UJ
:::>
o-
CD I:
a:::: U
o >
en
o:l '" a..
z III
..1
UJ ti en
o UJ
UJ z
~ ·UJ
en ~
o
Z
iU
I:
a..
HENRY DE GEYMULLER
SWEDENBOR6
ET LES
Phénomènes Psychiques
PRÉFACE
de L. B. de BEAUMONT, docteur ès sciences
ancien professeur à l'Université Royale de Dublin
LAUSANNE
Grand-Chêne. a
g{ommage reconnaissant
g{. de g.
1 a 2'"
PRÉFACE
Oeuvres Théologiques:
C. E. Du Ciel et de l'Enfer.
supranormales de l'Auteur.
D.M. Diarium Ylinus.
D.P. La Divine Providence.
D. S.p. De la Divine Sagesse (posthume).
D.V. Doctrine de la Vie.
Ex. S. Exposition sommaire des Doctrines de la Nouvelle
Eglise.
J. D. Du Jugement Dernier.
N.J. De la Nouvelle Jérusalem et de sa Doctrine Célest.e.
P.P. Exposition Sommaire des Prophètes et des Psaumes.
S. Doctrine sur le Seigneur.
S. A. La Sagesse Angélique sur le Divin Amour et la
Divine Sagesse
Te. Des Terres dans l'Univers stellaire.
V. R. C. La Vraie Religion Chrétienne (2 vol.).
Principales Oeuvres Scientifiques et Philosophiques:
Princ. Pl'incipia Re,r'um Natu- 1 Ces volumes constituent le début
l'rulium (2 vol.), de la série de traités intitulés
· M P' . . ~1' Opera PMlosophica et }ofineralia.
P rme.. l'mclpla ~v mara.
Fib. De Fibl'a.
Gen. De Genel'atione.
Sens. De Sensibus.
De An. De Anima.
Oeuvres de Transition
Cult. De Cultu et Amare Dei.
• otl. 81 l'on excepte une partie des Opera philo30phica et mineralia, traduite en
80n temps pour l'Académie des Sciences de Paris, ancune des œuvres scientifiques
de Bwedenborg n'a encore été publiée en français. Les extraits que nous en avons
donnés dans le présent volume, l'ont été d'après le texte de la version anglaise,
exceptionnellement d'après le texte latin original, que nous n'avons pu consulter
que rarement.
INTRODUCTION
foi peil'sonne\.le ». D'autre part, il faut bien av,ouer que «la critique
scienHfiqu,e, même ,la plus sévèrement objecHve, ne peut que s'incliner
de\'ant les faits et ,r,econnaître la ,réaJlité ·du don de claÏ'rvoyauce (des
Hellseherischen) qui constitue un des traits les p,IUis fl[app·ants de la
personnalité du penseur suédois ». Le ori·tique a,Llemand reproche à
son compatriote et concitoy;en Kant ,de ne pas avoir rendu pleine
et entièf.e justioe à S\vedenborg sur ce point et d'avoir cherché à
jeter un certain doute sm ,la réalité de ses .facultés supranormales,
après s'en être ·en quelque sorre porté gélJraut (cf. l,a lettre de Kant
à Ma,demois.eUe ·de KiI1oblooh). M. Hoffmann se déclCùre absolument
convaincu du fai,t que «Swedenborg possédaJit des moy,ens de con
naissance qui font .défa,ut aux hommes org,anisés normalement ». (Cf.
K. R. Hoffma,nn : Loc. cil.)
Le lecteur trouv,em à la fin du présent o:uvmge (pP. 455-456) une
note dans laquelle nous avons essayé d'·expliquer l'a1:titude équivoque
et contradictoire de Kant à l'égClJrddes v.isions et des éor·i>ts de
Swedenborg. Nous avons surtout cherché à y corriger la ·fausse
impression Qui se dégage du texte de M. Matter cité au chap.itre IV
(P. 413) à propos des vis~ons de Swedenborg rapportées par Kant.
A l'époque où nous avons écrH ce chapitre, l,es savantes études de
Delacroix, Hoffmann et Paul Janet ne nous étaient pas connues. Je
m'empresse de les sig,naJler à tous ceux Qui s'intéressent à Kant et à
Swedenborg.
(') Delacroix, Kant et Swedenborg, Revue de Métaphysique et de
Morale. 1904, p. 5iO.
12 SWEDENBORG ET LES PHÉNOMÈNES PSYCHIQUES
'. "
INTRODUCTION 13
LE SPIRITISME PSYCHIQUE
i
( Par bonheur, nous possédons dans la personne de Swe
denbo.rg un ,témoin tout à faM désintéressé et remarquable
1 ment bien placé pour savoilf de quoi iJ retoorne. Swedenborg
n'éltait pas un médium, mais un voyant - ce qui n'est pas du·
toot la même chose. Il vécut à une époque où nul ne se sou
ciait des médiums et de leurs «messages ». Si donc il nous
parle des esprits et des relaiÉions qui peuvent s'établir entre
eux et les hommes, ce n'est manifeS'tement pas pom donner
raison aux thèses du spiritisme, mais uniquement parce qu'il
était à même, en sa quaHté de voyant, de se faire une opinion
motivée SUT ce point.
16 LE SPIRITISME PSYCHIQUE
2
18 LE SPIRITISME PSYCHIQUe
II
Objections religieuses.
Nous ne nous arrêterons pas longuement à examiner les
objections formulées d'habitude par les gens d'église. De
toutes les explications, celle du diable s'efforçant à séduire
les crédules, nous paraît de beaucoup la plus pauvre. Quant
aux autres réfutations théologiques, le plus qu'on puisse en
dire, c'est qu'elles sont faibles. Il y a, il est vrai, la défense
expresse de la Bible mise en avant par les protestants; mais
cette défense sonne faux dans la bouche de ceux qui, avec
leur Haute Critique, ont si bien réussi à saper l'autorité di
vine de J'Ancien Testament!
De nos jours on ne saurait condamner l'activité d'une
personne et encore moins celle d'un groupe de personnes,
sans s'appuyer sur des raisons sérieuses. Or, la défense
qui fut faite aux Juifs de se livrer à la nécromancie, ne
constitue pas un motif suftisant pour intervenir contre la
propagande spirite moderne.
Si Ja vieille église (1) combat le spiritisme (sans grand suc
cès d'ailleurs!) c'est avant tout parce qu'il oppose un
démenti retentissant à ses doctrines. (2) Or, il est malheu
(1) La vieille Eglise catholique, orthodoxe et protestante est à la nou
velle, ce que le juda'isme fut à l'Eglise chrétienne apostolique. «Evi
demment, a dit Balzac, Swedenborg résume toutes les religions, ou plu
tôt la seule religion de l'humanité". En proclamant l'Evangile d'une foi
vraiment rationnelle, ses écrits religieux inaugurent une nouvelle dis
pensation de la Vérité et l'aurore d'un âge nouveau. Tout ce qui est con
traire à l'esprit de cet âge, même le matérialisme scientifique, appartient
spirituellement à la «vieille Eglise ", à un échelon périmé de l'évolution
humaine.
