés : en conséquence, Monsieur l'Abbé
de Montesquiou a été chargé de voir M. le Baron de Bre-
teuil à ce sujet.
Proces-verb. de 1785-1786. Yyy yyy
1186 PROCÈS-VERBAL DE L ASSÈMBLÉE-GÉNÉRALE

-
Messeigneurs bc Messieurs les Commissaires ont été tra-
vailler à leurs Bureaux.
La Séance a été indiquée à Samedi prochain, 9 Septem-
bre, à neuf heures du matin.
Signé ^ ARTHUR-RICHARD ,
Archevêque bc Primat
ése Narbonne, Président.

._, rtc_t .
a. , ,

DU SAMEDI, NEUF SEPTEMBRE 1786,


à neuf heures du matin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

CXLV. MOnseigneur l'Archevêque de Narbonne a dit : Qu'il


SÉANCE.
avoit reçu plusieurs Lettres de M. le Contrôleur-Gé-
néral en réponse aux différents objets traités dans ses Confé-
,
rences que Messeigneurs ôc Messieurs les Députés avoient eues
avec ce Ministre. Lecture faite de ces Lettres, il a été délibéré
d'en renvoyer Fexamen au Bureau du Temporel, pour en
être, par la Commission , rendu compte à l'Assemblée.
Monsieur l'Abbé de Míontefquiou a dit : Qu'il avoit eu
i'honneur de voir M. le Baron de Breteuil ; que le Roi don-
nera audience à l'Assemblée Dimanche prochain , 1 o de •
ce mois j qu'en conséquence Messeigneurs bc Messieurs les
Députés sont invités à se rendre dans la Salle des Ambas-
sadeurs fur les onze heures, bc qu'ils seront reçus avec les
honneurs accoutumés.
Monseigneur l'Archevêque d'Arles a dit : Qu'il s'étoit
rendu Jeudi matin fur les onze heures, avec Messeigneurs bc
Messieurs les Commissaires pour la Religion bc la Jurifdic-
tion, (en Soutane noire, Manteau long bc Chapeau,) chez
M. le Garde des Sceaux j que, sétant assemblés dans une
Salle qui avoit été préparée pour les recevoir, les Secrétai-
res de ce premier Magistrat bc quatre Huissiers de la Chaî-
ne , étoient venus les avertir, bc ses avoient conduits, en
la manière bc avec les honneurs accoutumés, dans la Cham-
bre de la Chancellerie ; qu'ils avoient pris leurs places fur
DU CLERGÉ DE FRANCE3 9 SEPTEMBRE 1786. Î I 87
des fauteuils vis-à-vis de M. le Garde des Sceaux bc de
Messieurs les Commissaires du Roi, le fauteuil de Sa Ma-
jesté étant au bout de la table que chaque article du Ca-
>
hier avoit été successivement discuté par M. le Garde des
Sceaux bc Messieurs du Conseil, qui avoient paru frappé
de la justice des représentations du Clergé, bc qu'en parti-
culier M. le Garde des Sceaux avoit montré les dispositions
les plus favorables j qu'après la Conférence, M. le Garde
des Sceaux les avoit reconduits jusqu'à la porte, suivant
Fusage, en donnant la main à Messeigneurs les Prélats Sc à
Messieurs du second Ordre.
Monseigneur l'Archevêque d'Arles a dit ensuite : Qu'il
avoit eu une audience particulière de M. le Garde des
Sceaux, avec Monseigneur l'Evêque de Langres bc Mes-
sieurs les Abbés de Montazet bC de Foucaud5 qu'ils avoient
remis au Chef de la Magistrature le Mémoire fur la Décla-
ration concernant les Actes de Baptêmes, bc que M. le
Garde des Sceaux étoit convenu de la nécessité de perfec-
tionner cette Déclaration, ajoutant qu'il ne seroit rien à cet
égard, fans en avoir conféré avec le Clergé.
Monseigneur l'Archevêque d'Aix a aussi rendu compte
à F Assemblée de ce qui s'est passé le même jour, après-midi,
dans la conférence que Messeigneurs bc Messieurs les Com-
missaires pour le Temporel avoient eue avec M. le Garde
Sceaux bC MM. les Commissaires de Sa Majesté j que la
Commission avoit été reçue de la même manière bc avec les
mêmes honneurs que Messeigneurs bc Messieurs les Com-
missaires du Bureau de la Religion bc de la Jurifdiction
>
que M. le Garde des Sceaux bc MM. les Commissaires du
Conseil n avoient pu répondre, d'une manière décisive, sur
les articles du Cahier, bc avoient désiré prendre connois-
sance des Mémoires quLaccompagnent les différents objets
qui y sont contenus.
Messeigneurs bc Messieurs ses Commissaires, nommés paï
la Délibération du 13 Juillet 178J ont pris le Bureau.
,
Monseigneur l'Archevêque de Rheims, Chef de la Com-
mission a dit :
,
Yyyyyy z
Ï 188 PROCES-VÈRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET

Les Facultés de Théologie du Royaume font fous votre


protection spéciale, par la nature même de leur destination:
tout ce qui intéresse leur gloire , leurs privilèges, doit vous
être cher : c'est à ce titre que nous réclamons, dans ce mo-
ment, vos bons offices pour obtenir de Sa Majesté la répa-
ration des atteintes portées à leurs droits.
L'expectative des Grades a été établie dans les Univer-
sités pour servir d'encouragement bc de. récompense aux
études qui ont pour objet ses Sciences qu'on y cultive. La
Théologie tient fans doute le premier rang dans Fordre des
Sciences, par la dignité bc Fimportance des connoissances
qu'elle embrasse : il est donc juste que les Maîtres qui l'en-
seignent, que les Sujets qui parviennent aux dégrés qui lui
sont propres, jouissent d'une faveurparticulière dans la dis-
tribution des Bénéfices affectés aux Gradués : cependant,
dans l'état présent de notre légistation, ils n'ont aucun avan-
tage, ils ne partagent pas même ceux qui sont communs
aux autres Facultés.
Les Loix antérieures à la Déclaration de 1743 attri-
,
buoient aux Professeurs qui avoient enseigné pendant l'es-
pace de sept ans la Théologie dans FUniversité de Paris bc
autres du Royaume jouissant des mêmes privilèges, un
droit de préférence fur tous les Gradués, quoique plus an-
ciens pour tous les Bénéfices qui vaquoient dans les mois
,
de rigueur : il n'y avoit d'exception qu'en faveur des Doc-
teurs de la même Faculté, lorsque la concurrence se rencon-
troit entre les Professeurs septénaires ès Arts ou en Droit,
bc ceux de Théologie ; la préférence se régloit entre eux sur
Fancienneté des Grades ; bc si leur nomination étoit de même
date, les Professeurs en Théologie avoient Favantage.
La disposition de ces Loix ne souffroit aucune difficulté,
relativement aux droits des Professeurs entre eux 3 mais elle
en présentoit une fort sérieuse entre les Professeurs septé-
naires bc les Docteurs en Théologie, lorsqu'un Gradué, plus
ancien en nomination que se Docteur, concouroit avec eux,
DU CLERGÉ DE FRANCE J, 9 SEPTEMBRE 1786. 1189
parce qu'aux termes de la Déclaration de 1676, les Doc-
teurs cn Théologie ne pouvoient empêcher l'effet de la pré-
férence des Professeurs en Théologie ou aux Arts, à moins
qu'ils ne fussent ies plus anciens Gradués de ceux des con-
tendants qui avoient droit au Bénéfice. Le Professeur sep-
ténaire partant de la disposition de cette Loi, diíoit au Doc-
teur en Théologie, le Gradué plus ancien en nomination a
la préférence fur vous, je Fai fur le Gradué, donc je dois
Favoir fur vous? Le Docteur repliquoit bc failoit valoir le
même raisonnement. Vous excluez, diseit-il à son tour au
Professeur, le Gradué plus ancien par votre privilège j ie
combat n'est donc plus qu'entre vous bc moi j or je vous
exclus en ma qualité de Docteur, bc à raison de Fancien-
neté de ma nomination j donc la préférence m'estdue pour
le Bénéfice vacant.
Cette difficulté, qui est développée avec étendue dans le
préambule de la Déclaration de 1743, a paru assez embar-
rassante au Souverain, pour aimer mieux la prévenir par un
nouvel arrangement, que la résoudre. Dans cette vue il a
partagé tous les Bénéfices en deux classes *,il a affecté par, pri-
vilège spécial aux Professeurs bc Docteurs septénaires en
Théologie, les Bénéfices à charge d'ames qui viendroient
à vaquer dans les "deux mois de rigueur, bc il a donné aux
Professeurs ès Arts bc en Droit la préférence fur les autres
Bénéfices qui vaqueroient dans les mêmes mois. Cet arran-
gement étoit appuyé fur des motifs puisés dans l'intérêt de
l'Eglise : Fétude des dogmes de la Religion bc de fa morale,
étoit íans contredit une disposition plus directe bc plus pro-
chaine aux fonctions du saint Ministère, que l'enseignement
des Belles-Lettres, de la Philosophie ou du Droit.
Des vues de bien public supérieures à toute autre consi-
dération, ayant déterminé, en 174^ le Roi Louis XV à
,
affranchir de FeXpectative rigoureuse des Grades tous les
Bénéfices à charge d'ames, il est résulté de la réunion de
ces deux Loix, que les Professeurs bc Docteurs en Théo-
logie ont perdu tout l'effet de leur privilège 5 bc le dédom-
magement qui leur,avoit été accordé parla Déclaration de
1743,est devenu, illusoire 6C fans objet. L'équité deman-
ÏÏ9° PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
doit qu'alors ils fussent rétablis dans les droits qu'ils avoient
précédemment fur les Bénéfices non à charge d'ames ; mais
le point de justice a échappé à Fattention du Légistateur j
bc c'est cette lésion qui fait depuis long-temps le sujet des
réclamations de la Faculté de Théologie de Paris. L'Assem-
blée du Clergé de 1780 ses a prises en considération j elle
a reconnu la'justice de ses demandes, bc s'est occupée des
moyens de lui procurer Findemnité qu'elle réclamoit : vous
avez arrêté en conséquence qu'il seroit sollicité des Lettres-
Patentes interprétatives de la Déclaration de 1745, par les-
quelles en maintenant toutefois la liberté accordée aux
,
Collateurs de choisir parmi tous les Gradués pour les Cures
bc autres Bénéfices à charge d'ames, il seroit entre autres
choses ordonné :
1 °. Que les Professeurs
septénaires de Théologie de Sor-
bone bc de Navarre seroient préférés dans l'exercice rigou-
reux de Fexpectativedes Grades, pour tous les Bénéfices qui
ne sont pas à charge d'ames, à tous les Gradués, même Doc-
teurs en Théologie, Professeurs ès Arts septénaires , bc au-
tres , quelles que soient la nature bc Fancienneté des Grades
.de ces derniers.
z°. Que les Docteurs septénairesde Théologie auroient
la préférence fur les autres Gradués plus anciens qu'eux,
même Principaux bc Professeurs septénaires, à l'exception
des Professeurs en Théologie, pour tous les Canonicats de
Cathédrale seulement.
3 °. Que les Principaux bc
Professeurs ès Arts septénaires
continueroient de jouir, pour tous les Canonicats de Col-
légiales bc tous les Bénéfices simples, de là préférence qu'ils
ont fur tous les autres Gradués, même Docteurs septénai-
res , à Fexception des Professeurs en Théologie septénaires.
4°. Que dans les autres cas les droits des Gradués se-
roient maintenus dans l'exercice actuel de Fexpectative telle
qu'elle est.
Les sollicitations du Clergé pour obtenir cette Loi,
,
n'ont pas eu tout le succès qu'il en espéroit : les demandes
qu'il a faites ont paru trop opposées aux privilèges dont les
Professeurs ès Arts font en possession : la préférenceexclu-
DU CLERGÉ DE FRANCE _, 9 SEPTEMBRE 1786. 1191
sive qui étoit accordée aux Professeurs bc Docteurs septé-
naires en Théologie, pour les Canonicats des Eplises Ca-
thédrales a été regardée comme une atteinte trop grave
,
portée à leurs droits.
La Faculté de Théologie de Paris implore de nouveau
votre protection , à l'effet d'obtenir de Sa Majesté la justice
qui lui est due. Nous ne chercherons pas à exciter votre in-
térêt pour un Corps respectable, auquel vous tenez pres-
que tous par les liens de la reconnoissance bc de Fadoption ,
qui, dans tous les teraps, a si bien mérité de l'Eglise, par
ses travaux bc son zèle à détendre la Religion : les premiè-
res sollicitations que vous avez faites en fa faveur, lui o-a-
rantistent vos dispositions pour elle bc nous persuadent que
,
vous vous porterez avec plaisir à en faire de nouvelles pour
lui assurer se dédommagement qu'elle réclame : elle a acquis
un nouveau droit à votre bienveillance, en se conformant
au désir que vous lui avez témoigné Fannée derniere, fur
divers changements dans Fordre bc ies objets de ies études,
examen bc acres probatoires de licences.
D'après un Mémoire qui nous a été remis par le Syndic
bc autres Députés de cette Faculté , il nous paroît indispen-
sable de revenir sur Farrangement qui a été déterminé par
la Déclaration de 1743, bc de rétablir la concurrence entre
les Professeurs septénaires de Théologie bc ceux des Arts,
pour les Bénéfices non à charge d'ames, comme elle exií-
toit avant la promulgation de cette Loi. Le Souverain ayant
procédé alors par voie de partage bc la partie des Bénéfi-
,
ces affectés aux Professeurs bC Docteurs en Théologie, ayant
été soustraite à l'expectative des grades, la perte ne doit pas
tomber fur eux seuls, bc le partage qui avoit été fait ne
peut subsister. Les Professeurs ès Arts, en réclamant con-
tre ce retour à Fancien droit, blesseroient toutes ses règles
ae 1 équité.
En rappellant cet ancien droit, renaîtra, il est vrai, la
difficulté qui s'étoit élevée entre ses Professeurs septénaires
bc les Docteurs en Théologie lorsqu'ils avoient pour con-
,
tondant au Bénéfice vacant, un Gradué plus ancien qu'eux
en nomination j mais cette difficulté doit être tranchée par
des considérations d'intérêt public.
•2 192.
PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Dans Fordre des Gradués, ceux qui sont chargés de l'en-
sesenement, nous paroissent mériter la première faveur:
cette oeuvre est si intéressante pour FEtat bc la Religion ,
qu'on ne peut y attacher trop de distinction , pour y appei-
ser des Ecclésiastiques à talent bc vertueux : dans la distri-
bution des récompenses, elle doit avoir la préférence.
Les Docteurs, Licenciés bc Bacheliers en Théologie , doi-
vent tenir le second rang; : les Etudes théologiques ont
besoin, plus que jamais, d'être soutenues bc encouragées ,
soit parce que le goût de la frivolité qui domine aujour-
d'hui les esprits , ies porte à des objets moins sérieux bc
moins pénibles, soit parce qu'il importe à la Religion d'a-
voir des Ministres éclairés, qui puissent Fhonorer par leurs
talents, bc la défendre par leur savoir, contre les assauts
,
multipliés de Fincréclulité. Pour atteindre à ce but si digne
de votre zèle, il est nécessaire d'étendre la faveur des dégrés
pris en Théologie, bc d'attribuer à ceux qui y parviennent,
la préférence fur les simples Maîtres ès Arts, quoique plus
anciens qu'eux en nomination, en conservant toutefois
Fordre de ces dégrés entr'eux, de manière que le Docteur
cn Théologie Femporte fur le Licencié, bc se Licencié fur
le Bachelier. Cette graduation de faveur seroit propre à ra-
nimer Fémulation pour cette science , qui, pour nous ser-
vir des expressions de la Déclaration de 1676, est la plus •
noble la plus importante bc la plus utile pour l'Eglise -, elle
,
est d'ailleurs fondée fur les principes deì'équité, qui veut,
que les récompenses bc les encouragements soient en pro-
portion du travail bc de.son utilité.
Aussi la Pragmatique Sanction cette Loi constitutive
- ,
de Fexpectative des grades, exhorte-t-elle les Collateurs à
avoir un égard particulier dans la nomination des Bénéfi-
ces , bc fur-tout des Dignités qui vaqueront dans le tour des
Gradués, aux Docteurs, Licenciés bc Bacheliers formés en
Théologie : Exhortamur ordinarios Collatores quod in con-
ferendis BenefLciis hujufmodi proefertim quoad dignitates, ref
3
p.ecium habeantfingulariter ad Magiftros necnon Licentiatos
>
âC Baccalaureos formatos in Theotogiâ.
Pour saisir se sens de cette disposition il faut se rappellcr
,
que
DU CLERGÉ DE FRANCE , 9 SEPTEMBRE 1786. 1 19 3
que la Pragmatique-Sanction n'avoit pas régie l'expectative
des grades par mois, comme le Concordat i'a fait depuis;
elle av-oit seulement assujetti les Collateurs à conférer aux
Gradués le tiers des Bénéfices qui étoient à leur nomina-
tion : deux parts de ce tiers étoient pour ses Gradués nom-
més, bc l'autre pour les Gradués simples j les mois de ri-
gueur n'étoient pas encore établis; les Collateurs avoient se
choix, même parmi les Gradués nommés 3 oc c'est à la li-
berté de ce choix que s'applique la disposition de la Pra-
gmatique-Sanction, que nous avons citée.
Les simples Maîtres ès Arts ne seroient donc pas fondés
à se plaindre de la préférence que l'on donneroit fur eux
aux Gradués en Théologie, puisque c'est le voeu de la Loi
fondamentale de leur expectative : ils doivent íe souvenir
d'ailleurs que dans ia naissance ôc la faveur des Universités,
les Gradués nommés compofoient une classe distinguée :
elles n'accordoient des Lettres de nomination qu'à leurs sup-
pôts c'est-à-dite, à ceux qui eníeignoient, qui gouvernoient
,
les études,& étoient affrétés à l'une des Facultés : ce droit
ne s'étendoit pas, comme aujourd'hui, à tous les Gradués
indistinctement.
En finissant, Messeigneurs bc Messieurs, un Rapport qui
a pour objet les privilèges des Facultés de Théologie , nous
ne pouvons nous dispenser de vous faire part des observa-
tions qui nous ont été. présentées, oc fur ses besoins qu'é-
prouve ia Faculté de Théologie de Paris, bc fur.la modicité
des honoraires de ses Professeurs.
Les revenus de cette Faculté ne consistent, pour ia ma-
jeure partie, que dans les droits qu'elle prélevé fur les Su-
jets qui prétendent à ses dégrés. Le taux de ces droits est
fixé depuis long-temps ; bc loin de songer à Faugmcnter,
la Faculté auroit désiré que son aisance lui eût permis de ses
supprimer entièrement. Cependant ces droits qui, dans Fo-
rigine, sufHloient pour subvenir à ces charges, sont actuel-
lement insuffisants par Faccroissement survenu dans tous ìes
objets de dépense. L'intérêt que vous avez toujours témoi-
gné à une Ecole aussi célèbre, les efforts que ses Membres
ont toujours faits pour le mériter, soit par des travaux as-
Proces-verb. de iy% $-iy§6. Zzzzzz
Ï i94 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
sidus pour la défense de la Religion, soit pour leur zèle à
remplir dans cette Ville les principales fonctions du Minis-
tère , nous autorisent à réclamer votre bienveillance, à l'effet
de solliciter auprès de Sa Majesté un supplément de dota-
tion, qui mette la Faculté de Théologie de Paris en état de
fournir à ses charges.
Les mêmes motifs réclament, bc plus puissamment en-
core votre intérêt, en faveur des Professeurs de cette Ecole.
Les honoraires attachés à leurs places procuroient autrefois
une aisance honnête, bc même un traitement supérieur à
celui des autres Professeurs de FUniversité. La révolution
clés temps leur a ôté l'un bc l'autre avantage : leurs occu-
pations plus pénibles bc plus multipliées, Fimpòrtance dont
il est pour la Religion que tes Chaires de Théologie de Pa-
ris soient toujours remplies par des Sujets distingués, bc
qu'elles offrent un sort propre à ses fixer, nous paroisient
exip-er que l'Assemblée emploie son crédit pour leur faire
attribuer une augmentation d'honoraires.
Nous avons en conséquence Fhonneur de vous proposer
de solliciter des Lettres-Patentes qui, en maintenant Fexé-
cution de ia Déclaration de 1745 , relativement aux Bé-
néfices à charge d'ames, bc dérogeant à celle de 1743 or-
,
donnent :
1 9.
Que les Professeurs septénaires de Théologie soient
rétablis dans tous les droits dont ils iouistoient avant la Dé-
datation de 1743 fur les Bénéfices qui ne íont pas à char-
,
ge d'ames, concurremment avec les Professeurs septénaires
des Arts bc de Droit.
z°. Que les Professeurs septénaires de Théologie & des
Arts, comme aussi ceuX de Droit Civil bc Canonique au-
ront ia préférence dans les mois de rigueur fur tous autres
Gradués même Docteurs en Théologie, quoique plus an-
,
ciens qu'eux en nomination.
30. Que les Docteurs, Licenciés bC Bacheliers en Théo-
logie seront préférés dans les mêmes mois, à tous les Gra-
dués simples ou Maîtres ès Arts, quelle que soit Fancienneté
de leurs Gracies.
Nous ayons Fhonneur de vous proposer, en second lieu,
DU CLERGÉ DE FRANCE , 9 SEPTEMBRE 1786. 119$
qu'ayant égard aux représentations qui nous ont été faites
par les Députés de la Faculté de Théologie de Paris, vous
vous empressiez de solliciter, en sti faveur, les bontés de Sa
Majesté, pour qu'Elie veuille bien accorder un supplément
de dotation devenu nécessaire, bc augmenter les honoraires
de ies Professeurs.
Le Rapport fini, l'Astemblée adoptant Favis delá Com-
mission a délibéré de solliciter des Lettres-Patentes qui cn
, ,
maintenant l'exécution de la Déclaration de 1745, relati-
vement aux Bénéfices à charte d'ames, bc dérogeant à celle
de 1743 j ordonne:
i°. Que les Professeurs septénaires de Théologie soient
rétablis dans tous les droits dont ils jouissoient avant la Dé-
claration de 1743 fur les Bénéfices qui ne font pas à charge
,
d'ames, concurremment avec les Professeurssepténaires des
Arts bc de Droit.
z°. Que les Professeurs septénaires de Théologie bc des
Arts, comme aussi ceux de Droit Civil bc Canonique, au-
ront la préférence dans les mois de rigueur fur tous autres
Gradués, même Docteurs en Théologie, quoique plus an-
ciens qu'eux en nomination.
3 °. Que les Docteurs,
Licenciés bc Bacheliers en Théo-
logie seront préférés dans les mêmes mois, à tous les Gra-
,
dués simples ou Maîtres ès Arts, quelle que soit Fancieimetc
de leurs Grades.
Messeigneursbc Messieurs les Commissaires, pour le Tem-
porel, ont pris le Bureau. Monseigneurl'Archevêque d'Aix,
Chef de la Commission, a dit :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
NOUS VOUS rapportons un Arrêt du Conseil concernant
ses Foi bc Hommage, qui forme une révolution dans l'état
de la cause du Geríse. C'est cette révolution même dont
nous désirons de vous faire connoître :Fimportanc.e bc Fé-
tendue. II est nécessaire, pour la rendre sensible,;de nous
rendre compte à nous-mêmes de l'état fâcheux auquel la
cause du Ciergé étoit réduite depuis plus d'un siécle, bc sur
Zzzzzz z
9,
u^6 PR.OCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
lequel il semble que l'opinion du Conseil 6c du public ne
nous laifloit plus d'espérances bc de ressources.
Nous ne craindrons point de dire la vérité. Nous pou-
vons rappeiler en fureté ces longues erreurs, qu'une dis-
cussion plus approfondie a dissipées, bc nous n'avons
point d'intérêt à dissimuler des oppositions que nous avons
vaincues.
La contestation concernant ses Foi bc Hommage avoit
,
commencé avec le dernier siécle.
Le Ciergé, depuis 1606 jusqu'en 1635, avoit obtenu
les décisions les plus favorables à son exemption.
Depuis 1635 jusqu'en 1660 des jugements bc des dé-
,
cisions particulières sembloient dédommager les Bénéficiers
de Foppofition naissante des principes du Conseil, bc de
l'incertitude des réponses adressées par se Roi bc les Minis-
tres aux Assemblées du Clergé.
C'est en 1660 que commence cette fuite de décissons
contraires, que le Conseil a sans cesse renouvellées.
L'Assemblée avoit nommé des Commissaires pour con-
férer avec M. le Chancelier. M. le Chancelier leur dit, que
les Ecclésiastiques ne pouvoient pas être exempts de prêter
Foi bc Hommage, Aveux & Dénombrements.
L'opposition des principes du Conseil bc du Clergé, s'est
manifestée plus sensiblement encore pendant l'Assemblée
de 166$.
Les Commissaires du Roi communiquèrent un Mémoire
à l'Assemblée, pour assujettirses Ecclésiastiques aux presta-
tions des Foi bc Hommage, Aveux bc Dénombrements.
L'Assemblée représenta le préjudice notable qui devoit
en résulter : elle réclama la faveur des amortissements; elle <
supplia le Roi de se contenter du serment de fidélité des
Evêques.
Le Conseil ne donna que des Arrêts de surséance.
L'Assemblée de 1670 redoubla ses efforts,, Un Mémoire
de ies Commissaires semble envisager, quoique de loin, les
véritables principes de la défense du Clergé.
Le Conseil exigea les déclarations pour le papier terrier.
DU CLERGÉ DE FRANCEá 9 SEPTEMBRE 1786. 1197
L'Assemblée fut réduite à solliciter un Arrêt de surséance
pour cinq ans, bc elle ne put pas l'obtenir.
La surséance fut accordée pour deux années. A peine le
terme étoit expiré. Les Ecclésiastiques furent poursuivispour
rendre les Aveux, Dénombrements bc Déclarations. Les
Commissaires du Roi en formoient la demande pour la con-
fection du papier terrier, les Chambres des Comptes pour
la prestation des Foi bc Hommage.
Cette diversité de procédures qui multiplioient les frais
bc les dépens, en faifoit sentir plus vivement Finjustice. Les
plaintes des Bénéficiers ne furent point entendues fur ie
fonds ; bc F Arrêt de 1 673 se borne à régler les formes des
déclarations. II est dit que le Conseil voulant faire cesser
leurs plaintes, en leur donnant un Tribunal fixe bc com-
mode dans lequel seroient gardés leurs Déclarations,Aveux
,
bc Dénombrements qu'ils ne pouvoient s'empêcher de ren-
dre pour les biens qu'ils tenoient dans la mouvance ou di-
recte du Roi, ou lotis fa protection.
mes de F Arrêt du 12 Novembre 1673.
.... Tels sont ses ter-

L'Arrêt ordonne, premièrement, qu'il sera fourni par les


Archevêques, Evêques, Abbés, Prieurs bc autres Bénéfi-
ciers, des déclarations, contenant la consistance en détail,
bc par le menu, tenant bc aboutissant des Fiefs, Terres bc
Seigneuries mouvants bc relevants de Sa Majesté, des mai-
sons fermes métairies, prés bois rentes bc autres héri-
, , , ,
tages par eux possédés en la Cenfive bc Seigneurie directe
de Sa Majesté bc de tous autres biens, tant en fief qu'en
,
roture, en mouvance bc directe des Seigneurs particu-
la
liers lesquelles serviront d'Aveux bc Dénombrements pour
,
ce qui concerne les Fiefs mouvants de Sa Majesté.
Deuxièmement, qu'ils seront tenus de rapporter, à Fé-
gard des biens bc droits qui leur ont été amortis, les titres
de possession bc jouissance lors de FEdit de Melun IJ8I ;
bc à Fégard des biens non amortis acquis depuis 1641, les
titres de leur acquisition; le tout sans préjudice de la Foi
bc Hommage qu'ils doivent faire pour raison des Fiefs,
Terres bc Seigneuries de leurs Bénéfices, mouvants bc re-
levants immédiatement de Sa Majesté.
3198 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Troiíiémement, qu'en cas que lesdits Bénéficiers aient
besoin de quelques délais pour dresser bc mettre en état leurs
déclarations, ils se pourvoiront aux Chambres des Comp-
tes, pour qu'il y soit pourvu, s'il y échet, L*Arrêt du Con-
seil de 1673, eac ^on exécution.
L'Arrêt du Conseil de 1 673, fut revêtu de Lettres-Pa-
tentes, en date du z$ Décembre de Fannée suivante, bC
forma la Déclaration de 1 674.
Cet Arrêt bc cette Déclaration supposent ia question ya-
p-ée sur les Foi bc Hommage, fans qu'on puisse retrouver;
une Décision antérieure qui détruite les exemptions du
Clergé, bc c'est contre cet Arrêt bc cette Déclaration que
le Clergé a fans cesse renouvelle ses réclamations : le Clergé
a réclamé contre des Jugements fondés fur une supposition
fausse, bc contre Fexécution forcée qu'on a voulu leur
donner.
Cette exécution même, qui ne peut pas nuire à ses droits,
sert feulement à prou-ver combien les opinions du Conseil
étoient préjudiciables aux. droits du Clergé.
L'Assemblée de 1675 n'obtint qu'un Arrêt de surséance
pour deux ans.
•'
Le Conseil régla, par un Arrêt du 1 z Novembre 1 675,
•la manière de rendre les déclarations après le terme de la
furíéance.'-M. Colbert prolongea la suriéance d'une année,
fans autre délai. *
L'exécution des Arrêts du Conseil fut exposée à des dif-
ficultés qu'on n'avoit point prévues.
Les Chambres des Comptes exigèrent se parchemin mar-
qué : elles voulurent contraindre les. Bénéficiers à rendre en

' personne la Foi bc Hommage.


Les Trésoriers de France réclamèrent la réception des
Foi bc Hommage pardevant eux. Un Arrêt du $ Août
f 67.9 , ordonna simplement l'exécution de F Arrêt de 1673.
• ' Les •Commissaires au Papier Terrier ne voulurent point
-avoir épardaux Arrêts de délais , donnés par les Chambres
<des Comptes.
'"-" Les plaintes des Bénéficiers devenoient plus justes, me-
à
sure que les objets en étoient plus multipliés j & .le Conseil
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 SEPTEMBRE 1786. 1199
se bornoit à l'exécution des Arrêts bc Déclarations de 1 673
bc 1 674.
II n'y eut point d'Arrêts de surséance en 1 680 bc 1 68 z ;
les poursuites occasionnèrent des saisies. On exposa dans
F Assemblée de i68j-, ses plaintes de plusieurs Chapitres de
Guienne.
On retrouve les plaintes bc les demandes de l'Assemblée,
consignées dans ses Cahiers. L'Assemblée n'oublie point ies
principes, ses privilèges bc les intérêts du Clergé : elle for-
me des demandes, qui s'étendent même au-delà des bornes
de ia véritable défense, bc qui deviennent des témoignages
précieux de ses constantes réclamations.
Elle demande la décharge des Foi & Hommage, Aveux
bc Dénombrements. Cette demande est refusée. íl est dit
que le Roi y a pourvu par F Arrêt de 1673 bc la Déclara-
tion de 1 674.
Elle demande le délai de cinq ans, bc ne peut l'obtenir.
On renvoie les particuliers à se pourvoir pardevant les
Chambres des Comptes.
Elle demande la levée des saisies. La levée générale n'est
point accordée 5 on promet feulement de pourvoir par Ar-
rêts, aux saisies qui seroient contraires aux dispositions des
Arrêts bc Déclaration.
L'Astemblée propose que Sa Majesté voulût bien se con-
tenter du ferment de fidélité des Archevêques bc Evêques.
Sa proposition fut rejettée.
II n'y eut point d'Arrêt de surséance jusqu'en 1693-,
Depuis 1695 juíqu'en iyz$ la fuite des Arrêts de fur-
,
séance fut rarement interrompue, bc nous ne pouvons re-
trouver que dans les termes même de ces Arrêts, les dispo-
sitions du Conseil.
Tous ces Arrêts supposent que la cause es: jugée par la
Déclaration de 1674, bc prononcent seulement qu'il sera
sursis à toutes poursuites bc procédures, pour raison de Foi
bc Hommage Aveux bc dénombrements.
5
Celui de 171 o énonce, qu'il est contre l'intérêt du Cler-
p-é, ou du moins contre l'intérêt des Bénéficiers, de deman-
der davantage des surséances.
GJ
ïioo PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Celui de 1716 ordonne que dans deux années les Arche-
vêques, Evêques bC autres Ecclésiastiques du Royaume,
seront tenus de fournir ses aveux bc dénombrements des
biens qu'ils possèdent. **
La íurséance ne fut point prolongée, bc les Bénéficiers.
furent poursuivis par les Chambres des ComDtes.
L'Arrêt de 17x3 n'accorde aux Bénéficiers que pour
cette fois, bç fans tirer à conséquence, le terme bc délai
d'une année, pour fournir aux Chambres des Comptes des
déclarations tenant lieu d'aveux bc dénombrements, con-
formément à la Déclaration de 1674, à la charge par eux
de rendre les hommages de leurs Fiefs dans le ternie de trois
mois, si fait n'a été.
On rapporte, fans inquiétude, ces Arrêts de surséance,
qui ne peuvent pas avoir plus de force que la Déclaration
de 1674. II paroît que la cause ne fut jamais discutée, b-C
cette longue suite de Décisions du Conseil ne se sondent que
íur une raufíe supposition.
L'Ârrêtde 1713 étoit Fannonce de la Déclaration de 172-5.
Cette Déclaration accorde aux Archevêques, Evêques,
Abbés, Prieurs & autres Bénéficiers, tant séculiers que ré-
guliers, ou Communautés séculières bc régulières, une an-'
née de délai pour faire ses Foi bc Hommage qu'ils doivent
au Roi, bc dix-huit mois pour fournir aux Chambres des
Comptes les déclarations de tout leur temporel, en détail
bc par le menu.
Cette Déclaration rappelle celle de 1^74, comme une
Loi définitive 3 ÔC elle est rappeliée elle-même comme dé-
finitive dans tous les Arrêts de íurséance qui Font suivie.
Le Clergé réclama contre cette Déclaration en 172.6,
,
sous le ministère à peine commencé du Cardinal de Fleury,
qui íembloic devoir encourap-er ses demandes du Clergé.
II s'ensuivit un Arrêt contradictoire, donné sur se vu de
la Requête du Clergé, de la réponse de Pu n des Inspecteurs-
Généraux du Domaine, bc du Mémoire fourni par le Pro-
cureur-Général de la Chambre des Comptes, qui ne porte
point de décision nouvelle qui n'accorde qu'un délai de
,
dix-huit mois, bc aux se borne à renouveller les termes mê-
me
DU CLERGÉ DE FRANCE J 9 SEPTEMBRE 1786. IXOI
me de la Déclaration de 172. $ , soit pour la prestation des
Hommages, soit pour les déclarations.
II paroît que le Gouvernement ne pouvoit avoir d'autre
intention que d'examiner la cause au fond pendant se délai
qu'il accorde.
Cet examen n'eut pas lieu 3 on suivit Fusage facile bc
commode des Arrêts de íurséance.
La Requête du Clergé, rapportée dans F Arrêt de 1 yzy,
répète tous les principes de la défense du Clergé, bc F Arrêt
se borne à donner les mêmes délais énoncés dans celui de
17x6.
Le dispositifde F Arrêt de 17 3 o est encore plus sévère
renouvelle surséance , ,
bc la sans espérance d'aucun autre délai.
Cette clause comminatoire est répétée dans la plupart des
Arrêts subséquents.
L'Assemblée de 1740 semble avoir voulu terminer cette
longue discussion 5 elle établit une Commission.
Premièrement, pour rechercher bc discuter les titres de
l'exemption du Clergé.
Secondement, pour aviser aux expédients les plus pro-
pres à remédier aux inconvénients de la prestation des Foi
bc Hommage, Aveux bc Dénombrements : la même Com-
mission fut rcnouvellée en 174J, pour les mêmes objets.
Cet Arrêt rappelle les Déclarations de 1 674 bc de 17 z y,
bc tous les Arrêts de surséance donnés depuis 172.5, bc il
accorde une prorogation, fans espérance d'autre délai, pour
mettre les Bénéficiers en état de rendre les Foi bc Hommage
qu'ils doivent à Sa Majesté, bc fournir leurs déclarations
aux Chambres des Comptes.
Les suríéances furent renouvellées jusqu'en 1775.
Ce fut alors que les Officiers des Princes Frères du Roi,
_,
bc ceux de M. le Duc d'Orléans, poursuivirent les Bé-
néficiers des Apanages.
Les Apanages comprenoient six Provinces Ecclésiasti-
ques , que le Clergé général ne pouvoit pas abandonner.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne situn rapporta
l'Assemblée, qui remettoit sous ses yeux tout ce qui s'étoit
passé depuis plus d'un siécle, bc il fit sentir', avec la force
Procès-verb. de 17 8 $ -178 6. Aaaaaa a
nox PPROCÈS-VERBAL DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
que lui donne son zeîe pour tous ses intérêts du Clergé, bc
avec la sagesse que donnent, les véritables connoissances , la
nécessité de s'interdire tous les moyens dilatoires, bc de pren-
dre un parti définitif.
L'Assemblée établit une Commission pour s'occuper des
mêmes objets que la Commission de 1740 bc 1745, bc elle
obtint un Arrêt de surséance, qui nommoit des-Commis-
saires du Conseil, pour procéder à Fexamen & à la discus-
sion des représentations bc propositions que le Ciergé vou-
droit faire à Sa Majesté.
II semble que cet Arrêt étoit susceptible de deux inter-
prétations distérentes.
Le Clergé aimoit à penser que la cause n'étoit point ju-
gée irrévocablement, puisque se R.oi devoit recevoir ses
représentations.
Le Conseil pensoit que la chose étoit jugée, bc ne se re-
fusait point à recevoir des représentations qui pouvoient
Féclairer sor les propositions même que le Clergé auroit à
lui faire pour rendre moins onéreuses les prestations des
,
Foi bc Hommage, Aveux bc Dénombrements.
;i L'Arrêt de 1780 fut conforme à celui de 1775. II n'ap-
porta point de changement dans ses prétentions du Clergé,
ni dans les opinions du Conseil.
En 1785, vos Députés furent assemblés chez M. le
Garde des Sceaux, avec M. le Comte de Vergennes, M. se
Contrôleur-Général bc les Commissaires du Conseil.
Les Ministres, du Roi rappellerent les principes des Dé-
clarations de 1 674 & de 172,53 bc regardant la chose comme
jugée, ils necroyoient devoir donner leur attention.qu'aux
moyens cFaffranchir le Clergé des droits utiles bc pécuniai-
res , bc de diminuer les inconvénients des prestations.
Les Commissaires du Clergé furent obligés de rappeller
ses fausses suppositions fur lesquelles étoient fondées les Dé-
clarations de 1 674 bc de 172.5, bc de prouver que la cause
n'étoit pas jugée.
Les Commissaires du Clergé dévoient conférer ensuite
avec les Commissaires du Conseil 3 les Conférences furent
suspendues par Fattente d'un Mémoire d'un Membre de la
Chambre des Comptes de Paris,.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 SEPTEMBRE 1786. 1103
Cependant les Mémoires du Clergé, ceux de l'Infpec-
tcur du Domaine, avoient paru 5 bc les Commissaires íem-
bloient encore persuadés, ainsi que M. le Garde des Sceaux,
que le Clergé ne son doit fa principale défense, que fur des
immunités inséparables du caractère bc des fonctions des
Ministres des Autels, o£ de la consécration de leurs biens
à Dieu bc à l'Eglise.
La Commission du Clergé avoit donné une Instruction
qui, rassemblant les véritables principes fur lesquels elle,
croyoit avoir établi fa défense dans ses Mémoires, indi-
quoit la méthode à suivre dans l'examen des titres du Cler-
s;é : cette Instruction sembloit avoir fait difparoître une
partie des nuages qui fubsistoient encore, bc ne les avoit
pas entièrement dissipés.
M. le Garde des Sceaux avoit préparé un projet de Loi,
qui, condamnant la prétention du Clergé en exemption
des Foi bc Hommage, Aveux bc Dénombrements,raísem-
bloit tous les moyens de rendre les prestations moins oné-
reuses pour le présent, bc plus avantageuses pour l'avenir.
II nous fit part, ainsi qu'à Monseigneur l'Archevêque de
Narbonne, par une Lettre en date du z 3 Novembre, de
la résolution prise par Sa Majesté d'expliquer définitive-
ment ses intentions, dans un Conseil convoqué à cet estet
pour le 17 Décembre dernier.
NOUS crûmes devoir réclamer l'efpérance que M. le Garde
des Sceaux nous avoit donnée, d'entrer en conférence avec
les Commissaires du Conseil. M. le Garde des Sceaux ne
se refuse point à nos demandes.
Nous avons tenu trois conférences avec ses Commissai-
res du Conseil, les 7, 14 & 2-1 de Décembre. Ces trois
conférences ont suffi pour traiter la question dans toute son
étendue 3 bc il nous a paru que les Commissaires du Con-
seil avoient été vivement frappés de cet accord constant des
Ordonnances, des Coutumes bc des Arrêts fur lequel nous
avons établi la véritable défense du Clergé.
NOUS avons cru devoir observer que Fexemption récla-
mée par le Clergé, n'est point propre bc personnelle aux Ec-
clésiastiques bc qu'elle n'est point inséparable de leur état.
,
Aaaaaaa z
ÎIOÁ. PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Nous avons déclaré que F Eglise de France tient de ses
Souverains même ses privilèges bc ses exemptions qu'elle
réclame 3 bc cette seule déclaration a détruit tout à coup
ses préjugés contraires à la cause du Clergé, bc a changé
les dispositions des Commissaires du Conseil.
Nous avons consigné cette déclaration dans le Précis des
Conférences, bc M. le Garde des Sceaux nous a lui-même
appris qu'il n'avoit envisagé que dans ce moment même la
cause du Ciergé comme appartenante a cette Législation
,
p-énérale, qui maintient en France les droits de tous les
Ordres du Royaume, bc la propriété de tous les Citoyens.
II n'a pas dissimulé à Sa Majesté que la défense du Ciergé
avoit changé ses dispositions fur le projet de Loi qu'il de-
voit lui proposer.
Sa Majesté a pense que la cause n'avoit point été jugée
aussi lonçr-temps qu'elle n'avoit point été connue. Sa Ma-
jesté a considéré que les Coutumes, les Usages bc la Juris-
prudence, qui ont eu lieu en divers temps dans les diffé-
rentes Provinces, eC dans les différentes Cours de ion Royau-
me , dévoient influer far la décision d'une question austi
importante 3 bc Sa Majesté a ordonné, par F Arrêt de son
Conseil, qu'il iera, par M. le Garde des Sceaux adressé à
,
tous ies Parlements, Conseils Supérieurs & Chambres des
Comptes un Mémoire contenant Fexpofé des objets fur
,
lesquels Sa Majesté juge à propos de leur demander des
éclaircissements, bc qui concernent les droits bc devoirs féo-
daux auxquels ies biens ecclésiastiques peuvent être assu-
,
jettis, ou dont ils peuvent être exempts, selon les Loix,
Coutumes bc Usages particuliers de leur ressort, pour, fur
la réponse desdites Cours, bc fur le compte qui en sera rendu
au Roi en son Conseil, ordonner ce qu'il appartiendra.
L'Arrêt fait défense aux Chambres des Comptes, aux Bu-
reaux des Finances, à toutes Commissions pour Terrier bc
réformation du Domaine bc à tous autres de faire aucunes
poursuites contre les Bénéficiers, Corps ,6c Communautés
Ecclésiastiques, jusqu'à ce qu'il en ait été autrement par elle
ordonné.
Ce n'est plus un simple Arrêt de su r séance qui se fonde
DU CLERGÉ DE FRANCE„ 9 SEPTEMBRE I 78 Ó. I Ì 05
sur la condamnation du Clergé, qui le condamne encore,
qui marque un terme après lequel les condamnations doi-
vent être exécutées, qui laisse les Bénéficiers des apanao-es
dans la dépendance des surséances que les Princes apana-
ges leur accordent, bc qu'ils peuvent par là même leur
-
refuser.
Le Conseil a reconnu que la cause du Clergé n'est point
jugée, qu'elle dépend de l'examen des Loix, des Coutumes,
des Usages même, bc de la Jurisprudence des différentes
Cours souveraines du Royaume.
Le Conseil a recounu que les Déclarations de 1 674 bc
de 1715 ne peuvent plus avoir force de Loi, puisque ces
j
Déclarations même íont rapportées, ainsi que les Mémoires
du Domaine bc du Clergé comme les objets des éclaircis-
,
sements demandés aux Cours souveraines, bc des Décisions
annoncées de Sa Majesté.
C'est fur ces mêmes prestations de Foi bc Hommages
Aveux bc Dénombrements, ordonnées par les Déclarations,
de 1674 bc de 17x5 que les Cours doivent être consul-
,
tées bc le Jugement qui
,
doit les confirmer ou les révoquer,
dépend comme le Jugement même qui doit régler les pré-
,
tentions du Clergé, de leur accord ou de leur contrariété
avec les Loix, les Coutumes bc la Jurisprudence.
NOUS n'avons plus à craindre que les Princes apanages
regardent comme jugée une cause que le Roi regarde com-
me l'objet du Jugement qu'il doit prononcer. Les Princes
ne peuvent point avoir dans leurs apanages des droits que
le Roi n'a point dans son Domaine, bc fur lesquels il n'a
point encore prononcé pour lui-même. Les Princes appar-
tiennent à la légistation 3 les droits qu'elle attribue au Do-
maine du Roi, deviennent ceux des Princes dans les apa-
nages : ils peuvent les exercer 3 ils ne peuvent pas les éta-
blir 3 il faut qu'ils attendent que la Loi leur marque les
droits qu'elle leur donne bc ceux qu'elle leur refuse.
NOUS n'avons plus à craindre d'être exposés, apres un
terme fatal, aux poursuites des Chambres des Comptes,
des Bureaux des Finances bc des Commissions du Domaine.
II n'y a plus de terme fatal, bc se Clergé fera tranquille
Ï2.O6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
jusqu'à ce que le Souverain ait prononcé son Jugement.
NOUS n'avons pas enfin à craindre que ce Jugement soit
prononcé avant la prochaine Assemblée du Ciergé. M. le
Garde des Sceaux, instruit de la marche que suivent les
Cours souveraines ne pense pas qu'elles puissent donner,
,
avant deux ou trois ans, les réponses qu'on leur demande,
ïl pense que plusieurs de ces réponses doivent occasionner
des demandes ultérieures 5 il pense que le simple rapport de
ces réponses pardevant les Commissaires clu Conseil, exige
un temps considérable 3 & il a bien voulu nous témoigner
qu'il scntoit trop bien Fimportance d'un Jugement qui ap-
partient à Fordre de la grande législation, bC qui intéresse
le Clergé tout entier, pour refuser aux Commissaires du
Conscif& à lui-même ses avantages
que le temps ajoute au
mérite des recherches les plus approfondies bc du travail
le plus assidu.
Nous devons maintenant nous occuper de ce qui nous reste
à faire pour éclairer nous-mêmes, s'il est possible, le zèle des
Cours souveraines, pour prévenir leurs doutes, pour être in-
formés de l'opposition ou de l'accordde leurs principes, bc
pour donner nous-mêmes au Gouvernement les éclaircisse-
ments que peuvent exiger ces consultations multipliées bc ces
réponses, qui peuvent être aussi différentes que les Coutu-
mes, les Usages bc la Jurisprudence des différents Ressorts.
Leur uniformité ne peut pas fans doute être contraire
aux principes du Clergé, bc leur contrariété seroit mieux
sentir les difficultés bc peut-être Fimpossibilité d'un Règle-
ment général.
La Commission du Clergé, établie en iyy>, bc renou-
velléeen 1780 bc 178 x, devoit aussi rechercher les moyens
de diminuer les inconvénients des prestations dans le cas
où le Clergé seroit condamné à les rendre. Notre confiance
dans les titres d'exemption du Clergé, ne nous a pas per-
mis de chercher les moyens d y suppléer. II semble que nous
n'en ayons pas besoin, quand nous croyons avoir démon-
tré fexemption même du Ciergé. Mais on peut envifager
les différents effets des procédures bC des formalités insépa-
rables des prestations, pour en faire sentir les injustices bC
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 SEPTEMBRE 1786. 1107
les dommages. C'est fans doute un moyen puissant de sous
traire les Bénéficiers aux devoirs féodaux, que d'en prévoir
les suites, bc de faire sentir à quel point il seroit difficile
de les prévenir ou d'y remédier.
II seroit nécessaire que les Evêques des Villes où font
établies ses Chambres des Comptes, pussent avoir des con-
noislances exactes des formalités, des frais, des longueurs
nécessaires pour les prestations, blâmes bc réceptions des
c?

aveux bc dénombrements.
II seroit utile de faire des recherches plus approfondies
fur la nature des droits féodaux, utiles bc pécuniaires, bc
fur la difficulté ou la facilité de les déclarer non existants,
ou de ses éteindre dans le cas où les prestations de Foi bc
Hommage pourroient être exigées.
II seroit également utile de connoître, s'il étoit possible,
les dommages qu'éprouveroient les différents Bénéfices si-
tués dans chaque Diocèse, par la nécessité de rechercher
les titres, par la difficulté ou Fimposiìbilité de les retrou-
ver , par les dépenses bc les embarras inévitables dans la
confection des Terriers, par les Procès qu'on auroit à crain-
dre de l'oppofition des Seigneurs bc Propriétaires voisins,
bc par Fimpostibilité où se trouveroir le Gouvernement de
prévenir des Procès fondés fur une réclamation de pro-
priété des Procès qui doivent être terminés par la Justice
,
ordinaire, des Procès fur lesquels il ne conviendroit pas au
Clergé d'obtenir des sursis, qui seroient des dénis de Jus-
tice, ou de solliciter des décisions favorables du Conseil,
qui ne seroient qu'un injuste renversement des Loix de la
propriété.
Nous sommes convaincus que les dommagesrésultant des
prestations entraîneroient la ruine d'une grande partie des
Bénéfices. Instruits de tout ce que nous aurions à crain-
dre nous pourrions en fureté communiquer nos craintes
,
au Gouvernement 5 nous lui ferions sentir quelle
seroit
l'estrayante révolution opérée dans se Clergé par les suites
d'un Jugement auquel le Souverain bC FEtat ne peuvent
avoir aucun intérêt.
Nous serions assurés qu'un Gouvernement sage compren-
ÏXO8 PRochs-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
droit l'avantage de prononcer un Jugement favorable, qui
mettroìt le Clersse à Fabri d'une semblable révolution 3 bC
si les consultations des Cours étoient contraires aux prin-
cipes du Clergé, le Gouvernement éclairé par des vues
d'une administration générale comprendroit encore la né-
,
cessité de s'abstenir d'une Loi rigoureuse, dont il auroit
prévu tous les dommages bc les inconvénients.
Nous ne vous proposons que des recherches à faire : vous
les confierez fans doute au zèle bc aux lumières de celui qui
le premier parmi nous a jette les principes de la véritable
défense du Clergé, qui traça la marche que nous avons fi-
dèlement suivie, bc dont Faction toujours juste bc toujours
utile a préparé se succès qui couronne nos travaux. Nous
vous proposerons de prier Monseigneur l'Archevêque de
Narbonne de suivre toutes les démarches relatives à Fassaire
des foi bí Hommage, conjointement avec Messieurs les.
Agents du Csereé. Messieurs vos Agents retrouveront au
milieu de ces grands intérêts du Clergé, des occupations
qui sont dignes d'exercer leur zèle bc leurs talents, bc dont
ses succès doivent perpétuer long-temps parmi nous la mé-
moire de leur Ao-ence.
Le Rapport fini, l'Assemblée a adressé à Monseigneur
l'Archevêque d'Aix ses justes remerciements de la cons-
tance qu'ii a montrée dans la défense des droits du Clergé.
Elle a délibéré conformément aux conclusions du Rapport,
,
de prier Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, conjoin-
tement avec Messieurs les Agents, de donner tous leurs foins
à cette affaire. L'Assemblée a délibéré aussi de donner une
nouvelle preuve de sa confiance bc de sa satisfaction, en
priant ce Prélat de se joindre à Monseigneur l'Archevêque
de Narbonne dans les démarches ultérieures qu'exigera une
affaire aussi intéressante pour le Clergé.
Messeigneurs bc Messieurs les Commissaires, pour la Re-
ligion bc la Jurifdiction, ont pris le Bureau. Monseigneur
l'Archevêque d'Arles, Chef de la Commission, a dit:
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
II a été créé, par l'Assemblée tenue extraordinairement
en
DU CLERGÉ DE FRANCE, p SEPTEMBRE 1786. 1209
en 1782, un nouveau Département de trente mille livres
en faveur des Ecrivains Ecclésiastiques bc Laïques, qui au-
rpient bien mérité de la Religion bc des moeurs. Déja une
partie de ces fonds a été affectée au paiement de la pension
de 3000 livres accordée à M. l'Abbé Parest, par Délibé-
ration de Fannée derniere, fur le rapport de la Commission
des Moyens. Vous avez tout récemment arrêté de réserver
chaque année, sur le même produit, une somme de 4000
livres qui seroit employée en souscription pour la nou-
,
velle Collection des Conciles de France. Sans doute si vous
conservez ledit département de 30000 livres, il vous pa-
roîtra expédient de le charger des 9100 livres de pension
données aux Savants bc Gens de Lettres, par les Assem-
blées de 1770, de 1780 bc de 1782 : ainsi, les fonds an-
nuels dont la disposition sera libre dans vos mains, s'élè-
veront à une somme de 13800 livres 3 mais les arrérages
de l'imposition levée à cet effet fur les Diocèses depuis le
terme d'Octobre 1784, ajoutent une somme assez consi-
dérable à la masie des secours bc encouragements. Plus nous
connoissons Fétendue des obligations que Fhonneur de vo-
tre confiance nous impose , moins il nous est permis de
vous dissimuler les embarras inséparables d'une pareille ré-
partition. Nulle difficulté, fans doute, à Fégard des Au-
teurs chargés de quelque Ouvrage par ordre des Assemblées
précédentes. Tel est M. l'Abbé Gandin, Rédacteur de la
Collection de vos Procès-verbaux, du Précis des Rapports
d'Agence, bc d'un nouveau Cérémonial pour se Clergé de
France, qu'il est fur le point de finir. Après seize ans d'u-
tiles travaux, rien de plus juste que de lui donner un gage
public bc durable de votre fatisfaéfion.Tel est aussi M. FAbbé
de Gourcy, auquel l'Eglise de France doit une Traduction
estimée des anciens Apologistes de ia Religion Chrétienne,
entreprise pour remplir le voeu de l'Assemblée de 1770. Sa
naissance ses vertus bC ses malheurs augmentent encore
,
l'intérêt qu'inspire fi universellement l'heureux usage qu'il
a toujours fait de ses. rares connoissances. Tel est enfin se
pieux bc savant Continuateur des Conférences d'Angers,
M. l'Abbé de la Blandiniere. C'est pour obéir à Finvita-
Proces-verb. de 17 8 j-17 8 6. Bbbbbbb
111 o PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tion de l'Assemblée de 1780, qu'après avoir mis au jour
trois volumes fur la Hiérarchie, il a commencé Fimprest-
sion d'un Traité complet des Synodes 5 Ouvrage qui répan-
dra une lumière d'autant plus précieuse, que rien n'est plus
désirable que la tenue régulière 'dé ces Assemblées Diocé-
saines. Mais, après avoir satisfait à ces créances privilégiées,
il faut, dans le choix des autres Auteurs, bien saisir Fesprit
bc les vues de l'Assemblée de'1781. Elle étoit bien éloi-
gnée de vouloir armer toutes sortes de mains pour la défense
de la foi de nos pères. Quel danger n'y auroit-il pas à favori-
ser ies Ecrivains téméraires qui, consultant bien moins leur
force que leur zèle s'ingèrent, fans mission de combat-
, ,
tre la nouvelle Philosophie? Le grand objet du Clergé a été
d'encourager, dans la Capitale bc dans les Provinces, la
culture de toutes les branches de la science ecclésiastique,
par des distributions bien plus honorables que lucratives :
mais cette institution exposeroit à mille surprises, si de sim-
ples Prospectus d'entreprises littéraires, ou de prétendus ma-
nuscrits ouvroient ses portes de cette efpece de Concours,
ou si l'on accueilloit indistinctement cette multitude de pro-
ductions dont est surchargé notre Littérature. Bientôt Fa-'
vide bc intrigante médiocrité s'empareroit des récompen-
ses destinées au vrai talent, presque toujours modeste. Sans
doute en s'empreslant d'honorer les hommes éminents bc-
supérieurs, il ne faut pas négliger les bons bc utiles Ecri-
vains 3 mais nulle considération ne doit faire couronner des
compositions fans mérite sauf à laisser les fonds fans em-
,
ploi dans les années de stérilité. II est visible que ses grâces
faites aux membres des Sociétés bc Compagnies, réfléchis-
sent sur le Corps entier, bc y répandent des germes pré-
cieux d'émulation, point de vue fondamental du nouvel
établissement. La quotité de Fencouragement doit se me-
surer sur la bonté de FOuvrage, combinée avec la position
de FAuteur, une somme modique suffisantaux besoins d'une
personne vivant en communauté. Enfin des libéralités paf
,
fagercs bc momentanées n'exigent pas les mêmes titres que
des pensions. Mais dans l'un bc l'autre cas, une fin de non-
recevoir insurmontable, écarte toute prétention qui n'au-
DU CLERGÉ DE FRANCE3 9 SEPTEMBRE 1786. 1 z 11
roit pas pour base l'un ion des talents bc de la vertu. Parmi
les défenseurs de la Religion dignes d'être avoués par l'E-
glise Gallicane, la voix publique vous désigne M. l'Abbé
Duvoisin, membre d'une savante bc célèbre Société que
distinguer, ,
vous aimerez toujours à bc déja cité avec de
justes éloges dans les Assemblées de 1780 bc 1781. M. Ré-
gnier, Directeur du Séminaire de Saint-Sulpice, appartient
à un Corps intéressant bc très-cher à FEpiseopat. Bien des
personnes regardent son Traité fur la certitude des preuves
du Christianisme comme se plus complet qui ait paru fur
,
cette matière. En repoussant avec avantage les sophilmes
de Fincrédulité, M. Camufet, Curé de FHôtel-Dieu de
Chaalons-sur-Marne, confirme bien la célèbre maxime du
Chancelier d'Aguesieau, que la Religion est la vraie Philo-
sophie. Une multitude d'éditions rapidement enlevées, at-
testent le grand succès des Traités de FEgdise bc de la Re-
ligion par M. l'Abbé Bailli, Chanoine de Dijon. On pa-
,
roît satisfait de quelques autres Traités qu'ont publiés à
,
FulageMes Séminaires, M. Mézin Professeur de Théolo-
,
gie à Nanci, bc M. Jacques, Ecclésiastique du Diocèse de
Besançon. Puisse Fattention du Clersé sixée sur ces fortes
,
d'Ouvrages, susciter enfin à nos Diocèses un Cours élé-
mentaire de Théologie, où, fans omettre aucune discussion
essentielle, on ne s'égare point dans des controverses de pure
érudition, où l'on puise toujours les principes de décisions
dans les sources incorruptibles de FEcriture bc de la Tra-
dition, fans négliger les ressources d'une dialectiqueserrée,
pressante bc lumineuse bc où l'on accoutume de bonne
heure les jeunes Elevés ,du Sanctuaire à toujours discerner
l'opinion du dogme bc le conseil du précepte.
VOUS êtes trop éclairés, Messeigneurs bc Messieurs, pour
ne pas accréditer bc mettre en honneur Fétucie des Langues
savantes, íi propre à répandre du jour fur les titres primi-
tifs de la révélation. Déja les travaux de M. l'Abbé Con-
tant de la Mollette ont été pris en considération par FAtsem-
blée de 1780. Sans prétendre adopter la partie systémati-
que des seize volumes mis au jour par la Société Hébraï-
que des Capucins de Saint-Honoré, l'Aílemblée de 1781
Bbbbbbb z
ii 12. PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE

crut devoir donner à leur zèle bc à leurs connoiÛances un


témoignage public d'encouragement : quelaues nouvelles
sommes comptées pour faire race aux avances des Librai-
res, meuroient ces Religieux à portée de reprendre l'exé-
cution d'un projet si glorieux pour cette estimable portion
des enfants de St. François. Peu de personnes méritent au-
tant ses regards bienfaisants du Ciergé que M. Bauduer,
Curé dePeyrusse, Diocèse d'Âuch. C'est au fond d'une
Province éloignée que cet Ecclésiastique s'est tellement per-
fectionné dans la connoisiance de la Langue sainte, ou'il
J
vient de donner sur ie texte Hébreu
_
une nouvelle
CJ
version
±

des Pfeaumes, qui joint se mérite du style, à celui de la


science. Mais une entreprise qui honore, bc le siécle, bc la
Nation, est celle d'un Dictionnaire Arménien, cn six vo-
lumes, exécuté par M. f Abbé Lourdet, Lecteur d'Hébreu
bc de Syriaque au Collège Royal 3 il a austi commencé la
traduction d'une Bible Arménienne du cinquième siécle,
laquelle manaue à la Poliglore d'Angleterre.
M. Grou ancien Jésuite qui s'étoit acquis une réputa-
, ,
tion justement méritée par traduction de plusieurs Ou-
la
vrages de Platon, a nouvellement fait imprimer, fous se
titre de Morale de St. Augustin, une production intéres-
sante bien propre à étendre les conquêtes de la Religion,
,
en faisant aimer son empire. Nous devons à M. FAbbé Au-
p-er. de F Académie .des Inscriptions bc Belles-Lettres, les
plus beaux Discours de St, jean-Chrysostome : il vient d'a-
chever sa traduction de Sí. Basile, bc se propose de tra-
vailler successivement sur les autres Pères Grecs. Vous pen-
serez comme FAíiembìée de 1782,, qu'on ne sauroit trop
seconder des projets qui tendent à rappeller de plus en plus
aux Orateurs Chrétiens la dignité bc ies vrais caraéferes de
Fapostoiat qui leur est confié. :
Un monument destiné à faire époque dans les annales
de FErudition sacrée, est la Vie des Saints, publiée en douze
volumes in-8. par M. Goclesoard, Chanoine deSaint-Ho-
noré. Cet Ouvrage, singulièrement recommandabié par les
recherches, ies vues bc une Critique -exacte á mérite d'occu-
per les. moments de f Observateur cC du Philosophe, en
DU CLERGÉ DE FRANCE., 9 SEPTEMBRE 1786. 111 5
même-temps qu'il édifie & console ses âmes pieuses. Nous
devons auíii des éloges à M. Revers, Chanoine de Chaa-
lons-íur-Marne, principal Rédacteur du nouveau Rituel
de Chaalons. Cet Ouvrage offre plusieurs parties bien exé-
cutées dans un genre très-intéresiant peur la bonne admi-
nistration des Diocèses.
Rien de plus important, bc pour FEglise, bc pour l'Etat,
que d'ouvrir, en faveur de Fenrance , des sources pures d'ins-
tructions. Elles influent fur le cours entier de la vie, Sc dé-
cident du bonheur des peuples. Cette carrière a été rem-
plie avec fruit à Paris, par M. Lhomond, Professeur-Emé-
rite de FUniversité j bc en Province par M. Reyre ancien
,
Jésuite. On est redevable au premier de F Abrégé de ITlis-
toire Sainte bc de FExposé de la Doctrine Chrétienne Li-
,
vres qui ío-sít devenus le Manuel des Collèges, des Pension-
nats, des Maisons Religieuses bc des familles particulières.
Le second a consacré les loisirs que lui laisse le ministère de
ia Chaire, à composer deux Ouvrages souvent réimprimés,
bc dans lesquels il s'attache principalement à faire voir par
un mélange intéressant de leçons bc d'exemples, à portée
des jeunes personnes de l'un bc de l'autre sexe, qu'il n'est
point de bonheur sans vertu bc de vertu íans Religion.
,
II a paru, en 1784, un Ouvrage fur l'état Religieux, dans
lequel, après être remonté à Forigine de Flnstitut monasti-
que , on prouve avec beaucoup de solidité, sens amertume,
ni déclamation ies services que les Religieux ont rendus, bç
rendent encore à l'Eglise & à la société. En témoignant pu-
bliquement votre satisfaction aux Auteurs, M. l'Abbé Bon-
neroi, Grand-Vicaire d'Angoulême, bc M. F Abbé Bernard,
Avocat au Parlement, vous ferez connoître de plus en plus
le vif intérêt cjuc vous ne cesserez de prendre à la conser-
vation des Ordres Réguliers. Heureuse FÁ (semblée à la-
quelle il sera donné de réparer efficacement les ruines du
Cloître.
II ne faut pas confondre avec ses Editeurs ordinaires
M. Querheuf: tous les Ecrits dont il a dirigé l'impression,
présentent des richesses tirées du propre fonds de cet Au-
teur; il préside à la Collection des OEuvres de M. de Féné-
riï4 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Ion. Le nom de ce grand homme suífseoit seul pour réveiller
l'intérêt du Clergé.
Enfin il est desCJ Ecrivains distingués qui nous paraissent
^
devoir participer aux dons de l'Eglise Gallicane, quoique
leurs travaux soient moins analogues aux grands intérêts
qui nous sont confiés. Nous parions de M. Brotier, de FA-
cadémie des Belles-Lettres, du Père Pingre, de F Académie
des Sciences, bc de M. Beauzée, de F Académie Françoise.
M. Brotier est à 1-a tête des Savants bc Littérateurs de ce
siécle. On fait avec quel succès cet Académicien a rempli
les lacunes de Tacite, bc repoussé, par des notes courtes,
mais pleines de sens bc d'énergie, les traits que Tacite avoit
lancés contre le Christianisme bc les premiers Chrétiens. Le
Père Pingre est tout à la fois un des premiers Astronomes
du Royaume bc un des Religieux les plus édifiants de la
Congrégation de France •-, ses Ouvrages de Physique por-
tent íouvent Fempreinte de fa soumission bede fa croyance.
Aucun Auteur n'est plus dans le cas de participer aux ré-
compenses destinées par le Clergé aux doctes bc pieux
,
Laïques, que M. Bauzée, dont la Grammaire générale a
mérité de devenir un Livre classique : il a donné ancienne-
ment un Ouvrage Elémentaire, fous le titre d'Abrégé des
preuves historiques du Christianisme. Le Public connoît sa
vertu bc ion attachement à la révélation, bc peut-être n'est-
îi pas indiffèrent au bien public que -FAcadémie Françoise
loit témoin de notre empressement à distinguer les Ecrivains
qui joignent au même degré que M. Beauzée, la foi du
Chrétien aux connoifìances de Fhomme de Lettres.
Qu'il nous íoic permis, en terminant ce Rapport, de re-
mercier, au nom du Clergé, M. l'Abbé Dicquemare, connu
dans le monde savant par une multitude d'expériences bc
d'observations fur FHistoire Naturelle. Elles lui ont four-
ni de précieux témoignages pour montrer plus d'une fois
Falliance des Vérités physiques avec les Vérités révélées j
objet bien important dans le siécle où nous vivons, bc que
les Théologiens négligent quelquefois, faute d'avoir creusé,
comme M. l'Abbé Dicquemare , les profoadeurs de la
Nature.
DV CLERGÉ DE FRANCE, 9 SEPTEMBRE 1786. izi$
Nous venons d'indiquer rapidement, Messeigneurs ÒC
Messieurs, ses noms bc les titres de plusieurs Auteurs bien
dignes de Fattention du Clergé. En vous proposant de ren-
voyer le tout devant la Commission des Moyens, pour y
être statué définitivement, nous prendrons la liberté d'in-
íister fur la nécessité d'insérer dans le Procès-verbal le détail
des pensions bc gratifications qui seront accordées, afin que
F oeil sévère bc impartial du Public éclaire toujours ces sortes
de distributions.
Le Rapport Rnï, l'état des Auteurs mis sous les yeux de
l'Assemblée a été renvoyé à la Commission des Moyens.
,
Messeigneurs bc Messieurs les Commissaires ;, pour les
Portions congrues, ont pris le Bureau. Monseigneur l'Ar-
chevêque de Bordeaux, Chef de la Commission, a dit:
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
NOUS avons examiné, suivant vos intentions, la Réponse
de Sa Majesté à votre Délibération, en date du 14 Août
dernier : nous avons reconnu que le Roi, touché de la justice
de vos représentations, partage votre inquiétude fur Finfuf-
fìsance des ressources du patronage ecclésiastique dans un
grand nombre de Diocèses j il vous annonce, en même-
temps, la résolution où il est de venir à leurs secours, après
toutefois que les Archevêques bc Evêques auront épuisé les
ressources que présentent les biens ecclésiastiques, séculiers
bc réguliers, de quelque nature qu'ils soient, bc qui pour-
ront être sacrifiés aux besoins du ministère.
Cette réponse agrandit le cercle des moyens que nous
avions jusqu'à présent adoptés dans le Bureau, en détermi-
nant les états des besoins bc des ressources des Diocèses.
Le Parlement de Paris, en enregistrant la nouvelle Décla-
ration concernant les Portions congrues, a spécialement in-
sisté sur le sacrifice des biens réguliers. Tous les Bénéfices,
tous les Etablissements font chers bc précieux aux yeux de
l'Eglise j c'est aux Evêques à discerner avec sagesse ceux
dont la Religion exige le sacrifice, bc ceux dont elle solli-
cite davantage la conservation 3 c'est à eux à mettre sou*
TZI6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
ses yeux du Roi les projets auxquels ils croiront devoir don-
ner la préférence. Nous n'avons rien négligé, par nos tra-
vaux dans la Commission , pour répandre se plus grand jour
fur les besoins de tous les Diocèses, dont les états nous ont
été adressés, fur ies ressources qu'ils présentent, bc pour pré-
parer les voies à la sanction du Gouvernement.
NOUS, laisserons ,en nous séparant, à Messieurs les Agents
1e soin d'aider nos Confrères, bc de nous aider nous-mê-
mes dans les demandes que nous aurons à former : c'est ou-
vrir à leur zeíe une vaste carrière, bc ndùs pouvons répon-
dre à nos Commettants qu'elle lera fidèlement remplie.
Nous avons Fhonneur de vous proposer, Messeigneurs
' bc Messieurs, de délibérer, i°. de charger Messieurs vos
Agents d'adresser -à tous les Evêques la copie de la Réponse
du Roi5 i°. de les charger en même-temps d'adresser à tous
les Archevêques ÒC Evêques un exemplaire de la nouvelle
Loi concernant les Portions congrues ; 30. de les charger
pareillement de leur adresser la copie de la Délibération que
vous avez prise le 14 Août dernier , pour exciter le con-
cours mutuel des Evêques de chaque Province, bc Fassis-
tance des Diocèses aises en faveur des Diocèses nécessiteux.
Enfin, Mefleigneurs bc Messieurs, nous avons Fhonneur
de vous proposer de députer vers M. le Garde des Sceaux,
pour lui adresier les remerciements de l'Assemblée , bc le
prier d'envoyer incessamment la nouvelle Loi aux autres
Parlements du Royaume.
Le Rapport fini, l'Assemblée conformément à l'avis de
,
la Commission, a délibéré d'inférer la Réponse du Roi dans
le Procès-verbal, bc de charger Messieurs les Agents d'en-
voyer aux Archevêques bc Evêques, 1 °. copie de cette Ré-
ponse j zQ. un exemplaire de la nouvelle Loi concernant
les Portions congrues, 3 °. une copie de la Délibération
prise le 2.4 Août dernier, pour exciter le concours mutuel
des Evêques de chaque Province, bc Fassistance des Dio-
cèses aisés en faveur des Diocèses nécessiteux. Monseigneur
l'Archevêque de Bordeaux Monseigneur l'Archevêque
,
d'Auch bc Messieurs les Abbés d'Andrezel bc de Barrai,
3
ont été priés de voir M. le Garde des Sceaux, pour lui
adresser
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 SEPTEMBRE 1786. 12.17
adresser les remerciements de FAssemîflée bc le prier d'en-
,
voyer incessamment la nouvelle Loi aux autres Parlements
du Royaume.

