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GUIDE DE CONCEPTION

D’UN IMMEUBLE DE (TRES)


GRANDE HAUTEUR

Ecrit par :

Yann Krysinski
Date :

Juin 2009
GUIDE DE CONCEPTION D’UN IMMEUBLE DE (TRES) GRANDE HAUTEUR

SETEC TPI

Yann Krysinski
Juin 2009
SOMMAIRE

1. PRINCIPES GENERAUX DE CONCEPTION D’UN ITGH ............................................................. 3


1.1 DESCENTE DE CHARGE ET CONTREVENTEMENT .......................................................................... 3
1.2 CRITERES DE DIMENSIONNEMENT .............................................................................................. 5
1.2.1 Descente de charge et taux de travail ............................................................................... 5
1.2.2 Stabilité au feu ................................................................................................................... 5
1.2.3 Flèches de plancher .......................................................................................................... 6
1.2.4 Tassements ....................................................................................................................... 6
1.2.5 Effets dynamiques ............................................................................................................. 7
2. METHODES DE CALCUL D’UN ITGH ........................................................................................... 8
2.1 LE CALCUL MANUEL .................................................................................................................. 8
2.1.1 Descente de charge........................................................................................................... 8
2.1.2 Unité de contreventement (feuille excel ‘étude dynamique’ Annexe 1)........................... 10
2.1.3 Amortissement d’un ITGH ............................................................................................... 19
2.2 LE MODELE PAR ELEMENTS FINIS ............................................................................................. 21
3. VERS L’OPTIMISATION DE LA MATIERE EMPLOYEE ............................................................ 24
3.1 CONNEXION HORIZONTALE ET FREQUENCE PROPRE ................................................................. 24
3.1.1 Histoire de la connexion entre un noyau et une façade…............................................... 24
3.1.2 Exemple de l’optimisation des linteaux de la tour Generali ............................................. 25
3.2 FAÇADE EN DIAGRID ET OPTIMISATION DES PORTEURS .............................................................. 26
3.2.1 Traînage de cisaillement et rigidité des poutres de façade ............................................. 27
3.2.2 La structure tubulaire en diagrid ...................................................................................... 28
3.3 OPTIMISER LES FONDATIONS D’UN ITGH.................................................................................. 30
3.3.1 Types de fondation .......................................................................................................... 30
3.3.2 Evaluation du poids des fondations ................................................................................. 30
3.4 SE FIXER DES OBJECTIFS DE RATIOS DE DIMENSIONNEMENT...................................................... 32
3.4.1 Notion d’épaisseur moyenne (feuille excel ‘étude ratios’ Annexe 2) ............................... 32
3.4.2 Evaluation du poids propre de la superstructure d’une tour ............................................ 33
3.5 DE L’ECONOMIE DE MATIERE A L’ECONOMIE DE PRIX ................................................................. 36
3.5.1 Contexte de l’étude .......................................................................................................... 36
3.5.2 Références....................................................................................................................... 36
3.5.3 Présentation de la feuille excel ‘étude économique’ Annexe 3 ....................................... 37
3.5.4 Des quantités de matiere … juqu’au prix « lot go + chapeau »....................................... 39
3.5.5 Test sur la tour Majunga .................................................................................................. 40
CONCLUSION....................................................................................................................................... 42
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................. 43
ANNEXES ............................................................................................................................................. 44

2
L’immeuble de grande hauteur (IGH) est une structure complexe, dont la conception
nécessite la prise en compte de nombreux critères et facteurs. Ce guide propose un aperçu
des principes généraux de conception, ainsi que des techniques et méthodes utilisées ou
pistes en cours d’exploration pour optimiser l’utilisation de la matière dans la construction
d’un IGH.
Le code de la construction et de l’habitation définit un immeuble de grande hauteur
(resp. de très grande hauteur) de la manière suivante : « Constitue un immeuble de grande
hauteur (resp. de très grande hauteur) tout corps de bâtiment dont le plancher bas du dernier
niveau est situé à plus de 50m mètres (resp. 200 mètres) par rapport au niveau du sol le plus
haut utilisable par les engins des services publics de secours et de lutte contre l’incendie ». Il
sera fait référence dans le présent guide aux projets d’immeubles de grande ou très grande
hauteur suivants, où SETEC TPI est bureau d’études structure : la tour Majunga (maître
d’ouvrage MOA : Unibail-Rodamco, Agence d’architecture JP Viguier), la tour Phare (MOA
Unibail-Rodamco, Agence Morphosis), la tour Triangle (MOA Unibail-Rodamco, Agence
Herzog et de Meuron), la tour Generali (MOA Generali Immobilier Gestion, Agence Valode et
Pistre) et la tour Rotana (MOA Rotana Hotel Management Corporation, Agence Architecture-
Studio).

1. PRINCIPES GENERAUX DE CONCEPTION D’UN ITGH

1.1 DESCENTE DE CHARGE ET CONTREVENTEMENT


La fonction première de la structure d’une tour est de descendre jusqu’au sol la
charge des éléments horizontaux (planchers et poutres) et des éléments verticaux (voiles et
poteaux). La structure verticale est constituée d’un noyau situé au centre de la tour, et de
poteaux intérieurs et de façade. L’importance relative de chacun de ces éléments dépend du
choix de fonctionnement structurel adopté.
Prenons l’exemple de la tour Majunga. Cet IGH de 171 mètres de hauteur pour
69500m2 SHON possède 42 étages de superstructure et 8 étages d’infrastructure. La tour
est signée J.P. VIGUIER, et SETEC TPI en assure la maîtrise d’œuvre structure pour le
compte d’UNIBAIL-RODAMCO.

Tour Majunga
Source : JP Viguier

Le noyau central possède les dimensions suivantes : 13.5m*33m soit 445.5m2, pour
une superficie de plancher de 1600m2. Les voiles transverses font 40cm d’épaisseur dans la
zone basse de la tour, les voiles longitudinaux 80cm. Cette dernière valeur est réduite à
60cm dans la zone intermédiaire et 45cm en zone haute. Les poteaux de façade ont un
diamètre de 1m en partie basse, 80cm en partie intermédiaire, et 60cm en partie haute

3
Noyau central et poteaux de façade, PH7 de la tour Majunga
Plan Setec TPI

La répartition de la descente de charge entre le noyau et les poteaux dépend de la


géométrie retenue et des raideurs relatives de chacun des éléments. Par exemple, dans le
cas de la tour Majunga, 55 % des charges verticales descendent par le noyau, 45 % par les
poteaux.

Le contreventement d’une tour est l’ensemble des dispositifs destinés à résister aux
efforts horizontaux, essentiellement le vent et le séisme. Pour certaines tours aux USA où la
descente de charge et le contreventement sont réalisés par des éléments dissociés, on peut
représenter les quantités d’acier spécifiques à chaque fonction :

Quantités d’acier spécifiques aux éléments verticaux, horizontaux et de contreventement [1]

On constate par exemple qu’à partir d’un nombre d’étages supérieur à 40, la quantité
d’acier nécessaire au contreventement dépasse celle nécessaire à la descente de charge,
ce qui montre toute l’importance du bon calcul des dispositifs de contreventement d’une tour
de grande hauteur.

4
John Hancock Center : les poteaux descendent les charges, les diagonales résistent au vent.
www.greatbuildings.com

La proportion des efforts horizontaux repris par le noyau et les poteaux de façade
varie suivant le système de contreventement retenu. Elle est par exemple de 50/50 entre le
noyau et la façade de la Tour Phare. La tendance actuelle s’oriente en effet vers une plus
grande participation des façades structurelles, ce qui autorise un noyau plus élancé et un
gain de surface utile.

1.2 CRITERES DE DIMENSIONNEMENT


Plusieurs critères interviennent dans le dimensionnement d’un ITGH. Ils sont détaillés
dans les normes de construction. On retiendra en guise d’introduction ce qui n’est pas
véritablement une norme mais plutôt une règle, celle d’un procédé de construction qui
favorise la répétitivité des actions.

1.2.1 Descente de charge et taux de travail


Le concept même d’une tour consiste à démultiplier le nombre d’étages afin de
rentabiliser le foncier. De ce fait, les planchers représentent plus de la moitié du poids de
l’ouvrage. Le choix d’un système structurel de plancher qui soit à la fois léger et qui respecte
les critères de bon fonctionnement est alors crucial. Celui-ci a également une conséquence
directe sur le dimensionnement des éléments verticaux.
Dans une première approche d’avant-projet, on dimensionne les éléments verticaux
en limitant leur contrainte ou taux de travail sous poids propre et charges dues à l’occupation
des étages (charges d’équipement et d’exploitation). Pour un ouvrage en béton, on
dimensionne le plus souvent la section des poteaux ou des voiles afin que le taux de travail
en combinaison ELS (poids propre, charges d’équipement et d’exploitation) soit au plus égal
au tiers de la résistance caractéristique à la compression à 28 jours employée.

1.2.2 Stabilité au feu


Le code de la construction et de l’habitation définit un immeuble de très grande
hauteur de la manière suivante : « Constitue un immeuble de très grande hauteur tout corps
de bâtiment dont le plancher bas du dernier niveau est situé à plus de 200 mètres par
rapport au niveau du sol le plus haut utilisable par les engins des services publics de secours
et de lutte contre l’incendie ».
Dans le cas de la conception d’un ITGH, les éléments de construction primaires
porteurs doivent être stables au feu 3 heures (seulement 2 heures dans le cas d’un IGH).
Sous le terme « éléments de construction primaires porteurs » sont généralement compris
les poteaux et les structures de transfert de charges. Lorsque la stabilité de ces poteaux
dépend également de la présence de structures horizontales autres que celles de transfert,
(comme c’est le cas pour des poteaux inclinés) il y a lieu d’inclure ces structures dans les
éléments stables 3 heures.

5
Pour un ouvrage en béton, ceci implique la prise en compte d’une épaisseur de béton
neutralisée par le feu plus importante dans la justification au flambement des poteaux. Les
poteaux de diamètre inférieur à 1m doivent souvent en conséquence être renforcés. Le
critère de dimensionnement de descente de charge (cf. § 1.2.1) passe alors en second plan.
Pour les structures horizontales, il faut augmenter l’enrobage des aciers, ce qui n’est pas
sans conséquence sur le taux de ferraillage des éléments, celui des dalles notamment. Pour
un ouvrage en acier, les méthodes de protection passive pouvant assurer une stabilité au feu
3 heures sont limitées : à ce jour, seule une protection par flocage des profilés permet de
respecter ce critère.
Il faut enfin noter que dans le cas où l’un des planchers qui assurent le
contreventement d’un poteau stable au feu 3 heures est lui-même stable au feu seulement 2
heures, il faut justifier le poteau en cas de charge de feu avec une hauteur de flambement
doublée (pour la troisième heure du sinistre durant laquelle le plancher n’assure plus sa
fonction de contreventement), ce qui oblige à augmenter son diamètre. Aussi, pour maintenir
la qualité architecturale du projet, il peut être judicieux de rendre homogène la stabilité au feu
de la structure et de dimensionner les planchers pour être stables 3 heures.

1.2.3 Flèches de plancher


La maîtrise des flèches est un critère important qui participe à la qualité de la
construction : un plancher qui fléchit trop peut gêner ou donner une sensation d’insécurité
aux occupants, nuire au fonctionnement des équipements qu’il supporte, endommager les
éléments non porteurs tels que les cloisons de plâtre, ou bien encore créer des
accumulations d’eau sur les planchers de terrasse ou de toiture.
Pour les planchers mixtes acier-béton, les flèches sont contrôlées en imposant une
contre flèche aux profilés métalliques, ce qui annule généralement la flèche sous charges
permanentes. Ce système mixte étant raide tout en étant léger, il devient alors plus crucial
de maîtriser ses vibrations.
La maîtrise des flèches est en revanche plus critique pour les planchers de béton
armé, du fait du fluage du béton. On cherche alors à maîtriser les flèches « nuisibles ». En
effet, lorsqu’on installe les cloisons sur un plancher en béton armé, le plancher fléchit
instantanément sous ce nouveau chargement et les cloisons sont construites « avec » cette
flèche. Mais, parce que le béton flue, le plancher continue à fléchir sous le poids des
cloisons longtemps après leur mise en place. Il se déforme, ce qui peut entraîner un
endommagement des cloisons, d’où la dénomination de flèche nuisible. Les éléments
identifiés comme fragiles vis-à-vis de ces déformations sont généralement les cloisons et les
façades en verre.
A l’échelle d’un plancher, la problématique n’est pas différente pour un ITGH que
pour un bâtiment bas. En revanche, à l’échelle d’une tour, elle devient plus critique car les
appuis des planchers eux même tassent, hélas avec des amplitudes parfois différentes.

1.2.4 Tassements

1.2.4.1. Tassements différentiels


Dans un bâtiment courant, les porteurs sont dimensionnés en résistance et en
déformation, cette dernière étant souvent négligeable pour les verticaux. En revanche, dans
les ITGH, du fait de charges permanentes et d’exploitation élevées, les déformations
verticales ne peuvent pas être négligées. A titre d’exemple, dans le cas de la tour Phare,
l’ordre de grandeur du raccourcissement cumulé d’un porteur sur toute la hauteur de la tour
est de 20cm. A cette valeur s’ajoute le tassement du sol à la base du porteur (environ 6cm
en moyenne pour la tour Phare). On définit ainsi l’affaissement d’un porteur comme la
somme du raccourcissement du porteur et du tassement du sol.
Des sinistres et désordres ont été observés dans des tours dans le cas d’un
affaissement différentiel trop important entre porteurs voisins, par exemple des panneaux de

6
façade brisés ou l’apparition de planchers en pente. D’autres risques sont à envisager après
livraison, tels que l’inversion de la pente de réseaux gravitaires ou la détérioration des
revêtements de sol des cloisons fragiles.