(2) Après avoir énuméré les principales doctrines catholiques (l'infail
libilité de l'Eglise, la résurrection du corps, le péché originel, les béati
tudes et les peines éternelles, l'existence personnelle de Satan, etc.) le
Rév. Père Mainage, professeur à l'Institut Catholique de Paris, déclare
ce qui suit: «J'ai le regret d'observer que de tous ces points, il n'en est
pas un seul, si l'on excepte l'affirmation gén~rale de la survivance, qui ne
soit battu en brèche et catégoriquement nié par ce que l'on dit être la
OBJECTIONS RELIGIEUSES 19
reusement vrai que les vieilles doctrines, reposant sur le
seul sens littéral de la Parole de Dieu, sont rationnellement
plus contestables que les affirmations générales du spiri
tisme! C'est l'insuffisance, c'est l'absurdité de l'ancienne
dogmatique qui a jeté bon nombre de personnes dans les
bras des esprits! De quel droit l'église condamne-t-elle une
tentative de connaître ce qu'elle-même est impuissante à
nous expliquer? Si nous n'étions pas persuadés que les
écrits de la Nouvelle Eglise contiennent la réponse divine
à tous les problèmes dont on cherche la solution dans le
spiritisme, nous hésiterions, fort à lancer, a priori, l'anathème
contre un effort honnête pour lever le voile qui enveloppe
notre destinée future dans un mystère aussi angoissant.
III
de leur identité, la preuve qu'ils étaient eux réellement ct non point quel
que personnification ou quelque autre chose émanant de moi-même (1):0.
La Psychical Research en Angleterre affirme avoir prouvé
la survivance- de la personnalité humaine au moyen de
ce qu'on appelle là-ba~ cross-correspondences, book- ou
newspaper-tests (2) et litterary puzzles. Cependant, le congrè;;
des sciences psychiques de Copenhague, qui tint ses assi
ses du 28 VII au 2 IX 1821, se prononça à une assez forte
majorité pour les conclusions suivantes: 1 La réalité des
0
faits spirites est indéniable (3). 2 Rien ne peut prouver l' hypo
0
IV
Le Spiritisme et Swedenborg.
La solution que la Nouvelle Eglise donne au problème
qui nous intéresse est la suivante: Le spiritisme ne consti
tue qu'un cas particulier d'un phénomène tout à fait général.
Donnons plutôt la parole à Swedenborg:
1. « L'homme est un esprit revêtu d'un corps. (A. C. 3342).
2. ,. Tout homme est un esprit quant à ses intérieurs.
(A. C. 432-444).
3. ,. Pour connaître les intérieurs de l'homme, il faut savoir
qu'il y a un homme Interne et un homme Externe. L'homme
Interne est dans le monde spirituel et l'homme Externe
dans le monde naturel; ainsi celui-là dans la lumière du
ciel, celui-ci dans la lumière du monde. Puis aussi il faut
savoir que l'homme Interne est tellement distinct de
J'homme Externe que celui-là, étant antérieur et intérieur,
peut subsister sans celui-ci, mais que celui-ci ou J'Ex
terne, étant postérieur et extérieur, ne peut subsister sans
.celui-Jà. (A. C. 6055).
4. ~ L'homme, quant à l'Externe, ne peut subsister que
d'après J'Interne et au moyen de l'Interne. L'homme In
terne ne peut non plus subsister que d'après le ciel et
au moyen du ciel; et le ciel non plus ne peut subsister
d'après soi, mais subsiste d'après le Seigneur qui Seul
subsiste d'après Soi. Il y a influx selon J'existence et la
subsistance, car toutes choses subsistent par l'influx ...
30 LI: SPIRITISME PSYCHIQUe
les médiums ont été puiser une doctrine qui n'existait dans
la pensée de personne sur la terre? » (1)
C'est tout de même aller un peu loin que de prétendre
que la doctrine des esprits n'existait dans la pensée de
personne sur la terre avant que M. Allan Kardec eût pu
blié ses livres ou même avant que né débutât le spiritisme
moderne. La doctrine kardéciste « fut conçue par un esprit
éclectique qui prit ça et là les éléments de sa doctrine, pui
sant dans les religions les plus diverses, dans la philosophie
pythagoricienne, dans les anciennes magies, dans Sweden
borg et dans Mesmer~. (2)
César Lombroso, spirite convaincu, a consacré deux longs
chapitres de son ouvrage Hypnotisme et Spiritisme à l'étude
des pratiques médianimiques et des croyances spirites chez
les différents peuples tant anciens que modernes, tant civi
lisés que barbares. Ces deux chapitres (V et XIII) prouvent
suffisamment l'uni versalité, dans le temps aussi bien que
dans l'espace, des phénomènes médianimiques et de la
croyance aux esprits des morts.
Allan Kardec n'était pas un ignorant et était au courant
de ces choses (3). Il est hors de doute que c'est dans sa
cervelle à lui que les esprits ont trouvé les matériaux, plus
ou moins classés et ordonnés, avec lesquels ils ont écha
faudé leur doctrine! Nous avons en outre la preuve que
notre auteur connaissait Swedenborg. Cette preuve, c'est
lui-même qui nous la donne dans son Livre des Esprits. En
effet, il publia en tête de ce volume une déclaration, une
sorte de lettre de créance qui lui fut délivrée par un certain
nombre "d'esprits supérieurs" pour le confirmer dans sa
(1) A. Kardec: Le Livre des Esprits, p. XXXVIII.
(2) Dr Viollet: Le Spiritisme dans ses rapports avec la Folie, p. 33.
(3) Lire le chap. V du Livre des Esprits, ou Allan Kardec prétend
c n'avoir jamais dit que la doctrine spirite fût d'Invention moderne... et
.s'être toujours efforcé de prouver qu'on en trouve des traces dans ~a
plus haute antiquité... L'antiquité de cette doctrine serait donc plutot
une preuve qu'une objection ». p. 105. A. Kardec ne craint apparem
ment pas de se contredire!
38 LE SPIRITISME PSYCHIQUE
3 Sa doctrine.
0
VI
Le Spiritisme et la Bible.
Tout d'abord nous croyons à la Parole de Dieu. Or, per
sonne ne songera à nier que la Parole nous parle à chaque
instant d'habitants de l'Au-delà, apparaissant à des habi
tants de la terre. Elle nous parle même de pratiques spiri
tes, qu'elle condamne d'ailleurs en termes draconiens (1).
Voyez plutôt:
« Tu ne laisseras pas vivre la magicienne. Ex. XXII, 18.
Ne vous tournez pas vers ceux qui évoquent les esprits, ni
vers les devins, ne les recherchez point, de peur de vous souil
ler avec eux. Lév. XIX, 31. - Si quelqu'un se tourne vers
ceux qui évoquent les esprits et vers les devins, pour se pros
tituer après eux, je tournerai ma face contre cet homme et
je le retrancherai du milieu de son peuple. Lév. XX, 6.
Si un homme ou unefemme évoquent les esprits ou se lilJfent à
(1) Lucy Mc Dowell Milburn a publié un livre, The Classic of Spiri
tism (Kegan Paul Trench & Cl?) dans lequel elle s'efforce - et avec rai
son à un certain point de vue - de prouver que la Bible est l'ouvrage
classique, le chef-d'œuvre, de la littérature psychique.
.u LE SPIRITISME PSYCHIQUE
VII
VIII
L'affinité mentale.
Dans l'autre monde l'espace est spirituel, car il n'est pas
déterminé, ni fixé, par des objets matériels et inertes. Il en
résulte que les esprits ne sont pas associés - ou consociés,
comme çlit Swedenborg ~ d'après la carte géographique,
mais selon les lois de l'affinité mentale. En effet, c'est
l'état psychique qui, dans l'autre vie, détermine le lieu, et
ouvrages de plus de 200 autorités scientifiques ou philosophiques, on
peut se demander s'il connaissait vraiment le traité de son illustre
prédécesseur. Quoi qu'il en soit, il est par contre certain que Sweden
borg fut ('auteur de la théorie vibratoire de la chaleur (Cf. Principia,
vol. 11, chap. V, § 21, où Swedenborg établit en outre un rapport étroit
entre les phénomènes électriques, magnétiques, caloriques et lumineux).
