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Un amour dissociatif

Je me rappelle de ce temps, ce temps où le pétale d’un cerisier flottant, lentement, tombant sur le
cours d’eau de la rivière katsura-gawa me fit penser à la descente d’un être au plus profond de lui
même à la suite d’une séparation.

Je le disais si bien, un pétale tombe de cinq centimètres par secondes, jusqu’à son repos sur le sol,
de l’extérieur cela semble tellement cours, attendrissant, poétique. Sans véritablement se mettre à la
place du protagoniste qui lui vis chaque centimètres comme un nouveau poignard dans le coeur.

Mais il serait faux de s’arrêter en surface, là où vous cher passants reprenez votre chemin tout
sourire main dans la main avec votre compagne, satisfait du spectacle que vous venez d’admirer,
n’avez point vu la vague qui délivrant la pétale de toutes ses souffrances, la flétrit et l’emmène dans
ses plus profonds abysses marins.

Où suis-je? Qu’importe, je n’ai plus mal, je vais pouvoir recommencer à vivre ! Mais tout à coup,
l’on remarque que quelque chose a changé, on ne reconnait plus sa famille, ses congèneres, et par
dessus tout, on ne reconnait plus l’objet de nos désirs les plus charnelles. On ne voit les choses
qu’au travers de cette brume d’eau, cette ligne inatteignable, qui nous rejette toujours plus au fond
dés lors que l’on veut remonter à la surface.

Il fait froid, on se sent seul, on a peur. Puis on remarque qu’à la surface il y a quelqu’un, notre
silhouette, c’est nous ! Enfin, pas totalement c’est plutôt notre enveloppe. Cette chair qui nous
permet d’exister physiquement en tant qu’être humain dans notre monde.

Alors on le regarde, on l’observe se prendre des murs invisibles, se questionner, s’autodétruire, se


torturer à la recherche de réponses à des questions qui n’existent pas parce qu’il lui manque quelque
chose d’essentiel : nous.

C’est ainsi, sans âme, sans coeur, nous ne sommes que des machines, nous mangeons, nous
dormons, nous parlons, sans véritablement ressentir ou avoir l’impression de le faire.

Nous pendant ce temps, sommes toujours au fond de la rivière, résolu à ne plus être capable de
remonter à la surface nous observons ce qu’il y a autour de nous, tout est teinté d’un bleu marin et
d’un noir sombre et glaçant, on ne reconnait plus rien. Même nos souvenirs les plus heureux ou
douloureux ne sont plus que le reflet d’une absente couleur de la lumière qui ne nous parviens plus.

La musique, elle n’est plus qu’un espèce de bruit, un vacarme assourdissant sans sens ni objet, les
femmes ne sont plus qu’une silhouette avec des formes vous regardant avec un regard charmeur
sans effet sur vous. Les séries, les films…

Vous avez beau chercher les photos, vidéos, souvenirs que vous avez mis tant d’énergie à oublier le
résultat est consternant : vous n’observez plus que la vie, le passé d’une personne qui n’est pas le
vôtre. Ou plutôt qui n’est plus le votre? En vérité il est très compliqué de mettre des mots dessus.
Quand vous n’êtes plus vraiment vous qui êtes vous vraiment? C’est une question anodine que
posait un artiste des temps modernes au détour d’une mélodie enivrante pour qui ne s’est jamais
posé la question.

Comment nous définissons nous ? Par nos convictions? Par nos sentiments? Par notre être? Mais
lorsque tout cela disparait au profit d’un sombre reflet de vous méconnaissable qui êtes vous
vraiment?

Le temps s’est arrêté, plus rien ne vous traverse, ni le moindre frisson, désir, envie, angoisse.
Malgré cela pour votre enveloppe le temps continue, les épreuves, les rencontres, les défis, arriver
au tournant le plus important de votre vie il est si frustrant de ne pouvoir être à même de pouvoir
l’embrasser de tout votre être, mais c’est ainsi, c’est une épreuve.

Vous êtes là sur ce banc, contemplant le reste du monde avancer, grandir, tandis que vous ne
participer plus au jeu. Vous n’y arrivez plus, ce n’est pas de la mauvaise volonté, vous en avez
toujours fait preuve, mais c’est ainsi.

Vous êtes bloqués dans des lymbes, une quatrième dimension peut être dans laquelle vous êtes seul
et vous seul avez la clé pour revenir dans le monde réel. Mais qu’elle est-elle? Le temps? La
volonté? Une rencontre avec son espace spirituel?

L’avenir nous le dira.

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