1.2.4.2. Tassement du sol, impact sur les avoisinnants


Il existe deux types de fondations pour un ITGH :
- des fondations superficielles par radier,
- des fondations profondes par pieux ou barrettes.
Les tassements du sol dans le premier cas sont plus importants que dans le second où la
profondeur des fondations permet de stabiliser le bloc de terrain supportant la tour en
transférant la charge sur toute la hauteur des pieux tout en atteignant des couches de sol
généralement raides.
La prévision des tassements du sol a toute son importance dans l’évaluation de l’impact de
la construction de l’ITGH sur les avoisinants : une cuvette de tassement trop étendue
risquera d’entraîner des dommages (fissuration) dans les bâtiments à proximité.

1.2.5 Effets dynamiques


On définit l’élancement d’une tour comme le rapport de la hauteur de la tour sur le
diamètre équivalent de son noyau. Il n’est pas rare aujourd’hui de concevoir des tours
possédant un élancement atteignant 15 ou 20. Ces fortes valeurs rendent l’objet flexible, au
sens que sa réponse dynamique à une sollicitation peut prendre une valeur importante par
rapport à sa réponse statique.
Ainsi le dernier critère de dimensionnement, qui se révèle souvent le plus
contraignant, est le confort des occupants de l’ITGH. En effet, le corps humain est
relativement sensible au mouvement horizontal, plus précisément à l’accélération qui y est
associée. Un mouvement trop important en tête de tour provoquerait des troubles, voir des
malaises chez les occupants, et rendrait le bâtiment inutilisable. En accord avec les bureaux
de contrôle, on retient pour les tours construites sur le site de la Défense le critère d’une
accélération maximale en tête de tour de 18mg pour un bâtiment de bureaux, de 11mg pour
un bâtiment d’habitation.
Il est difficile de définir un critère unique vis-à-vis des seuils tolérables d’accélération,
ces derniers dépendent en effet du type d’activité des occupants, de leur position, de leur
sensibilité individuelle, également de la fréquence du mouvement. On propose ci-dessous
une synthèse des différents critères et normes existants, appliqués au cas particulier d’un
ITGH de bureaux, de fréquence propre 0.2 Hz.

Période de retour Seuil de perception atteint


Critère Accélération (en milli-g)
(en années) pour :
ISO 6897 5 18 2% des occupants
ISO TC 98/SC 1 14 -
AIJ H-10 1 2.5 10% des occupants
AIJ H-30 1 4 30% des occupants
CECM - 14 -

Par exemple, la valeur de 18mg correspond, selon la norme ISO 6897, à un seuil en
dessous duquel moins de 2% des occupants perçoivent le mouvement horizontal du
bâtiment (pour un vent de période de retour 5 ans).
La réponse résonante d’une tour à une excitation de fréquence égale à sa première
fréquence propre présente un déplacement en 1 et une accélération en 1 où k ξ et
k ⋅ξ m ⋅ξ
m sont respectivement la raideur, l’amortissement et la masse du 1er mode de vibration de la
structure. Le comportement dynamique peut ainsi être optimisé si l’on assure, à masse fixée,
une raideur et/ou un amortissement suffisamment importants pour ne pas dépasser les
limites de déplacement et accélération en tête de tour.

7
2. METHODES DE CALCUL D’UN ITGH

2.1 LE CALCUL MANUEL


Le calcul manuel de la descente de charge et du contreventement d’un ITGH constitue le
cœur du travail de dimensionnement des structures. Il se doit d’être le plus précis possible,
et ainsi permettre les bons choix structurels dans les phases déterminantes d’Esquisse et
Avant-Projet Sommaire. Il est par la suite complété par un modèle de calcul par Eléments
Finis dont il permet une analyse critique.

2.1.1 Descente de charge

2.1.1.1. Exemple de la tour Phare : descente de charge et choix d’un type de plancher
La tour Phare, projet de 70 étages, s’implante sur le site de La Défense. Il est développé par
l’agence d’architecture MORPHOSIS pour le compte d’UNIBAIL-RODAMCO.

Super 70
Nombre d’étages
Infra 6
Hauteur par rapport au parvis 274.4 m
Hauteur des infrastructures 28.6 m
Hauteur d’étage 3.8 m
2
SHON Totale 146300 m
2
Surface du radier 2140 m
2
Surface du noyau (niveau 0) 674 m
Poids propre de la tour (G) hors
249000 t
fondations
Volume de vide enserré par la 3
756200 m Tour Phare
tour Source : Morphosis

La tour repose sur deux types de fondations : un radier (en gris ci-dessous) et des pieux (en
rouge). Ces derniers se situent à la verticale d’une gare souterraine. Dans la descente de
charge vers le sol, on a tout intérêt à minimiser la résultante des efforts sur les pieux, de
sorte à ne pas surcharger les piles existantes de la gare. D’une manière générale, il s’agit de
minimiser la descente de charge en dehors de l’enceinte de la paroi moulée.

Bâtiment Est

Fondations de la tour Phare : radier et files de pieux


Source : SETEC TPI

8
A ce stade, il a ainsi été choisi, après analyse de la descente de charge manuelle, de
privilégier pour le bâtiment Est, s’appuyant sur deux files de poteaux, un système structurel
léger de plancher en acier.

Bâtiment Est de la tour Phare, zone des planchers en acier

Une analyse initiale de descente de charges correctement menée autorise ainsi des
premiers choix structurels pertinents.

2.1.1.2. Exemple de la tour Triangle : descente de charge et efforts horizontaux


La tour Triangle est un projet implanté Porte de Versailles, à Paris. Conçue par l’agence
d’architecture HERZOG et de MEURON pour le compte d’UNIBAIL-RODAMCO, la tour
atteint 184 mètres de haut, avec des dimensions à sa base de 36m de largeur pour 170m de
longueur (données issues de la phase Esquisse de mars 2009). Sur les 4 façades, 3 sont
inclinées pour donner au bâtiment sa forme originale de triangle.

Super 41
Nombre d’étages
Infra 3

Hauteur par rapport au parvis 184 m

Hauteur d’étage 3.8 m

2
SHON Totale 93500 m
Tour Triangle - Source : Herzog et de Meuron

Tour Triangle, vue de côté


Source : Herzog et de Meuron

9
Les inclinaisons de façade provoquent l’introduction d’efforts horizontaux dans les
planchers de chaque étage. Cette complexité de conception a pu être diagnostiquée dès la
phase Esquisse, au moment de la descente de charge manuelle, en faisant la somme des
efforts arrivant à chaque intersection poutre/poteau.

Descente de charge de la tour Triangle représentée sur une maquette


Source : Herzog et de Meuron

Grâce à cette première analyse, on a pu prévoir l’effet des efforts horizontaux sur le
comportement de la structure, avec l’introduction d’une torsion d’ensemble.

Torsion introduite par les efforts horizontaux à chaque plancher

Les efforts horizontaux localisés au niveau des bords doivent être transmis au noyau, ce qui
impose des planchers renforcés aux extrémités.

Renforcement des planchers de la tour Triangle aux extrémités


Ainsi, une bonne analyse de la descente de charge permet de valider le choix d’un
principe structurel général et d’orienter en fonction la nature des planchers et autres
éléments de structure. Ces premiers choix seront confirmés par l’analyse plus détaillée par
éléments finis.

2.1.2 Unité de contreventement (feuille excel ‘étude dynamique’ Annexe 1)


Un ITGH est une structure élancée, dont il faut prévoir le mouvement sous
chargement horizontal de vent ou de séisme. La résistance au déplacement horizontal est
assurée en grande partie par le noyau, mais également par la structure externe qui
participera efficacement au contreventement si elle est liée de manière adéquate au noyau.
La raideur de l’ITGH suivant son premier mode de vibration (qui est le mode le plus excité
par la sollicitation de vent) peut être évaluée par différentes méthodes manuelles, confirmées
par la suite par un modèle de calcul par éléments finis.

10
2.1.2.1. Différentes méthodes d’analyse
L’Eurocode propose pour le calcul de la première fréquence propre d’un ITGH la
formule empirique f1 = 46 (H hauteur de la tour). Son application à différentes réalisations
H
de tours donne des résultats souvent peu précis. Cette formule présente néanmoins
l’avantage de mettre en valeur la dépendance de la fréquence en 1 . Une seconde
H
approche consiste à considérer la structure de l’immeuble comme une poutre encastrée
travaillant en console, à la flexion pure. La première fréquence propre s’écrit
1 12.4 EI
alors f 1 = . Appliquons cette formule au cas particulier de la tour Generali. Cet
2π ρH 4
ITGH de 289 mètres de hauteur (dont 101 mètres de hauteur des flèches en tête de tour)
pour 90000m2 SHON possède 47 étages de superstructure et 6 étages d’infrastructure.

Tour Generali
Source : Valode et Pistre

Le cabinet d’architecture est VALODE et PISTRE, la maîtrise d’œuvre structure est assurée
par SETEC TPI pour le compte de GENERALI IMMOBILIER GESTION.

Un calcul manuel d’inertie donne I=10923m4 ; pour un poids propre hors fondations
de 109600 tonnes, on obtient une masse linéique de 583 tonnes/ml, il vient :

Modèle éléments
Formule empirique Flexion pure
finis

46 1 12.4 EI
f1 = f1 = f 1 _ EF
H 2π ρH 4
0.16 Hz 0.16 Hz 0.234 Hz
Comparatif de différentes approches dans le cas de la tour Generali
(modèle EF de l’APS de septembre 2008)

Au-delà de résultats assez peu satisfaisants, l’approche par une poutre à la flexion pure
prévoit une dépendance de la fréquence en 1 , ce qui est en contradiction avec le résultat
H2
empirique en 1 . Il semble donc que la modélisation d’un comportement vibratoire de
H
poutre à la flexion pure ne soit pas suffisamment proche des phénomènes mécaniques mis
en jeu. En effet, suivant la forme du bâtiment, la répartition de la matière et la nature des
connexions entre le noyau et une éventuelle façade structurelle, on peut observer des

11
comportements radicalement différents, traduisant dans certains cas une prédominance de
déformation à la flexion, dans d’autres cas une déformation de cisaillement.

Treillis: flexion prédominante [2]

Portique: cisaillement prédominant [2]

Voiles couplés travaillant majoritairement au cisaillement ou à la flexion [2]

On se propose alors d’utiliser un modèle analytique plus élaboré, qui prend en compte le
comportement à la flexion et au cisaillement du bâtiment. L’analyse qui suit se base sur la
théorie des voiles couplés (coupled shear wall theory), qui consiste à assimiler deux voiles
couplés - par exemple par un linteau - à un élément de poutre verticale travaillant
simultanément à la flexion et au cisaillement.
Plus généralement, cette théorie s’étend à toute structure dont une partie travaille à la
flexion et une partie au cisaillement : un portique relié à un voile, un treillis, un noyau couplé
à des poteaux de façade peuvent être traités d’après [3] comme des cas particuliers de
voiles couplés, respectant la même équation du mouvement.

2.1.2.2. Modèle analytique de flexion / cisaillement : notion d’unité de contreventement


La notion de couplage entre éléments verticaux de structure fait référence au degré
de rigidité de la connexion entre deux voiles, entre un voile et un poteau de façade, entre
deux éléments d’une résille de façade... Le modèle que l’on se propose d’utiliser prend donc
explicitement en compte la nature de la connexion entre les éléments porteurs. Par exemple,
dans le cas de la tour Generali, des poutres de façade relient les éléments porteurs de la
façade et créent une unité de contreventement à l’origine de la composante de cisaillement
dans le comportement global.

12
5 unités de contreventement participent à la rigidité au cisaillement de la tour Generali

Les 5 unités de contreventement représentées se répartissent en deux ensembles


poutres/poteaux sur les façades, et trois voiles couplés au centre. Les voiles ou poteaux sont
en bleu foncé, les poutres et linteaux de couplage sont en bleu clair.

Les hypothèses du modèle analytique proposé sont les suivantes. On suppose que
les planchers sont rigides et que la structure n’est pas sujette à la torsion. Les éléments
travaillant à la flexion et au cisaillement sont alors contraints d’adopter le même
déplacement : des éléments se trouvant dans des plans parallèles travaillent comme s’ils
étaient dans le même plan.
Plus précisément, d’après Heidebrecht et Smith [4] :
- les voiles couplés travaillent à la flexion et au cisaillement (cas de référence des
voiles couplés),
- les voiles isolés travaillent essentiellement à la flexion (cas du « treillis »),
- les parties d’ossature (poutres-poteaux) travaillent essentiellement au cisaillement
(participation à la flexion négligeable) (cas du « portique »).
La rigidité globale à la flexion de la structure s’obtient en sommant les rigidités EI des voiles
isolés et des voiles couplés. La rigidité au cisaillement s’obtient quant à elle en sommant les
contributions des rigidités (GA) des parties d’ossature à celles des voiles couplés.

Le paramètre clé de l’étude du modèle continu est la proportion relative des deux
GA
modes de déformation, caractérisée par la grandeur α = H , plus précisément :
EI

¦ GA + ¦ GA
poteaux − ossature voiles − couplés
α=H
¦ EI + ¦ EI
voiles − isolés voiles − couplés

Une valeur de α égale à 0 correspond à un modèle travaillant exclusivement à la


flexion (Euler-Bernoulli), et une valeur de α très grande représente un modèle travaillant
essentiellement au cisaillement. Les valeurs intermédiaires caractérisent les bâtiments dont
le comportement inclut de la flexion et du cisaillement.

