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sectoriels, de la santé aux banques. Les Européens notamment, d’un budget propre à la zone euro, comme
sont particulièrement inquiets de voir le Royaume-Uni le réclame Paris (voir les avancées très mesurées sur le
jouer la carte du dumping fiscal, dès l’an prochain. sujet ces derniers mois ici ou là).
Dès septembre 2016, la déclaration de Bratislava,
adoptée par les vingt-sept capitales en réaction au
Brexit, écartait toute réécriture des traités. Elle
évoquait tout au plus la nécessité de durcir le ton
sur les migrations, et de renforcer la coopération sur
la sécurité intérieure face aux terrorismes. Depuis,
peu d’actions ont émergé. La nouvelle commission
d’Ursula von der Leyen, qui aimerait tourner au plus
vite la page du Brexit, a fait du « green deal » et du
marché unique du numérique ses deux priorités.
À l’automne, Emmanuel Macron a rejeté,
bruyamment, l’ouverture de discussions en vue de
l’adhésion de la Serbie et de la Macédoine à
l’UE – une position très critiquée à Berlin, mais
assumée par Paris, qui veut donner la priorité à l’«
À ce stade, une question reste grande ouverte : si le approfondissement », plutôt qu’à l’« élargissement »
Brexit prouve que l’Europe peut faire marche arrière, de l’Europe. Surtout, les contours d’une convention
s’agit-il du début d’un processus de désintégration sur l’avenir de l’UE, qui serait lancée le 9 mai
plus vaste ? Après soixante ans d’élargissements prochain, jour de l’Europe, se précisent, sans qu’on
successifs, allons-nous passer les décennies suivantes connaisse le statut des travaux qui y seront formalisés.
à détricoter le continent, en commençant par l’Est et
les pays de Visegrad ? « Je ne le pense pas », répond L’enceinte, qui pourrait être présidée par l’ex-premier
Nicolas Leron, qui ne croit pas à l’hypothèse d’une ministre belge Guy Verhofstadt, devrait permettre au
« méthode Monnet inversée ». parlement européen de défendre la constitution de
listes transnationales pour les prochaines élections
« L’appartenance à l’UE n’est pas une simple question européennes, ou encore de réclamer le droit
d’intérêts. Il se joue quelque chose de plus profond, d’initiative. « Tout cela, c’est très bien, juge Nicolas
qui touche au pacte politique européen, insiste Leron. Leron, mais c’est très en deçà de la puissance de la
Regardez les Grecs, qui avaient intérêt à sortir de marée montante du populisme, on n’est pas du tout sur
l’euro, mais ne l’ont pas fait [en 2015 – ndlr], parce les mêmes échelles… »
que la majorité de la population n’en voulait pas. »
Lui ne croit pas que la solution soit institutionnelle :
Comment mesurer ce risque de propagation du Brexit « C’est un problème de puissance publique. Un
à d’autres pays ? La réponse est en partie liée à la sentiment d’impuissance publique démonétise le
capacité de l’Europe à répondre aux défis posés par bulletin de vote des citoyens. Il faut reconfigurer les
la victoire du Brexit – poussée des inégalités sur le coordonnées du débat européen, et la seule façon de
continent, manque de transparence des institutions de le faire, passe par un véritable budget. »
l’UE, montée des discours racistes… Depuis 2016,
il n’y pas eu de sursaut particulier au cœur des Antoine Vauchez reste, lui aussi, prudent, face à
institutions – qui passerait par exemple par une cette Convention sur l’avenir de l’Europe : « Chaque
réforme des traités et un « approfondissement » institution va injecter son agenda dans les tuyaux.
de l’intégration européenne, via la mise en place, Cela va clarifier l’agenda des joueurs. Mais cela ne
va pas changer le jeu, comme semble le confirmer
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l’hypothèse d’une présidence Verhofstadt », insiste Et de résumer l’impasse actuelle : « Nous sommes dans
Vauchez, qui plaide, lui, pour un traité visant à une situation où la raison du maintien de l’UE réside
démocratiser le fonctionnement de l’UE (« TDem »). davantage dans la peur des coûts engendrés par la
désagrégation, que dans le fait d’être pris dans une
dynamique commune. »
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