Z r
RÉ P
_____ .—_-

ON SE DU R O I,
Du 5 Septembre 17S6,

A la Délibération du Clergé, du mois d'Août 1786...

J'Ai déjafait connoître par plusieurs exemples les dis-


s j
positions favorables dans lésa uelles je fuis à C égard des
Evêchés insuffisamment dotés.
Quant aux Chapitres òX> aux Cures dont les revenus ne
,
font pas suffisants pour procurer aux Muuflres de l'Eglise une
subsistance convenable ÓC aux moyens de subvenir à ceux que
j
l'uge ou les insanités mettront hors d'état de continuer leurs
fonchons il convient que les Archevêques cC Evêques em-
j
ploient toutes les ressources qu ils peuvent avoir en toute efpece
de biens séculiers ou réguliers situés dans leurs Diocèses.
Sur le compte qui me fera rendu des -projets quils me pré-
senteront je les autoriseraisuivant les circonstances.
j
S'ilse trouve niême que quelques- uns d'entr eux soient dans
le cas de me demander de recourir à des ressources extraordi-
naires j je donnerai des ordres lorsque je les jugerai indispen-
sables.
Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux a dit ensuite :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET

NOUSallons vous entretenir aujourd'hui d'intérêts bien


précieux, bc qui sollicitent, par leur nature, toute votre
attention. II s'acrit d'un grand nombre de Diocèses où les
ressources sont manifestement inférieures a leurs besoins,
Proces-verb. ^1785-1786. Ccccccc
s 2.1 8 PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
où les Etablisiemeríts les plus utiles, bc spécialement les
Eglises Cathédrales, languissent dans Findigence.
Ce sont fur-tout ces Diocèses dont la situation a excité
vos justes alarmes, lorsque vous avez délibéré une nouvelle
augmentation des Portions congrues j c'est pour eux qu'il
«st désirable bc même nécesiaire de taire concourir une juste
indemnité avec les obligations qui résulteront de la nou-
,
velle Loi.
NOUS avons eu soin de distinguer parmi les besoins dont
nous allons vous rendre compte, ceux auxquels il paroit
possible de pourvoir par des moyens propres aux Diocèses
eux-mêmes, bc ceux pour lesquels il sera indispensable de
recourir à une assistance étrangère.
II s'agit principalement d'Eglises Cathédrales, dont la
dotation est manifestement insuffisante, bc qui sont mena-
cées d'un anéantissement, par les conséquences de la nou-
velle Loi.
Ces Eglises intéressantes ne subsistent déja qu'au moyen
de dîmes de mince valeur, bc dont les produits diminuent
tous les jours, soit par Fingratitude du sol, soit parles usur-
pations multipliées des Décimables.
Leur sort a droit de vous intéresser à toutes sortes de ti-
tres. Vous ne pouvez voir qu'avec douleur des Chanoines
dépourvus du revenu nécessaire pour un honnête entretien,
bc réduits à un état bien inférieur à celui des Curés con-
gruistes, bc vous ne pouvez vous dissimuler que la pau-
vreté des Titulaires ne permet pas la dignité ni souvent
,
même la décence du Service divin.
Plus cet état est touchant, plus nous avons dû chercher
avec empressement les moyens les plus convenables d'y
pourvoir.
C'est dans cette vue que nous vous avons proposé de re-
courir à la bonté bc à la sagesse du Roi. La réponse que
vous en avez reçue, nous assure que Sa Majesté veut bien
partager en ce point notre sollicitude, bc qu'Elie reconnoît
la nécessite de faire céder tout autre intérêt aux besoins es-
sentiels du Ministère,
C'est dans se même objet que nous avons invoqué les fen-
DU CLERGÉ DE FRANCE J 9 SEPTEMBRE 1786. 1119
timents d'une tendre confraternité, pour déterminer, en
saveur des Diocèses les plus dénués de ressources, Fassss-
tance de ceux de leur Province qui font assez heureux pour
pouvoir leur prêter une main fecourable.
Mais nous ne pouvons nous dissimuler que ces mesures
entraînent avec elles des longueurs incompatibles avec l'état
de détresse où languissent plusieurs Diocèses.
Et cette détresse doit vous effrayer d'autant plus, qu'elle
fera aggravée incessamment par la nouvelle Loi concernant
les Portions congrues.
Si vous avez trouvé juste bc nécessaire de pourvoir pour
l'avenir en faveur des Chapitres indigents, à des moyens de
dotation vous ne devez pas, en attendant, laisser des Ti-
,
tulaires exposés à la nécessité d'abandonner leurs fonctions,
pour aller chercher ailleurs une subsistance qu'ils ne trou-
veront plus clans leurs Eglises.
Vos principes vous ont porté à assurer, par-tout de pré-
férence, le sort des Ministres qui desservent les Paroisses 3
mais nous réclamons ces principes, même en faveur des
Eglises Cathédrales que votre intention ne fut jamais d'a-
,
bandonner bc qui fuccomberoient entièrement sous le poids
,
des obligations que votre zèle, pour les Curés leur a faíc
,
contracter.
C'est donc, nous osons le dire, autant votre justice que
,
votre bienfaisance invoquons aujourd'hui.
, que nous
En approfondissant la situation de ces Etablissements,
nous n'avons pas cru devoir nous borner à calculer le pré-
judice que leur causera la nouvelle Loi 3 nous avons eu soin
de constater en même-temps le montant du revenu qui res-
tera à chaque Titulaire.
C'est d'après cette double combinaison, que nous nous
sommes permis de vous proposer, avec une extrême so-
briété les secours qu'il nous paroît nécessaire d'accorder,
,
pour que ses Chanoines de ces Eglises puissent subsister en
attendant une dotation plus convenable.
Nous n'ignorons pas les considérations puissantes qui com-
battent notre penchant) mais nous avons pensé qu'une cir-
constance aussi extraordinaire bc austi impérieuse, pourroit
C cc cccc 2,
î2io PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
exciter une délibération, qui ne tireroit jamais à consé-
quence.
Nous observerons, d'un autre côté, que les précédentes
Assemblées ont souvent accordé des secours à plusieurs Dio-
cèses. Ces exemples ont affermi notre confiance ; il ne s'agit *
pas, il est vrai, d'un secours momentané, semblable à ceux
dont nous venons de parler : un soulagement passager lais-
seroit aorès lui ses mêmes besoins bc la même détresse. Vo-
tre objet ne seroit qu'incomplètement rempli, ou plutôt ii
ne le seroit point du tout 3 mais nous n'avons pas cru non
plus devoir vous proposer un engagement perpétuels il ré-
pugne trop aux principes de votre administration, ainsi qu'à
la considération des engagements que vous avez contractés.
Les circonstances nous paroisient même ne pas i'exiger,
bc nous regardons comme suffisant de n'accorder de se-
cours aux Eglises nécestiteufes,que pendant l'efpace de qua-
tre années, c'est-à-dire, jusqu'au premier Janvier 1791.
Nous clevons présumer que, pendant ces quatre années,
Forclrc dont vous avez établi ses bases, aura acquis, dans
tous ses Diocèses, un développement bc une consistance
capables d'écarter toute inquiétude pour l'avenir. Ce terme
de quatre années nous paroît encore intéressant, pour que
l'Assemblée prochaine puisse pourvoir à temps aux diffi-
cultés qui pourroient encore retarder Fexécution de vos
vues.
Si vous déférez, Messeigneurs bc Messieurs, aux instances
que nous avons Fhonneur de vous faire, vous penserez sans
doute que les secours que vous accorderez, doivent être ré-
partis bc distribués par les Evêques Diocésains, bc que vous
ne pouvez adopter de parti plus sûr que celui de vous en.
référer à leur zèle bc à leur prudence.
La plupart des Chapitres, dont nous allons vous présen-
ter la situation, sont soumis à un régime qui varie le sort
de toutes les Prébendes, bc qui ne permet par conséquent
pas une répartition uniforme des secours que vous aurez
délibérés.
Nous avons pensé, d'un autre côté, que les Evêques ne
•dévoient pas être tenus à prendre rigoureusement pour re-
DU CLËF.GÉ DE FRANCE J 9 SEPTEMBRE 1786. 122.1
gle de distribution le montant des pertes qu'occasionnera la
nouvelle Loi ; car il peut arriver que la perte soit supportée
par une Dignité ou Prébende à laquelle il restefoit un re-
venu absolument suffisant pour l'entretien du Titulaire,
tandis qu'un autre Chanoine, exposé à une moindre perte,
se trouveroit dans Findigence que vous voulez soulager. II
convient que vos secours soient plus particulièrement di-
rigés vers ceux qui n'ont pas d'autres ressources, vers ceux
qui desservent effectivement leurs Bénéfices.
Personne ne peut mieux que l'Evêque Diocésain, faire
le discernement de toutes ces nuances 5 bc nous trouverions
de vrais inconvénients à confier à d'autres mains la répar-
tition de vos dons.
Vous jugerez vous-mêmes, Messeigneurs bc Messieurs,
par la lecture du projet de Délibération que nous soumet-
tons à votre sagesse, si nous avons pris des précautions suf-
fisantes pour prévenir les inconvénients que nous avons à
craindre en suivant les mouvements de votre bienfaisance.
Quant aux mesures à prendre fur les moyens de subve-
nir à cette dépense, elles sont étrangères à notre commission,
bc vous croirez fans doute devoir réclamer les lumières du
Bureau des Moyens.
Nous avons donc Fhonneur de vous proposer de délibérer:
1 °. Que les Dignitaires bc Chanoines des Eglises Cathé-
drales insuffisamment dotées, seront assistés en raison des per-
tes que leur causera la nouvelle Loi, bc dans le cas seulement
où leurs revenus ainsi réduits ne procureroient pas aux Ti-
tulaires Féquivalent de la nouvelle Portion congrue des
Curés ; à l'exception toutefois des Chanoines de Glandeve
bc de Digne, qui n'ont pu subsister depuis plusieurs années,
qu'au moyen de pensions accordées par le Roi fur l'Arche-
vêché d'Auch, à la sollicitation des Assemblées précéden-
tes , lesquelles pensions n'ont plus lieu depuis le premier
Janvier dernier.
i°. Qu'il sera en conséquence dressé un Tableau des
secours qui seront jugés nécessaires pour les Dignitaires bc
Chanoines defdites Eglises, par se Bureau du Département
bc des Portions congrues.
ll%l PROCES-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉliALE
3°. Que lesdits secours ne commenceront à être payés
qu'après l'enrégistremenc de la nouvelle Loi dans les Cours
5
de Parlement dans le ressort desquels íont litués lesdits Cha-
pitres, de manière que lesdits íecours puissent concourir
avec les nouveaux suppléments de Portions congrues.
4Ç. Que lesdits íecours íeront annuellement payés en
deux ternies égaux, par le Receveur-Général du Clergé,
fur les Mandements des Messieurs les Agents-Généraux.
jQ. Que les íommes portées auxdits Mandements 9 fe-
ront remiles par les Receveurs Diocésains aux Dignitaires.
& Chanoines deídites Eglises nécessiteuses, suivant la. dis-
tribution qui en sera preícrite par les Archevêques òí Evê-
ques Diocésains.
6°. Que le compte desdites distributions fera rendu sé-
parément du compte ordinaire par leídits Receveurs des
Décimes aux Bureaux Ecclésiastiques du Diocèse.
7°. Que lesdits secours pourront être continués jusques
& compris Tannée 1790, fans néanmoins qu'ils paillent
Vêtre à i'égard des Chapitres qui entreroient pendant ce
temps en jouisìance d'un supplément de dotation.
í>°. Que lesdits secours ne seront point continués aux
Chapitres qui ne justisieroient pas à Meilleurs les Agents,
dans l'espace de deux années, à dater du jour de l'enrégis
trement de la nouvelle Loi par les Cours de Parlement, dans
le rellort desquels font situés lesdits Chapitres , des projets
formés pour leur dotation appuyés du suffrage de leur Evê-
,
que, & approuvés du Souverain par Lettres-Patentes.
Le Rapport fini, M. le Promoteur ayant été entendu,
les Provinces ont été appel'lées j celle de Sens étant en tour
d'opiner la première, l'avis de la Commiflion a été généra-
lement adopté5 en conséquence ii a été délibéré 8c arrêté:
i°. Que les Dignitaires &C Chanoines des Eglises Ca-
thédrales insuffisamment dotées, seront assistés en raison des
pertes que leur causera la nouvelle Loi des Portions con-
grues , Se dans le cas seulement où. leurs revenus ainsi ré-
duits ne procureroient pas aux Titulaires l'équivalent de la
nouvelle Portion congrue des Curés ; à l'exception toute-
fois ô.£s Chanoines de Glandeve &C de Digne qui n'ont pu
,
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 SEPTEMBRE 1786. 1 %% 3
subsister depuis plusieurs années, qu'au moyen de pensions
accordées par le Roi fur l'Archevêché d'Audi, à la solli-
citation des Assemblées précédentes, lesquelles pensions
n'ont plus lieu depuis le premier Janvier dernier.
z°. Qu'il fera en conséquence dressé un Tableau des se-
cours qui seront jugés nécessaires pour les Dignitaires ÔC
Chanoines desdites Eglises, parle Bureau du Département
òc des Portions congrues.
3°. Que leídits secours ne commeneront à être payés
qu'après l'enrégistrement de la nouvelle Loi dans les Cours
de Parlement, dans le restort desquels font situés lesdits
Chapitres, de manière que lesdits secours puissent concourir
avec les nouveaux suppléments de Portions congrues.
40. Que lesdits secours seront annuellement payés en deux
termes égaux par le Receveur-Général du Clergé, fur les
Mandements de Messieurs les Agents-Généraux, èc pris fur
le fonds des remboursements des rentes au denier vingt des
deux Emprunts de 17806c 1782 réunis, &: après l'extinc-
tion desdits Emprunts fur celui de FEmprimt de 178 1, qui
les représente.
5 °. Que les sommesportées auxdits Mandements, seront
remises, par les Receveurs Diocésains aux Dignitaires &C
Chanoines desdites Eglises nécessiteuses, suivant la distri-
bution qui en sera faite par les Archevêques ôc Evêques
Diocésains.
6°. Que le compte desdites distributions fera rendu sé-
parément du compte ordinaire par lesdits Receveurs des
Décimes aux Bureaux Ecclésiastiques des Diocèses.
7°. Que lesdits secours pourront être continués jusques
$C compris Tannée 1790, fans néanmoins qu'ils puiílent
l'être à I'égard des' Chapitres qui entreroient pendant ce
temps en jouissance d'un supplément de dotation, à moins
que ce supplément ne soit iníufhTant; ÔC dans ce cas, la di-
minution du secours fera proportionnée à l'accroissement
de dotation.
8°. Que lesdits secours ne seront point continués aux
Chapitres qui ne justisieroient pas à Messieurs les Agents,
dans l'espace de deux années, à dater du jour de ï'enré-
ï-ia-4 PRûCES-FÊRBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
gistrement de la nouvelle Loi par les Cours de Parlement ^
dans le refìort desquels font situés lesdits Chapitres, des
projets formés pour leur dotation, appuyés du suffrage de
leur Evêque, ci approuvés du Souverain par de premières
Lettres-Patentes.
Suit te tableau des Églises Cathédrales} 6C des secours qui

Chapitre d'Embrun
Chapitre de Senez
Chapitre de Digne . .
.......
leur font destinés, S A F OIR :

......... . . -, .
6000 1.
2600
8000
Chapitre de Graste 5000
. . > . . . .
Chapitre de Vence 2500
Chapitre de Glandeve . 4100
. . . . .
Chapitre de Toulon 3 5°°
Chapitre de Sisteron 3300
Chapitre d'Apt 3000
Chapitre de Riez 4J°°
Chapitre de Gap
Chapitre de Rennes
» . . . . . .. 2600
4x00
Chapitre de Quimper 4000
Chapitre de Grenoble . 2000
. . . . .
Chapitre de Die . 4000
Chapitre de Limoges 4000
Saint - Flour 3000
66400 L

Le Chapitre de Saint-Paul-Trois-Châteaux recevra au


prorata des pertes que lui causera la nouvelle Loi, ÒC qui
seront certifiées par Monseigneur l'Evêque de Saint-Paul-
Trois-Cháteaux.
La Séance a été indiquée à cejourd'hui cinq heures de
relevée.
Signé 9fe ARTHUR-RICHARD Archevêque &c Primat
,
de Narbonne, Président.

DU
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 SEPTEMBRE 1786. 12 x js

DU SAMEDI, NEUF SEPTEMBRE 1786,


à cinq heures de relevée.

Monseigneur F Archevêque de Narbonne, Président,

MEsseigneurs òc Messieurs les Commissaires pour les CXLVI.


Moyens ont pris le Bureau j Monseigneur l'Arche- SÉANCE,
"vêque de Toulouse, Chef de la Commission, a dit:
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
Quelque désir que nous ayons de porter dans Padminif-
tration des biens du Clergé l'économie que les sacrifices que
vous vous êtes imposés , semble rendre plus néceíìaire ,
nous n'avons pas cru pouvoir nous refuser à des demandes
qui doivent intéresser votre charité, ou qui font faites par
des personnes dont les services utiles vous íont depuis long-
temps connus. Nous avons I'honncur de vous expoler celles
que nous nous sommes chargés de mettre fous vos yeux.
Le Sieur Houdelette, votre Courier, a I'honncur de vous
demander, comme la récompense du zèle avec lequel il s'ac-
quitte de ses fonctions, que vous vouliez bien accorder la
survivance de sa place, &C une gratification de cent livres
à son fils, qui l'a aidé, pendant toute cette Assemblée, dans
l'exercice de ses fonctions.
Nous vous proposons avec confiance Messeìgneurs &C
Messieurs, d'accorder une pension de 300, livres au nommé
Jean Renard, âgé de 76 ans ô£ aveugle, que le besoin ex-
poseroit à mendier des secours étrangers après avoir servi
,
le Clergé pendant quarante années en qualité de garçon des
Bureaux.
Nous avons encore à vous exposer les besoins du Sieur
René Bony, Ecrivain, âo-c de 70 ans, qu'on nous a aíluré
avoir presque perdu la vue en servant dans vos Bureaux \
nous vous proposerons de lui accorder une gratification de
IJO livres.
Proce$-verb. de iy2j-iy^>6. Ddddddd
Ï22& PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Nous vous proposerons encore, fur la demande du Sieur
Valaix, qui a travaillé pendant trente ans dans les Bureaux
de l'Agcnce, d'ajouter à la pension que les Assemblées pré-
cédentes lui ont accordée, une augmentation de 3 00 livres,
qu'il sollicite pour sa retraite.
L'Asiemblée délibérant sur ces aissérents objets, a, con-'
,
formément à l'avis de la Commission arrêté,
,
iQ. D'accorder à Charles-Antoine Houclelette, par for-
me de récoinpenie Sc d'encouragementa une gratification
de 100 livres, & La survivance de la place de Courier du
Clergé, qu'exerce Nicolas Houdeìette, son père.
20. D'accorder à Jean Renard, ancien o;arcon de BLI-
reaux, une pension de 300 livres, à raison de ses infirmi-
tés ô£ de son indigence, à compter du premier Janvier 1786,
laquelle sera employée en dépense sur le chapitre des ap-
pointements & pensions des Officiers.
30.. D'accorder au nommé Bony, Ecrivain une somme
,
de 150 livres, par forme de gratification.
40. D'autoriser Messieurs les Agents, en cas de retraite
du Sieur Valaix, à lui faire payer annuellement 3 00 livres,
par forme de pension, ajoutée à celle qui lui a été précé-
demment accordée.
Monfeigueur l'Archevêque de Toulouse a dit ensuite :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
ïl n'y a personne de nous qui ne sache combien le Sieur
Duchesne Garde des Archives s'est rendu digne de la
, ,
bienveillance du Clergé par l'assiduité de son travail, c£ par
la connoissance qu'il a acquise de vos affaires. Un traite-
ment de 6500 livres, absorbé en grande partie par le loyer
de ses Bureaux le paiement de Çes Commis, & les frais ÒC
,
fournitures qu'il est obligé de faire, íemble un traitement
peu proportionné à futilité de Ces services ; nous vous pro-
poserons donc de délibérer une augmentation de 2000 li-
vres en fa faveur.
Nous ne vous parleronspas de la demande des Sieurs Gam-
bart, Duvivier ô£ Guyart, premiers Commis de M. de
DU CLERGÉ DE FRANCE* 9 SEPTEMBRE 1786. i 227
Saint-Jullien, qui sollicitent la survivance des pensions
accordées à leurs prédécesseurs retirés, il nous a semblé aue
ce n'étoitpas le cas d'accorder de pareilles survivances. Leurs
services constants òí leur zèle pour vos affaires leur réoon-
dent un jour des mêmes preuves de votre bienfaisance,
lorsqu'ils íeront dans le cas de les obtenir.
Sur quoi F Assemblée, adoptant l'avis de la Commission,
a délibéré d'ajouter 2o00 livres aux appointements du Sieur
Ducheíne, fixés par les précédentes Assemblées & ce à
,
compter du premier Janvier 1786.
Monícigrieur l'Archevêque de Toulouse a dit encore:
MESSEÎGNEURS MESSIEURS,
ET
Les travaux utiles de la Congrégation de Saint-Maur t<:.
de Saint-Vannes , fur les recherches relatives aux monu-
ments de l'Histoire Ecclésiastique & Civile, ont excité i'in-
térêt de-M. le Garde des Sceaux. Ce Cher de la JVlaiiìssra-
ture a réclamé, de la part du Clergé, des íecours en laveur
de ceux qui s'occupent d'objets aulíi intéressants. îl nous
paroît disticile de refuser une marque de déférence à M. le
Garde des Sceaux, dont l'Assemblée a éprouvé la bienveil-
lance dans différentes affaires qu'elle a eues à traiter avec lui.
Nous croyons donc, Meíìeigneurs 6c Messieurs, devoir
vous proposer d'accorder, à la sollicitation de M. le Garde
des Sceaux, une somme de 10000 livres pour être, distri-
buée par Messieurs les Agents, &C en conséquence de leurs
Mandements, conformément aux désirs que M. le Garde
des Sceaux voudra bien successivement leur taire connoî-
tre , laquelle somme seroit prise sur les fonds échus du Dé-
partement Fait en 1782, pour accorder des pensions aux
Auteurs dont les travaux pourroient erre juges utiles à la
Religion.
Mais ce Département, Messeigneurs &£ Messieurs, qucl-
qu honorables qu'en aient écé les motifs, nous a paru lui et
a beaucoup d'inconvénientsque vous avez vous-mêmes re-
connus dans le cours de cette Assemblée, & le Bwcau croit
devoir en proposer la suppression, à compter du terme de Fé-
* D d dd.de d 2
:í2 2S PROCES-FÈRBAL DE fASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
vrier prochain, en conservant les pensions accordées aux Au-
teurs en 178 2, ô£ en donnant de nouvelles pensionsà MM. de
Gourcy, Gandin &C de ìaBlandiniere, qui ont travaillé par
ordre du Ciergé, &C en se bornant, quant à présent, à de
simples gratifications en faveur des autres Auteurs dont le
Tableau a été mis ce matin fous vos yeux par le Bureau
de la Religion oC de la Juridiction.
Monseigneur l'Archevêque de Toulouse continuant son
Rapport, a dit :
MPT. l'ancien Evêque de Québec jouit, Messeicrheurs &£
Messieurs, par le bienfait des précédentesAssemblées, d'une
pension de 3000 livres. Vous connoissez tous l'état fâcheux
de cette Eglise du Canada, qui faisoit autrefois partie des
possessions Françoises. M. Deíglis, Evêqueactuel, & M. Hu-
bert , ion Coadjuteur, demandent que vous rendiez réver-
sible fur leur tête la pension accordée'par le Clergé à M.
Briand, leur prédécesseur. Nous pensons qu'il est digne du
Clergé de leur accorder une expectative que sollicitent, ÒC
leurs titres, &c leurs besoins.
La matière mise en délibération, Monsieur le Promoteur
ayant été entendu , les Provinces ont été ap'pellées; celle de
Sens étant en tour d'opiner la première, il a été délibéré
ocarrêté,
1 °.
De supprimer, a compter du terme de Février pro-
chain, le Département arrêté par l'Assemblée de 1782, à
la charge néanmoins que les pensions accordées par les pré-
cédentes Assemblées íur ledit Département, continueront
d'être payées comme par ïe passé.
20. D'accorder, par déférence pour M. le Garde des
Sceaux f6c fur l'indication qu'il en fera aux personnes em-
,
ployées aux recherches relatives aux monuments de l'His-
toire Ecclésiastique òí Civile, une somme de 10000 livres,
une fois payée, laquelle somme sera prise sur les fonds res-
tants du Département qui vient d'être supprimé.
3 °.
D'accorder à MM. les Abbés de Gourcy, Gandin &C de
la Blandiniere, qui ont travaillé par ordre du Clergé, lavoir :
A M. F Abbé de Gourcy une pension annuelle de 2000 1.
A M. l'Abbé Gandin une pareille pension de 2000 1.
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 SEPTEMBRE 1786, 1229
Et à M. l'Abbé de la Blandiniere
, . ...
par augmentation à celle de 1000 livres qui lui
400 L
avoit été précédemment accordée 3 lesdites trois pensions
payables à compter du premier Janvier 17S6.
40. D'ordonner que.les pensions, énoncées ès articles 2
&L 3 e£ autres de même nature, seront employées en dé-
,
pense extraordinaire jusqu'à leur extinction, dans les comp-
tes des revenant-bons à rendre aux prochaines Assem-
blées j ôê" qu'attendu la suppression du Département de
30000 livres, le Receveur-Général fera l'avance des fonds
nécessaires à leur paiement, de Tintérêt desquelles avances
il lui fera cenu compte fur le pied de cinq pour cent.
5?. D'accorder íur les fonds provenants dudit Dépar-
tement supprimé les gratifications suivantes, savoir:
A M. l'Abbé du Voisin, Docteur ôc ancien
Professeur de la Maiíon de Sorbone,
. 4000
1.

...
. .
A M. l'Abbé Lourdet, Lecteur d'Hébreu Ô£
de Syriaque au Collège Royal, 4000 1.
.
A M. Bailly, Chanoine de Dijon, 3000 L
. . .
A M. Bauzée, de l'Académie Françoise, 3000 1.
.
A M. Godescard,Chanoine de Saint-Honoré, 2400 1,
A M. R.eyers, Chanoine de Chaaions-íur-
Marne, • 2400 L
A M. Grou, ancien Jésuite, 2400 1.
A M. Brottier,del'Académiedes Belles-Lettres, 2400 1.
A. la Société Hébraïfante des Capucins de
Saint-Honoré, 2000 1.
. . .
A M. l'Abbé Auger, de l'Académie des Belles-
Lettres, 2000 L
A M. l'Homond, Professeur Emérite en l'Uni-
versité de Paris, 2000 h
A M. Reyre, ancien Jésuite, 2000 L
A M. Baudrier, Curé de Peyrusse, Diocèse
d'Audi, . . 2000 1.
A M. Régnier, Directeur du Séminaire de
Saint-Sulpice, IJOO h
Au Père Pingre, Génovéfain de l'Académie
,
des Sciences, : 1500 L
. .
33600 L
1230 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
De l'autre part 36ooi'
• • • 3
A MM. Bonne-foi &: Bernard, Auteurs de
l'Ecrit fur l'état Religieux, 1800 1;
. . . . . .
A M. Mezin, Professeur de Théologie à Nanci, 1200 L;
A M. Jacques, Ecclésiastique du Diocèse de
Besançon, 12.00 1/
A M. Camuset, Curé de l'Hôpital de Chaalons-
sur-Marne 1200 1.
,
A M, Querhoeuf, ancien Jésuite, 1200 1.
. . .
A MM. les Curés de la Vallée de Bray, Dio-
cèse de Rouen, 3000 1.
.
46200 1.

6°. D'ordonner que la pension de 3000 livres accordée


à M. Bnand ancien Evêque de Québec, scra réversible,
après sii mort,, fur la tête de M. Desglis, Evêque actuel,
<£ fur celie de M. Hubert son Coadjuteur.
,
Monseigneur ì'Archevêque de Toulouse a dit ensuite:
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Une oeuvre vraiment intéressante se présente à votre
charité 5 &c nous avons cru prévenir vos voeux, en vous la
proposant.
Plus les anciens Jésuites avancent en âge, plus leurs be-
soins accroissent, & il s'en faut bien que les íecours qu'ils
éprouvent, augmentent en proportion de ces besoins.
Un très-petit nombre a obtenu des Bénéfices ; presque
tous ne subsistent que de la modique pension qu'ils reçoi-
vent du Gouvernement, &. du produit de leurs travaux
apostoliques.
" Ce
produit doit s'assoiblir avec les années 5^& depuis
Fépoque à laquelle remonte leur dispersion, on doit penser
que presque cous approchent de la vieilleíìe, & quelques-
uns de la caducité.
On nous assure qu'ils font à-peu-près au nombre de cinq
cents.
Nous voudrions pouvoir vous proposer de les soulager
DU CLERGÉ DE FRANCE , 9 SEPTEMBRE 1786. 1231
tous. Mais, outre que nous ne connoissons pas quels font
les besoins de chacun en particulier la discrétion avec la-
,
quelle nous devons diípofer des biens qui nous font con-
fiés, impose des Loix à la charité même; nous devons bor-
ner nos dons, lors même que nous aurions plus d'inclina-
tion à les prodiguer.
Nous ne vous proposons donc qu'un secours annuel de
quarante mille livres.
Ce secours fera d'abord destiné à ceux qui ne jouissent
pas de huit cents livres de revenu, soit à raiíon de la pen-
sion qu'ils reçoivent du Gouvernement, íoit à raiíon des
Bénéfices qu'ils poíle ent, de pensions íur Bénéfices qui
leur ont été accordées ou des places qu'ils occupent.
,
Ce secours íera disiribué par Messieurs les Agents, d'a-
près les reníeignements qu'ils recevront de Mesieigneurs
les Archevêques &C Evêques qui íeront priés de leur en-
,
voyer, d'ici à six mois, l'état des anciens Jésuites demeu-
rant dans leur Diocèse, avec une attestation de leur âge,
de leur revenu &Í de leur ressource.
S'il résulte de ces états que pour donner huit cents li-
,
à
vres tous ceux qui ne les ont pas, il faudroit une íomme
qui excédât quarante mille livres, alors Messieurs les Agents
préféreront les plus âgés, ô£ la bienfaiíance du Clergé ne
commencera à s'exercer pour ceux qui seront moins avan-
cés en âge, que loríque les premiers auront, par leur dé-
cès, laisse des fonds libres qui pourront tourner en leur
faveur.
S'il arrivoit, au contraire, que la somme de quarante
mille livres fut plus que suffisante pour donner â tous huit
cents livres, parce que le plus grand uombre se trouveroit
jouir d'un pareil revenu, ou à-peu-près équivalent, Mes-
sieurs les Agents pourront être autorisés à porter julqu'à
mille livres la subsistance de chacun d'entr'eux en obser-
,
vant toujours la préférence qui doit être accordée aux plus
avancés en âge. Cette somme de mille livres ne vous paroî-
trapas, fans doute, excéder les bornes d'une juste économie.
Dans tous les cas, la somme de quarante mille livres íera
affectée aux anciens Jésuites, pour leur procurer huit cents
12 3 2 PRCCÉS-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
livres ou mille livres, avec ce qu'ils pourront avoir d'ail-
leurs-, mais jusqu'à ce taux feulement, ÒL de manière que
lorsqu'il sera atteint par les derniers qui resteront, le pro-
duit des pensions éteintes, retourne à fa destination.
Nous disons que le produit de ces pensions doit alors re-
tourner à fa destination , parce que nous vous proposons de
prendre ce secours, comme tous les secours de ce genre que
vous êtes ou que vous ferez dans le cas de donner, íur les
remboursements des rentes au denier vingt; nous prendrons
les autres dépenses íur les remboursements destinés aux ren-
tes au denier vingt-cinq 3 ci nous vous avons déja dit que
moyennant les autres opérations économiques qui distin-
o-uent votre administration, le retard de ces remboursements
íera peu sensible.
Nous espérons, avec ce secours de quarante mille livres,
satisfaire au moins aux besoins les plus preílants; & votre
Délibération ne íera, en quelque forte, qu'une fuite du
zeìe qui anime cette Afíemblée pour aíìurer la subsistance
des Ministres du second Ordre. Ceux qu'il est question de
íoulagcr, ne cessent de consiicrer le reste de leurs jours au
service des Dioccíes, & leur détresse n'a de resiource que
votre bienfaisance &C votre charité.
NOUS n'avons pas besoin, au surplus, de vous dire que
dans les anciens jésuites nous ne comprenons que ceux qui,
ayant émis leurs derniers voeux , ont reçu en conséquence
une pension du Gouvernement.
La matière mise en délibération Monsieur le Promoteur
,
ayant été entendu, les Provinces ontétéappeilées; celle de
Sens étant en tour d'opiner la première, il a été délibéré:
1 Q. De consacrer au soulagement des anciens Jésuites qui
se trouvent dans ,1e beíoin, une somme de quarante-mille
livres.
i°. De regarder, comme étant dans le besoin, ceux qui,
au moyen de la pension emi leur est accordée par le Roi,
ou par quelqu'autre moyen que ce soit, ne jouisient pas de
huit cents livres.
3 Q. D'accorder
à ceux qui font dans ce cas fur lefdites
quarante mille livres, un secours proportionné à leurs be-
soins,
DU CLERGÉ DE FRANCE _, 9 SEPTEMBRE I78 6. 1233
íoins, ô£ qui leur fera atteindre ladite somme de huit cents
livres.
40. De charger Messieurs les Agents de faire cette dis-
tribution après avoir pris de Mesieigneurs les Archevêques
,
& Evêques, à qui ils en feront part, toutes les informa-
tions ô£ certificats néceflaires pour constater ceux qui font
dans le besoin.
50. Au cas que, contre l'intention du Clergé, iefdites
quarante mille livres ne íoientpas suffisantes pour íubvenir
à tous ceux qui font dans le besoin, ô£ leur procurer le re-
venu de huit cents livres, de préférer les plus âgés à ceux
qui le seront moins, sauf à faire participer ceux - ci aux
mêmes secours, lorsqu'ils deviendront libres par le décès de
ceux cjui les auront obtenus les premiers.
6°. De prendre fur les remboursements des rentes au
denier vingt, cette somme de quarante mille livres -, &C en
cas que les Emprunts au denier vingt soient remboursés,
fur les Emprunts qui les remplaceront.
70. De déterminer que les accroissements de revenu
qu'auront reçu, Iur ladite somme de quarante mille livres,
ceux des anciens Jéíuites qui seront dans le cas d'y préten-
dre, commenceront à dater du premier Janvier 1787, &C
leur íeront payés tous les six mois à commencer au pre-
,
mier Juillet de la même année 1787.
Mesieigneurs &C Messieurs les Commisiaires pour la Re-
ligion &: la Jurisdiction ont pris le Bureau. Monseigneur
,
l'Àrchevêque d'Arles Chef de la Commission a dit :
, ,
MESSEÍGNEURS MESSIEURS,
ET
Après avoir fait voir dans un de nos Rapports de l'an-
née derniere, que, soit avant, soit depuis le Concordat passé
entre le Pape Léon X & le Roi François premier, l'Eglife
de France n'avoit cessé d'élever la voix contre la coutume
où est le Pape de prévenir les Patrons $C Collateurs ecclé-
siastiques dans la disposition des Bénéfices, coutume aussi
pernicieuse par ses effets, qu'irréguliere dans son principe ;
nous nous bornâmes à demander que ce droit ne s'ouvrit
Proces-verb. í/e 17 8 j-17 8 6. Eeeeeee
îï-34 PR-OCES-FERBAL DE L ASSEMBLEE-GÉNÉRALE
à l'avenir, en faveur de la Cour de Rome, que trente jours
-après la mort du Bénéficier modification qui tariroit la
,
source des principaux abus que les couríes des Prévention-
naires occasionnent singulièrement dans les quatre Métropo-
les soumises à la Vice-Légation d'Avignon, fans cependant
détruire le íeul avantage qui résulte de la prévention, en
ce qu'elle excite la vigilance du Nominateur, ÒC empêche
que la vacance des Bénéfices ne soit prolongée. En 15 9 3, le
Clergé s'étoit adresté au Roi Henri IV pour le prier d'af-
franchir de cette servitude les Dignités des Eglises Cathé-
drales. De nos jours la même route avoit été suivie lors de
la Déclaration du 10 Septembre 1748 portant suppression
,
des extraits connus en
fi la Vice-Légation d'Avignon, fous
le nom de inftrumentum de korâ. Ces exemples fembloient
.
nous inviter â porter directement nos représentations aux
pieds du Trône 3 mais n'écoutant que le respect & le dé-
vouement dont le Clergé de France fait hautement pro-
fession envers le Souverain Pontife, nous avons mieux aimé
solliciter de Sa Sainteté, à titre de bienfait, un chano-ement
que nous étions en droit d'attendre de la justice du Prince.
Une marche fi circonspecte & fi mesurée, paroissoit devoir '
nous conduire à un ternie heureux j mais cette espérance s'est
éloignée par la lecture du Bref en réponse à la Lettre que
l'Afiemblée avoit adressée au Pape. Vous avez vu que le'
íaint Père insiste, entr'autres dispositions, fur ce que le droit
de prévention, reconnu par le Concordat, est en vigueur
depuis cette époque, &C fur ce que la forme commifloire,
donnée aux Provisions de Rome, met les Ordinaires à por-
tée d'écarter les désordres dont on se plaint. En rendant
hommage à la droiture &L à la pareté des vues qui animent
Je Chef de l'Egiise, oferons-nous faire observer que de sem-
blables moyens annoncent assez qu'on a laissé ignorer au
religieux Pontife, & la doctrine constante de l'Eglife Gal-
licane, concernant le Concordat, ô£ en particulier le lan-
gage peu favorable du Clergé, des Tribunaux &C de nos
Rois eux-mêmes fur l'exercice de la prévention ? II paroít
aussi que le saint Père ne s'est pas fait rendre compte des
entraves mises, depuis long-temps par toutes les Cours du
DU CLERGÉ DE FRANCE, 9 SEPTEMBRE 17 S 6. 113 s
Royaume, au pouvoir des Ordinaires fur le fait des Col-
,
lations forcées. Permettez-nous d'ajouter que, quoique les
représentations que vous avez faites au Pape fussent bien pro-
pres à laisser une impression profonde, les bornes d'une Let-
tre ne vous ont pas permis de traiter, dans toute son éten-
due, cette importante matière j il y a lieu d'espérer qu'un
examen plus sérieux &C plus approfondi de la même affaire,
amènera une décision plus satisfaiíante.
Dans ces circonstances ne jugerez-vous pas à propos,
Messeigneurs & Meilleurs, de prier Monseigneur l'Arche-
vêque de Narbonne conjointement avec Meilleurs les
,
Agents, de faire drester un Mémoire très-ample &C très-cir-
constancié, dans lequel, après être remonté à l'origine de
la prévention, on feroit connoître par une fuite de témoi-
gnages de de monuments , l'opposition persévérante qu'elle
a elluyée en France, & les abus que cette pratique en-
traîne j abus auxquels il n'est pas au pouvoir des Evêques
de remédier, tant que le droit des Préventionnaires n'aura
pas au moins été restreint &: modifié conformément au voeu
de la prélente Asiembléeì Ce Mémoire feroit communiqué
à M. le Comte de Vergenrîes, avec prières de vouloir
bien l'envoyer à Rome pour être mis fous les yeux du Car-
dinal Dataire 6c du Cardinal Secrétaire d'Etat. Si, contre
notre attente, cette nouvelle démarche demeuroit fans estet,
Mefiieurs vos Agents en informeroient, avec leur zèle or-
dinaire, ì'Aílemblée de 1790 dès l'ouverture de {es Séan-
,
ces , afin que le Clergé prît, dans sii sagesse, des mesures
ultérieures aux fins de faire cesser une pratique qui n'a été
que tolérée trop long-temps pour l'édification des fidèles &C
l'avantage des Citoyens.
Moníeigneur l'Archevêque d'Arles ayant cessé de parler,
l'Asiemblée a prié Monseigneuri'Archevêque de Narbonne,
conjointement avec Meilleurs les Agents, de raire dresser
un Mémoire détaillé fur l'origine de la prévention, les op-
positions qu'elle a éprouvées, & qu'elle éprouve encore
dans le Royaume, ensemble fur les maux qu'entraîne cette
manière de pourvoir aux Bénéfices, principalement dans
i'étendue de la Vice-Légation d'Avignon, ôc fur rimpoíìl-
Eeeeeee i
i%?j& PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
bilité d'y remédier, tant qu'on n'accordera pas aux Patrons
òí Collateurs un délaide quelques jours, pendant lesquels
ils ne pourront être prévenus en Cour de Rome, l'Asiem-
blée désirant que ce Mémoire, après avoir été communi-
qué à M. le Comte de Vergennes, soit envoyé à Rome, ôC
mis fous les yeux du Cardinal Dataire ô£ du Cardinal Se-
crétaire d'Etat ; Ô£ que, dans le cas où cette nouvelle dé-
marche demeureroit fans effet, Meilleurs les Agents en ren-
dent compte à i'Assembîée de 1790 dès l'ouverture des
,
Séances, afin que le Clergé prenne les mesures ultérieures
que fa sagesse lui inspirera dans une circonstance fi intéres-
sante pour l'édification & l'avantage des fidèles.
La Séance a été indiquée à demain Dimanche, dix Sep-
tembre à Versailles, à onze heures, & au lendemain Lundi,
,
onze, aux Grands-Augustins, à neuf heures du matin.
Signés ARTHUR-RICHARD, Archevêque & Primat
de r^arbonnej Président.

DU DIMANCHE, DIX SEPTEMBRE 1786,


à om^e heures du matin., à Versadles.

CXI VIT ~W 'Astemblée s'étant rendue à Versailles dans la Salle


SEANCE.
JL-jdes Ambasiadeurs, qui avoit été préparée pour la re-
cevoir, M. le Baron de Breteuil, Secrétaire d'Etat, y est
venu avec M. de Nantouillet 5c M. deWatronville , Maîtres
des Cérémonies: ils ont conduit Mefleio-neurs & Messieurs
les Députés dans l'appartement du Roi. Messieurs les an-
ciens 5£ nouveaux Agents marchoient les premiers. Mon-
seigneur l'Archevêque d'Aix, qui devoit faire la Harangue,
marchoit entre Monseigneur l'Archevêque de Narbonne &c
Monseigneur l'Archevêque de Toulouse 5 Messeigneurs les
Prélats ensuite deux à deux, selon leur rang, en Rochet ê£
Camail violet, de Messieurs du second Ordre après eux, en
Manteau long 6c Bonnet quarré aussi deux à deux, fans
observer de rang entr'eux.
En arrivant dans la Salle des Gardes, I'Assembîée les a
DU CLERGÉ DE FRANCE , i o SEPTEMBRE 1786. 12.3 7
trouvés en haie fous les armes, leurs Officiers à leur tête.
Les deux battants des portes par où elle a passé, ont été
ouverts dès qu'elle a paru ; ô£ tout ayant été observé en
la manière ordinaire, Mesieigneurs Sc Meilleurs font entrés,
dans la Chambre où étoit le Roi.
Messieurs les Agents ont fait trois profondes révérences
en approchant de Sa Majesté, oC se íont rangés ensuite à
droite de à gauche. Mesieigneurs les Prélats ont pareillement
salué le Roi 5 Monseigneur l'Archevêque d'Aix a prononcé
un Discours plein de nobíeíle &C de dignité , après quoi
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne a présenté 6c nom-
mé au Roi tous les Députés.
Mesieigneurs les Prélats ôc" Messieurs du second Ordre
ayant fait enluite, l'un après l'autre, une profonde révé-
rence, l'Asiembléea été reconduite dans la Salle des Am-
basiadeurs par les mëmes períonnes, ë£ avec les mêmes hon-
neurs qu'elle a été reçue : il a été convenu que Mesteigneurs
ô£ Messieurs se trouveroient aux Séances suivantes en Man-
teau long &C Chapeau.
Signés ARTHUR-RiCHARD, Archevêque &: Primat
de Narbonne, Président.

1 ' —• —• —- ~Ì

DU LUNDI, ONZE SEPTEMBRE 1786,


a neuf heures du mdtin.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

MOnseigneur l'Archevêque de Narbonne a remercié, CXLVIÌÏ


SÉANCE.
au nom de PAíìembléc, Monseigneur l'Archevêque
d'Aix d'avoir préíenté au Roi les hommages de I'Assembîée
avec autant d'éloquence que de dignité, &£ d'avoir expri-
mé les sentiments du Clergé de la manière la plus conve-
nable aux circonstances 5 que le Roi avoit bien voulu en
témoigner fa satisfaction 6c que si I'Assembîée l'agréoit,
,
il feroit fait lecture de la Harangue de Monseigneurl'Arche-
vêque d'Aix, 8c qu'il feroit prié de la donner pour être in-
sérée dans le Procès-verbal 5 ce qui a été approuvé,
izy% PROCES-FERBAL DE ^ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Monseigneur l'Archevêque de Tours a dit, que, pour
remplir la commission dont i'Assembîée les a honorés, Mon-
seigneur l'Archevêque de Rheims, Monsieur l'Abbé d'Espon-
chès, M. l'Abbé de Panât ô£ lui se sont rendus le jour d'hier
chez Monseigneur l'Evêque d'Autrui pour réclamer ses
,
bontés en faveur de la Faculté de Théologie de Paris, &C
pour le prier de lui procurer les íecours que rend néces-
saires rinfustlsance de sa dotation j que ce Prélat a reconnu
que cette Faculté méritoit, sous cous les rapports, ì'intérêt
du Clergé, ô£ il a annoncé les dépositions les plus favora-
bles pour lui en faire éprouver les estets, lorsque les cir-
constances se présenteroient. Monseigneur l'Archevêque de
Tours a ajouté, que le même jour il s'est rendu aussi, avec
les mêmes Députés, chez M. le Contrôleur-Général, au-
quel ils ont exposé la médiocrité des honoraires des Pro-
fesseurs de cette Faculté, pour la plupart inférieurs à un
grand nombre de Chaires de la Faculté des .Arts, &L l'in-
certitude dans le paiement, qui dépend du Trésor-Royal,
tandis qu'il íeroit plus íolidement asiuré, íans qu'il en résultât
aucune charge nouvelle pour le Roi, s'il étoit fixé fur le
produit de l'administration des Postes, dont le vingt-huitie-
me est attribué à l'Univerfité de Paris ; que ce Ministre a
favorablement accueilli l'une ô£ l'autre proposition, mais
qu'il a observé que les Chaires de Théologie ayant récem-
ment éprouvé une augmentation de 400 livres, il lui pa-
roîtroit íuffssuit d'augmenter leurs honoraires de la même
somme au lieu de celle de 600 livres que lui demandoient
,
lesdits Seigneurs & Sieurs Députés, &C que dans tous les cas
il propoferoit au Roi d'accorder aces Prolesseurs 400 livres
de plus qu'aux Professeurs de la Faculté des Arts le plus
favorablement rétribués. Quant à la fixation desdits hono-
raires fur radministration des Postes, M. le Contrôleur-
Général bien loin d'y trouver de la difficulté a reconnu
, ,
qu'elle s'accorderoit même avec les formes de l'Âdminis*
nation, òc il a promis d'avoir égard aux Mémoires par écrit,
qu'il a prié Monseigneur l'Archevêque de Rheims & Mes
sieurs les Députés de lui remettre íur ces deux objets de
demande.
DU CLERGÉ DE FRANCE ; 11 SEPTEMBRE 1786. 1239
Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux a dit qu'il
,
avoit présenté à M. le Garde des Sceaux un Mémoire en
faveur des Curés de l'Ordre de Malthe-, que ce Chef de la
Magistrature avoit paru frappé des motifs qui avoient dé-
terminé la démarche du Clergé; que cependant il croyoit
nécestaire d'en conférer avec M. le Comte de Verçennes.
Mesieigneurs & Messieurs les Commislaires, pour les
Portions congrues, ont pris le Bureau. Monseigneur l'Ar-
chevêque de Bordeaux Chef de la Commission, a dit :
,
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
II manqueroit quelque choie au grand ouvrage que vous
avez coníommé en faveur de toutes les clasies du ministère
Ecclésiastique, &C ce monument de votre zèle &C de vos
travaux demeureroit imparfait, s'il vous laisloit quelque dé-
rangement à craindre dans votre administration temporelle,
& quelque répétition à prévoir de la part des Bureaux
Diocésains.
La nouvelle déclaration en autorisant de nouvelles
,
options de la part des Curés, impoíera aux Décimateurs
de nouvelles charges, dont il résultera pour ceux-ci un
droit incontestable à une modération de décimes, propor-
tionnée à la diminution de leurs revenus ; mais cette mo-
dération ne peut être compensée par rimposition que sup-
porteront les nouveaux suppléments entre les mains des
Curés. Cette imposition, vous le savez, Messeigneurs ôC
Meilleurs, íe règle fur un pied beaucoup plus foible que
celle des autres contribuables, &£ les portions de revenu,
fournies par les Décimateurs passant d'une classe moins
favorisée dans une claste qui , l'est bien davantage âpres
,
avoir altéré la quotité de rimposition dans les Bureaux Dio-
césains, ne manqueroit pas de produire ensin dans la Caisse
générale un vuide qu'il est important de prévenir. Le mê-
me inconvénient fut prévu, lors de l'Edit du mois de Mai
1768 ; &£ ce fut pour l'écarter, que Monseigneur l'Evêque
de Langres Sí moi qui avions l'honneur d'être vos Agents
à cette époque, obtinmes le 7 Juillet 1768, un Arrêt du
a. ^4° PROCÈS-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Conseil qui autorisoit les Bureaux Diocésains jusqu'à ce
,
que le Clergé-Général en eût autrement ordonné, à irnpo-
íer les nouveaux suppléments dans les mains des Curés op-
tionairessur le même pied qu'ils I'étoient dans les mains des
Décimateurs.
Pareille précaution fut encore prise par vos Agents en
1778, lors de la publication de la Loi, qui portoit les ho-
noraires des Vicaires à z 5 o livres. Un Arrêt du Conseil, du
19 Juillet 1778 , autorisa pareillement les Bureaux Dio-
césains à imposer les nouveaux suppléments entre les mains
des Vicaires, fur le même pied qu'ils I'étoient entre les mains
des Décimateurs.
La justice que vous devez à ces Décimateurs, Mesiei-
gneurs '61 Messieurs, vous engagera, Cans doute, à suivre
une marche uniforme dans des circonstances semblables.
Une diminution légère fur la saveur que vous avez obte-
nue pour tous les Curés & Vicaires du Royaume, les em-
pêchera d'autant moins de íentir le prix de vos bienfaits,
qu'elle ne íera que paílagere, & que l'Aílemblée de 1790
s'occupera fans doute de rétablir l'équilibre, non-feulement
entre les distérents Diocèses, mais même entre les -différents
Contribuables.
Nous avons en conséquence l'honneur de vous proposer
de charmer Messieurs vos A sents de solliciter un Arrêt du
Coníeii, qui autorise les Bureaux Diocésains à répartir jus-
qu'au premier Janvier 1791, sur les Curés Ôc Vicaires, tant
perpétuels qu'amovibles, auxquels il íera donné des supplé-
ments en conséquence de la nouvelle Déclaration, les im-
positions dont il fera juste de décharger les gros Décima-
teurs 3 relativement à la diminution de leurs revenus, opé-
rée par ces suppléments.
Le Rapport fini, l'Aílemblée, conformément à l'avis de
la Commission, a charcé Messieurs les Agents de solliciter
un Arrêt du Conseil qui autorise les Bureaux Diocésains à
répartir jusqu'au premier Janvier 179 1 sur les Curés &C
Vicaires, tant perpétuels qu'amovibles , auxquels il fera
,
donné des suppléments en conséquence de la nouvelle Dé-
claration, les impositions dont il fera juste de décharger les
gros
DU CLERGÉ DE FRANCE ., 11 SEPTEMBRE 1786. 1241
gros Décimateurs relativement à la diminution de leurs re-
venus opérée par ces suppléments.
La Séance a été indiquée à demain Mardi, douze Septem-
bre, à neuf heures du matin.
Signé g< AR.THUK-RlC*HARD Archevêque 6c Pri-
,
mat de Narbonne, Président.

HARANGUE FAITE AU ROI,


le Dimajiche 1o
Septembre 1786, à Versadles par
,
Monseigneur t Archevêque d'Aix, pour la clôture
,
de
l3Ajjemblée.

SIRE,
VOTKE MAJESTÉ ne confondra pas nos voeux &: nos
respects avec ces tributs accoutumés de tous les temps &C
de tous les lieux, qui marquent feulement la puissance des
Souverains 6c la dépendance des Sujets.
Le langage du Clergé de votre Royaume doit être sim-
ple sincère SC vrai comme vos vertus.
,
Vos vertus, SIRE, règnent au milieu de nous comme
les Loix ; elles inspirent la même confiance elles exercent
,
la même autorité.
Si nous avons rempli des devoirs utiles 5 si nous sommes
occupés du bien qui nous reste à faire; íi nous concourons
a vos vues pour le bonheur de vos peuples, nous vous ren-
dons riiommage qui vous convient l'hommage auguste
,
ô£ solemnel qui ne se renferme point dans Fenceinte d'une
Cour, qui ne s'arrête point fur les dégrés du Trône cV: qui
,
n'admet d'autres bornes que celles même de votre empire.
S IRE, nous venons rendre compte à VOTRE MAJESTÉ
de Fusage que nous avons fait des pouvoirs que l'Eglife de
France nous a confiés.
Nous avons eu des plaintes à former, des droits à sou-
tenir des sacrifices à faire aux besoins des Eglises fié" des
,
fidèles. Nous avons dit ce que nous avons pensé, parce
Proces-verb. de 178J-1786. F f ff fff
Ï 142. PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÊNÉR.ALE
qu'un Gouvernement juste ne nous laisse rien à craindre
6c rien à diíhmuler; & ce que nous n'avons pas pu faire,
nous a cauíé moins de regret, parce qu'il est dans votre
pouvoir de suppléer aux reílources qui nous manquent.
Arrêt du Un Arrêt de Règlement d'une Cour souveraine, con-
Parlement de traire sa
a propre Jurisprudence, avoit ravi lout-à-coup aux
Rouen, fur les
dîmes de Nor- Eglises d'une grande Province une partie de leurs pos-
mandie.
sessions.
Nous avons rendu justice à ses vues, ôc nous avons
combattu Ces jugements. Des Magistrats citoyens ont ou-
blié les Loix pour l'intérêt des peuples ; &C s'ils ne s'étoient
pas trompés fur l'intérêt même des peuples , notre voix ne
s'éleveroit pas dans ce moment pour réclamer les Loix.
Mais, Sí R E, ce font ceux à qui la Religion révèle fans
cesse, ô£ les malheurs de l'indigence c\í les devoirs de la
,
charité 3 ce íont les Pasteurs des Paroisses, qui se plaignent
qu'une Jurisprudence nouvelle transmette aux mains des
plus riches propriétaires ces mêmes biens que la Religion
avoit consacrés à la subsistance de la veuve & de Forphe-
lin. A Dieu ne plaise qu'il soit en notre pensée de vouloir
étendre des privilèges, & de solliciter des grâces. Forcés"
de rappelíer des droits respectés dans tous les temps, nous
marquons nous-mêmes les limites que Fufage de tous les
temps leur a prescrites. Nous réclamons votre justice,
SIRE, cc non votre faveur. Votre sagesse éclairée a pro-
noncé la Loi. Les délais, fans doute, indispensables de l'en-
régistrement, ne peuvent plus nous donner d'inquiétudes.
II nous est permis de mettre notre confiance dans votre au-
torité quand elle n'emploie d'autre force que celle même
,
des Loix.
Portions con- Le fort des Pasteurs indigents est devenu, SIRE, un
grues. des objets les plus intérefiants de nos Assemblées.
Nous cherchons à former des Prêtres instruits, à donner
aux Paroisses des Pasteurs vertueux, à récompenser dans
le repos de la vieillesse, les mérites d'une longue vie con-
sacrée aux soins du ministère.
Malheur aux peuples, quand nous sommes forcés dans
notre choix, quand nous confions à regret leurs intérêts
DU CLERGÉ DE FRANCE , T I SEPTEMBR£•1780. 1 ?>4 ^
éternels à des hommes dont Fâge &£ les besoins peuvent
abaisser les esprits ô£ flétrir les vertus. A quoi servent des
vertus qui ne peuvent pas s'exercer? II faut donner des ali-
ments à la charité des Pasteurs, &C leur transmettre, avec
les fonctions de leur ministère le pouvoir de les rendre
,
utiles.
SIRE, nous avons épuisé tous les moyens qui dépen-
dent de nous j nous vous présenterons encore des demandes
particulières, plus bornées que les besoins de nos Diocèses
ôc plus étendues que leurs ressources, ô£ nous ne pouvons
plus attendre que de VOTRE MAJESTÉ même le succès
d'une entreprise que la voix publique approuve, ô£ qui tend
au plus grand bien de la Religion ôí de l'humanité.
SIRE, nous implorons votre bienfaisance pour des
objets dignes d'elle, ÔC c'est avec la même confiance que
nous osons intéresser VOTRE MAJESTÉ contre VOTRE
MAJESTÉ même.
Une grande question s'élève entre le Clergé de votre Toi & Hom-
Royaume &C les dépositaires des droits de votre Domaine. 'nage.
Nous n'avons pas pensé, SIRE, que votre Domaine
eût la même étendue que votre Empire, ô£ que les droits
de la plus noble propriété puisient se confondre dans les
mains du Souverain avec la souveraineté même: votre puis-
sance royale n'a pas besoin de s'appuyer fur cette suzerai-
neté universelle, qui ne fut jamais établie par les Loix. A
quoi fervent de vains hommages, quand nos Loix, nos
serments &£ nos voeux enchaînent la Nation entière au ser-
vice du Prince &: de l'Etat ?
SIRE, nous avons reconnu que l'Eglife de France tient
des sentiments religieux de ses Rois, les privilèges ££ les
exemptions des biens qu'elle poílede dans leur Domaine
y
&C notre réclamation même ne nous rappelle que le souve-
nir de leurs bienfaits.
Nous avons recherché, fans supposition, sans conjectu-
re , les Ordonnances, les Coutumes &C les Arrêts. Nous
avons rappelle ces mêmes principes ô£ ces mêmes titres qui
forment Fexistence légale de tous les Ordres de votre Royau
nie, &£ qui veillent à la propriété des Citoyens.
Fffffff z
3:3,44 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉP.ALE
SIRE VOTRE MAJESTÉ vient de tracer Elle-même
,
cle sa propre main les maximes qui doivent maintenir les
droits &£ régler les prétentions de votre Domaine ; &C dans
.
ce jour soíemnel où vous avez su couvrir de tous les orne-'
ments de la bonté, Fappareil imposant de la Justice &C de
la Loi, vous nous avez appris que vos droits ne pouvoient
jamais nuire à ceux des possesseurs légitimes , ôc que vos
intérêts ne pouvoient point être séparés de ceux de votre
Peuple.
Montrez-vous, SIRE, aux yeux d'une Nation qui vous
aime dans cette grandeur simple c£ naturelle, qui semble
remporterun si noble triomphe sur le rang même des Rois.
Une Cour de Magistrature appellée de si loin pour bénir
vos vertus en recevant vos Loix 3 une Province entière qui
se preste sur vos pas ôc" qui se repaît de votre vue ont, sans
,
doute, ossert à vos regards le spectacle le plus digne de fixer
les regards d'un Souverain : car les fêtes de votre Cour n'é-
galeront jamais les fêtes de votre Peuple. La renommée de
vos vertus, SíRE, ne surfit pas à vos Sujets ; il manque à
leur bonheur de voir un Souverain qui, plus occupé de
leurs intérêts que de fa gloire , veille à la tranquillité de
FEurope pour assurer leur repos 5 qui fut FArbitre de deux
Puisiances respectables, dont la France a craint de parta-
ger les dissentions3 qui, semblable au plus sage de nos Rois,
a lait connoître à FAngleterre les bornes de ía puissance , ôC
qui, dirigeant les destins d'une République naissante, a pro-
tégé, d'un bout du Monde à l'autre, les progrès du Com-
merce & de la liberté. Sa sagesse prépare (es triomphes, ÒC
ne nous les fait point acheter 5 elle donne à la France éton-
née un nouveau Port fur l'Océan ô£ les opérations qui
,
peuvent lui plaire, font celles qui ne coûtent pas un im-
pôt à son Peuple. Puiile son heureuse administration rame-
ner parmi nous , avec la prospérité publique, Fempire de
la Religion í puisse un Roi sage & vertueux, faire régner
dans ses Etats cette Religion sainte qui rend les Loix in-
violables, ô£ qui peut feule en assurer l'exécution par la
,
douce ô£ puissante habitude des moeurs ô£ des vertus !
DU CLERGÉ DE FRANCE., 11 SEPTEMBRE 1786. 1245

RÉPONSE DU ROI AU CLERGÉ,


Lors de fa députation après la clôture de I'Assembîéeen 17 8 6.
J3^f / vu avec satisfaction dans la conduite de l'Assemblée
du Clergé de mon Royaume, de nouveaux témoignages
de fa soumission SC de son attachement pour ma Personne.
sai vu sur-tout avec plaisirson ^ele pour le soulagement
des Pasteurs chargés du foin des âmes.
Les Archevêques óC Evêques connoiffent mon amour ÓQ
mon respect pour la Religion, ÓC mon affection pour ses Mi-
nistres.
Ils doivent tous compter fur ma protection, ÓC ceux qui
se distinguent par leurs lumières, leur sagesse ÓC leur régu-
larité acquièrent de nouveaux droits à mon estime ÓC à ma
,
bienveillance.