11 faut également lui attribuer la découverte de la pression lumineuse
(Cf. Pri/lc. Minora; N° 130). Il serait peut·être intéressant de rapprocher
ce que Swedenborg nous dit de la pression de la lumière, de ce que
les relativistes modernes ont à nous apprendre sur le poids de la
lumière, de même qu'il pourrait être utile d'examiner en quoi les vues
de Swedenborg sur les vitesses limites qui séparent respectivement
l'ondulation de la trémulation et celle-ci de la contrémiscence (pour
employer sa propre terminologie), pourraient s'accorder avec la notion
de vitesse llmite introduite dans la science par Einstein. Mais la
ressemblance la plus frappante qui se manifeste entre les théories
relativistes et les principes philosophiques de Swedenborg réside sans
doute dans le fait que pour ce' dernier aussi le temps et l'espace sont
relatifs, étant indissolublement liés l'un à l'autre et constituant des
variables en fonction l'une de l'autre. C'est du moins dans ce sens
qu'il nous semble qu'il faille interpréter ce que Swedenborg nous
apprend de la relativité de l'espace, du temps et du mouvement dans
le monde spirituel (C. E. 162-9 et 191-9). Ces passages et d'autres
démontrent en tout cas que la notion du temps et de l'espace n'est pas
absolue mais subordonnée au système de référence que l'on emploie
(monde naturel ou monde spirituel dans le cas particulier) et que te
qui est vrai dans l'un de ces systèmes ne l'est pas dans l'autre. C'est
là un principe de relativité évident. Malheureusement, nous ne connais
sons aucun artifice mathématique qui nous permette de passer de l'un
de ces systèmes à l'autre... Einstein a déclaré à la Société philoso
phique, lors de son séjour à Paris, que pour rester vraies les diverses
philosophies devaient nécessairement se mettre d'accord avec ses
théories. Nous croyons que le système de Swedenborg s'accommoderait
54 LE SPIRITISME PSYCHIQUF.
plus facilement que tout autre des cadres tout nouveaux de la physique
moderne. D'après les Principia, «le mouvement crée l'espace:o (vol. l,
chap. Il, § 16), le temps (lb., § 13 et 21) et la substance (lb., § 24). La
substantialité des objets finis (qu'on ne saurait définir que par leur
masse), provenant de leurs mouvements constitutifs internes, est en
raison de la vitesse de ces mouvements (lb. 24, p. 76 de l'édit. ang!.).
La conception générale de Swedenborg peut se ramener à ceci: l'es,
pace, le temps et la matière sont engendrés par le mouvement relat~f
(c'est·l,dlre par des mouvements possédant des vitesses) i le mouve,
ment relatif est lui,même engendré par le mouvement absolu ou ['éner
gie primordiale lib., vol. 1, chap. Il, § 21 et § 13).
Il faudrait un physicien professionnel, entièrement familiarisé avec
la théorie de la relativité et les traités de notre auteur, pour déterminer
avec exactitude jusqu'à quel point les doctrines swedenborgiennes sont
confirmées par les hypothèses einsteiniennes. N'étant pas physicien nous,
mêmes, nous ne présentons les suggestions qui précèdent qu'avec les
réserves que comporte notre manque de réelle compétence en la matière.
M. Stanley Redgrove, qui a publié plusieurs ouvrages de physique et de
mathématiques, trouve que, si passionnante que serait la tâche, il est
prématuré d'entreprendre une étude comparée des doctrines de Sweden'
borg et du relativisme d'Einstein, avant de savoir au juste toutes les con,
séquences qu'impliquent les théories de ce .dernier. Si l'on admet, par
exemple, que la T. R. abolit l'éther de l'espace (ce qui est très discutable
et très discuté), il est évident qu'elle est en opposition avec le système
cosmologique de Swedenborg. « Mais d'un autre côté, Einstein et Sweden,
borg sont étroitement d'accord en refusant toute réalité absolue à l'es'
pace et au temps, qu'ils traitent comme des éléments essentiellement
coordonnés d'une seule et même. réalité (manifold). Tout compte fait,
continue M. Redgrove, je crois que le verdict que prononcerait le rela·
tiviste au sujet de la philosophie de Swedenborg serait favorable,
parce que Swedenborg lui,même était si essentiellement relativiste
un relativiste dans le domaine de l'esprit:o (Purpose and Transcenden
talism. p. XII).
L' AffiNITÉ MENTALE 55
(1) Par enfer, Swedenborg entend le mal ainsi .que l'état spirituel et
la sphère mentale de ceux qui aiment le mal. Cet enfer n'a rien de com·
mun avec les lieux de tourments et de supplices dont l'horreur a été
chantée par Dante dans sa Divine Comédie.
(2) L. Roure, Le Merveilleux Spirite, p. 385 et 390.
L'AffiNITÉ MENTALE 57
IX
dité de savoir, ils explorent les intérieurs des autres de différentes ma
nières." (A. C. 5383) Voir aussi 1931.
c Par les choses qui se manifestent dans l'autre vie, on volt claire
ment comment la chose se passe; chaque esprit et plus encore chaque
société, a autour de soi la sphère de sa foi et de sa vie. Cette sphère
est une sphère spirituelle. D'après elle est distinguée la qualité de l'es
prit ot plus encore celle de la société, car elle est perçue par ceux qui
sont dans la perception, parfois à une assez grande distance, et cela
quoiqu'ils soient dans un endroit caché et qu'ils ne communiquent point
par la pensée ou par le langage. Cette sphère spirituelle peut être com
parée à la sphère matérielle qui entoure le corps de l'homme dans le
monde, sphère matérielle qui est la sphère des effluves émanant de lui
et qui est sentie par l'odorat subtil de certains animaux... D'après ce
qui a été dit... on peut aussi voir que rien absolument de ce que
l'homme a pensé, prononcé et fait dans le monde, n'est caché, mais
que tout est à découvert, car c'est là ce qui constitue cette sphère. Une
telle sphère émane aussi de l'esprit de l'homme quand il est dans le
corps, dans le monde. De là aussi il est connu tel qu'il est. Qu'on ne
croie donc pas que les choses que l'homme pense en secret et qu'il fait
en secret soient secrètes... ,. (A. C. 7454) Voir aussi le No 2548 du Dla
rium sur la lecture de la pensée et de la mémoire.
x
Obsessions spirites.
Le danger du spiritisme réside dans le fait que les rela
tions entre les hommes et les esprits deviennent conscientes,
d'inconscientes qu'elles étaient et qu'elles doivent être. Ce
qui arrive alors c'est que les esprits pénètrent dans la par
tie consciente du mental humain et dans sa mémoire exté
rieure et qu'ils n'influencent pas seulement les affections
de l'homme mais aussi ses pensées (1), voir même son
corps. L'homme est réduit à l'état d'automate et avec son
jugement, disparaît aussi la souveraineté de sa personnalité.
Généralement, les esprits croient alors qu'ils sont l'homme
qu'ils « possèdent" parce qu'ils sont en possession de toute
sa mémoire (2); mais il peut aussi arriver qu'ils parlent
car il sait, d'après la Parole, ce que c'est que le bien et ce que c'est que
le mal. Ce qu'il reçoit par la pensée d'après l'affection lui est appro
prié, mais ce qu'il Ile reçoit pas par la pensée d'après l'affection ne
lui est pas approprié. " C. E. 298. (Cf. A. C. 2877).