13
2.1.2.3. Calcul de la raideur au cisaillement
La difficulté du calcul du paramètre α réside essentiellement dans le calcul de l’aire de
cisaillement A. D’après l’article de Heidebrecht et Smith [4] complété par l’ouvrage de Smith
et Coull [1], la valeur de la rigidité (GA) peut être obtenue comme somme des contributions
(GA)i de chacune des unités de contreventement (indice i) de la tour au niveau du plan d’un
étage : GA = ¦ (GA ) avec
i
i

12 E
(GA)i =
§ 1 1 ·
h¨ + ¸
¨¦I h ¦ bi i ¸¹
I b
© ci

où h est la hauteur d’un étage, I ci l’inertie du poteau i, I bi l’inertie de la poutre i de couplage


des éléments verticaux, bi la longueur de la poutre i. Une démonstration de cette formule est
proposée par Stafford Smith et Coull dans [1].

2.1.2.4. Equation du mouvement et etude modale


Dans notre approche continue, le bâtiment à étages est modélisé par une structure
de 2 voiles couplés travaillant à la flexion et au cisaillement,

Une tour de grande hauteur (ici la tour Generali) est modélisée par une structure de 2 voiles couplés

pour laquelle l’équation du mouvement libre s’écrit d’après Miranda et Taghavi [5] :
EI ∂ 4 u GA ∂ 2 u ∂ 2u
− = − ρ
H 4 ∂x 4 H 2 ∂x 2 ∂t 2
dans le cas d’une structure non amortie, et pour des rigidités EI et GA constantes sur la
hauteur du bâtiment H (ρ sa masse linéique). On fait en outre l’hypothèse que
l’amortissement a une influence négligeable sur les fréquences propres et les déformées
modales, on se contente donc de l’étude de l’équation du mouvement non amorti.
Remarquons qu’il ne s’agit pas là de l’équation classique à la flexion/cisaillement d’une
poutre de Timoshenko : en effet, l’inertie I envisagée est une inertie de flexion interne et non
pas l’inertie totale (voir [6]).
GA
En introduisant le paramètre α = H définissant le comportement flexion/cisaillement du
EI
modèle continu, on obtient d’après Miranda et Taghavi ([5]) l’expression générique de la
pulsation propre du mode i de la tour :
EI 2 2
ω i2 =
ρH
(
γ γi +α2
4 i
)

14
A
On peut montrer que la fréquence fondamentale f1 est alors proportionnelle à ( γ i est en
H
effet sensiblement constant). Ainsi, à ce stade de l’étude, on retrouve la dépendance en
1 46
de la formule empirique f 1 = . Par rapport à cette dernière, notre approche apporte le
H H
raffinement d’expliciter la dépendance de la fréquence propre dans la donnée des éléments
structuraux de la tour, à travers la valeur A de l’aire de cisaillement.

2.1.2.5. Application au calcul de la première fréquence propre de la tour Generali


On considère la sollicitation de vent sur la tour Generali suivant la direction indiquée
sur les plans ci-dessous par une flèche. Sur le plan de gauche apparaissent en bleu foncé
les voiles couplés et les poteaux travaillant au cisaillement. En bleu clair sont indiqués les
poutres et linteaux qui assurent le couplage entre éléments verticaux. Le calcul de (GA) se
fait suivant la formule du paragraphe 2.1.2.3 de manière automatique dans la feuille excel
‘Etude dynamique’ (Annexe 1).

Eléments travaillant au cisaillement (plan de gauche) et à la flexion (plan de droite) - Tour Generali, partie basse

Concernant la flexion, apparaissent en rouge sur le plan de droite les voiles travaillant
à la flexion dans la direction de la sollicitation. En toutes rigueur, les voiles orthogonaux à
cette direction, ainsi que l’ensemble des poteaux, travaillent également à la flexion, mais leur
contribution est négligeable devant celle des voiles surlignés. Le calcul de EI se fait
simplement par somme arithmétique des inerties des voiles concernés.
On obtient : GAmoy = 0.93E , EI moy = 455 E :
f 1 = 0.237 Hz
ce qui est très proche de la fréquence du modèle EF f1 = 0.234 Hz.

Notre modèle analytique continu permet ainsi de se faire une idée assez pertinente du
comportement dynamique d’un ITGH à un stade amont du projet où l’on ne dispose pas
encore d’un modèle par éléments finis. La méthode nécessite en effet la seule donnée des
plans d’architecte et des premiers plans de structure ; par une analyse relativement aisée à
mettre œuvre, elle permet d’anticiper d’éventuels futurs problèmes liés à la dynamique et de
prendre les mesures conservatoires qui s’imposeraient.

15
2.1.2.6. Exemple de la tour Majunga

Tour Majunga, PH7

L’application de la feuille excel ‘Etude dynamique’ (Annexe 1) au cas de la tour Majunga


donne :
GAmoy = 0.338 E
EI moy = 152 E
α = 9 .5
f 1 = 0.216 Hz

à comparer à la fréquence fournie par le modèle par éléments finis (APS de mars 2007) :
f1 = 0.208 Hz.

46 1 12.4 EI
Tour H(m) f1 = (Hz) f1 = (Hz) f 1 _ th (Hz) f 1 _ EF (Hz)
H 2π ρH 4
Generali 289 0.16 / 32% 0.16 / 32% 0.237 / 1.3% 0.234
Majunga 171 0.27 / 30% - 0.216 / 3.9% 0.208
Comparaison des résultats de différentes formules donnant la fréquence propre
(en bleu : écart à la valeur EF)

2.1.2.7. Déformées et masses modales


L’approche menée présente l’avantage de donner accès aux expressions analytiques
des déformées modales, ainsi qu’au calcul des facteurs de participation et masses modales.
A titre d’exemple, on peut tracer le second mode de flexion de la tour Generali.
1

0,9

0,8

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0
-1 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1

EF alpha=9.7
ième
2 mode de flexion - Tour Generali

16
Masse modale de notre Masse modale EF
Mode Ecart
modèle (%) (%)
1 69.5 64.5 7%
2 10.9 17.3 37%
3 3.97 3.70 7.3%
Masses modales - Tour Generali

Pour le mode 2, on obtient de moins bons résultats car la déformée change de signe,
ce qui accentue les imprécisions. Les résultats des modes impairs sont plus satisfaisants.

2.1.2.8. Application au cas de la tour Phare


La tour Phare est un bâtiment particulièrement élancé, dont il faut prévoir le
mouvement latéral sous chargement de vent (le site de La Défense où la tour est implantée
n’est pas en zone sismique).
On cherche à déterminer la première fréquence propre de vibration d’après la
méthode analytique présentée ci-dessus. On utilise pour cela comme plancher représentatif
le PH n°9. L’inertie locale I est aisément calculée en sommant les contributions des différents
voiles et poteaux.

2
3
5 4

Tour Phare – Eléments travaillant au cisaillement

Concernant le cisaillement, on repère sur le plan ci-dessus 5 unités de


contreventement. Chacune va donner une contribution (GA)i . On en déduit la rigidité au
cisaillement (GA) = 0.106 E et ainsi :
α = 3.30
f 1 = 0.084 Hz ; f 2 = 0.373Hz ; f 3 = 0.904 Hz
On s’intéresse dans une première approche à la fréquence propre f 1 = 0.084 Hz .
Cette dernière valeur n’inclut pas les deux phénomènes suivants :
- l’interaction sol/structure entre la tour et ses fondations, dont la prise en compte a
tendance à faire légèrement diminuer f1.

17
- l’effet sur le contreventement de la présence d’un diagrid et de son pied béton, qui
rigidifient la structure et font ainsi augmenter f1.

Les raffinements successifs du modèle analytique sont les suivants :


- introduction d’une raideur de sol en série avec la raideur de contreventement de la
tour (modèle 2 ci-dessous)
- modélisation du diagrid par un ressort disposé en béquille contreventante (modèle 3
ci-dessous).

3 degrés de raffinement du modèle analytique de la tour Phare

Finalement, la prise en compte de ces deux phénomènes aboutit à f 1 = 0.134 Hz .

En utilisant la formule analytique donnant la pulsation ω1 , on peut définir un


coefficient α eff prenant en compte l’interaction sol/structure ainsi que la présence du diagrid :

(2π ⋅ 0.134)2 =
EI 2 2
ρH
(
γ γ 1 + α eff 2
4 1
)
Il vient α eff = 5.7 ; on en déduit le calcul de f2 et f3 :
f 2 = 0.47 Hz ; f 3 = 1.02 Hz
Ces valeurs seront à comparer aux résultats de l’analyse dynamique effectuée à l’aide du
modèle de calcul par éléments finis (cf. § 2.2).

2.1.2.9. Conclusion
La méthode analytique proposée permet d’évaluer le comportement dynamique
d’ensemble du bâtiment. En particulier, elle peut être utilisée dans le cadre du contrôle
externe d’un modèle de calcul, elle permet également de tester l’influence de certains

18
paramètres sur la dynamique en vue d’une optimisation de la répartition de matière (cf.
3.1.2).

2.1.3 Amortissement d’un ITGH

2.1.3.1. L’amortissement selon l’Eurocode (EC), origine et enjeux


Du fait de l’importance et de la diversité des phénomènes intervenant dans
l’amortissement d’une structure, la prédiction des valeurs d’amortissement est difficile. A la
résonance du premier mode, le déplacement et l’accélération en tête de tour sont
inversement proportionnels au taux d’amortissement, d’où l’importance de la bonne
prédiction de sa valeur.
La dissipation d’énergie, qui est le phénomène physique correspondant à la notion
d’amortissement, provient généralement de trois sources distinctes :
- l’amortissement structurel, lié à la dissipation interne entre les éléments, au niveau
des connexions, des fissures…On peut distinguer deux composantes :
l’amortissement à amplitude nulle, et la composante dépendant de l’amplitude du
mouvement.
- l’amortissement aérodynamique, lié à la différence de vitesse entre la façade de la
tour et la masse d’aire en mouvement.
- l’amortissement lié à l’interaction sol/structure, correspondant au transfert d’énergie
opéré par le bâtiment vers le sol. Sa valeur est faible devant la composante
structurelle, d’autant plus dans le cas des tours de grande hauteur.
L’EC fournit des recommandations sur la valeur du taux d’amortissement, pour le cas
des bâtiments en béton armé ou béton/acier. Mais gardons à l’esprit que la majorité des
codes actuels (dont l’EC) sont basés sur des mesures faites sur des bâtiments de hauteur
moyenne, et non des tours de très grande hauteur ( H > 200 m), ce qui peut être considéré
comme peu sécuritaire puisque le taux d’amortissement décroît généralement avec la
hauteur du bâtiment. Il s’agira donc de justifier précisément pour chaque projet de tour le
choix de la valeur d’amortissement retenue.

Taux d’amortissement pour des bâtiments de différentes hauteurs [7]

2.1.3.2. Amortisseur viscoélastique et Amortisseur dynamique accordé


On peut choisir, lors de la phase de conception, d’adjoindre à la structure une source
externe d’amortissement, qui, parce qu’elle augmente l’amortissement global de la structure,
autorise des économies de matière : le critère d’une raideur suffisante pour ne pas dépasser
le déplacement admissible devient en effet moins contraignant.
On peut classifier les amortisseurs en deux catégories. Les amortisseurs à dissipation
directe d’énergie (ou amortisseurs viscoélastiques) sont basés sur la force de retour créée
par la déformation d’un polymère ou d’un composé caoutchouteux. En l’absence de toute

19
caractéristique de type « ressort », ce type d’amortissement n’est pas spécifique d’une
fréquence particulière. Il est réparti sur toute la hauteur du bâtiment. Les amortisseurs à
dissipation indirecte d’énergie sont des systèmes dynamiques accordés (notés ADA) sur la
fréquence de vibration principale de la tour. Ce second type d’amortisseur est placé en tête
de tour (où se rencontre l’accélération maximale), ce qui peut poser un conflit d’intérêt du fait
de la suppression d’une précieuse surface située en hauteur. Un bon compromis réside dans
l’installation de configurations moins classiques et plus compactes de ce type d’amortisseur,
par exemple un système de pendule sur plusieurs étages. C’est la solution qui a été retenue
pour la tour Rotana (à Amman, en Jordanie, dans une zone sismique) avec un amortisseur
dynamique accordé pendulaire qui pèse environ 1% du poids de la tour.

2.1.3.3. Dimensionnement de l’amortisseur de la tour Rotana


La tour Rotana, projet implanté à Amman en Jordanie, fait 188 mètres de hauteur,
49 étages en superstructure et 7 étages en infrastructure, pour une SHON de 45000 m2. Elle
est conçue par le cabinet ARCHITECTURE-STUDIO pour le compte de ROTANA HOTEL
MANAGEMENT CORPORATION.

Tour Rotana
Source : Architecture-Studio

La masse pendulaire notée Ma, élément principal du dispositif d’amortissement


dynamique accordé (noté ADA), est suspendue à un plancher de la tour par des câbles dont
g
la longueur est réglée pour accorder la pulsation propre de l’ADA ω a = (notation de la
L
fréquence propre : f a ) sur celle de la tour. L’excitation du bâtiment par le vent est transmise
à la masse suspendue qui dissipe l’énergie au travers d’amortisseurs.

