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(1856-1926)
par
Thierry Haustgen
&
Jérémie Sinzelle
Résumé
2. Le Traité
4. L’héritage
5. La renaissance
Résumé en Anglais
Recueil d’articles publiés dans les Annales Médico-Psychologiques
Chapitre 1
E. Kraepelin commence sa formation psychiatrique en 1877. Élève de Wundt
et von Gudden, il occupe à partir de 1886 plusieurs postes universitaires : à
Dorpat (Estonie), Heidelberg, puis Munich, où il fonde en 1917 le premier
institut de recherche psychiatrique indépendant. Outre son traité, ses travaux
ont porté sur la psychologie expérimentale, sur la psychiatrie sociale, légale,
transculturelle et sur l’histoire de la psychiatrie. Il est également l’auteur de
poèmes et d’écrits politiques controversés.
Chapitre 2
Le traité de psychiatrie d’E. Kraepelin connaît huit éditions entre 1883 et
1915, ainsi qu’une neuvième édition posthume en 1927, toutes publiées à
Leipzig. La première édition vraiment originale est la quatrième (1893), dans
laquelle apparaît le terme dementia praecox. La cinquième (1896) marque le
passage d’une approche symptomatique et/ou étiologique à une approche
clinico-évolutive des troubles mentaux. La sixième (1899), la plus diffusée,
systématise la définition, la description et les limites des principales affections
psychotiques. La huitième (1909Ŕ1915), la plus volumineuse, essaie
d’intégrer les apports de Bleuler et les critiques de l’école française. L’arrière-
plan théorique fait appel à divers courants de pensée : réalisme, monisme
psycho-physique, expérimentation, statistiques, naturalisme, évolutionnisme.
Dans un article de 1920, Kraepelin essaie de prendre en compte les apports
de la phénoménologie naissante.
Chapitre 3
Kraepelin a décrit le tableau clinique de plusieurs maladies mentales
évolutives, qui n’étaient pas connues sous cette forme avant lui, et les a
définitivement intégrées dans la nosographie psychiatrique : la démence
précoce, devenue schizophrénie ; la folie maniaque-dépressive, devenue
trouble bipolaire. Il a délimité le champ de la paranoïa (trouble délirant).
Enfin, il a isolé un groupe discuté entre cette dernière et la démence précoce :
celui des paraphrénies.
Chapitre 4
La classification de Kraepelin, discutée en Allemagne par Jaspers, l’école de
Wernicke et Kretschmer, aux États-Unis par Adolf Meyer, est, contrairement à
la légende, largement adoptée par Freud et les premiers psychanalystes
viennois. Elle est diffusée en France par Sérieux. Les élèves de celui-ci
(Masselon, Pascal) et les aliénistes de la Salpêtrière (Séglas, Deny) y font
connaître la démence précoce entre 1900 et 1911. Les travaux de Bleuler sont
tributaires des 6e et 7e éditions du manuel. Les critiques ultérieures de la
schizophrénie rejoignent celles de la Dementia Praecox .
Chapitre 5
Après 1945, la psychiatrie kraepelinienne est l’objet de remises en cause.
Dans le prolongement des courants psychanalytique et phénoménologique, le
concept de structure mentale remplace le paradigme de maladie, en tant
qu’entité morbide autonome définie par sa symptomatologie et son évolution.
À partir des années 1960, l’antipsychiatrie anglaise (Laing, Cooper) concentre
ses attaques sur la classification des troubles. Mais une « remédicalisation »
de la psychiatrie se manifeste à la fin des années 1970, sous la bannière des
« néo-Kraepeliniens » (Klerman) de l’école de Saint-Louis aux États-Unis. Les
DSM-III et IV entérinent la séparation entre schizophrénie et troubles de
l’humeur. Une « dimension » négative déficitaire (Andreasen) est décrite dans
les schizophrénies, qui évoque la Dementia Praecox . Par ailleurs, le
« spectre » bipolaire (Akiskal) s’inspire de la conception unitaire de la folie
maniaque-dépressive. Alors que l’image de Kraepelin dans 1’historiographie
psychiatrique était défavorable pendant les années 1960 et 1970, de
nombreux travaux historiques français et anglo-américains le réhabilitent à
partir de 1980.