DU MARDI, DOUZE SEPTEMBRE 1786,


à neuf heures du matin.

Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Présidente


MEsseigneurs Ô£ Meilleurs les Commissaires pour les CXL1X
SÉANCE.
Moyens, ont pris le Bureau. Lecture faite de Fétat
des frais communs, Monseigneur l'Archevêque de Vienne
portant la parole , a dit :
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Les différentes dépenses dont nous venons de vous pré-
senter le détail, forment ensemble la somme de trois cents
douze mille neuf cents vingt-cinq livres neuf fols huit de-
niers, celles occasionnées par vos premières Séances, ont
monté à cinq cents soixante-dix-fept mille neuf cents foi-
32.46 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
xante-dix-neuflivres six fols : ces deux sommes réunies ccm-
pofent ensemble celle de huit cents quatre-vingt-dix mille
neuf cents quatre livres quinze fols huit deniers. Pour la
payer, vous avez d'abord les quatre cents mille livres pro-
venant des deux impositions ordonnées en 174s, pour sub-
venir en partie aux dépenses communes des Assemblées ;
ensuite les cent cinquante mille livres dont le Roi vous a
fait la remise en troisième lieu, les soixante-huit mille qua-
>
rante-une livres trois fols deux deniers, restés à votre dis
position par l'inexécution du projet de M. le Curé de Saint-
Sulpice ; òv ensin les soixante-quinze mille livres, à quoi
montent les sommes provenant du recouvrement du dé-
partement des Auteurs pour les cinq termes, pendant les-
quels íl a été exécuté. Ces quatre sommes réunies compo-
sent ensemble celle de six cents quatre-vingt-treize mille
quarante-une livres trois fols deux deniers, qui formera la
recette du compte que vous arrêterez pour cet objet.
La dépense sera de huit cents quatre-vingt-dix mille neuf
cents quatre livres quinze fols huit deniers 5 8£ par consé-
quent M. de Saint-Jullien se trouvera en avance de celle
de cent quatre-vingt-dix-sept mille huit cents soixante-trois
livres douze fols six deniers : il s'en remplira, en en faisant
la retenue sur le fonds des remboursements des rentes au
denier vingt-cinq des quatre Emprunts réunis, de la ma-
nière ô£ ainsi que vous l'avez prescrit par votre Délibéra-
tion du 14 du mois dernier.
Le Rapport fini, I'Assembîée a remerciéMesseigneurs ô£
Messieurs les Commissaires de leur travail.
Messeigneurs &C Messieurs les Commislaires, pour le Tem-
porel ont pris le Bureau. Monseigneur l'Archevêque d'Aix >
Chef , de la Commission, a dit:
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
NOUS avons examiné, conformément à vos désirs, les
réponses de M. le Contrôleur-Généralfur les différents ob-
jets de vos réclamations.
M. le Contrôleur-Général n a pas cru devoir se rendre
DU CLERGÉ DE FRANCE, i 2, SEPTEMBRE 1786. 1z 47
à vos représentations, concernant l'Arrêt du 7 Septembre
1785. Vous aviez représenté que Fautorisation du Com-
missaire départi pour les plans 8c devis de constructions
nouvelles des Gens de main-morte, n'étoit pas utile aux
droits du Roi dans le cas où les nouvelles construóìions n'é-
toient point soumises à de nouveaux droits j que les enchè-
res entraînoient des inconvénients pour les Communautés,
par la nécessité d'admettre des locataires moins connus qui
pouvoient être insolvables, ôc dont Fétat même pouvoir être
suspect &£ sans convenance, 6^ que le défaut d'autorisation
du Commis] aire départi ne de voit pas emporter une peine
aussi forte que celle du double droit d'amortistement dans
le cas où Famortistement est dû, ni une peine aufli sensi-
blement injuste que celle du simple droit cTamortisicment,
lorsqu'il n'y a pas lieu au droit d'amortissement.
M. le Contrôleur-Général a pensé que F Administration
générale devoir veiller sur Faugmentation des bâtiments des
Gens de main-morte ', que le Roi ne pouvoit pas prendre
de moyen plus simple &C moins onéreux, que la nécessité
de Fautorisation du Commissaire départi 5 que cette autori-
sation n'étoit fondée d'abord que sur la décision même du
Conseil, auquel il lui étoit enjoint par l'Arrêt de 1738,
de communiquer les plans & devis ; que l'Arrêt de 1785
n'avoit affranchi les plans ô£ devis des constructions moins
importantes de cette présentation au Conseil, & ne s'étoit
borné à la simple autorisation du Commiíîaire départi, que
dans la vue d'abréger les longueurs, &C de concourir aux
désirs des Communautés.
M. le Contrôleur-Général n'a considéré les enchères que
fous les rapports utiles, pour prévenir la fraude des droits
du Roi, 6í pour accroître même les revenus des Commu-
nautés. II présente les mêmes raisons qui déterminent les
Administrations d'états à choisir par préférence la voie des
enchères dans Fadjudication de toutes leurs entreprises, &L
il rappelle les mêmes précautions qui font usitées dans
toutes les enchères, pour écarter les Entrepreneurs insol-
vables.
M. le Contrôleur-Gênéraljustifie le double droit d'amor-
Ï2.4§ PROCÌíS-rERBAl DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tissement, parce qu'il est juste de punir ìa fraude, òc parce
qu'on ne peut la prévenir que par la crainte de la punition.
11 nous a paru dans la conférence, que dans, le cas où il
n'y a point lieu à la fraude, où le droit d'amortissement
n'est point dû, il ne regarde Farticle qui impose une amen-
de, que comme un article simplement comminatoire, qui
ne doit jamais avoir d'effet.
Vous aviez pensé que notre demande ne devoir avoir
pour objet que ce qu'on avoit ajouté à l'Arrêt de 1738 ,
&L devoit se renfermer dans les mêmes bornes que les ex-
tensions qu'on lui avoit données.
Notre zèle, toujours empressé à céder aux désirs que
chaque Province peut nous témoigner, avoit rempli tous
les objets de la plainte particulière qui nous avoit été remise.
Nous croyons que nous devons du moins aujourd'hui
rcnouveller nos représentations fur ce que l'Arrêt de 1785
ajoute à celui de 1738, &í son extension se borne à la me-
nace du simple droit d'amortissement dans le cas où le droit
d'amortiílemcnt n'est pas du.
M. le Contrôleur-Général nous avoit témoigné qu'il re-
gardoit Farticle comme comminatoire, il reconnoît que la
peine feroit injuste, quand il ne peut justifier la Loi qui.
1 ordonne, qu'en la regardant comme comminatoire. Cette
peine injuste est exigée par les Fermiers des droits : M. le
Contrôleur-Général reconnoît lui-même qu'elle est exigée,
puisqu'il veut bien en accorder la remise pour le pasié. L"ar-
ticle est absolu dans son expression, il forme le second article
de la Loi. Le simple droit d'amortiílement est énoncé dans
nn'eas auíìi clairement que le double droit dans une autre
Décision du. Conseil, du z8 Avril 175 1 contre les Reli-
,
gieuses de Notre-Dame de Pau, qui porte que la peine étoit
due clans tous les cas en vertu de l'Arrêt de 1738. II paroît
cependant, aux termes de cet Arrêt, que la peine n'est pro-
noncée que dans le cas où le droit d'amortissement est dû.
j,
L'Àrrcc de 178 qui la prononce en termes exprès, doit
être regardé comme bien plus décisif que celui de 1738,
qui ne la prononce pas.
Les Fermiers, qui ont fait des poursuites, regardent la
Loi
DU CLERGÉ DE FRANCE , 11 SEPTEMBRE 1786. 1249
Loi comme absolue j e£ s'ils en abusent, il est nécessaire d'en
prévenir les abus par une interprétation décisive. Nous vous
proposerons de charger Messieurs les Agents de faire de
nouvelles représentations à M. le Contrôleur - Général, ôí
de solliciter un Arrêt en interprétation de Farticle second de
celui du 7 Septembre 17 8 j, qui ordonne aux Gens de main-
morte de demander, pour leurs nouvelles constructions,
Fautorisation du Comrnistaire départi, sous peine de payer
un simple droit d'amortistement, dans le cas ou le droit
d'amortiílement n'est pas dû.
Sur quoi I'Assembîée a chargé Messieurs les Agents-
Généraux du Clergé de faire de nouvelles représentations
à M. le Contrôleur-Général, &C de solliciter un Arrêt en
interprétation de Farticle 2. de celui du 7 Septembre 178 y,
qui ordonne aux Gens de main-morte de demander, pour
leurs nouvelles constructions, Fautorisation duCommiílaire
départi, sous peine de payer un simple droit d'amortiste-
nient, dans le cas où le droit d'amortissement n'est pas dû.
Monseigneur l'Archevêque d'Aix a dit ensuite :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
M. le Contrôleur-Général marque les dispositions les plus
favorables pour l'exemption que réclament les Chapitres de
Saint-Gatien o£ de Saint-Martin de Tours, relativement à
l'imposition établie pour la construction d'un nouveau Ci-
metière. Cette astaire est suivie pardevant le Comité des
Finances, qui n'a point encore donné de décision 5 mais
M. le Contrôleur-Général nous donne Fassurance qu'il ne
la perdra point de vue. 11 pense que les Chanoines ayant
un Cimetière ou des Caveaux particuliers, ne doivent con-
tribuer, ni personnellement, ni à raison de leur habitation
à la construction des Cimetières des habitants. Nous prions
Messieurs les Agents de voir les Membres du Comité con-
tentieux & de leur faire part des dispositions de M. le Con-
,
trôleur-Général.
Sur quoi Messieurs les Agents-Généraux ont été chargés
de voir les Membres du Comité contentieux, ô£ de leur
Proces-verb. de 178^-1786. Ggggggg
izjo PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
faire part des dispositions de M. le Contrôleur-Général, re-
lativement à Fexemption que réclament les Chapitres de
Saint-Gatien 6c de Saint-Martin de Tours, concernant
Fimposition établie pour la construction d'un nouveau Ci-
metière.
Monseigneur l'Archevêque d'Aix a dit encore :
MESSEIGNEURS
ET MESSIEURS,
VOUS aviez demandé que les immeubles qui seroient lé-
gués aux Eglises, ô£ qui rentreroient dans ses mains à la
charge de s'en dessaisir dans le délai d'an ÒC jour, fusient
exemptés du centième denier, parce que la possession pré-
caire ôè" fixative de l'Eglife, en pareil cas, ne pouvoit être
assimilée à une propriété véritable &£ permanente.
M. le Contrôleur-Général ne croit pas pouvoir blâmer
la demande que les Fermiers du Domaine ont faite du droit
de centième denier dans Fefpece même dont il s'agit, parce
qu'il Fa trouvée fondée fur plusieurs Décisions du Conseil,
6c sur les règles par lesquelles cette partie des revenus du
Roi a toujours été juste.
Ces règles émanoient de ce principe, que l'Eglife léga-
taire en rentrant en possession devient propriétaire par
Feffet du don ou du jugement ,qui est son titre, & que la
propriété lui est tellement acquise, que c'est de ses mains
qu'elle pasie dans celle des Acquéreurs. Elle ne peut pas
conserver Cette propriété mais elle la transmet. Elle ne
,
pourroit pas la transmettre, si elle ne Favoit pas. Elle dis-
pose en son nom : elle donne une garantie personnelle des
rentes &C aliénations qu'elle fait.
M. le Contrôleur-Général rapporte des exemples du paie-
ment du centième denier dans des cas où la propriété n'est
point incommutable, tels que les ventes à faculté de réméré,
les donations qui deviennent nulles, les engagements les
antichreses. La question même ayant été renvoyée au ,Co-
mité contentieux, a été jugée fur son avis en faveur du
Domaine.
Nous ne rechercherons point les raisons tirées' des cir-
DU CLERGÉ DE FRANCE , Î i SEPTEMBRE 1786. Ï 2, jï
constances dans lesquelles la cesiation de la propriété est in-
certaine, éventuelle, imprévue. M. le Contrôleur-Général
ne nous laiíle aucun intérêt à chercher des raisons pour les
opposer aux Décisions du Conseil, 8c aux exemples qu'il
rappelle.
11 reconnoît lui-même que cette Jurisprudence est exces-
sivement rigoureuse lorsqu'elle s'applique au cas où l'E-
,
glife ne reçoit un legs, bC ne rentre dans une ancienne posi
íesiion, qu'à la condition exoresie de s'en deílaisir, §c de
n'en conserver que la valeur.
11 pense qu'on peut la regarder alors comme non inves-
tie réellement de la propriété j elle ne l'acquiert pas de fait;
elle ne peut pas même ©tre censée l'acquérir de droit, puis-
que la Loi ne peut réputer, ni pour réel, ni pour juridique
ce que la Loi elle-même déclare nul <k. illicite. Le voeu de
la Loi, dit M. le Contrôleur-Général, est fidèlement rem-
pli par la remise de Fimmeuble sur lequel la main-morte
,
n'a qu'un droit passager, néceslairement réductible en mo-
bilier ou en biens, qui, par leur nature, ne font point pas-
sibles du centième denier.
M. le Contrôleur-Général observe que l'exemption du
,
centième denier a été prononcée par la Déclaration de 1774,
en faveur des Hôpitaux. II donne Faílurance de proposer au
Conseil de Sa Majesté une décision favorable à la demande
du Clergé, Nous vous proposons de charger Messieurs les
Agents de poursuivre auprès de M. le Contrôleur-Général
la décision favorable qu'il annonce.
Sur quoi I'Assembîée a chargé Messieurs les Agents de
poursuivre auprès de M. le Contrôleur-Général la décision
favorable qu'il annonce relativement au centième denier.
,
Monseigneur l'Archevêque d'Aix continuant son Rap-
port, a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
NOUS avions réclamé l'exemption des impositions pour
une rente appartenante au Chapitre de Saint-Malo , placée
fur le Roi par un revirement qui est la fuite de la rentrée
^
CjCrcrcrCrcrp- -rM
fc> ÌD fc} 'O L> b
Ï ij 7.
PROCES-FERBALDE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
de Sa Majesté dans la Régie des Contrôles en Bretagne. II
ïéfulte de la vérification qui a été faite fur les états du Roi,
qu'il ne s'y trouve que deux rentes assignées fur le Do-
maine de Dinan : l'une de 710 livres ; l'autre de z livres
8 fols qui semblent être d'anciennes fondations. M. le
j
Contrôleur - Général reconnoît qu'aucune rente apparte-
nante à l'Eglife, ne doit être sujette à la retenue, &C de-
mande qu'on lui fasse connoître la quotité de la rente dont
il s'agit & fur quel état elle est employée. M. l'Abbé de
j
Grand-Clos s'est chargé de prendre les éclaircissements, &
de les communiquer à Messieurs les Agents, que nous prie-
rons de les remettre à M. le Contrôleur-Général.
Sur quoi Messieurs les Agents«ont été chargés de re-
mettre à M. le Contrôleur-Général les éclaircissements qu'il
demande fur la rente due au Chapitre de Saint-Malo , 6c
d'accorder leurs bons offices à ce Chapitre pour le succès
de cette assaire.
Monseigneur FArchevêque d'Aix a ajouté que Monsei-
gneur FEvêque de Nevers alloit rendre compte à I'Assem-
bîée des réflexions de la Commission fur la réponse de M. le
Contrôleur - Général, au Mémoire concernant le faic des
tailles. En conséquence, Monseigneur FEvêque de Nevers
a dit:
MESSEIGNEURS ET MESSIEURS,
Le Mémoire remis, par I'Assembîée du Clergé, à M. le
Contrôleur-Général des Finances fur le fait des tailles a
, ,
été répondu par une Lettre de ce Ministre, dont l'objet 8c
les détails font également dignes d'iatéresser FOrdre Ecclé-
siastique.
11 paroîtroit, par cette Lettre que la nature de Fimpôc
,
déterminé par la Déclaration de 1776, a été distinguée dans
le Mémoire du Clergé, 8c contre Fefprit du Législateur,
de Fimposition ordonnée par la Déclaration de 17685 que
l'incertitude du taux de la taille réelle introduite récem-
ment dans la Généralité de Paris , n'a pour objet qu'une
répartition plus juste dont le Ciergé ne peut pas se plain-
,
DU CLERGÉ DE FRANCE ., T % SEPTEMBRE 1786. 115 *
dre j qu'en voulant étendre le privilège de l'exemption de
la taille aux dîmes, prés bois & usines, indépendam-
,
ment du labour de quatre charrues, le Clergé contredit les
principes du Conseil, & les approches d'une décision ne
lui présentent dès-lors que des motifs de crainte. Repre-
nons séparément chacun de ces trois objets j leur dévelop-
pement en fera juger le mérite.
« Le Clergé paroît croire, dit M. le Contrôleur-Général, Premier P* objet.
33 que
la Déclaration de 1776 a introduit une taille réelle
•>>portant
fur les Fermiers seulement, òc représentant la
•>•>taxe ordonnée sur les biens-fonds par FArticle 7 de la
33
Déclaration du 7 Février 1768 laquelle taxe devoit,
,
33 aux termes
de cette même Déclaration être acquittée
, ,
33
moitié par le Propriétaire, moitié par le Fermier 5 d'où le
33
Clergé fait résulter que le Propriétaire privilégié qui étoit
» exempt de payer la moitié de cette taxe, est actuellement
^3
obligé de la payer en totalité dans la personne de son Fer-
33 mier j mais
le Clergé a été induit en erreur, par la dif-
9*
férence des expressions employées dans les deux Loix,
33 pour exprimer
la même choie. La taxe ordonnée par la
33
Déclaration de 1768 fur chaque fonds de terre, présente,
33
sous un seul nom, la totalité de la taille de quelque ma-
33 niere
qu'elle soit acquittée. 33
En suivant cette idée, le Ministre établit en principe que
la taxe sur les fonds ordonnée en 1768 n'est qu'une feule
,
&C même chose avec la taille réelle c£ personnelle ordon-
née en 17763 que la taxe sur les fonds a été balancée exac-
tement par les deux espèces de taille postérieurement in-
troduites 5 que lá première imposition a été la mesure adé-
quate ô£ complète des deux secondes : il en tire cette con-
séquence vraie dans son raisonnement, que la Déclaration
de 1776 n'a fait au Clergé nul préjudice 5 c'est ce qu'il
importe d'examiner.
NOUS observons d'abord que le Clergé n'a jamais pensé,
ni soutenu que la taille réelle introduite en 1776 s'étendît
,
fur les Fermiers seulement. II s'est, à la vérité borné à Fétu-
,
dier dans les rapports avec eux, parce qu'elle ne lui pré-
sentoit que ce degré d'intérêt 5 mais cette réserve ainsi en-
X2.J4 P PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
tendue, annonce sa modération, &C ne présente pas même
les dehors d'une méprise.
S'il avoit distingué une simple taxe sur les fonds, d'une
taille tout à la fois réelle &C personnelle, cette erreur eût été
pardonnable sans doute. ï 9. Les dénominations n'étoientpas
les mêmes ; ÔC, en matière d'impôt, les changements de
nom n'annoncent que trop souvent un changement dans la
perception. x°. La nature des deux impôts disséroit au
moins en partie : la taxe fur les fonds présente Fidée simple
d'une charge territoriale : la taille réelle & personnelle pré-
sente une idée complexe, relative au bien &C à celui qui le
possède. 3 °. Les effets des deux Loix, c'est-à-dire, les char-
ges qu'elles imposent, ne pouvoient pas s'assimiler, puisque
le Législateur ne s'explique, ni en 1768 ni en 1776 íur
,
îa mesure de ces chartes. On voit seulement qu'en 1776
la taille personnelle est du vingtième des revenus; qu en
1768 la quotité de la taxe n'est déterminée pour aucune
de ses parties.
Quoi qu'il en soit de cette distinction ou de cette iden-
,
tité d'impôt, le Clergé ne pouvoit se faire un moyen , ni
de l'une, ni de l'autre. II a parlé de la taille réelle ôc per-
sonnelle pour se rendre intelligible, pour déterminer plus
nettement son objet, pour parler le langage reçu : quel étoit
Fobjet de son Mémoire ? C'étoit de rappeller son état an-
cien , 6c d'exposer ses plaintes nouvelles. Son état ancien
consistoit en ce que ses Fermiers ne sussent imposés à la taille
qu'à raison de leurs profits, évalués au dixième des produits.
Ses plaintes nouvelles étoient dirigées contre la Déclaration
de 1768 6c plus encore contre celle de 1776.
,
La Déclaration de 1768 introduifoit une taxe fur les
terres, qui devoir se partager entre le Propriétaire 6c le Fer-
mier, de telle sorte que la moitié de la taxe n avoit pas lieu
lorsque le Propriétaire étoit exempt.
Le Clergé réclamant contre cette Loi, y a fait apperce-
voir les principes d'une contribution jusqu'alors nouvelle
pour lui; il a représenté queVétoit faire porter à ses Fer-
miers la moitié de la charge imposée sur le reste des Tailla-
blés; il a dit que le nom foui d'une taxe fur les fonds est
DU CLERGÉ DE FRANCE jii SEPTEMBRE 1786. 12. jj
une infraction au privilège ecclésiastique ; que c'étoit aggra-
ver le sort de ses Fermiers, que de leur imposer même lá
moitié d'un fardeau qui lui est étranger dans toutes ses
parties.
Cette plainte a été d'autant plus fondée, que Fimposition
des Fermiers, à raison des profits, n'a pas cessé, lorsque la
moitié de la taxe fiir les fonds a commencé à s'introduire.
Par-tout où la Déclaration de 1768 s'exécute, les Fermiers
supportent deux quotes'; celle de leur industrie ou des pro-
fits, 6c celle de la taxe fur les terres. Les demandes en ra-
diation de l'une des deux, fontrejettées dans les Elections:
il feroit facile d'en rapporter des exemples fans nombre. Le
Chapitre de Gueret, en Marche, Généralité de Moulins,
en a fait en particulier la triste expérience.
Les choses empirèrent en 1776: le Clergé, en s'expri-
niant fur la Loi qui parut cette année, n'a pas dû s'élever
contre la taxe fur les terres : on lui eût répliqué que cette
taxe n'avoit plus lieu dans la Généralité de Paris, qu'elle
avoit été remplacée par une taille réelle 6c personnelle, 6C
cette réponse eût été juste : mais puisque la taxe íur les
terres de 1768 n'est qu'une feule'& même chose, suivant
la Lettre du Ministre, avec la taille réelle Ôc personnelle de
1776, le Clergé ne variant pas son langage, dira que la
taxe sur les fonds, qui commença à le grever en 1768, le
grève beaucoup plus depuis 1776, 6c voici comment.
La taxe fur les fonds de 1768 étoit partagée en deux
portions égales , dont l'une étoit supportée par les Fermiers,
l'autre étoit attribuée au Propriétaire 6c tomboit en non
valeur, si le Propriétaire étoit exempt., Dans cet état, il ne
retomboit au moins fur les biens ecclésiastiques que la moi-
tié de la taxe totale. II n'en est plus ainsi depuis 1776; la
taxe fur les fonds est partagée en deux portions très-inéga-
les : Fune correspondante aux neuf dixièmes de la totalité
de la taille ou environ, fous le nom de Taille réelle, est sup-
portée par les Fermiers. Le dixième restant est attribué au
Propriétaire, 6c tombe en non valeur, si ce Propriétaire est
exempt. La différence est sensible ; il en résulte que d'une
taxe de cent livres, jettée fur un fonds quelconque , le Fer-
Ï 2,5 6 PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
mier ecclésiastique ne supportoit que cinquante livres en
1768, qu'il en supporte quatre-vingt-dix depuis 1776. C'est
la différence de cette situation que le Clergé a voulu pein-
dre, 6c il croit n'avoir pas manqué son objet. Si le Gou-
vernement exige de lui qu'il parle,le langage de 1768, il
dira qu'à cette époque, il ne supportoit, dans la personne
de ses Fermiers, que la moitié de la taxe fur les fonds dont
il ne devoir rien supporter du tout, àc que depuis ce temps
il en supporte les neuf dixièmes ou environ.
i Si l'on exige qu'il parle le nouveau langage, il articu-
.
lera que son privilège ne se borne pas à l'exemption de la
taille personnelle ; qu'il s'étend à l'exemption de la taille
réelle &C vraiment accablante, assise fur íes Fermiers; que
ses Fermiers ne doivent être imposés qu'à raison de leurs
profits, évalués au dixième des produits, ëc que ces profits,
imposés au dixième suivant la règle convenue en 1750, ne
,
présentent qu'une légère imposition du centième tandis
,
aue la nouvelle taille réelle 6c ses accesioires s'élèvent au-
jourd'hui au tiers des revenus, 6c quelquefois davantage.
II faut donc dire, Mesieigneurs 6c Messieurs, en nous
f
résumant fur ce premier objet, que FAsiemblée n'a nulle-
ment distingué dans son Mémoire des objets dont la légis-
lation n'auroit fait que changer le nom; qu'il est sans inté-
rêt clans cette distinction ; qu'il.a borné ses représentations à
rappeller son privilège, à montrer le préjudice que lui fai-
soit. la Déclaration de 1768, 6c le préjudice plus grand
encore que lui cause celle de 1776.
Second objet « La Déclaration de 1776, dit M. le Contrôleur-Géné-
de k Lettre. 33.rai a fixé invariablement le taux de la taille personnelle
j
33 au
vingtième des revenus, mais n'a point déterminé le
33 taux
de la taille réelle, parce qu'il a paru juste qu'il pût
33
être proportionné à la qualité des terres dans chaque Pa-
33 roifle, &
mis en balance avec leurs produits? 33
« Le Clergé reconnoît combien le motif de cette
dífpo-
33
fition est raisonnable ; mais il ajoute que l'on a beaucoup
33
forcé le taux de la taille réelle, de forte que la taille per-
33
fonneile dont le Clergé est exempt, étant très-modérée,
*•>cette exemption
n'est plus que d'un modique objet, 6c
33 que
DU CLERGÉ DÉ FRANCE 3 11 SEPTEMBRE 1786. 1 1 j- 7
» que tout le fardeau de Fimpôt résine, par la taille réelle,
33 sur
les Fermiers, qui, obligés de payer plus de taille
diminuent leurs prix de baux. ,
33 »
M. le Contrôleur-Général s'attachant à cette idée en
,
conclut qu'il eût été difficile cc injuste d'assujettir par-tout
les Fermiers au même taux de taille à raison de la diffé-
,
rence des frais ou des peines de leur exploitation; &C cette
vérité spéculative, convenue par le Clergé, est connue de
tout le monde; mais en réfulte-t-il que Fincertitude du taux
de la taille réelle íoit un avantage pour les Fermiers, qu'elle
ait été introduite dans la vue de les foulao-er suivant leurs
,
frais 6c leurs dépenses respectives, c'est ce qu'il paroît im-
possible de penser; 6c voici nos motifs. i°. L'incertitude
du taux d'une imposition quelconque n'est jamais un bien,
parce qu'elle en met la mesure dans la main des Adminis-
trateurs , place les Contribuables dans la position la plus af-
fligeante, décourage leur industrie, òc prépare tous les maux
que Farbitraire le plus absolu peut produire. II ne faut pas
que le taux de la taille réelle soit fixe dans ce sens , que cha-
que arpent de terre paie un tribut égal, lans rapport à fa
qualité ; mais il faut que ce taux foie déterminé, de manière
que le Contribuable íache s'il doit à FEtat le quart, le hui-
tième, le dixième de fà fortune. zQ. Si le Lépistateur avoit
voulu que le taux de la taille réelle fût incertain dans la
vue de soulager les Exploitants des terres médiocres ou mau-
vaises, il auroit voulu, par une fuite nécesiaire, que le taux
de la taille personnelle fût incertain, pour ne pas trop gre-
ver les Propriétaires des terres médiocres ou mauvaises.
L'une de ces classes n'est pas à ses yeux moins intéressante
que l'autre : la justice, la faveur sont dues à toutes deux;
6c cependant la taille personnelle, qui tombe Iur la pro-
priété, est fixée au vingtième des revenus, tandis que la
taille réelle, qui tombe íur les Fermiers, n'a pas de quotité
déterminée. 3 °. Si le Gouvernement n'avoit fait que céder'
au désir de favoriser les Exploitants à raison de leurs frais
6c de leurs dépenses, il avoit une marche bien plus simple
à suivre ; c'étoit de laisser subsister entre le Propriétaire &
le Fermier Fégalité de taxe ordonnée par la Déclaration de
Procès-verb. de 17 8 j -17 8 6. Hhhhhhh
ï IJ 8 pROchs-FËRBAZ DE LASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
%7 6 8 :
il a sait tout le contraire par la Déclaration de T 77 6 ;
il a reporté sur les Fermiers quatre cinquièmes ou environ
de la charge des Propriétaires, 6c ne leur a laisté pour dé-
dommagement au'une incertitude dans-la réoartition plus
affligeante encore que leur fardeau lui-même. 11 existe donc
une vérité ultérieure, un mobile plus puisiant pour laisser
ainsi dans Fincertitude le taux de la taille réelle 6c nous
,
croyons pouvoir Findiquer avec aílurance. Le produit de
la taille porte chaque année une somme à peu prés égale
dans les coures du Roi. Cette somme ne peut être prise que
sur la clafles des Propriétaires ou íur celle des Exploi-
tants: parmi les Propriétaires les Loix admettent beaucoup
d'exemptions, parmi les Exploitants elles n'en admettent
preÍQuc aucune, Irest indifférent au Propriétaire taiiìable
.
que la force de ion imposition tombe, ou íur la taille per-
sonnelle* ou sur la taille réelle, parce qu'il paie, ou direc-
tement, ou indirectement l'une 6c l'autre. La diversité des
dénominations lui devient, par ce moyen, réellement in-
diííérente. L'exempt voit les choses fous un autre point de
vue; il ne paie pas.la' taille personnelle : si cette taille est un
objet modique son privilège n'est rien ; si la taille réelle ou •
,
d'exploitation est forte, iil'acquitte sous le nom de son Fer-
mier :ii perd ainsi, sous une qualité, ce qu'il conserve seu-
lement en apparence fous l'autre. Le Mémoire du Clergé'
a fait sentir ces différences-: ses représentations ont établi,
comme premier grief, que íes Fermiers font imposés à d'au-
tre titre que celui de leurs profits ; comme second grief,
qu'ils font soumis à une portion quelconque de la taxe éta-
blie íur les fonds ; comme troisième grief, que la portion
de cette taxe, ou, quoi qu'il en soit, la taille réelle jettée sur
eux, correspond aux neuf dixièmes ou environ des deux
espèces de taille. Le résultat a été qu'en faisant refluer prés
que toute la taille personnelle, sur la réelle, vos Fer-
miers supportent èc vous supportez indirectement presque
toute une imposition, dont vous ne devez pas la moindre
partie.
M. le Contrôleur-Général s'efforce d'écarter, de deux
manières, ces inductions, ÒC les plaintes qu'elles font naî-
DU CLERGÉ DE FRANCE, 11 SEPTEMBRE 1786. 1 2 j9
tre : d'une part il assure que la mobilité du taux de la taille
réelle n'a pour principe que le desiein de proportionner la
quote des Fermiers avec leurs frais & leurs dépenses; 6C
vous venez de voir combien ce moyen présente de dangers ,
combien il est facile d'atteindre la même sin par des me-
sures différentes; d'autre part la Lettre nous annonce que,
ni M. FIntendant de Paris, ni le Gouvernement ne se sont
proposés de faire refluer la taille personnelle fur la réelle,
pour reporter far les Ecclésiastiques une charge qui leur fut
étrangère. Vous n'en êtes que plus autorisés à dénoncer aux
Ministres du Roi un esset devenu malheureusement trop
sensible à réclamer contre ses suites, 6c à demander avec
,
la plus juste confiance le redressement d'un grief fi funeste
à vos immunités.
« Le troisième objet du Mémoire du Clergé, dit M. le jet .T
Troisièmeob-
de k Lettre,
33
Contrôleur-Général, est relatif à l'assujettiílement de la
33
taille des bois, vignes prés 6c étangs que fait, valoir un
,
33
Ecclésiastique. Ces objets doivent-ils faire partie des qua-
33 tre
charrues auxquelles le privilège est limité? ou le pri-
33
vilégié peut-il les faire valoir au-delà des quatre charrues ?*>
La question Messeigneurs 6c Messieurs, est simple 6c
,
facile ; mais ne pouvons-nous pas dire aussi qu'il vous pa-
roîtra nouveau de la voir devenir problématique ? M. le
Contrôleur-Général convient que la Noblesse a fait, sur ce
sujet, des représentationsanalogues à celles du Clergé, que
la Cour des Aides a paru les trouver justes, 6c y a confor-
mé ses décisions : il finit par ajouter que cette Cour n'est
pas d'accord , à cet égard, avec les principes du Conseil,
6c cette assertion a dequoi vous étonner fans doute. Com-
ment en esset, Messeigneurs 6c Messieurs, la Nation peut-
elle se fixer autrement que par les Loix fur les principes
d'un Tribunal, qui, placé fous les yeux du Légistateur, est
à portée de démêler plus que tout autre ses volontés, 6C
même ses motifs?
Ce fut en 1667 que parut FEdit portant limitation à
quatre charrues des privilèges des Nobles 6c des Ecclésias-
tiques. Vous avez établi dans votre Mémoire, par le préam-
bule même de cet Edit, que la limitation eut pour objet
H hh hhhh z
izôo PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
die prévenir les fraudes, les baux secrets par lesquels les No-
bles 6C les Ecclésiastiques éludoient le paiement de la taille
due par de véritables Fermiers, qui ne paroissoient être que
des Agents à leurs ordres : vous avez montré que la me-
sure du privilège avoit été déterminée par la possibilité de
Fexercer : vous en avez conclu que la culture des vignes,
la levée des foins, l'expìoitation des bois, la perception des
dîmes, la recette des rentes pouvant.se concilier avec le
labour de quarte charrues, il n'étoit pas survenu de chan-
gement sur tous ces objets.
La pratique constante d'un Ciecìe a confirmé cette inter-
prétation les Arrêts Font avouée; il y a plus :1a Déclara-
,
tion de 1713 prononce expresiément dans son préambule,
que le privilège d'exemption de taille consiste dans la fa-
culté de faire valoir quatre charrues indépendamment des
,
prés, bois, usines ÔC autres objets qui peuvent se concilier
avec ce labour.
Cette Loi a été connue du Conseil, dont elle est Fou-
vrage; elle a été enregistrée à la Cour des Aides; elle est
devenue la règle des Jugements. S'il est possible que le
Conseil ait aujourd'hui d'autres maximes, c'est qu'il au-
roit abandonné celles qu'une vénérable antiquité avoit jadis
consacrées. Vous ne verrez dans ce changement que des
motifs d'une plus courageuse défense. La vérité a des droits
imprescriptibles ; c'est íur-tout dans le Conseil de nos Rois
que ces droits doivent être maintenus, 6c tout nous en fait
concevoir l'espérance.
Dans ces circonstances le Bureau regrettant que la fin
de vos Séances ne vous permettent pas de faire auprès de
M. le Contrôleur-Général, de nouvelles démarches, est
d'avis que les observations que nous venons de vous lire,
lui soient remises par Messieurs vos Agents 6c qu'ils sollici-
,
tent avec le zèle dont ils'vous ont déja donné bien des preu-
ves , une réponse plus satisfaisante à votre précédent Mé-
moire.
Le Rapport fini, Messieurs les Agents ont été chargés
de mettre fous les yeux de M. le Contrôleur-Général les
justes 6c solides réflexions de la Commission, 6c de follici-
DU CLERGÉ DE FRANCE , ï z SEPTEMBRE 1786. 1z 61
ter, avec toute l'activité de leur zèle, une réponse plus sa-
tisfaisante au Mémoire de I'Assembîée sur les tailles.-,
II a étéfait lecture d'un Mémoirede Monseigneur FEvêque
d'Usez, qui se plaint d'une entreprisef||ce dans l'Eglife Pa-
roissiale de Monfrin de son Çiocese, par M. le Grand-
Prieur de Saint-Gilles, ,
de FOrdre de Malthe lors de la
,
visite par lui faite de cette Eglise. L'assaire n'étant pas assez
instruite pour que I'Assembîée du Clergé forme un voeu
positif, il a été délibéré que Messieurs les Agents en pren-
droient une connoissance plus particulière, 6c accorderoient
leurs bons offices, au nom du Clergé, à Monseigneur FEvê-
que d'Usez en tout ce qui peut intérester le maintien de
la Jurisdiction épiscopale.
Monsieur l'Abbé de Montesquiou a dit :
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Parmi les différents privilèges que vous avez bien voulu
confier à nos foins, il en est un attaqué depuis long-temps,
6C pour lequel nos prédécesseurs ont souvent combattu avec
succès, mais fans pouvoir lui rendre sii première stabilité :
c'est celui de ne pas contribuer, pour vos biens-fonds, aux
charges particulières des Communautés laïques. Instruits,
Messeigneurs ôc Messieurs, des obstacles que nous aurions
à vaincre pour vous faire jouir d'une exemption prononcée
par la Loi, 6c toujours avouée dans vos Contrats, nous nous
préparions à la défendre avec le zèle dû à vos intérêts, lors-
qu'on nous a Référé des entreprises plus extraordinaires en-
core , &C qui annoncent peut-être moins Fignorance des
principes que le dessein formé d'attaquer les biens ecclésias-
tiques dans un de leurs plus anciens privilèges.
Les Communautés laïques,' au milieu de leurs efforts
pour faire contribuer les biens du Clergé à leurs charges
particulières, avoient toujours respecté l'exemption. des dî-
mes. On croyoit qu'ayant, par leur nature, une destination
toute spirituelle, elles ne pouvoient être employées à des
usages profanes, que leurs charges privilégiées dévoient ex-
clure toutes les autres, 6c que les impositions mises fur les
ÏI6I PROCES'FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
Communautés laïques ne devant jamais être réparties que
,
íur les biens-fonds, les dîmes ne pouvoient pas être appel-
lées à les supporter-: cependant elles y ont été comprises dans
quelques Paroistes,jtì|es Décimateurs, contraints de payer,
ont en vain réclamcleur antique ^f l
orivileg;e; les Magistrats,
chargés de Fexécution des Loix,n'ont 1 Í->
pas craint (D
d'en chan-
ger le texte ou d'en trahir les intérêts : ainsi c'est pour le
premier patrimoine -de l'Eglife que nous sollicitons aujour-
d'hui le secours de l'Aílemblée ; 6c ce n'est pas seulement
contre de vaines prétentions, -mais contre des décisions
précises que nous venons réclamer pour vos droits.
Les habitants de la Paroisie de Celles, en Bourp-ogiie, ont
demandé la reconstruction d'un pont, situé dans leur ter-
ritoire : une ordonnance duCommisiaire départi a prononcé
íur cette reconstruction, 6c a statué que les frais en 1croient
supportés par les biens-fonds appartenants aux Forains ou
domiciliés de ladite Paroisie, privilégiés ou non privilégiés :
les habitants ont cru pouvoir en conséquence comprendre
dans Fimposition les Religieux de F Abbaye de Molefme,
gros Décimateurs de cette Paroisie, 6c qui n'y posiedent
que des dîmes. Ceux-ci ont réclamé l'exemption générale
des Décimateurs; mais la Communauté ayant refusé de la
reconnoître, ils ont été contraints de payer la somme de
cent soixante-treize livres , 6í en ont poursuivi la restitution
auprès du Commiíìaire départi. Dans leurs défenses ils op-
poloient d'abord l'exemption des biens-ecclésiastiques, les
Déclarations de ï 619 6c 1 614, qui prononcent en saveur
du Clergé Faffranchissement de toutes les subventions, im-
polirions, réparations de murailles, ponts 6t fontaines, 6c
les Contrats pastés entre le Roi &C le Clergé, qui vien-
nent fans cesse donner à ces Loix une vie 6c une sanction
nouvelle.
A ces titres généraux les Religieux de Molefme ajou-
toient ceux qui assurent plus particulièrement aux dîmes
l'exemption de toutes ces impositions locales.
Les dîmes font, parleur nature entièrement consacrées
,
à l'entretien des Ministres de la Religion Ô£ au service des
Autels : c'est un bien mis à part pour assurer Fexercice con-
DU CLERGÉ DE FRANCE , ï z SEPTEMBRE Ï 786'. 1 2. ç5
tinuel du culte divin, &C en acquitter les frais indispensa-
bles 5 c'est le.dépôt sacré où la piété des peuples doit trou-
ver, dans tous les temps, le gage assuré du maintien de ìa
Religion dans toute fr décence 6c dans toute fa splendeur:
les dîmes mises, pour ainsi dire, hors de la société, ont donc
reçu des charges particulières , auxquelles la Religion 6c
FEtat les ont entiérefnent consacrés ; c'est le paiement de
la Portion conçrrue, Fentrctien àics Ministres les réoara-
,
tions du Choeur des Eglises, la fourniture des livres oC or-
nements, lorsque les revenus des Fabriques ne suffisent pas.
Ces obligations ont paru si précises que FEdit de 1693- or-
,
donne la saisie, 6c même Fadjudication des dimes pour'
les acquitter ; 6c la Jurisprudence des Cours veut que les dî-
mes ecclésiastiques s'épuisent avant d'y faire contribuer les
dîmes inféodées. Aussi voyons-nous trop souvent les Dé-
cimateurs obligés d'abandonner leurs dîmes, dansl'impuis-
sance de subvenir à ces frais; les Tribunaux, qui veillent
fur la conservation de cet ancien patrimoine de FEgiiíe
,
en permettre cependant, ou en ordonner Faliénation; 6c
froids íur les plaintes des Décimateurs, rappeiler les dîmes
à leurs véritables destinations, 6c au voeu de la Loi qui les
a consacrées aux besoins de l'Eglife jusqu'à leur entier épui-
sement. Mais si les dîmes doivent acquitter ces charges jus-
qu'à leur extinction totale ; si les Décimateurs font obligés
de les y consacrer entièrement,, toute autre especc d'impo-
sition leur esc donc étrangère ; car enfin on ne peut pas être
entièrement appliqué à un objet, 6c se trouver appliqué
ailleurs. Quel feroit le fort des Décimateurs, si, obligés de
s'épuiser pour le service des Autels, ils avoient encore d'au-
tres charges à acquitter ? Que deviendroit ce dépôt sacré,
réservé par la Loi au Service divin, &C qui cependant pour-
roit se dissiper dans mille autres objets? Concluons que les
dîmes ne peuvent supporter des chartes que celles que la
Loi leur a imposées jusqu'à leur entier épuisement : en dis-
traire une partie, c'est l'enlever à sa destination, 6c la Loi
doit alors réclamer la portion qui s'égare dans des objets
qu'elle ne leur a pas fixés : ausiiles dîmes n'ont-elles jamais
contribué à ces charges étrangères; les Arrêts ont toujours
ii 64 P PROCÈS-VERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
repoussé les prétentions des Communautés ; 6c les Reli-
gieux, en défendant leur exemption, dérendoient les droits
les plus antiques fur lesquels un Commissaire départi puisse
jamais avoir à prononcer.
.
Après avoir démontré que les dîmes étoient, par leur
nature, entièrement consacrées au Service divin, Òc ne pou-
voient qu'en acquitter les charges, les Religieux de Molef-
me examinoient l'Ordonnance qu'on leur oppotoit, & ils
n'y trouvoient rien qui pût justifier les prétentions de la
Communauté de Celles. En effet, cette Ordonnance pro-
nonçoit que ces frais ieroient supportés par les possédants
fonds ; mais la dîme est un revenu 6c non pas un bien-
,
fonds ; elle en est même si estentiellement distincte que les
,
Cours n'ont jamais voulu l'appeller une dette de la terre,
mais feulement une portion des fruits : c'est une rente, une
redevance faite à l'Eglife; mais c'est si peu un bien-fonds,
que le Décimateur ne posiede point de terre , 6c qu'il ne
peut faire fur celle qu'il dîme, aucun acre de propriété.
Ainsi, puisque les Propriétaires des fonds dévoient seuls être
inrpofés, les Décimateurs ne dévoient pas l'être.
Les Religieux de Molefme réclamoient donc la somme
qu'on avoit injustement exigée d'eux ; parce que les biens
ecclésiastiques font généralement exempts de toutes ces im-
positions ; parce que les dîmes ont une destination 6c des:
charges particulières; parce qu'enfin l'Ordonnance qu'on,
leur oppoíoit, ne les y avoit pas assujettis : ils se bornoient
donc à demander que le Commissaire départi rendît hom-
mage aux Loix 6c aux vrais principes. Cependant une se-
conde Ordonnance est venu confirmer les prétentions de
la Communauté; l'imposition a été déclarée justement per-
çue , &C les Religieux ont été obligés de réclamer auprès du
Conseil de Sa Majesté, la faveur des Loix 6c les droits sa-
crés de la posiestîon.
Ils y présentent aujourd'hui les mêmes moyens de défense
qui auroient dû leur éviter une première condamnation ,
6c la Communauté de Celles ne leur en oppose pas de nou-
veaux : elle ajoute feulement que les dîmes ne font exemp-
tes qu'en vertu d'un privilège, qu'elles font un bien-fonds,-
parce
DU CLERGÉ DE FRANCE , ï z SEPTEMBRE 1786. 116 j
parce qu'elles viennent de la terre , 6c que l'Ordonnance
du Commissaire départi ayant soumis à cette imposition tous
les fonds privilégiés ou non privilégiés, elle a dû imposer
les Religieux de Molefme qui possèdent des dîmes, cc n'ont
que des privilèges à prétendre.
Mais ce n'est pas en vertu d'un privilège que les dîmes
iont exemptes de contribuer aux charges particulières des
Communautés laïques. Un privilège est toujours une fa-
veur; particulière accordée contre le Droit Commun, 6c
c'est, au contraire, par le Droit Commun que les dîmes
font exemntes de cette eípece d'imoosition : un privilège est
toujours une véritable <>racc ; &: les Décimateurs n'en re-
çoivent point, puisqu'ils ne doivent l'exemption de leurs
dimes qu'aux autres charges auxquelles on les a entièrement
consacrés. On n'avoit peut-être jamais dit qu'un Proprié-
taire, obligé d'épuiíer ses poíleflions pour acquitter des obli-
gations ^imposées par ia Loi, est un Propriétaire privilégié.
Ce n'est donc pas en vertu d'un privilège que les Religieux
de Molefme réclamoient l'exemption de, leurs dîmes, mais
en vertu de la Loi qui, les ayant appliquées toutes entières
à un objet, les a séparées de tous les autres.
Mais quand nous n'aurions à réclamer pour les dîmes
que les privilèges des biens ecclésiastiques, eít-ii vrai qu'une
Ordonnance d'Intendant pourroit les détruire qu'on pour-
roit les confondre avec ces privilèges que le ,Commissaire
départi a soumis indistinctement à Facquittement des frais
de reconstruction du pont de Celles? Les privilèges ecclé-
siastiques ne font pas des conceiiions de nos Princes ; c'est
Fancien droit de la Nation, fidèlement conservé par le pre-
mier Ordre de l'Etat. Faut-il rappeller que nos pères, dans
quelque Ordre qu'ils fullent placés, n'ont jamais reconnu
dans nos Rois le pouvoir de les imposer; que libres comme
des Francs dévoient l'être ils offroient à F Etat les íecours
qu'ils jugeoient nécessaires, ; que leur droit le plus cher suc
long-temps de pouvoir accepter ou refuser à volonté les de-
mandes du fisc ì Ainsi les privilèges du Clergé de n'accor-
der que des Dons-gratuits font les restes précieux des fran-
,
chises nationales dont il doit conserver à la Nation le dépôt
Procés-verb. û'e 1 7 8 y .17^0 6.
-
ïiiiii 1
ii. 66 PROCÈS-VERBAL DE L'ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
fidèle. Les entreprises faites fur les autres Ordres, ne peu-
vent pas légitimer celles qu'on voudroit faire fur lui : il a
droit de refuser tous les impôts involontaires, parce que
nos pères ne les dévoient pas, Si íes immunités font des pri-
vilèges, c'est parce que les autres Ordres de l'Etat ne jouis-
sent pas des leurs.
Mais quand le Clergé n'auroit que des privilèges à pré-
tendre est-si vrai qu'on pourroit les détruire à volonté ì
,
ne seroient-ils pas alors les conditions des Contrats pasiés
avec le Roi ? ne les auroit-il pas acquis à titre onéreux ì
ne seroient-ils pas devenus des droits ? ne pourroit-on pas
dire alors que les biens ecclésiastiques font exempts, parce
que le Clergé en sacrifie une partie pour assurer l'indem-
nité des autres cÇ qu'ils paient en maílc 6c par avance
,
toutes les charges qu'on fait acquitter en détail aux autres
biens ? Sero.ient-ce là des privilèges qu'on pourroit détruire à
volonté ? &C ne feroit-ce pas faire payer une seconde fois des,
impôts qui ont été payés d'avance? Ainsi quand les Déci-
mateurs de Celles n.'auroient eu que des privilèges ecclésias-
tiques à réclamer, un Commissure départi ne pourroit pas
les détruire, parce qu'ils font essentiellementdistingués de
ces privilèges que la faveur des Rois accorde, 6c que leur
justice a raison de détruire pour l'intérêt des peuples.
Est-i.l plus raisonnable de prétendre que la dîme est un.
bien-fonds, parce qu'elle vient de la terre? II n'y a donc
plus de distinction à faire entte les fonds de terre 6>Cles fruits ?
Les charges 6c les actions feront donc communes entre ces
deux eipeces de possessions ? Les cens, les. rentes , les agriers,
tout va devenir des biens-fonds; car tout vient de la terre,,
comme tour doit y rentrer ; 6c nous trouverons par-tout des
Propriétaires de tonds qui ne posledent aucune portion de
terre. Mais nos Loix ont distingué ces deux espèces de pro-
priétés : ìcs obligations des unes ne se confondent pas avec
les charges des autres 6c la Communauté de Celles, ou
,
l'Ordonnance du Commissaire départi n'ont pas eu ledroic
de les confondre; ils n'ont, pas pu faire supporter à, une
portion de fruit une imposition que l'Ordonnance réservoic
aux biens-fonds, méconnoître une exemption fondée fur
DU CLERGÉ DE FRANCE ., I Z SEPTEMBRE 1786. 1167
des droits nationaux 6c fur das privilèges acquis par le Cler-
gé à titre onéreux, 6c détourner ainsi à des objets que la
Loi n'avoue pas, des revenus qu'elle a consacrés à une des-
tination particulière. Tous ces griefs, qu'on peut reprocher
à l'Ordonnance dont se plaignent les Religieux de Molef-
me, doivent faire espérer qu'elle sera réformée au Conseil
de Sa Majesté. Nous avons cru devoir en prefler le Juge-
ment que des circonstances particulières ont plusieurs fois
retardé; mais des plaintes de la même efpece-, que nous
venons de recevoir du Chapitre de Séez, semblent ren-
dre Faffaire plus importante encore. Nous craignons qu'on
veuille établir un nouvel ordre de choses oc" nous avons
pensé que si vous partagiez nos craintes , vous jugeriez
,
peut-être devoir demander à M. le Contrôleur-Général
de rappelles aux principes les Administrateurs qui veulent
s'en écarter.
Un Arrêt du Conseil, du 1 6 Août 1785 a ordonné que
la ville de Séez feroit entièrement pavée , 6c que les frais
,
en feroient acquittés par une imposition faite íur tous les
biens de cette Communauté,privilégiésou non privilégiés.
Les habitants ont cru pouvoir en conséquence y imposer
les biens-fonds du Chapitre 6c Ces dîmes ; 6c malgré tous
,
les titres d'exemption qu'il réclamoit, il a été obligé de payer
une somme asiez considérable. Ses plaintes , adressées à
M. l'íntendant d'Alencon, rappellent, comme celles des
Religieux de Molefme, l'exemption générale des biens ecclé-
siastiques 6c en particulier celle des dîmes. 11 diícutoit sur-
,
tout ce même Arrêt du Conseil que la Communauté lui
opposoit, 6c il demandoit qu'on ne rendît pas communes à
la dîme, qui n'est qu'un revenu, des charges que l'Arrêt du
Conseil n'impofoit que fur les biens-fonds. Nous ignorons
si les raisonnements pressants du Chapitre ont décidé M. le
Commissaire départi à ajouter au texte de la Loi qu'il de-
voit expliquer ; mais il est certain que son Ordonnance qui
,
a condamné les Décimateurs, fait dire à l'Arrêt du Conseil
que cette imposition sera répartie sur les biens-fonds 6c re-
venus, tandis que ce même Arrêt du Conseil ne parle que
des biens-fonds. Rapprochons cet Arrêt tel qu'il a été rendu
Iii iii i z
ii 68 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
par le Conseil, de celui qui se trouve copié dans FOf don-
nance de M. Flntsndant d'Alençon.
Voici ìes propres ternies de l'Arrêt du Conseil :
« Ordonne Sa Majesté que la somme de 117500 livres
si pour les
causes y contenues, tombants à la charge des pof-
33
íédants fonds íera imposée 6c répartie sur lesdits pof
33
fédants fonds fans aucune exception, exempts ou non
as exempts ,
privilégiés ou non privilégiés. »
Cette somme tombe donc à la charge des possédants
fonds, 6C doit être répartie fur eux. Voilà le voeu les ter-
,
mes précis de l'Arrêt du Conseil, 6c les revenus n'y font pas
nommés.
Voici maintenant l'Ordonnance du Commissaire départi.
« Vu la Requête à nous présentée par les Sieurs Prévôt,
'3 Chanoines 6c Chapitre de l'Eglife Cathédrale de
Séez, à
33 Festet d'être
déchargés íur leurs dîmes de leur portion con-
33 tributive de l'impoíition
ordonnée par Arrêt du Conseil,
33 pour le pavage de la ville de
Séez attendu que
33 l'Arrêt du
Conseil qui a ordonné ladite imposition, la fait
33 porter sur tous les biens 6c revenus, sims distinction quel-
33 conque, que la dîme est un revenu des terres fur lesquelles
33 elle porte, 6c qui diminue ce qu'en retireroit le Proprié-
33 taire,
dont la contribution feroit augmentée à raison du
P3 revenu ;
déboutons lesdits Prévôt, Chanoines 6c Chapitre
33
de leurs oppositions au rôle ; ordonnons qu'ils seront tenus
33
de payer la somme pour laquelle ils y font portés, 6c les
33 condamnons aux dépens. »
Le Chapitre est donc condamné, parce que la dîme est
un revenu, 6c cependant F Arrêt du Conseil ne parle que
des fonds 6c ne nomme pas les revenus : les Juges peuvent
,
donc faire dire à la Loi ce qu'elle n'a pas dit; ils peuvent
lui faire prononcer Fcxception réclamée par les Parties, 6c
devenir à leur gré Légisiareurs ou Interprètes.des Loix. Ce-
pendant le texte de la Loi est une chose sacrée; le Magis-
trat veille pour en éclairer les obscurités inévitables à ì'ef-
prit humain qui les dicta; mais en changer Fesprit, mais y
ajouter des dispositions qui changent en une condamnation
inévitable des moyens de défense victorieux est-ce bien se
,
DU CLERGÉ DE FRANCE , i z SEPTEMBRE 1786. 1z 69
rappelles les devoirs, les intérêts des peuples 6c le respect
dû a Fautorité législative ?
Cependant l'on trouve dans cette Ordonnance un texte
précieux à conserver : elle dit expressément que la dîme est
un revenu, 6c c'est à ce titre qu'on lui fait partager les
impositions locales, tandis que dans la Généralité de Bour-
gogne on veut qu'elle soit un bien-fonds ; 6c c'est parce
qu'elle n'est pas un revenu, qu'on la fait contribuer à ces
mêmes charges.
Telle est donc, Messeigueuu. òc Messieurs la position
,
des Décimateurs: 011 les condamne à contribuer à Facquit-
tement des charges des Communautés, parce que les dîmes
font un fonds de terre, 6c ailleurs parce qu'elles font un
revenu: ces principes contradictoires conduisent cependant
à un résultat commun; c'est de violer les principes reçus,
de détourner d'une destination spirituelle un revenu entiè-
rement consacré aux Autels, d'anéantir des droits aussi an-
ciens que la Monarchie, 6c rappelles par nos Loix 6c nos
Contrats.
Nous ne nous dissimulons pas, Messeigneurs 6c Mes-
sieurs, la véritable cause de toutes ces entreprises. On dit
que ces charges doivent être réparties íur tous ceùx à qui
elles profitent ; 6c on demande si le Clergé n'en prosite pas ;
iî F Abbaye de Molefme , par exemple recevra de ses dî-
,
mes un revenu aussi considérable, en supposant que le pont
de Celles ne le salle pas; n'est-il pas juste alors qu'elle con-
sacre à la reconstruction de ce pont une partie du Bénéfice
qu'il lui procurera ? Les habitants doivent la dîme à l'Eglife,
mais ne lui doivent pas les moyens de la porter à ía plus
grande valeur; c'est aux Décimateurs à la faire valoir tout
ce qu'elle peut être ; on ne leur doit donc pas Favantage
d'un pont; 6c si les Décimateurs de Molefme désirent par-
ticiper à íes avantages, ils doivent contribuer à íes charges.
S'il falloit contribuer directement à tous les objets qui
peuvent procurer quelques avantages, il faudroit donc que
la Noblesse 6c le Clergé renonçaíîent à leurs privilèges;
il faudroit qu'ils allassent eux-mêmes acquitter la corvée 6c
tirer au fort; car il est utile pour eux que les routes soient
12.70 PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLÉE-GÉNÉRALE
faites, 6c qu'on défende la Patrie. Mais, quoi 1 ne fauroit-on
être utile, fans contribuer en détail à tous les objets d'uti-
lité ? Le Magistrat, qui veille pour Fexécution des Loix,
doit-il abandonner [es paisibles fondrions pour aller dans nos
armées servir la Patrie? Le Prêtre quittera-t-il aussi ses Au-
tels ? 6c le soldat viendra-t-il à son tour se placer dans le Sanc-
tuaire des Loix, ou s'immiscer dans le Sacerdoce ? La so-
ciété n'est-elle pas une grande machine, dont tous les res-
sorts également utiles composent cet ensemble merveil-
,
leux, qui soucient
se lorsque chacun occupe exactement sa
place, 6c qui se détruit dès qu'ils veulent les confondre?
Là tous les biens y ont, comme tous les individus, un état
particulier : une portion est consacrée aux Autels, une au-
tre l'est aux charges publiques, une troisième au soulage-
ment des malheureux, tous ont une destination précise:
la perfection de Fordre est que chacune puisie arriver avec
précision &C exactitude ; 6c nous demandons quel feroit l'a-
vantage de la société, si, confondant à la fois ce qu'elle a
destiné aux malheureux, aux charges de l'Etat, aux besoins
des particuliers, chacun des objets utiles ne savoit plus
quels fonds lui font consacrés, quelles ressources il a droit
de prétendre, 6c si ce grand corps ne resteroit pas fans vie,
lorsque chaque vaisseau conduiroit, dans toutes ses parties,
la même substance 6c les mêmes liqueurs? Dans cette divi-
íion des biens, faite par l'Etat, pour ses différents besoins, il
en est une entièrement consacrée aux Autels, destinée à
asiurer aux peuples, dans tous les temps, les bienfaits de la
Religion, Fentretien des Ministres, le service des Autels,
tout ce qui tient au culte divin; elle doit en procurer les
bienfaits ; mais toutes les autres parties de Fadministration
lui font étrangères ; elle ne les connoît que pour en parta-
ger les avantages avec le reste de la société : ce sont deux
resiorts distincts, dans Fordre général, qui arrivent à un but
commun, mais qui ne doivent jamais se confondre dans
leurs marches. Ainsi pour appliquer ces principes généraux
aux faits particuliers qui nous occupent, la Paroisie de Mo-
lefme doit trouver dans la dîme la subsistance des Prêtres
dont elle a besoin, Fentretien 6c les réparations du Choeur,
DU CLERGÉ DE FRANCE , 11 SEPTEMBRE 1786. $171
les ornements nécessaires, si la Fabrique ne peut pas les four
nir: tous les habitants ne doivent lui fournir aucun de ces
objets; mais ils ont leurs charges particulières, 6c ils doi-
vent faire participer les Décimateurs aux avantages oui eii
résultent, sans leur demander aucune subvention, comme
ceux-ci font participer les habitants aux bienfaits, insépa-
rables du culte divin fans leur en faire acquitter les
,
frais.
Mais est-ll donc vrai que le Clergé demande à jouir des
avantages dont il n'ait pas particulièrement supporté les char-
ges? Après ses dons si multipliés, quel est donc Fobje't d'u-
tilité publique dont il n'ait pas acquitté une partie des frais ?
quel est le corps qui n'en reçoive pas l'cxeinpie de la géné-
rosité 6c du patriotisme ? Si son administration lui est chere
,
c'est pour trouver dans fa fa geste plus de moyens d'être utile ;
s'il porte ses dons jusqu'au Souverain, c'est pour que rien de
ee qui peut soulager le peuple ne s'égare ; s'il refuse de contri-
buer en détail aux charges communesaux autres biens c'est
,
pour appliquer de plus puissants rerncdes aux besoins de
FEtat; c'est pour offrir à la Nation le fruit entier de íes sa-
crifices 6c de son amour; c'est peut-être enfin que les fleuves
les pllus utiles ne font pas ceux qui se divisant sans ceíie
,
ne fertilisent qu'avec peine les pays qu'ils arrosent, mais
ceux qui vont jusqu'à ['Océan porter le tribut entier de
leurs> eaux.
Ainsi demandons avec confiance une exemption qui as-
sure au service divin toute sa décence son intégrité sa
perpétuité; réclamons les antiques droits, de-la Nation, ,des
privilèges acquis par le Clergé à force de bienfaits, 6c qui
ne font dans íes mains que des moyens plus grands de se-
courir FEtat; rétablissons les vrais principes, 6c que le Cler-
gé fente tous ses droits, lorsqu'il les réclame pour le bien de
la Religion 6c pour l'intérêt des peuples.
Nous avons donc lìlonneur de vous proposer de voir
M.- le Contrôleur-Généralpour lui demander de donner des
ordres à MM. les Intendants des Provinces , de ne pas faire
contribuer aux charges particulières des Communautés laï-
ques, les dîmes 6c les autres biens du Clergé, 6c cependant
îzyz PROCES-FERBAL DE L ASSEMBLEE-GÉNÉRALE
de donner des ordres à vos Agents de poursuivre au Con-
feil de Sa Majesté la cassation de FOrdonnance de M. FI in-
tendant de Bourgogne contre les Religieux de FAbbaye de
Molefme 6c celle de M. l'Intendant d'Alencon contre le
}
Chapitre de Séez.
Sur quoi FAficmblée en rendant hommage à la solidité
,
des raisons qui ont été employées en saveur des Décima-
teurs fur l'exemption de contribuer aux chartes locales des
i
Communautés laïques, chargé - Meilleurs
P
a _ , _., les Agents de
donner tous leurs foins a la fuite de f affaire des Religieux
de Molefme Si. du Chapitre de Séez.
Mesieigneurs 6c Meilleurs les Commissaires pour les
,
Dîmes, ont pris le Bureau. Monseigneur l'Archevêque
de Ri'KÏms, Chef de la Commission, a dit, que Monsei-
gneur FArehevêcue de Tours alîoit rendre compte d'une
affaire dont les fuites paroisioient importantes pourle Cler-
gé. Sur quoi Monseigneur l'Archevêque de Tours prenant
la parole a dit :
,
MESSEIGNEURS MESSIEURS,
ET
Pour exciter le défrichement des terres incultes, le feu
Roi, par une Déclaration du i 3 Août 1766, avoit accordé
,
pendant quinze années, l'exemption de toutes impositions,
même de la dîme, s'étant réservé de proroger ladite exemp-
tion íi après avoir oui les Décimateurs intéresiés 6c re-
, ,
connu Fiinportance des défrichements, cet encouragement
étoit jugé utile.
C'est d'apres cette disposition, que Sa Majesté a accordé
la prorogation annoncée 6c même des exemptions plus
,
étendues à ceuxqui déhïcheroient une portion des landes enl
tre Bordeaux 6c Bayonne. Par des Lettres-Patentes du zy
Avril 1768 il a été ordonné que le défrichement desdites
,
landes depuis F embouchure de Id Garonne jusqu'à celle de
l'Adour, dans la lisière d'entre la mer SG les Paroises dont
>
le's jonds font en pleine culture, jouiroient, non pendant
quinze ans comme l'accordoit la Déclaration de 1766,
mais pendant vingt années de l'exemption de toute dîme &C
autres
DU CLERGÉ &Ë FRANCE , I I SEPTEMBRE 1786. 12-73
autres impositions, 6c encore après ce terme, la dîme ne
devoir être perçue qu'à la cinquantième gerbe. Cette fa-
veur, qui avoit pour objet d'encourager la culture des ter-
reins déserts, étoit la même que celle accordée par la Dé-
claration du 14 Juin 1764, pour favoriser les dessèche-
ments des terres inondées. Ces Lettres-Patentes de 1768 ,
ont été registrées au Parlement de Bordeaux le 7 Juillet
suivant.
Les Décimateurs ne réclament pas contre un privilège
dont ils reconnoisient la justice; mais quelques Propriétai-
res ayant abusé des dispositions équivoques d'une Loi évi-
demment diéìée par des vues de bienfaisance 6>Cde sagesse,
ces Décimateurs demandent que le véritable sens des Let-
tres-Patentes de 1768 soit fixé ce qui préviendra des con-
,
testations ruineuses.
Ces Lettres-Patentes, qui donnent plus d'étendue aux
exemptions accordées par la Déclaration de 1766, fixent
le territoire des landes qui doivent en jouir; ce font celles,
f
nous le répétons, qui ont situées depuis l'embouchure de la
Garonne jusqu'à celle de l'Adour dans la lisière desdites
_,
landes entre la mer ÔG les Paroisses dont les fonds font en
3
pleine culture. Telles font les expressions de la Loi, dont la
fausse interprétation a donné lieu à la difliculté contre la-
quelle les Décimateurs réclament.
II est évident, en parcourant toutes les Cartes géographi-
ques , que ces terres font celles qui font situées vers ie cou-
chant 6c les côtes de la mer, depuis la pointe de Sou lac jus-
qu'à Bayonne. C'est vers cette pointe en effet qu'est la vé-
ritable embouchure de la Garonne qui mêle íes eaux à
celles de la Dordogne au lieu dit, le Bec-d'Ambès, où se
,
trouve ie confluent des deux rivières, 6c non leur embou-
chure expression consacrée pour marquer le lieu 011 ce fleuve
,
se jette dans la mer; mais parce que ce fleuve, fans se dé-
pouiller de son véritable 110111 que tous les Géographes lui
conservent jusqu'à la mer acquiert au Bec-d'Ambès le
,
droit ou plutôt la possession d'y joindre celui de la Gironde,
les Propriétaires de la partie de terrein dénommé le Médoc,
qui, de notoriété publique, est en pleine culture 6c cou-
Procès-veiò. É& 17 8 J-I 7 8 6. Jjjjjjj
I 174 Pr.OChs-FERBAL DE L'AsSEMBLÉE-GÉNÉRALE
vert de vignobles précieux, prétendent que ceux qui défri-
chent ie peu de terres incultes qui se trouvent dans ce ter-
ritoire 6c au milieu de ces vignes, doivent jouir du privi-
lège accordé par les Lettres-Patentes de 1768 6>C non de
,
celui qui est Fobjet de la Déclaration de 1766 ; c'est-à-dire
,
qu'ils veulent réduire le Décimateur à ne percevoir la dî-
me dans cette partie, fur les terres défrichées , qu'après vingt
années 6c à la cinquantième gerbe, 6c ce dans un espace de
seize lieues de largeur; tandis que la Loi, prise dans fou
sens naturel, n'asiureroit ce privilège, que fur une largeur
d'une ou deux lieues à ceux qui défricheroient de mauvai-
ses terres íur le bord de la mer, éloignées, comme Fan-
nonce le préambule des Lettres-Patentes, de celles qui font
en valeur, le surplus ne devant jouir que de l'exemption de
quinze années accordée par la Déclaration de 1766.
Les Décimateurs ie font inutilement adressés aux Juges
ordinaires pour faire asiurer aux Lettres-Patentes de 1768
le véritable sens qu'elles doivent avoir. Ces Magistrats ont
fans doute pensé que Finterprétaticn d'une Loi excédoit
les bornes de leur pouvoir, 6c ne pouvoit dépendre que du
Législateur.
Déterminés par ces considérations, les Décimateurs de
cette partie du Diocèse de Bordeaux, ont résolu de recou-
rir à Fautorité 6c à la justice du Roi. Ils réclament la pro-
tection de I'Assembîée à l'esset d'obtenir une Déclaration
interprétative des Lettres-Patentes du zy Avril 1768.
La Commission est d'avis que l'Asiemblée peut accorder
fa protection à cette demande 6L qu'elle doit être ren-
,
voyée à Messieurs les Agents, qui feront chargés d'en as-
surer 6c d'en accélérer le succès par leurs bons offices.
Le Rapport fini, Messieurs les Agents ont été chargés
d'accorder leurs bons offices aux Décimateurs du Médoc,
&C d'appuyer leurs justes demandes.
Meilleurs les Agents ont exposé que le service du Clergé
exigeoic que FAsicniblée donnât au Sieur Didot, l'ainé,
survivancier du Sieur Deíprez, l'adjonctio.n pour la olace
d'Imprimeur du Clergé, afin d'être autorises à employer
dcs-à-préícnt le Sieur Didot toutes les fois qu'ils le juge-
ront convenable.
DU CLERGÉ DE FRANCE , i z SEPTEMBRE 1786. 1175
Sur quoi l'Aílemblée ajoutant à la Délibération du 18
Septembre 1780 a nommé le Sieur Didot, Faìné, Adjoint
,
du Sieur Desprez dans la place d'imprimeur du Clergé.
La Séance a été indiquée à cejourd'hui, cinq heures de
relevée.
$fe SignéARTHUR-RiCHARD, Archevêque 6c Primat
de Narbonne Président.
,