Principe de l’ADA pendulaire


Source : Taylor Devices

20
On note µ le rapport de la masse de l’ADA sur la masse de la tour. Une étude
paramétrique menée par Isaac Farreras Alcover dans son Projet de Fin d’Etudes ([8]) donne
les conclusions suivantes :

• Position en hauteur : plus l’ADA est situé en hauteur dans la tour, plus son efficacité
est grande.
• Masse de l’ADA : plus la masse de l’ADA est importante, plus son efficacité est
grande (les autres paramètres étant fixés). L’effet diminue pour des masses
importantes.
• Taux d’amortissement α de l’ADA : il existe une valeur optimale de α dépendant du
seul paramètre µ
• Fréquence f a de l’ADA : il existe une valeur optimale de f a dépendant du seul
paramètre µ

Ainsi, en fixant la hauteur de l’ADA, il apparaît que son efficacité dépend du seul rapport
µ entre la masse de l’ADA et la masse de la tour.
35

30

25
Efficacité (%)

20

15

10

0
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Masse ADA (tn)

Efficacité de l’ADA en fonction de sa masse – Cas de la tour Rotana

On peut alors proposer la méthode de dimensionnement d’un ADA suivante : pour


une efficacité χ recherchée, on déduit d’après le graphe précédent la masse Ma optimisée ;
la valeur de µ ainsi fixée détermine les valeurs optimales d’amortissement et de raideur de
l’ADA permettant effectivement d’atteindre l’efficacité souhaitée χ .

Ce type de dispositif peut être implanté dans une tour pour augmenter la valeur de
l’amortissement global de son premier mode, et ainsi permettre des économies de matière
(critère de raideur minimale moins contraignant).

2.2 LE MODELE PAR ELEMENTS FINIS


Un modèle de calcul par éléments finis permet de modéliser avec précision le
comportement d’un ITGH. En raison de sa grande complexité, il doit être précédé d’une
analyse manuelle permettant de s’approprier les phénomènes mis en jeu.
Par exemple, dans le cas de la tour Triangle, le mouvement de torsion visualisé ci-
dessous s’explique par les effets des efforts horizontaux détectés lors de la descente de
charges manuelle.

21
Torsion d’un étage courant de la tour Triangle

Le modèle par éléments finis de la tour Phare a permis d’introduire des éléments de
modélisation aussi raffinés que le phasage de construction. Il s’agit en effet d’estimer au
mieux les conséquences du fluage des porteurs sur la répartition des efforts verticaux entre
le noyau et le diagrid, qui dépend de l’histoire du chargement.

Modèle EF de la tour Phare – Phases 1 et 3

Modélisation du diagrid

La construction comprend 3 phases :


- la phase 1 consiste en l’élévation de l’ensemble de la structure béton. Le coefficient
de fluage est de 0.5 à la fin de cette phase.
- la phase 2 consiste en la mise en place et en la connexion du diagrid (phase
instantanée, le fluage reste à 0.5)
- la phase 3 voit la mise en charge du diagrid correspondant à la poursuite du fluage.

22
L’adoption d’un tel phasage permet de réduire la valeur des efforts circulant par le diagrid, ce
qui est un enjeu particulièrement important dans le cas présent puisque le diagrid s’appuie
sur les poteaux d’une gare souterraine qui ont une résistance en compression limitée.

Sont également modélisées dans le modèle EF les fondations de l’ITGH, ainsi que
l’interaction des fondations avec le sol (introduction de raideurs de sol).

Infrastructures et fondations de la tour Phare

L’ensemble du modèle permet d’évaluer statiquement et dynamiquement le respect


des critères de dimensionnement. On obtient par exemple les valeurs des déplacements et
accélérations en tête de tour sous chargement de vent, ainsi que les fréquences propres qui
sont comparées aux valeurs calculées analytiquement (cf 2.1.2.8).

er
Visualisation du 1 mode de torsion de la tour Phare

Notre modèle Eléments finis % écart


f1 (Hz) 0.134 0.137 2.1
f2 (Hz) 0.47 0.479 1.3
f3 (Hz) 1.02 1.066 4.2
Fréquences propres : comparaison des résultats du modèle analytique et du modèle par éléments finis
(phase PRO décembre 2008)

23
3. VERS L’OPTIMISATION DE LA MATIERE EMPLOYEE

3.1 CONNEXION HORIZONTALE ET FREQUENCE PROPRE

3.1.1 Histoire de la connexion entre un noyau et une façade…


La capacité des éléments horizontaux, de type planchers ou poutres, à faire travailler
conjointement le noyau d’une tour et sa façade, est restée longtemps inexploitée. Ce n’est
que dans les années 60 grâce aux travaux de Fazlur Rahman Khan [9] ingénieur chez
Skidmore Owings and Merrill (SOM), qu’apparaissent les premières tours contreventées par
l’action conjointe d’un noyau et d’une façade structurelle : on parle de ‘shear wall-frame
interaction’ (auparavant les deux systèmes ‘shear-wall’ et ‘frame’ existaient de manière
indépendante). Khan a signé plusieurs tours contreventées suivant ce principe d’interaction,
telles la Chicago Civic Center (1965) qui atteint 198m de haut pour 31 étages, ou le
Brunswick building (1964) de 145m de haut pour 35 étages, également à Chicago.

Civic Center in Chicago [9] Brunswick Building in Chicago [9]

La volonté de créer des surfaces de plateaux toujours plus libres, avec une
perspective continue, a mis en évidence le gain à faire participer la façade au
contreventement, conjointement au noyau : le nombre de poteaux intérieurs est réduit, le
noyau est moins massif... La façade structurelle participe alors du principe architectural
même de l’édifice, elle donne à « voir » la descente de charge, par exemple elle se pare d’un
diagrid dans le cas du Gherkin londonien de Sir Norman Foster ; les diagonales
particulièrement sollicitées peuvent être ostensiblement épaisses ou plus densément
réparties comme dans le cas de la tour CCTV à Pékin.

Tour CCTV à Pékin : la résille de façade est plus dense dans les zones fortement chargées [10]

Cette rationalisation de la conception d’une tour présente un double avantage. Tout


d’abord, une forme de façade improbable possède en elle-même la justification structurelle
de son existence puisqu’elle fournit la matière en périphérie permettant le nécessaire
accroissement de la rigidité d’ensemble. Le second avantage est l’intérêt renaissant pour la
capacité d’une connexion rigide à faire travailler ensemble une façade structurelle et un

24
noyau, et la perspective d’optimisation de matière qui va de pair avec la bonne évaluation de
l’incrément de raideur globale associé.

3.1.2 Exemple de l’optimisation des linteaux de la tour Generali


Les linteaux sont parmi les éléments horizontaux qui participent à la connexion entre
structures externe et interne du bâtiment. Leur rôle dans l’accroissement de la rigidité peut
être mis en valeur par une étude paramétrique sur l’influence d’un épaississement des
linteaux sur la fréquence propre. Une telle étude a été menée sur la tour Generali dans le
cadre d’une réflexion sur l’optimisation de l’épaisseur de certains linteaux représentés en
bleu sur le plan ci-dessous.

Hauteurs de référence des linteaux de type 3 (0.83m de hauteur) et type 4 (0.9m de hauteur)

On applique le modèle analytique présenté au § 2.1.2 en utilisant comme paramètre


la hauteur des linteaux concernés. On observe par exemple le résultat suivant : un
épaississement de 30% des linteaux de type 3 sur toute la hauteur de l’ITGH entraîne une
augmentation de fréquence de 5.6%. L’effet de l’épaississement est plus important sur les
linteaux de type 4 qui participent aux unités de contreventement des façades. Il est
également plus marqué sur les linteaux en partie supérieure de la tour, où le comportement
en portique des éléments verticaux fait travailler la tour au cisaillement.

hauteur fréquence
ref. 0.83 -
+10% 0.91 +1.4%
+20% 1.00 +3.2%
+30% 1.08 +5.6%
+40% 1.16 +7.9%
Résultats sur les linteaux de type 3

25
hauteur fréquence
ref. 0.9 -
+10% 0.99 +3.7%
+20% 1.08 +8.8%
+30% 1.17 +13.9%
+40% 1.26 +19.9%
Résultats sur les linteaux de type 4

Cette étude met en valeur le rôle fondamental que jouent les éléments de connexion
horizontaux dans le comportement efficace et optimisé de la structure verticale : on préfèrera
ainsi des voiles d’épaisseur moyenne reliés par des poutres et linteaux rigides à des voiles
très épais reliés par une structure horizontale inadaptée à les faire travailler conjointement.

Pour obtenir +5.6% de + 46 t d’horizontaux


ou + 260 t de verticaux
fréquence propre il faut : (linteaux type 3)
Pour obtenir +13.9.% de + 49 t d’horizontaux
ou + 320 t de verticaux
fréquence propre il faut : (linteaux type 4)
Efficacités relatives d’un épaississement des éléments horizontaux / verticaux

3.2 FAÇADE EN DIAGRID ET OPTIMISATION DES PORTEURS

Au-delà de la connexion entre la façade et le noyau, c’est la structure même de la


façade qui peut faire l’objet d’une optimisation de la disposition de la matière.

On qualifie de structure tubulaire un bâtiment où l’on a volontairement placé une


quantité de matière importante en périphérie au niveau des façades, de sorte à se
rapprocher du modèle de comportement type ‘caisson plein’. L’appellation vient également
de l’aspect architectural que cela confère au bâtiment.

Caisson Bâtiment en tube


Un bâtiment en tube ‘imite’ la structure d’un caisson

Les tours jumelles du World Trade Center : un exemple de bâtiment en tube

26
En disposant de la matière à la périphérie, on augmente l’inertie du bâtiment et ainsi
sa raideur, ce qui est favorable à un comportement horizontal au vent optimisé. L’avantage
en est également une flexibilité plus importante dans l’agencement dans les étages, avec un
nombre plus restreint de voiles et poteaux intérieurs.

3.2.1 Traînage de cisaillement et rigidité des poutres de façade


La réflexion menée est largement inspirée du Projet de Fin d’Etudes d’Olivier
Broadbent [11].
La structure tubulaire constituée d’une façade structurelle de poteaux faiblement
espacés est celle qui a priori se rapproche le plus dans son comportement du modèle de
caisson plein. Le comportement d’un tube est néanmoins bien plus compliqué que celui du
caisson correspondant, et sa rigidité peut être nettement plus faible.
Sous l’action horizontale du vent, le tube adopte le comportement suivant, en
première approximation assez proche de celui d’un caisson :
- les façades parallèles à l’axe neutre (façades dites ‘sous le vent’) travaillent en
compression/traction : les poteaux sont en compression sur une façade, en traction
sur l’autre.
- les façades parallèles à la direction du vent travaillent en flexion : les poteaux sont en
compression d’un côté de l’axe neutre, en traction de l’autre.

Pourtant, le comportement est considérablement compliqué par les effets de traînage


de cisaillement dans les façades sous le vent, provoquant un accroissement des contraintes
dans les coins et une diminution au centre des façades.

Traînage de cisaillement d’une structure en tube [6]

Smith et Coull [6] expliquent le phénomène de la façon suivante. La résistance au


vent se traduit par une mise en traction des poteaux A et B et une mise en compression des
poteaux C et D. Du fait de la liaison à chaque étage par des poutres de façade, la
compression du poteau C entraîne la mise en compression du poteau adjacent C1.
Néanmoins, la flexibilité de cette connexion horizontale par la poutre de façade fait que la
contrainte de compression dans C1 est moins importante que dans C. La déformation de C1
entraîne à son tour une déformation dans C2, de valeur moindre, et ainsi de suite…

27
Déformations des poteaux successifs dues au traînage de cisaillement [6]

Ainsi chaque poteau successif va être moins déformé et donc moins contraint que
son voisin. La différence de distribution de contrainte entre le comportement idéal d’un
caisson et le comportement réel d’un tube est illustrée sur le diagramme des contraintes ci-
dessus. L’importance de cette différence dépend de la rigidité des poutres de façade : un
tube se comportera comme un caisson s’il possède des poutres de façades infiniment
rigides.
Du fait d’une distribution des contraintes moins efficace, la rigidité d’un tube est ainsi
diminuée par rapport au cas idéal du caisson. Cet effet négatif du traînage de cisaillement
est doublé d’une mise en flexion des planchers (déformation différentielle des poteaux), à
prendre en compte au niveau du dimensionnement des éléments structurels secondaires.
Cela montre l’importante de la connexion horizontale dans la rigidité à la flexion d’une
structure tubulaire.

3.2.2 La structure tubulaire en diagrid

3.2.2.1. Réduction du trainage de cisaillement


Smith et Coull [6] proposent, pour diminuer l’effet négatif sur la raideur d’une structure
tubulaire du traînage de cisaillement, de remplacer les colonnes verticales reliées par
poutres de façade par des diagonales dans deux directions. L’idée est de retrouver
l’avantage d’un comportement tubulaire dans la résistance horizontale au vent tout en évitant
la perte d’efficacité due au traînage de cisaillement.
Pour évaluer l’efficacité d’un système tubulaire avec diagonales (qualifié de diagrid)
par rapport à un système tubulaire poteaux/poutres, O. Broadbent [11] propose de tracer la
répartition des contraintes d’une façade sous le vent (parallèle à l’axe neutre) dans le cas de
référence du diagrid, et dans le cas de structures poteaux/poutres ayant la même quantité de
matière que la référence diagrid pour diverses densités de maille. Il utilise pour cela un
modèle numérique des différentes structures.
On constate que le diagrid permet la répartition des efforts sur appuis la plus proche
du cas idéal d’un effort uniformément réparti (cas du caisson). Malgré tout, une perte
d’efficacité due au traînage de cisaillement subsiste.

Répartition des efforts sur appuis (façade sous le vent) selon le type de structure. Source : O. Broadbent [11]

28
Une autre manière de mesurer la rigidité de la structure est d’appliquer un effort
unitaire horizontal en tête de tour et d’évaluer grâce au modèle numérique le déplacement
associé. On constate un déplacement plus important dans le cas du diagrid (en bleu ci-
dessous) que dans le cas de référence du caisson (en rouge). En outre, on a fait la
distinction entre deux configurations de plancher :
- un plancher rotulé, qui constitue une connexion moins efficace entre la structure
interne du noyau et la structure externe de la façade
- un plancher encastré, qui, parce qu’il favorise le travail conjoint du noyau et de la
façade, autorise un déplacement réduit, signe d’une raideur accrue.

