Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
www.laconferencehippocrate.com
La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
NEUROLOGIE
PÉDIATRIE
RÉANIMATION - URGENCES
Épilepsie de l’enfant
11-235
Dr Sylvie JORIOT
Chef de Clinique
www.laconferencehippocrate.com 1
II-235
Épilepsie de l’enfant
Objectifs :
– Diagnostiquer les principales formes d’épilepsie de l’enfant et de
l’adulte.
– Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge.
– Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
– Décrire les principes de la prise en charge au long cours.
A/ Généralités
www.laconferencehippocrate.com 2
Épilepsie de l’enfant II-235
La prévalence de l’épilepsie est de 6,8 pour 1 000. Son incidence est élevée aux deux âges de la
vie : les enfants et les personnes âgées (figure 1).
C/ Pronostic
Le pronostic dépend de la réponse au traitement antiépileptique. On peut distinguer 4
groupes :
a) Épilepsies bénignes : elles entrent en rémission de façon spontanée quel qu’en soit le traite-
ment ; les explorations sont normales.
d) Épilepsies pharmacorésistantes : elles sont de mauvais pronostic, elles résistent à tous les
traitements antiépileptiques. Les examens neurologiques et les explorations sont anormaux.
Les patients ont de réelles difficultés intellectuelles, d’intégration scolaire et sociale.
1. Crises généralisées
● On assiste à une rupture de contact puis l’apparition de mouvements, il existe une amnésie
de la crise.
● Les mouvements peuvent être :
– toniques : contraction musculaire soutenue, non vibratoire, d’une durée de quelques
secondes à quelques minutes ;
– cloniques : secousses cloniques bilatérales, progressivement ralenties, de durée variable ;
– myocloniques : secousses musculaires brutales telles un sursaut, brèves, bilatérales et symé-
triques, qui peuvent entraîner une chute ;
– tonico-cloniques : 4 phases : tonique d’une durée de quelques secondes, tonique d’abord en
flexion puis en extension, clonique avec un relâchement intermittent entraînant des
secousses bilatérales, s’espaçant régulièrement, phase stertoreuse avec reprise de la respira-
tion bruyante ;
– absences simples : rupture de contact brève de quelques secondes, interruption de l’activi-
té en cours, pas de mouvements associés, début et fin brusques, puis reprise de la conscien-
ce et des activités ;
www.laconferencehippocrate.com 3
Épilepsie de l’enfant II-235
2. Crises partielles
La conscience est conservée, l’enfant peut décrire les symptômes s’il est assez âgé.
www.laconferencehippocrate.com 4
Épilepsie de l’enfant II-235
● C’est la plus fréquente des épilepsies de l’enfant entre 3 et 13 ans. Il existe une prédominan-
ce masculine. Le pronostic est excellent et la guérison est de règle autour de la puberté.
● Les crises sont partielles avec une conscience conservée, d’horaire nocturne, en fin de nuit.
Elles sont cloniques ou tonicocloniques, impliquent l’hémiface et la région bucco-pharyngo-
laryngée.
● Elles peuvent s’étendre aux membres supérieurs ou se généraliser secondairement. Les
parents sont réveillés par des vocalises liées à l’anarthrie.
● L’EEG intercritique montre des pointes centro-temporales, lentes, biphasiques, de haut vol-
tage, qui se potentialisent dans le sommeil. Un enregistrement de sieste est donc indispen-
sable.
● Le traitement des crises n’est pas indispensable si les crises sont peu fréquentes (1 à 2 par an).
Il dépend du retentissement psychologique de la maladie sur la famille. Si un traitement est
institué, il doit proposer un seul médicament.
b) Épilepsie-absences de l’enfant
● C’est une forme fréquente d’épilepsie généralisée chez l’enfant normal, d’âge scolaire avec un
pic de fréquence autour de 7 ans. Une prédominance féminine est retrouvée.
● Les crises sont très fréquentes (10 à 200 par jour).
● Il s’agit de rupture de contact brève de quelques secondes ; elles sont simples ou complexes.
L’enfant ne se souvient pas de la crise. Elles sont favorisées par l’hyperpnée.
● L’EEG est caractéristique avec un départ et une fin brusques, des pointes-ondes à 3 Hertz,
régulières, symétriques, bilatérales et synchrones.
● L’évolution est variable. Les crises sont contrôlées par le traitement, mais, dans 40 % des cas,
à l’adolescence surviennent des crises tonicocloniques isolées ou associées à des absences.
Des facteurs de moins bon pronostic sont : la survenue des crises après 8 ans, le sexe mascu-
lin, la résistance au traitement, la photosensibilité des crises. Ces éléments sont contrôlés par
le traitement mais dont l’arrêt est difficile.
www.laconferencehippocrate.com 5
Épilepsie de l’enfant II-235
a) Syndrome de West
● Ce sont des spasmes infantiles qui surviennent chez le nourrisson de moins de 1 an. La des-
cription clinique correspond à une triade :
– spasmes infantiles en flexion ou en exten-sion ;
– arrêt du développement psychomoteur et régression des acquisitions ;
– hypsarythmie à l’EEG : tracé anarchique dans la veille et le sommeil.