DU MARDI, DOUZE SEPTEMBRE 1786,


a cinq heures de relevée.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Président.

MOnseigneur l'Archevêque d'Arles a proposé de faire


.participer M. l'Abbé de Gourcy, dont les talents 6c
le mérite font connus de l'Aílemblée, à la distribution des
Procès-verbaux 6c Rapports d'Agence que le Clergé fait CL
imprimer, ce qui a été approuvé. SÉANCE.
Les comptes de M. Bollioud de Saint-Jullien ont été
arrêtés 6c signés par toute l'Aílemblée, ainsi que celui des
Frais communs.
Messeigneurs les Prélats 6c Messieurs les Députés du se-
cond Ordre ont signé le Procès-verbal ; 6C après s'être donné
des témoignages réciproques d'estime, de considération 6c
d'attachement, ils fc iont séparés.
Signés 9fc Ar. Ri. Arch. 6c Primat de Narbonne, Président.
f E. C. Arch. de Toulouse,
-j- Alex. Aog. Arch. Duc de Rheims.
f J. R. Arch. d'Aix.
"I J. G. Arch. de Vienne.
-f Fr. Arch. de Tours,
f J. M. Arch. d'Arles.
*f J. M. Arch. de Bordeaux.
*f L. Ap. Arch. d'Auch.
-j- Franc. Ev. de Grasie.
"f L. C. Evêque de Limoges.
Jj ) j ) jj z
Ï2,7Ô PROCES~ ITERE AL DE L AsSEMBLÉE-GÉNÉRALE
t
•j- C. M. J. Ev. cle Troyes.
-f Fr. Ev. d'Evreux.
•f ì. Ev. de Yabres.
-j- jol. tï. hv. ae Montpellier.
-j- Em. Fr. Evêque de Fréjus.
•j- L'Ev. Comte de Noycn.

T Francois-Joseoh-Emmanuel,Evêcue de la Rochelle,
-j- C. G. Ev. Duc de Langres.
f J. A. Ev. de Lavaur.
T Ch. Aug. Ev. d'z\cqs.
-}- P. A, Ev. d'Avranches.
•j- L'Ev. de Dijon.
-f Elypp. Evêque-Prince de Grenoble.
•f C. Ev. de Meaux.
~f C. M. Evêque de Saint-Flour.
•j- Louis, Ev. d'Olba, Coadjut. d'Orléans.
*}". S. Ev. de Rodez.-
-j- Pierre, Ev. de Nevers.
•}- François, Evêque de Digne.

L'Abbé de la Bintinaye.
L'Abbé de Sieyes.
L'Abbé de Grainville.
L'Abbé de la Myre-Mory.
L'Abbé de Panât.
L'Abbé de Clueiw.
L'Abbé le Gay.
L'Abbé de Chardebeuf de Pradel.
L'Abbé de Montpeyroux.
L'Abbé de Grand-Clos-Meflé.
L'Abbé de Barrai.
L'Abbé ì'Hermite de Chambertrand.
L'Abbé de Narbonne.
L'Abbé de Tartonne.
L'Abbé de la Salle.
L'Abbé de Bovet.
L'Abbé' d'Esponchés.
L'Abbé de Lomen
DU CLERGÉ DE FRANCE , i z SEPTEMBRE 1786. 12.7-7
L'Abbé Boursier.
L'Abbé de Grimaldi.
L'Abbé de Foucauld.
L'Abbé de Luiilier-Rouvenac.
L'Abbé de Montazet.
L'Abbé d'Anstrude.
L'Abbé d'Andrezel.
L'Abbé de Saint-Farre.
L'Abbé d'Ao-oult.
L'Abbé de Pontevcs.
L'Abbé de Messey.
L'Abbé de Boiso;elin, ancien Agent, Promoteur.
L'Abbé d'Osmond, Promoteur.
L'Abbé de Barrai Agent.
,
L'Abbé de Montesquiou, Agent.
L'Abbé de Périgord, ancien Agent,, Secrétaire.
L'Abbe:vDi'llQn., Secrétaire.

Fih du Procès-verbal.
YZJ% TABLE DES AFFAIRES

/ SL.
1H ^
'
i j
DES PIECES
E T
PRINCIPALES AFFAIRES
CONTENUES au Procès-verbal de F Assemblée-Générale
du Clergé de France, tenue en l'année 1785.

Tcre Séance. OUVERTURE de l'Assemblée ; la première Séance se tient che^


' Monseigneur lyArchevêque de Narbonne. Messeurs les Députés
remettent leurs Procurations ô leurs Lettres d'Ordination à Mes-
sieurs les Agents-Généraux du Clergé, après la lecture de la Lettre du
Roi,, page 1
La ire du Roi à Messieurs les Agents-Généraux du Clergés du 15 Août
1704, pour La convocation de l'Assemble-Générale_, 2
i' Séance. Séance aux Grands-AuguJIins Messe basse du Saint-Esprit, 4
,
Lecture des Procurations _, 5
Observation sur la clause portée par la Procuration ie la Province de Paris,
qui. nomme M. le Coadjuteur d'Orléans concurremment avec Monsei-
gneur l'Evêque d'Orléans , pour Député du premier Ordre, 10 & 13
Nomination de Monsieur l'Abbé de Montesquiou Agent, 10
Nomination de Monsieur l'Abbé de Barrai Agent3 12

Proposition de Monseigneur l'Archevêque de Narbonne sur le choix des


Présidents de ï'Assemblée, 14
Dire de Monseigneur T Evêque de Montpellier, ibid.
Délibération portant nomination des Présidents, 1j

L'A[semblée reçoit Messieurs les nouveaux Agents 3& leur accorde voix dé-
libcrative dans leurs Provinces, ibid.
Monseigneur l'Archevêque de Rheims & Monseigneur VEvêque de Troyes
font priés de les présenter a M. le Garde des Sceaux 3 ibid.
DU PROCÈS-VERBAL. 1179
Nomination des Secrétaires & Promoteurs, PaSe l S
Lecture du Sermentprêté par Messeigneurs & Messieurs les Députés, ï6
Délibération fur la clause injérée dans la Procuration de la Province de
Paris. Requifiioire de Monsieur le Promoteur : Mgr. le Coadjuteur est
admis dans I'Assembîée tam en présence qu'en, l'absence de Monseigneur
>
VEvêque d'Orléans, sans qu'il puisse recevoir de taxe, & sans voix
délibérative hors en l'absence de mondit Seigneur l'Evêque VOr-
léans, \6 & fuiv.
Remerciements de Monseigneur FEvêque d'Orléans & de Monseigneur le
Coadjuteur \y
3
Délibérationpour inviter Monseigneurl'Archevêque de Paris d'assister aux
Séances de I'Assembîée 20
3
Délibération pour célébrer la Messe solemnclle du Saint-Esprit, ibid.
l
Monseigneur Evêque de Langres es prié de faire le Sermon, ibid.
Délibération pour demander audience au Roi, 21
Délibération sur Vaumône ibid.
3
Licet pour la Messe sole m nelle du Saint-Esprit & le Sermon 22 je Séance.
,
Messe solemnclle du Saint-Esprit & Sermon par Monseigneur VEvêque
3
de Langres ibid.
3
Monseigneur l'Archevêque d'Aix rend compte de la visite qu'il a faite a
A'ionseigneur l'Archevêque de Paris pour Pinviter de venir a I'Assem-
bîée ,
, 2y
Monsieurl'Abbé de Montcsquiou annonce que le Roi «S'la Reine ont fixé au
Dimanche 29 Mai, le jour auquel l'Assembléepourra leurprésenterses
3
respects z6
_,
Audience du Roi & de la Reine h Versailles, ibid. 4e Séance.
,
M. de Saint-Jullien met ses comptes fur le Bureau 28 Séance.
, 5e
Remerciements a Monseigneur l'Archevêque de Narbonne des Harangues
par lui faites au Roi & a la Reine , cj délibération de les insérer dans le
Procès-verbal, avec la Réponse du Roi, ibid.
Remerciements à Monseigneur VEvêque de Langres du Sermon par lui fait
le jour de la Messe solemnclle du Saint-Ejprit
, ibid.
' Monjeigncur l'Archevêque de Rheims rend compte de la visite faite à M. le
Garde des Sceaux pour lui présenter Messieurs les Agents 29 3
Lecture du Cérémonialpour recevoir MM. les Commissaires du Roi, ibid.
Nomination des Commissairespour les différents Bureaux ibid.
,
Réception de Monseigneur l'Archevêque de Paris 34
,
Première viste de MM. les Commissaires du Roi, 35
Lettre du Roi h I'Assembîée, ibid.
Discours de M. de Marville, 36
Réponse de Monseigneurl'Archevêque de Narbonne3 37
52^0 TABLE DES AFFAIRES
Harangue au Roi par Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, page 39
Réponse du Roi 42
3
Harangue a la Reine, A2
6e Séance. Dire
J de Monsieur l'Abbé de Pérìgord sur V'affaire des dîmes de Nor-
mandie ibid.
j
JDélibération fur cette affaire & députation a M. le Garde des Sceaux, 60
,
Délibération pour assister a la Procession du Saint-Sacrement le jour de
l'Octave de la Fête-Dieu ibid.
,
7= Séance. L'Assemblée assiste à cette Procession 61
À ,
Monseigneur l'Archevêque de Rheims rend, compte des dispostions favo-
rables de M. le Garde des Sceaux fur l'affaire des dîmes de Nor-
mandie 63
3
8 e Séance.
Observations fur une erreur qui s'esl glissée dans la Galette de France,
eù il est dit que Messeigneurs & Messieurs les Députés ont été présentés
au Roi par M. le Baron de Breteuil, 64
Lecture des Procès-verbaux des Assemblées Provinciales ibid.
,
9e Séance. Premier Rapport du Bureau de la Jurisdicìion sur sédition des OEuvres
complètes de Voltaire, 65
Délibération d'écrire une Lettre au Roi, & de nommer des Commissaires
pour conférer avec M. le Garde des Sceaux, 68
Lettre de l'Assemblée au Roi 69
y
Compte rendu par Monseigneur l'Archevêque d'Aix de Vétat actuel de
raffaire des Foi & Hommages
, 71
Dispositions en saveur de M. l'Abbé Parent, 72-
Réflexions préliminaires fur la stuation des affaires du Clergé, avant de
délibérerfur. le Don-gratuit ibid.
y
10e Séance.
Ì. Monseigneur l'Archevêque de Narbonne rend compte de la Réponse du Roi
sur la Lettre de I'Assembîée 3 concernant la nouvelle édition des OEuvres
complètes de Voltaire & des dispostions favorables de Sa Majestéfur
Vaffaire des Dîmes de, Normandie 73
,
Compte rendu par Monseigneur l'Archevêque de Rheims d'une nouvelle
conférence avec M. le Garde des Sceaux fur Vaffaire des Dîmes de
t
Normandie ô promesse de ce premier Magistrat
, 3
74
Seconde viste de MM. les Commissaires du Roi, 73"
Lettre du Roi à l'Assemblée ibid.
3
Discours de M-. de Marville pour demander un Don-gratuit de dix-huit
millions, 7^
Réponse de Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, 78
Requistoìre de Monsieur l'Abbé de Boisgelin3 Promoteur> 79
Avis de la Province de Toulouse3 81
Délibération d'accorder les dix-huit millions, 82
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne propose d'en écrire au Roi : Mon-
sieurì' Abbé de Montesqiiioueflchargèdeporterla Lettre a Sa Majesté^h'\c\.
Monsieur
DU PROCÈS-VERBAL. I I8 I
Monsieur s Abbé de Montesquiou rend compte de sa commission page 83 1*lie Séance.
,
Lettre du Roi a Monseigneur l'Archevêque de Narbonne en réponse ibid.
,
Monseigneur VArchevêque de Narbonne propose d'accorder3 sur la de-
mande de AI. de Saint-Jullien la survivance & adjonction de la place
de Receveur-Général du Clergé ,à M. de Quinson jon neveu, 84
,
Requistoire de M. l'Abbé de Boisgclin, Promoteur, ibid.
UAssemblée accorde la survivance & adjonction de la place de Receveur-
Général du Clergé h M. de Qiiinson neveu de M. Bollioudde Saint-Jul-
,
hen & délibération prise en conséquence,
>
8)
Remerciements de M. de Saint-Jullien S6
,
Messieurs les Agents commencent la lecture du Rapport de leur Agence ,87 1 zc
; Séance.
'Réflexions fur l'affaire concernant la cassation d'un Arrêt du Parlement de
Grenoble qui a maintenu le Sieur Buiffonier dans la Cure du Mo nef
,
iier-Clerniont, Diocèse de Die : députation à M. le Garde des Sceaux
à ce sujet ibid.
,
J^ifue à Monseur l'Abbé de Grainville malade 88 1 3e Séance.
, 3
Lecture du Rapport d'Agence ibid»
3
Réflexions fur L'affaire concernant la cassation d'an Arrêt du Parlement de
Toulouse, qui a maintenu dans le Prieuré de Montarnaud le Pourvu
en Cour de Rome, íîvc per rclìgnationcm , íive per obicum : cette af-
faire ejl renvoyée au Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion ibid.
,
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne rend compte, i°. de la conférence 14e
1 Séance.
tenue che^ M. le Garde des Sceaux 3 relativement a la nouvelle édition
des OEuvres complètes de Koltaire, 89
i°. Des dispositions favorables de ce premier Magistrat sur Vaffaire du
Sieur Buiffonier maintenu dans la Cure du Monestier-Clermont, Dio-
cèse de Die
, ibid.
3
.
30. De la promesse suite par le Chef de la Justice d'adresser prochaine-
ment au Parlement de Normandie des Lettres-Patentes provisoires, qui t
en attendant le Règlement définitif promis par Sa Majesté avant la sé-
paration de I'Assembîée, rétabliraient les Décimateurs dans leur ancien
état par rapport a la perception des Dîmes 90
3
Lecture & stgnature du Procès-verbal ibid.
,
Premier Rapport de Messeigneurs & de Messieurs les Commiffaires pour 16e Séance;
les Moyens 91
,
Visttc a Monsieur l'Abbé le Gay malade, 97 17e Séance.
3
Lecture du Rapport d'Agence ibid.
,
Second Rapport du Bureau de la Religion Q de la Jurisdicìion sur l'astaire 18e Séance..
de M. l'Abbé de Saint-Soupplets, contre le Pourvu en Cour de Rome
du Prieuré de Montarnaud, 98
Délibération fur cette affaire : députation a M. ie Marville Président du
Bureau des Affaires Ecclésiastiques & a M. l'Abbé _,Royer, Rap-
,
porteur, 108
Distribution des exemplaires imprimés du projet de Délibération propo- tç)e Séance.
Procès-verbal.dei78j-i78<í. Kkkkkkk
12.8.2. TABLE DES AFFAIRES
fée par la Commission des Moyens , concernant le paiement du Don-
gratuit , ." P^ge 108
20" Séance. Lecture du Rapport d'Agence 109
,
Audience donnée par VAssemblée au Greffier de l'Hótel-de-Villé, ibid.
21e Séance. Compte rendu par Monseigneur VArchevêque d'Arles des dispofitions fa-
vorables de M. de Marville Président du Bureau des Affaires Ecclé-
3
siastiques, & de M. l'Abbé Rcyer, Rapporteur, au sujet de l'affaire de
M. l'Abbé de Saint-Soupplets , pourvu du Prieuré de Montarnaud, 110
22e Séance. Délibération de l'Astêmbléefur le Don-gratuit & les Moyens, in
Monsteur l'Abbé de Barrai rend compte de l'affaire concernant la cassa-
tion de l'Arrêt du Parlement d'Aix 3 qui ordonne l'érection de la Suc-
cursale de Pontis 128
,
Avis du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion fur cette affaire 139
3
Délibération d'envoyer une députation à M. de Marville, Préstdent du
Bureau des Affaires Eccléfiasiiques ô à M. Lallemand le Coq Rap-
. 3 3
porteur, 141
MM. de i' Hùtel-de-Ville viennentprésenterleurs respects a l'Assemblée,ibid.
Discours de M. le Prêvôt-des-Marchands} ibid.
Réponse de Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, 143
Lecture & signature du Procès-verbal3 ibid.
25e Séance. Premier Rapport de Messieurs les Commissaires pour les Portions congrues.
L.a Délibération est remise au 30 du mois 144
_,
'2'4CSéance. Lecture du Rapport d'Agence, N ibid.
2.6e Séance. Lecture d'un Mémoire de la Province d'Alby fur l'uniformité d'un Rituel
dans l'Eglife de France, 145
ï
Audience accordée par Assemblée au Prieur de Sorbone, & Délibération
d'assister au Discours pour lyouverture des Sorboniques ibid.
3
27e Séance. P!suc à Monseigneur l'Arshevêque de Narbonne, malade, 146
Lecture du Rapport d'Agence, ibid.
28e Séance. L'Assemblée se rend en Sorbone pour l'ouverture des Sorboniques 147
• ,
iz<.f Séance. Troisième Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion
, concer-
nant les mauvais Livres , ibid.
Délibération de présenter un Mémoire au Roi, & de voir M. le Garde des
Sceaux, 152
30e Séance:. Premier Raoport du Bureau du Temporel3 concernant les Economats , 1 54
Députation a M. le Garde des Sceaux à ce sujet, 156
Second Rapport du Bureau du TemporelsurV'aliénation des biens d'Eglise
en [rênêral, & la vente des immeubles des
Hôpitaux en particulier ibid.
3
Délibération h ce sujet, 167
aï* Séano:e, Lecture du Rapport d'Agence, ibid.
Lecture & signature du Procès-verbal3 ibid.
%>•' -seai-ic:e.
Troisième Rapport du Bureau du Temporel, au sujet de la Taille a laquelle le
Chapitre d Auxerre a été imposé a raison desesdímesqu'Usait valoir, 169
DU PROCÈS-VERBAL. 1185
Députation a M. le Premier-Président & à M. l'Avocat-Général de la
Cour des Aides pa°"C 171
3
Quatrième Rapport du Bureau du Temporel, au sujet des droits de Cour-
tiers-Jaugcurs demandés au Chapitre d'Auxerre ibid.
,
Députation à M. le Contrôleur-Général à ce sujet3 \~,(J
Cinquième Rapport du Bureau du Temporel, au sujet du droit de centième
denier, exigé de l'Abbé de Preuilly pour un acte passé avec ses Reli-
gieux, ibid.
Députation a M. le Contrôleur-Général a ce sujet 179
3
Sixième Rapport du Bureau du Temporel au sujet des réparations du
3
Clocher de B fignoles, auxquelles on veut assujettir les Décimateurs quoi-
3
que le Clocher Jò il placé fur la Nef, ibid.
Députation à M. le Garde des Sceaux a ce sujet, 1S2
Conférence indiquée par M. le Garde des Sceaux fur les aliénations des 53e Séance.
biens cccléstafliques3 ,
-
ibid.
Et jur l'affaire des Foi & Hommages , ibid.
Lecture du Rapport d'Agence 1S 3
3
Députation a M. de Marville Préstdent du Bureau des Affaires Ecclé-
3
siastiques & h Al. de Maujston, Rapporteur3 pour leur recommander
3
L'affaire du Chapitre de Saint-Malo concernant le droit de Fours ban-
3
naux, ibid.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne rend compte de la Réponse de M. le 34e Séance.
Garde des Sceaux aux représentationsde VAstemblée i°. concernant les
3
Economats, ibid.
20. Concernant les aliénations des biens d'Eglise, 184
30. Concernant la contribution des Décimateurs de Brignolcs aux répara-
,
tions du Clocher ibid.
3
Monseigneur l'Evêque de Montpellier rend compte des dispositions favo-
rables de M', le Premier-Président & de M. i'Avocal- Général de la
Cour des Aides, relativement al'affaire du Chapitre d'Auxerre, ibid.
Lecture d'un Mémoire au Roi, concernant, l'impression & la circulation
des mauvais livres, avec des observations fur chaque article de l'Edit,
rédigé par t Assemblée de 1782 a ce sujet : Monseigneur l'Archevêque
de Narbonne efl prié de présenter le Mémoire au Roi & de remettre a
3
M. le Garde des Sceaux, tant le Mémoire que le projet de Loi, avec
les observationsàmpliatives
, ibid.'
Quatrième Rapport du Bureau de la Jurisdicìion,sur la nécessité d'étendre
aux Epiises Collégiales la Déclaration du premier Décembre 1769 , con-
cernant les anciennes unions , 185
Délibération de l'Affemblée à ce sujet, 187
Mémoire au Roi, concernant les mauvais Livres , 388
Projet d'Edit concernant la composttion Vimprestion^ la vente & la distribu-
3
tion des Ecrits contraires à la Religion ô aux principes des moeurs. 1 9 1
Septième Rapport du Bureau du Temporel, concernant l'affaire des Foi
35e Séance
& hommages, 204
Kkkkkkk2
1184 TABLE .DES AFFAIRES
Commission nommée pour conférer avec MM. les Commissaires du Conseil
sur l'affaire des Foi & Hommages, paSe 2-2-i
36e Séance. Monseigneurl'Archevêque de Narbonne rend compte de cette conférence, 223
Dire de Monsieur l'Abbé de Montcsquiou, au sujet du droit de Marc
d'or exigé pour des Lettres-Patentes constrmatives d'unions de Bénéfi-
ces, & portant établissement d'Ecoles gratin-es dans la ville de Tours,ibid.
Députation à M. le Contrôleur-Générala ce sujet3 ' 129
37e Séance. Monseigneur l'Archevêque de Tours rend compte d'une affaire concernant le
refus de YiCusait par Mgr. l'Evêque du Mans au Sieur Bouvier Prêtre
,
du Diocèse de Trêves, prétendant droit a la Cure de Champfleur, Diocèse
du Mans : députation a M. le Premier-Prêstdent & à M. VAvocat-
Général du Parlement de Paris 3 pour leur recommander cette affaire, ibid.
Lecture du Rapport d'Agence
Séance. Dispositions favorables de M.
,
de
'230
Marville & de M. Mauffion, fur V affaire
38e
du Chapitre de Saint-Malo, concernant le droit de Fours b annaux, ibid.
Monseigneur l'Archevêque d'Aix rend compte des sollicitations faites aur
près de M. le Contrôleur-Général3 \ 9. au sujet des droits de Courtiers-
Jaugeurs , demandés au Chapitre d'Auxerre ; z°. au sujet du droit de
centième denier 3 exigé de l'Abbé de Preuilly ; 30. au sujet du droit de
Marc d'Or prétendu pour les Lettres-Patentes confrmatives de Décrets
d'union , & de rétablissement d'Ecoles de Charité dans la ville de Tours ;
40. au sujet du droit d'instnuation perçu fur les dots des Religieuses :
M. le Contrôleur-Général promet des Réponses par écrit fur ces ob-
jets 3 ibid.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne annonce une seconde conférence
avec les Commissaires du Conseil fur les Foi & Hommages, 231
Monsieur l'Abbé de Périgord rend compte de l'affaire de Messeigneurs les
F.vêques d'Arras & de Saint-Omer, contre les Religieux de Saint-Vaast
ô de Saint-Benin. Remerciements de I'Assembîée sur le ?ele de Mes
steurs les anciens Agents ibid.
,
39e Séance'!
e- Monseigneur l'Archevêque d'Aix rend compte de la seconde conférence
tenue che^ M. de Fourqueux 3 sur T affaire des Foi & Hommages , 243
40e Séance.
e. Cinquième Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion , au sujet
d'une affaire pendante au Parlement de Bordeaux sur Pappel comme
d'abus interjette par le Sieur G raiIlot, d'un Décret de l'Université de
cette Ville, qui avoit condamnéplufìeurs propositions extraites d'une
Thèse soutenuepar cet Ecclésiastique aspirant à une Chaire de Professeur
en Droit 3 244
Députation a M. le Garde des Sceaux pour le prier d'arrêter les suites de
cette affaire , 259
41e Séance
ce. Dispofitions favorables de M. le Premier- Président ô de M. l'Avocat-
Général du Parlements de Paris 3 relativement à l'affaire du refus de
Visa dans le Diocèse du Mans, 260
42e Séanci
ce. Dispositions favorables de M. le Baron de Breteuil, relativement a l'af-
faire concernant les Economats , 261
Lecture du Rapport des anciens Agents, ibid.
DU PROCÈS-VERBAL. H8J
Monseigneur l'Archevêque d'Aix annonce que l'affaire du Chapitre 43e Séance
d'Auxerre contre les habitants de Chichery, a été jugée favorable-
3
ment, Page l(>i
Ce Prélatfait part a I'Assembîée d'une Lettre écrite par M. le Garde des
Sceaux à Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, explicative des in-
tentions du Roi relativement aux représentations du Clergé, concernant
les Economats, 262
Lecture du Rapport d'Agence 263
,
La Lettre de M. le Garde des Sceaux ci-dessus, est insérée 264
3
Monseigneur VArchevêque de Toulouse sait part à l'As'emblée d'une Lettre 44e Séance.
de M. le Contrôleur-Général à MonseigneurlArchevêque de Narbonne
à laquelle étoient joints deux Mémoires fur Vinstabilité des baux des
,
Bénéfices : la Lettre Mémoiresfont renvoyés au Bureau du Tem-
& les
porel, i6tj
Lecture du Rapport d'Agence, ibid.
Délibération ponant nomination de Commissaires pour conférer avec des Séance.
Députés de la E acuité de Théologie fur les moyens de perfectionner les 45e
Etudes ecclésiastiques ,
x6~j
,
Lecture du Rapport d'Agence ibid.
,
Sixième Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion fur un 46e Séance.
Arrêt du Parlement de Paris concernant la. réforme des registres de
Baptêmes Mariages & Sépultures , dans le Diocèse de Troyes
3 , ibid.
Députation à M. le Garde des Sceaux à ce sujet 294
3
Huitième Rapport du Bureau du Temporel, au sujet des droits de paréape 49e Séance.
contestés a Monseigneur l'Evêque de Saint- Paul-trois-Châteauxpar
l'Officier du Roi,
295
Mesticurs les Agents font chargés d'aider Monseigneurl'Evêque de Saint-
Paul- trois-Châteaux de leurs bons offices, 301
Neuvième Rapport du Bureau du Temporel, au sujet du tirage de la mi-
lice Ô de l'exemption des domestiques des Ecclèfiaftiques ibid.
,
Députation à M. le Maréchalde Ségur pour demander l'interprétation du
mot íervice personnel, 303
Monseigneur l'Evêque de Montpellier annonce un Arrêt rendu par le Par- 50e Séance.
lement de Paris en faveur de Mgr. V Evêque du Mans, au sujet du refus
de Visa par lui fau au Sieur Bouvier pour la Cure de Champfleur3 304
Lecture & stgnature du Procès-verbal, ibid.
Dispositions favorables du Roi au sujet du Mémoire concernant les mau-
5 1e Séance.
vais Livres ibid.
,
Réstexions de I'Assembîée fur les articles proposés par la Commission des
Portions congrues, ibid.
Autres réflexions fur le même objet ibid. 52c Séance.
3
Lecture de la Réponse de M. le Contrôleur-Général a différents Mémoires
3e Séance.
de l'Assemblée. Cette Réponseest renvoyée au Bureau du Temporel, ibid. 5
Premier Rapport du Bureau des Portions congrues au sujet de P'augmen-
tation des honoraires des Curés &
3
des V^icaires, 306
;
1 .
^/
IL86 TABLE DES AFFAIRES
AVIS de la Commission. pape 329 -/
,
Réquisitoire de Monsteur l'Abbé de Boisgelin Promoteur, 331
3
Délibération de L'Assemblée, contenant quinte articles 333
,
54e Séance. ^Septième Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion:, fur un
refus de Viía fait au Sieur Buiffonier pour la Cure du Moneflier-Cler-
3
mont3 Dioce.se de Die, 336
Délibérationfur ce Rapport, 343
55e Séance, Résultat
J d'une conférence avec M. le Garde des Sceaux : i°'. fur le Mé-
moìre concernant les mauvais Livres j 20. fur le projet de déclaration
pour mettre les Eglises Collégiales a l'ahri du dévolut pour anciennes
unions ,- 30'. fur la Thèse du Sieur Graillot • 4°. fur l'affaire du Sieur
Buiffonier, Diocèse de Die,- 50'. sur l'Arrêt du Parlement, concer-
nant la réforme des registres de baptêmes, mariages & sépultures dans le
Dioccje de Troyes ,- 6°. fur la révocation de l'Article y de la Décla-
ration du z 6 Mai 1774, 1 344
Premier Rapport du Bureau des dîmes, fur la nouvelle Jurisprudence du
Parlement de Rouen, concernant les dîmes, 345
Délibération fur ce Rapport 386
,
57e Séance.
Deuxième Rapport du Bureau des dîmes fur V'obligation imposée aux
,
Décimateurs de Flandre de fournir entièrement
, aux réparations des
Presbytères ainst que des Eglises Paroissiales 388
, 3
Délibération fur ce Rapport 402
3
Lecture du Mémoire au Rot & des observations fur la Délibération con-
3
cernant les Portions congrues , 403
Ce Mémoire est inséré ' 404 _,
,
Ainst que les Observations fur chacun des Articles de la Délibération
du 3 Août 407
,
j$* Séance.. Visite a Monseigneur l'Archevêque d'Aix malade 417
,. ,
Vistte à Monseigneur l'Evêque de Troyes malade ibid.
3 ,
Huitième Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion,sur l'af-
faire de M. l'Abbé. de Saint-Soup<pdets , contre le Pourvu en Cour de
Rome du Prieuré de Montarnaud jugée en faveur de M. l'Abbé de
3
Saint-Soupplets, ibid.
Délibération de solliciterune Déclaration qui déclare nulle ô fans effet toute
,
date de Cour de Rome expédiée fur vacance
3
par mort , à moins qu'Une
soit justifié de l'avis donnépréalablement de ladite vacanceparmort 3 avec
défenses aux Expéditionnaires de comprendre dans les Suppliquesfur ré-
signations en faveur, la clause fubstdiaire per obitum 421
,
Neuvième Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion, au sujet
du droit, de prévention 4Z 2
3
Députation, à M. le Garde des Sceaux , pour obtenir une Loi qui déclare
de nul effet toute date retenue en Cour de Rome avant Vexpiration des
trente jours francs qui suivront Venterrement du dernier Titulaire , 42 G
6 ie Séance
Messieurs les Agents font chargés de recommander au Rapporteur l'affaire
ce.
DU PROCÈS-VERBAL, 1187
qui intéresse les Religieux de Vendôme à de Saint-Calais, Décimateurs
de la Paroisse de Savigny, concernant les pailles de la dîme que les ha-
bitants veulent s'approprier a vil prix, pa^e 427
Lecture du Rapport d'Agence 4.2 S
,
Audience demandée par le Greffier de l'Hôtel-de-Ville ibid. 61e Séance.
62
3
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne rend compte de la conférence tenue
che\ M. le Garde des Sceaux :
iS. Sur l'affaire du Sieur Buiffonier3 Diocèse de Die,
Sur la Déclaration demandée relativement a la clause subsidiaire
20.
,
per obitum , inférée dans les Actes de résignation,
30. Sur les abus de la prévention,
4e. Sur l'affaire des Décimateurs de Flandre
,
50. Sur les recherches faites dans le Diocèse de Troyes, relativement
aux registres de baptêmes , &c.
6e". Sur l'affaire des dîmes de Normandie3 ibid.
Lecture du Rapport d'Agence, 429
Monseigneur VArchevêque de Narbonne annonce les dispostions favora- 63e
< Séance.
blés du Roi, relativement au Mémoire fur les Portions congrues & la ^
prorogation de l'Assemblée à P année prochaine 430 '
3
Lecture du Rapport d'Agence ibid.
,
Dixième Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion, concer- 64e Séance.
nant L'Abbaye de Maubcc 3 poffêdêe par M. le Baron d'Efcars , 43 1
Délibération de présenter au Roi un Mémoire a ce sujet, & de mettre sous
les yeux des Ministres la. situation de l'Eglife de Québec 446
. ,
Seconde visite de MM. de f Hôtel-de-Ville pour demander le renouvelle-
, ibid.
ment du Contrat ,
Discours de M. le Prévôt des Marchands, ibid.
Réponse de Monseigneur l'Archevêque de Narbonne 447
3
Délibération de renouveller le Contrat pour dix ans, ibid.
Lecture & signature du Procès-verbal3 448
Lecture du projet des Contrats, tant, pour le Don- gratuit, que pour le 65e Séance.
paiement des rentes prétendues affi'gnées fur Le Clergé, ibid.
Monsieur l'Abbé de Barrai rend compte de l'affaire du Curé de Marottes 66' Séance.
3
concernant la fixation du prix de la vente des pailles de la dîme 3 dépu-
tation à M. Ttton , Rapporteur, 449
Lecture du Rapport d'Agence, ibid.
Dispositions favorables de M. Titon 450 67e Séance.
,
Lecture de la Lettre de I'Assembîée au Pape concernant la prévention , ibid.
,
Onrieme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion, concer-
nant les frais d'enregistrement des Brefs , Bulles & Rejcnts de Cour de
Rome Décrets d'union dans les Parlements du Royaume, & notamment
,
Ï.2,88 TABLE DES AFFAIRES
des Provisions de Bénéfices au Parlement de Grenoble3 P3ge 45°
Délibération fur -ce Rapport 455
3 ,
Visite -à Monseigneur l'Evêque de Troyespour le complimenterfur la mon
d-e M. le Président de Monserrât, son frère ' ibid.
3
1Lettre de V'Assemblée au Pape concernant la prévention , 45 6
,
<lç)* Séance.
:e- Délibération d'assister à la Messe solemnelle de saint Augustin,
_£ 461
1Lecture d'un Mémoire au Roi concernant VAbbaye de Maubec, dont M. le
3
Baron d'Escars est resté en possession : Monseigneur l'Archevêque de
Narbonne est prié de le présenter au Roi, ibid.
Ce
< Mémoire est inséré, 461
70e Séance,
ce* jDourAcme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion , rela-
tivement aux plaintes de Monseigneur U Archevêque de Paris , & de son
Affemùiëe provincialefur la transgreffion publique du précepte de l'E-
glife, concernant la sanctification des Fêtes ù Dimanches 3 471 '
Monseigneurl'Archevêque de Narbonne estprié de faire des représentations
au Roi h cefujet, 473
Députation à M. l'Abbé Tandeau de Marfac, Rapporteur, pour lui re-
f
commander l'affaire pendante au Parlement de Paris, fur appel com-
me d'abus d'un refus de Vus., fait par Monseigneur P Evêque d'Orléans,
pour cause d'incapacité, au Sieur de Lu~{aichcs, prétendant droit à la
Cure de Saint-Laurent des Qrgcries, ibid.
Vistic a Monsieur l'Abbé d''Andre7Lcl pour le complimenter fur la mort de
Madame sa mère 474
,
-, ;c Séance.
nce. Messieurs les Agents mettent fur le Bureau le Licet de Monseigneur V'Ar-
chevêque de Paris pour la Mcffe solemnclle de saint Augustin, ibid.
D Assemblée assiste a cette solemmté, ibid.
7 \" Sc.mce.
nce. Dispositions favorables du Roi relativement au Mémoire de l'Assemblée
l'Abbaye de , possédée
Maubec, M. le Baron d'Escars, y
concernant par 47 G

Corn vu: rendu par Monseigneur l'Archevêque de Narbonne de la Requête


par lui. rem;je à Ai. le Baron de Breteuil, sur l'affaire du Sieur Buis
jonier, Diocèse de Die, & des dispositions de M. le Garde des Sceaux
à ce sujet, ibid.
M. le Comte de Vcrgcnnes se charge de faire parvenir au Pape la Lettre
de VAssemblée concernant la prévention, ibid.
73e Séance.
?.nce.
Lecture de la Réponse du Roi au Mémoire de I'Assembîée, concernant les
mauvais Livres , ^.-jj
Celte Réponse est insérée ibid.
,
74e Séance.
ance. Dixième Rapport du Bureau du Temporel, concernant les Economats , 478
Délibération de présenter au Roi un Mémoire, contenant différentes dispo-
sitions législatives à ce sujet ^.yj
3
75e Séance.
i'ancc. Visite à Monseigneur l'Archevêque de Toulouse , malade, 500
La Faculté de Théologie de la Maison de Sorbone fait demander audience
à. l'Assemblée
° ibid.
3
Lecture du R.apport d'Agence, ibid.
.
Onzième
DU PROCÈS-VERBAL. 1189
Onzième Rapport du Bureau du Temporel, sur un Arrêt qui permet aux
76e Séance.
habitants des campagnes d'envoyer & conduire leurs bestiaux dans les 7
Bois des Communautés séculières & régulières comme dans ceux des
Domaines du Roi, pas;e 501
Députation à M. le Contrôleur-Général fur ce sujet <OA.
3
Douzième Rapport du Bureau du Temporel, fur un Arrêt du Conseil du
8 Janvier 1785,, ausujet de la rentrée au profit de Sa Majesté, dans ceux
de ses Domaines qui se trouvent engagés avec faculté de rachat perpé-
tuel aux gens de main-morte , ibid.
j ,
Députation a M. le Contrôleur-Général a ce sujet3 yo(>
Députation a 'M. de Marville Président du Bureau des Affaires Ecclé-
siastiques & à M. de Sartine3 Rapporteur, pour lui recommander l'af-
faire de M., l'Abbé de Rafùgnac , Abbé de Saint-Mefmin concernant
3 ,
une aliénation de biens d'Eglise, ibid.
Treizième P^apport du Bureau du Temporel, au sujet du logement des
gens de guerre ; on veut assujettir les Notaires Apostoliques des Dio-
cèses de Tours & du Mans y 07
,
Députation à M. le Maréchal de Ségur, Ministre de la Guerre, a ce
stjet, y 08
Quatorzième Rapport du Bureau du Temporel, au sujet des droits d'amor-
tissement & de centième denier txrgês a cause d'un échange fait entre
3
le Chapitre de Saini-Scurin de Bordeaux & l'Hôcel-de-Ville3 ibid.
Délibération d'accorder de bons offices au Chapitre3 JIO
Quinzième Rapport du Bureau du Temporel_, au sujet de la contribution
qu'on veut faire supporter aux Décimateurs relativement au logement des
3
Vicaires, & a la fourniture & entretien des Fonts baptismaux, Con-
feffionnaux & Chaires ci prêcher, y 11
Députation a M. le garde des Sceaux , 512
Audience donnée par l'Assemblée au Greffier de VHôtel-de-Ville ibid. 77e Séance*'
,
Messieurs les Agents font lecture d'un Arrêt du Conseil, qui renvoie a
l'Assemblée le Jugement de Paffaire du Dioccje d'Oléron, contre le Cler-
gé de la Navarre Bayonnoijc 3 513
Deuxième Rapport du Bureau des Portions congrues & lecture d'unr
3
projet d'instruction a envoyer dans les Diocèses 3 ibid.
Délibération de Venvoyer dans les Diocèses , ibid.
L'instruction est inférée, 514
Troisième Rapport du Bureau des Portions congrues fur les besoins des
,
Evêchés dont la dotation est insuffisante, 523
Députation a Monseigneur f Evêque d'Autun a ce sujet ,
1

524h
Troisième Rapport du Bureau pour le Département & les Portions con- 78e Séanco,
-
grues , au sujet de l'imposttion des Bénéficiers de Bresse & de Bugey, y 2 y
Délibération de modérer d ï6oo livres rimposition ordonnée par V Asem-
blée de 1782, lesquelles 1600 livres feront levées pendant vingt-quatre
ans fur lesdits Bénéficiers, y26
Réquisitoire de Monsieur l'Abbé de Boisgelin , Promoteur, sur l'affaire
Procès-verbalde 1785 - 1786. Lllllll
12.9° TABLE DES AF F A I R E-S
du Diocèse d'Oléron .contre le Clergé de la Navarre Bayonnoife, &
délibération d'accepter, le renvoi fait a l'Assemblée par Arrêt du Conseil
du Jugement de celte affaire, pso-e 527
Lecture & signature du Procès-verbal, cZS
Troisième visite de MM. de l'Hôiel-de-Ville pour remercier I'Assembîée
de la délibération qu'elle a prise pour renouveller le Contrat des rentes
}
prétendues assignées fur le Liergé, ibid.
Discours de M. le P'révôt-des-Marchands ibid.
,
Réponse de Monseigneur l'Archevêque de Narbonne y 2p
,
Arrêt du Ccsijeil qui renvoie au Jugement de VAssemblée l'affaire d'entre
le Dioceje d'Oieron & le Clergé de la Navarre Bayonnoife3 y 30
79e Séance. Discours de Monseigneurl'Archevêque de Narbonne, au sujet des Lettres-
Patentes qui renvoient au Parlement la connaissanced'une affaire duus
, impliqué Mgr. le Cardinal de Rohan
laquelle est
3 532,
L'affaire est renvoyée au Bureau de la Jurisdicìion , 533
Celle
1 concernant l'Abbaye de Saini-Mesmin estjugée en sa saveur, ibid.
Lecture du Rapport d'Agence ibid.
 3
80e Séance, D
j
Afi emblée assiste a la Thèse du Frère Roux, Religieux Augustin , 534
8 i* Séance. Dispositions favorables de Monseigneur l'Evêque d'Autun3 relativement
aux Evêchés dont la dotation cfl insuffisante , ibid.
Monsieur l'Abbé de Barrai rend compte d'une affaire qui intéresse la com-
pétence du Bureau Diocésain d'Autun, 53y
Messieurs les Agents font chargés de présenter Requête au Conseil a ce
sujet, ibid.
f
Remerciements à Monseigneur Evêque de Digne d'avoirprésidé la Thèse
du Frère Roux, Augustin : gratification de 700 livres accordée à ce
Religieux, ibid.
82e Séance. L^ecitue du Rapport d'Agence, 536
83e Séance."\ TreÌ7Jemc Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion3 con-
cernant l'affaire de Mgr. le Cardinal de Rohan, ibid.
Délibération d'écrire une Lettre au Roi 3 & de présenter a Sa Majesté un
Mémoire concernant V'immunité personnelle des Evêques, y c^.
84e Séance. Serment prêté par Monseigneur f Evêque de Meaux, yyy
S 5e Séance. Visite a Monseigneur l'Evêque de Montpellier, malade, ibid.
86e Séance. Lecture de la Lattre de F Assemblée au Roi, & du Mémoire sur /'immu-
nité personnelle des Evêques3 5 yS
La Lettre est inférée, 557
Le Mémoire est inséré, y61
87e Séance. Signature des Contrats chez^ M. le Garde des Sceaux, y74
88e Séance. Monseigneur l'Archevêque de Narbonne fait part de deux Réponses de
M. le Contrôleur-Général; l'une concernant les domaines engagés ; l'au-
tre concernant la permission de faire paître les bestiaux dans les bois.
Ces deux Lettres font renvoyées au Bureau du Temporel, 575
DU PROCÈS-VERBAL. 12.91
Se'vsieme Rapport du Bureau du Temporel, concernant l'imposttion des
biens ecclésiastiques a la taille, pa^e y75
Délibération de présenter un Mémoire au Roi : Messieurs les Agents font
chargés d'aider de leurs bons offices les Bénéficiers de la Haute-Marche, 583
Dix-feptieme Rapport du Bureau du Temporel, au sujet de la contribu-
tion quon veut faire supporter au Clergé de la Rochelle dans les dé-
penses pour la réparation & agrandissement du Palais 6* Prisons du Pré-
fidial j 84
3
Messieurs les Agents font chargés d'appuyer de leurs bons offices la Re-
quête du Clergé de la Rochelle, y8<»
Monseigneur L'Archevêque de Narbonne fait part de la Réponse du Roi: 89e S« Séance;
i°. Au Mémoire sur l'immunité personnelle des Evêques ;
20. Aux demandes de I'Assembîée, touchant les aliénations & l'interprè^
tation de l'article 5 de la Déclaration de 1774,-
3 Ô. De la Réponse de M. le
Garde des Sceaux relativement aux Por-
,
tions congrues 3 y 87
Réponse du Roi au Mémoire sur F immunité personnelle des Evêques ibid.
,
Signature du Contrat entre le Clergé & MM. Bollioud de Saint-Jullien
& de Quinson Receveurs-Généraux du Clergé, y 88
,
Rapport du compte des rentes au denier vingt, ibid. 90e
9 Séance.
Rapport du compte des rentes au denier vingt-cinq , 633
Troisième Rapport du Bureau des Dîmes, fur la dîme des fruits de nou- 91e
9 Séance.
velte culture dans le ressort du Parlement de Paris G~jG
3
Députation a M. le Garde des Sceaux pour conférer avec lui fur les objets
contenus dans les quatre articles proposés pour être inférés dans la nou-
velle Loi, 730
Lecture de la Lettre du Roi pour la suspension des Séances de l'Affem- 94e
< Séance.
blée, 731
Cette Lettre est insérée , ibid.
Dix-huideme Rapport du Bureau du Temporel, au sujet des réparations
de l'Eglife & maison curiale de Palleau auxquelles on veut faire con-
tribuer le quart de réserve du Chapitre de, Chalon-sur-Saônc; 732
Députation a M. le Contrôleur-Généralà ce sujet, 736
Dix-ncuvieme Rapport du Bureau du Temporel, au sujet de l'impôt du
sel, & des vifies des Employés auxquels les Eccléstastiquesfont assu-
jettis , ibid.
Députation à M. le Contrôleur-Généralpour obtenir l'interprétation de
farticle premier du titre 13 de l'Ordonnance de 1680 : Messieurs les
Agents font chargés d'accorder leurs bons offices aux Curés de Bu\an-
cois 739
,
Vingtième Rapport du Bureau du Temporel % au sujet du Don-gratuit des
Villes auquel on soumet les Eccléstastiques dans les endroits où il se
perçoit en argent, ibid.
Délibération de demander a ce sujet une conférence aux Ministres à la
Lllllll 2
1.%^% TABLE DES AFFAIRES
repris des Séances , P?'ge 743
9 5e Séance.
Qjtatcr7Lieme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion._ con-
cernant les oppositions aux mariages ibid.
,
Dispositions ultérieures a ajouter au projtt de Loi proposé par I'Assem-
bîée de 1780, 750
Qiun^jeme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion concer-
,
nant la Canonisation de M. Alatn de Solmuuac, Evêque de Cahots, 7y 1
Débbêra::on d'eaire une Lettre au Pape de prier Monseigneur l'Arche-
,
vêoue de Narbonne d'écrire particulièrement a M. le Cardinal de B émis
& charger Aîestieurs les Agents de donner à
o.:,
objet les mêmes foins,
cei
que leurs prédécesseurs, 7y3
La Lettre de l'Assemblée au Pape est insérée , JïAr
96 Séance, Quatrième Rapport pour le Bureau du Département & des Portions con-
grues , fur l'envoi dé PInstruction dans les Diocèses , 756
Délibération de joindre à cette Instruction copie de la Lettre de M. le Garde
des Sceaux ; de prier Messieurs de la Commission de suivre auprès de
ce Chef de la Ma gistraiure les objets de la Délibération du 3 Août. 3 sus-
ceptibles a'une Législation nouvelle & ìes demandes formées pour la
simplification des unions i de charger, Messieurs les Agents d'eenre une
Eeii/e circulaire pour inviter les D tocfis il j.are parvenir leurs états
en réponses dans le commencement de Mai & de prier Messieurs de la
,
Commission de se réunir, un mois avant la reprise des Séances pour pré-
,
parer le travail3 759
Délibération d'accorder au Diocèse de Lyon une modération d'imposition,

' tour entre


,
•CéUstins ,'•'.'
à causé de la perte que lui fan éprouver, fur la matière imposable ie re-
les mains du Roi.de Sardaigne, d'une parue des
, des
biens

Fin de la lecture du Rapport d'Agence ,• Commission nommée pour en exa-


miner les Pièces Justificatives
760

761
,
Réflexions de Messieurs les anciens yìgents Délibérationfur les mesu-
&
,
res prises pour entretenir3 conformément à une Délibération de I'Assem-
bîée de Melun une correspondance exacte entre Meffieurs les Agents
3
& les Syndics des Diocèses : Messieurs les Agents font chargés d'envoyer
la présente Délibération dans les Diocèses, 761
Propofitivn de Meffieurs les anciens Agents a Veffet d'établir des Syn-
3
dics Provinciaux ; cette proposition est renvoyée a la reprise des Séan-
ces y 7ÍÍ4
Nomination de MM. Camus, Gaignant, Hervé Avocats au Parlement,
,
& Samson Duperron Avocat aux Conseils en qualité d'Avocats du
,
Clergé surnuméraires _,
..ibid.
, 3
Délibération concernant 'M'. Vulpian Avocat du Clergé3 & le paiement
3
de ses honoraires pour les années 1780 178 1 & la momé de 178 2 -'76.5
, , ,
.^7= Séance. Deuxième Rapport du Bureau des Moyens, a caùfe du compte' des'an-
ciennes rentes, - ' -]6G
Troisième Rapport du Bureau des Moyens, & Délibération d'arrêter l'.état
des frais communs; de donner à -Meffieurs du second Ordre la Collec-
DU PROCÈS-VERBAL. 1293
non des Procès-verbaux, & les Procès-verbaux de 1780 & 1782 ; d'ac-
corder 3000 livres de pension a M. l'Abbé Parent, & de comprendre
M. f Abbé de Gourcy dans les états de distribution des Procès-verbaux
& Rapports d'Agence PaSc 797
,
Quatrième Rapport du Bureau des Moyensfur le compte des exemplaires
de la Collection des Procès-verbaux S00
,
Délibération fur ce que doit observer le Sieur Defpre^ relativement à la
,
vente des exemplaires de cet Ouvrage, 803
Vingt-unième Rapport du Bureau du Temporel, relativement à l'affaire 98e Séance.
des Foi & Hommages * Soy
,
Commissaires nommés pour cet objet avec indication de ce qu'ils doivent
fajre 3
807
>
Vingt-deuxième Rapport.du Bureau du Temporel, fur les prétentions des
Dominicains & des Officiers du Domaine apanage de Mgr. Comte d'Ar-
tois , fur les biens des Dominicaines de Sainte - Catherine de Poitiers
supprimées, 808
Meffieurs les A peins font charcés d'accorder leurs bons offices a Mgr. l'E-
veque de Poitiers , même d'intervenir, s'il y a lieu, 813
Vingt-troisième Rapport du Bureau du. Temporel, au sujet des droits a'in-
finuation exigés pour les dots des Religieuses ibid.
3
Délibération d'écrire une Lettre circulaire dans les Diocèses S 16
,
Réflexions du Bureau du Temporel, fur la réponse de M. le Contrôleur-
Général aux représentations de VAssemblée concernant le droit de marc-
,
d'or exigé pour les Lettres - Patentes fur des unions : Délibération de
préparer un Mémoire pour la reprise des Séances, ibid.
Réflexions du Bureau du Temporel fur la réponse de M. le Garde des
Sceaux, relativement aux aliénations des biens ecclésiastiques : Déli-
bération de préparer un nouveau Mémoire pour la reprise des Séan-
ces , 817
Lecture d'un Mémoire en réponse h ceux qui. avoient été adressés par
,
M. le Contrôleur-Général3 ,
a I'Assembîée3 relativement a la durée des
baux des Bénéjiciers : Délibération d'écrire une Lettre à M. le Con-
trôleur-Général à ce sujet, 818
Monseigneur VArchevêque de Narbonne obtient du Roi, sur le Don-gra-
tuit, de I'Assembîée une somme de 1 00000 livres pour être employée
,
suivant un état adreffé, M. le
,
Contrôleur-Général, ibid. ,
par
Sei7Lieme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion, relati-
vement a l'affaire de M. le Cardinal de Rohan, ibid.
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne, Monseigneur l'Archevêque de
Paris & ceux de Ade(seigneurs & de Meffieurs du Bureau de la. Reli-
gion &, de la Jurisdicìion qui seront à Paris font priés de suivre cette
affaire, , S 20

Dix-feptieme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion au


,
sujet des obstacles qu'éprouvent les voyageurs de la part des Conducteurs
des Diligences Messageries &c. pour entendre .la Meffe les Diman-
ches & Fêtes ',t , ,
821
12.94 TABLE DES AFFAIRES
Délibération d'en porter des plaintes a M. le Baron d'Oigny, Jntendant-
Général des Postes, a ce sujet
, Page 8it
Réflexions du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìionfur un Ouvrage
intitulé : Triomphe du nouveau Aîonde. Monseigneur l'Archevêque de
Narbonne est prié d'engager M. le Garde des Sceaux à retirer les Let-
tres de privilège 3 & d marquerson mécontentement au Censeur;, 821
<}<f Remerciements de MM. les Avocats surnuméraires
Séance. R 821
,
Le département de la nouvelle imposttion & l'état de frais communs font
L
arrêtés & signés , ibid.
Lecture de deux Lettres de M. le Contrôleur-Général aux représentations
L
de l'Assemblée tant fur l'imposition du quart de réserve aux dépenses
,
pour reconstructions d'Eglises & Presbytères, que fur l'Arrêt qui per-
met le pâturage dans les bois des Communautés eccléstastiques3 ibid.
Ces deux Lettresfont inférées
C 822 823
, ,
Ordres
C donnés par M. le Baron d'Oigny Surintendant-Général d es Postes,
Conducteurs des Diligences &
,
Messageries3 relativementh l'audi-
aux
tion de la Meffe les Fêtes & Dimanches, 824
ìRapport de la Commission pour les Archives, & compte rendu des travaux
de M. Duchefne 3 ibid.
jDélibération fur la fuite de ces travaux 3 & pour demander aux Diocèses ,
par une Lettre circulaire, une copie de l'inventaire de leurs Archives ,
& une expédition des Arrêts d'enregistrement & autres que les Cours
3
souveraines de leur ressort, rendront dans des matières eccléstastiques, 830
Quatrième Rapport du Bureau des Dîmes , au sujet des Arrêts qui fixent
a un taux modique le prix de la vente des pailles de la dîme, 831
Délibération de présenterfur cet objet un Mémoire au Roi, & de demander
d M. le Garde des Sceaux que l'affaire soit retenue au Conseil des Dé-
pêches, 841
Cinquième Rapport du Bureau des Dîmes , au sujet d'un Arrêt du Parle-
1

ment de Mer{, qui admet la prescription de la grosse dîme , & impose


au Décimateur la preuve de sa
possession 842
,
Délibération d'accorder de bons offices au Chapitre de Met^3 lorsqu'ilse
fera pourvu en cassation contre l'Arrêt : Messieurs les Agents font char-
gés de suivre cette affaire, 849
Lecture & signature du Procès-verbal, ibid.