Déplacement latéral dans les cas diagrid et caisson. Source : O. Broadbent [11]

On peut vérifier pour mémoire l’effet bénéfique de l’encastrement par rapport à la rotule sur
le diagramme de répartition des efforts sur appuis de la façade sous le vent :

Répartition des efforts sur appuis (façade sous le vent). Source : O. Broadbent [11]

Ainsi, en modifiant l’inclinaison des porteurs (passage de poteaux verticaux à des porteurs
diagonaux), on a diminué l’effet négatif de la rigidité limitée des poutres de façade. Le
cisaillement dû à la sollicitation du vent est transmis jusqu’au sol par les diagonales en
traction/compression plutôt que par la mise en flexion des poteaux/poutres d’une structure
tubulaire. On retrouve l’importance de la rigidité de connexion entre éléments porteurs, qui
est un facteur influençant substantiellement le comportement global de la tour.

29
3.2.2.2. Inconvenients et alternative
La descente des charges verticales par les éléments inclinés du diagrid n’est pas
favorable, et nécessitera des dimensions de porteurs supérieures. A noter également la
complexité des jointures entre diagonales, avec des angles non courants.
Une alternative est alors de conserver pour la descente des charges verticales les
colonnes du système tubulaire poteaux/poutres, et d’y adjoindre un contreventement par
diagonales, ces dernières absorbent alors la majeure partie de l’effort tranchant dû au vent.
Cette évolution optimisée de la structure tubulaire s’observe dans des bâtiments aussi
anciens que le John Hancock Center à Chicago (1969) dont le toit culmine à 343.5 mètres, le
Onterie Center (1986) également à Chicago, où la très récente tour CCTV à Pékin.

3.3 OPTIMISER LES FONDATIONS D’UN ITGH

3.3.1 Types de fondation


Les fondations d’un ITGH peuvent être soit superficielles, soit profondes, suivant la nature du
sol présent sous la tour.
Dans le cas d’un sol de bonne qualité dés les couches supérieures, on peut
envisager une solution superficielle par radier, dont l’effet est de faire diffuser les efforts en
créant une cuvette de tassement. Les tassements observés au droit du bâtiment sont
généralement assez importants (il peuvent atteindre la dizaine de cm) et il faudra prendre
garde à l’extension de la cuvette de tassement par rapport à la position des bâtiments
voisins.
Une solution par fondations profondes (pieux ou barrettes de paroi moulée) permet
de descendre les efforts jusqu’aux couches profondes de sol. La diffusion des tassements
aux avoisinants est ainsi limitée. Le calcul des fondations se fait en terme de mobilisation de
la friction du sol sur la hauteur de la fondation et de contrainte maximale en pointe des pieux
/ barrettes.

3.3.2 Evaluation du poids des fondations


Plus le poids à porter est important, plus on prévoit un poids des fondations élevé. Ce
dernier dépend en outre fortement de la nature des fondations, superficielles ou profondes.
Une rapide analyse sur différentes tours donne les résultats suivants :

EDF PHARE GENERALI MAJUNGA ROTANA


Type de fondation superficielle superficielle profonde superficielle Profonde
Poids super + infra
90778 249233 109588 109950 87028
= Poids porté
Poids de fondation 5523 26369 46300 11100 28970
Poids porté / poids
16.4 9.5 2.4 9.9 3.0
fondation

On observe un ratio ‘Poids porté / Poids fondation’ voisin de 10 dans le cas de fondations
superficielles, de 3 dans le cas de fondations profondes.

3.3.2.1. Cas de fondations profondes


Le taux de travail que l’on accepte généralement en tête de pieux est voisin de 6MPa.
A ce propos, il est à noter que l’on s’achemine actuellement pour la tour Rotana en Jordanie
vers un taux voisin de 10MPa, avec une qualité de béton accrue (C45 au lieu du classique
C30). Les tours sur fondations profondes sont actuellement conçues en France avec un C30
travaillant autour de 6MPa, mais l’expérience jordanienne pourrait nous pousser à tenter
l’optimisation de matière consistant à introduire du béton C45 dans les fondations profondes
de nos tours. Cette valeur admissible du taux de travail dépend naturellement de la qualité

30
du sol, de la profondeur des pieux et de leur capacité à solliciter la friction du terrain sur leur
hauteur.
Une seconde piste d’optimisation des fondations est la notion de fondations mixtes :
la tour s’appui en partie par les pieux fichés profondément dans le sol, et en partie par le
radier situé au niveau de la tête des pieux et qui transmet directement une fraction de la
charge verticale au sol.

Schéma des fondations profondes de la tour Triangle


Source : SETEC TPI

Dans le cas classique de pieux travaillent en tête à un taux f, et en notant h leur profondeur,
il vient :
Pporté f
=
Pfondations 2.5 ⋅ 10 −2 h
D’après le tableau ci-dessus, le rapport est en pratique voisin de 3, soit, pour une
profondeur de fondations généralement proche de 30m, un taux de travail moyen en tête de
pieux de 2.25MPa. On pourrait chercher à élever ce taux dans le futur.
Pour les tours actuelles où l’on peut supposer un ratio voisin de 3, il vient la relation
suivante, qui sera utile pour une estimation rapide de la quantité de béton nécessaire au
poste des fondations :
Pportée
Pfondations =
3

3.3.2.2. Cas de fondations superficielles


On détermine par un raisonnement similaire, en notant f le taux de travail moyen du radier
(égal au taux de travail du sol) et e son épaisseur :
Pporté f
=
Pfondations 2.5 ⋅ 10 −2 e
D’après le tableau ci-dessus, le rapport est voisin de 10, ce qui correspond, pour une
épaisseur e de 2.5m, à un taux de travail du sol de 0.6 MPa.
On retiendra pour une estimation rapide de la quantité de béton nécessaire au poste des
fondations de type radier :
Pportée
Pfondations =
10

31
3.4 SE FIXER DES OBJECTIFS DE RATIOS DE DIMENSIONNEMENT
Avec l’expérience de nombreuses tours de grande hauteur en France et à l’étranger,
il nous est possible d’analyser les différentes quantités de matière utilisées pour chaque
ouvrage, et d’en déduire des ratios de dimensionnement. L’application est double :
- prévoir au plus juste à un stade amont du projet les quantités de matière mises en
jeu, de sorte à avoir une estimation pertinente des coûts,
- se fixer en fonction des ratios constatés sur les tours précédentes de nouveaux
objectifs d’optimisation sur les constructions à venir.

L’ensemble des résultats présentés est issu d’une feuille excel ‘étude ratios’ (Annexe 2).

3.4.1 Notion d’épaisseur moyenne (feuille excel ‘étude ratios’ Annexe 2)

3.4.1.1. Epaisseurs moyennes et ratios de volume


L’épaisseur moyenne est définie comme le rapport du volume de béton utilisé dans la
construction (infrastructure et superstructure, les fondations pouvant être incluses ou exclues
suivant le cas) sur la surface SHON totale. Ce rapport peut par exemple être notablement
influencé par la nature des fondations (radier ou fondations profondes) ou par la présence
d’un contexte sismique (cas de la tour Rotana).

On constate les tendances suivantes :


- hors fondations, l’épaisseur moyenne est voisine de 65cm. La valeur est supérieure
dans le cas de la tour Rotana du fait du contexte sismique,
- le passage à l’épaisseur moyenne avec fondations se traduit par une augmentation
de l’épaisseur moyenne d’environ 10% dans le cas fondations superficielles,
d’environ 30% dans le cas fondations profondes. On retrouve les résultats du § 3.3.2.
épaisseuravec− fondations = (1 + x) × épaisseursans − fondations
avec x=0.1 si fondations superficielles, x=0.33 si fondations profondes
Une variante de ce ratio est le rapport du volume de vide enserré par la tour sur le
volume de béton utilisé pour la construction. Il est intéressant d’avoir ce ratio à l’esprit : pour
1m3 de béton investi dans la construction, on peut espérer obtenir entre 6 et 7 m3 de volume
disponible.
Si l’on se concentre sur les superstructures, on note une valeur relativement
constante, celle de l’épaisseur moyenne des horizontaux (planchers et poutres), voisine de
0.27m, valeur qui sera utilisée au § 3.4.2 pour le calcul du poids des superstructures. On
note une valeur notablement plus faible pour la tour Generali (due à une proportion

32
importante de planchers alvéolaires précontraints) et une valeur plus forte pour la tour
Majunga (due à la complexité de poteaux de façades décalés, qui créent au niveau de
chaque plancher d’importants moments).
Grâce à l’approche globale par ratios de prédimensionnement, il nous est possible de
juger un projet de tour à la lumière des précédentes réalisations. Une telle manière de
procéder ouvre la voie à l’optimisation des quantités mises en jeu, donc du coût.

3.4.1.2. Nota sur les ratios d’infrastructures


Concernant les infrastructures, la notion d’épaisseur moyenne semble moins
pertinente, la quantité de béton utilisé dépend davantage du poids à porter que de la
superficie des infrastructures,
On pourra néanmoins retenir une épaisseur moyenne des horizontaux d’infrastructure
(planchers et poutres) voisine de 45cm.

Phare Generali Majunga Rotana


0.45 0.48 0.49 0.31
Epaisseur moyenne des horizontaux d’infrastructure

3.4.2 Evaluation du poids propre de la superstructure d’une tour

3.4.2.1. Détermination d’une formule de poids propre


L’objectif est de pouvoir se faire une idée aussi précise que possible de la masse
d’une tour en phase esquisse d’un projet, à partir d’une quantité réduite de données
disponibles. Le poids des fondations a été traité au § 3.3. Concernant le poids des
infrastructures, aucune formulation satisfaisante n’a été dégagée (cf. nota sur les ratios
d’infrastructure au § 3.4.1.2). On s’intéresse donc dans ce paragraphe uniquement au poids
des superstructures de la tour.
Soit P ( x ) le poids des étages situés au dessus de la hauteur x (le niveau du sol est
pris comme référence à x=0). On décompose P ( x ) en deux composantes :
- le poids des éléments horizontaux (planchers et poutres),
- le poids des éléments verticaux (voiles et poteaux).
On pose SV ( x ) la section des éléments verticaux à la hauteur x, S h la superficie d’un
plancher (supposée constante sur la hauteur de la tour), S H la superficie totale (SHON). h est
la hauteur d’un étage, H la hauteur de la tour (à partir du niveau 0 des superstructures).
α est le poids surfacique des éléments horizontaux (planchers et poutres), il se calcule à
partir de l’épaisseur moyenne de ces éléments (cf. § 3.4.1.1).
H H
Sh
Il vient : P ( x ) = ρg ⋅S V ( x )dx + α
³ ³ dx
x x
h
On considère dans un premier temps que la surface SV ( x ) des éléments verticaux à
la hauteur x est optimisée en terme de descente de charge : si la contrainte admissible dans
P(x )
les voiles et poteaux est notée f y , on a SV ( x ) =
fy
dP( x ) ρg S
Il vient alors =− P(x ) − α h
dx fy h
ρg ( H − x )
f y §¨ ·
On en déduit P ( x ) = α ⋅ S H e y − 1¸ et finalement le poids des superstructures de la
f

ρgH ¨ ¸
© ¹
tour :

33
f y §¨ f y ·
ρgH

P = α ⋅ SH e − 1¸
ρgH ¨ ¸
© ¹
L’interprétation de la formule est plus aisée sur l’expression du poids linéique :
S H §¨ f y ( H − x ) ·¸
ρg
dP( x ) SH
=α +α e −1
dx H H ¨ ¸
© ¹
Le premier terme est le poids linéique des horizontaux. Le second terme correspond aux
verticaux, il met tout d’abord en valeur le fait que les verticaux ont un poids linéique
proportionnel au poids linéique des horizontaux à porter ; à cela s’ajoute une dépendance
exponentiellement décroissante en la hauteur, car les verticaux, en plus de porter les
horizontaux, doivent se porter eux-mêmes…
La formule du poids des superstructures a été déterminée en considérant qu’à
chaque hauteur x la section des verticaux est fixée de manière optimale par la descente de
charge. Ceci n’est que partiellement exact pour les immeubles de grande hauteur, où le
contreventement induit des quantités de matière (notamment en verticaux) plus importantes.
On se propose donc de modifier la formule en y introduisant un facteur de contreventement
noté f c .
Finalement on retient :
f y §¨ fc ⋅ f y ·
ρgH

Psup er = α ⋅ SH e − 1¸
ρgH ¨ ¸
© ¹

Cette formule est mise en pratique et testée sur plusieurs tours de grande hauteur
récemment conçues par SETEC TPI. Une étude paramétrique (cf. feuille excel ‘étude ratios’
en Annexe 2) montre que f c = 1.5 donne des résultats satisfaisants. Ce facteur de
contreventement rappelle le caractère primordial de la résistance au contreventement et de
l’étude des mouvements horizontaux dans le cas de la grande hauteur.