(1) « Plusieurs personnes croient que l'homme peut être enseigné par
le Seigneur au moyen des esprits qui parlent avec lui. Mais ceux qui le
croient et le veulent ne savent pas que cela a été conjoint avec le péril
de leur âme. Tant que l'homme vit dans le monde, il est, quant à son
esprit, au milieu des esprits, et cependant les esprits ne savent pas
qu'ils sont chez l'homme et l'homme ne sait pas qu'il est avec les es
prits. Cela vient de ce qu'ils ont été conjoints immédiatement quant aux
affections de la volonté et médiatement quant aux pensées de l'enten
dement. En effet, l'homme pense naturellement, mais les esprits pensent
spirituellement: or, la pensée naturelle et la pensée spirituelle ne font
un que par correspondance et l'union par la correspondance fait que
L'un ne sait rien au sujet de L'autre. Mais dès que les esprits commen
cent à parler avec l'homme, ils passent de leur état spirituel dans l'état
naturel de l'homme et alors ils savent qu'ils sont chez l'homme et ils se
conjoignent avec Les pensées de son affection et parlent avec lui d'après
ces pensées. (Ap. Ex., 1182).
,(2) « Un certain esprit qui me parla affirma positivement ne pas perce
voir autre chose sinon qu'il était moi-même, en particulier quand il ne
réfléchissait pas sur ce sujet... En u!'\ mot, sans réflexion, les esprits ne
savent pas autre chose... " Diarium 1852.
68 LE SPIRITISME PSYCHIQUE
(1) «11 arrive aussi fréquemment qu'une personne entre dans les pen
sées d'une autre, qu'elle perçoive ce que l'autre fait et pense... exacte
ment de la même manière qu'une corde est affectée par une autre, si
elles sont accordées au même ton.:o Swedenborg, Dœdalus Hyperbo
reus, No VI.
LE DANGER D'OBSESSION 77
LE SPIRITISME PHYSIQUE
Question de compétence.
Nous abordons le sujet des phénomènes matériels du
spiritisme en partie pour ne pas être incomplet mais surtout
parce qu'il soulève plusieurs questions qui présentent un
intérêt philosophique incontestable pour tout esprit cultivé
et spécialement pour les lecteurs de Swedenborg. C'est
dire d'avance que nous allons étudier les phénomènes phy
siques du spiritisme plutôt au point de vue philosophique
qu'au point de vue scientifique, tâche que nous laissons à
d'autres.
Les doctrines de la Nouvelle Eglise expliquent-elles sans
résidu les étranges phénomènes physiques qui accompagnent
souvent la médiumnité? - A cette question nous sommes
obligés de répondre: non, ou plutôt en partie seulement!
En effet, les phénomènes en question impliquent une double
compétence pour être élucidés, car il ne s'agit pas unique
ment de forces physiques, ni uniquement de forces spiri
tuelles, mais bien d'une combinaison de ces deux facteurs.
Pour autant que nous avons affaire à l'action du monde
spirituel et aux lois générales qui régissent l'opération du
plan spirituel sur le plan naturel ou matériel, nos doctrines
philosophiques nous servent de critère et nous fournissent
QUESTION DE COMPÉTENCÈ 79
Il
19. Froid intense. Il est senti d'ordinaire par les deux con
trôleurs et précède nombre de manifestations. (1)
20. Rayons lumineux partant de la tête et du corps du
médium.
21. Coups, chocs et autres bruits dans la table.
22. Coups, chocs, donnés à distance par le médium.
23. Sons d'instruments de musique. Pas très musicaux, si
de bons exécutants n'assistent pas à la séance; quelque
mesure cependant.
24. Bruits de mains et de pieds.
25. Sons de voix humaines. Ce sont d'impressionnantes
manifestations qui, d'après les spirites, révèleraient l'action
d'intelligences occultes, avec effets durables sur la matière
inerte. Eusapia, par son manque de culture, est plutôt pau
vre en tels phénomènes.
26. Signes mystérieux tracés à distance. Ils consistent en
signes ou taches sur la table, sur la peau des assistants ou
le mur, et paraissent faits au crayon.
27. Ecriture directe. Elle serait faite directement par les
esprits, sans action visible des mains, avec instruments ma
tériels visibles, tels que crayons ou sans eux.
par Swedenborg: c: li arrive très souvent que les esprits qui m'appro
chent produisent un vent, qui caresse la figure, et même qui fait mou
voir la lumière sur mon chandelier ct les papiers sur ma table. Le vent
est froid... " Diarium 479.
(1) Quelle que soit la raison physique de ce froid, il est significatif
que Swedenborg l'ait obselvé à l'approche d'esprits mauvais. c: Que
j'étais entouré d'une tourbe diabolique, c'est non seulement ce que j'ap
pris des anges, mais aussi ce que je ressentis manifestement, tant par
un souffle glacial, chaque fois qu'elle se rassemblait, que par le froid
qui me pénétrait." Diarium 318. c Chaque fois qu'il fut permis à quel
ques uns ou à plusieurs esprits de la tourbe diabolique, c'est-à-dire de
l'enfer, de m'approcher, je fus plus ou moins saisi de froid ... Par ce froid
et par leur souffle (afflatus) généralement froid, j'étais averti de leur
approche. ,. Ibid. 406. Quelle que soit l'origine et la nature de ces c vents ,.
et de ces c souffles", li faut bien se garder de les confondre avec les
esprits eux-mêmes, qui sont des êtres organiques et non pas des bouf
fées d'air ou d'éther. Voir au sujet des impressions thermiques d'ori~ine
spirite les Nos 1855-02 du Diarium.
84 LE SPIRITISME PHYSIQUE
III
a) Hypothèses extrascientifiques.
1. Théologiques: Satanisme, Diabolisme, Ames du Purga
toire.
2. Métaphysiques: Hylozoïsme, Inconscient de Hartmann, etc.
3. Occultistes: Hermétisme, Magie, Entités diverses -non
humaines.
4. Théosophiques: Plan astral, images astrales.
b) Hypothèses ultrascientifiques.
5. Hyperphysiques: Espace à plus de 3 dimensions, Fluidisme.
88 LE SPIRITISME PHYSIQUE
c) Hypothèses présclentifiques.
7. Empiriques négatives: Fraude, Hallucination.
8. Empiriques psychopathologiques: Hystérie, Suggestion,
Désagrégation, etc.
9. Métapsychiques: Télépathie, Extériorisation de la motri
cité, Productions psychocollectives, Conscience sublimi
nale, etc.
10. Métadynamiques: Radioactivité, Energétique, Psycho
dynamisme.
La place nous manque pour examiner une à une toutes
ces théories. Ce n'est d'ailleurs nullement indispensable. Il
y a sans doute du vrai dans beaucoup d'entre elles, mais
leur défaut à toutes est certainement d'envisager la question
sous un angle trop étroit et à un point de vue exclusif. Le
mérite des doctrines swédenborgiennes réside dans le fait
qu'eUes nous permettent de grouper les différents éléments
du problèmes sous des lois générales, ce qui nous met à
même d'établir une hiérarchie, en quelque sorte, des causes
multiples qui concourent à produire les effets constatés.
Grâce à elles, nous arrivons en outre à éliminer un grand
nombre d'hypothèses sans fondement.
Pour juger le spiritisme, nous nous appuyons sur des faits
révélés et sur des doctrines philosophiques d'accord avec ces
faits ainsi qu'avec les données de l'expérience; mais pour
cela, notre attitude n'est point une attitude dogmatique. En
effet, nos doctrinesnesont pas des dogmes qu'ilfautcroire,
mais l'énoncé de lois que l'on peut comprendre et confirmer
a posteriori.
UNE ERREUR A ÉVITER 89
IV
l'esprit (l'âme) est uni à la matière (le corps), tant per con
tiguum que par correspondance.
Il saute donc aux yeux que ce que les spirites voient, au
cours des séances, ce ne sont pas les esprits, tels qu'ils
sont en eux-mêmes, mais purement et simplement des sub
stances naturelles, qu'elles soient ou non un masque dont
s'affublent momentanément les désincarnés. Il sera;t aussi
faux de dire que les spirites peuvent apercevoir ou photo
graphier des esprits' que d'affirmer que certains hommes
peuvent voir ou photographier des sons, ou entendre des
. couleurs. En effet, le spirituel est sur un autre plan que le
naturel et ne peut être perçu directement que par un or
gane qui lui est homogène, c'est-à-dire également spirituel.