SECONDE PARTIE.
100e Séance.
c De profundis & Servicesfolemnels indiqués pour Messeigneurs les Evêques
de Toulon & de Saint-M.alo, Ô pour Monsieur l'Abbé de Castellas, 849
Monseigneur l'Archevêque de Narbonne rend compte de l'état, i°. de l'af-
faire des dîmes de Normandie, 8y 1
20. De l'affaire des Foi & Hommagesy ibid.
3°. De l'affaire concernant l immunité personnelle des Evêques , ibid.
Visite à Monseigneur l'Evêque de Nevers surson accident, 852
DU P R O C È S-V
E R B A L. 1X95
Nomination de nouveaux Commissaires du Bureau des Portions congrues
3
pour remplacer Messeigneurs les Evêques de Toulon & de Saint-Malo ,
Ô M. l'Abbé de Castellas, page Sy2
Cinquième Rapport du Bureau des Portions congrues fur la nécessité de
solliciter une Loi générale, & des Lettres -Patentes, particulières pour
chaque Diocèse, ibid.
Délibération sur ce Rapport, 855
Lecture d'un nouveau projet de Lettres-Patentes concernant les Portions 105e
ic Séance.
congrues, ibid.
Délibérationfur le cinquième Rapport du Bureau des Portions congrues, & 105e
ic Séance.
fur le nouveauprojet de Lettres- Patentes pour le Diocèse de Nîmes S y 7
,
Vistte à Monfeiçrncur l'Evêque de Digne, malade3 858
Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux rend compte de la députation 106e Séance.
K
auprès de M. le Garde des Sceaux relativement a l'affaire des Por-
tions conprues, ,
ibid.
Compte rendu par le Bureau des Portions congrues des états des Diocèses
de Troyes & de Langres g y9
,
Députation de Monsieur l'Abbé de Barrai a Versailles, pour savoir des 107e
* Séance.
nouvelles de la Jante de la Reine, au sujet de son accouchement, ibid.
Monseigneur FEvêque de Langres invité à faire réimprimerson Instruc-
tion Pastorale pour la répandre dans les Diocèses 8 60
,
Compte rendu par Monsieur l'Abbé de Barrai de fa députation, ibid. 108e
i Séance.
Vistte à Monseigneur le Coadjuteurd'Orléans, malade, ibid.
Compte rendu par le Bureau des Portions congrues de l'état du Dioceste
3
de Vienne, 861
Servicefolcmnel pour feu Monseigneur l'Evêque de Saint-Malo, ibid. 109e Séance.'
Service folemnel pour feu Monseigneur l'Evêque de Toulon, g 66 11 o" Séance.
Service folcmnel pour feu Monsieur l'Abbé de Castellas3 S 69 111e Séance.
Compte rendu, par Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux, de la dépu- 1121' Séance.
tation auprès de M. te Garde des Sceaux, relativement a l'affaire des
Portions congrues3 871
Monseigneur VArchevêque .de Bordeaux rend compte de Vexamen du Rap-
port d'Agence & de Jes Pièces Justificatives, t ,
872
Délibération fur ce Rapport 873
3
Remerciement de Messieurs les Agents ibid.
,.
Dix-huitième Rapport de la Religion & de la. Jurisdicìion fur l'état' 116e Séance.
3
actuel des différentes affaires pendantes lors de l'interruption des Séances
,
Délibération de solliciter ta Réponse du Roi au Mémoire de F'Assemblée
sur F immunitépersonnelle des Evêques, 87737 >

Dix-neuvieme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion


concernant la sanctification des Dimanches ù Fêtes , ibid
Délibération de présenter un Mémoire au Roi, ibid.I.
i vy-6 TABLE DES AFFAIRES
Vingtième Rapport du Bureau de la Religion & de la. Jurisdicìion, cotu
cernant les Provisions de Cour de Rome, pour le Prieuré de Montar-
naud, expédiées fur résignation avec'la clause per obi rum , page 877
Délibération d'appuyer la demande en cassation de M. l'Abbé de Saint-
Soupplets Ô d'insister auprès de M. le Garde des Sceauxfur la nécessité
de donner3une Loi qui fixe, à cet égard, la Jurisprudence des Tribu-
naux , 878
M
Mémoire fur F infraction aux Loix, concernant la sanctification des Di-
manches & Fêtes, 879
>:i7c Séance.. Lecture & signature du Procès-verbal,
Le 88 1
118e Séance.:. Monseipneur FArhevêqite de Narbonne rend compte des dispositions favo-
ÀC
rables du Roi, relativement à lasanctificationdes Fêtes & Dimanches3ibid.
D
Difficultés fur l'enregistrement de la nouvelle Déclaration concernant les
dîmes dans le ressort du Parlement de Normandie3 882
119= Séance.
•'
Vingt-unieme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion, &
V
lecture d'un Mémoire fur F établissement du Concours ibid.
,
D
Délibération remise aune autre Séance, 884
Délibération de faire réimprimer les Précis des Cortfêrc.;izcs des Commis-
e. D
120e Séance.
saires du Clergé avec, les Commissaires du Ccrsèu. fur P affaire des Foi
& Hommages, & d'y ajouter un supplément en réponse d un Ouvrage
ayant pour titre : Eíìai historique íur la nom;.;, des S--:-incuries rco-
dales, ìk. íur les devoirs de celles qui foivc possédées par Uigiiíc, 886
123e Séance.
:e- Monseigneur l'Archevêque de Rheims rend compte de la conférence qu'il
^V

a eue avec M. le Garde des Sceaux, fur i'affaire des dîmes de Nor-
mandie, ibid.
I24ï Séance. Monseigneur l'Archevêque de Narbonne fait part a VAssemblée de la Ré-
ce. J\
ponse du Roi au Mémoire concernant Fimmunité personnelle des Evê-
ques. Cette Réponse est renvoyée au Bureau de la Religion & de la Ju-
risdicìion, 887
Délibération sur le projet d'établissement du Concours 8SS
,
Vitigt-deuxicme
t
Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion,
fur Les qualités qu'exige le saint Ministère dans F exercice des fonctions
cunales ibid.
,
Délibération de nouvelles instancespour Fobtention d'une Déclaration, S 90
Mémoirefur le Concours pour les Cures ibid.
,
nce. Monseigneur VArchevêque de Narbonne rend compte de la conférence te-
126e Séance.
nue che? M. le Garde dès Sceaux, relativement aux Portions congrues,
& de la Réponse de-ce premier Magistrat, 934
Compte rendu par le Bureau des Portions congrues des états des Diocèses
de Tulles, Dot, Bernas Alet, Condom Vabres Fréjus Autun &
User , 3 , , ibid.
127e Séance.
ince.
Vingt-troiseine Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion,
sur la multiplicité des Chanoines privilégiés, 93 y
Délibération de solliciter une Déclaration du Roi qui en fixe le nombre, 944
£30° ance. Vingt-quatrième Rapport du Bureau du Temporel, au sujet de /OEílai his-
Séance.
torique
DUPROCÈS-VERBAL. I 2.97
torique sur la nature des Seigneuries féodales, Se fur les devoirs de
celles qui font possédées par l'Eglife, Page 94^
Délibération de faire imprimer ce Rapport a la suite de la. nouvelle édi-
tion du Précis des Conférences, fous le titre ^'Obíervations fur les
Justices possédées par l'Eglife, 9(íy
Vingt-cinquieme Rapport du Bureau du Temporel, fur la multiplicité des
aliénations des biens de l'Eglife & des pauvres, c^(,G
Délibération de solliciter une Déclaration à ce sujet & députation tant à
,
M. le Garde des Sceaux, qu'a AL. le Contrôleur-Général, , 985
Vingt-quairieme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion, r 3 Ie Séance."
' 13
fur la Réponse du Roi au Mémoire de I'Assembîée, concernant l'immu-
nité personnelle des Evêques, 9S7
Délibération à ce sujet, 990
Réponse du Roi au Mémoire sur Fimmunitépersonnelle des Evêques 991
,
Vingt-cinquieme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion,
sur le projet dune Collection complète des Conciles de France ibid.
,
Délibération de souscrire pour 2 y o exemplaires 993
,
Messieurs les Agents font chargés de faire parvenir aux Archevêques & Séance.
132e
Xi
Evêques des exemplaires imprimés par ordre du Roi, fur les moyens de
prévenir les froments de la carie , 994
Vingt-fixieme Rapport du Bureau du Temporel, fur l'affaire des Foi &
Hommages 99y
,
Délibération qui nomme des Députés pour en solliciter le Jugement défi-
nitif, 996
Vingt-fcptieme Rapport du Bureau du Temporel, & lecture d'un Mémoire
jur la Taille , ibid.
Députation pour en. conférer avec M. le Contrôleur-Général, 997
Mémoire fur la Taille ibid.
,
Monseigneur F Archevêque de Narbonne rend compte des di[postionsfavo- 1 3 5* Séance.
râbles de M. le Garde des Sceaux i°. par rapport au Mémoire de l'As-
semblée sur les aliénations ,
, , 1 o 11

20. Sur l'affaire des Décimateurs de Provence, qu'on veut assujettir


aux répartions du Clocher lorsqu'il est placé fur la Nef, ibid.
30. Sur l'affaire des Foi & Hommages, 1012
4°. Sur celle des Economats , ibid.
Vingt-fixieme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion, au
sujet des Travaux de MM. les Abbés de Boyer & de Bousquet sur
les matières canoniques & bénéficiâtes3 ,ibid.
L'Assemblée renvoie au Bureau des Moyens pour la fixation des gratifica-
.
uons proposées en leur faveur, 1013
Lecture d'un Mémoire fur les dispositions de la Déclaration du \ 2 Mai
1782 concernant la rédaction des acles de Baptêmes 1014
3 ,
Lecture d'un Mémoire de la Faculté de Théologie, concernant les grades T 3 6e Séar.ce,
Procès-verbal de 1785-178^. Mmmmmmm
1298 TABLE DES AFFAIRES
& les honoraires des Proses}eurs Page 1014
,
Lecture & signature du Procès-verbal3 ibid.
Vingt-huitième Rapport du Bureau du Temporel, fur le remboursement
des petites rentes au-deffbus de vingt livres dues par le Roi aux Dio-
3
cèses Bénéficiers Corps & Communautés ecclésiastiques ibid.
, , ,
Délibération de demander a M. le Contrôleur-Général un nouveau surfis
de charger Messieurs les Agents d'écrire une Lettre circulaire dans les3
Diocèses à ce sujet, & de continuer a recevoir & employer dans les
reconstitutions & emprunts du Clergé les sommes fournies par les Corps
& Communautés eccléstastiques, Fabriaues, Hôpitaux & Maisons Re-
ligieuses 1017
,
Vingt-neuvieme Rapport du Bureau du Temporel, au sujet des droits de
Contrôle exigés du Diocèse de Cahots pour quittances de rembourse-
ment, ibid.
Délibération de solliciter auprès de M. le Contrôleur-Général la restitution
des sommes induement exigées, 1020
Trentième Rapport du Bureau du Temporel, au sujet du droit de gruerie,
auquel on veut affujettir 274 arpents de bois, dépendants du Monastère
d'Ambert, ibid.
Délibération d'appuyer la demande de M. FEvêque d'Orléans à fin
d'exemption ,
, 1024
13 7e Séance.
nce. Délibération qui nomme Mc Gibcrt, jeune, Adjoint, pour remplacer
A4C Maigret, en cas de surcharge maladie, retraite ou autres empê-
chements
, ,
, 102 y
Vingt-septième Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion &
lecture d'une Requête du Chapitre Cathédral d'Alais, au sujet du droit
,
de litre, ou ceinture funèbre, prétendu par les Vicomtes d'Alais dans
FEglijè Cathédrale ibid.
,
Délibération qui charge Messieurs les Agents d'accorder leurs bons offices
au Chapitre, pour faire porter cette affaire au Conseildes Dépêches, 1027
138e mec. Dire de M. F Abbéde Banal, concernant les prétentions des Chambres des
Séance.
Comptes à Venregistrement des Lettres-Patentes confirmatives des Dé-
,
crets d'u ni on , 1028
Délibération de solliciter une Déclaration a ce sujet, 1041
Sixième Rapport du Bureau des Portions congrues, fur les moyens d'exé-
cuter le plan d'amélioration des Portions congrues 3 1042
Délibération d'inviter les Archevêques & Evêques de chaque Métropole
a se concerter entr eux fur les moyens de venir au secours des Diocèses
de leurs Provinces qui en auroient besoin, & de prier le Roi de p rendre
en considération la détresse des Diocèses oh le Patronage Ecclésiastique
n'est pas suffisant, 1044
Septième Rapport du Bureau des Portions congrues, fur les dispositions
favorables de M. FEvêque d'Autun, pour Famélioration des Evêchés
de Provence & de Dauphine, dont la dotation est insuffisante , 104y
Délibération de remercier M. FEvêque d Autun, & de lui demander la
DU PROCÈS-VERBAL. 1299
continuation de fies bons offices, Pagc T 045
, fur le compte des revenants-
Cinquième Rapport du Bureau des Moyens
bons 104(7
,
Délibération
, i°. fur Fordre de ce compte a F avenir, le remboursemeru
des Offices de Receveurs Provinciaux, & le paiement des avances du
-
Receveur-Général,- z9., fur les moyens d'accroître les fonds destinés au
paiement des pensions des nouveaux Convertis ; $Q. fur le rembourse-
ment d'une ancienne rente due a M. Rigolct de Juvigny, & F augmen-
tation, de 400 livres ajoutée à fa pension ; 40. fur les gratifications ac-
cordées a MM. les Abbés de Boyer & Bousquet 1064
,
MonseigneurF Archevêque de Narbonne rend compte des dispositionsJ"avo- *iys Séance.
râbles de M. le Garde des Sceaux, fur le Mémoire concernant la pré-
tention des Chambres des Comptes 3 relativement à F cnrépijirement des
Lettres-Patentes confinnatives d'unions, 1068
Monseigneur l'Archevêque d'Arles rend compte des dispositionsfavorables 1400
: Séance.
de M. le Garde des Sceaux, relativement a F établissement du Concours
dans les Diocèses ibid.
3
Lecture des Articles du Cahier de la Jurisdicìion 1069
,
Délibération de présenter a M. le Garde des Sceaux le Mémoire fur la
Déclaration du 12 Mai 1782, relative aux Actes de Baptême ibid.
,
Ce Mémoire est inféré 1070
,
Trente-unième Rapport du Bureau du Temporel3 au sujet de la clôture 142e Séance.
d'un nouveau Cimetière, a laquelle on veut faire contribuer les Chapi-
tres de Saint-Gatien & de Saint-Martin de Tours , 10S0
Délibération de solliciter auprès de M. le Contrôleur-Général le maintien
des privilègesjustement réclamés par ces Chapitres 1082
,
Trente - deuxième Rapport du Bureau du Temporel, au sujet des impo-
sitions royales retenues fur une rente due par le Roi a la Fabrique du
Chapitre de Saint-Malo ibid.
,
Délibération, de demander a M. le Contrôleur-Généralqu'il donneses ordres
pour que la rente soit payée fans retenue, 1085
Trente-troisteme Rapport du Bureau du Temporel, au sujet de l'Arrêt du
Conseil du 7 Septembre 178 y, concernant les constructions & reconstruc-
tions des bâtiments appartenants aux Gens de main-morte Hôpitaux,
&c. , 1086
,
Délibération de faire des représtentations a M. le Contrôleur-Général a ce
sujet, 1092
Lecture des Articles du Cahier du Temporel, ibid.
Indication du jour de la Conférence pour les Cahiers chevL M. le Garde 143 e Séance.
desSceaux, - 1c>93
Lecture, par le Bureau de la Religion la Jurisdicìion d'un Acte de
& de
protestation concernant F immunitépersonnelle des Evêques, ibid.
,
Vingt-huitième Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion,
fur Fétablissement des petits Séminaires 1099
,
Délibération de renouveller la Délibération de F Assemblée de 177 y a ce
sujet, de faire part a M. le Garde des Sceaux des difficultés qu'éprou-
vent dans les Tribunaux les demandes des Evêques, & notamment celle
Mmm mmmm 2
í5oo TABLE DES AFFAIRES
de M. F Evêque de la Rochelle, page 1111
Lecture de la Réponse du Roi aux représentations de F Assemblée, en fa-
veur des Diocèses où le Patronage Ecclésiastique n'offre pas de ressour-
ces suffisantes pour les unions : cette Réponse est renvoyée au Bureau des
Portions congrues ibid.
,
Huitième Rapport du Bureau du Département & des Portions congrues,
fur l'affaire du Syndic du Diocèse d'Oléron, contre le Clergé de la Na-
varre Bayonnoise , 111 2
Réquisitoire de Monsieur l'Abbé de Boisgelin, Promoteur, 11 28
Jugement prononcé par FAssemblée 11 29
,
1^4' Séance.
3. Sixième Rapport du Bureau des Dîmes fur un projet de Loi a solliciter
. ,
pour le ressort du Parlement de Paris , 1 133
Délibération de solliciter cette Loi après F enregistrement de la Déclaration
pour la Province de Normandie 3 & d'en solliciter autant pour les au-
tres ressorts, après avoir pris des instructions dans les Diocestes , 1 1 84
Monsieur l'Abbé de Montefquiou chargé de savoir le jour oh il plaira au
Roi donner F audience de clôture, u8y
145 e Séance.
:e. Lecture de plusieurs Lettres de M. le Contrôleur-Général, en réponse aux
représentations de I'Assembîée, sur différentes affaires : ces Lettres font
renvoyées au Bureau du Temporel, 11 86
Monsieur l'Abbé de Montefquiou annonce que Faudience de clôture estfixée
au 10 Septembre, ibid.
Monseigneur l'Archevêque d'Arles rend compte de la conférence tenue che^
M. le Garde des Sceaux, tant fur les articles du Cahier de la Reli-
gion & de la Jurisdicìion, que fur la Déclaration concernant les acles de
Baptêmes, ibid-
Monseigneur l'Archevêque d'Aix rend compte de la conférence tenue cheip
M. se Garde des Sceaux ,fur les articles du Cahier du Temporel, 1187
Rapport de Monseigneur l'Archevêque de Rheims au sujet des demandes
,
de la Faculté de Théologie, concernant Pexpectative des Grades, 1188
Délibération de solliciter des Lettres-Patentes h ce sujet, 1195
Trente-quairieme Rapport du Bureau du Temporel, fur le nouvel Arrêt de
fui-séance, concernant l'affaire des Foi & Hommages , ibid.
Délibération fur les démarches ultérieures qu'exigera cette affaire, 1 208
Vinat-neuvieme Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion
en faveur des gens de Lettres, xoia.
L'état des Auteurs esi renvoyé à la Commission des Moyens, 121 y
Neuvième Rapport du Bureau des Portions congrues fur la Réponse du
Roi, concernant les Evêchés, Chapitres & Cures insuffisammentdotés, ibid.
Délibération d'envoyer cette Réponse la nouvelle Déclaration des Portions
Délibération , Août dans les Diocèses
congrues , & la du 24 , comme aussi
de prier M. le Garde des Sceaux d'envoyer la nouvelle Loi aux autres
Parlements du Royaume 1 21 6
,
Réponse du Roi fur la Délibération du z 4 Avril 1786, 1217
Dixième Rapport du Bureau des Portions congrues , & proposition d'ac-
DU PROCÈS-VERBAL. 1301
c order des secours à plusieurs Chapitres d'Eglises Cathédrales, page i 2 17
Délibération qui règle la manière dont ces secours seront accordés
, 1222
Tableau des Eglises Cathédrales & des secours qui leurfont destinés 1 224
,
Sixième Rapport du Bureau des Moyens en faveur du Courier du Cteroé, 146 Séance.
du nommé Renard, ancien Garçon des , Bureaux, 14
du nommé Bony,
Ecrivain, & du Sieur Valeix Commis du Bureau de PAgence. 122s
,
Délibération d'accorder, i°. au fils d'Houdelette la survivance de son père
Ô 100 livres de gratification ; 2°. 300 livres de pension Jean Renard;
a
3°. 1 y o livres de gratification au Sieur Bony ,• 40. une pension de 300
livres au Sieur Valeix, en cas de retraite 1216
,
Septième Rapport du Bureau des Moyens en faveur de M. Duchefne,
Garde des Archives & délibération d'augmenter de 2000 livres par an
son traitement, ,
ibid.
Huitième Rapport du Bureau des Moyens, & délibération, i°. de sup-
primer le département arrêté par F Assemblée de 1782 en faveur des
3
gens de Lettres ; 2°. d'accorder 10000 livres, qui, fur Findication de
M. le Garde des Sceaux,seront payées aux perjonnes employées aux re-
cherches relatives aux monuments de VHistoire Ecclésiastique & civile
;
30. d'accorder une pension de 2000 livres à M. l'Abbé de Gourcy une
pareille pension à M. l'Abbé Gandin, & d'augmenter de 400 livres, celle
de M. l'Abbé de la Blandtniere ; 4°. d'accorder plusteurs gratifications
à des gens de Lettres désignés dans ladite Délibération; y°. de rendre
réversiblefur la tête de, M. FEvêque de Québec & de son Coadjuteur, la
pension accordée par Le Clergé a M. F ancien Evêque de Québec 1227
,
Neuvième Rapport du Bureau des Moyens, & délibération de faire un
fonds annuel de 40000 livres pour soulager les Jésuites indigents, 1230
Trentième Rapport du Bureau de la Religion & de la Jurisdicìion fur la
prévention & délibération d'envoyer au Cardinal Dataire & au Cardi-
, d'Etat un Mémoire sur cet objet,
nal Secrétaire 1 233
Audience du Roi pour la clôture de I'Assembîée, 1236 147e Séance.
Remerciements de F Assemblée a Monseigneur l'Archevêque d'Aix, qui a 148e Séance.
porté la parole au Roi dans cette audience, 1237
Monseigneur FArchevêque de Tours rend compte des dispositions favorables
de M. FEvêque d'Autun & de AL. le Contrôleur-Général,relativement
a la Faculté de Théologie, 1238
Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux rend compte de la Réponse de
M. le Garde des Sceaux fur le Mémoire présenté par I'Assembîée en
faveur des Cures de VOrdre de Mahhe, ,
l2-3 9
Onzième Rapport du Bureau des Portions congrues, & délibération de
solliciter un Arrêt du Conseil qui autorise les Bureaux Diocésains a faire
supporter aux suppléments de la nouvelle Portion congrue, jusqu'au
premier Janvier 1791 , Fimpofition que payoit cette portion de revenu
dans la main des gros Décimateurs, ibid.
Harangue de Monseigneurl'Archevêque d'Aix au Roi pour la clôture de
I'Assembîée, 1241
Réponse de Sa Majesié 124 y
,
Dixième Rapport du Bureau des Moyens ,
fur le compte des frais com- 1.49e Séance.
ÏJO-2 TABLE DES AFFAIRES, &C.
niuns de I'Assembîée, Page T~45'
Tren te-cinquième Rapport du Bureau du Temporel, fur une Réponse de
M. le Contrôleur-Général aux représentations de F Assemblée fur V Arrêt
,
concernant les constructions & reconstructions : Meffieurs les Agentsfont
chargés de demander a ce Ministre Fïnterprétation de Farticle 2 de
l'Arrêt du Conseil, du 7 Septembre 1785 1 246
,
Trente-Sixième Rapport du Bureau du 1 emporel, fur une autre Réponse
-
de M. le Contrôleur-Général, relative à la. contribution au nouveau Ci-
metière a laquelle on voudroit assujettir Les Chapitres de Saint-Gatien
& de Saint-Martin de Tours :. Meneurs les Agents font chargés de
voir d ce sujet les Membres du Comité contentieux des Finances 1249
,
Trente-septième Rapport du Bureau du Temporel,fur une troisième R.éponfe
de M. le Contrôleur-Gencrai, au sujet du droit de centième denier exigé
pour les immeubles légués aux Eglises, & qu'elles font obligées de mettre
dans Fan hors de leurs mains : Meffieurs les Agents font chargés de pour-
suivre auprès du Ministre une décision favorable , i2yo
Trente-huitième Rapport du Bureau du Temporel, fur une auatrieme Ré-
ponse de M. le Contrôleur-Général, relative a la retenue des impofitions
Royales faite fur une rente due par le Rot d la Fabrique du Chapi-
,
Saint-Malo
tre de : Messieurs les Agents font chargés de remettre au
Ministre les éclaircissements qu'il demande I2yi
,
Trente-neuvième Rapport du Bureau du Temporel, fur une cinquième Ré-
ponse de M. le Contrôleur-Général au Mémoire de I'Assembîée sur la
taille : Messieurs les Agents font chargés de solliciter vivement une
R cp 0 n se p lus fa tissaIsa nie 12 y 2
,
Lecture d'un Mémoire de Monseigneur FEvêque d'Usés, au sujet d'une
entreprise du Grand-Prieur de Saint-Gilles, Ordre de Malthe, lors de
la visite Episcopale dans la Paroisse de Monsrin : Messieurs les Agents
font chargés d'accorder leurs bons offices à M. FEvêque d'Ufe^, 1261
Dire de Monsieur l'Abbé de Montefquiou, fur l'exemption des Décima-
teurs de contribuer aux charges locales des Communautés laïques : Mes
sieurs les Agents font charpés de donner tous leurs foins a cet objet, ibid.
Septième Rapport du Bureau des Dîmes fur la prorogation des quinte
,
années d'exemption de dîmes pour défrichement dans le Médoc & fur
3
la fixation, de la dîme a la cinquantième gerbe : Meffieurs les Agents font
chargés d'accorder leurs bons offices aux Décimateurs du Médoc, 1272
Délibération qui. accorde au Sieur Didot, F aine F adjonction de la place
3
d'Imprimeur du Clergé - J17S
3
mce. Délibération portant que M. l'Abbé de Gourcy fera compris dans l'état de
150e Séance.
distribution des Procès-verbaux & Rapports d'Agence, ibid.
Signature des comptes de M. de Saint-Jullien, Receveur-Général du
Clergé, ibid.'
Séparation de FAssemblée ibid.
,
Fin de la Table des Pièces & Affaires principales contenues dans le
Procès-verbal de l'Assemblé-e-Généraledu Clergé de France , tenue
cn 17S5 & 1786.
IJOJ

TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIERES
- f
Contenues dans le Procès verbal de Assemblée Générale
-
du Clergé de France, tenue en 1783 & 1786.

A. de perfectionner la Déclaration
de 1782, & promet de ne rien
AABAYLS : incapacité des Laï- faire fans en avoir conféré avec
_/J_ ques pour les polìédcr. Voyer le Clergé p. 1186.
Maubec. ( Abbaye de ) Voye\ Agents-Généraux , du Clergé; (an-
A crémation. ciens ) M. l'Abbé de Périgord
Accouchement de la Reine. M. l'Ab- & M. l'Abbé de Boisgelin re-
bé de Barrai est chargé par PAs- çoivent les ProcurationsdeMçrs.
ícmbléc de (c rendre à Versailles, 6c de MM. les Députés, &c les
pour demander des nouvelles de Lettres d'Ordination de MM. les
la lanté de Sa Majesté, p. 8 y 9 : Députés pont les examiner,/;. 4;
réponse faite au nom de la Rei- font lecture des Procurations
860. íont nommés Promoteur ,
ne p. p. y ;
Acqs ,, ( M. le Qnicn de la Neuf- & Secrétaire, p. 15; ont voix
ville, Evêque d') Député de la délibérativedans leurs Provinces,
Province d'Auch p. 9 ; l'un des ibid. íont de tous les Bureaux
,
Commissaires pour le Don-gra- ,
p. 34; commencent la lecture de
,tuit í-í les Moyens,/'. 30; pour leur Rapport ,p. 87; achèvent la
la Religion & la Jurisdicìion lecture de leur Rapport : Com-
, missaires nommés pour en exa-
p. 3 1 ; pour le compte des ren-
tes au denier vingt, p. 32; l'un miner les Pièces Justificatives
,
des Prélats pour faire les Absou- p. 761 ; rendent compte de la
tes au Service solemnel de feu Lettre Circulaire par eux écrite
M. l'Evêque de Saint-Malo , Dé- au mois d'Octobre 1783, pour
puté de l'Assemblée,p. 849,861. établir, conformément aux vues
Actes de Baptême : lecture d'un Mé- de I'Assembîée de Melun une
moire rédigé par M. l'Evêque correspondance périodique, & ré-
de Langres, furies dispositions gulière entre les Syndics Diocé-
de la Déclaration du 12 Mai sains & MM. les Agents, &c pro-
1782, concernant la rédaction posent de délibérer sur cet ob-
des Actes de Baptême,p. 1 o 14 ; jet, ibid. proposent d'établir des
Délibérationqui nomme une dé- Syndics Provinciaux p. 764;
putation pour remettre ce Mé- ,
compte tendu par M. l'Archevê-
moire à M. le Garde des Sceaux, que de Bordeaux du Rapport de
p. 1069 : ce Mémoire est infé- MM. les anciens Agents & de
ré, p. 1070 : M. le Garde des ses Pièces Justificatives : I'As-
Sceaux convient de la nécessité sembîée leur accorde les gratisi-
i3o4 TABLE ALPHABÉTIQUE
cations ordinaires Sc extraordi- entre les Décimateurs & les ha-
naires : M. l'Archevêque de Nar- bitants de la Paroisse de Savigni-
bonne est prié de les recomman- íur-Braye concernant les pailles
der à M. l'Evêque d'Autun & de la dîme, que les habitants veu-
aux bontés du Roi ; ils font leurs lent s'approprier à vil prix p.
,
remerciements à I'Assembîée , 427; font chargés de faire tout
p. 872. préparer pour la Messe de saint
Agents-Généraux du Clergé. ( nou- Augustin & de demander le
veaux ) M. François-Xavier- Licet à M., l'Archevêque de Pa-
Marc-Antoine Fezenfac de ris,/?. 461 ; mettent le Licet íur
Montefquiou nommé par la le Bureau ,p. 474; rendent comp-
,
Province d'Auch, p. 10 ; M. te d'un Arrêt du Coníeii , qui
Louis-Matthias de Barrai, nom- renvoie à I'Assembîée le Juge-
mé parla Province deSens,/?.r 2, ment définitif des contestations
font reçus, ôc ont voix délibé- survenues entre le Diocile d'O-
rative dans leurs Provinces , p. léron & le Clergé de la Navarre
1 y. M.
l'Archevêque de Rheims bayonnoiíe, p. y (3 .3 íont char-
£c M. l'Evêque Troyes font priés gés d'appuyer de leurs bons offi-
de les présenter à M. le Garde ces là réclamation des Bénéficiei s
des Sceaux pour qu'ils aient leur de ia Haute-Marche fie du Cha-
entrée aux Conseils &c au Bu- pitre de Guéret, concernant la
reau des Affaires Ecclésiastiques taille, p. y83 : h: Requête du
comme leurs prédécesseurs,ibid.; Clergé de la Rochelle, au lujet
remercient I'Assembîée ibid. ; de la contijoution a une impo-
font chargés du loin de , faire sition pour les réparations fit
tout préparer pour la Messe so- l'agrandiflemcoc du Palais de
lemnclle du Saint-Esprit,p. 20; Justice & des Priions, p. 586;
ont été présentés à M. ie Garde la réclamation des Curés du Bu-
des Sceaux p. 29 ; font de tous zançois concernant l'impôt du
, ,
ici,/?. 739
les Bureaux, p. 34; leur obser- ; íont chargés de don-
vation sur une erreur qui s'est ner les mêmes foins que leurs
«lissée dans la Gazette de Fran- prédécesseurs pour la canonisa-
ce, relativement à l'audiencc du tion de M. Alainde Solminiac,
Roi, p. 6A; font chargés de sui- Evêque de Cahors ,/?. 753 ; MM.
vre la demande en intervention \cs Agents font chargés d'écrire
formée par leurs prédécesseurs aux Diocèses une Lettre circu-
dans l'affaire du Sieur Buiffonier, laire pour leur faire conncître la
pourvu de la Cure du Monesticr- délibération prise à l'cffet d'éta-
Clermont, Diocèse de Die, p. blir, conformément aux vues de
87 :, sont invités à suivre, avec l'Affemblée de Melun une cor-
.,
le même zele que leurs prédé- respondance périodique fie régu-
cesseurs l'afraire de Mprs. les lière entre MM. les Agents &
Evêques. d'Arras 8c de Saint- les Syndics Diocésains p. 76 1 ;
,
OnÎC: p. 2 3 1 ; font chargés d'ac- la proposition d'établir des Syn-
,
corder leurs bons offices à M. l'E- dics Provinciaux est renvoyée
vêque de Saint-Paui-trois-Châ- au Bureau du Temporel, p. 764;
teaux dans son affaire concer- MM. les Agents íont chargés de
nant la Justice en paréage avec s'occuper d'ici à la reprise des
le Roi, & d'empêcher que l'Ar- Séances, des mesures à prendre
rêt du Parlement de Grenoble pour diminuer les frais communs
ne loit cassé, p. 301 ; sont char- à l'avenir, p. 799; d'accorder
gés de voir le Rapporteur de leurs bons offices à M. l'Evêque
l'affaire pendante au Parlement de Poitiers, même d'intervenir,
s'il
DES MATIERES. 130;
s'il y a lieu, dans Pinstance con- /?. 1017; d'accorder leurs bons
cernant les biens des Domini- offices au Chapitre d'Alais con-
,
caines supprimées prétendus tre les Vicomtes d'Alais, qui pré-
,
par Mgr. Comte d'Artois, com- tendent avoir droit de litre dans
me Seigneur Haut-justicier, fie TEglise Cathédrale,/?. 1027, ainsi
par les Dominicains comme qu'au Chapitre de Saint-Pierre
Créanciers Se Supérieurs,/?. 8 13 ; de Vienne, fie aux Administra-
d'écrire dans les Dioceies une teurs de l'Hôtel-de-Dieu d'Ara-
Lettre circulaire pour indiquer boite,fur la prétentiondes.Cham-
aux Communautés Religieuses la bres des Comptes d'enregistrer
conduite qu'elles doivent tenir les Lettres Patentes coníìrma-
-
.
relativement à l'iníìnuation des tivesdes Décrets d'union,/».1041:
dots, p. S\6; d'écrire dans les mesures que doivent prendre
Dioceies une autre Lettre circu- MM. les Agents pour l'affaire des
laire pour elemander une copie dîmes dans le ressort du Parle-
de Pinventaire de leurs Archives, ment de Paris fie des autres Cours,
fie une expédition des Arrêts quand la Déclaration pour le
d'enregistrement fie autres que ressort du Parlement de Rouen
les Cours souveraines rendront aura été enregistrée, p. 1184;
dans des matières ecclésiastiques, font chargés de donner leurs foins
p. 830 ; d'accorder leurs bons of- à l'affaire des Foi fie Homma-
fices au Chapitre de Metz, dans ges,/?. 1 208 ; d'envoyer dans les
la demande en cassation de l'Ar- Diocèses la Réponse Roi, con-
rêt du Parlement de la Province, cernant Jes Diocèses où. le patro-
qui admet la prescription de la nage ecclésiastique n'ossrc pas
dîme de droit,/». 849; défaire des ressources, Se d'y joindre la
tout préparer pour les Services nouvelle Loi pour íes Portions
íolemnels de feus Mgrs. les Evê- congrues, fie la délibération du
ques de Toulon fie de Saint-Malo, 24 Août 1786,/?. 1216; de dres-
fie de M. l'Abbé de Castellas, ser un Mémoire fur la préven-
Députés de l'Aílemblée; d'y in- tion, fie de le faire parvenir au
viter les Evêepes qui íont à Pa- Cardinal" Dataire fie au Cardinal
ris Se d'obtenir le Licet de Mgr. Secrétaire d'Etat, /?. 113y; de
,
l'Archevêque solliciter un Arrêt du Conseil
,/?. 8 y 1 , 861, 866 ,
869 ; MM. les Agents font char- > qui provisoirement ordonne que,
gés d'écrire dans les Diocèses les suppléments de Portions con-
pour faire chercher dans leurs grues supporteront , dans les
Archives les actes relatifs aux mains des Curés, la même im-
Conciles de France, afin de les position que íupportoient les Dé-
inférer dans une nouvelle édi- cimateurs , /?. 1 Z40 ; de sollici-
tion entreprise par les Bénédic- ter une interprétation ele l'Ar-
tins de la Congrégation de Saint- rêt du Conseil, du 7 Septembre
Maur /?. 993; d'envoyer aux 178 5 concernant les construc-
Evêques ,
un Imprimé , ayant pour tions ,fie reconstructions,/?. 1 249 ;
titre : Expériences faites d Ram- de faire part au Comité conten-
bouilletfur les moyens de prévenir tieux des Finances, des disposi-
les froments de la carie, p. 9 94; tions favorables de M. le Con-
d'écrire dans les Diocèses pour trôleur-Général relativement à
demander des états des petites la contribution ,qu'on veut faire
rentes dues par le Roi, ôc dont supporter aux Chapitres de Saint-
le remboursement est ordonné Gatien Se de Saint-Martin de
par les Arrêts du Conseil, des 16 Tours dans les dépenses du nou-
,
Décembre 1784fie 18 Août 1786, veau Cimetière ibid. de folli-
Procès-verbal de 178 5-1786. ,
Nnnnnnn
.i3o£ TABLE ALPHABÉTIQUE
citer auprès de M. le Contrô- est de la députation pour solli-
leur-Général l'exemption du cen- citer un jugement eîéfinítif dans
tième denier, pour les immeu- cette affaire,/?. 996; pour con-
bles iégués à l'Eglife, fie qu'elle férer avec M. le Contrôleur-Gé-
est tenue de mettre hors de íes néral íur l'affaire des tailles
,
mains dans Pan fie jour,/?. 1251 ; P- Wl-
de donner au Ministre des Fi- Agrégation. M. l'Abbé de Périgord
nances les éclaircissements qu'il rend compte de 1 affaire des Ab-
demande fur la rente due par bayes de Samt-Vaast Se de Saint-
le Roi à la Fabrique du Chapi- Butin, cu'on veut arroger à.
tre de Saint-Malo , fur laquelle POi d; e de Gìuny p. 23 i.
, Agents sont
on a retenu les vingtièmes,/?«£". Agriculture. MM. les
de solliciter auprès de
izyi ; Contrôleur-Général coarges d'envover aux Evêques
M. le une un petit Imprimé , avant pous
réponse plus satisfaisante,au Mé- turc : Expériences suites a Ram-
moire de I'Assembîée íur les tail- bouillet jur ies moyens de pré-
3
les ,/?. 1260; de prendre con- venir les fr oments de la cane y afin
noissince de l'affaire de M. l'E- d'être par eux distribués aux Cu-
vêque d'Usez contre le Grand- rés dans les campagnes p. 994.
.
Prieur de Saint-Gilles , Ordre Aix ; ( Province d'j Députés a I'As-
de Malthc, Se d'accorder leurs sembîée, M. l'Archevêque d'Aix
bons offices au Prélat, 1261 ; de Se M. l'Evêque de Fiéjus pour le
donner leurs íoins à la fuite de premier Ordre -, &í pour le se-
J'affaire des Religieux de Mo- cond MM. les Abbés de Mef-
leírne fie du Chapitre de Séez ,
,
fey, Vicaire-Général d'Aix, fie
qu'on veut faire contribuer aux de Clugny Vicaire-Général de
charges locales, à raison de leurs Vienne p. , 7.
dîmes ,/?. 1 272 ', d'accorder leurs Aix, ( M. , de Boifgelin, Archevê-
bons offices aux Décimateurs du que d') Député de la Province
Médoc, relativement à la pro- d'Aix, p. 7; l'un des Députés
rogation eie l'exemption de dîmes pour inviter M. l'Archevêque de
accordée aux défrichements, fie Paris d'assister aux Séances de
encore au íujet de la fixation de I'Assembîée ,p. 20 ; rend compte
la dîme à la cinquantième gerbe. de ía députation, p. 25 ; Chef
Agouh (. M. l'Abbé d') Député de de la Commission pour le Tem-
,
Ja Province de Paris ,/?. 10; l'un porel p. 30; rend compte du
des Dépurés pour inviter M. l'Ar- travail, de la Commission des Foi
chevêque de Paris d'aflìster aux Se Hommages, p. 71 ; son Rap-
Séances de I'Assembîée , p. 20 , port concernant les Economats,
25; l'un des Commissaires pour p. 154 ; est de Ja députation pour
le Don-gratuit fi: les Moyens , traiter cette affaire avec M. lc
p. 30; pour le Temporel, /?. 31; Garde des Sceaux fie M. le Baron
va au-devant de M. l'Archevê- de Breteuil, /?. 156; pour con-
que de Paris, /?. 34; est de la férer avec M. le Garde des Sceaux
députation pour recommandera Se M. le Contrôleur-Généralfur
M. le Premier - Président fie à l'aliénation des biens des Hôpi-
M. PAvocat-Général de la Cour taux , /?. 167 ; pour conférer avec
des Aides, l'affaire du Chapitre M. le Contrôleur-Général, au
d'Auxerre imposé à la taille , sujet des droits de Courtiers-
/?. 171; l'un des Députés pout Jaugeurs demandés au Chapitre
conférer avec MM. les Commis- d'Auxerre,/». 176; pour conférer
faires du Conseil, sur Parfaire deí avec M. le Contrôleur-Général
Foi fie Hommages,/?. 222, 807: íur le droit de centième denier,
DES MATIERES. 1307
exigé de M. l'Abbé de Preuilly /?. 501 ; l'un desDéputés pour en
pour un acte passé entre lui fie les conférer avec M. Je Contrôleur-
fì.e!igieux p. 179 ; pour prier
, des
Général, p. 504; Ion Rapport
M. le Garde Sceaux d'écrire fur l'Arrêt du Conseil, concer-
au Premier-Président Se au Pro- nant la rentrée au profit du Roi
cureur-Général du Parlement de dans les Domaines engagés, ibid.;
Provence, en faveur des Déci- l'un des Députés pour en confé-
mateurs de Brignoles qu'on veut rer avec M. le Contrôleur-Gé-
aíïi'jettir. aux réparations du' néral,/?. 506 ; rend compte d'une
Clocher, p lacé fur la Nef, p. 182; affaire concernant une aliénation
ion íur les Foi fie Ho in-
11 a o port des biens de PAbbaye de Saint-
mages , p. 204 ; l'un des Commis- Mefmin ibid. ; est prié de solli-
saires pour conférer fur cet objet ,
citer auprès de M. ie Maréchal
avec les Commissures du Con- de Ségur l'exemption du loge-
seil, p. 2i2 ; rend compte des ment des cens de guerre en fa-
difpo;irions favorables de M. le veur des Notaires Apostoliques
Contrôleur-Général fur Parfaire en général, fie de cens de Tours
des droits de Courticrs-jaugcurs Si du Mans en particulier p.
tic centième denier de Marc, ,
508; son Rapport íur les plain-
, dots de
d'or ìi-l d'infmuation des tes de la Province de Tours, con-
Religieuses ,/?. 230 ; rend compte cernant la charge imposée aux
de la conférence tenue chez M. Décimateurs pour l'entretien des
de Fourqucux, fur Paffaire des Fonts baptismaux, Confession-
Foi Se Hommages, /?. 243; an- naux ce Chaires à prêcher , &c
nonce ì'hcurcux succès de l'af- pour le logement des Vicaires,
faire du Chapitre d'Auxerre, au p. 511; est prié de voir M. lc
su "jet de la taille,/?. 261; rend Garde eícs Sceaux à ce lujet,/?.
un cornote. détaillé de la confé- 5 1 2 ; son Rapport íur les infrac-
rence tenue avec M. le Garde des tions aux privilèges du Clergé,
Sceaux, fur Paffaire des Econo- p. 575: fie notamment fur la tail-
,
le, p. 57^3
mats, &L d'une Lettre écrite à est de la députation
M. l'Archevêque ele Narbonne pour solliciter auprès de M. lc
íur cet objet, /?. 262 ; (on Rap- Contrôleur-Général l'exemption
port fur l'affaire de M. l'Evêque de toute contribution en faveur
de Saint- Paul - trois- Châteaux des quarts de réserve, p. 736;
,
concernant ! 'exercice de la justi- Ion Rapport íur les mesures à
ce fie paréage avec 1c Roi ,p. 295;* prendre relativement à Paffaire
ion Rapport fur Pinicrprétation des Foi fié Hommages, en atten-
de l'Ordonnance de la Milice, dant la reprise des Séances de
p. 301 ; est prié de voir M. le I'Assembîée en 1786,/?. Bo5 .3 est
Maréchal de Ségur à ce sujet, de la Commission pour suivre
p. 303; est visité de la part de l'objet des demandes délibérées à
l'Assemblée à cause de sa mala- ce sujet,/?. 807 ; son Rapport sur
die, p. 417; fait íes remercie- l'affaire de la Communauté sup-
ments à l'Aílemblée, p. 430; son primée des Dominicaines de Poi-
Rapport furie projet de Loi con- tiers, p. <So8 ; ses réflexions fut-
cernant les Economats,/?. 47S ; la Réponse de M. lc Contrôleur-
est prié de faire visite à M. l'Ar- Général concernant le Marc d'or,
chevêque de Toulouse, malade, /?. 8 16 ; sur la Réponse de M. le
p. 500; son Rapport íur l'Arrêt Garde des Sceaux concernant
du Conseil qui permet aux ha- les aliénations, p. 817; est prié
,
bitants d'envoyer leurs bestiaux d'ajouter à la nouvelle édition du
dans les bois des Ecclésiastiques, Précis des Conférences un sup-
Nnnnnnn 2
i3oS TABLE ALPHABÉTIQUE
plément en réponse à l'Ecnt im- partenants aux gens de main-
primé, sous îc titre d'Essai histo- morte, Hôpitaux Òi autres Eta-
rique fur la nature des Seigneu- blissements ecclésiastiques p.
,
ries féodales & fur tes devoirs de IOOÓ 3 est de la députation pour
, possédées
celles qui. forpt par l'E- faire des représentations à M. le
glife p. Û8Ó3ion Rapport fur Contrôleur-Général à ce íujet,'
,
cet objet, p. 946 3 l'un des Dé- /?. 10923 fait lecture des Arti-
putés pour voir M. le Garde des cles du Cahier du Temporel
Sceaux Se M. lc Contrôleur-Gé- ibid. rend compte de la Confé-,
néral au íujcr des aliénations de rence tenue chez M. le Garde
biens,d'Egìife, /?. 985 3 ion Rap- des Sceaux, fur les Articles du
port fur la nécessité de solliciter Cahier du Temporel, p. 11 S7 ;
tm Jugement définitif dans Paf- • son Rapport sur le nouvel Arrêt
faire des Foi Se Hommages, /?. du Coníeii relativement à l'af-
,
•995 3 est de la députation pour faire des Foi fie Hommages
,
cet objet,/?. 9963 annonce un p. 1 195 3 est prié de le joindre à
Mémoire rédigé par M. l'Evêque M. P Archevêque de Narbonne
de Nevers fur la taille , ibid. ; est dans les démarches ultérieures
de la députation pour en confé- que cette affaire pourra exiger,
rer avec M. lc Contrôleur-Géné- /?. 12083 reçoit les remercie-
ral, p. 9973 son Rapport sur les ments de I'Assembîée, Se est prié
droits de contrôle exigés des de donner fa Harangue au Roi
Diocèses de Cahors, Se de Reau- /?. 1 237 3 ion Rapport fur la ré-
,
vais, pour quittances de rembour- ponse de M. le Contrôleur-Gé-
sement de rentes par eux lait, néral aux représentations relati-
p. 10173 ion Rapport au íujet de ves à l'Arrêt du Conseil , du 7
Ja prétention des Officiers de la Septembre 1785, concernant les
Maîtrise des Eaux Se Forêts de constructions Se reconstructions,
Duc d'Or-
Panana'eve de iVU-r. le p. 1246 3 Ion Rapport íur la ré-
léans d'asïujcttir aux droits de ponse du Ministre des Finances
,
g tuerie des bois dépendants du aux représentations en faveur des
Monastère d'Àmbert, /?. 10203 Chapitres de Saint- Catien Se
ion Rapport fur la contribution de Saint-Martin de Tours, con-
à lacuìc'lc on veut assujettir les cernant la contribution au nou-
Chapitres de Saint-Gaticn fie de veau Cimetière /?. 1 249 3 ion
,
Saint-M art in de Tours pour le Rapport fur la réponse du Mi-
nouveau Cimetière ,/?. iolòo:ett nistre concernant l'exemption
,
de la députation pour voir M. ie' du centième denier pour les im-
Contrôleur-Général à ce sujet, meubles légués à PEglifc Se

/?. 1081 3 Ion Rapport au íujet des qu'elle est tenue de mettre ,hors
impositions royales dont on veut de íes mains dans Pan fie jour,
faire la retenue fur une rente p. 12503 son Rapport íur la ré-
due par le Roi à la Fabrique du ponse de M. lc Contrôleur-Gé-
Chapitre de Saint-Malo, ibid.; néral relativement à la retenue
,
est de la députation pour deman- des vingtièmes fur une rente
,
der à M. le Contrôleur-Général due par lc Roi à la Fabrique du
la restitution des vingtièmes in- Chapitre de Saint-Malo ,/?. 1251.
duement retenus, /?. 1085- 3 son Alais. (Chapitre d') Voye\ Litre.
Rapport au sujet de l'Arrêt du Alby ; (Province d') Députés à
Conseil du 7 Septembre 1785 I'Assembîée, Mgrs. les Evêques
formalités à
,
ob- de Vabrcs Se de Rodez, pour le
concernant les
server pour les constructions Se premierOrdre 3 fie pour lc second,
reconstructionsdes bâtiments ap- MM, les Abbés de Luillier-Rou-
DES MATIERES. 130?
Venac , Vicaire-Général de Ca- fur cette réponse 3 Délibération
hors, Se de la Bintinaye, Prieur de préparer un nouveau Mémoi-
de Véíìns p. 133 lecture de son re , p. 8173 Rapport du Bureau
Mémoire , fur Puniformité d'un du Temporel, sur les aliénations
Rituel dans l'Eglife de France de biens d'Eglise Se des Pauvres,
,
p. 145. fie furies melures à prendre pour
Aleth 3- ( Diocèse d') compte rendu prévenir les abus en ce genre
,
par la Commission des Portions p. y66 3 Délibération qui nomme
' congrues, de son travail sur le une députation pour en conférer
Diocèse ei'Aleth d'après les avec M. le Garde des Sceaux ,
états envoyés par, ce Diocèse, /?. 98 5 3 M. l'Archevêque de Nai-
P-r 9 34- bonne rend compte du résultat
Aliénation de biens d'Eglise 3 dé- de cette Conférence, p. 101 1.
putation à M. ele Marville, Pré- Arn.bert. (bois dépendants du Mo-
sident du Bureau des Affaires Ec- nastère d' ) Voyc{ G rue rie.
clésiastiejues fie à M. deSartine, Amboise,- ( Hôtel-Dieu d'j préten-
Rapporteur ,, pour s'opposer à tion de la'Chambre des Comptes
Padmiision de la Requête en cas- d'enregistrer les Lettres-Patentes
sation d'un Arrêt du Parlement, fur décrets d'union,/?. 1028.
qui a jugé au profit de l'Abbé de Amortissement. ( droit d' ) Rapport
St. Mes mi,n que la Déclaration du Bureau du Temporel, au lu jet
,
de 1702 nc rend pas incommu- d'un droit d'amortissementexigé
,
table la propriété des biens d'E- du Chapitre de Saint-Seurin de
glise aliénés à autres titres que Bordeaux pour échange fait avec
,
celui de subvention, /?. 5063 la la Ville fie.. confirmé par Lettres-
Requête en cassation a été re- Patentes, portant spécialement
jettée,/?. 535. décharge, fie exemption de ce
Rapport du Bureau du Tempo- droit,/?. -508. Délibération d'ac-
rel sur les fréquentes aliénations corder de bons offices au Cha-
-,
de biens d'Eglise 6c sur PEelit pitre ,/?. 5 10.
,
de 1 780, concernant la venteeies Rapport du Bureau du Tempo-
immeubles des Hôpitaux ,/?. 1 <^6; rel íur l'Arrêt du Conseil, du 7
Délibération, i°. de solliciter Septembre 178 j concernant les
,
une Déclaration , qui défende formalités à observer pour les
toute espèce d'aliénation , sans constructions fie rcconstruélions
que le consentement de l'Evê- eies bâtiments appartenants aux
que Diocésain ait été obtenu 3 Gens de main-morte, Hôpitaux
2. 0. eie solliciter tic nouveau généraux fie particuliers Mai-
la révocation de l'Article 5 de sons Se Ecoles de Charité ,
la Déclaration du z6 Mai 17743 , /?.
108(3. Délibération qui nomme
30. eie conférer avec M. le Gar- une députation pour représenter
de des Sceaux fie M. le Con- à M. lc Contrôleur-Général Pinu-
trôleur - Général fur l'Edit tilité de ces formalités, fie Pin-
,
de 1780, concernant les Hôpi- justice eies peines que la contra-
taux 3 Députés nommés à ce íu- vention entraîne lui demander
,
jet , /?. 1673 Conférence indi- c|ue les Gens de main-morte ne
quée, p. 1823 réponse eie M. le soient pas tenus de donner à
Garde des Sceaux Iur ces objets, loyer, par voie d'enchère, leurs
p. 184, 3453 M. l'Archevêque bâtiments construits Se recons-
de Narbonne fait part de la ré- truits, &c, en tout cas, remise des
ponse du Roi : cette réponse est. amendes pour le passé, quand
renvoyée au Bureau du Tempo- ces édifices n'ont pas donné ou-
rel,/?. 5873 réflexions du Bureau verture au droit d'amortissc-
IJIO TABLE ALPHABÉTIQUE
ment, p. 1092. Rapport du Bu- lc refìort du Parlement de Paris
Commissaires ,
reau du Temporel íur la Réponse p. 7-,03 l'un des
de M. lc Contrôleur-Générai3 pour Pexamen des Pièces justifi-
MM. les Agents íont chargés de catives du Rapport d'Agence,
solliciter, avec de nouvelles ins- p. -j61 3 fait les 'fonctions eie Dia-
tances, Pintcrptétation de l'Ar- cre d'honneur au Service íolem-
rêt du Conseil du 7 Septem- nel de feu M. l'Evêque de Saint-
,
bre 1785 p. 1246. Malo,/?. 849 , 86i.
,
Andrerjl, ( M. l'Abbé Picon d! ) Archives du Clergé. Commission
Député de la Province de Bor- pour la visite des Archives ,/?. 33.
deaux p. 9 3 l'un des Députés Rapport de Pétat des Archives,
, des travaux exécutés par M. Du-
pour aller au-devant de MM. les
Commissaires du Roi,/?. 29,35, cheíne, fie des propositions par
75 3 l'un des Commissaires pour lui faites pour enrichir Se com-
le Département 6l les Portions pléter les Archives du Clergé,
congrues ,/?. 313 pour le compte /?. 824. M. Duchefne est chargé
des rentes au denier vingt,/?. 323 de continuer íes travaux : MM.
porte le Dais à la Procession du les Agents íont autorisés à écrire
Saint-Sacrement,/?. 60 623 fait dans les Diocèses une Lettre cir-
,
visite à M. P Abbé le Gay rna- culaire pour demander une co-
,
laeie, p. 973 est visité eie la part pie de l'invcntaire de leurs Ar-
de l'Aílemblée à cause de la perce chives fie une expédition des
qu'il a faite de Madame sa merc, Arrêts , d'enregistrements Se au-
p. 474-3 fait ses remerciementsà tres que íes Cours souveraines
l'Aílemblée /?. 477 3 l'un des rendront dans eies matières ecclé-
,
Commisìaircs pour l'examen des siastiques, p. 850. Les appointe-
Pièces justificatives du Rapport ments du Garde des Archives
d'Agence, p. 761 3 l'un des Dé- íont augmentés eie 2000 livres ,
putés pour voir M. lc Garde des /?. I2ZÓ.
Sceaux íur Paffaire eies Portions Arles ,• ( Province d' ) Députés à
congrues, /?. 857 3 est de la dé- I'Assembîée, Mgr. l'Archevêque
putation pour remercier M. l'E- d'Arles fie Mgr. l'Evêque de Tou-
vêque d'Au tu n d'avoir procuré lon pour le premier Ordre 3 6c
,
la dotation des Evêchés de Tou- pour le lecond, MM. les Abbés
lon fie elc Digne, Se lui deman- de Foucault!, Vicaire-Général
der la continuation de ses bons d'Arles, Se eie Grimaldi «Vicaire-
offices cn faveur des Evêchés de Général de. Rheims, p. 8.
différentes Provinces, /?. 10473 Arles3{ M. Dulau , Archevêque d')
pour engager M. le Garde des Député eie la Province d'Arles ,
Sceaux à envoyer à tous les Par- p. 8 3 Chef de la Commission pour
lements la nouvelle Loi pour les laPvcligion £z la Juridiction,/?.31:
Portions congrues , p. 1216. son Rapport sur la publication de
Anfuude, { M. l'Abbé d' ) Député la nouvelle édition des OEuvres
de la Province de Lyon , p. \ 3 3 complètes de Voltaitc ,p. 65 3 est
l'un des Commissaires pour les de la députation pour conférer
Dîmes,/?. 30., pour lc Compte avec M. lc Garde des Sceaux fur
1