3.4.2.2. Application numérique sur plusieurs tours


Pour l’application de la formule ci-dessus, prenons une valeur de poids surfacique α
correspondant à une épaisseur moyenne de 27cm (cf. § 3.4.1.1). On obtient les résultats
suivants :

250000

200000

150000
Poids super réel
Poids super prévu
100000

50000

0
A
I
E

A
AL
F

G
R

N
Ed

N
R

TA
A

U
PH

AJ

O
EN

R
M
G

EDF PHARE GENERALI MAJUNGA ROTANA


Ecart en % 5.8 1.1 19.5 0.8 -9.3

34
Les résultats sont satisfaisants pour les tours EDF et Phare. Pour la tour Majunga, le poids
prévu est en revanche faussement proche de la valeur avérée, deux sources d’erreur sont
en effet cumulées :
- on sous-évalue le poids des infrastructures : on a pris la moyenne de 27cm au
lieu d’une valeur réelle de 33cm
- on surévalue le facteur de contreventement : on a pris la valeur moyenne retenue
de 1.5 alors qu’en réalité une étude précise donne une valeur de 1.27. Cela
traduit que le contreventement nécessite relativement moins de matière que pour
les autres tours, en effet la forte épaisseur des horizontaux permet aux éléments
verticaux de noyau et façade de travailler mieux ensemble, d’où une rigidité
accrue.
Pour le cas de la tour Generali, on a surestimé le poids des horizontaux (27cm au lieu de
22cm), d’où un poids prévu trop élevé. Concernant la tour Rotana, le poids des horizontaux
est correct, en revanche on a probablement sous-évalué les éléments verticaux permettant
de résister à la sollicitation de séisme ; il faudrait pour ce faire augmenter la valeur de fc. On
propose alors les valeurs numériques corrigées suivantes :

EDF PHARE GENERALI MAJUNGA ROTANA


Epaisseur moyenne
0.27 0.27 0.24 0.30 0.27
horizontaux corrigée (m)
fc corrigé 1.5 1.5 1.5 1.4 1.6

On constate une nette amélioration des résultats grâce à ces corrections, qui sont issues de
réflexions simples sur le fonctionnement des différentes tours.

Poids propre des superstructures

250000

200000

150000
tonnes

poids réel
Poids prévu
100000

50000

0
EdF PHARE GENERALI MAJUNGA ROTANA

Application de la formule de Psuper avec des valeurs d’entrée corrigées

EDF PHARE GENERALI MAJUNGA ROTANA


Ecart en % initial 5.8 1.1 19.5 0.8 -9.3
Ecart en % corrigé 5.8 1.1 6.2 3.1 -1.5

3.4.2.3. Bilan sur l’étude des ratios et du poids d’une tour


On peut ainsi proposer le calcul suivant du poids d’une tour, sur l’exemple de la tour
Triangle.
ep. Horizontaux super 0.29 m
α 0.725 t/m2
SH 94000 m2
fy 15 Mpa
H 183.6 m
fc 1.5
superficie infras 12000 m2
type de fondations profondes
Données d’entrée sur l’exemple de la tour Triangle

35
En appliquant
f y §¨ fc ⋅ f y ·
ρgH

Psup er = α ⋅ SH e − 1¸
ρgH ¨ ¸
© ¹

il vient Psup er = 129728 tonnes.


Pour le poids des infrastructures, on obtient PInfras = 12000 ⋅ 0.9 ⋅ 2.5 = 27000 tonnes en
prenant une épaisseur moyenne de 45cm pour les horizontaux, également de 45cm pour les
verticaux. Finalement, Pporté = PInfras + Psup er = 27000 + 129728 = 156728 tonnes.
Les fondations étant profondes, on obtient (les poids sont exprimés en tonnes.force) :
Pporté
Ptotal = 1.3 ⋅ Pporté = 203746 tonnes et Vbéton _ total = 1.33 ⋅ = 83379 m3.
2 .5

En résumé :
§ fy § ρgH · ·
¨α ⋅ S ¨ e f y − 1¸ + 0.9 ⋅ ρ ⋅ S ¸(1 + x )
¨ H
ρgH ¨ ¸ Infra ¸
© ¹
Vbéton _ total =© ¹
ρ
1
avec x=0.1 si fondations superficielles, x=0.33 si fondations profondes

Cette formule, issue d’une approche théorique complétée par une application aux cas
concrets de plusieurs tours, permet de déterminer avec un nombre de données limité (SHON
des superstructures, épaisseur moyenne des horizontaux, hauteur des superstructures,
surface des infrastructures, nature des fondations) le volume de béton prévisionnel d’un
projet de tour de grande hauteur.

3.5 DE L’ECONOMIE DE MATIERE A L’ECONOMIE DE PRIX


L’évaluation pertinente du coût du lot ‘Gros œuvre’ dès la phase Esquisse d’un projet est un
enjeu de taille car elle permet au maître d’ouvrage de prendre les bonnes décisions sur la
base d’un comparatif économique clair. Il s’agit également de pouvoir mieux comprendre et
analyser les offres des entreprises remises au moment de la consultation.

3.5.1 Contexte de l’étude


L’organisation d’une offre pour le gros œuvre d’une tour est très variable d’une entreprise à
l’autre, on a donc choisi un canevas commun sur lequel on a calé les différentes offres. S’il
se révèle satisfaisant, il pourra par la suite être proposé comme modèle type de réponse
d’une entreprise à un dossier de consultation.

3.5.2 Références
- Feuille excel ‘étude économique’ (Annexe 3)
- Offre Eiffage (APS 11/08 – Tour Majunga) remis le 12/01/09 (version dite « Base »)
(Annexe 4)
- Offre Vinci (DCE - Tour Generali) remis le 22/12/08 (Annexe 5)
- Offre Bouygues (Tour Phare) remis le 21/07/08 (Annexe 6)

1
Ces valeurs de x peuvent être réduites dans le cas d’une optimisation des fondations (qualité du
béton des pieux par exemple, valeur retenue pour le taux de travail maximal).

36
3.5.3 Présentation de la feuille excel ‘étude économique’ Annexe 3

3.5.3.1. Organisation générale


Cette feuille (Annexe 3) se veut être une base pour analyser l’offre d’une entreprise. Elle
s’organise en deux tableaux principaux :
- le chapeau Gros Œuvre (GO) qui regroupe :
o les installations de chantier (matériel de levage et manutention,
cantonnement, sécurité générale du chantier, branchements, bureaux)
o la direction du chantier (encadrement des ouvriers GO, encadrement de
direction)
o les études d’ingénierie (études d’exécution structure et méthode structure,
synthèse technique et architecturale)
- le lot des travaux Gros Œuvre (GO) qui fait la synthèse des prix unitaires par poste ;
ces prix incluent la matière première, la mise en œuvre par les ouvriers, le matériel
de pompage et de coffrage, la sécurité de ces opérations, la maîtrise d’œuvre
indirecte (grutier, électromécanicien…).

Les prix annoncés dans les tableaux de l’Annexe 3 incluent systématiquement le bénéfice
(marge) de l’entreprise. En outre les deux premières lignes de la feuille mettent en valeur un
coefficient multiplicatif qui n’est appliqué qu’aux prix unitaires du lot GO. Ce coefficient peut
être supérieur ou inférieur à 1 et permet d’ajuster les prix unitaires de sorte à en exclure des
postes que l’on veut voir apparaître dans le chapeau (et qui dans la proposition de
l’entreprise étaient inclus dans les prix unitaires) ou y inclure des postes qui doivent
appartenir aux prix unitaires et non au chapeau. Dans tous les cas, ce coefficient multiplicatif
prend en compte dans sa valeur la marge de l’entreprise.

3.5.3.2. Analyse de détail – Chapeau GO


Le tableau suivant est extrait de l’Annexe 3, il concerne le chapeau.

CHAPEAU GO Phare Generali Majunga


Installation de chantier
Installations générales de chantier 29475600 10360164 8266382
% du coût total GO 11 9 11
Direction de projet
Encadrement GO (et direction de chantier) 15846800 7601090 3774604
Coordination et pilotage
Suivi environnemental
Planification
Sous Total Direction de Projet 15846800 7601090 3774604
% du coût total GO 6 7 5
Ingénierie
Etudes d'exécution structure et études de méthode
structure 16191600 5175000 2667600
Synthèse Technique et Architecturale 3528000 3200000 1197000
% du coût total GO 7 7 5

CHAPEAU GO 65042000 26336254 15905585


% du coût total GO 23 23 21

Prix en € relatifs au chapeau GO – Tableau extrait de l’Annexe 3

Quelques commentaires permettent de comprendre comment le tableau a été construit :


- Tour Majunga
La proposition d’Eiffage ne contient aucun chapeau GO. Les coûts d’installation de chantier
et de direction de projet sont en effet en bonne partie contenus dans les prix unitaires (dits

37
« de vente ») fournis par Eiffage, qu’il a fallu donc extraire (d’où le coefficient 0.84) pour
reconstituer un chapeau GO (cf. exemple de décomposition de prix unitaire en Annexe 4).
- Tour Generali
Vinci dans son offre n’a pas fourni de chapeau propre au GO, mais une rubrique « frais de
chantier TCE » (cf. Annexe 5) dont il a fallu extraire les postes relatifs au GO que l’on a
ensuite répartis entre les PU et le chapeau GO à proprement parler (d’où le coefficient
supérieur à 1). Pour mémoire, on a extrait des « frais de chantier TCE » : la maîtrise d’œuvre
indirecte intégrée aux PU, le coffrage + sécu intégrés aux PU, les frais de levage pompage
cantonnement branchements… intégrés au chapeau (dans la rubrique « frais d’installation
de chantier »).
- Tour Phare
L’offre de Bouygues (Annexe 6) contient une rubrique « service » qui regroupe
« Logistique » et « Direction de projet » pour l’ensemble des travaux, il est difficile d’en
déduire la proportion des postes de GO « Installation de chantier » et « direction de projet »
autrement que par un pourcentage, le résultat est alors assez approximatif. En outre, la
nature des PU n’est pas clairement explicitée, ce qui nous empêche de faire un
raisonnement similaire à celui du cas Majunga.

On propose le bilan de l’étude du chapeau GO suivant :


- Les installations de chantiers représentent environ 10% du coût total du GO (coût
incluant le chapeau GO),
- La direction de chantier représente environ 6 à 7% du coût total du GO,
- L’ingénierie représente environ 5 à 7% du coût total du GO.
Le chapeau GO représenté environ 22 % du coût total du GO (coût incluant le chapeau GO)

3.5.3.3. Analyse de détail – Lot GO : prix unitaires (incluant la marge entreprise)


Rappelons que ces prix incluent la matière première, la mise en œuvre, le matériel de
pompage et de coffrage, la sécurité de ces opérations, la maîtrise d’œuvre indirecte (grutier,
électromécanicien…).

Moyenne
Infrastructures Superstructures Phare Generali Majunga (avec
marge)
3
Terrassement €/ m 31 35 20 29
3 3
radier : coût global au m €/ m 636 0 741 688
3 3
verticaux du noyau en infrastructure: coût global au m €/ m 921 813 886 873
3 3
poteaux intérieurs en infrastructure : coût global au m €/ m 792 829 1181 934
3 3
verticaux du noyau en superstructure: coût global au m €/ m 998 868 1053 973
3 3
verticaux hors noyau en infrastructure : coût global au m €/ m 955 966 713 878
3 3
verticaux hors noyau en superstructure: coût global au m €/ m 794 0 808 801
3 3
poteaux de façade : coût global au m €/ m 1018 957 1478 1151
3 3
horizontaux dans noyau en infrastructure: coût global au m €m 1220 829 0 1025
3 3
horizontaux dans noyau en superstructure : coût global au m €/ m 708 661 503 624
3 3
horizontaux hors noyau en infrastructure : coût global au m €/ m 1220 779 843 947
3 3
horizontaux hors noyau en superstructure : coût global au m €/ m 810 594 729 711
3 3
poutre intérieure : coût global au m €/ m 2346 1672 2456 2158
3 3
poutres de façade : coût global au m €/ m 1655 1770 3453 1712

Prix unitaires en € avec marge du lot GO – Tableau extrait de l’Annexe 3

38
3.5.3.4. Analyse de détail – Lot GO : prix unitaires (sans la marge entreprise)
On détermine ici les prix unitaires sans marge.
Les marges annoncées par Bouygues et Eiffage pour les tours Phare et Majunga sont
respectivement de 20% et 12.37%. On suppose pour la tour Generali une marge voisine de
15% ; ce n’est qu’une supposition, et la moyenne pondérée prévoit donc des coefficients 1
pour Phare et Majunga, 0.5 pour Generali.
Phare Generali Majunga Moyenne
pondérée
Infrastructures Superstructures marge 0.2 0.15 0.12 (sans marge)
3
Terrassement €/ m 26 35 18 23
3
radier: coût global au m 3
€/ m 530 789 649 590
3
verticaux du noyau en infrastructure: coût global au m 3
€/ m 768 1260 776 756
3
poteaux intérieurs en infrastructure : coût global au m3 €/ m 660 1221 1035 819
3
verticaux du noyau en superstructure: coût global au m3 €/ m 832 1158 923 850
3
verticaux hors noyau en infrastructure : coût global au m 3
€/ m 796 1470 625 733
3
verticaux hors noyau en superstructure: coût global au m3 €/ m 662 0 708 685
3
poteaux de façade : coût global au m3 €/ m 848 1430 1295 913
3
Horizontaux dans noyau en infrastructure: coût global au m3 €m 1017 1233 0 913
3
Horizontaux dans noyau en superstructure : coût global au m3 €/ m 590 992 441 525
3
Horizontaux hors noyau en infrastructure : coût global au m3 €/ m 1017 1156 739 835
3
Horizontaux hors noyau en superstructure : coût global au m3 €/ m 675 1201 639 626
3
poutre intérieure : coût global au m3 €/ m 1955 2303 2152 1840
3
poutres de façade : coût global au m3 €/ m 1379 2551 3026 1610
Prix unitaires en € sans marge du lot GO – Tableau extrait de l’Annexe 3

3.5.4 Des quantités de matiere … juqu’au prix « lot go + chapeau »


On propose dans ce paragraphe une méthodologie pour déterminer le coût du lot GO
chapeau inclus à partir de la donnée des quantités de matière.
Prix unitaire sans Quantité Prix lot GO
3 3
marge (€/ m ) (m ) sans marge

Terrassement 23
radier: coût global au m 3
590
verticaux du noyau en infrastructure: coût global au m3 756
poteaux intérieurs en infrastructure : coût global au m3 819
verticaux du noyau en superstructure: coût global au m 3
850
verticaux hors noyau en infrastructure : coût global au m 3
733
verticaux hors noyau en superstructure: coût global au m 3
685
poteaux de façade : coût global au m3 913
Horizontaux dans noyau en infrastructure: coût global au m3 913
Horizontaux dans noyau en superstructure : coût global au m3 525
Horizontaux hors noyau en infrastructure : coût global au m3 835
Horizontaux hors noyau en superstructure : coût global au m3 626
poutre intérieure : coût global au m3 1840
poutres de façade : coût global au m3 1610

S1 = Total « lot travaux GO »


sans marge

39
A partir de S1 on va déduire le montant du chapeau : il a été montré en 3.6.3.2 que l’on a en
général un chapeau GO qui représente environ 22 % du coût total du GO (incluant le
montant du chapeau), plus précisément si l’on note S2 le total « travaux GO + chapeau GO »
(sans marge) il vient
S 2 = S1 + 0.22 ⋅ S 2
où 0.22 ⋅ S 2 est le montant du chapeau. D’où :

S1
S2 =
1 − 0.22
On obtient S2 = « travaux GO + chapeau GO » (sans marge). Il reste à multiplier S2 par la
marge de l’entreprise (+ aléas…).