Tout ce que peut faire un instrument physique tel que l'œil
ou la plaque photographique, c'est d'enregistrer l'action du
spirituel dans le naturel, ou au travers du naturel. Mais
dans ce cas ce n'est plus le spirituel proprement dit qui af
fecte, mais l'effet, la correspondance du spirituel dans le
naturel. Or, l'effet n'est pas sa cause, quoiqu'il corresponde
à sa cause. De même que l'ombre d'un individu n'est pas
cet individu, de même les fantômes visibles pour les yeux
du corps ne sont pas les esprits, mais seulement une sorte
d'image ou de reproduction matérielle des esprits (1), ou de
leur champ imaginatif ou idéoplastique. (2)
Les esprits sont dans le monde des causes, tandis que les
fantômes visibles aux hommes sont dans le monde des
En effet, Swedenborg admet que l'esprit retient du monde physique une
sorte d'enveloppe ou de limbe l i tiré des substances les plus pures de
de la nature lI' Voir plus loin le paragraphe spécialement consacré au
limbe.
(1) Ceci compte aussi pour le limbe. A supposer que par un artifice
quelconque il puisse être rendu visible à l'œil matériel, ce ne serait pas
encore l'esprit que nous contemplerions, car le limbe n'est qu'une sorte
de dynamisme physique qui adhère à l'organisme spirituel à peu pr~s
comme un champ magnétique adhère à un aimant. Les esprits eux-me
mes n'en ont aucune perception sensible, pas plus que nous-mêmes.
(2) En effet, les esprits sont vêtus, mais leurs vêtements ne sont que
des productions idéoplastiques de leur mémoire.
92 LE SPIRITISME PHYSIQUE
VI
borg nous dit au contraire de ne pas penser au monde des esprits d'a
près l'espace physique, parce que les esprits n'en ont pas la moindre
notion. C'est le monde spirituel qui est la vraie patrie de l'esprit et non
pas le vide intersidéral ou les divers corps célestes.
(2) Léon Denys a exposé il ya quelques temps dans la Revue Spirite
l'effet répulsif exercé sur les désincarnés par la lumière. A en croire le
farceur d'outre-tombe sur lequel l'illustre spirite appuie ses dires, la vie
dans l'espace ressemble étrangement à l'existence que mènent dans
l'océan ces files de harengs qui luttent contre les multiples courants
marins, toutes choses restant égales d'ailleurs. Si la lumière exerce une
action répulsive, elle doit aussi exercer une action propulsive, et nous
aurions tort, dans ce cas, de nous moquer des fées qui chevauchent sur
des rayons de lune 1
106 LE SPIRITISME PHYSIQUE
ger qui fut aperçu par Robert Bruce et dont l'écriture dans
la cabine fut reconnue identique à son écriture normale j
ensuite, parce que le sujet se souvient parfois de s'être
rendu à l'endroit précis où on l'a vu, la mémoire qui lui
reste de ce déplacement périsprital implique évidemment
que c'est lui qui fait cette excursion psychique. Enfin, les
cas photographiques du professeur Istrati et de la fiancée
du capitaine Volpi, prouvent irréfutablement que non seule
ment l'âme s'est émancipée du corps comme elle se le rap
pelle, mais qu'elle avait une forme physique, celle du corps
matériel, puisque la plaque sensible reproduit cette forme.
» 9° L'origine de l'énergie dépensée par l'apparition pour
se manifester physiquement n'est pas inconnue; elle pro
vient de l'organisme matériel du sujet. Cette conclusion se
déduit des expériences de M. de Rochas où l'on voit les
relations intimes qui rattachent le fantôme au corps organi
que du sujet, et aussi de la fatigue du médium après les
séances dans lesquelles se sont produites des extériorisa
tions de la motricité. Nous l'avons observé avec Eusapia,
Home, etc. Mais il se peut également que la force néces
saire soit empruntée, pour partie, aux assistants, qui sont
trés souvent obligés de faire la chame, c'est-à-dire de for
mer une sorte de courant odique dont le médium se sert
pour suppléer à la force qui lui manque.
10 Le dégagement complet de l'âme semble ne pou
»
0
relies. Ces substances-ci s'écartent quand l'homme meurt, mais non les
substances spirituelles. C'est pourquoi ce même mental après la mort,
quand l'homme devient esprit ou ange, reste dans une forme semblable
à celle dans laquelle il était dans le monde. Les substances naturelles
de ce mental, qui s'écartent après la mort, ainsi qu'il vient d'être dit,
font l'enveloppe cutanée (limbe) du corps spirituel dans lequel sont les
esprits et les anges. Par une telle enveloppe, qui a été tirée du monde
naturel, subsistent leurs corps spirituels, car le naturel est le dernier
contenant. C'est de là qu'il n'y a pas un seul esprit ni un seul ange qui
ne soit né homme. ,. S. A. 257.
«La forme matérielle qui a été ajoutée et revêtue dans le monde,
n'est pas une forme humaine d'après elle-même, mais elle l'est d'après
la forme spirituelle. Elle a été surajoutée et revêtue, afin que l'homme
puisse faire des usages dans le monde naturel, et aussi emporter avec
lui, pour contenant des spirituels, quelque chose de fixe tiré des sub
stances les plus pures du monde, et ainsi continuer et perpétuer sa vie.»
S. A. 388.
«L'homme revêt d'abord les choses les plus grossières de la nature,
son corps en est composé. Mais par la mort, il s'en dépouille et retient
les choses les plus pures de la nature, qui sont les plus proches des
spirituels, et ces choses sont alors ses contenants. En outre, dans les
extrêmes, ou les derniers, sont ensemble tous les intérieurs ou supé
rieurs; c'est pour cela que toute opération du Seigneur a lleu par les
premiers et par les derniers en même temps, ainsi dans le plein. Mais
comme les extrêmes et les derniers de la nature ne peuvent pas rece
voir les choses spirituelles et éternelles, pour lesquelles le mental hu
main a été formé, telles qu'elles sont en elles-mêmes, et que cependant
l'homme est né pour qu'il devienne spirituel et vive éternellement, voilà
pourquoi l'homme dépouille les extrêmes et les derniers de la nature,
et retient seulement les naturels intérieurs qui cadrent et concordent
avec les spirituels et les célestes, et leur servent de contenant. Cela se
fait par le rejet des temporels et des naturels derniers, rejet qui est la
mort du corps.:o D. P. 220.
«Les extérieurs de l'homme, parce qu'ils appartiennent aussi au
corps, sont séparés après la mort, et les choses qui, d'après ces exté
rieurs, sont adhérentes à l'esprit, s'assoupissent et servent seulement
de plan aux intérieurs. » C. E. 501.
Définition du limbe.
Délimitation du Limbe.
Par définition, la frontière supérieure doit être placée à
l'endroit précis où commence l'âme, et la limite inférieure
là où commence le corps charnel. Ces limites acquièrent
tout leur sens si l'on s'en tient au double critère que voici:
a) Critère pour fixer la frontière supérieure:
Le limbe est physique. En effet. les Ecrits théologiques nous
enseignent qu'il provient des intimes de la nature (O. S.
DÉLIMITATION DU LIMBE 141
(1) Cf. Œc. Reg. An. I. 306; et Principia p. CI. (Vok aussi notre
note aux pages lOO-l).