des rentes au denier vingt-cinq, cet objet,/?. 68 3 l'un des Députés


p. 3 1 3 porte le Dais à la Proces- pour conférer avec M. le Garde
sion du Saint-Sacrement,/?. 60, des Sceaux fur Paffaire du Sieur
623 esc de la dépuration pour Buiffonier, intrus dans la Cure
conférer avec M. le Garde des du Monestier-Clermonr, Dio-
Sceaux íur 1 a ira; r e des aimes ac cèse de Die,/?. 87 3 son Rapport
fruits de nouvelle culture dans fur la demande cn cassation d'un
DES MATIERES. 1311
Arrêt du Parlement de Toulou- du Mémoire au Roi concernant
se, qui a maintenu le Sieur de P Abbaye de Maubec, /?. 461 3
Saint-Martin réiignatairc du son Rapport fur Paffaire de M. le
,
Prieuré de Montarnaud, sous la Cardinal de Rohan /?. 5 36 : fait
double clause soit par résigna- lecture du Mémoire, au Roi fur
,
tion soit à cauíe de mort,/?. 983 cette affaire , Se fur Pimmunité
,
est de la députation pour recom- personnelle des Evêques,/?. 556:
mander cette affaire à M. de le Mémoire est inséré, p. 561 :
Marville Président élu Bureau l'un des Commissaires pour l'af-
, Ecclésiastiques,
des Affaires faire des Foi fie Hommages /?.
fie à
M. l'Abbé Rover, Rapporteur, ,
807 : son Rapport fur les sollicita-
p. 108 3 rend compte de ía dépu- tions à suivre relativement à l'af-
tation ,/?. 1103 son Rapport con- faire de M. lc Cardinal de Rohan,
cernant les mauvais Livres , p. /?. 8 18 : son Rapport sur les obsta-
1473 tait lecture d'un Mémoire cles qu'éprouvent les voyageurs
au Roi íur cet objet, fie d'obser- de la part des conducteurs des
vations fur chacun eies articles Messageries pour entendre la
du projet ei'Edit, rédigé par PAí- Meflc Íes Fêtes fie Dimanches,
íembléc de 1782 ,/?. 1843 le Mé- /?. 821 : ce Prélat" rend compte
moire fie le projet d'Edit font in- d'un Ouvrage intitulé : Le Tiiom-
férés p. 1 S8 19 13 ion Rapport phe du nouveau Monde p. 8 2 2 :
íur la, Thèse ,du Sieur Graillot, ion Rapport íur l'état de, différen-
concernant les mariages,/?. 2443 tes affaires, depuis l'inrcrruptioii
est de la députation pour confé- des Séances de l'Aílemblée,/?.
rer avec M. le Garde des Sceaux 875 : ion Rapport concernant la
fur cette affaire,/?. 2593 Ion Rap- sanctification des Fêtes Se Di-
port íur l'affaire concernant la manches, 6c délibération de pré-
réforme des registres de Baptê- senter un Mémoire au Roi /?.
,
877 : ce Mémoire est inséré,/?.
mes, Mariages fie Sépultures dans
le ressort du Bailliage deTroyes, 879 : son Rapport sur Paffaire du
/?.267, 2913 est de la députa- Prieuré de Montarnaud fié. sur
,
tion pout cn conférer avec M. lc les Provisions eiu Pape accordées
Garde des Sceaux, p. 2943 ion fur résignation, avec la clause
Rapport fur l'affaire du refus de five per obitum p. S77 : est de la
, solliciter la cas-
Visa fait au Sieur Buiffonier,/?. députation pour
3363 est de la députation pour sation de l'Arrêt du Parlement
cn conférer avec M. lc Garde des de Paris rendu dans cette affaire
,
Sceaux,/?. 3433 son Rapport fur /?. 878 : son Rapport sur le projet
la nécessité d'une Déclaration d'établissement du concours dans
qui proscrive les Provisions de les Diocèses pour la nomination
Cour de Rome íur résignation, des Bénéfices-Cures /?. 882
, ,
avec la double clause sve per 1477: son Rapport íur les qualités
obitum, p. 4173 est de la dépu- à requérir dans ceux qui se des-
tation pour solliciter cette Dé- tinent à l'cxcrcice des fonctions
claration, p. 42 Í 3 son Rapport curiales,/?. 888 : son Rapport fur
fur les abus de la prévention la multitude des Chanoines pri-
députation , vilégiés, qui achetent des Char-
/?. 4223 est de la pour
conférer avec M. le Garde des ges chez le Roi Se les Princes,
Sceaux à ce sujet,/?. 4263 son pout être tenus présents par leurs
Rapport sur les frais d'enregistre- Chapitres,/?. 935 : son Rapport
ment aux Parlements des Provi- au sujet de la Réponse du Roi
sions de Cour eie Rome, fie Dé- au Mémoire de I'Assembîée , sur
crets d'union,/?. 4503 fait lecture Pimmunité personnelle des Eve-
IJIX TABLE ALPHABÉTIQUE
ques, p. 987 son Rapport fur
:
voquée par le Roi en Pannée
les travaux de MM..les Abbés de 1785 tient fa première Séance
,
chez M. l'Archevêque de Nar-
Boyer fie Bousquet,/?. 101 2: son
Rapport sur Paffaire du Chapi- bonne ,/?.i. Lettre du Roi à
tre d'Alais, contre les Vicomtes MM. les Agents pour fa convo-
d'Alais qui prétendent avoir cation , p. z : assisté à la Messe so-
droit de, litre dans l'Eglife Ca- lemnclle du Saint-Eiprit,/?. 22:
thédralc p. 1025 : rend compte va en corps aux audiences du
, Roi fie de la Reine. Voye7K Au-
de la conférence tenue chez M.
le Garde des Sceaux, fur le pro- diences : assisté à la Procession du
jet d'établissement du Concours Saint-Sacrement,/?. 6a 3 à Pou-
dans les Diocèses, /?. 1068 : fait verture des Sorboniques,/?. 147;
lecture des articles du Cahier de à la Messe solemnclle de saint
ia Jurifdiction, /?. 1069 • est de Augustin,/?. 474. L'Assemblée est
la députation pour remettre à prorogée à Pannée 178 6,/?. 43 o:
M. le Garde des Sceaux le Mé- elle aliiste à la Thèse du Frère
moire concernant la rédaction Roux Augustin /?. 534. Lettre
des Actes de Baptême ibid. : du Roi , ,
la prorogation de
, pour
fait lecture de P Acte de protesta- PAslcmblée, p. 731. f^oye\ Ser-
tion concernant Pimmunité per- vices íolemueìs. L'Aílemblée fe
sonnelle des Evêques,/?. 1093: sépare p. 1275.
,
cet Acte est inféré, ibid. : Mgr. Auch. ( Province ei' j Députés à
l'Archevêque d'Arles est prié de l'Aílemblée, Mgr. l'Archevêque
voir M. le Garde eies Sceaux re- d'Auch 6c Mgr. l'Evêqued'Acqs,
lativement au projet d'établisie- pour le premier OrdresÁbbés fie pour
ment eies petits Séminaitesdans fe second, MM. les de
les Diocèses /?. 111 1 : rend Montpeyroux Vicaire-Général
eie la , conférence chez de Bazas , d'Olmond,/?.
compte ,
fie 9.
M. le Garde des Sceaux fur les La Province nomme M. l'Abbé
, Fézeníac de Montefquiou l'un
articles du Cahier de la Jurifdic-
tion , p. 1 1 86 3 fie eies dispositions des Agents-Généraux du Clergé,
favorables de ce Chef de la Ma- p. 1 o.
gistrature, fur le Mémoire con- Auch, ( M. delaTour-du-Pin-Mon-
cernant la rédaction des Actes tauban Archevêque d') Député
, d'Auch,/?. 9 : l'un
de Baptêmes 3 son Rapporten fa- de la Province
veur de plusieurs gens de Lettres, des Commissaires pour le Dépar-
p. i 208 : son Rapport fur les me- tement Se les Portions congrues,
sures ultérieures à prendre relati- p. 3 1 : Chef de la Commission
vement à la prévention, /?. 1233. pour le compte des rentes au de-
Arras. ( M. PEvêque d') Assaire des nier vingt-cinq ibid.; va au-de-
,
Abbayes de Saint-Vaast fie de vant de M. l'Archevêque de Pa-
Saint-Bertin ,/?. 231. ris /?. 34: l'un des Députés pour
, M. l'Evêque d'Au-
Arrêt du Conseil qui renvoie à conférer avec
,
I'Assembîée le Jugement défini- tun fur les moyens de venir au
tif des contestations survenues secours des Evêchés dont la do-
enrre le Diocèse d'Oléron Se le tation est insuffisante, /?. 524:
Clergé de la Navarrc-Bayon noise, son Rapport fur le compte des
relativement à l'exécution des rentes au denier vingt-cinq,/?.
délibérationsprises parles Assem- 633 : l'un des Députés peur voir
blées de T070 fie 1675 p. 530. M. le Garde des Sceaux fur l'af-
Arrêts. Voye\ Collection d'Edits,, faire des Portions congrues,/?.
Arrêts, fiec. 8573 pour remercier M. l'Evê-
Assemblée-Généraleeiu Clergé, con- que d'Autun d'avoir procuré la
dotation
DES MATIERES. 1313
dotation des Evêchés de Toulon p. 446. Discours de M. le Pré-
6c de Digne fie lui demander la vot-des-Marchandspour deman-
continuations de les bons offices der le renouvellement du Con-
cn faveur des Evêchés de diffé- trat des rentes prétendues assi-
rentes Provinces,/?. 1045- : P 0" 1" gnées fur le Clergé ibid. Ré-
j
engager M. le Garde des Sceaux ponse de M. l'Archevêque de
à adrester à tous les Parlements Narbonne,/?. 447. Délibération
la nouvelle Loi des Portions con- de renouvcller le Contrat, ibid.
grues, p. \z\6. Audience donnée par I'Assembîée
Audience ( première ) du Roi fie de au Prieur de Soibone,/?. 14J.
.
la Reine. M. l'Abbé de Mon- Auger, (M. l'Abbé J de PAcadé-
tesquiou est chargé d'en savoir . mie des Inscriptions fie Belles-
le jour p. 2 1 : annonce lc jour Lettres : mention honorable eie
,
indiqué par M. le Baron de Brc- íes travaux ,/?. 12123 I'Assembîée
teuil,/?. z6. L'Assemblée est con- lui accorde 2000 livres de grati-
duite auxdites Audiences par M. íication,/?. 1229.
le Baron de Breteuil, M. de Nan- Aumône eie 10000 livres accordée
touillet, Maître des Cérémo- par I'Assembîée, dont partie est
nies fie M. de "Watronville,Aitie prise sur la taxe de quatre jours
des ,Cérémonies ibid. M. l'Ar- de MM. les Députés remise à
,
chevêque de Narbonne après M. l'Archevêque de ,Narbonne
,
avoir porté la parole présente &c
, pour en faire la distribution ,
nomme tous les Députés au Pvoi /?. 21.
Se à la Reine,/?. 27. Observa- Avocats du Clergé. Délibération
tion sur une omission qui s'est qui nomme MAI. Camus, Gai-
glissée dans la Gazette de Fran- gnant fie Hervé, Avocats au Par-
ce, où il est dit que les Députés lement, 6c Samson eiu Perron,
ont été ptéíentés au Roi par M. le Avocat aux Conseils, en qua-
Baron de Breteuil, /?. 64. lité d'Avocats du Clergé surnu-
Audience pour la clôture de I'As- méraires fans appointements, fie
sembîée : M. l'Abbé de Montef- néanmoins avec la somme an-
quiou est chargé d'en lavoir le nuelle eie 1200 livres, par forme
jour,/'. 1185 : annonce le jour de gratification fie conserve à
,
indiqué par M", le Baron de Bre- M. PJgault, Avocat aux Con-
teuil,/?, 1186. L'Aílemblée pré- seils en cas de retraite, ses ho-
,
sente ses hommages au Roi, /?. noraires 6c l'entrée au Conseil
,
1236. Harangue de M. l'Arche- du Clergé, /?. 7643 Délibération
vêque d'Aix à Sa Majesté p. qui déclare M. Vnlpian, Avocat
,
1 241. Réponse du Roi ,/?. 1 245. eiu Clergé en titre, fie lui ac-
Audience 6c réception du Greffier corde les honoraires depuis la rc-
de l'Hôtcl-de-Villc, qui vient: traite de M. Terrasson /?. 765 ;
demander à I'Assembîée lc jour ,
les Avocats surnuméraires font
qu'elle pourra recevoir les res- leurs remerciements à I'Assem-
pects de MM. de l'Hôtcl - de- bîée p. 822.
Ville p. 109. Réception de: Avranches, ,
(M. de Belbeuf, Evê-
,
MM. de PHÒtePele-Ville,/?. 141. que d') Député de la Province
Discours de M. le Prévôt-des- de Rouen ,/?. 123 l'un des Com-
Marchands ibid. Réponse de; missaires pour les dîmes,/?. 303
,
M. l'Archevêque de Narbonne,
, pour le compte des rentes au de-
p. 143. Le Greffierdemande pourr nier vingt-cinq ,/?. 33 3 pour les
MM. de PHôtel-de-Ville une se- jetons, ibid. l'un des Députés
conde audience, p. 428. Récep- pour conférer avec M. le Garde
tion de MM. de PHôtel-de-Ville, des Sceaux fur Passaire des dîmes
Procès-verbal de , O
178J-
178(7. oooooo
i3i4 TABLE ALPHABÉTIQUE
de Normandie, /?. 603 l'un eies concernant les pailles de la dîme
Commissaires pour ies Portions que les Habitants veulent s'ap-
congrues , p. '05 2. proprier à vil prix p. 4173 rend
Autun ; { Dioceíe d') compte rendu ,
compte d'une procédure qui in-
par la Commission des Portions téreíie la compétence du Bureau
congrues de ion travail íur le Diocésain d'Autun /?. y 35 3 est
Dioceíe d'Autun d'après les chargé de porter à ,Vcisailles la
états envoyés par , ce Dioceíe Lettre écrite par M. l'Archevê-
,
p. 934. que eie Narbonne , au nom de
Autun. ( Diocèse d' ) Voye^ Impo- PAstemblée íur l'accouchement
,
sitions du Clergé. de la Reine ,/?. S 593 ion Rapport
Auxerre. ( Chapitre d' ) Voye\ íur la prétention eies Chambres
Tailles, Ccurtiers-Jaugeurs. des Comptes "d'enregistrer les
Lettres-Patentes rendues íur les
B. Décrets estimons quoiqu'elles
,
aient été enregistrées dans les
W^AiLLr, ( M. ) Chanoine de Cours de Parlement p. 1028.
Jfs$, Dijon: mention honorable eie Barrai, (M. François-Octave , de)
ses travaux, p. 1211 3 I'Assem- Député de la Province de Sens,
bîée lui accorde 3 000 livres de p. 1 2 3 l'un des Commissairespour
gratification,/?. 1229. le Département fie les Portions
Bannalité. Députation à M. de congrues , /?. 323 pour le compte
Marville Président du Bureau des rentes au denier vingt-cinci,
,
des A flaires Ecclésiastiques Se
, p. 333 l'un des Députés pour
à M. Mauliìon Rapporteur , faiie visite à M. l'Evêque de
, Troyes, malade,/?. 4173 l'un des
pour leur recommander Paffaire
du Chapitre de Saint-Malo trou- Commissaires pour Passaire des
blé dans Pexercice eie son , droit Foi fie H o mm âges,/?. S 07 3 Pu n d es
de fours bannaux p. 1833 eiií- Députés pour faire visite à M. l'E-
positions favorables , de vêque de Nevers, malade,/?. 8 5 2 ;
ces Ma-
gistrats, p. 230. est de la députation pour engager
Baptême. Voye-{ Actes de Baptê- M. le Garde des Sceaux à en-
me. Voye7^ aussi Registres des Bap- voyer dans tous les Parlements
têmes, Mariages 6c Sépultures. la nouvelle Loi pour les Portions
Barrai, (M. Louis - Matthias de) congrues , /?. 1216.
nommé Agent-Général eiu Cler- Baffe-Navarre Bayonnoiíe. (Clergé
gé par la Province eie Sens,/?. 123 de laj Voye7K Oléron. (Diocèse
est chargé'de demander à M. l'Ar- d' )
chevêque de Paris le Licet pour Bauduer, (M.) Curé de Pcy russe:
la Messe solemnclle du Saint- mention honorable de ses tra-
Esprit fie pour lc Sermon /?. 203
, vaux,/?. 12123 I'Assembîée lui
met le Licet sur le Bureau ,/?. 223 accortie 2000 livres de gratifica-
son Rapport sur le projet d'érec- tion p. 1 229.
,
tion d'une Succursale dans la Pa- Baux. Mémoires envoyés par M. le
roisse de Pontis,/?. 1283 ion Contrôleur-Général à M. l'Arche-
Rapport fur l'affaire concernant vêque de Narbonne, fur Pin sta-
la réforme eies Registres des Bap- bilité des baux des Bénéfices: les
têmes Mariages Se Sépultures deux Mémoires font renvoyés au
,
dans le ressort du Bailliage de Bureau du Temporel, p. 266.
Troyes,/?. 2683 rend compte Lecture d'une Réponse à ces Mé-
d'une contestation entre les Dé- moires : délibération d'écrire à
cimateurs fie les Habitants eie la M. le Contrôleur-Général pour
Paroisse de Savigny-fur-Braye lui faire conuoître le danger des
,
DES MATIERES. 13 tj
nouvelles vues proposées /?. 81 8. Arrêt du Conseil, qui permet aux
Vo ye~L Amorti île m c n t. , habitants d'envoyer fie conduire
Baux emphytéotiques. Voyez_ Alié- les bestiaux dans les bois des
nations eie biens d'Eglise. Communautés séculières fie ré-
Baras. ( Diocèse oie) Compte rendu gulières, comme dans les Do-
par la Commission des Portions maines du Roi, p. 501. Dépu-
congrues, eie ion travail fur le tation à M. lc Contrôleur-Géné-
Dioceíe de Bazas d'après ics ral fur cet objet, /?. 504. Lecture
étars envoyés par ,ce Diocèse, de la Réponse de ce Ministre,
P- 934- p. 575 , 822. Lettre favorable
Beauvais { Diocèse de ) se plaint du ele M. Je Contrôleur Général,
droit de contrôle exigé pour des -
p. 823.
quittances de remboursements Rapport ehi Bureau du Tem-
de rentes par lui faits. Délibé- porel, au íujet eie l'impcíìtion à
ration de solliciter la restitution N laquelle on veut soumettre lc
du droit, /?. ioi 7. quart de réserve appartenant au
Bcau^ée ( M. ) eie P Académie Fran- Chapitre de Dijon, pour sub-
çoise:, mention honorable de íes venir aux frais de construction
travaux,/?. 12143 I'Assembîéelui fie réparations du Presbytère de
accorde 3000 livres de gratifica- Pallcau ,/?. 732. Députation à
tion p. 1 229. M. lc Contrôleur-Général pour
, demander Paffranchiífcment de
Bénéfices : incapacité eies .Laïques
pour les posséeier. Voye^ Mau- toute contribution en faveur des
bec. ( Abbaye eie ) quarts de réserve , /?. 736. Lettre
Bernard. ( M.) J^oyer^ Bonncfoi. favorable du Ministre,/?. 822.
Besters. (Chapitre de Saint-Aphro- Koye^ aussi Gruerie.
difede ) Foye~LUnions anciennes. Boisgelin, ("M. l'Abbé de) l'un des
Binùnaye, ( M. l'Abbé de la) Dé- anciens Agents, est nommé l'un
puté de la Province d'Albi , /?. des Promoteurs de I'Assembîée,
133 l'un des Députés pour invi- /?. 153 Ion Réquisitoire fur la
ter M. l'Archevêque de Paris Procuration eie la Province eie
d'asiister aux Séances de I'Assem- Paris, qui députe M. le Coadju-
bîée p. 20 2 5 3 l'un des Com- teur d'Orléans concurremment
, ,
missxircs pour lc Temporel, p. avec M. l'Evêque d'Orléans , ion
31 3 pour ie Département fie les oncle, p. 173 Ion Réquisitoire
Portions congrues, p. 323 va au- íur la demande d'un Don-gratuit
devant de M. l'Archevêque de eie 18 millions p. 79 3 son Ré-
,
Paris,/?. 343 l'un des Députés quisitoire fur Pad jonction de la
pour recommander Paffaire con- place de Receveur-Général eiu
cernant une aliénation ele biens Clergé demandée par M. de
,
dépendants de P Abbaye de Saint- Saint-Jullien en faveur de M. de
Mefmin /?. 5063 l'un des Com- Quinson son neveu /?. 843 son
missaires, pour Paffaire eies Foi Réquisitoire, sur les Portions
,
con-
Se Hommages,/?. 807. grues , /?. î 3 1 3 ion Réquisitoire
Blandiniere : ( M. l'Abbé de la ) men- fur Paffaire du Diocèse ei'Oléron
tion honorable eie ses travaux , contre le Clergé de la Navarrc-
p. 120.93 I'Assembîée augmente Bayonnoise /?. 527.
,
eie 400 livres la pension à lui pré- Bollioud de Saint-italien. (M.)
cédemment accordée, /?. 1229. Voycv^ Receveur Général du
-
Bleds. ( carie des ) Voye^ Agricul- Clergé.
ture. Bonnefoi 6c Bernard : ( MM.) men-
Bois .des Ecclésiastiques. Rapport tion honorable eie leurs travaux,
du Bureau du Temporel fur un /?.'I2I3 : I'Assembîée leur accor-
Ooooooo 2
ï5i6 TABLE ALPHABÉTIQUE
de 1800 livres de gratification, p. 858, 871 3
rend compte de
/?. 1230. l'examen du Rapport de MM. les '
Bordeaux. ( Province de) Députés anciens Agents fie de íes Pieccs
à I'Assembîée M. l'Archevêque justificatives, p. 8723 ion Rap-
de Bordeaux ,fie M. l'Evêque de port fur la nécessité que les Ar-
la Rochelle, pour le premier Or- chevêques Se Evêques de chaque
dre 3 fie pour le second , MM. les Métropole, se concertent entre .
Abbés d'Andrezel, Vicaire-Gé- eux sur les moyens eie venir au
néral de Bordeaux, fie le Gay , íecours des Diocèses de leurs Pro-
Vicaire-Généralde la Rochelle, vinces qui en auroient besoin ,
p. 9. Se sur les démarches à faire pour
Bordeaux
, ( M. de Cicé
,
Arche- engager le Roi à venir au le-
vêque de) Député de la Province cours des Diocèses ou lc patro-
de Bordeaux, p. 93 Chef de la nage ecclésiastiejue n'oííre pas des
Commission pour le Départe- retlources, /?. 10423 propcíe de
ment fie les Postions congrues, remercier M. l'Evêque ei'Autun
/?. son Rapport fur Paugmen-
3 13
d'avoir procuré la dotation des
tation des Portions congrues des Evêchés de Toulon Se de Digne,
Curés fie des Vicaires, /?. 3063 fii de lui demander la continua-
fait lecture d'un Mémoire au tion de íes bons offices en faveur
Roi, accompagné d'observations des Evêchés de dissérentes Pro-
íur chacun des articles de la dé- vinces,./?. 1045 '•>c^~ ^e ^a dépu-
libération prise par I'Assembîée, tation nommée à cet esset, ibid.,-
/?. 403 3 fait lecture d'une instruc- ion Rapport íur la Réponse du
tion qui doit être envoyée dans Roi aux représentations de PAf-
les Diocèses,/?. 5133 son Rap- íemblée concernant les Diocè-
port en faveur des Evêchés dont ses où le ,patronage ecclésiastique
la dotation est insuffisante /?. n'offre point de restources /?.
voir M. ,
l'Evê- de la députation ,
5233 est prié de 121 j 3 est pour
que d'Autunàce sujet,/?. 5243 engager M. le Garde des Sceaux
son Rapport sur l'imposìtion eies à adresser aux autres Cours du
Bénéficiers de Bresse fie de Bugey, Royaume la nouvelle Loi pour
p. 5253 fur les mesures prépara- les Portions congrues,/?. 12163
toires à prendre pour Pexécution ion Rapport enfaveur des Egli-
de la Délibération du 3 Août, ses Cathédrales indigentes /?.
,
/?. 756 3 íur la modération ei'impo- 1 2 1 7 3 rend compte eiu Mémoire
sition demandée par le Dioceíe remis à M. le Garde des Sceaux
de Lyon à cause du retout d'une cn faveur des Curés congruistes
partie des, biens des Célestins au de POrdre de Malthe,/?. 12393
Roi de Sardaigne p. 760 3 l'un son Rapport fur l'imposition des
des Commissures pour , l'examen suppléments de Portions con-
des Pièces justificatives du Rap- grues, en attendant la refonte
port ei'Agence,/?. 761 3 pour l'af- du Département général, ibid.
faire eies foi Si hommages,/?.807 3 Bordeaux. ( Chapitre de Saint-Seu-
rend compte des travaux projet- rin de) P^oye^ Amortissement.
tés par la Commission des Por- Bovet, ( M. l'Abbé de ) Député de
tions congrues d'après les états la Province de Tours, /?. 8 3 l'un
envoyés par les ,Diocèses ,/?. 852, des Députés pour aller au-de-
855, 8573 l'un des Députés pour vant de MM. les Commissaires
voir M. le Garde eies Sceaux à du Roi,/?. 29, 3 y, 75 3 l'un des
ce sujet, /?.'8^7 3 rend compte Commissaires pour le Don-gra-
des conférencestenues avec M. le tuir Se les Moyens ,/?. 303 pour
Garde des Sceaux fur cet objet, la Religion Se la Jurifdiction
,
DES MATIERES. 1317
/?. 31 3 pour le compte des ren- /?. 30 3 pour la Religion & la Ju-
tes au denier vingt-cinq,/?. 333 rifdiction ,/?. l'un des Dépu-
31 3
pour Pinstruction des domesti- tés pour conférer avec M. le
ques , /?. 343 l'un des Députés Garde des Sceaux fur Paffaire des
pout recommander à M. de Mar- dîmes de Normandie, /?. 60,
ville Président du Bureau des 386 3 est de la députation pour
,
Affaires Ecclésiastiques Se à conférer avec M. le Garde des
,
M. Lallemanei le Coq, Rappor- Sceaux fur la nouvelle édition
teur, l'affaire concernant Pérec- des OEuvres complètes de Vol-
tion de la Succursale de Pontis, taire /?. 68 3 l'un des Députés
,
/?. 141 3 l'un des Députés pour pour conférer avec M. le Garde
conférer avec M. de Marville des Sceaux, fur Paffaire du Sieur
Président du Bureau des Affaires, Buistonier, intrus dans la Cure
Ecclésiastiques, Se M. de Mauf- du Monestier-Clermont, Dio-
£011, Rapporteur, pour leur re- cèse de Die, /?. 873 fur Paffaire
commander Paffaire du Chapitre des Décimateursde Flandre, con-
de Saint-Malo, concernant les cernant les réparations d'Eglises
droits de fours bannaux,/?. 1833 fie de Presbytères, /?. 402 3 l'un
pour conférer avec M. le Garde des Commissaires pour Paffaire
des Sceaux fur l'affaire concer- des Foi fie Hommages, /?. 807.
,
nant la Thèse du Sieur Graillot, Bousquet,- (M. l'Abbé) témoigna-
v. 2SQ. fie íur l'affaire concer- sse honorable rendu par ie fìu-
nant la réforme des Registres des rcau de la Religion fie eie la Ju-
Baptêmes, Mariages 6c Sépultu- rifdiction, fur ses travaux, paç.
res dans le ressort du Bailliage 1012 3 I'Assembîée lui accorde
de Troyes, /?. 2943 fur l'affaire une gratification de 4000 livres,
du Sieur Buiffonier, Diocèse de dont moitié payable dès-à-pré-
Die p. 343 3 fait les fonctions
,
lent, l'autre moitié payable après
de Prêtre-Assistantau Service fo- la publication de son Ouvrage
lcmnel .de feu M. l'Evêque de ,
p. 1067.
Saint-Malo Député de l'Aílem- Boyer j (M. l'Abbé de ) témoignage
blée,/?. 849,, 861 3 lecture ele Ion honorable rendu par le Bureau
Mémoire sur le projet d'établis- de la Religion fie de la Juriídic-
sement eiu Concours dans les Dio- tion íur les travaux ,p. 10123
cèses pour la nomination des ,
I'Assembîée lui accorde une gra-
,
Bénéfices Cures, p. 882, 884, tification eie 3000 livres, dont
-
887, 888 3 ce Mémoire est infé- moitié payable dès - à - présent,
ré, p. 890. l'autre moitié payable après la
Bourges ; ( Province de ) Députés à publication de ion Ouvrage,
I'Assembîée, Mgrs. les Evêques p. 1067.
de Limoges fie de Saint-Flour, B raye ; (Curés de la Vallée en)
pour le premier Ordre 3 Se pour Délibération qui leur accorde un
le second, MM. les Abbés de secours de 3000 livres, pour les
Pradel, Vicaire-Général de Li- indemniserde la perte des dîmes
moges, fie de la Mirc-Mory, Vi- occasionnée par le nouveau Rè-
caire-Général de Carcassónne glement du Parlement de Nor-
, mandie /?. 1 230.
/?. 11. ,
Boursier, (M. l'Abbé) Député de Bresse; Rapport.de M. l'Archevê-
la Province de Rheims,/?. 6 3 l'un que de Bordeaux , concernant
des Députés pour aller au-devant l'augmentationd'imposition mise
de MM. les Commissaires du par I'Assembîéede 1782 , íur les
Roi, p. 29, 35, 753 l'un des Bénéficiers de Bresse fie de Bu-
Commissaires pour les dîmes gey,/?. 52 j : Délibération de mo-
,
I3IS TABLE ALPHABÉTIQUE
dérer cette augmentation d'im- tion fur les mesures à prendre
position à 1600 livres,qui seront ,
pour accélérer la canonisation de
levées pendant vmgt-eiuatre ans -
M. Al ai n de Sol mi niac Evêque
íur lesdits Bénéficiers,/?. 526. ,
de Cahors /?. 75 1. Délibération
B rignôles. ( Décimateurs de ) Voye-{ d'écrire au, Pape. M. l'Archevê-
Réparations. que de Narbonne est prié d'écrire
Brottier, (M.) de P Académie des à M. le Cardinal de Bcrnis, Ô£
Belles-Lettres3 mention honora- MM. les Agents íont chargés de
ble eie ses travaux /?. 1 2 14 3 I'As- donner les mêmes foins que leurs
sembîée lui accorde,
2400 livres prédécesseursà cet objet,/?. 75: 3.
de gratification ,/?. 1229. La Lettre de I'Assembîée au Pape,
Pìiigcy. Vove\ Bresse. rédigée par M. l'Abbé d'OÍ-
Bulles ; Rapport du Bureau de la mond, est insérée /?. 754.
Religion 6c de la Juriídiction , auCapucins Hébraïíants, 3 mention ho-
sujet eies Règlements qui obli- norable eie leurs travaux,/;. 12113
gent de faire homologuer les Bul- l'Aílemblée leur accorde 2000
íes, Brefs fie Resents de Cour de livres de gratification p. 1 229.
, Député
Rome, /?. 4^03 Délibération de Castellas, ( M. l'Abbé de)
renouvelles auprès de M. le Garde eie la Province de Vienne p. 7 :
des Sceaux les représentationsdes l'un des Députés pour aller ,au-de-
Assemblées de 1775 fie de 1780, vant eie MM. ics Commis!aires du
^•455- Floi,/?. 29,35,75: l'un des Com-
Bufançois. (Clergé eie) P^oyev^ Sel. missaires pour la Religion fie la
Juriídiction,/?. 3 1 3 pour le Dé-
C. ra tement fie les Portions con-
grues , ibid. ; pour lc compte des
CAï-ilERS. Lecture des articles rentes au denier vingt-cinq,/?. 3 33
du Cahier de la juriídiction pour Pinstruction des Domcsti-
articles ,
p. 1069. Lecture des du qnes,/7. 54: fait les fonctions de
Cahier du Temporel,/?, 1092. Diacre d'honneur à la Procession
Jour indiqué pour la conférence du Saint-Sacrement, /?. 60 62 :
,
est eie la députation pour recom-
chez M. le Garde des Sceaux, fur
les articles de ces Cahiers,/?. mander à M. de Marville, Pré-
109 3. Compte rendu de cette con- sident du Bureau des Affaires Ec-
férence par Mgr. l'Archevêque clésiastiques fie à M. l'Abbé
d'Arles,/?. 1 1 86"fie par Mgr. l'Ar- ,
Royer,Rapporteur, Parfaire con-
chevêque d'Aix,/?. 1187. cernant le Prieuré de Montar-
Cahors (Diocèse de) se plaint du naud p. 1083 pour conférer avec
,
droit ele contrôle exigé pour des M. l'Evêque d'Autun fur les
quittances de remboursementde moyens de venir au íecours des
rentes par lui fait, /?. 1017. Dé- Evêchés dont la dotation est in-
libération de solliciter la restitu- suffisante,/?. 5 24 : l'Aílemblée dit
tion du eiroit, /?. 1020. un De proj'undis, fie délibère de
Camus ( M. ) est nommé Avocat faire célébrer un Service pour lc
surnuméraire du Clergé ,/?. 764. repos de son ame , p. 849 : elle
C amuset, (M. ) Curé eie PHôtcl- y assisté, p. 869.
Die-u de Chaalons-sur-Marnc: Centième denier, (droit de ) R no-
mention honorable de ses tra- port du Bureau du Temporel, au
vaux , p. 1 2 11 : I'Assembîée lui sujet du droit exigé de M. l'Abbé
accorde 1 200 livres de gratifica- de Preuilly pour un acte passé
tion p. 1 230.
, avec ses Religieux,/?. 176. Dé-
Canonisation. Rapport du Bureau putation à M. lc Contrôleur-
de la Religion 61 de la Jurifdic- Général fur cet objet,/?. 170. Ce
DES M ATI ERES. 1519
Ministre promet une Réponse Garde des Sceau* à ce sujet
par écrit,/?. 230. ,
p. 512.
R apport ei u B u rea u d u Te m p 0- (Chambertrand ( M. l'Abbé eie) Dé-
rel, sur la réponse eie M. le Con- ,
puté de la Province de Sens, /?.
trôleur-Général, concernant l'e- 1 1 : l'un des Commiíîaires pour
xemption eiu centième denier les Dîmes,/?. 303 pour la Reli-
pour les immeubles légués à l'E- gion fie la Jurisdiction,/?. 31 :
glife, 6c qu'elle est tenue de met- fait visite à Mgr. l'Evêque de
tre hors de ses mains élans Pan Se Troyes, à cause de la perte qu'il
jour,/;. 12^0. MM. les Agents a laite de M. Ion frère, /'. 455 :
íont chargés de solliciter la Déci- fait les fonctions de Diacre d'Of-
sion favorable annoncée par le fice à la Messe de saint Augustin
Ministre, p. 1251. ,
/?. 46 1,4743 &c de Sou s-Diacre au
Cérémonial observé à la Mesle so- Service folcmnel de M. l'Evêque
icmneîle du Saint-Esprit,/?. 22 3 de Saint-Malo, p. 849 86 1 : est
celui pour Paudicnce eiu Roi Se de la députation pour ,solliciter
de la Reine, àcause de l'ouvcr- la caíiation de l'Arrêt rendu par
ture de i'Assembîée,/?. 26. MM. ie Parlement de Paris, dans Paf-
les Agents font rcmareiuer une faire du Prieuré de Montarnaud,
omission qui s'est glissée dans le p. 878.
compte rendu par la Gazette de Chambres des Comptes. Voye-.^
x1 rance a ce niiei,//. 04. VJCÌC- TT„;„„,
\-/ UiWtJO.
monial observé pour la réception Chanoines privilégiés. P~oyc^ Pré-
de MM. les Commissaires du sence au Choeur.
Jloi, p. 29 , 3 5 , 75 3 pour la ré- Cimetière. On veut faire contribuer
ception du Greffier de PHôtel-dc- les Chapitres eie Saint-Gatien fie
Ville. Voyei Hôtel - eie- Ville de Saint-Martin de Tours aux
, dépenses du nouveau Cimetière.
voye\ Procession du Saint-Sacre-
ment, Fête de siint Augustin, Rapport du Bureau du Tempo-
Thèse. Cérémonial observé chez rel fie délibération qui nomme
M. lc Garde des Sceaux pour la ,
une députation pout voir Al. lc
signature des Contrats entre le Contrôleur-Général à ce íujcc,
Roi fie le Clergé,/?. 574. Céré- /?. 1080. Al M. les Agents íont
monial au lujec eie l'accouche- chargés de faire connoître au Co-
ment de la Reine , /?. 8 5 9 , 8603 mité contentieux des Finances
cérémonial observé aux Services les dispositions favorables de Al.
folemnels de M. l'Evêque de le Contrôleur-Général,/?.1082.
Toulon, de M. l'Evêque eie Saint- Clocher. P~oyez Réparations.
Malo fie de M. l'Abbé de Castel- Clugny ( Al. l'Abbé de ) Député de
,
las Députés de l'Aílemblée./?. la Province d'Aix,/?. 73 l'un des
, Députés pour aller au-devant de
861, 866, S 69 : cérémonial chez
M. lc Garde des Sceaux pour la MM. les Commissaires eiu R_oi,
conférence fur les articles des /?. 29 , 3 J, 75 3 l'un des Commis-
Cahiers de la Jurisdiction fie du saires pour le Don-gratuit fie les
Temporel, p. 1186, 1 1 87 : céré- Moyens, /?. 303 pour le compte
monial pout l'auelience de clô- des rentes au denier vingt, /?. 323
ture , /?. 1236. fait les fonctions de Prêtre-As-
Chaires à prêcher. Rapport du Bu- sistant au Service folcmnel de feu
reau du Temporel, concernant M. l'Abbé eie Castellas, Député
l'entretien fie les réparations des de l'Aílemblée,/?. 849, 869.
Chaires à prêcher, dont on veut Collection d'Edits, Arrêts, Décla-
imposer la charge aux Décima- rations fiec. commencée par
,
Al. Duchefne , Garde des Archi-
teurs,/?. 511. Députation à M. lc ,
tjio TABLE. ALPHABETIQUE
ves du Clergé, p. 8253 il est C'onvniffionsnommées, i°. pour ie
chargé de la continuer, fie Al Al. Don-gratuit fie les Aíovens, les
•les Agents font autorisés à écrire Frais communs les comptes des
,
dans íes Diocèses une Lettre cir- Décimes, des anciennes Rentes,
culaire pour inviter les Bureaux des Rentes de 1707 fie des reve-
,
Diocésains élans les Villes de nant-bons /?. 29.
,
Parlement, à charger leurs Syn- ,
20. Pour les Dîmes, /?. 30.
dics, ou autres, d'envoyer co- 3e. Pour le Temporel, ibid.
pies collationnécs des enregistre- 40. Pour la Religion fie la Ju-
ments à l'avenir d'Edits , Décla- rifdiction,/?. 31.
rations, Lettres-Patentes, fie les 50. Pour le Département fie
Arrêts des Cours, en forme pro- les Portions congrues, ibid.
bante, qui peuvent intéresser la 6°. Pour les comptes des Ren-
Junfdiction ou le Temporel du tes au denier vingt,/?. 32.
Clergé, en joignant auxdits en- 7e. Pour les comptes des Ren-
vois un état des frais arrêté pour tes au denier vingt-cinq,/?. 33.
cet objet par le Bureau Diocé- 8°. Pour les Jetons, ibid.
sain, fie qui seront acquittés, fur 90. Pour les Archives, ibid.
les mandats de MAL les Agents, io°. Pour la revision du Procès-
parle Receveur-Général du Cler- verbal, /?. 34.
gé,/?. 83 r. II°. Pour Pinstruction des do-
Collection des Procès-verbaux. Dé- mestiques ibid.
libération d'en accorderdes exem- Comptes élu , Receveur-Général du
plaires à chacun de MAI. les Dé- Clergé íor^t mis fur le Bureau
putés du second Ordre,/?. 7973 Rapport du des,
/?. 283 compte
Rapport íur le compte eie la Col- rentes au denier vingt,/?. 5883
lection des Procès-verbaux, pag. Rapport du compte des rentes
8003 Délibération fur la conduite au denier vingt-cinq ,/?. 6333
que doit tenir le Sieur Dcfprez , Rapport du compte des déci-
relativement à la vente de cet mes , pensions fie appointements,
Ouvrage,/?. 803. fie des anciennes rentes, /?. j66;
Commissairesdu Roi 3 leur réception Rapport du compte des reve-
pour la première fois ,/?. 29 , 353 nants-bons, p. 10463 ils font
remettent la Lettre du Roi, ibid. ; signés, /?. 1275.
lecture de cette Lettre ibid. ; Conciles de France 3 ( Collection
,
discours de Al. de Marville,/?. des ) Rapport du Bureau de la
363
réponse de M. l'Archevêque de Religion fie de la Juriídiction,
Narbonne,/?. 37 3 viennent pour fur Pentreprife de cet Ouvrage
la seconde fois à I'Assembîée ,
fie Délibération de souscrire pour
,
p. 753 remettent leur Lettre de 2$o exemplaires,/?. 991.
créance dont est fait lecture Concours ; Rapport du Bureau de
ibid.; discours de M. de Mar- , la Religion fie de la Juriídiction
ville 3 fa demande, au nom du ,
fie lecture d'un Mémoire fie de
Roi, d'un Don-gratuit de dix- Plans pour l'érablissement du
huit millions : ils demandent en Concours dans les Diocèses, re-
même-temps lc renouvellement lativement à la nomination des
du Contrat des rentes íur lHô- Bénéfices à charge d'ames,/?. 8823
tcl-de-Vi!îe, p. 763 réponse de Délibération íur ce projet, pag.
M. l'Archevêque de Narbonne, 888 3 le Mémoire est inféré, pag.
/?. 78 3 se retirent,/?. 79 3 MM. les 8903 premier Plan des disposi-
Députés qui ont été les recevoir, tions générales d'un Règlement
vont.leur faire part de la Délibé- qui établiroit dans un Dioceíe le
ration de l'A stlmbîéc, /?. 82. Concours pour les Cures,/?. 917:
second
DES MATIERES. 1311
second Plan des dispositions gé- Pièces Justificatives du Procès-
néralesd'un Règlement, qui éta- verbal. Ployez Hòtel-de-Ville.
bliroit dans un Diocèse le Con- <Contrat à renouveller entre le Cier-
cours pour les Cures, p. s>zj : gé fie MM. Bollioud de Saint-
compte rendu par M. l'Archevê- Jullien fie de Qui'nson, ses Re-
que d'Arles , de la Conférence te- ceveurs - Généraux : lecture fie
nue chez AL le Garde des Sceaux signature de ce Contrat, /?. 5 8 S :
à ce sujet,/?. ioó8. ce Contrat est inféré parmi les
Condom; (Dioceíe de) compte Pièces Justificatives. Koyex^ Re-
rendu par la Commiflîon des Por- ceveur-Général du Clergé.
tions congrues de son travail Contrôle, (droit de) Les Diocèses
sur le Dioceíe de , Condom, d'à- de Cahors 6c de Beauvais récla-
-
près les états envoyés par le Dio- ment la restitution des droits de
,
cèse /?. 934. contrôle exigés fur des quittan-
,
Confessionnaux. Rapport du Bureau ces de remboursements de ren-
du Temporel concernant fen- tes par eux faits : Rapport du
,
tretien Se réparations des Con- Bureau du Temporel à ce sujet,
fessionnaux dont on veut impo- p. 10173 Délibération de solli-
,
íer la charge aux Décimateurs citer la restitution, 6c en général
, l'exemption de ce droit pour
p. 5 113 députation à M. le Gatde
des Sceaux, /?. y 12. pareils objets, /?. 1020.
Conseil du Clergé augmenté de Correspondance. Voycz^ A gents-Gé-
trois Avocats ,surnuméraires néraux du Clergé.
, Courier du Clergé. L'Aitemblée
/?. 764.
Confiruclions fie reconstructions. accorde au Sieur Houdelette,
Voye-{ Amortissement. fils, la survivance de son père,
Contant de la Molette. ( M. l'Abbé) /?. 122Ó.
Mention honotable de ses tra- Courtiers-]augeurs. ( droit de) Rap-
vaux,/?. 1 211. port du Bureau du Temporel ,
Contrat à passer entre le Roi fie le au sujet des demandes formées
Clergé, pour le paiement du contre le Chapitre d'Auxerre,
Don-gratuit : le projet cn est lu /?. 171 3 dépuration à M. le Con-
à I'Assembîée par M. Maigret, trôleur-Général fur cet objet,
Notaire, /?. 4483 cérémonial, p. 1763 ce Ministre promet une
ordre fie signature du Contrat réponse par écrit,/?. 230.
chez M. le Garde des Sceaux Cures. Rapport du Bureau de la
, Religion fie de la Jurisdiction
p. 574; ledit Contrat est inséré
parmi les Pièces Justificatives. sur les qualités à requérir pour,
Contrat au sujet des rentes de PHô- l'exercice des fonctions ctiriales,
tel-de-Ville prétendues assignées /?. 8 88 Délibération de faire
3
,
fur le Clergé auprès de M. lc Garde des Sceaux
: renouvellement
d'icelui demandé par MM. les. de nouvelles instances, pour ob-
Commissaires du Roi /?. 76 3 tenir une Déclaration qui déter-
Délibération à ce sujet, , mine ces qualités, /?. 890. Voye^
/?. 8z ;
demande de MM. de PHôtel-de- auffi Concours.
Ville, à fin de renouvellement
de ce même Contrat, /?. 446 ; D.
Délibération de le renouveller,
/?. 447 3 ce Contrat est lu Se ap- T^ÊCLARATION du 26 Mai
prouvé /?. 448 3 cérémonial, or- JLX 1774- Vpye\ Aliénations.
,
dre fie signature du Contrat chez Déclarations. Voyev^Collectiond'E-
M. le Garde des Sceaux,/?. 5743, dits Arrêts Sec.
,
ledit Contrat est inséré parmi les1 Département.
, ,
Commissaires nom-
Procès-verbal de 1785-1786. Ppppppp
i3n TABLE ALPHABÉTIQUE
niés pour le Département fie les ìDijon. ( Chapitre de ) Voye\_ Répa-
Portions congrues, /?. 31. Voyc7L rations.
impositions du Clergé. iVillon 3 ( AL l'Abbé ) Député de la
Dcprofundis pour le repos des âmes Province de Narbonne,p. 5 3 l'un
de Aîgrs. les Evêques de Toulon des Secrétaires de I'Assembîée,
Se de Saint-Malo Se de AL l'Ab- /?. 1 5 3 l'un des Députés pour in-
,
bé de Castellas, Députés de P As- viter Al. l'Archevêque de Paris
semblée p. 849. d'aíîîster aux Séances eie l'Aílem-
Dettes des ,Villes, Voyez^ Octroi. blée p. 20, 25; l'un des Coin
Dévolut. Voye\ Unions ancien-
,
mistaires pourle Temporel, p.-
nes. 30, pour le compte des rentes
Dicquemare ; M. l'Abbé ) men-
( ' au denier vingt, /?. 323 va an-
tion honorable de íes travaux, devant de M. l'Archevêque de
p. 12 14. Paris ,/?. 34 3 fait visite à M. l'Ab-
Die. ( Al. l'Evêque de ) Voye\ Visa. bé de Grainville, malade,/?. 88;
(Refus de) l'un des Députés pour voir Mgr.
Digne ( M. Aíouchet de Villedicu , l'Archevêque de Narbonne, à
Evêque , de ) Député de la Pro- cauíe de Ion indisposition, p.
vince d'Embrun,/?. 103 l'un-des 146 3 pour conférer avec MM. les
Commissaires pour le Don-gra- Commissairesdu Conseil íur l'af-
tuit 6c les Aloyens,/?. 29, pour faire des Foi fie Hommages, p.
la Religion fie la Jurifdicton ,/?. 222,^8073 est de la députation
3 1, pour
le compte des rentes au pour solliciter un jugement défi-
denier vingt-cinq, p. 33 , pour nitif dans cette affaire,/7. 996,
l'instruction des Domestiques, pour solliciter une Déclaration
/?. 343 l'un des Députés pour re- relativement à la prétention des
commander à M. de Marville, Chambres des Comptes d'enré-
Président eiu Bureau des Affaires ,
gistrer ces Lettres-Patentes fur
Ecclésiastiques, fie à M. Lalle- Décrets d'unions,/?. 104T.
mand le Coq Rapporteur, l'af- Dimanches fie Fêtes. Voye\ Sancti-
, l'érection de la fication.'
faire concernant
Succursale de Pontis, p. 1413 Dîmes. Commissaires nommés pour
l'un des Commissaires pour les les Dîmes,/?. 30. Compte rendu
Portions congrues,/?. 8yz;est par M. l'Abbé de Périgord de la
visité de la part de I'Assembîée nouvelle Jurisprudence du Par-
à. cause de son indisposition, lement de Rouen concernant la
l'Aílemblée, ,
p. S583 remercie perception des dîmes,/?. 43. Dé-
p. 26c. libération de députer à M. le
Dijon (M. de Vogué, Evêque de ) Garde des Sceaux ,/?. 60 : AL l'Ar-
3
Député de la Province de Lyon, chevêque de Rheims rend comp-
/?. 133 l'un des Commissaires te de la conférence tenue chez
pour le Temporel, /?. 30, pour Aí. de Miromesnil à ce sujet. fie
lc compte des rentes au denier des espérances données par ce
vingt-cinq,/?. 333 l'un des Dé- Chef de la Justice,/?. 63 : Pro-
putés pour recommander Passaire messe du Roi de donner une Dé-
concernant une aliénation de claration définitive fur cet objet,
biens dépendants de l'Abbaye de Se en attendant de suspendre
Saint-Meímin /?. y 06 3 est de la provisoirement ,l'exécution de
, solliciter auprès ì'Arrçt de Règlement du Parle-
députation pour
de M. le Contrôleur-Général ment de "Normandie par un Arrêt
l'exemption de toute contribu- du Conseil revêtu de Lettrcs-
-
tion en faveur des quarts de ré- Patentes ,/?., 74, 89: Rapport de
serve p. 736. Aí. l'Archevêque de Rheims fur
,
DES MATIERES. 1315
cette affaire,/?. 34 j : Exposition Narbonne rend compte des dis-
du système du Parlement eie positions favorables du Roi,/?.
Rouen, /?. 347 : suites fie consé- 882 : Al. l'Archevêquede Rheims
quences eie ce íystême,/?. 350: rend compte de la conférence
motifs de ce íystême 3 premier avec M. le Garde des Sceaux, fie
motif, l'enquête des Barons fie des intentions du Roi fur cette
l'Ordonnance de Philippe-Au- affaire 886.
guste,/?. 3553 second motif, les , /?.
Rapport du Bureau des Dî-
articlesplacités rédigés en 1666, mes, au sujet de la dîme des
3563 , de l'enquête des fruits de nouvelle culture dans
p. examen
Barons, /?. 3573 examen eie l'Or- le ressort du Parlement de Paris,
donnance de Philippe-Auguste, /?. 588 , 676 : députation à Al. le
/?. 361 3 étendue du droit déci- Garde des Sceaux pour conférer
mal à Pépoque de l'enquête des avec lui fur les objets contenus
Barons,p. 3633 commencement dans les quatre articles proposés
des testrictions du droit décimal, pour être inférés dans la nou-
p. 3643 origine de la substitu- velle Loi, /?. 730 : autre Rapport
tion /?. 3653 confirmation de la du Bureau eies Dîmes íur cet ob-
,
substitution avant Pépoque des jet, /?. 11 3 3 : délibération fur les
placités ibid. ; étendue du droit mesures à prendre par A1M. les
décimal ,à Pépoque des placités Agents après la séparation de
,
p. 367; examen des placités,/?. I'Assembîée p. 1184.
368 3 objections contre les Déci- Rapport ,du Bureau des Dî-
mateurs, tirées des dispositions mes, au sujet d'un Arrêt du Par-
des placités, /?. 369 3 réponse à la lement de Metz qui juge que
ptemiere objection,/?. 3703 ré- ,
tout particulier peut prescrire
ponse à la seconde objection,/?. l'exemption totale des dîmes de
3723 réponse à la troisième objec . droit, fie t]ue c'est au Décima-
tion 3 /?. 3733 étendue du droit teur à prouver qu'il est en posses-
décimal depuis les placités, p. sion de les percevoir p. 842 :
375 3 réponse à la quatrième ob- délibération d'accorder, de bons
jection p. 377 3 confirmation du offices au Chapitre de Metz:
droit de, substitution depuis les MAI. les Agents font chargés de
placités,/?. 3783 récapitulation íuivre cette affaire ,/?. 849.
de ce Rapport,/?. 3813 étendue Rapport du Bureau des Dîmes,
du droit décimal à Pépoque du au sujet de la prorogation de
dernier Arrêt de Règlement de l'exemption dédîmes, accordée
17845/7.383 3Concluíion du Rap- aux défrichements dans le Alé-
port , /?. 38 6 3 délibération fur cc doc, fie encore au sujet de la fixa-
Rapport : députation à M. le tion de la dîme à la cinquantiè-
Garde des Sceaux ibid. ; plu- me gerbe,/?. 1272 : MM. les
sieurs Conseillers ,d'Etat, aux- Agents íont chargés d'accorder
quels M. le Garde des Sceaux a leurs bons offices aux Décima-
associé des A4agistrats du Parle- teurs, /?. 1 274.
ment de Rouen , font chargés Rapport de M. l'Abbé de Mon-
d'examiner les représentations du tefquiou fur l'exemption eie la
Clergé,/?. 428 3 M. l'Archevêque dîme de contribuer aux charges
de Narbonne rend compte dans ,
locales,/?. 1261 : MM. les Agents
la première Séance, en i7S6,de font chargés de donner leurs
l'état où est cette affaire : remer- foins à la fuite de l'affaire des
ciements à AL l'Archevêque de Religieux de Molefme Se du Cha-
Rheims des foins qu'il s'est don- pitre de Séez ,/?. 1272.
nés /?. 8 5 1 : M. l'Archevêque de
,
Dot. (Diocèse de) Compte rendu
Ppppppp 2
t3i4 TABLE ALPHABÉTIQUE
par la Commission des Portions sujet,/?. 8 30 3 Délibération d'au-
congrues , de son travail sur le gmenter son traitement de 2000
Diocèse ele Dol d'après les livres pat an,/?. \zz6«
états envoyés par , ce Diocèse ,
Duvoisn. (M. l'Abbé ) Mention ho-
/?. 934-
norable de ses travaux /?. 1 2113
I'Assembîée lui accorde ,
Domaines engagés. ; Voye\ Rentrée 4000 li-
en poflefsion. . vres de gratification , /?. 1229.
Don-gratuit. Commissaires nom-
més pour le Don-gratuit Se les E.
Moyens, p. 29 : M. l'Archevê-
que eie Toulouse rend compte J^COLES de Charité. Voyez^
des moyens que le Clergé peut u Marc-d'or.
avoir pour subvenir au paiement Economats. ( Suppression des,) Rap-
d'un Don-gratuit, /?. 723 de- port du Bureau du Temporel fur
mande de MM. les Commissai- ia demande faite par les Assem-
- res
du Roi d'un Don-gratuit de blées de 1780 fie 1782 /?. 1 543
,
dix-huit millions,/?. 763 Réqui- députation à AI. ie Garde des
sitoire de M. l'Abbé de Boisge- Sceaux fie à Al. le Baron de Bre-
lin Promoteur, /?. 79 3 Délibé- teuil, p. 1563 dispositions favo-
,
ration de I'Assembîée, portant rables eiu Roi à ce íujet,/?. 1-83 3
concession eiu Don-gratuit, pag. compte rendu de la conférence
82 3 Lettre du Roi au sujet de tenue chez M. le Baron de Bre-
cette Délibération , /?. 833 Rap- teuil à ce íujet,/7. 261 3 M. l'Ar-
port eie M. l'Archevêque de Tou- chevêque d'Aix rend compte
louse, sur les moyens de parve- d'une Lettre de Ai. le Garde des
nir au paiement du Don-gratuit, Sceaux, à M. l'Archevêque de
/?. 91 3 le projet de Délibération Narbonne pour lui faire con-
, détail les intentions
est imprimé p. 96 fie eiistribué noître avec
, , de l'Aíìem-,
Délibération du Roi à ce sujet,/?. 262 3 MM.
/?. 108 3
blée, p. III 3 remise eie 100000 les Commissaires pour le Tem-
.
livres accordée par le Roi íur porel font priés de s'occuper de
le Don-gratuit, pour être distri- cet objet Se de proposer leurs ré-
buée à des Etablissements ecclé- flexions,/?. 263 3 cette Lettre est
siastiques 6c autres objets utiles, insérée /?. 264 3 Rapport du
fuivantl'étatderépartition faic fie Bureau ,du Temporel sur cette
approuvé par Sa Alajcsté ,/?. 818. Lettre, p. 478 3 Délibération de
Don-gratuit des Villes. Rapport du demander une Loi, dont les dis-
Bureau du Temporel, fur la con- positions íont détaillées dans
tribution des Ecclésiastiques dans treize articles, /?. 497 3 M. le
les endroits où la perception s'en Garde des Sceaux promet de don-
fait en argent, /?. 7393 Délibé- ner une réponse furies demandes
ration de-demander, íur cet ob- du Clergé,/?. 101 2.
jet, une conférence avec les Mi- Edit de 1749. Voyei Aliénations.
nistres du Roi., aussi -tot que Edits. P^oyez^ Collection d'Edits
I'Assembîée aura repris ses Séan- Arrêts, 6cc. ,
ces cn 1786 , /?. 743. Eglises Cathédrales. Rapport du Bu-
Duchesne ( M. ) Garde des Archi- reau des Portions congrues , fie
, Délibération qui fixe la quotité
ves du Clergé. Rapport de la
Commission des Archives fur fes des secours accordés aux Eglises
travaux , fie fur les propositions Cathédralesindigentes,Seles con-
par lui faites pour enrichir-Se ditions à remplir pour y partici-
compléter les Archives du Cler- per, /?. 1 217 3 tableau des Eglises
gé,/?. 8243 Délibération à ce Cathédrales, fie des secours qui
DES MATIERES. 13 z s
leur sont destinés page 1224. Se lui demander la continuation
Embrun. (Province d', ) Députés à de ses bons offices cn faveur des
I'Assembîée, Mgrs. les Evêques Evêchés de différentes Provin-
de Grasse Se de Digne, pour lc ces , spécialement de ceux qui
premier Ordre 3 fie pour le second, éprouvent un préjudice plus sen-
A1M. les Abbés deTartonne fie de sible par l'accroislémentdes Por-
la Salle /?. 10. tions congrues, p. 1045.
Efponchc7v , ( M. l'Abbé de Leyris Evêques. Voye\ Immunité person-
3
d') Député de la Province de nelle des Évêques.
Rheims,/?. 6; fait les fonctions Evreux, ( AL de Narbonne, Evêque
de Sous-Diacre à la Messe íolem- d' ) Député de la Province de
nellc eiu Saint-Eíptit,/?. 20 223 Rouen, /?. 123 l'un des Députés
l'un des Commissaires pour, les pout aller au-devant de MM. les
dîmes, /?. 30, pour le Départe- Commissaires du Roi, /?. 29 3 ^,
les Portions congrues, ,
ment Se 75 3 l'un des Commis!aires pour le
pour la revision du Procès-
/?. 3 t , Département Se les Portionscon-
verbal, p. 343 est de la députa- grucs , p. 3 1 , pour le compte des
tion pour conférer avec Al. l'Evê- rentes au denier vingt, p. 3 2 3 va
que d'Autu n fur les moyens de au-devant de A4M. de PHotcl-dc-
venir au secours des Evêchés Ville, p. 141 446, 528.
Exemption. P^oye^ , Juriídiction épis-
dont la dotation est insuffisante,
p. j 24 3 l'un des Commissaires copale.

mages, p. 8073 l'un des Députés


r.
T?