● Les spasmes sont en salves de 10 à 20 spasmes, sur une durée de 10 à 20 minutes, survenant
fréquemment au changement de vigilance (endormissement ou éveil).
● L’EEG intercritique est désorganisé, anarchique, sans tracé de base individualisable : hysa-
rythmique.
● Les spasmes s’accompagnent de grandes ondes lentes, amples, suivies d’une dépression (apla-
tissement) du tracé.
● Deux groupes sont reconnus :
– les formes symptomatiques (2/3 des cas) de lésions cérébrales sévères anté- ou périnatales ;
ce sont les formes les plus péjoratives ;
– les formes idiopathiques (1/3 des cas), les plus favorables mais d’évolution variable, sans
lésions cérébrales reconnues.
b) Syndrome de Lennox-Gastaut
● Il s’agit de l’une des formes les plus sévères des épilepsies de l’enfant. Le syndrome associe
trois types de crises :
– des crises toniques nocturnes, dont le contrôle par le traitement est difficile ;
– des absences atypiques ;
– des crises atoniques.
● L’âge de début se situe avant 8 ans, avec un pic de fréquence entre 3 et 5 ans.
● Les crises toniques sont diurnes ou nocturnes, symétriques ou non, axiales ou globales, avec
ou sans pertes de connaissance. L’association de crises atoniques et toniques engendre des
chutes traumatisantes, caractéristiques du syndrome. Les absences sont à début et fin pro-
gressifs, les états de mal non convulsifs (status) sont fréquents.
● L’EEG comporte un tracé de fond perturbé, des pointes-ondes lentes, amples, diffuses, de
faible fréquence (2,5 Hz). Des décharges de rythmes rapides à 10 Hz associées aux crises
toniques sont caractéristiques.
● L’évolution est sévère, avec une détérioration intellectuelle, des troubles de la personnalité et
du comportement.
● Le syndrome est symtomatique de lésions cérébrales congénitales ou acquises. Il peut être
idiopathique, si le développement est normal avant le début de l’épilepsie.
● Les différents traitements, en polythérapie, sont transitoirement efficaces.
www.laconferencehippocrate.com 6
Épilepsie de l’enfant II-235
F/ Notion de traitement
1. Le traitement de la crise en urgence
On utilise du Valium (diazépam) en intrarectal à la dose de 0,5 mg/kg, à répéter une fois si c’est
inefficace.
2. Le traitement de fond
Il utilise une molécule, adaptée au type de crise (partielle ou généralisée) et au syndrome.
(Cf. tableau ci-dessous)
G/ Prise en charge
● Les enfants épileptiques doivent avoir une activité scolaire et extrascolaire adaptée à leur
âge ; ils ne doivent pas en être exclus. Il suffit, de la part des adultes, d’un peu plus d’atten-
tion.
● Si le principe est simple, la pratique est différente, et il n’est pas rare que les enfants épilep-
tiques soient exclus de l’école ou surprotégés par les parents. Un suivi psychologique peut
être utile à l’enfant atteint d’une maladie chronique et qui peut la rejeter à des moments par-
ticuliers de sa vie (adolescence), aux parents pour les aider à maîtriser leur angoisse et à vivre
le plus simplement possible cette affection chronique.
● Contrairement à l’adulte, qui ne peut pratiquer certaines professions, l’enfant sous la sur-
veillance d’adultes mène une vie la plus normale possible.
● Classification internationale des épilepsies et syndromes épileptiques (1989).
www.laconferencehippocrate.com 7
Épilepsie de l’enfant II-235
Classification internationale
des épilepsies et syndromes
épileptiques (1989)
1. Épilepsies et syndromes épileptiques focaux
b) Symptomatiques
● Syndrome de Kojewnikow, ou épilepsie partielle continue.
● Épilepsies lobaires (temporale, frontale, pariétale, occipitale).
c) Cryptogéniques
Lorsque l’étiologie reste inconnue, on parle d’épilepsie partielle cryptogénique.
c) Symptomatiques
● Sans étiologie spécifique.
● Encéphalopathie myoclonique précoce.
● Encéphalopathie infantile précoce avec suppression-bursts.
● Autres.
Syndromes spécifiques.
De nombreuses étiologies métaboliques ou dégénératives peuvent entrer dans ce cadre.
www.laconferencehippocrate.com 8
Épilepsie de l’enfant II-235
4. Syndromes spéciaux
● Crises occasionnelles, liées à une situation épileptogène transitoire :
– convulsions fébriles ;
– crises uniquement précipitées par un facteur toxique ou métabolique ;
– crise isolée, état de mal isolé. ■
Pointes centro-temporales.
Épilepsie à paroxysme rolandique
(= pointe centro-temporale).
www.laconferencehippocrate.com 9
Épilepsie de l’enfant II-235
www.laconferencehippocrate.com 10