1. L’homme en son temps
Jusqu’à une date récente, les psychiatres devaient opter entre devenir
freudien ou kraepelinien, entre se réclamer du conquistador ou du bâtisseur,
avec une série de signifiants contraignants, antagonistes et lourds de
conséquences : névrose ou psychose, cabinet ou hôpital, écoute ou
observation, théorie ou empirisme, sens ou description, psychopathologie ou
clinique, subjectivité ou objectivité, psychothérapie ou médicament… Cette
suite de simplifications abusives a perduré jusqu’à ce qu’une approche
historique plus nuancée relativise les présupposés invariablement accolés à la
figure du maître de Munich, tout en révélant des pans assez sombres de son
engagement politique tardif [1 et 2].
Quel bilan tracer de ces années de jeunesse ? On constate tout d’abord que la
vocation de chercheur éclectique et d’enseignant de Kraepelin s’est affirmée
de bonne heure, au détriment de ses activités soignantes. Il confie d’ailleurs
dans ses mémoires n’avoir jamais ressenti d’attrait ni eu aucun talent pour la
pratique médicale. On est ensuite frappé par les incessantes mutations
hospitalières entre Würzburg, Munich, Leipzig, Leubus, Dresde, Dorpat, entre
la Bavière, l’Allemagne du Nord, la Silésie et l’Estonie. Goût des voyages, qui
le conduira à devenir un pionnier de la psychiatrie transculturelle ?
Éparpillement des centres universitaires de langue allemande, qui contraste
avec la centralisation parisienne, avec les carrières de Charcot et Magnan,
tout entières dans le même hôpital ? Enfin, non sans ironie, on remarque
qu’un homme qui incarnera dans l’histoire la psychiatrie organiciste et
biologisante a vu sa promotion universitaire retardée par son intérêt précoce
pour la psychologie, par ses prises de position en faveur de la rééducation des
délinquants et par son faible attrait pour la neuropathologie Ŕ contrairement à
Freud !
« Les techniques nouvelles ont rendu les salles d’isolement inutiles et il n’en
existe donc pas. Les cas les plus graves, autrefois soumis à l’isolement, sont
maintenant traités le plus souvent par balnéothérapie […]. Sauf en cas de
nécessité absolue, rien n’est verrouillé, même pas les fenêtres. Les malades
peuvent se déplacer librement dans les locaux aménagés avec goût, s’y
occuper, s’entretenir entre eux. Tout est fait pour qu’ils oublient la contrainte
qui les maintient ici […]. L’assemblée fut profondément émue d’apprendre la
manière barbare avec laquelle on traitait autrefois les aliénés, comme le
souligna le Dr Kraepelin en présentant des camisoles de force […]. Les
visiteurs repartirent avec le sentiment d’avoir pénétré quelques instants dans
les secrets de cette profession, grâce à un savant remarquable, qui est en
même temps un véritable ami de l’humanité » [7].
Dans son article de 1906, « Le crime comme maladie sociale », il met l’accent
sur le déterminisme biologique des comportements criminels et, revenant sur
ses premiers écrits, fustige un système judiciaire qui tourne le dos aux
sciences naturelles [1]. La même année, il fonde la « Société pour
l’établissement des centres de cure de l’alcoolisme », mais doit abandonner
son projet en 1912, devant les obstacles financiers mis en avant par le
gouvernement bavarois. Son engagement dans la psychiatrie sociale tourne
court. Mais, en 1907, son assistant F. Plaut établit l’origine syphilitique de la
paralysie générale, l’année qui suit l’ouverture d’un laboratoire de sérologie à
la clinique et l’application à grande échelle du test de Wassermann aux
malades mentaux [1].
Kraepelin perdra une autre bonne occasion de se taire lorsqu’à partir de 1914,
il souscrira à la condamnation pénale de l’homosexualité, forme de
« dégénérescence émotionnelle » pour lui, et à la thèse de la séduction
comme facteur étiologique de ce qu’il appelait la « confusion sexuelle ». Ses
assistants Gaupp et Willmanns avaient pourtant signé avant la guerre la
pétition du sexologue Magnus Hirschfeld réclamant l’abrogation du
paragraphe 175 du code pénal qui réprimait l’homosexualité [8].
Références
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[10] Pichot P. Un siècle de psychiatrie Paris : R. Dacosta (1983).