pour voir Al. le Garde des Sceaux 1HA CULTE. Voye7K Théologie
Iur Paffaire des Portions con- JT (Faculté de)
grues ,p. 8573 pour solliciter une Fête de saint Augustin , I'Assembîée
Déclaration relativementà la pré- délibère d'y assister,/?. 461 3 elle
tention des Chambres des Comp- y assiste , /?. 474.
tes, d'enregistrer les Lettres-Pa- Fêtes 6c Dimanches. Voyc{ Sanc-
tentes fur décrets d'union, /?. tification.
1041. Flandres. ( Décimateurs de ) P^oycz^
Etudes eccléftafliques. Députés nom- Réparations.
més par l'Aílemblée pour con- Foi & Hommage. M. l'Archevêque
férer avec des Commissaires de d'Aix rend compte du travail de
la Faculté de Théologie íur les la Commission fur l'affaire eies
moyens de perfectionnerles Etu- Foi fie Hommages,/'.71 : recom-
des ecclésiastiques, p. 267. La mandation en faveur de AL l'Ab-
Faculté de Théologie fait de- bé Parent, pour les services qu'il
mander à I'Assembîée la permis- avoit rendus au Clerçé dans le
sion de venir par députés lui faire cours de cette affaire,/?. 72 : con-
ses remerciements /?. 500. férence ^indiquée à Versailles
,
Evêchés. Rapport du Bureau des chez M. lc Garde des Sceaux
Portions congrues , fur les be- ,
p. 182 : Rapport de M. l'Arche-
soins des Evêchés dont la dota- vêque d'Aix fur Passairc eies Foi
tion est insuffisante,/?. 523 : dé- Se Hommages,/?. 204 : Commis-
putation pour en conférer avec saires nommés par I'Assembîée
M. l'Evêque d'Autun, p. 52.4: pour conférer avec les Commis-
Réponse favorable de Al. l'Evê- saires du Conseil sur cet objet,
que d'Autun, p. 534: députation p.zzz : M. l'Archevêque eie Nar-
à ce Prélat pour le remercier bonne rend compte de cette pre-
d'avoir procuré la dotation des mière conférence, fie en indique
Evêchés de Toulon Se de Digne, une seconde auYendredisuivant,
ijt<5 TABLE ALPHABÉTIQUE
/?. 223 : M. l'Archevêque de Nar- d'Aix Se MM. les Agents font
bonne annonce une nouvelle priés de donner tous leurs íoins à
conférence, /?. 231 : M. l'Arche- cette affaite,/?. 1208.
vêqued'Aix rend compte de cette iFonts Baptismaux. Rapport du Bu-
conférence /?. 243 : Rapport de
, reau du Temporel, au sujet de
M. l'Archevêque d'Aix, furies fentretien fie des réparations des
mesures à prendre en attendant Fonts Baptismaux dont on veut
la reprise des Séances de I'Assem- impoíer la charge aux Décima-
bîée en 17S6 p. 80 j : délibéra-
, teurs , /?. 5 11 : députation à M. le
tion de demander oue lc Juçe- Garde des Sceaux à ce sujet,
ment de Paffaire soit différé jus- /?. 511.
qu'à .la reprise des Séances, fie Foucauld, ( Al. l'Abbé de ) Député
qu'en attendant, il soit sursis aux de la Province d'Arles ,/?. 8 : l'un
poursuites : (Commissaires nom- des Commissaires pour la Reli-
més poursuivre le succès de cette gion fie la Jurisdiction, /?. 31 3
demande,) fie de faire part aux pour le compte des rentes au de-
Députés qui seront à Paris, du nier vingt, p. 32 : l'un des Dé-
résultat des conférences afin putés pour recommander à M. de
,
d'aviser avec eux au parti à pren- Alarville, Président du Bureau
dre ,/?. 807 : M. l'Archevêque de des Affaires Ecclésiasticjues fie à
Narbonne rend compte, dans la ,
M. Lallemand le Coq , Rappor-
première Séance de 1786 de: . teur, l'affaire concernant Pérec-
l'état de cette affaire : remercie-, tion de la Succursale de Pontis,
ments à M. l'Archevêque d'Aix: /?. 141 : fait les fonctions de Dia-
des íoins qu'il s'efì:donnés,/?. 851:: cre d'honneur à la Messe folem-
délibération de faire réimprimerr nelle de saint Augustin,/?. 461
le Précis des Conférences dess Service folcmnel ,
de
474, auSe
Commissaires du Clergé avec less feu M. l'Evêque de Toulon Dé-
Commissairesdu Coníeii fie de puté de I'Assembîée, /?. ,840
, d'a-- ,
prier M. l'Archevêque d'Aix 866 3 est de la députation pour
jouter à cette nouvelle édition dee présenter à M. le Garde des
son Ouvrage, un supplément rela-i- Sceaux le Mémoire concernant
tif a un Ecrit imprimé fous le ti- la rédaction des Actes de Baptê-
,
tre , et'Essai hislariquefur la nature~e mes , /?. 1065?.
des Seigneuriesféodales, &fur les s Fours bannaux. Voyc7v Bannalités.
devoirs de celles qui font possédées'.s Frais Communs ; délibération d'en
par F Eglise, p. 88 6 : Rapport de le arrêter l'état, fie de charger MAI.
M. l'Archevêque d'Aix à ce su- u- les Agents de prendre des mesu-
jet, fie délibération de joindre ce re res pour en diminuer la dépense,
Rapport à la nouvelle édition du lu p-797 '• Pétat est arrêté Se signé,
Précis des Conférences, fous le 822: Rapport du Bureau des
, p.
titre, d'Observationssur les Jus if- Moyens à ce sujet,/?. 1 2453l'état
ttces possédées par l'Eglife, /?. p. estsigná,/?. 1275.
965 : Rapport du Bureau duTcm- a> Frais d'enregistrement. Voye\ Bul-
porel, Se délibération de sollici- :i- les Provisions de Bénéfices ,
définitif,/?. ,
Unions de Bénéfices,
ter un Jugement 9915:
y.
M. le Garde des Sceaux promet ict Fréjus. ( Diocèse de ) Compte rendu
une Réponse décisive, /?. 10122 : par la Commission des Portions
Rapport de' Mgr. l'Archevêque ue congrues, de son travail sur le
d'Aix íur le nouvel Arrêt du du Diocèse de Fréjus d'après les
états , Diocèse,
Conseil, rendu.en faveur du Cler er- envoyés par ce
gé, p. 1 1 9 5 : Al. l'Archevêque de eie p. 934.
Narbonne
,
Al. l'Archevêque pie Fréjus. ( M. de Bausset de Roque-
DES MATIERES. iu?
fort, Evêque de) Député de la
G
Gourcy. ( M. l'Abbé de) Mention
Province d'Aix, /?. 73 l'un des honorable de íes travaux,/?. 1 209 3
Députés pour aller au-devant de l'Aílemblée lui accorde une pen-
MAI. les Commissaires du Roi, sion de 2000 livres
l'un , p. 1 228 , fie
/?. 29 , 3 5 , 7y 3 des Commis- part aux distributions des Procès-
saires pour les Dîmes ./?. 30 pour verbaux 6c Rapports d'Agence
le Temporel, ibid. pour la Re-,
que le Clergé fait imprimer,
ligion Oc la Jurisdiction,/?. 31
3
,
pour le compte des rentes au de- G Grades. Voyez_ i'néologie. (Faculté
nier vingt, /?. 313 est de la dépu- de )
tation pour conférer avec M. le Grainville G ( Ai. l'Abbé de ) Dépuré
Garde des Sceaux fur la nouvelle ,
de la Province de Narbonne p.
édition dcsCEuvres complètes eie ,
j ; fait les fonctions de Diacre
Voltaire, 68 3 l'un des Députés d'honneur à la Messe solemnclle
pour conférer avec AL lc Garde du Saint-Eiprit,/?. 20, 223 l'un
des Sceaux fur Passairc du Sieur eies Députés pour aller au-devant
Buissonier, intrus dans la Cure de- MM. les Commissaires, du
du Monestier-Clermont, Dioceíe Roi,/?. 29, 35, 75 3 l'un des Com-
de Die,/?. 873 est prié de voir . missaires pour la Religion fie la
M. l'Archevêque d'Aix, malade, Juriídiction ,/?. 3 1, pour le comp-
/?. 4173 rend compte de ía com- te des rentes au denier vingt, p.
miffion p. 427 3 est prié de voir 3x3 porte le Dais à ia Procession
-\/i i~ n
,
.i<r\:.. „... r..:,,~ eiu oâint-oâCrcnîCïït , p. 60 , 62 :
des obstacles cme les vovaiîeurs visite à M. l'Abbé de Grainville,
éprouvent de la part des conduc-
1 J C?
malade,/?. 8 8 : fait les remercie-
teurs des Messageries, pour en- ments, p. 90 , 1113 va au-devant
tendre la Alesse les Fêtes 6c Di- de MM. de PHôtel-de-Ville /?.
manches,/?. 811; rend compte ,
141 , 446, 528 .-l'un des Députés
des ordres donnés à ce sujet, p. pour conférer avec M. le Garde
8243 l'un des Prélats pour faire tics Sceaux, íur Paffaire concer-
les Absoutes au Service folcmnel nant la Thèse du Sieur Graillot,
de feu M. l'Evêcjue de Toulon, /7..-2J9; fur Paffaire concernant
Dépuré de PAssemblée /?. 849, les réformes des registresde Bap-
,
%66 3 l'un eies Députés pour voir têmes Mariages 6c Sépultures
M. l'Evêque de Digne, malade, dans le , ressort du Bailliage de
rend compte eie cette visite, ibid. Troyes,/?. 2943 fur l'affaire du
refus de Visa, fait au Sieur Buif-
G. fonier,,/'. 343 : l'un des Députés
pour solliciter une Déclaration
ÉP~ÌAIGNANT (M.) est nomméí qui proscrive les Provisions de
\JT Avocat surnumérairedu Cler- Cour de Rome fur les résigna-
gé /?. 764. tions, avec la double clause ,five
,
Gandin. (M. l'Abbé) Mention ho- per obitum, /?. 4213 pour confé-
norable de ses travaux,/». 110933 rer avec M. le Garde des Sceaux ,
I'Assembîée lui accorde une pen- fur ies abus de la prévention,
sion de 2000 livres ,/?. 1 228. /?.42Ó: l'un des Députés pourvoir
Gazette de France. Voye\ Audiencee le Rapporteurd'une Instance pen-
du Roi. dante au Parlement, íur Pappel
Godescard. ( M. l'Abbé ) Mention n comme d'abus d'u n refus de Visa,
honorable de ses travaux ,p.\ z\i 3 dans le Dioceíe d'Orléans, p.
I'Assembîée lui accorde une ara- 1- 473; eff chargé de voir M. PE-
tification de 2400 livres, pagere vêque de Montpellier, malade,
1229. /?. 555: l'un des Députés pour
152.S TABLE ALPHABÉTIQUE
voir AL Ie Coadjuteur d'Orléans, buée à ceux qui s'occupent des
malade,/?. 860. recherches relatives aux monu-
Grandclos3 (M. l'Abbé Mcslé de) ments de PHistoire Ecclésiasti-
Député de la Province de Tours, que fie Civile,/?. ÌZ28.
p. 8 3 l'un des Commissaires poul- Grenoble, { M. Hay de Bonteville,
ie Département Se les Portions Evêque de ) Député de la Pro-
congrues, /?. 3 1, pour le compte vince de Vienne,/?. 73 l'un des
des rentes au denier vingt-cinq, Commissaires pour les Dîmes,
p. 33 : fait les fonctions de Dia- p. 30, pour le Temporel, ibid.$
cre d'honneur au Service íoiem- Chef de la Commiílìon pour les
neì de feu M. l'Evêque dé Saint- Archives, p. 333 son Rapport
Malo, Député de I'Assembîée, íur les Archives du Clergé,/?.
p. 849 ,861. 824.
Grasse, ( M. d'Etienne de Saint-Jean Grimaldi, ( M. l'Abbé de ) Député
de Pruniere, Evêque de ) Député de la Province d'Arles, /?. 8 ;
de.la Province d'Embrun , /?. 1 o 3 l'un des Commissaires pour le
l'un des Commissaires pour la Don-gratuit Se les Aíoyens, p.
Religion Se la Jurisdiction,/?.31: 2.9 3 pour le compte des rentes au
Chef de la Commiflìon pour les denier vingt, /?. 32; est de la
Jetons, p. 33 .-l'un des Députés députation pour recommander à
pour recommander à M. de Mar- M. de Aíarville, Président du Bu-
ville Président du Bureau des
, reau des Affaires Ecclésiastiques,
Affaires Ecclésiastiques, Se à Al. Se à M. l'Abbé Roycr, Rappor-
Lallemand le Coq, Rapporteur, teur , Paffaire concernant le
l'affaire concernant l'ércction de Prieuré de Montarnaud,/?. 108;
la Succursale de Pontis, p. 141; pour conférer avec Ad. le Garde
pour conférer avec Al. le Garde des Sceaux fur l'affaire concer-
des Sceaux, fur l'affaire concer- nant la Thèse du Sieur Graiilot ,
nant la Thèse du Sieur Graiilot, p. 1593X111- l'affaire concernant
p. 2 5 9 , fie sur l'affaire concernant la réforme des Registres de Bap-
la réforme des registres de Bap- têmes Mariages Se Sépulrures
têmes, Mariages Se Sépultures dans le, ressort du Bailliage de
dans le ressort du Bailliage de Troyes, /?. Z943 fur l'affaire du
Troyes,/?. 294; fur Paffaire du refus de Visa fait au Sieur Buif-
refus de Visa fait au Sieur Buif- fonier, Diocèse , de Die,/?.
, 343;
fonier, Diocèse de Die,p. 343 : est de la dépuration pour íolli—
l'un des Prélats pour faire les citer une Déclaration qui pros-
Absoutes au Service folèmnel de crive les Provisions de Cour de
feu M. PEvêque'de Saint-Malo, Rome fur résignations avec la
Député de i'Assembîée ,/?. 849 , double clause sve per, obitum
,
conférer 3
le
861. /?. 42 3
1 pour avec M.
Gratifications accordées à plusieurs Garde des Sceaux, fur les abus de
gens de Letttes, d'après le rap- la prévention, /?.'4263 fait les
port favorable '"du Bureau de la foncti'òns de Diacre d'honneur
Religion Se dé la Jurisdiction, au Service folcmnel de feu Mgr.
/?. 1067 , 1 21 5 , 1 225) 3 celle de
l'Evêque de Toulon Député de
du Assemblée,/?. ,
100 livres accordée au fils P 849
, 866 3 est de
Courier du Clergé, /?. 1126 3 la députation pour solliciter la
celle de 150 livres accordée au cassation de l'Arrêt du Parlement
nommé Bony Ecrivain , ibid. ; de Paris dans l'affaire du Prieu-
, ,
ré de Montarnaud,
celle de i 0000 livres accordée /?. 878, Se
à la sollicitation de M. le Garde pour voir M. le Garde.des Sceaux
des Sceaux, pour être distri- relativement à Pétablissementdes
petits
DES MATIERES. J3Z9
petits Séminaires dans les Dio- ponfe eie Al. l'Archevêque de
cèses p. III i. Narbonne,/?. 447. Délibération
,
Grou3 (M.) ancien Jésuite: men- de renouveller le Contrat des
tion honorable de ses travaux, rentes prétendues assignées fur le
/?. i z i 2 : I'Assembîée lui accorde Clergé, ïbid. ; troisième audience
une gratification de 2400 livres, demandée par le Greffier de PHÔ-
/?. 1229. tel-de-Ville p. 512. Réception
Gruerie. ( droit de ) Rapport du Bu- de MAI. de, PHÔtel-de-Ville
reau du Temporel, fur la préten- ,
/?. .528. Discours eie remercie-
tion des Officiers eie la Alaîtrifc ment de AL le Prévôt des Mar-
des Eaux fie Forêts de Pabanasre chands ibid. Réponse de Al. PAr-
de M. le Duc d'Orléans, d'assu- ,
chevêejue de Narbonne /?. J29.
jettir à ce droit des bois eiépen- ,
Signature du Contrat chez M. le
dants du Monastère d'Ambert, Garde des Sceaux, p. 574. Ce
p. 1020. Délibération d'appuyer Contrat est inséré parmi les Pie-
la réclamation de Al. l'Evêque ces Justificatives.
d'Orléans à ce sujet,/?. 1024.
Guéret. (Chapitrede) Voyez^Taille. J.
H. /dcquES. ( M.) Alention hono-
rable de ses travaux, p. 1211.
TT" M A Ti >í»r^rir y. .-. V) :
.-»„.- \Â^-.- 1 > A n- ui^_ i..: __. J„ ..__
JLJL l'Archevêque de Narbonne,
-~
....
-i-* niicmuicc ÌUI atLUiuc
tification de 1 200 livres
.
uuc vr;i-
^
,/?. 1230.
pour Pouverture de PAssembîée , Jésuites. Rapport du Bureau des
p. 39. Réponse du Roi, p. 42. Aloyens, fie Délibération eiuifixe
Harangue à la Reine /?. 43. Ha- une somme de 40000 livres à
,
rangue de M. l'Archevêque d'Aix distribuer annuellement aux Jé-
au Roi, pour la clôture de I'As- suites indigents, aux clauses fie
sembîée,/?. 1 24.1. Réponse de Sa- coneiitions portées cn laeiitc Dé-
Majesté /?. 1x45. libération /?. 1230.
,
Hervé ( M. ) est nommé Avocat sur Jetons. Commission , nommée pour
numéraire du Clergé, /?. 764. les jetons /?. 33.
Hôpitaux. Rapport du Bureau du Immunitépersonnelle , des Evêques.
Temporel fur PEdit eie 1780, Discours de Al. l'Archevêque de
concernant la vente des immeu- Narbonne au íujet des Lettres-
bles des Fíôpitaux,/?. 1633 dé- Patentes, qui'renvoient au Par-
putation à Al. le Garde des Sceaux lement la connoistance d'une af-
fie à Al. le Contrôleur-Général, faire dans laquelle est impliqué
/?. 167. Réponse de M. le Garde M. le Cardinal de Rohan ,/?. 53 2.
des Sceaux à ce íujct,/?. 184. Cette affaire est renvoyée au Bu-
Voyez^ Amortissement. reau de la Religion fie dc'la Ju-
Hôtel-de-Villede Paris ( MM. de P ) ri-feiiction p. 533 : Rapport du
envoient leur Greffier pour de- Bureau de, la Rclipion fie de la
mander audience,/?. 1093 leur Jurisdiction sur cet objet,/?. 536.
réception dans I'Assembîée, /?. Délibération d'écrire une Lettre
141. Discours de Al. le Prévôt au Roi, de joindre à cette-Lettre
des Marchands, ibid. Réponse de un Mémoire sur le droit qu'ont
M. l'Archevêque de Narbonne, les Evêques d'être jugés par d'au-
p. 143 3 seconde audience de- tres Evêques , en matière crimi-
mandée par lc Greffier, /?. 4283 nelle /?., 5;54 : lecture de la Let-
,
réception eie MM. de PHôtel-de- tre 6c du Mémoire au Roi , p.
Ville, p. ^116; discours de M. le 5 56: la Lettre est inférée,/?. 5 57,
Prévôt des Marchands, ibid. Ré- Se le Alémoire est inféré,/1. 5ó 1 ;
Proces-verbal de 1785-1786. Qqqqqq.q
Ï 3 3o
TA B LE - ALPHABÉTIQUE
Mgr. l'Archevêque de Narbonne des contestations survenues entre
sait part de la Réponse eiu Roi, les Diocèses d'Oléron 6c lc Cler-
/;. 587 : cette Réponíe est inférée , gé de iá Navarre Ray on noise
ibid. R.apport du Bureau eie la relativement à Pexécution des,
Religion 6c de la Jurisdiction íur délibérations prisés par les As-
les sollicitations à suivre pen- semblées de 167c fie 1675 f'Ar-
, •
dant la suspension des Séances rêt est remis à Aí. le Promoteur,
de I'Assembîée, /?. 818. Mgr. p. Réquisitoirede M. l'Abbé
5 1 3.
l'Archevêque de Natbonnc,,Mgr. de Boiígelin'j Promoteur, fie dé-
l'Archevêque de Paris & ceux libération de renvoyer cette af-
,
de M'jrs. fie de M Al. les Commis- faire à AíM. les Commissaires
faires .qui feront à Paris, íont pour le département,afin de i'éxa-
priés de suivre le succès des de- minet Se en. faire leur rapport,
mandes faites, au; Roi'à ce íujet, p..52.7: l'Arrêt est inféré,/;. 530.
p. 820. Al. l'Archevêque de Nar- Rapport du Bureau du Départe-
bonne rend compte, dans la pre- ment fur cette affaire , /?. 1 1 1 2.
mière Séance eie 1786, des fuites Jugement de I'Assembîée qui
,
de cette assa ire, fie du Mémoire casse le Jugement eie ta Chambre
rédigé par MM. les Agents3 /?. Supérieure Ecclésiastiouc eie Bor-
851. Rapport du Bureau eie la deaux, 6c renvoie les Parties au
Juriídiction fur cette assairc,/?. Coníeii pour lcisr être fait droit,
875. Délibération de.preíler au- /?. 1 129.
près de Al. le Garde des Sceaux Rapport de Mgr. _l'Archevêque
l'envoi de la Réponsedu Roi au de Bordeaux concernant l'au-
,
Mémoire de PAíïembíée,/?. 877I gmentation d'imposition mise
,
Mgr. l'Archevêque de Narbonne par, I'Assembîée de 1782 sus. ìcs
fait part de la Réponse .du Roi : Bénéficiers de Bresse fie de Bu-
cette Réponse est renvoyée au gey,/?'. 525. Délibération de.ino-
Bureau ele la Religion fie eie la dérer cette augmentation d'im-
..
Jurisdiction., pour en être rendu position à 1 600 livres qui fcrònt
compte à I'Assembîée,/?. .887 : levées pendant 24 ans, íur lesdits.
Rapport du Bureau de ía Juris- Bénéficiers,./». 526.
diction sur cette Réponse /?. Compte rendu par Al. l'Abbé.
, de Barrai, d'une procédure intro-
087 : Délibération d'insérer cette
Réponse dans lc Procès-verbal, duite par lc Prieur de Saint-Ro-
fie de protester contre la procé- main au Bailliage de Beau ne,
,
dure,fie les Arrêts du Parlement, pour décliner la Juriídiction du
faits fie rendus dans Passaire de Bureau Diocésain d'Autun en
Aígr. le Cardinal de Rohan /?. matière de décimes : MM., les
, Agents chargés de présenter Re-
990. Réponse du Roi au Mémoi-
re sur Pimmunité personnelle des quête au Conseil pour faire an-
Evêques, /?. 991. Lecture par nuller les procédures fie faire
Al. l'Archevêque d'Arles, d'un ordonner lc renvoi au, Bureau
Acte de protestation contre la Diocésain p, 53 5.
,
Délibération
procéelurc fie les Arrêts du Par- d'accorder au
lement de Paris dans Passairc eie Diocèse de Lyon une diminution
,
Mgr. le Cardinal eie Rohan, /?. d'imposition à cause de la perte
,
occasionnée sur
1093. Cet Acte , signé de toute ía matière impo-
I'Assembîée, est inféré,/?, ibid. sable, par lc retourd'une partie
Impositions du Clergé. Compte ren- des biens des Célestins au Roi de
du par A1M. les Agents d'un Sardaigne /?. 760.
Arrêt du Conseil, qui renvoie à Impositions ,Royales. Vingtième.
I'Assembîée lc Jugement définitif Rapport du Bureau du Tempo-
DES MATIERES. 1531
rcl, Se députation nommée pour p.
^ 295. A1M. les Agents font,
solliciter auprès de M. le Con- chargés
i
d'appuyer de leurs bons
trôlcur-Général la restitution des offices la demande de M. l'Evê-
vingtièmes fur une rente due à que de Saint-Paul-Trois-Châ-
la Fabrique du Chapitrede Saint- teaux, fie d'empêcher que l'Arrêt
Malo, p. 1082. Al Al. les Agents du Parlement de Grenoble ne
font chargés de donner à M. le soit cassé, p. 501.
Contrôleur-Général les éclaircis-
sements qu'il demande fur cette L.
rente , p. 1252.
Imprimeur du Clergé. Manière dont LANGRES.
"j (Diocèsede)Compte
il doit compter de la vente de J| rendu par la Commission des
la Collection eies Procès -ver- Portions congrues de ion tta-
baux,/?. 800. Délibération qui vail, d'après les états envoyés par
nomme le Sieur Didot, l'ainé , ce Dioceíe /?. 859.
Adjoint du Sieur Delprcz, page L Langres ( M. ,de la Luzerne Evê-
que-Duc , de) Député de la, Pro-
Insinuations. ( droits d' ) Représen- vince de Lyon, /?. 1 3 3 l'un des
tations faites à M. le Contrô- Députés pour inviter M. PAr-
leur-Général au nom eie I'Assem- chevêejue de Paris d'asiister aux
,
bîée au sujet des droits d'Insi-
, Séances de I'Assembîée, /?. 20
nuation, exigés pour les dots de est prié de faire le Sermon ,
15 ;
Religieuses 3 ce Alinistre promet le jour de la Messe solemnclle du
une reponlc par écrit, /?. 230. Saint-Esprit,/?. 393 texte fie di-
Rapport eiu Bureau du Tempo- vision de son Discours,/?. 203
rel à ce sujet,/?. 813. MM. les l'un des Députés pour aller au-
Agents font chargésd'écrire dans devant de MAL les Commissai-
les Diocèses une Lettre Circu- res du Roi, p. 29 , 35,753 va
laire, pour indiquer la conduite au-devanteie M. l'Archevêquede
que doivent tenir à cet égard les Paris,/?. 343 l'un des Cornmií-
Communautés Religieuses /?. saires pour les dîmes,/?. 303 pour
, la Religion Se la Juriídiction,
816.
Instruction Pastorale. M. l'Evêque /?. 3 1 3 pour le compte des rentes
de Langres est prié de faire une au denier vingt-cinq , /?. 333 est
nouvelle édition de l'on Instruc- de la députation pour conférer
tion Pastorale , pour être répan- avec M. le Garde des Sceaux íur
due dans les Dioceles, /?. 86c. la nouvelle édition des OEuvres
Jurisdicìion Episcopale. Rapport de complètes de Voltaire, /?. 68;
M. l'Abbé de Périgord fur l'af- l'un des Dépurés pour conférer
faire de Mgrs. les Evêques d'Ar- avec AL le Garde des Sceaux sur
ras fie de Saint-Omer, concer- Paffaire eiu Sieur Buiíìonier in-
,
nant les Abbayes de Saint-Vaast trus élans la Cure du Monestier-
fie de Saint-Bertin. L'Assembiée Clermont, Diocèse de Die,/?. 87;
remercie MM. les anciens Agents pour solliciter une Déclaration
de leur zèle, 6c invite AIA1. les concernantles provisionsde Cour
Agents à montrer la même vi- eie Rome fur résignations avec
,
gilance dans cette affaire, page la double clause five per obitum
,
231. /?. 6563 pour conférer avec M. le
Justice en paréage. Rapport du Bu- Garde des Sceaux fur les moyens
reau du Temporel fur les contes- de réformer les abus de la pré-
tations suscitées par le Baillii vention, /?. 426 3 est prié eie voir
Royal au Bailli Episcopal de; le Rapporteur d'une Instancepen-
Saint - Paul-Trois - Châteaux dante au Parlement, fur l'appcl
.,
Qqqqqqq 2
TÎ^ TABLE ALPHABÉTIQUE
comme d'abus d'un refus de Visa Lettre du Roi apportée a I'As-
dans le Dioceíe d'Orléans,/?.4733 sembîée par MAÍ. les Commis-
l'un des Commissaires pour l'exa- saires eiu R.oi lors de leur pre-
men des Pieccs justificatives du mière visite, /?. 3 5 : autre Lettre
Rapport d'Agence, p. 761 3 l'un du Roi, apportée à I'Assembîée
des Commissaires pour Paffaire par les mêmes Commissaires du
des Foi 6c Hommages,/?. 8073 Roi lors de la demande du Don-
est prié de répandre dans les Dio- gratuit, /?. 75 : Lettre du Roi à
cèses Ion Instruction Pastorale, Ai. l'Archevêque ' de Narbonne
p. 860 3 Délibération ei'appuycr íur le Don-gratuit, /?. 83 : Let-
íademande ,àsin d'établissement tre du Roi, portant prorogation
,du Concours pour la nomination de PAssembléc à Pannée 1786,
des Bénéfices-Cures de son Dio- /?. 731.
cèse,/?. 888 3 lecture du Mémoire Lettre de M. lc Garde des Sceaux
réeiitré par ce Prélat, Iur \es eiií- à Al. l'Archevêquede Narbonne,
positions de la Déclaration du fur Paffaire des Economats,page
1 2 Mai 1782 , concernant
la ré- 264.
daction des Actes de Baptêmes, Lettres d'Etat demandées par Aï.
/?. 10143 est de la députation l'Abbé de Montefquiou pour
pour remettre ce Alémoire à Mgrs. fie MM. les Députés qui
M. le Garde des Sceaux,/?. 1069. peuvent en avoir bcioin , pages
Ce Mémoire est inféré,/?. 1070. 21, 26.
Lavaur^ ( AL de Castellanne , Evê- Lettres de FAssemblée au Roi ; celle
que de ) Député de la Province concernant le nouvelle édition
de Toulouse,/?. 63 l'un des Dé- des (Euvrcs complètes de Vol-
putés pour aller au - devant de taire /?. 693 celle concernant
, de Al. le Cardinal
MM. les Commissaires du Roi, l'affaire de
/?. 29 , 35, 75 3 l'un des Commis- Rohan 6i Pimmunité personnelle
saires pour le Don-gratuit Se les des Evêques,/». 55-7.
Moyens,/?. 29; pour le compte Lettre de I'Assembîée au Pape fur
des rentes au denier vingt,/?. 32 3 les abus de la Prévention p.
,
est chargé de voir Al. l'Evêque 4563 celle pour solliciter la ca-
de Montpellier, malade, /?. 5553 nonisation de M. Alain deSolmi-
l'un des Prélats pour faire les Ab- niac, Evêque de Cahors,/?. 754.
soutes au Service folcmnel de feu Lettres-Patentes. Voyez Collection
M. l'Evêque de Toulon, Député d'Edits, fiec.
de I'Assembîée /?. 850, 866. Lhomond,{ Al.) Professeur de l'Uni-
,
Le G ay, (M. l'Abbé) Député de la versité : mention honorable de
Province de Bordeaux, p. 9 3 l'un ses travaux,/?. 1 21 3 3 l'Affèmblée
des Commissaires pour lc compte lui accorde 2000 livres de grati-
des rentes au denier vingt,/?. 3 2 3 fication, /?. 1 229.
visite à M. l'Abbé lc Gay, mala- Licet de M. PAchevêque de Paris
de, pages 97, 983 fait visite à demandé ponr la Messe solem-
M. l'Abbé cPAndtezel, à cause nclle du Saint-Esprit 6c pour le
de la perte qu'il a faite de Ma- Sermon p. 20 22 : Licet accor-
dame fa mcrCj /?. 4743 fait les ,
dé pour , la Procession du Saint-
fonctions de Sous-Diacre au Ser- Sacrement /?. 60 : Licet accordé
, de saint
vice folcmnel de feu M. l'Abbé pour la Messe Augustin
de Castellas Député de I'Assem-
,
/?. 461,474.
bîée, /?. 8 50, 869. Limoges, (M. Duplessis d'Aro-en-
Lettre du Roi. à MM. les Agents- tré Evêque de) Député de la
,
Généraux du Clergé pour la con- Province de Bourges, p. 11 ; l'un
vocation de I'Assembîée,/?. 2: des Commissaires pour le Don-
DES MATIERES. 1333
gratuit Se les Aloycns ,/?. 293 ce sujet, p. 68. Lettre de I'As-
pour la Religion fie la Jurisdic- sembîée au Roi,/?. 69. Disposi-
tion /?. 313 pour le compte des tions favorables du Roi à ce í u jet,
Rentes,
au denier vingt-cinq, p. /?. 73. Réponse de M. ie Garde
3 5 : est de la députation pour re- desSceauxàladéputation de I'As-
commander à M. de Marville, sembîée,/?. 89. Rapport du Bu-
Président du Bureau des Affaires reau de la Religion fie de la Juris-
Ecclésiastiques fie «à M. l'Abbé diction íurl'imprefsion fie la circu-
Royei:, Paffaire, concernant le lation concernant les mauvais Li-
Prieuré de Montarnaud,/?. 108 3 vres,/?. 147. Délibération de I'As-
pour conférer avec M. le Garde sembîée sur ce Rapport,./;. 152.
des Sceaux íur l'affaire concer- Lecture d'un Mémoire au Roi sur
nant la Theíe du Sieur Graiilot, cet objet, fie d'observations fur
p. 259 , fie íur Paffaire concernant chacun des articles du Projet
la réforme des registres de Bap- d'Edit, rédigé par I'Assembîée de
têmes, Mariages fie Sépultures 1782. AL l'Archevêque de Nar-
dans le ressort eiu Bailliage de bonne est prié de présenter le
Troyes, p. 1943 fur Paffaire du Mémoire au Roi fie de remet-
refus de Visa fait au Sieur Buif- ,
tre à Al. le Gareie des Sceaux ,
fonier, Diocèse de Die /?. 343 3 tant le Mémoire, que le Projet
,
est prié d'officier au Service fo- de Loi,/?. 184. Ce Aíémoire est
lcmnel de feu M. l'Evêque de inséré,/?. 188. Lc Projet d'Edit,
Toulon, Député de l'Aílemblée, avec les observations explicati-
n4 R/io r nomme les Prêtre assis- ve»; An (I'Q i1i(nnlinnr.<; /'fi- iní/á_
- __ — r„. .„ , -... ......
tant, Diacres d'honneur, Dia- ré /?. 19 t. Dispositions
,
favora-
cre de PEvangile fie Sous-Diacre, bles du Roi, p. 304. AL le Garde
p. 8503 officie à cette cérémo- des Sceaux promet eie faire sa-
nie,/?. 8663 est de la députation voir la réponse du Roi,/?. 344.
pour solliciter la cassation de M. l'Archevêque de Narbonne
l'Arrêt du Parlement de Paris fait part de la réponse du Roi :
dans l'affaire du Prieuré de Mon- ,
cette réponse est insérée,/?. 477.
tarnaud /?. 878. Al. l'Archevêque de Narbonne
,
Litre. Prétention des Vicomtes est prié de porter à M. le Garde
d'Alais d'avoir droit de Litre dans des Sceaux les plaintes de I'As-
l'EglifeCathédrale.Lecture d'une sembîée, sur POuvrage intitulé:
Requête eiu Chapitre, fie Rap- Le Triomphe du nouveau Monde,
port du Bureau de la Religion 6c /?. 821.
de la Jurisdiction à ce sujet, /?. Logement de QCIIS de mterre. Rap-
1025. Délibération qui charge port du Bureau eiu Temporel íur
MM. les Atrents d'accorder leurs l'exemption réclamée par les No-
bons offices au Chapitre, pour taires Apostoliques des Diocèses
faire porter cette affaire au Con- de Tours fie du Alans /?. 507.
seil des Dépêches,/?. 1027. ,
Députation à M. le Alaréchal de
Livres. ( mauvais ) Rapport du Bu- Ségur, Alinistre de la Guerre, à
reau de la Religion fie de la Ju- ce sujet, /?. 508.
risdiction sur la nouvelle édi- Logement des Vicaires. Voyez Vi-
,
tion des OEuvres complètes de caires.
Voltaire,/?. 90. Délibération d'é- Loménic, (M. l'Abbé eie) Député
crire une Lettre au Roi pour ar- de la Province de Toulouse p.
rêter le cours des trente premiers ,
6; l'un des Commissaires poul-
volumes, 6c d'empêcher l'entrée ie Temporel p. 303 pour la re-
,
vision du Procès-verbal,
du surplus de sédition : députa- p. 343
tion à M. le Garde des Sceaux à l'un des Députés pourvoir Algr.
1334 TABLE ALPHABÉTIQUE
l'Archevêque de Narbonne à Malthe. ( Curés congruistes de POr-
, dre de ) Mémoire de l'Aílemblée
cause de son indisposition, page
146 3 fait visite à M. PArchcvê- remis à M. le Garde des Sceaux
oue de Toulouse,malade,/?. 5003 en leur faveur,/?. 1239.
est de la députation pouf voir Marc d'or. (Droit de) Rapport de
Al. le Contrôleur-Général, au M. l'Abbé de Montefquiou fur
sujet de la-contribution à laquelle le droit exigé pour des Lettres-
on veut assujettir les Chapitres Patentes, fur le Décret d'union
de Saint-Gatien 6í de Saint-Mar- faite à la Fabrique du Chapitre
tin de Tours pour le nouveau de Saint-Urbain de Troyes 6c
,
Cimetière,/?. 1082; au sujet de pour cl'auttes Lettres-Patentes,
la retenue des vingtièmesfur une portant établissement d'Ecoles de
rente due par le Roi à la Fabri- Charité dans la ville de Tours
,
que du Chapitre de Saint-Malo, /?. 223. Députation à Al. le Con-
p. 108 y 3 fie au sujet de l'Arrêt trôleur-Général pour demander
,
du Conseil, concernant les cons- un Règlement,/?. 229. Ce Ali-
tructions &C reconstructions , /?. nistre promet une réponse par
1092. écrit,/?. 230. Réflexions íur la
Lourde t (M. l'Abbé J Professeur réponse du Ministre. Délibéra-
,
au Collège Royal. Mention ho- tion de préparer un nouveau Aíé-
norable de ses travaux,/?. 12 12. moire pour la reprise des Séan-
L'Assemblée lui accorde 4000 ces de P Assemblée , p. 816.
livres de gratification page Mariages. Rapport du Bureau de la
, Religion fie de la Jurisdiction,
1229.
Lyon. ( Province de ) Députés à íur les moyens de prévenir l'abus
I'Assembîée, Algrs. les Évêques des oppositions aux mariages,
de Langres fie de Dijon , pour /?. 743. Délibération de faire de
le premier Ordre 3 fie pour le se- nouvelles instances auprès eiu Roi
cond MM. les Abbés de Mon- pour Pobtention d'une Loi gé-
,
tazct, Vicaire-Général de Lyon nérale, /?. 750. Voye\ Thèse.
fied'Anstrudc, Vicaire-Général, Maubec. ( Abbaye de) Rapport de
de Châlons-sur-Saônc, p. 1 3. la Juriídiction au sujet de deux
Lyon. Diocèse de ) Diminution
( Arrêts du Coníeii ,C|ui accordent
d'impositions à lui accoreiée , à à M. le Baron d'Escars, Cheva-
cause ei'une partie ejes biens des lier de Alalthe, la libre disposi-
Célestins retournée au Roi de tion eies fruits de PAbbaye de
Sardaigne, /?. 760. Maubec, ci-elevant unie au Cha-
pitre de Québec, fie dont M. lc
M. Baron d'Escars jouit, quoique

M ANS. (M. l'Evêque du) Dé-


libération d'appuyet fa de-
marié,/?. 431. Délibération de
présenter un Mémoire au Roi
/?. 446. Lecture du Mémoire au
,
mande à fin d'établissement du Roi,/?. 461 : ce Mémoire est in-
Concours pour la nomination des séré p. 462 : le Pvoi promet eie
Bénéfices-Cures de son Diocèse, s'en ,faire rendre compte />. 476.
Depuis le mois de Janvier,
p. 888.
] 1786
Mans. ( M. l'Evêque du ) Voyez^. Padministrarionde PAbbaye n'est
Visa. ( Refus de ) plus dans les mains clc M. le Ba-
Mans. (Notaires Apostoliques du ron ei'Eícars , v. 876.
Diocèse du ) Voye?L Logement Meaux ( AL de Poligmvp, Evêque
de o-ens de çrnerre.
,
de) Député eie la Province de
Malthe. ( Ordre de ) Voye\ Visite Paris, p. 103 l'un des Commissai-
Episcopale. res pour le Compte des rentes
DES MATIERES. 13 3 y
au denier vingt,/?. 323 vient pour ,
des Députés pour faire visite à
Li première fois à I'Assembîée, Al. l'Archevêque d'Aix, malade,
prête ferment, p. 555.
fie /?. 4173 l'un des Députés pour
Mémoires eie l'Aílemblée : celui coníércr avec Al. le Contrôleur-
concernant les mauvais Livres, Général íur l'Arrêt qui permet
p. 18.83 celui concernant l'au- d'envoyer les bestiaux dans les
gmentacion Portions con-
eies bois des Eccléliasticjucs,/?. 504,
grues des Curés 6C des Vicaires, fie Iur l'Arrêt concernant Ses Do-
avec des observationsfur chacun maines engagés,/?. jo6 3 l'un des
des articles eie la délibération Députés pour solliciter auprès de
prise par I'Assembîée,/). 404, AL le Maréchal de Ségur l'exemp-
4073 celui concernant Paffaire tion eiu logement eies cens de
de Aîgr. le Cardinal de Rohan guerre,/?. 5083 pour voir Al. le
fie Pimmunité personnelle des Garde des Sceaux, au íujet du
Evêques,/?. 5613 celui íur Pin- logement des Vicaires, fie de
íraction aux Loix concernant la l'entretien des Chaire:: à prêcher,
sanctification des, Dimanches fie Confessionnaux fie Fonts baptis-
des jours de Fêtes p. 879. Mé-
, Règlement maux, dont on veut imposer la
moire fie projets de charge aux Décimateurs, p. 512;
pour l'étabiissement du Concours pour solliciter auprès de Al. le
dans les Diocèses relativement ContrÔlcur-Général l'exemption
à la nomination ,eies Bénéfices- eie toute contribution en faveur
Cures p, 890, 9175 917. Alé-
moire . fur les nouvelles formes ""
íirç fìiiarrc
"I -' "~ •-.-'-,/•.
t. n r/»i m-\rt. .. /jv,
lait les fonctions de Diacre de
/- •
—•.-»

d'imposition à la taille des Fer- PEvangile au Service íolemnel de


miers eies biens ecclésiastiques, feu Algr. l'Evêque de Toulon
des Adjudicataires eie leurs
fie Député de I'Assembîée,/?. 850,,
bois fie denrées., ainsi que fur la 8663 l'un des Députés pourvoir
limitation qu'on entreprend de 1VÍ. l'Evêque de Digne, malade,
donner au privilège des person- p. 14263 est ele la députation pour
nes Eccléíiastiepies qui font va- voir Al. lc Contrôleur-Général,
loir par leurs mains /?. 997.
, au sujet de la contribution à la-
Mcffe solemnclle du Saint-Esprit quelle on veut assujettir les Cha-
indiquée au Vendredi 27 Mai pitres de Saint-Gratien 6c de
, Saint-Martin de Tours pour le
1785 /?. 20. Description de ce
,
qui se passe àcette Cérémonie, nouveau Cimetière,/?. 18143 au
/?. 22 : les Evêques cj'ui ne font íujet des vingtièmes, retenus fur
pas de I'Assembîée y í'onx invi- une rente duc à la Fabrique eiu
tés 6c y assistent,' p. 20 , 22. Chapitre deSaint-Aíalo ,/?. 1 H32,
,
Voyezl Fête de saint Augustin. fie au íujet de l'Arrêt du Conseil
Me(fey,{ AL l'Abbé de ) Député de ,
concernant les constructions fie
la Province d'Aix ,/?. 73 l'un des reconstructions,/?. 1840.
'
Commissaires pour le Temporel, Metz. ( Chapitre de ) Voyer Dîmes.
/?. 30 3 pour le compte des rentes Mezin , ( AL ) Professeur eie Théo-
au denier vingt, p. 323 l'un des logie à Nanci 3 mention honora-
Députés pour conférer avec ble de íes travaux ,/?. 1 2 1 1 3 P As-
MAL les Commissaires du Con- semblée lui accorde 1 100 livres
seil fur Paffaire des Foi fie Hom- de gratification /?. 1 230.
,
mages, p. 222 3 l'un des Députés Milice. Rapport eiu Bureau du Tem-
pouf voir M. le Maréchal de Sé- porel fur Pinterprération rigou-
gur , fié demander une inter- reuse donnée par MAL les In-
prétation favorable de l'Ordon- tendants de Paris fie eie Bordeaux,
nance de la Milice, /?. 303 3 l'un au mot,service personnel, inféré
iH6 TABLE ALPHABÉTIQUE
dans farticle 37 du titre 5 de l'Or- députation pour solliciter auprès
donnance du premier Décembre de M. le Contrôleur-Général
3774, concernant la levée des l'exemption de toute contribu-
Régiments provinciaux ,/?. 501 3 tion en faveur des quarts de ré-
députation à M. le Maréchal de serve /?. 7363 fait les fonctions
,
Ségur Ministre de la Guerre, à de Diacre de PEvangile au Ser-
,
" ce sujet, p. 303. vice íolemnel de feu Al. l'Evê-
Mire-Mory ( Al. l'Abbé de la ) Dé- que de Saint-Alalo , Député de
puté de la3 Province de Bourges, I'Assembîée, /?. 850, 861, fie
/?. 11 3 l'un des Commissaires pout celles de Sous-Diacre au Service
le Temporel, /?. 30 3 est de la dé- de feu Al. l'Evêque de Toulon
,
putation pour conférer avec M. /?. 8jo, 8663 l'un des Députés
le Garde des Sceaux 6c M. le Ba- pour voir M. le Garde des Sceaux
ron eie Breteuil íur l'affaire des 6c Al. le Contrôleur-Général
Economats, /?. 1563 pour confé- au-sujet des aliénations de biens,
rer avec Al. le Garde des Sceaux d'Eglise, p. 9853 pour conférer
fie M. le Contrôleur-Généralíur avec Al. le Contrôleur-Général
PEdit de 1780, concernant les íur Paffaire des tailles, p. 997.
immeubleseies Hôpitaux,/?. i 67 3 Molefme. (Religieux de) On veut
-.
pour conférer avec M. le Con- les faire contribuer aux charges
trôleur-Général fur les droits de locales, à raiíon de leurs dîmes,
Courtiers- Jaugeurs exigés du p. 1261.
Chapitre d'Auxerre,/?. 176 3 pour Moncstter - Clermont. ( Cure de )
conférer avec Al. le Contrô- Voyez^ Visa. ( Refus de )
leur-Général fur le droit de cen- Montarnaud. (Prieuré de). Voyer^
tième denier exigé pour acte Résignation.
passé entre lui, 6c les Religieux Moniaz^t 3 ( M. l'Abbé de Malvin
de son Abbaye de Prcuilly, pag. de) Député de la Province de
1793 pour prier M. le Garde des Lyon, /?. 133 l'un des Députés
Sceaux d'écrire au Premier-Pré- pour aller au-devant de AlM. les
sident 6c au Procureur-Général Commifíaires du Roi, 29, 35,
du Parlement de Provence, en 753 l'un des Commissaires pour
faveur des Décimateurs de Bri- le Don-gratuit fie les Moyens,
gnoles qu'on veut assujettir aux /?. 29, pour les Dîmes, /?. 303
réparations du clocher placé fut- l'un des Commissaires pour la
la Nef,/\ 1823 l'un des Dépu- Religion fie la Jurisdiction ,p. 313
tés pour voir le Rapporteur de l'un des Députés pour conférer
l'affaire élu Curé de Marolles avec AL le Garde des Sceaux fur
les pailles de la ,
dîme, Paffairc des Dîmes de Norman-
concernant
p. 4495 l'un des Députés pour- die, p. 603 est de la députation
voir ìvl. le Contrôleur-Général pour conférer avec M. le Garde
,
au sujet eie l'Arrêt qui permet des Sceaux fur la nouvelle édi-
cfenvoyer les bestiaux dans les tion des OEuvres complètes de
bois des Ecclésiastiques,/?. $04, Voltaire,/?. 683 l'un des Députés
fie íur l'Arrêt concernant les Do- pour conféter avec AL le Garde
maines engagés ,/?. 506 ; l'un des des Sceaux fur Paffaire du Sieur
Députés pour voir M. lc Garde Buissonier, intrus élans la Cure
des Sceaux, au sujet du logement du Monestier-Clermont,Diocè-
des Vicaires fie eie Pentrctien se de Die, p. 87 3 est de la dépu-
,
des Fonts baptismaux Chaires à tation pour présenter à M. le
,
prêcher fie Confessionnaux dont Garde des Sceaux le Mémoire
,
on veut imposer la charge aux concernant la rédaction des Ac-
Décimateurs, p. 5 \ 2 3 est de la tes de Baptême,/?. 1069.
Montefquiou
f
DES MATIERES. 1337
Montefquiou ( M. l'Abbé Fczcnsac rend compte de fa commission,
3
de) nommé Agent-Général du /?. 903 va. au-devant de Ai M., de
Clergé par la Province d'Auch, PHôtel-de-Ville, /?. 141 446,
,
/?. 103 est chargé d'aller à Ver- 5283 l'un des Députés pour voir
sailles savoir le jour fie l'heure où M. PArchcvêcme de Narbonne,
,
Leurs Alajestés à cauíe de son indisposition /?.
voudront donner
audience à I'Assembîée fie de 1463 est de la députation pour,
faire expédier des Lettres, ei'Etat recommander à Al. le Premier-
pour Aígrs. fie MM. les Députés Président fie à Al. P Avocat- Gé-
qui peuvent en avoir besoin p. néral eie la Cour des Aides, l'af-
, faire du Chapitre d'Auxerre, im-
21 3 annonce le jour indiqué par
Al. le Baron de Breteuil, /?. 263 posé à la taille p. 1713 rend
,
est chargé de présenter au R.oi la compte de sa députation ,/?. 1843
Lettre de Mgr. l'Archevêque de pour recommander à AL le Pre-
Narbonne íur le Don-gratuit, mier - Président fie à AL l'Avo-
/?. 823 rapporte à I'Assembîée la cat-Général du Parlement de
Réponse de Sa Alajeílé, p. .83 3 Paris Paffaire concernant le re-
ion Rapport sur le droit de marc fus de, Visa fait par M. PEvêepe
d'Or, exigé pour eies Lettres-Pa- du Mans à un prétendant droit
tentes obtenues íur Décrets d'u- à la Cure de Champfleur,/?. 2293
nions fie pour celles portant éta- rend compte de fa députation
,
blissement ,
d'Ecoles de Charité p. 2603 annonce le succès de
dans la ville de Tours,/?. 2253 cette affaire,-/». 5043 l'un eies
annonce Pheureux succès de Paf- Députés pour conférer avec M.ìc
faire de l'Abbé dcSaint-Melmin, Contrôleur - Général fur l'Arrêt
P' 5 3 3 ; est chargé de savoir lc qui permet d'envoyer les bestiaux
jour fie Pheure où l'Aílemblée élans les bois des Ecclésiastiques,
pourroit prendre congé du Roi
, /?.504, fie íur l'Arrêt concernant
p. 11853 annonce le jour indi- les Domaines engagés, /?. 5063
qué par Al .le Baron de Breteuil, l'un eies Députés pour voir M. le
/?. 1 186. Lecture d'un Alémoire Garde eies Sceaux, au sujet du
cn faveur des Décimateursqu'on logement des Vicaires fie de
,
l'entretien des Fonts baptismaux,
vent faire contribuer aux charges
locales,/?. 1261. Confessionnaux fie Chaires à prê-
Montpellier { M. de Alaiidc, Evê- cher dont on veut imposer la
, ,
que eie ) Député de la Province charge aux Décimateurs, page
de Narbonne, /?. 5 3 son discours 5123 est visité de la part de I'As-
à I'Assembîée au nom de la Pro- sembîée, à cause de son indispo-
,
vince eie Narbonne, fur le choix sition ,/?. 5553 l'un eies Commis-
des Présidents, /?. 263 l'un eies faites pour Paffaire des Foi fie
Députés pour inviter AL l'Ar- Hommages /?. 807 3 l'un des Dé-
,
chevêque de Paris d'aísister aux putés pour voir, au nom de I'As-
Séances de I'Assembîée, p. 20, sembîée, M. le Coadjuteur ti'Or-
15 3 l'un des Députés pour aller léans, malade page 8603 rend
,
au-devant de MM. les Commis- compte de cette visite , p. 866 ;
saires du Roi, /?. 29, 35,753 va pour solliciter une Déclaration
au-devant de M. l'Archevêque relativement à la prétention des
de Paris, /?. 343 l'un des Com- Chambres eies Comptes d'enre-
missures pour le Temporel, /?. gistrer les Lettres-Patentes fui-
30 3 pour le compte des rentes Décrets ei'unions ,/?. 1041.
au denier vingt-cinq, /?. 33 3 est Montpeyroux , ( M. l'Abbé de ) Dé-
chargé de faire visite à M.l'Abbé puté de la Province d'Auch, /?.
de Grainville, malade, p. 883 9 3 l'un des Commissaires pour le
Procès-verbal de 1785-1786. Rrrrrrr
.
Î33S TABLE ALPHABÉTIQUE
Don- gratuit les Moyens, /?.
fie La n rires de faire le Sermon
29 3 nour lc compte des rentes
ibid.,- propuíe de faire demander,
au denier vingt-cinq , p. 33. le jour fie f heure qu'il plaira au
Roi fie à la Reine de recevoir les
N. hon-,mages de l'Aílemblée, /?. 2 13
propoíe de íìxer Paumône eiue les
TKTARBONNE. ( Province de ) Alìemfssécs Iont dans Pula^e d'ac-
]_ V Députés à P Assemblée Mgr. corder, ibid, ; officie le jour eie
, la iVieíle ioiemnclle du Samt-fií-
l'Archevêque de N.ubunne fie
Algr. Plìvêque de i'vlonepeil'.er , pnt,/?. 223 reçoit les remercie-
pour le premier Ordre 3 fie pour ments de l'Aílemblée à ce íujet,
le second. Ai M. les Abbé^ DA- p. 253 porte ía parole au Roi fie
Ion, Vicaiie-Général de Lan- à la iieme ie jour de PAuoience
gres , 6c de Grainville ,Chanoine, pour Pouverrure de P A íî emblée,
Vicaire-Généralde Alontpelher , /?. 263 en reçoit les remercie-
/?. 5. ments de PAíìcmbiée,/?. 283 fait
Narbonne; ( M. Dillon , Archevê- part eie la réponíe du Roi à ía
que de ) la première Séance eie Harangue ibid. ; remercie M. PE-
,
I'Assembîée ie tient en ion Hô- vêque de .Langres du Sermon par
tel .p. 1. Titres 6c qualités de ce lui prononcé le jour de la Ai esse
Prélat énoncés dans la Procura- íolemneile du Saint-Elprit, ibid. ;
tion de fa Province , pro-
/?. 53 annonce Partivéc de MAL les
pose ele choisir des Présidents, Commissaires du Roi /?. 29 3
,
p. 143 discours de Ai. PEvêque nomme pi u lie tu s de Ai gis. fie de
de Aíontpellier au nom de la Pro- A1M. pour aller au-devant d'eux,
vince de Narbonne à ce íujet , ibid.; est eie tous les Bureaux,
ibid.- M. l'Archevêque de Nar- fans être assujetti à aucuns, p.
bonne est nommé l'un eies Prési- 343 ion compliment à Al. l'Ar-
dents, p. 1 5 3 ses remerciements chevêque de Paris, ibid.; ouvre
à I'Assembîée, ibid. ; propose de la Lettre eiu Roi à I'Assembîée,
recevoir Meilleurs les nouveaux p. 35 : ía réponíe au discours de
Agents ibid. ; prie M. l'Arche- AiM. les Commissaires du Roi
, Rheims
fie M. l'Evê-
,
vêque de /?. 37 : ía Harangue au Roi,/?.
que de Troyes de les présenter à 39 : la Harangue à la Reine, /?.
M. le Garde des Sceaux, ibid. ; 43 : propose d'assister à la-Pro-
propose de nommer deux Pro- cession du Saint-Sacrement : est
moteurs fie deux Secrétaires , prié d'y officier ,/?. 60 : y officie,
ibid. ; propose de délibérer fut- /?. 62 : est prié de fe joindre à la
la Procuration de la Province de députation pour Paffaire des dî-
Paris, qui députe M. le Coadju- mes de Normandie,/?. 63 : pro-
teur d'Orléans, concurremment pose la lecture des Procès-ver-
avec M. l'Evêque d'Orléans, ion baux des Assemblées Provin-
-
oncle, p. 163 leur fait part de la ciales /?. 64 : est prié de présen-
,
délibération de I'Assembîée , /?. ter au Roi la Lettre de I'Assem-
193 propose d'inviter AL l'Ar- bîée concernant la nouvelle édi-
chevêque de Paris à assister aux tion , des OEuvres complètes de
Séances de I'Assembîée, /?. 203 Voltaire, /?. 68 : propose d'en-
propose de faire célébrer la Messe tendre le Rapport de M. l'Ar-
solemnclle du Saint-Esprit 3 est: chevêque d'Aix sur les Foi fie
prié d'officier, fie nomme les Prê- Hommages, page 71 : propose
tre Assistant, Diacres fie Sous- d'examiner les ressources du Cler-
Diacres ibid. ; prévient I'Assem- gé pour subvenir au paiement
,
bîée qu'il a prié AL l'Evêque de: d'un Don-gratuit,/?. 72 : rend
DES MATIERES. 1339
compte des dispositions favora- fie d'Hôpitaux, p. 181, 6c fur
bles, relativement à la nouvelle Paffaire des Foi fie Hommages
édition des OEuvres de Voltaire, ibid. ; rend compte des répon-,
/?. 73 : rend compte de la ré- ses de M. le Garde des Sceaux
poníe du Roi fur Paffaire des dî- íur l'affaire eies Economats fur
, de
mes de Normandie , ibid. : ouvre celle des aliénations des biens
la Lettre du Roi apportée par l'Eglife fie des Hôpitaux, fie fur
MM. les Commissaires eiu Roi celle de la contribution des Dé-
dans leur leconde visite, /?. 75 : cimateurs de Brignoles aux répa-
la réponse au discours de M. de rations du clocher placé fur la
Marville, p. 78 : propose d'é- Nef,/?. 1833 est prié de présen-
crire au Roi, pour lui faire part ter au Roi le Mémoire concer-
de la-Délibération de I'Assem- nant les mauvais Livres, fie de
bîée portant concession d'un remettre à M. le Garde des
,
Don-gratuit de dix - huit mil- Sceaux, tant le Mémoire, que le
lions,/?. 82 : fait part eie la ré- Projet de Loi, page 1843 rend
ponse de Sa Majesté ,/?. 83 : pro- compte de la Conférence des Foi
pose d'accorder PAdjonction de fie Hommages /?. zzy, annonce
la place de Receveur-Généraleiu ,
une nouvelle Conférence fur les
Clergé, à M. de Quinson, neveu Foi fie Hommages, /?. 2313 fait
de M. de Saint-Jullien,/?. 84 3 part des réponses de M. le Con-
fait part à MAI. de Saint-Jul- trôleur-Général relativement à
lien fie de Quinson de la Déli- divers objets fur, lesquels ce Mi-
,
bération de i'Assembîée nistre avoit reçu des Alémoircs,
, /?. 86;
rend compte de la réponíe de p. 3043 rend compte de la Con-
Al. le Garde tics Sceaux à la dé- férence tenue avec AL le Garde
putation de I'Assembîée, relati- des Sceaux, concernant les mau-
vement à la nouvelle édition des vais Livres, Pextention de la Dé-
OEuvres complètes de Voltaire claration de 1769, au sujet des
89 informe I'Assembîée , anciennes unions aux Eglises
/?. ; que
M. le Garde des Sceaux a écrit Collégiales 3 la Theíe du Sieur
au Premier-Président fie au Pro- Graiilot 3 Paffaire du Sieur Buif-
cureur-Général du Parlement de fonier, Dioceíe de Die; la ré-
Grenoble, pour Pcnvoi des mo- formation des Registres de Bap-
tifs dans Paffaire eiu Sieur Buif- têmes Alariages fie Sépultures
fonier, ibid.; fie fait part de la dans lc , ressort
du Bailliage de
réponse de M. le Garde des Troves, fie fur la révocation eie
Sceaux fur. Paffaire des dîmes de P Article 5 eie la Déclaration du
Normandie /?. 90 3 fa réponse 26 Mai 1774,/?. 344, 428 3 com-
,
au discours de M. le Prévôt des me auísi furies Provisionsde Cour
Marchands de PHôtcl- de-Ville de Rome íur résignation avec
de Paris, /?. 1433 députation de la clause per obitum ; sur les, abus
la part de I'Assembîée, à cause de'la prévention3 íur Paffaire des
de son indisposition, /?. 146 3 ses Décimateurs eie Flandre, fie fur
remerciements,/?. 1473 est prié l'affaire eies dîmes eie Norman-
de se joineire à la députation die, /?. 428 3 rend compte de la
, présentation par lui faite au Roi
pour conférer avec M. le Garde
des Sceaux fie M. le Baron de Bre- du Mémoire sur les Portions con-
teuil fur l'affaire des Econo-
, grues, fie désagrément de S. M.
mats,/?. 156; annonce une Con- pour la prorogation de PAssem-
férence chez M. le Garde des bîéeà l'annéeprochaine,/?.4303cst
Sceaux fur Paffaire concernant prié de faire des représentations
,
les aliénations des biens d'Eglise au Roi, concernant la fanctisica-
R r r rrr r 2
i34° TABLE ALPHABÉTIQUE
tion des Dimanches fie des Fêtes, dre à la députation pour confé-
/?. 473 3 rend compte des dispo- rer avec M. le Garde des Sceaux,
sitions favorables du Roi , rela- fur l'affaire des dîmes de fruits
tivement à PAbbaye de Maubec, de nouvelle culture dans le res-
de la Réponse de Al. le Garde sort du Parlement de Paris, pag.
des Sceaux fie de Al. le Baron eie 730 : fait part à I'Assembîéed'une
Breteuil fur Paffaire du Sieur Lettre du Roi, portant proro-
Buissonier fie de la promesse eie gation de i'Assembîée à Pannée
, de faire parve- prochaine,/?. 731 : est prié d'é-
M. de Vergennes
nir au Pape la Lettre de I'Assem- crire à AL le Cardinal de Bernis
bîée, fur les abus de la préven- pour accélérer la canoniíation de
tion /?. 476 3 fai: part de la Ré- M. Alam de Solmuiiac, Evêque
poníe, du Roi au Ai é m o ire de de Cahors,/?. 753 : est prié de se
l'Aílemblée concernant les mau- joindre à la Commission des Foi
vais Livres,, /?. 477 3 est piié de 6c Hommages./?. 807: annonce
se joindre à la députation pour lc íecours de 100000 livres, ac-
conférer avec M. l'Evêque d'Au- coreié par le Roi íur ie Don-gra-
tun sur les moyens de venir au tuit en faveur d'Etablissements
secours des Evêchés dont la do- ecclésiastiques 6c autres objets
tation est insuffisante , /?. 5143 utiles p. 8 1 8 : est prié eie suivre,
pendant , l'interrnption des Séan-
fa réponse à M. lc PrévÔt-dcs-
Marchands ,/?. 5 29 3 son Discours ces, le íuccès des demandes de
au sujet des Lettres-Patentes , l'Aílemblée, relatives à Paffaire
qui renvoient au Parlement la de Mgr. le Cardinal de Rohan,
connoiifànce d'une affaire dans /?. 820: est prié de porter à M. le
laquelle est impliqué Al. le Car- Garde des Sceaux les plaintes de
dinal de Rohan,/?. 5323 rcnel l'Aílemblée, fur POuvratre inti-
compte eies dispositions favora- tulé : Le Triomphe du nouveau
bles de M. l'Evêque d'Autun , par Monde, /?. 82 1 : fait part à P As-
rapport aux Evêchés dont la do- semblée de deux Lettres favora-
tation est insuffisante, /?. 534: bles de M. le Contrôleur-Géné-
est prié de rédiger la Lettre au ral 3 l'une concernant Pimposi-
Roi, concernant Pimmunité per- tion des quarts de réserve aux
sonnelle des Evêques,/?. 554: charges publiques, l'autre con-
fait lecture de cette Lettre, fie cernant le pâturage dans les bois
recoit les remerciements de I'As- des Communautés séculières 6C
sembîée,/?. 556 : cette Lettre est régulières, /?. 822 : annonce la
insérée, /?. 557 : fait part à I'As- mort de Mgrs. les Evêques de
sembîée de deux Lettres de M. le Toulon fie de Saint-Malo, 6c de
Contrôleur-Général; l'une rela- M. l'Abbé de Castellas, Dépu-
tive aux Domaines engagés eie té de I'Assembîée, p. 849 : rend
Champagne, l'autre concernant compte de l'état des principales
la pâture des bestiaux dans les affaires qui ont occupé I'Assem-
bois des Ecclésiastiques,/?. 575 : bîée en 1785 /?. 8 5 1 : propose de
,
fait part à PAffemblée, i°. de la remplacer feus Algrs. les Evêques
Réponse du Roi au Mémoire fur de Toulon fie de Saint-Malo, fie
Pimmunité personnelle des Evê- M. l'Abbé de Castellas, Commis-
ques 3 i°. de la Réponse de Sa faites au Bureau des Portions
Majesté sur les demandes relati- congrues, p. 8-52 : est prié de se
ves aux aliénations 3 30. de la Ré- mettre à la tête de ladéputation ,
ponse rde M. le Garde des Sceaux chargée de voir Al. le Garde des
concernant les Portions con- Sceaux- fur l'affaire des Portions
grues,/?. 587 : est prié de se join- congrues,/?. 85S : écrit, au nom
DES MATIERES. I34I
de I'Assembîée, au sujet de Pac- nir, s'il est besoin pour chaque
,
cotíchemcnt de la Pleine, p. 8 <j9 : reílort eies déclarations concer-
fait part de la Réponíe de Sa Aía- nant les Dîmes, p. 1184: fait
jesté,/?. 860: est prié de sollici- part de plusieurs Lettres de M. lc
ter en faveur eie Al M. les anciens Contrôleur-Général en réponíe
Agents les bontés du Roi, /?. à différents objets de rcpiéícnra-
,
873 : est prié eie voir Al. le Garde tions de I'Assembîée p. 11 86 :
eies Sceaux pour presser l'envoi de est prié de continuer ,les sollici-
la Réponse du Roi au Alémoire tations pour Paffaire des Foi fie
de I'Assembîée, sur Pimmunité Hommages, p. 1208 : de dresser
personnelle des Evêques,/?. 877: conjointement avec MM. les
est prié eie présenter au Roi lc Agents , un Mémoire fur la pré-
Mémoire de I'Assembîée,concer- vention, fie de le faire parvenir au
nant la sanctification des Diman- Cardinal Dataire fie au Cardinal
ches fie Fêtes, ibid. : rend compte Secrétaire d'Etat, p. 1255.
des dispositions favorables du Narbonne, ( Al. l'Abbé de ) Député
Roi à ce íujet, fie íur l'affaire des de la Province de Rouen ,/?. 123
dîmes de Normandie,/?. 881 l'un des Députés pour aller au-
fait part à I'Assembîée d'un,
8 S 2.- devant de MAI. les Commissri-
Ouvrage imprimé, fous le titre, res du Roi , /?. 29 , 35,753 l'un
d'Essai historiquesur la nature des des Commissaires pour le Don-
/" j 1 <j c r LCS gratuit fie les Moyens,/?. 29 3 va
oct"tieuries 3 jur
c*
_
*
ycouat-Cò 1 ue-
7.