(2) Ceci ne signifie nuHement Que l'état «fluidique» soit celui de
la ma,tière s'ur le ·point de devenir esprLt, à la manière de l'état pâteux
Qui ca,ractérise certaines substances sOlHdes entfalin de passer à .J'état
liquide. Il n'y a aucune continuité ,entr.e le matériel et le sptrituel. 1\
serait absurde de se représenter l'espdt comme lune sorte de «fluide»
infiniment s.ubtil. Aue-une a.tténuaJt-ion quantitative ·ne saurait nous
hisser sm un p.\an qualitativement supérieur. Voir ci-dessus .le cha
pitre sur les Degrés Discrets. Il est vui néanmoins que la substa,nce
physique à l'état f1.uide est p.\,us -rapprochée de l'esprit, par sa fonc
tion et son lisage, Que la matière pa,lpable. Elle est le premier ins
trument physique dont s'e servent ·Ies énergies spi-ritueHes. Considérée
à ce point de vue, ,la partie inv;tsùble de l'univers physique est bien
intermédiaire entre la matière et ,l'esprit, mais ceHe position n"Lmp.li
que aucune contuinité Quantitative entre ces .deux termes extrêmes de
la création. Nous reparlerons plus loin de cette intéressante Ques
tion.
VALEUR DES HYPOTHÈSES SWEDENBORGIENNES 149
L'âme et le corps:
« Toute notre connaissance des choses nous pousse à for
muler l'affirmation suivante - affirmation corroborée par la
raison autant que par l'expérience - à savoir qu'il existe
une connexion (nexus) entre l'âme et le corps, par laquelle
l'un peut opérer et opère effectivement sur l'autre. En effet, si
l'on admet la réalité d'une pareille opération, l'on ne saurait
nier l'existence d'une telle connexion, ni la présence de termes
moyens pour la produire et la rendre effective. Aussi affIr
mons-nous l'existence d'un contiguum entre l'âme et le corps
au lieu d'une séparation irréductible ou d'un hiatus qui ne
sauraient exister.
« Le second point auquel nous devons être attentifs, c'est
que le nexus entre l'âme et le corps doit Rosséder des limites;
car dans la nature finie l'on ne saurait admettre quelque
chose d'illimité. En d'autres termes, il n'existe aucun nexus
infini. Or, comme nous remarquons que le nexus ou le con·
tiguum entre l'âme et le corps se termine d'une part dans
l'âme, et d'autre part dans l'organisme visible, il sensuit né
cessairement que ce contiguum est limité, et que ses bornes
doivent être recherchées dans le corps ». lb. 134.
(1) Dans son opuscule posth'ume sur le Jugement dernier (N" 312)
'Swedenborg a réduit le nombrre des atmosphères à trois: l'aura.
l'éther et l'ai,r. Il a annexé à ,l'éther bmineux l'élément électro
LE LIMBE CONÇU COMME MÉCANISME 161
.et idée) s'y prend pour contrôler ,les forces natureHes et leur
faire 'produire ces effets partkuliers que nous appelons êtres
vivants ou phénomènes biologiques. Mais cette action est
indubitable.
Noll's avons vu, par les passages ,de Swedenborg rapportés
plus haut, que le point de contact entre l'énergie ,psychique
et l'énergie physi,que se trouve dans -la région la .plus univer
:seLle du cosmos, c'est-à-dire dans le milieu élémentaire, pOUT
parler comme notre ,philosophe. C'est le mO'tJlvement ondula
toire de ce mtlieu impondérable qui offre prise à l'influx spi
rituel par l'intermédiaire de ces «tissus» organiques invi
sibles qui individualisent, 'pour ainsi dire, une portion du
milieu universelcorr~pondant à chaque être vivant. Cette
espèce de trame invrsible des êtres les «découpe» en quel
que sorte du milieu ambiant et les en distingue, exactement
comme le fait la forme visible paT rapport au milieu matériel.
TeMe est le rôle ,des «membranes» dont i,l est question
dans De lnfinito, dans la Physiologie Vibratoire (on Tremu
lation) et dans Psychologica, et que nous retrouvons sous le
nom de fibra simplex, tibra simplicissima, cortex simplex ou
simplicissimus dans les autres ouvrages physiologiques et
psychologiques de Swedenborg.
Nous savons d'une manière générale que «les mouvements
de l'éther et ceux des autres éléments impondérables,gueMe
qu'en soit la cau,se, agissent d'une manière immédiate sur les
organes ou les membranes les plus proches de l'âme et les
affectent en leur imprimant des vibrations ». (Psychologica,
N° 36.) Il se ,produit,par induction, un courant dans ces
membranes (courant appelé fluidum spirituosum par Swe
denborg) accompagné d'une émission d'ondes se propageant
dans le milieu ambiant. Swedenborg avait, en effet, tout de
.suite saisi ce principe général que tout résonateur est en
même temps émetteur (Cf. lnt. 154 et Psychol. 23 et 199.)
Puisqu't! est question de vibrations de ,l'éther, il s'agit évi
demment de 'phénomènes électromagnéhques et de toute la
.gamme des ondes actuellement connues ou encore à décou
vrir. Swedenborg ignorait, bien entendu, tOll'tes nos décou
vertes modernes dans le domaine radioélectrique, et les phé
LE LIMBE CONÇU COMME MÉCANISME 171
3. De /nfinito.
4. De Fibra.
5. De Anima.
Nous retrouvons en outre le même sujet dans l'Œconomia
Regni Animalis, dans Regnum Animale, et même dans De
Sensibus, De Oeneratione et De Cerebro.
Si ,l'on compare œs ,livres avec certains travaux récents
ceux de Lakhovsky, paT exemple - on constatera tout de
suite que lesdécoU'vertes modernes, dans le domaine de la
radioélectricité, ont incité plusieurs ,savants contemporains à
formuler des théories très voistnes de celles .de Swedenborg.
Il est certain que si Swedenborg avait connu les principes
de 1'0sdUa1ion électromagnétique et toute la gamme des ondes
récemment découvertes, il en eût tiré .parti pour son explka
tion des 'phénomènes vitaux et biologiques. A son époque
l'on ne c{)nnaissait guère que les ondes sonores et lumineuses.
Mais rien ne nous empêche d'interpréter les i,dées géniales
du savant suédois à la lumière des dernières acquisitions de
la science actuelle.
En somme Swedenborg a da~rement discerné toute une
série de prindpes dont nous trouvons à peu près l'équivalent
dans les ouvrages de O. Lakhovsky. Gitons quelques passages
de l'op'Usculeque Swedenborg a consaué au rôle des vibra
tions dans les phénomènes vitaux:
« La vie consiste dans le mouvement; le repos ne saurait
participer à la vie.» (On Tremulation, p.p. 9 et 10.) «La vie
consiste dans le mouvement des particules, .la mort dans leur
repos.» (p. 10.) «Les mouvements dans lesquels réside la
vie sont les plus subtils de tous les mouvements, mouvements
dont la nature est telle qu'eIle ne saurait être déduite des
formes plus grossières du mouvement. La vibration est la
forme de mouvement la plus subtile qui existe dans la nature.
Elle possède des propriétés particulières et merveilleuses par
lesquelles elle se distingue de tous les autres mouvements.»
(p. Il).
«L'ensemble de notre nature vivante et subtile cherche à
s'exprimer au moyen de vibrations.» (p. 22). « La vie, ou ce
qu'il y a de \-Iraiment vivant en nous, .. ' consiste en viibra
184 LE SPIRITISME PHYSIQUE
tions.» (p. 54). «La vie est vibration; tout ce qu'il y a de
vivant en nous s'exprime par des mouvements vibratoires.»