Déterminer le coût du lot GO à partir des quantités de matière

3.5.5 Test sur la tour Majunga


On applique la méthodologie proposée ci-dessus à l’exemple de la tour Majunga à partir de
la donnée des quantités de matière.
Quantités PU sans marge
110 Parois périmétriques = soutènement m2 8000 800 6 400 000
112 Fondations profondes m3 0 1000 0
113 Terrassements m3 47808 23 1 099 584
114 Radier sur pieux m3 5193 590 3 063 870
115 Semelles sur pieux m3 0 590 0
116 Radier hors pieux m3 0 590 0
117 Verticaux du noyau en infra m3 6597 756 4 987 332
118 Poteaux intérieurs en infra m3 1698 819 1 390 662
119 Horizontaux dans noyau en infra m3 902 913 823 526
120 Horizontaux hors noyau en infra m3 1804 835 1 506 340
121 Verticaux du noyau en super m3 8315 850 7 067 750
122 Verticaux hors noyau en super m3 213 685 145 905
123 Poteaux façades m3 1569 913 1 432 497
124 Horizontaux dans noyau en super m3 5471 525 2 872 275
125 Horizontaux hors noyau en super m3 6575 626 4 115 950
126 Poutres intérieur m3 1703 1840 3 133 520
127 Poutres de façade m3 2657 1610 4 277 770
128 Maçonnerie m2 26780 50 1 339 000
129 Travaux divers 10% du GO en plus 4 365 598
lot GO sans
48 021 579
chapeau
avec chapeau 61566127.1
avec marge (12%) 68954062

40
Le prix du GO (travaux + chapeau) avec marge s’élève d’après notre méthode d’estimation à
68954062 €, à comparer à la valeur de l’offre de l’entreprise : 69883000 € + études
ingénierie (seule composante du chapeau général proposé par Eiffage qui fait effectivement
partie du chapeau GO, le reste du chapeau GO étant déjà inclus dans la valeur 69883000 €
issue des prix unitaires) (études ingénierie : 1938000+1197000+729600 €) = 73747600 €,
soit un écart de 6.5%.

La méthodologie proposée permet ainsi d’évaluer dès la phase Esquisse d’un projet
le coût du lot ‘Gros œuvre’, à partir de la donnée des quantités de matière (issues d’un
premier métré ou d’une analyse plus globale cf. §3.4). Elle permet également d’analyser
l’offre d’une entreprise en la comparant à notre estimation ou aux offres d’autres entreprises.

41
CONCLUSION

Ce guide aborde les principes généraux de conception d’un immeuble de grande


hauteur, ainsi que les pistes actuelles d’optimisation de l’utilisation de la matière.
L’optimisation doit en effet être une préoccupation constante de l’ingénieur structure. Elle
intervient dès la phase Esquisse d’un projet de tour, au moment où des choix structurants
sont faits. Deux outils d’analyse ont été présentés à cet effet.

Le premier prend la forme d’une méthode analytique continue, qui tient compte de
l’effet bénéfique d’une connexion suffisamment rigide entre structures externe et interne
d’une tour. L’ingénieur structure retiendra qu’il peut être plus efficace pour rigidifier un
immeuble de grande hauteur d’augmenter les dimensions des éléments horizontaux que
d’épaissir les porteurs verticaux. Le second outil est un ensemble de ratios de
prédimensionnement qui permettent d’intégrer dans chaque nouveau projet le retour
d’expérience acquis au fil des réalisations antérieures. Il est complété par un canevas
d’analyse économique d’un projet qui donne les bases d’une première évaluation du coût du
lot Gros Œuvre à partir de la donnée des quantités de matière. D’autres pistes d’optimisation
existent, telles que l’exploitation de l’amortissement naturel d’une structure ou l’ajout d’une
source supplémentaire d’amortissement. Elles sont couramment exploitées dans le souci
constant de l’amélioration du fonctionnement structurel d’un immeuble de grande hauteur.

Ce guide n’a pas l’ambition de se substituer aux codes ou règlements. Il se veut la


synthèse de l’expérience acquise pour en faciliter la transmission aux générations futures
d’ingénieurs. En ce sens, il a vocation à être enrichi par la contribution de chacun.

42
BIBLIOGRAPHIE

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1991, OUVRAGE
[2] Generalized method for estimating drift in high rise structures, B. Stafford Smith, M.
Kuster, J.C.D. Hoenderkamp, The journal of structural engineering, 1984, ARTICLE
[3] A generalized approach to the deflection analysis of braced frame, rigid frame, and
coupled wall structures, B. Stafford Smith, M. Kuster, J.C.D. Hoenderkamp, The Canadian
journal of structure engineering, 1981, ARTICLE
[4] Approximate analysis of tall wall-frame structures, A.C. Heidebrecht, B.S. Smith, Journal
of the structural division, 1973, ARTICLE
[5] Approximate floor acceleration demands in multistory buildings. Part I : Formulation, E.
Miranda, S. Taghavi, The journal of structural engineering, 2005, ARTICLE
[6] Dynamics of multi-framed structures, unified homogenized description, S. Hans, C.
Boutin, à paraître dans Computers and Geotechnics, ARTICLE
[7] Damping evaluation using full-scale data of buildings in Japan, N. Satake, The journal of
structural engineering, April 2003, ARTICLE
[8] Le phénomène de l’accélération dans les immeubles de grande hauteur, Isaac Farreras
Alcover, Projet de Fin d’Etudes, 2008, RAPPORT
[9] Tendances actuelles dans la construction des immeubles de grande hauteur à structure
en béton armé et en acier, F. Khan, Annales de l'Institut Technique du Bâtiment et des
Travaux Publics, 05/1971, n° 281, p. 37-56, ARTICLE
[10] Case study: CCTV Building, CTBUH Journal, 2008 Issue III, ARTICLE
[11] Optimisation du contreventement d’une tour de grande hauteur, du rôle joué par la
connexion entre structure externe et structure interne, Olivier Broadbent, Projet de Fin
d’Etudes, 2007, RAPPORT

43
ANNEXES

Annexe 1 : Feuille excel ‘étude dynamique’


Annexe 2 : Feuille excel ‘étude ratios’
Annexe 3 : Feuille excel ‘étude économique’
Annexe 4 : Exemple de décomposition de prix unitaires – Tour Majunga – Eiffage 12/01/09
(version dite « Base »)
Annexe 5 : Récapitulation générale – Tour Generali – Vinci 22/12/08
Annexe 6 : Récapitulation générale – Tour Phare – Bouygues 21/07/08

44
ANNEXE 1

Feuille de calcul de fréquences propres

E 3.90E+10 E Module instantané du béton


rho kg/ml rho masse par unité de hauteur du bâtiment
H m H hauteur du bâtiment par rapport au sol

Cisaillement
Unité de Unité de Unité de Unité de Unité de
contreventement 1 contreventement 2 contreventement 3 contreventement 4 contreventement 5
hauteur h
Ic1
Ic2
Ic3
Ic4
Ic5
Ib1
b1 Pour chaque unité de contreventement :
Ib2 Ici Inertie du poteau i
b2 h hauteur de chaque poteau i
Ib3 Ibi Inertie de la poutre (ou linteau) i
b3 bi portée de la poutre (ou linteau) i
Ib4
b4
GAi/E

GA E

Flexion interne

EI E

Fréquences propres

α=
χ1= 1.8
χ2= 5
χ3= 8.2

f1= Hz
f2= Hz
f3= Hz
ANNEXE 2

EdF PHARE GENERALI MAJUNGA ROTANA

1. CARACTERISTIQUES GENERALES
Site de construction La Défense La Défense La Défense La Défense Amman-Jordanie
Usage de la tour Bureaux Bureaux Bureaux Bureaux hotel
Date de livraison Fin 2014 2011

2. GEOMETRIE
Nombre de niveaux de superstructure 40 70 47 42 49
Nombre de niveaux d'infrastructure 6 6 6 8 7
Hauteur totale depuis le parvis d'accès 155 274.4 188 156.95 188
Hauteur totale des infrastructures 23 28.6 26 34.8 25.56
Hauteur d'un étage courant 3 3.80 3.85 3.65 3.70
Surface du noyau au niveau 0 674 599 446
Distance entre deux poteaux de façade 8.1 8.10 8.10
Surface SHON 57 000 146 300 81 924 69511 45 308
Surface SHOB 57 000 162 700 100 026 83294 65 618
SHOB Super 151 838 47 480
équivalent SHON infra 7 435 11 550 9 274 11 122 18 138
SHOB Super / étage 0 2 169 0 0 969
SHOB/SHON 1.00 1.11 1.22 1.20 1.45
Volume ensérré par facade/enceinte 328500 756176 411279 319091 255000

3. CONSOMMATION DE MATIERE
FONDATIONS
FONDATIONS PROFONDES
volume de béton (m3) 2 974 17 100 9 300
acier passif (kg) 195 000 1 795 500 929 952
RADIER et FONDATIONS SUPERFICIELLES
volume de béton (m3) 2 179 9 125 1 420 4440 2 288
acier passif (kg) 240 305 1 550 187 355 000 888000 337 358
PAROIS DE SOUTENEMENT
volume de béton (m3) 1 423
acier passif (kg) 134 500
INFRASTRUCTURES
INFRASTRUCTURES VERTICAUX
volume de béton (m3) 4 738 10 307 3 940 4353 3 336
acier passif (kg) 313 779 1 396 004 531946 296 723
INFRASTRUCTURES HORIZONTAUX
volume de béton (m3) 4 911 5 211 4 454 5415 5 648
acier passif (kg) 493 169 376 570 491 526
SUPERSTRUCTURES
SUPERSTRUCTURES VERTICAUX
volume de béton (m3) 11 816 44 543 17 104 11562 13 157
acier passif (kg) 818 135 5 381 318 1239710 1 192 335
SUPERSTRUCTURES HORIZONTAUX (planchers + poutres)
volume de béton (m3) 14 846 39 632 18 338 22650 12 670
acier passif (kg) 1 368 705 4 274 583 1 180 252
VERTICAUX / HORIZONTAUX 1.26 0.89 1.07 1.96 0.96
CHARPENTE METALLIQUE
tonnage acier (kg) 5 784 628 1 025 267.3
TOTAL TOUR
volume béton super 26 662 84 175 35 442 34 212 25 827
volume béton super et infra 36 311 99 693 43 835 43 980 34 811
volume de béton super infra fondations 38 520 110 241 62 355 48 420 46 399
poids de fondation 5 523 26 369 46 300 11 100 28 970
poids porté/poids fondation 16.438 9.452 2.367 9.905 3.004
acier passif (kg) 3 175 409 13 113 162 2 659 656 4 428 146

4. RESULTANTES D'EFFORT
DESCENTE DE CHARGES
poids super 66 655 210 438 88 605 85 530 64 568
poids super infra 90 778 249 233 109 588 109 950 87 028
poids super infra fondations 96 300 275 601 155 888 121 050 115 998
équipement (tonnes) 30686 19 150 11160 26 932
charges d'exploitation (tonnes) 59131 39 585 35230 21 839

plus petite dimension du noyau 23 13.5


élancement 8.1 11.6

masse horizontaux super 37115 99080 45845 56625 31675


fy/rho*g*H avec fy=15MPa 3.87 2.19 3.20 3.82 3.19
Psuper/C66*C65)+1 1.46 1.97 1.60 1.40 1.64
2 paramètres du calcul de P_super
fc 1.48 1.48 1.51 1.27 1.58
alpha épaisseur moyenne des horiz (planchers + poutres)/SHON 0.26 0.27 0.22 0.33 0.28

hypothèse sur alpha (/SHON) 0.27 0.27 0.27 0.27 0.27


hypothèse sur fc 1.50 1.50 1.50 1.50 1.50
P_horizontaux (=alpha*SHON*2.5) 38475 98753 55299 46920 30583
fy/rho*g*H avec fy=15MPa 3.87 2.19 3.20 3.82 3.19
% écart à la théorie 3.66 -0.33 20.62 -17.14 -3.45
Psupertotal 70490.12 212855.53 105847.31 86185.48 58592.43
% écart à la théorie 5.75 1.15 19.46 0.77 -9.25

hypothèse sur alpha (/SHON) 0.27 0.27 0.24 0.3 0.27


hypothèse sur fc 1.50 1.50 1.50 1.40 1.60
P_horizontaux (=alpha*SHON*2.5) 38475 98753 49154 52133 30583
% écart à la théorie 3.66 -0.33 7.22 -7.93 -3.45
Psupertotal 70490.12 212855.53 94086.49 88143.43 63568.03
% écart à la théorie 5.75 1.15 6.19 3.06 -1.55