voirs de celles qui font possédées au-devant de Al AL de Pfìôtel-


par FEglise , p. S 86 : fait part ele de-Ville, /?. 141 446 528.
,
la Réponíe du Roi au Alémoire Navarre B ayarmoise., ( Clergé de la,)
fur Pimmunité perionnelle des VoyezlO\èïon. (Diocèse d' )
Evêques, /?. 8S7 : rend compte Nevers ( AL de Séguiran Evêque
des dispositions favorables de Al. de ) ,Député de la Province
, de
le Garde des Sceaux, relative- Sens /?. 113 l'un des Commissai-
,
ment àl'assairc eies Portions con- res ponr le Temporel,/?. 30;
grues,/?. 934: est prié de ie met- pour lc Département fie les Por-
tre à la tête dé la députation pour tions congrues, /?. 313 pour la
solliciter un Jugement définitif revision du Procès-verbal,/?. 343
dans Paffaire des Foi fie Homma- Chef de la Commission pourl'ins-
ges,/». 996 : rend compte de la truefion tics Domestiques ibid. ;
,
Réponse de Al. lc Garde des l'un eies Députés pour conférer
Sceaux, t°. fur Paffaire des alié- avec MM. les Commissaires du
nations des biens d'Eglise^ 20. íur Conseil sur l'affaire des Foi fie
l'affaire des Décimateurs de Pro- Hommages, /?. 222 : est prié de
vence, assujettis aux réparations voir M. l'Evêque de Troyes, ma-
du Clocher 3 30. fur l'affaire des lade,/?. 417: rend compte de la
Foi fie Hommages 3 40. íur l'af- commission,/?. 427 : l'un eies Dé-
faire des Economats, /?. roi 1 : putés pour voirie Rapporteur eie
fait part d'un Mémoire eie la Fa- Paffaire eiu Curé de Marolles con-
culté de Théologie,/?. ro'14: fait tre deux de íes Paroissiens, au
part de la réponíe dit Roi aux re- sujet des pailles de la dîme pag.
,
présentations faites cn faveur des 449 : rend compte de ía députa-
Diocèses óu le patronage ecclé- tion , /?. 711 : est prié de voir
siastique n'offre pas de ressour- M. l'Evêque de Troyes, a cause
ces suffisantes pùur Paméliora- de la perte qu'il a faite ele M. son
tion des Portions congrues, pag. frère /?. 722 : rend compte de (a
,
11 rest prié de continuer d'em-
í 1
commission
, /?. 450 : l'un des
ployer tout son crédit pour obte- Commissaires pour l'affaire des
Ï342- TABLE ALPHABÉTIQUE
Foi Hommages, p. 807 : est
fie l'un des Prélats pour faire les
visité de la part de l'Aílemblée ,à Absoutes au Service de feu Mgr.
caule ele l'accident cpii lui étoit l'Evêque de Toulon Député de
arrivé, /?. 852, 855 : remercie PAssemblée,/?. S49 , 866.
PAssemblée, /?. 8 5 8 : l'un des Dé- ,
putés pour voir M. le Garde des O.
Sceaux 6c M. le Contrôleur-Géné-
ral au sujet des aliénations de OCTROI, dettes des Villes. Rap-
, d'Eglise,/?.
biens 985 : estdcla dé- port du Bureau du Tempo-
putation pour solliciter un Juge- rel, au íujet d'une imposition à
ment définitif dans l'affaire des lacpielle 011 veut faire contribuer
Foi 6c Hommages,/?. 996 : lec- le Clergé de la Rochelle, pour
ture de son Mémoire íur la raille, la réparation fie agrandissement
íur les nouvelles formes ei'impo- du Palais fie des Prisons,/?. 584.
sition à la taille des Fermiers des Al Al. les Agents Iont chargés
biens ecclésiastiques, fie des Ad- d'appuyer de leurs bons offices
judicataites de leurs bois fie den- la Requête du Clergé de la Ro-
rées, ainsi que íur la limitation chelle, p. 586.
qu'on entreprend eie donner au Oléron. (Dioceíe d' ) Compte rendu
privilège eies personnes Ecclé- par MM. les Agents d'un Arrêt
lîastiejues qui font valoir par leurs du Conseil qui renvoie à PAl-
,
íemblée le jugement définitif des
mains, ibid. : est eie la dépuration
pour en conférer avec Al. le Con- contestations survenues entre le
trôleur-Général ,/7. 997. Ce Alé- Dioceíe d'Oiéron fie le Clergé de
moire est inséré, ibid. : son Rap- la Navarre Bayonnoiie, relative-
port (ur l'affaire du Diocèse d'Ò- ment à l'exécution de Délibéra-
léron contre le Clergé de la Na- tions prises par les Assemblées
, de 1670 fie 1675 : l'Arrêt est re-
varre Bayonnoiie, p. 1112: son
Rapport (ur la Réponse de M. le mis à M. le Promoteur, /?. 513.
Contrôleur-Général aux repré- Réquisitoire de M. l'Abbé de
sentations de I'Assembîée, con- Boilgelin, Promoteur, fie Déli-
cernant la taille,/?. 1252. bération eie renvoyer tette affaire
Nîmes. ( Dioceíe de ) Projet de Let- à MM. les Commissaires pour le
tres-Patentes relativement à l'au- Département, à fin de l'exami-
gmentation des Portions con- ner fie en faire leur rapport,pag.
grues, approuvé par PAstemblée, 527 3 l'Arrêt est inféré,/?. 530 3
/?. Sy2, 855,857- Rapport du Bureau du Départe-
Notaire du Cleroé. Délibération qui ment fur cette assaire,/?. 11123
nomme M. Gibert, jeune, pour jugement eie PAssemblée , qui
remplacer M. Maigret en cas de casse le jugement de la Chambre
surcharge, maladie, elécès, re- Supérieure Ecclésiastiquede Bor-
traite, ou auttes empêchements, deaux fie renvoie les Parties au
,
/?. 1025. Conseil, pour leur être fait droit,
Notaires Apostoliques. Voyez Lo- p.ïlZC).
de de
gement gens guerre. Orléans ( M. de Jarente de la
3
Noyon, ( M. de Grimaldi, Evêque Bruyère, Evêqued')Députéde la
de ) Député de la Province de Province de Paris, /?. 103 Déli-
Rheims,/?. 63 l'un des Députés bération de PAssemblée qui ad-
Coadjuteur ,
d'Orléans,
pour aller au-devant de MM. les met M. le
Commissairesdu Roi ,p. 29, 35, son neveu comme Député con-
,
75 3 l'un des Commissaires poul- curremment avec lui, /?. 163 re-
ies Dîmes,/? 303 pour lc compte mercie PAssemblée,/?. 19.
des rentes au denier vingt,/?. 313 Orléans, ( M. de Jarente de Sénas
DES MATIERES. 1343
d'Orgeval, Evêque d'Olba, Coad- se m b 1é e d'un Ouvra g c i m p r i m é,
juteur ef ) Député de la Province sons le titre d'Eifu historique fur
de Paris, concurremment avec la nature des Seiçmuricsféodales,
M. l'Evêque d'Orléans,/?. 10. & fur les devoirs île celles am font
Requiiitoire de Al. lc Promoteur, possédées nar F E Ai te* p. W S 6.
fie Délibération de PAssemblée, VoyezL Foi fie Hommages. Déli-
qui l'admet comme Député lans bération de fou!crire pour 250
taxe fie fans voix délibérativc, Exemplaires de la nouvelle édi-
hors 6c en Pabícnce de Al. l'Evê- tion des Conciles de France, /?.
que d'Orléans , ion oncle, p. 16: 991. AÎAí. les Agents íont char-
remercie l'Aílemblée /?. 1 9 : l'un gés d'envoyer aux F vêtues un
des Commissures pour, lc Don-
Imprimé, ayant pour titre: Ex-
gratuit fie les Moyens, /?. 293 périences faites a Rambouillet fur
pour le compte des rentes au de- les moyens de prévenirles froments
nier vingt-cinq , p. 33 : rend de la cane /?. 994.
,
compte d'un refus de Visa fait
par Al. l'Evêque d'Orléans, fie de P.
Pappel comme d'abus interjette
ele ce refus , /?. 473 : est visité eie "WyAlLLES de la Dîme. Al Al. les
la part de l'Aílemblée à caule J|_ Agents Iont chargés de voir-
de son indisposition /?. , 860. ie Rapporteur de Paffaire pen-
,
Osmond, ( AL l'Abbé d') Député de dante au Parlement, entre les
la Province d'Auch,/?. 93 l'un Décimateurs fie les Habitants eie
d e s P r o m o t c u r s d c 1' A il e m b ì é e la Paroi lie ele Savignv,concernant
, les pailles de la dîme que les Ha-
/?. 153 fait les fonctions de Dia- ,
cre de PEvangile à la Ai esse ío- bitants veulent s'approprier à vil
lemnelle du Saint-Eiprit, p. zo prix ,/'. 427. Députation au Rap-
,
223 l'un des Commissaires pour porteur el'une pareille affaire,
la Religion fie la Juriídiction pendante au Parlement, entre le
,
p. 3 1 3 pour les Jetons,/?. 333 Curé eie Aíarollcs fie deux eie íes
porte le Dais à la Proceiiion du Paroissiens,/?. 449. Compte ren-
Saint-Sacrement, 60, 62 3 l'un du de cette députation /?. 450.
des Dépurés pour conférer avec Rapport du Bureau des, Dîmes
Al. le Garde des Sceaux Íur la íur les Arrêts du Parlement de
nouvelle édition des OEuvres Pans, rendus au préjudice des
complètes ele Voltaire, /?. 683 Décimateurs,/?. 831. Délibéra-
l'un eies Députés pour coniérer tion de dénoncer au Roi, par un
avec AL le Garde des Sceaux fur Alémoire, les Arrêts des 2 2 fie
Paffairc du Sieur Buissonicr, in- 23 Août 1785 , fie de demander
trus dans la Cure du Monestier- à M. lc Garde des Sceaux que
Clermonr, Diocèse de Die,/?. 87. cette affaire soit retenue au Con-
Ouvrages. Compte rendu par lc Bu- seil des Dépêches, /?. 841.
reau de la Jurisdicìion d'un Ou-' Palais de Justice. Voyczl Octroi ,
vrasrc avant tiour titre : Le Triom- dettes des Villes.
plie du nouveau Monde. Plaintes Panât, (Al. l'Abbé de Bru net de
de PAssemblée à M. lc Garde des Castelpcrs de ) Député de la Pro-
Sceaux, íur lc privilège accoreié vince eie Rouen /?. 123 l'un des
, les Dîmes,
pour Pimpreísion de cet Ouvra- Commis]aires pour
ge,/?. 821. Arrêt du Conseil, du /?. 303 l'un des Députés pour con-
5 Alai 1786, cjui révoque avec
férer avec M. le Garde des Sceaux
qualifications les Lettres de pri- fur Paffaire des dîmes de Nor-
vilèges /?. 876. Mgr. l'Archevê- mandie,/?. 60, 3863 fur Paffaire
,
que de Narbonne fait part à P A si- des Décimateurs eie Flandres
,
1-344 TABLE ALPHABÉTIQUE
concernant les réparations d'E- à M. l'Abbé de la Blandiniere
glises fie de Presbytères ,/?. 4023 ,
est augmentée de 400 liv. ibid.
est de la députation pour confé- Pension ele 300 livres accordée
rer avec M. le Garde des Sceaux à Jean Renard, ancien Garçon
íur la dîme des fruits eie nou- de Bureaux,/?. 1226.
velle culture dans le ressort du Pension de 300 livres accordée
Parlement de Paris /?. 7303 l'un à Valaix Commis du Bureau de
des Commissures ,pour l'affaire PAgcncc, en cas de retraite, ibid.
, de
Survivance
des Foi fie Hommages,/?. 807. pensions deman-
Paréage. Voyez_ Justice en paréage. dée par les premiers Con.mis de
Pcr.nt; (ÍVÎ. l'Abbé) témoignage Al. de Saint-Jullien, ibid.
honorable en ía faveur pour les Voye\ Jésuites.
services par lui rendus au Clergé 10enfions des Nouveaux-Convertis.
,
élans Paffaire des Foi fie Hom- Délibération eie former, avec les
mages,/?. 72 : l'Aílemblée lui débets de ces pensions, un con-
accorde une pension de 3000 li- trat de rente , qui augmentera ies
vres, p. 797. fonds destinés pour cet objet,
Paris , ( Province de) Députés à /?. 1064, 1065-.
l'Aílemblée, AL l'Evêque d'Or- JPerigord3 ( M. l'Abbé de) l'un des
iéans, Al. le Coadjuteur d'Or anciens Agents, est nommé l'un
léans, concurremment avec lui, des Secrétaires de PAff emblée
í>ê M. PEveque de ïvieaux pour p. 15 ; fait lecture du serment,
le premier Ordre; fie pour , le se- prêté par PAssemblée,/?. 16; rend
cond, MAL les Abbés de Pon- compte de Paffaire des dîmes de
tevez, Vicaire-Général de Blois , Normandie p, 43 3 de celle de
,
ce d'Ajroult, Vicaire-Général de Mgrs. les Evêques d'Arras &c de
Pontoil'e ,/?. 10. Délibération de Saint-Omcr, fie reçoit des remer-
PAssemblée sur la procuration de ciements de PAssemblée à ce íu-
cette Province ,/?. 16. Lecture du jet,/?. 231.
Procès-verbal de l'AílembléePro- Pingre3 { le Pcre ) de PAcadémie
vinciale de Paris /?. 64. des Sciences : mention honora-
,
Paris ( Algr. l'Archevêquede) in- ble de íes travaux ,/?. 1 2 14 3 PAs-
3 semblée lui accorde ijoo livres
vité d'assister aux Assemblées, /?.
20 : íes remerciements , /?. 25 : de gratification,/?. 1229.
vient à PAssemblée, fie prête ser- Poitiers (Dominicaines de) sup-
ment, /?. 34: est prié de luivre, primées : union ele leurs biens
pendant Pinterruption des Séan- contestée par les Dominicains
ces , le succès des demandes eie fie les Officiers du Domaine apa-
I'Assembîée, concernant l'affaire nage de Mgr. Comte d'Artois,
de M. le Cardinal de Rohan
, /?. 808. Ai M. les Agents font
/?. 8 20. chargés d'accorder leurs bons of-
Pensions. Celle de 3000 liv. accor- fices à AL l'Evêque de Poitiers
dée à Al. l'Abbé Parent, /?. 797. même d'intervenir s'il y a lieu ,
L'Assembléc augmente de 400 , ,
/?. 813.
livres celle précédemment ac- Pontevez^, ( M. l'Abbé de ) Député
cordée à M. Rigolev de Juvi- de la Province de Paris, /?. 103
gny,/?. 1067. l'un des Commissaires pour le Dé-
Pension de 2000 livres accor- partement fie les Portions con-
dée à M. l'Abbé Gandin /?. 1 225». grues , /?. 31 3 pour le compte
, des rentes au denier 25 ,/?. 33.
Pareille pension de 2000 livres
accordée à M. l'Abbé de Gourcy, Ponds. ( Paroisse de )Erect ion d'une
ibid. Succursale. Voye\ Succursale.
La pension ci-devant accordée Portions congrues. Commissaires
nommés
DES MATIERES. iW
nommés pour le Département 6c une Lettre circulaire, pour invi-
les Portions congrues ,/>. 3 i. Ré- ter les Diocèses à faire parvenir,
flexions furies objets proposés par leurs états 6c réponses dans le
laCommiffion: la délibérationest commencement de Mai, 6c de
remise à un autre jour, p. 144 & prier MM. de la Commission de
304. Rapport sur l'augmentation íe réunir un mois avant la repri-
des Portions congrues des Curés se des Séances pour préparer le
£c Vicaires, p. 306. Avis de la travail, p, 759., Nouveaux Com-
Commission,^.319. Réquisitoire missaires nommés pour rempla-
de M. l'Abbé de Boisgelin Pro- cer feus Mgrs. les Evêques de
, Toulon 6c de Saint-Malo, 6c
moteur,/? 331. Délibération de
porter à 700 livres la Portion M. l'Abbé de Castellas,/7. 851;
congrue des Curés, 6c à 350 li- Rapport du Bureau des Portions
vres celle des Vicaires : cette Dé- congrues , fur les travaux pro-
libération contenant quinze ar- jettes par la Commission, d'a-
ticles, p. 333. Lecture d'un Mé- près les états envoyés par les Dio-
moire au Roi, 6c d'Observations cèses, ibid. 855 ; Délibération
&
fur chacun des articles de la Dé- qui approuve le projet de Let-
libération p. 403. Ce Mémoire tres-Patentes 6c le travail pour
est inféré , p. 404 ; 6c les Obser- le Diocèse de Nimes, de dépu-»
,
vations insérées tation à M. Ie Garde des Sceaux,
, p. 407. Mgr.
l'Archevêque de Narbonne rend pour faire agréer par le Gouver-
compte des dispositions favora- nement Je Plan annoncé par la
bles du Roi, 6c de son agrément Délibération du 3 Août 1785, en
pour la prorogation de l'Assem- faveur de quelques Diocèses p.
blée à Tannée prochaine, ^.4 5 o. S57; M. l'Archevêque de Bor-,
Lecture d'une Instruction dressée deaux rend compte de cette dé-
par la Commission , pour être en- putation,^*. 858; compte rendu
voyée dans les Diocèses ,p. 513. par la Commission , de ses tra-
Ceitc Instruction est inférée,/?. vaux fur les Diocèses de Troyes
514. Rapport du Bureau des Por- 6c de Langrcs
, p. S55? ; fur le
tions congrues, au sujet des Evê- Diocèse de Vienne,p. 861 ; dis-
chés dont la dotation est insuffi- positions favorables de M. le Gar-
sante, y?. 5s2.3. Députation pour de des Sceaux qui doit avoir
,
en conférer Avec Mgr. l'Evêque une conférence avec M. le Pre-
d'Aucun ,p. 514. La Réponse de mier-Président du Parlement de
M. le Garde des Sceaux est lue Paris p. 934; compte rendu par
,
la Commission, de ses travaux
à l'Aflemblée 6c renvoyée au
• ,
Bureau des Portions fur les Diocèses de Tulles, Dol,
congrues,
p. J87. Rapport du Bureau des Bazas, Aleth Condom Vabres,
, ,
Portions congrues fur cette Lcr- Fréjus, Autun 6c Usez, ibid.;
tre de M. le Garde des Sceaux , Rapport du Bureau des Portions
p. 756. Délibération de la join- congrues, fur la nécessité que les
dre à TInstruction qui doit être Archevêques &c Evêques de cha-
envoyée dans les Diocèses ; de que Métropole se concertent en-
prier MM. de la Commission de tr'eux fur les moyens de venir au
suivre auprès de M. le Garde des secours des Diocèses de leurs Pro-
Sceaux les objets de la Délibéra- vinces, qui en auroient besoin
tion du 3 Août susceptibles pour remplir les objets mention-
d'une Législation ,nouvelle 6c nés cn la Délibération du 3 Aout
les demandes formées pour, la 178 5, 6c fur les démarches à faiic
simplification des unions ; de pour engager le Roi à venir, par
charger MM. les Agents d'écrire î'union de Bénéfices de fa-nomi-
Procès-verbal de 1785-1786. Sssssss
1346 TABLE ALPHABÉTIQUE
nation, au secours des Diocèses de Bourges ,/?. 11 ; l'un des Com-
où le Patronage ecclésiastique missaires pour les Dîmes ,/?. 30 ;
n'ossre pas de reiíources,/?. 1042. pour le compte des rentes au
Délibération fur ce Rapport,/?. denier vingt-cinq, p. 33; pour
1044. La Commission propose de les Archives, ibid.; porte le Dais
remercier M. l'Evêque d'Autun à la Procession du Saint-Sacre-
des mesures par lui prises pour ment, p. 60, 62 ; fait les fonc-
procurer la dotation des Evêchés tions de Prêtre - Assistant à la
de Toulon & de Digne & de Messe folemnelle de saint Au-
, gustin p. 461, 474, 6c au Ser-
lui demander la continuation de
,
íesbons offices en faveur des Evê- vice íolemnel de feu M. l'Evêque
chés de différentes Provinces; de'Toulon, Député de l'Assem-
Délibération qui nomme une dé- blée p. 850, 866; fait les fonc-
puration à cet effet, p. 1045. tions, de Diacre au Service ío-
Álgr. l'Archevêque de Narbonne lemnel de feu M. l'Abbé de Caf-
fait part de la. Réponse du Roi tellas Député de l'Assemblée
, ,
aux représentations de l'Assem- p. 8jo , 869.
biéc, en faveur des Diocèses où Présence au Choeur. Rapport du Bu-
1c patronage ecclésiastique n'of- reau de la Jurildiction, fur la mul-
fre pas de ressources suffisantes titude de charges qui dispensent
pour l'arnélioration des Portions les Chanoines de la résidence dans
congrues, p. 1111. Rapport du leurs Canonicats p. 935. Déli-
,
bération de solliciter
Bureau des Portions congrues une Décla-
íur cette Réponse, p. 1215. Dé- ration qui fixe le nombre des
libération qui charge MM. les Officiers des Chapelle Sc Oratoire
Agents d'envoyer dans les Dio- du Roi &c exclut du privilège
, fans service ni fonc-
cèses cette Réponse,-la nouvelle les places
Déclaration pour les Portions ,
tions, 6c les charges laïques 6c
congrues, 6c la Délibération du séculières p. 944.
, de la Province de
24 Août 1786. Députation à M. Présidents. Avis
le Garde des Sceaux pour l'en- Narbonne fur le choix des Pré-
, sidents,/?. 14. Délibération qui
sraírer à adresser aux autres Cours
la nouvelle Loi des Portions con- nomme Mgrs. les Archevêques
grues 3 p. 1216. La Réponse du de Narbonne, de Toulouse, de
Roi est inférée', p. 1217. Rap- Rheims 6c d'Aix, 6c Mgrs. les
port de la Commission en faveur Evêques d'Orléans, de Grasse,
des Eglises Cathédrales indigen- de Limoges & de Toulon ,/?. 1 j ;
tes , ibid. Délibération qui fixe ils se placent suivant leur dignité
la quotité des secours à elles ac- 6c leur ancienneté, 6c remercient
cordés, 6c les conditions à rem- l'Assemblée ibid.
,
plir pour y participer, p. 1222. Prévention. Rapport du Bureau de
Compte rendu d'un Mémoire la Religion 6c de la Jurisdiction
présenté à M. lcGarde des Sceaux, sur les moyens 6c la nécessité de,
en faveur des Cures de l'Ordre remédier aux abus de la préven-
de Malthe, /j.1239. Rapport de tion p. 422 ; députation à M. le
la Commission 6c délibération. Garde , des Sceaux à sujet, p.
ce
de solliciter un ,Arrêt du Conseil 426 ; dispositions favorables de ce
provisoire,relativementà la taxe Chef de la Magistrature,/?.428 ;
des suppléments de Portions con- lecture d'un projet de Lettre de
grues aux impositions du Clergé, l'Assemblée au Pape fur cet ob-
ibid. jet,/?. 450; cette Lettre, signée
Pradd, ( M. r Abbé de'Chardc- de toute l'Assemblée est inférée
bceúf de ) Député de la Province M. de ,
Vergennes
p. 4j 6; Mi-
,
DES MATIERES, Ï547
nistr'e des Affaires étrangères, se léans, concurremment avec Mgr.
charge de la faire parvenir à Sa l'Evêque d'Orléans, son oncle,
Sainteté 476 ', Rapporc du p. 13. Réquisitoire de M. l'Abbé
, /?.
Bureau de la Jurisdiction sur les de Boilgclin Promoteur, sur
íuites de cette assaire p. 875 ; ,
, cette clause, p. 16. Délibération
autre Rapport fur les mesures ul- d'admettre M. leCoadjuteur sans
térieures à prendre d'après la ré- taxe &c fans voix délibérative,
ponse du Pape, p. 1 2 3 3 ; M. l'Ar- hors 6c en l'abíence de M. l'Evê-
chevêque de Narbonne est prié que d'Orléans,p. 19. M. l'Evêque
conjointement avec MM. les, d'Orléans 6c M. le Coadjuteur
Agents, de dresser un Mémoire, remercient l'Assemblée, ibid.
6c de le taire parvenir au Cardi- 1Promoteurs. L'Assemblée, libre fur
nal Dataire 6c au Cardinal Se- son choix nomme MM. les Ab-
crétaire d'Etat, p. 1235. ,
bés de Boifgelin 6c d'Olmoud
Preuilly. ( Abbé de} Voye^ Cen- ,
p. 1 j. Réquisitoire de M. l'Abbé
tième denier. de Boiíffclin fur la Procuration
Prisons. P^oye^ Octroi, Dettes des de la Province de Paris, concer-
Villes. nant la députation de Mgr. le
Privilèges. Plaintes fur les infrac- Coadjuteur d'Orléans concur-
tions aux clauses des Contrats. ,
remment avec M-ir. l'Evêque
Le Bureau du Temporel fe pro- d'Orléans, son oncle,/?. 16: sur
pose de dresser un Mémoire gé- la demande du Don-gratuit,/?,
néral à ce sujet,/?. 575-. 79 : sur la survivance l<. Padjonc-
Procès-verbal de l3Assemblée. Com- tion de M. de Quinson à la place
missaires nommés pour la revi- de Receveur-Général du Clergé,
sion /?. 34; est lu 6c signé, p. /?. 84: sur les portions congrue;;,
,
83» 9°» 143 , 3°4> 448, JiS , p. 331 : fur Passairc du Dioceíb
849 , 10146* 1275. d'Oléron, p. J27. Gratification
Procès-verbaux des AssembléesPro- accordée à MM. les Promoteurs,
vinciales : il en est fait lecture /?. 873.
, Provisons de Bénéfices. Rapport du
P- *4-
Procès-verbaux. Délibération qui Bureau de la Religion & de la Ju-
accorde à MM. les Députés du risdiction, sur les frais excessifs
second Ordre un exemplaire des perçus notamment au Parlement
Procès-verbaux de 17806c 1782, de Grenoble, pour l'enrégistic-
6c ordonne que M. l'Abbé de ment des Provisions de Cour de
Gourcy fera compris à Pavcnir Rome, /?. 4yo. Délibération de-
dans les états de distribution , voir M. le Garde des Sceaux pour
P- 797- empêcher les contributions arbi-
Procession du Saint-Sacrement : l'As- traires, p. 455.
semblée délibère d'y assister, sui-
vant Tissage des grandes Astem- Q-
blées, 60. Cérémonies observées
à ce íujet, /?. 62.
Procurations de Mgrs. 6c de M M. les
Q UARTs de réserve. proye7L Ré-
parations.
Députés remises à MM. les Québec ; ( M. l'Evêque de ) l'Assem-
, les examiner, &c blée arrête que la pension ci-de-
Agents pour en
faire leur rapport,/?. 4. Lecturedes vant accordée à M. Pancien Evê-
Procurations, /?. 5. L'Assemblée que de Québec, fera réversible
remet à délibérer fur la clause fur la tête de l'Evêque actuel 6c
portée dans celle de la Province de son Coadjuteur,/?. 1230.
de Paris, concernant la députa- Québec. ( Chapitre de ) Rapport du
tion de M. le Coadjuteur d'Or- Bureau de la Religion 6i de la
ISSSSSSS 2
Ï$4S TABLE ALPHABÉTIQUE
Jurifdiction. au iuiet des rev-c- Avis de la Province de Rheims,
nus de PAbbaye de Maubec qui p. 127. Délibération de l'Assem-
-lui avoit été unie, 6c dont Pad- blée qui accorde l'Adjonction
,
demandée, ibid. ; remerciements
ministration, depuis que le Ca-
nada a passé fous la domination deM. de Saint-Jullien, p. 128;
Angloiíe, a été donné par Ar- lecture 6c signature du Contrat
rêts du Conseil à M., le Baron passé entre le Clergé 6c MM. de
,
d'Escars, Chevalier de Malthe, Saint-Jullien 6c de Quinson, p.
qui en jouit, quoique marié, /?. 929 ; mention honorable des tra-
43 i ; Délibération de demander vaux de M. de Saint-Jullien,
au des secours en faveur de
R_oi /?. 1041, 11 39, 1140 s 1306.
ce Chapitre, p. 446. P^oye^ Mau- J
Régisses de Baptêmes, Mariages &
bec. Sépultures. Rapport du Bureau
Querboeus, ( ancien Jésuite :
M. ) de la Jurifdiction 6c de M. l'Abbé
mention honorable de ses tra- de Barrai, fur un Arrêt du Par-
vaux , /?. 1213. L'Assemblée lui lement de Paris, qui autorise les
accorde 1200 livres de gratifica- Officiers du Bailliage de Troyes
tion , /?. 1 230. à réformer les Registres de Bap-
Quinson ( M. de ) neveu de M. de têmes Mariages 6c Sépultures
,
Saint-Jullien, est nommé en sur- ,
dans l'étcndue de son ressort
,
vivance 6c à l'Adjonction de la p. 410 ; dépuration pour confé-
place de Receveur - Général du rer avec M. le Garde des Sceaux
Clergé, p. 84. Le Contrat entre sur cette assaire ,/?. 421 ; disposi-
le Clergé 6: le Receveur-Géné- tions favorables de ce Chef de la
ral est passé avec lui p. 588. Justice p. 509, 668 ; Rapport
, , du Bureau , de la Jurifdiction fur
R. les fuites de cette assaire 9p. 1456.

R APPORT d'Agence. II en est


sait lecture,/?. 131, 133,
Régnier, ( M. ) Directeur du Sémi-
naire de Saint-Sulpice: mention
honorable de ses travaux,/?. m:
142 , 167, 213, 216,256, 282, l'Assemblée lui accorde 1 500 li-
366 , 400, 404, 408 , 409, 667, vres de gratification , p. 12 29.
670, 671 , 803, 857, 861; fin Rentes fur le Roi. Rapport du Bu-
de la lecture du Rapport d'Agen- reau du Temporel fur les Arrêts
ce; Commissaires nommés pour du Conseil, des 2,6 Décembre
en examiner les Picccs justifica- 1784 6c 18 Août 1786, qui or-
tives p. 1224; compte rendu donnent le remboursement des
,
par cette Commission , 6c Déli- petites parties de rentes de 12
bération qui accorde à MM. les livres 6c au-dessous 6c de 20 li-
anciens Agents les gratifications ,
vres 6c au-dessous, 1014; Délibé-
ordinaires 6c extraordinaires,6c ration fur ce Rapport,/?, ion.
prie M. l'Archevêque de Nar- Rentrée en poseffîon. Rapport du
bonne de solliciter en leur faveur Bureau du Temporel, fur un Ar-
les bontés du Roi, /?. 14^0. rêt du Conseil concernant la
Receveur - Général du Clergés (M. rentrée au profit , du Roi, dans
Bollioud de Saint-Jullien,) met ,
les Domaines engagés,/?. 811*
ses comptes fur le Bureau ,/?. 53 ; députation à M. le Contrôleur-
sollicite l'Adjonction de sa place Général fur cet objet, /?; 815-
en faveur de M. de Quinson , son lecture de la réponse de ce Mi-
neveu ; proposition deM. l'Arche- nistre,/?. 904.
vêque de Narbonne à ce sujet, Réparations. Rapport du Bureau du
p. 1 2 •] ; Réquisitoire de M. l'Abbé Temporel, au sujet des Décima-
de Boisgclin ,Promoteur,/?. 126. teurs de Brîgnoles , qu'on veut
DES MATIERES, 1549
faire contribuer aux réparations /Requistoires. ProyerL Promoteur. '
/
du clocher qui se trouve placé Résidence, p^oye^ Présence au
sur la Nef, /?. 179; députation Choeur.
à M. le Garde des Sceaux, pour Résgnation.
1 Plaintes au sujet de
le prier d'écrire au Premier-Pré- Provisions de Cour de Rome,don-
sident 6c au Procureur-Général nées pour le Prieuré de Montai-
du Parlement de Provence, en naud, fous la double clause soit
faveur des Décimateurs, /?. 182. ,
par résignation, soit à cause de
M. le Garde des Sceaux promet mort ; demande en caflation d'un
d'écrire,/?. 184, ton. Arrêt du Parlement de Toulou-
Rapport du Bureau des Dîmes, se qui a maintenu le Sieur de
fur l'assaire des Décimateurs de ,
Saint-Martin tout à la fois rési-
Flandre, concernant les répara- gnataire 6c obituaire. L'assaire est
tions d'Eglises 6c de Presbytères, renvoyée au Bureau de la Jurif-
p. 388 ; députation à M. le Garde diction,/?. 88. Rapport du Bu-
des Sceaux, p. 402 ; dispositions reau de la Jurifdiction, /?. 98 ;
favorables de ce Chef de la Ma- députation à M. de Marville
gistrature, p. 428. Président du Bureau des Affai-,
Rapport du Bureau du Tem- res Ecclésiastiques, 6c à M. l'Abbé
porel au sujet du logement des Royer, Rapporteur , pour leur
,
Vicaires 6c de Pentrctien 6c ré- recommander cette assaire p.
,
parations des Chaires à prêcher, 108; dispositions favorables, de
Confessionnaux 6c Fonts Baptis- ces Magistrats , /?. 110; Rapport
maux , dont on veut imposer la du Bureau de la Jurifdiction fur
charge aux Décimateurs,/?. j 11 ; le succès de cette affaire, 6c pour
députation à M. le Garde des demander une Déclaration, qui
Sceaux, p. 512. proscrive les Provisions de Cour
Rapport du Bureau du Tem- de Rome fur résignations, avec
porel au sujet de Pimposition la double ciaufeyzVe per obitum
, ,
à laquelle on veut soumettre le p. 417 ; députation à M. le Garde
quart de réserve appartenant au des Sceaux pour solliciter cette
Chapitre de Dijon, pour subve- Déclaration ,/?. 421 ; dispositions
nir aux frais de construction 6c: favorables de ce Chef de la Ma-
réparations de PEglise 6c du Pres- gistrature,/?. 428 ; nouveau Rap-
bytère de Palleau, p. 732 j dé- port du Bureau de la Jurifdiction
putation à M. le Contrôleur-Gé- fur cette affaire ; députation nom-
néral à ce sujet,/?. 736; Lecture- méc pour solliciter la cassation
de la réponse favorable du Mi- de l'Arrêt rendu par le Parlement
,
nistre, p. 822 ; cette réponse estt de Paris ; M. l'Archevêque de
insérée, ibid. Narbonne est prié d'insister au-
Réponses du Roi. Celle au Mémoire c près de M. le Garde des Sceaux,
de l'Assemblée concernant less fur la nécessité de donner une Loi,
,
mauvais Livres, /?. 759» celless qui fixe à cet égard la Jurifpru-
au Mémoire fur Pimmunité per- > dence des Tribunaux /?. 877.
sonnelle des Evêques, /?. 929,, ,
Revers, (M.) Chanoine de Chaa-
1656 ; celle aux représentations is lons-sur-Marne. Mention hono-
de l'Assemblée en faveur des :s rablc de ses travaux, p. 121 3 ;
,
Diocèses où le Patronage ecclé- é- l'Assemblée lui accorde 2400 li-
siastique-n'offre pas de ressources
:s vres de gratification, p. 1229.
pour Pamélioration des Portions is Reyre, (M.) ancien Jésuite. Men-
congrues 1931 ; celle à la Ha- a- tion honorable de ses travaux,
rangue pour la clôture de l'As- f- ^.1213. L'Assembléelui accorde
semblée, /?. i5>73- 2000 1. de gratification ,/?. 1229.
Ï35° TABLE ALPHABÉTIQUE
R/ieims. (Province de) Députés à dîme, p. rend compte de la
83 1 :
l'Assemblée, M. l'Archevêquede conférence avec M. le Garde des
Rheims 6c M. l'Evêque deNoyon Sceaux 6c des intentions du Roi
,
pour le premier Ordre ; 6c pour fur l'assaire des dîmes de Nor-
le second, MM. les Abbés Bour- mandie /?. 846 : est prié de se
lier, Vicaire-Général de Rheims, joindre , à M. l'Archevêque de
6c d'Eíponchez, Vicaire-Géné- Narbonne pour le succès de l'as-
ral de Senlis, p. 6. saire des dîmes,/?. 11S4 : son
Rheims, (M. Alexandre-Angéli- Rapport sur les demandes de la
que de Talleyrand-Périgord, Ar- Faculté de Théologie, en faveur
chevêque-Duc de) Député de la des Professeurs Septénaires, tant
Province de Rheims, /?. <5 ; est relativement à Pexpcctative des
prié de présenter MM. les nou- grades, qu'au sujet de Paugmen-
veaux Agents à M. le Garde des tation de leurs honoraires, page
Sceaux p. 29 ; rend compte de 1188.
,
cette présentation,/?. 29; Chef Rigault, (M.) Avocat aux Con-
de la Commission pour les Dî- seils 6c du Clergé. L'Assemblée
mes , p. 30; l'un des Députés lui accorde, en cas de retraite
pour conférer avec M. le Garde ses honoraires,6c Pentrée au Con-,
des Sceaux fur l'assaire des dîmes seil du Clergé,/?. 765.
de Normandie page 60 ; rend Rigoley de Juvigny. (M.) L'Assem-
fa ,
députation blée ordonne le remboursement
compte de 63,
, /?. d'une ancienne rente fur le Cler-
74; fait part de Pavis de fa Pro-
vince fur l'Adjonction de la place gé par lui acquise, 6c augmente
de Piecevcur-Général du Clergé, sa pension de400 livres,/?. 1067.
demandée par M. de Saint-Jul- Rituel. Lecture d'un Mémoire de
lien en faveur de M.de Quinson, la Province d'Aîbi, fur Punifor-
Ion neveu /?. 85 ; l'un des Dé- mité d'un Rituel dans PEglifc de
putés pour ,voir M. l'Archevêque France : ce Mémoire est renvoyé
de Narbonne à cause de son in- au Bureau de la Religion 6c de
disposition ,/?., 14.6 ; rend compte la Jurifdiction p. 145.
de sa députation, /?. 147; son Rochelle, (M. de, CrussoI-d'Uzès,
Rapport sur l'assaire des dîmes Evêque de la ) Député de la Pro-
de Normandie,/?. 345 ; est de la vince de Bordeaux ,p. 9 : l'un des
députation pour conférer avec Députés pour aller au-devant de
M. le Garde des Sceaux fur cette MM. les Commissaires du Roi,
affaire, /?. 386; son Rapport fur /?. 29 , 3 5 , 75 : l'un des Commis-
Taffairedes Décimateurs de Flan- saires pour la Religion 6c la Ju-
dre, concernant les réparations rifdiction ,/?. 3 1 : est chargé de
des Eglises 6c Presbytères,/?. 388; faire visite à M. l'Abbé le Gay,
est de la députation pour en malade p. 97 : rend compre de
,
fa Commission
conférer avec M. le Garde des /?. 98 : est prié de
,
voir M. l'Abbé d'Andrezel à
Sceaux p. 402 ; son Rapport fur
,
la dîme des fruits de nouvelle cause de la perte qu'il vient , de
culture dans le ressort du Parle- faire de Madame sa merc page
de Paris,/?. 588, 676, l'un des Prélats , faire
ment 474 : pour
1233 ; est de la députation pour les Absoutes au Service folemnel
conférer avec M. le Garde des de feu M. l'Evêque de Saint-Ma-
Sceaux fur cet objet,/?. 730 ; son lo Député de l'Assemblée, pages
,
Rapport furies Arrêts rendus par 850, 861.
le Parlement de Paris au préju- Rodei,(M. ColbertdeCastleHill,
dice des Décimateurs, relative- Evêque de ) Député de la Pro-
ment à la vente des pailles de la vince d'Albi p. 13 : l'un des
,
DES MATIERES. I3JI
Commissaires pour les dîmes,p. Décimateursde Brignoles, qu'on
30 : pour le Département 6c les veut assujettir aux réparations
Portions congrues, /v.31 : pour d'un clocher placé fur la Nef,
le compte des rentes au denier p. 182 : l'un des Députés pour
vingt-cinq, p. 33 : Chef de la voir M. le Garde des Sceaux 6c
• Commission pour la revision du M, le Contrôleur Général au
Procès-verbal ,/?. 34: l'un des sujet des aliénations- de biens ,d'E-
Députés pour conférer avec M. le gbse,/?. 985.
Garde des Sceaux fur l'assaire des .
dîmes de Normandie /?. 60. S.
Rohan. ( M. le Cardinal, de ) Voye7L
Immunité personnelle des Evê- •
SAINT AUGUSTIN. Voye^ Fête
ques." de saint Augustin.
Rouen. (Province de ) Députés à (Saint-Benin. (Abbaye de) Agréga-
l'Assemblée, Mgrs;/ics Evêques tion à l'Ordrc de Cluny ,.page
d'Evreux 6c d'Avranches pour le
premier Ordre ; Oc pour, le se- 23Ï-
cond, MM. les Abbés de Panât, Saint-Farre, (M. l'Abbé de) Dé-
puté de la Province de Toulou-
Vicaire-Généralde Rouen,6c de
Narbonne, Vicaire-Générald'E- se p. 6 : fait les fonctions de
,
Prêtre-Assistant à la Messe folem-
vreux , /?. 12. nélle du Saint-Esprit,/?. 20, 22:
Rouvenac, (M. l'Abbé Luillier de) l'un des Députés pour aller au-
Député de la Province dc~£y-©tì,
fait les fonctions de Dia- devant de MM. les Commissai-
p. 1 3 : res du Roi, /?. 29, 35,75 : l'un
cre d'honneur à la Meíle folem-
nelle du Saint-Esprit,/?. 20, 22- des Commissaires pour le Don-
l'un des Députés pour aller au- gratuit 6c les Moyens,/?. 29 : pour
les dîmes ,/?. 30 : pour le compte
devant de M.M. les Commissai-
des rentes au denier vingt-cinq
res du Roi, p. 29 , 3 5, 75 : l'un fait les fonctions de ,
Prê-
des Commissaires pour le Tem- /?. 35 :
porel,/?. 30 : pour les Jetons, tre-Assistant à la Procession du
est de la députation Saint-Sacrement, /?. 60, 62.
p. 33 : pour
conférer avec M. le Garde des Saint-Flour, (M. de Ruffb, des
Sceaux 6c M. le Baron de Brc- Comtes de la Rie, Evêque de)
teuil, fur Passairc des Econo- Député de la Province de Bour-
mats , p. 1 56 : pour conférer avec ges,/?. 1 r ; l'un des Commissai-
M. le Garde des Sceaux 6c M. le res pour le Temporel,/?. 30 :, poin-
Contrôleur - Général fur PEdit te compte des rentes au denier
de 1780, concernant,les immeu- vingt-cinq,/?. 33.3 pour les Ar-
bles des Hôpitaux,/?. 167 : pour chives, ibid.; l'un des Prélats
conférer avec M. le Contrôleur- pour faire les Absoutes au Ser-
Général fur les droits des Cour- vice folcmnel de feu M. l'Evêque
tiers-Jaugeuis, exigés du Chapi- de Toulon Député de l'Assem-
blée ,
tre d'Auxerre p. 176 : pour con- , p.
850, 866.
,
férer avec M. le ContrôJcur- Saint-Malo ( M. Dcflaurcnts', Evê-
Général fur les droits de cen- ,
que de ) Député de la Province
tième denier exigés de l'Abbé de Tours, p. 8 : l'un des Dépu-
,
de Preuill'y pour un Acte passe tés pòur aller au-devant de MM.
,
avec se s Religieux,/?. 179 : pour les Commissaires du Roi ,/?. 29,
prier M. le Garde des Sceaux 35, 75 ; l'un des Commissaires
d'écrire au Premier-Président 6c pour le Département 6c les Por-
au Procureur-Général du Parle- tions congrues, p. 3 1 ; pour le
ment de Provence, en faveur des compte des rentes au denier 20,
rjT* TABLE ALPHABÉTIQUE
p. 32 ;í 5Assemblée dit un Depro- «éral des Postes,à ce sujet,ibid.
sitndis^ 6c délibère de faire célé- Ce Prélat annonce qu'il a été "
brer un Service pour le repos de donné des ordies par M. le Ba-
ion ame, p, 849 ; elle y assiste ron d'OignyyjD. S 24.
, Saunay. { Curé de) Voye^ Sel.
p. 861..
Saint-Malo. (Chapitre de ) Voye^ .
Secours de 100000 livres accordé
Bannalité. Impositions royales. par lc Roi fur le Don-gratuit en
Saint-Maur. (Curé de ) P^oye^ Sel. Faveur d'Etablissements ecclésias-
Saint-Mesmin. ( Abbaye de ) P^oye\ tiques 6c autres objets utiles
Ahénation. être distribué suivant l'état,
pour
Saint-Omer. (M, l'Evêque de), Af- de répartition fait 6c arrêté par
faire des Abbayes de Saint-Vaast le Roi,, p. 818.
&. de Saint-Bertin,/?. 231. Sée\. ( Chapitre de ) On veut le faire
Saint-Paul-Trois-Châteaux.(M. l'E- contribuer aux charges locales, à
vêque de) P^oye^ Justice en pa- raison de ses dîmes,/?. 1261.
rcage. ' ' » Sel. Rapport du Bureau du Tem-
Saint-Romain. (Prieur de) P^oy'e^ porel au sujet des poursuites fai-
Impositions du Clergé. ,
tes contre les Curés de Saunay,
Saint-V'aafi. ( Abbaye de ) Agréga- Villiers 6c Saint-Maur, pour les
tion à POrdre de Cluny, p. z 31. obliger à lever leur Sel au Gre-
Salle, ( M. l'Abbé de Boisson de la j nier de Bufançois 6c d'en pren-
Député delaProvinced'Embrun, dre plus, qu'il n'en ,faut pour leur
p. 10; l'un des Commissaires consommation, p. 7^6 ; députa-
pour le compte des rentes au tion à M. le Contrôleur-Général,
denier vingt ,/?. 3 2 ; fait les fonc- potîr obtenir une interprétation
tions de Sous-Diacre à la Méfie de PArticle 1 du titre 1 3 de POr-
de saint Augustin p. 461, 474. donnance de 1680 : MM. les
,
Samson Duperron, (M.) Avocat Agents font chargés d'appuyerde
aux Conseils, est nommé Avocat leurs bons offices la réclamation
surnuméraire du Clergé ,/?. 764. des Curés du Bufançois,/?. 739.
Sanctification des Fêtes & Diman- Séminaires. Voye\ Etudes ecclésias-
ches. Rapport du Bureau de la tiques.
Religion 6c de la Jurifdiction, sur Séminaires. ( petits ) Rapport du
la transgressiondu précepte de PE- Bureau de la Religion 6c de la
çdise dans le Diocèse de Paris, Jurifdiction fur le projet d'éta-
M. l'Archevêque de Nar- blissement , petits Séminaires
des
p. 471.
bonne est prié de faire des repré- dans les Diocèses, p. 1099. Mgr.
sentations au Roi à ce sujet, p. l'Archevêque d'Arles ôc M. l'Ab-
473 ; autre Rapport de cette bé de Grimaldy, font priés de
Commission, ôc Délibération de voir M. le Garde des Sceaux 6c
présenter un Mémoire au Roi sur ,
de lui faire part des diffîcuitáç
cec objet,/?. 877. Ce Mémoire qu'éprouvent dans les Tribunaux
est inféré p. 879 ; dispositions les demandes des Evêques à ce
,
favorables d u Roi, p. 881. sujet, 8L notamment la demande
Rapport du Bureau de la Re- de M. l'Evêque de la Rochelle,
ligion 8c de la Jurifdiction, fur p. 1111.
les obstacles qu'éprouvent les Sens. ( Province de ) Députés à l'As-
Voyageurs de la part des Con- semblée, Mgrs. les Evêques de
ducteurs des Messageries pour Troyes 6c de Nevers pour le
,
entendre la Messe les Fêtes Sc premier Ordre ; 6c pour le se-
Dimanches, p. 821. M. l'Evêque cond MM. les Abbés de Cham-
dç Fréjus est prié de voir M. le ,
bertrand Vicaire f Général de
Baron d'Qigny Intendant-Gé- ,
Sens, 6c de Barrai, Vicaire-Gé-
, néral
DES MATIERES. 13^
néraî & Official de Troycs p. d'Aix concernant Pércction
, ,
1 1 ; la Province de Sens nomme d'une Succursale dans la Paroisse
M. l'Abbé de Barrai Grand- de Pontis,/?. 128. Réflexions du
Archidiacre de Sens., , l'un des Bureau de la Religion 6c de ìa
Agents-Généraux du Clergé, Jurildiction fur cette affaire p.
,
p. 12. 139. Députation à M. de Mar-
Secrétaires. L'Assemblée, libre dans ville Président du Bureau des
son choix, nomme MM. les ,
Affaires Ecclésiastiques de à
Abbés de Périgord 5c Dillon ,
M. Lallemand le Coq, Rappor-
Secrétaires de l'Assemblée, avec, teur, p. 141.
voix délibérative dans leurs Pro- Syndics
S Diocésains. Plan de cor-
vinces ,/?. 1 5 ; gratification à eux respondance entre MM. les
accordée, /?. 873. Agents 6c les Syndics des Dio-
Serment prêté par Mgrs. 6c MM. les cèses, adopté par l'Assemblée,
Députés, MM. les Agents,
6c /?. 761.
anciens 6c nouveaux,/?. 16; par Syndics
^ Provinciaux. La proposi-
M. l'Archevêque de Paris,/?. 34; tion cPen établir est renvoyée au
par M. l'Evêque de Mcaux , /?. Bureau du Temporel, /?. 764.-
555-
Sermon pour Pouvcrture de l'Assem- T.
blée, par M. l'Evêque de Lan-
gres,/?. 23. *' Rapport du Bureau
Ê '^AILLES.
Services solemnels. Délibération de M du Temporel, au sujet de la
faire célébrer rroisServicesíolem- TaiUe à laquelle le Chapitre
nels pour le repos des âmes de d'Auxerre est imposé par les ha-
Mgrs.lesEvêquesdeToulon6c de bitants de Chichery à raison des
Saint-Malo 6c de M. l'Abbé de ,
dîmes qu'il fait valoir,/?.
, 169.
Castellas, Députés de PAssem- Députation à M. le Premier-Pré-
bîée. MM. les Agents font char- sident 6c à M. P Avocat-Général
gés de faire tout préparer,/?. 849. de la Cour des Aides, pour leur
L'Assemblée y assiste, /?. 8ói recommander cette affaire,page
866, 869. ,
171. Dispositions favorables de
Sieyes, (M. l'Abbé de Plan de) ces Magistrats,/?. 184. Heureux
Député de la Province de Vien- succès de cette assure,/?. 261.
ne , /?. 7; l'un des Commissaires Rapporr du Bureau du Tem-
pour Ic Département 6c les Por- porel sur Parfaire des Bénéficiers
tions congrues,/?. 31 ; pour le de la Kaute-Marche, &c cn par-
compte des rentes au denier 20,, ticulicr du Chapitre de Guéret,
p. 32 ; fait les fonctions de Dia- concernant la Taille,/?. 578. Dé-
cre d'honneur à la Procession du1 libération de présenter un Mé-
Saint-Sacrement p. 60 62 6c: moire au Roi, sur les atteintes
à la Messe de saint, ,
Augustin, portées à l'exemption des Béné-
, ficiers par les Déclarations de
p. 46 1 , 474.
Solminiac. (M. de) Proye\ Canoni- 1768 6c 1776, fur la taxe excessisive
sation. des Fermiers des Ecclésiastiques,
Sorboniques. Le Prieur de Sorbonee fur Pimposition des simples Adju-
invite l'Assemblée d'honorer dee dicataires, Sc fur la manière nou-
fa présence Pouverture des Sor- velle dont on veut restreindre le
boniques,/?. 145. L'Assemblée yy privilège des Bénéficiers qui font
assiste /?. 147.
,
valoir..MM. les Agents font char-
Succursale. Dire de M. l'Abbé dee gés d'appuyer de leurs bons ofH-
Barrai, fur la demande cn cassa-1- ces les demandes des Bénéficiers
tion d'un Arrêt du Parlement ic de la Haute-Marche p. 583.
Procès-verbal de 1785- 17 S 6. T 1111 11,
!
i3j4' TABLE ALPHABÉTIQUE
Lecture d'un Mémoire, rédigé d'Autun 6c de M. le Contrôleur-
par Mgr. l'Evêque de Névers, sur Général /?. 1238.
les nouvelles formes d'imposi- Voye\, Etudes ecclésiastiques.
tion à la Taille des Fermiers des 1Thèse. Rapport du Bureau de la Ju-
biens Ecclésiastiques, 6c des Ad- rifdiction ,íur l'appel comme d'a-
judicataires de leurs bois 8c den- bus interjette par le Sieur Grail-
rées, ainsi que fur la limitation lot, d'un Décret de PUniversité
qu'on entreprend de donner au de Bordeaux, portant condam-
privilège des personnes Ecclésias- nation de plusieurs propositions
tiques qui font valoir par leurs d'une Thèse par lui soutenue,
mains. Députation nommée pour concernant la validité des ma-
en conférer avec M. le Contrô- riages, bénis par l'Evêque Dio-
leur-Général,/?.^<)6. Ce Mémoi- césain, la dispense des trois pu-
re est inféré,/?. 997. Rapport du blications de bancs accordée par-
Bureau du Temporel, fur la Ré- le Supérieur Ecclésiastique, 6c ìe
ponse de M. le Contrôleur-Gé- pouvoir de PEglise sur le fait des
néral,/?. 1252. MM. les Agents empêchements dirimants, page
font chargés de solliciter une Ré- 244. Députation pour conférer
ponse plus satisfaisante, page avec M. le Garde des Sceaux fur
1261. cette affaire,/?. 259. Dispositions
Tartonne ,,( M. l'Abbé de ) Député favorables de ce Chef de la Maçíf-
de la province d'Embrun,/?. 10; trature, p. 344.
l'un des Commissaires pour le Thèse. U Ail emblée assiste à la Thèse
Temporel,/?. 30; pour le compte du Frère Roux, Religieux Au-
des rentes au denier vingt-cinq, gustin,/?. 534. Remerciement à
p. 3 3 - pour les Archives , ibid. : M. l'Evêque de Digne, d'avoir
l'un des Commissaires pour l'as- présidé la Thèse, 6c gratification
saire des Foi 6c Hommages /?. de 700 livres accordée au Frère
, Roux dont cent livres pour
807; pour les Portions congrues, ,
/?. 8 5 2 : est de la députation pour circonstances extraordinaires
,
remercier M. l'Evêque d'Autun JP' *3Î'
d'avoir procuré la dotation des Toulon, (M. de Lafcaris des Com-
Evêchés de Toulon 6c de Digne, tes de Vintimille, Evêque de)
6c lui demander la continuation Député de la Province d'Arles,
de ses bons offices cn faveur des p. 8 : l'un des Commissaires pour
E v êchés d e diíiércn tes Provi n ces, le Département 6c les Portions
/?. 1045. congrues , /?. 31; pour le compte
Théologie. {Facultéde) Mgr. l'Ar- des rentes au denier vingt,/?. 32 :
chevêque de Narbonne fait part " l'Assemblée dit un De prosundis
d'un Mémoire qu'elle lui avoit pour le repos de son ame, 6c dé-
adressé par ses Députés,/?. 1014. libère de faire célébrer un Ser-
Rapport de M. l'Archevêque de vice foîemnel,/?. 849 : elle y assis-
Rheims, fur les demandes de la te, /?. 866.
Faculté de Théologie en faveur Toulouse. ( Province de ) Députés à
de Ces Professeurs, tant à Pégard „ PAísemblée, M.l'Archevêque de
de Pexpcctative des Grades , que Toulouse 6c M. l'Evêque de La-
relativement à leurs honoraires, vaur, pour le premier Ordre ; &
,
p. 1188. Délibération de sollici- pour le second, MM. les Abbés
ter des Lettres-Patentes qui leur: . de Saint-Farre, Vicaire-Général
donnent la préférence fur les; de Toulouse 6c de Loméuie
,. ,
Professeurs des autres Facultés de; /?, 6.
l'Univeríìté, /?. 1195. Difposi-- Toulouse., ( M. de Loménie de Brien-
sitions favorables de M. l'Evêque; ne , Archevêque de) Député de
DES MATIERES. 13^
îa Province de Toulouse /?. 6 ; Malo
j pour le premier Ordre ;
remercie, au nom de l'Assem- , , le second MM. les Ab-
6c
« pour
blée, M. l'Archevêque de Nar- bés
1
,
de Bóvet, Vicaire-Général
bonne des Harangues par lui fai- de
<
Tours 6c Méfié de Grand-
,
tes au Roi 6c à la Reine, /?. 28 : Clos
'
,
Vicaire-Général de Saint-
Chef de la Commission pour le Malo,/?. 8. ï^oyc^ Vicaires, Con-
Don-gratuit 6c les Moyens, p. fessionnaux, Chaires à prêcher,
29 : rend compte des moyens du Fonts baptismaux.
Clergé pour subvenir au paie- To "ours (M. de Conzié Archevê-
, ,
ment d'un Don-gratuit, /?. 72: que de) Député de la Province
fait part de l'avjs de fa Province de Tours, p. 8 : l'un des Com-
fur la demandedu Don-gratuit,/?. missaires pour les dîmes,/?.. 30:
8 1 : ion Rapport fur les Moyens Chef de'la Commission pour le
,
p. 91 : répond en Latin à Pinvi- compte des rentes au denier 20,
tation du Prieur de Sorbone,/?. p. 32 : l'un des Députés pour re-
14^ : fait part d'une Lettre écrite commander à M. de Marviîlc
par M. le Contrôleur-Général à Président du Bureau des Affai-,
M. l'Archevêque de Narbonne, res Ecclésiastiques , 6c à M. de
accompagnée de deux Mémoires Maussion, Rapporteur, Parfaire
fur Pinstabilité des baux des Bé- du Chapitre de Saint-Malo con-
néfices, /?. 266 : annonce que la ,
cernanr les fours bannaux,/?. 183:
Faculté de Théologie a nommé rend compte d'un refus de Vija
des Commissaires pour conférer fait par M. l'Evêque du Mans à
avec ceux de MM. les Députés un prétendant droit à la Cure
qui seront nommés pat l'Assem- de Champffeur, /?. 229 : rend
blée, fur les moyens de perfec- compte des dispositions favora-
tionner les Etudes ecclésiasti- bles de M. de Marville 6c de
ques : c'est chez ce Prélat que le M. de Maussion fur Paffaire du
tient la Conférence, /?. 267 : est ,
Chapitre de Saint-Malo
, p. 230:
visité de la part de l'Assemblée, est de la députation pour confé-
à cauíe de la maladie, /?. 500, rer avec M. le Garde des Sceaux
525 : son Rapport du compte des fur Paffaire des dîmes de Nor-
revenant-bons /?. 1046 : propose mandie, /?. 386 : fur Paffaire des
, fonds Décimateurs de Flandre, con-
d'augmenter le des pen-
.
sions des Nouveaux-Convertis; cernant les réparations d'Eglise
de rembourser sur le pied du de- 6c de Presbytères p. 402 : son
,
nier vingt-cinq une ancienne Rapport du compte des rentes
rente sur le Clergé, acquise par au denier- vingt,/?. 588 : est de
M. Rigoley de Juvigny, 6c d'au- la députation pour conférer avec
gmenter de 400 livres la pension M. Ic Garde des Sceaux fur Paf-
à lui précédemment accordée , 6c faire des dîmes de fruits de nou-
enfin de fixer les gratifications velle culture dans le ressort du
accordées aux Sieurs Abbés de Parlement de Paris,/?. 730 : est
Boyer 6c Bousquet, /?. 1064: son prié d'officier au Service folem-
Rapport sur les grâces, pension?, nel pour le repos de Pâme de feu
gratifications 6c secours deman- M. l'Evêque de Saint-Malo, Dé-
dés à l'Assemblée,/?. 1225 &suiv. puté de l'Assemblée p. 849 :
,
son Rapport fur des pensions cn nomme les Prêtres - Assistant ,
faveur des Jésuites indigents ,/?. Diacres d'honneur, Diacre d'of-
12.30. fice 6c Sous-Diacre,/?. 850 : of-
Tours. ( Province de ) Députés à ficie à cette cérémonie,/?. 861 :
l'Assemblée, M. l'Archevêque de est de la députation pour follici-
Tours 6c M. l'Evêque de Saint- terune Déclaration relativement
T 1111 t.t %
il56 TALLE ALPHABÉTIQUE
.
à la prétention des Chambres des droit de centième denier exipé
Comptes d'enregistrer les Let- de M. l'Abbé de Preuilly, pour
tres-Patentes fur Décrets d'u- un Acte passé entre lui 6c ses Re-
nion /?. 1041. : rend compte des ligieux /?. 179 ; pour prier M. le
, , Sceaux d'écrire à
démarches faites auprès de Mgr. Garde des M. le
l'Evêque d'Autun 6c de M, le Premier-Président 6c à M. le Pro-
Contrôleur -Général en faveur cureur-Général du Parlement de
,
de la Faculté de Théologie Provence, en faveur des Déci-
p.
Ï328 : son Rapport au sujet ,des mateurs de Brignoles, qu'on veut
défrichements dans le Médoc assujettir aux réparations du clo-
, cher placé fur la Nef, p. 182 ;
rr,P' I272-
Tours. (Chapitre de Saint-Garien pour conférer avec MM. ìes Com-
6c de Saint-Martin de ) On veut missaires du Conseil, sur Paffaire
faire contribuer les Chanoines à des Foi 6c Hommages,/?. 222;
la construction du nouveau Ci- rend compte des dispositions fa-
metière. Rapport du Bureau du vorables de M. le Baron de Bre-
Temoorcl , '<í<. députation nom- teuiî, fur l'assaire des Economats,
mée pour voir M. le Contrôieur- p. 261 ; est visité de la part de
Général à ce sujet,/?. 1080. l'Assemblée à cause de sa mala-
Tours. (Ecoles de Charité de) P^oye^ die,/?. 417 ; ,6c à cause de la mort
Marc-d'or. de M. le Président de Montfer-
Tours. (Notaires Apostoliques du rar, son frère, p. 455:; fait fes
Diocèse de ) Foye^ Logement de remerciements à l'Assemblée,
Gens de guerre. p. 477; l'un des Commissaires
Troyes, ( Diocèse de ) Compte rendu pour Paffaire des Foi 6í Homma-
par la Commission des Portions ges , p. 807 : fait au nom de YAC-
congrues de ion travail, d'après ícmbléc visite à M. l'Evêque de
les états envoyés par ce Diocèse, Nevers, malade,/?. 852 : rend
p. 859. compte de cette visite , p. 855:
Ployer Registres de Baptê- est de la députation pour sollici-
mes , Mariages 6c Sépultures. ter auprès de M. le Contrôleur-
Troyes [ M. de.Barrai, Évêque de) Général en faveur des Chapi-
, de la Province de Sens ,
Député , tres de Saint-Gatien 6c de Saint-
/?. 1 1 j est prié de présenter MM. Martin de Tours l'exemption
,
les nouveaux Agents à M. le de tôute contribution au nou-
Garde des Sceaux,/?, iyj l'un veau Cimetière,/?. 1082 : la res-
des Commissaires pour le Don- titution des vingtièmes fur une
gratuit &c les Moyens , /?. 29; rente due par le Roi «à la Fabri-
pour le Temporel, p. 50; est de que du Chapitre de Saint-Malo,
la députation pour conférer avec p. 1085, 6c la révocation de PAr-
M. le Garde des Sceaux 6c M. le rêt.du Conseil, du 7'Septembre
Baron de Breteuiî fur Paffaire 1785, concernant les construc-
,
des Economats p. 156; pour tions 6c reconstructions page
conférer avec M. , le Garde des ,
1092.
Sceaux Sí M. le Contrôleur-Gé- Troyes. ( Fabrique du Chapitre de
néral fur i'Edit de 1780, con- Saint-Urbain de ) p^oyeç Marc-
cernant la vente des immeubles d'or.
des Hôpitaux,/?. 167; pour con- Tulles. ( Diocèse de,) Compte rendu
férer avec M. Ic Contrôleur-Gé- par la Commission des Portions
néral fur les droits de Courtiers- congrues , de fes travaux fur le
JauQ-eursexiçésduChapitred'Au- Diocèse de Tulles d'après les
états envoyés , Diocèse,
xerre , p. 1 76 \ pour conférer avec par ce p.
M. lé Contrôleur-Général fur- le 934-
DES MATIERES. iÌS7
_
Rapport du compte des Déci-
V. mes, Pensions 6c Appointements,
6c des anciennes Rentes,/?. 766 :
Ys^ABREs. ( Diocèse de ) Compte met fous les yeux de P Assemblée
y rendu par la Commission des Pétat des Frais-communs,/?. 797:
Portions congrues,de ses travaux propose de donner l. MM. les Dé-
fur le Diocèse de Vabres, d'après putés du second Ordre la Collec-
les états envoyés par ce Diocèse, tion desProcès-vcibaux,ainsi que
p. 934. des exemplaires des Procès-ver-
Vabres ( M. de Castries, Evêque baux de 1780 6c de 1782 ; défaire
,
de ) Député de la Province d'Aìbi, comprendreM.PAbbé,de>Gourcy
p. 1 3 : l'un des Députés pout aller dans Pétat des distributions qui
au-devant de MM. les Commis- se feront à Pavenir des Procès-
saires du Roi, /?. 29, 3 5 75 : l'un verbaux, 6cc., 6c d'accorder une
,
des Commissaires pour le Dépar- pension à M. l'Abbé Paient,
tement 6c les Portions congrues, ibid. l'un desCommiflaircspour
p. 31 ; pour le compte des rentes Paffaire des Foi 5c Hommages,
au denier vingt,/?. 32 : l'un des p. 807 : est prié d'officier au Ser-
Prélats pour faire les Absoutes vice foìcmnel pour le repos de
au Service lolcmnel de feu Mgr. Pâme de feu M. de Casteilas Dé-
l'Evêque de Saint-Malo,Député puté de l'Assemblée,/?.849 : ,nom-
de l'Assemblée,/?. 850, S61. me les Prêtre assistant, Diacres
Vicaires. Rapport du Bureau du d'honneur, Diacre d'Office 6c
Temporel, au sujet du logement Sous-Diacre, /?. 8jo : officie à
des Vicaires, dont ou veut im- cette Cérémonie, 869 : son Rap-
poser la charge aux Décimateurs port fur les Frais - communs ,
dans le Diocèse de Tours,/?. 511. P' 1245-
Députation à M. le Garde des Vienne. ( Chapitre de Saint-Pierre
Sceaux /?. 512. de) Prétention de ìa Chambre
,
Vienne. ( Province de ) Députés à des Comptes de Grenoble d'en-
s
l'Assemblée,Mgr. l'Archevêque réíristrerles Lettres-Patentes ren-
de Vienne 6c Mgr. l'Evêque de ducs fur un Décret d'union &c
Grenoble, pour le premier Or- ,
enregistrées au Parlement de Tou-
dre ; 6c pour le second MM. les louse. Délibération qui charge
,
Abbés de Casteilas, Vicaire-Gé- MM. les Agents d'aider le Chapi-
néral de Vienne, 6c de Sieyes, tre de leurs bons offices,/?. 1028.
Vicaire-Général d'Embrun,/?. 7. Villicrs. ( Curé de ) p^oycz_ Sel.
Vienne. ( Diocèse de ) Compte rendu Visa. (Refus de) Députation à M. Ie
par la Commission des Portions Premier Président &c à M, PAvo-
congrues de son travail, d'après cat-Général du Parlement de Pa-
les états envoyés par ce Diocèse, ris, pour leur recommanderPins-
p. 861. tance pendante, au sujet d'un re-
Vienne, ( M. le Franc de Pompi- fus de Visa fait par M. l'Evêque
gnan , Archevêque de) Député du Mans, à un prérendant droit
de la Province de Vienne, p. 7 : à la Cure de Champffcur,/?. 229.
l'un des Députés pour aller au- Dispositions favorables de ces
devant de MM. les Commissaires Magistrats,/?. 260. M. l'Evêque
du Roi, p. 29 , 35 , 75 : l'un des de Montpellier annonce Phcu-
Commissaires pour le Don-gra- rcux succès de cette affaire, page
tuit 6c les Moyens, p. 19 : est
prié d'officier le jour de la Fête Députation pour recomman-
de saint Augustin,/?.461 : officie der à M. l'Abbé Tandcau de
à cette solemnité /?. 474 : son Marsac, Rapporteur, Plnítance
,
ï3yS TABLE ALPHABÉTIQUE
pendante au Parlement sur Montfcrrar, son frère,/?. 455,
î'appel comme- d'abus d'un, re- 460, 477 : visite à M. l'Abbé
fus de Visa fait par M. l'Evê- d'Andrezei à cause de la perte
c|ue d'Orléans, pour cause d'in- qu'il a faite ,de Madame íamerc,
capacité au Sieur de Luzarches,
, droit à la Cure de p. 4.74., 477 : visite à M. l'Ar-
prétendant chevêque de Toulouse, malade,
Saint - Laurent - des - Orgerics , 500, 524: visite à M. l'Evêque
P- 473- de Montpellier, malade,/?. 555:
Députation à M. Ic Garde visite à M. l'Evêque de Ncvers,
des Sceaux, au sujet de la de- malade, 852, 8^5, 8y8 : visite
mande en cassation d'un Arrêt à M. l'Evêque de Digne, mala-
du Parlement de Grenoble de, 858 , 860 : visite à M. le
rendu en faveur du Sieur Buit-, Coadjuteur, malade,/?^. 860,
sonier, pourvu de la Cure du 866.
Moncstier - Clcrmont, Diocèse Viste l Episcopale. Plaintes de Mgr.
de Die,/?. 87. M. le Garde des l'Evêque d'Ufez, au fujet d'une
Sceaux a écrit à M. ic Premier- entreprise faite lors de fa visite
Président ôc à M. le Procureur- dans l'Eglife de Monfrin par lc
Général de cette Cour, pour ac- Grand-Prieur de Saint-Giiles ,
célérer l'envoi des motifs, p. 89. de POrdre de Malrhe: MM. les,
Rapport du Bureau de la Jurifdic- Agents font chargés de prendre
tion fur cette affaire /?. 3 56. Dé- connoisianec de cette affaire 6c
,
putation à M. le Garde des ....
d'accorder leurs bons offices à, ce
Sceaux. MM. les Agents font Prélat, /?. 1 261.
chargés de présenter une nou- Unions de Bénéfices. Rapport du
velle Requête au Conseil,/?. 34 3. Bureau de la Religion 6c de la
Dispositions favorables de M. Ic Jurifdiction, au íujet des frais
Garde des Sceaux, p. 344. Ce excessifs perçus notamment à
premier Magistratdélire que Mes- Grenoble, pour l'enrégistrement
sieurs les Agents présentent une des Lettres-Patentes consirmati-
nouvelle Requête /?. 42S. M. le
, ves des Décrets d'union , /?. 450.
Garde des Sceaux tk. M. Ic Ba- Cet objet est renvoyé au Bureau
ron de Brctcuil, promettent de des Portions congrues /?. 45 5.
, Tempo-
s'occuper incessamment de cette Rapport du Bureau du
affaire /?. 476. Le Conseil des rel, fur les prétentions respec-
,
Dépêches en communiquant tives des Dominicains, comme
, Créanciers 6c de Mgr. Comte
au mois d'Octobre 1785 la nou- ,
velle Requêtede MM. les Agents d'Artois, comme Seigneur Haut-
au Sieur Buifsonicr,a ordonné Justicier, 6c à titre de carence des
le séquestre des revenus de la biens des Dominicaines de Poi-
Cure, 6c fait défenses à ce préten- tiers supprimées ,6c dont l'uniou
dantdroit d'exercer aucunes fonc- fe poursuit au profit d'un autre
tions dans ladite Paroisse,/?. 875. Etablissement ecclésiastique /?.
Viste à M. PAbbé de Grainvillc, ,
808. MM. les Agents font char-
malade p. 88 90, 111 ; à M. gés d'accorder leurs bons offices à
, ,
l'Abbé le Gay malade, /?. 97 ; à M. l'Evêque de Poiriers, même
,
M. l'Archevêque de Narbonne d'intervenir, s'il y a lieu,/?. 8 1 3.
malade,/?. 146* à M. l'Archevê- , Rapport du Bureau de la Ju-
que d'Aix , malade,/?. 417 , 427, rifdiction, fur Parfaire du Cha-
430; à M. l'Evêque de Troyes, pirre de Saint-Aphrodiíc de Be-
malade, 417, 427 : visite à Mgr. zicrs contre un Dévolutairc
,
l'Evêque de Troyes, à cr.ufc de page 186. Délibération de de-
'la mort de M. le Président de mander une Déclaration qui
,
DES MATIERES. 13J9
étendant aux Eglises Collégiales 1041. Ce Chef de la Justice de-
les dispositions de la Déclaration mande du temps pour examinet-
du premier Décembre 1769, ga- plus attentivement les représen-
rantisse des recherches 6c de l'a- tations contenues dans le M4-
vidité des Dévolutaires les Béné- moire de l'Assemblée, /?.. 1068.
fices qui leur ont été ancienne- Voltaire. ( OEuvres complètes de )
ment unis,/?. 187. M. le Garde Voye\ Livres. ( mauvais )
des Sceaux désire avoir un Mé- Vulpian ; (M.) Délibération qui
moire de l'Assemblée à ce sujet, le déclare Avocat du Clerçré en
P- 344- titre, 6c lui accorde les hono-
Rapport de M. l'Abbé de raires d'Avocat titulaire pour les
Barrai fur la prétention des années 1780, 1781, 6c íix pre-
,
Chambres des Comptes d'enre- miers mois 1782 ,/?. 765.
gistrer les Lettres-Patentes con- Usc\. ( Dioccfe d' ) Compte rendu
fìrmativcs des Décrets d'unions, par la Commission des Portions
quoiqu'elles aient été enregis- congrues de fes travaux fur le
trées dans les Cours de Parle- Diocèse d'Ufez, d'après les états
ment,/?. 1028. Délibération de envoyés parce Diocèse,/?. 934.
solliciter une Déclaration à ce Ufa. ( M. l'Evêque d'j Voyey^u
sujet : députation nommée poutí 'cì77siçe épiscopale.
voir M. le Garde des Sceaux^/?'.

FIN DE LA TABLE DÉS MATIERES.

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