(p. 52). «La vibration constitute la plus grande partie de
notre force vitale; en effet, elle est l'agent de 1a nature elle·
même dans notre vie.» (IP. 56). «La vibration est le fac
tatum pour tout ce qui concerne la vie dans notre corps», car
dès que nos cellulesperdent leur ,capacité oscillatoire «nous
perdons nos sens, notre Ipenséeet tout ce qui nous fait vrai·
ment vivre.» (p. 44). « ... la nature cherche partout à com
muni'quer la vie au moyen d'une circulation, et ,plus particu··
Iièrement au moyen d'ondulations, c'est·à-dire au moyen de
mouvement vibratoires d'une amplitude plus ou moins
grande.» (p. 16). «Les mouvements Iplus grossiers de la vie
consistent en oscUlations plus grossières (mouvement cardia
que, respiration, pulsation cérébrale, etc.), et, à l'instar de
ceux-ci, l,es mouvements plus subtils consistent en vibrations
plus subtiles.» (p. 22). «La natulfe doit s'exprimer par des
vibrations, dans les plus petites choses comme dans les plus
grandes.» (.p. 19) .
« Notre théorie est donc la suivante : chaque partie de ce'
qui est vivant dans notre corps, vit en vertu de petits mouve
ments vibratoires qui affectent les nerfs et les tissus et pro
voquent, 'par sympathie, une résonance dans le sy,stème entier.
Dès qu'une vibr,ation s'étend sur le COlipS entier, on peut la
désigner sous le nom de sens ou de sensation. Toutes les
vibrations des sens, prises ensemble, méritent d'être appelées,
nature ou vie.» (IP. 14). «Tout ce qui vit en noU!s -consiste
donc en vibrations, c'est-à-dire en mouvements extrêmement
subtils, et c'est par conséquent notre opinion que tout ce qui
vit -en nous est une vibration dans nos nerfs les plus fins,
dans les membranes les Iplus délicates (cellules), voire même
dans nos os.» (IP. 14).
«Le mouvement vibratoir,e n'est pas soumis aux lois qui
gouvernent ,le mouvement local (ou mouvement des objets
dans l'espace).» (p. 12). «Un mOUIVem~nt vibratoire peut
coexister avec un mouvement local. Un objet, par exemple,
peut être transporté d'un endroit à un autre, tout en étant
en état de vibration ,continueHe, cette vibration n'étant nulle
LE LIMBE CONÇU COMME MÉCANISME 185
La fibre simple.
«On ne saurait guère décrire les qualités de la fibre sim
ple par des mots, car elles 'paraîtront forcément paradoxales.
N'aurait-on pas 1'.air de formu.Jer des 'paradoxes si l'on disait
que la fibre simple consiste en substanoes simples, c'est-à-dire
en autant d'unités ou de monades dépourvues de figure,
d'extension, de grandeur, de gravité, ,en d'autres termes
qu'eUes ne sont pas matérielles et qu'elles sont ,autant d'exem
plaires représent,aiifs de leur univers ou mircrocosme, dont
elles contiennent, en puissance, toutes les qualités apparentes?
'" C'est 'pourtant de pareilles formes, natures ou deux que
provient la fibre simple, celle dont toutes les fibres composées
tirent leur origine. » De fïbra 279.
« Cette fibre échappe entièrement à la perception des sens.
Elle ne rentre pas, pour cette raison, dans le domaine de
l'anatomie. Il faut donc que notre premier souci soit d'ar
river à connaître l'essence et la nature de cette fibrme. De
cette connaissance dépendent, en effet, la perception des cau
ses et la compréhension profonde des phénomènes du noble
royaume organique. Sans eUe, à vrai dir,e, nous necompren
driOons rien, notre science fftt-eHeparfaite quant au reste. En
effet, noUis ne ŒnnaÎt'rions que l'effet, que .Je produit de ces
LE LIMBE CONÇU COMME AGENT MORPHOGÉNIQUE 197
(1) Aux pages 146 et 147 de son ouvrage sur La SensibiliU Méta·
physique (Paris, Editions du Siècle), M. Jules de Gaultier prétend
QU'« identifier, c'est rédu~re le divers à l'un,.. «Ce vœu d'identité,
dit-il, constitue une tendance fondamentale de l'esprit huma'in. C'est
sous l'inspiration de cette tendance que le principe de causalité a
pour but, en présence d'un changement appa,rent, de susciter une
apparence contraire, de rendre manifeste, en ramenant l'effet à la
cause, Que l'unité et l'immobilité sont -respectées.,. M. de Ga'ultier
cite à l'appui de sa thèse les [Lgnes suivantes, tirées du célèbre essai
de M. Mey.erson sur l'Explication dans les Sciences, t. l, p. 182:
« Il est certain - on le voit aussi bien par la marche même du ,ra'i
sonnement mathématique, tcl que nous l'avons amaly.sé, Que par la
conception qui dissout toute diversité en un tout indistinct - Que le
divers, Quel Qu'il soit, répugne au fond à not.re 'raison Qui cherche
à [oui imposerl'identi,té. l0
I! me semble, toutefois, que ces deux philosophes se trompent en
assimilant l'unité à l'identité. L'. unification par la cause,. me paraît
impliquer ·un processus mentai très diffé.rent de celui auquel nous
avons recours pour identifier. N'est-il pas évident, en -effet, que pour
a-rriver à la ·notion d'unité par la cause, notre raison est obligée
de respecter la distinction essentielle qui existe entre la cause et
l'eflet, alors que pour identifier ce Qui est dams un -rapport de dé
pendance génétique, notre pensée est forcée, par définition, d'abolir
ou de négliger purement et simplement cette distinction capitale?
En se plaçant à un certain point de vue. il peut êbre l-égitime d'iden
tifier l'un avec la cause du dive.rs, ma'is non pas avec le divers en
tant Qlle divers! Autrement dit, pour .réduire le div-ers à l'lin, il faut
commencer par distinguer, par différencier, par « désidentifier» le
divers d'avec lui-même, si j'ose dire. Le bénéfice d'une telle opé
ration se réduit donc à zéro. L'un peut se trouver à l'Qrigi,ne d'une
série descendante ·d'effets Qui s'·engendrent successivement l'un
l'autre, mais ceci ne nous autorise pas à idenUfi.er les termes ·de cette
série génétique. Dans la mesure où l'on identifie ,l'inférieur avec le
supérieur, on en supp.rime la Qualité intel,ligible. Finalement, il n'existera
plus que le premier terme de la série et tout ce Qu'on pourra dirre
alo'rs, c'est que A est égal à A, vérité évidente par elle-même, mais
232 LE SPIRITISME PHYSIQUE
\ Dieu, mais il est par Dieu ; et parce qu'H est par Dieu, il y a
) en lui l'image de Dieu, comme ill y a l'image de l'homme
dans un miroir, dans lequel l'homme .apparaît, il est' vrai,
mais dans lequel H n'y a rien de l'homme ». S. A. 59.
Pour retrouver substantiellement la Cause Première dans
ses effets derniers, pourati:eindre Dieu en partant de la ma
tière, il f.audrait renverser le ;processus oréateur lui-même,
ou plutôt le reproduire à rebours; i.I faudrait dcme désinté
grer d'abord la matièœ, 'puis .t'électron, puis l'éther avec ses
quanta d'énergie, puis Ies atmosphères spirituelles, et enfin
rendre à l'Infini le premier élément fini (en le débarrassant
des limites qui le constituent), bref, il faiU!dI'lait ,priver le non
être .de son actualité et ,le réduire à une s~mplle virtUJalité.
L'univers créé aurait alors disparu, et nnfini resterait face
à face avec lui-même. 11 n'y a pas d'autre moyend''3:rriver
à la substance divine elle-même. Or, une ,philosophie basée
sur de tels principes ne mér,ite guère ,le nom de ,pan1'héisme !
Swedenborg n'est pas non plus un pluraliste, 'Car, d'a'près
lui, la suppression de la Cause Première entraînerait ipso
facto la disparition instantanée, et sans résidu, de tous ses
effets subséquents.
