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des conventions et des lois pour unir les drois aux dev
la justice à son sujet » (Vaughan II 48). Ici la recon
droit naturel valant par lui-même, supérieur à l'Eta
par la pensée qu'il ne peut se réaliser dans l'état d
pourrait seul constituir un ordre pacifique réel et q
complété par le contrat et la législation positive, c'est-
Mais si on interprète si radicalement les expression
mise entre nous » et « sont vaines » qu'il découlerai
que le droit rationnel ne peut pas valoir sans l'Eta
force obligatoire que dans l'Etat et par l'Etat, Rouss
tant pas rompu avec la tradition rationaliste : ce chang
tation et cette limitation plus radicale du droit nature
xvir siècle chez Hobbes qui avait déjà déduit la souvera
l'Etat indépendante de toutes limites juridiques et ét
praťque à un positivisme juridique très étendu. Ajou
Hobbes, la moralité n'est aussi possible que dans l'E
elle coïncide pour lui avec l'ordre politique constitua
semble donc pas conforme à la vérité historique de
théorie rationaliste « l'Etat n'a pas de morale propre
Rousseau (nous laissons de côté les Anciens) n'a affi
lité vient de l'Etat » (p. 14). Naturellement Rousseau co
ralité autrement que Hobbes et par suite quand il d
ment dans l'Etat que l'homme devient un être moral, c
chose et plus que chez Hobbes ; mais, en ce qui con
du droit naturel et de la souveraineté de l'Etat, tout
seau s'écarte de la tradition du rationalisme libéral peu
ment à partir de la réception des idées de Hobbes. Or Vossler exclut
expressément Hobbes de la notion de la « tradition rationaliste » et il
le considère dans l'histoire de la philosophie politique de l'Aufklärung
comme un outsider sans influence (p. 11, 90 sq., 236). Mais cela
l'empêche d'apprécier exactement ce qu'il y a de commun entre Hobbes
et Rousseau (cf. v.g. p. 243 sq.) ou même de voir que la conception
du contrat chez Rousseau peut et doit être comprise au fond comme
un essai pour synthétiser le point de vue de Hobbes et le point de vue
libéral de l'Etat rationnel. Il est d'ailleurs inexact que Hobbes ait été
un outsider : non seulement la théorie politique de Spinoza emprunte
beaucoup à Hobbes, mais aussi par exemple les penseurs politiques alle-
mands Pufendorff, Thomasius et Gundling. Pendant tout le XVII" et le
XVIir siècle les penseurs libéraux attaquent constamment Hobbes et
trouvent là l'occasion de développer leur doctrine. (Cf. par ex. Otto von
Gierke, Das deutsche Genossenschaftstecht , vol. IV, p. 332, 385, 398,
411, 452 sq.). Rousseau appartient donc bien à la tradition contrac-
tuelle qui voit dans le contrat social non pas un fait historique mais
pour ainsi dire une définition génétique de l'essence de l'Etat ; il s'ac-
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qui, dans des questions décisives» rte peut même pas, selo
vir d'image » pour désigner ce qu'il veut dire ? S'il e
posé, en philosophie politique, à la théorie du contrat, p
dans un passage important du premier livre du Contrat
qu'aucun homme n'a une autorité naturelle sur son se
que la force ne produit aucun droit, restent donc les co
base de toute autorité légitime parmi les hommes »
Il est vrai que, à l'occasion d'un passage semblable (ch
affirme que chez Rousseau convention signifie non pas
mais ce qui est une création artificielle des homme
n'est-ce pas là faire violence à l'usage reçu ?
P. 299 Vossler déclare que, selon Rousseau, il n'es
mis de résister au pouvoir ; mais dès la page suivant
lorsque le souverain, ou le gouvernement qui l'a inst
à la volonté commune et nuit à un citoyen d'une faç
droit, alors ce pouvoir, selon Rousseau, n'est plus un
time mais un tyran ; bien que même alors il n'y ait
résistance, puisque dans ce cas l'Etat est supprimé et
est impensable sans Etat, il n'y a plus aucun devoir
en sorte que les citoyens sont totalement libres de s'opp
leurs forces aux ordres et aux mesures de ceux qui exer
politique. Or il est clair que cette cessation du devoir
précisément ce que les théories du droit naturel ant
seau désignaient par le terme « droit de résistance ». Ai
ler il y a et à la fois il n'y a pas chez Rousseau de dr
Aucun penseur politique n'a jamais proclamé qu'il y
résistance contre le détenteur de l'autorité politique à m
ci ne soit devenu un tyran en agissant contre le dro
cas de la tyrannie, qu'on a le droit de résister ou q
droit cessent d'exister, cela a peu d'importance polit
mon avis, la première manière de parler est de beau
L'important c'est que la construction attribuée par V
laisse totalement au jugement propre de l'individu l
devoir d'obéissance ; l'individu est ainsi juge dans sa
sans avoir d'autre critère que le principe abstrait très g
ralité absolue », « volonté générale », « salut public
idéale ». Selon pareille construction, la théorie de R
plus dangereuse pour la souveraineté politique radica
qu'elle doit garantir que les théories développées p
listes libéraux (par exemple Locke) sur les droits d
ne dépendent pas de l'Etat et dont la défense entra
ment le droit de résistance. Mais Rousseau de son cô
riquement, dans un passage très clair, toute possibili
l'individu puisse en aucun cas être juge en sa propre
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Dr Richard SCHOTTKY
Wuppertal - Elberfeld