5. RATIOS
EPAISSEURS MOYENNES / SHON
superstructure : horizontaux/SHON totale 0.26 0.27 0.22 0.33 0.28
superstructure : verticaux/SHON totale 0.21 0.30 0.21 0.17 0.29
superstructure : total/SHON totale 0.47 0.58 0.43 0.49 0.57
infrastructure : horizontaux/équivalent SHON infra 0.66 0.45 0.48 0.49 0.31
infrastructure : verticaux/équivalent SHON infra 0.64 0.89 0.42 0.39 0.18
infrastructure : total/équivalent SHON infra 1.30 1.34 0.90 0.88 0.50
EPAISSEUR MOYENNE / SHON
total projet sans fondation 0.64 0.68 0.54 0.63 0.77
total projet avec fondation 0.68 0.75 0.76 0.70 1.02
RATIO TSP
volume vide/volume béton sans fondation 9.0 7.6 9.4 7.3 7.3
volume vide/volume béton avec fondation 8.5 6.9 6.6 6.6 5.5
ANNEXE 3
PHARE GENERALI MAJUNGA
[1] [3] [4]
Unité/Coef. 1.20 1.15 0.84
dont marge 0.20 0.12

CHAPEAUX
Postes Généraux GO = chapeau GO 65042000 26336254 15905585
Postes Généraux global = chapeau total 156316800 77847301
% Chapeau GO / Chapeau total 0.42 0.34
Travaux GO + chapeau GO 277042400 112180432 74397656
TRAVAUX
Travaux GO sans postes généraux 212000400 85844178 58492071
Travaux total sans postes généraux 633585600 224800000
% travaux GO / total 0.33 0.26

CHAPEAU GO, incluant la marge de l'entreprise GO


Installation de chantier
Installations générales de chantier: matériel levage, manut, coffrage, étaiement, sécu,cantonement 29475600 10360164 8266382
DIC - Compte Prorata - Gardiennage
Sous-Total Logistique 29475600 10360164 8266382
% du coût total GO 11 9 11
Direction de projet
Encadrement GO (et direction de chantier) 15846800 7601090 3774604
Coordination et pilotage
Suivi environmental
Planification
Sous-Total Direction de Projet 15846800 7601090 3774604
% du coût total GO 6 7 5

TOTAL LOGISTIQUE et DIRECTION de PROJET 45322400 17961254 12040985

Ingéniérie
Etudes d'exécution structure et études de méthode structure 16191600 5175000 2667600
Synthese Technique et Architecturale 3528000 3200000 1197000
TOTAL INGENIERIE 19719600.0 8375000 3864600
% du coût total GO 7 7 5

CHAPEAU GO 65042000.0 26336254 15905585


% du coût total GO 23 23 21

LOT TRAVAUX GO - Prix unitaires, incluent la marge de l'entreprise GO, mais excluent certains postes --> chapeau

DEMOLITIONS
Rabattement de nappe
Démolition existant en surface €/m3 470 291
Démolition ouvrage d'art €/m3 518

TERRASSEMENTS
Terrassement dans les remblais, sables, marnes €/m3 31 35 20

SOUTENEMENT
Paroi de soutènement au m² de forage y c tirants et butons, poutre de couronnement
€/m² et autres sujetions 1037 833

FONDATIONS PROFONDES
Barrettes de paroi moulée (par tonne portée avec un taux de travail 6MPa) €/t
Puits marocain (par tonne portée avec un taux de travail de 6MPa) €/t

FONDATIONS SUPERFICIELLES
Radier : béton €/m3 410 300
Radier : armatures passives €/kg 2 2
Radier : coût global au m3 de béton €/m3 636 741

INFRASTRUCTURE
VERTICAUX
voiles du noyau central : béton C60 €/m3 296.4 360.8 376.7
voiles du noyau central : armatures passives €/kg 2.4 2.3 2.1
voiles du noyau central : coffrage €/m² 90.2 26.7 102.1
voiles du noyau central : attentes, manequins, coupleurs €/m3 24.0
voiles du noyau central : coût global au m3 €/m3 921.0 813.1 885.7
verticaux hors noyau : béton C60 €/m3 308.7 354.6 293.2
verticaux hors noyau : armatures €/kg 2.7 2.3 2.1
verticaux hors noyau : coffrage €/m² 69.1 58.6 38.9
verticaux hors noyau : coût global au m3 €/m3 955.4 966.1 712.9
poteaux intérieurs : béton C60 €/m3 265.2 373.8 577.5
poteaux intérieurs : armatures €/kg 2.4 2.3 2.1
poteaux intérieurs : coffrage €/m² 20.4 10.7 85.8
poteaux intérieurs: coût global au m3 €/m3 792.0 829.2 1181.5

HORIZONTAUX
dalle de plancher noyau : béton C45 €/m3 292.3 250.8
dalle de plancher noyau : armatures €/kg 2.5 2.3
dalle de plancher noyau : coffrage €/m² 107.3 35.0
dalle noyau : coût global au m3 €/m3 1220.4 829.2
dalle de plancher hors noyau : béton C45 €/m3 250.8 240.7
dalle de plancher hors noyau : armatures €/kg 2.3 2.1
dalle de plancher hors noyau : coffrage €/m² 35.0 68.1
dalle hors noyau: coût global au m3 €/m3 1220.4 778.6 843.1
poutres : béton C45 €/m3 286.7 386.5 332.5
poutres : armatures €/kg 2.4 2.3 2.1
poutres : coffrage €/m² 104.4 92.3 138.6
poutre : coût global au m3 €/m3 1199.5 2052.8 1032.0
dalle alvéolaire précontrainte €/m²
maconnerie €/m² 104.0
cuvelage €/m² 9.2

SUPERSTRUCTURE
VERTICAUX
voiles du noyau central : béton C60 €/m3 296.4 363.4 293.2
voiles du noyau central : armatures passives €/kg 2.4 2.3 2.1
voiles du noyau central : coffrage €/m² 91.2 26.7 102.1
voiles du noyau central : attentes, manequins, coupleurs €/m3 30.6 54.6
3
voiles du noyau central : coût global au m €/m3 998.4 868.3 1053.0
verticaux hors noyau : béton C60 €/m3 324.0 293.2
verticaux hors noyau : armatures €/kg 2.5 2.1
verticaux hors noyau : coffrage €/m² 80.8 55.3
verticaux hors noyau : coût global au m3 €/m3 794.4 807.8
poteaux : béton C60 €/m3 290.4 616.5 577.6
poteaux : armatures €/kg 2.4 2.3 2.1
poteaux : coffrage poteaux carrés/rectangulaires €/m² 40.8
poteaux : coffrage poteaux ronds €/m² 40.8 41.0 129.2
poteaux : coffrage poteaux oblongs €/m² 97.2
3
poteaux (façade essentiellement - pas ou peu d'intérieurs): coût global au m3€/m 1017.6 956.9 1477.9

HORIZONTAUX
dalle noyau : béton C45 €/m3 214.8 247.3 251.9
dalle noyau : armatures €/kg 2.4 2.3 2.1
dalle noyaur : coffrage €/m² 61.7 35.0 37.8
dalle noyau: coût global au m3 €/m3 708.0 661.3 503.0
dalle hors noyau : béton C45 €/m3 214.8 255.3 254.4
dalle hors noyau : armatures €/kg 2.4 2.3 2.1
dalle hors noyau : coffrage €/m² 63.6 69.5
dalle hors noyau: coût global au m3 €/m3 810.0 593.9 728.9
poutres intérieure : béton C45 €/m3 265.2 297.9 544.1
poutres intérieure : armatures €/kg 2.4 2.3 2.8
poutres intérieure : coffrage poutre dans noyau €/m² 144.0 103.7 142.7
poutres intérieure : coffrage poutre hors noyau €/m² 104.4 103.7
poutre intérieure : coût global au m3 €/m3 2346.0 1672.2 2456.1
poutres de façade : béton C45 €/m3 265.2 481.9 544.1
poutres de façade : armatures €/kg 2.4 2.3 2.1
poutres de façade : coffrage poutre droite €/m² 96.0 103.7 142.5
poutres de façade : coffrage poutre courbe €/m² 115.2 103.7
poutre de façade : coût global au m3 €/m3 1654.8 1770.0 3452.8
dalle alvéolaire précontrainte €/m² 197.3
plancher mixte
maconnerie €/m² 45.6 75.6

poutres de façade principales et secondaires en acier €/kg 3.6


Bac acier €/m² 64 52.1
Béton dans bac €/m² 24
Armatures passives pour plancher mixte €/m² 2.4
Protection au feu du plancher mixte €/m² 38
plancher mixte : coût global au m² €/m² 142 197.3

Récapitulatif des PU incluant la marge unité Phare Generali Majunga


démolition rapportée à l'emprise au sol €/m² 624 1952 0
terrassement €/m3 31 35 20
radier: coût global au m3 €/m3 636 0 741
verticaux du noyau en infrastructure: coût global au m3 €/m3 921 813 886
poteaux intérieurs en infrastructure : coût global au m3 €/m3 792 829 1181
verticaux du noyau en superstructure: coût global au m3 €/m3 998 868 1053
verticaux hors noyau en infrastructure : coût global au m3 €/m3 955 966 713
verticaux hors noyau en superstructure: coût global au m3 €/m3 794 0 808
poteaux de façade : coût global au m3 €/m3 1018 957 1478
horizontaux dans noyau en infrastructure: coût global au m3 €/m3 1220 829 0
horizontaux dans noyau en superstructure : coût global au m3 €/m3 708 661 503
horizontaux hors noyau en infrastructure : coût global au m3 €/m3 1220 779 843
horizontaux hors noyau en superstructure : coût global au m3 €/m3 810 594 729
poutre intérieure : coût global au m3 €/m3 2346 1672 2456
poutres de façade : coût global au m3 €/m3 1655 1770 3453
marge 0.20 0.15 0.12
Récapitulatif des PU SANS marge unité Phare Generali Majunga
démolition rapportée à l'emprise au sol €/m² 520 1659 0
terrassement €/m3 26 30 18
radier: coût global au m3 €/m3 530 0 649
verticaux du noyau en infrastructure: coût global au m3 €/m3 768 691 776
poteaux intérieurs en infrastructure : coût global au m3 €/m3 660 705 1035
verticaux du noyau en superstructure: coût global au m3 €/m3 832 738 923
verticaux hors noyau en infrastructure : coût global au m3 €/m3 796 821 625
verticaux hors noyau en superstructure: coût global au m3 €/m3 662 0 708
poteaux de façade : coût global au m3 €/m3 848 813 1295
horizontaux dans noyau en infrastructure: coût global au m3 €/m3 1017 705 0
horizontaux dans noyau en superstructure : coût global au m3 €/m3 590 562 441
horizontaux hors noyau en infrastructure : coût global au m3 €/m3 1017 662 739
horizontaux hors noyau en superstructure : coût global au m3 €/m3 675 505 639
poutre intérieure : coût global au m3 €/m3 1955 1421 2152
poutres de façade : coût global au m3 €/m3 1379 1505 3026
DOSSIER APS 3

LOT GROS ŒUVRE - Offre VCF du 22/12/08

Montant
Description des ouvrages
Total HT

RECAPITULATION GENERALE
Valeur Décembre 2008 - Hors tout Aléas

ENCADREMENT & MAITRISE TCE


DIRECTION DE CHANTIER 3 091 175
GROS ŒUVRE 7 601 090
LOGISTIQUE 1 678 140
SUIVI DES CES 4 870 970
SUIVI DES CET 4 584 910
TOTAL 21 826 285

COUTS DES ETUDES


ETUDES DE SYNTHESE TCE 3 200 000
ETUDES D'EXÉCUTION, METHODE & CONSEIL 5 175 000
TOTAL 8 375 000

FRAIS DE CHANTIER TCE


GROS ŒUVRE, INSTALLATIONS ET LOGISTIQUE TCE
GROS MATERIELS / ENGINS DE CHANTIER 8 354 116
CANTONNEMENTS / AGENCE 3 725 488
INSTALLATION DE CHANTIER 2 561 701
CONSOMMATIONS 2 750 452
FRAIS DIVERS 7 837 496
SECURITE 915 523
COFFRAGES / ETAIEMENTS 7 674 995
MOI (Main d'Oeuvre indirecte ) 3 259 876
FRAIS SPECIFIQUES 10 566 370
TOTAL 47 646 016

TRAVAUX DE GROS ŒUVRE


HORS MATERIEL & INSTALLATIONS DE CHANTIER GO

DEMOLITION / RECONSTRUCTION 4 955 769


TOUR - STRUCTURE BETON & METAL 62 152 017
BATIMENT BASE 5 039 921
OUVRAGES PARTICULIERS - TOUR & BATIMENT BASE 2 492 948
TOTAL 74 640 654

TOTAL LOT GROS ŒUVRE - Offre VCF du 22/12/08


Valeur Décembre 2008 - Hors tout Aléas 152 487 955

 
      

  

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