On peut dire que, grâce au concept du degré discret, la
philosophie du ,penseur scandinave révoncUie, en une synthèse
supérieure, le monisme et le pluralisme (le pluralisme étant
considéré ici comme un dualisme pIus explicite et non pas
comme la philosophie qui nie 1e principe causal ou l'existence
d'un univers homogène soumis à une loi universelle). C'est
là son principal mérite.
238 LE SPIRITISME PHYSIQUE
qu'en témoin indifférent... Il est vrai qu'il est plutôt difficile de rester
« indifîérent» en présence d'tUne personnalité aussi marquante que
celle de Swedenborg... surtout si l'on admet la réalité de ses expé
riences supranormales ! Le penseur suédois pa'rle «comme quelqu'un
ayant de l'autorIté»; il nous présente son enseignement comme une
révélation providentielle destinée à inaugurer une ·nouvelle f.orme du
christianisme, une «Nouvelle Eglise-;;'éltrétienne. -- -
Toutefôls, le but du présent ,",orume n',est pas de faire un appel
en faveur des d.octrines théologiques du «Prophète du Nord ». Il était
donc inutil,e de lui donner un caractère apologétique aussi accentué.
Il importe, en effet, de ne pas confondre les différents gemes: un
ouvrage de sdence, de philosophie, de cdtique ou de simple docu
mentation n'est pas un traité dogmatique. Si c'était à recommencer,
je me garderais de toute confusion de ce genre, et ceci, quelles que.
puissent être mes convictions personnelles, (lesquelles n'ont d'ameurs
pas changé).
D'une manière générale, je mai.ntiens à peu p.rès tout ce que j'ai
écrit. Je crois ne m'être rendu coupable d'aucune i-mprobtté intellec
tuelIe, bien que mon jugement se soit forcément modifié sur certains
points, notamment à propos du thomisme. J'ai parlé, à la page 120,
des «partisans attardés de la métaphysique thomiste ». Une étude
approfondie de la philosophie scolastique m'a convaincu, depuis, qu'LI
n'existe pas de meilleure discipline intellectuelle. Chose curieuse,
Sw,edenborg ne mentionne jamais le docteur angélique qu'i,1 semble'
avoir peu ou mal connu; toutefois il l'appelle «le divin Thomas~,
divus Thomas, quelque part dans un carnet de notes. Dans ses glran
des lignes, la métaphysique swedenborgienne nediffère pas sensible
ment de la métaphysique thomiste, (avec cette ,réserve QUe le réa
lism~_philosophique de ..§~~llJwrg ne se dément jamais, alws que
s. Thomas soutient quclques thèSes qui ,fJrisent le nominalisme). Par
certains de ces aspects, l'enseignement du voyant scandinave se
rapproche plutôt de ce1ui de s· BonaventUlre, notamment en ce qui
concerne la subtantialité des âmes. Sweëlenborg a toujours considéré
la théorie des «purs esprits », chère à s. Thomas, comme une absur
dité. - En résumé, j'estime que ,les paJltisans du néo-thomisme sont
loin d'être dies esprits rétrogrades et je n'éprouve que de l'admira
tion pour Les écrits d'un cardinal Mercier, d'un Gilson, d'un Pègues,
d'un .Sertillanges, d'un Peilhaube ou d'un Maaitain.
240 LE SPIRITISME PHYSIQUE
Eusapia Pal/adino.
Les g1rands médiums capabl'es de réaliser des phénomènes d'ordre
physique tels Que des matérialisations et des mouvements d'objets
à distance (télékinésie) sont extrêmement rares. Le Dr Osty me
confiait ·n'en avoir connu personnellement Que trois ou Quatre. Eusapia
Palladino figure en bonne place dans cette catégorie, mais dans la
génération précédente.
Nous n'entrerons pas dans sa biographie, ni dans l'histoire des
conversions à la sCÎ'ence métapsychique dont ses manifestations fu
rent l'occasion, entrre autre celle de Césa,r Lombroso, Je célèbre
criminaliste italien, son compatriüte.
On l'a accusée de «frauder ». Nous consacrerons un a:rticle spé
cial à la f,raude et à son dépistage. Aucun médium n'a échappé à
cette accusation pas plus Qu'aucun observateur, fût·il William
Crookes, n'est indemne ,de la suspicion de jobardise.
Or, nous ne croyons pas que sans leur outillage coutumier, truqué
jusque dans ses plus petits détails, le roi des prestidigitateu'rs puisse
réaHser le quart des «'phénomènes» que nOus allons rapporter,
JesQuels relèveraient tour à tour de l'exercdce athlétique (soulève
ment complet d'une table chargée d'un poids de dix kilogrammes)
ou d'un exercice lentement accompli auquel jaméil~s aucun p,resNdigi
tateur ne se prête, à aucun prix (transport sans contact d'un gué
ridon du sol sur une table pardessus la tête des personnes assises,
phénomène dûment photographié.)
nul lJ.esoin d'être plus afHrmatifs, nous n'avons pas hâte de l'être à
ce compte.»
En encore:
«Nous ne cherchons aucune explication concernant les phénomè
nes: les doutes Qui subsistent sm leurs orig,ines nous en d'i·spensent.»
(p. 546)
protlue dans les bras, et par les bras dans les mains. De là
vient que le Seigneur a tOUiChé de Ia main ceux qu'il a rappe·
lés à la vie, et ceux qu'~la guéris.» A. R. 55.
« Par les « maul1JS» soni signifiées coHectivement les choses
qui procèdent de .t'homme, var les torees de son mental et par
suite celles de son corps sont déterminées vers ses mains et
s'y terminent.» A. R. 457. VoN- éliussi 463.
« Si les communications du mental se foni aussi par ce sens
(le ~oucher), c'est parce que les mains sont les derniers de
l'homme, et que les premiers sont ensemble dans les derniers;
par là aussi tourtes les ,choses du mental, qui ,sont intermé
diaires, sont contenues dans un enchaînement indissoluble.»
Am. C. 396. Cf. A. C. 1001, 10130. S. A. 220.
«Les (princiJpes)SUpériOOl1S duco~ps se prolongent dans
les mains et s'y terminent. Cest pool'quoi (dans la Parole)
les mauns signifient ,tout ce qui est chez l'homme et aussi la
puissance de l'homme.» A. C. 10241.
C'est au D' Osty que revient le mévite d'avoir pu établ,Lr
nettement et sans contestartion possibIe, Ia genèse et le méca
nisme des phénomènes de télékinés'Ïoe. Avee seseX'périences,
rigoureusement scientiJfiques, nous sortons pour lia première
fois du domailne des hypothèses 'et des eXJp1iœtions verbales,
pour pénétrer dans celui des réalités concrètes. Grâce à l'em
ploi d'un réseau de Payons infra-rouges, Osty a pu constater
que tous les mouvements « sans contact» sont dûs, en réaHté,
à l'action d'une ,substance, invisi!ble à la lumière blanche,
mais «opaque» à la lumière infra-rouge. La présence, la
concentration -et 1es mouvements de œtte substance X ont été
automatiquement emegistrés à ,l'aide d'appareils spéciaux et
très sensibles. Il s'agit bien d"un ,phénomène physiologique
(ou pamphysiologique si l'on préfère) puisque les oscilla
tions dans l'absorption du 1iarsceau d'infra-rouge par la sub
stance invisible correspondent aux périodes respiratoires du
sujet.
MM. Ost y, père et fils, ont publié les résu1<tats de leurs
patientes recherches dans un livre qui devrait être dans la
bibliothèque de ,tout homme mltivé. (1) Je cède la parole à
M. Jean Labadire qui nous a donné un excellent résumé des