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[13] Weber M.M., Engstrom E.J. Kraepelin’s “diagnostic cards” : the confluence of clinical
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2. Le Traité
Lorsqu’il publie la première édition de son traité, Kraepelin n’a que 27 ans.
Entre ce coup d’essai qui lui vaudra son poste universitaire estonien et
l’édition publiée un quart de siècle plus tard, alors que sa renommée est
assurée, l’ouvrage passe d’un à quatre volumes et de 380 à 2500 pages [3].
C’est donc toute l’histoire de la nosographie psychiatrique au tournant des XIXe
et XXe siècles qu’on voit défiler au rythme des éditions successives. Il n’est pas
indifférent que les versions de l’œuvre aient été publiées à Leipzig, principal
centre de l’édition allemande depuis le XVIIe siècle, loin du lieu d’exercice
professionnel de l’auteur à partir de la deuxième édition. C’est une nouvelle
« bataille des Nations » que vont se livrer à fleurets mouchetés partisans et
adversaires (surtout français) du traité. Nous aborderons l’architecture des
différentes éditions, puis l’arrière-plan théorique de leur auteur, après avoir
resitué le manuel de Kraepelin parmi ses concurrents français et allemands.
• la catatonie de Kahlbaum ;
Cette édition majeure repose donc à la fois sur les critères étiologiques de
Krafft-Ebing (dégénérescence) et évolutifs de Kahlbaum, dont l’influence sur
Kraepelin commence alors à s’affirmer, 20 ans après ses descriptions
magistrales. L’observation de nombreux patients chroniques à la clinique
d’Heidelberg a sans doute déterminé l’importance alors attribuée aux notions
de démence et de détérioration.
L’arrière-plan théorique
Comme pour Pinel, il est difficile de rattacher Kraepelin à un courant théorique
déterminé. Bien que n’étant pas philosophe, le clinicien d’Heidelberg se réfère
dans ses mémoires aux penseurs de l’empirisme, Locke et Hume, comme au
statisticien Galton, rencontré durant un voyage à Londres. Mais il se place
plus dans le prolongement du courant naturaliste que de l’empirisme logique
néokantien. Son ouvrage historique Cent ans de psychiatrie accorde une large
place à Guislain, Griesinger, Kahlbaum, aux neuroanatomistes et aux
histopathologistes qui ont pris leur suite (Vogt, Brodmann), mais aussi aux
cliniciens français « favorisés par leur don de l’observation fine, par leur
intelligence pénétrante et par leur clarté d’exposition » [8] (il considère
toutefois comme une image mythique l’abolition des chaînes par Pinel). On
rapporte que, lors d’une visite au laboratoire d’Alzheimer, il laissa tomber :
« Oui, oui, le moulin anatomique tourne, mais bien lentement » [9].
À la suite de P. Hoff [5], on peut établir une filiation entre sa pensée clinique et
les concepts de réalisme (selon Wundt : primat de la conscience), de
parallélisme moniste psychophysique (inspiré de Griesinger, opposé au
réductionnisme matérialiste et aux « mythologies cérébrales »),
d’expérimentation (comme alternative à l’introspection, à la subjectivité, au
déterminisme biographique), enfin de naturalisme évolutionniste d’inspiration
darwinienne.
Les registres cliniques du niveau 2, en lien avec des étapes de plus en plus
archaïques de l’évolution, susceptibles de se chevaucher, sont de gravité
croissante : registre délirant et émotionnel ; registre schizophrénique et
hallucinatoire ; registre encéphalopathique et oligophrénique.
Références
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[2] Beer M.D. The endogenous psychoses : A conceptual history Hist Psychiatry 1996 ;
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[5] Hoff P. Kraepelin A History of Clinical Psychiatry London : The Athlone Press (1995).
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[7] Kraepelin E. The manifestations of insanity, 1920. Translated and with an introduction
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[8] Kraepelin E. Cent ans de psychiatrie, 1918. Traduction française et avant-propos de M.
Géraud Bordeaux : Mollat (1997).
[9] Maurer K., Alzheimer U. Vie d’un médecin, histoire d’une maladie Traduction
française. Paris : Michalon (1999).
3. Les grandes entités cliniques
La démence précoce
C’est initialement pour désigner une psychose juvénile évoluant vers
l’affaiblissement psychique, proche de l’hébéphrénie de Hecker (1871), que
Kraepelin traduit en latin un terme qu’avait le premier utilisé B.A. Morel
(1809Ŕ1873) dans ses Études cliniques de 1852, comme synonyme de « type
d’imbécillité consécutive », avant de le reprendre dans divers passages de son
Traité des maladies mentales de 1860 : « Une espèce de torpeur voisine de
l’hébétement remplaça l’activité première et, lorsque je le revis, je jugeai que
la transition fatale à l’état de démence précoce était en voie de s’opérer […].
Telle est, dans bien des cas, la funeste terminaison de la folie héréditaire. Une
immobilisation soudaine de toutes les facultés, une démence précoce
indiquent que le jeune sujet a atteint le terme de la vie intellectuelle dont il
peut disposer » [7, 8 et 17].
La locution avait été réutilisée une génération plus tard en France par G.C.
Gauthier (« La démence précoce chez les jeunes aliénés héréditaires », thèse
sous la présidence de G. Ballet, 1883), puis par E. Charpentier
(communication sur les démences précoces au congrès annuel de médecine
mentale de Rouen en 1890). En Allemagne, H. Schüle utilise le terme en latin
dans la 3e édition de son traité (1886), comme équivalent d’arrêt psychique
prématuré, de stade évolutif terminal des psychoses pubertaires sans lésion
(sur cerveau sain). Schüle décrit par ailleurs la catatonie de Kahlbaum comme
une « hébéphrénie comportant une névrose tonique ».
Arnold Pick (1851Ŕ1924) Ŕ plus célèbre pour la démence présénile qui porte
son nom Ŕ signale lui aussi, dans un article sur la « Démence chronique
primaire de l’âge juvénile » (1891), l’existence d’une démence précoce ,
psychose débutant entre 20 et 30 ans, avec comportement infantile, troubles
de l’attention, distractibilité, pensée « déchirée », « incohérente », marquée
par un « défaut de synthèse », qui engloberait l’hébéphrénie et la catatonie,
mais sans caractéristique anatomo-pathologique sous-jacente [17]. De Schüle
et Pick, Kraepelin reprend en 1893 le concept d’incohérence de la pensée
(Zerfahrenheit), mentionné en France dès 1834 par Leuret, comme synonyme
de trouble des associations.
En 1904 (7e édition), Kraepelin intègre les travaux d’Erwin Stransky (1877Ŕ
1962) sur l’ataxie intrapsychique, publiés la même année, dans le tableau de
la maladie. Il fait alors de la « perte de l’unité intérieure » entre intellect,
humeur et volonté le mécanisme fondamental de la démence précoce,
préfigurant ainsi la discordance de Chaslin, mais dans une optique assez
différente de la Spaltung de Bleuler (scission au sein des facultés), décrite
quelques années plus tard. Le chapitre sur la démence précoce passe dans
cette édition à 187 pages (contre 77 dans celle de 1899). Kraepelin assouplit
sa position initiale sur le pronostic. Il rend compte de rémissions complètes
dans la catatonie, signale la possibilité de rares cas de guérison totale et de
cas un peu plus fréquents de guérison avec déficit léger, à l’encontre du
fatalisme qui lui est souvent attribué [17].
L’édition de 1913 (la 8e) est paradoxalement la plus mal connue des Français,
alors qu’elle est aussi la plus compatible avec leurs spécificités
nosographiques en ce qui concerne la démence précoce, à l’encontre du
groupe des schizophrénies de Bleuler [2, 3, 4, 7, 8 et 10]. Certains apports de la
contribution de Bleuler, parue deux ans plus tôt (1911), sont toutefois
entérinés. La base anatomopathologique reste spéculative, mais les
symptômes sont redéfinis à partir d’un trouble fondamental traduisant la
« perte de l’unité intérieure dans les pensées, les sensations, le
comportement, l’émoussement des émotions supérieures, les troubles
spécifiques de la volonté, avec délire de contrainte et d’influence, et enfin le
déclin de la personnalité avec atteinte relative des connaissances
acquises » [17]. Pour Kraepelin, « la destruction de la personnalité psychique et
du concert interne entre toutes les parties du mécanisme psychique est le
véritable trouble fondamental dans la démence précoce ». Sont expressément
cités la « perturbation schizophrénique qui doit attirer vers elle ce délitement
que nous rencontrons dans la démence précoce », l’autisme et l’ambivalence.
Les troubles associatifs de Bleuler sont mentionnés. Les idées délirantes,
fréquentes, mais inconstantes, sont classées par thèmes. Les perturbations de
l’affectivité sont passées en revue : indifférence, rires immotivés, perte de la
compassion, disparition des sentiments moraux, insensibilité à la douleur
physique, ataxie sentimentale, état d’esprit à contre-pied, « démence
émotionnelle » [17].
Mais c’est le chapitre des troubles de la volonté (Wille) qui est le plus
développé. « L’activité de la volonté constitue bien la base la plus importante
de la personnalité psychique », écrit Kraepelin. La filiation est nette avec
l’attention volontaire de Baillarger et les maladies de la volonté de Ribot. On
retrouve la plupart des manifestations isolées par Kahlbaum dans le tableau
de la catatonie [9] : obéissance automatique (suggestibilité paradoxale),
impulsivité, excitation, stéréotypies, maniérisme, paraboulie, altérations des
capacités pratiques, négativisme. C’est à ce dernier symptôme, et non à des
perturbations de la libido ou des complexes, que se rattachent pour Kraepelin
l’autisme et l’ambivalence de Bleuler [17].
Les huit formes de cette mouture finale de la démence précoce, alors classée
« démence endogène » (endogene Verblödung), sont [2 et 17] :
La folie maniaque-dépressive
Dès 1883, Kraepelin intègre la folie circulaire dans sa classification. Ce n’est
pas alors une position bien originale dans la psychiatrie allemande. L. Meyer
avait publié un article sur les « maladies mentales circulaires » en 1874, L.
Kirn un autre sur les « psychoses périodiques » Ŕ dont la psychose cyclique Ŕ
en 1878. Krafft-Ebing traite de la folie circulaire dans son manuel (1878).
Enfin, Kahlbaum introduit le terme et le concept de cyclothymie, considérée
comme un type atténué de folie circulaire, en 1882 [1 et 6].
Pour tous les auteurs, l’affection a été décrite à la génération précédente. Dès
1845, Griesinger qualifie de cycle la « transition de la mélancolie à la manie et
l’alternance de ces deux formes », par le canal d’une anxiété douloureuse se
transformant progressivement en agitation. Mais on se réfère surtout, comme
le fera Kraepelin lui-même, aux contributions françaises de J. Baillarger et J.-
P. Falret (1854). À la folie à double forme et à la folie circulaire, viennent
s’adjoindre la folie alterne (Delaye, J. Falret fils), la folie intermittente
(Magnan), la folie périodique (G. Ballet), chaque nouvelle forme décrite
englobant les précédentes à la manière d’une poupée gigogne, tandis que
paraissent les premières éditions du traité de Kraepelin.
La paranoïa
À partir de 1893, Kraepelin adopte le terme grec de paranoïa pour désigner la
Verrücktheit (folie systématisée). Passé dans la langue latine, il servit
longtemps de synonyme à folie en allemand. Il est employé pour la première
fois dans un ouvrage de psychiatrie par Heinroth (1818), au sens de lésion
intellectuelle sans affaiblissement. Griesinger (1845) fait succéder la
Verrücktheit à la manie et à la mélancolie, dans le cadre de l’Einheitspsychose
(psychose unitaire). Il faut attendre Kahlbaum (1863) pour que soit décrite
une paranoïa primitive, distincte des perturbations de l’humeur, elles-mêmes
dénommées dysthymia [8 et 9]. Krafft-Ebing (1878) en fait également une
maladie autonome, mais la rattache au groupe des dégénérescences
psychiques, tandis que Westphal décrit une paranoïa aiguë. Mendel (1881)
oppose paranoïa hallucinatoire, évoluant vers l’affaiblissement intellectuel, et
paranoïa combinatoire, délire systématisé sans troubles perceptifs.
Les paraphrénies
L’édition de 1913 marque également la naissance d’un second groupe de
« démences endogènes » (endogenen Verblödungen), qui vient occuper le
champ de l’ancienne paranoïa hallucinatoire, que Kraepelin retranche alors de
la démence précoce paranoïde : celui des quatre formes de paraphrénies,
dont la dénomination reprend un terme de Kahlbaum tombé en désuétude,
forgé par l’aliéniste de Königsberg en 1863 pour désigner deux catégories
d’affections mentales dont le développement coïncidait avec une période de
l’existence (paraphrenia senilis ou presbyophrenia, paraphrenia hebetica ou
hebephrenia) [9].
Mais Kraepelin l’utilise dans une acception très différente, celle d’un groupe de
manifestations délirantes florides, frappant l’intellect et le jugement,
épargnant les sphères affective et volitionnelle (ce qui les rapproche de la
paranoïa), avec longue conservation de la personnalité et maintien de
l’adaptation sociale [5]. Il distingue un peu artificiellement :
En France, c’est Paul Sérieux qui fait connaître la 6e édition en 1900 : « Des
conceptions très hardies, des aperçus très originaux sont émis par le
professeur de Heidelberg. Ce qui fait le puissant intérêt de son œuvre, c’est
que sa classification ne repose point sur des considérations théoriques […]. Le
Professeur Kraepelin a pris pour base la clinique et surtout l’évolution des
psychoses. […] Cette classification est appelée, croyons-nous, à rendre des
services aux cliniciens en introduisant dans la pathologie mentale les
méthodes de la pathologie interne » [36]. Toutefois, les traités qui paraissent
en France avant 1914 n’adoptent pas la classification kraepelinienne, qu’il
s’agisse de Gilbert Ballet, de Chaslin ou de Régis. Ce dernier dénonce en 1906
« le caractère non méthodique de ses divisions, la multiplicité et
l’enchevêtrement de ses formes, sa terminologie souvent peu précise » [33].
En 1903, le manuel de Rogues de Fursac reprend néanmoins les conceptions
de la folie maniaque-dépressive. Les travaux français sur les délires
chroniques sont en partie à l’origine des modifications de la 8e édition (voir
3epartie). En 1922, le manuel de Dide et Guiraud se rapproche des positions
kraepeliniennes, la démence précoce apparaissant sous le nom d’hébéphrénie.
En 1932, dans la partie historique de sa thèse, Lacan mentionne
abondamment et élogieusement Kraepelin : « En orientant avec une grande
force la méthode clinique sur des critères d’évolution et de pronostic, il lui a
fait porter ses suprêmes et plus beaux fruits » [24]. Kraepelin est après Freud
l’auteur le plus cité dans les trois volumes des Études psychiatriques de Ey
(112 références, contre 59 à Bleuler) [15]. Le maître de Bonneval rend un
vibrant hommage au professeur de Munich 100 ans après sa naissance
(1956) : « Emil Kraepelin est le véritable fondateur de la psychiatrie classique
des entités. C’est son glorieux mérite. Même si sa nosographie “systématique”
a, depuis 50ans, paru à beaucoup de cliniciens être trop rigoureuse et étroite,
elle demeure comme un prototype du travail clinique, un modèle de la lente et
minutieuse observation qui sont les qualités dont se sont toujours réclamés
les grands cliniciens français » [16]. Dans ses deux premières catégories, la
classification française des troubles mentaux de l’INSERM reprend en 1968 la
dichotomie des psychoses kraepeliniennes.
Entre 1900 et 1911, la démence précoce de Kraepelin s’impose dans les pays
francophones, en dépit de quelques résistances. « Les idées de Kraepelin ont
rayonné dans tout le monde scientifique, elles se sont répandues même là où
elles se sont trouvées le plus contestées », écrira Constanţa Pascal [31]. Dès
1899, avant la parution de la 6e édition, Christian, médecin de Charenton, fait
paraître dans les Annales Médico-Psychologiques un important mémoire en
cinq parties sur l’entité [7]. Il ne s’y réfère qu’à la 4eédition, dans laquelle la
dementia praecox se limite à l’hébéphrénie, et ne cite Kraepelin que parmi
beaucoup d’autres auteurs. Par la suite, le mémoire de Christian sera mis en
avant dans les historiques français, au même titre que les travaux beaucoup
plus anciens de Morel.
La folie maniaque-dépressive
Références
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5. La renaissance
Les « néo-kraepeliniens »
C’est néanmoins par la voie de la psychiatrie anglo-américaine que Kraepelin
va retrouver un prestige bien compromis à la fin des années 1960. Un groupe
de cliniciens de l’université Washington à Saint-Louis (Robins, Guze et
Winokur) rejette la classification psychiatrique alors en vigueur aux États-Unis
(celle du DSM-II) comme dépourvue de fiabilité, au profit de critères de
recherche empiriques [13]. En 1970, ils publient un article qui récapitule les
cinq étapes nécessaires à la validation d’une classification psychiatrique :
description clinique, examens de laboratoire, critères d’exclusion, études de
suivi, études familiales. Pour eux, « la classification est le diagnostic ». Guze
prône une « remédicalisation » de la psychiatrie. Ces cliniciens sont rejoints
par John Feighner, dont le nom servira à désigner les nouveaux critères
diagnostiques. Il est en 1972 le premier auteur d’un article de référence des
Archives of General Psychiatry, qui va devenir le papier le plus cité de la
presse psychiatrique.
C’est en 1978 que ce groupe de chercheurs est qualifié par leur collègue de
Harvard, Gerald Klerman, de « néo-kraepelinien » [13 et 23]. Ce dernier énonce
une profession de foi en neuf points. Pour lui, la psychiatrie est une branche
de la médecine fondée sur la connaissance scientifique et qui traite des
malades. Il existe une frontière entre le normal et le pathologique. Les
maladies mentales sont multiples et distinctes (opposition à la psychose
unique et à la « structure » psychotique). Ce ne sont pas des mythes
(opposition à l’antipsychiatrie de Szasz). L’accent doit être mis sur les aspects
biologiques des maladies, sur leur diagnostic et leur classification. Des critères
diagnostiques codifiés doivent être enseignés, dont la fiabilité et la validité
doivent être testées par des méthodes statistiques.
La décennie 1990 est celle d’un regard apaisé sur l’œuvre kraepelinienne.
Garrabé (1992) consacre un chapitre de son Histoire de la schizophrénie à la
dementia praecox , de la cinquième à la huitième édition, relatant en détail
les controverses avec Christian et Serbsky [16]. Dans l’histoire de la psychiatrie
clinique dirigée à Londres par Berrios et Porter (1995), trois chapitres sont
consacrés à Kraepelin. Hoff (de Munich) étudie les concepts théoriques et
l’évolution de la nosologie [21]. Berrios et Hauser passent en revue l’image de
Kraepelin chez les historiens, les années de formation, le concept de maladie
et les réactions françaises à la nosologie kraepelinienne [9]. Engström aborde
les aspects sociaux et institutionnels [15]. Le nom de Kraepelin est indexé 73
fois dans l’histoire de la sémiologie mentale de German Berrios (1996)[7]. De
nombreuses contributions de sa revue History of Psychiatry sont, à partir de
1991, consacrées au maître de Munich. Un numéro spécial a été publié en
2007, ayant pour thème : « Faire l’histoire de Kraepelin : une grande
instauration ? » Dans sa présentation de la traduction française de la folie
maniaque-dépressive, Marc Bourgeois (1997) réfute à nouveau la légende
noire propagée dans la grande presse sur un « géant de la psychiatrie ». Dans
les ouvrages de psychiatrie clinique et biologique, il ne semble plus démodé
de consacrer un chapitre à Kraepelin, comme l’illustrent les historiques des
troubles bipolaires de Marc Géraud [17] ou des états mixtes de Jean-Albert
Meynard [29].
Ces dernières années, des points de vue contrastés sont toujours formulés sur
Kraepelin. Hochmann reste fidèle à la vision antipsychiatrique : « Cette
nosologie pessimiste vise plus à justifier l’isolement des malades mentaux,
réputés dangereux, dans des asiles fermés, qu’à inspirer une thérapeutique
active. Elle installe le psychiatre dans une position de gardien de l’ordre » [20].
Mais Quétel rappelle l’opposition de Kraepelin au concept de dégénérescence
et voit en lui « l’incontestable maître à penser de l’école allemande et au-delà
de la nosologie européenne, c’est-à-dire mondiale » [34]. Au début du XXIe
siècle, Kraepelin continue à ne laisser personne indifférent !
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[34] Quétel C. Histoire de la folie de l’Antiquité à nos jours Paris : Tallandier (2009).
Imprimé artisanalement par J.S.
EMIL KRAEPELIN’s BIOGRAPHY
By Thierry Haustgen & Jérémie Sinzelle